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Optomécanique dans les résonateurs intégrés et hybrides à cristal photonique bi-dimensionel (synthèse en français) UNIVERSITÉ PARIS-SUD XI École Doctorale 288 : Ondes et Matière CNRS – Laboratoire de Photonique et de Nanostructures Composition du jury : Viktor Tsvirkun par Date de soutenance : 15 Septembre 2015 THÈSE pour l’obtention du grade de DOCTEUR de l’Université Paris-Sud Domaine: PHYSIQUE Dr. Antoine Heidmann Université Pierre et Marie Curie / CNRS Rapporteur Dr. Vincent Laude Institut FEMTO-ST / CNRS Rapporteur Prof. Jean-Jacques Greffet Institut d’Optique Graduate School Examinateur Prof. Dries Van Thourhout Ghent University / IMEC (Belgique) Examinateur Prof. Khaled Karraï attocube systems AG (Allemagne) Examinateur Dr. Rémy Braive CNRS–LPN / Université Paris 7 Membre invité Dr. Isabelle Robert-Philip CNRS–LPN Directrice de thèse

Optomechanics in hybrid fully-integrated two-dimensional ... · Viktor Tsvirkun par Date de soutenance : 15 Septembre 2015 THÈSE pour l obtention du grade de DOCTEUR de l Université

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  • Optomechanics in hybrid fully-integratedtwo-dimensional photonic crystal resonators

    Optomechanics in hybrid fully-integrated two-dimensional photonic crystal resonators Optomécanique dans les résonateurs intégrés et hybrides à cristal photonique bi-dimensionel

    (synthèse en français)

    UNIVERSITÉ PARIS-SUD XIÉcole Doctorale 288 : Ondes et Matière

    CNRS – Laboratoire de Photonique et de Nanostructures

    Composition du jury :

    Viktor Tsvirkunpar

    Date de soutenance : 15 Septembre 2015

    THÈSEpour l’obtention du grade de

    DOCTEUR de l’Université Paris-Sud

    Domaine:PHYSIQUE

    Dr. Antoine Heidmann Université Pierre et Marie Curie / CNRS Rapporteur Dr. Vincent Laude Institut FEMTO-ST / CNRS RapporteurProf. Jean-Jacques Greffet Institut d’Optique Graduate School ExaminateurProf. Dries Van Thourhout Ghent University / IMEC (Belgique) ExaminateurProf. Khaled Karraï attocube systems AG (Allemagne) ExaminateurDr. Rémy Braive CNRS–LPN / Université Paris 7 Membre invitéDr. Isabelle Robert-Philip CNRS–LPN Directrice de thèse

  • Synthèse en français

    La motivation générale de cette thèse repose sur le développement d’une plateforme op-

    tomécanique répondant aux enjeux des domaines tant fondamentaux (mécanique quan-

    tique, information quantique) qu’appliqués (photonique sur puce, photonique RF, métro-

    logie). Ces enjeux requirent des dispositifs intégrés à couplage optomécanique contrôlé. De

    fait, l’objectif premier de cette thèse est le développement et la validation expérimentale

    d’un système optomécanique intégré de manière hétérogène permettant de façonner la

    nature du couplage lumière – mécanique. Ce système se compose d’une membrane op-

    tomécanique suspendue, reportée au-dessus d’un guide d’onde d’accès en silicium. Cette

    approche tri-dimensionnelle hybride peut être étendue à une grande variété de matériaux

    employés pour former la partie active de dispositif (ici en semi-conducteurs III-V) ; elle peut

    aussi tirer partie de la versatilité du circuit optique silicium intégré, réalisant ici un canal

    d’accès optique compact, efficace, entièrement contrôlé et flexible sur puce. L’intégration

    d’un cristal photonique dans la membrane optomécanique apporte encore plus de ver-

    satilité à notre système, conférant à la membrane à la fois des propriétés optiques et

    mécaniques. La compréhension fine du système est obtenue par simulations numériques,

    permettant de quantifier les caractéristiques mécaniques et optiques pertinentes et de les

    optimiser ; les designs obtenus sont ensuite validés par la caractérisation expérimentale des

    dispositifs réels. Le système conçu offre de grandes capacités de mise à l’échelle, tout en

    étant aisément intégrable au sein des circuits plus grands et plus complexes ; ceci ouvre

    la voie vers des effets de couplage multi-cavités et multi-résonateurs, la mise en œuvre de

    mécanismes de synchronisation et des expériences optomécaniques multi-modes.

    1.1 Optomécanique

    Le domaine de l’optomécanique explore l’interaction entre la lumière, ou les ondes électro-

    magnétiques, et le mouvement mécanique d’un objet macroscopique oscillant. L’opto-

    mécanique en cavité quant à elle [Kippenberg 2007 ; Aspelmeyer 2013] englobe l’étude et

    l’utilisation des interactions de lumière avec un résonateur mécanique placé à l’intérieur

    d’une cavité (par exemple, optique), la présence de la cavité permettant une exaltation de

    cette interaction.

    Le système canonique en optomécanique en cavité est celui d’une cavité Fabry-Pérot

    avec un miroir mobile (Fig. 1.4), mettant en jeu des effets de couplage par pression de

    3

  • 4

    lasercavité optique

    objet mobile

    Figure 1.4 : Illustration schématique d’un résonateur optomécanique générique dansle domaine optique constitué d’une cavité Fabry-Pérot pompée par un laser, où l’un desmiroirs est fixe (à gauche) et l’autre est monté sur un ressort (à droite) et libre de semouvoir.

    radiation. Le domaine de l’optomécanique en cavité s’étend cependant à une grande variété

    de systèmes, de géométries diverses et réalisant d’autres types de couplage lumière –

    matière à l’intérieur des cavités monolithiques (par exemple, par la force de gradient,

    l’effet photo-élastique, la photostriction etc.). Une telle interaction devient considérable à

    l’échelle micro- et nanométrique, où la masse effective de l’oscillateur mécanique meff peut

    être considérablement réduite.

    L’effet essentiel du couplage optomécanique est le fait qu’un déplacement mécanique

    de la cavité induit un changement dans l’état de la lumière. En retour, le changement

    d’état de la lumière modifie le mouvement de l’oscillateur. Les champs potentiels d’appli-

    cations de ce domaine couvrent d’une part les études fondamentales de la physique ; on

    peut ainsi citer le régime quantique d’un oscillateur macroscopique ou bien l’interaction

    hybride entre un oscillateur mécanique et des systèmes à deux niveaux (atomes, centres

    NV, bôıtes quantiques. . .). Ainsi, les systèmes optomécaniques sont aujourd’hui envisagés

    pour les applications dans le traitement quantique de l’information, servant comme une

    interface cohérente entre les qubits de la lumière et de la matière. D’autre part, l’étude

    expérimentale des systèmes optomécaniques est étroitement liée aux enjeux métrologiques,

    en particulier la mesure de très faible déplacements et plus largement de la masse, de la

    force, de l’accélération, etc. ; ils sont aussi envisagés dans des dispositifs radiofréquences

    en tant qu’horloges intégrées.

