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UNIVERSITE DE CAEN ANNEE 2008 UFR DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES ET BIOLOGIQUES DE CAEN MEMOIRE DU DIPLOME D’ETUDES SPECIALISEES DE PHARMACIE HOSPITALIERE ET DES COLLECTIVITES PRESENTE PAR DAMIEN PEYRONNET SECURISATION DU CIRCUIT DU MEDICAMENT RADIOPHARMACEUTIQUE : APPLICATION AU CHU DE CAEN SOUTENUE PUBLIQUEMENT LE : 09 X 2008 A 17H00 JURY : PR. SINGLAS E. PRÉSIDENT Pr. BOUVARD G. EXAMINATEUR Dr. HECQUARD C. EXAMINATEUR Dr. LEMONNIER F. DIRECTEUR

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UNIVERSITE DE CAEN

ANNEE 2008

UFR DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES ET BIOLOGIQUES DE CAEN

MEMOIRE DU DIPLOME D ’ETUDES SPECIALISEES DE PHARMACIE HOSPITALIERE ET DES

COLLECTIVITES

PRESENTE PAR

DAMIEN PEYRONNET

SECURISATION DU CIRCUIT DU MEDICAMENT

RADIOPHARMACEUTIQUE : APPLICATION AU CHU DE

CAEN

SOUTENUE PUBLIQUEMENT LE : 09 X 2008 A 17H00

JURY :

PR. SINGLAS E. PRÉSIDENT Pr. BOUVARD G. EXAMINATEUR Dr. HECQUARD C. EXAMINATEUR Dr. LEMONNIER F. DIRECTEUR

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- 2 - 2

UNIVERSITE DE CAEN

ANNEE 2008

UFR DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES ET BIOLOGIQUES DE CAEN

MEMOIRE DU DIPLOME D ’ETUDES SPECIALISEES DE PHARMACIE HOSPITALIERE ET DES

COLLECTIVITES

PRESENTE PAR

DAMIEN PEYRONNET

SECURISATION DU CIRCUIT DU MEDICAMENT

RADIOPHARMACEUTIQUE : APPLICATION AU CHU DE

CAEN

SOUTENUE PUBLIQUEMENT LE : 09 X 2008 A 17H00.

UFR DE SCIENCES PHARMACEUTIQUES ET BIOLOGIQUES DE CAEN

BOULEVARD BECQUEREL

14200 HEROUVILLE SAINT CLAIR

JURY :

Pr. SINGLAS E. PRÉSIDENT Pharmacien praticien hospitalier AP-HP Hôpital Necker-Enfants malades Pr. BOUVARD G. EXAMINATEUR Médecin nucléaire praticien hospitalier CHU Caen Dr. HECQUARD C. EXAMINATEUR Pharmacien praticien hospitalier CHU Caen Dr. LEMONNIER F. DIRECTEUR Radiopharmacien praticien hospitalier CHU Caen

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- 3 - 3

ANNEE DE SOUTENANCE: 2008

NOM ET PRENOM DE L’AUTEUR: PEYRONNET Damien

TITRE DE LA THESE : SECURISATION DU CIRCUIT DU MEDICAMENT

RADIOPHARMACEUTIQUE : APLLICATION AU CHU DE CAEN

RESUME :

Le circuit du médicament est un macroprocessus complexe mobilisant de nombreuses

catégories de professionnels de santé devant se coordonner dans l’espace et dans le temps.

Au-delà des progrès technologiques de ces dernières années en matière d’informatique ou

d’automatisation, c’est aussi et surtout dans le management des risques et la bonne

coordination afférente qu’il faut chercher à fluidifier et fiabiliser le circuit du médicament. Il

apparaît nécessaire et essentiel que tous les professionnels du circuit du médicament soient

impliqués dans ce dispositif. Ce circuit du médicament doit permettre la préparation de

médicaments stériles, en conformité à la fois avec la législation relative au médicament et la

législation relative aux radioéléments artificiels.

La mise en œuvre de cette sécurisation du circuit du médicament radiopharmaceutique au

CHU de Caen, tant au niveau de la création d’une zone à atmosphère contrôlée, que du

déploiement de l’informatisation et du système qualité au sein de la radiopharmacie, a permis

une prise en charge efficiente du patient.

MOTS CLES : Circuit du médicament – Radiopharmacie – Médicaments radiopharmaceutiques -

Informatisation – Assurance qualité

ADRESSE DE L’AUTEUR : 6, Impasse des reinettes, 14370 MERY-CORBON

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- 4 - 4

Remerciements

A Monsieur le Professeur Eric Singlas, je suis très honoré que vous acceptiez de

présider ma thèse. Je vous remercie encore pour votre écoute et vos conseils très avisés.

Veuillez croire en mon respect le plus profond.

A Monsieur le Professeur Gérard Bouvard, je vous remercie d’avoir accepté d’être

membre de mon jury. Merci de m’avoir accepté dans votre service et de m’avoir fait

confiance. Votre gentillesse n’a d’égale que votre sincérité.

A Madame le Docteur Claudine Hecquard, je vous remercie d’avoir accepté d’être

membre de mon jury. Vous avez été la première à m’accepter dans votre équipe et à m’avoir

accordé votre confiance. Je vous en remercie sincèrement.

A Madame le Docteur Françoise Lemonnier, je te remercie d’avoir accepté d’être mon

directeur de mémoire et membre de mon jury. Saches que tu m’a apporté des valeurs au moins

aussi importantes dans le travail que dans la vie : une rigueur toute pharmaceutique avec un

dynamisme et une bonne humeur communicative. Merci aussi de m’avoir fait confiance. Tu

es pour moi un exemple d’intégrité, de gentillesse et un modèle de travail.

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- 5 - 5

REMERCIEMENTS

A tous les préparateurs de la PUI, pour avoir accueilli un « pôv’ » petit angevin dans

votre belle région. Merci pour votre gentillesse.

A tous les MERMS, secrétaires et ASH, merci pour votre gentillesse, votre accueil au sein du

service et votre coopération indéfectible sur les changements nés de la radiopharmacie…et à

la porte du sas qui a du mal à se refermer !!!

A tous les Pharmaciens, Médecins, Physicien et Cadres des services de médecine

nucléaire et de Pharmacie ; vous avez su me conseiller et me guider lors de ce parcours que

j’estime initiatique. Que ces moments passés ensemble amènent à de nombreuses autres

collaborations.

Au Docteur2 Ahmed Abbas, saches que tu es bien plus qu’un collègue qu’un confrère

ou qu’un partenaire de tennis…c’est à Cycéron que l’on s’est rencontré, à Saclay que l’on a

sympathisé et à Caen que notre amitié est née. Merci pour ta joie de vivre communicative, les

bons moments passés ensemble…et pour ceux à venir…

Et je ne pourrais évidemment oublier, pour leur bonne humeur et leur gentillesse, tout

le personnel du centre Cycéron en particulier Fauve, Cédric, Flavien, Jérôme, Stéphane,

Mézziane, Olivier, Franck et Patrice. Une affection particulière à Gwenaëlle et Martine, pour

leur rire communicatif, leur joie de vivre et les longues journées de manips passées ensemble.

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- 6 - 6

REMERCIEMENTS

A mes parents, même si vous n’avez toujours pas compris pourquoi je suis encore

étudiant, vous m’avez tout au long de ces années apporté votre soutien indéfectible. Vous

m’avez inculqué la valeur du travail et du respect. Le plus beau cadeau que je pourrai vous

faire serai d’éduquer mes enfants dans le même esprit que vous l’avez fait avec Arnaud et

moi. Sachez que je vous aime.

A mon frère et à toute sa petite famille, merci pour tous les bons moments passés

ensemble… et ceux à venir !!

A mon filleul Maël, tu ne sais pas encore lire (et à peine marcher d’ailleurs !) mais

promis tes parents te narreront, pour t’endormir, ce conte pharmaceutique. N’aies pas peur,

l’histoire finit bien !...

A mes amis, parce que vous avez toujours été là, dans les bons et surtout dans les

mauvais moments, simplement merci.

Je remercie enfin celle qui est la plus proche de moi, mon amour, mon amante, ma

confidente. Ton enthousiasme et ton soutien moral de tous les instants illuminent ma vie. Ces

trois ans d’union n’ont fait qu’accroître notre complicité. Car vois-tu, chaque jour, je t'aime

davantage, aujourd'hui plus qu’hier et bien moins que demain.

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INTRODUCTION..................................................................................................................................................9

I – SECURISATION DU CIRCUIT DU MEDICAMENT.......... .....................................................................10

1) CIRCUIT DU MEDICAMENT..............................................................................................................................10 a) Définition .................................................................................................................................................10 b) Réglementation.........................................................................................................................................11 c) Différentes étapes du circuit du médicament............................................................................................13

2) QUALITE ........................................................................................................................................................17 a) Historique de la « Qualité ».....................................................................................................................17 b) Définitions................................................................................................................................................19 c) Réglementation.........................................................................................................................................23 d) Objectifs en pharmacotechnie ..................................................................................................................24 e) Système de Management de la Qualité.....................................................................................................26

3) INFORMATISATION.........................................................................................................................................29 a) Définition .................................................................................................................................................29 b) Réglementation.........................................................................................................................................30 c) Enjeux de l’informatisation ......................................................................................................................31

II - PRESENTATION ET SPECIFICITES DE LA RADIOPHARM ACIE..................................................34

1) HISTOIRE DES SCIENCES : DE LA NOTION D’ATOME A L’UTILISATION DE TRACEUR A VISEES DIAGNOSTIQUE OU

THERAPEUTIQUE.................................................................................................................................................34 a) Atome et Radioactivité33...........................................................................................................................34 b) Naissance de la médecine nucléaire .......................................................................................................37

2) EXERCICE DE LA RADIOPHARMACIE...............................................................................................................40 a) Historique / Contexte ...............................................................................................................................40 b) Politique des produits radiopharmaceutiques..........................................................................................41 c) Cadre législatif : spécificités des médicaments radiopharmaceutiques ...................................................41 d) Conditions d’exercice de la radiopharmacie ...........................................................................................44 e) Régime d’autorisation ..............................................................................................................................46 f) Personnel ..................................................................................................................................................46 g) Locaux et équipements .............................................................................................................................47 h) Circuit des produits..................................................................................................................................48 i) Gestion des déchets...................................................................................................................................54 j) Assurance qualité ......................................................................................................................................55 k) Autorités de contrôle ................................................................................................................................56

3) CIRCUIT DU MEDICAMENT RADIOPHARMACEUTIQUE........................................................................................56 a) Prise de rendez-vous ................................................................................................................................57 b) Commande trousses et précurseurs..........................................................................................................57 c) Réception..................................................................................................................................................57 d) Prescription médicale ..............................................................................................................................58 e) Analyse pharmaceutique ..........................................................................................................................58 f) Préparations des MRP ..............................................................................................................................59 g) Contrôles qualité ......................................................................................................................................60 h) Etiquetage ................................................................................................................................................61 i) Libération du lot pharmaceutique.............................................................................................................61 j) Dispensation .............................................................................................................................................62 k) Transport / Administration.......................................................................................................................62 l) Gestion des déchets ...................................................................................................................................62 m) Traçabilité / archivage ............................................................................................................................63

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III – SECURISATION DU CIRCUIT DU MEDICAMENT RADIOPH ARMACEUTIQUE AU CHU DE CAEN ....................................................................................................................................................................64

1) PRESENTATION DU SERVICE DE MEDECINE NUCLEAIRE DU CHU DE CAEN ....................................................65 a) Généralités ...............................................................................................................................................65 b) Activités cliniques et de recherche ...........................................................................................................66

2) OPTIMISATION DU SYSTEME D’ASSURANCE QUALITE.....................................................................................66 a) Assurance qualité .....................................................................................................................................66 b) Mise en place du contrôle qualité systématique des préparations radiopharmaceutiques......................69

3) INFORMATISATION DU CIRCUIT DU MEDICAMENT RADIOPHARMACEUTIQUE..................................................70 a) Présentation du logiciel GERA (Thélème) et du module radiopharmacie ...............................................72 b) Démarche utilisée pour la mise en place du module Radiopharmacie ....................................................74

4) CREATION D’UNE ZONE A ATMOSPHERE CONTROLEE.....................................................................................77 a) Contraintes spécifiques à la préparation des médicaments radiopharmaceutiques ................................78 b) Hygiène ....................................................................................................................................................80 c) Formation des personnels ........................................................................................................................82 d) Locaux et équipements .............................................................................................................................82

DISCUSSION / DEVELOPPEMENTS FUTURS DE L’UF DE RADIOPHARMACIE AU CHU DE CAEN ....................................................................................................................................................................86

1) ACTIONS A REALISER A COURT TERME (DANS LES 6 MOIS).............................................................................86 a) Dossier d’autorisation d’activité de radiopharmacie ..............................................................................86 b) Création d’une UF radiopharmacie…quid du préparateur.....................................................................88 c) Qualification de la salle de marquages cellulaires radioisotopiques.......................................................88 d) Prescription informatisée a priori............................................................................................................89

2) ACTIONS A REALISER A MOYEN TERME (DANS LES 18 MOIS)..........................................................................89 a) Achat et mise en service d’un radiochromatographe pour le CQ des préparations RP ..........................89 b) Mise en place d’un Audit interne par l’UF de pharmacotechnie de la PUI............................................90 c) Evaluation à 1 an de pratique de l’informatisation : enquête de satisfaction..........................................90 d) Mise en place de contrôles de qualité des activimètres............................................................................90

3) ACTIONS A REALISER A LONG TERME (>18 MOIS) ..........................................................................................92 a) Plan de formation pour les élèves préparateurs hospitaliers...................................................................92 b) Formation de personnels réalisant les marquages cellulaires radioisotopiques .....................................92 c) Recrutement d’un deuxième préparateur en pharmacie hospitalière.......................................................93

CONCLUSION ....................................................................................................................................................94

BIBILOGRAPHIE...............................................................................................................................................95

GLOSSAIRE ......................................................................................................................................................101

LEXIQUE ...........................................................................................................................................................102

ANNEXES ..........................................................................................................................................................105

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- 9 - 9

INTRODUCTION

Au sein des établissements hospitaliers, la maîtrise du processus « prescription, préparation,

dispensation, administration des médicaments » est un enjeu majeur pour des raisons éthiques,

légales, mais aussi économiques. Ethiques, car les différentes étapes qui font intervenir de

nombreux acteurs (médecins, pharmaciens, préparateurs, manipulateurs en électroradiologie

médicale) peuvent être une source d’erreurs parfois graves. Légales, car il s’agit d’un des

processus les mieux encadrés par les législations nationale et internationale. Economiques

enfin, car un processus non maîtrisé est toujours responsable de surcoûts1. La maîtrise de ce

processus est un élément important de la politique de qualité des soins et fait partie intégrante

des programmes d’accréditation2. C’est dans cet esprit de rationalisation du circuit du

médicament que la législation en matière de santé a évolué ces dernières années.

Notre travail présente la démarche qualité qui a permis de sécuriser le circuit du médicament

radiopharmaceutique au Centre Hospitalier Universitaire de Caen.

Dans une première partie, nous exposerons les récents changements législatifs relatifs au

circuit du médicament. Dans un deuxième temps, nous présenterons les spécificités de

l’activité de radiopharmacie, ainsi que le circuit classique du médicament

radiopharmaceutique. Enfin, dans une troisième partie, nous nous attarderons sur les outils

ayant permis la sécurisation du circuit du médicament radiopharmaceutique au CHU de Caen:

l’assurance qualité, l’informatisation de la radiopharmacie et la création d’une zone à

atmosphère contrôlée.

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I – SECURISATION DU CIRCUIT DU MEDICAMENT

1) Circuit du médicament

a) Définition

Le circuit du médicament à l’hôpital se singularise par sa transversalité. Il nécessite

l’intervention de différents professionnels, dont les actes sont par ordre chronologique :

� La prescription, acte médical,

� La dispensation, acte pharmaceutique,

� L’administration, acte infirmier.

La multiplicité des intervenants renforce la nécessité des objectifs de sécurisation du circuit

du médicament, qui sont principalement3 :

- L’optimisation de la prise en charge thérapeutique du patient, tant en terme de qualité,

que de fiabilité et de délai,

- La réduction du nombre des erreurs médicamenteuses évitables à chaque étape du

circuit,

- L’amélioration de l’efficacité et de l’organisation du circuit au niveau des unités de

soins et de la pharmacie.

La prise en charge du patient implique la notion d’équipe. Cette équipe est non seulement

soignante, mais aussi administrative et logistique. L’environnement du patient doit être pris en

compte par la création d’un véritable réseau de soins associant médecin, pharmacien,

infirmier, technicien ou manipulateur en électroradiologie médicale (MERM).

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- 11 - 11

Figure 1 : Circuit du médicament

b) Réglementation

Le circuit du médicament à l’hôpital est un processus transversal dont les bases législatives et

réglementaires sont décrites dans l’arrêté du 31 mars 1999 relatif à la prescription, la

dispensation, et l’administration des médicaments soumis à la réglementation des substances

vénéneuses dans les établissements de santé ; le décret du 26 décembre 2000 relatif aux

pharmacies à usage intérieur ; la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002 et le décret

du 24 août 2005 relatif au contrat de bon usage des médicaments et des produits et prestations

mentionné à l’article L. 162-22-7 du code de la sécurité sociale. Ce processus prend en

compte l’interdépendance entre tous les professionnels de santé. De sa bonne organisation

dépend la sécurité du patient et la minimisation des risques iatrogènes liés à la thérapeutique.

i) Arrêté du 31 mars 1999

Il comprend les points essentiels des modalités de dispensation à partir de la prescription et

définit les informations accessibles au pharmacien4. Son champ d’application concerne les

médicaments appartenant au régime des substances vénéneuses, dont tous les médicaments

radiopharmaceutiques font partie.

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- 12 - 12

De plus, cet arrêté institue :

� L’accès pour le pharmacien au dossier patient en amont et aval de la

prescription (article 6) ;

� Le signalement de la non-administration et sa communication au pharmacien en même

temps qu’au médecin (article 8) ;

� La conservation des doubles d’ordonnances pendant 3 ans à la pharmacie (article 3) ;

� La possibilité d’une transmission informatique de la prescription et des échanges avant

la préparation des doses (article 3).

ii) Décret du 26 décembre 2000

Dans ce décret, la pharmacie à usage intérieur voit ses missions de dispensation,

d’information, d’évaluation et de contribution à la sécurité des traitements en aval de la

prescription, rendues opposables et obligatoires avec obligation de moyens5.

Le deuxième alinéa de l’article R. 5104-15, précise que les autres activités pharmaceutiques

peuvent en outre être assurées par les PUI disposant des moyens nécessaires à cet effet. Ces

activités optionnelles soumises à autorisations spéciales sont :

- « La réalisation des préparations hospitalières à partir de matières premières ou de

spécialités pharmaceutiques ;

-La réalisation des préparations rendues nécessaires par les expérimentations ou essais des

médicaments mentionnés aux articles L. 5126-11 et L. 5126-12 ;

-La délivrance des aliments diététiques destinés à des fins médicales spéciales mentionnés au

13° de l'article L. 5311-1 ;

-La stérilisation des dispositifs médicaux dans les conditions prévues par le décret mentionné

à l'article L. 6111-1 (alinéa 4) ;

- La préparation des médicaments radiopharmaceutiques ».

Il y a donc obligation de moyens pour les missions permanentes, alors que les cinq missions

optionnelles, dépendant d’activités spécifiques des établissements, doivent être autorisées par

l’inspection en pharmacie, sous réserve de moyens.

Ce décret instaure et définit aussi, par l’article R.5104-52 les prérogatives du Comité du

Médicament et des Dispositifs Médicaux Stériles (COMEDIMS qui remplace le Comité du

Médicament), notamment en termes de prescription et de bon usage du médicament.

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- 13 - 13

iii) Loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002

Cette loi dite de modernisation sociale définit la lutte contre la iatrogénie médicamenteuse

comme une mission du COMEDIMS. Ce texte est un signal fort de volonté de modernisation

et de sécurisation du circuit du médicament au sein des établissements de santé6.

Par le quatrième alinéa de l'article L.5126-5 du Code de la Santé Publique, la PUI se voit

charger de la préparation des médicaments et des dispositifs médicaux stériles (DMS) et doit

en assurer la qualité. Cette notion de Qualité, nouvellement définie, se déroule donc sous la

responsabilité du pharmacien gérant.

iv) Décret du 24 août 2005

Ce décret mentionné à l'article L. 162-22-7 du CSS7, prévoit que certaines spécialités ainsi

que des produits et prestations, figurant sur des listes fixées par l’état, bénéficient d’une prise

en charge par les organismes d’assurance maladie sur la base de factures, en plus des

prestations d’hospitalisation. Cette prise en charge est intégrale si l’établissement concerné

signe un « contrat de bon usage des médicaments et des produits et prestations ». Elle est

limitée lorsque l’établissement n’adhère pas à un tel contrat. Les obligations générales de

l’établissement figurent dans le chapitre 1 du contrat et précise que l’établissement signataire

s’engage notamment à améliorer et à sécuriser le circuit interne du médicament. Le contrat de

bon usage rappelle que la prescription, la dispensation et l'administration des médicaments

doivent faire l'objet d'une traçabilité jusqu'au patient.

c) Différentes étapes du circuit du médicament

Le circuit du médicament doit apporter au malade la qualité et la sécurité médicamenteuse.

L’organisation de ce circuit doit réduire au maximum le risque médicamenteux aboutissant à

des effets iatrogènes, préjudiciables pour le patient et majorant le coût de l’hospitalisation.

Le circuit du médicament doit être organisé sur un modèle de dispensation et non pas d’une

simple distribution dont la maîtrise des différentes étapes n’est pas assurée. Il doit respecter

dans l’ordre suivant, prescription – dispensation – administration.

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- 14 - 14

i) La prescription

Le décret n°92-329 du 30 mars 1992 relatif au dossier médical établit que l’ordonnance est un

document du dossier médical, obligatoire en milieu hospitalier8. Par ailleurs, prescrire est un

acte médical clairement défini dans le code de déontologie médical (décret n°95-1000 du 6

septembre 1995)9. Il précise que la prescription constitue un préalable à toute dispensation du

médicament, d’une part, et que le médecin doit formuler ses prescriptions avec toute la clarté

indispensable, veiller à leur compréhension et s’efforcer d’obtenir la bonne exécution du

traitement, d’autre part. Le législateur prévoit aussi que pour les patients hospitalisés, la

prescription peut être rédigée, conservée et transmise de manière informatisée sous réserve

qu’elle soit identifiée et authentifiée par une signature électronique et que son édition sur

papier soit possible (arrêté du 31 mars 1999)4.

