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Document du Groupe de la Banque mondiale POUR USAGE OFFICIEL Rapport n o 125012-MR ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DÉVELOPPEMENT SOCIÉTÉ FINANCIÈRE INTERNATIONALE ET AGENCE MULTILATÉRALE DE GARANTIE DES INVESTISSEMENTS CADRE DE PARTENARIAT-PAYS POUR LA RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE POUR LA PÉRIODE COUVRANT LES EXERCICES 2018-23 13 juin 2018 Département-pays AFCF1 Région Afrique Société financière internationale Département Afrique subsaharienne Agence multilatérale de garantie des investissements Département Afrique subsaharienne Le présent document fait l’objet d’une diffusion restreinte. Il ne peut être utilisé par ses destinataires que dans l’exercice de leurs fonctions officielles. Sa teneur ne peut être divulguée sans l’autorisation du Groupe de la Banque mondiale. Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized

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Document du

Groupe de la Banque mondiale

POUR USAGE OFFICIEL

Rapport no 125012-MR

ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DÉVELOPPEMENT

SOCIÉTÉ FINANCIÈRE INTERNATIONALE

ET AGENCE MULTILATÉRALE DE GARANTIE DES INVESTISSEMENTS

CADRE DE PARTENARIAT-PAYS

POUR LA

RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE

POUR LA PÉRIODE COUVRANT LES EXERCICES 2018-23

13 juin 2018 Département-pays AFCF1 Région Afrique Société financière internationale Département Afrique subsaharienne Agence multilatérale de garantie des investissements Département Afrique subsaharienne

Le présent document fait l’objet d’une diffusion restreinte. Il ne peut être utilisé par ses destinataires que dans l’exercice de leurs fonctions officielles. Sa teneur ne peut être divulguée sans l’autorisation du Groupe de la Banque mondiale.

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La dernière Stratégie de partenariat-pays date de septembre 2013 (Rapport no 75030-MR)

RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE

EXERCICE BUDGÉTAIRE DE L’ÉTAT 1er janvier – 31 décembre

TAUX DE CHANGE Taux de change en vigueur au jeudi 31 mai 2018

Unité monétaire = Ouguiya mauritanienne (MRU)

1 USD = 36

IDA IFC MIGA

Vice-président : Directeur : Chef d’équipe de projet :

Makhtar Diop Louise J. Cord Laurent Msellati Judith Laufman

Sergio Pimenta Cheikh Oumar Seydi Faheen Allibhoy

Keiko Honda Merli Baroudi Gero Verheyen

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Sigles et abréviations

AFD Agence française de développement FCV Fragilité, conflit et violence ANZF Autorité de Nouadhibou zone franche FEC Facilité élargie de crédit ASA Services d’analyse et de conseil FEM Fonds pour l’environnement mondial AT Assistance technique FENAPE Fédération des associations de parents

d'élèves de Mauritanie AVD Analyse de la viabilité de la dette FMI Fonds monétaire international BCM Banque centrale Mauritanie FNUAP Fonds des Nations Unies pour la population BEI Banque européenne d'investissement GBM Groupe de la Banque mondiale. BGTPP Projet de centrale électrique à gaz de Banda GFP Gestion des finances publiques CAS Stratégie d’aide-pays GIL Laboratoire d’innovation pour l’égalité des

genres CASCR Rapport de fin d’exécution de la Stratégie d’aide-

pays GPE Partenariat mondial pour l’éducation

CDMT Cadre de dépenses à moyen terme GPSA Partenariat mondial pour la responsabilité sociale

CEREEC Centre pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique de la CEDEAO

GSM Système mondial de communications mobiles

CLR Examen de fin d’exécution et des enseignements GIP Gestion des investissements publics CMAP Centre mauritanien d’analyses des politiques HOI Indice d’égalité des chances CMAW Guichet de conseils pour la création de marchés ICR Rapport de fin d’exécution CPIA Évaluation des politiques et institutions

nationales IDA Association internationale de développement

CPP Cadre de partenariat-pays IDD Diligence raisonnable sur l’intégrité CPPR Examen de la performance du portefeuille-pays IEG Groupe indépendant d’évaluation CPS Stratégie de partenariat-pays IFC Société financière internationale CRW Mécanisme de réponse aux crises IMROP Institut mauritanien de recherches

océanographiques et de pêches CT Collectivité territoriale INAYA Projet d’appui au système de santé CVI Croissance inclusive verte ISR Rapport sur l’état d’avancement et les

résultats du projet DB Doing Business ITIE Initiative pour la transparence dans les

industries extractives DCC Déficit du compte courant IXP Points d’échange Internet DGPSP Direction générale de promotion de secteur privé JSDF Fonds japonais pour le développement social DPO Opération à l’appui de la politique de

développement MDTF Fonds multi-donateurs

DSRP Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté

MEDD Ministère de l’Environnement et du Développement durable

EDIC Étude diagnostique sur l’intégration du commerce EDP Examen des dépenses publiques MIGA Agence multilatérale de garantie des

investissements EFTP Enseignement et formation techniques et

professionnels MPME Micro-, petites et moyennes entreprises

EI Étude d’impact NEEF Ni en éducation, ni en emploi ni en formation EM État mauritanien NLTA Assistance technique hors prêts EP Entreprise publique ODD Objectifs de développement durable ESW Études économiques et sectorielles OP/BP Politiques opérationnelles/Procédures de la

Banque Ex. Exercice OPCS Unité de la politique opérationnelle et des

services aux pays FAO Organisation des Nations Unies pour

l’alimentation et l’agriculture PACAE Projet d’amélioration du climat de l’activité

économique PAM Programme alimentaire mondial

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PARIIS Projet d’appui à l’initiative pour l’irrigation au

Sahel SDIN Société de développement des infrastructures

numériques PDALM Plan d’aménagement du littoral mauritanien SWEDD Projet sur l’autonomisation des femmes et le

dividende démographique au Sahel PDALM Plan d’aménagement du littoral mauritanien TE Termes de l’échange PDRI Programme de développement rural intégré TI Technologies de l’information PDU Programme de développement urbain TIC Technologies de l’information et de la

communication PEFA Programme d’examen des dépenses publiques et

d’évaluation de la responsabilité financière TPPA Taux de participation au marché du travail

PNUD Programme des Nations Unies pour le développement

UE Union européenne

PGES Plan de gestion environnementale et sociale UEP Unités d’exécution de projet PGIRE2/OMVS Projet de gestion intégrée des ressources en eau du

bassin du fleuve Sénégal UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’enfance

PIB Produit intérieur brut WACA Programme de gestion des zones côtières de l’Afrique de l’Ouest

PLR Examen des progrès et des enseignements WARCIP Programme régional pour les infrastructures de communication en Afrique de l’Ouest

PME Petite et moyenne entreprise PRAO Projet régional des pêches en Afrique de l’Ouest

PME Petites et moyennes entreprises WASH Eau, assainissement et hygiène PNIDDLE Programme national intégré d’appui à la

décentralisation et au développement local ZEE Zone économique exclusive

PNP Prêts non productifs ZFN Zone franche de Nouadhibou

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CADRE DE PARTENARIAT-PAYS POUR LA MAURITANIE POUR LA PÉRIODE COUVRANT LES EXERCICES 2018-23

TABLE DES MATIÈRES

I. INTRODUCTION ....................................................................................................................... 1

II. CONTEXTE NATIONAL ET PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DU PAYS ............................... 4 2.1. Contexte socio-politique ............................................................................................ 4 2.2. Contexte régional ....................................................................................................... 5 2.3. Évolution économique récente.................................................................................. 6 2.4. Pauvreté et inégalités .............................................................................................. 11 2.5. Moteurs de la pauvreté et défis du développement ............................................... 13

III. STRATÉGIE DE PARTENARIAT DU GROUPE DE LA BANQUE MONDIALE ............................... 16 3.1. Programme et stratégie à long terme du Gouvernement ....................................... 16 3.2. Enseignements tirés et consultation des parties prenantes ................................... 17 3.3. Tour d’horizon de la stratégie de la Banque mondiale ........................................... 21 3.4. Objectifs soutenus par le programme du Groupe de la Banque mondiale ............. 28 3.5. Mise en œuvre du Cadre de partenariat-pays des exercices `2018 à 2023 ............ 46

IV. GESTION DES RISQUES ASSOCIÉS AU PROGRAMME DU CPP ............................................... 53

Annexes

Annexe 1 : Matrice de résultats du CPP…………………………………………………………………………………..57

Annexe 2 : Examen de fin d’exécution et des enseignements (CLR) ............................................ 71

Annexe 3 : Quelques indicateurs de performance du portefeuille de la Banque ...................... 105

Annexe 4 : Portefeuille du Groupe de la Banque mondiale ....................................................... 107

Annexe 5 : Portefeuille des engagements et des encours de placements d’IFC ........................ 108

Annexe 6 : Encours des garanties de MIGA au 31 mai 2018 ...................................................... 109

Annexe 7 : La Mauritanie continue d'exceller dans le rapport Doing Business ......................... 110

Annexe 8 : La dimension genre dans le CPP ............................................................................... 112

Annexe 9 : Le paysage instituitonnel des partenaires de développement en Mauritanie ........ 115

Annexe 10 : Consultations menées dans le cadre de la préparation du CPF ............................. 119

Annexe 11 : Examen du portefeuille à travers le prisme des co-bénéfices climatiques ............ 122

Annexe 12 : Carte de la Mauritanie ............................................................................................ 129

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Figures

Figure 1 : Indicateurs de la dette extérieure, estimations et projections (2017-2037) ................. 9

Figure 2 : Incidence de la pauvreté par « moughataa » (2014) .................................................... 11

Figure 3 : Population totale par groupe d’âge et par sexe (2010 et 2050) .................................. 14

Figure 4 : Zones de production de moyens de subsistance .......................................................... 15

Figure 5 : Élaboration du CPP : Processus de filtrage pour définir la définition des objectifs ..... 22

Figure 6 : Principales constatations du Diagnostic-pays systématique (SCD) de la Mauritanie .. 23

Figure 7 : Portefeuille indicatif de la Mauritanie exercices 17-21 ................................................ 47

Tableaux

Tableau 1: Principaux indicateurs macroéconomiques ................................................................ 10

Tableau 2: Architecture des axes d’intervention et objectifs du CPP pour les exercices 18-23 .. 28

Tableau 3 : Portefeuille indicatif du pipeline de projets IDA pour les exercices 18-23 (USDM) .. 46

Tableau 4: Programme analytique et assistance technique (en cours et en prévision) .............. 48

Encadrés

Encadré 1 : Le programme de FEC du FMI a été approuvé .......................................................... 11

Encadré 2 : Approches régionales – L’Alliance Sahel .................................................................... 21

Encadré 3 : La Banque mondiale, une institution du savoir et de la connaissance...................... 24

Encadré 4 : Maximisation des financements pour le développement du secteur extractif.. ...... 27

Encadré 5 : Dimension genre du CPP de la Mauritanie ................................................................ 30

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CADRE DE PARTENARIAT-PAYS DE LA PÉRIODE COUVRANT LES EXERCICES 2018-23 POUR LA

RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE

Valoriser les richesses naturelles de la Mauritanie pour renforcer le capital humain et réaliser une croissance inclusive et résiliente

I. INTRODUCTION

1. L’abondance de ressources naturelles de la Mauritanie, son emplacement stratégique à la frontière entre l’Afrique subsaharienne et l’Afrique du Nord, sa composition culturelle et sociale très diversifiée et pourtant stratifiée, sa situation dans une région agitée et de plus en plus sensible aux effets dévastateurs du changement climatique, font de ce pays un espace de développement complexe pour réduire la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée. Le super-cycle des matières premières a stimulé une croissance économique forte, favorisé d’importants investissements publics dans les infrastructures et permis à la Mauritanie d’obtenir l’un des meilleurs résultats de la région en termes de réduction de la pauvreté. Cette diminution du nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté a cependant résulté d’une hausse temporaire des prix relatifs des denrées alimentaires produites localement – bénéficiant aux agriculteurs et éleveurs au détriment des pauvres des zones urbaines – plutôt que de gains de productivité ou de mécanismes structurels qui auraient permis aux 40 pour cent plus pauvres de la population de bâtir leur patrimoine, de participer activement dans l’économie locale et d’assurer une croissance plus inclusive. Ces tendances étaient sous-tendues simultanément par des progrès dans la résolution de clivages sociaux historiques profondément enracinés, tandis que de jeunes institutions formelles de l’Etat étaient amenées à supplanter les systèmes de gouvernance traditionnels et informels en place. 2. La fin du super-cycle des matières premières a mis en lumière ces défis, marquant un tournant décisif dans le processus engagé par la Mauritanie pour mettre fin à la pauvreté et assurer une prospérité partagée d’ici 2030. La Mauritanie est maintenant confrontée à ce qui est à la fois une opportunité et un défi, à savoir transformer son modèle de développement axé sur les industries extractives et dominé par l’État en un modèle qui valorise les richesses naturelles du pays – minerais et gaz, mais aussi ressources halieutiques et agro-pastorales – et favorise une diversification de l’économie et une création d’emplois durables dans un secteur privé dynamique. Une telle transformation repose sur une économie plus inclusive et plus résiliente, capable de résister aux effets du changement climatique. Les pressions démographiques – notamment celles d’une population de plus en plus jeune et d’une urbanisation rapide – conjuguées au problème croissant de la radicalisation, soulignent l’urgence de renforcer le pacte social, de créer des opportunités d’emplois et d’améliorer l’accès aux services de base. Ces trois priorités ressortent dans la nouvelle Stratégie de croissance accélérée et de prospérité partagée 2016-2030 (SCAPP) adoptée par le gouvernement. 3. Ce Cadre de partenariat-pays (CPP) pour la Mauritanie présente le programme à mettre en œuvre pour la période couvrant les exercices 2018-2023 et tient compte des enseignements tirés du Rapport d’achèvement et d’évaluation (PLR) de la précédente Stratégie de partenariat-

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pays (CPS) couvrant les exercices 2014-2015, adopté par le Conseil d’Administration le 5 septembre 2013. Le CPP s’appuie sur les constats du Diagnostic systématique pays (Systematic Country Diagnostic, SCD) publié en 2017, qui identifie quatre axes d’intervention pour atteindre une croissance inclusive durable et une prospérité partagée, à savoir : valoriser les abondantes ressources minérales à travers une gestion plus transparente ; améliorer l’exploitation des ressources halieutiques et pastorales ; faire de l’urbanisation rapide une opportunité de développement ; et investir dans le capital humain. Pour développer ces axes avec succès, le SCD souligne l’importance à accorder au renforcement de la gouvernance économique, en particulier autour des règles macro-budgétaires, destinées à améliorer l’efficacité et l’équité des dépenses publiques profitant aux pauvres, ainsi que le climat des affaires afin de créer les conditions favorables au développement de l’investissement privé. Enfin, le SCD met en exergue les défis fondamentaux liés d’une part au renforcement du pacte social et à la mise en place d’institutions légitimes fondées sur des principes (« rules-based institutions ») et, d’autre part, à la nécessité d’améliorer la résilience aux effets du changement climatique. 4. Ce CPP vise à favoriser la transition économique de la Mauritanie vers un modèle de croissance plus inclusif, plus diversifié et plus résilient, s’appuyant sur une meilleure valorisation de la richesse du pays en termes de ressources naturelles. Premièrement, il vise à offrir de meilleures opportunités de diversification économique avec des interventions destinées à accroître la productivité des activités traditionnelles d’agriculture, d’élevage et de pêche. Il vise aussi à améliorer le niveau de vie des ménages grâce à un meilleur accès aux services de base. Enfin, il cherche à élargir l’activité économique afin de soutenir la croissance. Deuxièmement, les interventions dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la protection sociale mettront l’accent sur la qualité et l’accès aux services de base pour les couches les plus vulnérables de la population, mais aussi sur l’employabilité des jeunes et des femmes. Troisièmement, il favorise l’amélioration de la gouvernance économique pour optimiser la mobilisation des recettes et les dépenses publiques, pour créer des opportunités pour le secteur privé et pour accroître la transparence dans le secteur extractif. Le CPP exploite les synergies existantes entre les différentes structures du Groupe de la Banque mondiale, l’IDA se concentrant sur les biens publics et les réformes économiques nécessaires au développement du secteur réel (agriculture, élevage, pêche et industries extractives), IFC et MIGA soutenant quant à eux les investissements du secteur privé et l’amélioration du climat des affaires. Pour ce faire, le CPP déploie tout l’éventail des instruments du Groupe de la Banque mondiale, en mettant à profit les complémentarités entre les appuis budgétaires et les prêts d’investissement pour soutenir la mise en œuvre de réformes économiques. Le CPP s’appuie aussi sur un ensemble de programmes régionaux, en particulier dans les secteurs présentant des externalités importantes (par exemple dans les domaines du changement climatique, de la santé publique, du pastoralisme et de la pêche). 5. Ce CPP de six ans s’appuie sur la mise à disposition de la Mauritanie de services financiers (« lending ») et d’assistance technique (« knowledge ») ainsi que sur le rôle fédérateur (« convening role ») du Groupe de la Banque mondiale pour atteindre des objectifs audacieux et ambitieux, en mettant davantage l’accent sur les indicateurs de résultats. Dans ce contexte, le Groupe de la Banque mondiale le CPP est organisé autour de trois axes d’intervention : (a) promouvoir la transition économique pour une croissance diversifiée et

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résiliente ; (b) développer le capital humain pour une croissance inclusive ; et (c) renforcer la gouvernance économique et une croissance centrée sur le secteur privé, en mettant l’accent sur les questions du genre et du changement climatique. L’enveloppe estimée pour la période du CPP, d’un peu moins de 500 millions USD, couvre les périodes d’IDA18 et IDA19, permettant une période accrue de mise en œuvre et un accent sur les résultats. En outre, du fait de sa durée de six (6) ans, le programme fera l’objet d’un suivi régulier afin d’identifier les ajustements qui pourraient être nécessaires en cours d’exécution. Les ressources des opérations régionales de l’IDA, de IFC et de MIGA, ainsi que des fonds fiduciaires, viendront compléter l’allocation pays de IDA. En outre, le travail analytique et d’assistance technique (ASA) permettront d’étayer le dialogue avec le Gouvernement en matière de politiques économiques et d’enrichir le programme du Groupe de la Banque mondiale (ref. Section 3.5. Mise en œuvre du Cadre de partenariat-pays des exercices `2018 à 2023). 6. Qu’est-ce qui sera fait différemment dans ce CPP ? Premièrement, le CPP intégrera la notion de résilience dans l’ensemble du programme opérationnel et analytique des études analytique. Ainsi, le CPP met l’accent sur l’adaptation aux effets du changement climatique et sur le renforcement de la résilience environnementale, ainsi que sur la stabilité macroéconomique pour assurer la résilience économique. De même, le CPP adopte une approche basée sur le genre pour combler les écarts entre les sexes qui limitent la capacité d’agir et l’autonomisation économique des femmes et des jeunes filles dans le pays. Deuxièmement, le CPP met l’accent sur la gouvernance, avec un pilier à part dans le Cadre de résultats, tenant compte de la priorité accordée par le Gouvernement mauritanien à ce domaine dans la SCAPP, et de la nécessité de consolider les acquis de la stratégie précédente de la Banque mondiale et favoriser l’émergence de nouvelles institutions légitimes, fortes et basées sur le droit et la transparence. Troisièmement, ce CPP adopte une approche territoriale (« spatial approach ») consistant à cibler l’amélioration de l’accès aux services et infrastructures de base dans un certain nombre de villes intermédiaires et de territoires limitrophes, en offrant des opportunités de développement économique aux populations locales et en concentrant les investissements dans les zones fragiles vulnérables aux chocs climatiques et aux risques sécuritaires, et dans celles durement touchées par la pauvreté. Enfin, le CPP s’appuiera sur l’infrastructure numérique existante et à venir pour exploiter les opportunités liées au développement de l’économie dite numériques (« digital economy »). L’IDA collaborera avec les partenaires de développement présents dans les zones frontalières avec le Mali, notamment dans le cadre de l’Alliance Sahel. Enfin, le CPP insistera particulièrement sur le développement du secteur privé, en cherchant à favoriser l’amélioration du climat des affaires afin d’accélérer la transition d’une croissance centrée sur le secteur public vers une croissance qui aurait comme moteur principal le dynamisme d’un secteur privé en plein essor. Ainsi, le CPP s’attachera à renforcer une collaboration déjà étroite sera entre l’IDA, IFC et MIGA dans le cadre du principe de l’Optimisation des financements pour le développement (« Maximizing Finance for Development (MFD) »).

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II. CONTEXTE NATIONAL ET PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DU PAYS

2.1. Contexte socio-politique

7. La Mauritanie est un pays vaste (d’une superficie d’un peu plus d’un million de km2), peu peuplé, aride et riche en ressources naturelles, dont le revenu national brut par habitant est de 1.120 USD (2016) et qui, d’un point de vue géographique et culturel, est à cheval entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne. En Mauritanie, 0,5 pour cent seulement des terres sont arables et, avec une population d’environ 4 millions d’habitants1, la densité de 3,9 habitants par km2 en fait le quatrième pays le moins densément peuplé d’Afrique. La transhumance et le pastoralisme semi-nomade dominent la vie rurale, l’agriculture irriguée productive étant concentrée le long du fleuve Sénégal. La richesse en ressources naturelles (minerai de fer, or, pétrole brut et gaz naturel) stimule le produit intérieur brut (PIB) par habitant, qui s’établissait à 1.138 USD en 2016, contre 700 USD en 2007, et propulse la Mauritanie au rang des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (PRITI).

8. Contrairement aux périodes précédentes, qui étaient ponctuées par une série de coups d’État, ces dernières années ont été marquées par une stabilité politique. L’échiquier politique actuel est centré sur un groupe homogène sur le plan ethnique, proche de l’élite dirigeante qui contrôle les centres d’activité économique et occupe des postes de responsabilité dans l’armée, dans l’administration et dans l’appareil judiciaire. Au-delà de ce cercle restreint, on trouve une frange de dirigeants qui ont accès à des opportunités économiques et administratives (y compris des rentes extractives) en échange de leur loyauté.

9. Cependant, l’influence des réseaux patrimoniaux traditionnels entrave la bonne gouvernance. Certains conflits d’intérêts au sein de l’administration publique créent des distorsions dans les structures d’incitation, dans l’allocation des ressources publiques et dans les prestations de services. Le secteur public reste le principal employeur formel en Mauritanie. Bien que l’État se soit engagé récemment à maîtriser la masse salariale et à améliorer les systèmes de gestion des ressources humaines, le recrutement fondé sur le mérite et la gestion axée sur le rendement ne sont pas encore institutionnalisés. Ainsi, la recherche de rente reste fréquente dans l’administration publique.

10. Consécutivement à la baisse des prix des matières premières et au rétrécissement des marges de manœuvre budgétaires, l’État fait face à la pression croissante d’optimiser les dépenses publiques et de réduire les distorsions liées à l’économie de rente. Les enjeux politiques de la transformation du paysage de la gouvernance en Mauritanie sont élevés, mais le tribut à payer pour le maintien d’une économie de rente, du point de vue de la création d’emplois, du développement du secteur privé, de la croissance inclusive et de la cohésion sociale, est tout aussi lourd.

1 Le Recensement général de la population et de l’habitat de 2013 (RGPH 2013) faisait état de 3,54 millions de personnes

vivant en Mauritanie. Selon les projections officielles (Projections démographiques, Office national de la statistique, 2016), le Mauritanie comptera 3,98 millions en 2018 et 4,17 millions en 2020. En 2020, les populations urbaines seront plus nombreuses que celles rurales (la proportion de la population urbaine totale sera 52,8 pour cent en 2020, contre 48,3 pour cent en 2013).

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11. La cohésion sociale en Mauritanie reste assez fragile. La société mauritanienne est construite autour d’une hiérarchie complexe de Maures blancs, de Maures noirs et d’Africains noirs dans laquelle l’ethnie, les clans et les tribus s’entremêlent. La stratification sociale crée parfois des tensions entre les groupes ethniques et au sein de ces groupes. L’État cherche à rompre et à lutter contre les séquelles de l’esclavage et de la stratification ethnique à travers des initiatives telles que la reconnaissance par le gouvernement des séquelles de l’esclavage et les modifications apportées à la Constitution en 2012 qui confirment le caractère multiethnique de l’État et pénalisent toutes les formes de l’esclavage. Une nouvelle loi de lutte contre l’esclavage a été adoptée en 2015, qui a suivi la création en 2013 de Tadamoun, une agence crée pour lutter contre les séquelles de l’esclavage et pour éradiquer la pauvreté. Mais l’héritage du passé et certaines discriminations continuent d’alimenter les griefs.

12. La fragmentation de la société est renforcée par des normes sociales qui peuvent créer des conditions favorisant la corruption, des modes informels de règlement des différends et un système judiciaire qui n’est pas totalement indépendant. L’urbanisation rapide affaiblit les mécanismes traditionnels sans pour autant ouvrir des perspectives économiques favorables ou promouvoir l’insertion sociale. La jeunesse urbaine, catégorie de la population qui est particulièrement fragile2, présente des risques de radicalisation. La participation des organisations de la société civile à la vie politique s’est élargie, mais l’influence persistante d’une élite ralentit le processus de décentralisation et limite son rôle en tant que canaux de mobilisation citoyenne, de participation inclusive et de prestation de services.

2.2. Contexte régional

13. Alors que la Mauritanie constitue un rempart contre l’instabilité régionale, les facteurs de fragilité demeurent présents. Le pays partage une frontière avec l’Algérie et le Mali et a essuyé, entre 2005 et 2011, de nombreuses attaques d’Al-Qaïda au Maghreb islamique qui ont anéanti une petite mais prometteuse industrie touristique du désert. Bien que l’État mauritanien ait adopté une ligne dure contre le terrorisme, l’instabilité persistante au Mali a des répercussions néfastes, notamment l’afflux de réfugiés, la perturbation des activités commerciales et le développement du trafic illégal sous toutes ses formes.

14. Malgré cela, la Mauritanie joue un rôle prépondérant dans les relations avec ses voisins sahéliens. Le G5 Sahel a été établi en 2015, à l’initiative du Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, et est devenu un cadre important pour la coopération sécuritaire et le développement socio-économique entre les cinq États membres.

15. La coopération régionale se poursuit avec les voisins du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest. La Mauritanie est membre de l’Union du Maghreb arabe (UMA) depuis sa création en 1989 en tant qu’union économique des cinq États du Maghreb. Elle entretient en outre des liens de coopération avec ses voisins ouest-africains. Le récent rapprochement entre la Mauritanie et le Sénégal s’illustre par une coopération marquée dans deux secteurs stratégiques : la signature, en janvier 2018, d’un accord de coopération intergouvernementale pour la mise en valeur du

2 Selon les estimations du recensement de la population et de l’habitat de 2013, les personnes âgées de moins de 15 ans

représentaient 44,2 % de la population.

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gisement gazier de Grande Tortue Ahmeyim (GTA) ; et un accord sur une coopération renforcée dans le secteur de la pêche. En 2017, la Mauritanie a signé un nouvel accord de coopération avec la CEDEAO pour en devenir un membre observateur, après avoir quitté cette communauté régionale en 2000. Au niveau sectoriel, la Mauritanie est également membre de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), créée en 1972 avec pour mission de coordonner la gestion des ressources en eau et le développement énergétique entre les pays riverains du bassin du fleuve.

2.3. Évolution économique récente

Situation macroéconomique

16. L’activité économique a rebondi en 2017, stimulée par l’amélioration de la consommation privée et par le redressement progressif des prix du minerai de fer et du cuivre. Le taux de croissance du PIB est estimé à 3,5 pour cent en 2017, contre 2 pour cent en 2016 et 1,4 pour cent en 2015. La reprise demeure fragile, les contraintes de liquidité sur le marché intérieur et les mesures d’assainissement des finances publiques continuant de freiner la croissance. Du côté de l’offre, la pêche, le commerce et l’élevage restent les principaux moteurs de la croissance, compensant les faibles performances du secteur de la construction, qui est pénalisé par la contraction des investissements publics et la baisse de la production minière due aux problèmes opérationnels de la SNIM.3 Le PIB hors secteur extractif a progressé de 4 pour cent en 2017, contre 2,5 pour cent en 2016, compensant ainsi un recul de 0,1 pour cent de la croissance réelle dans le secteur extractif (voir tableau 1). 17. L’inflation a été modérée en 2017, s’établissant à 2,3 pour cent, contre 1,5 pour cent en 2016, du fait de nouvelles pressions dues à la hausse des prix des produits alimentaires importés. Cette situation s’explique en partie par la dépréciation progressive de l’ouguiya depuis 2015.4 Comme les denrées alimentaires représentent environ 51 pour cent du panier de consommation, la hausse des prix alimentaires va probablement rogner le pouvoir d’achat des pauvres. 18. La stabilité macroéconomique repose sur la politique budgétaire. L’État mauritanien a intensifié ses mesures d’assainissement des finances publiques afin de faire face aux chocs persistants qui affectent les termes de l’échange. Le déficit budgétaire a été ramené de 3,4 pour cent du PIB en 2015 à 0,5 pour cent en 2016, à la faveur des restrictions budgétaires, de la réduction des investissements publics, des mesures fiscales ayant pour effet d’augmenter la TVA, les droits de douane et les droits de pêche, et de l’amélioration de l’administration fiscale. L’État a maintenu sa politique budgétaire prudente en 2017, ce qui a contribué à baisser davantage le déficit budgétaire, qui est tombé à 0,3 pour cent du PIB en 2017, alors que le solde budgétaire

3 Société nationale des industries minières.

4 Le 1er janvier 2018, la Banque centrale de Mauritanie a introduit de nouveaux billets de banque et a changé la valeur faciale de l’ouguiya en lui faisant perdre un zéro. Cette mesure vise à : améliorer la gestion des billets de banque et pièces de monnaie en circulation face au recours excessif de l’économie aux liquidités ; sécuriser davantage les billets de banque afin de les rendre plus durables et de lutter contre la contrefaçon et le blanchiment d’argent ; et réduire les coûts fiduciaires et faciliter les transactions économiques.

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primaire est resté excédentaire pour une deuxième année consécutive. En conséquence, la dette publique a été ramenée à 93,7 pour cent du PIB en 2017, en baisse de 4,1 points par rapport à 2016. 19. Les pressions externes ont diminué en 2017, les prix des matières premières s’étant redressés et l’État ayant poursuivi ses mesures d’assainissement des finances publiques. Le resserrement de la politique budgétaire a permis de réduire les importations, notamment de matériel de construction. À la faveur d’une forte hausse de la valeur des exportations de minerai de fer et de ressources halieutiques en 2017 (respectivement de 19 et 41 pour cent), le déficit commercial a chuté à 7 pour cent du PIB. Le déficit du compte courant extérieur a atteint 14 pour cent du PIB, en baisse par rapport aux 15,8 pour cent enregistrés en 2016, bien que son financement demeure un défi. Le ralentissement des décaissements d’emprunts extérieurs liés aux projets d’investissement public a entraîné une baisse modérée des réserves de change, de 5,2 mois d’importations en 2016 à 4,9 mois en 2017. 20. Un régime de change rigide continue d’exposer la Mauritanie à des chocs externes. La Banque centrale de Mauritanie (BCM) est intervenue sur les marchés de change, en rationnant les opérations de change et en y imposant des plafonds. Dans un contexte d’effondrement des prix des produits de base et de contraction des liquidités intérieures, la politique de change n’a pas pu absorber le choc, aussi la BCM a-t-elle adopté un régime de parité à crémaillère vis-à-vis du dollar des États-Unis (USD) en septembre 2014. En juin 2015, la BCM a dû recourir à un prêt saoudien non concessionnel de 300 millions USD pour accroître ses réserves et préserver le taux de change, augmentant ainsi la dette publique. Les réserves de change sont ainsi passées de 2,9 à 5,1 mois d’importations, mais le taux de change effectif réel s’est apprécié de 8,2 pour cent. Le dollar des États-Unis s’est renforcé vis-à-vis de l’euro, ce qui a entraîné une surévaluation de la monnaie mauritanienne estimée entre 14 et 21 pour cent5 en 2017. 21. Le manque d’instruments a limité l’efficacité de la politique monétaire, mais des réformes sont maintenant en cours. La BCM ne dispose pas d’instruments monétaires et sa marge de manœuvre pour intervenir directement auprès des banques commerciales est limitée en raison de la qualité insuffisante des sûretés et de l’absence de facilités directes de crédit ou de dépôt. Un plan de réforme triennal soutenu par le Fonds monétaire international (FMI) aide à combler ces lacunes. En 2017, la BCM a amélioré les procédures des marchés de change en y apportant plus de flexibilité afin de rapprocher le taux de change de son niveau d’équilibre à moyen terme. L’État mauritanien entreprend avec prudence des réformes structurelles qui devraient s’accélérer dans le cadre du programme avec le FMI en 2018. 22. Les risques du secteur financier demeurent élevés, les banques commerciales faisant face au resserrement de la liquidité et à un cadre de supervision bancaire peu efficace. Le secteur financier pâtit de la piètre qualité des actifs, de la faible rentabilité et de la forte concentration des dépôts et des crédits. Les prêts non productifs continuent de diminuer, ayant chuté à 23 pour cent du crédit brut en 2017 (contre 45 pour cent en 2010), ce qui indique une amélioration des efforts de surveillance et d’annulation de créances. La proportion des prêts non

5 Article 4 du FMI, octobre 2017. Ces estimations ont été réalisées en juin 2017.

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productifs reste élevée, la fiabilité des données reste problématique et les coûts de provisionnement nuisent à la rentabilité des banques. Le crédit, net des provisions, un indicateur de la profondeur du crédit, est passé de 18 pour cent du PIB en 2013 à 25 pour cent (en juin 2017). Ce taux est faible par rapport aux pays comparables. Les régimes prudentiels et cadres de surveillance actuellement en place, qui sont insuffisants pour faire face aux faillites bancaires, seront également pris en compte dans le cadre du programme du FMI.

Dynamique de la dette

23. La Mauritanie est exposée à un risque élevé de surendettement externe, aussi l’assainissement budgétaire sera-t-il essentiel à la viabilité de la dette à moyen terme. La dernière analyse de la viabilité de la dette (AVD, mai 2018) révèle des dépassements de tous les seuils des indicateurs liés à la dette, à l’exception du ratio service de la dette/exportations. Cette situation tient en partie d’une forte augmentation de l’encours de la dette publique extérieure entre 2012 et 2015, due à la contraction d’emprunts pour financer l’investissement dans les infrastructures et accroître les réserves de la BCM. Une contraction du PIB nominal en 2015 et une dépréciation du cours de change nominal ont exacerbé cette tendance. La poursuite des réformes budgétaires et l’amélioration de la croissance devraient contribuer à réduire les ratios dette publique/PIB à partir de 2018, qui devraient finalement tomber en dessous des seuils indicatifs d’ici 2022. 24. Les risques pesant sur la viabilité de la dette sont atténués par le caractère concessionnel de l’encours de la dette. Les obligations au titre du service de la dette sont faibles (1,4 pour cent du PIB et 5,2 pour cent des recettes publiques) et les échéances sont relativement longues (figure 1). La Mauritanie, qui n’a pas accès aux marchés financiers internationaux, répond à ses besoins de financement principalement en ayant recours à des dons et à des prêts concessionnels auprès des partenaires de développement.6 Cette trajectoire de l’endettement est très sensible à la croissance et à l’évolution de l’environnement externe. Un recul de la croissance annuelle du PIB, conjuguée à la fragilisation des conditions de la balance des paiements, pourrait contraindre les autorités à recourir à des emprunts non concessionnels et à compromettre les ainsi acquis de l’assainissement budgétaire. 25. La dette jouant un rôle central dans la stabilité macroéconomique en Mauritanie, le Groupe de la Banque mondiale et le FMI travaillent en étroite collaboration pour aider à redresser la politique d’endettement et à gérer la dette. S’agissant de la politique d’endettement, l’opération à l’appui de la politique de développement (DPO) de la Banque mondiale et le programme de Facilité élargie de crédit (FEC) du FMI (voir encadré 1) ont tracé les contours d’un programme d’assainissement des finances publiques et défini des objectifs budgétaires indicatifs en accord avec l’État afin de réduire les ratios d’endettement. Pour ce qui est de la gestion de la dette, la tâche a été répartie entre les deux institutions. La Banque mondiale, à travers son projet d’assistance technique sur la gouvernance, aide les autorités en amont en s’attaquant aux problèmes de gestion des investissements publics, liés notamment à

6 Soixante et un pour cent de l’encours de la dette sont dus à des bailleurs de fonds multilatéraux. La Mauritanie doit au

Koweït la somme de 100 millions USD au titre d’un emprunt contracté dans les années 70 qui n’a cependant pas été annulé dans le cadre de l’initiative PPTE. Il s’agit d’une dette dormante estimée aujourd’hui à environ 1 milliard USD, dont ni le principal ni les intérêts ne sont payés. Les deux États ont engagé des discussions en vue de son annulation.

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la hiérarchisation et à la passation des marchés, et en mettant en place un cadre fiscal et budgétaire à moyen terme aux niveaux central et sectoriel. Le FMI, à travers l’assistance technique d’AFRITAC, travaille à la coordination de la dette et au développement du marché de la dette intérieure. À la demande du ministère de l’Économie et des Finances, le CPF devra chercher à exploiter le mécanisme de gestion de la dette multidonateurs pour les pays à faible revenu afin de fournir une assistance technique personnalisée supplémentaire pour la gestion de la dette.

Figure 1 : Indicateurs de la dette extérieure, estimations et projections (2017-2037)

Source : MEF, AVD conjointe Banque mondiale-FMI 2018, Calculs des services de la Banque mondiale.

-60

40

140

2017 2022 2027 2032 2037

VA du ratio dette/PIB

BaselineHistorical scenarioMost extreme shock CombinationThreshold

0

5

10

15

20

25

30

35

40

2017 2022 2027 2032 2037

Ratio service de la dette/recettes

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Tableau 1: Principaux indicateurs macroéconomiques

2013 2014 2015 E2016 P2017 P2018 P2019 P2020

Économie réelle Variation annuelle, sauf indication contraire Croissance du PIB réel 6,1 5,6 1,4 2,0 3,5 3,6 4,6 5,2

Croissance du PIB réel par habitant 3,5 3,0 -1,0 -0,4 1,1 1,2 2,2 2,8

Croissance du PIB du secteur extractif 15,1 4,2 -5,3 -1,1 -0,1 0,3 2,6 3,2

Croissance du PIB hors secteur extractif 5,6 5,8 2,4 2,5 4,0 4,1 4,9 5,5

dont croissance du secteur primaire -1.0 2,2 5,9 3,5 3,6 3,6 4,6 5,2

dont croissance des services 3,4 10,0 4,1 2,5 3,9 4,3 5,0 5,7

Prix Variation annuelle, sauf indication contraire

Déflateur du PIB 3,0 -9,2 -4,9 4,1 4,2 3,5 3,7 3,2

Inflation IPC 4,1 3,5 0,5 1,5 2,3 3,6 4,6 4,2

Prix du fer (USD/tonne) 135,4 97,0 55,9 58,4 71,8 64,0 60,00 55,0

Prix du cuivre (USD/tonne) 7332 6863 5510 4868 6170 6800 6816 6833

Prix du pétrole (USD/baril) 104,1 96,2 50,8 42,8 52,8 65,0 65,0 65,4

Prix de l’or (USD/once troy) 1411 1266 1161 1249 1258 1300 1282 1264

Comptes budgétaires Pourcentage du PIB, sauf indication contraire

Dépenses 25,8 29,5 32,7 28,2 27,7 27,2 27,6 27,7

Revenus 30,1 26,1 29,3 27,7 27,5 27,3 27,9 28,4

Solde budgétaire primaire (hors compris) 4,6 -2,5 -4,1 -1,3 0,2 0,2 0,6 0,9

Solde budgétaire primaire 5,2 -2,4 -2,3 0,5 1,2 1,4 1,8 2,2

Solde budgétaire (hors compris) 3,6 -3,5 -5,2 -2,4 -1,2 -1,1 -0,9 -0,6

Solde budgétaire 4,3 -3,4 -3,4 -0,5 -0,2 0,1 0,3 0,7

Dette publique (y compris la dette du Koweït) 70,6 80,4 98,4 99,1 96,5 91,4 90,7 88,4

Intérieure 4,1 6,2 5,7 4,7 5,1 4,8 5,0 5,1

Extérieure 66,5 74,1 92,7 94,3 91,4 86,6 85,7 83,4

Dette publique (hors dette du Koweït) 52,9 61,2 76,9 77,8 77,0 72,1 71,2 68,9

VA du ratio dette publique/PIB 56,4 56,1 53,5

Balance des paiements Pourcentage du PIB, sauf indication contraire

Solde du compte courant -22,2 -28,3 -20,7 -15,8 -14,0 -9,7 -8,8 -8,7

Balance des échanges commerciaux -6,9 -13,7 -12,1 -10,7 -7,0 -3,9 -3,3 -3,0

Importations -53,7 -50,9 -42,1 -40,7 -40,7 -39,7 -40,0 -40,5

Exportations 46,8 37,2 30,0 29,9 33,7 35,8 36,7 37,5

Services (net) -14,8 -14,1 -8,5 -7,2 -9,5 -9,0 -8,8 -8,2

Revenus (net) -3,0 -2,7 -3,9 -2,5 -1,1 -1,7 -1,4 -1,4

Investissement direct étranger 19,9 9,6 10,8 5,8 9,9 7,0 6,7 6,5

Réserves brutes (en millions de dollars, fin de période) 982 620 821 825 849 894 949 1046

en mois d’importations 3,9 2,8 5,1 5,2 4,9 5,1 5,2 5,4

en mois d’importations (biens et services) 3,0 2,2 4,2 4,4 4,0 4,2 4,3 4,5

Taux de change (moy.) 296 302 324 352 358

PIB (nominal - milliards de MRO) 1696 1626 1569 1666 1797 1927 2090 2269

PIB par habitant (USD) 1478 1358 1191 1138 1180 1201 1212 1242

Source : MEF, Office national de la statistique, BCM, article IV du FMI, FNUAP, fiche des prix des matières premières (Pink Sheet) de la Banque mondiale, et calculs des services de la Banque mondiale. * Les prix des produits de base pour 2017 correspondent à ceux du mois d’avril de la même année.

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Encadré 1 : Le programme de FEC du FMI a été approuvé

Le FMI a approuvé un accord triennal au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) pour la Mauritanie. Ce programme de 160 million USD approuvé par le Conseil d’administration du FMI le 6 décembre 2017 vient soutenir les réformes du marché des changes et des ajustements externes en aidant à : (a) promouvoir des politiques monétaires et des politiques de gestion des liquidités plus dynamiques, et améliorer le fonctionnement des marchés des changes afin d’apporter plus de souplesse dans les politiques et soutenir la viabilité extérieure ; (b) soutenir l’assainissement des finances publiques en renforçant l’administration fiscale et en améliorant la gestion des investissements publics afin de continuer à faire baisser l’encours de la dette ; (c) renforcer la surveillance bancaire et resserrer le cadre réglementaire afin consolider la stabilité financière et stimuler le crédit au secteur privé ; et (d) faire progresser les réformes structurelles pour améliorer le cadre de l’activité économique, renforcer la compétitivité et accélérer la diversification. La première revue de la FEC a été réalisée avec succès en mars 2018. Tous les critères de performance ont été remplis à fin décembre 2017 et tous les jalons structurels prévus entre décembre 2017 et mars 2018 ont été atteints ; et le Conseil d’administration du FMI a procédé à un premier examen de la FEC le 25 mai 2018. Une deuxième revue est prévue en septembre 2018.

2.4. Pauvreté et inégalités

Figure 2 : Incidence de la pauvreté par moughataa (2014)

26. La réduction de la pauvreté s’est accélérée en Mauritanie pendant le super-cycle des matières premières. Jusqu’au début des années 2000, la réduction de la pauvreté en Mauritanie avait été modeste, avec un recul annuel moyen du taux de pauvreté légèrement inférieur à 1 pour cent. Toutefois, entre 2008 et 2014, elle s’est accélérée à un taux annuel moyen de près de 2 points de pourcentage. Le taux de pauvreté a été ramené de 44,5 à 33 pour cent7 entre 2008 et 2014. La performance de la Mauritanie sur le plan de l’élasticité de la pauvreté par rapport à la croissance du PIB était la quatrième en Afrique après l’Afrique du Sud, Madagascar et le Botswana.

27. Les indicateurs non monétaires du bien-être se sont également améliorés et des progrès ont été réalisés sur le front des inégalités et de la vulnérabilité. L’indice d’égalité des

7 Tenant compte du seuil national de pauvreté de fixé à 177,200 MRO.

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chances (HOI), qui mesure la couverture et l’équité dans la répartition des opportunités, a progressé dans toutes les dimensions (notamment l’enseignement primaire, la santé et l’eau courante), hormis le travail. Le coefficient indice de Gini, qui mesure les inégalités a reculé, de 35,3 en 2008 à 31,9 en 2014. Les estimations montrent également une atténuation de la vulnérabilité entre 2008 et 2014, qui met en évidence les progrès observés dans la possession d’actifs.