    Quel que soit le domaine (fondamental ou appliqué) envisagé, la tendance générale vise

    à augmenter la fréquence mécanique de fonctionnement fm, ce qui passe par la diminution

    de la taille de l’oscillateur et au passage la réalisation de cavités monolithiques optiques

    atteignant la limite de diffraction ; cet enjeu est de fait naturellement associé à celui plus

    général du couplage de telles cavités monolithiques à l’espace libre. Plusieurs systèmes

    optomécaniques fonctionnant à la limite de diffraction ont été conçus, parmi lesquels les

    membranes à cristaux photoniques, qui permettent de contrôler efficacement la propaga-

    tion de la lumière et son confinement à l’échelle micro- et nanométrique ; ces membranes

    ont été ainsi choisies dans le cadre de ce travail.

  • 1.2. Cristaux photoniques pour l’optomécanique 5

    1.2 Cristaux photoniques pour l’optomécanique

    Les cristaux photoniques (CP) forment un système naturel ou créé artificiellement, capable

    de contrôler localement la propagation de la lumière [Joannopoulos 2011]. En général, ce

    sont des matériaux qui présentent une périodicité dans la constante diélectrique ε dans

    une ou plusieurs dimensions. Une telle variation, introduite à l’échelle de longueur d’onde

    optique, peut permettre de contrôler la propagation de la lumière dans une telle structure

    périodique selon la(les) direction(s) choisie(s). Par analogie avec la bande interdite pour les

    électrons dans un réseau cristallin de semi-conducteur, les bandes interdites photoniques

    des CP peuvent également être conçues pour interdire la propagation des photons avec

    certaines énergies. Ces bandes d’énergie ou plage des longueurs d’onde correspondantes,

    représentent une bande interdite photonique [Yablonovitch 1987 ; John 1987]. Si on crée

    un défaut au sein d’un tel milieu périodique, on peut créer une cavité présentant un mode

    optique dont la fréquence ν0 est située à l’intérieur de bande interdite photonique. Ce mode

    ne pourra se propager dans le cristal alentour. Il sera ainsi très confiné avec une durée

    de vie des photons élevée. Ce système a été intensivement utilisé dans divers domaines

    et applications en nanophotonique, s’étendant des sources de photons uniques [Laurent

    2005] jusqu’à l’optique non-linéaire [Bazin 2014]. Ce n’est que récemment, en 2009, qu’il

    a été utilisé dans le cadre de l’optomécanique [Eichenfield 2009a ; Eichenfield 2009b]. Ce

    concept de CP est généralement utilisé dans les systèmes optomécaniques pour créer une

    cavité optique incorporée dans un dispositif optomécanique. Plusieurs designs des cavités

    à cristaux photoniques existent ; ils se distinguent par le nombre de dimensions présentant

    une périodicité de l’indice de réfraction. Pour les applications optomécaniques des systèmes

    périodiques uni-dimensionnel (1D) et bi-dimensionnel (2D) sont utilisés, le confinement

    du mode optique dans les directions restantes étant obtenu par réflexion totale interne (la

    structure est généralement suspendue dans l’air). Dans le cadre de ce travail de thèse, la

    membrane suspendue est percée par un cristal photonique 2D intégrant une cavité optique

    à défaut L3 (trois trous manquants en ligne). Notons que le cristal photonique peut être

    aussi utilisé dans différentes configurations, créant un miroir à incidence normale ou une

    cavité à défaut dans un cristal parfait.

    1.3 Vers l’intégration des résonateurs optomécaniques

    La plupart des dispositifs dans les expériences d’optomécanique englobent une cavité op-

    tique dont le mode participe dans l’interaction optomécanique. Traditionnellement, cette

    cavité (dans sa réalisation monolithique) est alimentée avec de la lumière provenant d’un

    laser de sonde, couplé à une fibre étirée introduite dans le champ évanescent de la cavité.

    Une telle fibre nécessite une préparation délicate et spécifique (sa partie centrale doit être

    beaucoup plus mince que celle d’une fibre ordinaire de manière à se coupler au mode de

    la cavité) ainsi qu’un alignement précis par rapport à l’échantillon sondé dans tous les

    trois dimensions (dans le plan pour s’accorder avec la cavité et hors plan pour obtenir

  • 6

    un couplage optique) avec une précision jusqu’à quelques dizaines de nanomètres. Cela

    complique l’expérimentation systématique et avancée sur le dispositif et ajoute plusieurs

    restrictions importantes : par exemple, il est presque impossible d’adresser deux cavités

    optiques à la fois ; les conditions de couplage entre la fibre et la cavité sont difficilement

    reproductibles d’une expérience à l’autre ; l’intégration de tels dispositifs s’avère délicate,

    etc.

    Afin de surmonter ces limitations, certains systèmes existants utilisent un canal d’accès

    optique intégré, formé par un guide d’onde optique permettant d’adresser de manière

    efficace le résonateur optomécanique à l’échelle nanométrique. Du point de vue de la

    fabrication, la solution la plus simple à mettre en œuvre est un guide d’onde ayant un

    profil rectangulaire fermé par des coupleurs à réseau d’entrée et de sortie pour assurer

    un couplage à l’espace libre. Toutes les réalisations décrites dans la littérature s’appuient

    sur un guide d’ondes placé dans le plan d’un résonateur optomécanique (Fig. 1.5). Les

    principales géométries d’accès comprennent des profils de guide d’ondes droits et courbés

    au point de couplage au mode optique ; éventuellement le résonateur optomécanique peut

    être conçu comme une partie du guide d’onde d’accès. Tirant parti de périodicité d’un

    cristal photonique, on peut également intégrer un guide d’onde d’accès à défaut dans une

    membrane à CP. L’une ou l’autre géométrie ainsi que les dimensions de guides d’ondes

    sont alors adaptées pour assurer les conditions d’accord de modes optiques et l’efficacité de

    couplage qu’on souhaite d’atteindre. Une des conséquences de cette intégration planaire

    du guide d’ondes et du résonateur optomécanique, est que les deux éléments (guide et

    résonateur) doivent être faits dans la même couche, soit du même matériau. Afin d’assurer

    un fort confinement de la lumière dans le guide et résonateur, il est nécessaire de recourir

    à des matériaux de fort indice de réfraction. De fait, la majorité des dispositifs intégrés

    sont aujourd’hui en silicium (Figures 1.5a,d,e), permettant de profiter de l’expertise de

    fabrication CMOS. Ceci limite la plage de longueur d’onde optique possible (supérieures à

    1.1 µm pour limiter les pertes par absorption). Cependant, les dispositifs optiques silicium

    se heurtent à la forte absorption à deux photons et à l’absorption des porteurs libres

    dans la gamme des longueurs d’onde télécom, conduisant souvent à des effets thermiques

    forts limitant la stabilité du dispositif et les performances de son refroidissement par voie

    optique [Pernice 2011 ; SafaviNaeini 2011].