Formulation de la prescription :

Conformément au Code de la Santé Publique, aux recommandations de l’HAS et aux

préconisations de l’Agence Régionale de l’Hospitalisation elle comporte :

� Le nom et prénom du patient, son sexe et sa date de naissance ; si nécessaire, son poids et sa

surface corporelle ;

� La qualité, le nom et la signature du prescripteur ; l’identification de l’unité des soins en

conformité avec le fichier de structure de l’établissement ;

� La date et l’heure de la prescription, qu’il s’agisse d’une prescription initiale, d’une

réactualisation, d’une substitution ou d’un arrêt de traitement ;

� La dénomination commune du médicament, son dosage et sa forme pharmaceutique ; sa

voie d’administration ; sa posologie ; le rythme ou les horaires de l’administration ;

� Pour les médicaments injectables, la vitesse et la durée de perfusion, en clair ou par

référence à un protocole préétabli.

De la qualité de la prescription dépend la qualité du circuit du médicament. Cependant, en

pratique, les prescriptions sont rarement conformes voir inexistantes. Les exigences des textes

sont peu respectées, car lourdes et longues à appliquer10. Des études ont, de plus, montré que

la façon la plus efficace d’obtenir des prescriptions, non seulement conformes mais aussi

facilement exploitables par les infirmières-MERMs et le pharmacien était d’utiliser l’outil

informatique.

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- 15 - 15

ii) La dispensation

La dispensation est définie dans le Code de la Santé Publique (art. R. 4235-48-3) comme

l’acte associant à la délivrance de médicaments11 :

� L’analyse pharmaceutique de l’ordonnance ;

� La préparation éventuelle des doses à administrer ;

� La délivrance des médicaments aux services de soins.

Analyse pharmaceutique de l’ordonnance :

L’analyse pharmaceutique s’effectue selon les dispositions prévues par le Code de la Santé

Publique. Son organisation est définie en fonction des moyens humains disponibles à la

pharmacie12.

• Sur le plan réglementaire, elle vise à vérifier que rien n’interdit la délivrance

des médicaments prescrits (habilitation du prescripteur, identifiants du patient, du service,

etc.).

• Sur le plan pharmaco-thérapeutique, elle requiert l’accès aux données utiles du

dossier du patient. L’analyse consiste à :

o vérifier la posologie, le mode d’administration et les incompatibilités

éventuelles ;

o rechercher et évaluer les redondances de prescription, les interactions

médicamenteuses ;

o adapter les doses selon la fonction rénale et hépatique du patient ;

o visualiser le niveau de preuve des différents éléments de la

prescription ;

o vérifier les cumuls de doses pour certains médicaments.

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- 16 - 16

L’analyse concerne aussi les préparations magistrales ou hospitalières en termes de pertinence

scientifique et de faisabilité réglementaire et technique. La traçabilité de l’analyse de

l’ordonnance est assurée et sa validation est effectuée compte tenu des éléments

raisonnablement disponibles. En cas d’anomalie dans la prescription, le pharmacien émet un

avis thérapeutique au prescripteur et une trace de cet échange est conservée.

Préparation des doses à administrer :

Les préparations réalisées peuvent être de diverses natures : préparations magistrales,

préparations hospitalières et préparation unitaire (reconditionnement). Cette dernière

opération inclut la division des présentations multidoses et leur reconditionnement sous forme

unitaire ainsi que l’étiquetage13.

Les préparations magistrales et hospitalières, ainsi que la préparation des doses à administrer,

sont réalisées selon les recommandations des Bonnes Pratiques. Le système d’information

permettra une traçabilité de cette préparation des doses, en identifiant le secteur de

production, les composants de la production ainsi que les personnes intervenantes et leur

qualification. L’étiquetage sera conforme à la réglementation, et notamment aux dispositions

du Code de la Santé Publique.

Délivrance des médicaments aux services de soins :

C’est la mise à disposition des secteurs d’activité clinique, des médicaments prescrits dans un

délai adapté à leur utilisation. Cette étape nécessite que soit tracée la date de péremption des

produits délivrés et le numéro de lot, spécialement pour les médicaments dérivés du sang.

iii) Administration

Le décret de compétence n°2002-194 relatif aux actes professionnels et à la profession

d’infirmier et de MERM positionne l’acte d’administration comme étant un acte délégué soit

sur prescription médicale soit dans le cadre de protocoles de soins d’urgence préalablement

écrits, datés et signés par le médecin responsable6.

Par ailleurs, l’arrêté du 31 mars 1999 précise que les informations relatives aux

administrations des doses médicamenteuses doivent pouvoir être communiquées au

pharmacien à tout instant à sa demande4.

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- 17 - 17

Là encore, l’outil informatique est reconnu comme le moyen permettant de façon aisée toute

information utile à la bonne administration du médicament (le bon médicament, au bon

patient, au bon moment) et de tracer l’acte d’administration.

L’analyse des textes réglementaires montre que deux des principaux paramètres permettant

une sécurisation optimale du circuit du médicament sont : la mise en place d’un système

qualité efficace et l’informatisation de ce circuit. Nous développerons dans les deux prochains

chapitres les principaux fondements de ces notions.

2) Qualité

a) Historique de la « Qualité »

La notion de démarche qualité est née au cours de la dernière guerre mondiale à la suite d’un

problème de fabrication d’armes aux USA. Cette difficulté de production a conduit le général

E.W. Deming à développer, ou plutôt populariser le concept de maîtrise des processus, qui est

devenu le célèbre cycle PDCA (Plan, Do, Check, Act). Ce concept est plus connu sous le nom

de « roue de Deming ». Ce processus d’amélioration permanente et continue est encore

aujourd’hui un des principes de base de la qualité (cycle sera ci-après).

Si cette démarche qualité a d’abord été utilisée dans l’industrie, elle s’est ensuite développée

dans tous les secteurs de l’économie, l’environnement, les services et naturellement la

santé14,15.

L’approche de la qualité des soins a été essentiellement évaluative, procédant de la

comparaison du produit fini à un référentiel. Les premières démarches de ce type ont été

menées aux Etats-Unis sous l’impulsion du chirurgien Ernest A. Codman dès 1942 qui

mesure « l’efficacité d’une structure de soins au travers de la qualité des produits qu’il

élabore ». A cet effet, il fonde le « College of Surgeons » destiné à établir les références

nécessaires à une standardisation des pratiques médicales. Il établit d’emblée un lien entre

cette standardisation et le coût des soins dispensés par un hôpital. Le « College of Surgeons »

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- 18 - 18

sera remplacé en 1953 par la « Joint Commission on Accreditation of Hospitals (JCAH) »,

s’intéressant à l’activité médicale dans son ensemble.

Sous la pression économique des puissantes compagnies d’assurance privées américaines, les

services hospitaliers se voient contraints dès 1960 de prouver la qualité de leurs soins au

« Health Care Financing Administration (HCFA) », structure chargée de financer ce

programme en s’assurant principalement de la qualité des soins dispensés aux bénéficiaires.

Le passage aux notions modernes de la qualité des soins et de son évaluation ne seront

définies par Lohr qu’en 1990 :

« La qualité des soins est le niveau auquel parviennent les organisations de

santé en termes d’augmentation de la probabilité des résultats souhaités pour

les individus et les populations et de compatibilité avec l’état des

connaissances actuelles. »

« L’évaluation de la qualité des soins est une activité formelle destinée à

identifier des problèmes dans la délivrance des soins, à concevoir des mesures

correctives et à réaliser un suivi afin de s’assurer qu’aucun problème nouveau

n’a été introduit et que les mesures correctives sont effectives. »

En France, la démarche qualité a également débuté par la diffusion de référentiels permettant

d’évaluer la qualité du service. Il s’agit des Bonnes Pratiques de Fabrication, des Bonnes

Pratiques de Préparations, des Bonnes Pratiques de Laboratoire et Bonnes Pratiques

Cliniques.

La véritable entrée du système de soins français dans la démarche qualité a été concrétisée par

la création en 1990 de l’ANDEM (Agence Nationale pour le Développement de l’Evaluation

Médicale). L’étude de la qualité des soins reste globalement évaluative dans notre pays. Ceci

s’observe dans le contenu de la loi du 31 juillet 1991 se rapportant à la normalisation des

systèmes d’information hospitaliers, et introduisant l’utilisation de l’outil informatique pour le

traitement des données administratives mais aussi médicales. L’ANAES (Agence Nationale

d’Accréditation et d’Evaluation de la santé) fut créée par ordonnance du 24 Avril 1996 pour

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- 19 - 19

remplacer l’ANDEM. L’ANAES oblige tous les établissements de santé publics et privés à

être accrédités. Cette procédure d'évaluation externe, effectuée par des professionnels

indépendants de l'établissement et de ses organismes de tutelle, évalue l’ensemble du

fonctionnement et des pratiques de l’établissement. Elle vise « à assurer la sécurité et la

qualité des soins donnés au malade et à promouvoir une politique de développement continu

de la qualité au sein des établissements de santé."

b) Définitions

i) Qualité

La «Qualité» peut se définir comme la capacité à atteindre les objectifs opérationnels visés.

La norme ISO 8402-94 définit la qualité comme suit :

« Ensemble des caractéristiques d'une entité qui lui confèrent l'aptitude à satisfaire des besoins

exprimés et implicites ».

Dans la pratique, la qualité se décline sous deux formes, qualité externe et qualité interne16 :

La qualité externe, correspond à la satisfaction des clients. Le client, au sens élargi, est le

consommateur ou le bénéficiaire qui reçoit, utilise et tire un profit du résultat du soin. En

milieu hospitalier, le patient est donc le client principal de l’établissement de santé car il est

l’utilisateur final du produit réalisé. Le produit est le résultat d’activités et de processus

comme le soin, une intervention chirurgicale…Cette « satisfaction-client » pourrait se traduire

par « meilleure prise en charge du patient et des traitements ». Il s'agit de fournir un produit

ou des services conformes aux attentes des clients afin de les fidéliser et ainsi améliorer sa

part de marché. Les bénéficiaires de la qualité externe sont les clients d'une entreprise ou d’un

établissement et ses partenaires extérieurs. Ce type de démarche passe ainsi par une nécessaire

écoute des clients mais doit permettre également de prendre en compte des besoins implicites,

non exprimés par les bénéficiaires.

La qualité interne, correspond à l'amélioration du fonctionnement interne de l'entreprise.

L'objet de la qualité interne est de mettre en oeuvre des moyens permettant de décrire au

mieux l'organisation, de repérer et de limiter les dysfonctionnements. Les bénéficiaires de la

qualité interne sont la direction et les personnels de l'entreprise. La qualité interne passe

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généralement par une étape d'identification et de formalisation des processus internes réalisés

grâce à une démarche participative.

L'objet de la qualité est donc de fournir une offre adaptée aux clients, avec des processus

maîtrisés tout en s'assurant que l'amélioration ne se traduit pas par un surcoût général, qui

serait synonyme d’une mauvaise prise en compte des attentes du client.

Dans le secteur public la qualité permet notamment de rendre compte d'un usage maîtrisé des

fonds publics pour fournir un service adapté aux attentes des citoyens.

L'opposé de la qualité, nommée non-qualité, possède également un coût. En effet il s'avère

généralement plus coûteux de corriger les défauts ou les erreurs que de «faire bien» dès le

départ. D'autre part, le coût de la non-qualité est d'autant plus important qu'elle est détectée

tardivement. A titre d'illustration, réaliser à nouveau un produit défectueux coûtera au final

plus du double du coût de production du produit initial s'il avait été réalisé correctement. Qui

plus est, la différence de coût sera moins grande si le défaut est détecté en cours de production

que s'il est détecté par le client final (insatisfaction du client, traitement de l'incident, suivi du

client, frais de port, etc.).

Figure 2 : Niveau de qualité en fonction des coûts engendrés

Il s'agit donc de trouver le juste équilibre entre la maîtrise optimale des anomalies et un bon

degré de satisfaction-patient, d’optimiser la production et d’en tirer des bénéfices (diminution

des iatrogénies…), tout en y consacrant un budget raisonnable.

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ii) Notion d'amélioration permanente

L'un des principes de base de la qualité est la prévention et l'amélioration continue17. Cela

signifie que la qualité est un projet sans fin dont le but est de prendre en compte les

dysfonctionnements le plus en amont possible. Ainsi la qualité peut être représentée par un

cycle d'actions correctives et préventives, appelé «roue de Deming». Ce cycle comporte

quatre étapes fondamentales. Il permet de développer la prévention afin de réduire le besoin

de correction. Les deux premières phases font partie de l’Assurance Qualité, qui tente de

prévoir les problèmes, a priori, pour les éviter ; les deux autres font partie du Contrôle

Qualité, qui vérifie, a posteriori, ce qui se passe afin de pouvoir corriger les éventuels

problèmes, et donc retourner vers l’assurance qualité.

La première étape, Plan, consiste à planifier la réalisation. Elle se déroule généralement en

trois étapes : l’identification du problème, la recherche des causes racines, la recherche de

solutions avec écriture du cahier des charges et établissement d’un planning.

L'étape Do est la construction, le développement, la réalisation de l'œuvre.

Une fois achevée, on entame l'étape Check qui consiste à contrôler que la solution mise en

place résout bien le problème rencontré. Cette étape utilise des moyens de contrôle divers, tels

que des indicateurs de performance.

Puis, l'étape Act consiste à agir et réagir, c'est-à-dire corriger et améliorer la solution mise en

place, voire à standardiser cette solution. L'étape Act amène ainsi un nouveau projet à réaliser,

donc une nouvelle planification à établir.

Il s'agit donc d'un cycle que l'on représente à l'aide d'une roue. L’avancement de la roue

renvoie à la démarche d’amélioration continue du système qualité. De plus, pour éviter de

"revenir en arrière", on représente une cale sous la roue, qui l'empêche de redescendre et qui

symbolise par exemple un système qualité, un système d'audits réguliers, ou un système

documentaire qui capitalise les pratiques ou les décisions.

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figure 3 : roue de Deming

iii) Démarche qualité

L'amélioration de la qualité, interne et externe, permet à l'entreprise de travailler dans de

meilleures conditions avec ses bénéficiaires, ce qui se traduit par une relation de confiance et

des gains sur le plan financier (optimisation des dépenses) ou humain (clarification des rôles,

des besoins et de l'offre, motivation du personnel).

Il s'agit toutefois d'un effort impliquant l'ensemble du service et/ou de l’établissement et

conduisant la plupart du temps à des modifications des habitudes de travail, voire des

changements organisationnels. Ainsi on appelle «démarche qualité» l'approche

organisationnelle permettant un progrès permanent dans la résolution des non-qualités. Il

s'agit d'une démarche participative, c'est-à-dire à laquelle doit nécessairement participer

l'ensemble de l'établissement et par conséquent nécessairement portée au plus haut niveau

hiérarchique18.

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iv) Assurance qualité

On appelle «assurance qualité» la garantie du maintien d'un certain niveau de qualité,

fonction des objectifs visés. Elle se décline ainsi sous la forme d'un référentiel documentaire

formalisant les méthodes mises en œuvre à cet effet. La norme 8402-94 en donne la définition

suivante :

« Ensemble des activités préétablies et systématiques mises en œuvre dans le cadre du

système qualité, et démontrées en tant que de besoin, pour donner la confiance

appropriée en ce qu'une entité satisfera aux exigences pour la qualité ».

L'assurance qualité a ainsi pour but de rassurer le patient sur la qualité de la prestation de

l'établissement. Elle se décline sous la forme d'un document écrit, appelé «manuel

d'assurance qualité», récapitulant l'ensemble de la politique qualité de l'entreprise.

L’accréditation est ainsi une reconnaissance écrite, d'un tiers indépendant, de la conformité

d'un service, d'un produit ou d'un système à un niveau de qualité. La certification se fait

généralement par rapport à une norme, préférentiellement internationale. Parmi les principales

certifications citons notamment la famille ISO 9000 (International Standard Organisation ISO

9000, ISO 9001, IS0 9004, ISO 10011) et l’EFQM (European Foundation for Quality

Management)17.

Depuis quelques années, la qualité aborde également les problèmes réglementaires de

sécurité, d'hygiène ou de protection de l'environnement, c'est la raison pour laquelle de

nombreuses certifications spécifiques ont vu le jour.

c) Réglementation

L’arrêté relatif aux Bonnes Pratiques de Pharmacie Hospitalière (juin 2001)19, de même que la

loi 2002-73 du 17 janvier 2002, dite de modernisation sociale, ont introduit pour l’ensemble

de l’exercice pharmaceutique la notion de Qualité ». Le développement, les processus de

fabrication, la gestion administrative et le management font partie de cet exercice. Des normes

ont vu le jour dans cette optique. La plus populaire d'entre elles est la norme ISO, publiée par

l'Organisation internationale de normalisation. Cette norme est un ensemble de règles qui

visent à stabiliser un système de production d’une entreprise ou d’un établissement, de façon à

assurer une qualité égale aux produits.

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Dans cette optique, ces normes chercheront notamment à s'aligner sur un ensemble de bonnes

pratiques, voire à développer une politique de certification dans certains cas, que ce soit sur le

plan de la gestion de projet et des processus de développement et de déploiement, ou sur le

front de la maintenance et des services rendus à l'utilisateur final, liés notamment au support

et à l'exploitation20.

En pharmacie, et plus précisément en pharmacotechnie hospitalière, le socle du système

qualité repose sur l’application des Bonnes Pratiques de Préparations21 récemment applicables

(voir ci-avant), mais aussi les Bonnes Pratiques de Pharmacie Hospitalière (article R 5126-14

du CSP) auxquelles sont soumises les PUI. Par souci de synthèse de ce document, ces

Bonnes Pratiques ne seront pas développées. Notons également que ces BPP possèdent des

lignes directrices particulières aux médicaments radiopharmaceutiques et d’autres aux

médicaments stériles.

d) Objectifs en pharmacotechnie

Les objectifs de la qualité en pharmacotechnie dans les établissements de santé sont les

mêmes que ceux usuellement reconnus dans l’industrie.

Ces objectifs sont :

- Maîtriser le fonctionnement interne et éliminer les dysfonctionnements,

- Capitaliser le savoir-faire,

- Améliorer les relations avec les interlocuteurs,

- Définir sans ambiguïté,

- Assurer la reproductibilité,

- Maîtriser et assurer la qualité d’un produit.

Les principaux outils permettant d’obtenir un système qualité optimal en pharmacotechnie

sont de professionnaliser chaque collaborateur, d’harmoniser et de capitaliser les méthodes de

travail.

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i) Professionnaliser chaque collaborateur :

Il est de la responsabilité de l’encadrement de définir les pratiques à mettre en œuvre au

quotidien. Leur formalisation facilite l’appropriation par le personnel et renforce le

professionnalisme. La définition des méthodes de travail permet de généraliser « ce qui se fait

de mieux » et de le faire partager à chacun.

ii) Harmoniser les méthodes de travail

L’engagement de chacun dans une même démarche progrès, apporte plus de cohésion au sein

d’un service de soin. Le fonctionnement interne est amélioré : décloisonnement du service,

implication de l’ensemble du personnel, échanges entre collaborateurs…Faire appliquer,

améliorer, partager et généraliser les meilleures pratiques facilitent une des missions de

l’encadrement : fédérer le métier. Mais la tâche est quelquefois difficile car plusieurs facteurs

peuvent expliquer l’hétérogénéité des pratiques : histoire de l’établissement et du service,

manque de rigueur des méthodes en place, faible communication managériale sur ce qui se

fait de bien, absence de capitalisation, incompatibilité de certains processus, réticence à

l’adoption de nouvelles méthodes de travail….

iii) Capitaliser les méthodes de travail :

Définir les bonnes pratiques permet de formaliser et d’optimiser des méthodes de travail déjà

existantes. Un des principaux avantages de cette démarche est de pouvoir disposer d’un cahier

des charges du professionnel et de le remettre à toute personne qui exercerait le nouveau

métier. Connaître immédiatement ce qu’il faut faire est nettement plus efficace que d’avoir à

tout redécouvrir soi-même. Recrutement, prise de poste par mobilité interne, revue et mise à

jour de l’ensemble des pratiques sont trois applications de cette démarche.

La rédaction de documents fait partie intégrante du système d’assurance qualité. Ces

documents ont pour objet de préciser les dispositions générales retenues pour maîtriser la

gestion de la qualité, de donner des instructions précises pour produire et contrôler et de

recueillir toutes les informations sur le déroulement des opérations de gestion et de contrôle

du produit fini.

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Ils suppriment ainsi les risques inhérents à toute communication orale et permettent de

reconstituer l’historique de toutes les opérations réalisées. Ils doivent être tenus à jour à l’aide

d’une procédure appropriée en s’appuyant sur des référentiels-métiers et sur la

réglementation.

La documentation est un outil et, comme tel, doit être efficace, donc suffisante et sans excès.

Cette documentation permet de formaliser, de capitaliser le savoir-faire de l’établissement et

de faciliter l’adaptation au poste de travail.

e) Système de Management de la Qualité

L’organisation réglementaire est habituellement représentée sous la forme d’une

pyramide appelée pyramide documentaire. Cette configuration hiérarchique permet de

décomposer les tâches à réaliser, en partant de leur représentation globale (stratégique),

jusqu'à leur exécution (opérationnelle), tout en fixant entre temps leurs modalités de

réalisation(organisationnelle).

Reprenant ce principe, l'ISO a déterminé un découpage de système documentaire de

l'entreprise selon 4 niveaux.

Un premier niveau représente les grands principes généraux, exprimés dans un manuel

qualité. Le niveau suivant représente quant à lui, les procédures d'organisation qui sont mises

en œuvre pour atteindre les principes généraux exprimés dans le manuel qualité. Le troisième

niveau dans lequel figurent les instructions de travail qui expriment de façon détaillée la

manière d'accomplir ou de réaliser une tâche précise ; enfin, à la base de la pyramide, se

trouvent les enregistrements documentés qui constituent les preuves tangibles de la bonne

application du système18.

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Figure 4 : Pyramide documentaire

- Le Manuel Qualité (MAQ) :

Le manuel qualité se situe au sommet de la hiérarchie des documents et introduit tous les

autres documents du Système Qualité. Il décrit et codifie les méthodes et procédures générales

de l'établissement en vue d'assurer l'obtention et le maintien de la qualité de ses produits ou

services. Ce manuel, sera complété par des procédures détaillées qui seront, de préférence,

rédigées par les personnes concernées par l'organisation et le fonctionnement de chaque

secteur. Il est en effet souhaitable d’intéresser le plus de monde possible à la rédaction des

procédures et que la diffusion aux autres personnels soit assurée le plus largement possible.

- Les procédures :

Une procédure décrit un ensemble d'actions et de règles à accomplir pour obtenir un résultat

défini. Elle a, entre autre, pour objectif de contribuer à l'accroissement de la compétitivité de

l'organisme par le développement de l'efficacité organisationnelle. Les procédures détaillées

doivent rester confidentielles et peuvent n'être présentées qu'à quelques personnes ayant

réellement besoin d'en prendre connaissance, lors des audits par exemple. Ces procédures sont

vivantes et doivent être mises à jour, soit lorsqu'un changement important survient, soit

révisées systématiquement, tous les ans ou tous les deux ans, par exemple.