28. Les zones rurales sont celles qui ont le plus bénéficié de la réduction accélérée de la pauvreté, alors que Nouakchott a enregistré une légère augmentation de la pauvreté. Entre 2008 et 2014, la plus forte croissance des dépenses médianes des ménages a augmenté dans les zones rurales, où tous les percentiles de la répartition des dépenses ont obtenu des résultats appréciables, en particulier les déciles inférieurs. Les régions les plus prospères du point de vue de la réduction de la pauvreté étaient celles à prédominance rurale, à savoir le Hodh El Chargi, le Gorgol, le Brakna, l’Adrar et le Tagant (voir Figure 2). Les populations pauvres de la Mauritanie étant concentrées dans les zones rurales, ce biais en faveur des populations rurales dans la croissance des dépenses a eu une incidence notable sur la réduction globale de la pauvreté. En revanche, les zones urbaines ont enregistré moins de progrès dans la réduction de la pauvreté et, à Nouakchott, les taux de pauvreté ont, au mieux, stagné ou ont légèrement augmenté. 29. Malgré les tendances récentes, la pauvreté en Mauritanie demeure un phénomène essentiellement rural qui est en partie associé à l’inégalité d’accès aux ressources productives. Les trois quarts des pauvres vivent en milieu rural, principalement dans le sud ; les zones côtières urbaines affichent les taux de pauvreté les plus faibles. Les taux de pauvreté les plus élevés sont enregistrés parmi les ménages ruraux vivant de l’agriculture et de l’élevage. Les citadins pauvres travaillent principalement dans le secteur des services informels, la troisième plus importante occupation liée à la pauvreté. Malgré la croissance récente des actifs productifs de l’élevage, les terres sont inégalement distribuées, en particulier dans la vallée du fleuve Sénégal. Par ailleurs, 18,7 pour cent seulement des femmes en Mauritanie possèdent des terres, et les femmes ne représentent que 8 pour cent des propriétaires fonciers ou immobiliers (voir encadré 5 et annexe 7 pour plus de amples renseignements sur les questions liées au genre). 30. La pauvreté continue également d’être associée à un accès inéquitable aux services sociaux. La Mauritanie pointait au 153ème rang sur 186 pays dans l’Indice de développement humain 20148. Si les 40 pour cent les plus pauvres de la population s’en sont relativement mieux sortis sur les indicateurs du capital humain ces dernières années, l’écart par rapport aux 60 pour cent les plus aisés reste néanmoins important. Les taux de pauvreté les plus élevés sont enregistrés dans les ménages dirigés par des personnes peu instruites ou n’ayant pas fait d’études primaires. Les taux nets de scolarisation se sont améliorés pour tous les âges entre 2008 et 2014, mais dans la catégorie des 20 pour cent les plus pauvres, les deux tiers des enfants âgés de 6 à 11 ans ne vont pas à l’école. Soixante pour cent des élèves du primaire atteignent la dernière année, 34 pour cent poursuivent leurs études secondaires, mais 12 pour cent seulement parviennent jusqu’à la dernière année du deuxième cycle du secondaire. La qualité de l’éducation se reflète dans les résultats médiocres des tests standardisés en mathématiques et en français

8 Programme des Nations Unies pour le développement, Rapport sur le développement humain : Le travail au service du

développement humain, 2015.

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effectués dans les écoles primaires. Les acquis scolaires en Mauritanie sont faibles et stagnent ou se détériorent depuis 15 ans9.

31. La Mauritanie a enregistré des progrès dans la couverture vaccinale et l’espérance de vie, avec des gains plus modestes en santé maternelle et infantile et en nutrition. Plus de la moitié des nourrissons en milieu rural sont accouchés sans assistance médicale qualifiée. Le taux de mortalité maternelle (602 pour 100.000 naissances vivantes) est en baisse, mais il représente pratiquement le double du taux du Sénégal (317) et se situe largement au-dessus de la moyenne de l’Afrique subsaharienne (547). La malnutrition infantile et maternelle est le principal facteur de risque de décès et d’invalidité, et le taux de prévalence de l’insuffisance pondérale est de 11,6 pour cent (la Mauritanie occupe la 114ème place sur 130 pays dans le Rapport sur la nutrition mondiale de 201610). La Mauritanie affiche le plus faible taux d’accès à l’eau et aux services d’assainissement (57 et 40 pour cent, respectivement) dans la région. 32. Malgré la baisse des inégalités, l’accès limité au marché du travail renforce l’exclusion, en particulier des femmes, des travailleurs à faible revenu et des travailleurs domestiques. La participation au marché du travail et le taux d’emploi ne s’améliorent pas pour tous, mais la situation est particulièrement mauvaise pour les jeunes (20-29 ans), les femmes et les travailleurs à faible revenu, et encore pire pour les travailleurs non rémunérés ou domestiques. La mobilité sociale de ces groupes n’est pas visible, ce qui crée des bassins de pauvreté chronique et d’exclusion qui représentent un obstacle important à une réduction plus poussée de la pauvreté en Mauritanie. Même si l’écart de consommation se réduit entre les régions, la pauvreté chronique reste concentrée dans un groupe de régions, notamment dans le Gorgol et le Guidimagha.

2.5. Moteurs de la pauvreté et défis du développement

33. Le recul récent de la pauvreté est principalement dû à l’évolution temporaire des prix relatifs des produits de base, stimulée par une croissance tirée par les industries extractives. Le principal moteur de la réduction de la pauvreté rurale était l’amélioration du bien-être des producteurs agricoles et pastoraux. Il y a eu un transfert important de main-d’œuvre du secteur de l’agriculture vers celui de l’élevage. Les ménages producteurs nets d’aliments ont vu leurs dépenses par tête augmenter de plus de 33 pour cent contre 1,4 pour cent seulement pour les ménages non producteurs. L’augmentation des revenus ruraux est largement due à la hausse des prix des biens du secteur primaire et, dans une moindre mesure, à l’augmentation de la production. Les éleveurs ont profité des prix élevés de la viande, supérieurs de plus de 15 pour cent par rapport à l’inflation au cours de la période, et sur lesquels l’augmentation de la demande intérieure et des exportations a eu une incidence.

9 Les données sur la pauvreté révèlent un déclin net de l’alphabétisation chez les enfants âgés de 10 à 14 ans et une légère

augmentation chez les enfants âgés de 15 à 20 ans. Le déclin de l’alphabétisation chez les moins de 15 ans entre 2008 et 2014 semble coïncider avec les réformes qui ont introduit l’enseignement bilingue et avec les changements structurels apportés dans le cycle secondaire : SCD.

10 Rapport sur la nutrition mondiale : des promesses aux impacts - Éliminer la malnutrition d’ici 2030, 2016, Washington : IFPRI.

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34. La hausse des prix des denrées alimentaires, associée à la migration urbaine, a conduit à une augmentation de la pauvreté à Nouakchott. La hausse des prix des denrées alimentaires a rogné le pouvoir d’achat des acheteurs nets de produits alimentaires, en particulier à Nouakchott, où les denrées alimentaires représentent 54 pour cent du panier de consommation des ménages. En plus des hausses de prix des produits alimentaires locaux, le riz importé à Nouakchott coûtait plus du double du prix mondial, tandis que le blé importé coûtait 60 pour cent plus cher, des écarts qui traduisent des pratiques monopolistiques sur les marchés d’importation de produits alimentaires. L’afflux rapide de populations rurales, pour la plupart démunies, a également contribué à l’augmentation de la pauvreté. Principaux obstacles à des progrès durables dans la réduction de la pauvreté et la promotion d’une prospérité partagée

35. Pendant le super-cycle des matières premières, la croissance s’est appuyée sur les activités « extraction-exportation » sans valoriser au mieux les autres richesses naturelles que sont les ressources halieutiques et agro-pastorales. La croissance récente, à forte intensité de capital – tirée par le secteur minier – n’a eu qu’un impact limité en termes de création d’emplois directs (bien que le secteur extractif ait tendance à créer plus d’emplois qualifiés et a un effet multiplicateur sur la croissance). Du fait de l’automation, la création d’emplois directs est limitée : le secteur minier ne représente que 1,7 pour cent des emplois directs, avec cependant des emplois indirects. Moins de la moitié de la population en âge de travailler en Mauritanie a un emploi : le taux d’emploi, particulièrement faible chez les jeunes, a été ramené de 48,7 à 41,6 pour cent entre 2008 et 2014. Cette baisse régulière du taux d’activité (TPPA) limite les possibilités pour la Mauritanie de tirer parti de l’évolution démographique récente (cf. Figure 3). Le déclin accéléré de la pauvreté et des inégalités reposait sur des variations des prix relatifs plutôt que sur des gains en productivité totale des facteurs ou sur des mécanismes structurels permettant aux pauvres de développer leur capital humain et d’augmenter leurs actifs.

Figure 3 : Population totale par groupe d’âge et par sexe (2010 et 2050)

36. La Mauritanie a une population très jeune caractérisée par un écart entre les sexes en matière d’emploi particulièrement important. Plus de 60 pour cent de la population est âgée de moins de 25 ans (62,8 pour cent en 2018). Les hommes occupent trois emplois sur quatre, même si les femmes représentent 55 pour cent de la population en âge de travailler. Établi à 22 pour cent en 2014 (contre 28 pour cent en 2008), le TPPA féminin est nettement inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne, qui est de 64 pour cent. Le chômage est un défi de plus en Mauritanie (30 à 31 pour cent de la population est actuellement sans emploi), les taux de chômage chez les femmes et les jeunes étant encore plus élevés.

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Figure 4 : Zones des moyens de subsistance

37. La Mauritanie a le potentiel pour soutenir et accélérer une croissance inclusive en valorisant au mieux ses richesses naturelles, à savoir ressources extractives, halieutiques, agricoles et

pastorales (cf. Figure 4). Si l’on se fonde sur les estimations récentes, les ressources minérales représentent 43 pour cent de la richesse en ressources naturelles de la Mauritanie, suivies par la pêche, l’agriculture et l’élevage11. Dans les industries extractives, les difficultés à attirer les investissements privés, la faible performance du secteur parapublic du minerai de fer et la production relativement faible de revenus freinent l’exploitation durable des richesses en ressources minérales. Le cadre d’intervention ne permet pas d’utiliser les rentes extractives pour promouvoir la croissance des secteurs à forte intensité de main-d’œuvre et limite l’utilisation optimale des recettes

publiques au profit des pauvres. Les difficultés à valoriser le potentiel pastoral et halieutique de la Mauritanie, notamment par l’accroissement de la valeur ajoutée au sein des filières, freine la diversification économique et la création d’emplois. Le secteur des pêches se heurte à des défis importants sur le plan de la durabilité, de la génération de revenus et de la création d’emplois locaux, tandis qu’une coordination institutionnelle pour atténuer les effets du changement climatique fait défaut au secteur agro-pastoral. L’accès aux technologies numériques et leur utilisation peuvent constituer un moyen supplémentaire pour améliorer la productivité agricole, l’accès à l’information et aux marchés, ainsi que pour créer des avancées dans les filières. Les investissements de la dernière décennie dans le réseau routier constituent un atout pour relier les zones de production agricole et d’élevage aux marchés nationaux et internationaux. 38. L’urbanisation débridée empêche l’émergence de villes productives et inclusives. La Mauritanie présente le deuxième taux d’urbanisation le plus élevé du continent et deviendra un pays à prédominance urbaine d’ici 202512. L’expansion des centres urbains, résultant d’un exode

11 Banque mondiale, Inclusive Green Growth: The Pathway to Sustainable Development, 2012, Washington : Banque mondiale.

12 Le taux d’urbanisation est estimé entre 59 et 62 pour cent (projections ajustées selon le recensement de 2012, Indicateurs du développement dans le monde 2015). Avec une croissance moyenne de 10 pour cent par an jusqu’en 2000 et de 4,4 pour cent depuis lors, Nouakchott a connu le deuxième taux d’urbanisation le plus élevé d’Afrique et représente aujourd’hui environ 30 pour cent de la population totale du pays. La population urbaine a plus que doublé depuis 1977, passant de 22,7 pour cent cette année-là à 48,3 pour cent en 2013.

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des populations rurales touchées par la sécheresse, pose des problèmes de planification et de fourniture de services et, surtout, n’a pas produits les « effets d’agglomération » qui accompagnent généralement l’urbanisation. Les villes mauritaniennes sont caractérisées par l’informalité, une couverture insuffisante des infrastructures et des services, l’auto-emploi et un capital humain faible – des caractéristiques qui n’ont pas vocation à attirer l’investissement privé ni à développer les services à haute productivité et les secteurs tertiaires. Il convient toutefois de noter que la forte progression des personnes en zones urbaines ayant accès à l’internet qui est passé de 41 à 46 pour cent entre 2016 et 2017, ce qui ouvre des perspectives de développer des activités économiques, en particulier pour les jeunes. 39. Une amélioration de l’équité permettrait d’échapper aux pièges de la pauvreté. L’inégalité d’accès à des services sociaux de qualité et un marché du travail inéquitable empêchent les pauvres de devenir des travailleurs instruits, productifs et en bonne santé. Le partage de la prospérité en Mauritanie est encore entravé par : des prix alimentaires élevés et faussés qui affectent de manière disproportionnée les citadins pauvres ; et les inégalités dans la distribution des terres, en particulier dans la vallée du fleuve Sénégal, qui ont un impact déterminant sur la capacité des ruraux pauvres à produire et à mener des activités génératrices de revenus. Compte tenu du taux de pénétration de la téléphonie mobile, à savoir 120 pour cent, les technologies numériques pourraient constituer un outil sur lequel s’appuyer pour la fourniture équitable de services publics de base dans les zones reculées de la Mauritanie.

III. STRATÉGIE DE PARTENARIAT DU GROUPE DE LA BANQUE MONDIALE

3.1. Programme et stratégie à long terme du Gouvernement

40. La Stratégie de croissance accélérée et de prospérité partagée (SCAPP 2016-2030), adoptée par le Conseil des ministres le 19 octobre 2017, constitue le socle des politiques économiques et sociales. Elle fait suite au Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP, 2001-2015) et a été élaborée à travers des consultations et un dialogue entre l’administration, les élus, les universitaires, la société civile (y compris, pour la première fois, des membres de la diaspora), le secteur privé et les partenaires de développement. Cette vision s’articule autour des axes suivants : (a) promouvoir une croissance forte, inclusive et durable ; (b) développer le capital humain et l’accès aux services sociaux de base ; et (c) renforcer la gouvernance dans toutes ses dimensions. La SCAPP sera mise en œuvre au moyen de trois plans d’action quinquennaux, le premier couvrant la période 2016-2020, avec des évaluations sectorielles semestrielles et des revues annuelles. 41. La SCAPP identifie également quatre risques qui pèsent sur sa propre mise en œuvre : (a) la situation sécuritaire qui prévaut dans la sous-région du Sahel ; (b) les conséquences des changements climatiques, de la sécheresse et d’autres catastrophes naturelles ; (c) les chocs économiques exogènes liés aux secteurs extérieurs (demande et prix mondiaux des matières premières) ; et (d) la raréfaction des capitaux au niveau international pour démarrer des projets miniers et d’infrastructures. La SCAPP ayant été élaborée parallèlement au SCD, les deux documents sont étroitement alignés. La préparation du SCD, en étroite coordination avec les autorités mauritaniennes et les parties prenantes nationales, a contribué à la réflexion nationale

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et facilité une forte mise en cohérence entre la stratégie du gouvernement et le double objectif du Groupe de la Banque mondiale.

3.2. Enseignements tirés et consultation des parties prenantes

Enseignements tirés de la Stratégie de partenariat-pays (CPS) des exercices 2013-16

42. La performance globale du programme de la CPS (exercices 2014-16) a été jugée modérément satisfaisante (cf. L’Examen de fin d’exécution et des enseignements (CLR) en Annexe 2). Cette note est un indicateur global des progrès réalisés vers l’accomplissement des réalisations de la CPS. Dix objectifs sur quatorze ont été atteints (entièrement ou pour l’essentiel). Les résultats au titre de l’Axe d’intervention n 1 (Croissance et diversification) ont été jugés modérément insatisfaisants, malgré des réalisations obtenues dans l’amélioration du climat des affaires, des services financiers pour les petites entreprises et de l’accès à l’internet. Les résultats au titre de l’Axe d’intervention n 2 (Gouvernance économique et prestation de services) ont été jugés modérément satisfaisants, des progrès ayant été enregistrés en ce qui concerne l’accès à la formation technique et professionnelle, un meilleur ciblage des programmes de filets sociaux et l’amélioration de la gestion financière, notamment des collectivités locales. L’équipe constate qu’il y a eu un intervalle entre la fin officielle de la période de la CPS (30 juin 2016) et les activités qui se sont poursuivies jusqu’à la fin de l’exercice 17, alors que le SCD était en préparation. 43. En ce qui concerne la performance du Groupe de la Banque mondiale, la conception de la CPS a été jugée « moyenne » et l’exécution du programme « bonne ». Il est fait état d’une solide collaboration entre les institutions du Groupe de la Banque mondiale en appui à l’environnement des affaires (dans le cadre du programme « Doing Business »). De la même manière, les services d’analyse et de conseil (ASA) fournis ont été pertinents et ont contribué de manière significative au dialogue avec le Gouvernement. Bien que les opérations et le travail analytique aient eu un important impact et contribués à la réalisation de plusieurs des objectifs de la CPS, le cadre de résultats manquait souvent d’indicateurs suffisamment mesurables. Cependant, l’absence d’un Examen de performance et des enseignements (PLR) à mi-parcours de la CPS constitue une opportunité manquée de réévaluer la situation du pays et d’actualiser le cadre de résultats. 44. Alors que ces notes (« ratings ») correspondent aux objectifs stratégiques et aux indicateurs du Cadre de résultats de la CPS, elles ne rendent cependant pas entièrement compte de l’impact important qu’a eu, au cours des quatre dernières années, le programme du Groupe de la Banque mondiale en Mauritanie, pas plus qu’elles ne montrent à quel point la Banque mondiale est considérée comme un partenaire fiable par le Gouvernement, un acteur précieux au sein de la communauté des partenaires de développement et l’auteur d’études analytiques de qualité. La performance de l’IDA a été particulièrement efficace dans les domaines des filets sociaux, de la pêche et du changement climatique. Comme indiqué dans le CLR, l’équipe reconnaît les lacunes du Cadre de résultats de la CPS, ainsi que la nécessité d’adopter des approches programmes (« sector-wide approaches ») afin de mieux prendre en compte les réalités sectorielles, les capacités d’exécution et les besoins en matière de suivi et d’évaluation. Il est également important de souligner la coopération importante entre l’ensemble des

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institutions du Groupe de la Banque mondiale, qui sera davantage renforcée dans le cadre du présent CPP. Ces leçons et d’autres sont prises en compte dans le Cadre de résultats du CPP. Les principaux enseignements tirés du CLR sont les suivants : 45. Pour mettre en œuvre des programmes susceptibles de produire des résultats, la période couverte par la CPS doit être plus longue. La CPS s’étale sur trois ans, ce qui n’était pas une période suffisamment longue pour assurer l’entrée en vigueur de tous les projets et en obtenir des résultats probants. La période couverte par le présent CPP s’étendra sur six ans (exercices 2018-23). En outre, pour prendre en compte l’évolution de la situation du pays et ajuster en conséquence le cadre de résultats du CPP, un PLR sera réalisé de manière anticipée, très probablement à la fin de l’IDA-18 (début de l’exercice 21). 46. Élargir les approche-programmes à échelle sectorielle (« sector-wide approaches »). Le financement de la Banque mondiale a plus d’impact quand il est exécuté dans le cadre de programmes gouvernementaux de vaste ampleur, en coordination avec d’autres partenaires de développement. C’est le cas du programme de protection sociale Tekavoul, dans lequel la Banque a appuyé l’Agence Tadamoun pour la conception et la mise à l’essai du programme, qui est aujourd’hui adopté par d’autres organisations bilatérales (AFD) et multilatérales (PAM). Le CPP continuera à promouvoir ce type d’approche-programmes à échelle sectorielle en matière de protection sociale et à les étendre à d’autres domaines tels que la santé, l’éducation, l’énergie, l’eau et l’assainissement. 47. Examiner le contexte opérationnel. L’expérience tirée de projets antérieurs – tels que le programme WARCIP et le projet de corridor routier – montre qu’il faut suffisamment de souplesse dans la conception des projets afin de pouvoir l’adapter aux changements intervenant dans le pays et le secteur concerné, ainsi qu’une forte adhésion des autorités. Les indicateurs de résultats n’ont pas pleinement saisi l’impact des interventions du Groupe de la Banque mondiale ni fait ressortir l’importante contribution au travail sur les connaissances et le dialogue sur les politiques avec les autorités qui en a résulté. Un vaste processus de consultation avec les autorités a aidé à aligner pleinement le CPP sur la SCAPP et favorisé une meilleure adhésion au programme de leur part.

48. Investir dans le renforcement des capacités. Le rapport de fin d’exécution de la Stratégie d’aide-pays couvrant les exercices 2007-12 (CASCR, rapport no 81125) a fait état de certaines déficiences d’une partie de l’administration mauritanienne, arguant qu’il faut renforcer les capacités dans chaque opération et procéder à des réformes et à une modernisation à long terme. Le problème a persisté pendant la période de la CPS, au cours de laquelle l’insuffisance des capacités a été préjudiciable à plusieurs projets et a constitué une difficulté majeure pour la participation d’IFC et du secteur privé. Si les projets d’assistance technique ont aidé les représentants du gouvernement à prendre des décisions éclairées, en revanche la prolifération d’unités de gestion de projets, installées au sein du ministère des Finances pour des raisons fiduciaires, tend à perpétuer un modèle de mise en œuvre des projets basés sur du personnel consultant au détriment du renforcement des capacités locales d’exécution. Le CPF privilégiera la création de capacités durables qui perdureront au-delà de la fin des projets financés par le Groupe de la Banque mondiale et de la période couverte par le CPP.

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49. Élargir la collaboration entre secteurs au sein du Groupe de la Banque mondiale. La collaboration entre l’IDA, IFC et MIGA – bien qu’importante et couronnée de succès – s’est limitée à certains secteurs, notamment le climat des affaires, les industries extractives, les PPP et l’énergie. Nombreuses sont les possibilités d’étendre collaboration dans le cadre du CPP. Par exemple, le projet de Nouadhibou offre des possibilités de collaboration entre les Pratiques Globales (« Global Practices ») et IFC sur le climat des affaires et Doing Business. Une démarche « Un Groupe de la Banque mondiale » constitue un des socles de ce CPP. 50. Améliorer le suivi et l’évaluation tant au niveau du portefeuille-pays qu’à celui des projets. Pendant la période couverte par la CPS, IEG (le Groupe d’évaluation interne de la Banque mondiale) a estimé que seulement 16 pour cent des projets financés par la Banque mondiale avait un système de suivi et d’évaluation satisfaisant et ce principalement pour les raisons suivantes : (a) la non-appropriation du suivi et de l’évaluation tant au niveau sectoriel qu’à celui des projets ; (b) le manque de rigueur dans le suivi des indicateurs de performance des projets ; (c) le manque de rigueur dans la collecte et l’analyse des données destinées à l’évaluation des projets ; et (d) le peu d’objectivité dans l’évaluation de la performance des projets, à savoir une attribution de notes qui ne reflètent pas la réalité. Il y a lieu d’améliorer le système de suivi et d’évaluation de la Mauritanie en renforçant les capacités et en soutenant l’édification d’institutions redevables et régies par des règles. 51. Améliorer la conception et l’évaluation des mécanismes de co-financement. Une coordination plus efficace avec les partenaires de développement a permis de mobiliser des ressources additionnelles à une enveloppe limitée de l’IDA, comme dans le cas du projet routier, du projet PNIDDLE et du projet sur les TI. Toutefois, dans le cas des cofinancements : (a) les ODP devraient clairement préciser les responsabilités de mise en œuvre entre les partenaires de développement, en fixant notamment des objectifs mesurables ; (b) la conception du projet devrait préciser à la fois les possibles chevauchements et différences de standards (notamment les mesures de sauvegarde environnementales et sociales) ; et (c) des plans de contingences devraient être élaborés en cas de modification des modalités de cofinancement ou de financement parallèle. Ces recommandations contribueront à améliorer l’efficacité et l’impact des ressources financières mises en commun. 52. L’impact du Groupe de la Banque mondiale va au-delà du financement. Le rôle de rassembleur de la Banque est lié au fait qu’elle est perçue comme un « courtier honnête » dont les travaux de recherche ont un impact considérable. Le travail analytique et le dialogue avec les pouvoirs publics sur les politiques à mener – dans des domaines comme les PPP, le secteur privé, la gestion des finances publiques et l’assainissement budgétaire – ont jeté les bases des opérations à l’appui de la politique de développement (DPO), ainsi que des réformes du climat des affaires à travers le processus Doing Business (ces réformes sont présentées en détail à l’Annexe 7). Les travaux de recherche du Groupe de la Banque mondiale peuvent également éclairer les stratégies d’autres partenaires de développement. Ces produits précieux des activités d’analyse et de conseil doivent être traduits et diffusés largement en assurer un impact maximum.

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Processus de Consultations 53. La préparation de ce CPP a été guidée par une série de consultations approfondies. L’ensemble des parties prenantes a participé à ces discussions, notamment l’État mauritanien (échelons central et régionaux), les partenaires au développement, les organisations de la société civile, les représentants du secteur privé, les organisations professionnelles et les groupes de femmes. L’État mauritanien et la société civile se sont félicités de ces consultations organisées dans trois régions – Chami, Nouadhibou et Aleg. Afin de prendre en compte les divers défis de développement auxquels la Mauritanie est confrontée, chacune de ces trois consultations s’est penchée sur l’un des trois thèmes suivants : urbanisation et prestation de services ; stimulation de la compétitivité et de l’emploi pour une croissance inclusive et durable ; et renforcement de la résilience au changement climatique. Les participants à la consultation avec le secteur privé – qui incluait les secteurs bancaire, minier, touristique, halieutique et agro-alimentaire – ont souligné la nécessité d’instaurer des « règles du jeu » plus équitables par l’amélioration de la transparence et de la justice commerciale, le renforcement des qualifications et des compétences de la main-d’œuvre, et la simplification du cadre juridique régissant l’activité commerciale. Les questions de genre et d’inclusion sociale ont été examinées lors d’une session qui a duré une demi-journée avec des représentants de la société civile, du gouvernement, du secteur privé et des partenaires de développement. Les participants ont souligné l’éventail des obstacles que rencontrent les femmes en Mauritanie et le degré d’influence qu’ont les normes sociales sur elles, ainsi que la nécessité de poursuivre à une plus grande échelle les programmes qui contribuent à mobiliser les femmes en tant qu’agents du changement en Mauritanie. Ces retours d’informations des parties prenantes transparaissent dans la place qu’accorde le CPP à la prestation de services, à la résilience au changement climatique, à l’amélioration de la gouvernance et de la gestion économique, à l’amélioration du climat des affaires et à la réduction des écarts entre les sexes. Le processus de consultation est présenté en détail à l’Annexe 10. Partenariats et coordination des partenaires du développement 54. L’échiquier des partenaires de développement en Mauritanie se caractérise par une collaboration étroite et efficace. Un comité mixte gouvernement-bailleurs de fonds, composé de représentants de l’État mauritanien et de Partenaires de développement, se réunit au moins deux fois par an sous l’égide du MEF afin d’assurer la coordination des flux d’aide. Ce comité a joué un rôle important en aidant à préparer la SCAPP. La collaboration entre les partenaires de développement est renforcée par un cadre formel de coordination des bailleurs de fonds axé sur des thèmes sectoriels. La Mauritanie a eu une collaboration fructueuse avec de nombreux partenaires multilatéraux et bénéficié de leur appui, notamment le Fonds arabe de développement économique et social (FADES) – le principal contributeur – l’Union européenne (UE), le Groupe de la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), le système des Nations Unies et la Banque islamique de développement. Elle a aussi eu accès à une aide substantielle des partenaires bilatéraux traditionnels, comme l’Allemagne, l’Espagne, les États-Unis, la France et l’Italie, ainsi que de nouveaux partenaires, dont la Chine – le deuxième plus gros contributeur – et l’Inde. Le Groupe de la Banque mondiale a travaillé en étroite collaboration avec le système des Nations Unies et le PAM à la mise au point d’instruments de protection sociale et à la conception d’un mécanisme de réponses aux chocs climatiques, et avec le FNUAP

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à la mise en œuvre d’un programme régional sur l’autonomisation des femmes et le dividende démographique (programme SWEDD). Le Groupe de la Banque mondiale est aussi un membre institutionnel fondateur de l’Alliance Sahel (cf. Encadré 2). Ce CPP a également été guidé par plusieurs documents stratégiques établis par les partenaires de développement, notamment le Cadre de partenariat de développement durable 2018-2022 du système des Nations Unies approuvé récemment et le Programme indicatif national 2014-2020 de l’UE. Si la coopération entre les bailleurs de fonds et le gouvernement est relativement efficace, il reste possible d’améliorer considérablement le dialogue et la coopération au niveau sectoriel entre les ministères techniques, les partenaires de développement et les ONG.

Encadré 2 : Approches régionales – L’Alliance Sahel

Lancée à Paris le 13 juillet 2017 par le président Macron, la Chancelière Merkel et le Haut Représentant de l’UE, Mme. Mogherini, l’Alliance Sahel vise à accroître sur les cinq prochaines années le soutien financier et technique aux pays du G5 Sahel, à savoir : la Mauritanie, le Tchad, le Burkina Faso, le Niger et le Mali. Le Groupe de la Banque mondiale est un membre fondateur de cette Alliance, aux côtés de la Banque africaine de développement, l’Union européenne, la France, l’Allemagne et le PNUD. L’Alliance a depuis été élargie à l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni.

Les domaines d’intervention initiaux de l’Alliance Sahel sont les suivants : (a) l’emploi, l’éducation et la formation des jeunes ; (b) l’agriculture et la sécurité alimentaire ; (c) l’accès à l’énergie et les énergies renouvelables ; (d) la gouvernance, y compris la justice et la lutte contre la corruption ; (e) les services de base et l’appui à la décentralisation ; et (f) la sécurité. L’Alliance mettra l’accent sur la mise en œuvre flexible (« agile ») et accélérée, sur les indicateurs d’impact et de résultats, la redevabilité, et elle visera à accroître l’investissement privé au Sahel. Chaque membre de l’Alliance a accepté de diriger l’un des domaines d’intervention, la Banque mondiale étant le chef de file pour le climat et énergie.

Les membres de l’Alliance travailleront ensemble pour mobiliser des financements publics et privés, en cohérence avec les objectifs d’IDA-18, qui fournira des ressources supplémentaires aux pays du G5 Sahel.

3.3. Tour d’horizon de la stratégie de la Banque mondiale

Filtres de sélectivité 55. Ce CPP pour la Mauritanie a été établi en ayant recours à trois filtres de sélectivité (cf. Figure 5) : (a) les priorités gouvernementales et la sollicitation de l’aide du Groupe de la Banque mondiale, telles que formulées dans la SCAPP ; (b) les obstacles à la réduction de la pauvreté et à la prospérité partagée recensés dans le SCD ; et (c) l’avantage comparatif du Groupe de la Banque mondiale.

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Figure 5 : Élaboration du CPP : Processus de filtrage pour définir la définition des objectifs

56. Filtre de sélectivité no1 : Priorités gouvernementales. L’État mauritanien sollicite l’appui du Groupe de la Banque mondiale dans les domaines prioritaires identifiés dans la SCAPP pour : (a) promouvoir une croissance forte, inclusive et durable ; (b) développer le capital humain et l’accès aux services sociaux de base ; et (c) renforcer la diversification économique et la gouvernance dans toutes ses dimensions. Le gouvernement demande également que le Groupe de la Banque mondiale consolide son programme d’investissements et mette à profit les succès obtenus dans des domaines tels que la protection sociale et le climat des affaires, tout en réorientant ses interventions dans des domaines où des défis persistent tels que l’accès à l’eau et à l’électricité dans les zones rurales les plus pauvres ou le développement des villes intermédiaires. De plus, le Gouvernement souhaite que le Groupe de la Banque mondiale poursuive son travail analytique pour contribuer à l’élaboration de réformes dans les domaines de la gouvernance économique, de la responsabilité institutionnelle et du climat des affaires. 57. Filtres de sélectivité n 2 : Obstacles recensés dans le SCD et domaines d’action prioritaires. Le SCD 2017 publiés par le Groupe de la Banque mondiale a identifié les obstacles à la réalisation des deux objectifs stratégiques de l’Institution. Le SCD définit quatre axes principaux à suivre pour parvenir à une croissance inclusive durable et à une prospérité partagée. Il hiérarchise en outre les contraintes au développement à travers trois prismes : les ressources, les politiques et les institutions. Les solutions proposées ont ensuite été identifiées, validées et « codées par couleur » au cours du processus de consultation sur le SCD. En vertu de quoi, le cadre analytique, extrait du CSD, propose trois axes d’intervention, portant sur la croissance, la pauvreté et la gouvernance, lesquels constituent la base de l’architecture du CPP (cf. Figure 6). Le CPP cherchera à promouvoir de nouvelles opportunités pour la diversification économique en stimulant la productivité dans l’agriculture, l’élevage et la pêche. Il cherchera aussi à favoriser le développement économique de certaines villes urbains intermédiaires et de leurs territoires limitrophes. En matière de pauvreté et d’inégalité, la Mauritanie est confrontée à des contraintes liées à l’accès aux services sociaux, à la distribution inéquitable des terres et à la distorsion des prix des produits alimentaires. Le CPP insistera sur le développement du capital humain et le renforcement de la lutte contre l’exclusion sociale, avec des interventions dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la protection sociale qui mettront l’accent sur l’accès à des services de qualité pour les couches de la population les plus vulnérables, mais également des interventions dans le domaine de l’emploi des jeunes et des femmes. Pour ce qui est de la gouvernance et de la gestion économique, le SCD a montré qu’il fallait améliorer la transparence

Priorités gouvernementales

Priorités duSCD

-

Avantage comparatif du GBM

Axes

d’intervention

du CPF

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des dépenses publiques et édifier des institutions publiques régies par des règles (« rules-based »). Le CPP déploiera à la fois des opérations et des études afin de compléter le programme de gouvernance engagé dans le cadre de la CPS des exercices 2014-16 et de promouvoir une meilleure gestion financière et une participation accrue du secteur privé aux activités économiques. Par ailleurs, les interventions du CPP soutiendront la gouvernance économique en vue de l’amélioration de la gestion budgétaire, de la transparence dans le secteur extractif, de l’efficacité de l’administration foncière et du développement du secteur privé. Enfin, le CPP continuera de s’appuyer sur les synergies au sein des institutions constituant le Groupe de la Banque mondiale : l’IDA se concentrant sur la réforme des biens et politiques publics, alors que IFC et MIGA soutiennent les investissements privés dans des secteurs offrant de bonnes perspectives de croissance et de création d’emplois.

Figure 6 : Principales constatations du Diagnostic-pays systématique (SCD) de la Mauritanie

58. Filtre de sélectivité no3 : Avantage comparatif du Groupe de la Banque mondiale Le Groupe de la Banque mondiale s’est posé en partenaire de confiance et auteur de travaux analytiques de qualité qui éclairent et facilitent le dialogue sur les politiques et les réformes économiques en Mauritanie (cf. Encadré 3). Ce rôle important et unique est illustré par le succès

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du programme de réforme de la stabilisation budgétaire, soutenu par le DPO mis en œuvre conjointement avec la Banque africaine de développement et qui a ouvert la voie au programme de Facilité élargie de crédit (ECF) avec le FMI. Cet avantage comparatif continue à être démontré par la capacité à négocier d’autres DPO – la Banque mondiale étant le seul partenaire de développement à faire de l’appui budgétaire en Mauritanie – et par le portefeuille de projets en cours qui se concentrent sur les questions de développement social et humain à long terme alors que les autres partenaires de développement financent des projets d’infrastructure à grande échelle dans les domaines de l’énergie, des transports, de l’eau et de l’assainissement (cf. Annexe 9). L’IDA représente 11 pour cent du total de l’aide extérieure (hors DPO), ventilé de la manière suivante : 37 pour cent du financement total des projets du secteur primaire (agriculture, pêche, élevage) et de l’environnement, 29 pour cent du financement des projets sur la gouvernance et des projets multisectoriels, et 13 pour cent du financement des opérations portant sur le capital humain. L’IDA et la Banque européenne d’investissement (BEI) sont les seules sources de financement du secteur des TIC.

Encadré 3 : La Banque mondiale, une institution du savoir et de la connaissance

Le Groupe de la Banque mondiale est l’auteur de toute une gamme d’études et de produits analytiques destinés à informer ses projets et son dialogue avec les autorités mauritaniennes sur les politiques à mener. La préparation du SCD s’est ainsi appuyée sur plusieurs de ces travaux d’analyse.

• L’étude de 2016 sur la dynamique de la pauvreté et la mobilité sociale (2008-2014) a mis en lumière des tendances positives dans la réduction de la pauvreté, en particulier des gains nets pour les 40 pour cent les plus pauvres de Mauritanie. Cette étude conclut que certains groupes ont été laissés pour compte durant le super-cycle des matières premières : la participation au marché du travail et les taux d’emploi ne se sont pas améliorés, en particulier chez les jeunes et les femmes, créant des poches de pauvreté chronique et d’exclusion.

• L’Examen des dépenses publiques de 2016 intitulée Surfing the Wave: Public Spending During the Commodity Super-Cycle and Beyond s’intéresse aux aspects de l’économie de rente en Mauritanie, aux marchés publics pendant le boom minier et aux problèmes qui entourant la compagnie de minerai de fer appartenant à l’État . Une autre étude en 2014, sur l’examen de la gestion des dépenses publiques et de la responsabilité financière (PEFA), montre que malgré les réformes de la GFP, l’exécution du budget est soumise à des contrôles internes et externes limités et à une surveillance irrégulière. De même, le rapport de 2013 intitulé Governance of State-Owned Enterprises and Public Agencies in the Islamic Republic of Mauritania s’est intéressée à la performance des entreprises publiques.

• Le rapport sur le cadre de gouvernance foncière (2014) montre qu’une grande proportion de terres est toujours détenues en régime foncier coutumier, ce qui dissuade d’investir sur des terres collectives et de réaliser des investissements à long terme pour améliorer l’agriculture et d’autres investissements et peut contribuer à attiser des tensions sociales.

• L’enquête Mauritania Country Profile 2014: Enterprise Survey 2014 réalisée par IFC et la Banque mondiale a révélé des lacunes importantes en matière de compétences professionnelles, comme l’ont fait remarquer les entreprises, en particulier chez les jeunes chômeurs et ceux qui « quittent l’école ».

• Au cours des dernières décennies, la série de changements de gouvernements, où la mise à pied de nombreux cadres des équipes précédente est présentée comme une « campagne de lutte contre la corruption », a peu contribué à améliorer la gouvernance ou à modifier l’équilibre politique précaire comme l’indique l’Étude diagnostique sur l’intégration du commerce (EDIC) intitulée Diagnostic Trade Integration Study (DTIS) Update 2016: From Short-Term Rents to Sustainable Macroeconomic Growth and Trade-Led Development.

• Le rapport Inclusive Green Growth (2012) a contribué à stimuler la discussion sur les moyens d’exploiter le potentiel de ressources naturelles non extractives de la Mauritanie.

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Maximisation des financements pour le développement 59. L’économie mauritanienne a été largement dirigée et contrôlée par l’État depuis l’indépendance du pays. Cette tendance n’a commencé à changer qu’au cours des dernières années, comme en témoignent les efforts déployés par l’État pour améliorer le climat des affaires et s’ouvrir à l’investissement privé, notamment par le biais des PPP. Malgré les avancées récentes, la Mauritanie reste l’un des environnements économiques les plus difficiles au monde (classée au 150ème sur 190 économies (Doing Business 2018) et se situant en dessous du 10ème percentile de tous les indicateurs des indicateurs de gouvernance mondiale (2014)). Les industries extractives, qui tirent la croissance du pays, créent peu d’emplois directs, bien que l’effet multiplicateur soit élevé. Dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche, qui emploient la plus grande partie de la population active et présentent des possibilités de développement, les niveaux de productivité sont faibles et très vulnérables aux mauvaises pratiques environnementales et sociales et aux effets du changement climatique. En outre, la compétitivité de la Mauritanie est affectée par un secteur privé formel qui est de taille limitée, mais aussi un manque de diversification et un environnement juridique et judiciaire inadapté au règlement des affaires commerciales. 60. Plusieurs facteurs empêchent IFC et MIGA de conclure des accords en Mauritanie : manque de transparence, procédures de justice commerciale déficientes, lacunes dans le cadre juridique et réglementaire, et faibles compétences des entreprises (par exemple, services juridiques et comptables) et de la main-d’œuvre. IFC continue de travailler avec le secteur privé mauritanien à la recherche d’opportunité dans le services-conseil (« advisory services ») en vue d’ouvrir la voie à des investissements directs ; et de travailler avec les institutions financières de la place, dans le but d’atteindre les PMEs. IFC cherche également à promouvoir des PPP afin de mobiliser le secteur privé dans le pays. Pendant la période couverte par le CPP, le Groupe de la Banque mondiale continuera à soutenir la participation du secteur privé à l’économie en mettant l’accent sur les réformes visant à uniformiser et simplifier les règles du jeu afin d’améliorer la compétitivité, la gouvernance et la transparence et de renforcer les synergies entre l’IDA, IFC et MIGA (cf. Encadré 4). 61. Dans ce contexte, IFC tentera d’être plus présente en Mauritanie en facilitant des projets avec des opérateurs locaux et internationaux, tout en recherchant un impact positif direct sur le secteur privé local, et en étudiant les possibilités de recourir au Guichet de conseils pour la création de marchés (CMAW) et au Guichet de promotion du secteur privé d’IDA-18 (PSW). Ainsi, le guichet CMAW pourrait fournir des fonds à l’appui des services de conseil visant à déverrouiller les opportunités d’investissement. IFC étudiera également les possibilités d’accéder au guichet PSW pour réduire les risques liés à l’investissement dans l’agro-industrie, dans le secteur financier, avec accent sur les PME, dans les infrastructures (transports, énergie et ressources naturelles), et dans la mise à disposition de financements en monnaie nationale pour des clients potentiels et des financements municipaux éventuels. Ces activités bénéficieront du soutien du travail actuellement réalisé par le Groupe de la Banque mondiale sur l’amélioration du climat des affaires au travers d’une assistance technique au gouvernement pour la mise en œuvre des réformes en lien avec « Doing Business » notamment, visant à faciliter l’investissement privé. Ces réformes portent sur les aspects suivants : (a) renforcement de la

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justice commerciale (y compris la création d’un tribunal de commerce, la modernisation du registre du commerce et la loi sur les faillites) ; (b) renforcement de l’administration des droits de propriété (pour consolider les acquis du Code des droits réels) et du Code d’urbanisme ; (c) amélioration de l’accès à l’électricité ; et (d) amélioration de la concurrence dans des marchés clés (notamment par le renforcement des modalités d’application de la règlementation en vigueur sur la concurrence). L’IDA et IFC vont ainsi structurer leurs opérations et dialogue en matière de réformes de manière complémentaire pour le développement du secteur privé ou, à défaut, pour utiliser les financements du secteur public pour catalyser les capitaux privés. 62. Dans le secteur financier, IFC se concentrera sur le financement du commerce et l’accès au financement pour les PME et les microentreprises par le biais d’intermédiaires financiers. IFC travaille avec la Banque centrale et d’autres responsables gouvernementaux dans l’optique de transmettre les meilleures pratiques internationales en matière de services bancaires aux PME. Elle cherche également à soutenir les prêts au secteur des PME et, partant, à améliorer l’accès au financement. Dans un souci d’ouvrir les marchés financiers locaux, IFC étudie la possibilité d’offrir des financements en monnaie nationale—en ouguiyas mauritaniennes—au titre du Guichet de promotion du secteur privé d’IDA-18. Ces financements pourraient permettre à IFC d’élargir ses financements à d’autres secteurs qui lui étaient inaccessibles jusqu’à présent. 63. Sur le plan des infrastructures, IFC se concentre sur le gaz et l’exploitation minière, où il est possible de développer et de renforcer ces filières conformément aux bonnes pratiques internationales, et de contribuer à une économie mauritanienne qui soit plus inclusive. IFC vise à soutenir le secteur minier par des investissements directs ainsi que par la mise en œuvre de bonnes pratiques environnementales et sociales et de plans de développement communautaire qui peuvent avoir un impact positif sur les populations locales et renforcer les chaînes d’approvisionnement locales. Avec la Banque mondiale, IFC travaille également avec l’État mauritanien sur le programme de PPP et continuera d’étudier les possibilités de mettre en place de nouveaux modèles de PPP afin de mobiliser le secteur privé et d’encourager une plus large collaboration public-privé sur des priorités communes. 64. Enfin, IFC cherche à améliorer l’accès à l’énergie et la sécurité énergétique à travers des opérations du secteur privé. L’énergie importée joue un rôle essentiel dans la plupart des pans de l’économie nationale, notamment les mines, les télécommunications et les transports. IFC mettra en place un mécanisme novateur de financement pour sécuriser l’importation de produits énergétiques en Mauritanie et préserver le flux continu d’énergie, empêchant ainsi des flambées de prix dues aux ruptures d’approvisionnement. Cette opération permettra également d’assurer la participation régulière des sociétés privées de commercialisation du pétrole aux activités de distributions de produits énergétiques.

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Encadré 4 : « Maximisation des financements pour le développement » dans le secteur extractif

Dans le cadre de l’approche axée sur la « Maximisation des financements pour le développement » (MFD), le Groupe de la Banque mondiale aide les pays à utiliser au mieux les ressources financières dont ils disposent grâce à des solutions mobilisant le secteur privé, de manière à concentrer les ressources publiques dans des domaines où la participation du secteur privé n’est ni optimale ni disponible13. Le secteur privé national de la Mauritanie est dynamique, mais il reste concentré autour d’un nombre limité de grands groupes et quelques secteurs clés.

Il existe, dans le secteur des industries extractives du pays, des possibilités d’appliquer l’approche MFD. La Mauritanie a le potentiel pour promouvoir et accélérer une croissance inclusive – et, ainsi, créer plus d’emplois – en exploitant ses vastes ressources minérales, d’autant plus que les exportations minérales et pétrolières représentent ensemble environ 25 pour cent des recettes publiques. Les recettes publiques à court et à moyen terme devraient augmenter en raison des plans d’investissement engagés, des possibilités d’exploitation des réserves et de diversification, et du potentiel que présente l’activité minière artisanale sur le plan des emplois.

Des interventions conjointes dans le secteur (de la part de l’IDA, IFC et MIGA) permettent de fournir du conseil ainsi qu’un soutien technique et financier en vue d’accroitre l’investissement privé et d’améliorer la gestion et la transparence du secteur public. Le Groupe de la Banque mondiale aide les autorités à mener des réformes fondamentales visant à améliorer le climat des affaires grâce à une combinaison d’instruments financiers, d’atténuation des risques et de dialogue, tout en aidant à la mobilisation des financements commerciaux et des instruments de garantie.

