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Université de Rouen U.F.R. de Psychologie, Sociologie, Sciences de l’Education Utilité didactique du langage SMS en lycée professionnel Mémoire de Master 1 en Sciences de l’Education Septembre 2009 Caroline IPHIGENIE Sous la direction de Rosine GALLUZZO-DAFFLON

Utilité didactique du langage SMS en lycée professionnelshs-app.univ-rouen.fr/civiic/memoiresM1/textes/... · 3.2.1. Le langage SMS chez les enseignants p 47 3.2.2. Le langage SMS

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Université de Rouen

U.F.R. de Psychologie, Sociologie, Sciences de l’Education

Utilité didactique du langage SMS

en lycée professionnel

Mémoire de Master 1 en Sciences de l’Education

Septembre 2009

Caroline IPHIGENIE

Sous la direction de Rosine GALLUZZO-DAFFLON

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2

Je tiens à adresser mes remerciements à Rosine GALLUZZO-

DAFFLON pour ses encouragements, ses conseils et sa

disponibilité tout au long de ses deux années.

Je remercie aussi les étudiantes de ma promotion et les

enseignants ou formateurs qui ont suivi avec attention la

progression de ma démarche et de mes interrogations.

Je remercie enfin mes deux étoiles accompagnatrices (mes

enfants) et ma famille pour leurs encouragements, leur patience

et leurs frustrations refoulées. Sans eux et sans ces conditions,

ce travail n’existerait pas.

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3

« Monsieur, je suis l'offensé, j'ai le choix des armes, je choisis

l'orthographe. Donc, vous êtes mort. »1

Léon-Paul Fargue

« Je n’ai aucun problème avec ce phénomène. Cela a

toujours été ainsi. Même si la langue s’appauvrit un peu par

manque de règles, c’est toujours moins grave que le jargon

technocratique que l’on jette à tout bout de champ. Ces

nouveautés ont le mérite de prouver que le français est bien

une langue vivante »

Erik Orsenna, membre de l’Académie Française

1 Réponse à une lettre d'insultes comportant beaucoup de fautes d'orthographe.

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SOMMAIRE

Introduction p 6

Problématique pratique Constats sur une situation existante : notre français malmené par le très populaire langage SMS p 10

1. Communiquer au début du XXIè siècle : les nouvelles tendances p 10

1.1. Des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) en pleine expansion p 10

1.1.1. Usage du mobile p 10 1.1.2. Usage de l’Internet p 10

1.2. Vers un nouvel écrit dynamique : le langage SMS p 11 1.2.1. Héritages du Minitel p 11 1.2.2. Le texto à la conquête des 15-25 ans p 11 1.2.3. Les ramifications du « langage SMS » p 13

2. Les usages constatés du langage SMS aujourd’hui p 14 2.1. Où peut-on lire en langage SMS ? p 14

2.1.1. Lexiques et dictionnaires d’un nouveau genre p 14 2.1.2. Des écrits entre dérision et légitimité p 14

2.2. Points de vue des professionnels sur les avantages du langage SMS p 15 2.2.1. La dyslexie p 15 2.2.2. L’enseignement p 16

3. Le débat : le langage SMS a-t-il une place dans l’apprentissage du français ? p 18 3.1. Les arguments contre son utilisation p 18

3.1.1. Une menace pour la langue écrite p 18 3.1.2. Une menace pour la lecture p 19 3.1.3. Une menace pour la culture p 20

3.2. Les arguments de ceux qui ne s’y opposent point p 21 3.2.1. Un langage qui s’apprend p 21 3.2.2. Un langage qui respecte des normes p 21 3.2.3. Un langage qui participe naturellement aux mutations du langage p 22

Le langage SMS : un moyen de communication certes très populaire mais aussi très

controversé p 23

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Problématique théorique

Quel français enseigner ? p 25

1. De la langue à la communication p 25 1.1. La linguistique : la langue et rien que la langue p 25

1.1.1. Distinguons langue et langage p 25 1.1.2. Opposons langue et parole p 26

1.2. « Découverte » de la communication p 29 1.2.1. Le 1er modèle de communication de Shannon et Weaver : une

vision télégraphique p 29 1.2.2. Le schéma de Jakobson centré sur le message p 30 1.2.3. Modèle de Kerbrat-Orecchioni : communiquer, l’illusion de la

simplicité p 31

2. Quelle place donner au langage, outil de communication, dans les pratiques scolaires ? p 32

2.1. En didactique du français p 32 2.1.1. Compétence linguistique ou compétence de communication ? p 32 2.1.2. Point de vue des sociolinguistes p 33 2.1.3. Point de vue des didacticiens p 34

2.2. Dans les pratiques de lecture et d’écriture p 36 2.2.1. Qu’est ce que lire ? p 36 2.2.2. Qu’est ce que produire un écrit en milieu scolaire ? p 38 2.2.3. Qu’est ce que de l’illettrisme ? p 41

Conclusion : le Français, un apprentissage complexe et de longue haleine qui mobilise la société p 43

3. Quelle place donner au langage SMS dans les pratiques scolaires quand on est scolarisé dans le Nord Caraïbe de la Martinique ? p 45

3.1. Présentation de la circonscription Nord-Caraïbe p 45 3.1.1. Description de la Z.E.P. Nord et de son environnement p 45 3.1.2. Caractéristiques scolaires p 45

3.2. Témoignages recueillis dans l’enseignement secondaire p 47 3.2.1. Le langage SMS chez les enseignants p 47 3.2.2. Le langage SMS chez les jeunes en lycées professionnels p 51 3.2.3. Hypothèses de recherche : malgré la résistance des acteurs de

l’éducation, le langage SMS peut trouver sa place dans les apprentissages p 61

Conclusion p 64

Bibliographie p 66

Sitographie p 68

Annexes p 70

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Introduction

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Utilité didactique du langage SMS en lycée professionnel

Lorsqu’on cherche à se représenter une langue donnée, on est souvent confronté à

ce dilemme : doit-on représenter la langue telle qu’elle est parlée ou est-ce qu’on doit la

représenter telle qu’elle devrait être parlée si elle était bien parlée ? Dans l’histoire, la

conscience de ce qu’est une langue est étroitement liée au développement de l’idée de

norme. En France, au seizième siècle, il était bien difficile de dire ce qu’était le français.

Quand les grammairiens ont commencé à s’intéresser à la manière dont parlaient les gens

dans le royaume, ils n’ont trouvé qu’une palette de dialectes, de patois, de sociolectes. C’est

en 1647 que parut le premier ouvrage sur la grammaire. Claude Fabre de Vaugelas proposa

alors une norme fondée sur le français parlé par la cour du roi et les œuvres de quelques

grands écrivains. Cette norme devint de plus en plus puriste pour se transformer, surtout

après les travaux de l’Académie Française, en une norme très stricte.

Seulement au cours des siècles, une longue discussion a eu lieu entre grammairiens

autour des notions de norme et d’usage. Les partisans de la norme estimaient que le

langage avait une tendance spontanée à la régularité et à la symétrie (comme le montre par

exemple, l’alignement des conjugaisons). Les autres grammairiens pensaient au contraire

que le langage était entièrement gouverné par l’usage, lequel n’avait que faire de la

grammaire, et introduisait sans arrêt toutes sortes de fautes et d’irrégularités. Le couple

norme/usage posait donc un problème de fond : où devait passer la frontière entre l’usage et

la norme ?

A chaque époque s’est reposé ce problème puisque la langue évolue, change, se

transforme et est donc sans cesse en mouvement. Ainsi au cours du vingtième siècle, dix

mille mots ont disparu du dictionnaire mais dix-huit mille autres y ont fait leur apparition. Au

vingt-et-unième siècle, c’est l’apparition d’un nouveau langage qui interpelle les défenseurs

de la langue française. Il plait aux jeunes et se nomme le langage SMS. En 6-7 ans, il est

devenu leur moyen privilégié de communication par l’intermédiaire du téléphone portable ou

d’Internet mais il interpelle : ces messages sont remplis de fautes d’orthographe disent les

puristes. Or, depuis le dix-neuvième siècle, l’idée d’une norme orthographique s’est

développée, norme que tous les locuteurs doivent connaître. De nombreux articles et études

ont été consacrés à cette nouvelle forme de communication écrite peu conventionnelle qui

remet en cause la distinction traditionnelle entre l’oral et l’écrit puisqu’elle privilégie une

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communication en temps réel entrainant une vitesse de saisie accélérée. Le texte, rarement

relu et corrigé, se rapproche ainsi davantage de la langue orale que de la langue écrite. La

question de l’orthographe se trouve donc au cœur de l’opposition entre usage et norme : la

faute doit-elle être sanctionnée ou être relativisée ? Quelle place ont la norme et l’usage

dans l’enseignement et l’apprentissage du français ?

Nous constaterons dans un premier temps la place qu’occupe réellement le langage

SMS dans notre société à travers l’usage qui en fait, les transgressions constatées et les

tolérances éventuelles face à ces déviances. Ensuite, nous nous intéresserons à quel

français enseigner et notamment quelle place on pourrait laisser au langage SMS dans les

apprentissages chez des adolescents en difficultés scolaires.

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Problématique

pratique

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Constats sur une situation existante : notre français

malmené par le très populaire langage SMS

1. Communiquer au début du XXIe siècle : les nouvelles tendances

1.1. Des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) en pleine

expansion

1.1.1. Usage du mobile

Depuis plusieurs années, en France, de nombreuses enquêtes statistiques mettent

en évidence un fort taux d’équipement en matière de téléphone portable. Ainsi, en 2007,

près de 80 % des français de plus de 15 ans en sont équipés dont 94% des 15-17 ans. De

plus, en 2004, 92% des jeunes de 11 à 20 ans perçoivent le portable comme un objet de la

vie quotidienne et 78% comme plus qu’un simple téléphone. Par ailleurs, au 3ème trimestre

2008, ce sont 8,6 milliards de messages qui ont été échangés soit 52,4 SMS par mois pour

un client actif. Enfin, selon la Revue d’Expertise de l’Association Française des Opérateurs

Mobiles, 97% des 12-24 ans envoient des SMS et 58% le font tous les jours en 2007. Le

mobile est donc très présent dans les foyers.

1.1.2. Usage de l’Internet

Dans une moindre mesure, il en va de même pour Internet. Au 4ème trimestre 2007,

60 % des foyers français sont équipés d’un micro-ordinateur. Parmi ceux-ci, 82,3% ont un

accès à Internet, soit 12,7 millions de foyers. Pour ce qui est des internautes, la moitié des

11-35 ans s’est connectée à Internet au cours du et des 12 derniers mois. Seuls 12% ne se

sont jamais connectés au cours de l’année écoulée contre 70,6% des plus de 50 ans. Nous

avons donc affaire à une population relativement jeune.

En ce qui concerne les services utilisés sur le net, le Web est surtout perçu comme

un moyen d’expression. L’utilisation d’Internet (messagerie, blogs, chats, forums) est

motivée par l’échange et la communication : 56% des 13-19 ans utilisent une messagerie en

ligne. Selon les sondages Médiamétrie, huit créateurs de blogs sur dix ont moins de 25 ans,

et 33% des 15-18 ans en possèdent un. Les plus assidus diffusent leurs propres contenus et

ont créé leur forum et, parmi les internautes assidus, 51,1% sont des « contributeurs1».

L’évolution rapide des moyens de communication et du Net a donné une nouvelle

génération d’adolescents. « Accros » à leurs téléphones cellulaires et férus de réseaux

sociaux, ces usagers ont un profil caractéristique par rapport à l’ensemble des utilisateurs :

1 Consiste à écrire des commentaires sur des blogs ou un forum, ou à contribuer aux wikis (sorte de plateforme

collaboratrice pour éditer du contenu avec une présentation comme Wikipedia).

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plus jeunes, plus assidus et plus actifs. Avec l’usage du SMS via le téléphone portable s’est

développé un nouveau langage qui fait « un véritable carton » chez les 15-25 ans. C koi 7

drôle 2 langue ?

1.2 Vers un nouvel écrit dynamique : le langage SMS

1.2.1. Héritages du Minitel

Dans les années 80, un nouvel espace-temps pour la communication écrite est

apparu. Un écran, un clavier, un modem, un microprocesseur et une ligne téléphonique

suffisent à l’utilisateur pour s’informer, faire des transactions, jouer et communiquer. C’est la

possibilité – dit Jacques Anis (1998), spécialisé dans le domaine de l'écrit et de l'écriture,

notamment les nouvelles technologies – pour des personnes de tous milieux, régions, âges,

sexes de communiquer anonymement en temps réel, rapidement et interactivement comme

dans les salons « minitéliens1 ». Ainsi dit-il, « la recherche de connivence, la pression

particulière du temps, l’agressivité, l’exhibitionnisme caractéristiques d’une communication

en groupe renforcent les spécificités du langage télématique, son oralité vraie ou feinte :

orthographe « sauvage », style familier et argotique, ponctuation expressive, etc. ». La

conversation n’est pas sérieuse mais ludique et fictive.

Des écarts à l’orthographe que Jacques Anis (1998) nomme néographies sont

constatées comme l’abréviation (« dial » pour « dialogue »), les graphies phonétisantes (« j

trouve »), les graphies de type rébus (« c trop anecdotique »), les squelettes consonantiques

(« ds » pour « dans »), l’expressivité renforcée par la répétition de lettres ou de signes de

ponctuations (JEROOOOOOOOOOOOME !!!).

Seulement voilà, le Minitel est jugé trop lent. Son clavier est peu ergonomique. Les

impressions papier, la visualisation d’images animées et l’écoute de sons audio sont

impossibles. Pour finir, les coûts de communication sont trop onéreux. Alors depuis 1997,

avec l’arrivée du portable, le Minitel fait moins d’émules. Tout en gardant les mêmes

procédés linguistiques, les adeptes du dialogue en quasi direct, et notamment les jeunes,

préfèrent s’exprimer via le texto.

1.2.2. Le texto : à la conquête du jeune public des 15-25 ans

Le texto ou SMS (de l’anglais Short Message Service) est un minimessage écrit,

échangé entre téléphones portables. Ces messages sont nettement en rupture avec les

usages traditionnels de l’écrit scolaire : « On retrouve dans le texto des procédés

1 Mode de communication dans lequel plusieurs interlocuteurs écrivent des messages affichés dès que validés et

lus par la totalité du groupe.

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linguistiques utilisés depuis longtemps dans différents domaines. En France, l'expérience du

minitel avait déjà donné naissance à une écriture abrégée »1. Limitée à 160 caractères, la

saisie de SMS sur téléphone portable a nécessité nombre d’adaptations, empruntés à divers

modes d’écritures, auxquels les usagers ont dû avoir recours afin de rendre l’oral fidèle à

l’écrit. En tout premier lieu, ils ont utilisé l’écriture phonétique grâce au rébus par le biais de

logogrammes2, de syllabogrammes3 et de phonétique (« ke » pour « que », « jamè » pour

« jamais »). Ils se sont aussi aidés de sigles (« MDR » pour « Mort De Rire »), de squelettes

consonantiques (« slt » pour « salut »), de troncations (« ado » pour « adolescent ») ou

d’abréviations («bjr » pour « bonjour »). Par ailleurs, cette forme d’écrit se calque sur la

communication orale par l’usage d’un registre de langue courant voire familier (« sur ce

merci »), de négations incomplètes («c’est pas …»), de pronoms répétés (« moi, je »),

d’anglicismes (« now » pour « maintenant ») ou de néologismes (« clavardages »). Enfin,

elle simule émotions, mimiques ou tonalité grâce à l’onomatopée (« ben, euh »), à l’étirement

graphique de lettres ou de signes de ponctuation (chuiiiiii laaaa, c dur!!!!!!!!!) et aux

pictogrammes4. Puisqu’il s’agit d’écrire vite tout en se faisant comprendre alors la

ponctuation (virgule, point) est réduite voire absente et les apostrophes, guillemets et

parenthèses restent marginaux. Il arrive aussi que les majuscules en début de phrase ou aux

noms propres soient omises et que les formules de politesse d’ouverture et de fermeture

soient réduites voire absente. Les phrases ainsi obtenues sont courtes et concises ; le texto

est un écrit communicationnel abrégé mais expressif.

Toutefois, il est aussi une culture qui revêt des usages très différents. En effet, si

nous nous référons à l’étude ethnographique de Reluca MOISE (GLOTTOPOL, 2007) sur les

stratégies de construction identitaire par l’intermédiaire des nouvelles formes de

communication comme le SMS, elle a constaté que celui-ci est un procédé qui permet

l’émancipation envers les parents. Par ailleurs, comme il est intimiste, son écriture et sa

lecture se réalisent en silence. De plus, il permet d’entretenir des relations d’amitiés et des

liens de socialisation. Il peut enfin être envoyé de nulle part et à n’importe quel moment ; a

contrario, on est joignable à n’importe quel moment mais seulement par ceux avec qui on

veut bien communiquer. Toujours selon Reluca MOISE, en ce qui concerne le SMS affectif,

l’enjeu est très important : l’échange de numéros représente la première preuve de confiance

envers l’autre. Il permet l’arrangement de rendez-vous ou de rencontres. Avant la rencontre,

1 Interview de Jacques Anis, du 11 janvier 2002 sur le site

http://www.lalibre.be/index.php?view=article&art_id=48956 2 Procédé qui permet la substitution d’une syllabe par un chiffre (« koi 2 9 » pour « quoi de neuf »), un nombre

(« D100 » pour « descends ») ou un caractère (« a + » pour « à plus tard »). 3 Procédé qui permet le remplacement d’une syllabe par le nom d’une lettre (« C » pour « c’est »).

4 Appelé aussi smileys ou émoticônes.

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le SMS autorise la suggestion : rien n’est dit explicitement. C’est une sécurité émotionnelle

qui confirme sentiments et impatience de se voir mais qui encourage aussi à faire des

déclarations, parfois frivoles voire mensongères. C’est un risque à courir que tous les

utilisateurs acceptent implicitement. Le désir de communiquer prime alors sur le souci de la

forme. « Ils expérimentent, dit-elle, une attitude ludique tout en étant en constante recherche

d’affirmation de soi ».

Enfin, selon le sociologue Jauréguiberry (1998), la pratique du SMS se fait par étapes

successives : les jeunes commencent à adopter les SMS pour des raisons utilitaires

(efficacité et rentabilité), puis s’en servent pour prendre de la distance vis-à-vis de l’autorité

parentale (besoin d’autonomie) et enfin participent aux règles de groupe de pairs, permettant

une sociabilité renforcée (besoin d’être branché et d’être ensemble). Avec l’apparition des

IRC1, et l’explosion des textos, le langage SMS arrive sur Internet.

1.2.3 Les ramifications du « langage SMS »

Dans la cinquième édition de son étude consacrée à l’analyse des comportements du

grand public en matière de services TIC, l’IDATE (2008) dégage quelques tendances : les

jeunes européens disposent à domicile d’un PC avec accès haut débit. Même si la voix reste

le mode de communication dominant, la consommation en mode asynchrones (email, SMS,

forums, communication de « mur à mur ») et synchrones (tchats, messageries instantanées)

suscitent un intérêt certain.

Les chercheurs constatent que c’est le désir de communiquer qui prime sur le souci

de la forme ; désir qui se traduit par une économie de temps et de gestes. Une attitude

ludique (introduction de chiffres), une recherche d’expressivité (émotions ou mimiques grâce

aux émoticônes ; intonation avec la ponctuation) et une affirmation de soi qui passent

souvent par une contestation de la norme. Tous les coups seraient alors permis, la seule

règle étant de se faire comprendre de son interlocuteur.

Il ne fait alors aucun doute que le portable ou l’Internet constituent un mode de

communication de plus en plus populaire. Face aux pratiques langagières constatées, aux

investissements sociaux et affectifs observés, le langage SMS suscite un grand intérêt des

médias à tel point que ce sujet a donné lieu à de nombreux articles et à quelques ouvrages

de vulgarisation. Qu’en est-il exactement, à l’heure actuelle ?

1 Internet Relay Chat est une application qui permet à différents Internautes de se réunir dans des endroits

virtuels appelés «canaux» pour discuter d’un même sujet. Cela se présente sous forme de messages qui s'affichent en temps réel et permettent donc une réponse immédiate de l'interlocuteur. Ce type de communication ne transmet pas la voix. C’est le prédécesseur de la messagerie instantanée.

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2. Les usages du langage SMS aujourd’hui

2.1 Où peut-on lire en langage SMS ?

Véritable engouement médiatique, le langage SMS a donné lieu à bien des

idées comme des outils d’aide à la traduction (lexiques ou dictionnaires) pour passer du

langage SMS au français et vice-versa, des sites d’accueil grand public sur Internet, des

romans entièrement écrits en langage SMS, etc.

2.1.1. Lexiques et dictionnaires d’un nouveau genre

Il n’est pas toujours évident aux non-initiés, de plus en plus nombreux, d’appréhender

tous les procédés auxquels a recours ce langage. Alors, depuis 2004, des dictionnaires SMS

et des sites de traduction (avec plus ou moins d’efficacité) sont accessibles depuis Internet.

Ainsi par exemple www.dictionnaire-sms.com propose 300 mots français, classés par ordre

alphabétique et traduits en langage SMS. Le site www.mobilou.info, réalisé par Phil Marso,

fonctionne selon le même principe que le précédent mais avec deux catégories distinctes :

expressions (« tle + bo » pour « t’es le plus beau ») et conjugaisons (« CT » pour « c’était »).

Dernier exemple, sur www.aideforum.com, ce sont les internautes eux-mêmes qui

remplissent la base de mots français qui en compte à ce jour 5000. Précisons tout de même

qu’il n’existe aucun dictionnaire officiel pour le langage SMS qui ait eu l’aval d’un comité de

rédaction : toutes ces initiatives restent le fruit d’un autodidacte. Face au nombre croissant

d’utilisateurs de langage SMS, voyons à présent, d’autres idées qui ont germé.

2.1.2. Des écrits entre dérision et légitimité

Certaines initiatives peuvent paraître surprenantes : en 2008, en Martinique, une

campagne d’affichage pour une boisson gazeuse dit « Royal soda, j’m ça » a été mise en

place. Autre exemples : à Bruxelles, c’est le centre du Palais des Beaux-Arts qui a été

officiellement renommé Bozar. Enfin, un eurodéputé, William Abitbol, a même eu l’idée

« folle » de traduire les 77 pages du projet de Constitution européenne en version texto (avril

2004). L’insolite peut amuser et faire sourire mais ces exemples anecdotiques interpellent.

Toutefois d’autres actions auprès du grand public ont vu le jour avec pour souci la volonté de

répondre à la diversité des besoins.

Ainsi, certains sites sur Internet proposent des versions en SMS. La ville de Montréal

par exemple décline son site en trois versions car, pour elle, les citoyens sont au cœur des

préoccupations de l'Administration municipale. Celle-ci veut alors s'assurer que tous soient

traités de façon juste et équitable et que tous puissent participer de façon active à la vie

démocratique. Depuis l‘ « Accès simple », il est possible d'accéder à l'information de trois

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façons, et notamment par l'ortograf altêrnativ, assimilée au SMS. L'information est présentée

simplement et utilise un langage adapté aux citoyens ayant des besoins particuliers.

L’écrivain Phil Marso (2005) a, quant à lui, publié le premier livre au monde en

langage SMS Pa sage a taba v.o SMS. Cet ouvrage qui cible les 12-15 ans est un polar sur

la prévention du tabagisme afin de sensibiliser les plus jeunes. Suivront le premier livre

bilingue français-SMS Frayeurs SMS en 2004, puis en 2005 un recueil en poésie Phonétique

Muse Service (PMS) : « L ». Pour faciliter la tâche du décodage, l’auteur propose aussi

d’apprendre le langage SMS dans son livre CP SMS (2005), cours et devoirs étant

accessibles sur internet. Alors, entre l’aspect ludique du langage SMS et son éventuel rôle

pédagogique, que pensent certains professionnels de ses avantages ?

2.2 Points de vue des professionnels sur les avantages du langage SMS

2.2.1 La dyslexie

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la dyslexie touche 8 à 12 % de la

population mondiale. Elle est répertoriée comme handicap en 1991, dans la classification

des troubles du développement des acquisitions scolaires et notamment des troubles

d'acquisition de la lecture. D’après les spécialistes du langage, même s’il s’exprime avec

aisance à l’oral, le dyslexique rencontre essentiellement des difficultés d’ordre phonologique.

Il inverse, ajoute ou supprime des phonèmes1, il a du mal à les repérer dans un mot et à

découper ce mot en syllabes (il lirait « ro-na-ge » au lieu de « o-ran-ge »). Il éprouve par

ailleurs des difficultés à identifier des rimes et commet aussi des erreurs de correspondance

entre forme phonique et forme graphique (par exemple « renté » au lieu de « rendez »). Par

conséquent, de tels troubles entraînent une lecture plus lente tant dans le déchiffrage que la

compréhension, des fautes d'orthographe, de conjugaison et de grammaire. La rééducation

orthophonique consiste alors à travailler l’écrit : apprendre à repérer les syllabes et ses

phonèmes (leur prononciation et transposition à l’écrit) par d’autres méthodes que celles

utilisées en classe.

Phil MARSO dit d’ailleurs avoir eu des retours d’orthophonistes qui ont utilisé ses

deux premiers ouvrages Pa sage a taba vo SMS et Frayeurs SMS. Il témoigne : « Un jour,

une orthophoniste m’a appelé pour me confier qu’elle utilisait des extraits de mon livre Pa

Sage A TaBa pour une dictée à un élève dyslexique. Celui-ci devait écrire le texte dicté en

langage SMS. Elle s’est alors aperçue que l’élève en question était plus motivé et commettait

1 Ce que Gérard CHAVEAU appelle aussi « lettre-son ». Selon lui, l’important pour lire « n’est pas de savoir que

ce mot contient six lettres de l’alphabet (o, i, s, e, a, u) mais qu’il est constitué de trois lettres-son : oi-s-eau. ».

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moins d’erreurs en langage SMS qu’en français ». Tout en restant sur un travail de

phonétique, ces orthophonistes trouvent astucieux (car ludique et créatif) le mélange de

lettres et de chiffres que l’on trouve dans le langage SMS. Lors de la production d’écrit (à la

manière d’un rébus), même si les difficultés demeurent, elles sont moins importantes et

moins invalidantes dans le langage SMS que dans les écrits traditionnels. Cela peut donner

un déclic à des enfants en difficulté ou qui ne lisent pas beaucoup. De plus, si le dyslexique

maîtrise un tant soit peu ce langage, il va se sentir valorisé et motivé. Une fois maîtrisé, le

langage SMS pourrait être une passerelle qui aiderait à se réconcilier avec les règles

compliquées du français grâce à des exercices de traductions par exemple.

D’ailleurs des étudiants (2006) réalisant leur thèse sur la dyslexie et le SMS, après

avoir expérimenté auprès de 24 adolescents de 14 à 20 ans, dyslexiques ou non, le langage

SMS comme outil pédagogique autour de l'écriture et de la lecture de SMS, ont

effectivement aussi pu conclure que « ce support peut donc être un outil de rééducation

orthophonique ludique, d'autant plus qu'il peut stimuler des adolescents démotivés par de

longues rééducations. » En lecture, ces chercheurs ont estimé que le nombre réduit d’unités

(logogrammes, syllabogrammes ou pictogrammes) utilisées en langage SMS facilitent leur

mémorisation dès lors que le dyslexique retiendrait et reconnaîtrait un mot dans sa forme

globale, ce qui permet d’accéder au sens du mot et donc de la phrase plus rapidement. En

écriture, ils ont conclu que le langage SMS est apprécié des dyslexiques car considéré

comme sans jugement sur l’orthographe. Ce rapport « décomplexé » à l’écrit, disent-ils, est

un point positif pour l’intégration du jeune dyslexique dans un groupe de pairs.

2.2.2. L’enseignement

Pour varier les situations didactiques et permettre tout de même l’acquisition de

certaines compétences, des enseignants ont parfois recours au langage SMS. Au lycée

polyvalent des Iles du Nord à Saint-Martin (Guadeloupe), par exemple, une enseignante qui

exerce en lycée professionnel a affaire à des élèves anglophones qui ont peu ou pas de

contact avec l’écrit. Elle dit que, dans ce cas précis, elle tolère l’usage du langage SMS si le

jeune l’utilise à bon escient dans l’activité à réaliser, comme l’utilisation de la messagerie

électronique en NTIC. Elle précise qu’elle ne laisse pas les élèves répondre par langage

SMS mais qu’elle s’en sert pour corriger l’orthographe et affiner la lecture.

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En réponse à un blog1 intitulé Usage du SMS dans les établissements scolaires

posté sur Netlog (communauté sociale sur Internet) le 30 avril 2008, une autre enseignante

donne le témoignage suivant : « Effectivement j'ai expérimenté l’usage du langage SMS en

Anglais, c'est une façon très ludique et donc stimulante de faire acquérir du lexique, et peut-

être d'inciter les élèves à chatter avec des Anglophones, si proches géographiquement et si

méconnus. CUl8r (see you later) ». Cette enseignante estime que c’est un bon procédé pour

apprendre la phonétique des lettres et donc la prononciation de mots étrangers à la langue

maternelle de ses élèves.

