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Baptiste BOUDAUD Master 2 Intelligence Economique et Communication Stratégique Année universitaire 2009/2010 - Mémoire de fin d’études - Comment le Cluster WEST peut-il entretenir sa dynamique-réseau pour porter des projets innovants de type compétitif ? Bien Manger Durable®, Made in WEST® by WEST Communities® Cluster, Compétitivité, Innovation, Intelligence Economique, Web2.0 Maître de stage : M. Jean-Yves DELAUNE Professeur référent : Mme Isabelle HARE

Mémoire baptiste boudaud 28 09-2010 (1)

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Page 1: Mémoire baptiste boudaud 28 09-2010 (1)

Baptiste BOUDAUD

Master 2 Intelligence Economique et Communication Stratégique Année universitaire 2009/2010

- Mémoire de fin d’études -

Comment le Cluster WEST peut-il entretenir sa dynamique-réseau pour

porter des projets innovants de type compétitif ?

Bien Manger Durable®, Made in WEST® by WEST Communities®

Cluster, Compétit ivité , Innovat ion, Intel l igence Economique, Web2.0

Maître de stage : M. Jean-Yves DELAUNE Professeur référent : Mme Isabelle HARE

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p. 2

L’eau, dans son cours, suit la situation

du terrain dans lequel elle coule ; de

même, votre armée doit s’adapter au

terrain sur lequel elle se meut.

Sun Tzu, L’art de la guerre – article VI

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p. 3

Sommaire

Remerciements ................................................................................................................................... 4

Introduction ........................................................................................................................................ 5

PARTIE 1 : Rapport .......................................................................................................................... 7

1. Présentation du Cluster WEST ............................................................................................ 7 1.1. Qu’est-ce qu’un cluster .................................................................................................... 8

1.2. La reconnaissance d’Etat au titre de “Lauréat de l’appel à projets grappes d’entreprises”

.......................................................................................................................................... 9

1.3. L’équipe d’animation ..................................................................................................... 11

1.4. Le changement en marche du Cluster WEST ................................................................ 12

2. Missions de stage et analyse de la pratique professionnelle ............................................. 14 2.1. Présentation des missions............................................................................................... 14

2.1.1. Les missions ........................................................................................................... 14

2.1.2. La « fonction » veille & intelligence économique dans une équipe d’animation de

Cluster ................................................................................................................................ 15

PARTIE 2 : Production Universitaire ............................................................................................ 17

3. La dynamique d’un cluster dans l’économie de la connaissance..................................... 17 3.1. L’optimisation de la circulation des informations dans un réseau d'acteurs .................. 18

3.1.1. les types d’échange dans un réseau ........................................................................ 18

3.1.2. Eclairage sur l’échange mail dans un fonctionnement en cluster .......................... 19

3.1.3. Un accès plus facile aux informations ................................................................... 20

3.1.4. Accompagnement de l’approche web par des entretiens physiques pour favoriser

et susciter des propositions .................................................................................................... 20

3.2. Le développement d’un web communautaire proactif ................................................... 20

3.2.1. Le projet WEST Communities® ................................................................................ 20

3.2.2. Implantation et développement en Chine : la nécessité du web comme point

d’entrée ................................................................................................................................ 24

3.3. Les actions concourant à améliorer la compétitivité des acteurs dans un cluster .......... 26

3.3.1. Visibilité de la démarche du cluster pour une attractivité individuelle et collective

accrue ................................................................................................................................ 26

3.3.2. Les démarches de coopétition ................................................................................ 27

3.3.3. L’Interclustering..................................................................................................... 27

3.3.4. Schéma bilan proposé par l’équipe du Cluster WEST : valeurs et finalité d’un

cluster : ................................................................................................................................ 29

Conclusion......................................................................................................................................... 30

Bibliographie .................................................................................................................................... 33

Cas d’entreprise Annexe 1 : Le Pôle WEST .................................................................................. 35

Annexe 2 : Membres du Cluster WEST......................................................................................... 40

Annexe 3 : DISCOURS 1 ................................................................................................................. 41

Annexe 4 : DISCOURS 2 ................................................................................................................. 43

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p. 4

Remerciements

Je remercie :

Monsieur Jean-Yves DELAUNE, Directeur Général du Cluster WEST et « bâtisseur de clusters »,

qui s’est engagé à me suivre comme maître de stage. Je le remercie vivement pour la confiance qu’il

m’a accordée et pour son souci de transmettre aux jeunes son expérience, avec patience et passion.

Car la transmission par les « anciens » est une autre forme d’économie de la connaissance…

Madame Isabelle HARE, ma tutrice universitaire, pour les échanges réguliers durant mes deux

années passées à l’ICOMTEC.

L’équipe d’animation du Cluster WEST : Madalina, Andy, Kai et ceux qui ont été de passage

dans l’équipe, pour leur contribution et les moments conviviaux.

Le groupe Intercluster, un groupe de personnes formidables qui a du mérite dans leurs actions

communes.

Mes amis de la promotion 14 du Master IECS, en particulier Benoît ARCHAMBAUD…

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p. 5

Introduction

La France est une puissance affaiblie et moyenne, avec un déficit du commerce extérieur1. Le

danger quand l’économie va mal, c’est la stagnation et le repli sur soi. Pour limiter la crise et ses

effets, certains tentent d’« actionner les leviers du travailler ensemble ». C’est l’enjeu des

regroupements d’entreprises aujourd’hui. Les démarches dites « bottom-up » sur un territoire précis,

c'est à dire, les initiatives de terrain émanant d'une volonté commune d'acteurs économiques, sont

une des clés de la réussite. Néanmoins, se regrouper en réseau ne suffit pas pour être compétitif. La

dynamique d’un groupement d’acteurs tient à peu de chose. Elle doit s’entretenir au risque de voir

le groupement s’effriter, se désolidariser, voire être contre-productif.

Chacun des membres à une lourde responsabilité, directement liée à la compétitivité du réseau : il

doit adhérer à une vision partagée (conscience d’un destin commun avec des valeurs fortes), être en

accord avec la définition collective du projet de réseau, en participant à des actions collaboratives

(interprofession, groupe de travail, groupe d’expérimentation), en prenant des initiatives en

adéquation avec des problématiques de marchés, en donnant beaucoup de son temps, en sus de ses

propres activités professionnelles, et enfin, il doit s’ouvrir pour permettre de libérer et de croiser des

connaissances. « Les entreprises qui l’emporteront seront celles qui sauront fonder durablement

leur avantage concurrentiel sur la meilleure conjonction des intelligences, des savoirs et des

compétences qu’elles agrègent, pour créer sans cesse une valeur ajoutée qui fasse la différence »2.

Il est permis de se demander pourquoi il est nécessaire pour des acteurs de se regrouper sur des

domaines d’activités. L’objectif est de s’inscrire dans une économie de la connaissance, nécessaire

à l’innovation, pour répondre à des enjeux économiques et sociaux, pour décrocher des marchés,

pour consolider des emplois, pour revitaliser un domaine d’activité et un territoire, et pour

(re)placer les entrepreneurs, en tant qu’acteurs centraux de la croissance.

Comment le Cluster WEST peut-il entretenir sa dynamique-réseau pour porter des projets

innovants de type compétitif ?

Pour tenter de répondre à cette question, je présenterai trois hypothèses, interdépendantes, qui

proviennent notamment d’observations de terrain, au sein de l’équipe d’animation du Cluster

WEST :

- l’optimisation de la circulation des informations dans un réseau d'acteurs ;

1 24,5 milliards d'euros au premier semestre 2010 – Source Capital.fr

2 Citation de Sérieyx (2000) in Le réseau d’entreprises : forme d’organisation aboutie par Isabelle Géniaux et Sylvie

Mira-bonnardel, Revue française de gestion 2003/2 (no 143) 180 p.

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p. 6

- le développement d’un web communautaire proactif ;

- la conjugaison d’actions concourant à la compétitivité des acteurs économiques ;

Ce présent mémoire a pour sujet la dynamique d’un cluster dans l’économie de la connaissance. Il

se présente sous trois aspects : un « rapport de terrain » réalisé dans le cadre d’un Master 2

Intelligence Economique et Communication Stratégique. Ce rapport contextualise le sujet et ne peut

être en aucun cas dissocié du mémoire. En second lieu « une partie universitaire » qui constitue le

cœur de ce mémoire ; et enfin, « une étude de cas » annexe 1, pouvant servir d’exercice à des

étudiants.

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p. 7

PARTIE 1 : Rapport

1. Présentation du Cluster WEST

Depuis novembre 2004, le Cluster WEST réunit des acteurs de l'agroalimentaire répartis

principalement sur les quatre régions du Grand Ouest. Grâce à leur regroupement « en meute », ils

peuvent prétendre être les seuls en Europe à travailler dans les 4 domaines majeurs de

l’agroalimentaire que sont les produits de la terre, les produits de la mer, les produits laitiers et les

produits carnés. Cette originalité, organisée par cette « mise en réseau » est légitime par le poids

économique que représentent les acteurs sur l’ensemble de ce territoire. Elle facilite des

croisements technologiques et l’émergence de nouveaux produits, plats élaborés mixtes et services

contribuant à l'élaboration d'un « Bien Manger Durable® », tant en terme de qualité qu’en terme de

valeur ajoutée. L’enjeu est de consolider et de développer les activités et les emplois induits.

WEST, naturellement : c’un territoire géologique homogène et riche complémentarité de ses

ressources naturelles, grâce à ses sols variés et à une ouverture importante sur la mer.

WEST, économiquement : le premier territoire d’acteurs en Europe, par son poids économique et

l’étendue de la gamme de ses productions, (produits carnés, produits laitiers, produits de la mer,

produits de la terre) s’appuyant sur la construction historique d’un ensemble d’acteurs, dans les

domaines des biens d’équipement et des services dédiés et induits par la chaîne de valeurs

agroalimentaire. Cet ensemble d’acteurs, aujourd’hui dispersé, s’il s’organise, peut se doter d’une

force de frappe de conquête égale aux premiers compétiteurs mondiaux de l’agroalimentaire.

WEST, solidairement : ce territoire dispose d’un atout considérable, celui du goût d’entreprendre,

partagé par tous et une aptitude avérée à travailler ensemble dans un contexte d’économie durable et

profitable.

A la fois désigné comme le grand Ouest de la France, « WEST » est également un sigle qui

positionne le cluster : Well Eating Sustainable Territory, le Territoire du Bien Manger Durable. Le

Cluster WEST réuni aujourd’hui plus de 300 acteurs sur toute cette de valeur la chaîne de valeurs

de l’agroalimentaire. Il développe une démarche qui se veut pragmatique, très proche des besoins

des acteurs concernés. Il a une dimension internationale en avec des correspondants étrangers

répartis dans 57 pays. (plus de 130 correspondants internationaux à ce jour).

La démarche s'est consolidée avec la reconnaissance d’Etat reçu en mai 2010 : le Cluster WEST est

lauréat de l’appel à projets « Grappe d’entreprises 2010 », lancé par la DATAR.

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p. 8

Chaîne de valeurs agroalimentaires des membres du réseau

1.1. Qu’est-ce qu’un cluster

La présente définition est proposée par l’équipe d’animation du Cluster WEST, inspirée par les

nombreux constats et réalités du terrain. C’est une définition enrichie par des réflexions et travaux

de Monsieur Jean-Yves Delaune, expert en clusters et réseaux d’entreprises.

Un cluster est un réseau d’acteurs réunis sur un territoire donné, qui mutualisent leurs différentes

compétences pour servir un objectif commun, en s’inscrivant dans un rapport gagnant gagnant selon

un fonctionnement qualifié de bottom-up, du bas vers le haut et transversal. Il peut associer

l’ensemble des acteurs d’une chaîne de valeurs, y compris des concurrents, pour accélérer le

développement d’innovations compétitives pour attaquer de nouveaux marchés. Les membres d’un

cluster bénéficient d’un ensemble de services (accès facilité à une information qualifiée, facilitation

de mises en réseau, partage des réflexions, effet de lobbying, accompagnement à l’international...),

proposé par une équipe d’animation. L’objectif est d’accélérer l’émergence des projets à travers une

approche globale et transversale qui les lient pour leur donner plus de sens et de pertinence par

rapport à la vision partagée. Cette démarche correspond au mode de fonctionnement mondial de

l’économie de la connaissance, consacrée par le traité de Lisbonne. (Cf Silicon Valley) Ce nouveau

contexte économique induit pour les acteurs la nécessité de créer des réseaux de compétences, de

mutualiser des moyens, de développer des partenariats de proximité et d’opportunités autour de

projets coopératifs, innovants et durables. Dans le monde, les clusters relèvent d’une démarche

bottom up: ils sont créés à l’initiative des acteurs, la mise en oeuvre des projets leur appartient et

leur réussite dépend aussi des conditions de facilitations créées par les pouvoirs publics. La

Page 9: Mémoire baptiste boudaud 28 09-2010 (1)

p. 9

démarche d’un cluster se définit par la coopération et l’interaction entre trois mondes : entreprise,

formation, recherche. Elle associe l’intérêt des acteurs à celui du territoire grâce à l’innovation

créatrice et ses effets induits, création d’emplois et de richesses.