L’IDA œuvre pour améliorer la gouvernance du secteur extractif et pour stimuler l’investissement privé, à travers le Projet de gouvernance du secteur public (PGSP) en cours d’exécution et pour lequel un financement additionnel est en cours de préparation. Ce projet finance l’établissement d’un code fiscal unifié pour les opérations minières, l’amélioration des capacités de vérification fiscale, la modernisation du cadastre minier et le renforcement de la capacité de l’État à analyser les données existantes. Des informations sur le potentiel minéral, des données sur les recettes et des statistiques sectorielles, toutes transparentes, sont également essentielles à la promotion de nouveaux investissements, et le Groupe de la Banque mondiale soutient les efforts grâce à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). L’ITIE contribue à créer un espace de participation de la société civile et des cadres de consultation multipartites.

Les perspectives à court terme pour le secteur minier/gazier sont favorables, comme en témoigne le soutien que l’IDA apporte à l’État pour l’exploitation du gisement GTA. Certaines grandes compagnies minières internationales prévoient également des investissements substantiels pour accroître leur production au cours des prochaines années. Ces perspectives représentent des opportunités pour IFC et MIGA de faciliter les investissements soit directement soit par la mobilisation des banques commerciales et autres institutions de financement du développement (IFD). IFC peut également fournir du conseil pour renforcer les initiatives de développement communautaire et local et mobiliser le Guichet CMAW. Le financement du commerce des matières premières peut également fournir des solutions au secteur privé pour faciliter l’importation de produits essentiels afin d’assurer la sécurité alimentaire et l’accès à l’énergie dans le pays.

Bien que la Mauritanie se situe au stade initial de la démarche dite de « cascade », l’éventail des possibilités d’appliquer l’approche MFD aux industries extractives est de bon augure pour stimuler l’investissement privé dans d’autres secteurs tels que l’agro-alimentaire et l’élevage.

13 Groupe de la Banque mondiale (septembre 2017). Maximizing Finance for Development: Leveraging the Private Sector for

Growth and Sustainable Development.

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65. Pour la Mauritanie, MIGA a émis deux garanties qui sont en cours dans les secteurs du tourisme et des mines. La première garantie, signée en 2016, soutient une prise de participation dans la Compagnie hôtelière du Sahara par Azalai Hotels SA basée au Mali, pour un montant de 2,9 millions d’euros couverts par une assurance de MIGA contre le risque politique (restriction aux transferts, expropriation, guerre et troubles civils). La deuxième garantie, consentie au profit de Kinross Gold Corporation du Canada en 2018, consiste à soutenir l’agrandissement et la modernisation de la première phase de la mine d’or à ciel ouvert de Tasiast. Cet investissement permettra d’accroître la capacité de traitement de l’usine et de moderniser les principales composantes, ce qui se traduira par une amélioration de l’exploitation de l’usine et une réduction des coûts. La première phase devrait donner lieu à une augmentation de la capacité de l’ordre de 50 pour cent. MIGA a assuré des participations et des quasi-participations au titre de la couverture contre les risques politiques que sont les restrictions aux transferts, l’expropriation, la guerre et les troubles civils, et la rupture de contrat, à hauteur de 300 millions USD. Elle envisage également de soutenir l’expansion de la phase 2 de la mine de Tasiast.

3.4. Objectifs soutenus par le programme du Groupe de la Banque mondiale

66. Le CPP 2018-2023 comporte neuf objectifs, regroupés autour de trois axes d’intervention, prend en compte les principales contraintes énoncées dans le SCD, et s’aligne sur la stratégie de développement du gouvernement, à savoir la SCAPP (voir Tableau 2). Ces objectifs intègrent les solutions identifiées dans SCD qui offrent les meilleurs résultats en termes de réduction de la pauvreté et de faisabilité, et qui ont été évaluées sur la base des capacités de mise en œuvre, des périodes nécessaires pour générer du changement et du degré de complémentarité mutuelle entre les mesures envisagées. Comme indiqué dans le CLR, plusieurs projets dans le cadre du CPS ont accusé des retards d’entrée en vigueur et dans leur mise en œuvre. L’équipe reconnaît qu’il faudrait que les projets inclus dans ce CPP soient suffisamment flexibles pour prendre en compte ces contraintes liées aux capacités de mise en œuvre et pour s’adapter à l’évolution du contexte du pays et des secteurs.

Tableau 2: Architecture des axes d’intervention et objectifs du CPP pour les exercices 2018-2023

Promouvoir la transition économique pour une croissance

diversifiée et résiliente

Développer le capital humain pour une croissance inclusive

Renforcer la gouvernance économique et la croissance stimulée par le secteur privé

1.1 Accroître la valeur de la production dans le secteur de la pêche

1.2 Accroître la production agricole et animale face au changement climatique

1.3 Promouvoir le développement de villes productives et des territoires limitrophes dans le contexte de la décentralisation

2.1 Etendre la couverture du système de protection sociale

2.2 Accroître l’accès et la qualité

de l’enseignement général 2.3 Améliorer l’employabilité, en

particulier des jeunes et des femmes

2.4 Améliorer l’accès aux soins de

santé maternelle et infantile

3.1 Renforcer la gestion budgétaire

3.2 Améliorer la participation du secteur privé aux activités économiques

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67. Le thème transversal de l’amélioration de l’égalité entre les sexes est essentiel à la réalisation du double objectif du Groupe de la Banque mondiale et sera présents au sein de l’ensemble des axes d’intervention et des objectifs du CPP. Les nouvelles opérations et les travaux de recherche tiendront compte du genre, et une perspective sexo-spécifique sera appliquée à l’ensemble du programme du CPP envisagé, à travers des études d’impact et la désagrégation des indicateurs selon le sexe dans le Cadre de résultats. Les spécificités de l’approche genre sont résumées dans l’Encadré 5 ci-dessous et présentées de manière plus détaillées dans l’Annexe 8. 68. La vulnérabilité de la Mauritanie aux effets du changement climatique est également prise en compte de manière transversale dans l’ensemble opérations et du travail analytique, principalement sous l’axe d’intervention no 1. Au-delà des opérations de prêt et des activités d’ASA prévues, l’ensemble du portefeuille et les projets en préparation ont été examinés pour déterminer les co-bénéfices climatiques, examen qui a révélé leur importance sur le plan de l’adaptation. Les principaux enseignements tirés de ce processus d’examen sont présentés à l’Annexe 11. Axe d’intervention no 1 : Promouvoir la transition économique pour une croissance diversifiée

et résiliente 69. Grâce à la richesse de ses ressources naturelles – notamment halieutiques, agricoles et pastorales – la Mauritanie dispose d’un potentiel considérable pour diversifier son économie et la rendre plus résiliente en investissant dans une production durable et en utilisant ses revenus de manière optimale et transparente, le tout au bénéfice des plus pauvres. Ce vaste pays peu peuplé, qui affiche le deuxième taux d’urbanisation le plus élevé du continent, peut aussi tirer profit de l’afflux constant de migrants ruraux (en grande partie les jeunes) vers les villes pour créer des pôles économiques dynamiques offrant services de base, infrastructures et perspectives d’emploi dans un contexte de décentralisation, dans lequel l’État entend déléguer des compétences administratives au niveau régional et local. Le premier axe d’intervention, « Promouvoir la transition économique pour une croissance diversifiée et résiliente » comprend les trois objectifs suivants : (1) Accroître la valeur de la production dans le secteur de la pêche ; (2) accroître la production agricole et animale face au changement climatique ; et (3) promouvoir le développement de villes productives et des territoires limitrophes dans le contexte de décentralisation. Ces objectifs représentent également une opportunité de mettre à contribution l’investissement privé et de promouvoir une croissance tirée par le secteur privé

Objectif 1.1 : Accroître la valeur de la production dans le secteur de la pêche

ODD correspondants : :

Thèmes spécifiques d’IDA-18 : climat ; genre ; emploi et transformation économique

Résultats attendus :

• Navires de pêche opérant dans la zone économique exclusive de Mauritanie (nombre)

• Volume des exportations de poissons frais (en tonnes métriques par an)

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Encadré 5 : Dimension genre du CPP de la Mauritanie

L’approche du genre dans le CPP englobe : la reconnaissance des liens d’interdépendance entre les écarts de genre observés dans le pays et le rôle des normes sociales sous-jacentes ; l’accent mis sur l’importance d’associer les hommes en tant qu’alliés dans le processus d’autonomisation des femmes ; l’intégration des spécificités de genre dans des projets sectoriels non liés au genre ; et, la prise en compte des conclusions du CLR, et notamment une plus grande attention qui doit être accordée à la présentation des progrès accomplis sur le plan de la parité hommes-femmes à travers indicateurs de résultats et études d’impact qui aideront à réunir des éléments factuels à l’appui des solutions qui fonctionnent. Le CPP s’attaquera aux problèmes interdépendants liés au genre (santé de la reproduction, compétences professionnelles, normes sociales) à travers le Projet sur l’autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel (SWEDD). Ce projet a été conçu en tenant compte du succès des mesures suivantes : une combinaison de la formation professionnelle et des aptitudes à la vie quotidienne, la création d’espaces sûrs pour les adolescentes dédiés à la santé de la reproduction, au comportement et à l’autonomisation des jeunes femmes, et la mobilisation des hommes en tant qu’alliés dans la promotion de la santé maternelle, à l’instar des « écoles des maris » du Niger. Les résultats attendus incluent la réduction des taux d’abandon scolaire des filles dans le secondaire, l’amélioration des connaissances en matière de santé reproductive, et la participation des jeunes femmes à des interventions portant sur le développement des aptitudes à la vie quotidienne et les moyens de subsistance pour faciliter davantage leur transition de l’école au monde du travail. Le CPP va également promouvoir la santé reproductive des femmes à travers le Projet d’appui au système de santé (INAYA).

L’autonomisation économique des femmes sera abordée du point de vue la scolarisation, des compétences techniques, de l’accès au financement et à la terre, des normes sociales et de l’insertion des femmes dans des secteurs spécifiques de l’économie :

• Les interventions en matière d’éducation et de protection sociale cibleront les obstacles à l’éducation des filles liés à la sécurité, au coût et aux normes sociales, notamment la construction d’écoles, les transferts monétaires, les fournitures scolaires et les récompenses pour les élèves de sexe féminin, et les campagnes de sensibilisation.

• Le CPF cherchera à accroître l’accès des femmes à l’EFTP et leur participation à des emplois socialement acceptables, ainsi qu’à aider les femmes à intégrer des secteurs non traditionnels où les données factuelles du Laboratoire d’innovation pour l’égalité des sexes en Afrique (GIL) mis en place par la Banque mondiale indiquent qu’elles obtiendraient des revenus et des profits plus élevés. Des approches possibles pourraient être éprouvées dans le nouveau Projet sur l’emploi des jeunes, dont l’un des objectifs est de s’attaquer au chômage des jeunes hommes – un problème qui, s’il n’est pas résolu, peut conduire à une augmentation de la criminalité et de la radicalisation religieuse.

• Étudier la possibilité de recourir à des approches qui ont été efficaces dans un contexte marqué par des normes sociales restrictives, telles que les transferts monétaires destinés aux femmes, conjuguées à l’amélioration de la communication et à la sensibilisation des hommes aux avantages d’avoir une femme plus autonome.

• L’appui à la réforme foncière tiendra compte de l’accès précaire des femmes à la terre et du risque que toute initiative de formalisation des droits fonciers existants puisse creuser davantage les inégalités.

• La participation des femmes à la vie économique sera intégrée dans les activités de formation professionnelle et technique et dans les campagnes de sensibilisation ciblant les femmes dans le cadre du Projet d’éco-pôle halieutique de Nouadhibou et du Projet de gestion durable des paysages en Mauritanie à l’appui de l’Initiative « Grande muraille verte ».

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70. Classées parmi les zones de pêche les plus productives au monde, les ressources halieutiques de la zone économique exclusive (ZEE) mauritanienne, comme dans la plupart des pays en Afrique, sont menacées par la surexploitation et les effets du changement climatique. Selon des études récentes, dans le cadre d’un scénario à niveau élevé d’émissions de GES, le potentiel de prise maximale en Mauritanie devrait diminuer de 14,4 pour cent et entraînerait une diminution de l’approvisionnement en protéines d’origine marine de 4,2 pour cent pour la Mauritanie. Cette situation peut ensuite entrainer une réduction des revenus, de l’emploi et des moyens de subsistance dans la filière pêche. Pour éviter la surexploitation des ressources halieutiques et atténuer les effets du changement climatique, l’extraction de ressources halieutiques devrait faire l’objet d’un suivi et d’une gestion assurant la durabilité et la résilience de ce secteur. Un tel suivi est généralement assuré à travers la mise en œuvre de plans de gestion et d’adaptation des pêches. Ces plans garantissent que la capacité de pêche corresponde à des niveaux de stocks durables et à une meilleure résilience au changement climatique. 71. Tout en maintenant la pression de la pêche à des niveaux durables et résilients, la Mauritanie doit également accroître la contribution de ce secteur à l’économie. Il est impératif d’apporter des changements structurels à la manutention après capture, d’augmenter la valeur ajoutée à terre et de bien gérer la chaîne de distribution. Les poissons pêchés dans la ZEE de la Mauritanie sont encore souvent débarqués dans des ports étrangers en vue de leur transformation et de leur commercialisation. Avec des capacités accrues permettant une augmentation de valeur ajoutée au niveau local, des installations adéquates pour la gestion des captures, des investissements accrus du secteur privé, des processus commerciaux transparents et des niveaux de stock durables, le secteur de la pêche peut contribuer à l’augmentation de l’emploi et au renforcement de la croissance économique. 72. Dans le cadre du CPP, le Groupe de la Banque mondiale concentrera ses investissements sur l’augmentation de la valeur de la production dans le secteur de la pêche, en particulier en faveur des communautés et des entreprises locales, et sur la promotion de pratiques durables et transparentes pour la gestion des stocks de pêche. Le Projet régional des pêches en Afrique de l’Ouest (PRAO – P126773), en cours, aide l’État mauritanien à augmenter les bénéfices tirés des ressources halieutiques de la ZEE. Ce projet œuvre entre autres à la modernisation du marché aux poissons de Nouakchott pour générer de la valeur ajoutée dans le secteur en améliorant la gestion du poisson débarqué ; au renforcement des capacités institutionnelles pour une gestion durable des ressources halieutiques (y compris le poulpe) ; et à la mise en œuvre une initiative de transparence soutenue par le Président de la République. Le Projet d’éco-pôle halieutique de Nouadhibou (P151058) vise à promouvoir la gestion durable des ressources halieutiques et crée de la valeur au profit des populations locales. Un financement additionnel aidera à renforcer la capacité de l’Autorité de la Zone Franche de Nouadhibou (AZFN) et des parties prenantes à développer des filières compétitives pour les produits de la mer avec la participation de la population locale et des entreprises locales. 73. IFC souhaite soutenir la diversification économique en Mauritanie, en particulier en valorisant l’avantage comparatif du pays dans le secteur de la pêche. Elle continuera d’apporter son soutien au secteur de la pêche par le biais du programme en cours de services-conseils pour le Projet d’éco-pôle halieutique de Nouadhibou, et de rechercher des possibilités d’inves-

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tissement direct. Plus généralement, IFC aidera l’AZFN à promouvoir l’adoption de technologies éco-efficientes pour assurer la durabilité du secteur et attirer d’autres investisseurs privés. 74. Le Programme de gestion des zones côtières de l’Afrique de l’Ouest (WACA) aidera l’État mauritanien à relever les défis de l’aménagement du littoral face au changement climatique et à améliorer la résilience des villes et des communautés côtières, ainsi qu’à protéger les habitats naturels. Le projet WACA contribuera au renforcement des institutions nationales pour l’élaboration de la loi sur les zones côtières, et financera la fixation des dunes qui protègent Nouakchott, les activités de développement communautaire dans six communautés côtières, et les investissements dans le Parc national du Diawling au Sud et dans la Baie de l’étoile au Nord.

Objectif 1.2 : Accroître la production agricole et animale face au changement climatique

ODD correspondants :

Thèmes spécifiques d’IDA-18 : climat ; genre ; emploi et transformation économique

Résultats attendus :

• Superficie des terres sous irrigation nouvelle et améliorée (ha)

• Superficie faisant l’objet de pratiques de gestion durable des terres (ha)

75. Le secteur agricole contribue au PIB à hauteur de 23 pour cent (2015) avec un potentiel important en matière d’irrigation dans la vallée du fleuve Sénégal et de développement de l’agriculture pluviale. L’élevage représente plus des trois quarts de la valeur ajoutée du secteur agricole. Il constitue également une source de revenus pour environ un million d’individus, joue un rôle clé dans la sécurité alimentaire et représente un moyen d’accumulation de capital, donc d’assurance, en particulier pour les plus démunis. Depuis des siècles les éleveurs mauritaniens font face à la variabilité des précipitations en ayant recours à la transhumance traditionnelle, mais la plupart des pauvres, tributaires de l’élevage et de l’agriculture, sont menacés par l’avancée de la désertification, la hausse des températures et la raréfaction de l’eau, ainsi que par les crues éclairs (flash-flood). L’amélioration de la gestion des ressources en eau grâce à l’irrigation, ainsi qu’à l’amélioration de l’intégration de l’agriculture et de l’élevage pourraient avoir un impact très positif sur la croissance. Le potentiel des terres irriguées est estimé à 135,000 ha, mais 20 pour cent seulement de ce potentiel est exploité (principalement pour la production de riz). L’adoption de technologies climato-intelligentes en agriculture pluviale aura un impact positif sur les rendements et renforcera la résilience en zone rurale. Ces technologies devraient permettre d’améliorer la résilience des populations locales et avoir des retombées positives sur la réduction de la pauvreté. Elles permettront, en outre, de créer des opportunités pour promouvoir la participation du secteur privé au développement des filières des produits agro-pastoraux. En outre, les technologies numériques de l’information peuvent contribuer à améliorer l’efficacité de l’agriculture, l’accès à l’information et aux marchés, et le développement des filières. La Mauritanie a récemment bénéficié de l’amélioration de la connectivité internet grâce à des investissements publics-privés importants (y compris le projet WARCIP) dans les infrastructures (la Mauritanie a atteint un taux de pénétration des smartphones de 35 pour cent (Mauritel, 2018)).

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76. Dans le cadre du CPP, le Groupe de la Banque mondiale – à travers une série de projets – vise à accroître la production agricole et animale dans les zones pluviales et irriguées, à renforcer la résilience des systèmes agro-pastoraux et à améliorer les moyens de subsistance des populations rurales dans les zones fragiles, surtout celles qui sont vulnérables aux chocs climatiques et durement touchées par la pauvreté. Le Projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel (PRAPS, P147674) a pour objectif d’améliorer l’accès à des actifs productifs essentiels, à des services et aux marchés pour les pasteurs et les agro-pasteurs dans certaines zones transfrontalières sélectionnées et le long des axes de transhumance dans six pays du Sahel. Le PRAPS vise également à renforcer les capacités des pays à répondre aux crises pastorales ou aux situations d’urgence, et à soutenir l’amélioration de la productivité, de la durabilité et de la résilience des moyens de subsistance des communautés de pasteurs. En Mauritanie, le projet soutient le pastoralisme dans dix wilayas. Le Projet de développement de la résilience au changement climatique dans le bassin du fleuve Sénégal dans sa phase 2 (PGIRE 2, P131323) vise à accroître les usages productifs de l’eau, tout en préservant la santé et les moyens de subsistance des communautés vulnérables du bassin du fleuve Sénégal. Le Projet d’appui à l’initiative pour l’irrigation au Sahel (PARIIS, P154482), approuvé en décembre 2017, vise à renforcer la capacité des parties prenantes à développer et à gérer l’irrigation, ainsi qu’à accroître les superficies irriguées en adoptant une approche régionale basée sur des « solutions » dans les six pays du Sahel participant au projet. 77. IFC souhaite également appuyer les secteurs de l’agroalimentaire et de l’élevage, qui constituent des opportunités intéressantes pour une plus grande diversification de l’économie. IFC intervient actuellement dans le secteur des produits laitiers et continuera de chercher de nouvelles opportunités commerciales dans les secteurs de l’agroalimentaire et de l’élevage. IFC contribuera également à créer un environnement favorable pour les secteurs en fournissant des services-conseils à l’État mauritanien à travers le Projet de services-conseils sur le climat des affaires et l’entrepreneuriat en Mauritanie afin de mener un train de réformes importantes concernant les droits de propriété, la justice commerciale et l’amélioration de la prestation de services de l’administration aux entreprises. Le soutien aux entrepreneurs, y compris aux jeunes et aux femmes, est un volet crucial de ce projet, car il sera essentiel pour promouvoir plus largement la croissance et le développement du secteur privé. Afin de garantir que les conditions requises pour assurer le succès du secteur agroalimentaire mauritanien soient réunies, IFC étudiera également des options innovantes pour assurer la fourniture de services d’irrigation à des exploitations agricoles à travers le Projet d’appui à l’initiative pour l’irrigation au Sahel (602405). Toutes ces opérations sont censées jeter les bases réglementaires et stratégiques nécessaires à la création d’entreprises et d’investissements dans le secteur. 78. Les nouvelles opérations envisagées dans le cadre du CPP complèteront les projets en cours en améliorant la lutte contre les maladies animales transfrontières et en soutenant l’agriculture pluviale, ainsi que certaines filières agricoles et de l’élevage dans les zones fragiles. Le Projet régional de renforcement des systèmes de surveillance des maladies (REDISSE) (P161163), récemment approuvé, promeut une approche intégrée de la santé dite « Une Seule Santé » (One Health) visant à détecter rapidement les maladies infectieuses et épidémiques et à réagir de manière plus efficace et économique aux épidémies de maladies infectieuses animales qui ont un impact direct sur la productivité du bétail et sur le revenu des éleveurs. Une opération

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proposée dans le secteur agricole (élevage compris), s’appuiera sur la complémentarité des systèmes agro-pastoraux et aidera à introduire des pratiques agricoles intelligentes face au climat, en tirant les leçons du Projet d’appui aux moyens de subsistance durables pour les rapatriés et les communautés d’accueil dans la vallée du fleuve Sénégal (P132998) et des résultats du dialogue sur les politiques foncières en cours. Cette nouvelle opération propose de focaliser les interventions sur les agriculteurs et les communautés pastorales dans les zones les plus pauvres du Sud et d’inclure des activités visant à améliorer la productivité agricole et animale, à réduire la vulnérabilité aux chocs climatiques dans les zones pluviales et à soutenir certaines filières (par exemple, le lait, la viande rouge et l’horticulture).

Objectif 1.3 : Promouvoir le développement de villes productives et des territoires limitrophes dans le contexte de la décentralisation

ODD correspondants :

Thèmes spécifiques d’IDA-18: climat ; genre ; emploi et transformation économique Résultats attendus :

• Mobilisation des ressources financières pour les collectivités territoriales – aussi bien au travers des transferts de l’administration centrale que des revenus propres aux collectivités territoriales – (MRU par habitant)

• Accroissement de l’accès aux services d’électricité dans les villes intermédiaires et dans les zones rurales limitrophes (%)

• Accroissement de l’accès aux services d’eau et assainissement dans les villes intermédiaires et dans les zones rurales limitrophes (%)

79. L’urbanisation rapide en Mauritanie a creusé un grand fossé entre la capitale, Nouakchott, et les autres territoires. Au niveau de la wilaya – ou province –, les villes intermédiaires, dont la population varie entre 75,000 habitants et 25,000 ou moins, se caractérisent par l’informalité, des déficits marqués en termes d’infrastructure, une couverture insuffisante des services, l’existence répandue de l’auto-emploi (« self-employment ») et un capital humain faible. Ces caractéristiques ne sont pas propices à la mise en place d’un environnement favorable au développement du secteur privé. Ces villes ont peu bénéficié des « effets d’agglomération » qui sont généralement associés au processus d’urbanisation. Les investissements du gouvernement national dans les villes intermédiaires sont insuffisants pour couvrir les besoins de base, tandis que les collectivités territoriales n’ont pas les capacités financières et techniques nécessaires à une planification urbaine qui stimulerait production et inclusion. Un processus complexe d’accès à la terre empêche les collectivités territoriales d’élargir la couverture de leurs services aux entités administratives et économiques, ainsi qu’aux populations locales. En outre, de nombreuses villes sont exposées à des risques environnementaux tels que l’érosion côtière, les inondations, la salinisation des eaux souterraines, les vagues de chaleur ou les mouvements de dunes, ce qui compromet les investissements urbains en matière de logement et d’activités génératrices de revenus. 80. La Mauritanie jouit de nombreuses opportunités de favoriser l’émergence de villes intermédiaires productives qui pourraient renforcer les externalités économiques en

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s’appuyant sur les ressources des zones rurales limitrophes. Malgré les contraintes évoquées ci-dessus, plusieurs de ces villes intermédiaires sont situées à proximité des territoires ruraux, au sein d’une wilaya riches en ressources naturelles et offrant des opportunités de développement économique. Par exemple, Kiffa (75,000 habitants), située au cœur de la zone agro-pastorale, est un grand carrefour pour les échanges commerciaux ; Kaedi (45,000 habitants) se trouve au cœur de la vallée du fleuve Sénégal, avec un important potentiel d’irrigation pour augmenter la productivité agricole ; et Rosso (35,000 habitants), à la frontière avec le Sénégal et à proximité de la mer, devrait se développer très rapidement comme conséquence de la construction d’un pont traversant le fleuve Sénégal et de l’exploitation du gaz off-shore. Au nord du pays, Atar (25,000 habitants) bénéficie d’une relance de l’industrie touristique du désert et d’un regain d’intérêt pour l’agriculture oasienne. La notion de « fragilité » offre un autre prisme d’analyse des investissements de l’IDA, car beaucoup de ces territoires sont vulnérables aux chocs climatiques et se trouvent dans des régions exposées à des risques sécuritaires et particulièrement touchées par la pauvreté. La concentration des efforts de financement dans certaines villes intermédiaires et territoires limitrophes pourrait contribuer à transformer les opportunités sociales et économiques pour les particuliers et le secteur privé, et ainsi stimuler la croissance au niveau local et national. 81. Les efforts du Gouvernement en matière de décentralisation à travers la dévolution des compétences administratives aux communes et la création récente des Régions14, ainsi que le transfert des ressources financières aux institutions locales, pourraient favoriser un développement territorial plus équilibré en Mauritanie. Le pays ayant un territoire vaste, cette approche – utilisée dans les projets précédents du Groupe de la Banque mondiale tels que le PNIDDLE – s’est révélée efficace pour la planification et l’amélioration de l’accès aux services et infrastructures de base. Ces efforts en matière de décentralisation sont à un stade précoce et nécessite des réformes supplémentaires dans les domaines des finances publiques locales, des transferts de ressources et de compétences de l’État central, et des ressources humaines des collectivités territoriales (CT). À cet égard, la mise en place des Conseils régionaux pourrait offrir l’occasion de renforcer les institutions locales autour des régions et de la wilaya et de rationaliser l’utilisation des ressources, tant sur le plan des ressources humaines que financières. 82. Dans le cadre du CPP, le Groupe de la Banque mondiale favorisera une approche territoriale (« spatial approach ») consistant à concentrer la fourniture de services et d’infrastructures de base sur un nombre limité de villes intermédiaires et de territoires limitrophes susceptibles de générer d’importants retours sur investissement en matière de développement du capital humain et de la croissance inclusive.

(a) Dans le secteur du développement urbain, tirer parti de l’urbanisation rapide pour transformer les villes intermédiaires en centres de croissance économique inclusive et de diversification de l’économie nécessite un travail de longue haleine qui doit être organisé

14 Suite au référendum constitutionnel d’août 2017, la loi organique 2018-010 a établi les régions (wilayas) comme nouvel

échelon d’administration locale dirigée par des élus, venant s’ajouter aux communes. Les limites territoriales des communes se superposent à celles de la wilaya et cela vise à promouvoir le développement économique, social, culturel et scientifique de leurs territoires ainsi que le transfert de compétences (des ministères sectoriels). Les régions et les communes sont les deux niveaux de structures de gouvernance décentralisées, tandis que les wilayas et les moughaatas sont des structures déconcentrées.

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autour d’une vision stratégique de la décentralisation et de l’urbanisme. Une panoplie de réformes et d’investissements sera nécessaire pour améliorer la planification urbaine, rationaliser le développement urbain, renforcer la coordination et les transferts financiers depuis l’administration centrale vers les niveaux décentralisés, améliorer le climat des affaires et développer des stratégies d’adaptation aux risques environnementaux. Ce CPP aidera les Ministères de l’Intérieur et de la Décentralisation (MID), le Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire (MHUAT), et le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) à élaborer et mettre en œuvre une stratégie de décentralisation. Il soutiendra également les investissements publics dans un groupe de villes intermédiaires (4 à 6) sélectionnées à la fois en raison de leur situation dans des zones fragiles et de leur potentiel de développement économique.

(b) Dans le secteur de l’eau, la Mauritanie affiche le taux d’accès global à une source d’eau améliorée le plus bas de la région. Si l’accès à l’eau potable dans les zones rurales est comparable à celui de l’accès en milieu urbain (57 pour cent contre 58 pour cent en 2015), l’écart en matière d’accès aux formes d’assainissement amélioré se creuse (14 pour cent en milieu rural contre 58 pour cent en milieu urbain). Se fondant sur la récente revue des dépenses publiques dans le secteur de l’eau15, une nouvelle opération axée sur les mêmes territoires aiderait : à accroître l’accès aux services d’alimentation en eau, d’assainissement et d’hygiène dans les zones rurales ; et à favoriser ou renforcer les services dans des villes intermédiaires ; à développer les connaissances relatives aux ressources hydriques ; et à améliorer les cadres de gouvernance, institutionnels et réglementaires du secteur tout en renforçant les capacités aux niveaux central et local. Le développement des services d’eau, assainissement et hygiène permettrait également d’intégrer la recherche de meilleurs résultats en matière de santé publique et de nutrition avec accès à l’énergie en milieu rural, tout en intégrant des politiques de « genre » et en facilitant la création d’emplois dans le secteur privé. Diverses modalités de financement peuvent être envisagées, y compris les PPP.

(c) Dans le secteur de l’électricité, la Mauritanie a réalisé des progrès considérables en matière d’augmentation de la capacité de production, avec une capacité solaire et éolienne représentant 20 pour cent de la matrice énergétique et un potentiel supplémentaire d’exportation de l’électricité produite par des centrales à gaz. C’est néanmoins la population urbaine qui en a surtout bénéficié, le taux d’accès à l’électricité en zones rurales (4 pour cent) étant nettement inférieur à celui des pays comparables de la région. L’électricité étant un secteur prioritaire de l’Alliance Sahel, le financement du Groupe de la Banque mondiale viendra compléter les initiatives des autres membres de l’Alliance afin d’assurer à tous l’accès à une électricité fiable, durable et abordable. En adoptant la même approche territoriale que celle décrite précédemment, le Groupe de la Banque mondiale pourrait cibler des interventions d’électrification hors réseau, compte tenu du coût prohibitif de l’expansion de l’accès à l’électricité par réseau en milieu rural en Mauritanie. Dans les cas où cela est financièrement viable, les villes intermédiaires pourraient être raccordées au réseau. Par ailleurs, il sera indispensable que les autorités soient déterminées à résoudre les défis d’ordre institutionnels. Un diagnostic à l’échelle du secteur est proposé pour déterminer comment parvenir à l’accès universel à l’électricité en Mauritanie à moindre coût en adoptant une approche géospatiale et multisectorielle de l’accès conçue pour tirer parti des synergies entre

15 Mauritania Water Sector Public Expenditure Review (2006-2016), Banque mondiale, octobre 2017.

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les secteurs de l’électricité, de l’eau et du développement urbain. Le Groupe de la Banque mondiale étudiera également les possibilités d’inclure la Mauritanie dans des projets régionaux tels que le Projet régional d’accès à l’électricité de la CEDEAO et le Projet régional d’électrification hors réseau.

(d) Dans le secteur des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), l’accès à l’internet est essentiel pour la modernisation en milieu urbain. La fracture numérique entre zones urbaines et rurales, mais aussi au niveau intra-urbain et inter-urbain, est persistante en Mauritanie et constitue l’un des obstacles au développement territorial. Il est indispensable de combler ce fossé pour promouvoir un développement urbain plus harmonieux du territoire. L’accès à l’internet progresse rapidement dans les zones urbaines de Mauritanie (46 pour cent en 2017, contre 41 pour cent en 2016, selon l’enquête Gallup 2017). Les interventions du Groupe de la Banque mondiale dans les villes intermédiaires pourraient également promouvoir des solutions en matière de technologie de l’information, notamment à travers de nouveaux modèles de coopération avec IFC. Dans les zones rurales, le concept de villages intelligents (pour exemple, voir l’opération IDA en préparation au Niger) pourrait offrir cette possibilité de recourir au Fonds pour l’Accès Universel (financé par une taxe de 3 pour cent sur le chiffre d’affaires annuel des trois opérateurs de télécommunications présents en Mauritanie) afin d’attirer l’investissement privé pour déployer de l’infrastructure de connectivité et services numériques capables d’encourager l’activité économique et la création d’emplois dans ces zones.

Axe d’intervention no 2 : Développer le capital humain pour une croissance inclusive

83. Malgré les progrès accomplis récemment en matière de réduction de la pauvreté, la vulnérabilité en Mauritanie reste à un niveau élevé. Les ménages pauvres n’ont pas les moyens d’investir dans le capital humain de leurs enfants, et les chocs à répétition liés aux effets du changement climatique menacent le bien-être des ménages ainsi que leur capacité à accroître leur capital productif. Cette situation exige des investissements efficaces dans le capital humain (santé, éducation et nutrition) et un accès plus équitable aux services de base et aux moyens de production, en particulier dans les zones rurales mal desservies et vulnérables. Le deuxième axe d’intervention, « Développer le capital humain pour une croissance inclusive » comprend les quatre objectifs suivants : (1) étendre la couverture du système de protection sociale ; (2) accroître l’accès et la qualité de l’enseignement général ; (3) améliorer l’employabilité, en particulier pour les jeunes et les femmes ; et (4) améliorer l’accès aux soins de santé maternelle et infantile. Avec un taux de pénétration des téléphones portables de 120 pour cent, l’utilisation de technologies et de services numériques peut être un outil utile pour fournir des services publics de base dans les zones les plus reculées, contribuant ainsi à réduire les inégalités d’accès aux services publics.

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Objectif 2.1 : Étendre la couverture du système de protection sociale

ODD correspondants : Thèmes spécifiques d’IDA-18 : emplois et transformation économique ; genre ; gouvernance et institutions ; fragilité, conflits et violence Résultats attendus :

• Bénéficiaires du programme de transferts sociaux (nombre) • Couverture géographique du programme de transferts sociaux (nombre de moughataas)

84. Malgré des avancées incontestables, les niveaux de pauvreté et de vulnérabilité demeurent élevés en Mauritanie. La pauvreté continue d’être un obstacle majeur qui empêche les ménages d’investir dans le capital humain de leurs enfants et dans leur capital productif, et les chocs de plus en plus fréquents liés au changement climatique pèsent sur les ménages qui adoptent sans cesse des stratégies d’atténuation qui risquent de les appauvrir davantage. Dans le cadre de sa Stratégie Nationale de Protection Sociale, l’État mauritanien a commencé à jeter les bases d’un système national de protection sociale en créant un registre social, un programme de transferts sociaux et un système de réponse aux chocs. Ces instruments étant déployés à l’échelle nationale, ils constituent, pour l’État, des mécanismes pour apporter des services de bases aux ménages les plus démunis sur toute l’étendue du territoire national et pour améliorer l’efficacité des dépenses sociales publiques en ciblant les interventions sur les plus pauvres. 85. Les opérations du Groupe de la Banque mondiale visent à faire en sorte que le système national de protection sociale puisse apporter une réponse durable à l’extrême pauvreté et à la vulnérabilité aux chocs climatiques. Cela passe d’abord par le déploiement du registre social à l’ensemble du territoire national et par la promotion de son utilisation par tous les programmes qui visent à cibler les couches pauvres et vulnérables. Il s’agira aussi de porter à une plus grande échelle le programme de transferts sociaux « Tekavoul » afin d’élargir et d’accroître son impact sur l’utilisation des services sociaux (notamment au profit des enfants, à travers des activités de promotion sociale visant à encourager une bonne nutrition, l’hygiène et la stimulation précoce) et sur les capacités de production des ménages pauvres. Il faudra mettre en place un dispositif national de gestion de la réponse aux chocs et un mécanisme national pour déclencher les réponses, guider l’identification des bénéficiaires, coordonner les acteurs et assurer des financements fiables et opportuns. Deux indicateurs d’objectifs sont proposés pour mesurer l’accroissement de la couverture du système de protection sociale. 86. S’appuyant sur les acquis récents, le Groupe de la Banque mondiale se propose de soutenir la mise en place d’un système de protection sociale durable à l’échelle nationale afin de lutter contre l’extrême pauvreté et la vulnérabilité aux chocs climatiques. Une opération de suivi du Projet d’appui au système de filets sociaux (P150430), qui devrait s’achever en octobre 2020, et une assistance technique dans le cadre du Programme de protection sociale adaptative sont envisagées. Elles contribueront aux efforts déployés par l’État mauritanien pour mettre en place un système de protection sociale institutionnalisé, reflétant un changement dans le pacte social en vertu duquel l’État apporte son soutien aux plus pauvres, encourage les

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investissements dans le capital humain et productif et protège les moyens de subsistance en cas de choc climatique. Les projets INAYA, PRAPS et PARIIS en cours de mise en œuvre complèteront ces initiatives en contribuant au renforcement de la résilience des ménages vulnérables et à une utilisation efficace des ressources publiques. Les interventions du Groupe de la Banque mondiale seront coordonnées avec le PAM, l’UNICEF, le PNUD, l’UE et l’AFD, entre autres partenaires de développement. L’équipe étudie la possibilité d’accéder aux ressources du Sous-guichet IDA-18 pour les réfugiés afin d’apporter une assistance pour soutenir les ménages vulnérables des populations réfugiés et des communautés d’accueil hôtes en lien avec le camp de réfugiés de M’Bera dans le sud-est de la Mauritanie près de la frontière avec le Mali.

Objectif 2.2 : Accroître l’accès et la qualité de l’enseignement général

ODD correspondants : Thèmes spécifiques d’IDA-18: genre ; emplois et transformation économique Résultats attendus :

• Élèves entrant dans le premier cycle du secondaire (nombre) o dont filles entrant dans le premier cycle du secondaire (nombre)

• Diplômés des institutions de formation des enseignants possédant les qualifications minimales (%)

87. En dépit des progrès accomplis, les indicateurs sociaux de la Mauritanie comptent parmi les plus bas au monde. Le faible niveau et le caractère régressif des dépenses publiques se sont traduits par un accès inéquitable aux services d’éducation : les enfants les plus démunis bénéficient le moins des dépenses globales d’éducation, qui profitent davantage aux régions les plus riches. Dans le domaine de l’éducation, les principaux défis qu’il reste à relever sont les taux d’abandon élevés entre les années d’éducation, en particulier pour les plus pauvres, et le défaut de qualité dans l’éducation, qui donne lieu à des résultats d’apprentissage faibles et en déclin. Un tiers seulement des élèves du primaire poursuit des études secondaires et les deux tiers des enfants du quintile le plus pauvre ne vont pas à l’école. L’écart entre les filles et les garçons se creuse au fur et à mesure que le niveau d’instruction augmente : les garçons ont près de 50 pour cent de chances en plus que les filles de terminer leurs études secondaires.

88. Les investissements du Groupe de la Banque mondiale portent sur l’amélioration de la qualité de l’éducation, la promotion d’un accès équitable à l’éducation pour les filles et le renforcement de la redevabilité et de la gouvernance des niveaux décentralisés. Malgré les réformes de l’éducation qui ont été adoptées il y a près de vingt ans déjà, les résultats d’apprentissage demeurent médiocres et les taux d’alphabétisation des jeunes enfants sont toujours faibles. Ces déficits d’apprentissage se manifestent chez les jeunes qui, n’ayant pas alors les compétences exigées par le marché du travail, ne parviennent pas à trouver un emploi. L’IDA envisage une opération à la suite du Projet d’appui à l’éducation de base (P126902) qui devrait s’achever en 2018. L’opération proposée portera sur l’amélioration de la qualité et de l’efficacité (formation renforcée des enseignants et des directeurs d’école et rationalisation de la carte scolaire) tout en renforçant la redevabilité (accountability) et la gouvernance au niveau décentralisé (subventions scolaires directement gérées par les communautés). L’État

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mauritanien envisage d’inclure des politiques visant à améliorer la qualité et la gouvernance de l’éducation de base et de la formation professionnelle dans la prochaine série de DPO. L’expérience de plusieurs pays comparables montre que l’utilisation des TIC dans l’éducation peut améliorer la gestion des écoles, donner accès aux contenus éducatifs aux enfants qui ne vont pas à l’école, améliorer la formation des enseignants, améliorer l’apprentissage des élèves, et évaluer les élèves afin de mieux cerner les lacunes dans l’apprentissage.

Objectif 2.3 : Améliorer l’employabilité, en particulier des jeunes et des femmes

ODD correspondants : Thèmes spécifiques d’IDA-18 : genre ; emplois et transformation économique ; fragilités, conflits et violences Réalisations attendues :

• Jeunes entrepreneurs qui lancent avec succès des activités (nombre) • Augmentation du revenu des jeunes et femmes bénéficiant du programme (%)

89. L’amélioration de l’emploi des jeunes est essentielle à la lutte contre la pauvreté intergénérationnelle, à la stimulation de la croissance et à l’inclusion sociale. Le marché du travail des jeunes est caractérisé par des niveaux élevés d’inactivité (39 pour cent ne sont pas scolarisés ou n’ont pas d’emploi, en particulier parmi les jeunes femmes) ainsi que par des salaires relativement bas et des conditions de travail précaires. La plupart des jeunes en Mauritanie sont confrontés à des difficultés d’emploi, et ce sont les franges vulnérables de la population qui sont particulièrement touchées. Ainsi, peu d’emplois sont créés dans les secteurs émergents ; l’accès aux services et à l’information concernant les solutions possibles pour se procurer des moyens de subsistance et un emploi, reste limité ; le clientélisme dans l’embauche en entreprise est relativement répandu ; les compétences pertinentes pour l’emploi sont insuffisantes dans tous les secteurs ; et le manque d’accès à des actifs productifs est également une contrainte. Les programmes d’emploi pour les jeunes ont une couverture limitée et sont principalement destinés aux diplômés d’universités et d’instituts de formation professionnelle des zones urbaines.

90. Le Groupe de la Banque mondiale accompagnera l’État dans les efforts qu’il déploie pour promouvoir des perspectives d’emploi inclusif pour les jeunes vulnérables suivant une approche intégrée. La stratégie propose de mettre l’accent sur : (a) la mise à la disposition des jeunes vulnérables, en collaboration avec le secteur privé, de mécanismes pour développer des compétences intersectorielles transversales recherchées par le marché du travail (formation de base, stages, alphabétisation, aptitudes nécessaires à la vie quotidienne), en s’appuyant sur le modèle élaboré dans le cadre du projet de formation professionnelle ; (b) l’offre aux jeunes vulnérables d’un appui pour le travail indépendant par le biais de l’encadrement et de transferts monétaires (par filière) ; et (c) la promotion de l’entreprenariat (et la création d’emplois) dans les secteurs et filières à forte valeur ajoutée. Comme les coalitions public-privé sont au cœur de l’emploi des jeunes en Mauritanie, le Groupe de la Banque mondiale travaillera avec d’autres partenaires, le secteur privé et l’État. Cette activité sera mise en œuvre en coordination avec les

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opérations en cours ou futures dans les domaines de l’enseignement primaire, des filets de sécurité sociale (utilisés pour atteindre les personnes vulnérables, promouvoir la demande de services de formation, et aider les jeunes à mettre en place des activités productives), de l’élevage (PRAPS) et du développement du secteur privé.

Objectif 2.4 : Améliorer l’accès aux soins de santé maternelle et infantile

ODD correspondants : Thèmes spécifiques d’IDA-18 : genre ; emplois et transformation économique Résultats attendus :

• Femmes effectuant quatre consultations prénatales dans un établissement de santé pendant leur grossesse (nombre)

• Enfants de 12 à 23 mois complètement vaccinés (nombre)

91. Malgré les progrès réalisés dans le secteur de la santé, les résultats obtenus par la Mauritanie en matière de santé maternelle et reproductive et de nutrition restent insuffisants. L’État se penche sur la question de l’accès financier aux soins de santé axés sur la santé reproductive et maternelle, comme indiqué dans les plans nationaux du pays pour la période 2016-2020. Toutefois, la couverture des interventions à haut impact en particulier pour les enfants est inégale et fait preuve d’un biais urbain prononcé dans la disponibilité et l’utilisation des soins. Le taux de fécondité de 5,1 enfants par mère en Mauritanie exerce une pression sur l’ensemble des services sociaux. Conjugué avec le fait qu’un enfant sur quatre montre des signes de malnutrition, cette situation fait que le potentiel productif et économique est rogné. 92. Les opérations du Groupe de la Banque mondiale augmentent l’enveloppe globale de ressources destinées à la santé des pauvres, des zones rurales et des activités non hospitalières (prévention et santé de base). Elles financent des investissements dans la santé maternelle et infantile pour améliorer l’accès à ces services et leur qualité avec pour objectif ultime d’avoir une base plus solide pour un développement intégré pendant les premières années de vie. Plus précisément, elles visent à renforcer l’autonomisation des femmes et des adolescentes et à accroître leur accès à des services de santé de la reproduction, maternelle, néonatale, infantile et de l’adolescence (SRMNIA) à travers la promotion des changements sociétaux/de comportement (du côté de la demande) et le renforcement de la capacité du pays afin d’améliorer l’offre en produits de santé de la reproduction, maternelle, néonatale, infantile et nutritionnelle et en personnel qualifié (du côté de l’offre). En outre, ces financements soutiennent la phase pilote de la Stratégie nationale de financement basée sur les résultats, adoptée en 2016 en Conseil des Ministres. Cette stratégie consiste à accorder la priorité aux résultats de santé en mettant ce principe en pratique dans les aspects de la gestion de activités relatives à l’offre et à la demande de santé. Enfin, l’opération régionale REDISSE3 soutiendra la préparation aux épidémies et de lutte contre ces dernières en ayant recours à une approche intégrée de la santé dite « Une Seule Santé » prenant en compte les facteurs humains, vétérinaires et environnementaux.

