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Navire Cosette

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Page 1: Navire Cosette

A la Casse n°35 - Robin des Bois – avril 2014 - 1/62

Bulletin d'information et d’analyses le 14 avril 2014 sur la démolition des navires

n° 35 du 1er janvier au 31 mars 2014

A la Casse Sommaire

1 60 Transporteur de gaz 42 Sensationnel ! Le passé resurgit dans les Caraïbes !

The END : Cunard Countess, elle en a vu de toutes les couleurs Vraquier 44

Islang 3 Transporteur de bétail 10 Cimentier 51 Le retour à la surface du Baltic Ace 6 Transporteur de colis lourds 10 Roulier 52 Remove the Rena 6 Porte-conteneurs 12 Voiturier 53 Que deviennent-ils ? 7 Marchandises diverses 24 Divers : remorqueur, navire, 54

9 Cargo réfrigéré 35 assistance offshore, drague, Navire-usine 35 navire-école

Un porte-conteneurs de 13 km de long et de 176.000 boîtes est parti à la casse en Asie ! Tanker pétrolier 36 Ferry-Navire à passagers 55 Place aux très gros 11 Chimiquier 41 Sources 62

Sensationnel ! Le passé resurgit dans les Caraïbes !

Zanoobia © Editions CETIM

Cosette © Robin des Bois

Cosette (ex-Phoenix Spirit, ex-Widad, ex-Stanmore, ex-Zanoobia, ex-Kusi, ex-Freightline One, ex-Translink, ex-Madouri, ex-Moundra, ex-Salome). OMI 6617025. Roulier. Construit en 1966 à Papenpurg (Allemagne) par JL Meyer ; jumboïsé en 1969 et rallongé de 88 à 95 m.

Le Zanoobia est à Fort-de-France, en Martinique. Le cargo mythique est en attente de démolition ou d’immersion. Il est à quai depuis fin janvier 2010. Il porte aujourd’hui le nom de Cosette. Son dernier propriétaire est établi en Floride, Etats-Unis. Sur le point d’acheminer du matériel humanitaire à Haïti après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, le Cosette avait été immobilisé à Fort-de-France pour des raisons de sécurité et des raisons financières. Les 17 marins roumains et sud-américains n’étaient pas payés depuis plusieurs mois, le Cosette ne présentait pas toutes les garanties de sécurité – entre 1999 et 2009 il avait été détenu 11 fois dans les ports américains de Boston, New-York, Miami et Woods Hole. En outre, il était sous le coup de 2 saisies conservatoires pour des factures de remorquage et carburant non payées.

Exclusif !

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A la Casse n°35 - Robin des Bois – avril 2014 - 2/62

L’ex-Zanoobia est à l’origine de la Convention de Bâle sur les mouvements transfrontaliers de déchets dangereux signée le 22 mars 1989. Le Zanoobia avec ses 10.000 fûts toxiques a révélé la mondialisation des déchets. Cette cargaison historique de 2.100 tonnes provenant de l’industrie chimique européenne et suisse avait quitté le port italien de Marina di Carrara à bord du Lynx en janvier 1987. Dans un premier temps, elle avait été refusée à Djibouti. Le Lynx avait alors pris la direction du Vénézuela où les déchets avaient été subrepticement déchargés le 18 avril à Puerto-Cabello. Un enfant jouant dans le terrain vague plein de fûts y avait trouvé la mort. Caracas a alors exigé le départ de la « marchandise » en appelant à la responsabilité de l’Italie et de l’Union Européenne. Le courtier italien Jelly Wax, propriétaire de la cargaison, avait alors affrété le Makiri. Parti de Puerto-Cabello le 24 septembre, le Makiri avait déchargé les fûts à Tartous en Syrie à la fin de l’année 1987, après avoir essuyé un nouveau refus à Cagliari en Sardaigne. Les autorités syriennes n’avaient pas été informées de la toxicité des déchets et en ont exigé le départ. L’armateur syrien du Zanoobia a alors accepté de reprendre l’affaire en main. Les fûts ont été rechargés sur le Zanoobia à destination de Salonique en Grèce à la mi-mars 1988. Les déchets sont à nouveau refusés. Le Zanoobia est ensuite condamné à 2 mois d’errance en Méditerranée. Une partie de l’équipage syrien et libanais est victime de maladies diverses, migraines, conjonctivites, eczémas, bronchites. Les marins sont intoxiqués par les poussières et les émanations des fûts cabossés. En dernier ressort, le Zanoobia revient au point de départ, le port de Marina di Carrara. Le gouvernement italien lui en interdit l’accès. Après 33 jours d’attente et de solitude surveillée par les garde-côtes, le Zanoobia est finalement accepté à Gênes fin mai 1988. Les déchets ont fait le tour du monde en 450 jours. Ils sont déchargés, inspectés, analysés et traités. Le gouvernement italien a débloqué à cet effet l’équivalent de 4,5 millions d’euros. L’enfer se termine pour l’équipage. L’opinion publique, les ONG environnementales se mobilisent contre le Tiers-Monde et l’Afrique poubelles des pays riches. Le Parlement Européen s’indigne. Moins d’un an après, la Convention de Bâle est signée et rentre en vigueur. L’ex-Zanoobia lancé en 1966 est de facto abandonné à Fort-de-France. Robin des Bois demande au gouvernement français d’ordonner sur place sa démolition et de tout mettre en œuvre pour que le chantier préserve les ouvriers et l’environnement. Ce serait enfin l’abandon des pratiques d’immersion d’épaves assimilables à des déversements de déchets et le début d’une filière de démantèlement des navires dans les territoires ultramarins. Elle offrirait une solution de proximité au recyclage des navires de pêche, de plaisance, de la flottille Caraïbes de la Marine Nationale et des navires de commerce endommagés par les cyclones et abandonnés tels le Lady Grace II. Le Grenelle de la Mer s’y était engagé.

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© DR Robin des Bois

Fort-de-France : Cosette ex-Zanoobia, et au second plan à droite, Lady Grace II © lckstrk / Shipspotting