    Quelques autres matériaux sont apparus récemment dans les expériences d’optoméca-

    nique intégrée : on peut citer le diamant [Rath 2013] pour ses propriétés mécaniques

    exceptionnelles (le module d’Young est d’environ 1 GPa) et le nitrure d’aluminium (AlN)

    [Xiong 2012 ; Bochmann 2013] pour le couplage électromécanique fort, recherché pour des

    systèmes optomécaniques accordables électriquement. Afin d’adjoindre des fonctionnalités

    photoniques actives impossibles avec le silicium, l’arséniure de gallium (GaAs) a aussi

    trouvé ces dernières années de nouvelles applications dans les systèmes optomécaniques

    intégrés [Ding 2011 ; Baker 2011]. Tout comme le GaAs, d’autres semi-conducteurs III-V

    comme le phosphure d’indium (InP) [Gavartin 2011] ou le nitrure de gallium (GaN)

    peuvent également être utilisés dans des dispositifs optomécaniques. Cependant, pour la

  • 1.3. Vers l’intégration des résonateurs optomécaniques 7

    (a)

    (c)

    100 μm 5 μm

    5 μm

    100 μm

    2 μm

    20 μm

    3 μm

    (b)

    (e)

    5 μm

    (d)

    Figure 1.5 : Quelques réalisations expérimentales de systèmes optomécaniques intégréscomportant un canal d’accès optique. (a) Deux guides d’ondes suspendus mis à proximité[Li 2009a]. (b) Nanopoutre à cristal optomécanique suspendu (bleu) avec un circuit photo-nique (rouge, guide d’onde et de coupleurs à réseau) [Bochmann 2013]. Microdisque coupléà un guide d’onde suspendu (c) [Baker 2013] ; (d) [Li 2009b]. (e) Cavité L3 – nanopoutrecouplée à un guide d’onde à défaut créé dans un cristal photonique [Sun 2012]. Toutes lesfigures sont adaptées à partir des références correspondantes.

    plupart des matériaux précédemment mentionnés (diamant, AIN, GaN, etc.) d’impor-

    tantes pertes optiques le long des guides d’ondes dans le matériau sont introduites du fait

    des imperfections de fabrication (la rugosité des parois latérales est plus importante par

    rapport aux dispositifs en silicium), nécessitant une réduction des dimensions du guide.

    La solution retenue dans ce travail de thèse propose d’exploiter l’intégration hétérogène

    tri-dimensionnelle (3D). Elle permet de séparer la fonctionnalité de guidage et celle de

    l’oscillateur optomécanique, en les réalisant respectivement sur deux niveaux différents.

    Cette voie permet une flexibilité totale dans le choix des matériaux pour chacun de ces

    composants mis en jeu. En outre, elle permet une flexibilité dans la géométrie du dispositif,

    les cavités optiques pouvant être adressées sur puce quelle que soit leur position. Ceci ouvre

    la voie à la réalisation de réseaux d’oscillateurs optomécaniques, couplés à la lumière via

    un unique guide d’onde optique par exemple. Enfin, cette géométrie tridimensionnelle,

    tout en assurant un couplage optomécanique important, permet de contrôler l’amplitude

    et la nature de l’interaction, en jouant sur la distance entre le guide d’ondes et la cavité

    elle-même modifiée par le mouvement mécanique du résonateur. En ayant un contrôle total

    sur la géométrie du guide d’onde, il est ensuite possible de et mettre en œuvre différents

    types de couplage optomécanique sur une seule puce.

  • 8

    1.4 Description de la structure étudiée au cours de cette

    thèse

    Plus précisément, ce travail a porté sur une nouvelle réalisation d’une plateforme hybride

    optomécanique (Fig. 1.6), comprenant un guide d’ondes optique intégré en silicium sur

    isolant à faibles pertes, sur lequel est reporté un résonateur optomécanique ici en semi-

    conducteur III-V.

    Dans la plupart des diapositifs optomécaniques intégrés, les canaux d’accès optiques

    sont réalisés dans le plan de l’oscillateur. Ici, le résonateur optomécanique est empilé ver-

    ticalement au dessus du circuit de guidage optique et couplé par ondes évanescentes au

    mode se propageant dans le guide d’ondes. Cette géométrie hybride a deux avantages

    principaux : d’une part, la partie “active” du dispositif (c’est-à-dire, celle où se produit

    l’interaction optomécanique) et le guide d’onde d’accès peuvent être fabriqués de deux

    matériaux différents. Ceci permet de choisir le matériau avec des propriétés optimisées

    pour chacun de ces composants. Pour injecter et extraire efficacement la lumière entrant

    et sortant de la cavité, nous avons conçu un guide d’onde d’accès intégré en silicium sur

    isolant, présentant tous les avantages de la photonique sur silicium, et parmi eux des

    faibles pertes optiques par rapport aux guides réalisés dans le matériau de la couche mem-

    branaire (ici en semi-conducteur III-V). D’autre part, cette approche tridimensionnelle

    permet d’accéder à un emplacement arbitraire (ou plusieurs emplacements arbitraires)

    de la cavité et donne un contrôle total sur le couplage optique mutuel, permettant une

    conception flexible de la partie “active” du dispositif.

    Dans le dispositif développé, le résonateur est formé par une membrane à cristal pho-

    tonique bidimensionnel en InP et intégrant une cavité optique à défaut pour y confiner la

    lumière. Ce choix de matériau ayant une bande interdite directe permet d’inclure un milieu

    actif à l’intérieur de notre dispositif, tel que les bôıtes quantiques ou des puits quantiques.

    Ce milieu actif crée une source de lumière intégrée à large bande des longueurs d’ondes,

    SiSiO2InP

    Membrane à CP &cavité à défaut(semi-conducteur III-V)

    Guide d’onde d’accès (Si / isolant)

    Figure 1.6 : Représentation schématique de l’architecture du dispositif proposé.

  • 1.5. Simulations optiques, mécaniques et optomécaniques de la structure 9

    permettant dans ce travail de sonder les propriétés optiques de la cavité telles que la lon-

    gueur d’onde et largeur de raie d’émission qui peuvent être largement accordées lors de

    conception du résonateur optique. Le mouvement mécanique à la fois de la membrane et du

    coeur de la cavité impacte les propriétés optiques de la cavité à défaut par différents effets

    optomécaniques. Une couche sacrificielle entre les niveaux d’InP et silicium sur substrat

    SOI (silicium-sur-isolant – silicon-on-insulator en anglais) a été utilisée pour la suspension

    de la membrane. Un contrôle précis de la distance guide-cavité à l’aide des techniques de

    fabrication classiques a permis de mâıtriser à la fois le couplage de la lumière entre le guide

    d’ondes et la cavité, et la force des interactions optomécaniques induites par la modulation

    du couplage optique due au mouvement de la membrane.