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Axe d’intervention no 3 : Renforcer la gouvernance économique et la croissance stimulée par le secteur privé

93. Force est de constater que les perceptions de la gouvernance au cours des dix dernières années ont stagné et se sont même, dans certains cas, détériorées. Ces tendances, qui ne sont pas inhabituelles, pour un pays riche en ressources naturelles, représentent une source de préoccupations. La note obtenue par la Mauritanie dans le cadre de l’Évaluation des politiques et des institutions nationales pour la gestion du secteur public (CPIA) s’est améliorée, passant de 3 à 3,4 entre 2008 et 2016, dépassant la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne qui était de 3 en 201616. Cependant, selon les Indicateurs mondiaux de gouvernance (WGI), les perceptions à l’égard des six dimensions de la gouvernance ont stagné ou se sont dégradées depuis 2006.17 En outre, la Mauritanie présente plusieurs des caractéristiques d’une économie de rente. L’augmentation des recettes tirées des matières premières et le rôle prépondérant de l’État dans le modèle de développement économique semble avoir favoriser la recherche de rentes au profit d’un groupe restreint d’acteurs économiques et politiques. Dans une nouvelle « normale » marquée par la baisse des prix des matières premières et des contraintes budgétaires accrues, l’État fait face à une pression croissante pour rationaliser les dépenses publiques et réduire les distorsions relatives à la compétitivité et au développement du secteur privé. Pour atteindre ces objectifs, le troisième axe d’intervention du CPF – « Renforcer la gouvernance économique et la croissance stimulée par le secteur privé » – visera à : (1) renforcer la gestion budgétaire, notamment en améliorant la transparence ainsi que la mobilisation, l’allocation et la gestion des ressources publiques ; et (2) améliorer la participation du secteur privé aux activités économiques.

Objectif 3.1 : Renforcer la gestion des budgétaire ODD correspondants : Thèmes spécifiques d’IDA-18: gouvernance et institutions ; emplois et transformation économique : Résultats attendus :

• Réalisation des contrôles fiscaux dans le secteur minier conformément à un plan d’action annuel fondé sur les risques (%)

• Réduction des dépenses totales et des recettes fiscales par rapport au budget initialement approuvé (%)

94. À la base, la capacité des institutions étatiques à répondre efficacement aux besoins de développement du pays exige une gestion budgétaire efficace, de la mobilisation des recettes en amont jusqu’à la gestion des finances publiques en aval. Les réformes fiscales en amont ont permis d’accroître les recettes fiscales, bien qu’il faille encore remédier au problème de la

16 CPIA Africa (base de données), disponible à l’adresse : http://datatopics.worldbank.org/cpia/, Washington : Banque

mondiale.

17 Base de données, disponible à l’adresse : http://info.worldbank.org/governance/wgi/index.aspx#home, Washington : Banque mondiale.

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faiblesse des capacités en matière d’audit administratif et budgétaire. La production et l’analyse de statistiques et les processus de planification et de budgétisation à moyen terme sont essentiels au renforcement de l’efficacité de l’allocation des ressources publiques pour soutenir des objectifs basés sur des éléments objectifs. Enfin, une amélioration en aval de la gestion des ressources publiques est nécessaire pour remédier aux insuffisances dans l’exécution du budget, la gestion de la dette et de la trésorerie et la production de rapports financiers ; aux capacités limitées en matière de passation de marchés publics, aux normes de vérification et de comptabilité obsolètes, et à un contrôle défaillant du secteur parapublic. 95. Tout au long de la période couverte par le CPP, le Groupe de la Banque mondiale soutiendra les efforts visant à améliorer la transparence et l’efficacité dans la mobilisation, l’allocation et la gestion des ressources publiques. Ce soutien aidera à : (a) optimiser la mobilisation des recettes en promouvant l’investissement du secteur privé et en renforçant les capacités administratives fiscales dans le secteur extractif, tout en jetant les bases d’une reconnaissance équitable et transparente des droits fonciers, en prélude à l’amélioration de l’imposition foncière ; (b) renforcer l’alignement entre les politiques fondées sur des données factuelles, la planification à moyen terme de l’allocation des ressources et les processus budgétaires annuels ; (c) rendre encore plus efficace la gestion des ressources publiques en renforçant la gestion budgétaire des entreprises publiques et des organismes autonomes, en consolidant les systèmes informatiques de la gestion des finances publiques et en améliorant le système de passation de marchés publics ; et (d) faciliter un meilleur accès du public à l’information budgétaire afin d’assurer une gestion plus transparente des ressources publiques. Cela devrait se faire grâce aux complémentarités entre le projet de financement de la politique d’investissement (IPF) portant sur la gouvernance ; l’assistance technique concernant la mise en valeur du gaz ; et une série d’appuis budgétaires (DPO) soutenant les politiques visant à stimuler la mobilisation des recettes, améliorer l’efficacité du Programme d’investissement public (PIP), réduire les risques budgétaires et placer le ratio dette/PIB sur une tendance baissière. Ces opérations de prêt seront complétées par un travail analytique sur la gestion des recettes du secteur extractif.

Objectif 3.2 : Améliorer la participation du secteur privé aux activités économiques ODD correspondants : Thèmes particuliers d’IDA-18 correspondants : emplois et transformation économique Réalisations attendues :

• Nouveaux domaines dans lesquels des réformes préconisées par Doing Business ont été mises en œuvre (nombre)

• Investissement du secteur privé (formation brute de capital fixe, % du PIB)

96. Une transition vers une croissance forte et diversifiée stimulée par le secteur privé est essentielle pour poursuivre la réduction de la pauvreté, générer des revenus et créer des emplois. La Mauritanie a le potentiel pour accroître largement les investissements (nationaux et étrangers) du secteur privé. Toutefois, pour améliorer la participation du secteur privé à

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l’économie, il faudra maintenir la stabilité macroéconomique, créer des conditions plus équitables pour le développement des PME locales et investir en vue de disposer d’une main-d’œuvre locale mieux qualifiée. Les principaux défis incluent la forte présence de l’État dans l’économie, l’accès limité au financement, la corruption, l’insuffisance des services de soutien aux entreprises (par exemple les comptables, les cabinets juridiques) et une administration publique qui reste, dans de nombreux domaines, peu efficace. Les entreprises nouvelles et indépendantes se heurtent à des difficultés lorsqu’elles entrent en concurrence avec les grands conglomérats multisectoriels qui disposent souvent de leurs propres banques. Cette situation décourage les efforts des opérateurs locaux et limite les emplois et les opportunités pour les PME. Le Groupe de la Banque mondiale, notamment l’IDA et IFC, continuera de soutenir l’amélioration de la diversification économique impulsée par le secteur privé, principalement à travers des réformes au titre de Doing Business et des PPP.

97. La Mauritanie s’est imposée comme pays réformateur en matière du climat des affaires grâce à une série de réformes mises en œuvre par l’État depuis 2014, mais il y a encore une importante marge pour améliorer la compétitivité globale du pays. Dans le classement Doing Business, la Mauritanie a fait un saut impressionnant de 18 places en seulement deux ans – passant de la 168ème en 2016 à la 150ème en 2018 – et elle a progressé de 10 places supplémentaires l’année dernière (cf. Annexe 7). Le pays doit renforcer les mécanismes institutionnels qui garantissent la poursuite des réformes. Les principales priorités de la réforme du climat des affaires incluent le renforcement de la justice commerciale et du régime de droits de propriété, l’allégement des procédures commerciales transfrontalières, la révision des procédures d’insolvabilité, notamment les procédures de réorganisation et la participation des créanciers, le renforcement de Chambre internationale de médiations et d’arbitrage de Mauritanie (CIMAM), la simplification des impôts et taxes, et la sensibilisation aux avantages du recours à des mécanismes alternatifs de règlement des différends commerciaux. Le Groupe de la Banque mondiale continuera de soutenir les efforts de l’État à travers un ensemble de services financiers et de conseil complémentaires tels que le Mécanisme de conseil à l’appui de la formation de partenariats public-privé dans le secteur des infrastructures (PPIAF) visant à établir une stratégie efficace de PPP aux niveaux national et sectoriel ainsi qu’à renforcer les capacités institutionnelles, le travail entrepris par IFC sur la réforme du climat d’investissement et l’entrepreneuriat (ICE), ou la nouvelle série de DPO axée notamment sur l’amélioration du cadre réglementaire et des compétences au service de la concurrence et de l’inclusion. Cet appui à l’amélioration du climat d’investissement et l’actualisation des politiques réglementaires visant à abaisser les obstacles à l’investissement privé dans le pays peuvent aider à diversifier la production, ouvrir de nouveaux marchés, créer des emplois et faire émerger des start-up. Un dialogue sur les politiques à mener sur les marchés des télécommunications a été engagé (dans le cadre de l’appui budgétaire—DPO—en préparation) en vue de soutenir les réformes juridiques et réglementaires qui contribueront à jeter les bases d’une économie numérique inclusive et à ouvrir des perspectives pour des PPP dans le secteur des télécommunications. 98. Sur la période couverte par le CPP, le Groupe de la Banque mondiale soutiendra également les efforts visant à encourager et à stimuler l’esprit d’entreprise, en particulier chez les jeunes et les femmes. Le développement d’un secteur privé plus dynamique se caractérisera également par la création de start-up et l’arrivée de nouvelles entreprises, ce qui aidera à créer d’autres sources d’emploi. Cela devrait se faire grâce à des complémentarités entre le Projet sur

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l’emploi des jeunes, qui portera sur l’insertion économique des jeunes vulnérables dans les zones urbaines, et le l’opération de services-conseil de IFC sur l’ICE qui porte sur les start-up à forte croissance et les capacités entrepreneuriales. 99. Dans les secteurs financier et extractif, IFC étudie la possibilité d’accorder un financement en monnaie nationale, l'ouguiya mauritanienne, en relation avec le Guichet de promotion du secteur privé de l’IDA, MIGA envisage un soutien potentiel pour l’expansion de la deuxième phase de la mine de Tasiast, tandis que l’IDA a récemment approuvé un don d’assistance technique au Ministère du Pétrole, de l’Énergie et des Mines pour renforcer la capacité du pays à négocier des accords d’investissement avec des opérateurs privés en vue de la mise en valeur de l’important gisement gazier de Grande Tortue Ahmeyim (GTA), qui s’étend de la Mauritanie au Sénégal. Thème transversal : le genre

100. Alors que persistent en Mauritanie de grandes disparités entre les sexes, l’État a montré sa détermination à bâtir un pays qui fait une plus grande place aux femmes, comme en témoignent par exemple le quota de 20 pour cent de représentation des femmes dans la vie politique et le processus accéléré d’enregistrement foncier pour les coopératives et les femmes (Banque mondiale, 2015). Les écarts entre hommes et femmes persistent cependant dans l’enseignement secondaire ; les femmes ne représentant toujours que 35 pour cent de la population active, contre 25 pour cent en 1993 (Banque mondiale, 2016) ; la mortalité maternelle reste élevée ; et la santé et le bien-être des femmes sont négativement affectés par les taux élevés de mutilations génitales féminines et de violences liées au genre. 101. En application de la politique opérationnelle de la Banque OP/BP 4.20, la démarche retenue dans le CPP a bénéficié des résultats et enseignements de nombreuses analyses liées au genre. Il s’agit notamment des résultats de l’ASA sur les emplois et la pauvreté (2016), qui comprenait une analyse de la pauvreté qui soit spécifique du genre, de l’éducation et de l’emploi ; une étude de la Banque mondiale sur l’accès des femmes à la terre en Mauritanie (2015) ; l’étude diagnostique sur l’intégration du commerce, qui a analysé les obstacles auxquels les femmes commerçantes se heurtent en Mauritanie ; et l’analyse spécifique du genre présentée dans le SCD. L’approche du genre dans le CPP sera en outre guidée par les conclusions de l’ASA sur l’inclusion sociale et l’accès aux pauvres, qui sera finalisée au début de l’exercice 2019. Cette étude examinera l’exclusion de l’accès aux biens, services et marchés de divers groupes (dont les femmes) au niveau des ménages, des institutions formelles/informelles et des projets financés par la Banque ; elle déterminera aussi les mécanismes à mettre en œuvre pour remédier à cette exclusion. Tout cela ensemble répond aux exigences de l’OP/BP 4.20 qui exige une « évaluation sexo-spécifique multisectorielle » pour guider le CPP. 102. Se fondant sur les leçons tirées du CLR, le CPP accordera une plus grande attention à la mesure des progrès réalisés en matière de genre. Il s’agira d’inclure des indicateurs spécifiques dans la matrice de résultats du CPP (lorsque possible), et d’utiliser les études d’impact pour éprouver l’efficacité des différentes approches pour s’attaquer aux inégalités entre hommes et femmes. L’équipe du Projet d’appui au système de filets sociaux travaille avec le Laboratoire d’innovation pour l’égalité des sexes (GIL) à une étude d’impact du projet, qui génèrera des

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données concrètes sur l’impact relatif des transferts monétaires uniquement en comparaison avec une combinaison de transferts monétaires et de campagnes de sensibilisation et d’un train de mesures productives sur les réalisations, notamment l’autonomisation des femmes et leur emploi du temps, et le développement cognitif et la santé des enfants (cf. Encadré 5).

3.5. Mise en œuvre du Cadre de partenariat-pays des exercices `2018 à 2023

Instruments et enveloppe financière 103. Le CPP présente les principes d’intervention pour les cinq prochaines années et précise les instruments financiers envisagés pour les trois premières années correspondant à l’IDA-18 (cf. Tableau 3). Les prêts pour les dernières années de la période couverte par le CPP seront définis plus en détail au moment du PLR.

Tableau 3 : Portefeuille indicatif du pipeline de projets IDA pour les exercices 2018-23 (en millions de dollars)

104. Le CPP (exercices 2018-23) couvrira la période d’IDA-18 (exercices 2018-20) et d’IDA-19 (exercices 2021-23). Le Groupe de la Banque mondiale déploiera une combinaison d’opérations de prêts, d’études analytiques, de conseil et de mobilisation des acteurs du développement (« convening power ») pour atteindre les objectifs du CPP. L’allocation indicative de la Mauritanie au titre d’IDA-18 est de l’ordre de 200 à 230 millions USD (un montant nettement supérieur aux 85 millions USD d’IDA-17). Les volumes d’IDA-18 sont fournis à titre indicatif : les montants réels des allocations basées sur la performance (PBA) seront déterminés annuellement au cours de la période couvrant les exercices 2018-20 et dépendront des éléments suivants : (a) les ressources IDA totales disponibles ; (b) le nombre de pays admis à emprunter à l’IDA ; (c) la notation de la performance du pays, le RNB par habitant et la population ; et (d) les paramètres de performance

EX. 18 EX. 19 EX.20 EX. 21-23

(USD m) (USD m) (USD m) (USD m)

IDA 18 -- Montants indicatifs*

Deuxième DPO pour l'assainissement des finances publiques et le secteur privé (appouvée) 26

AT Appui au renforcement des capacités institutionnelles pour le projet gazier (approuvée) 20

Financement additionnel - Projet de gouvernance du secteur public 10

Financement additionnel - Projet d'éco-pôle halieutique de Nouadhibou 8

Opérations à l'appui des politiques de développement - DPO (deuxième série de trois) 30 30 30

Appui au secteur de l'éducation 25

Appui au secteur de l'agriculture 20

Appui aux villes productives et résilientes 25

Appui à l'emploi des jeunes TBD

IDA 19 -- Indicative Pipeline

Appui au secteur de l'électricité rurale TBD

Appui au secteur de l'eau et de l'assainissement TBD

Appui au système de protection sociale TBD

Projets du Guichet de promotion de l'inégration régionale IDA 18

Projet d'appui à l'initiative pour l'irrigation au Sahel, PARIIS (ratio régional IDA : 1/2, approvée) 8

Projet d'appui à la résilience des zones cotières de l'Afrique de l'Ouest, WACA (ratio régional IDA : 1/1, approvée) 10

Projet régional de renforcement des systèmes de surveillance des maladies, REDISSE (ratio régional IDA : 1/1, approvée) 10

Total: 84 83 55 30

* les montants en dollars sonr fournis à titre indicatif et et incluent la contribution nationale aux projets d'intégration régionale énumérés dans le tableu

un montant supplémentaire de 30 millions de dollars peu être disponible à l'annulation de la garantie du projet BANDA.

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et autres paramètres d’allocation pour les autres emprunteurs de l’IDA. Cette allocation indicative ne comprend pas les ressources supplémentaires auxquelles la Mauritanie pourrait éventuellement accéder par le biais des guichets de financement spéciaux d’IDA-18. Il s’agit notamment du Guichet régional, qui vise à soutenir les efforts d’intégration régionale ; du Sous-guichet régional pour l’aide aux réfugiés à l’intention des pays accueillant d’importantes populations de réfugiés ; le Guichet de promotion du secteur privé, qui a vocation à mobiliser les capitaux privés, réduire les risques et promouvoir la croissance impulsée par le secteur privé ; et, si nécessaire, le Mécanisme de réponse aux crises (CRW) destiné à apporter une aide en cas de catastrophes naturelles graves, d’urgences sanitaires et de crises économiques. La Mauritanie pourra également prétendre à la nouvelle Option de tirage différé pour les risques liés aux catastrophes (CAT DDO) de l’IDA. En raison de son niveau d’endettement, la Mauritanie ne peut actuellement pas prétendre aux fonds du Mécanisme de financement complémentaire (« Scale-Up Facility »), qui fournit des prêts non concessionnels à l’appui des projets à grand impact. Le Groupe de la Banque mondiale s’appuiera sur tous les instruments de la Banque mondiale, de IFC et de MIGA, et s’efforcera de mobiliser d’autres bailleurs de fonds, tels que le secteur privé, les fondations et les partenaires de développement, afin de maximiser l’impact du CPP. Figure 7 : Portefeuille indicatif de la Mauritanie exercices 17-21

105. Le CPP entend conso-lider davantage le portefeuille de projets en cours. Alors que les engagements nets vont presque doubler au cours des premières années de la période couverte par le CPP (passant de 120 millions USD à la fin de l’exercice 2017 à 236 millions USD à la fin de l’exercice 202118) en raison d’une augmentation de l’allocation indicative au titre d’IDA-18, le nombre de projets en cours restera stable, aux environ de dix. En conséquence, le montant moyen des projets devrait passer d’environ 15 millions USD à 24 millions USD, soit une aug-mentation de 60 pour cent (cf. Figure 7). Des efforts importants de renforcement des capacités seront nécessaires pour veiller à ce que les organismes d’exé-cution disposent d’une capacité

18 Les projections pour l’exercice 2021 sont théoriques, car ce sera la première année d’IDA-19 et les allocations n’ont pas

encore été déterminées.

8 8 811 10

14.95 15.85

19.05

20.21

23.56

0

5

10

15

20

25

FY17 FY18 FY19 FY20 FY21

P O R T E F E U I L L E M A U R I T A N I E E X . 1 7 - 2 1

Nombre de projets Taille moyenne des projets (USD m)

100

150

200

250

300

FY17 FY18 FY19 FY20 FY21

P O R T E F E U I L L E M A U R I T A N I E E X . 1 7 - 2 1

Engagement Net IDA (USD m)

Engagement Net IDA Regional (USD m)

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d’absorption suffisante pour maintenir le taux de décaissement annuel moyen actuel d’environ 30 pour cent. L’État envisage également de transférer les cellules d’exécution des projets du ministère de l’Économie et des Finances, où la plupart d’entre elles se trouvent actuellement, vers les directions des ministères techniques concernés, afin de renforcer les capacités de mise en œuvre de ces organismes d’exécution. La capacité de l’État mauritanien à mobiliser des fonds régionaux de l’IDA est remarquable. Comme le montre la Figure 7, le portefeuille régional est plus important que le programme national d’IDA (181 millions USD contre 120 millions USD à la fin de l’exercice 2017) ; cet écart devrait se réduire (à 265 millions USD contre 236 millions USD à la fin de l’exercice 2021). 106. L’enveloppe de l’IDA sera complétée par un portefeuille de fonds fiduciaires d’un montant total d’environ 29 millions USD. Les cinq fonds fiduciaires sont tous exécutés par les bénéficiaires et contribuent au co-financement de programmes gouvernementaux de grande envergure tels que le système de protection sociale, le secteur de l’éducation de base, le programme de gestion durable des paysages et la pêche dans le cadre du Programme régional des pêches en Afrique de l’Ouest. Le portefeuille de fonds fiduciaires comprend principalement des programmes multi-donateurs, à l’exception du Partenariat mondial pour la responsabilité sociale, qui est financé par un bailleur de fonds unique ; ce fonds finance le budget de l’éducation en Mauritanie et représente moins de 2 pour cent de l’ensemble des fonds fiduciaires. Ces fonds fiduciaires exécutés par les bénéficiaires (Recipient Executed Trust Funds, RETF) sont bien alignés sur les priorités de développement du gouvernement telles que formulées dans la SCAPP, et cadrent bien avec les axes d’intervention de ce CPP. Dans le domaine de l’éducation, le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) a alloué 6,8 millions USD à la Mauritanie au titre du financement pour la mise en œuvre de son programme sectoriel de l’éducation (ESPIG), ainsi que 5 millions USD dans le cadre du nouveau « Fonds à effet multiplicateur » du GPE, qui complètent l’allocation IDA. Au cours de l’exercice 2019, l’Agence française de développement financera deux activités dans le cadre du fonds fiduciaire multi-donateurs à l’appui du Programme évolutif de protection sociale dans le Sahel : contribuer au programme de filet de sociaux de réponses aux chocs et inscrire 50 000 ménages vulnérables de plus au registre social. Toujours au cours de l’exercice 2019, la gouvernance des industries extractives sera soutenue par un don supplémentaire au projet de consolidation de l’ITIE.

107. Ce CPP prend en compte chacun des thèmes particuliers d’IDA-18, à savoir : changement climatique ; parité hommes-femmes et développement ; fragilité, conflit et violence (FCV) ; emplois et transformation économique ; et gouvernance et institutions. Les opérations en cours et celles qui sont prévues ayant trait à la gestion des ressources naturelles visent à renforcer la résilience aux chocs climatiques. Les opérations concernant l’énergie visent à assurer une énergie propre et la sécurité énergétique. Une attention particulière est accordée aux inégalités entre les hommes et les femmes dans les activités liées à l’éducation, la santé et l’autonomisation économique. Les emplois et la transformation économique seront pris en compte par des programmes soutenant les compétences des jeunes, les MPME et l’amélioration des perspectives d’investissement privé dans le secteur de la pêche et dans d’autres secteurs. La fragilité, les conflits et la violence (FCV) sont pris en compte par des programmes répondant aux besoins des réfugiés et des communautés d’accueil, ainsi qu’aux perspectives d’emploi d’une population urbaine jeune qui croît rapidement. Des initiatives sont en cours pour promouvoir une meilleure gestion des dépenses publiques et renforcer la participation citoyenne dans l’ensemble du

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portefeuille afin d’assurer une meilleure gouvernance et un développement institutionnel plus efficace.

Tableau 4: Programme analytique et d’assistance technique (en cours et en prévision)

Axe d’intervention ASA et fonds fiduciaires en cours Portefeuille indicatif d’opérations d’ASA et

fonds fiduciaires en préparation

Axe d’intervention I : Promouvoir la transition

économique pour une croissance diversifiée et

résiliente

Initiative pour la transparence dans les industries de la pêche

Enquête auprès des ménages (2019)

Appui à la politique de réforme agraire (P161010)

Résilience côtière des villes en Afrique / Nouakchott (CityCORE – P166688/fonds fiduciaire)

Appui à l’entrepreneuriat des jeunes et à la prise en compte du changement climatique (P162125)

Aménagement du territoire et commerce transfrontalier (BB/fonds fiduciaire)

Assistance technique pour le programme évolutif de protection sociale – Financement des interventions d’urgence et de la gestion des risques de catastrophe (P153182/fonds fiduciaire)

Axe d’intervention II : Développer le capital

humain pour une croissance inclusive

Assistance technique pour le programme évolutif de protection sociale (P153182/fonds fiduciaire)

Amélioration des moyens de subsistance des jeunes vulnérables en Mauritanie (P166799)

Moyens de subsistance durables pour les réfugiés et les communautés d’accueil en Mauritanie (P163928)

Évaluation de la marge de manœuvre budgétaire dans le secteur de la santé (fonds fiduciaire GAVI)

Indicateurs de la prestation de services (P145249/fonds fiduciaire)

Inclusion sociale et accès pour les pauvres (P161068)

Axe d’intervention III : Soutenir la gestion

économique pour une meilleure gouvernance et une croissance tirée

par le secteur privé

Rapport sur la situation économique du pays (février 2018)

Rapport sur la situation économique du pays (exercice 19)

Modernisation des systèmes de paiement (P160172)

Projet de consolidation de l’ITIE en Mauritanie (fonds fiduciaire)

Services de conseil sur le climat d’investissement et l’entrepreneuriat en Mauritanie (fonds fiduciaire)

Évaluation nationale des risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme en Mauritanie (P167024)

Évaluation de la politique de concurrence au Sénégal et en Mauritanie

Sources de croissance en Mauritanie (CEM)

Prise en compte de l’impact du changement climatique

108. La Mauritanie est confrontée à des défis liés à la dégradation de l’environnement et au changement climatique, tels que les inondations, la désertification, l’érosion côtière, la salinisation des ressources en eau et la dégradation de la biodiversité côtière. Les zones urbaines sont particulièrement touchées par ces risques, les deux plus grandes villes, Nouadhibou et Nouakchott, qui représentent 30 pour cent de la population mauritanienne (environ 1,1 million de personnes), abritent la plupart des industries, des grandes infrastructures aéroportuaires et portuaires et la quasi-totalité des activités de pêche. Une étude du Groupe de la Banque mondiale sur le coût de la dégradation du littoral indique que le capital naturel en Mauritanie se dégrade sans être remplacé par du capital productif. Elle révèle en outre qu’en 2008, le coût de la dégradation du capital naturel a été estimé à 5,4 pour cent du PIB pour trois catégories (air, eau, et apparition de maladies hydriques et dégradation des terres agricoles).

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109. Les inondations touchent régulièrement les zones urbaines situées à proximité de la côte. Les coûts estimés des dégâts causés par les inondations en Mauritanie, de 2000 à 2008, se situent entre 5,5 et 11,4 milliards USD. L’augmentation prévue des températures extrêmes et les fortes précipitations entraîneront probablement une augmentation de la fréquence et de l’intensité des inondations. Une élévation du niveau de la mer de 21 cm a été observée depuis 1880, et près de 80 pour cent de la surface de Nouakchott pourraient être submergés dans les 10 à 20 prochaines années. Les niveaux de la mer devraient augmenter de 5,8 cm à 15,5 cm d’ici 2050, par rapport aux niveaux de 1980-1999. À mesure que le niveau de la mer s’élèvera et que les défenses naturelles assurées par les dunes de sable disparaitront, les inondations augmenteront, risquant d’affecter la côte de façon permanente. La concrétisation de ce scénario mettra en danger les zones habitées, les eaux souterraines et ressources aquatiques, les cultures, les infrastructures et la biodiversité. Les autorités sont en train d’évaluer ces risques, bien qu’il n’y ait pas suffisamment d’informations pour déterminer la gravité de ces derniers. Cette situation est exacerbée par le manque de traitement des eaux usées, qui s’infiltrent dans le sol et contaminent l’eau douce.

110. En ce qui concerne la gestion de l’environnement et des ressources naturelles, les risques pesant sur la durabilité englobent la perte de capital naturel global et la perte d’habitats, notamment dans les zones oasiennes, les zones humides, les mangroves et les zones côtière. La perte d’habitats naturels est également une perte de fonctions et de services fournis par la biodiversité, tels que les zones humides pour la protection contre les inondations, les zones de loisirs et de tourisme ou la protection contre l’érosion côtière. Les initiatives visant à renforcer les aires protégées devraient être poursuivies afin de permettre aux populations des zones ciblées et aux communautés adjacentes de tirer davantage de bénéfices monétaires et non monétaires de ces interventions. 111. L’ensemble du portefeuille (y compris les projets nationaux et régionaux) a été examiné pour en déterminer les co-bénéfices climatiques. Avec l’appui du Groupe de la Banque mondiale en charge du changement climatique, les opérations en préparation et quelques activités du programme analytique ont été passées en revue pour déterminer dans quelle mesure elles génèrent des « co-bénéfices climatiques » en faveur de la Mauritanie (cf. Annexe 11). Globalement, le programme pour la Mauritanie se caractérise par un degré élevé de « co-bénéfices climatiques » et présente des possibilités de contribuer de manière significative aux engagements pris par l’ensemble de la Région Afrique concernant le changement climatique. De nombreux projets « actifs » présentent de tels co-bénéfices (principalement en matière d’adaptation, ce qui est logique pour un pays comme la Mauritanie et conforme à la CPDN du pays). De la même manière, le portefeuille de projets en préparation présente des opportunités pour accroître les co-bénéfices d’adaptation au changement climatique des opérations à venir (par exemple, les projets d’éco-pôle halieutique et d’eau et assainissement en milieu rural). Passage au nouveau Cadre environnemental et social (CES) 112. La Mauritanie a pris des mesures importantes pour améliorer la gestion de l’environnement et renforcer ses cadres institutionnels et réglementaires environnementaux. Le Groupe de la Banque mondiale travaille avec les autorités mauritaniennes à la promotion d’une croissance durable et inclusive en améliorant la gestion des ressources naturelles et la

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protection des zones sensibles (en particulier les zones côtières), en renforçant la résilience des écosystèmes productifs du pays et les mesures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. 113. Le nouveau Cadre environnemental et social (CES) du Groupe de la Banque mondiale prend effet en octobre 2018 et s’appliquera aux nouveaux projets d’investissement. Le CES consolide les politiques environnementales et sociales du Groupe de la Banque mondiale et les harmonise avec celles des autres institutions de développement. Il marque aussi d’importantes avancées en matière de transparence, d’exigence de responsabilité, de non-discrimination et de participation du public. Dans ce contexte, la Mauritanie obtiendra les moyens d’améliorer la protection des personnes et de l’environnement, de promouvoir le renforcement des capacités et des institutions et de renforcer l’efficacité de ses interventions. Le CES comporte des dispositions prévoyant l’utilisation du cadre juridique, réglementaire et institutionnel propre à chaque pays pour la gestion des risques environnementaux et sociaux, à condition qu’il prenne en compte comme il se doit les risques et l’impact des projets et permette à ces derniers d’atteindre des objectifs compatibles avec le CES. Le Groupe de la Banque mondiale aidera l’État mauritanien à renforcer progressivement ses institutions et à développer la capacité à appliquer les Normes environnementales et sociales spécifiques (NES), qui ont été « conçues pour éviter, minimiser, réduire ou atténuer les risques et effets environnementaux et sociaux des projets19 ». Modalités de passation des marchés et de gestion financière 114. Passation de marchés. Pendant la période couverte par le CPF, la Banque mondiale soutiendra la nouvelle réforme des marchés publics en fournissant des services de suivi et de soutien aux projets et programmes qu’elle finance. La Banque mondiale continuera à travailler à tous les niveaux pour améliorer la qualité de la prestation de services grâce à l’amélioration des processus de passation des marchés et des indicateurs de performance. En mettant l’accent sur l’amélioration de la gouvernance et des institutions, la Banque mondiale soutiendra le projet du gouvernement d’améliorer la règlementation des marchés publics et de mettre en œuvre le nouveau cadre institutionnel, tout en lui prêtant son assistance dans l’application du nouveau Cadre de la passation des marchés du Groupe de la Banque mondiale. Les interventions du Groupe de la Banque mondiale chercheront également à développer des capacités supplémentaires en instituant une filière « passation des marchés » à l’École nationale d’administration et des programmes de formation, de certification et d’accréditation en passation de marchés, ainsi que des formations à court terme en passation de marchés. Un Rapport analytique sur la passation des marchés dans le pays (CPAR) sera établi pendant la période couverte par le CPP qui évaluera les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de la réforme des marchés publics financés dans le cadre du DPO 2 et guidera la prochaine initiative de réforme des marchés publics. 115. Gestion financière. La conformité du portefeuille aux exigences de gestion financière (FM) est jugée satisfaisante pour dix projets et modérément satisfaisante pour neuf autres. La conformité aux exigences de la Banque mondiale concernant l’établissement de rapports

19 Le Cadre environnemental et social de la Banque mondiale ; Banque internationale pour la reconstruction et le

développement, Banque mondiale, 2017.

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financiers est également élevée pour ce qui est de la présentation en temps opportun des rapports financiers intérimaires et des rapports d’audit d’une qualité jugée acceptable. Le taux de décaissement de la Mauritanie au 30 avril 2018 était de 21,9 pour cent, ce qui est supérieur à l’objectif de décaissement de la région Afrique. Les opérations d’investissement financées par l’IDA en Mauritanie sont actuellement cloisonnées et mises en œuvre par le biais d’unités de gestion de projets (UGP) placées sous la supervision de comité de pilotage. Ces UGP fournissent des dispositifs adéquats de gestion financière, y compris la budgétisation et les audits. Si la récente décision de l’État mauritanien de centraliser les fonds de contrepartie au Trésor présente l’avantage d’améliorer la gestion de la trésorerie, elle pourrait en revanche retarder les paiements au titre des activités financées par des fonds de contrepartie. Pour renforcer les contrôles internes et intensifier l’utilisation des systèmes nationaux, les fonctions d’audit interne de certains ministères de tutelle tels que ceux en charge de l’éducation, de la santé et des finances sont en cours de renforcement. 116. L’Examen de la gestion des dépenses publiques et de la responsabilité financière (PEFA) réalisé en 2014 a révélé que peu de progrès ont été accomplis dans le cadre de la réforme de la gestion des finances publiques (GFP) depuis 2008, que la situation se serait même détériorée dans certains domaines. Ainsi, plusieurs domaines restent à améliorer, notamment : (a) l’exhaustivité de l’information incluse dans les documents budgétaires, (b) l’efficacité du recouvrement des impôts et des droits de douane, (c) l’efficacité de l’audit interne, (d) la qualité et l’établissement à temps des rapports budgétaires en cours d’année, et (e) l’efficacité de l’audit externe et du contrôle parlementaire de la loi de finances. Les progrès sur les réformes de la GFP ont pâti de l’insuffisance de capacités, du peu de détermination à mettre en œuvre les réformes et d’une réticence au changement de la part des fonctionnaires. Bon nombre de ces insuffisances de capacités sont prises en compte dans le cadre des réformes de la GFP soutenues par le DPO.

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GESTION DES RISQUES ASSOCIÉS AU PROGRAMME DU CPP

117. Le risque global lié à la réalisation des objectifs de développement pour la Mauritanie dans le CPP est jugé substantiel (cf. Tableau 5 ci-après). Les risques sont directement liés aux aspects suivants : (1) les défis liés à l’économie politique et à la gouvernance, (2) l’incertitude des perspectives macroéconomiques, (3) les stratégies et politiques sectorielles, (4) la faiblesse des capacités institutionnelles et de mise en œuvre, (5) les enjeux environnementaux et sociaux, et (6) la participation des parties prenantes. Ces risques seront suivis de près pendant la période couverte par le CPP, en étroite collaboration avec l’État et les partenaires de développement, et seront réévalués au moment du PLR. 118. Risques liés à l’économie politique et à la gouvernance. L’influence persistante des élites politiques et la perception d’une certaine stagnation dans la gouvernance constituent un risque important pour la croissance inclusive et la cohésion sociale. La stratification ethnique historique et une proportion croissante de jeunes n’ayant pas de bonnes perspectives d’emploi continuent d’alimenter les revendications et de mettre à mal les objectifs de développement. Cependant, force est de constater que la Mauritanie a connu une stabilité politique soutenue au cours de la dernière décennie et a adopté contre « la radicalisation » des mesures politiques et financières fermes. La fragilité dans les États voisins constitue un risque sécuritaire accru sous forme de terrorisme, de criminalité, d’afflux de réfugiés et de déplacements internes de population. Le programme de réformes comprend des mesures structurelles qui auront un impact significatif à la fois sur l’économie mauritanienne, menaçant de facto des intérêts économiques puissants qui pourraient se sentir menacés par une concurrence accrue et l’expansion du secteur privé. Outre la capacité de l’administration à communiquer sur ces réformes et à les mettre en œuvre, il faudra une forte volonté politique pour poursuivre ces mesures et en atténuer les effets négatifs sur le bien-être des plus pauvres et des vulnérables. Enfin, la mise en œuvre du CPP suppose également une transition démocratique réussie en 2019, avec des élections présidentielle, parlementaires et régionales prévues selon la nouvelle constitution.

Tableau 5 : Outil de notation systématique des risques liés aux opérations (SORT) pour la Mauritanie

Catégories de risque Notation

1 Politique et gouvernance Substantiel

2 Macroéconomique Substantiel

3 Stratégies et politiques sectorielles Substantiel

4 Conception technique du projet ou du programme Modéré

5 Capacités institutionnelles pour la mise en œuvre et la viabilité Substantiel

6 Aspects fiduciaires Substantiel

7 Environnement et social Substantiel

8 Parties prenantes Modéré

9 Autres (risques liés au climat et aux catastrophes) Élevé

Risque global Substantiel

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119. Risques macroéconomiques. L’économie reste vulnérable aux chocs extérieurs malgré les politiques budgétaires prudentes adoptées par les autorités et le rebond progressif des prix internationaux des matières premières. Le déficit du compte courant a diminué, mais il reste substantiel, ce qui pose un défi pour l’obtention de financements extérieurs et pour la viabilité de la dette. Le programme triennal récemment conclu avec le FMI, qui vient compléter les réformes des opérations d’appui budgétaires, fournira les financements nécessaires à la consolidation de la stabilité macroéconomique et à la mise en œuvre de réformes centrées sur la diversification économique. 120. Stratégies et politiques sectorielles. Des dépenses publiques régressives dans l’éducation, la santé et la protection sociale ont entraîné un accès inéquitable aux services de base. Les dépenses, qui restent faibles par rapport à des pays comparables, ne sont pas équitablement réparties et sont fortement biaisées en faveur des dépenses récurrentes. Les difficultés à mettre en œuvre les réformes de l’éducation de 1999, notamment l’introduction du bilinguisme, ont également contribué à des résultats d’apprentissage médiocres. Le prochain appui budgétaire (DPO) inclura probablement des mesures pour soutenir les réformes dans le secteur de l’éducation. De même, les distorsions géographiques dans les dépenses de santé désavantagent les régions les moins nanties. Un projet d’investissement dans le secteur de la santé introduit des mécanismes de financement basés sur la performance pour aider à améliorer les résultats en santé. De même, l’accès à la terre reste inéquitable et la résolution des conflits fonciers entre éleveurs et agriculteurs demeure une priorité. Un travail analytique aidera à éclairer le dialogue en cours sur la politique foncière. 121. Capacités institutionnelles pour la mise en œuvre et la viabilité. Si la note CPIA de la Mauritanie concernant la gestion du secteur public s’est améliorée (de 3,0 en 2008 à 3,4 en 2016), elle reste cependant plafonnée. Une « nouvelle génération » de réformes de la gouvernance et de la gestion des finances publiques est nécessaire pour mettre en place des institutions responsables, qui soutiendrait la comparaison avec celle des autres pays à revenu intermédiaire. La corruption continue d’être citée comme l’un des principaux défis à la conduite des affaires en Mauritanie. 122. Risques fiduciaires. L’État a introduit plusieurs réformes dans la gestion des finances publiques (GFP) au cours des dernières années, mais il reste à opérer certains changements structurels. Il existe des défaillances persistantes dans l’exécution du budget, la gestion de la dette et la production des rapports financiers. Par ailleurs, les efforts déployés par le gouvernement pour mettre en place un processus consolidé d’évaluation, de budgétisation, d’exécution et de suivi des investissements publics restent embryonnaires. Le DPO et l’assistance technique concernant la gouvernance appuieront les efforts entrepris par l’État mauritanien pour réformer le budget et la passation des marchés. Il serait également possible de mettre en place une assistance technique « personnalisée » sur la gestion de la dette pendant la période couverte par le CPP 123. Aspects environnementaux et sociaux. Aspects environnementaux et sociaux. Au regard de la vulnérabilité de la Mauritanie aux effets du changement climatique et aux risques

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d’extension des conflits dans les pays voisins, le programme du CPP est exposé à des risques liés à la conduite d’opérations dans un environnement fragile et aride. Ces risques seront atténués grâce à une évaluation de la fragilité par le Groupe en charge de la FCV, avec une attention aux « co-bénéfices climatiques » et aux facteurs de risque environnementaux. Cette évaluation sera faite avec l’appui du Groupe en charge du changement climatique. La faible performance des institutions judiciaires et informelles de règlement des litiges du pays constitue un sérieux obstacle au pacte social et à la protection des plus vulnérables, notamment des femmes et des personnes affectées par les séquelles de l’esclavage.20 Pour atténuer ce risque, l’État mauritanien s’est engagé à consolider le processus de réconciliation, en particulier la mise en œuvre des mesures de la Feuille de route de 2014 destinées à lutter contre les séquelles de l’esclavage. Les autres mesures incluent la recherche d’options pour relancer la mise en œuvre des réformes de l’éducation, y compris le multilinguisme ; l’amélioration du processus d’enregistrement à l’état civil ; l’amélioration de l’accès à la justice pour les plus vulnérables, y compris la protection des femmes, des anciens esclaves et des paysans sans-terre ; et la mise en œuvre d’une réforme foncière systématique. 124. Risques liés au climat et aux catastrophes. La Mauritanie reste vulnérable aux sécheresses récurrentes, aux inondations, à l’érosion côtière et à d’autres risques liés au climat. Les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire de la plupart des pauvres sont menacés par la progression de la désertification, la hausse des températures et de la salinité des océans, la raréfaction de l’eau et les inondations, la sécheresse et l’érosion des sols et des terres arables. Le programme du Groupe de la Banque mondiale soutiendra les initiatives prises au niveau du pays pour favoriser l’adaptation aux effets du changement climatique, à l’instar du Projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel, qui œuvre en faveur d’une durabilité et d’une résilience accrues des moyens de subsistance des populations pastorales. Le projet WACA aidera à réduire les risques pour les communautés côtières en Mauritanie et à promouvoir une approche intégrée multisectorielle de la gestion des zones côtières.

20 Dialogue national inclusif, Nouakchott, 29 septembre-18 octobre2016.

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ANNEXE 1 : MATRICE DE RÉSULTATS DU CPP

Axe d’intervention no 1 : Promouvoir la transition économique pour une croissance diversifiée et résiliente

Regorgeant de ressources naturelles – notamment halieutiques, agricoles et pastorales, minérales, pétrolières et gazières – la Mauritanie dispose d’un potentiel considérable pour parvenir à une croissance économique plus diversifiée et résiliente en investissant dans une production écologiquement rationnelle et en utilisant ses revenus de manière optimale et transparente, en privilégiant les pauvres. Ce vaste pays peu peuplé affichant par ailleurs le deuxième taux d’urbanisation le plus élevé du continent, il peut s’appuyer sur cet afflux constant de migrants ruraux (en grande partie les jeunes) pour prendre des mesures afin de créer des pôles économiques dynamiques qui offrent des services, des infrastructures et des perspectives d’emploi dans un contexte où l’État entend déléguer des compétences administratives à des organes régionaux et locaux. Ce premier axe d’intervention vise les trois objectifs suivants : 1) accroître la valeur de la production dans le secteur de la pêche ; 2) accroître la production agricole et animale face au changement climatique ; et 3) promouvoir le développement de villes productives et territoires limitrophes dans le contexte de la décentralisation.

Objectif 1.1 du CPP : Accroître la valeur de la production dans le secteur de la pêche

Logique d’intervention Les ressources halieutiques de la zone économique exclusive (ZEE) mauritanienne sont classées parmi les eaux de pêche les plus productives au monde. Il y a des possibilités et il est nécessaire d’augmenter la contribution du secteur à l’économie. Pour autant, le pays est confronté au problème de la surexploitation de ces ressources ainsi qu’aux risques liés au changement climatique. Selon des études récentes, dans le cadre d’un scénario à niveau élevé d’émissions de GES, le potentiel de prise maximale en Mauritanie devrait diminuer de 14,4 %. L’impact envisagé sur la sécurité alimentaire se traduirait par une perte pour le pays de 4,2 % des protéines d’origine marine. Ces effets peuvent, par ricochet, porter un coup aux revenus, à l’emploi et aux moyens de subsistance. Pour éviter la surexploitation des ressources halieutiques et les effets du changement climatique, l’extraction de ressources marines devrait faire l’objet d’un suivi pour contrôler la durabilité et la résilience au changement climatique, assuré à travers la mise en œuvre de plans de gestion des pêches et d’adaptation au changement climatique. Le plan de gestion permet de veiller à ce que les capacités/initiatives de pêche, mesurées au nombre de navires de pêche opérant dans la zone économique, correspondent aux niveaux de stocks durables et soient plus résilientes aux effets du changement climatique. Les femmes interviennent dans la manutention, la vente et la transformation du poisson, sont souvent contraintes de travailler par nécessité dans de mauvaises conditions, et pâtissent du manque d’entrepôts frigorifiques, de l’isolement des principaux marchés et de la baisse des prix. Pour que la Mauritanie accroisse la contribution du secteur de la pêche à l’économie, il est impératif d’apporter des changements structurels à la manutention après les prises, d’augmenter la valeur ajoutée sur terre et de bien gérer la chaîne de distribution. Les poissons pêchés dans la ZEE de la Mauritanie sont principalement débarqués dans des ports étrangers en vue de leur transformation et leur commercialisation. Avec des capacités accrues permettant un apport local de valeur ajoutée, des installations adéquates pour la gestion des prises, des processus commerciaux transparents et des niveaux de stock durables, le secteur de la pêche peut contribuer de manière significative à l’augmentation de l’emploi et au renforcement de la croissance économique.