Les PME se regroupent en clusters d’entreprises et développent des projets coopératifs, avec ou

sans la recherche, répondant à des enjeux de marché. Les clusters d’entreprises sont orientés vers la

mise en oeuvre de projets innovants avec un retour sur investissements rapide de la richesse créée

en terme de valeur ajoutée. Cette définition est en accord avec la vision de Michael Porter sur les

nouveaux systèmes d’échanges : « […]the clusters represent a new way of thinking about location,

challenging much of the conventional wisdom about how companies should be configured, how

institutions such as universities can contribute to competitive, success,and how governments can

promote economic development and prosperity. »3

1.2. La reconnaissance d’Etat au titre de “Lauréat de l’appel à projets grappes d’entreprises”

Le 2 juillet 2005, le comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire

(CIADT) labellise 67 projets « Pôles de Compétitivité ». A l’époque, le Cluster WEST n’est pas

retenu. Le 3 octobre 2005, les acteurs du réseau décident, à l’unanimité, la poursuite de la

démarche sous l’appellation cluster, définition rendant mieux compte de la démarche en cours.

(Cf. Histoire du Cluster WEST )4

Le 14 mai 2010, 5 ans après l’appel à projets des pôles, le Cluster WEST a obtenu le titre « Lauréat

de l’appel à projets grappes d’entreprise 2010 »

(La réponse à cet AAP est disponible en téléchargement sur le site du Cluster WEST.)

Le titre « grappe d’entreprises » vient combler un vide créé par l’Etat suite à l’appel à projets des

pôles de compétitivité. Ce dernier a marginalisé certains groupements d’acteurs qui n’étaient pas

positionnés sur de la Recherche et Développement (caractéristiques des pôles) mais sur de

l’innovation et des projets courts, n’impliquant pas forcément des acteurs publics ou de la

recherche. L’objet de l’appel à projet « grappes d’entreprises » était de positionner des réseaux

d’entreprises en amont des pôles de compétitivité, capables de faire émerger des projets et trouvant

enfin une place reconnue dans l’écosystème territorial de l’innovation : « Il existe des réseaux de

taille inférieure à celle des pôles de compétitivité. Des réseaux où les PME sont souvent très

représentées, présents sur des territoires plus localisés, dont la R&D n’est pas forcément le premier

moteur de la collaboration, mais qui sont également des vecteurs très importants de développement

et de compétitivité pour les entreprises et les territoires sur lesquels ils se situent. […] Ces réseaux

3 PORTER, E. Michael, Clusters and the New Economics of Competition, in Harvard Business Review, November –

December 1998 4 BOUDAUD Baptiste, Comment les acteurs du réseau Cluster WEST peuvent-t-il s'approprier la démarche Made in

WEST® et le sentiment d'appartenance à une communauté proactive ?, Mémoire ICOMTEC, Septembre 2009, 95 p.

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ne sont à ce jour ni reconnus, ni soutenus de manière claire et lisible au niveau national, alors

même qu’ils ont une importance considérable en termes d’activités, d’emploi et de création de

richesse, d’autant plus considérable dans le contexte de la crise économique majeure que nous

traversons. Je pense en particulier aux réseaux ancrés dans les territoires ruraux, souvent fragiles

et peu attractifs, à l’heure où la mondialisation remet en question les attaches territoriales des

entreprises. »5

Caractéristiques des grappes d’entreprises :

elles sont principalement constituées de TPE/PME, généralement dans un même domaine

d’activité; elles intègrent, lorsque cela est pertinent, des grandes entreprises ; elles associent ou

intègrent des acteurs de la formation, de la gestion de l’emploi et des compétences, de l’innovation

et de la recherche, en fonction des contextes et des initiatives ;

elles ont un « noyau dur » ancré sur un territoire permettant des rapports aisés de proximité entre

ses membres, pertinents par rapport au tissu d’entreprises concerné ;

elles apportent des services aux entreprises qui peuvent porter sur l’ensemble de leurs besoins à

travers des actions de mutualisation ou d’actions collectives, notamment concernant l’innovation

sous toutes ses formes, l’emploi et les compétences, l’organisation du travail, le développement à

l’international, la communication, les aspects environnementaux…;

elles ont une structure de gouvernance propre, où les chefs d’entreprises ont un rôle moteur, avec

une stratégie élaborée collectivement, mise en œuvre à travers un plan d’actions concerté ;

toutes les entreprises sont concernées (entreprises de production, professions libérales,

prestataires de services, artisanat de production …), dans toutes les activités (commerciales,

industrielles, artisanales, touristiques, artistiques, agricoles, de service…) et sur tous les territoires

(urbains, périurbains, ruraux) métropolitains et d’outre-mer ;

elles s’articulent et coopèrent avec les acteurs publics et privés de leur environnement territorial.

Extrait du site de la DATAR (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à

l’attractivité régionale). A consulter également : « liste et carte des Grappes d’entreprises 2010 »6

5 Extrait du discours de Michel Mercier, Ministre du l’espace rural et de l’aménagement du territoire - 29 septembre

2009 - lors de l’Université des pôles et des clusters 6 BOUDAUD Baptiste, Des grappes d’entreprises pour la France, mai 2010, Blog Harfang-IE

http://harfang-ie.over-blog.com/article-de-49867768.html

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p. 11

1.3. L’équipe d’animation

L’animation (fonctionnement) des Clusters est facilitée dans la plupart des exemples par des

équipes d’animations. Dans le cas du Cluster WEST, le réseau est « piloté » par une Société par

Actions Simplifiées, la SAS WEST, au capital de 60 000 € et composée d’un conseil

d’Administration. Le statut de la SAS permet une certaine souplesse… contrairement à d’autres

réseaux qui sont animés par une structure associative, statut qui ses limites pour se préparer à

l’évolution d’un modèle économique de cluster (avec la vente de services par exemples).

La SAS a un avantage décisif qui convient au fonctionnement d’un cluster et de sa définition de

départ : « elle est l'émanation de la volonté de son ou ses créateurs. Et non pas celle de la loi. Ses

membres déterminent librement la nature et les fonctions de ses dirigeants comme la manière dont

seront prises les décisions collectives. Ainsi, la souplesse des décisions permet d'éviter procédures,

formalisme et délais paralysants. Les convocations aux assemblées peuvent être faites par tout

moyen, même par oral. Les assemblées elles-mêmes peuvent avoir lieu par correspondance, par fax

ou e-mail... sans nécessairement la rédaction d'un procès-verbal. »7

Les membres de l’équipe d’animation sont salariés de la SAS WEST. L’équipe est composée de

trois personnes.

- Jean-Yves DELAUNE Directeur Général Délégué (assure cette fonction bénévolement depuis la

création du Cluster WEST)

- Andy CHAUVEAU Animation, management et ingénierie des projets

- Madalina CARALICEA Animation du réseau et accompagnement sur les questions liées à la

propriété intellectuelle

Selon les besoins, l’équipe s’appuie sur des stagiaires. Durant mon stage, Kai WANG, étudiant en

Master Administration des entreprises à l’Université de Nantes était stagiaire, chargé du

Développement Asie.

Moi-même, membre de l’équipe, chargé de développer les démarches d’intelligence économique et

de veille au sein du réseau.

7 BABONNEAU Marine, Souplesse : comparatif de la SAS avec la SARL et la SA, Lentreprise.com

Page 12: Mémoire baptiste boudaud 28 09-2010 (1)

p. 12

La SAS WEST menée par l’équipe d’animation constitue une véritable interface pour les acteurs et

les membres du réseau.

L’équipe d’animation joue un rôle essentiel pour donner de la vigueur au réseau : échanger, débattre

et solliciter les membres pour favoriser l’émergence des projets collaboratifs. L’équipe permet de

démultiplier la dynamique du réseau car elle a un autre regard sur les projets ou les marchés et

croise sa vision avec celle des membres du réseau. On trouve ainsi l’élément indispensable de la

transversalité, une condition nécessaire à l’innovation : c'est-à-dire, une capacité à laisser un projet

vivre par la multiplicité des opinions et des expériences des membres du réseau. L’équipe

d’animation du Cluster agit de façon proactive en agglomérant les connaissances, et en

« manageant » les communautés d’intérêts.

Services actuels et futurs pouvant être proposés aux membres du cluster par l’équipe d’animation

1.4. Le changement en marche du Cluster WEST

« J’ai été vraiment séduite par le travail de fond réalisé par le Cluster WEST, et je sais que ce n'est

que la face cachée de l'iceberg potentiel. Imaginez tous ces progrès réalisés en travail collaboratif

en Pays de la Loire depuis que nous nous connaissons, depuis l’époque où on titrait « l'avenir

s'invente à l'Ouest », certes il a fallu des décennies…»8 Voici un commentaire d’une journaliste

professionnelle, pigiste pour plusieurs magazines professionnels, spécialiste du végétal et e

l’agroalimentaire, très avertie des phénomènes de cluster, suite à l’Assemblée Générale du cluster

WEST le 24 juin 2010 : l’AG fut un succès parce qu’elle a marqué un basculement et, ensuite, pour

la pertinence de chacun des projets présentés et leur complémentarité sur la chaîne de valeurs du «

Bien Manger Durable®, Made In WEST® ». Basculement, en effet, car comme l’a évoqué un des

membres du conseil d’Administration « notre réunion marque un tournant dans la vie de notre

8 Lettre Made In WEST, n°226 – 28 juin 2010

Page 13: Mémoire baptiste boudaud 28 09-2010 (1)

p. 13

cluster. A la phase pionnière qui s’achève, grâce au socle de compétences constitué et aux projets

incubés, une démarche plus concrète de création de services à valeur ajoutée innovante commence

et doit se développer pour vous accompagner dans vos projets collaboratifs individuels ou collectifs

et pour décliner des ressources propres pour notre structure, la SAS WEST. ». Monsieur Joachim

Queyras, en charge à la DATAR du suivi de l’Appel à Projets des grappes d’entreprises, a confirmé

la qualité du réseau Cluster WEST. Ce soutien permet d’accélérer l’efficience en interne, comme en

externe, notamment à l’international. Basculement aussi, parce que la confiance est donnée aux

jeunes générations dans l’équipe d’animation qui a remarquablement organisé et animé cette

réunion et le brassage des cultures asiate, hispanisante, anglo-saxonne, africaine et bien sûr

française, a frappé et enchanté les membres présents. « Nous étions bien dans l’économie de la

connaissance globalisée. Tous les porteurs de projets doivent en être remerciés, car en plus de leur

concision et de leur souci d’être très « pros », concret et commercial, c’était l’objectif donné à tous,

ils ont apporté du « cœur », du sens et une ouverture à l’international qui ont fait mouche. »9

L’effort en matière d’animation et le souci de mettre à disposition un outil communautaire

d’échanges et d’ingénierie innovante collective devraient valoir au Cluster WEST plus de créations

de valeurs, de richesses et d’emplois, au profit de chacune des entités des membres du réseau. Le

projet WEST Communities® vous sera expliqué dans la partie 3.2 Le développement d’un web

communautaire proactif. La politique de marques et l’ouverture à l’international construites depuis

l’origine, prennent aujourd’hui, tout leur sens et toute leur actualité. La responsabilité est désormais

sur chacun des membres pour mieux faire connaître le réseau et pour mieux conquérir un avenir

commun et contribuer ainsi à rendre le territoire du Grand Ouest plus attractif.

9 Propos de Jean-Yves Delaune, DGD du Cluster WEST

Page 14: Mémoire baptiste boudaud 28 09-2010 (1)

p. 14

2. Missions de stage et analyse de la pratique professionnelle

2.1. Présentation des missions

2.1.1. Les missions

Ce stage s’inscrit dans la continuité de celui déjà réalisé en 2009, avec à la clé un mémoire traitant à

l’époque de la problématique suivante : Comment les acteurs du réseau Cluster WEST peuvent-t-ils

s'approprier la démarche Made in WEST® et le sentiment d'appartenance à une communauté proactive ?

En effet, au terme de ce premier stage, nous avons pu constater un décalage important entre les

pratiques et les outils web2.0 d'une part, et les pratiques comportementales françaises en général

d'autre part.