A la lecture de tous ces témoignages, nous nous sommes donc aperçus que des

amateurs, chercheurs ou professionnels se sont pris « au jeu du tout lire, tout écrire ». Les

témoignages cités montrent d’ailleurs la diversité des usages de ce langage très prisé des

jeunes. Toutefois, la tendance générale le désapprouve. Depuis des années, nous disons

que le niveau général des élèves sortis du système scolaire est en baisse et qu’il y a de

moins en moins de jeunes qui savent écrire correctement : l’opinion publique le pense

fortement, des chercheurs comme Manesse et Cogis (2007) le constatent en comparant des

dictées faites par des enfants et d’adolescents en 1870, 1987 et 2005 sur un court texte de

Fénelon. L’Education Nationale essaye une énième fois de réagir. Ainsi, l’encart du Bulletin

Officiel n°3 du 18 janvier 2007 stipule les mises en œuvre du socle commun de

connaissances et de compétence concernant l’enseignement de la grammaire : « Savoir lire,

écrire et parler le français conditionne l’accès à tous les domaines du savoir et l’acquisition

de toutes les compétences. C’est pourquoi la maîtrise de la langue française est le premier

pilier du socle commun de connaissances et de compétences : elle se place au cœur des

apprentissages fondamentaux car elle constitue l’outil indispensable de l’égalité des

chances. Ainsi, l’apprentissage de l’orthographe et de la grammaire doit conduire les élèves

à saisir que le respect des règles de l’expression française n’est pas contradictoire avec la

liberté d’expression : il favorise au contraire une pensée précise ainsi qu’un raisonnement

1 Contenu du blog :

« Pas de débat, juste des recherches de témoignages sur l'usage du langage SMS dans nos chères écoles, collèges et lycées. Un internaute m'a fait part que, dans le cadre d'une formation en secrétariat, la consigne était de trouver un moyen rapide et efficace de prendre des notes. L'étudiante aurait utilisé ce mode de communication ... et pourquoi pas finalement ! Sur Internet, j'ai trouvé que ce langage pourrait être utilisé par des orthophonistes pour aider des dyslexiques. Ou encore, il serait utilisé par des enseignants pour apprendre le français à des étrangers. D'autres usages peuvent en être faits... lesquels selon vous, comment, et pourquoi? Qui parmi vous, aurait utilisé ce langage à des fins éducatives, quels objectifs? Quelles activités? Quels ont été les résultats? Que sais-je ... Je sais déjà que le SMS a mauvaise réputation dans notre société puisqu'il rend encore moins bon en orthographe qu'avant mais il faut se faire une raison, il est utilisé par des millions de personnes des jeunes comme des moins jeunes. Merci pour le temps consacré à lire ce message et à peut être y répondre. HAND (Have A Nice Day) » .

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rigoureux et facilement compréhensible. L’élève doit maîtriser suffisamment les outils de la

langue que sont le vocabulaire, la grammaire et l’orthographe pour pouvoir lire, comprendre

et écrire des textes dans différents contextes. » Par ce texte, le gouvernement français a fait

connaître ses priorités pour les années à venir. Il faut recentrer les apprentissages sur la

maîtrise de la langue afin que les élèves puissent quitter le système scolaire en sachant

s’exprimer et écrire correctement le français. Fort de ces recommandations du Ministère de

l’Education Nationale, le langage SMS a-t-il une place dans l’apprentissage du français ?

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3. Le débat : le langage SMS a-t-il une place dans l’apprentissage

du français ?

« Etes-vous pour ou contre le langage SMS ? », «Pensez-vous que les ‘’ ki’’ et autres

‘’c tj kom ça’’ vont amener des modifications de l’orthographe française ? », « le langage

SMS fait d’abréviations, de phonétisations, de sigles et de rébus est-il en train de détourner

les jeunes de la langue classique, sur tous les médias ? ». « Les SMS ou textos signent-ils

l’arrêt de mort de l’orthographe ? ». Toutes ces interrogations montrent que le langage SMS

est devenu un véritable phénomène de société. Les blogs fleurissent à son sujet, les articles

dans les médias et la presse spécialisée aussi. Il y a ceux qui sont contre, il y ceux qui ne s’y

opposent pas.

3.1. Les arguments contre son utilisation

Critiquée par une partie des internautes et considérée comme néfaste d’après

certains experts, l’utilisation réduite de lettres ou de signes dans le langage SMS fait craindre

une menace pour la langue écrite, la lecture et la culture.

3.1.1. Une menace pour la langue écrite

Elèves, parents, enseignants, beaucoup constatent une baisse du niveau de

l’orthographe des jeunes qui est en passe de devenir la règle. Selon eux, l’usage du langage

SMS vient fragiliser cette maîtrise déjà déficiente et appauvrit la richesse du vocabulaire.

Par ailleurs, des auteurs comme Romain Jalabert (2006), doctorant en Sciences de

l’Education à Montpellier, sont interpellés par le spectre de l’exclusion sociale qui pourrait

toutefois survenir. En effet, ne plus savoir s’exprimer correctement alors que ce qui est

demandé pour s’insérer dans la vie active est justement de respecter ces normes, pourrait

mener à l’isolement. Inversement, si ce « parlécrit » se généralisait, il n’est pas dit d’une part

que ceux qui rencontraient des difficultés en orthographe n’en auront plus grâce au langage

SMS et d’autre part, ce pourrait être la marginalisation possible de ceux qui continueraient à

se conformer aux normes orthographiques conventionnelles.

3.1.2. Une menace pour la lecture

Lire devrait être un plaisir disent certaines personnes de l’opinion publique. Or avec le

langage SMS qui est alourdi par des lettres, des chiffres, des émoticones ou de la

ponctuation excessive, ce plaisir de lire ou de discuter sur le net est gâché. Elles estiment

qu’on leur manque de respect car le langage SMS est difficile à lire pour ceux qui l’utilisent

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peu ou pas du tout, pour ceux qui utilisent des raccourcis différents, et pour ceux dont le

français ne serait pas la langue maternelle.

De l’avis des experts comme Jacques ANIS (1999), le langage SMS n’est

effectivement pas simple car il est moins lisible que l’orthographe traditionnelle. Une même

abréviation peut renvoyer à plusieurs mots homonymes par exemple, ce qui nécessite pour

le lecteur de déchiffrer ce mot en tenant compte du contexte dans lequel il est employé.

Même si quelque part ce déchiffrement fait partie du jeu, il n’empêche que les multiples

possibilités de traduction d’un mot réduit gênent la lecture rapide parce qu’elles constituent

un obstacle au balayage. Il devient alors difficile de ne pas perdre le sens de la phrase.

3.1.3. Une menace pour la culture

Jusqu’à présent, l’étymologie permettait à la fois de comprendre le sens général d’un

mot et d’y associer des dérivés. Les amoureux de la langue française comme les linguistes

et les didacticiens s’inquiètent. Pour eux, c’est toute l’évolution et les acquis d’une civilisation

qui peuvent être remis en cause par cette modification de l’écriture. « Deviendra-t-on une

Société Sans Mémoire (SMM égalerait SMS dans le désordre) ? » dit Jean-Marie Keller

(2004) qui ajoute que «lorsque l’on sait que la richesse d’une culture s’appuie sur sa langue

[…] C’est toute l’évolution et les acquis d’une civilisation qui peuvent être remis en cause par

cette destruction de l’écriture. » Ce serait donc une perte de repères historiques; la langue

permettant de véhiculer par le biais de l’étymologie du mot, l’histoire de nos origines, un

savoir sur l’identité d’un peuple ou d’une nation.

Pour finir, il est de plus en plus courant de constater que les nombreux utilisateurs

d’IRC refusent catégoriquement, voire bannissent les utilisateurs du langage SMS et les

personnes à l’orthographe douteuse, dans les chartes des utilisateurs par exemple : « Les

rédacteurs d’articles et les participants aux forums s’interdiront en particulier l’emploi du

"langage SMS", consistant en des abréviations non universelles et des fautes d’orthographe

et de grammaire volontaires dans le but d’économiser du temps en tapant les messages.»

Un comité de lutte contre le langage SMS et les fautes volontaires sur Internet a d’ailleurs vu

le jour, il y a deux ans, et a reçu, à ce jour, l’adhésion de 16 752 personnes. Celui-ci se bat

pour dire qu’il n’y ait aucune raison d’utiliser ce mode de communication sur Internet.

Toutefois des chercheurs comme Daniel Elmiger (2004) de l’université de Neuchâtel tiennent

des propos plus nuancés : « le danger ne se pose que pour les personnes qui n’ont jamais –

ou pas encore – fixé leurs notions d’orthographe. [ …] Nous nous acheminons quoi qu’il en

soit vers une plus grande tolérance envers les graphies non standard ». Il ajoute que

«débarrassés de la peur d’être jugés sur quelques fautes d’orthographe, bien des gens

découvrent en effet les joies de l’écriture grâce à la mode des SMS ».

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3.2 Les arguments de ceux qui ne s’y opposent pas

En juin 2004 s’est tenu à Paris le forum de l’écrit. L’association Le Comité de l’écrit

qui regroupe une partie des professionnels du média imprimé, avec le soutien du Ministère

de l’Education Nationale, proposait d’échanger sur le thème : « Les jeunes aiment-ils

l’écrit ? » C’est ainsi que plusieurs centaines de personnes, enseignants et professionnels de

l’écrit ont échangé pendant trente-six heures sur l’intérêt des jeunes pour l’écrit. Conclusions

de ce forum : pour commencer, l’écrit ne disparaît pas ; au contraire, les jeunes

communiquent plus que jamais grâce à leur téléphone portable ou à Internet. Seulement,

cet écrit est présenté sous de nouvelles formes. Second constat : les acteurs de l’éducation

(enseignants, parents, éducateurs) sont conscients que certains jeunes ayant des difficultés

de lecture ont un rapport avec l’écrit négatif. Mais ils pensent qu’il y a moyen de provoquer à

nouveau le désir de lire chez ceux-ci. Le langage SMS, d’après les recherches déjà menées,

pourrait être un atout pour la production langagière et l’avenir du français.

3.2.1. Un langage qui s’apprend

Plusieurs recherches se sont intéressées à l’impact du langage SMS sur les jeunes et

leurs conclusions sont loin d’être alarmistes. Ainsi, Fabien Liénard (2008), Maître de

conférences à l’IUT du Havre et membre du Laboratoire de recherche LiDiFra (Université de

Rouen), travaille depuis plusieurs années sur l’écriture électronique et notamment le SMS.

D’après ses recherches, l’analyse faite en 2007 de 3 000 SMS révèle que le processus de

simplification est très largement utilisé et que les plus experts utilisent plus de procédés pour

saisir le texto. Son travail vient compléter celui de l’équipe de psychologues et de linguistes

des universités de Rouen et de Picardie (2005) qui avaient demandé à 18 collégiens et 18

étudiants de communiquer sur un même thème (la description d’un itinéraire entre deux

points) par SMS, emails et sur papier. Ils ont constaté que le langage SMS s’apprend

comme les autres langages et que les messages des collégiens et des étudiants ont à peu

près la même longueur sauf que les étudiants les tapent plus vite que leurs « cadets » qui

ont souvent besoin de temps pour créer l’abrégé qui permettra de faire passer le message.

3.2.2. Un langage qui respecte des normes

Cette même étude a révélé que les utilisateurs font aisément la différence entre les

supports et n’écrivent pas de la même manière en fonction des possibilités et des contraintes

de chacun. L’étude menée au Canada par les chercheurs Sali Tagliamonte et Derek Denis

(2006) arrive à la même conclusion : en comparant le langage oral et la rédaction de textos

chez 70 adolescents, ils se sont aperçus que les jeunes manipulent différents registres de

langue quand ils écrivent. De plus, la grande collecte de 75 000 SMS (2004) initiée par les

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chercheurs de l’université de Louvain (Belgique) a permis les conclusions suivantes : lors de

l’analyse des données, ils se sont rendus compte de l’extrême variété des formes. Le mot

« aujourd’hui » a été écrit par exemple sous 40 formes dont les plus courantes sont

« aujourd’hui » (188 fois), « adj » (122 fois), « auj » (117 fois) ou « ojourdui » (24 fois). Ils

constatent d’autre part que la ponctuation ne disparaît pas, que la syntaxe est respectée,

ainsi que les règles de communication puisque les formules d’introduction (« bonjour »,

« hello ») et de politesse (« bisou », « à plus ») sont présentées. Ils repèrent même la mise

en avant de certaines lettres très peu usitées en français comme le « k », omniprésent dans

tous les écrits. Ces chercheurs sont unanimes pour dire que les jeunes font preuve d’une

maîtrise consciente du langage : « nous ne devrions pas nous inquiéter ». Il est possible de

braver toutes les règles orthographiques et grammaticales mais il faut garder une

transcription phonétique correcte pour que l’interlocuteur ne passe pas des heures à

déchiffrer. Cela nécessite, disent des enseignants, une bonne connaissance des caractères

(lettres, chiffres, signes) afin de pouvoir associer un caractère à un son (autrement dit

associer un graphème à un phonème) et maîtriser la combinatoire de ces caractères.

3.2.3. Un langage qui participe naturellement aux mutations du langage

Les plus optimistes voient dans ce « parlécrit » des jeux de langue propres à inciter à

la fréquentation de l’écrit car ce nouveau langage permettrait de nouvelles formes

d’expression et enrichiraient les échanges entre individus. En réponse à la position de

Romain Jalabert (2006) qui écrit « le danger est de laisser cette écriture anarchique à la

portée des jeunes adolescents et même d’enfants incapables de faire la différence entre

écriture et écriture texto », Sabine Pétillon rappelle que toute langue vit et se nourrit des

autres langues, le français n’étant qu’un mélange de latin, grec, arabe, anglais etc. D’ailleurs,

l’Académie Française écrit sur son site Internet : « Depuis la première édition du Dictionnaire

de l’Académie, qui représentait déjà un effort normatif sans précédent, l’orthographe s’est

considérablement transformée, tant du fait d’une évolution naturelle que par l’intervention

raisonnée de l’Académie, des lexicographes et des grammairiens. La réflexion sur

l’orthographe doit tenir compte de données multiples et souvent contradictoires, comme le

poids de l’usage établi, les contraintes de l’étymologie et celles de la prononciation, les

pratiques de l’institution scolaire, celles du monde des éditeurs et des imprimeurs, etc. »

Plusieurs choses sont donc à retenir : d’une part, tout le monde ne fait pas de la

résistance face au langage SMS et d’autre part, à tous les niveaux, le français oral ou écrit

se simplifie. Ainsi les modifications que draine le langage SMS pourraient n’être qu’une

évolution parmi d’autres. Les avis sont donc partagés, l’idéal étant peut-être de maîtriser à la

fois cet écrit dynamique et l’écrit scolaire.

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Le langage SMS : un moyen de communication certes très

populaire mais aussi très controversé

Le langage SMS reste un langage structuré et contrôlé, qui nécessite une bonne

maîtrise de la combinatoire, une aisance face aux abréviations, de la subtilité et de

l’inventivité afin de trouver la bonne « combinaison » pour traduire un mot de notre

dictionnaire. Obéissant certes à des contraintes de temps et d’espace, cela ne l’empêche

pas d’être victime de son succès chez les jeunes utilisateurs. Il n’y aurait donc pas un mais

des langages SMS selon ce que chaque sujet privilégie comme procédé de simplification

pour faire passer son message. Écrire en langage SMS semble par conséquent moins

compliqué que lire car faire la part des choses entre ce qui est du domaine de la

combinatoire pure et le celui de la phonétique sous forme de rébus n’est pas toujours aisé.

Toutefois, nous pouvons imaginer que les effets pourraient être différents sur des adultes

dont la compétence à l’écrit est acquise et sur des jeunes enfants qui doivent encore

l’acquérir dans une large mesure. Mais ce langage est encore trop récent pour qu’on puisse

envisager ses effets néfastes ou non sur le français et principalement sur l’orthographe. Une

voie d’étude reste ouverte en psychologie ou sociologie par exemple, à partir des 70 000

SMS de la base de données créée par l’université Catholique de Louvain et mise à la

disposition des chercheurs en fonction de leur spécialisation.

La tendance générale ne surprend personne : beaucoup pensent que le langage

SMS est nocif pour notre jeunesse. Mais face à l’engouement des jeunes, peut-on faire fi de

ce constat ? Les jeunes l’utilisent à outrance, le manipulent dans tous les sens, sont de

véritables experts. La question est donc de savoir s’il est possible d’articuler les intérêts des

élèves avec les objectifs de l’école ? Ainsi est-ce que lire ou écrire en langage SMS est

« scolairement » correct ? Lorsque nous avons face à nous des adolescents en échec

scolaire, qui rencontrent souvent des difficultés en lecture/compréhension et en production

d’écrit, comment arriver à faire émerger la motivation intrinsèque ? Autrement dit, comment

remotiver les jeunes à prendre plaisir à lire et à écrire et à en tirer une satisfaction

quelconque ? Le langage SMS peut-il être une solution parmi d’autres pour raviver leur

curiosité, leur autodétermination et leur sentiment de compétence ? Si on part du postulat

que l’on peut diversifier les pratiques scolaires ou les stratégies didactiques, alors serait-il

possible de l’intégrer à certaines séances d’apprentissage ? La didactique du français peut

aider à répondre à toutes ou partie de ces questions.

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Problématique

théorique

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Quel français enseigner ?

Se faire comprendre, en toute circonstance, sur tous les sujets, par tout le monde,

n’est pas le fruit du hasard. En effet, il est essentiel de parler et d’écrire de la même façon

que notre voisin, sinon il ne nous comprendrait pas. C’est donc la communication qui est en

jeu. Dans la 1ère partie, nous avons employé maintes fois les termes « langage SMS » mais

avant de poursuivre, il nous semble important de tout d’abord bien cerner ce qu’est le

langage et la linguistique et ensuite se demander si effectivement ce « parlécrit », outil de

communication très sollicité par les jeunes actuellement, peut être considéré comme un

langage à part entière. Puis nous nous intéresserons à la pratique langagière dans le

système scolaire : quelles sont les attentes des institutions en ce domaine et en fonction de

celles-ci, nous nous demanderons plus particulièrement si la pratique du langage SMS dans

les apprentissages (lecture et production d’écrit) est possible, envisageable voire réaliste.

1. De la langue à la communication

1.1. La linguistique : « la langue et rien que la langue »

1.1.1. Langage et langue

Si parfois langage et langue peuvent être considérés comme des synonymes

définissant des systèmes structurés de signes oraux ou écrits permettant à des humains de

communiquer, on doit à André Martinet (1970) leur différenciation. En effet, il considère le

langage comme la faculté intellectuelle « qu’ont les hommes de s’entendre aux moyens de

signes vocaux » mais aussi, depuis quelques millénaires, en utilisant des signes picturaux ou

graphiques1 qui correspondent aux signes vocaux du langage. Par ailleurs, le langage sert

aussi à désigner la manière de parler, propre à un groupe social ou professionnel, à une

discipline ou à un domaine d’activité tel que le langage administratif.

La langue, en revanche, désigne « le système de signes verbaux propres à une

communauté d’individus pour s’exprimer et communiquer entre eux ». Elle est alors

considérée comme un instrument de communication avec son code constitué en un système

de règles communes (signes linguistiques, vocaux, graphiques ou gestuels) propres à une

même communauté.

Si nous nous référons donc à la définition du langage donnée par Martinet (1970), il

est alors effectivement possible et justifié de considérer le « langage SMS » comme un

langage à part entière. En effet, toutes les utilisations d’abréviations, de la phonétique, de

1 Ce qu’on appelle écriture.

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chiffres ou d’émoticônes par exemple peuvent être assimilés à des signes graphiques ou

picturaux qu’utilisent les hommes pour communiquer. D’autre part, on sait que le langage

SMS est un langage utilisé massivement par les jeunes et que ceux-ci le considèrent comme

une manière de parler, propre à leur génération.

1.1.2. Langue et parole

C’est à Ferdinand de Saussure dans son Cours de linguistique générale, reconstitué

par ses élèves Charles Bally et Albert Sechehaye (1916, rééd. 1995) que nous devons la

distinction entre la langue et la parole. D’après lui, la langue est un « trésor commun »

comportant un lexique (une collection de mots) et un code. Nous pouvons étudier ces

langues selon deux points de vue : celui de leur évolution (diachronie), ou celui de leur état à

un moment donné (synchronie). Saussure insiste sur la synchronie qui doit donner accès à

la structure de l’ensemble du langage. La langue est composée de signes ; un signe étant un

rapport entre un signifiant (une image acoustique) et un signifié (un concept). Or remarque

Saussure, dans le langage naturel, ce rapport est arbitraire car la nature du son émis n’a pas

de rapport avec le sens1 (sauf exception). « Le signifié et le signifiant contractent un lien »

dit-il, le changement d’un signe par un autre modifie immanquablement le sens du mot

(« lapin » n’est pas la même chose que « lopin » ou « lupin »). Le changement d’un élément

de la langue a donc des conséquences sur le reste. On retrouve ici la notion de

« sémiotique » (le signe) qui consiste à pouvoir reconnaître, hors contexte (c’est-à-dire sans

histoire, ni environnement), si un mot a un sens (« par exemple le mot rôle est accepté

comme ayant un sens, ril, non »). Ce qui intéresse donc avant tout Saussure, c’est la langue

et son étude, sans la prise en compte des situations discursives autrement dit, c’est la

morphosyntaxe qui est importante. Dans la pratique du français à l’école, l’étude par les

élèves de la morphologie des mots et de la syntaxe d’une phrase débute dès la maternelle.

Le but est de comprendre comment former des mots ou produire des phrases qui soient

corrects dans le respect des règles d’orthographe, de grammaire et de conjugaison. Sachant

que le français donne lieu à des productions écrites extrêmement variées, le langage SMS

n’échappe pas à cette rigueur. Pour écrire et se faire comprendre de celui qui recevra

l’énoncé, il faudra bien respecter des règles morphosyntaxiques. Ainsi « A+ », par exemple,

est accepté comme ayant le sens de « à plus tard » ; en revanche, si nous remplaçons le

signe « + » par « - », «a- » (« à moins ») n’aura aucun sens pour un usager du langage

SMS. Changer un signe, modifie donc le mot et lui accorde ou non du sens. Par ailleurs,

1 En français, il n’y a pas de lien entre la suite de phonèmes [a-r-b-r] pour désigner le signifiant « arbre » avec le

concept « arbre » (ici le signifié).

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Saussure s’est aussi posé la question de la délimitation du signe, indispensable à la

compréhension du langage. « Je l’apprends » et « je la prends » se prononcent de la même

façon pourtant ils n’ont pas la même orthographe et n’ont pas le même sens. En langage

SMS, cette distinction existe-t-elle à l’écrit ? La réponse est oui. On écrira « je l’apprends » -

« J’lapren » et « je la prends » - « J’la pren ». Chaque signe est donc en relation avec les

autres à l’intérieur d’un mot ce qui confère au mot, non seulement une signification, mais

aussi une valeur. Le langage SMS obéit donc à une rigueur morphosyntaxique qu’il faut

prendre en compte dès lors qu’on l’utilise.

Quant à la parole, Saussure (1916, rééd. 1995) la définit comme un usage individuel

de la langue. Cet usage peut être très contextuel. Du coup, son étude n’intéresse pas du tout

le linguiste qui la considère comme accessoire et plus ou moins accidentelle. Il faut attendre

Emile Benveniste (1966 ; 1974) pour qu’on cherche à comprendre comment se produit le

sens dans le discours ordinaire. Son approche reste structuraliste, mais il s’agit pour lui de

sortir de l’analyse des règles de la langue pour comprendre les situations et les personnes

qui parlent : « j’ai » n’a pas la même signification que « j’aurai ». Au terme de « parole », il

préfère donc parler de « discours » qu’il distingue du mot « phrase » ; le discours étant un

« énoncé » qui a un auteur (quelqu’un qui parle) . C’est la notion de « sémantique » (le sens)

qui est désormais en jeu. C’est ainsi que Benveniste (1966) pose les bases d’une nouvelle

linguistique, celle de l’énonciation : c’est l’acte même de produire un énoncé et non

simplement l’énoncé lui-même qui est étudié ; le mot devient l’unité minimale du discours. En

didactique du français, à la suite de Benveniste, on considère qu’il existe deux grands types

d’énonciations : une énonciation à distance de type « récit » où les informations sont

données par l’énonciateur (emploi de la troisième personne « il » ou « elle », emploi de

certains temps verbaux comme l’imparfait ou le passé simple, emploi de certaines marques

spatio-temporelles (« Trois jours plus tard », « à cet endroit-là »…). La seconde énonciation

est dite impliquée de type « discours ». L’énonciateur du texte se désigne par « je » et

s’adresse souvent à un interlocuteur « tu » ou « vous ». Les trois temps de base sont le

présent, le futur simple et le passé composé. Les indicateurs spatio-temporels (ou

déictiques) sont par exemple « ici », « là-bas », « à droite », « maintenant », « hier »,

« demain », « l’année prochaine »… Pour ce qui est du langage SMS, sachant qu’il permet

de passer de l’oral à de l’oral écrit, ce type d’énonciation peut être appelé sans conteste

discours car il regroupe toutes les caractéristiques citées ci-dessus. Son enseignement

consistera donc essentiellement à étudier la cohérence et la cohésion du texte produit. « J

taten isi 2m1 » (« Je t’attends ici demain »), par exemple, peut rester une énigme si le

contexte d’énonciation n’est pas plus précis, même s’il est correctement écrit.

La distinction entre langue et parole a ensuite été reprise par Noam Chomsky (1968)

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dans son œuvre majeure Le langage et la pensée. Au lieu de partir de la langue, qu’il faut

enregistrer puis transcrire afin de pouvoir l’analyser ensuite, il part de la parole que l’individu

fabrique. Il se demande alors comment le locuteur fait pour la produire. C’est une question

essentielle qui domine le problème de l’acquisition du langage. Alors que durant toute la

première moitié du XXème siècle, les grands courants de pensée s’accordaient à dire que le

langage était acquis par conditionnement, il réfute ce behaviorisme et affirme que le langage

est déterminé par des structures mentales innées et oppose ainsi compétence et

performance1. Pour lui, un enfant de moins de 5 ans est capable sans enseignement formel,

de produire et d’interpréter avec cohérence des phrases qu’il n’a jamais rencontrées avant

(c’est la performance) car il est supposé avoir une connaissance innée de la grammaire

élémentaire commune à tous les langages humains (ou compétence). Cette grammaire,

caractérisée d’universelle (tous les enfants acquérant ce langage), permet d’une part, avec

un nombre de règles de grammaire réduit et une quantité de mots bien définies, de produire

un nombre infini de phrases ; et d’autre part, de décider si une phrase est correctement bien

formée, indépendamment de la signification grâce à la prise en compte d’un ensemble de

contraintes inconscientes. L’enfant ne viendrait pas au monde, comme on le pense depuis

la fin « des Lumières », avec un esprit semblable à une table rase mais avec la capacité

innée auquel l’humain est prédisposé, ce qui expliquerait l’apprentissage rapide d’une langue

par un enfant mais aussi la capacité à en créer une de toute pièce si la situation l’exige (cas

du créole2 par exemple). Par conséquent, selon Chomsky, c’est l’autonomie de la syntaxe

qui prime sur la sémantique. Dans le cadre d’une situation didactique sur le langage SMS,

c’est cette compétence linguistique qui sera demandée à l’élève : produire un énoncé à la

syntaxe correcte comme respecter l’ordre des mots dans une phrase. Elle sera d’ailleurs la

même pour tous les membres d’une même communauté linguistique (ici les jeunes).

A la lumière de ce que nous venons d’évoquer, nous avons pu constater que malgré

leur particularité distinctive, le langage, la langue et la parole permettent aux humains

d’entrer en relation avec autrui afin de transmettre quelque chose. Chacune de ces

approches peut être examinée par la linguistique qui est généralement définie comme l’étude

scientifique du langage humain. On considère d’ailleurs, aujourd’hui, que pour être complète,

1 Compétence : locuteur ou auditeur, c’est la connaissance implicite qu’a tout sujet parlant de sa langue

maternelle.

Performance : mise en œuvre de la compétence dans des phrases produites ou comprises par les utilisateurs

de la langue. 2 Au temps des plantations, les esclaves de langues différentes communiquaient de façon plus ou moins

rudimentaire par des mots alignés aléatoirement et sans réelle grammaire. Les enfants de ces esclaves nés une

ou deux générations plus tard, ne se sont pas contentés de reproduire les suites de mots de leurs parents ; ils ont

introduit spontanément une grammaire. Une nouvelle langue était née : le créole.

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la linguistique doit intégrer trois points de vue que nous avons abordé ci dessus1 :

morphosyntaxique (Saussure), sémantique (Benveniste) et pragmatique (Chomsky).

Seulement la linguistique ne cesse d’évoluer et elle a conduit tout naturellement à la

sociolinguistique qui prend en compte le cadre social et culturel dans lequel est émis un

énoncé. On est ainsi passé du concept de compétence linguistique à celui de compétence

de communication. Voyons à présent les principaux schémas communicationnels élaborés

depuis la seconde guerre mondiale par de nombreux théoriciens de la communication afin

d’être éclairés sur les différentes analyses possibles dès lors qu’il y a échange

d’informations.

1.2. « Découverte » de la communication

1.2.1. Le premier modèle de communication de Shannon et Weaver : une

vision télégraphique

Initialement, communiquer était fréquemment réduit à un transfert d’informations :

une source qui émet et une cible qui reçoit. C’est cette vision télégraphique que l’ingénieur

Claude Shannon et le philosophe mathématicien Warren Weaver vont schématiser en 1949.

Ils élaborèrent2, un modèle linéaire de la communication, réduit à sa plus simple expression :

un émetteur grâce à un codage, envoie un message à un récepteur qui effectue le décodage

dans un contexte perturbé de bruit.

Figure 1 - Système général de communication selon Shannon et Weaver (1949)

1 Morphosyntaxique : étudie la structure interne des mots et détermine des règles permettant de les combiner

pour produire des phrases.

Sémantique : étudie le sens des mots et des énoncés.

Pragmatique : étudie les relations entre le message et l’usage qu’en font les locuteurs en situation de

communication. 2 À l'origine, les recherches de Shannon ne concernent pas la communication, mais bien le renseignement

militaire. C'est Weaver qui a « traduit » la notion de brouillage par celle de « bruit », la notion de signal par

« message », la notion de codage par « émetteur », la notion de décodage par « récepteur ».

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Ce modèle présente toutefois des limites. Tout d’abord, il ne peut s’appliquer à toutes

les situations de communications. Ensuite, il ignore la pluralité des récepteurs et laisse de

côté les éléments psychologiques et sociologiques. Enfin, il y a absence de rétroaction.

1.2.2. Le schéma de Jakobson centré sur le message

Sous l’impulsion de Saussure, le linguiste Roman Jakobson (1969), a repris et

transformé le modèle de Shannon et Weaver pour en tirer son propre schéma de la

communication. Il a développé un point de vue centré sur le message lui-même (et non plus

centré sur la transmission de celui-ci) autour duquel gravitent d’autres pôles en jeu dans

l’acte de communication. Le schéma ci-dessous montre qu’il est composé de six facteurs de

telle manière qu’à chacun de ses facteurs corresponde une fonction.