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L’appui du Groupe de la Banque mondiale consistera à concentrer les investissements sur l’augmentation de la valeur de la production dans le secteur de la pêche, en particulier pour les communautés et les entreprises locales, et promouvra des pratiques durables et transparentes pour la gestion des stocks de pêche. Les opérations en cours portent sur le développement d’un pôle halieutique dans le port nord de Nouadhibou, la modernisation des infrastructures électroniques, le renforcement de la capacité de l’État et des parties prenantes à élaborer et mettre en œuvre des politiques et des systèmes de gestion durable des ressources halieutiques, et la facilitation des investissements privés. En outre, le Groupe de la Banque mondiale, par le biais d’un programme régional, aidera l’État mauritanien à relever les défis de l’aménagement côtier découlant du changement climatique et à améliorer la résilience des villes et des communautés côtières, ainsi qu’à protéger les habitats naturels.

Indicateurs des objectifs du CPP Indicateurs de progrès supplémentaires Programme du GBM

Indicateur 1 : Nombre de navires de pêche opérant dans la zone économique exclusive de Mauritanie, nombre. Niveau de référence : 502 (2017) Cible : Moins de 510 (2020) Indicateur 2 : Exportation de poissons frais de Nouakchott et Nouadhibou, tonnes métriques par an Niveau de référence (2016) : 7 000 Cible (2020) : 11 500

Indicateur 1 : Nombre de données sur la gestion des ressources halieutiques régulièrement publiées et rendues accessibles au public, nombre ou % Niveau de référence (2016) : 1 ou 16 % Cible (2020) : 5 ou 83 % Indicateur 2 : Nombre de femmes bénéficiant d’une aide financière ou d’une formation dans le cadre d’opérations financées par le GBM dans le secteur de la pêche, nombre Niveau de référence : 48 (2017) Cible : 202 050 (2020) Indicateur 3 : Augmentation de la capacité d’entreposage frigorifique des produits halieutiques, tonnes métriques Niveau de référence : 0 (2017) Cible : 30 (2021) * * La cible sera actualisée après l’approbation du

financement additionnel au cours de l’exercice 19

Opérations en cours : opérations de la BM Projet d’éco-pôle halieutique de Nouadhibou (P151058) Programme régional des pêches en Afrique de l’Ouest (PRAO, P131327 / P126773) ASA en cours : Initiative pour la transparence dans les industries de la pêche (FiTI) Doing Business Opérations prévues de la Banque mondiale : Financement additionnel pour le Projet d’éco-pôle halieutique de Nouadhibou (P163645) Programme de gestion des zones côtières de l’Afrique de l’Ouest (WACA, P162337)

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Objectif 1,2 du CPP : Accroître la production agricole et animale face au changement climatique

Logique d’intervention Le secteur agricole a contribué au PIB à hauteur de 23 % (2015) et présente un potentiel important pour le développement de l’irrigation dans la vallée du fleuve Sénégal, ainsi que pour l’agriculture pluviale. La Mauritanie est principalement connue comme un « pays pastoral », car l’élevage y représente plus des trois quarts de la valeur ajoutée dans le secteur agricole, constitue une source de revenus pour environ un million d’individus, joue un rôle clé dans la sécurité alimentaire et représente un moyen d’accumulation de capital et d’assurance, en particulier parmi les plus démunis. Si les éleveurs mauritaniens s’en sortent face à la variabilité des précipitations en ayant recours à la transhumance traditionnelle depuis des siècles, la plupart des pauvres, qui dépendent de l’élevage et de l’agriculture, sont quant à eux menacés par l’avancée de la désertification, la hausse des températures et la raréfaction de l’eau, et les crues éclairs. L’amélioration des pratiques de gestion des ressources en eau et en terres et l’amélioration de l’intégration de l’élevage et de l’agriculture représentent les principaux moyens de renforcer la croissance de la production. Le potentiel des terres irriguées est estimé à 135 000 ha, mais environ 20 % seulement de ce potentiel est actuellement exploité (principalement pour la production de riz). L’adoption de technologies climato-intelligentes dans des zones pluviales aura un impact positif sur les rendements et renforcera la résilience. Deux indicateurs d’objectifs sont proposés comme indicateurs majeurs de l’augmentation de la production agricole et du renforcement de la résilience dans les zones irriguées et pluviales. Les financements fournis par la Banque mondiale en appui aux opérations régionales pour le Sahel et l’Afrique de l’Ouest aident à promouvoir la durabilité des systèmes pastoraux, l’amélioration des capacités des parties prenantes à développer et gérer des mécanismes d’irrigation et à augmenter les surfaces irriguées et redonner vie à l’écosystème de la gomme arabique. Les opérations du Groupe de la Banque mondiale œuvrent en faveur de l’adaptation au changement climatique et contribuent à améliorer les moyens de subsistance ruraux reposant sur les systèmes agropastoraux.

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Indicateurs des objectifs du CPF Indicateurs de progrès supplémentaires Programme du GBM

Indicateur 1 : Superficie des terres sous irrigation nouvelle et améliorée, ha Niveau de référence : 700 (2017) Cible : 6700 (2022) Indicateur 2 : Superficie faisant l’objet de pratiques de gestion durable des terres*, ha Niveau de référence : 0 (2017) Cible : 300 000 (2022) * Inclut toutes les terres pastorales et pluviales où

des technologies climato-intelligentes sont utilisées.

Indicateur 1 : Intensité des cultures dans le cadre de l’agriculture irriguée : Céréales sèches (culture), unité de mesure Niveau de référence : 1 (2017) Cible : 1,2 (2022) Indicateur 2 : Têtes de bétail vacciné contre la peste des petits ruminants (PPR) et la péripneumonie contagieuse bovine, nombre Niveau de référence : 1,75 million (PPR), 1,96 million (PCB) (2017) Cible : 12 millions (PPR), 2,5 millions (PCB) (2022) Indicateur 3 : Points d’eau pastoraux fonctionnels, MRU Niveau de référence : 0 (2017) Cible : 70 (2022) Indicateur 4 : Bénéficiaires de sexe féminin à qui parviennent des actifs et des services (bénéficiant de la vaccination, de la production de lait, d’activités génératrices de revenus, nombre Niveau de référence : 0 (2017) Cible : 220 000 (2022)

Opérations en cours : opérations de la BM Gestion durable des paysages (SAWAP, P144183) Projet régional d’appui au pastoralisme dans le Sahel (PRAPS, P147674) Second Projet de développement de la résilience au changement climatique dans le bassin du fleuve Sénégal (PGIRE 2, P131323) Série de DPO 1 (P160592) ASA en cours : Dialogue sur la politique foncière Doing Business Opération d’IFC : TIVISKI SARL (33704) Projet régional d’irrigation (P602405) Opérations prévues de la Banque mondiale : Projet d’appui à l’initiative pour l’irrigation au Sahel (PARIIS, P154482) Projet sur l’agriculture et les moyens de subsistance Projet régional de renforcement des systèmes de surveillance des maladies (REDISSE, P161163)

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Objectif 1.3 du CPP : Promouvoir le développement de villes productives et des territoires limitrophes dans le contexte de la décentralisation

Logique d’intervention L’urbanisation rapide en Mauritanie a creusé un grand fossé entre la capitale, Nouakchott, et d’autres territoires. Au niveau de la wilaya – ou province –, les villes intermédiaires, dont la population varie entre 75 000 habitants et 25 000 ou moins, se caractérisent par l’informel, des infrastructures qui laissent à désirer et une couverture des services insuffisante, le travail indépendant et un capital humain faible. Ces caractéristiques ne se prêtent pas à la création d’un environnement favorable à une croissance tirée par le secteur privé. Ces villes ont peu bénéficié des effets d’agglomération qui sont généralement associés au processus d’urbanisation. Les investissements du gouvernement national dans les villes intermédiaires sont insuffisants pour couvrir les besoins de base, tandis que les collectivités territoriales n’ont pas les capacités financières et techniques nécessaires à une planification urbaine productive et inclusive. Un processus complexe d’accès à la terre empêche davantage les collectivités territoriales d’élargir la couverture de leurs services aux entités administratives et économiques, et aux populations locales. En outre, de nombreuses villes sont exposées à des risques environnementaux tels que l’érosion côtière, les inondations, la salinisation des eaux souterraines, les vagues de chaleur ou les mouvements de dunes, ce qui compromet les investissements dans les villes dans des domaines tels que le logement et les activités génératrices de revenus. La Mauritanie a de nombreuses possibilités de favoriser l’émergence de villes intermédiaires productives qui pourraient renforcer les externalités économiques en s’appuyant sur les ressources des zones environnantes. Malgré les contraintes évoquées ci-dessus, plusieurs de ces villes intermédiaires sont situées à proximité des territoires ruraux, au sein d’une wilaya regorgeant de ressources naturelles qui présente des opportunités de développement économique. Le crible « fragilité » offre un autre point de mire des investissements de l’IDA, car beaucoup de ces territoires sont vulnérables aux chocs climatiques et se trouvent dans des régions exposées à des risques sécuritaires et particulièrement touchées par la pauvreté. La concentration des efforts de financement dans certaines villes intermédiaires et territoires limitrophes pourrait contribuer à transformer les opportunités sociales et économiques pour les particuliers et le secteur privé, et ainsi stimuler la croissance. Dans le cadre du CPF, le Groupe de la Banque mondiale favorisera une approche géographique consistant à cibler la fourniture de services et d’infrastructures de base sur un certain nombre de villes intermédiaires et de territoires limitrophes susceptibles de générer d’importants retours sur investissement dans le développement du capital humain et la croissance inclusive. Le premier indicateur d’objectif est utilisé comme indicateur supplétif pour mesurer l’approfondissement du processus de décentralisation. Les deux autres indicateurs, l’accès à l’électricité et aux services d’eau et d’assainissement, sont indicatifs à ce stade, car les zones du projet (provisoirement 4 à 6 villes intermédiaires et zones rurales limitrophes) n’ont pas encore été sélectionnées. La sélection se fera au cours des prochains mois, ce qui permettra de mesurer les résultats préliminaires au moment du PLR. Tous les indicateurs pertinents seront ventilés par sexe.

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Indicateurs des objectifs du CPP Indicateurs de progrès supplémentaires Programme du GBM

Indicateur 1 : Mobilisation des ressources financières pour les collectivités territoriales (aussi bien au travers des transferts de l’administration centrale que des revenus propres aux collectivités territoriales), MRU par habitant Niveau de référence (2017) : 330* Cible (2022) : 500 Indicateur 2 : Accroissement de l’accès aux services d’électricité dans les villes intermédiaires et les zones rurales limitrophes, pourcentage Niveau de référence : 35 (2015)* Cible : 50 (2022) Indicateur 2.1 : Solutions d’accès à l’électricité utilisant l’énergie solaire ou éolienne, pourcentage Niveau de référence : 15 (2015)* Cible : 25 (2022) Indicateur 3 : Accroissement de l’accès aux services d’eau et assainissement dans les villes intermédiaires et les zones rurales limitrophes, pourcentage Niveau de référence : 57 (2015)* Cible : 70 (2022) * Les valeurs du niveau de référence et de la

cible représentent les valeurs pour la population rurale à l’échelle nationale et seront actualisées au stade du PLR.

Indicateur 1 : Retours d’information plus favorables de la part des citoyens concernant la qualité des services, % ou qualitatif ? Niveau de référence : À déterminer (2017) Cible : + 50 % (2022) Indicateur 2 : Population utilisant des services d’eau gérés en toute sécurité dans des certaines zones, pourcentage Niveau de référence : 21 (2017) * Cible : 50 (2022) * Les valeurs du niveau de référence et de la cible

représentent les valeurs pour la population rurale à l’échelle nationale et seront actualisées au stade du PLR.

Opérations en cours : opérations de la BM Programme national intégré d’appui à la décentralisation, au développement local et à l’emploi des jeunes (PNIDDLE, P127543) Programme régional pour les infrastructures de communication en Afrique de l’Ouest (WARCIP, P123093) ASA en cours : Dialogue sur la politique foncière Opérations prévues de la Banque mondiale : Projet de villes intermédiaires productives et résilientes Programme de gestion des zones côtières de l’Afrique de l’Ouest (WACA, P162337) Projet sur l’énergie en milieu rural Projet d’alimentation en eau et d’assainissement dans les zones rurales

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Axe d’intervention no 2 : Développer le capital humain pour une croissance inclusive

Malgré les progrès accomplis récemment sur le plan de la réduction de la pauvreté, la vulnérabilité demeure à un niveau élevé en Mauritanie. Les ménages pauvres ont peu de moyens pour investir dans le capital humain de leurs enfants, et les chocs à répétition liés aux effets du changement climatique les mettent en péril ainsi que leur capacité à accroître leur capital productif. Cette situation appelle des investissements dans le capital humain (santé, éducation et nutrition) et un accès plus équitable aux services de base et aux moyens de production, en particulier dans les zones rurales défavorisées et vulnérables. Le deuxième axe d’intervention, « Développer le capital humain pour une croissance inclusive » comprend les trois objectifs suivants : 1) élargir la couverture du système de protection sociale ; 2) accroître l’accès et la qualité de l’enseignement général ; 3) améliorer l’employabilité, en particulier pour les jeunes et les femmes ; et 4) améliorer l’accès aux soins de santé maternelle et infantile.

Objectif 2.1 du CPP : Etendre la couverture du système de protection sociale

Logique d’intervention Malgré mes avancées accomplies, les niveaux de pauvreté et de vulnérabilité demeurent élevés en Mauritanie. La pauvreté continue d’être un obstacle majeur qui empêche les ménages d’investir dans le capital humain de leurs enfants et dans leur capital productif. De plus, les chocs de plus en plus fréquents liés au changement climatique pèsent sur les ménages qui adoptent sans cesse des stratégies d’atténuation qui les ruinent davantage. Dans le cadre de sa stratégie nationale de protection sociale, l’État mauritanien a commencé à jeter les bases d’un système national de protection sociale en créant un registre social national, un programme de transferts sociaux et un système de réponse aux chocs. Parce qu’ils sont déployés à l’échelle nationale, ces instruments constituent, pour l’État, des mécanismes pour apporter des services de base aux ménages les plus démunis sur toute l’étendue du territoire national et pour améliorer l’efficacité des dépenses sociales publiques en ciblant les interventions sur les plus pauvres. Les opérations du Groupe de la Banque mondiale visent à faire en sorte que le système national de protection sociale puisse apporter une réponse durable à l’extrême pauvreté et à la vulnérabilité aux chocs climatiques. Cela passe d’abord par l’élargissement du registre de protection sociale à l’ensemble du territoire national et par la promotion de son utilisation par tous les programmes qui visent à cibler les couches pauvres et vulnérables. Il s’agira aussi de porter à une plus grande échelle le Programme de transferts sociaux afin d’élargir et d’approfondir son impact sur l’utilisation des services sociaux (notamment au profit des enfants, y compris à travers des activités portant sur les thèmes de l’hygiène, la nutrition et la stimulation précoce) et sur les capacités de production des ménages pauvres. Enfin, il faudra mettre en place un système national de gestion de la réponse aux chocs et un mécanisme national pour déclencher les réponses, guider l’identification des bénéficiaires, coordonner les acteurs et assurer des financements fiables et opportuns. Deux indicateurs d’objectifs sont proposés pour mesurer l’élargissement de la couverture du système de protection sociale.

Indicateurs des objectifs du CPP Indicateurs de progrès supplémentaires Programme du GBM

Indicateur 1 : Nombre de bénéficiaires du programme de transferts sociaux, nombre Niveau de référence : 100 000 (2017) Cible : 660 000 (2022)

Indicateur 1 : Proportion de femmes parmi les bénéficiaires directs du programme de transferts sociaux, pourcentage Niveau de référence : 69 (2017)

Opérations en cours : opérations de la BM Projet d’appui au système de santé (P156165) Projet d’appui au système de filets sociaux PRAPS (P147674)

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Indicateur 2 : Couverture géographique du programme national de protection sociale Niveau de référence : 6 moughataas (2017) Cible : tout le territoire (57 moughataas) (2022)

Cible : 80 (2022) Indicateur 2 : Programmes utilisant le registre social pour identifier leurs bénéficiaires, nombre Niveau de référence : 1 (2017) Cible : 10 (2023) Indicateur 3 : Ménages inscrits dans le registre social Niveau de référence : 13 724 (2017) Cible : 200 000 (2022)

ASA de la BM Protection sociale adaptative - NLTA (P153182) Partenariat pour l’apprentissage précoce (TF0A0879) Prévu : opérations de la BM Opération de suivi du projet de filet social après clôture au courant de l’exercice 2020 (à déterminer)

Objectif 2.2 du CPF : Accroître l’accès et la qualité de l’enseignement général

Logique d’intervention En dépit des progrès accomplis, les indicateurs sociaux de la Mauritanie comptent parmi les plus bas au monde. Le faible niveau et le caractère régressif des dépenses publiques se sont traduits par un accès inéquitable aux services d’éducation : les enfants les plus démunis bénéficient le moins des dépenses globales d’éducation, qui profitent davantage aux régions les plus riches. Dans le domaine de l’éducation, les principaux défis qu’il reste à relever sont les taux d’abandon élevés entre les années d’éducation, en particulier pour les plus pauvres, et le défaut de qualité dans l’éducation, qui donne lieu à des résultats d’apprentissage faibles déclinants. Un tiers seulement des élèves du primaire poursuivent leurs études secondaires et les deux tiers des enfants du quintile le plus pauvre ne vont pas à l’école. L’écart entre les filles et les garçons se creuse au fur et à mesure que le niveau d’instruction augmente : les garçons ont près de 50 % de chances en plus que les filles de terminer leurs études secondaires. Les investissements du Groupe de la Banque mondiale portent sur l’amélioration de la qualité de l’éducation, la promotion d’un accès équitable à l’éducation pour les filles et le renforcement de l’éthique de responsabilité et de la gouvernance aux échelons décentralisés. Malgré les réformes de l’éducation qui ont été adoptées il y a près de vingt ans déjà, les résultats d’apprentissage demeurent médiocres et les taux d’alphabétisation des jeunes enfants sont toujours faibles. Ces déficits d’apprentissage se manifestent ensuite chez les jeunes, qui n’ayant pas alors les compétences exigées par le marché du travail, ne parviennent pas à trouver un emploi.

Indicateurs des objectifs du CPF Indicateurs de progrès supplémentaires Programme du GBM

Indicateur 1 : Élèves entrant dans le premier cycle du secondaire, nombre Niveau de référence : 32 000 (2017) Cible : 50 000 (2022)

Indicateur 1 : Nombre d’enseignants bilingues supplémentaires ayant une certification du CREL Niveau de référence : 436 (2016)

Opérations en cours de Banque mondiale : Projet d’appui au secteur de l’éducation de base (P126902) Développement des compétences (P118974)

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Indicateur 1.1 : Filles entrant dans le premier cycle du secondaire, nombre Niveau de référence : 17 800 (2017) Cible : 25 000 (2022) Indicateur 2 : Diplômés des institutions de formation des enseignants possédant les qualifications minimales, pourcentage Niveau de référence : 39 (2017) Cible : 90 (2022)

Cible : 1 019 (2018)

ASA de la BM en cours : Enquête sur les indicateurs de la prestation de services (P164343) Transparence du budget de l’éducation (P162168) Opérations prévues de la Banque mondiale : Projet d’appui à l’éducation (P163143) Employabilité des jeunes (P162916) Série de DPO 2 (P163057)

Objectif 2.3 du CPF : Améliorer l’employabilité, en particulier des jeunes et des femmes

Logique d’intervention Le renforcement de l’emploi des jeunes est au cœur de la lutte contre la pauvreté intergénérationnelle, de la stimulation de la croissance et de la promotion de l’inclusion sociale. La situation des jeunes sur le marché du travail est caractérisée par des niveaux élevés d’inactivité (39 % ne sont pas scolarisés ou n’ont pas d’emploi, en particulier parmi les jeunes femmes) ainsi que par des salaires relativement bas et des conditions de travail précaires. La plupart des jeunes en Mauritanie souffrent de plusieurs difficultés d’emploi, et ce sont les franges vulnérables de la population qui sont particulièrement touchées. Ces difficultés incluent : une demande de main-d’œuvre faible en raison du peu d’emplois créés dans les secteurs émergents ; un accès limité aux services et à l’information concernant les solutions possibles pour se procurer des moyens de subsistance et un emploi, une difficulté exacerbée par le clientélisme dans l’embauche en entreprise ; des compétences pratiques et pertinentes pour l’emploi insuffisantes dans tous les secteurs ; et le manque d’accès à des actifs productifs. Malgré ces défis, les programmes d’emploi pour les jeunes ont une couverture limitée et sont principalement destinés aux diplômés d’universités et d’instituts de formation professionnelle des zones urbaines. L’État a récemment élaboré sa stratégie en la matière, s’appuyant sur des données mondiales qui montrent que les programmes qui s’attaquent à des contraintes multiples ont systématiquement le plus d’impact, en particulier parmi les pauvres et les personnes vulnérables. Cette stratégie prévoit a) la mise à la disposition des jeunes vulnérables, en collaboration avec le secteur privé, de mécanismes pour développer des compétences intersectorielles transversales recherchées par le marché du travail (formation de base, stages, alphabétisation, aptitudes nécessaires à la vie quotidienne, etc.), en s’appuyant sur le modèle élaboré dans le cadre du projet en cours sur le développement des compétences ; b) l’offre aux jeunes vulnérables d’un appui pour le travail indépendant par le biais de l’encadrement et de transferts monétaires (par filière) ; et c) la promotion de l’esprit d’entreprise chez les jeunes (et donc la création d’emplois) dans les secteurs et filières à forte valeur ajoutée.

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Le Groupe de la Banque mondiale accompagnera l’État dans les efforts qu’il déploie pour promouvoir des perspectives d’emploi inclusif pour les jeunes vulnérables suivant une démarche intégrée. Pour renforcer les coalitions public-privé qui sont au cœur de l’emploi des jeunes en Mauritanie, le Groupe de la Banque mondiale travaillera avec d’autres partenaires, le secteur privé et l’État. Ces interventions seront mises en œuvre en synergie avec l’appui en cours et prévu dans les domaines de l’enseignement primaire, des filets de sécurité sociale (utilisés pour atteindre les personnes vulnérables, promouvoir la demande de services de formation, et aider les jeunes à mettre en place des activités productives), de l’élevage (PRAPS) et du développement du secteur privé.

Indicateurs des objectifs du CPP Indicateurs de progrès supplémentaires Programme du GBM

Indicateur 1 : Jeunes entrepreneurs qui lancent avec succès des activités ou sont employés, nombre Niveau de référence : 0 (2017) Cible : 5 600 (2022)* Indicateur 2 : Augmentation des revenus des jeunes et des femmes ayant bénéficié du programme, pourcentage Niveau de référence : 0 (2017) Cible : 30 (2022) * 5 600, cela fait 40 % de femmes

Indicateur 1. Jeunes et femmes ayant bénéficié de programmes de formation conservant leur emploi après deux ans, pourcentage Niveau de référence : 0 (2017) Cible : 65 (2022) Indicateur 2 : Jeunes et femmes recevant une formation professionnelle et/ou un renforcement de capacités pour des activités génératrices de revenus, nombre Niveau de référence : 1 063 (2017) Cible : 1 500 (2022)** ** Il s’agit là de la cible du projet P132998 à la fin

de l’exercice18, qui sera révisée au stade du PLR.

Opérations en cours : opérations de la BM Projet sur l’autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel (SWEDD, P150080) ASA de la BM Enquête sur les indicateurs de la prestation de services (P164343) AT sur la protection sociale (P133623) Pauvreté et emplois - NLTA (P152592) Prévu : opérations de la BM Employabilité des jeunes (P162916)

Objectif 2.4 du CPP : Améliorer l’accès aux soins de santé primaires, en particulier pour les femmes et les enfants

Logique d’intervention Malgré quelques progrès réalisés dans le secteur de la santé, les résultats obtenus par la Mauritanie dans en matière de santé maternelle et reproductive et de nutrition restent insuffisants. L’État se penche sur le problème du caractère abordable des soins de santé axés sur la santé reproductive et maternelle, comme indiqué dans les plans nationaux du pays pour la période 2016-2020. Toutefois, la couverture des interventions à fort impact en particulier pour les enfants est inégale et montre un biais urbain prononcé dans la disponibilité des intrants et l’utilisation des soins. Le taux de fécondité de 5,1 enfants par mère en Mauritanie exerce une pression sur l’ensemble des services sociaux. Ce problème, conjugué au constat selon lequel un enfant sur quatre montre des signes de malnutrition, signifie que le potentiel de gain de vie est rogné.

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Les opérations du Groupe de la Banque mondiale augmentent l’enveloppe globale de ressources à l’appui de la santé destinées aux pauvres, aux zones rurales et aux activités non hospitalières. Elles assurent des investissements dans la santé reproductive et visent à améliorer la qualité des services et l’utilisation des soins de santé primaires axés sur la santé maternelle et infantile, établissant ainsi une base plus solide pour le développement global dans les premières années et pour l’acquisition ultérieure de capital humain tout au long du cycle de vie. Plus précisément, elles visent à renforcer l’autonomisation des femmes et des adolescentes et à accroître leur accès à des services de médecine de la procréation et de la santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent (RMCAH) à travers la promotion des changements sociétaux/de comportement (du côté de la demande) et le renforcement des capacités des régions à fournir des produits et compétences liés à la RMCAH (du côté de l’offre). En outre, elles soutiennent la phase pilote de la Stratégie de financement basée sur les résultats adoptée en 2016 et fournissent des incitations pour les activités menées sur côté de l’offre et la demande. Enfin, l’opération régionale REDISSE3 soutiendra la préparation aux épidémies et de lutte contre ces dernières en ayant recours à une approche intégrée de la santé dite « One Health » prenant en compte les facteurs animaliers, humains et environnementaux.

Indicateurs des objectifs du CPP Indicateurs de progrès supplémentaires Programme du GBM

Indicateur 1 : Femmes effectuant quatre consultations prénatales dans un établissement de santé pendant leur grossesse, nombre Niveau de référence : 4 000 (2016) Cible : 41 000 (2022) Indicateur 2 : Enfants de 12 à 23 mois complètement vaccinés, nombre Niveau de référence : 9 000 (2016) Cible : 63 000 (2022)

Indicateur 1 : Enfants de moins de cinq ans traités contre la malnutrition sévère et aiguë*, nombre Niveau de référence : 300 (2016) Cible : 1 800 (2022) * Un projet pilote dans deux régions (wilayas) : le

Hodh El Gharbi et le Guidimagha

Opérations en cours de Banque mondiale : Projet d’appui au système de santé - INAYA (P156165) Projet sur l’autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel (SWEDD, P150080) ASA de la BM en cours : Enquête sur les indicateurs de la prestation de services (P164343) AT sur la protection sociale (P133623) Opérations prévues de la Banque mondiale :

Axe d’intervention no 3 : Renforcer la gouvernance économique et la croissance tirée par le secteur privé

Les réseaux sociaux informels et les normes culturelles qui envahissent l’espace économique, social et politique de la Mauritanie tendent à saper la légitimité et la responsabilité des institutions étatiques. Le CPF proposé continuera de soutenir les efforts visant à mettre en place des institutions étatiques formelles et responsables, capables de soutenir une administration publique axée sur la performance, d’optimiser la gestion des ressources publiques au profit du développement, de créer des conditions de concurrence égales pour tous les acteurs du secteur privé, de renforcer la confiance dans l’administration et la cohésion sociale. Le troisième axe d’intervention vise les trois objectifs suivants : 1) renforcer la gestion budgétaire ; et 2) améliorer la participation du secteur privé aux activités économiques.

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Objectif 3.1 du CPP : Renforcer la gestion budgétaire

Logique d’intervention À la base, la capacité des institutions étatiques à répondre efficacement aux besoins de développement du pays exige une gestion budgétaire efficace, de la mobilisation des recettes en amont à la gestion des finances publiques en aval, grâce aux mesures suivantes : a) des réformes fiscales en amont, qui ont permis d’accroître les recettes fiscales, bien qu’il reste du pain sur la planche pour remédier au problème de la faiblesse des capacités en matière d’audit administratif et budgétaire et en ce qui concerne la capacité globale des autorités à mobiliser des recettes ; b) des processus de planification et de budgétisation à moyen terme visant à renforcer l’allocation efficace des ressources publiques, tout en renforçant les capacités de production de statistiques nationales et d’analyses et de prévisions macroéconomiques ; et c) des réformes en aval de la gestion des ressources publiques pour remédier aux insuffisances dans l’exécution du budget, la gestion de la dette et des liquidités et l’information financière ; aux capacités limitées en matière de passation de marchés publics, aux normes de vérification et de comptabilité obsolètes, et à un contrôle insuffisant du secteur parapublic. Le Groupe de la Banque mondiale soutiendra les efforts déployés par l’État pour améliorer la transparence et l’efficacité dans la mobilisation, l’allocation et la gestion des ressources publiques à travers quatre canaux : a) élargir l’assiette fiscale et optimiser la mobilisation des recettes dans le secteur minier ; b) renforcer l’alignement entre les politiques fondées sur des données factuelles, la planification à moyen terme de l’allocation des ressources et les processus budgétaires annuels ; c) rendre encore plus efficace la gestion des ressources publiques en renforçant la gestion budgétaire des entreprises publiques et des organismes autonomes, en consolidant les systèmes informatiques de la gestion des finances publiques et en améliorant le système de passation de marchés publics ; et d) faciliter un meilleur accès du public à l’information budgétaire afin d’assurer une gestion plus transparente des ressources publiques.

Indicateurs des objectifs du CPP Indicateurs de progrès supplémentaires Programme du GBM

Indicateur 1 : Réalisation des contrôles fiscaux dans le secteur minier conformément à un plan d’action annuel fondé sur les risques, pourcentage Niveau de référence : 0 (2017) Cible : 80 (2023) Indicateur 2 : Réduction des dépenses totales et des recettes fiscales par rapport au budget initialement approuvé, pourcentage Niveau de référence : au-dessus de 5 (2017) Cible : Moins de 5 (2023)

Indicateur 1 : Part du secteur privé dans les appels d’offres publics, pourcentage Niveau de référence : À déterminer (2017) Cible : +30 (2022) Indicateur 2 : Affaires jugées devant le tribunal de commerce, nombre Niveau de référence : 0 (2017) Cible : 50 (2022)

En cours : opérations de la BM Deuxième opération d’appui aux politiques de développement en faveur de l’assainissement des finances publiques et du secteur privé - DPO (P163057) Projet de gouvernance du secteur public (P146804) Transparence du budget de l’éducation (P162168) Prévu : opérations de la BM Financement additionnel pour le Projet de gouvernance du secteur public Seconde Série DPO

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Objectif 3.2 du CPF : Améliorer la participation du secteur privé aux activités économiques

Logique d’intervention La Mauritanie est confrontée à des défis majeurs tels que l’accès limité au financement, la corruption, l’insuffisance des services aux entreprises (par exemple les comptables, les cabinets juridiques) et une administration publique inefficace qui pèse sur le climat d’investissement et l’activité du secteur privé. Les entreprises nouvelles et indépendantes se heurtent à des difficultés lorsqu’elles entrent en concurrence avec des conglomérats plus importants et lucratifs qui disposent souvent de leurs propres banques (c’est-à-dire des groupes monopolistiques et des obstacles à l’accès au crédit) ou avec des entreprises publiques. Ces difficultés découragent les efforts entrepris par les fournisseurs locaux et les investisseurs internationaux, et pénalisent les pauvres et les personnes vulnérables en contribuant à faire augmenter les prix des produits de base et en limitant les emplois et les moyens de subsistance. Comme indiqué dans le SCD, il est indispensable de relever ces défis pour tirer parti de l’avantage comparatif dont le pays dispose dans les secteurs des activités extractives, de la pêche, de l’agriculture et de l’élevage, et pour accélérer le passage à une diversification, une compétitivité et une croissance impulsées par le secteur privé. L’État a entrepris activement de mener des réformes globales du climat d’investissement et d’actualiser les politiques réglementaires, levant ainsi les obstacles à l’investissement privé dans le pays. Les opérations et activités de conseil du Groupe de la Banque mondiale viseront à promouvoir une meilleure diversification impulsée par le secteur privé en travaillant sur les règlementations régissant les PPP, des réformes axées sur le climat d’investissement, telles que le renforcement de la justice commerciale et du régime de droits de propriété, l’allégement des procédures commerciales transfrontalières, et la promotion d’une croissance durable du secteur privé et le développement de l’entrepreneuriat dans des branches d’activité cruciales comme l’exploitation gazière, la pêche et l’agriculture.

Indicateurs des objectifs du CPP Indicateurs de progrès supplémentaires Programme du GBM

Indicateur 1 : Nouveaux domaines dans lesquels des réformes préconisées par Doing Business ont été mises en œuvre, nombre Niveau de référence : 0 (2017) Cible : 3 (2020)* Indicateur 2 : Investissement du secteur privé (formation brute de capital fixe), pourcentage du PIB Niveau de référence : 47 (2017) Cible : 60 (2023) ___________________

Indicateur 1 : Contrats de PPP signés, nombre Niveau de référence : 0 (2017) Cible : 6 (2023) Indicateur 2 : Facilité de faire des affaires pour les pays africains, classement Niveau de référence : 33 (2017) Cible : 18 (2023) Indicateur 3 : Entités faisant état d’une amélioration de leurs performances (productivité, efficacité, reddition de comptes, conditions de prêt, évaluations), nombre Niveau de référence : 4 (2017)

Opérations en cours de Banque mondiale Projet d’éco-pôle halieutique de Nouadhibou (P151058) Deuxième opération d’appui aux politiques de développement en faveur de l’assainissement des finances publiques et du secteur privé - DPO (P163057) ASA de la BM Phase 2 du Mécanisme de conseil à l’appui de la formation de partenariats public-privé dans le secteur des infrastructures (PPIAF) (TF0A2677)

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Note : Indicateur « emplois créés par les MPME » – non mesuré dans le cadre du programme du Groupe de la Banque mondiale * Les domaines de réforme englobent l’exécution des contrats, la résolution de l’insolvabilité et le commerce transfrontalier.

Cible : 30 (2020) Appui à l’entrepreneuriat des jeunes et à la prise en compte du changement climatique (P162125, TF0A3795) Évaluation de la politique de concurrence en Mauritanie (P161218) Opération d’IFC TIVISKI SARL (33704) Services-conseil D’IFC Nouadhibou verte (600598) Amélioration du climat d’investissement en Mauritanie (601022) Opérations prévues de la Banque mondiale Projet sur l’emploi des jeunes en Mauritanie Financement additionnel pour le Projet d’éco-pôle halieutique de Nouadhibou (P163645) Projet de négociations et capacités institutionnelles pour le projet gazier (P163563) Nouvelle série de DPO

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ANNEXE 2 : EXAMEN DE FIN D’EXÉCUTION ET DES ENSEIGNEMENTS (CLR)

EXAMEN DE FIN D’EXÉCUTION ET DES ENSEIGNEMENTS DE LA STRATÉGIE DE PARTENARIAT-PAYS (CPS) POUR LA PÉRIODE COUVRANT LES EXERCICES 14-16

I. INTRODUCTION

1. Le présent Examen de fin d’exécution et des enseignements (CLR) est une auto-évaluation, réalisée par l’équipe de pays en Mauritanie, des résultats obtenus au titre de la Stratégie de partenariat-pays (CPS) pour la Mauritanie du Groupe de la Banque mondiale pour les exercices 14-16 (rapport no 75030-MR)21. Il a pour but d’évaluer dans quelle mesure la CPS a pu atteindre ses objectifs déclarés, si la CPS a été judicieusement conçue et mise en œuvre et si elle était bien conforme aux objectifs institutionnels du Groupe de la Banque mondiale consistant à réduire l’extrême pauvreté et à promouvoir une prospérité partagée. Ce n’est pas une évaluation des progrès accomplis par la Mauritanie vers la réalisation de ses objectifs de développement, mais plutôt des accomplissements du programme qui sont directement liés aux activités soutenues par le Groupe et ses activités en Mauritanie au cours de la période couverte par la CPS. Le CLR offre des enseignements dont il sera tenu compte dans le prochain CPF22. 2. La performance générale du programme de la CPS a été jugée modérément satisfaisante. Dix réalisations sur 14 ont été jugées accomplies ou accomplies pour l’essentiel. Les résultats au titre de l’axe d’intervention no 1 (Croissance et diversification) ont été jugés modérément insatisfaisants, malgré des réalisations obtenues dans les domaines de l’environnement des affaires, des services financiers pour les petites entreprises et de l’accès à l’internet. Les résultats au titre de l’axe d’intervention no 2 (Gouvernance économique et prestation de services) ont été jugés modérément satisfaisants, des progrès ayant été enregistrés en ce qui concerne l’accès à la formation technique et professionnelle, le ciblage des programmes de filets de sécurité sociale et l’amélioration de la gestion financière, notamment au niveau local. 3. En ce qui concerne la performance du Groupe de la Banque mondiale, la conception de la CPS a été jugée moyenne et l’exécution du programme bonne. Il est fait état d’une solide collaboration entre les institutions du Groupe en appui à l’environnement des affaires, et de ce que les services d’analyse et de conseil (ASA) fournis ont été pertinents et éclairés. Bien que les opérations et les travaux d’analyse aient eu un important impact sur le terrain et contribué à la réalisation des résultats visés par la CPS, le cadre de résultats manquait souvent d’indicateurs suffisamment mesurables. Aucun Examen de fin d’exécution et des enseignements (PLR) n’a été effectué pendant la période couverte par la CPS, ce qui a été une occasion manquée de réévaluer la situation du pays et de réviser le cadre de résultats de la CPS.

21 La CPS pour les exercices 14-16 a été examinée par le Conseil des Administrateurs le 5 septembre 2013.

22 L’équipe constate qu’il y a eu un intervalle entre la fin officielle de la période de la CPS (30 juin 2016) et les activités qui se sont poursuivies pendant l’exercice 17 alors qu’était préparé le Diagnostic-pays systématique (rapport no 116630-MR). Elle note que selon les directives du CLR, en matière de performance, seuls sont notés les accomplissements réalisés pendant la période de la CPS – dans ce cas les exercices 14-16 – et pas celles obtenues après le 30 juin 2016. Chaque fois que possible, le CLR fournit des informations sur les progrès accomplis après la fin de la période (30 juin 2016).

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4. Plus précisément, les notes issues du CLR reflètent les objectifs stratégiques et les indicateurs de résultats du cadre de résultats de la CPS – dont certains sont exagérément larges et tributaires de la situation dans le pays et des actions gouvernementales, sur lesquelles la Banque a peu ou pas de contrôle. Cela étant, ils ne rendent pas pleinement compte du fort impact que l’engagement du Groupe de la Banque a eu en Mauritanie ces quatre dernières années, ni ne montrent à quel point la Banque est considérée comme un partenaire fiable par le Gouvernement, un acteur précieux au sein de la communauté des partenaires de développement et un fournisseur de produits du savoir de grande qualité. Le programme du Groupe de la Banque était particulièrement efficace dans les domaines des filets de sécurité sociale, de la pêche et du changement climatique. CONTEXTE DU PAYS 5. La Mauritanie a subi de graves chocs extérieurs, notamment les fluctuations des prix des produits de base et les effets du changement climatique. Le pays a connu des difficultés macroéconomiques à la fin du supercycle des produits de base, lorsque le taux de croissance du PIB est tombé de 6 % à 2 % entre 2013 et 2016, période qui s’est accompagnée d’une baisse de 13 % de la production de minerai de fer et de 11 % de la production de pétrole. La détérioration des termes de l’échange a aussi eu une incidence sur le secteur non exportateur national, en particulier les secteurs du bâtiment, du commerce et des services, qui ont longtemps bénéficié de la croissance des industries extractives et de l’investissement public. En revanche, le secteur de la pêche a continué d’enregistrer de bons résultats, la production ayant augmenté de 28,3 % en 2015. En 2016, la croissance était tirée par une modeste relance de la production de minerai de fer allant de pair avec de solides résultats dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et du bâtiment. 6. La réduction de la pauvreté s’est accélérée en Mauritanie pendant le boom des produits de base, faisant du pays l’un des plus performants dans la région. Jusqu’au début des années 2000, le taux de réduction de la pauvreté en Mauritanie était faible, en moyenne d’un peu moins de 1 % par an. Il est passé à 1,5 % par an pendant le supercycle des produits de base. Entre 2008 et 2014, le taux de pauvreté est tombé de 44,5 % à 33 % (sur la base du seuil de pauvreté national de 177 200 ouguiyas23). Au cours de la même période, le taux de pauvreté extrême a baissé de moitié, passant de 10,8 % à 5,6 %, sur la base du seuil international de pauvreté extrême absolue de 1,90 dollar (parité du pouvoir d’achat). Le récent ralentissement de l’activité économique a montré combien les résultats en matière de réduction de la pauvreté étaient tributaires des effets de la croissance et des prix.

23 Unité monétaire de la Mauritanie. Un dollar des États-Unis vaut 355 ouguiyas (taux de change au 30 novembre 2017).

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II. PERFORMANCE DU PROGRAMME DE LA CPS

7. Les progrès d’ensemble faits pour accomplir les réalisations de la CPS en matière de développement ont été jugés modérément satisfaisants (MS). La CPS se fonde sur deux axes d’intervention, qui comprennent 14 réalisations et 21 indicateurs. Le CLR a conclu que 10 des 14 résultats ont été atteints ou en majorité atteints, ce qui a donné comme note « modérément insatisfaisant » pour l’axe d’intervention no 1 et « modérément satisfaisant » pour l’axe d’intervention no 2. Le tableau ci-dessous fait un récapitulatif de la notation issue de l’examen tandis que la matrice des résultats figurant à l’annexe 1 donne des informations plus détaillées sur l’évaluation de chaque résultat24.

Récapitulatif de la notation issue du CLR

Axes d’intervention et réalisations du programme de la CPS des exercices 14-16 Note de l’axe

d’intervention/la réalisation

Axe d’intervention no 1 de la CPS : Croissance et diversification MU

Réalisation 1 a) : amélioration des services financiers aux MPME A

Réalisation 1 b) : amélioration du climat réglementaire A

Réalisation 2 : amélioration des routes interurbaines ciblées MA

Réalisation 3 a) : augmentation de l’approvisionnement en électricité des ménages et des entreprises

NA

Réalisation 3 b) : Augmentation de l’électricité exportée au Sénégal et au Mali NA

Réalisation 4 : augmentation de l’accès aux services internet A

Réalisation 5 : Amélioration de la gestion des ressources halieutiques MA

Réalisation 6 : Amélioration du rendement des cultures PA

Réalisation 7 : intégration de la résilience face aux changements climatiques dans le programme de développement général de la Mauritanie

MA

Axe d’intervention no 2 : Gouvernance économique et prestation de services MS

Réalisation 8 a) : Amélioration de la qualité de l’éducation de base PA

Réalisation 8 b) : amélioration de l’accès à la formation technique et professionnelle ventilée par sexe

A

Réalisation 9 : meilleur ciblage des programmes de filets de sécurité sociale MA

Réalisation 10 : gestion efficace des ressources financières publiques MA

Réalisation 11 : amélioration de la gestion financière au niveau de l’administration décentralisée/locale

MA

Notation des réalisations : Non accomplie (NA), Partiellement accomplie (PA), En majorité accomplie (MA), Accomplie (A)

Notation des axes d’intervention : Très insatisfaisant (HU), Insatisfaisant (U), Modérément insatisfaisant (MU), Modérément satisfaisant (MS), Satisfaisant (S), Très satisfaisant (HS)

24 L’évaluation repose sur un examen de documents de la Banque, notamment des documents d’évaluation de projet (PAD), des rapports de fin d’exécution (ICR), des examens d’ICR par l’IEG (ICRR), des rapports de fin d’exécution et de résultats (ISR), des aide-mémoires et des notes établies pendant la période d’examen ; le Diagnostic-pays systématique ; et des contributions du personnel de la Banque mondiale, d’IFC et de MIGA en service en Mauritanie. La méthode de notation suivie est conforme à la directive commune publiée en décembre 2014 par les Services d’appui aux politiques opérationnelles et aux pays (OPCS) et le Groupe indépendant d’évaluation (IEG). Le CLR évalue les indicateurs et les réalisations au moyen du cadre de résultats de la CPS.