    1.5 Simulations optiques, mécaniques et optomécaniques

    de la structure

    La simulation complète des structures a été menée, tout d’abord en considérant les ca-

    ractéristiques optiques et mécaniques séparément et ensuite abordant la caractérisation op-

    tomécanique du système hybride. L’objectif ici est d’optimiser les paramètres géométriques

    de la plateforme et extraire les processus d’interaction mis en jeu. Pour la partie optique,

    deux configurations de membrane à CP bidimensionnel ont été étudiées, soit pour former

    un miroir déformable parfait soit pour réaliser une cavité à défaut à l’intérieur du cristal

    photonique et intégrée de manière hétérogène avec un guide d’onde SOI. Dans les deux

    géométries optiques, le design mécanique du résonateur a été étudié permettant ensuite

    d’identifier clairement les processus de couplage optomécanique. Deux familles distinctes

    des modes mécaniques ont été considérées, correspondant (1) au mouvement de flexion de

    la membrane de type tambour (avec des fréquences propres dans la gamme de MHz) et

    (2) aux vibrations localisées dans le cœur de la cavité à défaut dans le CP (fm dans la

    gamme de GHz) .

    Le couplage optomécanique dans notre système hybride intégré implique deux types

    d’effets – dispersif et dissipatif. Ces effets peuvent être produits par deux mécanismes

    distincts. Ces deux effets sont (i) les effets dits externes, gouvernés par la présence d’un

    guide d’onde SOI couplé de manière évanescente au voisinage d’une cavité à CP, et (ii)

    les couplages intrinsèques, qui dépendent exclusivement des processus se produisant dans

    le cœur de la membrane à CP. Leur impact respectif peut aussi être différent. Le mou-

    vement mécanique des modes de flexion de la membrane modifie l’écart entre la cavité

    et le guide d’onde hair, ce qui a pour effet de changer le recouvrement mutuel des modes

    optiques lorsque la distance guide-cavité est suffisamment faible (ce qui est le cas dans nos

    expériences). Les conséquences sont double. Tout d’abord, tout changement ou modulation

    de hair modifie les pertes optiques de la cavité, résultant dans un couplage optomécanique

    dit dissipatif externe [Elste 2009 ; Xuereb 2011] (Fig. 1.7b). Ce couplage dissipatif externe

    est induit par la modulation du recouvrement des queues du champ évanescent – entre

    modes optiques de la cavité et du guide d’onde, lorsque la membrane se déplace et change

  • 10

    Couplages externes(cavité - guide d’onde)

    Couplages intrinsèques(intra-cavité)x

    zy

    Longueur d'onde

    Tran

    smis

    sion

    Longueur d'onde

    Δω0 Δγe

    Longueur d'onde

    Tran

    smis

    sion

    Longueur d'onde

    Δω0 Δγi

    (a) (b) (c) (d)

    hair

    Figure 1.7 : Illustration de l’effet du déplacement mécanique sur la réponse optiqued’une cavité à CP (en surbrillance en bleu) couplée à un guide d’onde SOI (en surbrillanceen rouge), après une demi-période d’oscillation mécanique. Est présentée la variation dela forme de la résonance optique détectée après transmission via le guide d’ondes, pourles couplages optomécaniques externes dispersif (a) et dissipatif (b), et ses équivalentsintrinsèques (c,d).

    la position de la cavité intégrée par rapport au guide d’onde fixe. D’autre part, tout chan-

    gement ou modulation de hair induit une modification de la fréquence de résonance ω0 de

    la cavité optique (Fig. 1.7a) en raison de la modification de l’environnement diélectrique

    autour de cette cavité ; cet effet introduit un couplage optomécanique dit externe dispersif

    [Kippenberg 2008]. La fréquence de résonance ω0 du mode de la cavité dépend aussi de la

    distribution du tenseur diélectrique ε à l’intérieur de la membrane et dans son voisinage.

    Par conséquent, la modulation de la séparation membrane – guide d’onde hair affectera ω0

    en changeant la distribution de ε dans le champ évanescent du mode.

    Deux mécanismes supplémentaires de couplage apparaissent lorsque la déformation

    de la membrane durant son mouvement mécanique impacte les paramètres optiques in-

    trinsèques de la cavité, tels que son taux de déclin intrinsèque γi (correspondant au facteur

    de qualité Q0) (Fig. 1.7d) et sa fréquence de résonance ω0 (Fig. 1.7c). Ces deux effets sont

    respectivement dénommés couplages optomécaniques intrinsèques dissipatif et dispersif.

    La dépendance des couplages externes en fonction des différents paramètres opto-

    géométriques du système intégré, tels que la séparation verticale membrane – guide d’onde

    et la largeur du guide d’onde ont été examinés. Les couplages optomécaniques intrinsèques

    ont été numériquement étudiés pour les deux familles de modes mécaniques, impliquant

    cette fois les effets photo-élastique et le déplacement des bords de la cavité optique. Ces

    couplages existeraient aussi dans un système sans un guide d’onde intégré, ainsi ils ont été

    dénommés intrinsèques.

    Les résultats pour les modes de flexion de la membrane à CP (dans la gamme fréquentiel-

    le de MHz) sont montrés sur la Figure 1.8 ; cette figure présente aussi les distributions du

  • 1.5. Simulations optiques, mécaniques et optomécaniques de la structure 11

    champ de déplacement associées aux différents modes étudiés, pour lesquels les valeurs des

    différents couplages sont données dans le Tableau 1.1 avec les paramètres caractéristiques

    principaux. Les simulations pour la famille des modes mécaniques localisés (dans la gamme

    fréquentielle du GHz) ont également été effectués.

    ω,

    ω

    ω

    xyz

    Figure 1.8 : Valeurs simulées des différentes composantes du couplage optomécaniqueintrinsèque dispersif gω,i (dû aux interfaces mobiles [MI] et dû à l’effet photoélastique[PE]). Les paramètres caractéristiques sont extraits pour plusieurs modes de flexion d’unemembrane en InP suspendue ayant les dimensions mx = 20 µm, my = 10 µm, bx = 1 µm,by = 2 µm. La courbe grise pointillée (en haut) représente la réponse mécanique suite à

    l’actionnement externe de la membrane, mesurée au milieu de la cavité ; les profils de ~Qcorrespondants sont présentés en bas pour les modes d’intérêt.