La difficile pratique du web, par plusieurs membres du Cluster WEST, freine la création d'un réseau

communautaire efficace et nécessaire pour répondre aux objectifs que se sont donnés les membres

fondateurs du Cluster WEST.

Le Cluster WEST estime nécessaire de coupler des rencontres physiques d'acteurs, sur le terrain,

avec le développement de moyens et de bonnes pratiques dans l'esprit web 2.0 permettant le travail

en confiance, à distance, nécessaire au bon fonctionnement d'un cluster.

Ce relais physique est un passage obligé pour donner vigueur, sens et efficacité aux projets, il doit

faciliter et accélérer l'émergence et la mise en oeuvre de projets coopératifs. Ce lien physique doit

faire prendre conscience aux membres des qualités du réseau et de la pertinence de la technologie

mise en oeuvre. L'appui d'un stagiaire pour expérimenter cette démarche, limite, dans un premier

temps, les charges de structure en en partageant la phase d'incubation.

La mission confiée avait pour objectif d'accompagner l'équipe d'animation dans l'expérimentation

de cette voie et de tester l'impact des rencontres physiques sur la dynamique des projets et des

bonnes pratiques de travail collaboratif « Made in WEST® ».

Le travail du stagiaire permettra à l'équipe de développer l'ensemble des services proposés aux

membres par la prise d'information d'une part et par les propositions et expérimentations de services

tels, par exemple, que la mutualisation d'une veille ciblée par cercles d'intérêts d'autre part.

Par ailleurs, la mission permettait ma mise à disposition au sein d’autres clusters « partenaires » du

Cluster WEST, dans le cadre d'échanges d'interclustering visant à la fois l'identification et le partage

de bonnes pratiques d'animation de réseau, et le gain d'efficacité induit par la mutualisation d'une

veille et d’une démarche d’intelligence économique.

Page 15: Mémoire baptiste boudaud 28 09-2010 (1)

p. 15

La mission a impliqué des formations relatives à l’utilisation d’outils de veille, de mutualisation

d'information, et de travail collaboratif.

Cette démarche d’intelligence économique portée par le Cluster WEST a pour finalité de

développer auprès des membres une culture partagée, fondée sur un travail en réseau

communautaire (sans rétention de compétences), avec une méthode, des outils, des réflexes de

collaboration ou de proactivité, le tout renforcé par un accompagnement et un lien humain sur le

terrain.

2.1.2. La « fonction » veille & intelligence économique dans une équipe d’animation de Cluster

L’intérêt de ce stage et de ce mémoire pour moi était surtout de répondre à une question : la

«fonction Intelligence Economique » a-t-elle sa place dans une équipe d’animation de cluster. Cette

discipline peut-elle être développée au sein d’un réseau ?

Un article du Blog IE & Stratégie, livre une analyse intéressante du métier de Community

Manager : une fonction qui articule avec habileté et finesse les compétences liées à l'intelligence

économique et à la communication. Je pense qu’une partie de la fonction Intelligence Economique

d’une équipe d’animation reprend des compétences du Community Manager, « nouveau » métier lié

au développement des entreprises 2.0 : « Les blog, les wiki, la vidéo en ligne, les plateformes

collaboratives, les réseaux sociaux et toute cette génération d’outils du Web 2.0 qui facilitent la

participation et l’échange amènent avec eux de nouvelles pratiques qui bouleversent les

organisations et les modèles économiques : « longue traîne », taxonomie, intelligence collective,

« webisation » des services, crowdsourcing (contenu apporté par les utilisateurs) »10

C’est bien de

ces pratiques qu’il est question pour dynamiser un réseau d’organisation. Ainsi, un professionnel

formé à l’intelligence économique intègrera ces nouvelles composantes : "le Web collaboratif a

introduit de nouvelles tendances, il a permis l’émergence de nouvelles pratiques et de nouveaux

médias informels. [...] La fonction de Community Manager peut parfois être associée à celle de

veilleur. Dans certaines entreprises, c’est la même personne qui gère le deux fonctions. Le

Community Manager va gérer la communauté, généralement il n’est pas en charge de la

construction ou de l’évolution du site mais ses remarques et ses informations récupérées sur le

terrain auprès des utilisateurs, font de lui un interlocuteur majeur dans l’élaboration de celui-ci."11

J’ai listé plusieurs éléments d’information et diverses compétences assimilables à celles du métier

de Community Manager, que j’ai développées avec la pratique au sein du Cluster WEST :

10

Xavier De Mazenod, Vers l’entreprise 2.0, Société Adverbe http://www.adverbe.com/prestations/conseils/vers-

lentreprise-20/ 11

Les Bases du Community management, Blog IE & Stratégie

Page 16: Mémoire baptiste boudaud 28 09-2010 (1)

p. 16

- une excellente connaissance du web collaboratif et des outils de partage de l’information

- une capacité à s'imprégner de la culture du réseau, du vocabulaire employé dans le domaine

d’activité spécialisé

- une aptitude logique à solliciter les différentes plateformes de social networking pour "gérer" la

notoriété du réseau : stratégie de visibilité sur le web pour valoriser les marques du réseau et ses

membres, stratégie de l’information…

- favoriser l'interaction entre les membres d'un réseau et favoriser l'échange d'informations par des

contacts réguliers avec les membres physiques/virtuels.

- une réactivité professionnelle lorsqu’il y a des situations d’urgence (besoins rapides en

informations)

En plus de la facette « 2.0 » du métier, l’individu chargé de la veille et de l’IE doit être un « électron

libre », présent au sein du réseau pour « manager l’information », pour la rendre disponible (soit à

l’équipe, soit aux membres du réseau). Même si certain ne considère par la veille comme partie

intégrante de l’intelligence économique, la fonction IE créée dans une équipe d’animation de

Cluster ne pourra s’en passer. Il aura alors la charge d’assurer en collaboration avec ses collègues,

la collecte et l’analyse des informations (par une veille thématique, ciblée…). L’objectif étant de

donner du sens à l’information et de mettre en perspective les opportunités pour servir les acteurs et

le développement des projets. J’ai listé là aussi des attitudes et compétences que je pense

indispensables :

- animer un réseau de « correspondants de veille » : le chargé d’IE du Cluster devra développer sa

propre communauté de « sourceurs »12

, en plus des membres du réseau, qui lui amèneront de

l’information stratégique. Il s’agit de développer des rapports humains professionnels et proactifs

avec une communauté de personne. Parmi ces « sourceurs » on peut citer des anciens camarades de

promotion, des amis du métier, des contacts professionnels divers, des journalistes, etc. Le lien

particulier entretenu avec eux les amènera à prévenir le chargé d’IE automatiquement, par réflex,

s’ils disposent d’une information utile.

- mettre en place un système de gestion de l’information : c’est une partie technique qui repose

aussi sur un schéma de pensée (comment dois-je catégoriser les informations recueillies ? à qui

dois-je donner cette information ? quand ? Et par quel moyen ?)

12

personnes échangeant des informations précises dans une communauté professionnelle

Page 17: Mémoire baptiste boudaud 28 09-2010 (1)

p. 17

PARTIE 2 : Production Universitaire

La première partie nous a permis de placer un contexte : la dynamique des clusters. Il est aussi

nécessaire de se référer à mon premier mémoire portant sur les communautés d’acteurs

économiques13

. La deuxième partie a pour but de relever les points essentiels de la dynamique d’un

cluster.

3. La dynamique d’un cluster dans l’économie de la connaissance

Comment le Cluster WEST peut-il entretenir sa dynamique-réseau pour porter des projets

innovants de type compétitif ?

Avant d’aborder ce point, il faut expliquer l’expression « projets innovants de types

compétitifs ». En France, il réside une confusion entre la R&D et l’innovation. Les Pôles de

compétitivités impliquent de longs projets de recherche, qui n’ont pas de retour sur investissement

visible et dont les résultats tangibles se font toujours attendre au bout de 5 ans d’expérimentation…

et pourtant, il leur est accordé le terme d’innovation. Les thématiques de recherches sont imposées

par le réseau institutionnel public et il réside souvent un décalage avec les réalités du terrain et du

marché. « Les processus participatifs de type bottom-up des communautés de pratiques et des

équipes projets sont plus féconds que les approches top-down du modèle classique de R&D. À

cette fin, il serait justifié de transformer tout ou partie du crédit d’impôt recherche en crédit

d’impôt innovation. »14

Aujourd’hui de nombreux pôles de compétitivité sont sanctionnés

financièrement par la perte de leur label, car ils ne génèrent pas assez de projets de recherche. La

politique des pôles n’est pas portée sur l’ingénierie de projet. Elle est portée sur des processus

lourds de financements liés au fait d'être localisés dans telle ou telle région de la France. Ces

financements ne sont pas liés au dynamisme ou à la qualité des résultats obtenus. Les projets dits

« innovants » mais non compétitifs sont les projets qui répondent mal au besoin du marché, parce

qu’ils ne sont pas en adéquation, par ce qu’ils ne comportent pas de retour sur investissement

visible. Ces projets émanent malheureusement de l’organisation des systèmes publics, qui

composent un contexte très défavorable aux dynamiques territoriales d’innovation. La configuration

« pôle de compétitivité » révèle des lourdeurs administratives qui durcissent la relation entre

l’entrepreneur et l’administration, allant jusqu’à la confrontation concernant des projets dits de

recherche. Le fait de ne pas avoir de projet conséquent de recherche finançable (par le Fond Unique

13

http://www.cluster-west.fr/memoire-baptiste-boudaud/index.php 14

Philippe Durance, Marc Mousli et Michel Godet, Rapport Créativité et innovation dans les territoires, Conseil

d’Analyse Economique, DATAR et Académie des Technologies – 17 Mai 2010, 92 p.

http://www.cae.gouv.fr/IMG/pdf/CAE091_creativite_territoires.pdf

Page 18: Mémoire baptiste boudaud 28 09-2010 (1)

p. 18

Interministériel) a été un reproche fait au Pôle Enfant (Cholet 49) aujourd’hui délabellisé. « De

manière caricaturale, pour être labellisé, il faut dépenser de l’argent »15

.

Revenons au terme innovation : il faut savoir que l’innovation n’est pas forcément technique. C’est

un processus systémique, qui s’adapte au changement. Elle peut être commerciale ou

organisationnelle… « L’industrie en France n’est pas seulement le Hight Tech, c’est aussi tout

l’agroalimentaire qu’on oublie trop souvent, un des seuls secteurs qui est excédentaire. Le constat :

le secteur français le plus créatif et le plus innovant n’est pas subventionné ! »16

Les clusters d’innovation et les grappes d’entreprises, à la différence des pôles se caractérisent par

des projets innovants très liés au terrain c'est-à-dire qu’ils comportent des facteurs différenciant sur

le marché cible. La conséquence est l’avantage concurrentiel permettant la compétitivité des acteurs

du projet.

La dynamique fondée sur une interaction étroite entre les acteurs économiques :

3.1. L’optimisation de la circulation des informations dans un réseau d'acteurs

3.1.1. les types d’échange dans un réseau

Une fois la naissance du cluster, il faut le faire vivre par des échanges entre membres. La rencontre

physique est parfois difficile à cause de la distance et les différentes disponibilités de chacun. Le

cluster est aussi un lieu de rencontre entre acteurs du projet : pour des premières rencontres par

exemple, ou des sujets délicats, car c’est un terrain neutre sans parti pris. A terme les acteurs

doivent être en capacité de solliciter l’équipe d’animation et de se manifester par téléphone, par

mail, par visioconférence, par messagerie instantanée et/ou par des rencontres physiques… Le plus

15

BACHELOT Denis et D’ORNANO Pierre, Survivre à la crise, le groupement d’entreprises, une solution pour les

PME, Bourin Editeur, 2009, p.179-180 16

Propos de Michel GODET, économiste au CNAM, Emission radiophonique RTL On refait le monde- 4 mars 2010

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p. 19

difficile sans doute est de créer cet automatiste et ce réflexe du contact humain professionnel.

Depuis le regroupement en 2004, le Cluster WEST publie une lettre d’information et de veille

hebdomadaire, nommée « Made In WEST® ». Elle constitue le véritable lien qui unit l’ensemble des

membres. Elle permet de suivre les états d’avancement de l’ensemble des projets, sur toutes les

thématiques de la chaîne de valeurs agroalimentaires et permet de relayer les besoins ou la

proposition de services des acteurs à l’ensemble du réseau. Un réseau ne pourrait se passer de ce

type de lettre pour en assurer sa dynamique. Encore faut-il lire la lettre et se tenir à jour… C’est là

tout l’objet du projet WEST Communities® qui doit permettre au membre de mieux s’approprier le

réseau et de gagner en réflexes.