Figure 2 - Système général de la communication humaine selon Jakobson (1969)

Grâce à ce schéma, il a établi que dans toute situation de communication, on trouvait

un destinateur (émetteur) qui émet un message à un destinataire (récepteur). Tout cela

s’inscrit dans un contexte (référent), un code (la langue) et un canal communs.

Certes, cette définition est exacte mais elle occulte toute une partie du

fonctionnement de la communication. On reste à une conception d’un échange alterné de

messages sans connaître exactement l’interaction. En effet, a-t-on toujours une seule

personne en face de soi ? La personne à qui nous nous adressons nous répond-elle ? La

communication ne varie-t-elle pas en fonction des lieux, de l’humeur du moment, du degré

d’attention, des savoirs antérieurs…

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1.2.3. Le modèle de Kerbrat-Orecchioni :communiquer, l’illusion de la simplicité

Catherine Kerbrat-Orecchioni (1980) reprend l’étude de Jakobson en la fondant sur

un élément essentiel : le sujet parlant. Selon elle, la communication varie en fonction des

éléments concernant l’émetteur, le récepteur mais aussi la situation elle-même. Elle va

dégager ainsi des compétences intervenant dans les échanges : culturelles (savoirs que

nous possédons sur le monde), idéologiques (valeurs de références qui fait que nous

jugeons l’autre), linguistiques (message produit, lexique, syntaxe…), paralinguistiques

(gestes, regards, mimiques, occupations de l’espace), de contrainte de l’univers du discours

(espace, temps, but, canal utilisé – direct/téléphone- ), de modèle de production et

d’interprétation du discours, de détermination psychologique (statut de l’émetteur et

notamment perception qu’il a de lui-même, du récepteur, présence d’une tierce personne

dans l’échange).

Figure 3 – Proposition destinée à se substituer au schéma des fonctions de la

communication selon Kerbrat-Orecchioni (1980)

Mais elle va surtout prouver la complexité des relations unissant les différents

locuteurs : « Tout au long du déroulement d’un échange communicatif quelconque, les

différents participants, que l’on désigne parfois comme des « interactants » exercent les uns

sur les autres un réseau d’influences mutuelles : parler, c’est échanger, et c’est changer en

échangeant ».

La communication est donc régie par des compétences d’une part, et d’autre part, par

des normes, des contraintes, des émotions et des valeurs qui la complexifient. On s’aperçoit

donc que communiquer n’est pas aussi simple. Compétence linguistique ou compétence de

communication : tel est le débat qui anime aujourd’hui le domaine de l’éducation.

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2. Quelle place donner au langage, outil de communication, dans

les pratiques scolaires ?

2.1. En didactique du français

2.1.1. Compétence linguistique ou compétence de communication ?

Compétences linguistiques ou compétences de communication : ces différences sont

capitales pour l’apprentissage du langage, d’une manière générale, par l’enfant. Selon

Chomsky (1968), ce qui est important, c’est la maîtrise de la langue. En revanche, Hymes

(1982) part de l’idée selon laquelle les aptitudes du sujet parlant ne se réduisent pas à la

seule connaissance de la langue et il définit la compétence communicative comme

l'ensemble des aptitudes permettant au sujet parlant de communiquer efficacement dans des

situations spécifiques. Ces divergences de points de vue, Kerbrat-Orecchioni (1990) les a

mis en évidence dans le tableau suivant :

Compétences linguistiques

selon Chomsky

Compétences de communication

selon Hymes

La linguistique s’arrête à la phrase La linguistique doit aussi analyser le discours

La linguistique doit expliciter la compétence

d’un « locuteur – auditeur idéal »

La linguistique doit expliciter la compétence

d’une « personne réelle existant dans un

monde social »

Cette compétence est la même pour les

membres d’une même communauté

linguistique, et elle est même en grande

partie universelle

Il existe au sein d’une même communauté de

nombreux codes et sous-codes, et il convient

de mettre l’accent sur ces variations avant de

se préoccuper du problème des universaux

du langage

Cette compétence permet la

production/réception de phrases

« grammaticales » abstraites

Cette compétence permet la

production/réception d’énoncés appropriés

contextuellement

La performance dénature la compétence,

c’est une sorte de mal nécessaire

Tous les faits qui s’actualisent en

performance doivent être rapportés à la

compétence sous-jacente qu’ils manifestent,

et qu’on ne peut appréhender qu’au travers

des réalisations performancielles

Le langage est fondamentalement « un

système d’expressions de la pensée », un

« miroir de l’esprit »

Le langage est fondamentalement une

pratique sociale

Ces deux concepts théoriques opposés reflètent tout à fait la question que se posent

les institutions, les enseignants, les didacticiens, les parents d’élèves sur quel français

enseigner ?

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A travers la conception de Chomsky (1968), on retrouve la pédagogie prônée depuis les lois

Ferry (1880) : il faut dispenser le même enseignement à tous les élèves ; et cet

enseignement doit tourner autour d’un français qui respecte les règles d’orthographe, de

grammaire, de conjugaison. Par contre, Hymes (1982) trouve que ce qui est crucial en

pédagogie « ce n’est pas de mieux comprendre comment le langage est structuré mais de

mieux comprendre comment il est utilisé ». Il est pour l’hétérogénéité des discours qui

permettent de communiquer et de mettre en commun ce qui ne l’est pas d’emblée. Il faut dès

lors partir des usages de chacun, s’appuyer sur la diversité des compétences d’une

communauté à l’autre, mais aussi à l’intérieur d’une même communauté. Ensuite, dit-il, c’est

« au cours du déroulement de la conversation que certaines disparités initiales se

neutralisent, c'est-à-dire que les interactants construisent au fur et à mesure leur

compétence conversationnelle, dans la mesure où les partenaires négocient et ajustent en

permanence leurs conceptions respectives des normes conversationnelles. » Aujourd’hui, la

réalité de l’enseignement amène plutôt à considérer ces deux théories comme

complémentaires. Le langage SMS, on l’a vu, malmène le français. Pourtant la ville de

Montréal, rappelons-le a offert la possibilité, sur le site Internet de la ville, d’accéder à

l'information de trois façons, et notamment par l'ortograf altêrnativ, assimilée au SMS. Voici

une illustration de ce que peut donner la rencontre entre le français d’une part et le langage

SMS d’autre part. Comprendre les codes et les sous codes des jeunes qui utilisent le

langage SMS serait faire un pas vers eux mais aussi dans le cas d’un échange les amener

vers ce français qu’ils « malmènent ».

2.1.2. Point de vue des sociolinguistes

Selon les travaux de sociolinguistes, toute variation d’une langue donnée (et ses

diverses formes, telles que l’écriture et le discours oral serait le résultat des interactions

sociales de la communauté linguistique où elle se produit. L’âge du locuteur, son sexe et sa

classe sociale joueraient donc un rôle important (voire décisif) dans la variation linguistique.

D’après William Labov (1993), « la plupart des locuteurs […] ont à leur disposition divers

styles de paroles. » Par ailleurs, en 1984, Allan Bell avançait l’hypothèse qu’un même

locuteur possède plusieurs styles de parole (ex formel, familier, etc.) et modifiera sa manière

de parler en fonction de sa perception de l’environnement communicatif afin que son

discours soit approprié pour son ou ses interlocuteurs. Il s’ensuit que certaines variables

apparaissent ou non selon le contexte dans lequel le locuteur se trouve. La variable

orthographique peut ainsi être déclinée en non intentionnelle (fautes de frappe, fautes

d’orthographe) ou intentionnelle (formes oralisées, formes abrégées).

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Par conséquent, à partir des constats sociolinguistiques, il nous est possible de

considérer le langage SMS comme une variation parmi d’autres de la langue française à la

disposition du jeune dans l’ensemble des styles de paroles dont il dispose. Sachant qu’il est

capable d’adapter son discours en fonction de son destinataire, on peut envisager, dès lors,

que c’est ce qu’il fait en jouant sur la variable orthographique du langage SMS, résultat de

son interaction avec d’autres jeunes de sa communauté linguistique. La question désormais

est de savoir si cette pratique langagière extrascolaire peut être pris en compte dans les

pratiques scolaires.

2.1.3. Point de vue des didacticiens du français

Faut-il ou non que l’école prenne en compte les pratiques extrascolaires des élèves ?

Et si tel est le cas, pourquoi et comment ? Ces questions traversent en fait l’école depuis sa

fondation et nous pouvons dire que deux grandes thèses se confrontent. La première

s’appuie sur la conception de l’enseignement du français que les institutions avaient avant

1970. En effet, jusque là, l’enfant, en entrant à l’école, était considéré comme un être privé

de langage ou du moins disposant d’un langage que l’école devait bannir. Les Instructions

de 1923 déploraient par exemple que « les enfants disposent d’un vocabulaire pauvre qui

appartient à l’argot du quartier, au patois du village, au dialecte de la province. » Il était donc

impossible, dans le cadre de l’enseignement du français, d’introduire les pratiques

extrascolaires à l’école car considérées comme des obstacles aux apprentissages et

synonymes de baisse du niveau scolaire. L’école avait donc la responsabilité exclusive

d’apporter les valeurs linguistiques fournies par les bons auteurs (grâce à la lecture et à la

récitation) et par la mémorisation des règles de grammaire, d’orthographe ou de formation

des mots. D’autre part, l’école, en prenant ses distances avec les univers familiaux et

professionnels, garantissait des fonctionnements propices à l’étude : tranquillité, neutralité,

temps conséquent…. Réintroduire les pratiques extrascolaires était donc susceptible de

porter atteinte aux principes même de la forme scolaire et au bon fonctionnement des

apprentissages.

En revanche, la seconde position soutenue par la sociolinguistique affirme, depuis

plus de vingt ans maintenant, qu’il est impossible de négliger ces pratiques et qu’il est

nécessaire de les cerner et de les décrire en terme de variations par rapport à la norme

scolaire (Marie-Claude Penloup, 2006). En effet, la majeure partie des théories se rejoint

pour considérer qu’on apprend avec ce que l’on est, grâce à ou malgré elles, mais pas sans

elles. Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron (1970) ont d’ailleurs dit que « l’indifférence

aux différences » mise en place par l’école n’empêche pas, loin de là, un échec socialement

différencié. De plus, Bernard Lahire (1993) qui a travaillé sur l’entrée dans l’écrit, avance

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aussi l’hypothèse selon laquelle l’échec scolaire « en tant qu’il est socialement différencié,

pourrait s’expliquer, au moins en partie, par l’écart entre le rapport au langage (distancié,

formel…) mis en place au travers de l’enseignement actuel et celui à l’œuvre dans les

pratiques langagières de nombre de familles. » A ces arguments s’ajoutent ceux de

nombreux travaux récents en sociologie ou en didactique, qui ont pu montrer qu’y compris

dans les milieux considérés comme très défavorisés, les pratiques culturelles (par exemple

de lecture ou d’écriture) étaient bien plus diversifiées et plus riches qu’on ne le pensait

auparavant. Ainsi, par exemple, en matière d’écriture, Marie-Claude Penloup (1999), a pu

montrer, au travers de la première enquête d’envergure sur les pratiques extrascolaires des

collégiens que, contrairement à nombre d’idées reçues, elles étaient massives et diversifiées

(lettres, listes, chansons, histoires drôles, poèmes…), quels que soient les milieux

concernés, l’établissement ou le sexe et le goût déclaré pour l’écriture est important (73% de

la population concernée). Les données recueillies permettent de cerner de nouvelles

dimensions du rapport à l’écriture extra-scolaire : caractère intensif tant quantitatif que

qualitatif, construction identitaire, dissociation complète entre écritures extra-scolaires et

pratiques d’écritures scolaires, spontanéité, dimension matérielle (plaisir lié à l’acte

graphique, les outils, l’odeur de l’encre, plaisir lié à la frappe sur le clavier, ronronnement de

l’ordinateur…) Elle a fondé l’hypothèse que les écrits extrascolaires pourraient être alors

réinvestis dans les écrits scolaires. Ainsi, par exemple, elle montre que les écritures de soi

sont très courantes chez les adolescents et notamment chez les filles. Elle propose donc

d’accorder une place et un statut à l’écriture de soi à l’école en s’appuyant sur les

Instructions officielles de 1995 qui considéraient l’écriture comme un outil de structuration de

la personne. Ainsi, le journal intime reconnu comme lié au plaisir d’écrire permettrait de

favoriser l’émergence d’une parole personnelle. La mise en place d’ateliers d’écriture telle

qu’écrire à la manière de Perros (écriture de papiers collés) dans lesquels les élèves

rédigeront leur autobiographie pourrait être le point de départ d’une interrogation sur le genre

autobiographique. Citons un autre exemple : dans son enquête, elle constate que 60% des

collégiens pratiquent la « copie pour soi » (copie pour apprendre, copie pour le plaisir de

conserver un texte apprécié …) qui génère un plaisir corporel (recherche de la « belle page »

ou de la « belle écriture »). Penloup considère alors la copie pour soi comme une activité

langagière qui permet d’entrer dans la culture de l’écrit sur le mode de la « jubilation » : elle

pourrait être, dit-elle « le point de départ d’une interrogation sur le plagiat en art, point

d’appui de la création ». Ses recherches ont pu ainsi mettre en évidence l’intérêt didactique à

tenir compte des écrits extrascolaires pratiqués spontanément par les élèves, au cœur des

apprentissages. « Créer des liens entre les deux cultures, établir entre elles des passerelles

apparaît alors comme un des moyens de répondre à cet état de fait et d’aider à construire du

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sens » dit-elle. Elle se situe dans la même perspective qu’Yves Reuter (2001) dont les

travaux de recherche l’amènent à penser que, pour enseigner l’écriture, il faut enseigner à

« penser l’écrit ». Il insiste, par conséquent, sur le fait que tenir compte de ces pratiques

aurait trois effets non négligeables. Tout d’abord, un effet de connaissance dans la mesure

où l’image qu’ont les enseignants des élèves peut être modifiée. Ensuite, conséquence du

premier, l’effet de reconnaissance qui consiste en une valorisation des élèves puisqu’ils ne

sont plus réduits à des manques ou à des pratiques stigmatisées et enfin, l’effet passerelle

qui va viser à tisser des relations entre les cultures des élèves et la culture scolaire. Prendre

appui sur le savoir des élèves issus de leurs pratiques et sur la comparaison permettra

d’établir non seulement des différences mais aussi des points communs entre les différents

types de cultures.

Face à ces arguments, comment ne pas envisager la possibilité alors d’utiliser le

langage SMS comme passerelle entre les pratiques scolaires attendues et qui font défaut à

un certain nombre de jeunes et les pratiques extrascolaires maîtrisées par ceux-ci ? L’échec

scolaire dû à des lacunes en lecture/écriture pourrait–il, par conséquent, être reconsidéré ?

Mais avant d’y répondre, nous devons d’abord examiner sur le plan théorique, la lecture et

l’écriture comme outil de communication dans le champ de la didactique du français.

2.2. Dans les pratiques de lecture et d’écriture

2.2.1. Qu’est ce que lire ?

A partir de 1880 (les lois de Jules Ferry) et jusqu’au milieu du XXème siècle au

moins, la position de l’école primaire est claire : lire c’est dire. Apprendre à lire, c’est avant

tout apprendre à déchiffrer, « syllaber », puis dire « sans ânonner » et enfin dire l’écrit « en

mettant le ton ». Les méthodes syllabiques (b+a = ba) semblent parfaitement adaptées à

cette définition du savoir-lire. Mais en 1985, les instructions officielles et les programmes

pour l’école élémentaire annoncent qu’on lit désormais pour comprendre et que cela

nécessite, pour apprendre à lire, d’être capable de prévoir, de formuler des hypothèses, de

prélever du sens ou faire du sens. Ainsi plusieurs conceptions de l’apprentissage de la

lecture s’affrontent mais le constat est là : les évaluations nationales de lecture depuis 1990,

et mises en place par le ministère de l’Education Nationale, ont rendu visible le problème de

l’échec scolaire en lecture – ou de la « mal-lecture » (dit Gérard Chauveau, 2007) – à l’école

élémentaire. Depuis Jules Ferry, on continue donc à se poser les mêmes questions :

« Qu’est ce que lire ? », « Quelles sont les compétences mises en jeu dans l’activité de

lecture ? », « Quelles sont les conséquences pour l’apprentissage ? » Les méthodes de

lecture sont nombreuses mais l’acte de lire reste un processus complexe pour les

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chercheurs. Toutefois, ils sont nombreux1 à dire que la lecture sollicite de façon importante

l’activité intellectuelle d’un sujet. Ils ajoutent de plus que lire c’est pouvoir arriver à mettre du

sens dans une phrase ou un texte : « Apprendre à lire, ce n’est pas apprendre une nouvelle

langue : c’est apprendre à coder différemment une langue que l’on connaît déjà » (Bentolila,

2006). Pour cela, l’identification2 des mots doit se faire rapidement et efficacement. Enfin

selon eux, le lecteur expert maîtrise deux procédures (syllabique et globale) ce qui lui permet

de passer de l’une à l’autre méthode en fonction de ses besoins.

Des compétences sont néanmoins nécessaires. Tout d’abord, pour s’engager dans

l’apprentissage de la lecture, l’apprenant doit posséder une maîtrise non négligeable de la

langue orale (la pauvreté du lexique, une syntaxe incorrecte sont à l’origine de nombreuses

erreurs concernant la compréhension). Ensuite, l’apprentissage de la lecture passe par la

découverte et l’utilisation du code alphabétique qui définit le fonctionnement du code écrit.

Nommer les lettres (c’est-à-dire connaître le nom des lettres mais aussi leur valeur sonore),

écrire en utilisant une écriture alphabétique, épeler un mot phonétiquement sont les trois

compétences spécifiques de la lecture. La maîtrise des relations grapho-phonologiques est

donc incontournable : « le principe alphabétique de notre écriture est étroitement associée à

la conscience phonique » dit Gérard Chauveau (2007). L’Observatoire National de la Lecture

ajoute que « pour comprendre les associations de graphèmes-phonèmes, les élèves doivent

avoir pris conscience que la parole peut être segmentée en unités (mots, syllabes..).

Identifier un mot est nécessaire mais pas suffisant. Il faut aussi pouvoir le faire rapidement et

automatiquement. Enfin, lire c’est en même temps « reconnaître les rôles grammaticaux

respectifs des mots. Sans reconnaissance de l’organisation grammaticale d’une phrase, il n’y

a pas construction du sens, il n’y a pas de lecture. » La ponctuation, les inférences3 et les

substituts4 nominaux et pronominaux sont alors autant d’indices précieux qui aident à la

compréhension d’un texte, d’après le rapport de l’ONL de novembre 2005. La lecture

demande par conséquent une bonne maîtrise de l’espace écrit mais aussi du raisonnement.

Jocelyne Giasson (2005) accorde d’ailleurs beaucoup d’importance aux informations que le

lecteur doit induire à partir des données du texte (inférences). La lecture est ici considérée

comme une activité cognitive mettant en jeu le raisonnement.

Mais aujourd’hui, des chercheurs comme Chauveau (2007) envisagent le savoir-lire

sous une nouvelle perspective : l’activité de lecture étant une activité à la fois culturelle et

langagière, il ne s’agit plus d’une méthode de lecture syllabique ou globale mais dite

1 Linguistes (A. Bentolila, M. Fayol,), chercheurs en Sciences de l’Education (G. Chauveau, J. Fijalkow, J.

Giasson), chercheurs de l’ONL. 2 Associe le mot écrit à sa signification.

3 Consiste à décoder l'implicite, à interpréter.

4 Consiste à reprendre un nom déjà énoncé par un autre nom ou expression équivalente ou par un pronom.

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interactive qui repose selon lui sur trois actions. La première est l’action culturelle. Elle

répond à la question : pourquoi lit-on ? Réponse : on lit pour s’informer, se divertir, imaginer,

apprendre, se cultiver, répondre à une question, satisfaire sa curiosité, s’émouvoir, se faire

une opinion sur un sujet … C’est donc notre rapport à l’écrit et à la lecture qui est soulevé.

Ensuite, il y a l’action compréhensive. Le lecteur adopte une conduite de « chercheur de

sens » à savoir qu’il va prélever dans le texte qui s’offre à lui l’ensemble des mots qu’il

reconnaît et qui ont un sens pour les organiser. Enfin, il y a l’action instrumentale. Ici, le

lecteur cherche à comprendre l’organisation de la phrase écrite, décode, mémorise et utilise

le contexte pour comprendre l’ensemble des mots et donc de la phrase. Parallèlement donc

à l’approche technique de la lecture, une approche sociologique s’est développée, montrant

que la lecture est avant tout une pratique culturelle, liée à des fonctions sociales que l’on

rencontre dans une multitude de genres d'écrits, qu’ils soient littéraires ou fonctionnels1.

Beaucoup d’adolescents disent ne rien lire lors d’enquêtes et pourtant ils lisent mais sur des

supports qu’ils ne pensent pas pouvoir être reconnus par les adultes (tract publicitaire,

bandes dessinées, un énoncé de problèmes etc.)

Pour finir, n’oublions pas qu’on lit pour soi mais aussi pour communiquer avec

d’autres. Nous ne devons pas perdre de vue qu’activités de lecture et activités d’écriture

entretiennent des liens étroits. Citons Emilia Ferreiro (1988) : « L’enfant apprend à écrire

lorsqu’il essaie de lire ; l’enfant apprend à lire lorsqu’il essaie d’écrire. [ …] Un bon lecteur se

forme en produisant de l’écrit ; un bon producteur de textes se forme en lisant des textes. »

Voyons maintenant en quoi consiste la production d’écrit en milieu scolaire.

2.2.2. Qu’est ce que produire un écrit en milieu scolaire ?

Lorsque l’on parle d’écrit, il faut bien faire la distinction entre le geste graphique,

l’activité de copie et la production d’écrit. Ce qui nous intéresse ici, en lien avec le langage

SMS, c’est la production d’écrit en tant que conception et mise en texte d’un récit. Le niveau

a-t-il baissé depuis les lois de Jules Ferry ? Philippe Meirieu (2007) répond à cette

interrogation2 en disant que les textes des jeunes d’aujourd’hui sont plus longs, les récits

1 Dans le n°104 de la Revue Française de pédagogie, juillet-août 1993, Bernard Lahire signe un article intitulé

« Lectures populaires : les modes d’appropriation des textes », dans lequel il résume les principales conclusions

qu’il a pu faire après avoir interrogé 149 personnes de diplôme inférieur ou égal au BEP ou BEPC. Il constate à la

fois la diversité des lectures populaires et l’ancrage important de la lecture en milieu populaire : 40% des

enquêtés déclarent lire le journal tous les jours, 58% lire de 1 à 10 livres dans l’année, 27% des BD, 59% sont ou

ont été abonnés à un organisme de vente de livres par correspondance, 58% disent avoir recours à des

dictionnaires ou des encyclopédies. Ces données confirment la nécessité de prendre en considération tous les

supports de lecture en tenant compte des fonctions qui leur sont assignées dans la vie quotidienne.

2 Nous disposons d’un point de repère grâce aux copies du Certificat d’études primaires retrouvées dans le

département de la Somme pour les années 1923, 1924,1925 et des textes écrits sur les mêmes sujets, rédigés

dans les mêmes conditions, par des enfants du même âge aujourd’hui.

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plus cohérents, les phrases plus variées, le vocabulaire plus riche, la ponctuation plus

fréquente et précise. Les résultats sont légèrement en revanche plus faibles en ce qui

concerne la maîtrise des temps des verbes et de l’orthographe d’usage et ils sont très

nettement inférieurs dans le domaine de l’orthographe grammaticale (accords genre/nombre,

par exemple) qui baisse régulièrement et de façon importante depuis plusieurs dizaines

d’années. Pourtant même si les textes sont plus longs, écrire n’est pas chose facile. Mais

que se passe-t-il alors quand on écrit ? Et pourquoi est-ce si difficile d’écrire un texte ?

Jusqu’aux années 80, la didactique de la production d’écrits était centrée sur les

caractéristiques textuelles des écrits à produire. On considérait alors que pour écrire un récit

par exemple, il suffisait de connaître les propriétés structurelles de celui-ci. A partir des

années 80, les didacticiens se centrent sur l’activité du sujet en train de rédiger et plus

particulièrement sur les difficultés des étudiants à rédiger. Cet intérêt est lié à la diffusion en

France des travaux des psychologues anglo-saxons John Hayes et Linda Flower (1980) qui

se sont aperçus qu’écrire suppose au préalable d’inventer ou de rechercher des idées (ou

planification), de les mettre en mots (ou mise en texte) puis de trouver comment les agencer

grâce aux mots, de façon adéquate (ou révision). Ces actions, répétées plusieurs fois au

cours de la rédaction et variables selon les rédacteurs, sont sources de difficultés voire de

blocages : angoisse de la page blanche, réticences à remettre ou non un travail écrit,

difficultés pour ne perdre le fil de sa pensée, réorganisation1 des mots ou des idées,

attention portée à l’orthographe et à la syntaxe… D’ailleurs, à l’INRP, un groupe de

recherche (le groupe EVA) a travaillé plusieurs années sur l’évaluation des écrits et a produit

un tableau appelé CLID (Classement des Lieux d’Intervention Didactique) souvent repris

dans les ouvrages concernant la didactique de la production d’écrits. Cette grille2propose

d’analyser un écrit selon quatre points de vue : pragmatique, sémantique, morphosyntaxique

et aspect matériel. Il vise à mettre en évidence par exemple si le texte produit correspond

bien au but visé, s’il y a cohérence structurelle (mise en page, ponctuation, connecteurs,

cohérence de la progression thématique), cohérence énonciative (pertinence des choix

énonciatifs, présence de la subjectivité de l’auteur), cohérence sémantique (respect des

contraintes du genre littéraire, absence de contradiction, gestion de l’implicite, cohérence

entre les personnages, les actions , les évènements…), le lexique, la morphosyntaxe,

l’orthographe, la présentation et la calligraphie. Or, toutes ces exigences sollicitent

énormément la mémoire ; les psycholinguistes parlent alors de surcharge cognitive.

1 C’est-à-dire en les ajoutant, supprimant, déplaçant ou remplaçant.

2 Voir Annexe1.

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Alors pour répondre à ces difficultés rencontrées, l’ensemble des documents officiels1

émis par le Ministère de l’Education Nationale, depuis 1992, propose d’apprendre à

organiser un texte de la manière suivante « on peut privilégier l’une des deux composantes

essentielles de l’activité rédactionnelle : tantôt l’organisation du texte (sa planification) tantôt

le travail d’écriture proprement dit (la mise en mots). » Ainsi, dans le premier cas, on

s’intéresse au premier jet de l’écrit : cerner qui est le destinataire du texte, trouver une trame

générale, lister les idées à aborder (informations, émotions, injonctions, arguments …),

réorganiser toutes les propositions faites. Dans un second temps, on passe à la rédaction en

elle-même. Précisons ici que, depuis plusieurs années, la question de l’orthographe s’est

enrichie de nombreux travaux permettant de mieux comprendre comment elle fonctionne et

comment elle s’apprend. Michel Fayol (2008) s’est intéressé aux fautes d’orthographe chez

les adultes et en s’appuyant sur quelques articles récents et il conclut que l’essentiel de

celles-ci sont dues à un lexique orthographique mental insuffisant (omission ou

neutralisation2 des accents, mauvaise transcription d’un phonème (« expliquation » au lieu

de « explication », erreurs sur les homonymes) et le non-respect du pluriel des noms et des

verbes principalement. La fatigue et la baisse de l’attention sont aussi en cause. Dernier

constat : plus le niveau de formation scolaire s’élève et plus les variations de transcription

diminuent sans toutefois disparaître. Nous venons donc de voir que produire un écrit en

milieu scolaire est complexe. Les chercheurs disent même que son apprentissage est long.

Son enjeu est aussi social car on écrit pour communiquer.

En effet, écrire n’est plus réservé aux clercs et aux privilégiés, il devient un outil pour

relier les hommes entre eux. Il oblige aujourd’hui à prendre en compte un destinataire absent

qu’il faut rendre mentalement présent pour décider de ce qu’on va lui dire. On écrit pour

agrandir son réseau de connaissance, pour maintenir le lien avec autrui, pour se confier aux

autres mais aussi pour communiquer avec soi-même : « se raconter, c’est en quelque sorte

bâtir une histoire qui dirait qui nous sommes, ce que nous sommes, ce qui s’est passé, et

pourquoi nous faisons ce que nous faisons […] C’est grâce au récit que nous parvenons à

créer et recréer notre personnalité » (BRUNER J., Pourquoi nous racontons-nous des

histoires ?, 2005). Ecrire, c’est se donner la possibilité de jouer avec les mots et de donc de

développer son imagination. Mais des chercheurs ont constaté que tout le monde ne joue

pas toujours spontanément avec les mots. Parmi les raisons évoquées par le sociologue Ben

Fadhel (1967), les différences significatives en compétences scripturales (et par voie de

conséquence, lecturales) sont en fonction du style éducatif parental ainsi que du milieu

socioculturel. Le poids de la famille est déterminant chez les enfants dans l’apprentissage de

1 Programmes et documents d’accompagnement.

2 Les accents sont remplacés par un point ou par un trait horizontal qui fait disparaître l’opposition é/è.

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l’écriture, dit-il : « les difficultés éprouvées par certains enfants en lecture/écriture traduisent

un milieu familial peu engagé où les pratiques éducatives autour de l’écrit sont mécanistes,

peu variées et limitées à un suivi scolaire. » Toutefois, Bernard Charlot (1999) ne partage

pas complètement cette opinion et il s’interroge sur le « rapport au savoir » des élèves pour

comprendre leurs réussites ou leurs échecs. D’après lui, le rapport d’un élève au savoir

dépend à la fois de son vécu, de sa manière personnelle d’apprendre, de son désir plus ou

moins grand de savoir, et de son environnement social. Il identifie trois types de rapport

(rapport à soi, au monde, à l’autre) que les élèves entretiennent fréquemment envers l’école

et l’apprentissage. Chacun de ses types constitue un obstacle à l’apprentissage et de là, à la

réussite scolaire. Ainsi par exemple dit-il : « Qu’est ce qu’un cours intéressant ? Un cours qui

« en soi » est intéressant (rapport au monde) ? Un cours qui est intéressant pour moi

(rapport à soi) ? Un cours qui est dispensé par un professeur intéressant (rapport à

l’autre) ? » Après avoir observé les élèves dans les classes, il en arrive à dire : « Un cours

intéressant est un cours où se noue, en une forme spécifique, un rapport au monde, un

rapport à soi et un rapport à l’autre ». La notion de « désir » d’apprendre devient alors

essentielle car c’est par cela que l’enseignant pourra agir sur le rapport au savoir de l’élève.