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- Les instructions spécifiques de travail, encore appelées documents opérationnels :

Ce sont des documents qui décrivent une action effectuée : instruction, modes opératoires,

fiches de postes, protocoles, préconisations, formulaires d’enregistrement. Le nombre de

documents opérationnels est variable en fonction de la complexité des opérations à effectuer.

Les principales qualités de ces instructions sont :

*Pragmatisme : formaliser ce qui se fait de mieux sur le terrain

*Efficacité : s’appuyer sur la formation et la qualité pour permettre une

excellence de chaque métier

*Simplicité : les bonnes pratiques doivent être connues, comprises…

pour être appliquées.

- Les enregistrements documentés :

Un enregistrement a pour fonction de faire la preuve de la conformité du produit ou service

aux exigences et démontrer l'efficacité du système qualité. Ce sont les enregistrements relatifs

à la qualité qui permettront de prouver que le système qualité décrit dans le Manuel Qualité

est effectivement mis en application.

Nous venons de voir que la démarche qualité est la condition sine qua non à la sécurisation du

circuit du médicament. Elle permet, par le recours aux référentiels, l’harmonisation des

méthodes de travail et un outil d’amélioration permanente des pratiques.

Pour agir sur l'amélioration du circuit du médicament dans les établissements de santé, une

des voies passe aussi par l'informatisation du circuit du médicament, qui n'est pas une simple

automatisation de procédures existantes, mais une réorganisation en profondeur de ce circuit.

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3) Informatisation

a) Définition

L’optimisation des processus formant le circuit du médicament dans les établissements de

santé constitue un enjeu important, car une telle démarche accompagne à la fois des objectifs

d’amélioration de la qualité des soins et des préoccupations de rationalisation logistique et

économique. Ces processus, qui portent notamment sur la prescription, son analyse et sa

validation, ainsi que sur la préparation et la dispensation des médicaments, doivent s’appuyer

sur des systèmes d’information hospitaliers inter-opérables et communicants, permettant une

coopération efficace dans la prise en charge des patients22.

L’informatisation du circuit du médicament constitue donc une voie privilégiée pour

l’amélioration des pratiques, à condition toutefois que cette démarche ne soit pas limitée à une

simple automatisation des procédures, sans une indispensable réflexion sur les organisations à

mettre en place.

Figure 5 : Processus formant le circuit du médicament dans les établissements de santé

L’informatisation du circuit du médicament à l’hôpital est une nécessité aussi bien pour le

patient que pour les professionnels de santé. Ses enjeux sont considérables, tant sur le plan de

la réglementation et de l’amélioration de la qualité des soins, que sur le plan économique. La

problématique de la démarche est complexe, associant l’identification des besoins, une

réorganisation quasi systématique du circuit du médicament et le choix d’un logiciel

adapté22,23.

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Cette démarche organisationnelle doit faire l’objet d’un projet global inscrit dans le projet

d’établissement ou d’un service. Sa mise en place est une des obligations générales du contrat

de bon usage des médicaments, produits et prestations. Informatiser le circuit du médicament

suppose la gestion, dans un souci continu de traçabilité, de contrôle et de performance, de

l’ensemble des actions qui interviennent dans l’utilisation des produits pharmaceutiques.

b) Réglementation

Les textes juridiques régissant l’informatisation du circuit du médicament sont

essentiellement des circulaires. Elles ne font donc l’objet que de recommandations, et ne sont

donc pas opposables spécifiquement aux responsables du circuit du médicament24.

- La circulaire du 2 janvier 1985 est relative à l’informatisation des

systèmes de dispensation (circulaire 658/DPhM BO 82/2bis). Elle présente un guide pour

l’information des systèmes de dispensation des médicaments et de gestion des pharmacies

hospitalières25.

- La circulaire du 15 septembre 1986 est relative à l’information des

systèmes de dispensation des médicaments et de gestion des pharmacies hospitalières

(circulaire 677 BO 87-2bis). Cette circulaire recommande une informatisation modulaire

correspondant à une automatisation progressive du plus grand nombre d’activités. Elle précise

que le système informatique devrait assurer une indépendance des systèmes de traitements

pharmaceutiques et une intégration de l’informatique à des applications spécifiques26.

- La circulaire du 17 février 1987 est relative à la mise en place d’une

mission pour l’informatisation des pharmacies hospitalières (circulaire 175 BO 87-18). Elle

présente la mission pour l’informatisation des pharmacies hospitalières mise en place par le

centre d’étude sur la pharmacie hospitalière (CEPH). Elle a pour objectif de mener des actions

pour favoriser le développement de l’usage informatique dans la pratique pharmaceutique

hospitalière27.

- L’arrêté du 31 mars 1999 relatif à la prescription, à la dispensation et

à l’administration des médicaments soumis à la réglementation des substances vénéneuses

dans les établissements de santé, prévoit que la prescription peut être rédigée, transmise et

conservée de manière informatisée, sous réserve que son auteur soit parfaitement identifié et

que son édition sur papier soit possible4.

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- L’arrêté du 22 juin 2001 est relatif aux bonnes pratiques de pharmacie

hospitalière. Il mentionne la nécessité d’un système informatique qui s’intègre dans le

système d’information hospitalière. Ces bonnes pratiques traitent de l’archivage informatique

et des logiciels. Ceux-ci doivent permettre la sauvegarde et l’archivage. La révision de ce

texte a été réalisée à l’occasion de la parution au journal officiel du 21 novembre 2007 des

Bonnes Pratiques de Préparation (BPP). Ces nouvelles BPP imposent que soit établi un

cahier des charges et une qualification du système informatisé, en collaboration étroite entre

le pharmacien et le prestataire informatique (interne ou externe à la structure). Le responsable

de la pharmacie, ou l’établissement dont il dépend, conclut un contrat avec l’organisme

chargé de l’assistance et de la maintenance du système informatisé.

c) Enjeux de l’informatisation

Au-delà des bénéfices apportés par la mise en place d’un système de gestion, des bénéfices

sont associés à la fonction de « pilotage » du circuit du médicament. Ces données du système

de gestion permettent, grâce au gain de temps apporté par l’informatisation, de piloter plus

finement et d’agir sur la qualité des soins, la diminution des dépenses, ainsi que sur la

prévention des incidents28,29.

i) Enjeux de qualité des soins

Les enjeux de l’informatisation du circuit du médicament tiennent une place essentielle dans

les démarches de qualité et d’accréditation des établissements de santé. L’informatique

normalise les données circulantes : il évite ainsi les déchiffrages hasardeux d’une écriture

illisible et les retranscriptions souvent à l’origine d’erreurs. Certains auteurs évaluent ce

risque d’erreur à 2%30.

Les documents de travail issus du système informatique peuvent aussi être organisés en

fonction de leur usage (plan de fabrication pour les préparateurs, plan d’administration pour

les infirmiers, ordonnanciers divers pour la traçabilité…) dans un but d’optimiser les données

nécessaires à leur utilisateur. Alors que, par manque de temps, de place ou d’oubli, les

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recopiages entraînent inévitablement une perte d’informations, l’informatisation permet au

contraire la transmission de données intégrales.

Enfin, la rapidité, la rigueur et la fiabilité de l’informatique augmentent la disponibilité d’une

information complète et réactualisée pour l’ensemble des acteurs de santé. Ainsi, grâce à une

plus grande efficacité dans le traitement et la manipulation de l’information, l’informatique

augmente la qualité et l’efficacité des trois étapes du circuit du médicament : prescription,

dispensation et administration.

ii) Enjeux économiques

Les économies réalisées grâce à l’informatisation du circuit du médicament sont liées à

l’amélioration de la qualité des soins, et notamment à la diminution des erreurs de médication.

Par ces termes, il faut entendre une diminution des erreurs de prescription, de retranscription,

de dispensation ou d’administration. Si elles ne sont pas interceptées à temps, elles peuvent

aboutir à un incident médicamenteux. Contrairement à un effet indésirable, un incident de ce

type remet en cause l’organisation et la qualité du traitement. Tandis que le rattrapage et

l’interception des erreurs sont très chronophages, les incidents médicamenteux ont des

conséquences économiques importantes : journées d’hospitalisation supplémentaires,

examens complémentaires, médicament pour « réparer » l’incident… Les systèmes

informatiques, grâce à leur possibilité d’interdire ou d’intercepter systématiquement certaines

erreurs, augmentent la sécurité globale du circuit du médicament. Ils permettent de réduire les

dysfonctionnements et les incidents qui en découlent. Les économies réalisées s’expriment

donc en terme de qualité et d’efficacité, tant pour l’hôpital que pour le patient.

L’informatisation du circuit a aussi un impact sur le budget du médicament. Il a été

démontré31,32, que l’informatique diminuait le coût et le volume de consommation des

médicaments. Grâce à une meilleure gestion du circuit du médicament, l’informatique

diminue aussi le stockage inutile de certaines spécialités, tout en évitant les ruptures de stock,

sources de travail supplémentaire.

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- 33 - 33

iii) Enjeux organisationnels

L’informatisation d’un établissement va aussi permettre une réorganisation presque

systématique du circuit du médicament. Les différents protagonistes se recentrant sur ses

domaines de compétence :

� Le médecin, dont l’identification est garantie par un code, rédige une

prescription sans laquelle l’administration de médicament n’est plus possible. Ces

prescriptions sont contrôlées en temps réel par le logiciel, obligeant le médecin à saisir toutes

les zones obligatoires si nécessaire.

� Le pharmacien se trouve recentré sur l’analyse pharmaceutique et sur la

réalisation des préparations. Ses relations avec les personnels médicaux et paramédicaux s’en

trouvent profondément modifiées avec l’instauration d’un partenariat et l’émergence en

routine de la pharmacie clinique.

� L’infirmier ou le MERM voit son acte d’administration des

médicaments revalorisé.

Une difficulté inhérente à l’informatisation est que la facilitation de certains processus peut

engendrer de nouveaux risques. La vigilance doit rester intacte, c’est pourquoi des barrières et

contrôles doivent être mis en place. D’autre part, l’informatisation accompagne l’organisation

pour laquelle elle a été mise en place et, à ce titre, elle n’est pas systématiquement synonyme

de gain de temps. Il est essentiel de rappeler que les outils informatiques ne se substituent pas

à la réflexion humaine et à l’expérience des professionnels.

Après avoir vu les différents outils permettant la sécurisation du circuit du médicament, nous

allons vous présenter les spécificités de la radiopharmacie. La radiopharmacie est la discipline

de la pharmacie qui utilise les médicaments radiopharmaceutiques. Le médicament

radiopharmaceutique peut être définit « tout médicament qui, lorsqu’il est prêt à l’emploi,

contient un ou plusieurs isotopes radioactifs incorporés à des fins médicales ».

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- 34 - 34

II - PRESENTATION ET SPECIFICITES DE LA

RADIOPHARMACIE

1) Histoire des sciences : de la notion d’atome à l’utilisation de

traceur à visées diagnostique ou thérapeutique

a) Atome et Radioactivité33

i) Atome et radioactivité

Dans la culture européenne, la notion d’atome (du grec ancien : ατοµος [atomos], « que l’on

ne peut diviser ») est connue depuis l’antiquité. Dès le Ve siècle av. J.-C., Leucipe et

Démocrite d’Abdère soutiennent que la matière est composée de grains insécables,

impassibles et impérissables : les atomes. Cette conception de la nature est un concept

philosophique intuitif, qui ne se base que sur l’observation de la nature et non sur des bases

scientifiques.

Il faudra attendre 1773 et Lavoisier pour prouver que les atomes sont les constituants de base

de chaque réaction chimique.

Ce n’est qu’en toute fin du XIXéme siècle que la radioactivité a été découverte ; celle-ci peut

se définir comme étant un phénomène physique au cours duquel des noyaux atomiques

instables se désintègrent en dégageant de l'énergie sous forme de rayonnements divers, pour

se transformer en des noyaux atomiques plus stables. Les rayonnements ainsi émis sont

appelés, selon le cas, des rayons alpha, béta ou gamma.

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- 35 - 35

ii) Découverte de la radioactivité naturelle

Figures 6, 7 et 8 : Henri Becquerel (photo de gauche) et Pierre et Marie Curie (photos du milieu et de droite)

En 1896, un savant français, Henri Becquerel, découvre la radioactivité, par accident, alors

qu’il faisait des recherches sur la fluorescence des sels d’uranium.

Le sel d'uranium émet spontanément, même en l'absence d'excitation par la lumière, un

rayonnement pénétrant qui impressionne les plaques photographiques. Henri Becquerel

montre que cette faculté d'émettre des rayons est une propriété intrinsèque de l'élément

uranium. Il appelle ces rayons, « rayons uraniques ».

Au début de 1898, Marie Curie commence un travail de thèse de doctorat sur les rayons de

Becquerel. Elle examine systématiquement un grand nombre de composés chimiques et de

minéraux et découvre que les minerais d'uranium, telle la pechblende, émettent plus de

rayonnements que l'uranium lui-même. De ce fait remarquable, elle déduit que les substances

contiennent, en très petite quantité, un élément beaucoup plus actif que l'uranium. Pierre Curie

joint alors ses efforts à ceux de sa femme pour parvenir à isoler l'élément inconnu qu'ils

qualifient de radioactif.

En juillet 1898, ils découvrent le polonium et, en décembre de la même année, le radium. A

cette occasion, Marie Curie qualifie de radioactif les rayons uraniques de Becquerel.

En 1903, le prix Nobel de physique est attribué conjointement à Henri Becquerel pour « la

découverte de la radioactivité spontanée », et à Pierre et Marie Curie « pour leurs recherches

sur les phénomènes de radiation découverts par le professeur Becquerel ».

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- 36 - 36

iii) Découverte de la radioactivité artificielle

Figure 9 et 10 : Frédéric Joliot et Irène Curie

C'est vers 1932 que le couple de physiciens français Frédéric Joliot et Irène Curie commence

à utiliser, pour des recherches, une source de particules alpha émises spontanément par le

polonium, un élément naturellement radioactif. Grâce à elle, ils peuvent provoquer des

réactions nucléaires dans les atomes des éléments.

Les Joliot-Curie, avec cette nouvelle source de particules alpha, bombardent les éléments et

analysent les réactions nucléaires produites. Ils remarquent que les éléments légers, en

particulier l'aluminium et le bore, éjectent parfois un neutron.

Mais ils observent également un autre phénomène parfaitement inattendu ; "la matière

irradiée, notent-ils, conserve une radioactivité relativement durable après l'enlèvement de la

source de particules alpha, radioactivité se manifestant par l'émission de positons". Ainsi, une

feuille d'aluminium irradiée émet un rayonnement dont l'intensité décroît exponentiellement

en fonction du temps avec une demi-vie de 3 min 15 s. Un résultat analogue est obtenu avec

du bore irradié, mais la demi-vie est différente : 14 min. Ils démontrent que la seule

explication possible est que l'aluminium et le bore, éléments naturellement stables, sont

devenus radioactifs. C’est la découverte de la radioactivité artificielle.

Cette découverte de la radioactivité artificielle en 1934 par Irène et Frédéric Joliot-Curie vont

leur valoir quelques mois plus tard en 1935 un prix nobel.

Cette dernière découverte permettra la naissance de la médecine nucléaire ; encore faudra-t-il

attendre une dizaine d’années supplémentaires pour trouver ses premières applications.

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- 37 - 37

b) Naissance de la médecine nucléaire

Pour que la médecine nucléaire puisse voir le jour, il a fallu réunir trois autres avancées :

l’une est conceptuelle, les deux autres sont techniques.

i) Concept de « traceurs »

Figure 11 : George de Hevesy

Le concept à la base de la médecine nucléaire et qui aujourd’hui a envahi le champ de la

radiologie, du scanner et de l’IRM est ce que l’on appelle depuis G. Hevesy, « la méthode des

indicateurs ». En 1912, G. de Hevesy propose l’utilisation d’éléments radioactifs comme

traceurs. Il l’applique d’abord en chimie puis, en 1923, il propose le Pb-212 comme traceur

pour mesurer l’absorption et le transfert du plomb dans les plantes. En 1934, il utilise l’eau

lourde, D2O (eau deutérée, non radioactive) pour mesurer l’élimination d’eau dans le corps

humain ; surtout, il publie dans Nature en 1935 un article « The formation of the bones is a

dynamic process, involving continuous loss and replacement » qui révolutionne la physiologie

et généralise l’utilisation des traceurs et radiotraceurs, notamment le phosphore-32.

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- 38 - 38

ii) Production des radioéléments artificiels

Figures 12, 13 et 14 de gauche à droite : Ernest Orlando Lawrence, Friedrich Wilhelm Strassman et Otto Hahn, Enrico Ferni

La deuxième avancée, plus technique, est la production à grande échelle de ces nouveaux

radioéléments artificiels. En 1933, E. O. Lawrence construit le premier cyclotron à Berkeley

qui donne l’espoir de la création en routine d’isotopes ; en 1939, O. Hahn et F.W. Strassmann

découvrent la fission du noyau d’uranium ; et en 1942 L. Szilard et E. Fermi obtiennent à

Chicago la divergence de la première pile atomique permettant la production de réactions

nucléaires contrôlées en réacteur.

Cette découverte a conduit à la production des isotopes radioactifs des éléments constituants

de la matière vivante et à leur utilisation comme traceurs ; l'élément radioactif est totalement

indiscernable de son homologue stable naturel, sauf pour l'une de ses propriétés : il est

capable de manifester sa présence dans l'ensemble des atomes par un rayonnement

électromagnétique ou particulaire émis lors de sa désintégration, et donc de révéler ou

« tracer » les différentes phases du processus dynamique biochimique dans lequel il est

engagé. Dès cette découverte, les applications médicales des radioéléments ont été envisagées

aux États-Unis.

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- 39 - 39

iii) Informatique

Figure 15 : Hal Anger et sa caméra

Pendant les vingt-cinq années qui suivent la fin de la deuxième guerre mondiale, les

industriels ont apporté des améliorations, certes significatives, aux détecteurs pour les rayons

X et gamma, ce qui a notamment permis de réduire les doses délivrées aux malades et au

personnel, mais il n’y a eu aucune rupture technologique majeure. En revanche, une imagerie

radicalement nouvelle est née dans les années soixante et ces innovations ont été rendues

possibles par le développement d’ordinateurs suffisamment puissants et financièrement

abordables pour les institutions de soins. En 1951, le scintigraphe est inventé, il permet

d'obtenir l'image d'un organe ayant fixé un indicateur radioactif ; en 1953, apparaît la

première caméra de Hal ANGER, qui est à l'origine des gamma-caméras. Enfin, l'histoire de

la médecine nucléaire se poursuit en 1961 avec la mise en place des premiers tomographes à

émission de positons (TEP).

Après ces rappels historiques succincts sur la notion de radioactivité et l’émergence de la

médecine nucléaire, nous allons aborder la présentation et les différentes spécificités de la

radiopharmacie.

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- 40 - 40

2) Exercice de la radiopharmacie

a) Historique / Contexte

La discipline appelée radiopharmacie est très récente puisqu’elle a pris son essor au début des

années 80. C’est la loi n°92-1279 du 8 décembre 1992 qui, par la définition du médicament

radiopharmaceutique (MRP), reconnaît que la gestion, la préparation, le contrôle et la

dispensation de ces médicaments doivent être sous la responsabilité d’un pharmacien.

Cette loi précise qu’un médicament radiopharmaceutique est « tout médicament qui, lorsqu il

est prêt à l’emploi, contient un ou plusieurs isotopes radioactifs, dénommés radionucléides,

incorporé à des fins médicales »34.

Avant cette loi du 08 décembre 1992, en France, seuls les services de médecine nucléaire

pouvaient acquérir, détenir et utiliser des radiopharmaceutiques. Les personnes chargées des

opérations de préparation et de contrôle des médicaments radiopharmaceutiques étaient, selon

les services, les médecins spécialisés en médecine nucléaire, des pharmaciens biologistes

occupant des fonctions dans le service de médecine nucléaire, des techniciens ou des

manipulateurs en électroradiologie médicale (MERMs).

Depuis cette loi, les radiopharmaceutiques appartiennent au monopole pharmaceutique, au

sens de l’article L.512 du CSP ; les molécules radiomarquées, administrées à l’homme dans

un but diagnostique ou thérapeutique, sont donc des médicaments radiopharmaceutiques. Leur

gestion, préparation, contrôle et dispensation doivent être ainsi placés sous la responsabilité

d’un pharmacien ayant reçu une formation spécialisée adaptée.

La naissance de la radiopharmacie, nouvelle activité optionnelle des PUI, marque le passage

de la responsabilité de la préparation des radiopharmaceutiques du service de médecine

nucléaire à la pharmacie. Etant donné les spécifications requises dans le domaine

pharmaceutique, ce changement de responsabilité se traduit par l'apparition de contraintes

plus importantes, notamment en ce qui concerne l'hygiène et la radioprotection. La gestion de

l'environnement au sein d'une radiopharmacie devient plus complexe. Elle se doit d'être

efficace aussi bien sur le fond que la forme. La mise en place d'un système documentaire

respectant les principes de qualité doit permettre d'améliorer le fond. Le recours aux systèmes

d'information et à l'informatique permet d'améliorer la forme, aussi bien sur le plan de

l'interactivité que sur celui de la coopération avec le service d'hygiène.

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- 41 - 41

b) Politique des produits radiopharmaceutiques

La politique des produits radiopharmaceutiques est peu différente de celle des autres produits

pharmaceutiques telle qu’elle est définie dans le Référentiel de Pharmacie Hospitalière.

Toutefois, l’organisation de cette politique nécessite des aménagements spécifiques, compte

tenu de la nature radioactive de ces produits.

Elle a comme objectif :

� De contribuer à la qualité des actes, dans ce cas particulier des actes de

médecine nucléaire,

� D’assurer des conditions optimales de sécurité pour les patients, le

personnel et l’environnement,

� De participer à la maîtrise des coûts.

Elle concerne le choix des produits, leur achat, approvisionnement et gestion, leur

dispensation et utilisation, l’information et la formation, les vigilances ou la maîtrise des

dépenses.

c) Cadre législatif : spécificités des médicaments radiopharmaceutiques

D’un point de vue juridique, les MRP, qu’ils soient à visée diagnostique ou thérapeutique,

livrés prêts à l’emploi ou préparés sur place, suivent les dispositions concernant l’utilisation

des médicaments et des radionucléides. Ces médicaments sont donc soumis à la double

législation35 :

- Législation du médicament et de leur préparation

- Législation des radioéléments artificiels

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- 42 - 42

i) Législation relative aux médicaments radiopharmaceutiques et à leurs préparations

C’est en 1989 que le champ d’application des directives européennes, relatives aux spécialités

pharmaceutiques (directive 65/65/CEE et 75/319/CEE), a été élargi par la directive du conseil

n°89/343/CEE du 3 mai 1989 (JOCE du 25 mai 1989), prévoyant des dispositions

complémentaires pour les produits radiopharmaceutiques. En particulier, cette directive rend

obligatoire l’autorisation de mise sur le marché pour ces produits radiopharmaceutiques36.