3.1.2. Eclairage sur l’échange mail dans un fonctionnement en cluster

L’échange mail dans le réseau est une condition vitale pour entretenir le lien. Ceci légitime la place

de l’équipe d’animation dans le processus d’échanges. J’ai remarqué que tous les membres du

cluster WEST n’avaient pas les mêmes niveaux de pratique du mail, notamment la fonction

« répondre à tous » lorsque plusieurs personnes sont parties prenantes d’un projet. En cas de

réponse à un mail envoyé à plusieurs destinataires, certains membres ne font pas la différence entre

Répondre à l’émetteur du message et Répondre à tous les destinataires.

De même, la fonction « CC copie » permet de mettre un collaborateur en copie du message sans

qu’il soit destinataire principal du message. C’est une fonction qui permet de ne marginaliser

personne et qui donne un suivi du sujet à tout le monde.

L’équipe d’animation vient alors en appui pour mettre en relation des membres, assurer un suivi de

projet ou un rappel. Le rôle « d’animateur » prend tout son sens.

Les différents types d’échanges mail :

- équipe d’animation vers membre

- membre vers équipe d’animation

- membre vers équipe d’animation et copie à un autre membre lié au projet

- membre vers membre et copie à l’équipe d’animation

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p. 20

3.1.3. Un accès plus facile aux informations

Le cluster vit grâce à un mode d’échange utilisant l’indispensable web2.0, notamment pour

entretenir l’aspect collaboratif du système. Après des échanges avec plusieurs membres et la

réalisation d’un état des lieux de leurs pratiques web, nous sommes en mesure d’affirmer qu’ils sont

tous intéressés par l’acquisition d’informations relatives à leur domaine d’activité, sous forme de

revue de presse, de bulletin de veille, de mailing.... Le plus embêtant a été de constater que pour

recueillir ce besoin des membres, il a fallu se déplacer et rentrer en contact direct avec eux. La

dynamique du cluster repose sur ces conditions d’accessibilité à des informations. L’esprit cluster

n’est pas assez intégré pour que les membres eux-mêmes puissent manifester leur besoin, sans

doute par manque de connaissance sur le Cluster WEST. Comment amener les membres du réseau à

participer, à échanger, à se manifester et à contribuer à la vie du réseau et au développement des

projets ?

Pour œuvrer en ce sens, nous avons, avec l’équipe d’animation, développé depuis avril 2009 le

projet de communauté numérique « WEST Communities® ». Il vous sera expliqué dans la partie

« développement d’un web communautaire proactif ».

3.1.4. Accompagnement de l’approche web par des entretiens physiques pour favoriser et

susciter des propositions

Nous avons émis l’hypothèse que l’un des moyens pour animer un réseau et permettre aux membres

de solliciter l’équipe est la rencontre des acteurs sur le terrain. Cela est nécessaire :

- pour mieux connaître l’activité des membres, leur quotidien de travail, recueillir son besoin, sa

vision

- pour mieux nous faire connaître en tant qu’équipe d’animation et proposer la gamme de services

- pour renforcer le lien de manière général et créer un échange dans un climat convivial et de

confiance

Cette présence sur le terrain permet d’accompagner également les membres dans ses pratiques web

(formation, sensibilisation), car les membres n’en sont pas au même niveau. C’est aussi une façon

de mieux présenter les forces du réseau et le potentiel dont il dispose. Mais ceci présente des

charges non négligeables pour l’équipe d’animation, notamment au niveau des déplacements…

3.2. Le développement d’un web communautaire proactif

3.2.1. Le projet WEST Communities®

Dans son article fondateur What is Web 2.0, Tim O’Reilly « redéfinit l'Internet non plus comme

un média (où les sites Web sont autant d'îlots d'informations isolées) mais comme une plate-forme

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p. 21

: un socle d'échanges entre les utilisateurs (l'auteur parle d'intelligence collective) et les

services ou les applications en ligne »17

Partant de cet esprit, nous sommes convaincus que l’un

des moyens d’entretenir la dynamique-réseau est de développer une véritable communauté

d’acteurs, proactifs. Le projet « WEST Communities® » a ainsi vu le jour. Il a pour but de donner

plus de visibilité à la démarche du cluster, aux compétences et aux projets, pour accélérer le

processus incrémental de projets s'inscrivant dans la démarche de construction ou de consolidation

du « Bien Manger Durable ® », tout en conservant la convivialité qui caractérise le réseau. Ce projet

est un élément de réponse pour palier le manque d’échanges et de feedback de certains membres du

réseau. Nous partions du constat suivant :

- L'approche « cluster » est complexe et « pas à la portée de tous » en l’état actuel de nos habitudes

- Les membres connaissent souvent mal les sujets abordés en dehors de leurs champs opérationnels

- Le « réflex’ WEST »18

est encore trop peu présent…

- Le cluster WEST dispose d’une information riche et largement diffusée via la lettre et le site,

mais, mal exploitée par les membres et entraînant une méconnaissance générale : de la globalité de

la démarche et de sa valeur ajoutée induite, des acteurs entre eux, des compétences présentes au sein

du réseau.

Ceci ralentit inévitablement l’émergence et le développement des projets. L’objectif est également

de gagner en visibilité sur le sens de la démarche du Bien Manger Durable ® , pour accroître la

connaissance :

- de l'ensemble de la démarche,

- des différents maillons de la chaîne de valeurs présents au sein du cluster,

- des différents projets accompagnés,

- des différentes innovations accessibles

- des différentes compétences disponibles,

- des différents acteurs du réseau,

WEST Communities® est aussi un « pont » pour faciliter l'accès de la démarche à tous :

- responsables stratégiques

- acteurs opérationnels

L’un des éléments de ce projet est un espace web à disposition de tous et présentant simplement la

démarche, les acteurs, les membres, les services et répondant à la demande du visiteur, formulée par

mots-clés et relayée par les principaux réseaux communautaires. Pour cela il faudra trouver un

système pour identifier les réactions et les thématiques d’intérêts des membres du réseau. Le but est

de permettre de mieux connaître leur besoin le plus précisément possible.

17

CAVAZZA Fréderic, Web2.0 : la révolution par les usages , JDN Solutions, 19/12/2005 18

automatisme instinctif d’un membre du Cluster WEST pour solliciter le réseau ou donner une information

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p. 22

L’un des grands challenges est la maîtrise, le traitement et l’analyse des informations dans

l’économie de la connaissance, qui a pour conséquence directe l’augmentation de la quantité

d’informations à traiter. A travers WEST Communities®, il s’agit de créer un véritable espace

informationnel (espace web convivial et intuitif) : c’est l’ensemble des informations acquises par le

cluster et mises en perspectives. Il s’agit de la mémoire du réseau et des informations collectées

(benchmark, veille, informations sur les membres, les concurrents, les marchés, les outils, les

procédés, les actualités, la documentation technique…)

Pour que ces informations soient trouvées facilement par les membres et qu’elles prennent tout leur

sens, il faut les catégoriser en amont, de façon pertinente par des mots clés appelés « tags ». C’est ce

qu’on appelle l’étiquetage de l’information. « Des tags ou étiquettes ou mots clefs améliorent la

recherche sémantique, de plus en plus heuristique et donc présentée sous la forme d’un nuage de

mots clés. Ces étiquettes sont des petites expressions de texte qui décrivent un concept, sont

attachées à un concept et utilisées pour chercher dans un contenu et, ce qui est plus important, pour

interconnecter les choses entre elles. »19

Une fiche d’information sur un membre, un article de

presse et toute autre information rangés dans la base de données du Cluster WEST pourront

ressortir de la masse de données grâce à la combinaison des étiquettes qui leur auront été attribuées.

L’idée est de lier ces informations de façon transversales pour qu’elles puissent renvoyer vers

d’autres informations, interconnectées.

19

Définition WIKIPEDIA http://fr.wikipedia.org/wiki/Web_2.0#.C3.89tiquetage

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p. 23

Ainsi, un membre du réseau qui formule sa demande dans la barre de recherche de l’espace web

WEST Communities®, pourra avoir accès à l’information souhaitée et disposer d’autres informations

gravitant autour de cette thématique : le membre s’intéressant au sujet de « l’eau » par exemple,

pourra trouver les actualités, les contacts, les acteurs du réseau travaillant sur un projet innovant lié

à l’eau, les évènements ou l’agenda dédié à cette thématique… Le membre du réseau pourra

appréhender les résultats de sa requête/question dans sa globalité, mais aussi dans ses spécificités.

L’autre aspect de WEST Communities® est, comment développer le Reflex WEST des membres pour

qu’ils puissent trouver une réponse à leurs problématiques dans le réseau du Cluster WEST :

La dynamique-réseau est favorisée par le moyen du web communautaire. WEST Communities®, est

une des réponses aux problématiques des membres. Ce projet permettra de mieux solliciter les

forces opérationnelles du réseau pour apporter la bonne information au bon moment pour

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p. 24

développer un projet. Cela induit un modèle économique spécifique, basé sur toute une gamme de

services liés au web, à l’échange d’informations et à l’accompagnement personnalisé des membres :

- Veille mutualisée et/ou personnalisée

- Service de mises en relations

- Accompagnement de la mise en relation

- Accompagnement en propriété intellectuelle et juridique

- Animation de groupes de travail

- Support de publicité promotionnelle

- Ingénierie de projets

- Intermédiation administrative et financière

- Ouverture sur l’international

3.2.2. Implantation et développement en Chine : la nécessité du web comme point d’entrée

Ce qu’il faut bien intégrer dans un « cluster innovation » c’est la contact avec le terrain et le regard

sur les marchés pour repérer les tendances et les nouvelles zones de consommation. Par son réseau,

le Cluster WEST a eu l’opportunité d’intégrer un stagiaire chinois, Kai WANG, pour se consacrer

au développement vers l’Asie. Pourquoi le marché Chinois ? Parce que la Chine n’est pas réduite à

un atelier du monde mais c’est aussi un gigantesque marché de consommation.

Cet été, le Journal La Tribune a publié une série d’interviews de grands opérateurs économiques

implantés en Chine. Quelques titres, extraits de cette série d’articles très intéressante (édito de la

lettre d’information n°230) :

« La donne économique bascule vers l’Orient, singulièrement vers l’Asie ». (Jean Boissonnat).

« Nous vivons un rééquilibrage de long terme vers l’Orient », (Martin Sorel - WPP),

« Dans cinq ans, la Chine sera la première sur le plan scientifique », (Bernard Debré),

« Les gouvernants chinois pilotent leur siècle », (Frédéric Lasserre - Société Générale),

« Le pays est porté par une ambition collective », (Antoine Frérot - Véolia Environnement),

« Le pouvoir tient à l’élévation du niveau de vie des Chinois », (David Boitout, Gide-LoyettNouel),

« Du « made in China » au « created in China », (Patrick Erhinger – DDB Worldwide),

« La Chine est un marché de marques », (Pierre Pringuet – Pernod Ricard),

« Il faut s’attendre à un métissage des systèmes juridiques » (Michel Friocourt - Groupe PPR),

« La Chine, un mélange compliqué de menace et d’opportunité », (Philippe Crouzet- Vallourec),

« Face à la Chine, l’Europe doit rester innovante pour être indispensable », (Peter Lörscher –

Siemens).

« La concurrence chinoise ne doit pas nous faire peur », (Henri Proglio – EDF)

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p. 25

Il va donc falloir aller chercher de nouveaux moteurs de croissance, et parmi ceux-ci, il y a la

problématique de l’agriculture dans sa nouvelle approche avec les ressources de la planète, et

celle, en aval, de tout le processus à inventer pour « nourrir l’humanité ». C’est le parti pris affiché

dès la création du Cluster WEST en 2004. Depuis les membres du réseau ont mis au point de

nouvelles bonnes pratiques, de nouveaux processus ou techniques qu’il s’agit de développer en

France, mais aussi à l’international, notamment en Chine.

La mission a été de pénétrer le marché chinois pour donner de la visibilité au Made In WEST®…

mais par quels moyens ? L’une des premières étapes a été de réaliser un Benchmark pour connaître

le fonctionnement web chinois, très différent du modèle web anglo-saxon. Nous étions persuadés

que c’était le meilleur point de départ :

Le moteur de recherche chinois le plus utilisé est Baidu. (C’est le google chinois)

20

Comment être référencé sur ce moteur de recherche ? Les critères de référencement sur ce moteur

de recherche sont complètement différents de nos critères occidentaux : pour faire référencer son

Site Internet en Chine, il faut qu’il soit traduit en Chinois. Il faut faire une demande à Baidu pour

intégrer son site dans le référencement. Ce moteur de recherche est pour les chinois le plus pertinent

pour trouver des informations dans leur langue. La première action du Cluster WEST aura été de

trouver le « Youtube » équivalent en Chine : Youku, une plateforme vidéo chinoise.