L’acquisition du lire-écrire n’est donc pas seulement un ensemble de processus

techniques et cognitifs. C’est aussi un processus culturel, un rapport au savoir et c’est

également, dit Emilia Ferreiro (1988), apprendre « à circuler dans le monde de l’écrit comme

on circule dans sa propre maison. » Trouver sa place dans cet univers où la formation du

citoyen passe par la maîtrise de la lecture/écriture n’est pas toujours facile et malgré les

objectifs des programmes officiels (faire découvrir à l’enfant le plaisir de lire et de s’exprimer

par écrit), le taux d’élèves sachant à peine lire à leur arrivée en sixième est élevé (10% en

2003) sans parler de tous ceux qui n’ont pas atteint le niveau requis, beaucoup de jeunes ont

des difficultés à transcrire ce qu’ils pensent ou disent oralement, il y a peu de lecteurs

critiques capables d’argumenter à propos de textes (15% parmi les 85% de très bons

lecteurs en 2003). Il semble alors intéressant ici de porter un regard attentif sur la situation

de l’illettrisme en France et des solutions envisagées jusqu’à aujourd’hui afin de savoir si le

langage SMS pourrait être un point d’ancrage dans les apprentissages chez ces individus,

dont certains gardent encore en mémoire les difficultés voire les échecs de leur scolarité.

2.2.3. Qu’est ce que l’illettrisme ?

Terme qui apparaît au début des années 80, l’illettrisme est un néologisme créé par

l’association ATD Quart-monde afin de différencier les Français pauvres aux compétences

limitées en lecture et en écriture, et les travailleurs immigrés, qualifiés d’analphabètes. Le

terme « illettrisme » fut alors utilisé pour décrire une personne ayant suivi le cycle de l’école

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primaire française sans pour autant y avoir acquis les compétences requises pour

comprendre un texte, même très simple. Depuis, d’autres définitions de l’illettrisme ont été

données. Alain Bentolila (1996), responsable de l’Association Française de Lecture, rejoint

cette définition en précisant que selon lui, un illettré est une personne incapable de lire et

d'écrire un texte simple, court, en rapport avec sa vie quotidienne. En effet, à l’écrit, il s’est

aperçu que l’illettré avait du mal à organiser son écriture sur la page, à calligraphier

correctement les lettres, à séparer des mots et donc aussi à les orthographier. En lecture, en

revanche, les difficultés sont les suivantes : trouver le sens général d’un texte parce qu’ils

prélèvent leurs indices de façon aléatoire et majoritairement en début d’énoncé, identifier des

mots simples, maîtriser la signification d’indicateurs grammaticaux (« sur », « à », « de »,

« mais »…), prendre conscience que la lecture puisse être un instrument d’intérêt et de

pouvoir. Pour affiner son analyse sur la lecture, il a élaboré, en 1995, un test fiable, fidèle et

probant pour évaluer et classer de façon plus fine les performances des personnes testées.

Il a dégagé cinq « familles » de lecteurs1 grâce aux résultats suivants : « 1% des jeunes

adultes sont analphabètes ( famille A ) ; 3% ne dépassent pas la lecture d’un mot simple

isolé ( famille B ) ; 4% sont limités à la lecture de phrases simples isolées ( famille C ) ; 12%

ne sont capables que de la lecture superficielle d’un texte court et simple ( famille D ) ; 80%

ont la capacité de lire un texte de façon approfondie ( famille E ). » Cette classification a

permis de prendre conscience de l’aspect pluriel de l’illettrisme.

D’autres classifications sont toutefois possibles comme celle proposée par le Groupe

Permanent de Lutte contre l’Illettrisme (GPLI) et évoquée par l’historien de l’éducation

Claude Lelièvre (2002) dans le chapitre sur l’illettrisme. Il explique que lors d’une conférence

de presse le 25 octobre 1988, François Bayrou (président du GPLI) et André Laignel

(secrétaire d’Etat chargé de la Formation professionnelle) ont rendu publics les résultats d’un

sondage effectué par interviews sur un échantillon de mille personnes représentatifs de la

population française. D’après les chercheurs, l’illettrisme des adultes peut être décliné en

trois catégories : il y a ceux qui éprouvent de très sérieuses difficultés à la fois à lire et à

écrire. La seconde catégorie concerne les adultes qui sont incapables de comprendre un

texte simple même lu à haute voix. Enfin, il y a les personnes qui parviennent à peine à

former des lettres ou font un nombre de fautes tel que la phrase ne peut être comprise par

1 La famille A regroupe des individus qui se situent en deçà de la lecture de mots simples et isolés ; on peut

considérer que l’on a affaire à des personnes en situation d’analphabétisme.

La famille B comprend ceux qui sont en deçà de la lecture de phrases simples et qui ne sont capables que

d’identifier des mots isolés.

La famille C rassemble les personnes qui se trouvent en deçà de la lecture de textes courts, même s’ils sont

capables de lire des phrases simples.

La famille D regroupe les individus qui sont certes capables de lire des textes courts, mais qui se situent en deçà

de la lecture approfondie d’un texte ; ils ne sont capables que d’en extraire quelques informations explicites.

La famille E rassemble les personnes qui sont capables d’une lecture approfondie d’un texte.

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quelqu’un qui n’en avait pas une connaissance préalable. En outre, une autre définition de

l’illettrisme a été proposée par l’Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme. En effet, elle

préfère dire qu’être illettré « c’est ne pas disposer, après avoir pourtant été scolarisé, des

compétences de base (lecture, écriture, calcul) suffisantes pour faire face de manière

autonome à des situations courantes de la vie quotidienne. » Cela concerne des hommes et

des femmes de tous les âges et qui vivent dans des contextes très différents. Une multiplicité

de causes sont évoquées et parmi elles l’échec scolaire, les difficultés familiales et

professionnelles ou sociales, la non nécessité d’un recours à l’écrit dans le milieu

professionnel, la diminution voire la perte des compétences lorsqu’elles ne sont pas utilisées

ou pratiquées, les problèmes de santé. Pour repérer les personnes en situation d’illettrisme,

il existe des tests de positionnement établis à partir des critères de l’ANLCI et proposés par

les organismes de formation. Ils se déclinent en quatre degrés et les compétences attendues

diffèrent selon le niveau de connaissances. Le degré 1 correspond à la conscience

phonologique. Le degré 2 s’intéresse aux compétences orthographiques et grammaticales

alors que le degré 3 propose des exercices autour du lexique et du vocabulaire. Enfin, le

degré 4 correspond à la compréhension et production de l’écrit. Ces tests permettent de

situer un individu en fonction de ces performances.

Toutefois, Bernard Lahire (1999) nous met en garde contre les dangers de la

stigmatisation sociale des discours tenus sur l’illettrisme. Il estime que cette définition de

l’illettrisme selon Bentolila (1996) et ses causes portent préjudice aux illettrés qui sont

dépeints comme des nouveaux barbares incapables de raisonner, voire de penser. Il reste

convaincu que cette classification est imprécise et manque de rigueur quant à l’évaluation

quantitative du phénomène. En outre, elle est le reflet de la représentation qu’on se fait d’une

élite, c’est-à-dire celle pour qui la culture légitime est principalement la culture scolaire

générale, cette culture étant devenue la mesure de toute chose et il estime qu’il est

nécessaire de mettre de la distance vis-à-vis de certaines certitudes.

Conclusion : le Français, un apprentissage complexe et de longue haleine qui

mobilise la société

Avec le téléphone portable et l’essor d’Internet est née une nouvelle écriture appelée

« langage SMS ». Procédé privilégié des jeunes qui permet de mettre un émetteur et un

récepteur en situation de communication, il nous rappelle que chacun de ces usagers fait

appel à la lecture et l’écriture pour échanger. Ces écrits plus ou moins longs nécessitent

donc d’avoir une relative maîtrise de la lecture et de l’écriture du français. Les compétences

ainsi mises en œuvre sont la connaissance du code alphabétique, la maîtrise du grapho-

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phonème, la reconnaissance globale de certains mots (et donc la possession d’un nombre

indéterminé de mots reconnus orthographiquement immédiatement), une connaissance de la

syntaxe et de la ponctuation afin de donner un maximum d’indices au lecteur pour qu’il

comprenne le message écrit. Alors que longtemps, la lecture a été associée au livre et

même aux ouvrages littéraires, on sait maintenant que l’offre de lecture peut être hétérogène

et diversifiée, que les jeunes lisent plus qu’on veut bien le penser. On sait aussi (Penloup,

1999) qu’ils écrivent bien plus qu’on ne le soupçonne : de nombreux et divers écrits

extrascolaires sont copiés ou inventés. Des chercheurs comme Ben Fadhel (1967) et M-C

Penloup (1999 ; 2006) prônent l’inscription de la lecture/écriture dans une perspective

socioculturelle globale au lieu de la réduire à un simple savoir technique et scolaire.

Se posent alors les questions suivantes. Quand nous avons face à nous des élèves

en échec scolaire et dont les raisons sont attribuées à une « mal-lecture » (Chauveau, 2007)

et d’un rapport à l’écrit difficile, ne pourrait-on pas envisager, avec ces élèves, de les

réconcilier avec le savoir en utilisant le langage SMS comme passerelle entre leur univers et

celui de l’école ? Autrement dit, est-ce que le langage SMS, en tant que pratique

extrascolaire, pourrait être pris en compte dans les apprentissages scolaires ?

Adoptons à présent le point de vue des enseignants. Dans une société comme la

nôtre, où la maîtrise orthographique est un problème souvent évoqué par les enseignants

mais aussi par les parents, les médias etc., quelle place accorder à cette nouvelle écriture,

où de nombreuses transgressions ont été constatées ? Sachant qu’en matière

d’enseignement les pratiques divergent (certains enseignants restent attachés aux

anciennes pédagogies, d’autres ont un discours plus centré sur les élèves), si le langage

SMS trouvait sa place dans les apprentissages, comment agiraient-ils si on leur demandait

d’assurer cette médiation ?

Enfin, prenons les jeunes, principaux usagers concernés. On peut se demander tout

d’abord, s’ils verraient d’un bon œil que leur mode de communication privilégié, identitaire,

discret et qui a le pouvoir de leur laisser une certaine liberté d’expression trouve une place

dans les apprentissages. Sont-ils prêts à ce que leur environnement immédiat pénètre dans

l’école et accepteraient-ils de s’exposer à l’évaluation de leurs compétences et aptitudes en

utilisant cet outil qui leur permet de lire et d’écrire ?

N’ayant à notre disposition que peu d’éléments pour répondre à ces questions

évoquées, mettons en place un recueil de données à usage strictement exploratoire afin de

cerner quelles représentations certains enseignants et élèves se font du langage SMS et de

leur utilisation éventuelle comme outil d’enseignement et d’apprentissage en classe. Les

résultats procurés pourraient permettre de proposer la mise en place d’une utilisation

didactique de celui-ci en classe et qu’elle soit mise en œuvre par un enseignant.

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3. Quelle place donner au langage SMS dans les pratiques

scolaires quand on est scolarisé dans le Nord Caraïbe de la

Martinique ?

3.1 . Présentation de la circonscription Nord-Caraïbe

3.1.1. Description de la Z.E.P. Nord et de son environnement

La Zone Prioritaire d’Education Nord a été créée en 1994. Elle couvre quatre

secteurs de collèges et environ 1/6 de la superficie de la Martinique. Elle s’étend sur 10

communes du Nord-Caraïbe au Nord-Atlantique : Bellefontaine, Carbet, Saint-Pierre,

Prêcheur, Fond Saint-Denis, Morne Rouge, Ajoupa Bouillon, Basse Pointe, Macouba, Grand

Rivière. C’est la plus grande Z.E.P. de la Martinique, et très certainement du territoire

National.

D’après le rapport de Madame JULIEN, inspectrice de l’Education Nationale du

Morne Rouge de 2005, la zone Nord-Caraïbe est essentiellement rurale, et la population y

est relativement stable. Même si une commune souffre effectivement d’enclavement

(Prêcheur), l’ensemble demeure « bien loin » du principal centre d’activités et d’animation :

Fort-de-France.

Cette région est marquée par la pauvreté du tissu économique. Le chômage touche

toujours une personne sur trois et plus de 60% des jeunes âgés de 16 à 25 ans. Parmi ces

jeunes chômeurs se trouvent des illettrés, des jeunes proches de l’illettrisme ou de très bas

niveau scolaire mais aussi un nombre important de titulaires de diplômes allant du CAP au

bac+5. Près de 40% des actifs sont des employés ou des ouvriers, et pour la très grande

majorité, sans qualification.

40% des familles sont monoparentales avec 90% d’entre elles qui ont une femme

pour chef de famille, souvent jeune et sans emploi.

3.1.2 Caractéristiques scolaires

Toujours d’après le rapport de l’Inspectrice (2005), d’une manière générale, le retard

scolaire tend à se stabiliser au niveau de la sixième. Les passages vers les lycées en fin de

troisième augmentent : orientations en seconde générale ou technologique pour un élève sur

trois et en lycée professionnel pour un élève sur deux. Par ailleurs, il a été constaté qu’au

lycée professionnel, en moyenne 10% des élèves ont abandonné au cours de la première

année de BEP ou CAP et plus du tiers de ces abandons se sont produits dès le premier mois

de l’année scolaire. En outre, il s’avère qu’à la fin du collège, plus de 25 % des élèves de

Z.E.P. ne maîtrisent pas ou maîtrisent mal les compétences générales requises par les

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programmes, contre 15 % des élèves hors Z.E.P. Il est enfin à noter que les cas de

violences scolaires sont marginaux et isolés; ce relatif « bon » climat incite les enseignants à

exercer de nombreuses années (plus de cinq ans en général) dans la Z.E.P. On y déplore

toutefois la faible participation des parents à la vie des établissements scolaires.

Afin de faire face aux difficultés rencontrées malgré le dispositif Z.E.P., l’année

scolaire 2006-2007 a été marquée par une relance d’éducation prioritaire (EP) en France.

Dans le Nord-Caraïbe, c’est le collège Louis Delgrès à Saint-Pierre qui a été concerné par

cette relance appelée « Réseau Ambition Réussite » (R.A.R), destiné à aider les élèves des

établissements scolaires les plus en difficultés en les dotant de moyens supplémentaires en

personnels (assistants pédagogiques) et en heures d’accompagnements éducatifs. Ce

collège travaille depuis en étroite collaboration avec les écoles primaires du secteur et les

lycées de Bellefontaine (formations générales et technologiques) et de Saint-James

(formations professionnelles).

Face à ces constats (secteur géographique rural éloigné du centre économique,

faible bassin d’emploi, situation sociale fragile et précaire, élèves en difficultés scolaires dont

nombre d’entre eux sont en situation d’illettrisme plus ou moins important, orientation

majoritaire de ceux-ci en lycée professionnel, mise en place du R.A.R. pour lutter contre

l’échec scolaire), c’est dans ce contexte un peu particulier que j’ai souhaité m’intéresser à la

place qu’occupe actuellement le langage SMS dans les pratiques scolaires, en questionnant

tout d’abord les enseignants de collèges et de lycée puisqu’ils ont affaire aux jeunes qui

préparent un diplôme (Brevet des collèges, CAP, BEP, Brevet Professionnel, Bac Pro) puis

les jeunes âgés de 15 à 20 ans orientés en filières professionnelles après la troisième. Ce

choix s’appuie par ailleurs sur les constats théoriques faits précédemment. Nous savons,

pour commencer, que le « langage SMS » est un langage à part entière et que donc son

étude morpho-syntaxique peut-être réalisée. Ensuite, en tant que langage, il est un outil qui

sert à communiquer et nous avons vu avec C. Kerbrat-Orecchioni que communiquer n’est

pas si aisé et que pour ce faire des compétences sont nécessaires tant linguistiques que de

communication. Nous pouvons aussi nous appuyer sur le point de vue des sociolinguistes

qui disent que le langage SMS n’est qu’une variation parmi d’autres du français et que les

individus sont tout à fait capable d’adapter leur discours ; ils savent donc quand et comment

écrire en langage SMS ou en français. Enfin nous avons vu qu’il était important pour les

didacticiens de tenir compte des pratiques extrascolaires dans les apprentissages et que

celles-ci pouvaient d’ailleurs être des points de départ pour aborder des notions plus

complexes en français (M-C Penloup).

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3.2 Témoignages recueillis dans l’enseignement secondaire

3.2.1. Le langage SMS chez les enseignants

Dans la circonscription Nord-Caraïbe, il y a trois collèges. Nous avons le Morne-

Rouge (ZEP), Saint-Pierre (RAR) et le Carbet pour 99 enseignants, un lycée polyvalent à

Bellefontaine qui compte 35 enseignants et le lycée professionnel Saint James (37

enseignants). Afin de recueillir divers témoignages par le biais de questionnaires1 et sur la

base du volontariat, cinq enseignants de collège, quatre enseignants du lycée polyvalent en

filières générales (littéraires, scientifiques, économiques et sociales), six enseignants en

formations technologiques (hôtellerie) et professionnelles (métiers de la restauration, vente,

secrétariat, comptabilité, ébénisterie, travaux paysagers, maintenance voitures ou bateaux)

ont bien voulu apporter leurs contributions. L’échantillon2 est composé comme suit : il y a 4

hommes et 11 femmes. 60% d’entre eux ont entre 26 et 40 ans, cinq autres ont entre 40 et

55 ans. Un seul a plus de 55 ans. Parmi les enseignants, seuls trois exercent leur profession

dans un collège placé en ZEP ou en RAR ; les autres sont dans un établissement sans

spécificité administrative particulière. La moitié de ces enseignants travaillent depuis moins

de 4 ans dans l’établissement où ils ont été interrogés et les deux-tiers ont une ancienneté

dans la profession de moins de 10 ans. Les disciplines enseignées sont variées. Nous avons

cinq professeurs de français, quatre d’histoire géographie et éducation civique, deux de

mathématiques, une de langue étrangère et trois d’enseignements techniques

(vente/droit/économie, cuisine, sciences physiques et chimie). Précisons que trois

professeurs de collège participent aussi à la découverte professionnelle avec leurs élèves de

troisième.

Voyons à présent le contenu du questionnaire. Pour commencer, en Q1, nous avons

demandé à l’enseignant s’il manipule le langage SMS dans sa vie de tous les jours. Si c’est

le cas, il a poursuivi le questionnaire en répondant aux questions Q2, Q3 et Q4 afin de

déterminer avec précision quand est ce qu’il utilise le langage SMS le plus souvent

(téléphone portable, internet ou les deux) , sa fréquence (systématiquement, souvent ou à

l’occasion) et pour quelles raisons. Si l’enseignant n’utilise jamais le langage SMS, il devait

justifier directement sa réponse à la question Q5. Ensuite, de la question Q6 à Q9, nous

avons voulu savoir s’il autorisait le langage SMS lors de ses cours, soit à l’initiative de

l’élève, soit de leur propre initiative. Chaque réponse devait être complétée par des

exemples de situations concrètes et de leurs justifications (autorisations ou non). Par

ailleurs, nous lui avons demandé ce qu’il pense du langage SMS en tant que passerelle

entre l’école et le monde civil (Q10 : oui, non, sans opinion) puis d’expliquer son point de vue

1 Voir Annexe 2.

2 Voir Annexe 3.

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(Q11). Enfin, pour finir sur le langage SMS, Q12 et Q13 ont abordé l’aspect hypothétique de

son utilisation en classe s’il était avéré que celui-ci soit un bon outil pédagogique et

didactique (oui, non et pourquoi). Les sept dernières questions (Q14 à Q20) ne sont pas en

lien direct avec le thème de l’enquête mais elles ont permis d’affiner l’échantillon en fonction

du sexe du sondé, le type d’établissement d’exercice (collège, lycée général ou lycée

technique/professionnel) et s’il est situé dans une ZEP, un RAR ou néant. Enfin, nous avons

voulu connaître la durée d’ancienneté dans l’établissement d’affectation (réponse ouverte) et

dans la profession (moins de 3 ans, 3/6 ans, 6/10 ans, 10/15 ans, 15/20 ans, 20/30 ans, plus

de 30 ans), la matière enseignée et la tranche d’âge à laquelle appartient le questionné

(moins de 26 ans, 26/40 ans, 40/55ans, plus de 55 ans) afin de relever s’il y avait un lien

éventuel entre l’âge et l’ancienneté de l’enseignant dans la profession avec l’usage du

langage SMS à l’école. Passons à présent à l’analyse1 de ces quinze questionnaires.

3.2.1.1. L’enseignant et le langage SMS dans sa vie quotidienne

Dans le monde civil, en moyenne, la moitié des enseignants utilisent souvent le

langage au quotidien aussi bien avec le téléphone portable qu'Internet. Les attraits

principaux sont sa rapidité de rédaction, la concision et éventuellement le côté ludique,

interactif et vivant. En revanche l’autre moitié dit ne pas l’utiliser car selon eux, le langage

SMS est considéré comme un frein à la communication : beaucoup de temps perdu pour

décrypter ou pour coder un texte, orthographe dénaturée et vocabulaire appauvri voire

simplifié à des émoticônes. Cette partie des enseignants reconnaît ne pas y être habitués et

même qu’elle ne souhaite pas céder à la facilité. En conclusion, quel que soit l’âge, la

pratique du langage SMS est partagée, ainsi que les représentations qu’ils s’en font.

Certains sont donc dans l’air du temps et des communications modernes alors que d’autres

estiment que le langage SMS n’est pas un bon moyen de communication et qu’il porte

atteinte à la qualité orthographique et sémantique de la langue. Une fois sur leur lieu

d’exercice professionnel, que laissent-ils faire alors à leurs élèves ?

3.2.1.2. L’enseignant et l’utilisation du langage SMS dans sa classe

En classe, la grande majorité d'entre eux qui exercent en collège ou en lycée général

soit 7/9) sont contre l'usage du langage SMS à l’initiative des élèves ce qui n'est plus le cas

en lycée technologique ou professionnel où deux enseignants sur trois l’autorisent. Les

tolérances ou permissions sont accordées aux élèves pour les corrections de devoirs, la

dictée ou la prise de notes de leçons, faire des fiches. Toutes ces actions sont autorisées du

moment qu’ils arrivent à se relire et que le document final (corrections, leçons, fiches…) est

accessible à tous. Une enseignante trouve que ces initiatives sont bonnes pour l’autonomie ;

1 Voir annexes 4 et 5a, 5b et 5c.

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deux autres, en revanche, voient cette solution comme adaptée pour ne pas consacrer trop

de temps, dans une séance, à la correction d’un devoir par exemple : « Une correction de

devoir prend une demi-heure environ. Les élèves de collège n’ont pas l’habitude de prendre

des notes, le recopiage du tableau est laborieux. J’écris la correction (paragraphe

argumenté) sous la forme d’un plan avec les arguments abrégés (abréviations plus que

langage SMS). Ils recopient la correction telle quelle, avec les abréviations ». En revanche,

parmi les enseignants qui sont contre l’usage du SMS dans leur classe, cinq sur huit n’ont

donné aucune explication ; ceci étant certainement dû à une mauvaise formulation de Q7

plus qu’à un désir volontaire et manifeste d’éluder la réponse. Les trois autres qui se sont en

revanche exprimés, trouvent que le langage SMS porte préjudice à l’orthographe ou induit en

erreur. On note donc une forte préoccupation pour les aspects morphosyntaxiques dès qu’on

parle d’apprentissage du Français. Rappelons que même les enseignants qui l’autorisent en

classe sont toutefois modérés dans leur propos. En effet, ils affirment le tolérer mais ils sont

tous intraitables sur son usage dans les devoirs à remettre ou les copies d’examen, insistant

sur le fait que des points sont accordés à l’orthographe et à la présentation du devoir et que

ces points sont tout aussi importants que le reste de l’écrit. Un enseignant attire même notre

attention sur la difficulté qu’il a déjà de faire comprendre à ses élèves qu’ils ne sont pas

autorisés à s’exprimer en créole dans les diverses rédactions ; il pense que le langage SMS

(français et créole) serait alors un obstacle supplémentaire à l’écriture du français.

Nous avons souhaité savoir par ailleurs si l’enseignant, de sa propre initiative avait

déjà utilisé en classe le langage SMS. La réponse a été oui pour sept d’entre eux mais dans

cinq cas, c’était exceptionnel. Il s’agissait là d’activités pédagogiques bien spécifiques et

ponctuelles comme la découverte des différents types d’écrits depuis l’écriture manuscrite à

l’écriture électronique1, la transcription d’un texte en langage SMS en français, ou bien alors

étudier l’aspect linguistique international de celui-ci à travers le langage SMS espagnol et

ses avantages comme la facilité et la rapidité mais aussi ses inconvénients (pauvreté des

messages, addiction possible, communication verbale délaissée). Dans les deux autres cas

où l’usage du langage SMS est plus fréquent, il s’avère que les enseignants ont travaillé sur

les abréviations dans la prise de notes. L’objectif était d’écrire vite et de faire en sorte de

pouvoir être relu par tous (donc pas de fantaisies possibles) ; « l’argumentation étant plus

importante que l’orthographe. » précise une enseignante. L’usage du langage SMS est donc

très exceptionnel et laissé à la liberté de l’enseignant. Il est pour le moment très marginal et

se centre essentiellement sur des abréviations courantes. Son usage dépend

1 Séquence 5 de l’atelier d’expression écrite intitulée « Ecrire un courrier électronique » dans le manuel CAP

Français où les élèves avaient pour activité finale de rédiger un message électronique enrichi, sans abus, par des

frimousses (émoticônes) et abréviations.

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essentiellement des visées poursuivies, le langage SMS semblant être plus indiqué pour

certaines d’entre elles (prise de notes, de leçons ou de corrections en français ou en histoire-

géographie notamment). Cette attitude resterait-elle atypique si à l’avenir, le langage SMS

était reconnu comme utile aux apprentissages ?

3.2.1.3. L’avenir du langage SMS en classe selon l’enseignant

A la question « est ce que le langage SMS pourrait être une passerelle entre l’école

et la société ? », la moitié des enseignants reste indécise ou sans opinion. Une enseignante

de collège précise qu’elle trouverait même gênant que ce langage soit un prétexte pratique

« pour camoufler ses lacunes en expression et en orthographe ». Il serait d’autant plus mal

venu d’y avoir recours qu’on postulerait pour un emploi. Quant aux autres enseignants, cinq

sur huit pensent que le langage SMS ne pourrait en aucun cas être une passerelle et ce,

pour les raisons suivantes : les élèves vont à l’école pour apprendre certaines règles

(orthographe et grammaire par exemple), l’autoriser serait source de dérive, de fossé

générationnel creusé, et même si on gagne en rapidité, l’élève perd en exactitude et en

qualité. Ils sont donc surtout inquiets pour les règles morphosyntaxiques essentielles pour

structurer le discours. Les trois enseignants favorables à cet usage souhaitent que les

activités soient bien cadrées et pertinentes ; effectivement, il pourrait être un point de départ

(comme l’emploi du créole dans certaines activités) pour conduire certains élèves en

difficulté à plus de lecture. Le langage SMS pourrait-il donc servir à d’autres apprentissages

et dans quelles disciplines : Mathématiques ? Histoire-géographie ? Langues étrangères ?

Informatique ? Options à dominante scientifique ou professionnelle ?

Quant à son usage possible dans les années à venir, si les recherches montrent les

bienfaits de son utilisation sur les apprentissages, plus de la moitié des enseignants

interrogés serait prêt à y avoir recours en classe. Ils demandent quand même à être

convaincus des bienfaits attendus mais dans l’absolu, si c’est pour aider les élèves, les

motiver, les passionner et les intéresser, ils sont prêts à faire le maximum. Parmi ceux qui

refusent, deux d’entre eux trouvent l’usage du langage SMS inapproprié à leurs disciplines

(ici les Mathématiques) et les deux autres soutiennent qu’il faut, au contraire, accentuer les

efforts sur le français.

3.2.1.4. Du langage SMS dans les apprentissages : entre novation et

résistance

A la vue des résultats à ces questionnaires, aucune tendance réelle ne semble se

dégager sinon que le langage SMS partage le corps enseignant entre les partisans du

« pour » ou du « contre » et ne laisse personne indifférent. Les pratiques, les représentations

et les avis sont diversifiés. Il est tout de même entré au collège et au lycée (prise de notes,

de corrections etc.) et on lui reconnaît certes un côté rapide et pratique uniquement s’il est

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bien utilisé et que l’élève arrive à faire la part des choses entre noter une leçon par exemple

et répondre à une question dans un devoir. On s’inquiète toutefois de ces aspects néfastes

pour l’orthographe et la syntaxe dans l’enseignement du français même si quelque part il est

intéressant pour motiver et passionner les élèves aux activités scolaires, du moins ceux en

difficulté. Nous pouvons dire à ce stade de l’étude que le langage SMS pourrait avoir sa

place dans les études secondaires même si la prudence et la réserve sont présentes.

Si nous souhaitons étudier les effets de l’utilisation du langage SMS dans une

situation didactique précise, il va donc falloir, pour commencer, trouver des enseignants

volontaires pour nous aider à mener à bien cette expérience. Ils peuvent être enthousiastes,

indécis ou sceptiques tant qu’ils sont prêts à participer. Que pourrions-nous leur proposer ?