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Axe d’intervention no 1 : Croissance et diversification 8. La performance du programme de la CPS au titre de l’axe d’intervention no 1 (Croissance et diversification) est jugée modérément insatisfaisante. Au titre de cet axe d’intervention, le Groupe de la Banque mondiale entendait aider le Gouvernement dans les domaines de la compétitivité, de l’environnement des affaires, des infrastructures, de l’agriculture, du changement climatique et de la pêche. Sept des neuf réalisations ont été jugées accomplies, en majorité accomplies ou partiellement accomplies, et ce, sur la base du cadre de résultats de la CPS, qui ne tient pas compte des mises à jour des indicateurs liés aux opérations qui ont été approuvées depuis l’élaboration de la stratégie. Au titre de l’axe d’intervention no 1, trois nouveaux projets ont été approuvés pendant les exercices 14-16, pour des engagements nets de l’IDA d’un montant total de 7,75 millions de dollars complétés par 7,66 millions de dollars d’engagements au titre des fonds fiduciaires exécutés par les bénéficiaires, dont le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et le Fonds japonais pour le développement social (JSDF). Secteur financier et environnement des affaires 9. Des progrès ont été réalisés en appui au secteur financier et l’objectif de l’amélioration de l’information sur le crédit a été dépassé ; aussi, l’indicateur a-t-il été jugé accompli. L’indicateur au titre de la réalisation 1(a) visait à améliorer les services financiers pour les micro-, petites et moyennes entreprises (MPME). L’appui fourni au titre du Projet d’amélioration du climat de l’activité économique (PACAE, P102031) a permis de mettre en place un bureau du crédit et d’institutionnaliser des mises à jour automatiques hebdomadaires du système d’information sur le crédit. L’indicateur est jugé accompli, 100 % des crédits ayant été inscrits au registre des crédits en 2015, dépassant ainsi la cible de 60 % selon les rapports de 2016. IFC a appuyé l’accomplissement de la réalisation au moyen d’un mécanisme de financement syndiqué structuré des échanges de 400 millions de dollars sur deux ans (et d’un investissement direct d’IFC de 127,5 millions de dollars), ce qui a permis d’assurer des importations essentielles de produits énergétiques en Mauritanie et de prévenir ainsi les hausses de prix dues à des interruptions de l’approvisionnement. Cela a aussi permis aux opérateurs du secteur privé de poursuive leurs activités dans les domaines du transport, de la distribution et de la vente au détail de produits énergétiques. Si l’accès au financement reste limité, le mécanisme de financement en monnaie locale au titre du Guichet de promotion du secteur privé d’IDA-18 peut permettre à IFC de s’engager davantage aux côtés des institutions financières en Mauritanie. 10. Grâce à l’amélioration soutenue de l’environnement des affaires pendant la période de la CPS, la réalisation 1 (b) est jugée accomplie. Il s’agissait d’améliorer le climat réglementaire : le temps nécessaire pour créer une entreprise en Mauritanie a été réduit, passant de 19 jours en 2012 à l’objectif visé de huit jours en 2016. La Mauritanie figurait parmi les 10 premiers pays réformateurs au monde dans le rapport Doing Business (DB) 2016. Elle demeure parmi les économies à avoir entrepris le plus de réformes (quatre réformes selon DB 2017 et cinq selon DB 2018) et figure parmi seulement 12 pays au monde à avoir mené à terme cinq réformes ou plus durant l’année écoulée. Grâce à la création d’un guichet unique et à l’élimination du capital minimum requis, il est devenu plus facile de créer une entreprise. En outre, la Banque a appuyé

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la révision du code du commerce et collaboré avec IFC à la mise en œuvre de réformes ayant trait à l’environnement des affaires. IFC s’est attachée à accompagner l’expansion et la diversification d’une entreprise laitière locale, ce qui a permis de mettre en place une industrie laitière locale en Mauritanie et de montrer que le pays pouvait attirer des investissements en faveur des produits locaux de substitution aux importations onéreuses. IFC travaille également sur une feuille de route pour la viabilité de la zone franche de Nouadhibou, y compris le contrôle par l’Autorité de la zone franche du respect de la règlementation environnementale par les opérateurs privés. La Mauritanie a certes avancé de 26 places dans le classement au cours des trois dernières années, mais elle demeure un environnement difficile pour les affaires et occupe le 150e rang sur 190 économies dans le rapport Doing Business de 2018. Infrastructures 11. La réalisation 2 (Amélioration des routes interurbaines ciblées) a été en majorité accomplie. Le Projet de corridor routier (P112131), cofinancé par la Banque mondiale (20 millions de dollars) et l’Union européenne (57,6 millions de dollars), visait à réduire la durée du voyage entre Nouakchott et Rosso (la ville de passage de la frontière avec le Sénégal) de 2,5 heures en 2012 à 2 heures en 2016. Malgré les retards accusés dans les travaux financés par l’Union européenne sur le tronçon Nouakchott-Bombri long de 142 km, les travaux sur le tronçon Bombri-Rosso long de 47 km [financés par la Banque mondiale au moyen du Fonds catalyseur de croissance pour l’Afrique (ACGF)] sont achevés. La durée des trajets a été réduite de 60 à 30 minutes et la route a été élargie et équipée de dispositifs de sécurité afin d’améliorer l’accès à Rosso. Le volume de trafic et la vitesse se sont considérablement améliorés sur le tronçon remis en état par la Banque, renforçant ainsi l’efficacité de cet important corridor de transit régional. Selon le rapport de fin d’exécution (ICR), outre les usagers de la route, les représentants des 128 000 personnes vivant dans la zone d’impact du projet ont confirmé qu’elles se déplaçaient plus facilement et qu’elles étaient satisfaites des possibilités accrues qui leur sont ainsi offertes de vendre leurs produits et de gagner des revenus. L’ICR offre des enseignements, notamment sur les modalités de cofinancement25. Malgré les retards accusés dans les travaux financés par l’Union européenne, le projet et le tronçon financé par la Banque mondiale ont produit des avantages économiques et sociaux visibles. Vu l’impact positif de la performance de la Banque – en dépit des retards associés aux modalités de cofinancement – il a été jugé dans l’ICR que les progrès vers le résultat ont été en majorité réalisés. 12. Malgré l’appui du Groupe de la Banque mondiale au secteur de l’électricité pendant la période de la CPS, les deux indicateurs de la réalisation 3 ont été jugés non accomplis. La réalisation 3 [(a) et (b)] est liée au Projet de centrale électrique à gaz de Banda (BGTPP, P107940), qui vise à accroître l’approvisionnement en électricité des ménages et des entreprises et à

25 LICR du Projet de corridor routier (rapport no ICR3481) contient les enseignements suivants : i) Il faut mieux orienter le choix

du moment d’élaboration du rapport de fin d’exécution des projets faisant l’objet d’un cofinancement ou de financement parallèle lorsque la Banque mondiale n’exerce aucun contrôle sur une grande partie du projet concerné ; ii) la conception de l’objectif de développement du projet devrait illustrer le mécanisme de cofinancement ; et iii) pour assurer le succès de la mise en œuvre, il faut une équipe chargée du projet pendant tout le cycle de projet.

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permettre l’intégration régionale grâce aux exportations d’électricité. Le projet et la garantie proposée de MIGA (585 millions de dollars) ont été approuvés en mai 2014, mais l’investisseur privé principal (67 % des parts) s’est retiré du projet en décembre 201426. Se fondant sur l’étude de la Banque, le Gouvernement a décidé d’exploiter le champ de gaz de Banda dans le cadre d’un partenariat public–privé (PPP) et a invité le Sénégal et le Mali à y participer. À l’automne 2015, l’IDA a fourni une avance pour la préparation du projet afin d’aider le Gouvernement à restructurer le projet et à lever des fonds. À la fin de la période de la CPS, la Banque a accordé du temps supplémentaire (jusqu’en mai 2018) pour restructurer le projet. En novembre 2017, les accords de financement n’étaient pas encore signés. 13. La cible consistant à augmenter l’accès aux services internet (réalisation 4) est jugée atteinte. Le Programme régional d’infrastructures de communication en Afrique de l’Ouest (WARCIP, P123093) a contribué à atteindre ce résultat ; il a permis de desservir 25,9 abonnés pour 100 personnes contre un objectif de 10 pour 100. Le point d’échange internet (IXP) était pleinement opérationnel en juin 2016, et toutes les lois relatives à la société de l’information ont été adoptées par le Parlement. Le PPP pour la propriété et la gestion du réseau de fibre optique a été partiellement établi avec la création et l’entrée en activité de la holding nationale, la Société de développement des infrastructures numériques (SDIN), et la négociation des principales dispositions du contrat de délégation entre la SDIN et l’opérateur privé sélectionné (International Mauritania Telecom). La construction d’un réseau de fibre optique afin de créer une dorsale régionale et nationale fiable – devant initialement être cofinancée avec la Banque européenne d’investissement (BEI) – va commencer après les retards accusés dans l’évaluation des offres et le retrait de la BEI en 2017. L’assistance technique (AT), fournie en complément et comme contribution au programme de prêt, comprenait une évaluation de l’état de préparation aux données ouvertes et un plan d’action, ainsi qu’une assistance en matière d’impôt sur les télécommunications et une assistance pour l’évaluation de la précédente stratégie nationale en matière de TIC. Ressources naturelles 14. Les activités du Groupe de la Banque mondiale ont contribué à améliorer considérablement la gestion des ressources halieutiques de la Mauritanie ; cette réalisation est jugée en majorité accomplie à l’issue de l’examen. Le premier indicateur est lié au Programme régional des pêches en Afrique de l’Ouest (PRAO, P126773), qui est entré en vigueur en juin 2015. La cible de l’indicateur consistant à immatriculer 90 % à 100 % des bateaux de pêche d’ici à 2016 est jugée non atteinte : en décembre 2015, le taux d’immatriculation était de 0 % ; il est passé à 66 % en novembre 2016 (au-delà de la période de la CPS). Toutefois, des progrès remarquables ont été accomplis : en 2016, 100 % des bateaux industriels étaient immatriculés et le PRAO prête concours pour l’immatriculation d’un plus grand nombre de bateaux artisanaux (l’objectif du projet était d’immatriculer 25 % de ces bateaux au plus tard en 2018). Le deuxième indicateur est jugé en majorité atteint, puisque la contribution directe de la pêche au PIB était estimée à

26 Le retrait de l’investisseur principal illustre le risque inhérent au fait de fonder un indicateur de résultats sur un facteur sur

lequel la Banque a peu ou pas de contrôle (dans ce cas, la décision d’un acteur extérieur de se retirer du projet).

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6 % en 2015 (contre une cible de 8 % en 2016). Le Gouvernement mauritanien a entrepris plusieurs réformes importantes, notamment la gestion des pêches fondées sur les quotas déterminés en partenariat avec l’Institut mauritanien de recherches océanographiques et de pêches (IMROP). Pendant l’exercice 17, le Groupe de la Banque mondiale a commencé à appuyer la gestion durable des pêches à travers le Projet d’éco-pôle halieutique de Nouadhibou (P151058). Productivité agricole 15. La réalisation 6 (Amélioration du rendement des cultures et efforts visant à réaliser le potentiel du secteur agricole) est jugée partiellement accomplie. Le premier indicateur (rendement prévu du riz irrigué) a enregistré 5 tonnes par hectare en 2016 (contre une cible de 6 tonnes par hectare en 2018) et a été jugé en majorité accompli, tandis que le deuxième (rendement du sorgho et du mil par hectare) a été jugé non accompli. En 2016, le rendement du mil et du sorgho n’était que de 0,8 tonne par hectare, ce qui est inférieur aussi bien au rendement de référence (1 tonne par hectare en 2013) et qu’à la cible (2,5 tonnes par hectare en 2016), du fait de la faiblesse des précipitations et de la productivité. Le Groupe de la Banque mondiale appuie la mise en valeur du potentiel d’irrigation de la Mauritanie à travers le Projet de gestion intégrée des ressources en eau du bassin du fleuve Sénégal (PGIRE2/OMVS, P153863), qui a été approuvé par le Conseil le 23 juin 2016 et est entré en vigueur en décembre 2016. Il s’agit d’appliquer des techniques améliorées de manutention, de stockage et de conservation des produits de la pêche de façon à réduire les pertes et augmenter la valeur ajoutée et les revenus. Dans le contexte des interventions centrées sur la parité des sexes, ces activités « après capture » sont souvent menées par les femmes. En outre, les femmes ont participé aux études d’analyse des moyens d’intervenir sur les marchés de poisson ainsi qu’aux formations initiales. 16. Étant donné la portée et l’impact des activités de la Banque et de ses travaux d’analyse, qui ont aidé la Mauritanie à intégrer le changement climatique et la gestion des risques de catastrophe dans son programme de développement, la réalisation 7 est jugée en majorité accomplie. La réalisation a été mesurée à l’aune du nombre de secteurs dans lesquels la résilience face aux changements climatiques est systématiquement prise en compte dans les stratégies nationales et de l’augmentation du budget-programme. Si l’indicateur cible concerné n’a pas été atteint, d’importants progrès ont été accomplis en vue d’accomplir la réalisation visée. En effet, le Groupe de la Banque mondiale a aidé la Mauritanie à intégrer la résilience face aux changements climatiques et la gestion des risques de catastrophe dans son programme de développement. Le rapport sur la croissance verte solidaire (IGG), établi en juin 201527, visait à rendre la croissance plus écologique, résiliente et équitable. Lors de la préparation de l’étude, le rôle directeur joué par le ministère de l’Économie, la création d’un groupe de travail multisectoriel dynamique et la tenue de consultations participatives ont été un facteur essentiel de succès. Le Groupe de la Banque mondiale a également aidé le Gouvernement à mettre à jour son Plan d’aménagement du littoral mauritanien (PDALM), et à régler les problèmes de mise en 27 Banque mondiale. 2015. Rating policy on green and inclusive growth in Mauritania. Washington : Groupe de la Banque

mondiale. https://hubs.worldbank.org/docs/ImageBank/Pages/DocProfile.aspx?nodeid=24699108.

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œuvre. Le Programme de gestion des zones côtières de l’Afrique de l’Ouest (WACA, P162337), qui est en cours d’élaboration et doit être présenté au Conseil en mars 2018, appuiera la mise en œuvre d’activités essentielles du PDALM28. Axe d’intervention no 2 : Gouvernance économique et prestation de services 17. La performance du programme de la CPS au titre de l’axe d’intervention no 2 (Gouvernance économique et prestation de services) est jugée modérément satisfaisante. Au titre de cet axe d’intervention, le Groupe de la Banque mondiale entendait améliorer la gouvernance économique et la prestation de services en prêtant appui à l’amélioration des services dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la protection sociale. Quatre des cinq réalisations ont été accomplies ou en majorité accomplies. Au titre de l’axe d’intervention no 2, quatre nouveaux projets ont été approuvés durant les exercices 14-16, avec des engagements de l’IDA d’un montant de 36,6 millions de dollars et des engagements au titre des fonds fiduciaires exécutés par les bénéficiaires d’un montant de 16,75 millions de dollars, notamment du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) et de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Enseignement et formation techniques et professionnels 18. L’appui de la Banque à la réalisation 8 (a) (Amélioration de la qualité de l’éducation de base) est jugé partiellement accompli. L’indicateur de la CPS ne pouvait pas être vérifié en 2016, car l’évaluation la plus récente des élèves remonte en 2014, année où les objectifs en mathématiques pour les élèves en cinquième année du primaire n’avaient pas été atteints et où les résultats en français étaient inférieurs aux données de référence. L’explication tient en partie à l’expansion du système : les enfants en cinquième année du primaire actuellement sont issus, en moyenne, de couches socio-économiques défavorisées, ce qui peut se traduire par des résultats moyens plus faibles en français, mais meilleurs en arabe. Le Projet d’appui au secteur de l’éducation de base (P126902), financé par un don de 12,4 millions de dollars du GPE, a fait des progrès dans la réalisation de la plupart de ses activités. Il a notamment permis d’assurer la formation et la certification d’enseignants (plus de 1 000 enseignants ont été certifiés bilingues par un centre indépendant) ; de renforcer les infrastructures scolaires dans les zones rurales défavorisées (construction de 12 nouveaux établissements du premier cycle du secondaire) ; et de promouvoir l’éducation des adolescentes (environ 19 000 kits pédagogiques distribués aux filles dans les établissements du premier cycle du secondaire des six Wilayas visées ; 252 prix décernés aux filles les plus performantes ; et campagnes de sensibilisation destinées à 290 enseignants et directeurs, aux inspecteurs et aux associations de parents). Il ressort du rapport de fin d’exécution et de résultats (ISR) que le taux de passage des filles du primaire au secondaire est passé de 41,3 % à 45 %. 19. L’accès à l’enseignement technique et à la formation professionnelle [réalisation 8 (b)] s’étant amélioré pendant la période, l’indicateur est jugé accompli. Le nombre annuel de

28 Bien qu’approuvés après la période de la CPS, le projet et l’appui à la mise en œuvre du PDALM devraient figurer dans le CPF.

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diplômés des établissements d’EFTP bénéficiant d’un appui est passé de 993 en 2012 à 1 400 en 2016, dépassant la cible visée de 1 300. Le Projet d’appui au développement des compétences en Mauritanie (P118974), financé par l’IDA (16 millions de dollars) et le Gouvernement mauritanien (1,6 million de dollars), a soutenu 11 établissements d’EFTP au moyen de contrats de performance. Le taux d’inscription a augmenté de 47 % (contre une cible de 45 %) et le nombre total de diplômés a atteint 7 962 (85 % de la cible). La proportion d’étudiantes bénéficiaires est passée de 15 % à 34 %, dépassant la cible de 27 %. Les stages professionnels et les programmes de formation de courte durée destinés aux jeunes déscolarisés (âgés de 14 à 25 ans) et portant sur une grande variété de professions ont bénéficié à 7 337 jeunes déscolarisés issus de milieux défavorisés aussi bien dans les zones urbaines que rurales. Un financement additionnel de 11,3 millions de dollars a été approuvé en octobre 2014 et une restructuration de niveau 2 approuvée en 2016 a prorogé la date de clôture du projet jusqu’à décembre 2017. Protection sociale 20. L’intervention de la Banque mondiale ayant permis d’améliorer considérablement le ciblage des Programmes de filets de sécurité sociale, la réalisation 9 est jugée en majorité accomplie. Au début de la période de la CPS, la Mauritanie ne disposait pas d’un système de protection sociale. La Banque a fourni, avec l’appui du fonds fiduciaire multidonateurs pour la protection sociale au Sahel, une large assistance technique hors prêt qui a jeté les bases d’une intense assistance technique et contribué à l’opération relative aux filets de sécurité sociale (29 millions de dollars, P150430) cofinancée par l’IDA, le fonds fiduciaire multidonateurs pour le Programme évolutif de protection sociale dans le Sahel et l’État (10 millions de dollars). L’opération est entrée en vigueur en septembre 2015, et l’engagement de la Banque a permis d’améliorer le ciblage des programmes de filets de sécurité sociale grâce à des investissements en faveur des diagnostics, de la formation, de la mise en place d’un programme national de transferts sociaux et d’un registre social national pour les ménages les plus démunis. En collaboration avec le Programme alimentaire mondial (PAM), la Banque a contribué au dialogue national sur la conception du programme gouvernemental d’intervention en cas de choc. L’appui à la mise en place du registre social national offre un instrument pour cibler les programmes de lutte contre la pauvreté, y compris les filets de sécurité sociale et la fourniture de services de santé, de bourses et de services subventionnés. Le Projet d’appui au système de filets sociaux prévoyait des transferts monétaires et un élément de promotion sociale visant à sensibiliser aux questions telles que l’éducation, le développement de la petite enfance et l’enregistrement des actes d’état civil (selon le rapport de fin d’exécution et de résultats (ISR), les femmes représentent 92 % des bénéficiaires de transferts monétaires). Le projet collabore avec le Laboratoire d’innovation pour l’égalité des sexes en Afrique (GIL), qui met au point une étude d’impact afin d’évaluer l’impact des transferts monétaires. Développement du secteur public 21. Les progrès vers la réalisation 10 (Gestion efficace des ressources financières publiques) sont jugés en majorité accomplis. Deux indicateurs sont accomplis : i) les délais de paiement ont été réduits et l’exécution du budget s’est améliorée grâce à la mise en place d’un processus de

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paiement plus efficace au Trésor ; et ii) le recours aux marchés passés sans mise en concurrence a été réduit. Un indicateur a certes été en majorité atteint (le nombre de ministères qui ont fait une mise à jour et utilisent un cadre des dépenses à moyen terme [CDMT]), mais le décalage entre les CDMT et le budget demeure un problème. Un autre indicateur est jugé non accompli : la collaboration interministérielle n’intervient toujours que de façon ponctuelle. Le Projet de gouvernance du secteur public (P146804), entré en vigueur en 2016, aide le Gouvernement à améliorer la mobilisation et l’optimisation des dépenses publiques. En 2016, le Service des sociétés d’État du ministère des Finances a publié le tout premier rapport complet sur le secteur parapublic et a mis au point une base de données globale sur ces sociétés. Quant au Service de l’inspection d’État, il s’emploie activement à contrôler les sociétés d’État. Avec l’appui du projet, le Gouvernement a procédé à d’importantes réformes en vue d’optimiser les dépenses publiques, de renforcer le contrôle sur le secteur parapublic et de veiller au respect du solide cadre de passation des marchés du pays. Le Groupe de la Banque mondiale a produit d’importants travaux d’analyse pendant la période de la CPS, notamment une étude sur les normes et codes comptables en 2013, une étude sur la gouvernance des sociétés d’État et des organismes publics et un examen des dépenses publiques et de la responsabilité financière en 2014 et un examen des dépenses publiques en 2016. Décentralisation 22. Les progrès en vue de l’amélioration de la gestion financière au niveau de l’administration décentralisée/locale (réalisation 11) sont jugés en majorité accomplis. Au titre du Programme national intégré d’appui à la décentralisation, au développement local et à l’emploi des jeunes (P127543), qui se fondait sur le Projet de renforcement des capacités du secteur public (PRECASP, P082888), un fonds a été créé en 2014 pour fournir des subventions aux collectivités territoriales, compte tenu de leur performance en matière de responsabilité et de planification et budgétisation participatives. L’un des indicateurs de la CPS (augmentation des transferts budgétaires aux collectivités territoriales) est jugé accompli et deux autres en majorité accomplis (amélioration du score des collectivités locales lors de l’évaluation annuelle de la performance et pourcentage des collectivités locales satisfaisant les conditions obligatoires minimales d’accès aux subventions à la performance). Pendant la période de la CPS, 100 municipalités ont reçu une formation et un appui pratique, étoffé leurs ressources humaines et amélioré leur gestion. Plusieurs réformes ont été adoptées, notamment en vue de consolider le rôle du Secrétaire général de la municipalité, d’allouer plus de transferts du gouvernement aux ressources humaines et à l’entretien des infrastructures et de décentraliser la passation des marchés. Plus récemment, deux commissions pilotes intercommunales de passation des marchés ont été établies et ont commencé à rapprocher le processus décisionnel des municipalités, amorçant ainsi des changements dans le système de passation des marchés, qui était précédemment extrêmement centralisé. Une opération pilote de recouvrement des recettes mise en œuvre dans une municipalité, qui a permis d’augmenter les revenus propres, sera transposée dans 10 autres. 23. L’axe d’intervention stratégique d’IFC en Mauritanie a consisté notamment à prêter son concours pour l’accès au financement et pour une réforme plus profonde du climat

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d’investissement. IFC a mis à contribution la présence du Groupe de la Banque mondiale sur le terrain pour soutenir ses opérations. Les services d’IFC et de la Banque ont collaboré dans le secteur du pétrole et du gaz (gaz de Banda) et échangé des informations. Parmi les principales difficultés rencontrées par IFC en Mauritanie, on peut citer la faiblesse des capacités, la difficulté de trouver des entités parrainantes solides sans incidences en matière de diligence raisonnable (liens politiques ou questions d’intégrité) et le peu de secteurs compétitifs sur les plans régional et mondial. Entre 2011 et 2016, le Service de conseil sur les transactions en matière de partenariat public-privé d’IFC a collaboré avec l’État mauritanien en vue de privatiser le port à containers de Nouakchott. Malgré plusieurs années d’efforts, l’État n’a pas souscrit à la recommandation tendant à garantir l’exclusivité au concessionnaire ; les deux parties ont donc mis fin au processus. L’expérience d’IFC atteste la nécessité d’étudier le processus de décision politique et d’investir en vue de renforcer davantage les capacités. 24. MIGA a poursuivi son appui au secteur des télécommunications au cours de la période de la CPS grâce à la garantie qu’elle octroie aux investisseurs du premier opérateur de téléphonie mobile du pays. Ce projet consistait en l’installation, l’exploitation et l’entretien du nouveau réseau GSM. La garantie de 55,8 millions de dollars est arrivée à échéance pendant l’exercice 17, mais le projet se poursuit. MIGA s’est également engagée dans le secteur des services, en émettant une garantie de 10 ans à hauteur de 2,3 millions d’euros (2,5 millions de dollars) pour un investissement dans un hôtel dans le quartier des affaires de Nouakchott. Au 15 août 2017, le montant engagé par MIGA au titre de la garantie en appui au projet hôtelier dans le pays s’élevait à 2,7 millions de dollars. En outre, le 29 juin 2017, le Conseil a approuvé une garantie à hauteur de 500 millions de dollars pour l’expansion et la modernisation d’une mine d’or en Mauritanie. La garantie devrait couvrir une période de 15 ans maximum et tous les risques politiques. 25. Genre. Le Projet sur l’autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel (SWEDD, 15 millions de dollars, P150080), avec une contribution de 2 millions de dollars du Gouvernement mauritanien, a été approuvé en décembre 2014 et est entré en vigueur en mai 2015. Ce projet régional vise à renforcer l’autonomisation des femmes et des adolescentes et leur accès à des services de santé procréative, infantile et maternelle de qualité et à améliorer le partage des connaissances ainsi que les capacités et la coordination au niveau régional. Il est fortement tributaire du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) en ce qui concerne l’appui à la mise en œuvre et la coordination régionale. La conception du projet a bénéficié des nouvelles données factuelles sur l’autonomisation des femmes et la collaboration des hommes comme alliés en la matière. Le projet a également bénéficié des consultations avec le Laboratoire d’innovation pour l’égalité des sexes en Afrique (GIL) pour l’Afrique et de données produites par ce laboratoire grâce à des évaluations d’impact des interventions en faveur des adolescentes29.

29 En Ouganda, le programme d’autonomisation et des moyens de subsistance des adolescentes mis en œuvre par le BRAC a

montré que le recours aux « espaces sûrs » pour filles peut avoir du succès, une formation étant dispensée dans des clubs sociaux réservés exclusivement aux filles. Il ressort d’une étude d’impact que les filles participant au programme étaient 72 % plus susceptibles d’entreprendre des activités génératrices de revenus, 26 % moins susceptibles d’avoir un enfant, 58 % moins susceptibles d’être mariées ou de cohabiter et 44 % moins susceptibles d’avoir des rapports sexuels contre leur gré

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III. PERFORMANCE DU GROUPE DE LA BANQUE MONDIALE

Conception du programme 26. La performance du Groupe de la Banque mondiale en matière de conception de la CPS est jugée moyenne. La conception du programme de la CPS est conforme aux priorités de développement de la Mauritanie exposées dans le DSRP-3 pour 2011-201530, et les réalisations et interventions prévues portaient sur des problèmes de développement essentiels en Mauritanie, à savoir i) la croissance partagée, ii) la compétitivité et iii) la gouvernance. 27. Le cadre de résultats de la CPS était conforme aux objectifs de développement du Gouvernement, mais des améliorations demeurent nécessaires. La CPS s’articulait en 14 réalisations et 21 indicateurs au titre de deux grands axes d’intervention. L’axe 1 comptait 9 réalisations et 11 indicateurs tandis que l’axe 2 comptait 5 réalisations et 10 indicateurs. Du fait du nombre réduit de résultats, le cadre de résultats est sans doute plus resserré, avec des indicateurs plus mesurables et pertinents. Si le cadre de résultats comportait des indicateurs assortis de données de référence et d’objectifs ainsi que de grandes étapes, certains indicateurs de résultats étaient difficiles à mesurer, en particulier lorsqu’ils sont rapportés à des projets toujours en préparation pendant la période de la CPS. Dans certains cas, les cibles n’étaient pas réalistes, étant donné la courte durée de la CPS. La Stratégie visait certes à faire de la problématique hommes-femmes une priorité transversale, mais on aurait pu accorder plus d’attention aux indicateurs relatifs à l’égalité des sexes et aux résultats ventilés par sexe dans le cadre de résultats. Sur les conseils du GIL, le cadre de résultats du prochain CPF fera une plus large place à la problématique hommes-femmes. 28. Autre importante lacune, la Banque n’a pas effectué d’Examen des résultats et des enseignements (PLR), en partie du fait de la courte durée de la période de la CPS, mais a plutôt procédé au diagnostic-pays systématique (SCD) sur lequel devait reposer le CPF. Il était ainsi difficile de tenir compte de l’évolution de la situation dans le pays et des progrès réalisés dans la mise en œuvre à mi-parcours de la période, et de réaménager en conséquence le cadre de résultats et les indicateurs de réalisations sous-jacents. Il convient d’en tirer un enseignement pour le CPF, à savoir qu’il importe de procéder à un PLR.

au cours des 12 mois écoulés (Bandiera et coll., 2014). Compte tenu de ces données factuelles, le projet SWEDD aura recours à des espaces sûrs pour filles. En outre, le projet tire parti du fait que la mise à contribution des hommes comme alliés en matière d’autonomisation des femmes offre d’importants avantages, transposant ainsi à grande échelle la méthode des « Écoles des maris » mise en œuvre pour la première fois par le FNUAP au Niger. Il s’agit de former des hommes modèles pour diffuser les avantages de l’utilisation des services de santé maternelle. Les données provenant d’un district montrent que sur une période de trois ans pendant la mise en œuvre projet, le taux d’accouchement médicalisé est passé de 15 % à 74 % (FNUAP, 2011). Le projet transposera cette méthode en Mauritanie et dans d’autres pays participants et, en collaboration avec le GIL, procèdera à une évaluation d’impact du modèle des « Écoles des maris ».

30 Le DSRP-3 était l’un des trois plans d’action pour la mise en œuvre du DSRP 2001-2015 (Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, CSLP). Le DSRP-3 est arrivé à terme en 2015, et a été remplacé par la Stratégie de croissance accélérée et de prospérité partagée 2016-2030 (SCAPP) du Gouvernement.

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29. Risques et mesures d’atténuation. Trois principaux risques ont été relevés en matière de mise en œuvre : a) instabilité politique ; b) insuffisance des capacités de l’administration ; et c) vulnérabilité de l’économie face aux chocs extérieurs. Une double approche est proposée dans la CPS, à savoir allier a) des opérations en cours et de suivi à faible risque offrant un bon retour sur investissement à b) de nouvelles activités à haut risque offrant un retour sur investissement élevé. Entre 2013 et 2015, le taux de croissance du PIB de la Mauritanie est tombé de 6 % à 3 % du fait de la chute des cours mondiaux des produits de base. En novembre 2016, une série d’opérations à l’appui des politiques de développement en matière de réforme des finances publiques et de la participation du secteur privé, la première pour la Mauritanie, a été approuvée. Elle visait à aider la Mauritanie à s’adapter à la détérioration prolongée des termes de l’échange, à procéder à des réformes structurelles des finances publiques et à soutenir la participation du secteur privé dans les secteurs autres que les industries extractives. Les bases de ces opérations ont été jetées grâce à des services de conseils et analyses et à des concertations avec les autorités, qui ont permis au Groupe de la Banque d’asseoir son rôle de partenaire fiable du Gouvernement. Le Projet d’appui au système de filets sociaux a soutenu l’élaboration d’instruments pour protéger les pauvres contre les réformes des dépenses publiques en mettant en place un registre social national pour identifier efficacement les ménages les plus démunis et un programme national de transferts sociaux pour leur venir en aide régulièrement. Ces instruments peuvent servir à fournir une aide temporaire supplémentaire en période de ralentissement de l’activité économique ou de réformes structurelles. Mise en œuvre du programme 30. Dans l’ensemble, la performance de la Banque en matière de mise en œuvre du programme est jugée bonne. Le Groupe de la Banque a fait preuve d’une collaboration étroite en ce qui concerne l’environnement des affaires et le secteur de l’énergie, malgré les difficultés associées au développement du secteur privé dans le pays. Dans des secteurs comme les mines, l’élevage, la pêche et les TIC, une collaboration plus poussée peut être envisagée entre la Banque, IFC et MIGA, dans le contexte des « principes de cascade » et de l’accent mis sur la création de marchés. Une démarche d’unité d’action plus intégrée du Groupe de la Banque mondiale sera suivie au titre du CPF. 31. La CPS s’étendait sur deux cycles de l’IDA – IDA-16 et IDA-17. Les engagements de toutes les sources de financement entre les exercices 14-16 se sont élevés à 218,76 millions de dollars, dont 187,35 millions de dollars provenant de l’IDA et 31,41 millions d’autres sources (fonds fiduciaires exécutés par les bénéficiaires). Les financements de l’IDA ont dépassé l’enveloppe prévue de 105 millions de dollars pour la période couverte par la CPS, ce qui traduit le succès de la mobilisation des ressources régionales de l’IDA et l’appui des partenaires de développement. Les projets régionaux (au nombre de quatre) représentaient environ trois quarts du montant total des engagements de l’IDA au cours de la période (voir annexe 2). Les activités approuvées ont porté sur les secteurs suivants : agriculture (45 millions de dollars), développement social, urbain et rural et résilience (2,85 millions de dollars), eau (71 millions de dollars), protection sociale (19 millions de dollars), gouvernance (10,65 millions de dollars), éducation (23,7 millions

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de dollars), santé (15 millions de dollars), commerce et compétitivité (7,75 millions de dollars) et environnement et ressources naturelles (23,81 millions de dollars). 32. Outre sept nouveaux projets nationaux, le portefeuille comprenait quatre nouveaux projets régionaux pendant les exercices 14-16, à savoir : a) le Projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel (P147674) ; b) le Programme régional des pêches en Afrique de l’Ouest - APL (P126773), complété par un fonds fiduciaire (P131327) ; c) le Projet sur l’autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel (P150080) ; et d) le Projet de développement de la résilience au changement climatique dans le bassin du fleuve Sénégal (P131323). Le montant total des engagements s’élevait à 150 millions de dollars, soit presque le double du montant alloué aux projets nationaux (68,76 millions de dollars – voir annexe 2). Pendant la période couverte par la CPS, le Gouvernement mauritanien a pu, avec grand succès, mobiliser des fonds fiduciaires exécutés par les bénéficiaires à hauteur de 31,41 millions de dollars, et des ressources régionales de l’IDA à hauteur de 143 millions de dollars, pour compléter l’enveloppe limitée de l’IDA. En outre, une garantie de 130 millions de dollars a été approuvée pour le Projet de centrale électrique à gaz de Banda pendant la période (IDA G2270). 33. L’IEG a examiné cinq des six projets clos pendant les exercices 14-16. Il a jugé 40 % des réalisations de ces projets modérément satisfaisantes (MS), la performance générale de la Banque ayant par ailleurs reçu la note MS. Des examens annuels de la performance du portefeuille pays ont été effectués pendant la période de la CPS en vue de déterminer les obstacles à la performance du portefeuille, notamment l’insuffisance des capacités et les retards dans la passation des marchés. La proportion des projets ayant rencontré des problèmes ne dépassait pas 25 % pendant la période (voir annexe 5). À la fin de l’exercice 17, le taux de décaissement pour la Mauritanie atteignait 32,6 %, ce qui était bien supérieur au taux moyen de décaissement pour l’Afrique (21 %). 34. Dans le cadre de la CPS, des services d’analyse et de conseil (ASA) liés aux deux axes d’intervention ont été fournis, lesquels ont contribué aux opérations du Groupe de la Banque mondiale, notamment en ce qui concerne la protection sociale, la politique en matière de concurrence et les dépenses. L’Examen des dépenses publiques31 réalisé (EDP) en 2016 a jeté les bases d’une concertation et d’une collaboration importantes dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de la gestion des finances publiques. L’Étude diagnostique sur l’intégration du commerce (EDIC) en Mauritanie a permis d’analyser les difficultés rencontrées par les commerçantes et a conclu que le commerce augmentait les possibilités d’emploi des femmes au-delà des emplois traditionnellement jugés « convenables ». Vers la fin de la période de la CPS (printemps 2016), le Gouvernement mauritanien s’est dit intéressé par un nouveau partenariat avec le Groupe de la Banque mondiale pour développer le secteur de l’eau. Grâce à un don de 110 000 dollars du programme Eau et assainissement (WSP) et du Programme de partenariat pour l’eau, la Banque mondiale a procédé à un examen des dépenses publiques du secteur de l’eau (P163229), qui s’est achevé en octobre 2017. Les dépenses du secteur de l’eau sur plusieurs

31 Banque mondiale. 2016. Islamic Republic of Mauritania Public Expenditure Review: Surfing the Wave – Public Spending

during the Commodity Super-Cycle and Beyond. Banque mondiale, Washington, DC.

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années ont été analysées et des recommandations ont été formulées sur les moyens d’optimiser le ciblage et l’exécution, en particulier en ce qui concerne la gestion des ressources en eau, l’irrigation, l’élevage, l’industrie et l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement. Un fonds fiduciaire de 800 000 dollars du Programme évolutif de protection sociale a financé des diagnostics des filets de protection sociale et des mécanismes visant à faire face aux chocs climatiques en Mauritanie, ainsi que des mécanismes durables de lutte contre la pauvreté chronique et la vulnérabilité face aux chocs. Juste avant la fin de la période couverte par la CPS, le Groupe de la Banque mondiale a procédé à une évaluation de la pauvreté, qui a été un élément essentiel du Diagnostic-pays systématique pour la Mauritanie32. 35. Collaboration avec les bailleurs de fonds. La Mauritanie a collaboré étroitement avec les bailleurs de fonds multilatéraux et bénéficié de leur appui, notamment la Banque mondiale, l’Union européenne, la Banque africaine de développement et le système des Nations Unies. Elle a aussi bénéficié d’une collaboration étroite et d’une aide substantielle des bailleurs de fonds bilatéraux et de partenaires traditionnels, comme les fonds arabes et l’Agence française de développement (AFD), et de nouveaux partenaires, notamment la Chine et l’Inde. La collaboration entre les institutions multilatérales s’inscrivait dans un cadre officiel de coordination des bailleurs de fonds organisé par le ministère de l’Économie. Cette coordination concerne des thèmes spécifiques ou sectoriels, notamment la gestion des finances publiques, le développement du secteur privé et la santé. L’une des contributions essentielles du Groupe de la Banque mondiale a été le financement de la stratégie de développement du secteur privé qui, aux dires du directeur général de la Direction générale de la promotion du secteur privé, un service relevant du ministère du Développement et de l’Économie, a permis d’obtenir le concours de la Banque africaine de développement (un projet de croissance partagée de 24 millions de dollars en 2014) et du Programme des Nations Unies pour le développement (la stratégie a permis de réorienter les ressources). Le Groupe de la Banque mondiale a également travaillé en étroite collaboration avec la FAO, l’Union européenne et l’ambassade de France pour engager une concertation coordonnée avec le Gouvernement mauritanien concernant la réforme foncière. Par ailleurs, en étroite collaboration avec l’UNICEF et le PAM, le Groupe a mis au point les instruments des filets de protection sociale et a aidé le Gouvernement mauritanien à concevoir un mécanisme pour répondre aux chocs climatiques afin d’empêcher que les stratégies d’adaptation perdent leur effet chez les ménages les plus démunis et les plus vulnérables. Néanmoins, la coordination générale s’organise de manière ponctuelle et gagnerait à être plus formelle et renforcée. 36. Mesures de sauvegarde et questions fiduciaires. Les travaux routiers au titre du Projet de corridor routier en Mauritanie (P112131) ont déclenché les politiques opérationnelles et procédures de la Banque OP/BP 4.01 (Évaluation environnementale) et OP/BP 4.12 (Réinstallation involontaire). En 2013, un consultant a été recruté pour aider le Gouvernement mauritanien à gérer le Plan de gestion environnementale et sociale (PGES) et le Plan de réinstallation abrégé en travaillant avec l’entrepreneur pour évaluer l’impact des travaux routiers sur l’environnement. La gestion de ces effets a été jugée satisfaisante durant l’essentiel de la

32 Banque mondiale 2016. République islamique de Mauritanie : Poverty Dynamics and Social Mobility 2008-2014,

Washington : Banque mondiale.

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période de mise en œuvre et l’équipe de projet a étroitement supervisé la mise en œuvre, ce qui a permis d’assurer le contrôle fiduciaire, environnemental et de la qualité des travaux.

IV. CONFORMITÉ AUX OBJECTIFS INSTITUTIONNELS DU GROUPE DE LA BANQUE MONDIALE

37. Bien que la CPS ait été élaborée avant la définition des deux objectifs du Groupe de la Banque mondiale, ses indicateurs de résultats s’inscrivaient bien dans le cadre desdits objectifs, mettaient l’accent sur l’inclusion et la durabilité et traitaient des principaux moteurs de réduction de la pauvreté en Mauritanie, notamment l’agriculture et la pêche.

V. PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS TIRÉS

38. Pour mettre en œuvre des programmes susceptibles de produire des résultats, la durée de la CPS doit être assez longue. La CPS ne couvrait qu’une période de trois ans, ce qui n’était pas suffisamment long pour assurer l’entrée en vigueur de tous les projets et en obtenir des résultats. En outre, une période de trois ans est trop courte pour procéder à un examen des résultats obtenus et des enseignements tirés, d’où l’occasion manquée de faire l’inventaire des changements intervenus dans la situation du pays et des progrès réalisés dans la mise en œuvre et de réviser en conséquence le cadre de résultats. 39. Adopter une approche plus sectorielle. Si la Banque s’est fortement impliquée dans le Projet de centrale à gaz de Banda et les projets connexes de transport de l’électricité, elle n’a pas évalué les faiblesses institutionnelles d’ensemble, y compris la performance de la société d’électricité. En ciblant diverses branches du secteur (production, transport, distribution et accès), l’intervention de la Banque aurait eu davantage d’effets transformateurs au-delà de la capacité de production. Les perspectives de projets comme celui du de Banda auraient pu être meilleures si davantage d’incitations et d’appui étaient offerts pour resserrer la collaboration sous-régionale entre la Mauritanie et les pays voisins. De même, il faut un système intégré d’information sur la gestion des finances publiques à l’échelle des institutions. Il faudra par conséquent aller au-delà des efforts ponctuels visant à améliorer des parties du système existant et adopter une approche plus large de la gestion des finances publiques visant le fonctionnement de l’ensemble du système. 40. Examiner le contexte opérationnel. L’expérience tirée de projets comme la centrale à gaz de Banda, le programme WARCIP et le projet de corridor routier montre qu’il faut concevoir tout projet avec assez de souplesse afin de pouvoir l’adapter aux changements intervenant dans le pays et le secteur concerné. Cela est particulièrement vrai pour les secteurs et projets délicats et d’envergure. Une solide prise en charge par le gouvernement est également essentielle. Les notes attribuées aux indicateurs de réalisations de la CPS traduisaient la lenteur de l’exécution

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du projet et, dans certains cas, les résultats limités qui étaient mesurables durant la période de trois ans. Ces indicateurs n’ont pas pleinement saisi l’impact de l’engagement du Groupe de la Banque mondiale ni fait ressortir l’importante contribution des travaux d’analyse du Groupe et de la concertation qu’il a eue avec le Gouvernement. 41. Investir dans le renforcement des capacités. Le rapport de fin d’exécution de la précédente Stratégie d’aide-pays couvrant les exercices 07-12 (CASCR, rapport no 81125) a fait état de l’insuffisance des capacités de l’administration mauritanienne, arguant qu’il faut renforcer les capacités dans chaque opération et procéder à des réformes et à une modernisation à long terme. L’insuffisance des capacités a été cité comme un facteur qui a influé sur plusieurs projets et une difficulté majeure pour la participation d’IFC et du secteur privé. Les projets d’assistance technique ont joué un rôle d’autant plus déterminant dans la concertation sur les politiques en Mauritanie que l’insuffisance des capacités empêchait souvent les fonctionnaires de prendre des décisions éclairées. En outre, le rapport a indiqué que la Banque devait davantage accorder l’attention et allouer des ressources à l’amélioration de l’accès aux services et à la création d’opportunités économiques dans les petites villes en dehors de Nouakchott et Nouadhibou. La prolifération d’unités de gestion de projets, installées au sein du ministère des Finances pour des raisons fiduciaires, tend à perpétuer l’idée d’encadrer les projets sans mettre en place des capacités locales pour exécuter les programmes et les opérations. Le CPF comportera des éléments de l’optique de la Région Afrique consistant à créer des capacités au-delà de la date de clôture des projets ou du CPF. 42. Élargir la collaboration entre secteurs au sein du Groupe de la Banque mondiale. La collaboration entre la Banque mondiale, IFC et MIGA était limitée aux secteurs comme l’investissement et l’énergie, mais des possibilités s’offrent pour un resserrement de la collaboration dans le cadre du CPF. Il ressort du rapport de fin d’exécution (ICR) du Projet de corridor routier en Mauritanie que le secteur privé peut contribuer à assurer la durabilité des routes. Le projet de Nouadhibou offre des possibilités de collaboration entre les Pôles mondiaux d’expertise (Commerce et compétitivité, Environnement et ressources naturelles et Gestion des finances publiques) et avec IFC en ce qui concerne le climat des affaires et Doing Business. 43. Améliorer le suivi et l’évaluation tant au niveau du portefeuille-pays qu’à celui des projets. Pendant la période couverte par la CPS, l’IEG a jugé la qualité du suivi et de l’évaluation satisfaisante à seulement 16 %, pour les raisons suivantes : i) la non-appropriation du suivi et de l’évaluation tant au niveau sectoriel qu’à celui des projets ; ii) le manque de rigueur dans le suivi des principaux indicateurs de performance ; iii) le manque de rigueur dans la collecte et l’analyse des données destinées à l’évaluation de la performance des projets ; et iv) le fait d’évaluer la performance du projet sans objectivité suffisante. Il convient d’apporter des améliorations au système de suivi et d’évaluation de la Mauritanie en renforçant les capacités et en appuyant des institutions fondées sur des règles au niveau national, sous la supervision desquelles les projets seront exécutés et suivis. 44. Améliorer la conception et l’évaluation des mécanismes de cofinancement. La coordination avec les partenaires de développement a permis de mobiliser une enveloppe

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limitée de l’IDA, comme dans le cas du corridor routier, du projet PNIDDLE et du programme WARCIP, et de tirer des enseignements du cofinancement et du financement parallèle. Les objectifs de développement des projets devraient préciser les responsabilités en matière d’exécution et la division du travail entre les donateurs, avec notamment des cibles mesurables. En prévision des risques potentiels, il faut préciser les chevauchements et les écarts entre les exigences (notamment en matière de sauvegarde environnementale et sociale) et les approches des partenaires de développement. Enfin, il faut anticiper les problèmes de gestion qui pourraient surgir et prévoir un plan d’urgence au cas où des changements intervenaient dans les mécanismes de cofinancement et de financement parallèle. 45. L’impact du Groupe de la Banque mondiale va au-delà du financement. Le rapport de fin d’exécution de la Stratégie d’aide-pays a également souligné que la transformation profonde n’est pas nécessairement liée au montant du financement du Groupe. Plutôt, le rôle de rassembleur du Groupe et son aptitude à insuffler le changement sont liés au fait que le Groupe est perçu comme un « courtier honnête » qui a un impact considérable en raison de ses travaux d’analyse. Les produits d’analyses et le dialogue avec les pouvoirs publics sur les politiques à mener, dans les domaines comme les PPP, le secteur privé, la gestion des finances publiques et l’assainissement budgétaire, ont jeté les bases des opérations à l’appui de la politique de développement, ainsi que des réformes du climat des affaires à travers le processus Doing Business. Ils peuvent également contribuer aux stratégies d’autres partenaires de développement. Il convient toutefois de diffuser largement ces éléments précieux des activités d’analyse et de conseil pour en assurer un impact maximum.