Via notre stagiaire chinois, nous avons « posté » une vidéo de présentation du cluster WEST, sous-

titrée en mandarin. Voici le lien : http://v.youku.com/v_show/id_XMTg1Njc4MTEy.html

Lorsque nous lançons la requête « Cluster WEST » dans Baidu, celui nous référence grâce à la

vidéo. Il fallait aller encore plus loin pour rendre visible notre démarche. Nous avons créé un site

chinois du Cluster WEST, directement depuis la Chine grâce à notre réseau de contacts chinois.

http://cluster-west-china.com/

Cette recherche de visibilité ne peut se faire sans partenaire chinois, puisqu’il est nécessaire de

disposer de certaines autorisations. Cette stratégie de visibilité en Chine a été bâtie en 4 mois entre

mai 2010 et août 2010 ce qui a permis en parallèle de monter une mission promotionnelle et

exploratoire en Chine dans les mêmes délais et sur fonds propres du cluster. Elle s’est déroulée dans

la Province du Shaanxi du 26 août au 5 septembre 2010. Grâce à Kai WANG, et divers contacts

20

site le plus visité par les chinois en mars 2010

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p. 26

chinois du réseau, nous avons pu monter cette opération très opérationnelle dans cette province,

dans la « zone de démonstration des industries agricoles de haute technologie ». Cette zone est «

considérée comme le berceau de l’agriculture en Chine et est mondialement connue comme la ville

d’Agri-science en Chine ». Plusieurs rendez-vous ont eu lieu avec les autorités locales, des

entreprises, des centres de recherche et de formation universitaires. Le site chinois, mis en ligne

juste avant le départ de la délégation a permis avec l’aide de Kai, de présenter la démarche, son

originalité, les nouvelles bonnes pratiques en matière de Bien Manger Durable® , Made in WEST®

by West Communities® . Une nouvelle mission basée sur des partenariats devrait voir le jour avant la

fin de l’année 2010. A noter que la Région Pays de la Loire et la Chambre Régionale de Commerce

et d’Industrie ont été sollicitées pour la mission exploratoire, mais n’ont rendu aucune réponse à nos

messages, ce qui nous a encouragés à faire seul, sans assistance et en explorant des chemins

nouveaux. « Il faut oser faire de la stratégie à partir de la France, c'est-à-dire prendre des chemins

autres que ceux empruntés depuis très longtemps… »21

3.3. Les actions concourant à améliorer la compétitivité des acteurs dans un cluster

3.3.1. Visibilité de la démarche du cluster pour une attractivité individuelle et collective

accrue

La force du cluster réside dans la manière dont les membres peuvent s’approprier le réseau. Cela

passe par une meilleure lisibilité de la démarche et une valorisation des marques collectives qui

témoignent de l’appartenance au réseau et à al démarche.

Aujourd’hui, un membre du Cluster WEST peut apposer sur ses documents et son site web les

marques du réseau mais aujourd’hui très peu d’acteurs le font, toujours par manque de connaissance

de leur réseau et des possibilités offertes en terme de visibilité internationale.

Le sens : Bien Manger Durable® c’est la vision partagée et la finalité des projets collectifs

(qualité, durabilité des ressources, respect des acteurs sollicités pour la production…)

La méthode et la démarche : Made in WEST® c’est la marque de la démarche et du savoir-faire du

réseau (convivialité, démarche collaborative, idée du Grand Ouest, projet innovant…)

Les acteurs concernés et sollicités : WEST Communities® c’est la marque et le nom du projet

visant à dynamiser le réseau communautaire. Un cluster dynamise des communautés d’intérêts dans

une grande communauté d’acteurs économiques.

L’articulation des trois marques donne l’expression suivante : le Cluster WEST construit un

Bien Manger Durable® , Made in WEST® by WEST Communities® .

21

Extrait de l’interview vidéo de Christian HARBULOT, La France doit se doter d’un conseil stratégique et

économique Daylimotion-Agoravox, 22 juillet 2010-09-25

http://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/christian-harbulot-la-france-doit-27757

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p. 27

3.3.2. Les démarches de coopétition

Un cluster réunit des entreprises qui sont parfois concurrentes sur un secteur d’activité, mais qui sur

un projet décident de monter une alliance stratégique pour mutualiser leur moyen et s’ouvrir un

marché. Cette forme d’alliance est nommée « coopétition », c'est-à-dire la contraction des mots

coopération et compétition. Ce genre de pratique est courante et nécessaire pour explorer de

nouveaux terrains d’innovation. Dans le cas du Cluster WEST, le projet REGAT réuni des groupes

industriels de l’agroalimentaire qui oeuvrent ensemble pour créer un projet collaboratif de

management de qualité et de traçabilité des produits agroalimentaires. Elle nécessite un bon cadre et

un climat de confiance, car l’intérêt individuel n’est jamais oublié et il faut parfois de la ténacité

pour œuvrer en groupe. La coopétition permet d’éloigner d’autres concurrents qui préfèrent faire

seuls et aussi d’améliorer le secteur d’activité. « Cette approche organisationnelle nous fait passer

d’une culture de l’excellence à une culture de l’harmonie. L’harmonie correspond à un univers de

coopétition, où l’individu se situe avec les autres et qui repose sur des valeurs du « mieux » :

intuition, équilibre, consensus, coopération, relation »22

3.3.3. L’Interclustering

Comme son nom l’indique, l’interclustering a pour objet de développer des échanges « entre

clusters », quelques soient leurs domaines d’activité, et de répondre à des problématiques

communes aux réseaux dans leur quotidien. Dans le cas du Cluster WEST, des échanges de bonnes

pratiques ont lieu lors de rencontres avec des clusters et grappes d’entreprises :

Les ARTiculteurs : Conception et diffusion d'actions culturelles mutualisées et

innovantes créant du lien social et du développement économique valorisant les hommes

et le patrimoine d'un territoire.

A l’Ouest Des Dents : grappe d’entreprises réunissant des prothésistes dentaires de

l'Ouest.

BreizPack : grappe d’entreprise fédérant des industriels de l'emballage et du

conditionnement en Bretagne

Optimômes : entreprise spécialisée dans l’ingénierie sociale, conçoit et développe des

produits de services en direction de l’enfance et de la famille.

22

Guy Massé, François Thibaut, Intelligence Economique : un guide pour une économie de l’intelligence, 2000 – p.60 -

360 p.

Page 28: Mémoire baptiste boudaud 28 09-2010 (1)

p. 28

Ces réseaux ont notamment fait ressortir le besoin de développer une démarche de veille

stratégique. J’ai réalisé une sensibilisation à la veille et à l’Intelligence Economique (de premier

niveau), lors d’une journée thématique organisée par ces réseaux.

Ce programme d’échanges et de mutualisation est rendu possible par une démarche européenne de

développement de la façade atlantique nommée AT Cluster. « ATClusters is a European Territorial

Cooperation Project funded under the Atlantic Area Operational Programme (2008-1/10 - Priority

1 Objective 3) to explore real possibilities of transnational cooperation among clusters in the

Atlantic Area (existing or under creation ones), and in connecting them together in order to

facilitate their development »23

. A noter que dans ce cadre, les actions d’interculstering des

différents clusters cités ci-dessus sont soutenues financièrement par Bretagne Innovation.

Dans le même esprit, d’autres initiatives sont prises pour développer l’interclustering, comme celle

d’Europa Inter Cluster et qui porte l’idée la compétitivité réside dans les alliances stratégiques et la

coopération : « Europa InterCluster is the European agency for cluster cooperation, is a bottom-up

initiative originating from a few cluster organisations. The observation was made that in order to

face global competition, which is likely to be particularly harsh, especially from emerging

countries, it is essential for European clusters to come together, to forge strategic alliances so as to

be stronger, as shown by Airbus.»24

Dans ce cadre, un livre Blanc25

sur l’interclustering a été publié

en juillet 2010. Il concerne l’émergence de clusters européens de classe mondiale (World Class

Cluster). Initié par des clusters européens et écrit par des managers de clusters, ce Livre Blanc

formule une liste de propositions afin de donner à l’Europe les moyens d’affronter la concurrence

mondiale et de gagner une nouvelle place sur la scène internationale. L’interclustering se révèle

évident pour entretenir une dynamique de réseau au niveau international. Ce Livre Blanc a

notamment été nourri par des experts en clusters et des témoignages de terrain, notamment celui du

cluster WEST, un « cluster de classe mondiale » : « les TPE/PME doivent progresser dans leur

participation à la création de la chaîne de valeur de la coopération, acquérir une véritable culture

de l’échange, faire l’apprentissage d’une pratique collaborative et ne pas craindre de participer à

une véritable culture communautaire. C’est ce que nous avons compris au sein du Cluster WEST,

nous entendons y participer activement et y contribuer solidairement, pour être des acteurs

compétitifs européens dans une économie de la connaissance globalisée. »26

23

http://www.atcluster.org/ 24

http://www.intercluster.eu 25

Livre Blanc sur les Clusters Européens de Classe Mondiale (World Class Cluster), Juillet 2010. A télécharger ici 26

Lettre d’information hebdomadaire “Made In West“ n° 208 du 1er Février 2010

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p. 29

3.3.4. Schéma bilan proposé par l’équipe du Cluster WEST : valeurs et finalité d’un cluster :

infographie réalisée par Baptiste Boudaud

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p. 30

Conclusion

La dynamique réseau repose en grande partie sur le management de l’intelligence collective.

L’intelligence collective dans un cluster, c’est la capacité à mobiliser un réseau de contacts dans

l’économie de la connaissance pour développer des projets innovants. Le travail d’Intelligence

Economique pour l’équipe d’animation du cluster et de ses membres est de repérer des personnes

pertinentes qui se trouvent à l’extérieur du réseau et qui n’ont encore aucun lien avec le cluster. Ce

sont des contacts étrangers, des prospects, des concurrents, des fournisseurs qui sont sources

d’informations stratégiques et qui intéresseront demain le cluster. Voilà quels sont les réseaux et

connexions d’un système d’Intelligence Economique. Cette intelligence collective recueille

l’information, la traite, l’analyse après avoir inventé des ignorances de manière à ne pas refaire ce

qui existe déjà. D’où l’intérêt de réaliser un Benchmarck avant d’engager un projet. Le croisement

et l’analyse de ces informations vont permettre de trouver le facteur différenciant qui permettra

l’innovation et donc compétitivité sur un marché. A partir du moment où le cluster recueille des

réponses à des questions inattendues, il peut porter des projets innovants, de type compétitif,

inventer des concepts, saisir des opportunités, et conclure des partenariats originaux. Il peut ainsi se

développer, se diversifier, et entretenir les différences qui assureront sa compétitivité.

Ce système en réseau doit s’appuyer sur le web professionnel communautaire, pour dynamiser les

échanges et augmenter le potentiel de réussite. Si la dynamique des membres du réseau est en

marche, notamment par le « Reflex’WEST » que nous avons évoqué, le cluster pourra se laisser porter

par la « propension » : il s’appuiera sur un potentiel inscrit dans des situations créées (mise en

relation, contacts), qui vont créer des opportunités : « une opportunité, pour une entreprise, est un

domaine d’action dans lequel elle peut espérer jouir d’un avantage concurrentiel [...] Une

opportunité, à l’image d’une fenêtre, ne s’ouvre qu’occasionnellement. Si on laisse passer sa

chance, la fenêtre stratégique se referme et il est alors trop tard pour maintenir ses positions. Saisir

une opportunité doit se faire au bon moment. »27

La stratégie d’Intelligence Economique du cluster doit s’appuyer sur ces moyens web2.0 qui vont

permettre de faire vivre des communautés d’intérêts, à intensités différentes, alimentées par des

questions et des problématiques transversales, mais indispensablement regroupées autour de la

même vision stratégique. C’est l’objet du projet West Communities® décrit dans ce mémoire, qui

27

Philip Kotler et Bernard Dubois, Marketing-Management, Publi-Union Éditions, 1986

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p. 31

favorise les échanges et la visibilité internationale des forces du réseau, notamment par les trois

marques combinées : Bien Manger Durable® , Made in WEST® by West Communities® .