En France, la définition des médicaments radiopharmaceutiques (MRP) est apparue dans la

législation dans la loi du 8 décembre 1992 (JO du 11 décembre 1992). En prenant le statut de

médicament, sa gestion, sa préparation, son contrôle et sa dispensation doivent être réalisés

sous la responsabilité d’un pharmacien spécialisé en radiopharmacie. Cette loi du 8 décembre

1992 définit les produits radiopharmaceutiques comme regroupant quatre entités (article L

5121-1) :

- Médicament radiopharmaceutique : un MRP correspond à « tout

médicament qui, lorsqu’il est prêt à l’emploi, contient un ou plusieurs isotopes radioactifs,

dénommés radionucléides, incorporés à des fins médicales ». Ils peuvent être soit des

spécialités pharmaceutiques prêtes à l’emploi, soit des préparations radiopharmaceutiques

préparées à partir de trousses, précurseurs ou générateurs.

- Générateur : un générateur correspond à « tout système contenant un

radionucléide parent déterminé servant à la production d’un radionucléide de filiation obtenu

par élution ou toute autre méthode et utilisé dans un médicament radiopharmaceutique » .

- Trousse : Une trousse correspond à « toute préparation qui doit être

reconstituée ou combinée avec des radionucléides dans le produit radiopharmaceutique

final ».

- Précurseurs : Un précurseur correspond à « tout autre radionucléide

produit pour le marquage radioactif d’une autre substance avant administration ».

Après avoir défini, par la loi du 8 décembre 1992, le cadre juridique du médicament

radiopharmaceutique, le législateur a précisé par le décret 2000-1316 du 26/12/2000 les

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- 43 - 43

conditions d’exercice de la radiopharmacie. Il spécifie que la préparation des médicaments

radiopharmaceutiques est une mission optionnelle de la PUI soumise à autorisation (article

L.5126-9). Il est nécessaire de demander auprès de la DRASS une option radiopharmacie pour

la Pharmacie à usage intérieur (PUI) avec inspection avant délivrance de cette autorisation,

« sous réserve de disposer des moyens en locaux, personnel, équipements et systèmes

d’informations nécessaires ».

Comme toutes les activités de la PUI, la radiopharmacie doit assurer différentes missions

décrites dans le CSP (article L.5126-5) : « la gestion, l’approvisionnement, la préparation, le

contrôle, la détention et la dispensation de ces médicaments », « de mener ou de participer à

toute action d’information sur ces médicaments (…) de contribuer à leur évaluation et de

concourir à la pharmacovigilance », « de mener ou de participer à toute action susceptible de

concourir à la qualité et à la sécurité des traitements. »

ii) Législation relative aux radioéléments artificiels

Cette législation, très stricte, vise à limiter l’exposition des malades et des travailleurs, mais

aussi de l’environnement et du public (article L.1331-1 du CSP).

Les médicaments radiopharmaceutiques, générateurs et précurseurs sont soumis à des règles

précises au niveau de l’acquisition, de la détention et de l’utilisation.

Toute cession ou acquisition de radionucléides, sous forme de sources scellées ou non

scellées, de produits ou dispositifs en contenant, doit donner lieu à un enregistrement

préalable auprès de l’Agence de Sûreté Nucléaire, suivant un formulaire délivré par cet

organisme (article R.1333-47 du CSP). Cet enregistrement entraîne l’attribution d’un numéro

CIREA qui devra figurer sur chaque commande.

L’utilisation et la détention de radionucléides, en vue de leur utilisation à des fins médicales,

sont soumises à autorisation du ministère chargé de la Santé (article R.1333-24 du CSP).

Cette autorisation est accordée à une personne responsable de l’activité, pour une durée et une

activité détenue limitée, un endroit précis et une application donnée. Concrètement, c’est le

plus souvent le chef de service de médecine nucléaire qui est autorisé, pour 5 ans,

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- 44 - 44

renouvelables, pour une quantité et une qualité (type de radionucléides notamment) de

radioactivité37.

Tout détenteur de radionucléides doit aussi être en mesure de justifier en permanence de

l’origine et de la destination des radionucléides présents et connaître l’inventaire des produits

détenus (article R1333-50 du CSP). Les établissements doivent donc mettre en place une

traçabilité optimale des entrées et sorties de sources radioactives sous forme de registre.

Enfin, La circulaire DGS/DHOS n°2001-323 du 9 juillet 2001 indique que chaque

établissement de soins est responsable du tri, de l’élimination et de la gestion des effluents et

des déchets radioactifs liquides et solides qu’il génère. En pratique, chaque établissement doit

disposer d’un plan de gestion interne définissant ces modalités de tri38.

Nous venons de voir les grandes lignes des changements réglementaires issus de la loi du 8

décembre 1992, qui qualifient les molécules radiomarquées administrées à l’homme, de

médicaments radiopharmaceutiques. Dans les chapitres suivants, nous présentons les

différents aspects de la radiopharmacie.

d) Conditions d’exercice de la radiopharmacie

Si la loi du 8 décembre 1992 avait introduit la notion de « pharmacien ayant une compétence

radioisotopique », c’est l’arrêté du 1er décembre 2003 (J.O. 30 janvier 2004) relatif aux

qualifications et à la formation des pharmaciens utilisant des médicaments

radiopharmaceutiques dans les établissements de santé qui permet une reconnaissance de

formation et de qualification39.

Cet arrêté impose une formation distincte du radiopharmacien, ainsi que sa présence dans tous

les établissements possédant une pharmacie à usage intérieur préparant des médicaments

radiopharmaceutiques.

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- 45 - 45

i) Activités du radiopharmacien

Les dispositions de la loi s’appliquent aux PUI dont l’étendue des activités est précisée dans

l’article L.595-2 du CSP. Dans ce cadre, le rôle du radiopharmacien doit s’inscrire dans les

attributions classiques du pharmacien hospitalier, en ce qui concerne la réalisation des

préparations radiopharmaceutiques, l’organisation et la surveillance du système de

distribution, la diffusion de l’information sur les médicaments et leur manipulation, et

l’organisation de la pharmacovigilance en collaboration avec le corps médical.

Cependant, pour la préparation et la délivrance de médicaments radiopharmaceutiques, la

compétence pharmaceutique seule ne suffit pas. En effet, la manipulation d’isotopes

radioactifs nécessite que le pharmacien soit titulaire d’une « qualification en

radiopharmacie ».

ii) Formation du radiopharmacien

L’utilisation particulière des médicaments radiopharmaceutiques nécessite une double

compétence du pharmacien : compétence en pharmacie et compétence « radioisotopique ».

Actuellement, deux cursus sont possibles pour obtenir le titre de radiopharmacien :

- être titulaire du DESC (diplôme d’études spécialisées complémentaires) de

radiopharmacie et de radiobiologie, créé par l’arrêté du 29 avril 1988 et ouvert aux

anciens internes titulaires d’un DES de pharmacie hospitalière, de biologie

médicale, de pharmacie spécialisée ou de pharmacie industrielle et biomédicale.

Les pharmaciens utilisant les médicaments radiopharmaceutiques au sein d’une

Pharmacie à Usage Intérieur doivent à compter du 31 décembre 2005 être

obligatoirement formés et qualifiés par l’obtention de ce DESC (arrêté du 1er

décembre 2003)33.

- Se présenter devant un jury d’expert dans le cadre de la « validation des acquis de

l’expérience ». Il faudra alors démontrer l’exercice de la radiopharmacie depuis au

moins 3 ans pour obtenir ce titre.

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- 46 - 46

e) Régime d’autorisation

L’activité de radiopharmacie nécessite l’obtention de deux autorisations :

� Celle du service de médecine nucléaire pour « l’utilisation et la détention en vue de

leur utilisation de radionucléides ou produits ou dispositifs en contenant, à des fins médicales

ou de recherche biomédicale » (art. R.1333-24 du CSP). Cette autorisation est délivrée à la

personne physique en charge de l’activité nucléaire, dénommée « titulaire de l’autorisation »

(art. R.1333-29 du CSP), pour une durée maximale de cinq ans renouvelables (art. R.1333-35

du CSP). Elle mentionne l’établissement où cette activité peut être effectuée et les locaux où

doivent être reçus, stockés et utilisés les radionucléides ou produits en contenant. Elle fixe les

activités maximales des radionucléides pouvant être détenus et utilisés, ainsi que la finalité de

l’utilisation des sources et les conditions particulières de détention et d’utilisation des

radionucléides (art. R.1333-32 du CSP).

� Celle de la pharmacie à usage intérieur à réaliser la « préparation de médicaments

radiopharmaceutiques» (art. R.5126-9 du CSP), laquelle est donnée sous réserve de disposer

de moyens en locaux, personnel, équipements et systèmes d’information. Cette autorisation

est délivrée par le directeur de l’Agence Régionale de l’Hospitalisation, après avis de la

DRASS et de l’Ordre des pharmaciens (art. R.5126-16 du CSP). La préparation de

médicaments radiopharmaceutiques est une activité optionnelle d’une pharmacie à usage

intérieur, au sens du décret 2000-1316 du 26 décembre 2000. Ces préparations ne peuvent

donc être réalisées que dans des établissements hospitaliers possédant une PUI40.

f) Personnel

Les préparations doivent se faire sous contrôle d’un pharmacien remplissant les conditions

d’exercice de la radiopharmacie. Le personnel doit avoir suivi une formation particulière pour

la manipulation des produits radioactifs. Il doit porter des vêtements de travail adaptés à

l’importance du risque de contamination. Pour l’exécution des préparations, les règles

d’hygiène et d’habillement sont celles des unités de pharmacotechnie hospitalière. Les

radionucléides en sources non scellées doivent toujours être manipulés avec des gants pour

éviter une contamination (infectieuse et radioactive). Le personnel effectuant les préparations

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- 47 - 47

doit de plus se conformer aux règles de radioprotection (port de tablier plombé, utilisation

d’appareils de manipulation à distance, de pinces, de protège-seringues…)32.

g) Locaux et équipements

L’aménagement du laboratoire de préparations des médicaments

radiopharmaceutiques doit satisfaire aux règles fixées par l’arrêté du 30 Octobre 1981, relatif

aux conditions d’emploi des radioéléments artificiels en sources non scellées à des fins

médicales (principalement évier monobloc relié à une cuve de décroissance radioactive, murs

plombés, trèfle normalisé de couleur verte..)42, ainsi qu’aux lignes directrices particulières des

médicaments radiopharmaceutiques des Bonnes Pratiques de Préparations21.

� Du point de vue pharmaceutique, dans le but d’atteindre une qualité pharmaceutique

des médicaments stériles préparés (zone à atmosphère contrôlée dont les qualités

microbiologiques et particulaires sont maîtrisées), les locaux de préparation des médicaments

radiopharmaceutiques sont placés en dépression par rapport à l’environnement extérieur,

conformément aux textes en vigueur en matière de radioprotection. Des écarts de pressions

entre les locaux et le sas doivent exister afin de garantir une qualité microbiologique et

particulaire correspondant aux classes exigées. Ce sont les Bonnes Pratiques de Pharmacie

Hospitalière (arrêté du 22 juin 2001) et les Bonnes Pratiques de Préparations révisées le 02

décembre 2007, qui précisent des lignes directives particulières à la préparation des

médicaments radiopharmaceutiques. Elles imposent que les enceintes soient nécessairement

munies de gants et ventilées en dépression sous filtre. La protection de ces enceintes doit être

conçue de façon, qu’en toutes circonstances, le débit de dose ne dépasse pas, à 5cm de leurs

parois, 25µSv. Les BPP exigent que les préparations radiopharmaceutiques soient produites

dans des zones à atmosphère contrôlée au minimum de classe D (Iso 8). Ces bonnes pratiques

de préparation exigent aussi un système de ventilation indépendant pour les enceintes de

stockage et de préparation des médicaments radiopharmaceutiques avec une gaine

d’évacuation indépendante et équipée de filtres.

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� Du point de vue de la manipulation de sources radioactives non scellées (zone

contrôlée), dans le but de protéger le personnel et l’environnement, les locaux sont ventilés en

dépression avec un minimum de dix renouvellements horaires de l’air, les murs sont renforcés

et ne présentent aucune aspérité et revêtus d’une peinture lisse, imperméable et facilement

décontaminable, le revêtement du sol est remonté en plinthes, le sol est pourvu d’une bonde

d’évacuation des eaux reliée au système de cuves tampons pour ce qui concerne le local de

préparation (Arrêté du 30 octobre 1981). Les locaux de préparation doivent notamment être

équipés d’enceintes blindées ventilées en dépression, dans lesquelles sont réalisées les

préparations radiopharmaceutiques et la préparation des doses à administrer, d’enceintes de

stockage blindées, de poubelles blindées et d’éviers de type monobloc, à commande non

manuelle, reliés aux cuves de décroissance. Le blindage de ces équipements doit être adapté

aux activités, aux types et à l’énergie des rayonnements émis par les radionucléides utilisés.

h) Circuit des produits

Ce circuit des produits n’est pas propre aux médicaments radiopharmaceutiques ; nous ne

détaillerons donc que les principales particularités43 :

i) achat-approvisionnement

Ce régime d’autorisation de la fonction achat-approvisionnement des produits

radiopharmaceutiques diffère selon le produit :

� Si le produit n’est pas un produit radioactif (par exemple trousse), il

entre dans le monopole pharmaceutique ; sa gestion est ainsi confiée au pharmacien

(responsable de la PUI ou radiopharmacien par délégation).

� Si le produit est un produit radioactif (par exemple générateur), sa

gestion est conjointe entre le pharmacien et le médecin nucléaire titulaire de l’autorisation de

détenir et d’utiliser des radioéléments (article R.5234 du CSP). Le radiopharmacien peut

obtenir une délégation du médecin nucléaire pour acheter/commander des médicaments

radiopharmaceutiques radioactifs (ou dispositifs médicaux).

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- 49 - 49

ii) Réception-stockage

La réception des produits radioactifs et leur dépôt dans leur lieu de stockage doivent être

effectués par une personne autorisée. Ces produits doivent être détenus par des personnes

habilitées (R.5234 du CSP), dans un lieu où n’ont pas accès les personnes étrangères au

service (R.5191 du CSP).

iii) Préparation et dispensation

Les radiopharmaceutiques appartiennent tous à la liste I des substances vénéneuses. Leur

dispensation est donc soumise à une prescription médicale, gardée pendant 3 ans par le

pharmacien (40 ans pour les MDS). Seuls les médecins autorisés à utiliser des radioéléments

en sources non scellées (médecins nucléaires) sont autorisés à prescrire des médicaments

radiopharmaceutiques pour des actes diagnostiques ou thérapeutiques.

Ces MRP dispensés sont parfois des spécialités prêtes à l’emploi ou des radionucléides

injectés seuls (citrate de [67Ga]gallium, [123I]iodure de sodium par exemple) mais sont le plus

souvent des préparations réalisées extemporanément en raison de la demi-vie courte de la

plupart des radionucléides utilisés ; ces préparations peuvent être des préparations magistrales

ou des préparations hospitalières (définies à l’article L.511-1 du CSP).

� Principe de marquage44

• Une préparation radiopharmaceutique, ou médicament radiopharmaceutique, est obtenue

chimiquement en permettant la liaison entre un radionucléide et une molécule organique ayant

un tropisme pour un organe, un récepteur ou une fonction. Cette molécule organique est alors

appelée vecteur et le radionucléide le marqueur. Le couplage de ces deux composés forme le

médicament radiopharmaceutique, encore appelé traceur. La répartition spatiale et cinétique

du couple vecteur-marqueur est alors obtenue par mesure externe des rayonnements émis.

• Présentation des vecteurs : Les molécules vectrices, spécifiques d’un organe, d’une

fonction ou d’un récepteur, sont commercialisées sous forme de trousses, correspondant à un

ensemble de substances stériles, apyrogènes, et pré-conditionnées (ajout de réducteur

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- 50 - 50

notamment) capable de donner, après marquage par le radionucléide, le médicament

radiopharmaceutique. Elles se présentent le plus souvent sous forme de flacons pressurisés

contenant un lyophilisat.

• Présentation des marqueurs : les radionucléides utilisés en médecine nucléaire sont tous

produits artificiellement. Ils sont formés au cours de réactions nucléaires produites, soit dans

un réacteur nucléaire (131I, 125I, 32P), soit dans un accélérateur de particules (18F, 201Tl). Pour la

plupart, ils se présentent sous forme de solutions ou suspensions injectables, stériles et

apyrogènes. Les radionucléides peuvent aussi provenir de générateurs (générateur 99Mo/99mTc) ; le radionucléide parent est un produit de réacteur ou de cyclotron qui se

désintègre en donnant un élément fils de période physique plus courte que la sienne. Le

radionucléide fils est ensuite obtenu par élution du générateur au sein du service, en fonction

des besoins, lors des marquages des trousses.

• Liaison marqueur-vecteur : Ce marqueur peut être lié au vecteur par deux grands principes

de liaisons :

o Liaison par fixation : c’est le cas des halogènes monocoordinés (123I, 18F)

qui sont fixés au ligand par une liaison forte. Ces molécules sont obtenues

par synthèses chimiques, biosynthèses ou échanges isotopiques.

o Liaison par complexation : c’est le cas des métaux de transition et post-

transition polycoordinés (99mTc, 111In) qui impliquent un site de

complexation pouvant induire plusieurs liaisons fiables métal-ligand.

Figure 16 : principe de synthèse d’un médicament radiopharmaceutique

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- 51 - 51

• Cas des trousses au 99mTc : Ce radionucléide est un élément radioactif artificiel, de

numéro atomique 43. C’est un métal de la deuxième série des éléments de transition

appartenant au groupe VII qui, comme le rhénium et le manganèse, possède sept électrons s et

d sur la couche de valence, cela lui confère donc une stabilité accrue quand il est héxa-

coordinné.

Le technétium est utilisé en clinique depuis le début des années 60 (Richards, puis Harper). Il

est actuellement utilisé dans 80% des préparations radiopharmaceutiques. Ce radionucléide

possède toutes les caractéristiques nécessaires et indispensables pour son utilisation en

diagnostic :

o Demi-vie de 6 heures (assez longue pour permettre de suivre les

processus physiologiques d'intérêt, mais assez courte pour limiter

l'irradiation inutile)

o Emission d’un photon gamma pur d’énergie 140 keV, idéale puisque

assez énergétique pour traverser les tissus vivants, et bien adaptée au

matériel de détection par gamma-caméra à cristaux d’iodure de sodium.

o Facilement disponible grâce aux générateurs 99Mo/99mTc

o Chimie du technétium assez simple et bien maîtrisée

• Chimie du technétium : La seule forme chimique « naturelle » stable du technétium est

l’ion pertechnétate, TcO4-. Les formes réduites du technétium doivent être complexées par

le ligand dès leur formation afin de former un complexe plus ou moins stable.

Deux stratégies de synthèse peuvent être mises en œuvre pour le marquage du ligand au

technétium :

o Méthode directe : Le pertechnétate est réduit en présence du ligand.

C’est la méthode la plus utilisée actuellement pour la synthèse de traceur. Elle ne peut être

réalisée que si la cinétique de complexation est rapide, et si la concentration en ion

pertechnétate est largement supérieure aux concentrations du ligand et du réducteur. Si la

concentration en ligand n’est pas suffisante et / ou si la complexation par celui-ci est trop

lente, il se forme TcO2, encore appelé technétium hydrolysé, qui est une forme non

réactive de technétium et ne peut donc produire de bons traceurs.

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- 52 - 52

Figure 17 : Exemple de marquage d’une trousse de bétiatide (Mag3®) au 99mTc

o Méthodes indirectes : Ces méthodes ont le point commun de

permettre la production de TcO2. Le principe de ces méthodes est simple et consiste à

réaliser, dans une première étape, la synthèse d’un complexe de faible constante de

stabilité par la méthode directe (réducteur et ligand). Dans une deuxième étape, un échange

de ligand sur ce complexe intermédiaire est effectué, permettant la formation d’un nouveau

complexe ayant une constante de stabilité très supérieure. Ce sont en général ces méthodes

qui sont utilisées pour le marquage de macromolécules comme les anticorps, les acides

nucléiques ou encore les peptides.

iv) Contrôles qualité et validation pharmaceutique

La reconnaissance comme médicament des produits radiopharmaceutiques entraîne des

contrôles de production et de qualité pour ces produits, identiques à ceux exigés pour les

autres médicaments. Les contrôles de qualité des MRP s’effectuent aussi bien sur les éluats de

générateurs que sur les préparations radiopharmaceutiques. Ces préparations doivent être

réalisées conformément à des procédures validées, élaborées par le pharmacien à partir des

monographies de la Pharmacopée lorsqu’elles existent, des indications fournies par le

fabricant dans le résumé des caractéristiques du produit, et des données de la littérature.

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- 53 - 53

Ces contrôles peuvent être classés en deux groupes:

� Contrôles physico-chimiques, réalisés a priori :

� Les contrôles physiques comprennent :

• l’identification de l’isotope, soit par mesure de sa période physique

(courbe de décroissance), soit par la détermination de la nature et de

l’énergie des rayonnements émis (spectrométrie le plus souvent) ;

• l’activité de la source radioactive, mesurée avec un activimètre calibré

et étalonné régulièrement (du fait de la décroissance radioactive,

l’activité n’est toujours définit que pour un instant donné) ;

• la concentration radioactive encore appelée activité volumique (le plus

souvent exprimée en MBq/L)

• ainsi que la pureté radionucléidique. Ces impuretés radionucléidiques

peuvent entraîner une irradiation du patient non désirée et/ou être à

l’origine d’images de mauvaise qualité.

� Les contrôles chimiques comprennent :

• La détermination du pH (pour chaque MRP, il existe un intervalle de

pH où la stabilité du produit est optimale) ;

• La limpidité et l’absence de coloration de chaque préparation (par

exemple l’apparition d’un précipité contre-indiquerait à une

administration par voie IV) ;

• La mesure de l’isotonicité des préparations (ce point est discutable car

la majorité des préparations injectées sont préparées avec du sérum

physiologique ; celles qui ne le sont pas ont un volume <1mL) ;

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- 54 - 54

• La pureté chimique (la seule pureté chimique pouvant être recherchée

est la recherche d’aluminium dans les éluats générateurs de

technétium) ;

• La pureté radiochimique. Cette dernière est contrôlée par méthodes

chromatographiques (chromatographie sur couche mince,

chromatographie d’extraction en phase solide type Sep pack®,

chromatographie liquide haute performance avec détecteurs UV visible

et gamma en série en fonction des préparations à réaliser). Ces

impuretés peuvent résulter de réactions de décomposition dues à

l’action du solvant, du changement de température ou de pH, de la

lumière, de la présence d’oxydants ou de réducteurs en excès dans le

milieu réactionnel.