    Ωm/2π meff xZPF gω,MI gω,PE g0,i

    Mode (MHz) (pg) (fm) (MHz/nm) (MHz/nm) (Hz)

    M1 2.34 117.2 5.54 134.4 -0.27 1858.5

    M2 2.75 61.8 7.14 110.1 0.24 1967.8

    M3 11.54 21.7 5.90 39.8 0.24 590.6

    M4 14.45 32.9 4.28 169.5 0.49 1818.5

    Table 1.1 : Valeurs simulées des couplages optomécaniques intrinsèques dispersifs et desparamètres caractéristiques pour plusieurs modes de flexion d’une membrane 10× 20 µm2en InP suspendue.

    Ces travaux ont aussi révélé la possibilité de façonner à la fois l’amplitude et le poids re-

    latif des effets de couplage dissipatif et dispersif (Figure 1.9). Ceci ouvre la voie à la mise

    en œuvre d’un refroidissement optimisé jusqu’à l’état fondamental de notre résonateur

  • 12

    Γω

    γ

    Couplage dispersif dominant

    Couplage dissipatif dominant

    Figure 1.9 : Rapport entre les forces de couplage optomécanique externe dispersif gω,eet dissipatif gγ,e, obtenues par simulations numériques, en fonction de la largeur du guided’onde d’accès Wwg et pour deux séparations différentes hair entre la membrane à CP etle guide d’onde.

    mécanique dans le régime dominé par le couplage dissipatif. Ce régime présente l’avan-

    tage de relaxer les contraintes sur les pertes optiques de la cavité, en comparaison au

    refroidissement en régime de couplage dispersif usuellement employé.

    1.6 Procédé de fabrication

    La fabrication de la plateforme hétérogène optomécanique intégrée repose sur plusieurs

    étapes, dont en particulier le collage de substrats SOI et en semi-conducteur III-V, la

    préparation des marques d’alignement à contraste élevé pour la lithographie électronique,

    la gravure des composants optiques (réseau du cristal photonique) et mécaniques (struc-

    tures mesa) ainsi que le retrait de la couche sacrificielle afin de suspendre la membrane à

    CP. Ces étapes ont nécessité un travail de développement et optimisation. La technique de

    collage employée avec un contrôle précis de l’épaisseur de la couche sacrificielle a permis

    d’atteindre une précision sur la séparation entre les niveaux SOI et semi-conducteur III-V

    de 6 10 nm (dans la direction hors plan). Grâce à l’introduction de marques d’aligne-

    ment, l’alignement des cavités à cristaux photoniques en InP suspendues par rapport au

    circuit SOI a été réalisé avec une précision de 6 40 nm dans les directions dans le plan.

    La structuration de la couche InP a été optimisée en faisant usage des résines positive

    (PMMA) et négative (HSQ), ce qui a permis de satisfaire les différentes exigences pour les

    parties optique et mécanique du dispositif ; ce travail d’optimisation se traduit notamment

    par l’obtention des cavités optiques à haut facteur de qualité Q. L’écart-type de la lon-

    gueur d’onde de résonance entre les cavités à CP avec les mêmes paramètres géométriques

    est d’environ 2 − 3 nm sur l’ensemble de l’échantillon (typiquement comprenant plusieurscentaines de dispositifs). Enfin, la technologie de séchage supercritique nous a permis d’at-

    teindre un rendement de 100 % pendant la suspension des membranes, pour des distances

    entre la membrane et le substrat d’environ 200 nm et pour les membranes à CP ayant des

  • 1.7. Mesures optomécaniques avancées 13

    dimensions latérales de 10Ö20 µm2.

    (a)

    Report et retrait du substrat

    guide d’onde

    SiSiO2InPBCBTi-Au

    (b)

    Préparation des marquesd’alignement

    (c)

    Usinage de la couche semi-conductrice III-V

    marque

    (d)

    Retrait de la couche sacri�cielle

    mesaCP

    Figure 1.10 : Étapes principales de fabrication pour la structuration de la membranesuspendue à cristal photonique bidimensionnel en semi-conducteur III-V sur un circuitintégré des guides d’ondes SOI (silicium-sur-isolant).

    100 µm(a) 5 µm(b)

    Guide d’onde SOI

    Points d’ancrage

    Membrane suspendue à CP en semi-cond. III-V

    Cavité L3à défaut

    Figure 1.11 : Dispositifs fabriqués à leur phase finale. (a) Vue de dessus de l’échantillonmontrant la partie du réseau des guides d’onde SOI dans le milieu de section effilée ;ces guides permettent d’adresser les membranes suspendues. (b) Cliché du microscopeélectronique à balayage (MEB) d’une seule membrane suspendue à cristal photonique.

    1.7 Mesures optomécaniques avancées

    La réponse mécanique des membranes suspendues a été dans un premier étudiée dans

    un montage interférométrique. Les mesures ont alors été confrontées aux simulations, en

    examinant l’évolution de la fréquence propre et du facteur de qualité mécanique Qm pour

  • 14

    les différents paramètres géométriques de la structure suspendue. Ces mesures montrent,

    comme attendu, une diminution des pertes intrinsèques induite par le matériau avec la

    température de l’environnement ; ainsi le facteur de qualité mécanique augmente d’un fac-

    teur 3 environ, en passant de la température ambiante (Tb = 300 K) à celle de l’hélium

    liquide (4.4 K). Une réduction supplémentaire des pertes dues à l’ancrage sur les mesa

    permettant de suspendre la membrane a aussi été obtenue en allongeant les ponts entre la

    membrane et les points d’ancrage. On constate ainsi une amélioration de Qm par un facteur

    d’environ 5 pour le mode mécanique fondamental, en allongeant les ponts 1 µm à 12 µm.

    Cette observation a été rendue possible, grâce à l’intégration d’une couche mince d’InGaAs

    de 10/20 nm d’épaisseur à l’intérieur de la membrane InP, permettant d’améliorer sa rigi-

    dité et par conséquent obtenir une suspension correcte du dispositif sans son effondrement

    au substrat.