L’équipe d’animation doit être capable de mesurer les curiosités, les questionnements, les pannes,

les rejets, repérer les savoir-faire et compétences pour intervenir et accompagner judicieusement les

membres. La capacité à gérer les échecs est aussi un élément clé pour permettre la pérennité du

réseau. Ce « système nerveux » du cluster permet d’échanger, de communiquer, d’entretenir une

mémoire… C’est le système qui permet d’identifier l’activité des membres et de suivre l’état

d’avancement des réflexions et des projets. L’équipe d’animation doit mettre les bons tuyaux de

liaisons via un système d’échanges et de réception, au service de l’intelligence collective et doit

également chercher à créer les relations qui n’existent pas. Elle doit surveiller les relations pour les

protéger et les entretenir. Le cluster n’a ainsi plus de frontières : il agit transversalement sur tous les

terrains. Il surveille l’environnement sur les médias et les réseaux sociaux pour voir quels signaux

faibles apparaissent, quelles opinions sont exprimées, quelles sont les réflexions, les leviers

moteurs, les tendances des marchés, les besoins des consommateurs...

L’équipe d’animation du cluster est là pour mettre du lien entre les membres, de la confiance, car ce

système en réseau permet de renouer avec la convivialité et certaines valeurs humaines (parfois

perdues ou devenues trop rares). Il faut là de l’imagination, de la créativité, de l’anticonformisme

parfois, pour développer ce type de rapports sociaux. L’équipe devient une sorte de metteur en

scène, avec de la perspicacité, car elle capte des intelligences ignorées, du potentiel, des problèmes,

elle identifie des savoir-faire et compétences et les met lien. L’équipe d’animation du cluster est un

formidable « outil humain » car elle permet de créer des connexions à l’intérieur comme à

l’extérieur du réseau, qui comme un individu n’utilise qu’une partie de son cerveau. La dynamique

réseau du cluster permet de passer au-delà et de mobiliser de la capacité. L’équipe d’animation va

permettre de mobiliser les bons acteurs au bon endroit au bon moment... Malgré tout, la dynamique-

réseau d’un cluster est souvent sur « courant alternatif » car elle repose en partie sur le degré

d’implication du membre.

Le modèle induit de ces nouvelles pratiques est un modèle économique permettant au cluster de

survivre et d’être rentable, à terme, sans abuser des deniers de l’Etat. Cela implique la vente de

services aux membres du réseau et de la mise à disposition de compétences, légitimement

facturées. Le modèle de cluster pose également un problème sociétal : la France est-elle prête à

proposer, favoriser et développer ce modèle économique, aboutissant à des services

d’accompagnement et d’ingénierie ? Les pôles de compétitivité seront-ils assez souples et réceptifs

pour travailler en collaboration avec les grappes d’entreprises et de ce fait créer un véritable

écosystème de la croissance ouvert aux marchés internationaux ? L’État est-il capable

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p. 32

d’accompagner ce genre de démarches, sans imposer sa volonté (top down) au risque d’entrer en

collision avec les choix stratégiques des acteurs de clusters ?

Pendant mon stage j’ai observé des freins socio-culturels qui contribuent à créer une inertie, un

décalage grandissant entre l’économie de notre pays et celle du monde : rivalités de petits

« marquis » et d’hommes politiques régionaux, communautarisme économique, absence de vision

stratégique nationale, etc. Le plus effrayant sans doute, aura été de constater qu’il n’y aucun

système valable en France qui permette d’acquérir du renseignement stratégique pour le

développement économique de la France à l’étranger, notamment dans un des secteurs les plus

stratégiques : l’agroalimentaire28

. Dans ce domaine l’enjeu est de taille pour permettre le

développement de projets innovants et d’intérêt collectif, puisqu’il faudra nourrir demain 9

milliards d’individus sur la planète…

28

Carence d’informations chez Ubifrance concernant certains marchés internationaux (Etablissement public pour le

développement international des entreprises)

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p. 33

Bibliographie

Ouvrages :

D'ORNANO Pierre et BACHELOT Denis, Survivre à la crise : le groupement d’entreprises une

solution pour les PME, Bourin Editeur Juin 2009 - 326 p.

JULLIEN François, Traité de l’efficacité, Editions Grasset & Fasquelle, 1996, 240 p.

KOTLER Philip et DUBOIS Bernard, Marketing-Management, Publi-Union Éditions, 1986, 790 p.

MASSE Guy et THIBAUD François, Intelligence Economique : un guide pour une économie de

l’intelligence, 2000, 360 p.

SUN TZU, L’art de la guerre, Flammarion, 226 p.

Articles :

BABONNEAU Marine, Souplesse : comparatif de la SAS avec la SARL et la SA,

www.lentreprise.com

BOUDAUD Baptiste, Des grappes d’entreprises pour la France, mai 2010, Blog Harfang-IE

http://harfang-ie.over-blog.com/article-de-49867768.html

CAVAZZA Fréderic, Web2.0 : la révolution par les usages , JDN Solutions, 19/12/2005

GENIAUX Isabelle et Sylvie MIRA-BONNARDEL, Le réseau d’entreprises : forme

d’organisation aboutie, Revue française de gestion 2003/2 (no 143) 180 p.

PORTER, E. Michael, Clusters and the New Economics of Competition, in Harvard Business

Review, November – December 1998

Rapports :

BLANC Christian et autres contributeurs, Pour un écosystème de la croissance, rapport au 1er

Ministre, mai 2004, 81 p.

http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/044000181/0000.pdf

BOUDAUD Baptiste, Comment les acteurs du réseau Cluster WEST peuvent-t-ils s'approprier la

démarche Made in WEST® et le sentiment d'appartenance à une communauté proactive ?,

Mémoire ICOMTEC, Septembre 2009, 95p.

http://www.cluster-west.fr/memoire-baptiste-boudaud/index.php

CLUSTER WEST, Réponse à l’appel à Projets : « soutien à la dynamique des grappes

d’entreprises » 10 septembre 2009, 93p.

http://www.cluster-west.fr/reponse-aap-grappe-/reponse-aap-grappe.html

DURANCE Philippe, MOUSLI Marc et GODET Michel, Créativité et innovation dans les

territoires, Conseil d’Analyse Economique, DATAR et Académie des Technologies – 17 Mai 2010,

92 p. http://www.cae.gouv.fr/IMG/pdf/CAE091_creativite_territoires.pdf

Page 34: Mémoire baptiste boudaud 28 09-2010 (1)

p. 34

EUROPA INTERCLUSTER, Livre Blanc : L’émergence des clusters européens de classe

mondiale, juillet 2010

http://www.intercluster.eu/images/stories/white_paper/livre_blanc_lmergence_des_clusters_europe

ns_de_classe_mondiale.pdf

Revues et lettres spécialisées :

CLUSTER WEST, Lettres d’information Made In WEST n°17, n°208, n°227, n°226 et n°230

ASSOCIATION DES REGIONS DE FRANCE, Le nouveau paysage des Pôles et Clusters en

France suite aux décisions du CIADT de mai 2010, La lettre de l’Obersvatoire des pôles de

compétitivité, n°14 juin 2010 11 p.

http://observatoirepc.org/fileadmin/user_upload/Lettres/Lettre_OPC_n_14_juin2010.pdf

Autres bases documentaires :

ANNEXE 3 : Extrait du discours de Michel Mercier, Ministre du l’espace rural et de

l’aménagement du territoire - 29 septembre 2009 - Lors de l’Université des pôles et des clusters

ANNEXE 4 : Extrait du discours de Michel Mercier, Ministre du l’espace rural et de

l’aménagement du territoire - 4 mai 2010 – Lors de la réception en l’honneur des lauréats des

grappes d’entreprises

Webographie :

BARBIERIE Patrick, Regard sur les Pôles, http://polescompet.canalblog.com

BOUDAUD Baptiste, Harfang-IE, Blog sur l’intelligence économique

http://harfang-ie.over-blog.com/

DELAUNE Jean-Yves, Procréacteurs, le blog des clustériens http://procreacteurs.over-blog.com/

DE MAZENOD Xavier, Société Adverbe, Entreprise 2.0 http://www.adverbe.com

PROGRAMME AT CLUSTER : http://www.atcluster.org/

EUROPA INTERCLUSTER : http://www.intercluster.eu

Site de la Direction interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale.

http://www.datar.gouv.fr

Vidéo

HARBULOT Christian, La France doit se doter d’un conseil stratégique et économique, Interview

Vidéo Daylimotion-Agoravox, 22 juillet 2010-09-25

http://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/christian-harbulot-la-france-doit-27757

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p. 35

Cas d’entreprise Annexe 1 : Le Pôle WEST

INSTITUT DE LA COMMUNICATION ET DES TECHNOLOGIES NUMERIQUES

Université de Poitiers – Technopole du Futuroscope

http://icomtec.univ-poitiers.fr

Le cas du « Pôle WEST »

Cas d’intelligence économique

Baptiste BOUDAUD

2010 Master 2 Intelligence Economique et Communication Stratégique

Validation du cas : Isabelle Hare

Enseignante à l’ICOMTEC

Le présent cas a été construit par un étudiant de l’ICOMTEC et vise à concentrer l’attention sur l’analyse d’une situation type et d’en faire un outil pédagogique exploitable dans le cadre d’une

formation.

Ce cas est librement offert pour une exploitation pédagogique par des enseignants.

Il ne saurait faire l’objet d’un autre usage, quel qu’il soit (publication avec ou sans reformulation partielle ou totale, exploitation commerciale) sans l’accord explicite de l’ICOMTEC et de l’auteur du

cas. Le non-respect de cette condition d’utilisation exposerait le contrevenant à des poursuites juridiques.

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p. 36

Contexte :

En mai 2004, Christian Blanc, député des Yvelines, a remis au Premier Ministre de l’époque un

rapport nommé « Pour un écosystème de la croissance », fondé sur de multiples exemples concrets.

Il présente des préconisations sous forme d’un plan stratégique visant à créer un véritable

« écosystème de la croissance. », favorable à la compétitivité des entreprises.

Cette ambition française implique inévitablement des grandes réformes et un changement profond

des méthodes de travail et des relations entre des entreprises, des universités et des centres de

recherche. L’objectif est de créer un système en réseau, efficace avec un « tissu d’interactions »

pour que ces organisations soient plus performantes, plus impliquées dans les démarches

innovantes et le développement économique.

Suite à ce rapport, le gouvernement initie une nouvelle politique industrielle fondée sur le

dynamisme des territoires. L’appel à projets des « Pôles de compétitivité » est lancé.

Définition extraite de l’Appel à projets.

Un pôle de compétitivité se définit comme la combinaison, sur un espace géographique donné,

d’entreprises, de centres de formation et d’unités de recherche, engagés dans une démarche

partenariale destinée à dégager des synergies autour de projets communs à caractère innovant. Ce

partenariat s’organisera autour d’un marché et d’un domaine technologique et scientifique qui lui

est attaché et devra recherche la masse critique pour atteindre une compétitivité, mais aussi une

visibilité internationale.

Partenariats, projets collaboratifs concrets et visibilité internationale constituent donc 3 aspects et

critères d’éligibilité pour être labellisés pôle de compétitivité. L’appel à projets insiste sur trois

pilers : entreprises, formation et recherche/innovation.

Les pôles labellisés bénéficieront d’argent public et de divers appuis financiers.

Enchaînements des étapes :

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p. 37

Mai 2004 : une soixantaine d’acteurs de la chaîne agroalimentaire du Grand Ouest de la

France (Basse-Normandie, Bretagne, Pays de la Loire et Poitou-Charentes) se réunissent et

vont participer à l’élaboration d’un dossier de candidature à l’appel à projets du

gouvernement pour être labellisé Pôle de compétitivité. Ce groupement est constitué à

l’origine de PME spécialisées dans l’industrie agroalimentaire, Laboratoires, acteurs liés à

l’agriculture, Centres de Recherche, Centres de formation et de Groupes (grands industriels

de l’agroalimentaire) des 4 régions administratives citées précédemment. Ce groupement est

nommé Pôle WEST.

L’objectif est de positionner le Grand Ouest comme un territoire référent et légitime « bien

manger » en Europe.

14 septembre 2004 Lancement officiel par le Comité interministériel d’aménagement et de

développement du territoire (CIADT) de l’appel à projets en vue de la constitution de pôles

de compétitivité à rayonnement international

Le 28 février 2005, dépôt du dossier de candidature du Pôle WEST, contenant 19 projets

coopératifs concrets, associant les universitaires et les scientifiques sur 8 thématiques.

Le 28 juin 2005, réunion des acteurs du "Pôle" WEST par atelier aboutissant à un

regroupement des projets coopératifs innovants directement liés aux besoins du marché.