� Contrôles biologiques, réalisés a posteriori :

Les MRP étant, le plus souvent, destinés à être injectés par voie intraveineuse, il est

nécessaire de s’assurer de leur stérilité. Même si ce contrôle est réalisé a posteriori, sa mise

en œuvre est nécessaire, permettant de s’assurer du respect des bonnes pratiques de

préparation et l’absence de contamination microbiologique. Le contrôle de stérilité le plus

souvent réalisé est le test de remplissage aseptique, encore appelé media fill test par les anglo-

saxons. La recherche d’endotoxines bactériennes doit aussi être recherchée.

i) Gestion des déchets

Par souci de radioprotection du personnel, des patients et de l’environnement, une grande

vigilance des autorités de tutelle est observée pour la gestion des déchets radioactifs. Cette

dernière fait l’objet d’un « plan de gestion des déchets et effluents contaminés par des

radionucléides » propre à chaque établissement. En substance, ce plan de gestion permet, en

fonction de la nature (solide, liquide) et de la demi-vie du radionucléide utilisé, d’établir des

conduites à tenir pour cette mise en déchet.

Les déchets solides (compresses, gants…) contenant des radioéléments de très courtes (<6

jours) et courtes (entre 6 et 71 jours) périodes sont recueillis dans des poubelles plombées,

identifiées avec le type de radioactivité qu’elles contiennent et stockés dans des locaux de

décroissance jusqu’à ce que le niveau de radioactivité soit suffisamment faible pour autoriser

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- 55 - 55

leur rejet avec les déchets conventionnels. Dans tous les cas, un contrôle est réalisé à l’aide

d’un détecteur de radioactivité avant chaque rejet avec les déchets conventionnels (la

radioactivité doit être inférieure à 2 fois la radioactivité du bruit de fond). Les résultats de ces

mesures sont consignés dans un « registre des déchets radioactifs ».

Les seringues et aiguilles contaminées sont placées dans des boîtes incinérables, en séparant

les radionucléides émetteurs de période courte et les émetteurs de période plus longue. Les

délais de conservation, ainsi que leur élimination, sont les mêmes que précédemment.

Les effluents liquides sont dirigés vers un système de cuves de décroissance, dont la vidange

ne peut intervenir qu’après vérification de l’activité volumique des effluents qu’elles

contiennent.

j) Assurance qualité

Afin d’assurer la traçabilité des radiopharmaceutiques et d’objectiver les mesures de

radioprotection, un certain nombre de registres doivent être tenus à jour et présentés

éventuellement aux autorités de contrôle (inspection de la Pharmacie pour la réglementation

des médicaments, Agence de Sûreté Nucléaire (ASN) pour la réglementation des

radioéléments).

Pour l’inspection en Pharmacie, les registres spécifiques à la radiopharmacie sont

principalement : le « registre des administrations » et le « registre des déchets » (décret du

30/10/1981).

Pour l’ASN, le registre de comptabilité des sources et de gestion des sources (décret du

02/10/1986)45, ainsi que les registres des déchets et de maintenance des matériels de

radioprotection (décret du 30/10/1981) sont obligatoires42.

Bien évidemment, comme toute activité de pharmacotechnie hospitalière et conformément

aux Bonnes Pratiques de Préparations, il est indispensable de disposer d’un système

d’assurance qualité (procédures, mode opératoire…) permettant une traçabilité et une totale

sécurisation du circuit du médicament41.

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- 56 - 56

k) Autorités de contrôle

L’activité de radiopharmacie nécessite l’obtention de deux autorisations, relatives à la

détention/utilisation de radioéléments, ainsi qu’à la préparation de médicaments. Les deux

organismes habilités à réaliser des contrôles, chacun dans leur domaine de sont :

- La directive 97/43/Euratom du 30 juin 1997, relative à la protection sanitaire

des personnes contre les dangers des rayonnements ionisants lors d’expositions à des fins

médicales, prévoit la mise en place d’un système d’inspection devant assurer le respect des

dispositions adoptées46. L’Agence de Sûreté Nucléaire, autorité administrative indépendante,

exerce, au nom de l’État, le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France

pour protéger les travailleurs, les patients, le public et l’environnement, des risques liés aux

activités nucléaires. Elle est le garant de l’application des lois et règlements concernant la

radioprotection et pratique de mesures, analyses et dosages permettant de déterminer la

radioactivité dans les divers lieux où leur présence peut présenter un risque.

- Le Code de la Santé Publique (art.L.564) prévoit que les pharmaciens

inspecteurs de santé publique sont habilités à rechercher et constater les infractions aux lois et

règlements relatifs à l’exercice de la pharmacie. Leur champ de compétence comprend la

pharmacie hospitalière et donc la radiopharmacie.

Après cette présentation des activités de la radiopharmacie, nous allons décrire en détail le

circuit du médicament radiopharmaceutique, calqué en grande partie sur le schéma classique

du circuit du médicament.

3) Circuit du médicament radiopharmaceutique

Classiquement, le circuit du médicament dans un établissement de santé recouvre la saisie,

l'analyse et la validation d'une prescription, puis la préparation, la dispensation et

l'administration du médicament, les commandes par la pharmacie, l'analyse de l'activité, la

gestion des périmés, des retraits de lots.

Le circuit du médicament radiopharmaceutique ne diffère que peu du circuit du médicament

dit « traditionnel » ; La grande majorité des médicaments radiopharmaceutiques doivent être

préparés extemporanément, par marquage de molécules vectrices (trousses) avec un

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radionucléide choisi (issu d’un générateur ou un précurseur). La mise en œuvre de cette

politique doit se faire en collaboration entre la radiopharmacie, la pharmacie hospitalière et le

service de médecine nucléaire.

L’ensemble du circuit des produits radiopharmaceutiques, en tenant compte de leur

particularité, doit permettre de dispenser « le bon médicament radiopharmaceutique, au bon

moment, au bon patient dans des conditions optimales de sécurité et de gestion des coûts ».

Nous exposerons ainsi les spécificités dans chacune des étapes du circuit du médicament

radiopharmaceutique.

a) Prise de rendez-vous

La prise de rendez-vous n’est pas classiquement une étape du circuit du médicament. Ces

médicaments n’ayant qu’une courte période, la préparation doit être très proche de

l’administration au patient. Dans ce sens, il apparaît indispensable que le patient soit

convoqué à un horaire bien déterminé. La calibration du médicament radiopharmaceutique

(activité du MRP à un temps donné) sera réalisée ou commandée en fonction de ce rendez-

vous. Il nous apparaît donc évident que cette étape soit le premier chaînon du circuit du

médicament radiopharmaceutique.

b) Commande trousses et précurseurs

Conformément à la réglementation, toute commande de produits radioactifs doit être cosignée

par le titulaire de l’autorisation de détenir des radioéléments (ou son délégataire) ainsi que par

le pharmacien. Pour les trousses (non radioactives), seule la signature du pharmacien est

nécessaire.

c) Réception

Par souci de radioprotection, les produits radioactifs sont réceptionnés, en dehors des horaires

du service, dans un local de réception dévolu à cet effet et non accessible à toute personne

étrangère au service.

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- 58 - 58

d) Prescription médicale

Comme pour toute prescription, c’est le décret n°92-329 du 30 mars 1992, relatif au dossier

médical, qui établit que l’ordonnance est un document du dossier médical obligatoire en

milieu hospitalier8.

Pour tout examen de médecine nucléaire, le médecin doit recevoir une demande nominative

écrite. Aux vues de celle-ci, il doit rédiger une prescription médicale (ordonnance écrite ou

informatisée) destinée au radiopharmacien, comportant outre les mentions légales habituelles :

- Le nom, prénom et date de naissance du patient

- Le nom du médicament radiopharmaceutique (nom de la trousse et du

radionucléide) ; notons que tous les médicaments sont inscrits sur la liste I des

substances vénéneuses. Cette prescription ne peut émaner que d’un médecin

autorisé à utiliser les radioéléments artificiels (arrêté du 26 mars 1974 modifié par

l’arrêté du 15 octobre 1992).

- La voie d’administration

- L’activité à administrer (éventuellement l’activité volumique)

- L’heure d’administration souhaitée

- la qualité, le nom et la signature du prescripteur

e) Analyse pharmaceutique

L’analyse pharmaceutique s’effectue selon les dispositions prévues par le Code de la Santé

Publique. Toute prescription de médicament radiopharmaceutique doit être analysée par le

pharmacien qualifié en radiopharmacie. La traçabilité de l’analyse de l’ordonnance est assurée

et sa validation est effectuée en tenant compte des éléments disponibles (poids, sexe, âge,

indications). En cas d’anomalie dans la prescription, le pharmacien émet un avis

thérapeutique au prescripteur et une trace de cet échange est conservée.

i) Analyse réglementaire

Sur le plan réglementaire, elle vise à vérifier que rien n’interdit la délivrance des médicaments

prescrits. Le radiopharmacien doit notamment s’assurer que le radionucléide entrant dans la

composition de la préparation radiopharmaceutique peut être commandé et utilisé. En effet,

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pour un radionucléide donné, il est nécessaire de vérifier que le titulaire de l’autorisation

CIREA détient celle correspondante dans l’utilisation mentionnée, pour un fournisseur donné

(art. R 5234-6 du CSP).

ii) Analyse technique

Le radiopharmacien doit vérifier qu’il dispose des moyens humains et matériels nécessaires à

la réalisation de la préparation radiopharmaceutique aseptique et de son contrôle :

o personnel formé et habilité par le RP à réaliser la préparation

radiopharmaceutique

o matériel adapté à la réalisation de préparations radiopharmaceutiques stériles

iii) Analyse pharmaco-thérapeutique

Sur le plan pharmaco-thérapeutique, elle requiert l’accès aux données utiles du dossier du patient.

L’analyse consiste à :

� Vérifier la posologie, le mode d’administration et les incompatibilités

éventuelles ;

� Analyser la pertinence de l’utilisation dans l’indication de la

prescription, notamment en terme de bénéfice / risque d’irradiation.

Cette analyse pharmaceutique contribue à l’optimisation des doses ;

� Rechercher et évaluer les redondances de prescription, les interactions

médicamenteuses,

� Vérifier les cumuls de doses pour certains médicaments.

f) Préparations des MRP

Les médicaments radiopharmaceutiques doivent être préparés extemporanément, par

marquage de molécules vectrices (trousses) avec un radionucléide choisi (issu d’un générateur

ou un précurseur).

Ces préparations, à l’exception des marquages cellulaires, sont réalisées à partir de

constituants stériles en système clos : les trousses sont conditionnées sous forme de

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lyophilisats ou de solutions stériles apyrogènes ; les radionucléides sont, soit livrés sous forme

de solutions stériles apyrogènes, soit obtenus de façon stérile (éluat de technétium-99m).

Chaque préparation radiopharmaceutique doit être réalisée conformément, à la fois, à la

réglementation sur la radioprotection, à la préparation des médicaments radiopharmaceutiques

(art. R5104-20) et à la préparation des médicaments injectables (normes d’hygiène et de

préparation, Bonnes Pratiques de Préparation).

Les consignes générales d’hygiène du personnel sont relatives à la tenue vestimentaire et à sa

conduite dans la zone à atmosphère contrôlée. Le travailleur devra porter des vêtements

appropriés aux opérations qui s’y déroulent, se laver les mains et mettre des gants.

En terme de radioprotection, en fonction des risques associés au lieu du travail et à la nature

des travaux effectués avec les radionucléides, les personnels appartiennent à l’une des deux

catégories de travailleurs exposés aux rayonnements ionisants.

La conception et l’aménagement des locaux, où sont manipulés des radioéléments artificiels

en sources non scellées, visent à confiner les sources de contamination afin de limiter les

risques d’irradiation externe comme interne ; ces locaux doivent aussi être conçus et agencés

afin de permettre la mise en œuvre des préparations radiopharmaceutiques dans le respect de

la réglementation des bonnes pratiques de préparation.

L’organisation du laboratoire de préparation doit être rationnelle afin de permettre une

continuité des opérations de préparation et d’éviter tout risque de contamination croisée. La

ventilation du laboratoire de préparation doit permettre d’assurer au minimum dix

renouvellements horaires de l’air (arrêté du 30 octobre 1981).

g) Contrôles qualité

Le contrôle qualité a pour but de vérifier que le lot de produit fini a une qualité conforme aux

exigences prévues dans son autorisation de mise sur le marché. Les contrôles d’un

radiopharmaceutique sont réalisés conformément aux essais décrits dans les monographies de

la Pharmacopée Européenne VIème édition, notamment dans la monographie « préparations

radiopharmaceutiques ».

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Les contrôles qualités à mettre en œuvre pour ces préparations comprennent :

- identification spectrale (type de rayonnement, énergie)

- mesure du pH

- pureté radiochimique et radionucléidique

- mesure de l’activité volumique

- contrôle de l’étiquetage

La pureté radiochimique peut être réalisée par différentes techniques analytiques :

chromatographie, extraction, électrophorèse, filtration. La méthode la plus souvent utilisée est

la chromatographie sur couche mince, dont la lecture se fait sur compteur gamma ou à l’aide

d’un radiochromatographe.

h) Etiquetage

L'étiquette des préparations radiopharmaceutiques comporte au minimum :

- le nom de la préparation, y compris le nom ou le symbole chimique du radioisotope ;

- le numéro de lot ;

- l'activité ;

- le volume ;

- la date et l'heure de fabrication ;

- la date et l'heure limite d'utilisation ;

- les précautions d’emploi et de conservation ;

- le symbole signalant la présence de substances radioactives (« trèfle normalisé »).

i) Libération du lot pharmaceutique

Le dossier de lot permet d’assurer la traçabilité des précurseurs, des générateurs et des

matières premières utilisées. Les informations suivantes sont enregistrées, pour chaque lot

préparé, sur une fiche de préparation, une fiche d’étiquetage et une fiche de contrôle qui sont

regroupées dans le dossier de lot de la préparation comportant les éléments suivants :

- la dénomination de la préparation radiopharmaceutique ;

- la date et l’heure de la préparation ; date et heure limite d’utilisation

- Numéro d’ordonnancier

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- les matières premières utilisées (dénomination, numéro de lot, activité prélevée) ;

- les résultats des contrôles (avant et après libération);

- la date de libération de la préparation et le nom et la signature du radiopharmacien

qui la libère.

j) Dispensation

Les préparations fabriquées au sein de la radiopharmacie doivent être dispensées

exclusivement au(x) service(s) de médecine nucléaire. C’est pour cela que les unités de

radiopharmacie sont souvent situées géographiquement au cœur du service de médecine

nucléaire. Toutes les seringues doivent être nominatives et donc munies d’étiquettes

mentionnant le nom, prénom, date de naissance du patient, le nom de la préparation, le nom

de l’isotope radioactif utilisé, l’activité à une date et une heure précisée. L’étiquette doit aussi

comporter le trèfle radiologique.

k) Transport / Administration

Le transport des médicaments radiopharmaceutiques entre la radiopharmacie et le service de

médecine nucléaire doit se faire dans des chariots ou conteneurs clos, conformément à

l’article 14 du décret n°99-249 du 31 mars 1999. De plus, toute préparation doit être placée

dans un conditionnement qui répond aux normes de radioprotection (le plus souvent protège-

seringue et valisette plombées). Les médicaments radiopharmaceutiques sont administrés le

plus souvent en bolus par voie intraveineuse. Les règles d’hygiène doivent être appliquées

lors de l’administration des MRP.

l) Gestion des déchets

Le radiopharmacien définit avec la personne compétente en radioprotection l’organisation de

la gestion des déchets radioactifs. Les déchets radioactifs générés lors de la fabrication

doivent être éliminés conformément à la réglementation en vigueur (poubelles plombées,

cuves de décroissance, locaux dédiés, détecteurs de radioactivité avant mise en déchet

définitive). Tous les déchets produits, potentiellement radioactifs, doivent faire l’objet d’une

élimination contrôlée et différenciée.

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m) Traçabilité / archivage

Les Bonnes Pratiques de Fabrication mentionnent que toutes les étapes de préparation du

médicament radiopharmaceutique doivent être tracées.

En matière d’archivage des documents de traçabilité, les règles sont les suivantes :

Ces deux premiers chapitres nous ont permis de caractériser les outils permettant de sécuriser

le circuit du médicament. Ils nous ont aussi permis de présenter l’activité de Radiopharmacie,

avec sa double spécificité et sa double législation. Nous allons, dans le prochain chapitre,

nous attarder sur les outils mis en place au CHU de Caen dans le but de sécuriser le circuit du

médicament radiopharmaceutique.

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III – Sécurisation du circuit du médicament radiopharmaceutique

au CHU de CAEN

Le projet de sécurisation du circuit du médicament radiopharmaceutique au CHU de Caen a

commencé il y a environ deux ans par le recrutement d’un pharmacien qualifié en

radiopharmacie. Ce recrutement, imposé par le décret 2000-1316 du 26/12/2000, relatif aux

conditions d’exercice de la radiopharmacie, a permis l’émergence de la pensée

pharmaceutique au sein du service de médecine nucléaire. Cette sécurisation, qui est en fait la

mise en application des préceptes des Bonnes Pratiques de Préparations (BPPH et BPP), s’est

effectuée grâce à une excellente coopération de tous les personnels du service de médecine

nucléaire (médecins, cadre, MERMs, secrétaires, brancardiers et aide-soignantes). C’est à

partir de cette chaîne de personnels et de leurs compétences respectives, que la sécurisation du

circuit du médicament radiopharmaceutique a pu être mise en œuvre.

Ce projet de sécurisation du circuit du médicament radiopharmaceutique au CHU de Caen est

composé de 3 grandes phases. La première étape fut de remettre à plat le système d’assurance

qualité permettant une préparation de qualité pharmaceutique. Ensuite, la création d’une zone

à atmosphère contrôlée a permis la maîtrise microbiologique et particulaire nécessaire à la

réalisation de préparations injectables. Enfin, l’informatisation de toutes les étapes du circuit

du médicament radiopharmaceutique a permis sa sécurisation. Nous vous présentons dans ce

chapitre la démarche qualité inhérente à ces étapes.

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1) Présentation du service de médecine nucléaire du CHU de Caen

a) Généralités

Le service de médecine nucléaire du Centre Hospitalier Régional de Caen est implanté sur le

site de Côte de nacre, au niveau 0. Le responsable du service, le Professeur Gérard

BOUVARD, dispose de l’autorisation de détenir et d’utiliser des radioéléments artificiels,

référencés dans les autorisations DGSNR/SD9/n°1618/2003 (médecine nucléaire

conventionnelle) et DEP-CAEN-0250-2008 (unité TEP). Le service de médecine nucléaire du

CHU de CAEN possède une activité d’imagerie fonctionnelle diagnostique, ainsi qu’une

activité d’imagerie thérapeutique (dose maximale administrée limitée à 740 MBq de

radioéléments du groupe 2). Le CHU de Caen ne possède pas d’activité de radiothérapie

métabolique en chambre radioprotégée.

L’équipe médicale est composée de deux professeurs des universités – praticien hospitalier,

un praticien hospitalier, un assistant hospitalier universitaire temps plein, un praticien attaché

et deux internes temps pleins. L’équipe paramédicale est composée d’un cadre de santé, de 11

manipulateurs en électroradiologie médicale, quatre secrétaires et trois aides-soignantes

hospitalières. Enfin, l’équipe est complétée par un radiophysicien.

Le service utilise des médicaments radiopharmaceutiques (RP) pour le diagnostic et le

traitement des patients. Depuis le 01 janvier 2006, la préparation de ces médicaments est sous

la responsabilité d’un pharmacien qualifié en radiopharmacie, intégré dans l’équipe

pharmaceutique de la pharmacie à usage intérieur. Pour information, en 2007, 1020

préparations radiopharmaceutiques ont été préparées, engendrant l’administration de 6910

seringues et nécessitant 1020 contrôles de qualité. Notons aussi que, depuis le 01 juin 2008 et

en collaboration avec le centre François Baclesse, une activité de préparation de

radiopharmaceutiques avec émetteurs de positons a été développée, ayant pour objectif la

production d’environ 2500 seringues par an.

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b) Activités cliniques et de recherche

L’activité clinique est orientée vers deux axes :

- Réalisation de scintigraphies utilisant des médicaments

radiopharmaceutiques émetteurs de simples photons (SPECT) et émetteurs de positons (TEP)

- Réalisation de traitements par radiothérapie métabolique utilisant des

médicaments radiopharmaceutiques émetteurs béta.

L’activité de recherche est orientée vers l’évaluation de techniques d’imagerie et vers

l’évaluation de nouveaux médicaments radiopharmaceutiques à visée diagnostique (SPECT et

TEP), tout particulièrement en cardiologie et en oncologie. Ce travail de recherche est réalisé

grâce à des collaborations locales (CRLCC François Baclesse Caen, GIP Cycéron Caen),

régionales (Cancéropôle Nord-Ouest) ou nationales (PHRC nationaux).

2) Optimisation du système d’assurance qualité

a) Assurance qualité

Les objectifs de l’assurance qualité en radiopharmacie sont de fournir les lignes directrices

permettant de garantir un niveau de qualité nécessaire des médicaments radiopharmaceutiques

préparés et une sécurité optimale tant pour le patient que pour l’opérateur.

Cette assurance qualité va donc permettre la réalisation de préparations radiopharmaceutiques

dans des conditions d’hygiène et de radioprotection optimales.

La complexité des préparations (étapes de chauffage, introduction de composants dans un

ordre bien précis….), et leur réalisation extemporanée systématique, en raison de leur stabilité

dans le temps (allant de 30 minutes à 8 heures), imposent un strict suivi de procédures

validées. L’administration parentérale de la plupart des médicaments radiopharmaceutiques

oblige à une rigueur supplémentaire pour garantir une stérilité de ces préparations.