    Ces résultats ont ensuite été utilisés dans la mise en œuvre de la plateforme intégrée,

    confirmant le contrôle attendu sur les conditions et l’efficacité du couplage mutuel entre le

    guide d’onde d’accès et une cavité optique intégrée. La spectroscopie optique et mécanique

    sur de tels dispositifs conventionnels utilise la technique dite “side of the fringe”. Cette

    technique a déjà montré de bonnes performances dans la détection du mouvement brownien

    de la membrane à cristal photonique 2D. Le dispositif expérimental employé est illustré

    dans la Figure 1.12. Un faisceau laser accordable est couplé au guide d’onde, lui-même

    couplé à la cavité optique. La courbe de transmission optique en sortie du guide présente

    une forme généralement Lorentzienne centrée sur la longueur d’onde de résonance λ0 de

    la cavité (voir la Figure 1.12, Optique). Le résonateur mécanique, oscillant à sa fréquence

    Chambreà vide

    IR cameraCaméra IR

    IR cameraCaméra Vis.FPC

    Laser accordable IR1520-1570 nm

    AccordableBPF

    EDFA

    VOA

    PD ESA

    lumière blanchelaser de sonde

    10xNA 0.26

    5xNA 0.14

    10xNA 0.26

    connexion �bréeconnexion électrique

    OSA

    T

    λλ0 λl

    Ωm/2π

    PSD

    Ωm2π

    Ωm

    Optique Mécanique

    Figure 1.12 : Schéma du montage expérimental pour les mesures du spectre mécaniquedu dispositif optomécanique intégré. Les connexions en espace libre, fibrées et électriquessont indiquées. Le mécanisme de transduction du mouvement mécanique sur la sonde laserfixe est illustré sur deux spectres, montrant la transmission du guide d’ondes couplé à lacavité [T(λ)] et la densité spectrale de puissance de la sonde laser transmise [PSD(Ωm)],tel qu’il est mesuré par l’ASE (ESA sur le schéma). (IR - infra-rouge, FPC – contrôleur depolarisation fibré, Vis. – visible, NA – ouverture numérique, EDFA – amplificateur en fibredopée erbium, VOA – atténuateur optique variable, OSA – analyseur de spectre optique,BPF – filtre passe-bande, PD – photodiode, ESA – analyseur de spectre électrique.)

  • 1.7. Mesures optomécaniques avancées 15

    propre Ωm/2π, module la longueur d’onde de résonance et la largeur spectrale de la cavité

    par l’intermédiaire de mécanismes de couplage dispersif ou dissipatif (voir la Section 2.3.1

    pour plus de détails). Par conséquent, une telle modulation de la réponse Lorentzienne

    de la cavité optique s’imprime sur le laser de sonde (dans le cas où sa largeur de raie est

    beaucoup plus étroite par rapport à celle de la cavité γl � γt)). La réponse mécanique peutdonc être sondée, en désaccordant légèrement le faisceau laser par rapport à la longueur

    d’onde de résonance et en mesurant le spectre de son bruit d’intensité, comme le montre

    la Figure 1.12. Dans cette configuration, l’intensité de la sonde est modulée à la fréquence

    de l’oscillation mécanique du résonateur, et ce pour tous les modes mécaniques qui ont

    un impact sur le mode optique. En examinant le bruit de la sonde transmise par un ASE

    (analyseur du spectre électrique ; ESA en anglais), on récupère le spectre de(s) mode(s)

    mécanique(s) de la membrane dans le spectre de densité spectrale de la puissance (PSD,

    pour power spectral density en anglais) (Fig. 1.12).

    Cette technique de détection donne ainsi le spectre mécanique, dont un exemple est

    montré sur la Figure 1.13a (courbe rouge). L’expérience est réalisée dans une chambre

    à vide à basse pression P < 10−4 mbar afin d’éviter l’amortissement de l’air, qui a un

    impact considérable pour les modes de flexion d’une membrane. Dans cette étude, nous

    avons utilisé une cavité à défaut L3 ayant une résonance optique autour de λ0 ∼ 1560 nm,incorporée dans une membrane des dimensions de 20 × 10 µm2, suspendue à l’aide des

    (a)

    (b)

    M1M2

    M3 M4

    M1 M2 M3 M4

    Figure 1.13 : (a) Densité spectrale de puissance (PSD) du signal optique transmis pourle laser de sonde à résonance (courbe rouge) et hors résonance (courbe grise) optiqueavec la cavité intégrée dans une membrane suspendue à CP (dimensions : mx = 20 µm,my = 10 µm, t = 260 nm, bx = 1 µm, by = 2 µm, bd = 5.9 µm). (b) PSD des résonancesmécaniques détectées, prise avec une meilleure résolution autour de chacune des quatrefréquences propres (bleu – les données, rouge – ajustement Lorentzien). Les distributionsdu champ de déplacement ~Q(~r) correspondantes simulées sont données dans les encarts.

  • 16

    quatre ponts 1 × 2 µm.La densité spectrale de puissance (PSD) du signal transmis, mesurée dans la gamme de

    1 à 100 MHz révèle quelques pics de résonance, correspondant aux modes mécaniques de la

    membrane suspendue, en accord avec nos simulations. Les modes présents dans le spectre

    de basse fréquence correspondent à ceux qui manifestent dans la spectroscopie numérique

    les amplitudes simulées les plus importantes. Une mesure supplémentaire a été effectuée

    avec un laser de sonde hors de résonance de la cavité (à savoir, avec ∆ = 3 − 5 nm), pourdétecter tout signal parasite présent dans le montage expérimental, signal dû aux sources

    de bruit électrique qui ne sont pas liées au mouvement mécanique du dispositif étudié

    (courbe grise dans la Fig. 1.13a).

    Les taux de couplage optomécanique sous vide ont été déterminés pour les modes

    mécaniques détectés dans la gamme des fréquences jusqu’à 100 MHz par l’intermédiaire

    des techniques de modulation de fréquence, ce qui a donné les valeurs de g0/2π de 0.1 à

    45 kHz, comparables à l’état de l’art des systèmes optomécaniques dans cette gamme de

    fréquences [Wilson 2014].

    La technique expérimentale pour mesurer séparément les forces des différents mécanis-

    mes de couplage optomécanique, consiste à étudier la variation des caractéristiques des

    modes mécaniques, variations induites par effet du ressort optique [optical spring effect en

    anglais] (Fig. 1.14). Cet effet se traduit par une modification de l’amplitude, fréquence et

    pertes mécaniques, en fonction du désaccord entre le laser et le mode optique de la cavité.

    Pour ce faire, nous avons mesuré l’évolution de la densité spectrale de S̄P(Ω, ∆) autour de

    (b)(a)

    Ω ∆

    ∆ κ

    (c)

    ∆ κ

    ω

    γ

    γ

    0.95-0.290.62

    Fréquence (MHz)2.21 2.22 2.23

    Δ/γ

    t

    -6

    -4

    -2

    0

    2

    4

    6wwg = 400 nmM1

    Δ/γt Δ/γt

    Δ/γ

    t

    S P(Ω

    , Δ/γ

    t) (d

    Bm/H

    z)

    0

    15

    10

    5

    M1 M1

    Figure 1.14 : (a) Densité spectrale de puissance SP(Ω,∆/γt) pour le mode mécaniquefondamental M1, mesurée pour le dispositif avec le guide d’ondes d’accès dont la largeur estde wwg = 400 nm. L’ajustement Lorentzien du mode de résonance de la cavité est montréen pointillés noirs pour référence. Le désaccord du laser de sonde ∆ est normalisé par rap-port à la largeur de raie totale γt de la cavité optique. (b) Densité spectrale de puissance àrésonance mécanique SP(Ωm,∆/γt) (cercles vides) en fonction du désaccord normalisé dulaser de sonde ∆/γt pour le mode mécanique fondamental M1 [données extraites à partirde (a)]. La ligne continue représente l’ajustement du modèle théorique. (c) Contributionsau bruit du spectre de transmission (en unités arbitraires ; rouge : couplage dispersif total,vert : couplage dissipatif intrinsèque ; bleu : couplage dissipatif externe) obtenu par ajus-tement de la courbe expérimentale dans (b). Les taux de couplage optomécanique déduitssont indiqués.

