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STRATGIE DE SCURIT6

Porte et limites du concept amricain

dAir Sea BattleDvelopp depuis deux ans outre-Atlantique, le concept dopration Air

Sea Battle rpond des besoins croissants de synergies entre les direntsServices amricains, en particulier la Navy et lAirorce. De acto, la partici-pation du corps des Marines est lie la dimension amphibie du concept,et plus largement au rle de la Navy en son sein. Quant lArmy, elle aitgure de parent pauvre dans un contexte daustrit budgtaire et de n desoprations denvergure en Irak (2011) et en Aghanistan (2013-14).

Dans ce contexte gnral, le dveloppement dASB repose sur trois pi-liers. Tout dabord, le concept sinscrit dans une tendance conrme par lesderniers documents de rrence issus du Pentagone (Revue stratgique du5 janvier, projet de requte budgtaire du 26 janvier) : dune part, un retour la dynamique de transormation des orces et une planication des confitsmajeurs, retour qui traduit une volont de revenir aux paradigmes pr-11 septembre. Dautre part, une rednition de la posture stratgique vis--vis de la Chine, tout en maintenant une orce persistante au Moyen-Orient.

Face ces deux tendances, il semble peu probable que le Pentagone schine prserver les acquis de la dcennie coule, notamment la recherche dunedomination de lensemble du spectre confictuel, incluant les oprations descurit, de stabilit et de reconstruction.

Ensuite, compte tenu du dveloppement des capacits militaires de laChine (et, dans une moindre mesure, de lIran), les tats-Unis sont conron-ts au d croissant de lA2/AD (Anti-Access/Area Denial), qui vise inter-dire aux orces amricaines laccs aux voisinages chinois, notamment enmers de Chine du Sud et de lEst. Depuis deux ans, les orces amricaines

cherchent y rpondre en dveloppant des concepts dsormais runis ausein du JOAC (Joint Operational Access Concept), dont lASB, aux ctsdautres concepts comme le dni maritime ou le blocus distance.

Enn, il aut garder lesprit que lASB nest quun concept. Dune part,ses dclinaisons oprationnelles auront des consquences importantes sur lapolitique de dense lhorizon 2025, en priorit sur le ormat des orces,la prparation et lentrainement et le choix des systmes darmes. Dautrepart, sa porte stratgique potentielle ne doit pas tre minore, puisque lASBsinscrit dans la recherche par les tats-Unis dune matrise des risques des-calade.

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7Porte et limites du concept amricain dAir Sea Battle

Trois lments combins sont requis pour la mise en uvre de lASB. Surplan capacitaire, lASB exige le renorcement de systmes de longue porte, orte puissance de rappe et capacit dISR (Inormation, Surveillance,

Reconnaissance), mais aussi rapides, urtis et persistants (bombardiers delongue porte, drones ariens, sous-marins). Corollairement, le d de lA2/AD requiert des innovations en termes de protection, de renorcement etde diversication des bases avances. Est notamment prconis le tissage derseaux de bases rustiques, charges dactivits de soutien, comme la lutteanti-mines. Le seabasingpourrait constituer une autre solution ponctuelle.Enn, lASB sinscrit dans une dynamique dinteroprabilit et dinterar-misation en termes de commandement et de contrle, ISR, guerre rseaux-centre, PED (Processing, Exploitation and Dissemination).

ce stade, les perspectives de lASB restent incertaines. Un enlisementdu concept ne peut tre exclu, pas davantage quune usion de lofce qui luiest ddi au sein dune structure plus vaste au sein du JointChie o Sta,ou encore un partage des tches entre grands commandements rgionaux(par exemple Air Land Battle pour Centcom et Air Sea Battle pour Pacom).Par ailleurs, lASB pourrait tre prouv dans des confits ace lIran ou la Core du Nord, et non ace la Chine ( limage de lAir Land Battle ace lIrak en 1991).

Il est dores et dj possible didentier trois risques associs au dvelop-pement de lASB et susceptibles daaiblir la posture des tats-Unis dans lazone. Tout dabord, ce concept ambitieux pourrait ventuellement aire lesrais dune politique daustrit conduite par le Congrs ou dun retour auxpriorits de stabilisation et reconstruction. Ensuite, tant ace un risque des-calade que ace une stratgie chinoise de nlandisation des territoirescontests des mers de Chine du Sud et de lEst, lASB pourrait savrer insu-sant pour rassurer les allis et partenaires de la zone. En eet, ces deux risques

doivent tre replacs dans le contexte plus vaste de la dissuasion mutuelle entreles tats-Unis et la Chine, et de la recherche dune orme de stabilit strat-gique consistant retrouver une grammaire de la dissuasion avec la Chine.

En conclusion, lASB intresse la France, lEurope et lAlliance atlan-tique au regard de ses implications potentielles sur les relations OTAN-Rus-sie, sur les scnarios dintervention au Moyen-Orient, ainsi que sur la pla-nication doprations en coalition (contrle maritime, prsence avance,rappes de longue porte etc.) et enn sur les doctrines de dissuasion.

Monsieur Guillaume de RougCharg de mission la Dlgation aux affaires stratgiques