C’est dans cet esprit d’assurance qualité et de traçabilité que la première réalisation de

l’équipe radiopharmaceutique fut de réaliser un « état des lieux », puis de réviser les

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documents qualité relatifs à la préparation et aux contrôles des médicaments

radiopharmaceutiques.

i) Etat des lieux du système qualité

Avant l’arrivée du radiopharmacien (2006), la responsabilité de préparations des MRP était

sous la responsabilité du chef de service de médecine nucléaire. Le cadre de santé du service

avait jeté les bases d’un système d’assurance qualité. Celui-ci, avec l’aide des MERMs, avait

notamment réalisé des documents opératoires de toutes les préparations

radiopharmaceutiques, ainsi que certains documents relatifs aux contrôles qualité. Un registre

des élutions (mais pas des préparations) avait été créé et tenu à jour par les MERMs. De plus,

une traçabilité des administrations des médicaments dérivés du sang (MDS) avait été mise en

place. Notons enfin qu’un étiquetage très succinct (nom de la préparation et numéro de

patient) accompagnait chaque seringue préparée. La gestion des commandes était réalisée par

une secrétaire formée spécifiquement pour cette tâche. De plus, par manque de temps

technicien, le contrôle qualité des préparations n’était réalisé que très sporadiquement.

ii) Révision des Procédures et modes opératoires

La réalisation de la traçabilité a nécessité la création de fiches de prescription, de préparation

et d'administration, dont le but est de tracer le médicament et de permettre une circulation de

l'information entre l'ensemble du personnel médical et paramédical du service. La révision de

tous ces documents qualité a mis en exergue les points faibles de ce circuit du médicament :

un manque de traçabilité de toutes les étapes du circuit du médicament, un système

d’assurance qualité peu performant, ainsi qu’un contrôle sporadique des préparations

radiopharmaceutiques.

La traçabilité des étapes du circuit du médicament radiopharmaceutique a été obtenu en

réalisant des registres informatisés sur base Excel :

o Registre des entrées et sorties des sources non scellées, différenciant le sous-

registre des élutions de 99mTc et le sous-registre des médicaments

radiopharmaceutiques contenant d’autres radioéléments.

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o Registre des préparations journalières.

o Registre des dispensations.

o Registre des contrôles qualité avec édition et archivage d’une fiche de

fabrication pour toutes les préparations radiopharmaceutiques.

o Registre des trousses froides.

o Registre des périmés et des détruits.

o Registre des incidents.

Les principaux avantages de ces registres sont de pouvoir tracer toutes les étapes critiques du

circuit du médicament. Grâce à la réalisation d’un véritable ordonnancier (registre des

dispensations) renfermant toutes les spécifications obligatoires (numéro d’ordonnancier, nom

et prénom du patient, activité dispensée à une heure déterminée, type de préparation réalisée

nom du prescripteur), ainsi que les registres des préparations journalières, une traçabilité

ascendante et descendante est mise en place.

Cependant, la nature même de ces registres, sous base «Excel », rend ces opérations très

chronophages et soumises à des risques d’erreur de retranscription non négligeables.

L’amélioration du système d’assurance qualité a été de formaliser des procédures associées

aux modes opératoires existants. Ainsi, l’ensemble des procédures et modes opératoires des

préparations et des contrôles qualité a été élaboré (exemple de procédure de contrôle qualité

en annexes 4). Des procédures diverses de radioprotection ont aussi été réalisées en

collaboration étroite avec le cadre de santé et la personne compétente en radioprotection

(conduite à tenir en cas de contamination corporelle et surfacique, mise en place de kit de

décontamination..). La rédaction des documents qualité (procédures, modes opératoires) a

permis une révision des flux des produits et de l’information, permettant une simplification et

une standardisation des pratiques, ainsi qu’une absence de recours à la mémoire.

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b) Mise en place du contrôle qualité systématique des préparations radiopharmaceutiques

Les radiopharmaceutiques doivent répondre, en tant que médicament injectable, aux critères

de la Pharmacopée Européenne VIème édition (caractéristiques physico-chimiques, caractères

organoleptiques, stérilité) mais doivent également satisfaire aux critères de qualité liés à leur

nature radioactive (activité, pureté radiochimique et radionucléidique). Les contrôles des

MRP prêts à l’emploi sont du ressort des établissements industriels pharmaceutiques et les

contrôles des préparations radiopharmaceutiques sont réalisés sous la responsabilité du

radiopharmacien du service. Les BPP rappellent que « ces contrôles doivent s’intégrer dan

une démarche globale d’assurance qualité qui définira strictement la nature et le rythme de

ces contrôles ».

Nous avons mis en place un système de contrôle qualité de toutes les préparations réalisées

dans le service de médecine nucléaire, car ces contrôles nous apparaissent comme étant les

indicateurs indispensables à la validation des mesures d’assurance qualité (procédures, modes

opératoires) mises en place dans le service.

Les contrôles réalisés sur chaque préparation sont :

� Pureté radiochimique (PRC) : La PRC est sans doute le contrôle le plus essentiel à

réaliser pour les radiopharmaceutiques. Elle permet de mesurer le taux d’impuretés

radiochimiques présentes (TcO4- libre, TcO2, complexes hydrophiles…).

� pH de la préparation : Chaque couplage, le plus souvent de type complexation, est

défini dans des conditions opératoires spécifiques. Une variation de pH est le plus

souvent la conséquence d’une non-conformité des conditions de couplage.

� Limpidité et absence de coloration : La préparation de solutions injectables par voie

intraveineuse nécessite une absence de particules. La présence de précipité ou de

coloration est la conséquence d’un mauvais couplage entre le marqueur (isotope

radioactif) et le vecteur (molécule spécifique de l’organe/fonction à explorer).

Les contrôles qualité sont réalisés quotidiennement par la radiopharmacien ou l’interne en

pharmacie, suivant les méthodes décrites dans les résumés des caractéristiques du produit. La

principale méthode analytique est la réalisation de chromatographie sur couche mince ; la

lecture de la radioactivité est réalisée à l’aide d’un compteur gamma présent dans le service.

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Conformément aux bonnes pratiques de préparations, ces contrôles qualité sont réalisés si

possible avant l’injection du premier patient, c’est-à-dire avant 8 heures du matin.

En 2007, date de la mise en place de contrôle systématique des préparations

radiopharmaceutiques, 1020 contrôles ont été réalisés. Parmi ceux-ci, 31 préparations (3%)

ont révélé une PRC non conforme et donc une « non-libération » du lot.

Dans un premier temps, ce travail de développement du système qualité au sein du service

(assurance et contrôles qualité) a permis la production de lot aux exigences pharmaceutiques,

c’est-à-dire dans le respect des bonnes pratiques de préparations. Dans un deuxième temps,

cette démarche préalable a permis la sécurisation du circuit du médicament

radiopharmaceutique par l’apport de l’informatique.

L’informatisation est le moyen le plus adapté à la sécurisation du circuit du médicament et le

seul qui permette un partage réel de l’information au sein du service. Elle n’est cependant que

l’étape ultime d’une démarche préalable de réorganisation de l’ensemble du circuit.

3) Informatisation du circuit du médicament

radiopharmaceutique

L’informatisation est une démarche indispensable à la sécurisation du circuit du médicament

en raison des possibilités offertes : automatisation, lisibilité des prescriptions, absence de

recopie, amélioration du respect des procédures, lisibilité des prescriptions, amélioration de la

traçabilité et diminution des risques (édition d’étiquettes). Cette informatisation n’est

cependant pas suffisante à elle-seule pour sécuriser de façon efficiente le circuit du

médicament, c’est pourquoi cette elle s’est déroulée de manière intégrée et globale,

s’appuyant sur le système qualité nouvellement révisé.

L'informatisation du circuit du médicament radiopharmaceutique permet :

� Une meilleure efficacité dans le traitement de l'information concernant le médicament

entraînant un gain de productivité par la mise à disposition de protocoles opératoires

prédéfinis

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� Une meilleure gestion des dépenses de médicaments

� Une réduction du risque d'incidents et d'erreurs de la prescription à l'administration du

médicament entraînant un gain économique lié à une meilleure qualité des soins

Les différentes stratégies d’amélioration permises par l’informatisation de ce circuit sont :

- Standardisation des pratiques

- Accompagnement par un suivi « en temps réel » des flux de produits

- Réduction du recours à la mémoire

- Suppression des retranscriptions

- Elimination des étapes manuelles

- Renforcement des barrières, notamment en établissant des messages d’alertes en

cas d’activités préparées différentes de l’activité prescrite. Nous avons dans le

service, arbitrairement, admis que ce seuil était de 10%.

Nous allons dans ce chapitre vous présenter l’informatisation de la radiopharmacie réalisée

avec le logiciel d'imagerie GERA (Thélème).

Ce logiciel est composé de trois modules principaux correspondant chacun à un métier :

� Module Rendez-vous, destiné aux secrétaires

� Module Patient, permettant la réalisation des comptes-rendus opératoires, destinés aux

médecins nucléaires

� Module Radiopharmacie relatif à la gestion, à la préparation et à la traçabilité des

radiopharmaceutiques. Ce module est destiné aux personnels préparant, dispensant et

administrant les radiopharmaceutiques (MERMs et radiopharmacien).

Alors que les deux premiers modules sont opérationnels et utilisés quotidiennement par les

différents personnels depuis 2003, le module radiopharmacie n’a été développé et déployé que

très récemment dans le service. Nous allons vous présenter dans le chapitre suivant la

démarche qualité utilisée pour le déploiement du module radiopharmacie. Celle-ci s’est

voulue rationnelle et progressive afin de permettre un accompagnement optimum à sa mise en

place.

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a) Présentation du logiciel GERA (Thélème) et du module radiopharmacie

i) Généralités

GERA est un logiciel de gestion de plateaux techniques hospitaliers d'imagerie. Il est

composé de trois modules principaux correspondant à un usage bien spécifique :

� Module « Rendez-vous » permettant la gestion quotidienne du service dans tous ses

aspects. Ce module permet la gestion des plannings et des programmations de patients.

� Module « Radiopharmacie » permettant la gestion des flux de produits (statistiques,

commandes, factures…).

� Module « Patients » permettant l’exploitation clinique des dossiers. Les recherches

peuvent être faites pour une étude particulière, sur une pathologie donnée, ou dans le

cadre d'un protocole multicentrique, pour extraire des éléments non plus pour un

patient, mais pour un ensemble présentant des critères communs.

Dès le rendez-vous, le logiciel prend en charge le dossier du patient. Il l'enrichit au cours de

sa visite, jusqu'à l'impression de son compte-rendu puis le stocke en archive avec tous les

documents associés. Tous les documents peuvent être annexés au dossier du patient :

Epreuves d'effort, résultats de biochimie, images, lettres, etc…

Les documents sont externes à la base de données. Le logiciel gère les adresses des

documents, qui seront archivés sous forme informatique sur des médias de sauvegarde ou

sous forme papier (films).

Chaque document reçoit un ou plusieurs qualificatifs issus d'un thésaurus hiérarchique de

mots-clefs de manière à pouvoir, a posteriori, lancer des requêtes et isoler un ensemble de

dossiers répondant aux critères de recherche. Du point de vue de la sécurisation des données,

celles-ci sont sauvegardées et archivées de façon automatique et sans interruption sur le

réseau de l’hôpital.

GERA est donc un logiciel parfaitement adapté pour tracer et sécuriser toutes les étapes du

circuit du médicament radiopharmaceutique. L’installation du module radiopharmacie dans le

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service permettra une informatisation complète du circuit du médicament, de la prise de

rendez-vous du patient à l’archivage du compte-rendu opératoire. Le circuit du médicament

radiopharmaceutique dans GERA est précisé dans l’annexe 1.

ii) Présentation du module radiopharmacie

Les items proposés par ce module radiopharmacie sont les suivants :

� Approvisionnement : Commandes et réceptions ;

� Stock : Gestion des entrées et des sorties en stock, transfert de stock à stock ;

� Laboratoire : Elution, préparation, dispensation ;

� Contrôles qualité ;

� Gestion des déchets ;

� Traçabilité.

Ce module gère le stock des produits radioactifs et des trousses, de leur commande à leur

élimination, par lot et date de péremption. Il garde toutes ces informations, assurant ainsi la

traçabilité des produits et les liens avec les patients. Le radiopharmacien émet les commandes

(ponctuelles ou cadencées) à destination des fournisseurs. Lors de la réception, les MERMs

ou le RP saisit les données manuellement (possibilité de lecture automatique de code-barres

mais non opérationnelle au sein du service). Le programme permet ensuite la réalisation des

préparations, des élutions, des injections, des contrôles qualité et l’édition d’étiquettes qui

seront apposées sur les flacons préparés, sur les seringues dispensées et sur le dossier du

patient. Lors de chacune de ces actions, une fiche de fabrication informatisée permet de

définir les modalités détaillées de préparation, tenant compte de la décroissance radioactive et

de l’activité volumique. Une fiche de fabrication plus générale peut être éditée lors de la

réalisation du contrôle qualité. Cette fiche de fabrication est conforme à la ligne directrice des

Bonnes Pratiques de Préparations spécifiques des médicaments radiopharmaceutiques.

Toutes ces étapes permettent une traçabilité ascendante et descendante optimale, avec des

possibilités de création d’outils statistiques personnalisés. Ainsi la création de registres des

commandes, de dispensation (ordonnancier), mais aussi d’administration (ce qui a vraiment

été injecté à une heure bien précise), de contrôles qualité a pu être réalisée. Le module

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radiopharmacie nous permet aussi d’extraire et d’éditer de nombreuses données statistiques

relatives aux indicateurs d’activité (nombre de dispensations réalisées de tel MRP…) et aux

indicateurs de gestion (quantité consommée par unité fonctionnelle, le service ayant 2 UF :

TEP et médecine nucléaire conventionnelle).

Nous allons maintenant vous présenter les différentes étapes qui ont permis la mise en place

du module radiopharmacie.

b) Démarche utilisée pour la mise en place du module Radiopharmacie

Le projet Radiopharmacie a été initié au mois de mai 2007 pour une mise en production

informatisée des préparations en juin 2008. Cette année de réflexion a été nécessaire au

déploiement de ce module au sein du service.

Pour être acceptée, l’informatisation doit, après une période de mise en place, améliorer

incontestablement les conditions de travail de tous les utilisateurs : gain de productivité, de

sécurité et confort d’exercice sont les qualités ouvertement recherchées lors de la mise en

application de ce projet. L’informatisation étant un moyen et non un but, le logiciel ne doit

pas être une entrave à la réalisation quotidienne des tâches : il doit être flexible et ne pas

bloquer les utilisateurs. Par exemple, un médecin doit pouvoir prescrire une dose supérieure à

la dose maximale autorisée par l’AMM, tout en étant averti de ce dépassement de posologie.

Du point de vue de la sécurité et de la traçabilité des actes, le logiciel doit simplement

enregistrer la confirmation de la prescription en dépit de l’avertissement et la transmettre au

pharmacien.

La mise en place du module Radiopharmacie s’est déroulée en neuf étapes bien distinctes :

1. « Prise en main » du logiciel GERA. Ce premier temps a permis la découverte

de l’architecture du logiciel. De nombreuses discussions avec les personnels ont permis

d’appréhender toutes les applications du logiciel GERA. Cette étape a permis d’esquisser les

contours du futur circuit informatisé du médicament radiopharmaceutique

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2. Formation au module Radiopharmacie au sein de l’unité de radiopharmacie

d’Avignon. Trois jours ont permis un retour d’expérience sur la mise en place de ce module,

notamment au niveau de son paramétrage et des diverses fonctionnalités accessibles.

3. Mise en place du matériel informatique sur site (branchements et installation)

par la société Thélème. Deux jours ont aussi été nécessaires pour nous montrer les

fonctionnalités et les particularités du module. Cette mise en place « physique » a permis

l’activation du module radiopharmacie au sein du service de médecine nucléaire.

4. Paramétrage de la base de données GERA. Cette quatrième étape a sans doute

été la plus fastidieuse. Tout d’abord, afin de ne rentrer dans cette base que des données

vérifiées et validées, nous avons réalisé un « guide des posologies et indications des

médicaments radiopharmaceutiques » ; ce document, validé par le chef de service de

médecine nucléaire, nous servira de référentiel pour agrémenter la base de données. Ce guide

regroupe tous les médicaments et toutes les préparations radiopharmaceutiques pouvant être

utilisées dans les protocoles cliniques du service. Il renferme les indications, les posologies,

mais aussi le mode opératoire de préparation et les interactions médicamenteuses possibles

(annexe 2).

Une fois ce guide réalisé, tous les types de radionucléides, trousses, MRP prêts à l’emploi

(DCI et dénomination commerciale) et autres solvants (EPPI, sérum physiologique) ; tous les

protocoles de préparations, d’élution, de contrôle qualité ; tous les lieux de stockage des

RP ont été agrémentés dans la base de données. Les modes opératoires ont aussi été intégrés

aux protocoles de préparations informatisés, afin d’éviter le recours à la mémoire. Pour

chaque préparation, des bornes d’activités à préparer ont aussi été ajoutées.

D’un point de vue sécuritaire, l’architecture du logiciel permet de responsabiliser fortement

tous les acteurs du circuit de gestion des radiopharmaceutiques et évite toute recopie

génératrice de dysfonctionnement, voire d’erreurs pour le patient. En ce qui concerne les

calculs automatiques (décroissance radioactive, calcul de doses..), le logiciel n’a jamais été

mis en défaut.

Notons toutefois qu’un guide des indications a été retrouvé a posteriori dans le service de

médecine nucléaire, mais il n’avait pas été actualisé depuis 1991.

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5. Test du circuit informatisé du MRP. Cette cinquième étape a été la plus

longue. L’impossibilité de créer une base de donnée « test » (désaccord entre Thélème et le

CHU) et d’« écraser » des données durant une certaine période (le temps de la phase de test)

nous ont obligé à simuler toutes les étapes du circuit, à savoir les réceptions, préparations,

élutions, contrôle qualité. Ces 4 mois de simulation nous ont permis un ajustement et une

résolution des problèmes de paramétrage.

6. Programme de formation des MERMs. La formation à l’utilisation d’un

logiciel est un élément essentiel qui conditionne directement son acceptabilité par l’utilisateur.

Un plan de formation en deux étapes a été formalisé avec le cadre du service. Les 11 MERMs

du service ont assisté à ces formations et émargés (pour une traçabilité des formations

efficiente). De plus, du fait de l’utilisation conjointe d’une caméra TEP par le centre François

Baclesse, ces formations ont été étendues à 3 MERMs du centre anticancéreux.

� Première formation (20 minutes environ par MERM) : cette formation, en

dehors de la radiopharmacie par souci de radioprotection, présentait le nouveau

circuit du MRP, en insistant sur les modalités de réceptions, de préparations,

d’élutions et de dispensations.

� Deuxième formation (15 minutes environ par MERM) : cette formation, en

configuration opérationnelle dans les enceintes blindées de la radiopharmacie,

reprenait les préceptes de la formation précédente et évaluait chaque nouvel

utilisateur. Elle a aussi permis de se rendre compte que l’informatisation avait

détérioré l’ergonomie de travail des manipulateurs. Le problème a été

solutionné en installant une souris sans fil et un écran d’ordinateur à l’intérieur

de l’enceinte blindée. La qualification de l’enceinte a ensuite été réalisée afin

de s’assurer que la classification Iso 8 était conservée.

7. Mise en production et assistance des MERMs. Une fois les formations

réalisées, la mise en production s’est faite de manière progressive mais totale pour l’ensemble

des MERMs.

� Totale dans le sens où toutes les préparations, élutions, dispensations et

administrations ont été réalisées de manière informatique.

� Progressive car l’organisation interne du service (un MERM préparant tous les

MRP pendant 1 semaine) ainsi que le grand nombre de MERMs sur le pool de

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« préparations des MRP » ont obligé à rendre cette mise en production

effective sur plusieurs mois.

Pour des soucis de réactivité optimale, les MERMs étaient assistés, dans les premiers temps

par l’équipe pharmaceutique. Cette assistance, à temps plein les premiers jours de

manipulations du logiciel, a rapidement été partielle ; au bout de trois jours en moyenne, les

MERMs avaient intégré la majorité des fonctionnalités de leur nouvel outil. Cette mise en

production informatisée de la radiopharmacie a aussi obligé à réorganiser le planning des

MERMs. L’augmentation du temps de préparation, inhérente à l’informatisation a contraint le

MERM préparant les radiopharmaceutiques à débuter son travail une demi-heure avant

l’horaire habituel.

8. Suivi des productions avec assistance des MERMs de la réception à

l’administration. Un cahier de « suivi des anomalies GERA » a été instauré au sein de la

radiopharmacie. Il permet de référencer les incidents apparus (défaut d’étiquette, problème

réseau…) et de faciliter la communication entre l’équipe radiopharmaceutique et les MERMs.

9. Enquête de satisfaction. Une enquête de satisfaction est prévue pour évaluer le

« ressenti » des MERMs quant à l’informatisation de la radiopharmacie. Pour avoir un recul

nécessaire à ce travail, nous avons prévu de réaliser cette enquête de satisfaction à 1 an

d’utilisation.

4) Création d’une zone à atmosphère contrôlée

Le projet de création d’une zone à atmosphère contrôlée dans le service de médecine est

ancien puisqu’il date de 2004. Il a fallu attendre les travaux relatifs à l’arrivée de la nouvelle

caméra-TEP en 2007-2008 pour formaliser ce local. Comme rappelé au premier chapitre, les

locaux doivent répondre aux exigences des lignes directrices particulières des BPP relatifs aux

médicaments radiopharmaceutiques et des médicaments stériles.

Les risques potentiels liés à la fabrication et à la manutention des radiopharmaceutiques

injectables concernent à la fois la qualité du produit et le personnel employé dans les zones de

fabrication. La limitation des risques liés aux radiations émises rend obligatoire l’observation

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rigoureuse des règles de sécurité nucléaire qui définissent les précautions et les moyens à

appliquer en matière de locaux, d’équipements et d’hygiène.

a) Contraintes spécifiques à la préparation des médicaments radiopharmaceutiques

Les préparations de MRP doivent répondre aux critères de qualité radiochimique mais aussi,

comme tout médicament injectable, aux critères de qualité microbiologique.

Les produits radiopharmaceutiques injectables doivent être stériles (monographies relatives

aux médicaments injectables et aux MRP, Pharmacopée Européenne, VIième édition). Ils

doivent donc être préparés selon les recommandations de réalisation des préparations édictées

par les Bonnes Pratiques de Préparations. Les lignes directrices spécifiques aux

radiopharmaceutiques, et celles relatives aux préparations stériles indiquent que ces

préparations radiopharmaceutiques ne peuvent pas être stérilisées dans leur récipient final.

Toutes les opérations relatives à leur fabrication devront ainsi être conduites de façon

aseptique. La législation allègue donc la nécessité de préparer ces médicaments dans une zone

à atmosphère contrôlée et définit celle-ci comme une « zone constituée de locaux et

d’équipements dont les qualités microbiologiques et particulaires sont maîtrisées et classées

selon leur niveau de contamination ».

Comme toutes les ZAC, celle-ci doit être dotée de parois lisses et imperméables, d’angles

arrondis, de peinture lessivable. Cette ZAC nécessite un accès réglementé avec sas d’entrée,

un vestiaire permettant l’habillement avec des tenues dédiées (surchaussures, blouse..) et une

« hygiène de haut niveau » du personnel. Le traitement de l’air est aussi spécifique puisqu’il

faut au minimum 10 renouvellements horaires et les enceintes blindées ventilées doivent être

munies d’un filtre HEPA (haute efficacité pour les particules de l’air).