  • 1.7. Mesures optomécaniques avancées 17

    la fréquence de résonance mécanique Ωm du mode considéré, en fonction de la longueur

    d’onde du laser sonde. La Figure 1.14a rassemble ces différents spectres en fonction du

    désaccord du laser de sonde (ce désaccord est normalisé par rapport à la largeur de raie

    γt de la cavité optique intégrée).

    Cette mesure de ressort optique nous donne un aperçu rapide sur le changement des

    trois principaux paramètres mécaniques lorsque la longueur d’onde de la sonde laser varie

    autour de la résonance de la cavité : la fréquence du mode Ωm, l’intensité du pic de

    résonance α et la largeur de raie mécanique Γ sont modifiées.

    (a)

    (b)

    ωκ

    ωκ

    g γ,e(G

    Hz/

    nm)

    M1 �tM2 �tsimulé, hair = 230 nm

    M1 �tM2 �tsimulé, hair = 230 nm

    g γ,e(G

    Hz/

    nm)

    Largeur du guide d’onde wwg (nm)

    hair = 230 nmhair = 150 nm

    hair = 230 nmhair = 150 nm

    Largeur du guide d’onde wwg (nm)

    Largeur du guide d’onde wwg (nm)

    Figure 1.15 : (a) Coefficient de couplage dispersif gω (total) et (b) externe dissipatifgγ,e, tracés en fonction de la largeur du guide d’onde wwg. Les triangles bleus pointantvers le haut correspondent aux coefficients extraits de l’ajustement théorique des donnéesmesurées pour le mode M1. Les triangles bleus pointant vers le bas correspondent auxcoefficients extraits de l’ajustement théorique des données mesurées pour le mode M2. Lescarrés rouges correspondent aux valeurs calculées avec l’approche 3D FDTD statique pourl’épaisseur d’espace d’air de hair = 230 nm. Les diamants oranges représentent les forcesde couplage optomécanique calculées pour hair = 150 nm. Encadrés : valeurs calculées degω et gγ,e en fonction de wwg.

    La dépendance de l’amplitude mécanique α comparativement au désaccord du laser

    sonde ∆ est ensuite ajustée avec un modèle analytique, permettant d’extraire les différentes

    forces de couplage optomécanique. La Figure 1.14b montre les données expérimentales

    (cercles bleus) pour le mode mécanique fondamental, extraites de la Figure 1.14a avec

  • 18

    l’ajustement correspondant (ligne rouge) à notre modèle théorique. La référence de désac-

    cord nul est marquée par une ligne en pointillés gris. Comme on peut le voir, pour la

    géométrie donnée du guide d’accès (wwg = 400 nm), l’intensité α = S̄P(Ω = Ωm, ∆)

    présente une forte asymétrie par rapport à cette ligne de référence. Le modèle théorique

    donne une courbe raisonnablement bien ajustée avec des maxima d’amplitude à la valeur

    du désaccord de ∆ ≈ +γt/4. L’ajustement théorique permet également d’extraire le poidsdes différents mécanismes de couplage optomécanique (voir la Figure 1.14c). Les valeurs

    obtenues sont en bon accord avec celles correspondantes estimées théoriquement.

    Nous avons expérimentalement estimé les composantes dispersives et dissipatives de

    couplage optomécanique pour différentes dimensions du guide d’onde d’accès. Les résultats

    sont rassemblés sur la Figure 1.15. Des simulations supplémentaires ont aussi inclus l’im-

    pact de la variation de la distance entre la membrane et le guide d’onde d’accès. L’ensemble

    de résultats (mesures et simulations) confirme la possibilité d’adapter les valeurs absolues

    et relatives des forces de couplage optomécanique externes en accordant la géométrie du

    canal d’accès optique intégré et la séparation entre ce canal et la membrane suspendue.

    Enfin, les effets induits thermiquement ont été étudiés, proposant par la suite un

    mécanisme de mise en œuvre d’une commutation (switching en anglais) mécanique bi-

    stable, en exploitant la bi-stabilité thermo-optique. Nous avons aussi réalisé des études

    préliminaires sur le mécanisme de transduction entre la modulation du laser de pompe

    non-résonant et du laser de sonde résonant en utilisant le milieu actif (bôıtes quantiques

    à l’intérieur de la membrane à CP) en tant qu’intermédiaire.

    1.8 Annexe A. Développement des membranes

    semi-conductrices accessibles par les deux faces pour

    l’optomécanique

    Des membranes contraintes, accessibles optiquement par les deux faces pour des expériences

    optomécaniques de type “membrane-au-milieu” (“membrane-in-the-middle” en anglais),

    ont d’autre part été conçues et fabriquées. Ces membranes présentent des propriétés

    mécaniques contrôlables via la composition d’alliage ternaire de semi-conducteur utilisé ;

    d’autre part, la contrainte induite permet partiellement une forte amélioration des facteurs

    de qualité mécaniques. Les valeurs de la contrainte ajoutée obtenues sont de 350 MPa pour

    l’alliage In0.45Ga0.55P et 240 MPa pour GaAs0.95P0.05 avec une marge de progression. Les

    deux alliages sont fabriqués par l’épitaxie en phase vapeur aux organométalliques sur des

    substrats d’arséniure de gallium (GaAs).

    1.9 Perspectives principales

    Le système optomécanique étudié dans ces travaux ouvre la voie à la mise en œuvre de

    diverses fonctionnalités pour la physique fondamentale et appliqué ; dans ce qui suit, nous

  • 1.9. Perspectives principales 19

    présentons deux voies possible.

    À titre d’exemple, les modes qui occupent la gamme GHz, sont attractifs pour les ap-

    plications de refroidissement, la température permettant d’atteindre le régime quantique

    étant plus élevée que pour les modes dans la gamme MHz. Cependant, il reste néanmoins

    nécessaire d’adjoindre des techniques de refroidissement optique, jusqu’à présent mises

    en œuvre dans le régime de couplage dispersif. Ce régime est très exigent sur les pertes

    optiques de la cavité. Or, il a été récemment démontré que le refroidissement peut être

    mis en œuvre en régime dissipatif, qui relaxe les contraints sur les pertes optiques. Ces

    plateformes, à couplage optomécanique contrôlé, constituent au fait des dispositifs pro-

    metteurs.