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VI. MATRICE DE RÉSULTATS DE LA CPS DE LA MAURITANIE POUR LES EXERCICES 14-16

Réalisations, indicateurs et jalons de la CPS État d’avancement et résumé de l’évaluation Opérations de prêt et activités hors prêt

Enseignements tirés et suggestions pour le nouveau CPF

AXE D’INTERVENTION NO 1 : Croissance et diversification

1.1. Secteur financier et environnement des affaires DSRP3 – Objectifs de développement du pays : accroître l’accès aux services financiers et améliorer l’environnement des affaires aux fins des investissements du secteur privé et du développement

Réalisation 1 a) Amélioration des services financiers aux MPME Indicateur 1 : Augmentation du montant des crédits enregistrés dans le registre de crédit à la BCM

Niveau de référence : 30 % en 2012 Cible : 60 % à l’horizon 2016

Jalons :

• Mise à jour du registre de crédit à la BCM

• 2 banques locales bénéficient de facilités commerciales au titre du programme de financement des échanges internationaux

• Adoption de nouvelles lois sur les banques et la microfinance et d’une nouvelle règlementation prudentielle

Réalisation 1 b) Amélioration du climat réglementaire Indicateur 2 : Réduction du temps requis pour créer une entreprise

Niveau de référence : 19 jours en 2012 Cible : 8 jours à l’horizon 2016

Jalons :

• Un guichet unique pour la création d’entreprises a été créé et est opérationnel

Réalisation 1 a) : Accomplie Indicateur 1 : Accomplie – Le pourcentage de crédits enregistrés au registre de crédit est passé à 100 % au 15 février 2015. Jalons :

• Accomplie : La Banque centrale a mis en place le Bureau du crédit et institutionnalisé une mise à jour automatique hebdomadaire du système d’information sur le crédit.

• Non accomplie – IFC n’a pas fait bénéficier les institutions financières du Programme de financement du commerce mondial en Mauritanie pendant la période couverte par la CPS.

• Partiellement accomplie : La loi sur les banques a changé en 2007 et seulement les décrets d’application et quelques modifications concernant le rapatriement de fonds par les investisseurs internationaux ont été ajustés depuis. La loi sur la microfinance a été mise à jour pour la dernière fois en 2011. Tous les principaux décrets d’application ont été approuvés.

Réalisation 1b) Accomplie Indicateur 2 : Accomplie - Selon le rapport Doing Business (DB) 2016, huit (8) jours sont nécessaires pour créer une entreprise en Mauritanie (contre 19 jours dans Doing Business 2012-2014). Jalons :

• Accomplie - Il est devenu plus facile de créer une entreprise du fait de la création du guichet unique et de l’élimination de l’exigence de publication et du droit à acquitter pour obtenir un numéro d’identification fiscale. Le guichet unique, mis en place et opérationnel, fournit aux entrepreneurs un service rapide, efficace et à moindre coût assorti d’un système d’information adapté

Opérations de prêt :

• PACAE (P102031) et FA Activités hors prêts :

• Évaluation de la politique de concurrence au Sénégal et en Mauritanie (P161218) en cours, devant être achevée au plus tard en décembre 2017

• Facilité commerciale structurée de IFC pour l’achat et l’importation de pétrole raffiné en Mauritanie, conseils aux MPME et mise en œuvre du Bureau du crédit

La collaboration entre IFC et le pôle d’expertise mondial en Commerce et Compétitivité du Groupe de la Banque mondiale a été essentielle au projet PACAE. La sélection de l’unité de coordination et d’exécution du projet et l’appui du gouvernement sont indispensables pour assurer le succès de la mise en œuvre. L’Unité de gestion-pays (CMU) a joué un rôle important dans l’avancement des réformes du projet BEEP.

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Réalisations, indicateurs et jalons de la CPS État d’avancement et résumé de l’évaluation Opérations de prêt et activités hors prêt

Enseignements tirés et suggestions pour le nouveau CPF

• Mise à jour du code du commerce

aux besoins des investisseurs et des partenaires. Le guichet unique a réduit le nombre de procédures ainsi que le temps et le coût de la création d’entreprises. L’enregistrement d’une entreprise est passée de neuf procédures et 19 jours à un maximum de sept procédures et cinq jours (2014).

• Accomplie - Le code du commerce a été révisé et adopté par le gouvernement. La Mauritanie est ainsi dotée d’un ensemble de règles cohérentes et modernes adaptées aux conditions nationales et internationales.

1.2. Infrastructures DSRP3 – Objectifs de développement du pays : Transports : améliorer les infrastructures routières ; Énergie : diversifier et augmenter l’approvisionnement énergétique ; TIC : améliorer la connectivité globale et l’accès aux services de TIC

Réalisation 2 Amélioration des routes interurbaines ciblées Indicateur 3 : - Réduction de la durée des trajets entre Nouakchott et

Rosso Niveau de référence : 2,5 heures en 2012 Cible : 2 heures à l’horizon 2016

Jalon :

• 192 kilomètres de route remis en état (entre Nouakchott et Rosso)

Réalisation 2 En majorité accomplie Indicateur 3 : En majorité accomplie - En octobre 2015, la durée des trajets entre Nouakchott et le corridor de Rosso était passée de 150 minutes à 164 minutes en raison des retards accusés dans les travaux financés par l’Union européenne sur les 142 km entre Nouakchott et Bombri. En septembre 2017, les travaux sur le tronçon de 142 km se poursuivaient toujours et l’État mauritanien finance maintenant directement les premiers 25 km à partir de Nouakchott. Toutefois, la durée des trajets sur le tronçon Bombri-Rosso financé par la Banque (travaux entièrement financés par la Banque mondiale) est tombée de 60 minutes à 30 minutes et a eu un important impact sur le développement. Jalon :

• Partiellement accomplie – En mai 2015, les travaux sur le tronçon de 47 km financé par la Banque étaient complètement achevés, tandis qu’ils se poursuivaient sur le tronçon de 147 km financé par l’Union européenne.

Opérations de prêt :

• Corridor Routier Rosso-Nouakchott (Fonds catalyseur de croissance pour l’Afrique – ACGF) IDA/UE (EX. 10) (P112131)

La conception des objectifs de développement et des indicateurs devrait tenir compte du mécanisme de cofinancement. Il faut mieux orienter le choix du moment d’élaboration du rapport de fin d’exécution des projets faisant l’objet d’un cofinancement ou de financement parallèle lorsque la Banque mondiale n’exerce aucun contrôle sur une grande partie du projet concerné. Pour assurer le succès de la mise en œuvre, il faut une équipe chargée du projet pendant tout le cycle de projet.

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Réalisations, indicateurs et jalons de la CPS État d’avancement et résumé de l’évaluation Opérations de prêt et activités hors prêt

Enseignements tirés et suggestions pour le nouveau CPF

Réalisation 3 a) Augmentation de l’approvisionnement en électricité des ménages et des entreprises Indicateur 4 : - Augmentation de la capacité de production installée

alimentée au gaz Niveau de référence : 0 en 2013 Cible : 295 MW à l’horizon 2016

Jalon :

• Installation d’une capacité de production de 120 MW alimentée au pétrole et au gaz avant fin 2014 et bouclage financier du projet de centrale électrique à gaz au plus tard fin 2013.

Réalisation 3 b) Augmentation de l’électricité exportée au Sénégal et au Mali Indicateur 5 : - Exportation d’une capacité d’au moins 80 MW au

Sénégal et au Mali.

Réalisation 3 a) Non accomplie Indicateur 4 : Non accomplie - 0 MW à l’horizon 2016

Jalon : Partiellement accomplie – Une capacité de 180 MW a été installée à la fin de 2014. Cependant, l’accord de financement du projet de production d’électricité à partir du gaz n’a pas été signé. Réalisation 3b) Non accomplie Indicateur 5 : Non accomplie : 20 MW exportés au Sénégal et au Mali (dans le cadre de la coopération régionale).

Opérations de prêt :

• Système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain. Projet EEEOA - APL 2 (OMVS) (P147921). (La phase II du Projet hydroélectrique de Félou – prévue pour l’exercice 14 – a été remplacée par le projet P147921)

• Projet de centrale électrique à gaz de Banda (BGTPP) (P107940)

Concevoir des projets réalistes avec assez de souplesse pour tenir compte du contexte opérationnel et du processus décisionnel en Mauritanie. Adopter une approche sectorielle plus intégrée en ciblant diverses branches du secteur (activités extractives, production, transmission, distribution et accès) pour avoir plus d’effets transformateurs au-delà de l’augmentation de la capacité de production. Définir un calendrier et des indicateurs mesurables pour le CPF. Alors que le Projet de centrale à gaz de Banda a été approuvé quelque huit mois après le début de la CPS, l’indicateur pour la réalisation 3a) visait à atteindre la cible en 2016 et l’indicateur pour la réalisation 3b) ne prévoyait pas de calendrier, l’un et l’autre ne pouvant être réalisables.

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Réalisations, indicateurs et jalons de la CPS État d’avancement et résumé de l’évaluation Opérations de prêt et activités hors prêt

Enseignements tirés et suggestions pour le nouveau CPF

Réalisation 4 Augmentation de l’accès aux services internet Indicateur 6 :

- Augmentation de l’accès aux services internet (nombre d’abonnés pour 100 personnes) Niveau de référence : 2 en 2011 Cible : 10 à l’horizon 2016

Jalons :

• Mise en place d’un point d’échange internet (IXP) avec un centre de données à l’horizon 2014

• Révision du cadre réglementaire et juridique pour les TIC

• Construction d’un réseau de fibre optique de 1 577 km à l’horizon 2016

Réalisation 4 Accomplie

Indicateur 6 : Accomplie – Le nombre d’abonnés pour 100 personnes a dépassé la cible, atteignant 25,9 abonnés pour 100 personnes en juin 2016 et 40 en juin 2017. Jalons :

• Partiellement accomplie – L’IXP a été créé et inauguré le 27 novembre 2016. Entièrement opérationnel, il est situé dans l’immeuble de la station d’atterrissement d’ACE à Nouakchott. Le centre de données n’est pas encore construit, les études de faisabilité pour la construction et le fonctionnement sont en cours.

• En majorité accomplie – En ce qui concerne les quatre projets de loi relatifs à la société de l’information, deux ont été approuvés par le Parlement le 22 décembre 2015 ; les deux autres ont été approuvés par le Conseil des ministres et le Parlement en 2017 ; ils attendent la signature du Président de la République.

• Non accomplie – En août 2017, la construction du réseau de fibre optique n’avait pas encore commencé. Le Groupe de la Banque mondiale a donné son accord tacite au rapport d’évaluation des offres pour la construction de la dorsale nationale de fibre optique le 20 juillet 2017. La construction n’a pas commencé, car la méthode d’évaluation des offres a connu des complications et des retards importants du fait des nombreux échanges entre donateurs (Banque mondiale et BEI) et le client sur le rapport d’évaluation des offres. La BEI a décidé de se retirer du financement de cette infrastructure.

Opérations de prêt :

• Programme régional

d’infrastructures de

communication en

Afrique de l’Ouest - APL 2

(WARCIP) (P123093) Activités hors prêts :

• DIME_Transport & ICT_MRT_Test des effets de l’internet haut débit (P158665) – En cours

• Évaluation de l’état de préparation à l’ouverture des données et plan d’action

• Assistance technique sur la fiscalité des télécommunications Assistance technique sur les partitions de l’ancienne stratégie nationale en matière de TIC

En cas de cofinancement, veiller à assurer une division claire du travail entre différents bailleurs de fonds. Essayer d’anticiper les risques potentiels, en tenant compte du contexte opérationnel, de l’insuffisance des capacités et des procédures des différents bailleurs.

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1.3. Ressources naturelles DSRP3 – Objectifs de développement du pays : Pêches - améliorer la gestion durable des ressources halieutiques

Réalisation 5 Amélioration de la gestion des ressources halieutiques Indicateur 7 :

- Augmentation du pourcentage de bateaux de pêche étrangers et nationaux immatriculés Niveau de référence : 30 % en 2012 Cible : 90 à 100 % à l’horizon 2016

Indicateur 8 :

- Doublement de la contribution directe en valeur absolue de la pêche au PIB Niveau de référence : 4 % du PIB Cible : 8 % du PIB

Jalons :

• Renforcement de 80 % des communautés de pêcheurs à l’horizon 2016

• Exécution des plans de gestion des pêches pour les principaux types de pêches (pieuvre, pêche artisanale)

• En 2015, plus de 90 % des poissons démersaux pêchés dans les eaux mauritaniennes sont débarqués localement (niveau de référence : 30 % ?), comme plus de 50 % des poissons pélagiques

• En 2015, augmentation d’au moins 25 % du nombre d’emplois créés par le secteur des pêches (niveau de référence : 40 000)

Réalisation 5 En majorité accomplie Indicateur 7 : Non accomplie La proportion de bateaux de pêche immatriculés était de 0 % en juin 2016 et de 66 % au 4 novembre 2016 ; la cible n’a donc pas été accomplie. Néanmoins, le projet a noté qu’en 2016, 100 % des bateaux industriels étaient immatriculés et le PRAO aide à accroître l’immatriculation des bateaux artisanaux (la cible du projet était de 25 % de bateaux immatriculés à l’horizon 2018). En outre, l’État a entrepris d’importantes réformes du cadre de gestion des pêches. Indicateur 8 : En majorité accomplie La contribution directe au PIB est estimée à 6 % (source : Étude diagnostique sur l’intégration du commerce, mise à jour, novembre 2015.) Jalons :

• Non vérifiée. Le concept de communauté de pêcheurs n’est pas directement applicable au contexte mauritanien, car traditionnellement les populations pratiquent l’élevage et ce n’est récemment que le poisson fait partie de l’alimentation du pays.

• Non accomplie. Aucun plan de gestion des pêches n’a été élaboré pendant la période de la CPS. Un plan de gestion de la pêche à la pieuvre est en cours d’élaboration.

• En majorité accomplie – En juin 2016, on estimait que 70 % des poissons étaient débarqués sur des sites mauritaniens. En août 2017,100 % des poissons démersaux étaient débarqués en Mauritanie.

• Non accomplie

Opérations de prêt :

• Programme régional des pêches en Afrique de l’Ouest SOP-C1 (anciennement APL C1) (P126773-P131327)

Les décaissements liés aux indicateurs ont été utiles pour motiver les pouvoirs publics à accélérer La mise en œuvre en anticipant d’autres déblocages de fonds, comme la publication des licences de pêche en Mauritanie. Les indicateurs du cadre de réalisations du CPF doivent être mesurables et pertinents eu égard au contexte national. Mettre à jour les indicateurs, selon que de besoin, grâce à PLR.

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1.4 Productivité agricole PRSP3 – Objectifs de développement du pays : Agriculture : développer l’agriculture irriguée et améliorer la production céréalière afin de couvrir au moins 50 % des besoins nationaux en céréales d’ici à 2020 ; Changement climatique : intégrer le changement climatique et la gestion durable des ressources naturelles dans les stratégies et programmes nationaux de développement afin de réduire la vulnérabilité des populations pauvres face aux chocs extérieurs et d’améliorer la gestion des risques de catastrophe

Réalisation 6 Amélioration du rendement des cultures Indicateur 9 :

- Amélioration du rendement du riz irrigué Niveau de référence : 3 tonnes/ha en 2012 Cible : 6 tonnes/ha à l’horizon 2018

Indicateur 10 :

- Augmentation du rendement du mil et du sorgho dans les zones ciblées Niveau de référence : 1 tonne/ha en 2013 Cible : 2,5 tonnes/ha à l’horizon 2016

Jalons :

• Services d’irrigation et de drainage fournis à 16 000 ha à l’horizon 2020

• Au moins 12 nouvelles techniques agricoles et d’élevage diffusées à l’horizon 2020

Réalisation 6 Partiellement accomplie Indicateur 9 : En majorité accomplie : riz irrigué : 5 tonnes/ha en 2016 (Il convient de noter que l’irrigation permet aux agriculteurs de s’adapter aux effets du changement climatique et à une pluviométrie variable ou faible). Indicateur 10 : Non accomplie : Mil et sorgho : 0,8 tonnes/ha en 2016 Le mil et le sorgho sont essentiellement cultivés dans les zones pluviales. L’indicateur n’a pas été accompli en partie du fait de la faiblesse des précipitations et de la productivité. Jalons :

• Non vérifié : ce jalon se fonde sur le Projet de productivité agricole en Afrique de l’Ouest, qui ne s’est pas concrétisé.

• Non vérifié : ce jalon se fonde sur le Projet de productivité agricole en Afrique de l’Ouest, qui ne s’est pas concrétisé.

Opérations de prêt :

• Projet de gestion durable des paysages en Mauritanie à l’appui de l’Initiative « Grande muraille verte » (SAWAP) (P144183),

• Deuxième programme de développement intégré pour de l’agriculture irriguée (PDIAIM2) (P088828)

• Développement de l’agriculture et réponse aux prix des produits alimentaires - financement additionnel (P128994)

• Projet régional d’appui au pastoralisme dans le Sahel (P147674)

• Projet régional de l’OMVS (PGIRE2) (P131323, P131353 (GEF), FF P153863)

Définir des cibles réalistes et mesurables dans le cadre de résultats du CPF. Investir dans le renforcement des capacités pour renforcer les capacités des agences d’exécution et des prestataires de services.

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Réalisation 7 Intégration de la résilience face au changement climatique dans le programme de développement général de la Mauritanie Indicateur 11 :

- Augmentation du nombre de secteurs qui intègrent systématiquement la résilience face aux changements thématiques dans les stratégies et budgets-programmes nationaux Niveau de référence : 1 en 2012 Cible : au moins 3 à l’horizon 2016

Jalon :

• Mise en place du système de gestion des risques de catastrophe

Réalisation 7 En majorité accomplie Indicateur 11 : Non accomplie : Il est trop tôt pour dire que le projet a eu une incidence sur le nombre de secteurs qui intègrent systématiquement la résilience face aux changements climatiques. Toutefois, l’appui technique et financier fourni a permis de réaliser plusieurs analyses, notamment une analyse du coût de la dégradation de l’environnement et l’examen du cadre juridique et institutionnel de gestion des zones côtières. Ces études visaient à déterminer, entre autres, si l’attention voulue avait été accordée aux changements climatiques et à la gestion des risques de catastrophe. L’assistance technique fournie a permis de mettre à jour le Plan d’aménagement du littoral mauritanien (PDALM). La mise à jour a porté sur trois principales lacunes de la version précédente : i) la prise en compte du changement climatique et la gestion des risques de catastrophe ; ii) l’inadaptation du cadre institutionnel et réglementaire ; et iii) l’absence d’un plan d’action assorti d’une évaluation préliminaire des fonds nécessaires. Jalon :

• Partiellement accomplie - La gestion des risques de catastrophe a été un élément essentiel ajouté à la mise à jour du PDALM. Le Programme de gestion des zones côtières d’Afrique de l’Ouest (WACA), qui est en cours d’élaboration (et doit être présenté au Conseil en mars 2018), apportera l’appui nécessaire à la mise en œuvre d’activités essentielles du PDALM. L’organisme chargé de l’exécution du PDALM est le Conseil consultatif national du littoral.

Opérations de prêt :

• Gestion des zones côtières et adaptation au changement climatique dans les villes côtières (P152518),

Activités hors prêts :

• Croissance verte partagée en Mauritanie – achevée

Définir des cibles mesurables dans le cadre de résultats du CPF (par exemple la référence au budget-programme n’est pas mesurable) Le rôle directeur du ministère de l’Économie, la création d’un groupe de travail multisectoriel dynamique et la série de consultations et de séances de travail organisées ont été un facteur déterminant du succès de l’étude.

AXE D’INTERVENTION NO 2 : Gouvernance économique et prestation de services

2.1 Enseignement et formation techniques et professionnels DSRP3 – Objectifs de développement du pays : améliorer l’accès et la qualité de l’éducation de base et de la formation professionnelle et technique

Réalisation 8 a) Amélioration de la qualité de l’éducation de base Indicateur 12 :

- Augmentation du pourcentage d’élèves de la cinquième année du primaire qui réussissent les examens normalisés, ventilé par sexe Niveau de référence : 8,4 % en mathématiques et 17,6 % en français en 2012

Réalisation 8 a) Partiellement accomplie Indicateur 12 : Non vérifié : 9 % en mathématiques et 16 % en français en 2014, lorsque la dernière évaluation des élèves de la cinquième année du primaire a été réalisée. Cette évaluation a montré une légère amélioration (même si la cible n’a pas été atteinte) en mathématiques et une légère baisse de la note moyenne en français. Il convient de noter

Opérations de prêt :

• Enseignement supérieur (EX. 05) (P087180)

• Projet d’appui au développement des compétences, FA P144575 (P118974)

• Appui à l’éducation de base

Malgré les résultats obtenus au niveau du projet, des difficultés au niveau du système empêchent d’améliorer la performance au niveau sectoriel. Il faut mettre l’accent sur l’éducation de base (y compris le DPE), car c’est à ce niveau que s’acquièrent les compétences fondamentales.

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Cible : 13 % en mathématiques et 21 % en français à l’horizon 2016

Jalons :

• 3 700 enseignants supplémentaires qualifiés pour enseigner dans le primaire

• Évaluation des connaissances des élèves de la cinquième année du primaire

• Distribution de 4 100 000 manuels et guides de l’enseignant

Réalisation 8 b) Amélioration de l’accès à la formation technique et professionnelle, ventilée par sexe Indicateur 13 :

- Augmentation du nombre annuel de diplômés dans les établissements de formation technique et professionnelle bénéficiant d’un appui

Niveau de référence : 993 en 2012 Cible : 1300 à l’horizon 2016

Jalons :

• Au moins trois programmes de formation technique et professionnelle certifiés comme satisfaisant les normes internationales en 2016

• Approbation du cadre réglementaire régissant le statut juridique des établissements de formation du secteur privé

que les résultats inférieurs aux données de référence s’expliquent en partie par l’expansion du système : les enfants en cinquième année du primaire actuellement sont issus, en moyenne, de couches socio-économiques défavorisées, ce qui peut se traduire par des résultats moyens plus faibles en français, mais meilleurs en arabe. En effet, une amélioration considérable a été observée en arabe, la principale langue d’enseignement, la proportion passant de 29 % en 2012 à 40 % en 2014. Jalons :

• Partiellement accomplie – 1 385 enseignants formés

• Accomplie – Une évaluation des connaissances des élèves de la cinquième année du primaire effectuée en 2014

• Accomplie – 4 117 100 manuels distribués Réalisation 8 b) : Accomplie

Indicateur 13 : Accomplie – 1 400 étudiants diplômés d’établissements de formation technique et professionnelle en 2016. La proportion d’étudiantes bénéficiaires directes du projet est passée de 15 % à 34,3 %, dépassant la cible de 27 %. Jalons :

• Non accomplie : Selon le rapport de fin d’exécution et de réalisations (ISR) (P118974, Seq. 10), les conditions ne sont pas remplies pour une certification internationale des programmes de formation technique et professionnelle mauritaniens. Le projet envisage d’appuyer des activités de renforcement des capacités afin d’introduire une culture d’assurance qualité et des méthodes d’enseignement dans les établissements de formation technique et professionnelle.

• Non accomplie : L’objectif révisé pour le cadre réglementaire portant protection et statut juridique des établissements du secteur privé est le 31 décembre 2017. La date de fin révisée est fixée au 31 décembre 2017. Le projet de loi et les décrets connexes ont été approuvés par le comité technique mais pas encore par le conseil des ministres.

(P126902)

Définir des indicateurs mesurables et pertinents ventilés par sexe dans le cadre de résultats du CPF.

Page 103: ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DÉVELOPPEMENT SOCIÉTÉ

97

2.2 Protection sociale DSRP3 – Objectifs de développement du pays : réduire la vulnérabilité grâce aux filets de sécurité sociale

Réalisation 9 Meilleur ciblage des programmes de filets de sécurité sociale Indicateur 14 :

- Surveiller le nombre de bénéficiaires des filets de sécurité sociale en état d'insécurité alimentaire, ventilé par sexe

Jalons :

• Mise au point d’un inventaire des mécanismes de ciblage des programmes de filets de sécurité sociale existants et de plans d'action pour améliorer leur efficacité.

• Commencer à élaborer et tester des outils et processus pour améliorer l'efficacité des programmes de filets de sécurité sociale (y compris des procédures pour identifier les bénéficiaires remplissant les conditions requises, l'enregistrement et le paiement des bénéficiaires ainsi qu’un système de suivi et d'évaluation)

• Approbation de la stratégie nationale de protection sociale

Réalisation 9 En majorité accomplie Indicateur 14 : Non vérifié - L'assistance technique initiale portait sur un diagnostic du secteur et la définition d'une série de priorités pour la Mauritanie. L’analyse préconisait la création d’un registre national, la mise en œuvre d’un programme national de transferts monétaires, le passage à l’aide pécuniaire plutôt qu’alimentaire et le remplacement progressif des subventions non ciblées par des programmes ciblant effectivement les plus pauvres. En mai 2017, le programme national de filets de sécurité sociale fournissait de l’aide à 33 660 bénéficiaires dans 5 100 ménages d’un département (cible : 100 000 ménages, soit 660 000 personnes en 2020, en supposant 6,6 membres par ménage chez les personnes vivant dans l’extrême pauvreté). En outre, 12 900 ménages de 3 autres départements sont sur le point d’être recensés pour participer au programme avant la fin de 2017. Le registre social a enregistré environ 14 000 ménages dans 2 départements ; 17 000 autres sont sur le point d’être recensés et identifiés dans 3 autres départements. 92 % des bénéficiaires de l’aide en espèces au titre du programme de filets de sécurité sociale sont des femmes et la composante promotion sociale vise le développement de la petite enfance, y compris l’éducation des filles, les mariages précoces et les mutilations génitales féminines.

Jalons :

• Accomplie – Le gouvernement a élaboré une méthode pour son registre social national, qui servira de base pour cibler les programmes sociaux. Le programme de santé a adopté le registre social comme un outil pour cibler des interventions données. De même, trois acteurs essentiels ont décidé de recourir au registre social pour identifier les bénéficiaires de leurs interventions en réponse à l’insécurité alimentaire.

• Accomplie – La Mauritanie a élaboré et commencé à mettre en œuvre son programme de transferts sociaux, assorti de procédures solides et d’outils efficaces, notamment un système moderne de paiement, un SIG (qui a été importé par d’autres, dont l’État tchadien). En outre, le registre social a mis en place des mécanismes et outils efficaces.

Opérations de prêt :

• Opération relative au système de filets sociaux

Activités hors prêts :

• Pauvreté et emplois - NLTA (P152592)

• Protection sociale adaptative - NLTA (P157335)

• AT sur la protection sociale (P133623)

Le cadre de résultats du CPF devrait être mis à jour grâce à un PLR le cas échéant. Les trois principaux enseignements à tirer en ce qui concerne la concertation et l’appui sont : i) Prendre le temps d’investir dans le diagnostic. ii) Investir dans le renforcement des capacités pour garantir une bonne compréhension du diagnostic et des options potentielles permettant de remédier aux problèmes qui se posent. iii) Élaborer des instruments de base de façon intégrée afin que les différents acteurs puissent comprendre les choix offerts et décider de contribuer à l’effort en adoptant des instruments partagés. Le fait d’allier une assistance technique hors prêts intense aux opérations de prêt est un choix idéal pour ce type d’engagement.

Page 104: ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DÉVELOPPEMENT SOCIÉTÉ

98

• Accomplie - La Mauritanie a adopté sa Stratégie nationale de protection sociale (SNPS) en 2013 (source : rapport no ISDSC1044). Un comité (comprenant l’État, les partenaires de développement bilatéraux et multilatéraux et les ONG locales) a été mis sur pied pour en assurer la mise en œuvre.

2.3 Développement du secteur public DSRP3 – Objectifs de développement du pays : assurer une gestion efficace et transparente des ressources financières publiques

Réalisation 10 Gestion efficace et transparente des ressources financières publiques Indicateur 15 :

- Le nombre de ministères qui actualisent et utilisent un cadre de dépenses à moyen terme pour l’établissement du budget passe de 5 à 10 en 2016.

Indicateur 16 :

- Réduction du délai de paiement de 48 à 36 heures en 2016 grâce à un système de paiement en ligne

Indicateur 17 :

- Réduction du pourcentage de marchés passés sans mise en concurrence, de 6 % en 2012 à 3 % en 2016

Indicateur 18 :

- Nombre de réunions tenues par le comité interministériel en charge des questions financières concernant les industries extractives, de 0 réunion à 4 en 2015

Jalons :

• Mise en œuvre d’un système informatisé de gestion financière dans tous les ministères techniques

• Mise en place d’un réseau connecté reliant le Trésor, la Banque centrale et les banques commerciales

Réalisation 10 En majorité accomplie

Indicateur 15 : - En majorité accomplie – Au 30 juin 2016, il y avait sept CBMT (cadres budgétaires à moyen terme) sectoriels et le CBMT Global a été régulièrement mis à jour. Cependant, le décalage entre le cadre de dépenses à moyen terme et le budget demeure un problème (selon les conclusions du PEFA 2014). Indicateur 16 : - Accomplie – Le délai de paiement a été réduit de 48 à 36 heures en 2012. La mise en place d’une procédure de paiement plus efficace au Trésor a permis d’améliorer l’exécution du budget. L’avis de crédit est émis le même jour ou dans les 24 heures une fois que l’ordre de paiement est approuvé au Trésor. Indicateur 17 : - Accomplie – Le pourcentage de contrats passés sans mise en concurrence est tombé de 6 % en 2012 à 3 % au 29 mars 2014, et est demeuré à moins de 3 % jusqu’en 2016. Indicateur 18 : - Non accomplie – Nombre de réunions tenues par le comité interministériel en charge des questions financières concernant les industries extractives. La collaboration interministérielle n’intervient toujours que de façon ponctuelle - le Projet de gouvernance du secteur public s’emploie actuellement à remédier à cette situation (août 2017). Jalons :

• Accomplie – L’application de gestion budgétaire en ligne RACHAD est déployée et utilisée par tous les ministères et organismes publics.

• En majorité accomplie – Le réseau connecté entre le Trésor et la Banque centrale est opérationnel depuis le 1er janvier 2014.

Opérations de prêt :

• Projet de renforcement des capacités du secteur public (PRECASP) (P082888)

• Second projet de renforcement des capacités dans le secteur minier (PRISM 2)

(P078383), FA (P124859)

• Projet de gouvernance du secteur public (PSGP), (P146804) Le PSGP porte sur l’appui au renforcement des capacités des sociétés d’État et des organismes publics ainsi que des industries extractives. Il sera restructuré en 2017.

Opérations hors prêts :

• Étude sur la gouvernance des entreprises publiques – achevée en 2014

• EDP – achevé en 2016

• PEFA – achevé en décembre 2014

• Étude sur la conformité aux normes et codes comptables (ROSC) – achevée en juin 2013

Un meilleur accès à des informations fiables est indispensable, d’une part, pour susciter la confiance entre les hauts dirigeants, l’administration et les citoyens et, d’autre part, pour promouvoir le contrôle dans un contexte où les citoyens et la société civile s’engagent progressivement dans le dialogue sur les politiques générales. Des efforts stratégiques sont nécessaires pour mettre en place un système global et intégré d’information sur la gestion des finances publiques à l’échelle de toutes les institutions. Il faudra donc aller au-delà des efforts ponctuels tendant à améliorer le système existant pour mener une action stratégique soutenue portant sur le fonctionnement de l’ensemble du système. Investir dans le renforcement des capacités. La résistance au changement, tel que le système de paiement automatisé, a pu contribuer aux retards pris dans la mise en œuvre.

Page 105: ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DÉVELOPPEMENT SOCIÉTÉ

99

• 4 ministères dotés d’une commission de passation de marchés chargée de veiller à l’exécution de leurs plans de passation de marchés

• Participation du ministère du Pétrole, de l’Énergie et des Mines, du ministère des Finances et du ministère des Affaires économiques et du Développement

• Arrêté ministériel ou autre élément indiquant que le comité fonctionne effectivement (par exemple compte rendu de la réunion inaugurale)

• Accomplie – En décembre 2016, plus de la moitié des ministères exécutaient les plans de passation de marchés publics publiés. Les plans de toutes les 7 commissions de contrôle sectorielles sont régulièrement établis, actualisés, publiés et exécutés même si la plupart de ces plans ne semblent pas encore couvrir la totalité des marchés publics.

• Non accomplie – Les deux derniers jalons n’ont pas été réalisés.

Page 106: ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DÉVELOPPEMENT SOCIÉTÉ

100

2.4 Décentralisation DSRP3 – Objectifs de développement du pays : Renforcer les aspects institutionnels de la décentralisation et du développement local ; Améliorer la prestation des services par l’entremise des gouvernements locaux

Réalisation 11 Amélioration de la gestion financière au niveau de l’administration décentralisée/locale Indicateur 19 :

- Le transfert budgétaire aux administrations locales est passé de 3,5 milliards de MRO en 2012 à 6 milliards de MRO en 2016 (avec un transfert cumulé de 14 milliards MRO.

Indicateur 20 :

- 75 administrations locales (sur 100) sous LDG obtenant au moins 75 points sur 100 dans l’évaluation annuelle des performances

Indicateur 21 :

- 95 % des administrations locales (rurales et urbaines) dans le cadre du projet de développement local remplissant les conditions minimales obligatoires pour l’accès aux fonds du don à l’appui de la performance pour la dernière année du projet

Jalons :

• Une subvention basée sur la performance (PBG) pour financer l’administration locale est créée et abondée à la fois par le budget national (avec un montant significatif), et par les bailleurs de fonds (2014).

• Une nouvelle loi sur la décentralisation approfondissant et améliorant le cadre de décentralisation est approuvée (2015).

Réalisation 11 En majorité accomplie Indicateur 19 : - Accomplie - Le transfert budgétaire est passé à 6 milliards de MRO de février 2014 à décembre 2016. Indicateur 20 : - En majorité accomplie – En juin 2016, le nombre de collectivités locales participantes qui ont obtenu une note d’au moins 75 sur 100 lors de l'évaluation de la performance s'élevait à 52 (soit environ 62 % de la cible).

Indicateur 21 : - En majorité accomplie : Au 31 mai 2016, 79 % des collectivités locales participant au programme de développement des collectivités locales satisfaisaient les conditions minimales d'accès aux subventions conditionnelles. En novembre 2016, la proportion était de 98 %. Jalons :

• Accomplie – Le fonds a été créé en 2014 et la Banque et l’État y ont contribué jusqu'à maintenant comme prévu.

• Partiellement accomplie - Plusieurs réformes ont été adoptées en 2015 en vue d’approfondir la règlementation sur la décentralisation.

Opérations de prêt :

• Projet de renforcement des capacités du secteur public (PRECASP) (P082888)

• Programme national intégré d’appui à la décentralisation, au développement local et à l’emploi des jeunes (P127543)

Le projet était cofinancé par l'Union européenne et une activité a été exécutée par GIZ. Toutefois, l’Union européenne s'est retirée du projet en 2017 à cause de problèmes liés à ses procédures.

La taille énorme du pays et le manque d’infrastructures de transport et de communication et d’autres infrastructures entravent davantage la répartition des ressources humaines voulues (attirées par Nouakchott) et la mise en œuvre d’un tel projet. Les stratégies sectorielles ne s'accordent pas toujours avec les intérêts des municipalités, et il faudrait adopter une démarche plus raisonnable en matière de responsabilités décentralisées dans un contexte où les ressources font défaut. Le fonds pour la subvention fondée sur la performance a permis d'encourager les villes à améliorer leur gestion et d'assurer un meilleur accès aux services au bénéfice des populations et du développement local.

Page 107: ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DÉVELOPPEMENT SOCIÉTÉ

101

Projets approuvés pendant la période de la CPS, Ex. 14-16

Page 108: ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DÉVELOPPEMENT SOCIÉTÉ

102

Services d’analyse et de conseil engagés ou achevés, exercices 14-16

Sources : CPS EX. 14-16, Rapports ordinaires, et Portail des opérations au mois d’octobre 2017

Services d’analyse et de conseil (ASA) prévus durant la période de la CPS entièrement exécutés

État d’avancement

Croissance verte partagée en Mauritanie Achevé (26 juin 2015)

Assistance technique pour les zones économiques spéciales

Achevé (29 juin 2015)

Étude sur la gouvernance des entreprises publiques

Achevé (8 avril 2014)

Rapport sur la gestion des finances publiques et de la responsabilité financière

Achevé (14 janvier 2017)

Méthodes d’audit axées sur les risques Achevé (10 juillet 2013)

Assistance technique sur les filets de sécurité sociale

Achevé (5 juin 2015)

Assistance technique pour la mise en œuvre de la stratégie du secteur financier - FSAP

Achevé (9 juillet 2016)

Autres services d’analyse et de conseil achevés ou initiés durant la période de la CPS

État d’avancement

Stratégie de gestion de la dette à moyen terme pour la Mauritanie

Achevé (26 janvier 2014)

Dialogue sectoriel sur les TIC Achevé (23 juin 2014, 28 juin 2015)

ROSC - Comptabilité Achevé (14 juillet 2014)

Assistance technique pour la production d’électricité à partir du gaz en Mauritanie

Achevé (22 février 2015)

Dialogue sur les politiques relatives au FBR dans le secteur de la santé

Achevé (27 octobre 2015)

Étude diagnostique sur l’intégration du commerce Achevé (26 avril 2016)

Efficacité fiscale Achevé (7 mars 2016)

Mise à jour du FSAP Achevé 12 juillet 2016)

Examen des dépenses publiques en Mauritanie Achevé (14 janvier 2017)

Pauvreté et emplois Achevé (29 juin 2017)

Aménagement intégré des zones côtières en Mauritanie

Achevé (30 juin 2017)

Protection sociale adaptative en Mauritanie En cours (31 décembre 2018)

Protection sociale adaptative en Mauritanie En cours (30 juin 2018)

Test des effets de l’internet haut débit En cours (30 septembre 2018)

Système de paiements en Mauritanie #C018 En cours (31 octobre 2018)

Page 109: ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DÉVELOPPEMENT SOCIÉTÉ

103

Notation des projets clos ayant pris fin pendant les exercices 14-16

Exercice de

clôture Intitulé du projet

ID du projet

Dernier ISR

Note attribuée

à la réalisation dans l’ICR

Note attribuée

à la réalisation par l’IEG

Note globale de la

performance de la

Banque dans l’ICR

Note globale de la

performance de la

Banque attribuée par l’IEG

Engagement net (USDM)

2014 MR-AT Sec. min - SIL 2 (EX. 04) (PRISM 2)

P078383 S S MS S MS 28,94

2014 MR-Renf. cap. sect. pub. - SIL (FY07)

P082888 S S MS MS MU 121

2014 MR-Enseignement supérieur (EX. 05)

P087180 MU MU U MU U 5,47

2014 MR-Dév. intég. agric. irriguée - APL 2 (EX. 05)

P088828 MU U HU U U 40,83

2015 Amélioration de l’env. des aff.

P102031 MS MU MU MU MU 4,61

2015 Corridor routier en Mauritanie - ACGF*

P112131 MU MU - S - 200

Source : Rapports ordinaires 5.8 Notation issue de l’évaluation détaillée des projets clos depuis 2013, au mois d’octobre 2017. *Note : Au mois d’octobre 2017, l’IEG n’avait pas procédé à l’évaluation du Projet de corridor routier en Mauritanie - qui a été

financé au titre du Fonds catalyseur de croissance pour l’Afrique (ACGF).

Quelques indicateurs de la performance du portefeuille de la Banque, exercices 10-17

Données pour Ex. 10 Ex. 11 Ex. 12 Ex. 13 Ex. 14 Ex. 15 Ex. 16 EX. 17

Portefeuille et décaissements

Projets en cours (nombre) 10 11 8 8 5 4 7 9

Montant des engagements nets (millions USD) 270 304,1 148,6 167,8 89,7 79,7 102,56 145,56

Montant total des décaissements (millions USD) 194,19 235,18 84,93 90 17,46 17,1 39,11 83,92

Solde total non décaissé (millions USD) 93,79 93,73 66,83 81,67 72,98 59,17 59,85 57,47

Décaissements pendant l’exercice (millions USD) 35,58 30,46 12,3 12,92 8,33 12,67 22 44,81

Ratio de décaissement pour IPF uniquement % 34,1 30,2 15,5 20,1 14,5 22,3 37,4 32,6

Ratio de décaissement BIRD/IDA 35,7 26,8 17,1 19,3 9,2 23,2 35,8 33,1

Retards de décaissement (%) 20 27,3 25 25 20 0 0 0

Exposition du portefeuille à des risques

Projets réellement problématiques (nombre) 0 1 2 2 1 0 1 0

Projets problématiques (%) 0 9,1 25 25 20 0 14,3 0

Projets potentiellement problématiques 0 0 0 1 0 0 0 0

Projets à risques (nombre) 0 1 2 3 1 0 1 0

Projets à risques (%) 0 9,1 25 37,5 20 0 14,3 0

Engagements à risques (millions USD) 0 5 20 40 5 0 12,4 0

Engagements à risques (%) 0 1,6 13,5 23,8 5,6 0 12,1 0

Proactivité (%) 100 0 50 100 100 100

Source : Business Intelligence, Évolution du portefeuille (EX. 10-17) au mois de septembre 2017

Page 110: ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DÉVELOPPEMENT SOCIÉTÉ

104

Page 111: ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DÉVELOPPEMENT SOCIÉTÉ

105

ANNEXE 3 : QUELQUES INDICATEURS DE PERFORMANCE ET DE GESTION DU PORTEFEUILLE DE LA BANQUE

Projets nationaux (au 30 avril 2018)

ID du proj. Intitulé du projet

Date d’approbati

on du Conseil

Nouvelle date de clôture

Âge du projet

(années)

Montant net des engag.

(USD M)

Mont. tot.

décaiss. (USDM)

Montant tot. solde non déc. (USD M)

Décaiss. (%)

Mont. tot. non déc. en début d’ex.