Certaines exigences, notamment la mise en dépression de ces locaux et l’application d’un

gradient de pressions décroissantes allant de l’extérieur vers le poste de travail, sont

nécessaires pour assurer le confinement de la radioactivité et la radioprotection de

l’environnement extérieur. Néanmoins, elles vont à l’encontre de celles nécessaires pour

garantir la stérilité des préparations injectables. En effet, le local de la préparation se trouve en

dépression par rapport aux pièces environnantes alors que la surpression est la règle pour les

autres ZAC. La qualité microbiologique des préparations de MRP s’effectue donc dans un

environnement peu propice, le principe de radioprotection environnementale étant prioritaire

sur le principe de maîtrise du risque microbiologique.

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Par ailleurs, d’un point de vue pratique lors de la préparation, certaines particularités en

radiopharmacie rendent également difficile la garantie de la qualité :

� L’utilisation d’équipements en plomb pour la radioprotection du personnel rend le

bionettoyage de l’enceinte blindée et du matériel spécifique (protège-flacon, protège-

seringue) compliqué du fait du matériau utilisé, microbiologiquement difficile à

décontaminer d’une part, et de la nécessaire prise en compte de l’étape radioactive de

ce matériel incompatible d’autre part, pour des raisons de radioprotection, avec un

bionettoyage immédiat ;

� L’impossibilité d’utiliser de l’alcool éthylique avec le technétium pour la

décontamination des septums et des consommables (oxydation du pertechnétate donc

risque d’échec du radiomarquage), ce qui oblige à utiliser des produits présentant un

spectre d’action moins large comme la chlorhexidine aqueuse ou l’alcool

isopropylique ;

� Le type de préparations, souvent effectuées en plusieurs étapes, ayant pour

conséquence un temps de manipulation assez long et donc propice aux fautes

d’asepsie ;

� La préparation des MRP pour chaque patient à partir de flacons multidoses, qui

peuvent être contaminés suite aux multiples repiquages de la préparation initiale, qui

elle, est stérile.

La mise en place de cette ZAC va donc nécessiter une révision des pratiques de travail

(hygiène et radioprotection) avec une formation de l’ensemble des personnels (MERM et

ASH), mais aussi des procédures de bionettoyage. Des contrôles de contaminations

bactériologiques de surface devront aussi être mis en place, ainsi que des tests de remplissage

aseptiques.

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b) Hygiène

Afin de mieux répondre aux exigences réglementaires vues précédemment, l’équipe

radiopharmaceutique a mis en place un système d’assurance qualité rigoureux concernant la

contamination microbiologique au sein de la radiopharmacie. Ce système, basé sur la

documentation, comporte des procédures ainsi que des modes opératoires évalués, puis

validés par le radiopharmacien en collaboration avec l’équipe opérationnelle d’hygiène

hospitalière et concerne quatre domaines :

� Le bionettoyage du local de préparations radiopharmaceutiques, notamment les

enceintes blindées et celui du matériel. En substance, le bionettoyage des sols est réalisé, avec

une fréquence journalière avant le démarrage de l’activité (par souci de radioprotection), avec

un détergent-désinfectant ammonium quaternaire en alternance avec un détergent-désinfectant

alcoolique. Pour le bionettoyage des surfaces et du matériel, l’utilisation d’un détergent-

décontaminant liquide non chloré permet à la fois de nettoyer et de décontaminer les

éventuelles contaminations radioactives.

� L’accès au laboratoire a été restreint aux manipulateurs réalisant les préparations

radiopharmaceutiques, c’est-à-dire au maximum à deux personnes (un manipulateur pour les

préparations avec émetteurs de positons et un pour les émetteurs gamma). Cet accès est aussi

conditionné par le port de surchaussures et de gants. La présence d’un évier dans le sas

d’entrée au laboratoire permet une hygiène des mains optimale. Des contrôles de

biocontamination surfacique ont été mis en place et sont effectués par l’application de gélose

de contact (gélose Count-tact®, Biomérieux, France) sur 5 points constants et représentatifs

de l’ensemble des surfaces du laboratoire de préparation (1 sur le plan de travail, 2 sur le plan

de travail des enceintes blindées et 2 sur les gants). Les géloses sont ensuite incubées pendant

5 jours à 37°C. Ces contrôles sont réalisés avec une fréquence mensuelle, en activité, par le

radiopharmacien ou la MERM « référente-hygiène » préalablement formée. L’analyse des

cultures obtenues sur les géloses est réalisée en se basant sur les recommandations des BPP

pour les préparations stériles en système clos (classe Iso 8 soit <50 UFC/25cm2 et absence de

bactéries pathogènes et de champignons filamenteux). Un contrôle particulaire annuel a aussi

été mis en place en collaboration avec l’hygiène.

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Figure 18 (gauche) : gant d’enceinte blindée ventilée en dépression

Figure 19 (droite) : Enceinte blindée ventilée en dépression moyenne énergie

� La préparation et la reconstitution des médicaments radiopharmaceutiques sont

réalisées dans une enceinte blindée ventilée en dépression munie d’un filtre HEPA. Le

personnel doit porter des gants non stériles, non poudrés avant utilisation de gants solidaires à

l’enceinte blindée. Le matériel est désinfecté avant son entrée dans l’enceinte (chlorhexidine

aqueuse en dosette). La désinfection systématique des septums est réalisée avec des

compresses stériles non tissées imprégnées de chlorhexidine aqueuse. Un collecteur

d’aiguilles, intégré dans l’enceinte, sert de poubelle. L’utilisation de matériel stérile à usage

unique est de rigueur pour la préparation des médicaments radiopharmaceutiques (seringue,

aiguilles…) ; les matériels ne pouvant pas être à usage unique (protège seringue, plateaux

inox…) sont désinfectés après toute utilisation avec un décontaminant-désinfectant pour

instruments par l’agent d’entretien. Les enceintes blindées de préparations sont munies de

lampe germicide à ultra-violet activée chaque fin de journée.

La principale difficulté rencontrée lors de la mise en place de ces exigences hygiéniques a été

l’absence de temps afin de qualifier la ZAC avant toute activité. En effet, la nécessité de

réaliser la continuité des examens scintigraphiques nous a amenés à réaliser cette qualification

en activité. Après quelques mois de contrôles microbiologiques, les résultats sont conformes à

la réglementation.

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- 82 - 82

c) Formation des personnels

Les BPP précisent que « l’ensemble du personnel (y compris celui affecté au nettoyage et à la

maintenance), employé dans des zones où sont effectuées les préparations des médicaments

radiopharmaceutiques et leurs contrôles, reçoit une formation initiale et continue adaptée, en

particulier en radioprotection et en hygiène ». Outre les formations reçues lors de leurs

formations initiales, tous les personnels du service de médecine ont réalisé une « formation

continue du personnel intervenant en zone surveillée et contrôlée sur les risques liés aux

expositions des rayonnements ionisants ainsi que sur les règles de prévention et de

protection ». Cette formation est réalisée par l’établissement, elle est obligatoire et à

renouveler tous les trois ans.

Une formation collective plus spécifique à un travail en zone à atmosphère contrôlée a été

réalisée. En pratique, les principes rappelés sont le respect des règles d’habillage (tenue

dédiée changée tous les jours, surchaussures, port du masque obligatoire si rhume, même

léger) et une bonne hygiène des mains à travers un lavage simple des mains. La présence d’un

évier dans le sas d’entrée et de sortie des manipulateurs a été prévue. Un suivi de la

consommation de savon liquide ainsi que de gel hydroalcoolique au niveau de cet évier va

être réalisé.

Le principal problème rencontré est un respect peu rigoureux de l’asservissement des portes

du sas. Il a été prévu, dans les semaines qui viennent un asservissement automatique des

portes. Un autre point à améliorer est la notification d’une délimitation d’une zone propre et

d’une zone sale dans le sas d’entrée et de sortie des manipulateurs.

d) Locaux et équipements

Les normes d’hygiène et de radioprotection impliquent notamment le travail dans des locaux

spécifiques. Comme rappelé précédemment, ils nécessitent la présence de sas d’entrée, de

murs et de portes assurant la protection radiologique des travailleurs, des murs et des sols

lessivables et décontaminables. Mais ces normes sont parfois en opposition, l’atmosphère doit

être en dépression selon les normes de radioprotection et en surpression selon les normes

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d’hygiène. Pour pallier ce problème, des échelles de pression ont été établies entre les couloirs

du service de MN, le sas d’entrée et de sortie, et les locaux de préparation. L’air dans les

locaux est filtré et renouvelé afin de diminuer l’empoussièrement et assurer la stérilité des

préparations.

Les locaux ont été conçus en réunion bipartite entre le service de médecine nucléaire et les

ingénieurs du CHU, après avis du radiopharmacien. Les locaux de la radiopharmacie sont

composés :

� D’un local de livraison (2m2 + sas de livraison de 2m2). Ce local est équipé de

rayonnages destinés à accueillir les différentes livraisons et colis. Par souci de

radioprotection du personnel et du public, toutes les livraisons de produits radioactifs se

déroulent en dehors des horaires d’ouverture du service.

� D’un laboratoire de préparations et de contrôles de médicaments

radiopharmaceutiques aseptiques en système clos en classe Iso 8 et d’un sas (12m2). Sa

réalisation est très réglementée37 et dispose des murs avec une épaisseur adaptée à une

radioprotection optimale, des peintures lisses et facilement lavables, des sols lisses, lavables,

remontés en plinthes, munis de bondes d’évacuation des eaux, des plafonds avec luminaires

encastrés. De plus, les surfaces de travail sont facilement lavables et décontaminables. Le

laboratoire est doté d’un évier « actif » relié à une cuve de décroissance pour le recueil des

déchets liquides potentiellement radioactifs. Enfin, il est muni d’une ventilation indépendante

du reste du bâtiment, en dépression. Le renouvellement horaire de l’air est supérieur à 10.

Les préparations radiopharmaceutiques sont réalisées dans une enceinte blindée ventilée en

dépression. Une enceinte est dédiée au radiotraceurs de basse énergie (99mTc) et l’autre aux

préparations renfermant des radionucléides de moyenne énergie (18F, 131I). Les moyens de

radioprotection sont adaptés à la préparation et aux contrôles des médicaments

radiopharmaceutiques (vitre au plomb, pince de manipulation à distance...).

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Figure 20 (gauche) : Plan de travail et matériels nécessaires à la réalisation des contrôles de qualité (cuves à CCM, poubelle plombée,

paravent en verre plombé)

Figure 21 (centre) : Figure 22 (droite) : Enceinte blindée ventilée en dépression moyenne énergie

Figure 22 (droite) : Enceinte blindée ventilée en dépression moyenne énergie

� D’une salle de préparations radiopharmaceutiques aseptiques en système ouvert de

(encore appelée salle de marquages cellulaires) et d’un sas (9m2). La préparation de

marquages cellulaires nécessite une zone à atmosphère contrôlée avec un environnement de

classe Iso 7. Elle comprend une hotte à flux laminaire vertical de classe Iso 5 pour garantir

l’asepsie des préparations réalisées. L’accès à cette pièce se fait par un sas permettant de

revêtir une tenue adaptée (casaque en non-tissé, charlotte, surchaussures, gants stériles). Cette

pièce entrera en service effectivement en 2009 après avoir été préalablement qualifiée.

� Un local de stockage des déchets radioactifs (14m2). Ce local de décroissance des

déchets radioactifs est équipé de rayonnages permettant une gestion et une traçabilité

optimale des déchets.

� Deux bureaux pour les radiopharmaciens (9 et 14m2).

L’ensemble de ces changements organisationnels, tant du point de vue du personnel, que des

pratiques ont permis une sécurisation du circuit du médicament radiopharmaceutique. La

création de la ZAC, ainsi que la mise en place d’un système d’assurance qualité a permis de

préparer les MRP dans des exigences réglementaires pharmaceutiques ; l’informatisation,

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quant à elle, est un outil qui permet une aide à la réalisation de ces préparations, ainsi qu’un

instrument indispensable à la traçabilité de toutes les étapes du circuit du médicament

radiopharmaceutique.

Ces trois paramètres vont permettre à la Pharmacie à Usage Intérieur de Caen de développer

une de ses activités optionnelles avec la création d’une UF de radiopharmacie. Pour cela, un

dossier d’autorisation est en phase terminale de rédaction. Cette autorisation est délivrée par

le directeur de l’Agence régionale d’Hospitalisation, après avis de la DRASS et de l’ordre des

Pharmaciens. Une fois cette autorisation obtenue, une Unité Fonctionnelle de Radiopharmacie

sera créée au CHU de Caen.

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DISCUSSION / Développements futurs de l’UF de

Radiopharmacie au CHU de Caen

La sécurisation du circuit du médicament, récemment mise en place, a permis, grâce à

l’investissement de l’ensemble des acteurs, de vérifier l’illustre adage propre à notre

profession : délivrer au patient le bon médicament à la bonne dose et à la bonne heure, et ce

dans des conditions de traçabilité optimale.

Il reste cependant un grand nombre de démarches administratives et organisationnelles à

améliorer dans le futur. Nous avons ainsi, de manière non exhaustive, répertorié

chronologiquement les prochaines échéances à venir.

1) Actions à réaliser à court terme (dans les 6 mois)

a) Dossier d’autorisation d’activité de radiopharmacie

Une modification de l’autorisation initiale d’activité de la PUI, pour extension à une activité

facultative, est prochainement planifiée. Cette modification nécessite un dossier

d’autorisation d’ouverture de la radiopharmacie, qui est en phase terminale de rédaction. Un

groupe de travail a été formé et comprend deux rédacteurs (équipe radiopharmaceutique),

quatre relecteurs (chef de service et cadre de santé de MN, radiophysicien et responsable des

affaires réglementaires du CHU) et un approbateur (chef de service de Pharmacie). Notons

qu’une extension de l’autorisation de préparation des médicaments, pour des essais cliniques

utilisant des médicaments radiopharmaceutiques, en vertu de l’article R5126-9-2 du Code de

la Santé Publique, a aussi été planifiée.

Par souci de confidentialité d’un document non encore validé, nous ne vous présenterons que

son architecture. Ce document va servir de base à l’inspection en Pharmacie pour son contrôle

sur site. Il implique qu’après l’obtention de cette autorisation, toutes les préparations

radiopharmaceutiques seront sous la responsabilité du radiopharmacien. Ce transfert de

responsabilité implique aussi que ces préparations devront être réalisées en conformité avec

les Bonnes Pratiques de Préparations.

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TITRE

DEMANDE D’EXTENSION DES ACTIVITES DE LA PHARMACIE A USAGE

INTERIEUR

- Modification de l’autorisation initiale d’activité de la PUI pour extension à des activités facultatives – en vertu des articles R5126-19 et R5126-9 du Code de la Santé Publique,

- Extension de l’autorisation de préparation des médicaments pour des essais cliniques utilisant des médicaments radiopharmaceutiques - en vertu de l’article R5126-9 du Code de la Santé Publique.

PLAN

I – Présentation de la Pharmacie à usage intérieur (PUI) I.1 – Adresse de la PUI I.2 – Pôle de rattachement de la PUI I.3 – Pharmaciens de la PUI I.4 – Activités de la PUI bénéficiant d’autorisations I.5 – Extension à de nouvelles activités optionnelles relatives aux MRP

II – Présentation du service de médecine nucléaire (MN) I.1 – Adresse du service de MN I.2 – Pôle de rattachement du service de MN I.3 – Médecins du service de MN I.4 – Activités du service de MN I.5 – Présentation des équipements du service de MN I.6 – Présentation du personnel du service de MN I.7 – Présentation des locaux du service de MN I.8 – Organisation des locaux et circuits du patient, du personnel et des produits

III – Présentation de l’Unité Fonctionnelle (UF) de Radiopharmacie III.1 – Pôle de rattachement III.2 – Personnels de l’UF de radiopharmacie III.3 – Activités de l’UF de radiopharmacie III.4 – Locaux de l’UF de radiopharmacie III.5 – Hygiène et radioprotection III.6 – Equipements de l’UF de radiopharmacie III.7 – Système d’information

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b) Création d’une UF radiopharmacie…quid du préparateur

La création de cette UF de Radiopharmacie pourra, nous l’espérons, permettre d’impliquer

d’autres personnels dans la réalisation des préparations radiopharmaceutiques. Nous avons

comme objectif d’harmoniser les pratiques de préparation en proposant, à un pool restreint de

préparateurs en pharmacie, de réaliser ces préparations. Cette réorganisation portera sur le

recrutement d’un équivalent temps plein de préparateur en pharmacie hospitalière. Nous

pouvons préciser qu’au cours de leur formation initiale, ces préparateurs sont formés, en

théorie et en théorie à l’activité de radiopharmacie (module 5 du diplôme d’état de préparateur

en pharmacie hospitalière, 60 heures de théorie, 70 de pratiques). Par souci de radioprotection,

nous souhaitons recruter deux préparateurs à mi-temps qui se partageront cette activité à un

rythme hebdomadaire. Une fiche de poste des prochaines activités des préparateurs au sein de

la radiopharmacie a été réalisée. Cette réorganisation permettra un recentrage et une

valorisation des activités des MERMs.

c) Qualification de la salle de marquages cellulaires radioisotopiques

Les marquages cellulaires radioisotopiques, encore appelés préparations

radiopharmaceutiques aseptiques en système ouvert, permettent le marquage radioisotopique

d’une des trois lignées sanguines. Ces préparations concernent des éléments fragiles et

nécessitent des préparations lourdes (centrifugations, décantations, incubations) en flacons

ouverts, avec des risques de contamination radioactive, de contamination microbiologique et

d'irradiation importante. Les étapes de préparation des médicaments radiopharmaceutiques en

milieu ouvert sont conduites dans des hottes à flux laminaire vertical (classe A ou Iso 5),

placées dans un environnement contrôlé au minimum de classe C (Iso 7). Ces hottes sont

adaptées aux activités, aux types et à l’énergie des rayonnements émis par les radionucléides

utilisés. Pour assurer une radioprotection du préparateur, un mur plombé est monté devant la

hotte.

La qualification de cette zone à atmosphère contrôlée, dédiée aux préparations aseptiques en

système ouvert, est donc programmée pour début 2009, une fois que les locaux du service de

médecine nucléaire seront dans leur configuration optimale. Ces locaux devront permettre la

réalisation de préparations radiopharmaceutiques aseptiques en système ouvert conformes aux

BPP.

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d) Prescription informatisée a priori

L’informatisation a été une démarche indispensable à la sécurisation du circuit du

médicament radiopharmaceutique. Elle a permis une traçabilité optimale et un outil

d’assurance qualité performant. Cependant, à ce jour, ce circuit informatisé n’est pas continu

puisque les prescriptions restent réalisées en format papier. Sa mise en place n’est pas un

problème technique mais soulève des questions d’organisation fondamentales auxquelles

doivent en priorité répondre les acteurs. Les réponses à ces questions doivent être une

adaptation de l’organisation pour une meilleure prise en charge du patient et non une

adaptation de l’organisation à l’outil informatique. La majorité des examens étant

programmés, nous pouvons imaginer que ces prescriptions informatisées soient réalisées la

veille des injections, par un praticien ou un interne.

2) Actions à réaliser à moyen terme (dans les 18 mois)

a) Achat et mise en service d’un radiochromatographe pour le CQ des préparations RP

Le contrôle de qualité des préparations des médicaments radiopharmaceutiques est une des

missions les plus importantes de l’activité de radiopharmacie. Il permet de valider la

préparation et ainsi libérer le lot qui sera injecté au patient.

Ce contrôle de qualité, est de plus, composé d’une série de vérifications physico-chimiques

telles que la pureté radionucléidique et la pureté radiochimique fréquemment réalisées par

chromatographie couche mince.

Les radiochromatographes sont des outils parfaitement adaptés à la lecture des plaques de

CCM. Ils permettent l’obtention de radiochromatogrammes, qui sont des tracés représentant la

répartition de la radioactivité présente dans l’échantillon.

Ces appareils sont de deux types : de type Scanner (une sonde NaI qui se déplace sur la

plaque) comme par exemple Mini QC-scan® de Bioscan ou de type détecteur à gaz à ligne

retard (système 200® Packard, linear-TLC analyzer® Berthold).

Ces dispositifs possèdent d’une part, une très haute résolution spatiale et d’autre part une

grande sensibilité. Les logiciels fournis permettent le traitement des données (soustraction du

bruit de fond, rapport frontaux, intégration des pics, visualisation 2D…), ainsi que le stockage

informatique des résultats (traçabilité optimale).

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Ces systèmes sont cependant relativement chers (12 à 19 k€). Le radiochromatographe retenu

devra, par souci de qualité et de traçabilité, être interfaçable avec le logiciel GERA.

b) Mise en place d’un Audit interne par l’UF de pharmacotechnie de la PUI

La mise en place d’une démarche qualité au sein de la radiopharmacie impose que ce système

soit évalué dans le temps. Pour cela, il est indispensable de prévoir un calendrier relatif à la

réalisation d’un audit interne de l’activité de radiopharmacie. Le référentiel pris en

considération sera les Bonnes Pratiques de Préparation. Nous proposerons aux pharmaciens

de l’UF de pharmacotechnie de la PUI d’être les auditeurs. En effet, la proximité de notre

activité et de la leur, notamment la réalisation de préparations en système clos

(chimiothérapie) ou en système ouvert (nutrition parentérale) leur donne toute légitimité pour

nous auditer.

c) Evaluation à 1 an de pratique de l’informatisation : enquête de satisfaction

L’informatisation est une démarche indispensable qui a permis la sécurisation du circuit du

médicament radiopharmaceutique. Cependant, l’outil informatique n’est pas suffisant car

l’amélioration de la sécurité du circuit du médicament est la résultante d’une mise à plat de

toute organisation. Ainsi, afin de mesurer l’acceptabilité et la satisfaction des utilisateurs du

logiciel, de déceler, de résoudre les problèmes rencontrés et de faire évoluer le logiciel en

fonction des besoins identifiés, il sera nécessaire de faire une évaluation complète de la mise

en place de cette informatisation après un an d’utilisation.

d) Mise en place de contrôles de qualité des activimètres

En médecine nucléaire et en radiopharmacie, il est indispensable de connaître avec précision

l’activité administrée au patient, que ce soit pour des applications diagnostiques ou

thérapeutiques. Les principes d’optimisation et de limitations des doses, lors des expositions

aux rayonnements ionisants, imposent la mise en œuvre de moyens nécessaires pour maintenir

l’activité des médicaments radiopharmaceutiques administrés la plus faible possible. Elle doit

être compatible avec le but recherché et les niveaux de référence établis47. Ces principes ont

pour conséquence l’obligation de maintenance et de contrôle de qualité des équipements

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utilisés48,49. L’activimètre, instrument de mesure de la radioactivité, est le premier concerné.