105 dossiers candidats au label « pôles de compétitivité » ont fait l'objet d'une étude et d’une triple

évaluation. Les préfets de région, un groupe technique interministériel puis un groupe de

personnalités qualifiées, mis en place le 16 mai 2005 par le Premier ministre, ont pris le soin

d'examiner chaque dossier.

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Le 12 juillet 2005, les pouvoirs publics français labellisent 67 projets.

Parmi les thématiques liées à l’agroalimentaire et l’agriculture, un Pôle « X » est labellisé sur la

Bretagne et un pôle « Y » en Pays de la Loire.

Le pôle WEST, n’est pas retenu dans la liste des pôles labellisés. L’un des arguments avancés par le

CIADT est que le Pôle WEST est «Trop transversal, trop accroché aux entreprises et trop grande

interrégionalité », car positionné sur 4 régions.

Elément d’information annexe :

Au lendemain de l’annonce de la liste des pôles de compétitivité labellisés, certains acteurs

politiques (sénateurs, députés…) ont critiqué le "saupoudrage" des aides publiques attribuées à ces

pôles labellisés. La question lancinante qui revient dans l’actualité : toutes les régions peuvent-elles

avoir un pôle de compétitivité ? D’après le rapport « Pour un écosystème de la croissance », seules

trois ou quatre en ont la possibilité à l’image du modèle de la Silicon Valley. Mais quasiment toutes

les régions de métropole ont un secteur d’excellence scientifique et technologique, explique encore

le rapport. Aussi, les régions ont intérêt à concentrer et rassembler leurs forces sur un petit nombre

de secteurs d’excellence, distincts de ceux des autres régions pour constituer une chaîne de valeurs,

transversales, permettant l’innovation.

Réaction écrite du Pôle WEST :

Extrait de l’édito de la lettre d’information n°17 du Pôle WEST, publiée à ses membres le

jour suivant la décision d’Etat:

« Nous n’avons pas triché avec nous-mêmes, car nous avons voulu ensemble rester libres de

conduire notre projet, dont nous avons l’intelligence de sa nécessité devant les enjeux que sont ceux

de l’agriculture et de l’économie alimentaire. Notre projet est transversal et non celui du

développement d’une thématique verticale. Notre projet s’appuie sur une force économique et non

sur un territoire administratif. Notre projet est porté par des acteurs du monde économique,

universitaire et scientifique et non par des institutionnels. Autant de critères qui ont prévalu dans le

choix exprimé par le CIADT et qui ne sont pas ceux du Pôle WEST. A savoir : verticalité,

territorialité et soutien des institutionnels, notamment des Régions.

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p. 39

Sur les deux autres critères, nous pouvons regretter deux choses :

- ne pas avoir fait assez de pédagogie sur l’intérêt de la transversalité du dossier, car

chaque fois que nous l’avons expliqué, nous avons emporté l’adhésion de nos

interlocuteurs. Malheureusement, nous n’avons pas toujours pu le faire, notamment vers

les personnalités qualifiées, qui ont appliqué à la lettre le principe républicain de

concours

- ne pas avoir mis en valeur suffisamment le dossier présenté par le CRITT

agroalimentaire du Poitou-Charentes, qui avait autant de qualités que le dossier

présenté par la Bretagne. Aussi a-t-il été sûrement confondu avec le dossier WEST. Ou

peut-être a-t-il manqué de soutien politique, pour être défendu en tant que tel ? Ce qui

serait regrettable. »

Néanmoins, lors de l’annonce des résultats, dans son discours, le premier ministre a évoqué la

pertinence d’un projet du Grand Ouest, qui reste à définir... M. Edgard Pisani, ancien ministre de

l’Agriculture trouve la démarche du Pôle WEST pertinente par sa transversalité, par les acteurs

concernés sur l’ensemble du Grand Ouest et par les sujets abordés pour conquérir le consommateur

et être une référence du « bien manger » en Europe. Il a décidé de soutenir la démarche.

Questions proposées à l’issu de ce cas :

- Imaginez les actions envisageables du Pôle WEST pour rebondir suite à cette décision

d’Etat.

- A parti des éléments fournis dans le texte, identifiez et positionnez les acteurs stratégiques

(hommes, organisations, institutions) dans une cartographie, en les reliant entre eux par des

liens d’influences que vous nommerez. (Cf. Méthode Crozier)

- Quel regard portez-vous sur le système de mise en œuvre de la compétitivité française par

l’Etat ?

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Annexe 2 : Membres du Cluster WEST

Les Acteurs économiques

ABCAR DIC PROCESS

COTEAUX NANTAIS IDEX PRP

ADDES CREDIT AGRICOLE ASSET MANAGEMENT

GROUP (CAAM) IGNE QUALITROPIC

AEI CREDIT AGRICOLE ATLANTIQUE VENDEE IMPRESS METAL PACKAGING SA REHAU SA FRANCE

AGENA 3000 CRITT IAA PC INNOVIA RNI CONSEILS

AGRO FOOD INTEGRITY SARL DANIEL ALLAIN ISSATIS BIOTECHNOLOGIES ROULLIER - CFPR

ALAIN GARNIER DLE SOLUTIONS JEAN YVES DELAUNE RUNGIS VOLAILLE PLUS

ALLIANCE LIBRE EBSCO Press Index JEUNES AGRICULTEURS OUEST S3D

ALPHA BIOTECH EDF ENTREPRISES JTS SA SARIA INDUSTRIES

AMPLINK EDGARD PISANI KUHN - AUDUREAU SARTHE EXPANSION

APINOV EIC LA FERME DE VIZY SAVEURS ET VIE

ARMELLE BRAULT CONSEIL EPLEFPA DE CHARTRES LA MIE CALINE SCA PACKAGING

ARRIVE SA ERIC HAMEL LAURENCE MURILLO SCIERIE ARCHIMBAUD

ARTESIAL CONSULTANTS ERIC MARTIN LAVAL MAYENNE TECHNOPOLE SENS INNOV

ATELIER DE L'ARGOAT EMMANUEL LANGDORF LE GARREC SAS SILLIKER SAS

B2 INGENIERIE ENERIA LE STUDIUM SNC LAVALIN Agro

BANQUE DE FRANCE PDL ERNEST SOULARD SA LEDJO ENERGIE SA SODEBO

BEZIAU Transports EUROFINS LEXICAE SOFRICA

BILLAUD SEGEBA EVALOR LINPAC PLASTICS SPTI Experts

BIOFORTIS EVEA LVMH STATION AVICOLE DE LA VILLE AU

DORE

BIOFOURNIL EVEN GROUPE MESSER STEF TFE

BIOGAS NORD SAS FARM ECO METHANEO SULKY BUREL

BIOGASYL FDSEA 29 MONSANTO AGRICULTURE FRANCE

SAS SYSTEME ABC

BIOTHERMIE FILAVIE SAS MOUSSET GROUPE MT ENERGIE

BPA FLEURY MICHON MPDYS MTTM

BRETAGNE INNOVATION FOOD DEVELOPMENT MWM France SAS SYSTEME U OUEST

CABINET VIDON FRANCOIS PINTE NASKEO ENVIRONNEMENT TASSILI SARL

CAMINNO COMMUNICATION GAEC POULIQUEN NOE DEVELOPPEMENT TERRALYS SUEZ

CARD GEA PROCESS ENGINEERING FRANCE NOVABIOM TERRENA SERVICES

CARGILL FRANCE GEPEA ODIPURE TRANSPORT PEIGNE

CAVAC GERARD RASS ORLEANS TECHNOPOLE TRANSPORTS CHAFFENAY SAS

CCI MAINE ET LOIRE GESCO SA OSMOBIO SA TRANSPORTS PIRON

CEDS INTERNATIONAL GLON OUEST ATLANTIQUE UPIB

CHAMBRE AGRI VENDEE GRAND PORT MARITIME DE NANTES ST

NAZAIRE PDLI VALAGRO

Chambre Syndicale des Algues et Végétaux Marins Ch GROUPE GRELLIER PGA HOLDING VALOREM

CHARIER DV GROUPE GRIMAUD LA CORBIERE PH TRADING VALORIAL

CLH INTERNATIONAL GROUPE STALAVEN PIERRE GOBET VIA-AQUA

COMETI SAS HENAFF PONTIVY COMMUNAUTE VIF

COMMUNAUTE DE COMMUNES DE MENE Her-Bak Medias PRINA XERGI

COMPAGNIE MARCO POLO HERVE THERMIQUE

CEERAM ESA Institut International du Management

Division Orga

CERN LORIENT ESEO IFREMER

CELTIDATA IDCE IQUABIAN

CETIM IDEST IRMA

ECOLE DE DESIGN NANTES ATLANTIQUE GATE2TECH IUT DE SAINT NAZAIRE

ENITIAA INRA NANTES LERECO

Les membres du Cluster WEST : plus de 150 personnes morales représentant plus de 23 Milliards d’euros de Chiffre d’Affaires,

réunis pour bâtir un Bien Manger Durable ® Made in West ® by West Communities ®!

…Et plus d’une vingtaine d’acteurs du monde de la recherche la recherche préparant l’avenir, et réunis pour préparer

un Bien Manger Durable ® Made in West ® by West Communities ®!

…Et quarante membres par dérogation, associés à notre démarche

pour construire un Bien Manger Durable ® Made in West ® by West Communities ®!

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p. 41

Annexe 3 : DISCOURS 1

INTERVENTION DE MICHEL MERCIER

MINISTRE DE L’ESPACE RURAL ET DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

A l’occasion de l’ouverture de l’Université 2009 des pôles et des clusters

Mardi 29 septembre 2009 – Paris

SEUL LE PRONONCE FAIT FOI

Monsieur le Président de France Clusters, Jean-Marie ROUILLIER,

Mesdames et Messieurs les directeurs,

Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie de m’avoir demandé d’ouvrir votre université 2009 sur les pôles et les clusters. Un sujet important

pour le ministère de l’espace rural et de l’aménagement du territoire, dont la cheville ouvrière, que l’on appelait

autrefois la DATAR, aujourd’hui, la DIACT, a crée la politique des SPL, les Systèmes Productifs Locaux, à l’origine en

France du soutien aux « clusters ».

De fait, dès ma prise de fonction, j’ai tenu à manifester un engagement fort, en lien avec mon collègue ministre chargé

de l’Industrie, C. ESTROSI, en faveur de la politique des pôles de compétitivité, dont chacun reconnaît l’utilité et le

succès, et dont le Premier ministre a décidé l’an dernier de lancer une nouvelle phase afin d’en faire de vrais

écosystèmes de croissance et de nouveaux emplois.

Depuis leur création en 2005, les pôles de compétitivité ont fait l’objet de beaucoup d’attention de la part du

gouvernement.

Cette politique est une réelle innovation, en particulier dans la manière décloisonnée dont le gouvernement aborde le

soutien au développement économique. L’habitude était de soutenir d’un côté l’industrie, secteur par secteur, puis la

recherche-développement, discipline par discipline, puis l’enseignement supérieur. Avec la politique des pôles de

compétitivité, c’est une approche complètement décloisonnée qui est privilégiée. Le gouvernement a choisi de

s’adresser à l’ensemble de l’écosystème d’innovation et de croissance : l’importance de la recherche-développement,

de l’innovation, de l’enseignement supérieur et de leur liaison avec les entreprises a enfin été reconnue et soutenue

avec force.

Les 71 pôles de compétitivité qui ont été labellisés sont ainsi présents sur des thématiques aussi variées que

l’automobile, la nutrition, les nanotechnologies, le sport… Plus de 1,5 Milliard d’Euros ont d’ores et déjà été

consacrés par la puissance publique à l’accompagnement de leur structuration et surtout de leurs projets de recherche-

développement collaborative.

Une nouvelle phase a été lancée pour la période 2009-2011 et un appel à projets « écotechnologies » a ouvert la

porte à la labellisation de quelques pôles supplémentaires.

De fait, la réussite de l’appel à projets « écotechnologies », qui a suscité plus d’une douzaine de réponses originales,

illustre bien, une fois de plus, du succès rencontré par cette politique chez les entreprises, les établissements de

recherche-développement, d’enseignement supérieur.

Le gouvernement affiche un soutien fort en faveur de cette politique, que nous comptons pérenniser et valoriser encore

plus.

Au-delà de la méthode de travail et de la labellisation, la vraie vocation de la politique

des pôles de compétitivité est de conforter la vocation industrielle de la France. Notre pays, j’en suis convaincu, doit

rester un pays où la production de biens tangibles occupe une place importante. Il n’y a pas de richesse durable sans

production de biens réels. La recherche-développement, qui est fortement soutenue à travers la politique des pôles de

compétitivité doit ainsi, et j’y serai très attentif, mener à l’industrialisation de nouveaux produits en France, et pas

uniquement à leur conception.