(USDM)

Déc. durant l’ex. (USD

M)

Ratio de

décaiss. (%)

P126902 Appui à l’éducation de base (BESSP)

06/02/2014 30/11/2018 4,3 12,40 113 1,37 88,9 % 2,89 1,52 52,5 %

P163563 Négociations et au renforcement des capacités institutionnelles pour le projet gazier

16/03/2018 23/09/2022 0,2 200 00 20,77 0 % 00 00 0 %

P144183 Gestion durable des paysages (SAWAP)

04/08/2015 31/01/2021 2,8 4,81 1,22 3,59 25,4 % 4,27 0,68 16 %

P151058 Projet d’éco-pôle halieutique de Nouadhibou

24/03/2016 01/11/2020 2,1 7,75 5,20 2,71 67,1 % 3,57 0,86 24 %

P146804 Projet de gouvernance du secteur public (PGSP)

28/03/2016 15/02/2020 2,1 10,30 4,30 6,35 41,8 % 84 1,70 21,1 %

P156165 Appui au système de santé (INAYA)

19/05/2017 30/06/2021 1 170 12 17,16 6 % 18,18 12 5,6 %

P150430 Système de protection sociale 14/05/2015 31/10/2020 3 150 4,41 10,97 29,4 % 12,65 1,68 13,3 %

P127543 Programme de développement local (PNIDDLE)

18/06/2013 30/06/2019 4,9 250 21,27 2,49 85,1 % 7,54 55 67 %

Total 8 138,26 74,79 65,41 54,1 % 57,14 12,51 21,9 %

Page 112: ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DÉVELOPPEMENT SOCIÉTÉ

106

Portefeuille régional (au 30 avril 2018)

ID du projet

Projet Secteur Approbation

(Date) Clôture (Date)

Âge (années)

Montant (USDM)

Part du pays Montant total décaissé

% Montant (USDM)

% Montant (USDM)

P162337 Projet d’investissement dans la résilience des zones côtières de l’Afrique de l’Ouest (WACA)

Environnement et ressources naturelles

09/04/2018 31/12/2023 08 200 500 100 00 % 00

P154482 Appui à l’initiative pour l’irrigation au Sahel (PARIIS)

Eau 05/12/2017 31/03/2024 0,43 250 33,36 8,34 00 % 00

P147674 Appui au pastoralisme dans le Sahel (PRAPS)

Agriculture 26/05/2015 31/12/2021 2,99 450 33,36 151 19,73 % 8,88

P126773 Programme régional des pêches en Afrique de SOP-C1 (PRAO)

Environnement et ressources naturelles

16/03/2015 15/12/2020 35 120 33,36 150 253 % 30

P131327 Projet régional des pêches en Afrique de l’Ouest (PRAO-FEM)

Environnement et ressources naturelles

16/03/2015 15/12/2020 35 70 S.O. S.O. 291 % 23

P150080 Autonomisation des femmes du Sahel et dividende démographique (SWEDD)

Santé, nutrition et population

18/12/2014 31/12/2018 44 150 33,36 50 415 % 6,16

P131323 Développement de la résilience au changement climatique dans le bassin du fleuve Sénégal (PGIRE 2)

Eau 05/12/2013 30/06/2021 4,43 710 33,36 240 33,11 % 21,99

P123093 Programme régional pour les infrastructures de communication en Afrique de l’Ouest (WARCIP)

Transports et TIC 30/05/2013 30/11/2019 4,93 300 33,36 100 24,93 % 7,19

Valeur totale du portefeuille régional en Mauritanie 2250 21,89 % 49,25

Page 113: ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DÉVELOPPEMENT SOCIÉTÉ

107

ANNEXE 4 : PORTEFEUILLE DU GROUPE DE LA BANQUE MONDIALE

¹ ⁴¹ ⁴²

³

Cmtd Exposure Cmtd Cmtd Exposure

44.8 0.0 0.0 0.0

1

6

MIGA Data as of : May 31, 2018

385.60.0

302.8

688.7

Total

3

358.5

2.7

IFC AMC

($m USD)

Quasi Equity

(LN & ET)

Cmtd

IFC Advisory Services - Business lines

($m USD funds managed)

Currently Active

2

302.7

Tourism

Undisbursed ($m) *

0.0

IFC

Total

Cmtd

44.8

Syndicated ($m USD)

B-Loan

Exposure

0.0

World Bank Data as of : Jun 12, 2018

IFC Data as of : May 31, 2018

Exposure (total sums

disbursed & outstanding)($m)

0.3

Exposure

0.0

* Data as of : Jun 12, 2018

IDA, Blend or IBRD

58.544.8

103.3

IDA 16 allocation(SDR)% Change over IDA15Inflation Rate (%) (2016)

IBRD/IDA Exposure Data as of: Sep 30, 2017

1.5%

# of Projects Guaranteed for Investment

Guarantees Gross Exposure ($m)

Guarantees - Top Sectors

Mining

Ranking in Doing Business Report (2017)

WBG

IBRD

Finance & Insurance

All others

Equity

Cmtd

0.0

300.0

121.144.8

165.8

# of projects in portfolio7

% Undisbursed 48.4

Of which Approved (YTD) (#)2

Of which Approved (YTD) ($m)

Loan

GNI per capita ($) (2016)

Exposure

0.0

IFC Investment Business - Top 5 Sectors

(IFC Committed $m USD)

Total

GDP growth (%) (2016)

MIGA

46.0

1,130.02.0%

Net

Commitments/Committed

($m) *0.0

Quasi Equity

(LN & ET)

Exposure

0.0

150

Cmtd

0.0

40.0

4.8

44.8

GT (incl. Trade Fin) and

Risk Mgm

Disbursements in FY18 ($m)

GNI ($billions) (Atlas) (2016)

57.4# projects in FY18 pipeline

2Commitments($m) in FY18 pipeline

46.0

Current IFC Committed Portfolio

IFC's own account ($m USD)

4.8Population (millions) (2016)

IDAIFCMIGA

World Bank Group

1.Net Commitments for active portfolio projects. 2.Outstanding balances or Undisbursed Commitments. 3.MIGA Guarantees for Exposure

IBRD/IDA

Net Commitments($m)121.1

4.3 IDA

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108

ANNEXE 5 : PORTEFEUILLE DES ENGAGEMENTS ET DES ENCOURS DE PLACEMENTS D’IFC EN MILLIONS USD AU 31 MAI 2018

Intitulé du projet Branche d’activité

principale

Total des fonds administrés

par IFC (millions USD)

Agro-industrie Mauritanie Agro-industrie et foresterie 9,5

GT-ST Mauritanie Institutions Financières 40.0

Total 49,5

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ANNEXE 6 : ENCOURS DES GARANTIES DE MIGA AU 31 MAI 2018

Date

d’entrée

en vigueur

Date

d’expiration

Nom de

l’investisseur

(Investisseur

assuré)

Pays de

l’investisseur

Branche

d’activité

Intitulé

du projet

Maximum

(USD)

01/02/2016 31/01/2026 Azalai Hotels S.A. Mali Tourisme Compagnie hôtelière du Sahara 2 696 097

17/01/2018 16/01/2033 Kinross Gold

Corporation

Canada Mines Tasiast Gold Mine 300 000 000

Total 302 696 097

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ANNEXE 7 : LA MAURITANIE CONTINUE D’EXCELLER DANS LE RAPPORT DOING BUSINESS

1. La Mauritanie est devenue un grand réformateur en matière de politique d’investissement, le pays ayant gagné 18 impressionnantes places dans le classement Doing Business en seulement deux ans – de la 168e à la 150e en 2018 – et a bondi de 10 places l’an dernier grâce à une série de réformes mises en œuvre par l’État depuis 2014. 2. Au cours des trois dernières années, 12 réformes majeures ont été mises en œuvre, dans les domaines de la création d’entreprise, de l’accès au crédit, du commerce transfrontalier, du paiement des impôts et de l’enregistrement immobilier, dont cinq ont été adoptées l’année dernière. L’État mauritanien a considérablement modifié les cadres réglementaires locaux en 2016/2017 en jumelant plusieurs procédures d’enregistrement, en augmentant la transparence du cadastre, en initiant une série de mesures au port de Nouakchott et en divulguant toutes les décisions de justice concernant les affaires commerciales sur les sites web des tribunaux. 3. En raison des réalisés, la Mauritanie a été présentée dans le rapport Doing Business 2017, pour la deuxième année consécutive, comme faisant partie des 10 meilleurs réformateurs au monde. Ces 12 réformes menées en si peu de temps témoignent de l’engagement indéfectible des autorités à améliorer le climat d’investissement et à développer le secteur privé dans le pays. 4. Il existe plusieurs voies pour améliorer la compétitivité globale de la Mauritanie. Le pays doit renforcer les mécanismes institutionnels qui garantissent la poursuite des réformes et adopter des mesures pour moderniser l’administration des biens et des taxes tout en protégeant les investissements privés. Il est essentiel d’assurer la participation de toutes les parties prenantes au processus de réforme, surtout le secteur privé formel et informel et la société civile, afin de répondre aux besoins du secteur privé et d’optimiser l’impact et la durabilité.

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ANNEXE 8 : LA DIMENSION DU GENRE DANS LE CPP

1. Le Cadre de partenariat avec la Mauritanie (CPF) prendra en compte un large éventail d’obstacles sexospécifiques à la réduction de la pauvreté et à la promotion d’une prospérité partagée, qui ont été recensés dans le SCD. Il prévoit notamment des activités ciblant les obstacles sexospécifiques ayant trait à la scolarisation, aux compétences techniques, professionnelles et entrepreneuriales, à la santé reproductive et aux comportements en la matière, et aux mutilations génitales féminines. 2. L’approche du CPF concernant genre présente trois caractéristiques principales : 1) elle reconnaît les liens qui existent entre les multiples inégalités entre les hommes et les femmes observées dans le pays, ainsi que le rôle que jouent les normes sociales sous-jacentes dans leur pérennisation ; 2) étant donné le rôle central des normes sociales qui sous-tendent un bon nombre des inégalités entre les sexes et la position dominante des hommes dans la société en Mauritanie, l’importance de la mobilisation des hommes en tant qu’alliés dans l’autonomisation des femmes constituera un principe qui influera sur l’appui de la Banque mondiale pour la prise en compte des questions de genre dans l’ensemble du portefeuille ; 3) elle sera appliquée dans le cadre d’un projet autonome (SWEDD) qui est axé sur une série de questions de genre interconnectées, ainsi qu’en intégrant la dimension genre dans une série de projets en cours ou en préparation dans divers secteurs ; 4) elle s’appuiera sur les conclusions du CLR pour accorder une plus grande attention à la prise en compte des progrès réalisés en matière d’égalité dans les indicateurs du cadre de résultats du CPF, et à travers des études d’impact permettant de réunir des éléments factuels qui témoignent des solutions qui fonctionnent. 3. Le CPF s’attaquera à un ensemble de problèmes de genre reliés les uns aux autres à travers le Projet sur l’autonomisation des femmes du Sahel et le dividende démographique (SWEDD), qui vise à renforcer l’autonomisation des femmes et des adolescentes, à accroître leur accès à des services de santé reproductive, infantile et maternelle de qualité, et à améliorer la production et le partage de connaissances au niveau régional et ainsi qu’à renforcer les capacités et la coordination régionales concernant ces questions. La conception du projet SWEDD a été guidée par des données probantes fondamentales, à savoir : 1) les effets positifs de la conjugaison de la formation professionnelle et l’acquisition d’aptitudes à la vie quotidienne, et la mise à disposition d’espaces sûrs pour les adolescentes dédiés à la santé reproductive, aux comportements et à l’autonomisation des jeunes femmes (Bandiera et coll., 2014 ; Adoho et coll., 2014) ; 2) les retombées positives de la mobilisation des hommes en tant qu’alliés dans la promotion d’un comportement des femmes favorable à la prise d’initiatives en matière de santé reproductive, notamment grâce au modèle de l’École des maris (FNUAP, 2011). Les principales réalisations attendues du SWEDD sont les suivantes : la réduction des abandons scolaires des filles dans le secondaire, l’amélioration des connaissances des adolescentes et des jeunes femmes en matière de santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et nutritionnelle (SRMNIN) et de la participation des jeunes femmes à des interventions portant sur le développement des aptitudes à la vie quotidienne et les moyens de subsistance qui peuvent faciliter davantage leur transition de l’école au travail. L’appui à la santé reproductive des

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113

femmes prévu dans le CPF sera également fourni par le biais du Projet d’appui au système de santé (P156165), qui prend en compte les facteurs agissant du côté de l’offre et la demande afin de garantir l’accès des femmes à des services de SRMNI de qualité. 4. Outre l’accent mis sur la mobilisation des hommes dans la promotion de la santé reproductive des femmes, le CPF pourrait également essayer de les faire participer en tant qu’alliés dans l’autonomisation économique des femmes. Des données concrètes d’Ouganda indiquent que le fait d’associer les hommes au débat sur les questions de genre dans le cadre d’un programme de transferts monétaires et de formation en entrepreneuriat à l’intention des femmes vulnérables a permis de renforcer le soutien que ceux-ci apportent aux activités commerciales de leurs partenaires et d’améliorer la communication et les relations au sein du couple. D’autres données concrètent prouvent également que lorsque des projets œuvrent en faveur de l’autonomisation des femmes en excluant les hommes, ils peuvent être perçus par ces derniers comme de la défiance à l’égard de leur rôle traditionnel, ce qui accroît les tensions dans les relations entre les hommes et les femmes et la violence domestique. 5. L’appui apporté par le CPF à l’autonomisation des femmes et des filles mobilise les femmes à des étapes clés de leur vie afin de lever les obstacles sexospécifiques à la scolarisation, à l’enseignement et la formation techniques et professionnelles (EFTP), et au soutien en faveur de l’insertion des femmes dans emplois et des branches d’activité spécifiques. Le CPF poursuivra les efforts déployés pour réduire les inégalités entre les sexes à travers le Projet d’appui à l’éducation de base (P126902), qui a déjà contribué à la construction de 12 établissements du premier cycle du secondaire dans des zones rurales défavorisées, à la distribution de 19 000 kits pédagogiques à des filles du premier cycle du secondaire, à la remise de 252 prix aux filles ayant obtenu les meilleurs résultats, et à l’organisation de campagnes de sensibilisation ayant touché 290 enseignants et directeurs d’écoles, inspecteurs et associations de parents d’élèves. Ces interventions ciblent les obstacles liés à la sécurité, au coût et aux normes sociales qui entravent l’accès des filles à l’éducation, et ont démontré qu’ils avaient un impact positif sur les inscriptions et la fréquentation scolaire des filles dans la région. Le CPF continuera sur la même lancée grâce au Projet d’appui à l’éducation en Mauritanie (P163143), et portera sur la qualité et l’efficacité de l’éducation de base et secondaire. Le Projet d’appui au système de filets sociaux a permis d’assurer des transferts monétaires et comprend une composante consacrée à la promotion sociale qui met l’accent sur la sensibilisation à des questions telles que l’importance de l’éducation des filles, le mariage précoce et les mutilations génitales féminines. Ce projet pourrait envisager des initiatives spécifiques pour associer les hommes dans le cadre de la composante de promotion sociale. 6. Deux opérations œuvreront en faveur de l’accès des femmes à l’EFPT. Le Projet d’appui au développement des compétences en Mauritanie (P118974), qui a soutenu 11 institutions d’EFPT à travers des contrats de performance, et a favorisé l’accroissement de la proportion de bénéficiaires de sexe féminin de 15 % à 34 %, dépassant ainsi la cible qui avait été fixée à 27 %. Alors que ce projet était axé sur la formation des femmes pour qu’elles accèdent à des emplois socialement acceptables, le nouveau Projet sur l’emploi des jeunes en Mauritanie (P162916) pourrait étudier la possibilité de mener des interventions permettant aux femmes d’accéder à

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des emplois mieux rémunérés ou à des secteurs plus rentables, qui sont généralement dominés par les hommes. Le Laboratoire d’innovation pour l’égalité des sexes en Afrique (GIL) mis en place par la Banque mondiale recueille des données concrètes sur cette question, les résultats d’études d’impact réalisées en Éthiopie et en Ouganda indiquant que l’accès à l’information sur les secteurs mieux rémunérés ou plus rentables et dominés par les hommes et le fait d’être en contact avec un modèle masculin (à l’exemple d’un mari qui soutient sa femme) constituent des facteurs clés qui permettent aux femmes de se lancer dans des domaines dominés par les hommes. Le projet pourrait également s’appuyer sur les données probantes provenant du GIL qui révèlent qu’une combinaison des interventions axée sur la formation professionnelle et le développement des aptitudes à la vie quotidienne peut avoir un impact considérable non seulement sur l’autonomisation économique des femmes, mais aussi sur leur santé et leur comportement en matière de reproduction. 7. Le CPF mettra également un accent sur les secteurs et les emplois qui peuvent avoir un impact direct sur l’autonomisation économique des femmes. Par exemple, les femmes occupent 30 % des emplois dans le secteur des pêches, et sont particulièrement concentrées dans le domaine de la transformation. Tenant compte de cette réalité, le Projet d’éco-pôle halieutique de Nouadhibou (P151058) aidera les pêcheurs artisanaux et les acteurs qui interviennent après la pêche, notamment les femmes, à renforcer leurs capacités afin de réduire les pertes après capture et de promouvoir de bonnes pratiques de pêche et de gestion, grâce par exemple à la formation à l’entrepreneuriat et au développement des compétences commerciales, ainsi qu’à la manutention des produits halieutiques. En outre, le Projet de gestion durable des paysages en Mauritanie qui vient appuyer l’Initiative « Grande muraille verte » (P144183) privilégie la participation des femmes dans le secteur de la production de gomme, avec des « supports particuliers de sensibilisation et de promotion ciblant les femmes ». Pour autant, une approche stratégique du genre ne semble avoir été intégrée – par exemple l’identification des obstacles sexospécifiques à la participation des femmes ou à leur capacité à tirer des avantages de ces initiatives, et ensuite la conception d’activités pour lever ces contraintes. 8. Se fondant sur les leçons tirées de l’Examen de fin d’exécution et des enseignements de la CPS, le CPF accordera une plus grande attention à la mesure des progrès réalisés en matière de genre en incluant des indicateurs sexospécifiques dans sa matrice de résultats et en utilisant des études d’impact pour éprouver l’efficacité des différentes approches pour s’attaquer aux inégalités entre les sexes. L’équipe du Projet d’appui au système de filets sociaux travaille avec le Laboratoire d’innovation pour l’égalité des sexes (GIL) de la Banque à une évaluation de l’impact relatif des transferts monétaires uniquement, par opposition à une combinaison de transferts monétaires et de campagnes de sensibilisation et d’un train de mesures productives sur les réalisations, notamment l’autonomisation des femmes et leur emploi du temps, et le développement cognitif et la santé des enfants.

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ANNEXE 9 : LE PAYSAGE INSTITUTIONNEL DES PARTENAIRES DE DÉVELOPPEMENT EN MAURITANIE

Comme indiqué dans le CPF, les partenaires de développement de la Mauritanie collaborent étroitement et efficacement les uns avec les autres. Un cadre formel de coordination des bailleurs de fonds améliore la qualité et l’efficacité de cette coopération. Comme le montre la figure 1 ci-dessous, le principal bailleur de fonds multilatéral finançant le développement de la Mauritanie est le Fonds arabe de développement économique et social (FADES), suivi par l’Union européenne (UE), le Groupe de la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), le système des Nations Unies et la Banque islamique de développement. De nouveaux partenaires, notamment la Chine et l’Inde, se posent comme d’importants bailleurs de fonds pour la Mauritanie aux côtés de partenaires traditionnels tels que l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie, le Japon et les États-Unis.

Figure 1 : Financements et décaissements des bailleurs de fonds – 2012-2017

Source : Ministère de l’Économie et des Finances, https://sigip.synisys.com/mauritanie/

0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800

AutresItalie

USAIDFEMEAU

OPEPLybieFIDA

EspagneBADIndeFMA

JaponAllemagne

KoweïtFrance

Système…BID

Arabie s.GBM

UEChine

FADES

Engagement Décaissement

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Figure 2 : Projets de développement en Mauritanie - par bailleur de fonds

Au-delà du volume des financements à l’appui des projets fournis par ces partenaires de

développement respectifs, la répartition du portefeuille en

Mauritanie – actuellement évalué à 2,7 milliards de dollars – est présentée par bailleur de fonds (figure 2) et par secteur (figure 3). Les

financements des bailleurs de fonds arabes – qui représentent près de 52 % de l’ensemble des projets en Mauritanie – sont en grande partie fournis par le FADES et l’Arabie Saoudite (35 % et 11 %, respectivement). Le Groupe de la Banque mondiale représente près de 11 % du total du portefeuille de financements, à égalité avec les bailleurs de fonds européens et légèrement derrière la Banque islamique de développement, dont le financement représente près de 14 % du total.

3.5

51.6

2.9

10.6

4.0

13.7

10.53.3

Project Pipeline by Donor ( % of total)

AfDB

Arab

China

European

India

IsDB

WBG

Other

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Figure 3 : Projets de développement en Mauritanie – par secteur

Comme l’illustre la figure 3, les projets dans le secteur de l’énergie représentent 40 % du portefeuille total, dont 71 % sont financés par des bailleurs de fonds arabes et 16 % par la Banque islamique de développement. Les projets d’infrastructure de transport représen-tent 15 % de l’ensemble du portefeuille, dont

54 % sont financés par des bailleurs de fonds arabes, 16 % par la Chine et 14 % par l’UE. Les financements du Groupe de la Banque mondiale représentent 37 % du total des financements destinés aux projets des secteurs primaires – agriculture, élevage, pêche – et ceux liés à l’environnement ; 29 % des financements destinés aux projets sur la gouvernance et projets multisectoriels ; et 13 % des financements consacrés au développement humain (principalement la santé). Le Groupe de la Banque mondiale est le seul bailleur de fonds à financer le secteur des télécommunications en Mauritanie.

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Figure 4 : Dette extérieure de la Mauritanie – par bailleur de fonds

La Mauritanie reste largement exposée au risque de surendette-ment extérieur, et la dernière analyse de viabilité de la dette révèle que la quasi-totalité des seuils des principaux indicateurs de la dette ont été dépassés. À propos des chiffres ci-dessus sur le financement étranger de grandes infrastruc-

tures et autres projets de développement, la dette extérieure contractée entre 2012 et 2015 avait pour objectif de financer des investissements majeurs dans les infrastructures et de renforcer les réserves de la Banque centrale. Comme on le voit à la figure 4, une grande partie de cette dette – près de 44 % – est due aux bailleurs de fonds arabes, suivis par la Banque islamique de développement et la Banque mondiale (13 % pour les deux), 12 % de la dette totale ayant été contractée auprès de la Chine.

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ANNEXE 10 : CONSULTATIONS MENÉES DANS LE CADRE DE LA PRÉPARATION DU CPP

Le CPF a été élaboré en partenariat avec le Gouvernement mauritanien et il prend en compte les consultations étroites engagées avec un large éventail de parties prenantes. Les consultations en vue du CPF ont eu lieu entre août 2017 et janvier 2018. Elles portaient essentiellement sur les meilleurs moyens de mettre à profit l’avantage comparatif du Groupe de la Banque mondiale et d’autres partenaires de développement afin de soutenir les objectifs de développement de la Mauritanie énoncés dans la SCAPP, et de maximiser l’impact de l’action du Groupe de la Banque mondiale dans le cadre de ce CPF. Les échanges avec les parties prenantes portaient sur la façon dont le Groupe de la Banque mondiale pouvait le mieux soutenir les objectifs de développement de la SCAPP tout en optimisant l’efficacité des ressources du Groupe – appui financier, connaissances et rôle fédérateur de l’institution.

Les consultations régionales relatives au CPF se sont déroulées en août et en septembre 2017. Elles ont été organisées dans trois régions de manière à couvrir le large éventail de défis de développement auxquels la Mauritanie est confrontée, notamment : a) l’urbanisation et l’accès aux services publics dans les villes secondaires (Chami, 21 août 2017) ; b) la compétitivité et l’emploi pour une croissance inclusive et durable (Nouadhibou, 6 septembre 2017) ; c) l’agriculture, l’élevage et la résilience des systèmes agropastoraux aux effets du changement climatique (Aleg, 14 septembre 2017). Ces consultations ont été coprésidées par les autorités locales et la Banque mondiale, et ont vu la participation de représentants des départements ministériels et organismes gouvernementaux, des partenaires de développement et de la société civile. La directrice des opérations et de nombreux représentants du secteur privé et d’organisations professionnelles, principalement des secteurs minier et halieutique, ont également pris part à la consultation de Nouadhibou.

Les principaux résultats des consultations ont été examinés avec le Comité de pilotage du CPF. Au cours de ces consultations, qui ont été largement couvertes par les médias locaux (presse écrite et télévision), les constatations du SCD ont été confirmées et les participants se sont accordés pour déterminer des solutions de développement au niveau infranational, tenant compte des défis de développement propres à chaque région. Un consensus s’est également dégagé concernant les orientations stratégiques du CPF, notamment l’importance de privilégier l’accès aux services et les villes secondaires et pas seulement Nouakchott, la nécessité que le développement du secteur privé mette l’accent sur la bonne gouvernance et les facteurs d’amélioration de l’emploi et de la compétitivité, et la résilience des systèmes agropastoraux. Les participants ont reconnu l’importance de prendre en compte les questions intersectorielles suivantes dans le CPF : la vulnérabilité de la Mauritanie au changement climatique, le genre et l’égalité des chances pour les groupes vulnérables, la préservation de l’environnement et la participation de la société civile.

Une autre série de consultations a eu lieu en janvier 2018 à Nouakchott – avec des responsables de l’administration centrale, des représentants du secteur privé, des organismes de la société civile et des associations de femmes. Le séminaire avec le gouvernement, auquel 14 ministres ont participé, a confirmé la prise en main du programme par les autorités et leur entérinement

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des axes d’intervention stratégiques et du programme de prêt indicatif du CPF. La consultation avec les représentants du secteur privé a revêtu la forme d’un dîner de travail avec 30 participants des secteurs des banques, des mines, du tourisme, des pêches et de l’agroalimentaire, ainsi que des membres de la chambre de commerce, du patronat et des principales fédérations à Nouakchott. Ce que l’on a retenu surtout de cette consultation c’est que pour développer un secteur privé plus compétitif et diversifié en Mauritanie, il faudrait : a) préciser les rôles et les responsabilités entre le secteur public et le secteur privé afin de s’assurer que le secteur public ne supplante pas le secteur privé ; b) rétablir le dialogue entre les secteurs public et privé afin de rétablir la confiance, les relations et la communication entre l’État et le secteur privé ; c) promouvoir des règles de jeu équitables grâce à une meilleure gouvernance, à la transparence et à une justice commerciale qui fonctionne comme il se doit ; d) promouvoir un cadre fiscal, douanier et juridique fiable et simplifié ; et e) améliorer la qualité et l’adéquation des aptitudes et des compétences de la main-d’œuvre. La consultation d’une demi-journée sur le genre et l’inclusion sociale a réuni des représentants du gouvernement, de la société civile, du secteur privé et des partenaires de développement. Les participants ont souligné la panoplie d’obstacles que rencontrent les femmes en Mauritanie et le degré d’influence qu’ont les normes sociales sur elles. Ils ont également reconnu la nécessité de faire appel aux femmes comme agents du changement en Mauritanie et de poursuivre à une plus grande échelle les programmes qui ont fait leurs preuves afin d’en élargir l’impact. Un sondage d’opinion a été réalisé dans le pays (COS) au cours de l’exercice 15 afin de recueillir les avis des parties prenantes au sein de l’administration, du parlement, des agences bilatérales et multilatérales, du secteur privé, des ONG, des médias, des syndicats, des associations de jeunes, des milieux universitaires/groupes de réflexion et du système judiciaire. Sur les 393 parties prenantes qui ont été contactées, 204 ont participé au sondage, soit un taux de réponse de 52 %, répondant à des questions sur la connaissance du Groupe de la Banque mondiale, sur la voie dans laquelle Mauritanie était engagée, sur les attitudes à l’égard du Groupe de la Banque mondiale et sur l’efficacité de ce dernier. La question a aussi été posée de savoir quels étaient les instruments considérés comme les plus efficaces du Groupe de la Banque mondiale et sur les secteurs les plus importants dans la lutte contre la pauvreté : ➢ L’éducation arrivait en tête de liste des priorités de développement (64 %), suivie par la

« gouvernance/réforme du secteur public » (30 %) et enfin la « lutte contre la corruption » (24 %). L’éducation a été mentionnée par 56 % des participants comme secteur qui contribue le plus à la réduction de la pauvreté, et l’« éducation/formation professionnelle » et de « meilleures perspectives d’emplois pour les jeunes » ont été mentionnées par 37 % des personnes interrogées comme des facteurs clés contribuant à une « prospérité partagée ».

➢ Les prêts d’investissement (39 %) et le renforcement des capacités ont été cités comme les instruments les plus efficaces du Groupe de la Banque mondiale dans la lutte contre la pauvreté. Les personnes interrogées ont jugé très importante la participation du Groupe de la Banque mondiale à la conception et à la mise en œuvre des politiques (respectivement 7,5 sur 10 et 7,4 sur 10) et élevée la qualité du travail de l’institution en matière de connaissances techniques (6,2 sur 10).

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➢ Les personnes interrogées ont reproché au Groupe de la Banque mondiale de « ne pas être vouloir remettre en cause en toute honnêteté les politiques et les réformes menées dans le pays » (22 %) et de « ne pas collaborer suffisamment avec les parties prenantes non gouvernementales » (22 %). Les personnes interrogées étaient tout à fait d’accord (7.2 sur 10) avec l’idée que « dans l’ensemble, le Groupe de la Banque mondiale joue un rôle pertinent dans le développement de la Mauritanie » et que « le Groupe de la Banque mondiale soutient des programmes et des stratégies qui sont réalistes pour la Mauritanie » (6,6 sur 10). Les personnes interrogées étaient d’accord avec l’idée que le Groupe de la Banque mondiale était un partenaire efficace sur le long terme (8,2 sur 10) et travaille en bonne intelligence avec l’État (7,3 sur 10), et la collaboration avec le secteur privé a obtenu la note de 4,9 sur 10.

➢ À la question de savoir dans quel secteur le Groupe de la Banque mondiale devrait le plus concentrer son attention et ses ressources, 51 % des personnes interrogées ont répondu l’éducation, suivie du développement agricole (26 %) et de la santé (23 %).

Un sondage d’opinion réalisé dans le pays durant l’exercice 18 a été réalisé entre janvier et juin 2018 ; au total, 219 personnes (sur les 500 contactées à cet effet) ont participé à ce sondage. Le travail sur le terrain se poursuit et les questionnaires sont encore en train d’être classifiés et analysés. Les résultats préliminaires sont basés sur un échantillon de réponses fortement axées sur le secteur de l’éducation et les parties prenantes au sein de la communauté des OSC/ONG, et ils semblent comparables à ceux du sondage de l’exercice 15 : ➢ L’éducation arrivait en tête de liste des priorités de développement (pour 63,5 % des

personnes ayant répondu au questionnaire), suivie par la santé (33,2 %) et la gouvernance du secteur public (27 %).

➢ De même, à la question de savoir quels domaines de travail contribueraient le plus à réduire la pauvreté en Mauritanie, les trois principaux domaines cités étaient l’éducation (42,7 %), l’agriculture et le développement rural (40,4 %) et la création d’emplois/le travail (36,6 %).

➢ Les personnes interrogées ont reproché au Groupe de la Banque mondiale de « ne pas être vouloir remettre en cause en toute honnêteté les politiques et les réformes menées dans le pays » (28 %) et de « ne pas collaborer suffisamment avec la société civile » (23,7 %).

➢ Elles ont souligné le fait que, pour que la Mauritanie se valorise davantage, le Groupe de la Banque mondiale devrait « travailler plus avec la société civile et les représentants des bénéficiaires » (42,6 %) et « relever le niveau de développement des capacités dans le pays » (19,6 %).

➢ Pour ce qui est des trois domaines qui bénéficieraient le plus du fait que le Groupe de la Banque mondiale y joue un rôle de chef de file parmi les partenaires internationaux en Mauritanie, les personnes interrogées ont mentionné l’accès aux services de base (42,9 %), les emplois (36,9 %) et la gestion des finances publiques (34,5 %).

Une compilation et une analyse plus complètes des réponses recueillies dans le cadre du sondage seront effectuées ultérieurement en 2018. Ces résultats seront pris en compte l’Examen des progrès et des enseignements (PLR).

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ANNEXE 11 : EXAMEN DU PORTEFEUILLE A TRAVERS LE PRISME DES « CO-BENEFICES » CLIMATIQUE

Avec l’appui du Groupe en charge du changement climatique, l’ensemble du portefeuille de projets en cours (projets nationaux et régionaux compris), les opérations en préparation et quelques activités d’ASA ont été examinés pour rechercher des avantages annexes sur le plan climatique (voir le tableau ci-dessous). Globalement, le programme de travail en Mauritanie se caractérise par un degré élevé d’avantages annexes sur le plan climatique, qui présente des chances de contribuer sensiblement à l’engagement pris la Région Afrique tout entière concernant le changement climatique. Bien des projets en cours ont des avantages annexes considérables sur le plan climatique (principalement en matière d’adaptation, appropriée pour un pays vulnérable comme la Mauritanie et conforme à la CPDN du pays). En ce qui concerne les opérations en préparation, il existe des possibilités d’identifier, voire d’augmenter, les avantages annexes sur le plan de l’adaptation découlant des projets en préparation (Projet d’éco-pôle halieutique et Projet d’eau et assainissement dans les zones rurales). Certains des principaux enseignements sont présentés ci-dessous :

• Portefeuille de projets en cours. Dans le portefeuille des opérations en cours, plusieurs projets présentent des bénéfices clairs sur le plan de l’adaptation, tels que définis dans les activités du projet, mais il ne leur pas été assigné des contributions en avantages annexes. C’est le cas par exemple du Projet d’éco-pôle halieutique de Nouadhibou (P151058) et du Projet de moyens de subsistance durables pour les rapatriés et les communautés d’accueil dans la vallée du fleuve Sénégal (P132998). Il est recommandé que l’équipe demande une réévaluation des avantages.

• Projets en préparation. Étant donné l’avantage comparatif de la Mauritanie en matière d’énergies renouvelables (solaire et éolienne), les avantages sur le plan de l’atténuation pourraient être étudiés et définis dans les projets en préparation dans le secteur de l’énergie. En outre, un grand nombre de projets ciblent les populations vulnérables au changement climatique, en leur assurant des filets de sécurité adéquats et l’accès aux services de base (par ex., éducation, santé, eau, assainissement et hygiène, et énergie). Il existe une possibilité de revendiquer les avantages que procurent ces projets sur le plan de l’adaptation.

• Portefeuille régional. Les opérations régionales, à l’instar des projets WACA et REDISSE, ont des avantages annexes considérables sur le plan de l’adaptation, et ils ont été évalués en tant que tels. Cependant, les avantages annexes sont considérés comme régionaux et n’ont pas été attribués à un pays en particulier. En ce qui concerne les projets régionaux qui interviennent directement dans un pays comme le projet WACA, il y a tout lieu de revoir la méthodologie de calcul afin que les avantages annexes climatiques obtenus au niveau national puissent être calculés et reconnus.

• Programme d’ASA. Les ASA, dont les avantages annexes sont évalués par l’OPCS, comprennent des activités pouvant être considérées comme relevant aussi bien de l’adaptation que de l’atténuation. Dans le cas des ASA, les initiatives visant à combler le manque de connaissances en appui aux investissements de suivi destinés à répondre totalement ou partiellement aux besoins d’adaptation ou aux possibilités d’atténuation de la Mauritanie devraient être développées et mises en évidence (par ex., l’opération relative à l'entrepreneuriat des jeunes, CityCore ou l’EDP du secteur de l’eau).

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Vulnérabilité au changement climatique et avantages annexes du programme de travail pour la Mauritanie

Intitulé du projet ODP Vulnérabilité au

changement climatique Mesures de résilience soutenues

par le projet

Avantages annexes sur le plan du changement climatique (éventuels

ou évalués)

Portefeuille de projets en cours

Éco-pôle halieutique de Nouadhibou P151058 Financement additionnel prévu

Soutenir le développement à Nouadhibou d’un pôle halieutique qui promeut la gestion durable des ressources halieutiques et crée de la valeur au profit des populations locales.

Les communautés côtières dépendent de la pêche de subsistance et sont exposées au risque d’élévation du niveau de la mer, d’intrusion des eaux salines, d’érosion et, par conséquent, de la détérioration des infrastructures de pêche.

Développement d’une filière halieutique compétitive. Approches pour accroître les revenus nets des populations locales. Accroissement de la capacité des populations locales à s’adapter aux inondations et à l’érosion.

Aucun avantage annexe climatique n’a été attribué au projet P151058. Le processus est finalisé par l’OPCS et validé par le(s) chef(s) d’équipe du projet. Le financement additionnel (P163645) pourrait générer des avantages annexes sur le plan de l’adaptation si le changement climatique est pris en compte dans la conception du projet.

Gestion durable des paysages (SAWAP) P144183

Renforcer la gestion durable des paysages dans des écosystèmes productifs ciblés en Mauritanie.

La variabilité et la modification du climat au Sahel ont une incidence sur l’agriculture, les écosystèmes, les établissements humains, la santé et les ressources en eau.

Promotion de la gestion durable des paysages et régénération des écosystèmes productifs. Accent mis sur les femmes, qui sont plus vulnérables aux effets du changement climatique

75 % d’avantages annexes sur le plan de l’atténuation et 100 % sur le plan de l’adaptation. Ces avantages annexes sont finalisés par l’OPCS et validés par le(s) chef(s) d’équipe du projet.

Projet de moyens de subsistance durables pour les rapatriés et les communautés d’accueil dans la vallée du fleuve Sénégal (P132998)

Améliorer l’accès des rapatriés et des communautés hôtes à une aide pour développer des moyens de subsistance et renforcer la prévention des conflits et le mécanisme de gestion des risques à Brakna et à Trarza sur le fleuve Sénégal.

Précipitations très variables et sécheresse intense.

Interventions tenant compte de projections climatiques : – Amélioration des techniques de culture et introduction de variétés de céréales résistantes à la sécheresse ; – Acquisition d’équipements agricoles modernes et formation de agriculteurs à leur utilisation efficiente et efficace ;

Adaptation

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– Amélioration du rendement des cultures pluviales grâce à l’introduction de techniques de récupération d’eau de pluie ; – Promotion de techniques d’irrigation économes en eau ; – Promotion de la culture mixte de légumineuses.

Projet de gouvernance du secteur public (PGSP) (P146804)

Améliorer le suivi et la transparence de certains organismes publics ainsi que l’administration de la fiscalité en matière foncière et minière.

Aucun avantage annexe sur le plan de l’atténuation/de l’adaptation. Le processus est finalisé par l’OPCS et validé par le(s) chef(s) d’équipe du projet.

Programme national intégré d’appui à la décentralisation, au développement local et à l’emploi des jeunes (PNIDDLE) P127543

Renforcer la performance institutionnelle d’administrations locales ciblées en Mauritanie afin d’améliorer leur capacité à assurer la prestation de services.

Aucun avantage annexe climatique n’a été attribué au projet. Le processus est finalisé par l’OPCS et validé par le(s) chef(s) d’équipe du projet.

Projet d’appui à l’éducation de base (BESSP) (P126902)

Améliorer la qualité de la formation initiale des enseignants du primaire et promouvoir un accès équitable au premier cycle de l’enseignement secondaire.

Aucun avantage annexe climatique n’a été attribué au projet. Le processus est finalisé par l’OPCS et validé par le(s) chef(s) d’équipe du projet.

Projet d’appui au système de santé (INAYA) (P156165)

Améliorer l’utilisation et la qualité des services de santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile (SRMNI) dans certaines régions ; et, en cas de situation de crise ou d’urgence admissible, d’apporter une réponse immédiate et efficace.

Aucun avantage annexe climatique n’a été attribué au projet. Le processus est finalisé par l’OPCS et validé par le(s) chef(s) d’équipe du projet.

Projet d’appui au système de filets sociaux

Soutenir la mise en place des fondements du système national de protection sociale et assurer des transferts monétaires ciblés vers les ménages les plus pauvres.

Aucun avantage annexe climatique n’a été attribué au projet. Le processus est finalisé par l’OPCS et

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validé par le(s) chef(s) d’équipe du projet.

Appui aux négociations et au renforcement des capacités institutionnelles pour le projet gazier (P163563)

Renforcer la capacité de l’État à mener des négociations en vue d’une décision finale d’investissement, et jeter les bases de l’apport du secteur gazier à l’économie grâce à l’amélioration du cadre juridique et réglementaire et au renforcement des capacités.

Aucun avantage annexe climatique n’a été attribué au projet. Le processus est finalisé par l’OPCS et validé par le(s) chef(s) d’équipe du projet.

Projets régionaux

Programme régional des pêches en Afrique de l’Ouest (PRAO) (P131327)

Améliorer la gouvernance et la gestion de certaines pêcheries et améliorer la manutention des prises sur certains sites.

Les communautés côtières dépendent de la pêche de subsistance et sont exposées au risque d’élévation du niveau de la mer, d’intrusion des eaux salines, d’érosion et, par conséquent, de la détérioration des infrastructures de pêche.

Réduction du stress subi par les écosystèmes aquatiques du fait de la surpêche Augmentation des revenus nets des populations locales Renforcement de la résilience aux inondations et à l’érosion

100 % d’avantages annexes sur le plan de l’adaptation attribués par l’OPCS et validés par le chef d’équipe de projet.

Programme de gestion des zones côtières de l’Afrique de l’Ouest (WACA) P162337

Renforcer la résilience des communautés et zones ciblées du littoral ouest-africain.

Les communautés côtières pauvres sont les plus touchées par les inondations des côtes, les ondes de tempête et les fortes précipitations.

Aider les pays à mettre en œuvre les conventions et protocoles régionaux pour une meilleure gestion des zones côtières et marines.

Aider à rendre l’Observatoire du littoral ouest-africain opérationnel, notamment pour qu’il produise des prévisions d’inondations côtières.

Aider les pays à élaborer ou à mettre en œuvre leurs stratégies et plans de gestion côtière.

Fixer les dunes pour protéger Nouakchott en ayant recours aussi bien à des mesures vertes que grises.

Le projet a été approuvé et évalué comme ayant des avantages annexes sur le plan de l’adaptation et de l’atténuation à 100 % par rapport à l’engagement.

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Aménagement côtier impulsé par les communautés dans six de ces dernières.

Projet d’appui à l’initiative pour l’irrigation au Sahel (PARIIS) P154482

Renforcer la capacité des parties prenantes à développer et à gérer l’irrigation et à accroître les superficies irriguées en adoptant une approche régionale basée sur des « solutions » dans les pays du Sahel participant au projet.

Des températures plus élevées pourraient faire augmenter la demande en eau et conduire à l’épuisement de ressources en eau déjà limitées.

Améliorer le système d’irrigation afin d’utiliser l’eau de manière plus rationnelle et de recourir également à des pompes solaires.

33 % d’avantages annexes sur le plan de l’adaptation ont été attribués au projet. Les avantages annexes doivent être validés par le chef d’équipe de projet.

Projet régional d’appui au pastoralisme dans le Sahel (PRAPS) P147674

Améliorer l’accès à des actifs productifs essentiels, à des services et aux marchés pour des pasteurs et des agropasteurs dans certaines zones transfrontalières et le long d’axes de transhumance dans six pays du sahel.

Sécheresses et inondations intenses et fréquentes. L’activité pastorale traditionnelle devient contraignante.

La gestion durable de la base de ressources dont les pasteurs sont tributaires passe par la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la conservation des sols et de l’eau.

21 % d’avantages annexes sur le plan de l’adaptation ont été attribués au projet. Les avantages annexes sont finalisés par l’OPCS et validés par le(s) chef(s) d’équipe du projet.

Projet de développement de la résilience au changement climatique dans le bassin du fleuve Sénégal (PGIRE) (P131323)

Améliorer l’intégration régionale entre les pays riverains du bassin du fleuve Sénégal par le biais de l’OMVS en vue de la mise en valeur à des fins multiples des ressources en eau pour améliorer les moyens de subsistance des populations locales.

Tendance à la baisse des précipitations, augmentation du stress hydrique pour les populations.

Compréhension des arbitrages sectoriels à faire concernant l’utilisation de l’eau Application de méthodes de conservation de l’eau, mise au point de cultures résistantes au sel, appui au renforcement des capacités institutionnelles de l’OMVS, des ministères en charge de l’environnement et d’autres organismes compétents en vue d’améliorer leurs capacités administratives et techniques à impulser des initiatives portant sur l’adaptation au changement climatique dans la région.

2 % d’avantages annexes sur le plan de l’adaptation ont été attribués au projet. Les avantages annexes sont finalisés par l’OPCS et validés par le(s) chef(s) d’équipe du projet.

Projet sur l’autonomisation des femmes du

Renforcer l’autonomisation des femmes et des adolescentes et accroître leur accès à des services de santé reproductive, infantile et

Aucun avantage annexe climatique n’a été attribué au projet. Le processus est finalisé par l’OPCS et

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Sahel et le dividende démographique (SWEDD) (P150080)

maternelle de qualité dans certaines localités des pays participant au projet, notamment dans le territoire des bénéficiaires, et améliorer la production et le partage de connaissances au sein de la région, ainsi que les capacités et la coordination régionales.

validé par le(s) chef(s) d’équipe du projet.

Projet régional de renforcement des systèmes de surveillance des maladies (REDISSE) (P161163)

Renforcer les capacités intersectorielles nationales et régionales de surveillance collaborative des maladies et de préparation aux épidémies e Afrique de l’Ouest.

Le changement climatique influe sur la santé en modifiant la répartition et la survenue des maladies transmises par des vecteurs.

Adaptation aux effets en aval du changement climatique Mesures d’intervention d’urgence et réduction des risques de maladies aggravés par le changement climatique.

50 % d’avantages annexes sur le plan de l’adaptation attribués par l’évaluation préliminaire du Groupe en charge du changement climatique (CCG). Le CCG a évalué le projet dans le cadre de l’évaluation de 2018. Dès lors que le jalon changera, le CCG réévaluera les avantages annexes avant le codage final de l’aspect par l’OPCS à l’approbation du Conseil.

WARCIP (P123093)

Programme régional d’infrastructures de communication en Afrique de l’Ouest - APL 2 (WARCIP)

Aucun avantage annexe climatique n’a été attribué au projet. Le processus est finalisé par l’OPCS et validé par le(s) chef(s) d’équipe du projet.

Programme d’ASA

Examen des dépenses publiques du secteur de l’eau

Fournir à l’État mauritanien une analyse des politiques et institutions actuelles qui déterminent les dépenses dans le secteur de l’eau, ainsi que l’efficience et l’efficacité des dépenses du secteur sur plusieurs années, assortie de recommandations sur les possibilités d’optimiser leur ciblage et leur exécution.

L’augmentation des températures et la baisse probable des précipitations devraient faire accroître la demande en eau dans tous les secteurs.

Analyse des dépenses du secteur en vue d’un ciblage et d’une mise en œuvre plus efficaces des investissements afin d’atteindre les ODD, y compris les objectifs de l’action climatique.

Adaptation

Résilience côtière des villes en Afrique (en abrégé CityCORE – P166688).

Soutenir les efforts déployés par les pays vulnérables de la région Afrique pour mieux gérer les risques liés au climat et aux catastrophes et évoluer vers un développement climato-intelligent aux niveaux régional et national grâce aux mesures suivantes : i) amélioration du soutien apporté au ministère des Finances sur le plan des politiques et des

Risques physiques liés au changement climatique, appui non coordonné pour promouvoir la résilience.

La stratégie de communication comprendra un rapport sur la résilience côtière des villes en Afrique, qui fournira aux équipes de projet, à l’État et aux villes clientes un cadre pour intervenir dans les politiques et investissements relatifs

Adaptation

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stratégies ; ii) renforçant la résilience urbaine ; iii) modernisation des services météorologiques et hydrologiques ; et iv) appui aux pays pour un relèvement résilient.

à la résilience côtière des villes. Ce rapport comportera : – des cas de villes et d’intervention élaborés dans la cadre du projet ; – des exemples de meilleures pratiques internationales ; – une expertise technique internationale mise à contribution pour renforcer les capacités des pays clients.

Appui à l’entrepreneuriat des jeunes et à la prise en compte du changement climatique (P162125)

Évaluer les besoins du marché local et le potentiel pour les services de soutien ciblant les start-up et entreprises vertes en Mauritanie. Les activités viseront à encourager l’entrepreneuriat chez les jeunes et la création d’emploi dans le secteur des technologies propres, grâce à des entreprises qui aideront la Mauritanie à faire face aux effets du changement climatique, notamment en réduisant l’empreinte climatique des industries et des personnes.

Le changement climatique a de graves conséquences sur l’agriculture, la biodiversité, les écosystèmes terrestres et marins et les zones d’habitation.

Évaluation de la chaîne de résultats en matière de changement climatique : utiliser une évaluation appliquant une approche par chaîne de résultats (cause-effet) pour sélectionner les résultats prioritaires que le pays souhaite obtenir en matière d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets (conformément à la Contribution déterminée au niveau national) et, partant de là, identifier les effets de causalité nécessaires pour réaliser la réduction des émissions ou l’amélioration de l’adaptation voulues. Les résultats de ce travail serviront de cibles dans les cas où l’innovation et la création d’entreprises sont nécessaires.

Adaptation et atténuation

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ANNEXE 12 : CARTE DE LA MAURITANIE