C’est un dispositif médical de classe IIb. Il est soumis au marquage CE50 et, depuis l’arrêté du

3 mars 200351, à l’obligation de maintenance et de contrôle de qualité des équipements

utilisés.

Des contrôles de qualité vont être mis en place, en partenariat avec le radiophysicien médical.

Ces contrôles de qualité varient dans leur fréquence et leur réalisation et sont explicités dans

le « guide d’utilisation et de contrôle qualité des activimètres »52.

Ces tests peuvent être internes au service :

� Contrôles quotidiens

o Zéro électronique

o Tension de polarisation

o Mouvement propre

o Compensation du courant de polarisation

o Fidélité au moyen d’une source de constance

� Contrôles mensuels

o Vérification de la correspondance Bq/Ci

o Bon état du porte-échantillon et de la gaine plastique amovible de l’activimètre

� Contrôles annuels

o Reproductibilité au moyen d’une source radioactive d’au moins 40 MBq de

période longue

o Répétabilité au moyen d’une source radioactive d’au moins 40 MBq de période

longue

Ces tests peuvent aussi être externes au service :

� Linéarité réalisée par Laboratoire CERCA-LEA. Celui-ci est le

laboratoire national de métrologie dans le domaine des rayonnements ionisants.

� Tests inter-laboratoires obligatoires : un test inter-laboratoire relatif à la

mesure d’activité de gélules d’Iode-131est planifié pour janvier 2009.

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3) Actions à réaliser à long terme (>18 mois)

a) Plan de formation pour les élèves préparateurs hospitaliers

Le programme de la troisième année du Diplôme d’Etat de préparateurs en pharmacie

hospitalière impose une validation du module 5, relatif à l’exercice en radiopharmacie. Outre

les 60 heures théoriques, il oblige les candidats à réaliser 70 heures de pratique dans une unité

de radiopharmacie. Elle impose donc la formation méthodique et chronophage de ce

personnel. Devant l’augmentation du nombre de sollicitations de ces formations (deux à trois

préparateurs par an), il nous paraît opportun de réaliser un plan de formation structuré

permettant un enseignement pratique de bonne qualité. Ce plan de formation sera intégré au

système d’assurance qualité de l’UF de radiopharmacie.

b) Formation de personnels réalisant les marquages cellulaires radioisotopiques

L’activité de marquages cellulaires radioisotopiques est une activité à haut risque, tant du

point de vue de l’hygiène, que de manipulations de liquides biologiques et de la manipulation

de la radioactivité. Elle nécessite un personnel parfaitement formé ayant une très grande

technicité. Elle nécessite ainsi, de travailler sous hotte à flux laminaire vertical de classe Iso 5,

et de manipuler de grandes quantités de fluides biologiques (plusieurs centaines de millilitres).

Cette activité est aujourd’hui réalisée dans le service par deux techniciennes supérieures

proches de la retraite (3 ans). Nous devrons donc former d’autres manipulateurs (technicien,

préparateur) ou à défaut libérer du temps radiopharmacien pour effectuer ces préparations en

système ouvert.

Même si cette activité est très chronophage, il nous paraît important de la conserver. Celle-ci

pourrait s’apparenter à une activité de service public. En effet, une étude récente du Syndicat

National des Radiopharmaciens souligne qu’en Basse Normandie, seul notre service exécute

ces examens.

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c) Recrutement d’un deuxième préparateur en pharmacie hospitalière

La réalisation des contrôles de qualité des préparations, et la préparation de marquages

cellulaires radioisotopiques en système ouvert, sont très chronophages et nécessitent une

présence continue obligatoire du radiopharmacien dans la zone à atmosphère contrôlée. Par

ailleurs, l’article L.5126-5 du CSP stipule, que les pharmaciens, exerçant au sein d’une PUI

exercent personnellement leur profession ou peuvent se faire aider par des personnes

autorisées, au sens du titre IV du livre II de la partie IV, ainsi que par d’autres catégories de

personnels spécialisées, qui sont attachés à la PUI à raison de leurs compétences. Ce point est

de nature à favoriser le recrutement de préparateurs en pharmacie. Le radiopharmacien

pourrait ainsi se recentrer sur ses activités de gestion de la radiopharmacie.

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CONCLUSION

Le circuit du médicament est un macroprocessus complexe mobilisant de nombreuses

catégories de professionnels de santé, devant se coordonner dans l’espace et dans le temps.

Au-delà des progrès technologiques de ces dernières années en matière d’informatique ou

d’automatisation, c’est aussi et surtout dans le management des risques et la bonne

coordination afférente qu’il faut chercher à fluidifier et fiabiliser le circuit du médicament. Il

apparaît obligatoire et nécessaire que tous les professionnels du circuit du médicament soient

impliqués dans ce dispositif.

La mise en œuvre de cette sécurisation du circuit du médicament radiopharmaceutique au

CHU de Caen, tant au niveau de la création d’une zone à atmosphère contrôlée que du

déploiement de l’informatisation et du système qualité au sein de la radiopharmacie, a permis

une meilleure prise en charge du patient.

L’informatisation du circuit du médicament est une nécessité aussi bien pour le patient que

pour l’ensemble des acteurs de santé à condition de l’informatiser dans son ensemble. Même

si ce travail d’informatisation a été de longue haleine, elle a permis de faire le point sur les

faiblesses du circuit existant. Sa mise en place n’est pas un problème technique mais soulève

des questions d’organisation, fondamentales, auxquelles doivent en priorité répondre les

acteurs. Les réponses à ces questions doivent être une adaptation de l’organisation pour une

meilleure prise en charge du patient et non une adaptation de l’organisation à l’outil

informatique.

La mise en place a été progressive, afin de déceler et résoudre les problèmes rencontrés le

plus rapidement possible. Les évaluations ciblées tout au long du processus de mise en place

permettent d’écouter les utilisateurs et de recueillir leurs besoins.

En effet, aucun logiciel n’est parfait, par contre il doit pouvoir évoluer en fonction des besoins

exprimés.

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- 95 - 95

BIBILOGRAPHIE

1) S. Callaert, C. Chouaid, O. Grandcourt, C. Fuhrman, A. Thébault. Assurance qualité à

l’hôpital : comparaison de 3 circuits du médicament. Journal de Pharmacie clinique. Vol.19

N.2. 143-148. Juin 2000.

2) Société Française de Pharmacie Clinique. Guide « Accréditation et Pharmacie

hospitalière ». SFPC. P.31-35, 2001.

3) Mission Nationale d’Expertise et d’Audit Hospitalier « MEAH ». Organisation du circuit

du médicament dans les hôpitaux et cliniques – rapport final -. P.3-8. Septembre 2006.

4) Arrêté du 31 mars 1999 relatif à la prescription, la dispensation, et l’administration des

médicaments soumis à la réglementation des substances vénéneuses dans les établissements

de santé – JO du 1/04/1999.

5) Décret du 26 décembre 2000 relatif aux pharmacies à usage intérieur et modifiant le Code

de la Santé Publique – JO du 26/12/2000.

6) Décret de compétence du 11 février 2002 relatif aux actes professionnels et à la profession

d’infirmier et de MERM – JO du 16/02/2002.

7) Décret du 24 août 2005 relatif au contrat de bon usage des médicaments et des produits et

prestations mentionné à l’article L. 162-22-7 du code de la sécurité sociale - JO du

24/08/2005.

8) Décret du 30 mars 1992 relatif au dossier médical et à l'information des personnes

accueillies dans les établissements de santé publics et privés et modifiant le code de la santé

publique – JO du 01/04/1992.

9) Décret du 6 septembre 1995 portant code de déontologie médicale - JO du 7/09/1995.

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10) Chatenet C, Sehier R. Prescription informatisée. Technique hospitalière. Vol.690. P17-

27.2005.

11) Article R.4235-48-3 du Code de la Santé Publique relatif à l’acte de délivrance

pharmaceutique.

12) Haute autorité de santé (HAS). Fiche thématique « organisation du circuit du médicament

en établissement de santé ». P.1-9. Nov.2006.

13) Conte E. Autorisation des pharmacies à usage intérieur pour la réalisation des

préparations hospitalières. Mémoire de l’école nationale de santé publique – section

Pharmacien inspecteur de santé publique. P.9-14. 2003.

14) Vibert JF. Démarche qualité en médecine. Nephrologie. Vol. 23 N.1. P.7-10. 2002.

15) Carlet J. Risque infectieux en réanimation : gestion et prévention. Ed. Masson. P.50-72.

2002

16) Gautier H, Niyibizi M. Impact de l'ISO 9001:2000 sur le service biomédical. Application

aux fluides médicaux. Mémoire de DESS « Management des technologies en santé,

Compiègne. P.38-42. 2001.

17) Schemoul E, Fontaine B, Canonne M. L’ISO en marche dans l’exercice pharmaceutique

hospitalier. Revue de l’ADPHSO. Vol.27. P.117-119. 2002.

18) Haute Autorité de Santé. Fiche technique « définir, ensemble, les nouveaux horizons de la

Qualité en santé ». P.7-18. 2002.

19) Arrêté du 22 juin 2001 relatif aux Bonnes Pratiques de Pharmacie Hospitalière – JO du

3/07/2001.

20) Ratsimbazafy V. Evolution de la référence de certification sur le circuit du médicament.

Actualités pharmaceutiques hopitalières.N.15. P44-49. Août 2008.

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- 97 - 97

21) Arrêté du 7 novembre 2007 des Bonnes Pratiques de Préparation – JO du 21/11/2007.

22) Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (DHOS). Rapport

final : « L’informatisation du circuit du médicament dans les établissements de santé :

Approche par l’analyse de la valeur. Quels projets pour quels objectifs ? ». P.8-20. 2001.

23) Lengue V, Bosson J.-L, Brudieu E. Consommation en médicaments après informatisation

de la prescription dans un service de CHU. Journal d’Economie Médicale. Vol 16. P.405-414.

1998.

24) Peron JY. L’informatisation du circuit du médicament à l’hôpital. Cadre législatif et

réglementaire et rôle de l’inspection en Pharmacie. Mémoire de l’école nationale de santé

publique – section Pharmacien inspecteur de santé publique. P17-24. 2002.

25) Circulaire du 2 janvier 1985 relative à l’informatisation des systèmes de dispensation

(circulaire 658/DPhM BO 82/2bis).

26) Circulaire du 15 septembre 1986 relative à l’information des systèmes de dispensation des

médicaments et de gestion des pharmacies hospitalières (circulaire 677 BO 87-2bis).

27) Circulaire du 17 février 1987 est relative à la mise en place d’une mission pour

l’informatisation des pharmacies hospitalières (circulaire 175 BO 87-18).

28) Chast F, Brandely ML, Bardin C. Apports de l’informatique à la prescription, à

l’évaluation et à la sécurité du circuit des médicaments anticancéreux. Revue de l’Académie

nationale de Pharmacie. Vol.189. P1721-1733. 2005.

29) Lusamvuku MA, Gatinol C. L’informatisation du circuit du médicament à l’hôpital : les

causes du retard. Mémoire de l’école nationale de santé publique – section Pharmacien

inspecteur de santé publique. P4-21. 2005.

30) Pons D, Poisson N, Beauverie P. Evaluation d’un logiciel de suivi et de dispensation des

prescriptions par une unité de soins psychiatriques. Le Pharmacien Hospitalier. Vol.33. P.11-

15. 1998.

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31) Bimbot R. Histoire de la radioactivité : évolution d’un concept et de ses applications.

Ed.Vuibert/adapt. P.24-70. 2006.

32) Dumont A, Rizzo-padoin N, Jourdain JR, Schermann JM. Exercice de la radiopharmacie :

spécificités et particularités. Journal de pharmacie clinique. Vol.19. P.137-142. 2000.

33) Belhadj-Tahar H. Darbieu MH. Application de la chimie de coordination du technétium-

99-m dans le domaine de la biologie et de la médecine. L' Actualité chimique. Vol.11. P.57-

63. 2003.

34) Loi no 92-1279 du 8 décembre 1992 modifiant le livre V du code de la santé publique et

relative à la pharmacie et au médicament - JO du 11/12/1992.

35) Desuzingues D. Les radiopharmaceutiques et la radiopharmacie : aspects réglementaires

et techniques. Mémoire de l’école nationale de santé publique – section Pharmacien

inspecteur de santé publique. P2-32. 2000.

36) Directive européenne du conseil n°89/343/CEE du 3 mai 1989 prévoyant des dispositions

complémentaires pour les produits radiopharmaceutiques - JOCE du 25/05/1989.

37) Article R.1333-24 du Code de la Santé Publique relatif à l’utilisation et la détention de

radionucléides, en vue de leur utilisation à des fins médicales.

38) Circulaire DGS/DHOS du 9 juillet 2001 relatif au tri, à l’élimination et à la gestion

effluents et des déchets radioactifs liquides et solides. (circulaire n°2001-323).

39) Arrêté du 1er décembre 2003 relatif aux qualifications et à la formation des pharmaciens

utilisant des médicaments radiopharmaceutiques dans les établissements de santé - J.O. 30

janvier 2004.

40) Décret du 26 décembre 2000 relatif aux conditions d’exercice de la radiopharmacie – JO

du 30/12/2000.

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41) Chamroeun S, Malliti M, Oliary J. Organisation du suivi pharmaceutique des

prescriptions à l’hôpital Lariboisière : utilisation du logiciel Sauphix®. Le Pharmacien

Hospitalier. Vol.34. P.6. 1999.

42) Décret du 30 octobre 1981 relatif aux conditions d’emploi des radioéléments artificiels

utilisés en sources non scellées des fins médicales – JO du 29/11/1981.

43) Directive 97/43/euratom du Conseil du 30/06/1997 relative à la protection sanitaire des

personnes contre les dangers des rayonnements ionisants lors d’exposition à des fins

médicales – JO du 09/07/1997.

44) Décret du 24 mars 2003 relatif à la protection des personnes exposées à des rayonnements

ionisants à des fins médicales et médico-légales et modifiant le Code de la Santé Publique –

JO du 26/03/2003.

45) Décret du 2 octobre 1986 relatif à la protection des travailleurs contre les dangers des

rayonnements ionisants - J.O. du 12/10/1986.

46) Directive 97/43/Euratom du 30 juin 1997, relative à la protection sanitaire des personnes

contre les dangers des rayonnements ionisants lors d’exposition à des fins médicales – JOCE

du 09/07/1997.

47) Arrêté du 12 février 2004 relatif aux niveaux de référence diagnostiques et radiologie et

en médecine nucléaire – JO du 16/03/2004.

48) Arrêté du 19 novembre 2004 relatif à la formation, aux missions et aux conditions

d’intervention de la personne spécialisée en radiophysique médicale.

49) Décret du 5 décembre 2001 relatif à l’obligation de maintenance et aux contrôles Qualité

des dispositifs médicaux prévus à l’article L.5212 du Code de la Santé Publique - JO du

07/12/2001.

50) Arrêté du 4 février 1991 fixant la liste des produits et appareils soumis à marquages CE –

JO du 08/02/1991.

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- 100 - 100

51) Arrêté du 3 mars 2003 fixant les listes des dispositifs médicaux soumis à l’obligation de

maintenance et au contrôle de qualité mentionnés aux articles L 5212-1 et D 665-5-3 du Code

de la Santé Publique – JO du 19/03/2003.

52) Blanchis P. et al. Guide d’utilisation et de contrôle qualité des activimètres. Ed.

CEA/LNHB. P. 51-52. 2006.

53) Loi du 17 janvier 2002 dite de modernisation sociale – JO du18/01/2002.

54) Madic A. Informatisation du circuit du médicament à l’hôpital : de l’intention à la

réalisation. Expérience du centre hospitalier Charcot de Caudan. Mémoire de DES de

Pharmacie hospitalière et des collectivités. P.3-25. 2001.

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GLOSSAIRE

AFSSAPS : Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé

AMM : Autorisation de mise sur le marché

ARH : Agence régionale d’hospitalisation

ASN : Autorité de sûreté nucléaire

BPP : Bonnes pratiques de préparations

CCAM : classification commune des actes médicaux

CCM : Chromatographie couche mince

CHU : Centre hospitalier et universitaire

CIREA : Commission interministérielle des radioéléments artificiels

COMEDIMS : Commission du médicament et des dispositifs médicaux stériles

CQ : Contrôle qualité

CLHP : Chromatographie liquide haute performance

CSP : Code de la Santé Publique

CSS : Code de la sécurité sociale

HAS : Haute autorité de santé

HEPA : Haute efficacité sur les particules de l’air

IV : Intraveineuse

MDS : Médicament dérivé du sang

MERM : Manipulateur en électroradiologie médicale

MRP : Médicament radiopharmaceutique

PHRC : Programme hospitalier de recherche clinique

PUI : Pharmacie à usage intérieur

RCP : Résumé des caractéristiques du produit

UV : Ultra-violet

ZAC : Zone à atmosphère contrôlée

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LEXIQUE

*Activité radioactive (BPP) : quotient du nombre de transformations nucléaires spontanées

qui se produisent dans une quantité d’un radionucléide pendant un certain temps, par ce

temps.

*ASN (Autorité de sûreté nucléaire) : Autorité administrative indépendante créée par la loi

n° 2006-686 du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire

(dite "loi TSN"), est chargée de contrôler les activités nucléaires civiles en France. L'ASN

assure, au nom de l’État, le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France

pour protéger les travailleurs, les patients, le public et l’environnement des risques liés aux

activités nucléaires.

* Assurance de la qualité : ensemble des activités préétablies et systématiques mises en

oeuvre dans le cadre du système qualité, et démontrées en tant que besoin, pour donner la

confiance appropriée en ce qu'une entité satisfera aux exigences pour la qualité.

*Générateur (article L5121-1 du CSP) : tout système contenant un radionucléide parent

déterminé servant à la production d'un radionucléide de filiation obtenu par élution ou par

toute autre méthode et utilisé dans un médicament radiopharmaceutique.

* Management de la qualité: ensemble des activités de la fonction générale de management

qui déterminent la politique qualité, les objectifs et les responsabilités, et les moyens tels que

la planification de la qualité, l'assurance de la qualité, l'amélioration de la qualité, dans le

cadre du système qualité.

*Médicament radiopharmaceutique (article L5121-1 du CSP) : tout médicament qui, lorsqu'il

est prêt à l'emploi, contient un ou plusieurs isotopes radioactifs, dénommés radionucléides,

incorporés à des fins médicales.

*Précurseur (article L5121-1 du CSP) : tout radionucléide (autre que ceux contenu dans les

médicaments radiopharmaceutiques et les générateurs) produit pour le marquage radioactif

d'une autre substance avant administration.

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*Préparation aseptique en système clos (BPP) : procédé de répartition aseptique permettant

le prélèvement et le transfert d’un produit stérile vers un autre contenant stérile dans lequel les

systèmes de fermeture des contenants et le matériel de transfert restent en place pendant toute

la durée du processus de transfert, uniquement assuré par une aiguille stérile, une tubulure

stérile ou tout autre dispositif de transfert stérile. Le transfert du produit stérile est réalisé de

telle manière qu’il ne soit jamais en contact avec l’environnement. Sauf en cas d’un risque

toxique, il peut être admis que le prélèvement d’une solution stérile à partir d’une ampoule

dans un environnement de classe A peut être considéré comme un transfert en système clos si

celui-ci est immédiat.

*Préparation hospitalière : tout médicament, à l’exception des produits de thérapie génique

ou cellulaire, préparé selon les indications de la pharmacopée et en conformité avec les

bonnes pratiques, en raison de l’absence de spécialité pharmaceutique disponible ou adaptée

dans une pharmacie à usage intérieur d’un établissement de santé, ou d’un établissement

pharmaceutique de cet établissement de santé autorisé. Les préparations hospitalières sont

dispensées sur prescription médicale à un ou plusieurs patients par une pharmacie à usage

intérieur dudit établissement. Elles font l’objet d’une déclaration auprès de l’Agence

Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé, dans des conditions définies par arrêté

du ministre chargé de la santé.

∗Préparation magistrale : tout médicament préparé extemporanément en pharmacie selon

une prescription destinée à un malade déterminé.

*Pureté radiochimique (Ph. Eur. 6è Ed.) : pour un radionucléide donné, rapport, exprimé en

pourcentage, de la radioactivité attribuable à la forme chimique indiquée à la radioactivité

totale attribuable à ce radionucléide dans la préparation radiopharmaceutique.

*Pureté radionucléidique (Ph. Eur. 6è Ed.) : pour un radionucléide donné, rapport, exprimé

en pourcentage, de la radioactivité attribuable à ce radionucléide à la radioactivité totale de la

préparation radiopharmaceutique.

*Qualité : Ensemble des caractéristiques d'une entité qui lui confèrent l'aptitude à satisfaire

des besoins exprimés et implicites.

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*Radioactivité : Phénomène physique au cours duquel des noyaux atomiques instables se

désintègrent en dégageant de l'énergie sous forme de rayonnements divers, pour se

transformer en des noyaux atomiques plus stables. Les rayonnements ainsi émis sont appelés,

selon le cas, des rayons alpha, béta ou gamma.

*Radiochromatographe : appareil constitué d’un détecteur de radioactivité et de son

électronique associée, d’un plateau porte échantillon et d’un enregistreur qui permet de

visualiser la répartition de la radioactivité.

*Sas (BPF, BPP) : espace clos, muni de deux ou de plusieurs portes ne pouvant être ouvertes

en même temps, placé entre deux ou plusieurs pièces (par exemple de différentes classes

d’environnement) afin de maîtriser le flux d’air entre ces pièces lors des entrées et des sorties.

*Spécialité pharmaceutique (article L5111-2 du CSP) : tout médicament préparé à l’avance,

présenté sous un conditionnement particulier et caractérisé par une dénomination spéciale.

*Système qualité : ensemble de l'organisation des procédures, des processus et des moyens

nécessaires pour mettre en oeuvre le management de la qualité.

*Zone d’atmosphère contrôlée (BPF) : zone dont le contrôle de la contamination particulaire

et microbienne dans l’environnement est défini et qui est construite et utilisée de façon à

réduire l’introduction, la multiplication ou la persistance de substances contaminantes.

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ANNEXES

Annexe 1 : Circuit informatisé du médicament radiopharmaceutique

Annexe 2 : Guide des posologies et indications des médicaments

radiopharmaceutique

Annexe 3 : Procédure du contrôle qualité du 99mTc-bétiatide

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Annexe 1 : Circuit informatisé du médicament

radiopharmaceutique

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Annexe 2 : Guide des posologies et indications des médicaments

radiopharmaceutique

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Annexe 3 : Procédure du contrôle qualité du 99mTc-bétiatide