    D’autre part, la membrane en semi-conducteur III-V permet ici l’incorporation de mi-

    lieu actif formé par une monocouche des bôıtes quantiques, qui peuvent être considérées

    comme des systèmes à deux niveaux sous faible excitation et basse température. Ce milieu

    actif, intégré dans une cavité semi-conductrice, a été largement étudié dans le cadre d’inter-

    action lumière-matière, par exemple, pour l’émission des photons uniques [Laurent 2005].

    Le couplage à ce genre de systèmes à deux niveaux dans des dispositifs optomécaniques

    a été peu exploré expérimentalement [Arcizet 2011], cependant, il offre une direction pro-

    metteuse pour la mise en œuvre des mécanismes de refroidissement hybrides [WilsonRae

    2004]. À plus long terme, il permet d’envisager l’étude du couplage hybride entre un mode

    mécanique à haute fréquence dans son état quantique fondamental et un système quantique

    à deux niveaux.

    La plupart des enjeux du domaine (fondamentaux et appliqués) requièrent un cou-

    plage optomécanique important, qui pourrait être exalté par la réalisation des réseaux à

    cristal phononique/photonique (dit phoxonique) afin de réduire les pertes mécaniques par

    ancrage. Soulignons qu’un autre mécanisme optomécanique, la photostriction, est suscep-

    tible d’entrâıner la génération des phonons de haute fréquence (GHz) à l’intérieur de la

    cavité à défaut. L’existence d’un tel mécanisme reste encore à démontrer.

    Ces modes de haute fréquence présentent un intérêt pour les applications métrologiques

    ou photonique RF. Cependant, celles-ci requirent une stabilisation en fréquence de l’oscil-

    lateur. Les réalisations expérimentales déjà existantes [HosseinZadeh 2008 ; Zheng 2013]

    montrent que la fréquence et la phase d’un oscillateur optomécanique (OOM) peuvent

    en effet être verrouillées à celles d’un oscillateur électronique externe. Des techniques

    de verrouillage par injection d’un oscillateur optomécanique à un oscillateur électronique

    radio-fréquence (RF) ont aussi été mises en oeuvre. Ces dispositifs bénéficieraient forte-

    ment d’une augmentation du nombre de fonctionnalités intégrées, permettant d’élargir les

    outils de contrôle de la réponse mécanique et donc des techniques de verrouillage telles

    que les techniques d’auto-référencement. Un tel défi peut être relevé dans notre dispositif

    hybride, en mettant en œuvre des mécanismes d’excitation et d’accordabilité différents.

    Dans cette perspective, les travaux futurs sur le système actuel viseront à poursuivre

    l’exploration des non-linéarités optiques et mécaniques, pour atteindre le régime d’auto-

    oscillation. D’autres outils d’actionnement des vibrations mécaniques dans la gamme

  • 20

    MHz seront intégrées, tels que l’actionnement électrostatique via un peigne d’électrodes

    métalliques intégrées sous la membrane en InP [Legtenberg 1996] (voir Figure 1.16a).

    SiSiO2InPTi/Au

    Membrane à CP &cavité à défaut

    Guide d’onded’accèss

    Électrodes interdigitées

    (a)

    OOM aveccavité à défaut

    (b)

    Guide d’onde d’accèss

    SiSiO2GaNAl

    SAW port 1

    SAW port 2

    SiSiO2InP

    OOM aveccavité à défaut

    Canal optique commun

    (c)

    Figure 1.16 : (a) Vue conceptuelle de l’architecture du dispositif proposé comprenantles actuateurs. (b) Représentation schématique du dispositif optomécanique comportantune excitation intégrée des ondes acoustiques de surface dans la plage des GHz via destransducteurs à ondes de surface (SAW pour surface acoustic waves en anglais). La lecturede la réponse mécanique du dispositif peut être effectuée simultanément en utilisant uncanal d’accès optique et les transducteurs SAW (via le paramètre S21 dans la configurationà deux ports représentée). (c) Vue conceptuelle de l’architecture du dispositif proposé pourl’étude de la synchronisation mécanique entre les différents oscillateurs optomécaniquescouplés via un canal optique commun.

    Les perspectives à moyen terme étendront ces travaux à la deuxième famille de modes

    mécaniques présents dans la configuration du résonateur actuel, les modes localisés dans

    le cœur de la cavité à défaut (correspondant à la gamme fréquentielle du GHz). Contrai-

    rement à l’excitation et l’actionnement des modes de flexion de la membrane utilisant le

    champ électrostatique provenant des électrodes interdigitées (Fig. 1.16a), les modes loca-

    lisés nécessitent une autre solution, par exemple, en utilisant des transducteurs à ondes

    acoustiques de surface (SAW), formés de peignes interdigitées (Fig. 1.16b). Ce processus

    de transduction peut être large bande en recourant à des peignes à pas variables et pourrait

    permettre de lire le spectre mécanique en utilisant un résonateur SAW à deux ports [Ben-

    chabane 2015]. Cependant, le processus de transduction ici, s’appuie sur la piézoélectricité

    du matériau. On peut imaginer ainsi d’incorporer une couche piézoélectrique intermédiaire

    entre le peigne et la couche d’InP. Une option plus simple consiste à utiliser un matériau

    semi-conducteur approprié ayant de bonnes propriétés piézoélectriques, tel que le GaAs

  • 1.9. Perspectives principales 21

    ou, encore mieux, le GaN/AlN, pour réaliser le résonateur optomécanique.

    La deuxième voie d’expériences en perspective à long terme inclut la synchronisation

    de deux ou plusieurs résonateurs mécaniques. Ceci peut être réalisé par les canaux de

    connexion optiques [Shah 2015] (voir Figure 1.16c), permettant d’obtenir plus de deux os-

    cillateurs synchronisés [Holmes 2012 ; Zhang 2015]), mécaniques [Shim 2007] ou électriques

    [Matheny 2014]. Ce dispositif hybride intégré permettra ainsi d’accéder simultanément

    à plusieurs modes optiques spatialement séparés, couplés à un ou plusieurs (différents)

    modes mécaniques, qui par conception peuvent être cöıncidents ou séparés spatialement.

    Ce couplage de plusieurs oscillateurs optomécaniques, ouvre la voie à l’exploration d’effets

    optomécaniques multimodes, comme la synchronisation en réseau et la formation de motifs

    (pattern formation en anglais) [Lauter 2015].

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  • OptomécaniqueCristaux photoniques pour l'optomécaniqueVers l’intégration des résonateurs optomécaniquesDescription de la structure étudiée au cours de cette thèseSimulations optiques, mécaniques et optomécaniques de la structureProcédé de fabricationMesures optomécaniques avancéesAnnexe A. Développement des membranes semi-conductrices accessibles par les deux faces pour l'optomécaniquePerspectives principalesBibliography