Si nous nous intéressons à une population de jeunes entre 15 et 20 ans, au lycée

professionnel, qui donne parfois des signes d’inadaptation telles que l’absentéisme, les

difficultés scolaires, peu d’investissement dans les apprentissages et est exposée au risque

de sortie prématurée, il nous semble important qu’un travail soit fait sur le rapport au savoir

du lire et de l’écrire. En effet, il n’y a pas de mystère, plus on lit et meilleures deviennent la

lecture et la compréhension. Il faut donc amener les jeunes à plus de lecture et leur faire

comprendre que la lecture ne se limite pas aux œuvres classiques et littéraires mais que

cela peut aussi être une bande dessinée, un trac publicitaire, un document administratif, une

recette de cuisine, une notice d’instruction, le programme du cinéma et pourquoi pas une

nouvelle en langage SMS …De plus, les supports de lecture et d’écrire sont variés. Il n’y a

pas en effet que le support papier ; le numérique peut aussi être pris en compte même si la

mise en place d’activités ne sera pas la même selon qu’on dispose d’un imprimé ou d’une

page d’écran. On sait par ailleurs que le vocabulaire est un très bon indicateur de la

connaissance de la langue orale. Lire plus c’est donc aussi enrichir son vocabulaire. Cet

enrichissement pourrait tout à fait être prévu grâce au travail réalisé en classe sur des textes

en langage SMS, si nous partons du postulat que la lecture est déjà plus fluide et rapide.

Voyons à présent la vision qu’ont les jeunes martiniquais scolarisés en formation

professionnelle au lycée Saint James et de Bellefontaine sur le langage SMS et notamment

sur l’opinion qu’ils s’en font dans le cadre scolaire : pensent-ils être excellents en langage

SMS et comprendre tout ce qu’ils lisent ? Comment perçoivent-ils l’utilisation de celui-ci en

milieu scolaire ? Sont-ils favorables à une utilisation en classe du langage SMS ? Telles sont

des questions qui leur ont été posées.

3.2.2. Le langage SMS chez les jeunes en lycées professionnels

Dans la zone Nord-Caraïbe il y a deux lycées professionnels. Le premier se trouve à

Saint-Pierre et se nomme Saint-James. Il accueille, en 2008/2009, 47 élèves qui préparent

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en deux ans un CAP d’ébénisterie ou de travaux paysagers, 82 élèves sont en BEP, filière là

aussi de 2 années, de maintenance bateaux plaisance et pêche, maintenance voitures

particulières, commerce, comptabilité ou secrétariat et enfin 62 élèves sont dans une filière

Bac Pro de maintenance nautique, maintenance automobile, commerce ou comptabilité qui

se prépare en sur deux ans. Pour les encadrer, exercent dans ce lycée 37 enseignants, 1

conseiller principal d’éducation, 1 secrétaire de direction, 1 gestionnaire, 4 agents

d’entretiens territoriaux (2 ATOSS, 1 OP, 1 OEA) et 8 personnels en contrats précaires. Trois

sont aides à la vie scolaire, deux sont aides au secrétariat, un employé aide à la gestion et

deux occupent des postes d’assistants d’éducation. Tout ce personnel travaille en étroite

collaboration avec la direction composée d’un principal et de son adjoint. Le second lycée,

situé à Bellefontaine prépare à toutes les filières du secondaire : baccalauréat général,

technologique et professionnel. Seuls les élèves en lycée professionnel vont nous intéresser.

Les filières préparées sont les CAP cuisine, services hôteliers, restaurant avec 89 élèves, le

BEP de restauration pour 73 élèves et le Bac Pro de restauration qui compte 35 élèves. Ces

formations sont intégrées au lycée polyvalent qui propose aussi des filières générales et

technologiques. Il y a par ailleurs 18 professeurs d’enseignements professionnels et 20

professeurs d’enseignement général, 3 conseillers d’éducation, 1 gestionnaire qui est aussi

l’agent comptable du secteur, 8 agents d’entretiens (4 ATOSS, 2 OP, 2 OEA) et 4 assistants

pédagogiques qui aident à la vie scolaire et l’internat.

L’échantillon retenu pour notre recherche est de soixante élèves répartis

équitablement entre les deux établissements, ce qui correspond à 17,2% des lycéens

scolarisés en CAP, BEP ou Bac Pro sur le secteur Nord-Caraïbe. Dans chaque

établissement et filières (peu importe que l’élève soit en première ou en seconde année), les

questionnaires ont été proposés autant aux filles qu’aux garçons fin mai 2009. Les

volontaires les ont remplis en dehors de leurs établissements sous les abribus aux abords

des établissements. Il n’a en effet pas été possible de les interroger dans leurs

établissements pour les raisons suivantes : l’administration a été attentive à faire respecter le

protocole hiérarchique en réclamant des obtentions du Rectorat et de l’Inspection

Académique. Elle a réclamé par ailleurs les autorisations parentales remplies et signées par

les familles pour les élèves mineurs. Sachant que nous étions déjà en mai et que les élèves

étaient libérés des obligations scolaires dès la fin du même mois, le temps imparti était très

court pour recueillir toutes les autorisations. Enfin, le principal-adjoint, en l’absence du

Principal en arrêt maladie, a même estimé que le questionnaire pourrait porter atteinte à son

équipe enseignante et n’a donc pas souhaité que les élèves y répondent dans l’enceinte du

lycée Saint James mais nous a autorisé à le faire en dehors de l’établissement. Le recueil de

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données a donc été fastidieux puisqu’il a fallu trouver des élèves qui remplissent aux critères

de l’échantillon : 15 garçons et 15 filles par sections retenues (CAP, BEP ou bac pro), qui

soient volontaires, tout en tenant compte de l’emploi du temps de chacun et chacune et du

notre. Le recueil a eu lieu le matin et tous les après-midi. Les filles ont été plus difficiles à

aborder que les garçons car elles restent moins volontiers aux abords de l’établissement en

dehors de leur emploi du temps. Une fois le questionnaire en main, on peut dire que les filles

ont été plus attentives et concentrées que les garçons qui étaient plus distraits. Ils mettaient

leur téléphone portable en mode musique pour que tout le monde en profite, ils parlaient

avec les copains, ils draguaient les filles qui passaient etc. D’une manière générale, la

majorité des sondés a préféré mettre des croix et ne pas justifier ses réponses. Il a donc fallu

leur rappeler gentiment que leurs réponses justificatives étaient toutes aussi importantes que

les cases cochées et qu’ils étaient libres d’écrire comme ils le souhaitaient en utilisant le

langage SMS par exemple. Tous ces facteurs ont entrainé notre révision de la durée à

consacrer au questionnaire. Initialement nous avions prévu entre dix et quinze minutes. Au

final, chaque sondé a passé en moyenne 40 minutes pour y répondre. Nous avons aussi

constaté malgré nos rappels, que certaines questions sont restées sans réponse et parfois,

nous avons pu nous apercevoir que des jeunes avaient eu les yeux baladeurs sur le

questionnaire de leur voisin(e). Le manque de concentration, l’inattention, le copiage sur le

voisin, la durée de passation du questionnaire sont peut-être là des indices d’un rapport à la

lecture et l’écrit un peu difficile pour nombres de sondés. Il faudra donc être très attentif à

leurs réponses mais auparavant voyons la trame du questionnaire1 que nous avons proposé

aux lycéens.

Il a été divisé en deux grandes parties. Deux types de réponses étaient attendus. Aux

questions fermées, le jeune devait cocher une case ; chaque case étant représentée par un

symbole afin de faciliter les réponses aux questionnaires si toutefois le jeune éprouvait de

réelles difficultés à lire et à comprendre nos questions. La légende était la suivante :

(tout à fait d’accord), (plutôt d’accord), (plutôt pas d’accord) et (pas du tout

d’accord). Afin de compléter leurs réponses, certaines questions étaient suivies de

questions ouvertes pour permettre au lycéen de mieux justifier leur réponse sans pour autant

les influencer.

Dans la première partie, nous nous sommes intéressés à la perception qu’ont les

jeunes du langage SMS à travers trois aspects. Le premier aspect est technique (Q1 à Q3).

Nous avons voulu savoir si le jeune trouve le langage SMS facile à lire, à écrire et à

1 Voir annexe 6.

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apprendre. Ensuite, nous avons abordé l’aspect communicationnel (Q4 à Q7) afin de

déterminer s’il trouve que le langage SMS permet de dialoguer avec ses amis ou ses

proches et des anonymes. Par ailleurs, nous lui avons demandé si ce mode d’expression

était pratique pour donner son opinion ou exprimer des émotions. Le dernier aspect traité est

l’affectif (Q8 à Q10). En effet, nous avons souhaité connaître le sentiment qu’éprouve un

jeune quand il écrit en langage SMS : est-ce un plaisir ? A-t-il le sentiment de se comprendre

de tous ? Pense-t-il être meilleur en langage SMS qu’en français ? Toutes les questions de

cette première partie nous ont permis de mieux cerner la perception et le rapport affectif que

l’élève en lycée professionnel a du langage SMS.

Dans la seconde partie du questionnaire, nous nous sommes intéressés à l’usage du

langage SMS en classe. Nous voulions savoir avant tout s’il l’utilise pendant leurs heures de

cours (Q11 à Q13) et si c’était le cas, en quoi faisant. Puis nous avons cherché à connaître

qui, selon lui, parmi ses enseignants, étaient pour, contre ou sans opinions quant à

l’utilisation du langage SMS dans leurs cours. Il nous a semblé intéressant d’aborder ce

questionnement afin de déterminer s’il y a un décalage élèves/professeurs quant à l’opinion

que chacun a sur le langage SMS à l’école autrement dit, ont-ils le même point de vue ou

bien alors le jeune a-t-il une mauvaise représentation de ce que pensent ses professeurs à

propos de leur mode d’expression utilisé en cours ? Pour terminer, nous lui avons demandé

s’il serait pour travailler sur des textes provenant de SMS (Q13), si cela avait déjà été le cas

(Q14/Q15) et s’il souhaiterait que l’enseignant ait plus souvent recours au langage SMS

dans les cours. A travers ces questions, nous avons donc voulu savoir si le jeune avait déjà

été amené à utiliser (à son initiative ou à celle de son enseignant) le langage SMS et ce qu’il

pensait du fait que l’école puisse se servir de sa pratique extrascolaire pour l’aider dans ses

apprentissages.

La fin du questionnaire réunissait quelques demandes d’informations telles que le

sexe, l’âge, la classe actuelle fréquentée, l’ancienneté dans l’établissement et le diplôme

envisagé. Ainsi nous pouvions déterminer l’âge moyen par diplôme préparé et

éventuellement les perspectives de poursuites scolaires vers un bac professionnel pour les

CAP/BEP ou vers un Brevet de Technicien Supérieur pour ceux déjà en bac pro cette année.

Examinons à présent le contenu de leurs réponses1.

3.2.2.1 Impressions générales sur notre échantillon

Pour commencer, nous avons constaté que le type de réponse proposé pour les

questions fermées, à savoir (tout à fait d’accord), (plutôt d’accord),

(plutôt pas d’accord) et (pas du tout d’accord) n’a pas posé problème aux lycéens. La

1 Voir Annexes 7, 8a et 8b et 9a, 9b, 9c et 9d.

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consigne a donc été comprise. Le dessin a peut-être facilité le remplissage, c’est fort

possible. Pour ce qui est des réponses ouvertes, en revanche, nous nous sommes aperçus

que les réponses des élèves en CAP sont inexistantes pour les deux-tiers des effectifs, les

autres n’ayant pas rédigé plus de deux ou trois phrases simples et courtes. Par contre, plus

nous montons dans les niveaux, en l’occurrence BEP et Bac Pro, plus les réponses des

élèves ont été nombreuses et surtout plus longues même si les fautes d’orthographe étaient

présentes. Les élèves en CAP ont donc l’air d’être moins à l’aise avec l’écrit que leurs aînés.

Or si d’après notre constat, l’aisance augmente avec les niveaux, à quoi cela pourrait-il être

dû ? Nous pouvons suggérer que c’est le fruit du travail accompli par l’équipe enseignante

dès le CAP pour les réconcilier avec l’écrit. Nous pouvons aussi imaginer que le rapport à

l’adulte se modifie avec l’âge puisque le choix de l’orientation devient plus un choix

personnel qu’un choix obligatoire à faire tant qu’on a moins de 16 ans. Dans ce cas, plus on

poursuit des études volontairement, moins on est réfractaires et rebelles pour répondre aux

attentes des adultes. Signalons ici tout de même que sur le terrain, nous avons rencontré

plus de difficultés à faire remplir les questionnaires par les mineurs en CAP que par les

majeurs en bac pro. Les élèves de bac pro étaient plus réceptifs, volontaires et prêts à nous

aider que les autres. En même temps, il est vrai que si les élèves en CAP ont des problèmes

de lecture/écriture, nous pouvons comprendre leurs attitudes défensives quand nous

cherchions des volontaires. Il est à noter que nous avons observé discrètement les jeunes

lorsqu’ils répondaient aux questionnaires et notre attention a été attirée par certains d’entre

eux (notamment des garçons) qui restaient plusieurs minutes sur une même question. Ils

faisaient mine de réfléchir et dès que c’était possible regardaient sur leurs voisins. Deux

solutions : soit ils étaient en manque d’inspiration, soit ils n’avaient pas bien compris la

question. Répondre au questionnaire n’a donc pas évident pour certains d’entre eux.

Autre surprise sur notre échantillon. Nous nous attendions à ce que nombre d’entre

eux utilisent le langage SMS pour répondre à notre questionnaire, cette possibilité étant

offerte puisque c’était le contenu de leurs réponses qui nous importait. Or une seule élève en

BEP à Bellefontaine a profité de cette facilité mais guère longtemps. Dès qu’elle a abordé les

questions concernant l’école, elle s’est de nouveau exprimée en français. Nous pouvons dire

que tous ceux qui ont donc bien voulu répondre aux questions ouvertes ont été soucieux de

répondre en français. Même si le registre de langue était parfois familier et les fautes

d’orthographe nombreuses, il n’empêche que les lycéens ont fait attention à la façon dont ils

ont écrit, à savoir ni en langage SMS, ni avec le créole. Le français résiste et continue donc

à dominer l’écrit malgré les transgressions autorisées. Toutefois, puisque le langage SMS

s’est essentiellement développé avec l’ère du numérique, il n’est donc peut être pas adapté,

dans les représentations que nous nous en faisons, pour des supports classiques et anciens

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tels que les cahiers et les livres. Les jeunes ne sont peut être donc pas à l’aise pour écrire

dans un style SMS sur une feuille avec un stylo.

Abordons à présent l’âge et l’orientation scolaire de l’échantillon. Notre cible était les

15/20ans et il s’avère que l’échantillon est équitablement réparti entre les élèves mineurs et

majeurs. La moitié d’entre eux a 17-18 ans. L’âge moyen des élèves en CAP est de 16,06

ans. En BEP, ils ont en moyenne 17,24 ans et enfin en bac pro, 18,25 ans. 75% des élèves

a au plus 18 ans ce qui nous laisse supposer qu’on quitte le lycée professionnel, sauf

exception au plus tard à 19 ans. En ce qui concerne la poursuite d’études, tout d’abord, un-

cinquième des lycéens n’a pas répondu à cette question. Par ailleurs, nous voyons que

seulement cinq élèves en CAP désirent obtenir leur diplôme et 3 autres veulent arriver au

BEP. En BEP, 6 élèves visent l’obtention de leur diplôme, 7 veulent préparer un

baccalauréat et 4 seulement envisagent le BTS. Quant aux futurs bacheliers, 12 travaillent

pour réussir à leurs examens et 4 autres envisagent de terminer leurs études par un BTS. En

conclusion, ils sont nombreux à être indécis ou à ne pas avoir de projets professionnels bien

déterminés. Quant à ceux qui ont une idée un peu plus précise, leur projet de formation reste

de courte durée. Ils sortent donc du système scolaire et se retrouvent sur le marché de

l’emploi avant 20 ans. Leur intérêt pour l’école et ce qu’on peut y apprendre semblent être

modérés. Voyons à présent ce qu’ils pensent du langage SMS dans leur vie quotidienne en

dehors et au lycée.

3.2.2.2. Le lycéen et langage SMS dans sa vie quotidienne

Les sondés ont répondu à toutes les questions fermées concernant l’utilisation du

langage SMS dans leur quotidien sauf un élève de Bellefontaine en Bac Pro qui a dû par

inattention, oublié de répondre à Q5 ; la question, à notre avis, n’étant pas difficile puisqu’il

suffisait simplement de savoir si selon le sondé le langage SMS permettait de communiquer

avec des inconnus. Pour ce qui est de la manipulation du langage SMS, tous les élèves

l’utilisent et seuls moins de 10% disent que lire ou écrire en SMS est difficile. Les points forts

pensent-ils du langage SMS sont sans surprise la simplicité : il y a « moins de syllabes »,

« on peut couper les mots », « on ne fait pas attention au langage et à la ponctuation » etc.

C’est aussi la rapidité d’exécution qu’ils apprécient. Un jeune sur six reconnaît toutefois

rencontrer parfois des problèmes dans la lecture d’un message pour décoder des

abréviations : « ce n’est pas tout le temps que je comprends le langage SMS car il y a des

mots qui sont beaucoup trop abrégé comme : TmTc qui veut dire Toi-même tu sais ». Enfin

quand on leur demande s’ils ont appris à l’utiliser facilement, cinquante-six d’entre eux disent

être « plutôt » voire « tout à fait d’accord » et ce, grâce à l’aide des plus âgés (amis, fratries,

parents) ou par imitation ; la pratique courante faisant le reste. En somme, le langage SMS

est un mode de communication qui ne pose pas de réelles difficultés dans la lecture, l’écrire

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et le mode d’appropriation. L’entraide existe et malgré les difficultés rencontrées, ils le

considèrent comme une nouvelle langue à apprendre et sont conscients que tel un bain

linguistique, « on s’y habitue vite » écrivent-ils.

En ce qui concerne le contenu des propos échangés, ils sont, à un élève près,

unanimes pour dire que le langage SMS est idéal pour communiquer avec ses amis ; en

revanche en ce qui concerne les inconnus ou la possibilité d'exprimer une opinion, 25%

d'entre eux sont contre le langage SMS et ses effets. Si on leur demande pourquoi le

langage SMS permet d’exprimer toutes sortes d’émotions, ils répondent que c’est grâce aux

smileys (ou émoticônes) qui représentent les différentes expressions du visage grâce à un

simple clic ou à une combinaison de symboles, par exemple « :@ » pour obtenir un

bonhomme fâché. Cela permet « de lire sur le visage de son interlocuteur et vice-versa » ses

pensées, ses sentiments ou son humour dira une lycéenne, et ce, de façon plus simple,

pratique et rapide « qu’avec des mots normaux ». L’autre avantage (explicitement exprimé)

est d’éviter les confrontations physiques pour signifier à l’autre ce qu’on a à lui dire, comme

les sentiments de colère. Le langage SMS qui permet de faire part de ses émotions est donc

un langage avant tout de complicité entre amis ou proches et plus adapté, selon eux, pour

faire part, à distance, de ses ressentis.

Quel rapport affectif ont-ils avec le langage SMS ? C’est plutôt un rapport utilitaire.

« Facile » et « rapide d’utilisation » sont les réponses majoritaires. Un élève reconnaît même

ne pas aimer le langage SMS et pourtant l’utiliser pour envoyer des textos grâce à ces

avantages. Par ailleurs, deux reconnaissent que le langage SMS est « cool et dans le vent »,

qu’il permet de mettre des touches personnelles et qu’ainsi les parents sont incapables de

comprendre ce qu’ils ont écrit. Deux autres y trouvent un intérêt pécuniaire (coût moins élevé

du SMS s’il tient en un maximum de caractères utilisés, « permet de ne pas écrire un

roman »). D’autre part, tous les garçons ont le sentiment d’être compris quand ils utilisent le

langage SMS alors que quatre filles affirment que non. Quant à l’item « je pense être

meilleur (e) en langage SMS qu’en orthographe », 1sur 5 pensent le contraire car ils

estiment important d’écrire le français correctement et par conséquent utilisent pas, peu ou à

bon escient le langage SMS. Ils disent ne pas se laisser influencer par le langage SMS sous

prétexte qu’il est plus facile à utiliser car ils sont conscients qu’il est important d’écrire

correctement français, ce qu’ils apprennent à faire depuis petits et donc depuis plus

longtemps que le langage SMS. Pour tous les autres, cette impression de se sentir meilleur

en langage SMS qu’en français réside surtout dans le fait qu’ils ont le sentiment que les

fautes n’existent pas, que ce langage s’écrit selon le feeling du moment et sans règles

orthographiques précises. Une élève en Bac Professionnel est d’ailleurs très confiante :

« c’est évident, dit-elle, tout le monde est meilleur en langage SMS car même si on fait des

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erreurs, ça passe en langage SMS ». Avec l’aide en prime de la fonction T9 du téléphone

portable, écrire avec la possibilité de ne pas faire de fautes rassure. Leurs réponses nous

ont donc permis de comprendre que manipuler le langage SMS revient à joindre l’utile à

l’agréable. En effet, ils éprouvent le besoin de communiquer avec leurs pairs sans soucier de

la forme ou de la mise en forme, doublé de la quasi-certitude d’être compris par l’autre et

tout cela se fait dans le plaisir : plaisir d’échanger et de partager un peu de son intimité,

plaisir de coder ou de décoder un message. Ils peuvent donc lire et écrire par le biais du

langage SMS avec enthousiasme alors que le français reste plus problématique. Nous

pourrions donc exploiter cet engouement pour les amener à plus de lecture et écriture en

français en leur proposant des activités ciblées mais voyons à présent si ce n’est déjà pas le

cas dans leurs pratiques scolaires.

3.2.2.3. Le lycéen et l’utilisation du langage SMS en classe

Au lycée, sachant que 80% des élèves pensent que leurs enseignants sont plutôt

contre l’utilisation du langage SMS en classe, deux-tiers des élèves interrogés reconnaissent

y avoir recours de façon plutôt discrète à travers les prises de notes, les leçons dictées,

quelques corrections, des brouillons, des fiches de révision, des plans de devoirs, gestion de

l’agenda. Cela concerne dit très bien l’un d’entre eux : « tout ce que les profs ne voient

pas ». Parmi eux, cinq y ont recours lorsqu’ils ont perdu le fil de la leçon, quand ils sont en

retard et que face à l’urgence, il faille perdre le moins d’informations possibles ou tout

simplement quand ils en ont assez d’écrire. Trois s’en servent pour échanger des mots entre

amis en classe sur des sujets personnels et sans lien avec la discipline étudiée, certains que

s’ils se font attraper, le professeur n’arrivera pas à comprendre ce qui est écrit. Une seule

élève sur vingt-trois se justifie sur le fait de ne pas y avoir recours en classe : « Quand j’écris

à l’école, je n’écris pas en langage SMS parce que quand je me relis, je ne sais point ce que

j’écris. Et même si mes professeurs écrivent en langage SMS, moi je ne le fais pas ».

L’utilisation en classe est donc raisonnée et utilitaire. Il s’agit d’utiliser un moyen rapide pour

noter en abrégé un maximum de données en un minimum de temps. Toutefois, sept lycéens

donnent des exemples concrets d’abréviations qui seraient utilisés en classe tels que

« répondre » donne « Rpd », « avec » = « ek », « envoyé » devient « send », « pas de

soucis » = « year », « tu sais déjà » = « seen », « je reviens » = « je re », « plita » pour « à

plus tard », « je t’aime » = « JTM », « quoi » = « kwa » etc… L’ensemble des exemples

donnés interpelle : les élèves interrogés ont-ils bien compris ce qu’on attendait d’eux à savoir

donner des exemples d’utilisation du langage SMS en classe parce qu’à la lecture de leurs

réponses, elles semblent inadaptées à un contexte scolaire mais plutôt prévues pour une

communication interactive et personnelle par l’intermédiaire d’Internet, leur téléphone

portable ou les petits morceaux de papier qui circulent en cours.

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A la question «Précise, qui, parmi les enseignants (nomme la matière enseignée),

serait pour, contre, sans opinion » quant à l’utilisation du langage SMS à l’école », quarante

et un élèves se sont exprimés et les réponses données concernent essentiellement les

matières générales telles que le français, l’histoire, la géographie, les mathématiques et les

langues. La quasi majorité d’entre eux dit que le langage SMS est toléré par les professeurs

d’histoire-géographie car il permet d’écrire les longues leçons et les corrections. En

revanche, l’utilisation de celui-ci en français divise les opinions. En effet, près de 41% disent

que le professeur ne voit pas d’un bon œil l’usage de celui-ci dans leur cours contre 30% qui

seraient pour. Les proportions et tendances sont identiques pour les enseignants en

mathématiques ou en langues. On peut s’étonner enfin, pour un questionnaire destiné à des

élèves en lycée professionnel, qu’ils aient très peu cités des matières plus techniques telles

que les sciences, la technologie, l’économie, droit, vente, commerce, arts plastiques où ils

sont certainement amenés à écrire et à prendre des notes. Faut-il donc penser que le

langage SMS, s’il est utilisé en classe, l’est plutôt dans les matières principales ? Que

penseraient-ils alors s’ils devaient travailler sur des textes provenant de SMS ?

3.2.2.4. L’avenir du langage SMS en classe selon le lycéen

Sur la possibilité d'étudier des textes en langage SMS, les opinions sont mitigées

aussi bien chez les filles que les garçons. La première moitié serait d’accord pour les raisons

suivantes : apprendre comment il fonctionne permettrait à tout le monde de se comprendre.

A un niveau individuel, ce serait une moyenne qui pourrait être meilleure, ce serait aussi la

possibilité d’étudier autrement c’est-à-dire de façon ludique et amusante, donc de rendre les

apprentissages plus intéressants que de travailler « sur des textes barbants » écrit un

étudiant. Un élève a d’ailleurs dit que même si cela le « changeait des habituels vieux

romans ennuyeux ou des pièces de théâtre d’un autre temps, ce serait une mauvaise idée

que ces textes soient écrits en langage SMS. » Pour aller en ce sens, les partisans du contre

donnent ce motif principal : le français est justement fait pour apprendre la bonne

orthographe. Or, sachant que « l’orthographe est difficile, dit l’une d’elle, elle serait vite

perdue.» Il n’y aurait dès lors plus aucune possibilité d’enrichir son vocabulaire, ni de retenir

la bonne orthographe d’un mot. Ils trouvent donc sans intérêt de travailler sur des textes

provenant de SMS, surtout si cela ne fait pas partie du programme. La dernière raison

invoquée est plutôt personnelle. Le langage SMS fait partie du domaine du loisir et du plaisir

et il est déjà utilisé avec les amis ; il est alors inutile de l’étudier en classe.

De plus, quand nous leur demandons s’il est déjà arrivé à leurs enseignants d'avoir

recours au langage SMS pour les aider, un tiers dit que oui et majoritairement dans les

filières CAP et Bac Pro ; autrement, c'est négatif. Les rares occasions ont été à l’approche

de la sonnerie quand il a fallu terminer un travail précis, lorsque la leçon ou la correction d’un

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devoir était longue, les enseignants ont eu recours à des abréviations pour faciliter la prise

de note des élèves. Un seul élève a relaté un travail fait en classe autour du langage SMS.

Nous pouvons donc nous demander, ici, si la tolérance est une question de niveau de classe

ou d’enseignant. Nous savons que les élèves de CAP à Bellefontaine ont travaillé avec leurs

enseignantes sur les blogs et donc ont eu à comparer différentes productions d’écrit à

travers les siècles. Dans la mesure où ils ont abordé les limites et les déviances possibles à

utiliser le langage SMS, il est fort probable que la tolérance en classe soit à l’initiative de

l’enseignant tout en gardant en mémoire que ce que les abréviations qu’ils se permettent

d’utiliser pour rédiger leurs propres notes, ne peuvent en aucun être réemployées dans un

devoir écrit destiné à la correction. En tout état de cause, l’aide apportée par les enseignant

ne reposait pas sur une étude de la langue ou des textes en SMS mais plutôt sur comment

prendre des notes rapidement.

Pour finir, nous avons voulu connaître l’opinion du lycéen sur une éventuelle

utilisation plus fréquente du langage SMS en cours et dans quelles matières. Sachant qu’une

bonne majorité est contre l’étude de textes provenant de langage SMS, la tendance serait a

priori plutôt à une non-utilisation par les professeurs du langage SMS en classe. Les élèves

continuent à revendiquer que l’orthographe fait partie de la culture générale et qu’en aucun

cas elle ne doit être malmenée par le langage SMS sinon « les élèves seraient nuls en

français ». Par ailleurs, quelques-uns n’ont pas envie que leurs professeurs s‘approprient

leurs modes de communication. La distinction des rôles élèves/enseignants reste importante.

En revanche, les autres élèves qui voudraient un peu plus de langage SMS en classe

pensent surtout aux matières comme le français, l’histoire-géographie et les mathématiques

où les leçons sont longues. Certains disent qu’ainsi les leçons seraient plus faciles à

comprendre et que les élèves seraient moins perdus. Ecrites en abrégées, elles seraient

moins longues à lire et donc plus faciles et rapides à apprendre. Un élève imagine même

que le programme scolaire aurait ainsi toutes les chances d’être bouclé. L’intérêt, selon eux

serait donc de permettre à un maximum d’élèves de comprendre et de rendre les cours

moins ennuyeux. Nous voyons donc à travers leurs réponses le paradoxe suivant : ils sont

pour que les cours soient plus attrayants et abordables par un maximum d’élèves grâce au

langage SMS et pourtant le français ne doit pas être malmené et doit garder sa légitimité. La

difficulté va être la suivante : comment rendre le cours attractifs grâce à ce monde de

communication tout n’en empiétant pas sur la place du français ?

3.2.2.5. Le langage SMS sous haute surveillance des lycéens

Tous les jeunes interrogés utilisent le langage SMS pour communiquer même si

quelques-uns trouvent que celui-ci est inadapté et dangereux pour la maîtrise du français

qu’on attend d’eux à un examen. Ils disent ne pas avoir rencontré de difficultés particulières

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pour apprendre à le lire ou à l’écrire et l’ont même acquis rapidement grâce à une

orthographe, une grammaire simplifiée et une écriture qui n’impose pas de règles strictes.

Leur sentiment général est d’avoir trouvé un moyen d’expression pratique, rapide et ludique

pour se faire comprendre des autres, tout au moins de leurs pairs. Bref, c’est un outil de

communication pratique voire idéal. Malgré tout, ils voient d’un mauvais œil son introduction

dans la sphère de l’école sauf si c’est pour aider un maximum d’élèves à comprendre les

leçons. En revanche, il est hors de question qu’il soit décortiqué par les enseignants car ils

tiennent à maintenir cette distance entre jeunes et adultes : la littérature en SMS fait donc

très peu d’émules.

Dans un contexte de classe, les jeunes accepteraient-ils alors de se prêter aux

exercices que les enseignants volontaires pourraient leur proposer telle que la lecture ou

l’écriture d’un texte court en langage SMS ? Si l’activité est présentée de façon innovante,

peut être aurons-nous leur adhésion. Mais il nous faudra certainement être attentif au

support utilisé. En effet, nous avons constaté que le jeune n’a pas profité du langage SMS

pour répondre au questionnaire, il doit être beaucoup plus complice aujourd’hui avec son

clavier et son écran qu’avec une feuille et un stylo. Le type d’activités proposé pourra tenir

compte éventuellement de constat. Or, il ne faut perdre pas de vue qu’à l’examen, il n’est

pas encore possible d’utiliser l’ordinateur sauf cas particulier (en situation de handicap par

exemple). Passer par le langage SMS sur support numérique puis sur papier pourrait, pour

commencer, amener l’élève à se re-familiariser avec l’écrit scolaire, puis, petit à petit, à

l’amener à plus d’aisance lorsqu’il sera devant sa copie d’examen. L’objet de notre

recherche consistera alors à se demander en quoi le langage SMS peut être un outil

pédagogique qui faciliterait une certaine forme d’appropriation du lire et de l’écrire.

3.2.3. Hypothèse de recherche : malgré la résistance des acteurs de

l’éducation, le langage SMS peut trouver sa place dans les apprentissages

Grâce au rapport sur la situation scolaire dans le Nord Caraïbe de la Martinique (IEN

Morne-Rouge, 2005), il a été établi que 25 % des élèves scolarisés quittent le collège en ne

maîtrisant pas ou en maîtrisant mal les compétences générales requises par les

programmes. En outre, nous savons que sur l’ensemble de ces collégiens, un sur deux

s’oriente après la troisième en lycée professionnel. Nous pouvons supposer un taux

d’illettrisme non négligeable parmi cette population scolarisée en filière professionnelle ou

tout au moins en difficulté avec la lecture et l’écriture et ce que cela engendre des difficultés

scolaires et peu d’implications dans les apprentissages.

Les réponses aux questionnaires ont laissé entrevoir une résistance manifeste de la

part des enseignants, des lycéens et même de l’administration : pas de langage SMS à

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l’école. Toutefois il pourrait être le bienvenu pour les enseignants si des bienfaits sont avérés

et pour les élèves si cela pouvait rendre les cours attrayants et motivants. Comment alors

remobiliser les jeunes grâce au langage SMS? Quelles matières pourraient les aider ? Quels

objectifs leur demanderions-nous d’atteindre ? Quelles activités pourrions-nous leur

proposer ? Pour le moment, il nous semble plus opportun de nous intéresser à

l’enseignement du français qui repose en lycée professionnel sur le renforcement de la

maitrise de la langue à travers l’orthographe, la grammaire et le lexique. Les élèves doivent

aussi être en contact avec des textes et des œuvres classiques intégrales comme des

romans, des nouvelles, des pièces de théâtre, des poèmes. Si nous nous appuyons sur les

pratiques extrascolaires de ces lycéens à travers le langage SMS, comment articuler cette

réussite en français nécessaire à toutes les disciplines avec celui-ci ? Les réponses des

élèves aux questionnaires peuvent orienter notre réflexion. En effet, nous avons appris qu’ils

disent posséder une bonne maitrise du langage SMS. Nous pouvons conclure que ces

élèves lisent et écrivent souvent, même si, certes, ce n’est pas notre français classique. Si

nous partons du postulat qu’ils comprennent effectivement ce qu’ils lisent et qu’ils arrivent à

se faire comprendre de leurs destinataires, il va donc être possible de travailler avec eux sur

le rapport qu’ils ont avec la lecture et l’écriture.

Nous avons décidé de cibler notre recherche sur l’enrichissement du vocabulaire

grâce au langage SMS. En effet, nous savons que nous apprenons du vocabulaire en faisant

fonctionner la langue dans les divers discours oraux et écrits, donc pourquoi pas à travers le

langage SMS. Par ailleurs, la rencontre avec de nouveaux mots se fait en permanence,

seulement l’accroissement du vocabulaire ne passe pas uniquement par les listes de mots

apprises par cœur, il est aussi possible de fournir aux élèves des outils d’analyse spécifiques

comme l’étude morphologique ou sémantique pour permettre de comprendre de nouveaux

mots. Avec le langage SMS, il sera peut être difficile d’étudier la morphologie d’un mot mais

nous pourrons assurément travailler autour de la sémantique. Sachant que la population

lycéenne étudiée, et notamment les élèves en CAP, était peu prolixe à l’écrit, faisait peu de

phrases et que celles-ci étaient courtes, nous ciblerions notre échantillon sur ces élèves,

âgés de 15 à 18 ans et ayant une pratique régulière du langage SMS. Nous proposerions

l’étude d’un ensemble de textes classiques plus ou moins longs préparés habituellement en

classe de français mais qui serait traduit en langage SMS. La possibilité offerte de lire un

texte en langage SMS devrait permettre au lycéen d’accéder à la compréhension de celui-ci

plus rapidement que s’il lisait le texte original. En effet, notre hypothèse est la suivante : avec

le langage SMS, le jeune ne relève pas de l’illettrisme. Nous pensons même que pour lire

avec aisance, il a compris la combinatoire et qu’il a à sa disposition un lexique

orthographique SMS aux procédés phonographiques parfois complexes (exemple

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« Ojourd8 ») qui lui permette de reconnaître rapidement un mot. La combinaison des deux

(syllabique et globale) fait qu’il arrive à lire et donner du sens à un texte court. A partir de là,

nous pensons qu’il peut répondre à des questions explicites simples. Le lexique SMS étant

tout de même pauvre, il n’est pas dit qu’il soit à l’aise avec l’implicite ; de même qu’il n’est

pas sûr qu’il arrive à rester concentré sur un long texte même écrit en langage SMS. Nous

devrions être en mesure de répondre à ces suppositions après la mise en place de cette

situation didactique. Quant au réinvestissement dans les productions écrites de ce

vocabulaire acquis. Il suffira de leur proposer un énoncé en lien avec l’ensemble du corpus

étudié et dont la rédaction devra être présentée sous une forme scolaire vue au programme

comme rédiger la suite d’un récit, écrire une lettre ou une argumentation, décrire

précisément une image etc. Ils seront donc soumis à deux types de traitement de l’écrit : la

compréhension et la production. Nous pourrons vérifier ainsi si d’une part l’élève comprend

un texte littéraire sous la forme de langage SMS et si c’est le cas, quel est son degré de

compréhension. D’autre part, nous pourrons vérifier si son capital lexical s’est accru et s’il est

capable de le réinvestir dans une production écrite.

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Conclusion

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Aujourd’hui le numérique a modifié nos habitudes de communication et de

consommation. Alors qu’autrefois nous prenions patience pour avoir des nouvelles d’autrui,

désormais tout est régi par la réactivité qui se veut de plus en plus rapide et nous sommes

devenus des boulimiques de réponses instantanées autrement c’est la frustration assurée.

Et pour s’adapter à ce nouvel environnement, notre façon de communiquer avec nos pairs

s’est modifiée pour plus interactivité : c’est ainsi qu’est né le langage dit SMS que beaucoup

d’entre nous manipulent avec aisance et fréquence. Seulement, il ne fait pas que des

émules et notamment parmi les défenseurs de la langue française, même si tous ont

conscience que le principe d’une langue est d’évoluer au fil des décennies et des siècles.

Pertes des repères du passé, dénaturation de la langue française, décidément les craintes

sont multiples mais sont-elles justifiées ? Difficile d’y répondre puisque l’intrusion du langage

SMS dans nos écrits est trop récente et a été très rapide. Les recherches demandent du

temps dans l’observation, dans l’énumération des constats et des interprétations et dans

l’établissement des conclusions. Que faire en attendant : le proscrire, l’autoriser, l’utiliser ?

Nous savons que les jeunes apprécient beaucoup ce nouveau mode de

communication et qu’ils l’utilisent plusieurs fois par jour. Il est devenu l’expression écrite de

leur parole et à s’en servir ainsi, l’ensemble du monde de l’éducation est passablement

inquiet : nos jeunes s’éloignent du bon chemin qui devait les mener vers la maitrise de notre

auguste français. Alors que préconiser ? Il semble logique de leur demander de laisser cette

pratique en dehors de l’école et de tenter vaille que vaille de résister à l’invasion du langage

SMS dans l’école, mais aux antipodes, la prise en compte de l’environnement de l’apprenant

est aussi nécessaire pour aider aux apprentissages. Quel dilemme ! Que faire ? Comment

faire ? Sachant qu’un jeune sur deux dans notre secteur Nord Caraïbe s’oriente après la

troisième en lycée professionnel et que 25% d’entre eux connaissent des problèmes dans la

lecture et l’écriture, voire connaissent la situation d’illettrisme, comment les aider à se

raccrocher aux études, à les motiver et les intéresser aux savoirs dont ils auront besoin pour

s’insérer et s’épanouir dans la société ? Nous gageons que le langage SMS pourrait

contribuer à cette réussite. Seulement comme aucune recherche ou étude en ce sens n’a

encore été faite, la voie est ouverte pour s’y engouffrer et tenter, avec nos moyens, de

répondre si oui ou non il est possible de mettre en place des situations didactiques, en

classe de français notamment, dans les lycées professionnels. Le sujet, nous l’avons dit, est

vaste et les pistes de recherche nombreuses. Pour notre part, nous nous intéresserons à

l’enrichissement possible du vocabulaire grâce au langage SMS.

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SAUSSURE F. (1995) : Cours de linguistique générale. Paris : Payot.

SHANNON C., WEAVER W. (1975) : Théorie mathématique de la communication. Paris :

Retz-CEPL.

TAGLIAMONTE S. et DENIS D. (2006) : « Instant msg-ing messes with grammar ? As if !

lol!». University of Toronto.

TRANCART-DAVID M. et SERVENT D. (2006) sous la direction de THI MAI T. :

« Dyslexiques et SMS : Komen S Kil Fonksione ? ». Mémoire d’orthophonie,

Université de Lille2.

Page 68: Utilité didactique du langage SMS en lycée professionnelshs-app.univ-rouen.fr/civiic/memoiresM1/textes/... · 3.2.1. Le langage SMS chez les enseignants p 47 3.2.2. Le langage SMS

68

Sitographie

Site de l’Académie française qui explique l’évolution naturelle de l’orthographe

http://www.academie-francaise.fr/langue/index.html

Les SMS et la dérive de la langue (par KELLER Jean)

http://www.als.uhp-nancy.fr/conferences/Dossiers/Drogues/07-SMS.pdf

Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme

http://www.anlci.fr/

France : le marché SMS –MMS

http://www.arcep.fr/index.php?id=35 article du 17/11/08

Sociologie de la lecture en France : état des lieux

http://www.culture.gouv.de/culture/dll/sociolog.rft

Dictionnaires :

http://www.dictionnaire-sms.com/

http://www.sos-sms.net/dico_sms.htm

Encart du Bulletin Officiel n°3 du 18 janvier 2007 sur la mise en œuvre du socle commun de

connaissances et de compétences dans l’enseignement dans la grammaire dès la rentrée

2007

http://www.education.gouv.fr/bo/2007/3/MENB0700097C.htm

La moitié des internautes de 15 à 19 ans ont créé un blog

http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/articles/1810.asp du 22 mars 2006

Profil des utilisateurs de mobile

http://www.journaldunet.com/cc/05_mobile/mobile_profil_fr.shtml

Le point sur … les problèmes de la lecture

http://www.observatoiredelenfance.org/IMG/pdf/Numero_78_-

Les_problemes_de_la_lecture.pdf

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69

Apprendre le langage SMS : leçons et exercices en ligne

http://www.profsms.fr/devoirsms000.htm

Les utilisations possibles du langage SMS selon Phil Marso

http://www.reponseatout.com/article.php3?id_article=423 en 2003

http://www.spst.org/pluiedescience/0607/0607_06_imp.html

Foire aux questions sur le site du Comité de lutte contre le langage SMS et les fautes

volontaires sur Internet :

http://sms.informatiquefrance.com/faq.htm

Sites de traduction

http://www.traducteur-sms.com/

Article en ligne « les pratiques sociales de l’écrit » paru dans le magazine de l’université –

Unine suite au séminaire donné été 2004 par Daniel Elmiger

http://www2.unine.ch/webdav/site/presse/shared/documents/n°26.pdf page 19-20

Portail d’accueil de la ville de Montréal

http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=2496,3086502&_dad=portal&_schema=POR

TAL

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70

Annexes

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71

Annexe 1 Tableau EVA : Questions pour évaluer les écrits

Groupe EVA (1996) : Evaluer les écrits à l’école primaire. Paris : Hachette.

Unités

Points de vue

Texte dans son ensemble Relations entre phrases Phrases

Pragmatique

1 - L’auteur tient-il compte de

la situation (qui parle ou est

censé parler ? A qui ? Pour

quoi faire ?) ?

- A t-il choisi un type

d’écrit adapté (lettre, fiche

technique, conte…) ?

- L’écrit produit-il l’effet

recherché (informer, faire

rire, convaincre…) ?

4 - La fonction de guidage du

lecteur est-elle assurée ?

(utilisation d’organiseurs

textuelle : d’une part… d’autre

part ; d’abord, ensuite, enfin…)

- La cohérence thématique

est-elle satisfaisante ?

(progression de l’information,

absence d’ambiguïté dans les

enchaînements…)

7 - La construction des

phrases est-elle variée,

adaptée au type d’écrit ?

(diversité dans le choix des

informations mises en tête de

phrase…)

- Les marques de

l’énonciation sont-elles

interprétables, adaptées ?

(système du récit ou du

discours, utilisation des

démonstratifs…)

Sémantique

2 - L’information est-elle

pertinente et cohérente ?

- Le choix du type de texte

est-il approprié ?

(narratif, explicatif,

descriptif…)

- Le vocabulaire dans son

ensemble et le registre de

langue sont-ils homogène et

adaptés à l’écrit produit ?

5 - La cohérence sémantique

est-elle assurée ? (absence de

contradictions d’une phrase à

l’autre, substituts nominaux

appropriés, explicites…)

- L’articulation entre les

phrases ou les propositions est-

elle marquée efficacement

(choix des connecteurs : mais,

si, donc, or…)

8 - Le lexique est-il adéquat ?

(absence d’imprécisions ou de

confusions portant sur les

mots)

- Les phrases sont-elles

sémantiquement acceptables ?

(absence de contradictions,

d’incohérences…)

Morphosyntaxique

3 - Le mode d’organisation

correspond-il au(x) type(s) de

texte(s) choisi(s) ?

- Compte tenu du type

d’écrit et du type de texte, le

système de temps est-il

pertinent ? homogène ? (par

exemple imparfait/passé

simple pour un récit…)

- Les valeurs des temps

verbaux sont-elles

maîtrisées ?

6 - La cohérence syntaxique

est-elle assurée ? (utilisation

des articles définis, des

pronoms de reprise…)

- La cohérence temporelle est-

elle assurée ?

- La concordance des temps

et des modes est-elle

respectée ?

9 - La syntaxe de la phrase

est-elle grammaticalement

acceptable ?

- La morphologie verbale

est-elle maîtrisée ? (absence

d’erreurs de conjugaison)

- L’orthographe répond-elle

aux normes ?

Aspects matériels

10 - Le support est-il bien

choisi ? (cahier, fiche,

panneau mural…)

- La typographie est-elle

adaptée ? (style et taille des

caractères…)

- L’organisation de la

page est-elle satisfaisante ?

(éventuellement présence de

schémas, d’illustrations…)

11 - La segmentation des unités

de discours est-elle pertinente ?

(organisation en paragraphes,

disposition typographique avec

décalage, sous-titres…)

- La ponctuation délimitant

les unités de discours est-elle

maîtrisée ? (points, ponctuation

du dialogue…)

12 - La ponctuation de la

phrase est-elle maîtrisée ?

(virgules, parenthèses…)

- Les majuscules sont-elles

utilisées conformément à

l’usage ? (en début de phrase,

pour les noms propres…).

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Annexe 2 Questionnaire vierge sur le langage SMS destiné aux enseignants

Caroline IPHIGENIE

Etudiante en master 1 Sciences de l’Education

Promotion 2007/2009

FOAD

Université de Rouen Saint-Pierre, le 17 avril 2009

Dans le cadre de ma formation universitaire, j’ai un mémoire à produire. Le thème de

celui-ci est le langage SMS à travers différents supports comme le téléphone portable ou

Internet.

Afin d’affiner mon analyse sur cet usage chez les jeunes, j’ai besoin de témoignages

comme le vôtre.

Je vous propose de répondre donc, en tout anonymat, à ces quelques questions.

Petite précision : j’entends par « langage SMS », tout moyen que l’on utilise (et

particulièrement le jeune) pour communiquer, par écrit, grâce à son téléphone portable ou

Internet (blogs, messageries, forums, messageries instantanées …) avec ses amis ou ses

proches comme :

- les abréviations : slt

- la phonétique : Ojourd’8

- la ponctuation : !!!!!

- les émoticones (ou smileys)

- etc….

Q1. Vous arrive-t-il d’utiliser volontiers le langage SMS dans votre vie quotidienne ?

□ oui □ non

Si la réponse est « oui », veuillez répondre aux questions Q2. à Q4. puis reprendre le

questionnaire à partir de la question Q6.

Si la réponse est « non », veuillez continuer à répondre au questionnaire à partir de la

question Q5.

Q2. Vous avez recours au langage SMS :

□ plutôt sur votre téléphone portable □ plutôt sur Internet □ les deux

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Q3. L’utilisez-vous :

□ systématiquement □ souvent □ à l’occasion

Q4. Quels sont les attraits (ou principales qualités) que vous trouvez au langage SMS ?

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Q5. Si vous n’utilisez jamais le langage SMS, veuillez donner vos raisons :

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Q6. Lorsque vous êtes en classe, vos élèves peuvent-ils avoir recours au langage SMS

s’ils le souhaitent ?

□ oui □ non

Q7. Donnez des exemples sur ce que vous autorisez ou non en classe et expliquez

pourquoi

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Q8. Vous est-il déjà arrivé (à votre initiative) d’utiliser le langage SMS en classe ?

□ oui, cela m’est arrivé souvent □ oui, c’est arrivé mais c’était

exceptionnel

□ oui, cela m’est arrivé de temps en temps □ non, cela m’est encore jamais arrivé

Q9. Si oui, à quelles occasions et qu’attendiez-vous des élèves ?

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Q10. Pensez-vous que le langage SMS pourrait être une passerelle entre l’Ecole et le

monde civil ?

□ oui □ non □ sans opinion

Q11. Expliquer pourquoi

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Q12. Si un jour, le langage SMS était amené à être considéré comme un bon outil

pédagogique et didactique, seriez-vous prêt à travailler avec en classe ?

□ oui □ non □ sans opinion

Q13. Expliquer votre opinion

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Q14. Vous êtes :

□ un homme □ une femme

Q15. Dans quel(s) établissement(s) travaillez-vous ?

□ un collège □ un lycée général □ autres (préciser)

□ un lycée technique ……………….………..

□ un lycée professionnel ………………………...

Q16. Cet établissement est-il placé en :

□ Zone Education Prioritaire □ en Réseau Ambition Réussite □ néant

Q17. Depuis combien de temps y travaillez-vous ?

………………………………………………………………………………………………….

Q.18 Depuis combien de temps enseignez-vous ?

□ – de 3 ans □ entre 3 et 6 ans □ entre 6 et 1O ans

□ entre 10 et 15 ans □ entre 15 et 20 ans □ entre 20 et 30 ans

□ + de 30 ans

Q19. Quelles (s) matières enseignez-vous ?

…………………………………………………………………………………………………

Q20. Quel âge avez-vous ?

□ – 26 ans □ entre 26 et 40 ans □ entre 40 et 55 ans □ + de 55 ans

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77

Annexe 3 Réponses de l’échantillon enseignant aux questions Q14 à Q20

sondé

Sexe

Q14

Etablissement

Q15

Zone

RAR ZEP

ou rien

Q16

Ancienneté dans

l’établissement

Q17

Ancienneté dans

l’enseignement

Q18

Matières enseignées

Q19

Age

Q20

1 F Collège ZEP 6 ans 6 à 10 ans Physique – Chimie – découverte

professionnelle 26 à 40 ans

2 F Collège Rien 5 ans 3 à 6 ans Français et découverte professionnelle 26 à 40 ans

3 F Collège RAR 8 ans 10 à 15 ans Histoire – Géographie6 Education Civique –

découverte professionnelle 26 à 40 ans

4 F Collège RAR 10 ans 20 à 30 ans Espagnol 40 à 55 ans

5 F Collège Rien Temps complet 3 à 6 ans Mathématiques 26 à 40 ans

6 F Lycée Général Rien 1 an Moins de 3 ans Histoire - Géographie 26 à 40 ans

7 F Lycée Général Rien 4 ans 3 à 6 ans Français et latin 26 à 40 ans

8 F Lycée Général Rien 2 ans 3 à 6 ans Histoire – Géographie – Education Civique 40 à 55 ans

9 H Lycée Général Rien 6 mois 6 à 10 ans Mathématiques 40 à 55 ans

10 H Lycée technique Rien 3 ans 10 à 15 ans Enseignement technique restauration,

service, hôtellerie 40 à 55 ans

11 H Lycée technique Rien 17 ans 20 à 30 ans Français –Philosophie Plus de 55 ans

12 F Lycée professionnel Rien 2 ans 3 à 6 ans Lettres – Histoire 26 à 40 ans

13 F Lycée professionnel Rien 3 ans 15 à 20 ans Français, Histoire – Géographie –

Éducation Civique 40 à 55 ans

14 H Lycée professionnel Rien 3 ans 6 à 10 ans Vente – Droit - Economie 26 à 40 ans

15 F Lycée professionnel Rien 2 ans 6 à 10 ans Commerce – Economie - Droit 26 à 40 ans

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78

Annexe 4 Réponses de « l’échantillon enseignant » aux questions fermées sur le langage SMS

Q1

si Q1=

oui alors

Q2

si Q1= oui

alors

Q3

Q6 Q8

Q10

passerelle

?

Q12

usage?Q1

si Q1=

oui alors

Q2

si Q1=

oui alors

Q3

Q6 Q8Q10

passerelle?

Q12

usage?Q1

si Q1=

oui alors

Q2

si Q1=

oui alors

Q3

Q6 Q8Q10

passerelle?

Q12

usage

?

oui 3/5 1/5 1/5 3/5 1/4 1/4 1/4 3/4 3/64/6 + 1 oui

et non1/6 3/6

non 2/5 4/5 2/5 1/5 3/4 3/4 1/4 1/4 3/61/6 + 1 oui

et non2/6 3/6

sans opinion 2/5 1/5 2/4 3/6

plutôt tel portable 1/3

plutôt internet

les 2 3/3 1/1 2/3

systématiquement

souvent 2/3 1/1 2/3

à l'occasion 1/3 1/3

souvent 1/5

de temps en temps 1/6

exceptionnel 2/5 1/4 2/6

non 2/5 3/4 3/6

utilisation dans le quotidien Autorisation déjà en classe Utilisation future? utilisation dans le quotidien Autorisation déjà en classe Utilisation future?utilisation dans le quotidien Autorisation déjà en classe

Collège (5) Lycée général (4) Lycée technique ou professionnel (6)

Utilisation future?

Légende Majorité de OUI Majorité de SANS OPINION

Majorité de NON Autant de OUI que de NON

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Annexes 5 Réponses de « l’échantillon enseignant » aux questions ouvertes sur le langage SMS

a) N°1 à 5 : enseignants en collège

1 2 3 4 5

Si Q1 = oui

alors

Q4

Sa rapidité - Plus rapide à taper

- Limitation du nombre de caractères lors de l’envoi

d’un sms (tél portable), les abréviations permettent de

faire passer plus d’informations.

- Par contre (je sais, ce n’est pas la question !), j’utilise

le langage sms mais j’évite les fautes d’orthographe.

Ex : « 2main écoles fermées » au lieu de « 2min école

fermé ».

(Pas de réponse – pas

de justification)

Si Q1 = non

alors

Q5

Mon portable est réglé en mode de

reconnaissance automatique et par

conséquent ne connaît pas les sigles

ou abréviations.

Comme je n’utilise pas ce langage par

sms j’ai du mal à l’utiliser dans mes

mails, car je mets plus de temps à

réfléchir à trouver une abréviation que

d’écrire les mots directement ! sauf

qques smileys lol

Dénaturation de l’orthographe. Contrairement à

ce qui a été supposé au début (les élèves feront la

part des choses croyait-on), on retrouve très

souvent ce langage sms dans les copies des élèves

les plus faibles qui sont de plus en plus nombreux.

Les relations humaines sont elles aussi

« raccourcies » : on va au plus rapide sans plus

attendre. On ne sait plus mettre des mots sur les

émotions, appauvrissement des champs lexicaux.

La liste serait longue hélas !

Q7 Non – (pas de justification) Non - j'apprends la prise de

note aux 3è, dans ce cadre, je

leur dis qu'il est possible

d'utiliser des abréviations (je

refuse le langage phonétique),

mais je ne souhaite pas qu'ils

l'utilisent lors de mes cours

de français. Je ne les pénalise

pas s'ils le font, mais leur

rappelle qu'ils sont là pour

apprendre à écrire

correctement

Oui - Les élèves peuvent utiliser les abréviations lors

de la prise des corrections de devoirs. Il s’agit d’être

rapide. Une correction de devoir prend ½ heure

environ. Les élèves de collège n’ont pas l’habitude de

prendre des notes, le recopiage du tableau est

laborieux. J’écris la correction (paragraphe argumenté)

sous la forme d’un plan avec les arguments abrégés

(abréviations plus que langage sms). Ils recopient la

correction telle quelle, avec les abréviations (pas sûre

qu’ils la comprennent mais je ne peux, pour une

question de temps, ni la dicter, ni écrire intégralement

un paragraphe au tableau)… La trace écrite (résumé)

est dictée, j’autorise les élèves à prendre des notes en

abrégés (cahier de leçons) mais ils ne le font pas

particulièrement (manque d’autonomie). Je suis

d’ailleurs étonnée qu’ils n’utilisent pas les abréviations

les plus courantes : ds, pr, +, -, t°, dvpt, M-A...J’avais

à leur âge des dizaines d’abréviations pour écrire

Non - (pas de justification) Non - Aucun tel

portable ne doit sonner

en classe sinon le

téléphone est confisqué

éteint et l’élève doit le

récupérer chez le CPE

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vite…

Par contre, dans un devoir écrit, les abréviations ne

sont pas autorisées. Je souligne chaque faute

d’orthographe et je commente avec l’intégralité des

mots (appréciation).

D’une manière générale, les élèves n’utilisent pas le

langage sms par mégarde dans leurs copies.

L’orthographe est très rudimentaire pour certains mais

il ne s’agit pas d’abréviations.

Au brevet, 4 points sur 40 sont octroyés à

l’orthographe, présentation et expression. Je

sanctionne donc l’orthographe dans ces 4 pts

Q9 Non - (pas de justification) Oui exceptionnellement -

Pour un exercice

d'orthographe, il fallait

retransformer un texte en

langage SMS en français

correct, ce pour quoi ils ont

beaucoup de mal

Oui souvent - Au moment de corriger un devoir au

tableau : seul le plan est indiqué au tableau (on leur

demande la rédaction d’un paragraphe sur un sujet).

J’abrège au maximum car j’estime que la priorité à ce

moment là n’est pas l’orthographe mais

l’argumentation (idées) Les élèves me demandent de

préciser oralement ce que signifie telle ou telle

abréviation qu’ils ne comprennent pas. Je ne pense pas

qu’ils prennent la peine de relire ensuite ces

corrections (jamais personne n’est venu me demander

une semaine après, ce que signifie telle abréviations

écrite au moment de la correction).

Oui mais exceptionnel - A l’occasion d’une étude

du langage sms espagnol afin d’en montrer

l’universalité et de pointer du doigts les avantages

et inconvénients de ce système de communication

(rapidité mais pauvreté des messages / addiction

possible /communication verbale délaissée car

sms évite bien des déconvenues (pour les timides

et autres)

Non - (pas de

justification)

Q11 Oui - Je pense que cela peut être une

passerelle mais pas dans une

utilisation banalisée. Il faudrait

réfléchir à des activités pertinentes. Il

faudrait bien cadrer cette utilisation

afin de ne pas rendre les

apprentissages encore plus difficiles

aux élèves (risque notamment de ne

plus savoir quand et avec qui utiliser

ce langage sms.)

Non - J'estime que l'école est

là pour apprendre les règles,

ensuite, aux élèves de les

transgresser en connaissance

de cause. Pour moi, le

langage SMS n'est rien

d'autre qu'un code détourné

pour gagner en rapidité, mais

pas forcément en exactitude

et en qualité

Sans opinion - S’il s’agit pour des jeunes d’écrire en

langage sms pour postuler pour un emploi ou pour

s’adresser à des inconnus d’une autre tranche d’âge, je

trouve que c’est déplacé et je pense que ce serait mal

perçu. A partir du moment où l’utilisation du langage

sms est un moyen de camoufler ses lacunes en

expression et en orthographe, je trouve cela gênant.

Non - Parce que cela conforte le fossé

générationnel. Doit garder sa place et sa fonction :

communiquer plus rapidement dans des contextes

et des situations ponctuelles.

Sans opinion - (pas de

justification)

Q13

Oui - Si il est montré que cet un bon

outil, alors je l’utiliserai. Mon but est

de faire progresser les élèves et rendre

les sciences accessibles au plus grand

nombre. Mais serait ce vraiment

possible ? Y a t’il un seul langage sms

ou plusieurs ? Est-il codifié ?

Sans opinion - pas pour

l'instant, tout dépend de

l'intérêt pédagogique que j'y

trouverai. Ce n'est pas parce

que les élèves l'utilisent qu'il

faut absolument l'introduire

dans l'école.

Oui - Je reconnais d’avance l’intérêt du langage sms

pour la prise de notes. S’il s’avérait qu’il a d’autres

avantages, je pense que je l’utiliserais. Mais j’avoue

qu’en dehors du fait qu’il permet d’écrire rapidement,

je ne vois pas d’autre intérêt.

Oui - Si on arrive à me persuader que les

bienfaits sont supérieurs aux méfaits

Non - je suis

professeur de

mathématiques, je vois

difficilement l’intérêt

pédagogique d’un tel

outil dans ma matière

Page 81: Utilité didactique du langage SMS en lycée professionnelshs-app.univ-rouen.fr/civiic/memoiresM1/textes/... · 3.2.1. Le langage SMS chez les enseignants p 47 3.2.2. Le langage SMS

81

b) N°6 à 9 : enseignants en lycée général

6 7 8 9 Si Q1 = oui

alors

Q4

Rapidité et concision qui permet de faire passer un

maximum d’informations avec un minimum de

caractères.

Le côté « jeu de langue » me plait énormément

Si Q1 = non

alors

Q5

Je n’y pense pas car ce n’est pas dans mes

habitudes.

(pas de réponse – pas de justification) Je prends bien trop de temps pour rédiger ou

comprendre un texte en abrégé et en phonétique.

J’ai plus vite fait de contacter la personne en

l’appelant ou en passant la voir.

Lire le langage SMS est une véritable

souffrance : le temps de décrypter et j’ai déjà

oublié quel était le sujet du texte

Q7 Non - Beaucoup d’élèves font des fautes liées au

langage SMS donc je ne les autorise pas à en faire

usage.

Non - je n'autorise pas car cela ne fait pas

travailler l'orthographe et peut même être à

l'origine de mauvaises prononciations exemple:

le son « un » retransmis par « 1 » ;

Cela favorise aussi un langage relâché voire

grossier, les élèves ne faisant plus la différence

entre langue orale et écrite surtout au niveau du

vocabulaire

Oui – je tolère tout moyen qui permet à l’élève

d’écrire ses leçons, faire des fiches ou prendre une

correction si cela lui permet de ne rien oublier.

En revanche, je les mets en garde très

régulièrement sur le fait que les notes personnelles

ne sont en aucun cas un modèle pour rédiger un

devoir ou une copie d’examen. Il est accordé des

points de présentation et d’orthographe … on

attend d’eux une copie la plus irréprochable

possible

Non – (pas de justification)

Q9 Non - (pas de justification) Non - (pas de justification) Oui mais exceptionnel – C’était plutôt des

abréviations courantes que des élèves ne

connaissaient pas.

Le but : qu’ils puissent les réutiliser dans leurs

prises de notes

Non - (pas de justification)

Q11 Sans opinion - (pas de justification) Sans opinion- (pas de justification) Oui - (pas de justification) Non – pas en Mathématiques en tout cas. Nous

avons déjà un langage mathématique universel

Q13

Oui - Les outils pédagogiques nouveaux (TICE

par exemple) ont du mal à entrer dans le corps

enseignant. Je suis de celles qui me tiens au

courant du renouveau pédagogique et qui l’utilise

volontiers en classe.

Oui - tout est bon à prendre pour améliorer son

enseignement!

Oui – si c’est dans l’intérêt des élèves Non – pas dans ma discipline. Les

mathématiques ont déjà leurs codifications

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82

c) N° 10 à 15 : enseignants en lycée technologique et professionnel

10 11 12 13 14 15 Si Q1 = oui

alors

Q5

Brièveté des messages et

rapidité de rédaction

C’est beaucoup plus rapide

(abréviations)

Aujourd’hui, c’est un code

universel compris de tous

Le langage SMS a un côté attrayant

on peut exprimer ses émotions

grâce aux smileys

Les messages deviennent plus

vivants

Concision et rapidité du

message

Coût peu élevé

Consultation facile du message

Le destinataire peut consulter

quand il veut, y revenir à

d’autres moments

Si Q1 = non

alors

Q5

Je ne suis pas du tout habitué avec ces

nouvelles technologies telles que le

portable. J’en ai bien un mais je ne lis

jamais les SMS. Je me contente de

recevoir des appels ou d’en passer.

Pour ce qui est d’internet, je l’utilise

mais jamais le langage SMS sinon peut

être quelques émoticones les plus

courantes quand il n’y a qu’à cliquer

dessus

Refus de la facilité Frein à la

communication,

problème de

compréhension par le

récepteur (codes

différents)

Respect de la

langue (orthographe!)

Q7 Oui – je ne peux guère les

empêcher d’utiliser le langage

SMS tant que je n’ai pas à lire

ce qu’ils ont écrit ainsi et que

cela concerne mon cours

(correction, prise de notes,

leçon dictée)

Mais les mots codés sur petits

bouts de papier, c’est autre

chose et c’est interdit dans ma

classe.

Oui – la prise de note et la correction de

devoirs tout simplement parce que je

veux aller vite et que je n’aime pas

répéter. Si cela les aide à écrire tout ce

que je dis rapidement, je suis pour.

Toutefois je constate que le langage

SMS est parfois bien proche de

l’écriture du créole et la manipulation

de tous ces « registres de langue », en

tant que prfesseur de français

m’inquiète un peu. Les élèves ont bien

déjà du mal à distinguer le français du

créole et ont tendance à écrire une copie

comme ils parlent alors s’il faut faire

avec le langage SMS aussi …

Oui - Lorsque je dicte une leçon,

j’accepte volontiers que mes élèves

utilisent des abréviations ou la

phonétique, cela va beaucoup plus

vite du moment qu’ils peuvent se

relire. Je trouve que cela les rend

plus autonomes.

Par contre, lors des devoirs, que ce

soit en français ou en histoire-géo,

je sanctionne les abrégés ou les

mots écrits de manière phonétique

Non - (pas de justification) Non - (pas de

justification)

Oui – pour des

corrections à condition

que le code soit

accessible à tous

Non – pour les devoirs ,

discipline et exigences de

l’examen !

Q9 Oui de temps en temps – j’ai

consacré, par exemple, un de

mes cours à la prise de notes.

Le but : aller le plus rapidement

mais faire en sorte de pouvoir

être relu par les autres élèves.

Non - (pas de justification) Oui exceptionnel – je faisais un

cours sur la communication avec

mes élèves. Il fallait faire une

comparaison entre les écrits d’hier

et d’aujourd’hui. bien évidemment,

nous avons vu comment on est

Oui exceptionnel – à l’occasion

d’une séance de cours sur la

communication et les nouvelles

technologies. Nous avons

analysé l’évolution des modes

de communication et expliqué

Non – (pas de

justification)

Non - (pas de

justification)

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83

Utilisation du langage SMS oui

mais pas de fantaisie. Objectif :

trouver des astuces pour écrire

plus vite en respectant la

syntaxe, la langue française (ne

pas utiliser de mots créoles par

exemple) et en intégrant des

abréviations propres à la

discipline que j’enseigne.

Autre activité : l’entraînement à

l’élaboration de plan de devoirs

qui sera ensuite à rédiger

(idem : objectif = pouvoir être

compris des autres)

passé de la lettre manuscrite à la

plume d’antan à la nouvelle

technologie d’aujourd’hui : Internet,

message nouvelle technologie que

les élèves ont pu pratiquer en cours

de manière active : lecture de

message en SMS sur portable, écrits

sur MSN.

ceux auxquels les utilisateurs

avaient le plus souvent recours :

Internet et téléphone portable.

Puis les élèves ont analysé le

texte d’un blog (lecture et

expression écrite) et le texte

d’un SMS (écriture et

expression)

Q11 Sans opinion – n’est-il pas déjà

utilisé par certains collègues

pour capturer l’attention des

élèves ?

Oui – nous avons un devoir : amener

les élèves à un examen final qui attend

d’eux certaines compétences. Ecrire

correctement en français en est une.

Pour lutter contre l’ « illettrisme » (et

nous avons beaucoup d’élèves dans

cette situation même si on ne le

proclame pas tout haut), il est important,

je pense, de partir de ce qu’ils

connaissent ne serait ce que pour les

intéresser. Le langage SMS pourrait être

la première étape qui les amènerait à

plus de lectures pour commencer.

Sans opinion - (pas de justification) Sans opinion - (pas de

justification)

Non – la préparation des

élèves, leur intégration

passe par la maîtrise de la

langue française.

Dans tous les domaines

professionnels, ils seront

amenés à rédiger

correctement ce que ne

permet pas le SMS

Non – le langage évolue,

pas de codification

nationale, ni

internationale : risque de

dérive !!! Problème de

compréhension et

d’interprétation

Q13

Oui – si c’est avéré porteur

dans les apprentissages,

pourquoi pas !

Je demande toutefois à être

convaincu

Oui – si c’est pour le bien des élèves, je

suis prêt à tout. Il m’arrive souvent de

m’exprimer en créole (même si cela

n’est pas encouragé par l’Education

Nationale) afin de les aider à mieux

comprendre certaines notions de la

langue françaises. Si le langage SMS

peut faire de même, je serai prêt à

l’utiliser, il va juste falloir que je m’y

mette un peu.

Oui – oui bien sûr, il est toujours

intéressant de travailler avec ce qui

passionne les élèves, et le langage

SMS fait partie de leur univers. Je

pense que ce serait une façon de les

intéresser davantage au programme,

ils seraient plus investis.

Néanmoins étant professeur de

français, je pense que l’orthographe

et les règles grammaticales

pourraient en souffrir

Oui – il faut s’adapter aux

évolutions pédagogiques et

didactiques. Un tel outil

pourrait motiver les élèves pour

la matière s’ils comprennent les

limites et les cadres dans

lesquels il peut être employé.

Mais attention car par ailleurs il

y a des règles de la langue

française à respecter

Non – le langage SMS ne

peut pas être amené à être

un bon outil.

Au contraire, il faut

accentuer les efforts sur

le français (orthographe,

grammaire)

Trop d’élèves maîtrisent

mal le français à cause du

langage SMS

Non – décalage entre

l’oral et l’écrit !

Restriction du

vocabulaire

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Annexe 6 Questionnaire vierge sur le langage SMS destiné aux lycéens

Caroline IPHIGENIE

Etudiante en master 1 Sciences de l’Education

Promotion 2007/2009

FOAD

Université de Rouen Saint-Pierre, le 17 avril 2009

Dans le cadre de ma formation universitaire, j’ai un mémoire à produire. Le thème de

celui-ci est le langage SMS à travers différents supports comme le téléphone portable ou

Internet.

Afin d’affiner mon analyse sur cet usage chez les jeunes, j’ai besoin de témoignages

comme le tien.

Je te propose de répondre donc, en tout anonymat, à ces quelques questions.

Petite précision : j’entends par « langage SMS », tout moyen que tu utilises pour

communiquer, par écrit, grâce à ton téléphone portable ou Internet (blogs, messageries,

forums, messageries instantanées …) avec tes amis ou tes proches comme :

- les abréviations : slt

- la phonétique : Ojourd’8

- la ponctuation : !!!!!

- les émoticônes (ou smileys)

- etc….

Légende :

tout à fait d’accord plutôt d’accord plutôt pas d’accord pas du tout d’accord

Q1 Je trouve que le langage SMS est facile à lire □ □ □ □

Q2 Je trouve que le langage SMS est facile à écrire □ □ □ □

Q3

J’ai appris à utiliser le langage SMS rapidement □ □ □ □

Explique pourquoi

……………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

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85

Q4

Le langage SMS permet de communiquer avec

ses amis ou des proches par messages instantanés

(comme MSN) ou messages différés (courriers

électroniques, blogs, forums…)

□ □ □ □

Q5

Le langage SMS permet communiquer avec des

inconnus par messages instantanés ou différés

□ □ □ □

Q6

Le langage SMS permet de donner son opinion

□ □ □ □

Q7

Le langage SMS permet d’exprimer des émotions

(bonne humeur, enthousiasme, tristesse,

inquiétude, doute, frustration, peur, angoisse,

colère…)

□ □ □ □

Explique lesquels et pourquoi

……………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………..………………………………………………..

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………..………………………………………………..

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………..………………………………………………..

………………………………………………………………………………………………

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Q8

J’aime écrire en langage SMS □ □ □ □

Explique pourquoi

……………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………..………………………………………………..

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

Q9 J’ai le sentiment d’être compris quand j’utilise le

langage SMS □ □ □ □

Q10

Je suis meilleur(e) en langage SMS qu’en

orthographe □ □ □ □

A ton avis, pourquoi ?

……………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………..………………………………………………..

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

Q11

De ta propre initiative, il t’arrive d’utiliser le

langage SMS à l’école □ □ □ □

Cite des exemples d’utilisation

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………..………………………………………………..

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

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87

Q12

Quand tu utilises le langage SMS à l’école, tes

enseignants sont :

□ □ □ □

Q13

Précise, qui, parmi les enseignants (nomme la matière enseignée), serait :

- pour ? ………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………

- contre ? ………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………

- sans opinion ? ……………………………………………………………………

……………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………

Q13

En français, tu aimerais travailler sur des textes

provenant de SMS

□ □ □ □

Explique pourquoi

………………...…………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

Q14

Il est déjà arrivé à des enseignants d’utiliser le

langage SMS pour vous aider, toi ou tes

camarades

□ □ □ □

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88

Q15

Si cela a été le cas, raconte comment cela s’est passé

……………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………..………………………………………………..

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………..………………………………………………..

………………………………………………………………………………………………

Q16 Tu souhaites que les enseignants utilisent plus

souvent le langage SMS □ □ □ □

Q17

Explique lesquels (dans quelle matière) et pourquoi

……………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………..………………………………………………..

………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

……………………………………………..………………………………………………..

………………………………………………………………………………………………

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89

Q18 Tu es : un garçon □ une fille □

Q19 Ton âge :

Q20

Ta classe : ………………………………………………………………………………

Depuis combien de temps es-tu dans cet établissement ?

…………………………………………………………………………………………….

…………………………………………………………………………………………….

Diplôme envisagé

……………………………………………………………………………………………..

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90

Annexe 7 Réponses de « l’échantillon lycéen » aux questions Q18 à Q20

Q18 Q19

Sexe Âge Classe Diplôme envisagé1 G 15 CAP1 CAP

2 G 17 CAP2 X

3 G 17 CAP2 X

4 G 15 CAP1 OUI

5 G 16 CAP2 BEP MECANIQUE AUTO

6 G 17 2BEP X

7 G 18 TBEP BEP MECANIQUE BATEAU

8 G 17 TBEP X

9 G 16 TBEP BAC PRO COMPTA

10 G 17 2BEP BEP MECANIQUE AUTO

11 G 18 1BAC BTS ALTERNANCE VAM

12 G 16 1BAC BAC PRO MECANIQUE BATEAU

13 G 18 TBAC NON

14 G 18 TBAC BAC PRO

15 G 19 TBAC BAC PRO

16 G 15 CAP1 OUI

17 G 17 CAP1 CAP HOTELLERIE

18 G 15 CAP1 X

19 G 17 CAP2 CAP CUISINE

20 G X X X

21 G 18 TBEP BTS

22 G 17 2BEP BAC PRO

23 G 17 2BEP BAC ET BTS

24 G 16 2BEP X

25 G 15 2BEP BEP

26 G 18 1BAC X

27 G 19 1BAC BAC

28 G 19 1BAC INCERTAIN

29 G 20 TBAC BTS HOTELLERIE

30 G 18 TBAC BAC

31 F 17 CAP2 CAP

32 F 16 CAP1 X

33 F 16 CAP1 BONNE QUESTION???

34 F X CAP2 X

35 F 16 CAP1 CAP SECRETARIAT

36 F 18 TBEP BAC PRO ET BTS SECRETARIAT

37 F 18 2BEP COMPTABLE OU COMMERCE

38 F X X X

39 F X 2BEP BAC VAM

40 F X X X

41 F 18 1BAC X

42 F 17 1BAC BAC

43 F 18 1BAC BAC ET BTS

44 F 19 TBAC BAC VAM

45 F 20 1BAC BAC PRO COMPTA

46 F 18 CAP2 BEP RESTAURATION

47 F 15 CAP1 X

48 F 15 CAP1 OUI

49 F 16 CAP1 X

50 F X X X

51 F 17 2BEP BAC PRO CUISINE

52 F 17 2BEP BAC PRO

53 F 18 TBEP BEP ET BAC

54 F 19 TBEP BEP

55 F 18 TBEP BTS

56 F 18 1BAC BAC

57 F 19 1BAC BAC

58 F 16 1BAC BAC PRO RESTAURATION

59 F 18 TBAC BTS

60 F 19 TBAC BAC

B

E

L

L

E

F

O

N

T

A

I

N

E

S

A

I

N

T

-

J

A

M

E

S

B

E

L

L

E

F

O

N

T

A

I

N

E

N° sondé Q20

S

A

I

N

T

-

J

A

M

E

S

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Annexes 8 Réponses de « l’échantillon lycéen » aux questions fermées sur le langage SMS

a) Les lycéens

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92

b) Les lycéennes

Légende 80 à 100% de ou 80 à 100% de ou X Sans opinion

60% de 60% de ou Avis partagé

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93

Annexes 9 Réponses de « l’échantillon lycéen » aux questions ouvertes sur le langage SMS

Explications pour comprendre les annexes :

Chaque sous-annexe correspond à un établissement et une catégorie de sondés : filles ou garçons.

Ensuite, à l’intérieur d’une sous-annexe, chaque sondé est représenté par un numéro personnel en fonction du niveau : CAP, BEP ou Bac Pro.

Le rappel des questions est présenté sous la forme d’une codification : par exemple, Q3B signifie que nous sommes à la question 3 et la lettre B correspond à la seconde partie de la question (la première partie de la question correspondant à la case à cocher).

Enfin, à chaque réponse du sondé il est d’abord rappelé sa réponse cochée : 1 = , 2 = , 3 = et 4 = .

La seconde partie de la réponse correspond à ce que le sondé a écrit pour justifier sa réponse.

Un « X » signifie que

a) N° 1 à 15 : les garçons du Lycée Professionnel de Saint-James

CAP

1 2 3 4 5

Q3B 1-X 1- moins de syllabes à

écrire

1- on peut couper sur les mots et

c’est plus facile à parler

3- parce que ma cousine m’a appris 2- c’est pour aller plus vite et comme on parle

pour moi comme ça, donc j’apprends

Q7B 1-X 3-X 1- ça évite d’aller se fâcher

directement avec la personne

1-X 2 – il y a des smileys, ponctuations etc…parce

que les smileys, c’est comme si c’est notre tête

Q8B 3-X 1-X 1 – C’est plus facile à parler 1- C’est plus facile 2- c’est plus rapide

Q10B 4-X 2- plus courant chez les

jeunes

2 – on apprend bien 1-c’est plus facile à écrire 2- le langage SMS : on ne peut pas faire de

fautes

Q11B 4-X 3-X 4- X 4- X 4- X

Q13 4-X 4-X 3-X 4- contre : tous les profs X- contre : français

Q13B 4-X 1- ça va plus vite et on le

comprend plus vite

1-X 1- ce sera plus facile X- X

Q15 4-X 2-X 4-X 4-X 4-X

Q17 4-X 1- Français 1-X 2-X 2- Français, Maths, H-G

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94

BEP

6 7 8 9 10

Q3B 2-X 1- C’est très simple.

N’est pas trop compliqué à comprendre.

Je l’utilise tous les jours pour discuter avec mes ami(e)s. Permet

de gagner du temps quand j’écris

2- pas rigide 1- quand je venais d’avoir

MSN, c’était nouveau. Je n’ai

pas tout assimilé tt de suite

1- facile à écrire. Ne demande pas

beaucoup de tps. Langage simple à

lire

Q7B 2-X 1- Je l’utilise pour discuter avec des ami(e)s mais pas avec des

inconnus. Je ne sais pas à qui je m’adresse.

Il ne permet pas de donner son opinion ; c’est juste un moyen

rapide d’écrire sans se soucier de l’orthographe d’1 mot. Il est

facile à utiliser pour exprimer ses émotions grâce aux smileys

comme ^^ xD

4-X 1-grâce aux smileys ! 1- peut traduite toutes sortes

d’émotions (bonne ou la mauvaise

humeur, la tristesse, le doute, la

frustration ou l’angoisse)

Q8B 1-X 1- c’est facile, simple et rapide de communiquer

C’est un moyen sympa pour communiquer

4-je préfère être compréhensible tt

le tps

3-maintenant je n’écris pas

souvent

1- ça me facilite les choses. Permet

d’aller plus vite

Q10B 2-X 2- je suis facilement comprise avec tt les gens qui utilisent ce

langage.

On a tellement l’habitude de l’utiliser qu’en orthographe, nous

allons faire plus de fautes

1-X 3-pas de règles précises ! 1-N’a pas vraiment d’orthographe,

tu l’écris comme tu le sens

Q11B 2-X 2- pour écrire une leçon quand le prof parle 4-X 3-des fois des abréviations pour

les brouillons mais pas du

langage SMS : je ne trouve ça

pas très beau

4-X

Q13 4-X 4- pour : aucun

contre : toutes les matières notamment français

sans opinion : aucun

X-X X – je ne sais pas. je n’ai

jamais essayé, ni demandé

4-X

Q13B 2-X 3- on comprendra mieux le texte mais on ne pourra pas enrichir

notre vocabulaire ni retenir l’orthographe d’1 mot

4- pas d’intérêt. Autant apprendre

à bien écrire

1-C’est quand même amusant 3-ça ne me dit pas gd chose à

l’école. Je préfère utiliser la bonne

orthographe

Q15 4-X 4-X 4-X 4(non ! du moins pas à ma

connaissance) - X

2-cela a été le cas lors de l’approche

de la sonnerie

Q17 2-X 3-X 4-X 3- Je préfère les abréviations en

H-G, communication, vente,

droit et économie

2/3 – oui et non car si tu l’utilises au

cours d’1 épreuve, tu vas te sentir

perdu

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95

BAC PRO

11 12 13 14 15

Q3B 2-X 1-C’est de ma génération 1- Au début j’ai eu du mal mais 2

jours après je m’y suis habitué

1- plus rapide et plus facile à écrire epi c’est plus

court

1- pas besoin de faire attention au langage et à la

ponctuation.

Possibilité d’utiliser des abréviations que l’on

utilise en cours pour accélérer la prise de note

Q7B 1-X 4-X 1-X 1-Il n’y a pas de temps à perdre. Le but c’est

d’être rapide

2- très pratique pour faire passer des émotions

virtuelles (émoticônes qui représentent des

émotions)

Q8B 1-X 1-Plus rapide et plus direct 2-X 1- je ne perds pas de temps. Je réponds vite en

faisant de petites phrases

3- langage SMS c’est bien qd on est pressé mais

sur le lg terme ,les fautes seront de +/+

récurrentes dans les copies et leçons

Q10B 3-X 1- par SMS, il n’y a pas de

fautes possibles

2-C’est plus facile et ça va plus vite 1- il n’y a pas de corrections 4- je me débrouille dans les 2 car j’évite de trop

abréger. J’ai envie que l’on comprenne

facilement ce que j’ai à dire

Q11B 2-X 1- pour les devoirs en

cours (ex CPTL pour

capitale)

X-X 1- répondre …. Rpd

avec …. ek

envoyé …. send

pas de soucis … year

tu sais déjà … seen

demain …2min

1- prise de note continuelle en langage SMS pour

écrire les leçons quand cours magistraux

Q13 X-X 2 : pour Histoire et

Français

4-Contre : car quand il faudra

rédiger une lettre pour un patron, il

faudra l’écrire sans fautes

4- contre : français, vente, maths 2 – pour : H-G, Français

contre : Anglais

sans opinion : informatique

Q13B 1-X 4-X 4-Plutôt utilisé par le net et les sms

et après on ne saura plus écrire

1- « bin pour aller plus vite, écrire en abréG épi

pour ne pas compter les fautes d’orthographe »

1- ce serait intéressant d’aborder ce phénomène

d’un autre point de vue

Q15 2-X 4-X 4-X 4- Néant 3-X

Q17 3-X 4-X 4-X 1- dans toutes les matières pour ne plus faire de

fautes

3-car pourrait ns induire en erreur sur

l’orthographe d’un mot nouveau ou d’un mot

qu’on ne connaît pas mais qui pourtant s’emploie

dans le langage courant

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96

b) N° 16 à 30 : les garçons du Lycée Polyvalent de Bellefontaine

CAP

16 17 18 19 20

Q3B 2- car ma sœur me l’a

appris quand j’avais 12

ans

2- X 1- moins de temps à écrire 1-X 1 - X

Q7B 1-X 1-X 2-si on discute avec qqn c’est pour

prendre des nouvelles ; si c’est avec

un inconnu, on parle pour apprendre

à le connaître

1-X 1 - X

Q8B 1- c’est facile 2-X 2 – on écrit sans limite : base

orthographe, vocabulaire,

grammaire

1- X 1 - X

Q10B 1 – pas besoin d’écrire

toutes les lettres

1-X 2 – parce que tout le monde utilise le

langage SMS

1-X 1 - X

Q11B 4-X 2-X 2- quand je veux prendre moins de

temps pour écrire une leçon

4- X 2 - X

Q13 4-contre : tous les profs 3- contre : les profs

en général

sans opinion : EPS

X-X 3-X 3 - X

Q13B 1 – ce sera plus facile 4-X 2-comme ça on pourra tous parler ce

langage sans que d’autres ne

comprennent pas

1- X 3 - X

Q15 4-X 4-X 4-X 2-on étudiait le langage

SMS, c’est dans le

programme

2 - X

Q17 2-X 4-X 3-X 1-pour écrire une leçon.

Elle sera plus facile à

apprendre car sera dans

une langue pas

compliquée et que certains

aiment

4 - X

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97

BEP

21 22 23 24 25

Q3B 2-Rapidité, gain de temps, fainéantise

quand on n’a pas envie d’écrire un mot

en entier

1- facile à lire et à écrire car ce

sont des abréviations connues

sans difficultés qui permettent

d’aller plus vite et que les

autres nous comprennent

1- pas besoin d’écrire le mot en

entier. Gain de temps et de place.

3- en lisant d’autres messages

sms mais je bloque encore

parfois

1- Au début j’écrivais en toutes

lettres puis en regardant les autres

personnes, j’ai appris à l’utiliser

rapidement et facilement

Q7B 1- j’utilise le langage SMS pour toutes

les émotions, c’est plus adapté

3-X 1-Je peux dire facilement ce que je

pense sans me soucier s’il y a des

fautes ou pas

1-les smileys permettent

d’exprimer rapidement des

sentiments

1- tristesse, amours, rire, pleurs,

grâce à des émoticônes qui

représente les différentes

expressions du visage

Q8B 1- par fainéantise 1- Permet d’aller plus vite que

d’écrire en toutes lettres

1- plus facile à écrire car on ne se

casse pas la tête, pas besoin de

prendre de dictionnaire pour vérifier

des mots

4-je n’aime pas ce langage mais

je l’utilise pour une question de

rapidité de saisie des textos

1- permet de ne pas écrire un

roman et de répondre plus vite

Q10B 2-pas de règles à suivre. On l’écrit

phonétiquement et par abréviations

1- C’est plus facile et on s’y

habitue

1-pas besoin de vérifier les fautes 4-X 1-c’est moi qui tape et le

téléphone corrige les erreurs

Q11B 1-prise de notes 3-X 1- j’écris en abrégé : toi…. 3

pourquoi ….PK

ensemble… en100ble

4-prise de notes 1- dans les corrections et pendant

les leçons

Q13 1-contre : aucun

sans opinion : professeur de langue

4- Pour Français et Histoire-

Géo

Contre : Maths

2- pour : Sciences

contre : français

X - X 3-pour : histoire (correction)

français (leçons)

contre : maths, anglais,

sans opinion : pratiques et

techniques professionnelles

Q13B 4-Aucun intérêt. C’est un langage

personnel il n’entre pas dans le

programme scolaire. C’est plutôt un

loisir de parler et d’écrire avec ce

langage

2- on n’aurait pas beaucoup à

écrire et on aurait mieux

compris

1- c’est le langage des jeunes et

c’est beaucoup plus facile à écrire

que le français

4- l’orthographe est difficile et

serait vite perdu

2-ça aurait augmenté ma moyenne

Q15 2-cours d’aide à la prise de note pour

rédiger un projet à réaliser et que les

ordres sont trop longs

3-X 4-X X-X 2 – pour certaines corrections et

leçons

Q17 4-X 4-X 1-tous les enseignants car ce serait +

facile à écrire et à comprendre pour

nous les élèves et surtout que ns

savons écrire ce langage. Et surtout

le langage SMS en français

X-X 4-X

Page 98: Utilité didactique du langage SMS en lycée professionnelshs-app.univ-rouen.fr/civiic/memoiresM1/textes/... · 3.2.1. Le langage SMS chez les enseignants p 47 3.2.2. Le langage SMS

98

BAC PRO

26 27 28 29 30

Q3B 1- on choisit la

facilité c’est-à-dire

qu’on prend

beaucoup moins de

temps à écrire un mot

disons « complexe »

car on ne va pas faire

attention à la

ponctuation

1-certes facile à écrire mais

certains mots sont vraiment

incompréhensibles

1- G appris à l’utiliser

car je reste beaucoup

avec des gens plus

grands que moi qui

l’utilisaient

couramment. Je suis

souvent sur MSN

Avant je ne l’utilisais

pas, maintenant c’est

automatique

1- ne demande pas beaucoup de

raisonnement

facile à écrire

il se forme de syllabes simples à

lire et compréhensibles

3-souvent dur à déchiffrer. De plus, on

peut se tromper facilement. Il est facile

à écrire (+rapide) mais demande un

petit moment d’adaptation. C’est

comme apprendre une nouvelle langue

Q7B 1(ça dépend)-X 2-Le langage SMS est fait

pour parler en envoyant des

textos à mes amis et non pas

aux inconnus

1-il est très important

car il permet

d’exprimer une

émotion très

rapidement sans

étendre

1-peut traduire toutes sortes

d’émotions.que se soit bonne ou

mauvaise humeur, tristesse, doute,

angoisse, colère autres. Il s’exprime

par les émoticônes et la

phonétique comme « po » qui

remplace « pas » : je ne veux

pas !...je ne veux po !

ils permettent d’exprimer les

sentiments du visage

1-permet de communiquer rapidement

(moins de mots). Avec l’habitude, il

s’utilise comme si on l’écrivait

normalement. On l’utilise pour tous

ceux qui le comprennent. On peut,

grâce aux émoticônes et à quelques

lettres, exprimer ces émotions encore

plus facilement qu’avec des mots

normaux

Q8B 1-ça va plus vite et

on ne se pose pas de

questions pour la

ponctuation

2-Plus rapide et ça évite

d’avoir mal aux doigts,

surtout quand on n’a pas

envie d’écrire

2-Pour aller plus vite

et moins user mes

unités

1-ca va vraiment plus vite. A la

longue, ça devient un automatisme.

Il est compris de tous. Et je suis sur

de ne pas faire de fautes

2- c’est simple d’utilisation (Plus

court !) et c’est « cool », dans le vent

Q10B 3-ça dépend de quand

j’ai envie d’écrire car

je suis sérieux je

peux faire le moins

de fautes possibles

4- c’est pas parce qu’on

écrit des textos en langage

SMS qu’il faut être meilleur

en langage SMS ; Il faut

d’abord être bon en français

et en orthographe avant

d’écrire en langage SMS

4-ce n’est pas le cas

car j’apprends le

français depuis plus

longtemps

1-comme il n’y a pas vraiment

d’orthographe, chacun l’écrit

comme il veut même si il y a les

abréviations de base, on est sur de

ne pas faire de faute

De plus il est moins barbant que le

langage propre

4-j’ai le sentiment d’être compris car je

fais en sorte de l’être. J’utilise un

langage le + simple possible et pas des

trucs indéchiffrables comme d’autres.

Je suis meilleur en langage normal car

il y a plusieurs combinaisons possibles

en langage SMS. Pas trop de règles.

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99

Q11B 1-en histoire ou

quand j’écris des

leçons

4- il n’a rien à faire à l’école 2-pour les

corrections, pour

prendre des notes et

quand je suis en

retard

X-pour les prises de notes, les

brouillons ou les mots à envoyer

aux amis

2-prendre des notes, faire des fiches de

révisions, des plans de rédaction. Tout

ce que les profs ne voient pas

Q13 X- pour : histoire,

sciences appliquées

Contre : français

Sans opinion : maths,

anglais

2 : pour Français seulement

pour les abréviations

contre : je ne sais pas

sans opinion : je ne sais pas

1-pour : H-G,

éducation civique,

éducation artistique,

techniques

commerciales,

français

Contre : maths

Sans opinion : sport

X-pour : je pense les Maths

Contre : bien sur les langues

(anglais, espagnol) et le français

sauf pour les prises de notes

3-pour : HG

contre : français

sans opinion : aucun

Q13B 1/4-oui et non, pas

spécialement on dira

plutôt que pour le

moment ça m’est

égal

3-je n’ai pas besoin de

l’étudier, je l’utilise déjà

avec mes amis

1-j’ai envie car je ne

suis pas contre

l’admission de

nouveaux langages

2-cela pourrait être amusant et

ludique

2-cela me changerait des habituels

vieux romans ennuyeux ou des pièces

de théâtre d’un autre temps. Mais ce

serait une mauvaise idée que ces textes

soient écrits en langage SMS

Q15 1-c’était en histoire :

on n’avait pas

beaucoup de temps et

il fallait écrire une

leçon et de là prof

nous a dit d’écrire en

abrégé

1-En cours, quand notre

professeur de français écrit

au tableau, elle fait des

abréviations

2-c’est lors d’une

correction de

l’évaluation, elle le

faisait de même pour

les leçons

2-la prof de français a juste utilisé

des abréviations

4-X

Q17 1 – en français mais

pas tout le temps

2-H-G parce qu’on écrit un

peu beaucoup et en maths

1-dans toutes les

matières et le

programme sera

toujours bouclé plus

vite et les élèves

comprennent mieux

3-L’utiliser pourrait apporter des

confusions au niveau de

l’orthographe

Néanmoins, je pense qu’on aimerait

tous que les enseignants utilisent ce

langage les élèves comprennent

mieux

2-dans les matières où on écrit

beaucoup comme H-G, éducation

civique et Français

Page 100: Utilité didactique du langage SMS en lycée professionnelshs-app.univ-rouen.fr/civiic/memoiresM1/textes/... · 3.2.1. Le langage SMS chez les enseignants p 47 3.2.2. Le langage SMS

100

c) N° 31 à 45 : les filles du Lycée Professionnel de Saint-James

CAP

31 32 33 34 35

Q3B 1-ça va plus vite 1- facile à comprendre

mais certains mots sont

compliqués

2- clavier ou touches du portable,

avec le langage SMS c’est plus

rapide

1- X 1- c’est mon langage courant

étant jeune

Q7B 1-X 1-permet d’exprimer

des émotions avec les

émoticônes

1- permet à l’autre personne avec

qui on discute de savoir si on est de

bonne humeur. Les abréviations slt,

bjr, bsr permettent de parler de la

même façon mais plus rapidement

1-X 2 – avec les amis : c’est rapide

et moins d’unités utilisées

Avec les étrangers, non, car on

n’a pas l’occasion de

communiquer ; c’est plus

administratif, parler en face. On

fait passer des informations +

(mot non identifiables)

Q8B 1- plus rapide 1-ça va plus vite 1 – tout simplement parce que c’est

rapide et facile à comprendre

1- X 1 – X

Q10B 1- c’est plus facile à écrire et

pas de fautes

1-X 3 – c’est qd même plus facile

d’écrire comme on veut que

d’écrire avec l’orthographe

française

1- X 1- car je n’ai pas tous les mots à

écrire

Q11B 1-en cours pour les leçons 2-X 2- dans mon cahier de texte 1- X X-X

Q13 4-pour : sciences physiques

contre : français

3-pour : maths, français

contre : sciences

physiques, biologie

2-H-G surtout pour les corrections

Q13B 1-X 3- X 3-des textes provenant de SMS sont

opposés aux dictées

3- Les cours de français sont faits

pour apprendre l’orthographe

4- sinon je perdrai le peu

d’orthographe que j’ai

Q15 2-pour écrire les leçons 3-X 4-X 4-X 4-X

Q17 1-français, maths, histoire 3- en français car les

leçons seraient moins

longues et plus facile

pour nous à apprendre

3-X 2- en anglais pour traduire 4 - X

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101

BEP

36 37 38 39 40

Q3B 1- facile car pas de consignes à

suivre ni d’ordre

3- X 1 - X 2 – pour la question 1 , je suis plutôt d’accord parce que plus

souvent que rarement il faut lire le message 3 ou 4 fois avant de le

comprendre . Certes c’est facile à écrire mais il faut penser à la

personne qui lira le message donc il ne faut pas exagérer

2 – X

Q7B 4 – X 1 - X 2-(Q4) : c’est plus rapide et donc plus

pratique mais je l’utilise surtout avec mes

amis et certains proches

1 – J’écris en toutes lettres et j’utilise le langage SMS seulement

pour exprimer mes émotions avec les ponctuations qui servent à

faire des petits smileys

1 – X

Q8B 1 – plus rapide, prend - tps

surtout on l’écrit comme l’on veut

2 – X 2 – ça dépend Je préfère écrire avec l’orthographe correcte

Ca dépend à qui je m’adresse

1 – X

Q10B 1- je l’utilise le plus souvent donc

j’ai toujours du mal à écrire en

bon orthographe,

Il y a même des hésitations, des

difficultés à écrire le mot

convenablement

2 – X 4-NON ! Il ne faut quand même pas s’y

noyer

4 - Je suis meilleure en écrivant avec l’orthographe correcte parce

que j’utilise T9 sur mon téléphone mobile et sur MSN etc

J’écris aussi en toutes lettres

Depuis que j’ai recommencé à écrire avec l’orthographe correcte,

je fais moins de fautes en expression écrite

1 – X

Q11B 2 – lol, Mdr, le prof 2 – X 4-abréviations lorsque l’on prend des

notes

4 – Quand j’écris à l’école, je n’écris pas en langage SMS parce

que quand je me relis, je ne sais point ce que j’écris.

Et même si mes professeurs écrivent en langage SMS, moi je ne le

fais pas

4 – X

Q13 3- pour : Maths, secrétariat

contre : prof de français

3 – X 3 -X 2 – pour : français (elle est pour dans les leçons mais elle veut

qu’on l’utilise uniquement pour les leçons)

contre : droit, économie, vente car on risque de s’y perdre

X – X

Q13B 2 - X 3- X 4- La langue française est très belle ! Je

ne vois pas pourquoi on devrait la

changer à part en pratique

2 – Parce que cela permet à ceux qui ne savent pas l’utiliser à le

comprendre. Mais aussi pour le fun

X – X

Q15 4- X 4-X 3-Les professeurs utilisent parfois des

abréviations dans les cours lorsqu’ils

écrivent adj, compl circ° mais ça s’arrête

là. C’est juste pour aller plus vite

4 – X 4 – X

Q17 X – En communication

organisation (secrétariat) une

secrétaire doit prendre des notes

donc c’est + facile d’écrire avec le

langage SMS

3-X 4-X 4 – Je ne veux pas et surtout pas au lycée parce que lors des

examens, se sont les élèves qui payeront pour l’orthographe.

Si on s’habitue à l’utiliser en devoirs, on se mettra à écrire ainsi

aussi

4 - X

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102

BAC PRO

41 42 43 44 45

Q3B 1-c’est super facile. Pas

besoin d’être fort en français

(ex pour écrire quoi de neuf ?

…koi 2 9) et grâce à la

phonétique, c’est facile à

comprendre

1- grâce à mes fréquentations,

maj. des jeunes de 15 à 20 ans. A

un style pour être dans le coup.

Par rapport à l’influence de mes

amis, ça s’apprend rapidement.

En plus ça permet de se

démarquer des adultes car c’est

un style qui appartient qu’aux

jeunes.

2- Je voyais mon père envoyer des

messages codés et je ne comprenais rien

donc un jour il m’a expliqué et c’est allé

vite. Et puis, il y a les SMS qu’on envoie

pour nos amis qu’on adopte l’écriture et ça

marche. Sur MSN, aussi les personnes

inventent des abréviations et tout le monde

s’y met et ça fuse…

1- je l’utilise quotidiennement depuis

plusieurs années donc je suis habituée.

Il ne présente aucunes difficultés au

contraire, il me facilite grandement les

choses

1 – j’ai appris rapidement

car cela permet d’user

moins de SMS et donc de

prendre moins de place

Q7B 1-avec les smileys on peut

faire part de nos sentiments et

ça à distance (si je pleure car

je me suis fait mal, je peux

mettre un smiley qui pleure)

1-bonne humeur, tristesse, rage,

doute, peur

grâce aux émoticônes présentes

dans les portables et les

ordinateurs, sans parler, on

s’exprime, on se comprend, cela

permet de faire apparaître son

humeur par un simple clic

2-X 2- je l’utilise pour transmettre un

message à une personne diverse ou

établir une conversation avec celle-ci

(mais c’est exceptionnel car cela coûte

cher quand même)

Cependant, c’est toujours avec des

personnes que je connais et que je

fréquente.

1 - permet d’exprimer des

émotions grâce aux smiley

Cela montre ce que l’on

pense ou notre humour

Q8B 1-c’est gratuit, et quand on a

l’habitude, ça va hyper vite et

c’est facile à comprendre et à

lire

1-rapide, unique et personnel.

Les parents n’arrivent pas à

comprendre, ni lire notre

langage.

Chacun de ns ajoute des

modifications permettant à

chacun d’avoir son propre style

1-plus facile et moins long en même temps.

C’est vrai que c’est piégeant quand il faut

faire des résumés car on a tendance à faire

beaucoup de fautes de frappe en écrivant en

abrégé et c’est un peu paralysant. Mais ceci

dit c’est super d’écrire en langage SMS car

souvent les parents ne comprennent rien.

C’est comme si que c’est un code

2- j’écris des SMS tous les jours et ça

ne me dérange pas. Cependant j’utilise

ce langage uniquement dans les SMS,

sur MSN ou quand j’envoie un mail

(mais cela dépend du destinataire)

1 – j’aime car 1° ça va plus

vite et 2° c’est plus facile à

écrire qu’en bon français

Q10B 1-je suis très faible en

français et avec le langage

SMS, on écrit comme on

l’entend tandis qu’en français

il y a les accords, les liaisons,

la ponctuation à respecter

4- car l’orthographe c’est

permanent, c’est quotidien

comme je passe la majorité de

mon temps à l’école en sachant

que le langage SMS est le +

souvent interdit au niveau écrit

au lycée. Il est rare en milieu

scolaire

1- il est bourré de fautes d’orthographe et

quand le prof fait des dictées, là c’est la

galère ! Mais à part cela, moi je suis à l’aise

et je suis mieux comprise.

4- je ne l’utilise qu’avec des jeunes de

mon âge. Même si je l’utilise souvent,

cela ne réduit en aucun cas mes

performances en orthographe

3 – SMS ne respectent pas

des règles

orthographe respect des

règles

Page 103: Utilité didactique du langage SMS en lycée professionnelshs-app.univ-rouen.fr/civiic/memoiresM1/textes/... · 3.2.1. Le langage SMS chez les enseignants p 47 3.2.2. Le langage SMS

103

Q11B 1-sur mon agenda, quand il

faut recopier et que je suis à

labours

2- parfois mais c’est rare : pour

prendre des notes sur un

brouillon, quand on ne veut pas

que le prof ns entende en cours,

on écrit le plus souvent des

bêtises sur de petits papiers en

sachant qu’il ne va rien

comprendre

1 – sans le vouloir je peux dire :

J pac des Vak’s en famille … je passe des

vacances en famille

J ne sav pa kil était kom sa ! Je ne savais

pas qu’il était comme ça

4- X 1- vite ... ViT

grâce … graC

Je t’aime … JTM

Quoi … kwa

Q13 3-pour : H-G, Arts Plastiques

contre : français, sciences

Sans : anglais

3 : pour H-G, éducation civique,

anglais

contre : français

sans : maths, économie, droit

3 : pour H-G, éducation civique, français

contre : maths, technologie, anglais

sans : EPS, sciences

X - X 4 – contre : français, toutes

les matières

Q13B 1-ce serait plus facile pour

moi et plus intéressant

1-c’est plus de notre génération.

Les textes que l’on ns donne sont

ennuyeux. Les textes provenant

de SMS permettraient à chacun

d’entre nous de s’identifier dans

l’histoire. Les professeurs

devraient mettre en place ce

système

2/3 – je suis pour et contre car il a des

moments où l’on va comprendre et d’autres

où l’on va rien comprendre donc vaut mieux

travailler avec du bon français car avec les

textes SMS en permanence, on aura 99% de

chances de ne rien connaître en orthographe

4 – il me facilite la tâche quand j’ai

écrit des SMS et surtout il me fait

gagner de la place.

Mais travailler dessus à l’école ne

présente aucun intérêt pour moi.

1- plus facile à lire et on

comprend tout de suite

Q15 4-X 4-X 2-au début, personnellement, ça n’a pas été

facile.

Les profs emploient des abréviations que je

ne comprenais pas comme md, inc

2- les profs peuvent répondre à des

messages qu’on leur envoie

notamment en période de révisions

avant des exams. Sur ce point, ils tjs

été compréhensifs car ils savent qu’on

communique comme ça la plupart du

temps d’autant plus que la plupart de

mes profs ont des enfants qui entrent

dans ma tranche d’âge (collège, lycée,

étudiant)

4-X

Q17 4-Non car ce ne serait plus

une éducation, on serait tous

nul en français

2/3-Oui pour les maths et non car

je n’ai pas envie que notre

langage soit approprié par les

professeurs. Il nous met en

confiance ; cela permet de

s’évader de tout.

3-en français

en H-G car les leçons sont longues

4- le langage SMS reste le langage

SMS. Il est utilisé en SMS, sur MSN

mais en aucun cas à l’école. On ne

doit pas non plus refaire l’orthographe

et la grammaire française.

4 - X

Page 104: Utilité didactique du langage SMS en lycée professionnelshs-app.univ-rouen.fr/civiic/memoiresM1/textes/... · 3.2.1. Le langage SMS chez les enseignants p 47 3.2.2. Le langage SMS

104

d) N° 46 à 60 : les filles du Lycée Polyvalent de Bellefontaine

CAP

46 47 48 49 50

Q3B 2- c’est plus facile ; on n’a pas besoin

d’écrire des mots en entier.

1- parce que je

comprends vite

1- rapide à utiliser et simple à

apprendre

1-ça raccourcit les mots 2 –X

Q7B 2-car si on a envie de se confier à des

amis, de parler avec et de s’exprimer

car les jeunes s’expriment par le

langage SMS

2-La bonne humeur

et la colère parce

qu’on comprend

lorsque son chat est mort Ou je

vais me marier

1-X 1 –X

Q8B 1- oui car je peux parler avec des amis

et je peux m’exprimer

1-plus facile à

écrire et on ne fait

plus de fautes

1 – parce que ça prend moins de

temps

3- X 2 –X

Q10B 4 – car, on le connaît depuis tout petit

alors que le langage SMS on le

connaît quand on a un portable

1-parce qu’on ne

fait pas de fautes

1 – parce que je suis habituée 1-c’est plus simple 2 –X

Q11B 2- quand on note des infos :

nbre … nombre

bcp … beaucoup

+ … plus

- … moins

2-avec mes amis 1- Ojourd’8, ex 4- X 2 –X

Q13 4-pour : français (pour prendre de

notes), H-G

contre : Maths, Anglais

sans opinion : je ne sais pas

3- pour : anglais,

technologie

contre : français,

maths

sans opinion : EPS

3 – pour : maths

contre : français

3-pour : français

contre : tous les autres

professeurs

1 –X

Q13B 1 – pour apprendre davantage de

choses comme les abréviations, les

phonétiques, les émoticônes et la

ponctuation afin de savoir leur

signification (LOL ; MDR ; slt)

1- je crois que les

élèves vont

comprendre

1- car c’est facile 1- comme ça 1 –X

Q15 4-X 3-X 4-X 1 - X 1 –X

Q17 X-X 1-En français car

des fois je ne

comprends rien

1-En français car je fais

beaucoup d’erreurs

1- X

2 –X

Page 105: Utilité didactique du langage SMS en lycée professionnelshs-app.univ-rouen.fr/civiic/memoiresM1/textes/... · 3.2.1. Le langage SMS chez les enseignants p 47 3.2.2. Le langage SMS

105

BEP

51 52 53 54 55 Q3B 1- il sufi 2 l’écrire com on l’entend

cad com ici par xempl

crire un mot en entier

1- simple à écrire, ça va plus

vite et c’est facile à comprendre

1- pas forcément facile à lire car

dépend des abréviations et

SURTOUT des phonétiques. Facile

à écrire car on perd beaucoup moins

de tps pour écrire. J’ai appris à

l’utiliser rapidement car c’est très

facile ; on ne réfléchit pas quant à

l’orthographe des mots

1- facile à apprendre car on

peut faire nos abréviations

ne s’apprend pas forcément car

c’est à force de voir et de lire

les messages que cela t’habitue

à écrire comme cela

1- permet de gérer ses unités

principalement pour ceux qui

disposent d’un portable. Donc

sachant que j’en fais parti, j’ai

utilisé rapidement le langage SMS

Q7B 1- on peut utiliser des émoticônes par

exemple : (bonhomme fâché, moyen)

1- les émoticônes nous

permettent d’exprimer des

émotions à l’aide de têtes ou

d’images

1-permet d’exprimer différentes

émotions, différents sentiments

(joie, colère) notamment quand on

utilise certains smileys et certaines

ponctuations

1-à tt moment, on peut utiliser

des émoticônes dans un

message comme :D (gd sourire

sur les lèvres) :@ celui là est

fâché

les émoticônes permettent

d’exprimer plus facilement ce

que l’on ressent

1- X

Q8B 1- C’est plus facile car il n’y a pas

d’orthographe

2- certes c’est rapide mais il est

un inconvénient pour la langue

française car il peut ns faire

faire des fautes d’orthographe

1- plus simple et rapide

on ne réfléchit pas à l’orthographe

1 plus rapide pour envoyer un

message, et puis ce n’est pas

forcément volontaire, à force ça

devient une habitude, un

réflexe permanent

1- permet de gagner du temps

surtout si on est fatigué ou en

colère

Q10B 2-« Com g dja di c plu facil et ya pa

d’ortograf »

4- je ne me laisse pas

influencer à ce point

4-c’est très facile d’être bon car

justement on écrit comme on veut

mais l’orthographe des mots c’est

quelque chose d’essentiel donc c’est

difficile de l’oublier

3-Pas forcément. Certes par le

langage SMS, on pense être

meilleur car on invente et

marque comme on veut, alors

qu’en orthographe, il y a des

règles à respecter

3 – permet de supprimer tout ce

concerne les règles d’orthographe

Q11B 1-en français ou en maths mais plus en

maths car on écrit et on peut dire par

exemple : le triangle est rectangle en

A, on l’écrit comme ça (a dessiné la

figure)

1 – lol, je re, plita , PL 2- pour copier des leçons car je n’ai

pas toujours le temps de bien

recopier

1-en histoire, pour prendre les

cours en entier vu qu’il est

dicté ou encore quand j’en ai

marre d’écrire pour aller plus

vite j’utilise le langage SMS

2 – le mot aussi … osi

plus ou moins … + ou -

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Q13 1-pour : maths et Histoire car on prend

moins de tps

contre : en français car on l’utilise en

devoirs ou autres

sans opinion : sport car on écrit

presque jamais

4- Pour Français et anglais

Contre : Maths, H-G, sport

Sans opinion : les autres

matières

4- pour : H-G

contre : français, maths, économie,

éducation civique

sans opinion : anglais

3 – pour H-G

contre : français, maths

sans opinion : langues

4 -pour : H-G, maths,

contre : français

sans opinion : EPS

Q13B 1-ce sera plus facile pour nous 4- je préfère utiliser autre chose

comme langage que celui des

SMS afin de garder les bases de

la langue française

4- on oublierait très vite

l’orthographe des mots et c’est une

très mauvaise chose pour les cours

3- non car le français est une

matière qui est sensée ns

permettre de bien écrire alors si

en français on travaille sur des

textes provenant de SMS, cela

ns encouragerait à écrire en

SMS et non en toutes lettres

4-sachant que le français est une

langue très complexe, il serait mal

vu de travailler sur des textes

provenant de SMS

Q15 4-X 4-jamais produit 4-X 1-En cours H-G en 3ème, pour

écrire un plan du paragraphe

argumenté puis écrire la leçon.

La prof ns a dit que cela était

plus facile d’écrire en abrégé

comme cela on aura tout notre

cours. Et qd on arrivera au

lycée, le professeur ne répètera

pas ; ce sera à nous d’être

attentif. Ensuite elle ns a écrit

des abréviations que l’on

rencontrait souvent et des

abréviations concernant le

cours

4 - X

Q17 1-en français, en maths, en histoire car

les cours seraient moins ennuyant

4-je ne souhaite pas ceci 4- pas besoin d’y avoir recours à

l’école

2- cela dépend. Quand les

leçons sont longues, il est vrai

que l’on préfère écrire en SMS

(ex français et maths mais c’est

déjà le cas) cela est mieux car

on écrit beaucoup plus de

choses que dans les autres

matières

4-X

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BAC PRO

56 57 58 59 60

Q3B 1- j’ai appris facilement car pour

utiliser le langage SMS il suffit juste

d’écrire les mots en retirant quelques

lettres ou de remplacer des syllabes par

d’autres qui ont le même son

1-je ne comprends pas tt le tps car

il y a des mots beaucoup trop

abrégés comme :

TmTc … toi-même tu sais

Cela m’appris beaucoup de pour

comprendre le mot mais j’avoue

que pour les blogs et les

messages, c’est plus facile

d’écrire en langage SMS

1- parce qu’il n’y a pas

d’orthographe et que je

n’aime pas écrire

beaucoup

2- Pas tellement facile à comprendre et

à utiliser pour certaines personnes

c’est facile à écrire car ça réduit le

nombre de mots dans une phrase et

dans un SMS

2-Pas facile à lire du moins pas aux

1ers abord car je n’étais pas habituée

à enlever des lettres, mélanger des

chiffres mais il est vrai que ça va

beaucoup plus rapidement. D’une

certaine façon, c’est nettement plus

facile à écrire. Mais c’est en

rencontrant le langage SMS, en

apprenant toutes les techniques que

j’ai pu l’utiliser

Q7B 2-ça dépend car pour exprimer une

émotion, on utilise des émoticônes

mais elles ne représentent pas toujours

nos émotions

1-Il y a de petites images

(smileys) qui expriment des

émotions et les opinions. Moi

j’aime beaucoup et puis au lieu

d’écrire une phrase pour dire que

je suis fâchée, on clique sur le

smiley et le tour est joué. C’est

beaucoup plus rapide et très mimi,

je trouve.

1- X 1-ça va rapidement et il n’y a pas

beaucoup de mots

on peut exprimer ses sentiments sans

pour autant écrire : fâcher peut

faire :@ et ça va plus vite

il suffit juste de les connaître

1-les principales émotions sont la

bonne humeur, la tristesse, la colère.

Sur MSN ou même sur les portables,

on dispose d’un large choix

d’émoticônes qui expriment plus

facilement et bcp plus rapidement

que des mots toutes les émotions

que l’on peut ressentir. Cela donne

presque l’impression que l’on peut

lire sur le visage de son interlocuteur

et vice-versa

Q8B 4 – je n’aime pas trop car quand on

écrit en langage SMS on prend

l’habitude et on perd les notions de

français

2-c’est pratique d’écrire vite

quand on tape sur l’ordinateur ou

dans les messages

1 - X 1-c’est plus pratique à travers les SMS

ou MSN mais je pense qu’il ne faut pas

en profiter parce qu’un jour on pourra

s’oublier

2- j’apprécie la rapidité avec

laquelle on peut écrire et s’exprimer

alors que les mots sont parfois trop

longs. J’essaye pourtant de ne pas

tomber dans le tout SMS par rapport

à mes études et surtout la langue

française qui a des richesses

immuables selon moi

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108

Q10B 1-c’est évident, tout le monde est

meilleur en langage SMS car même si

on fait des erreurs, ça passe en langage

SMS

4- j’ai le sentiment d’être

comprise car je l’utilise juste avec

mes amis ou des personnes de

mon âge. Personnellement,

j’arrive à séparer langage SMS

que j’utilise avec mes amis et la

langue française que j’utilise en

cours

1 - X 1-car maintenant les jeunes ne

prennent plus leur tps à écrire en toutes

lettres

pour ns c’est une perte de temps mais à

travers ça, on se retrouve en difficulté

en orthographe car on s’oublie : on met

des S à n’importe quelle place (« à

travers sa »)

De plus il est moins barbant que le

langage propre

4 - j’ai toujours été bonne en

orthographe et je l’aime. Mais pour

tout ce qui est communication

rapide, je suis très tolérante car en

cas de nécessité, de manque de

temps, le style SMS est utile.

Il ne faut pas négliger l’orthographe

en d’autre circonstances toutefois..

Q11B 2-surtout quand on recopie de grandes

leçons en H-G

3- pas souvent mais si je vois

qu’en cours, je perds le fil

conducteur et bien je l’utilise pour

ne pas perdre un mot de la leçon

1 – écrire mes leçons ¼ - pour écrire des leçons, pour les

exos, pour copier les devoirs sur mon

agenda

2-pour les prises de notes, ce sont

les profs eux-mêmes qui nous le

conseillent d’ailleurs

Q13 X- pour : H-G car la prof trouve que ça

ns permet d’aller plus vite pour écrire

la leçon

Contre : en français car la prof dit que

ça nous fait faire des fautes

d’orthographe

2 : pour Français H-G, Maths

contre : anglais

4 - Sans opinion : ils

s’en fichent, ils

n’ouvrent pas les

cahiers

4- X 3- pour : presque toutes les matières

au lycée

contre : (c’est interdit dans les

contrôles)

Q13B 4-car il y déjà beaucoup de gens qui

font des fautes d’orthographe

2/3 - X 4 – car ça ne

m’intéresse pas

1-Ce serait vraiment intéressant

d’essayer de déchiffrer ce qui

permettra à ceux qui ont des difficultés

à comprendre ce langage de le

comprendre

4-à part si le thème abordé concerne

les jeunes , les nouveaux modes etc

je ne vois pas l’intérêt de travailler

sur des textes de ce genre

on passerait à côté de trop de choses

selon moi

Q15 1-non cela ne s’est jamais produit 2 – quelquefois quand la leçon est

trop longue, le prof nous fait

abréger certains mots pour aller

plus vite et terminer la leçon

3-En 3ème pour dicter

une leçon afin d’écrire

plus rapidement

1 - X 2 – Les professeurs, lors des

premiers contacts au lycée nous ont

tout de suite incités à la prise de

notes et cela passe par beaucoup de

méthodes du langage SMS

Q17 1 – oui dans les matières où on a de

grandes leçons

4-non car ce n’est pas tous les

élèves qui arrivent à séparer les 2

et arriver à un examen ou un

contrôle cela lui donnerait

beaucoup plus de difficultés

2-le prof de maths pour

avoir de bonnes notes

1-en français car on aurait pas eu de

longues pages de leçon à apprendre

4-je n’en vois vraiment pas la

nécessité car l’école a été créée

avant tout pour avoir de la culture

générale et pour moi l’orthographe

en fait parti