Evidemment il faut aller plus loin. Ce lien entre recherche-développement doit encore être renforcé, comme l’a montré

l’évaluation menée à la demande du gouvernement, ou plus récemment celle menée par l’Assemblée nationale qui vient

d’être publiée. Mais les pôles de compétitivité ne résument pas toutes les formes de réseaux d’entreprises. Il existe des

réseaux de taille inférieure à celle des pôles de compétitivité. Des réseaux où les PME sont souvent très représentées,

présents sur des territoires plus localisés, dont la R&D n’est pas forcément le premier moteur de la collaboration, mais

qui sont également des vecteurs très importants de développement et de compétitivité pour les entreprises et les

territoires sur lesquels ils se situent.

Je peux vous citer quelques exemples de ces réseaux groupements d'entreprises susceptibles d'être soutenus par la

politique des grappes d'entreprises : le « Cluster lumière » à Lyon a pour objectif de renforcer la compétitivité et

l'innovation autour des nouvelles technologies d'éclairage économes en énergie. Sa thématique ne correspond à aucun

des pôles de compétitivité régionaux mais cette grappe d'entreprise est pour autant considérée comme un interlocuteur

intéressant et privilégié par les pôles dont certains axes stratégiques touchent aux écotechnologies - Optics Valley, en

région Parisienne, regroupe une centaine d'entreprises dans le domaine des technologies optique, électronique et

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p. 42

logicielle. De taille inférieure à celle d'un pôle de compétitivité, il assure pour autant une visibilité internationale aux

entreprises membres ainsi qu'une interface efficace aux pôles de compétitivités positionnés sur des domaines

impliquant les technologies concernées - Le cluster West, créé en 2004, vise à affirmer la vocation agroalimentaire de

l'Ouest et à mutualiser les forces des industries présentes pour conquérir de nouveaux marchés. Il regroupe un nombre

d'acteurs important dans les industries agroalimentaires et a noué des relations avec les pôles de compétitivité

Qualitropic et Nutrition Santé Longévité. Ces réseaux ne sont à ce jour ni reconnus, ni soutenus de manière claire et

lisible au niveau national, alors même qu’ils ont une importance considérable en termes d’activités, d’emploi et de

création de richesse, d’autant plus considérable dans le contexte de la crise économique majeure que nous traversons.

Je pense en particulier aux réseaux ancrés dans les territoires ruraux, souvent fragiles et peu attractifs, à l’heure où la

mondialisation remet en question les attaches territoriales des entreprises. Il est, en effet, essentiel que les entreprises

puissent définir des alliances stratégiques et incorporer des fonctions complexes difficiles à acquérir seules (fonction de

veille à l’international, démarche de suivi de la propriété intellectuelle, mise en œuvre d’une démarche LEAN

(d’amélioration de la productivité), réponse à des appels d’offre de dimension internationale…). La logique d'ancrage

économique territorial, de collaboration, d'ambition collective dont vous êtes porteurs, je souhaite la voir s'appliquer

également à des réseaux d'entreprises moins technologiques, moins puissantes, mais qui tout autant ont besoin

d'améliorer leur compétitivité, en créant des collectifs, des lieux d'innovation et d'émulation. Ces regroupements, que

certaines régions appellent « clusters », et qui peuvent se retrouver dans tout le territoire, je souhaite également les

soutenir. Je souhaite donc donner une plus grande visibilité à ses réseaux d’entreprises et apporter mon appui aux

initiatives exemplaires de réseaux constitués, afin de les aider et d’aider leurs membres à mettre en place des stratégies

de sortie de crise.

Cet appui prendra la forme, pour la période 2010-2011 : - d’un soutien à l’animation de ces grappes exemplaires ; -

d’un soutien à des projets et à des actions structurantes de ces grappes, qui visent à améliorer la compétitivité et la

performance de leurs membres. Cette nouvelle politique de grappes d’entreprises doit être mise en œuvre par la

DIACT, avec l’appui notamment du ministère de l’industrie, de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche, des

PME et du secrétariat d’Etat à l’outre-mer, en collaboration avec les collectivités territoriales. Elle a vocation à

renouveler cette dynamique de réseau et de polarisation d’entreprises et s’adressera en priorité à un tissu

d’entreprises essentiel pour le maillage économique des territoires mais orphelin de tout dispositif de soutien

coordonné au niveau national.

Un appel à projets sera publié au cours de la première quinzaine d’octobre. Une centaine de grappes pourront être

soutenues d’ici la fin de l’année 2010. Près de 10 millions d’euros vont spécifiquement être consacrés à cette politique

qui constitue un élément clé du renforcement de la compétitivité des entreprises et de leur ancrage territorial. A travers

cette démarche, c’est l’ensemble des territoires que je compte valoriser, dans une dynamique complémentaire, qui

associe l’ensemble des réseaux d’entreprises, pôles de compétitivité de taille nationale et internationale, clusters à

vocation plus locale, sans oublier les pôles d’excellence rurale. Il s’agit à chaque fois de valoriser les projets des

collectivités qui sont créateurs d’emplois et de richesses et renforcent l’attractivité des territoires.

Je vous remercie

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Annexe 4 : DISCOURS 2

DISCOURS DE MONSIEUR MICHEL MERCIER

MINISTRE DE L’ESPACE RURAL ET DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

A l’occasion de la réception en l’honneur des lauréats des grappes d’entreprises

Hôtel de Castries – mardi 4 mai 2010

Messieurs les parlementaires,

Mesdames et Messieurs les directeurs,

Chers Amis lauréats,

C’est pour moi un honneur et une joie de présenter et de rencontrer aujourd’hui les responsables des 42 grappes

d’entreprises ou clusters sélectionnés et labellisés dans le cadre de l’appel à projets que j’ai lancé en octobre dernier.

Je suis surtout très fier de recevoir les lauréats et de leur remettre ce label « clusters » qui manifeste non seulement

une reconnaissance du projet présenté, mais surtout une volonté d’appui, de promotion et d’accompagnement du

Ministère de l’Espace rural et de l’Aménagement du territoire. Elu local, je suis particulièrement attaché au rôle des

territoires dans le développement économique et social. C’est la raison pour laquelle, dès mon arrivée au

gouvernement, j’ai considéré ce dossier comme prioritaire, car porteur de valeur ajoutée. Nous avons étudié 112

projets, ce qui démontre, s’il était besoin, l’intérêt et l’attractivité de ce dispositif au service de l’emploi, de l’économie

et surtout de nos territoires dont ils manifestent le dynamisme et l’inventivité.

C’est un moment important, car il s’agit, dans un contexte de crise économique, d’une politique d’appui aux

entreprises par les territoires et de développement des territoires par les entreprises. Certes nous sommes sortis de

l’âge des grandes industries employant des milliers d’ouvriers et dont la pérennité ne faisait pas de doute. Pour autant,

de grands groupes mondiaux dominent l’économie. Nous devons donc trouver, au sein d’un tissu plus diversifié

d’entreprises, d’autres vecteurs de croissance, à travers l’innovation notamment. Les clusters, qui favorisent les

rapprochements entre entreprises et acteurs du développement économique, de la recherche et de l’enseignement,

constituent une réponse adaptée à ce nouveau défi économique et d’aménagement du territoire du XXIème siècle, avec

le très haut débit bien évidemment. Récemment, le Sénateur RETAILLEAU, dans un rapport remis au Premier

Ministre, a d’ailleurs confirmé leur intérêt. Ils permettent, en effet, par l’organisation des écosystèmes de coopération,

d’appuyer la croissance des entreprises françaises et notamment des entreprises

de taille intermédiaire (ETI). « La mission préconise une généralisation adaptée des clusters, qui pourraient ainsi

devenir, si les entreprises concernées l’acceptent, une première force à leur appui transverse. » Les clusters répondent

aussi aux attentes des responsables locaux pour développer leurs territoires, aux besoins des entreprises petites et

moyennes qui bénéficient d’un appui vigoureux et coordonné de l’Etat, et des jeunes qui peuvent ainsi trouver dans leur

région des formations et des emplois. Ancrage territorial, partenariats concrets, souci des entreprises, priorité à

l’innovation, prise en compte de la ressource humaine : telles sont les caractéristiques des clusters. Cette originalité et

cette efficience économique des clusters repose sur un choix et un engagement qui est celui de mon ministère : une

procédure rigoureuse, mais ouverte, une stratégie économique territorialisée, un souci d’innovation technologique.

Une procédure rigoureuse et partenariale, associant tous les acteurs, privés et publics, nationaux et locaux. Il s’agit en

effet d’une politique que je mène pour le gouvernement ; c’est une politique prioritaire, car elle correspond à la réalité

de l’évolution de l’économie, qui doit de plus en plus s’appuyer sur des territoires porteurs - 24 régions étaient

représentées dans l’appel à projets – tout en articulant de nombreux acteurs, publics et privés.

Nous avons mis en place une procédure d’expertise des dossiers de candidature très sélective. L’objectif de cette

initiative est d’accompagner les grappes d’entreprises les plus exemplaires et qui présentent une réelle originalité.

L’analyse technique des dossiers de candidature a été réalisée par un comité d’experts indépendants réunissant

notamment des industriels, des représentants de pôles de compétitivité et des scientifiques experts des clusters. Les

grappes d’entreprises sont donc réellement une politique économique, territorialisée certes, mais faite par et pour les

entrepreneurs. Pour l’accompagnement des grappes d’entreprises sélectionnées, un comité régional de coordination

sera mis en place par les préfets de région. Ce comité réunira les services de l’État, les représentations régionales des

agences OSEO et la Caisse des Dépôts et Consignations – dont je salue la présence à mes côtés, Chers François

Drouin et Philippe Braidy -, le Conseil régional et les autres collectivités territoriales concernées. Il sera chargé

d’élaborer un plan de financement précis des projets portés par les grappes d’entreprise et de suivre leur mise en

œuvre, en concertation avec le comité de sélection national qui a été mis

en place.

L’implication des agences de développement et des comités d'expansion économique dans les dynamiques de clusters

est forte. C’est pour cela que la DATAR, qui à la charge de ce dispositif, a tenu à intégrer le CNER dès sa phase de

conception. Une politique de long terme, disposant de financements pluriannuels Le MERAT affectera à cette action 10

Millions d’Euros en 2010 et 10 Millions d’Euros en 2011, qui auront un effet levier important sur l’aide publique, et

qui seront complétés par des soutiens des ministères de l’Outremer, de l’Industrie, de l’Emploi et de l’Agriculture

notamment, ainsi que de la Caisse des dépôts et d’OSEO. L’Etat et les collectivités territoriales vont s’associer dans

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cette dynamique. D’ores et déjà, de nombreuses grappes d’entreprises sont soutenues au titre des politiques régionales

de clusters. Certaines thématiques particulières méritent d’être portées au niveau national. Au-delà du soutien qui sera

apporté à l’animation et aux projets portés par les grappes d’entreprises, le MERAT a l’intention de porter des

initiatives de dimension nationale, à l’attention de l’ensemble de cette nouvelle communauté : - une action en faveur du

renforcement des capacités d’ingénierie financière des entreprises membres des grappes, « Cluster’s Invest », conçue

avec l’appui de France Clusters, sera lancée d’ici l’été - une action sur le sujet de la gestion de l’emploi et des

compétences dans les territoires comme par les entreprises des grappes soit également lancée très prochainement Qui

sont les gagnants ? 42 équipes qui ont su associer des territoires porteurs, des projets ambitieux et des partenaires

variés dans des secteurs très diversifiés

Les clusters sont avant tout des moteurs économiques territorialisés. 60 % des grappes d’entreprises lauréates de

l’appel à projets 2010 sont issues des secteurs industriels, et en particulier de la mécanique, de l’agroalimentaire, de

l’emballage et des industries de la santé. 17 % de ces grappes d’entreprises sont positionnées dans des secteurs

d’activité liés aux aspects environnementaux du développement durable, comme les écotechnologies, les bio-ressources

et la gestion de l’eau. 10 % de ces grappes d’entreprises concernent des secteurs d’activité liés à l’économie

numérique et 7 % dans des secteurs d’activité liés aux industries créatives et culturelles. Ancrés dans les territoires, ils

s’ouvrent sur l’Europe, sur le monde : notre rôle est d’accompagner leur expansion, de leur donner accès à de

nouveaux marchés. La puissance publique exerce ainsi sa véritable fonction qui est de créer les conditions d’une

insertion dans une économie mondialisée.

Quelques exemples illustrent ces objectifs et démontrent la fécondité économique des grappes d’entreprises. La grappe

d’entreprise « LOIRE NUMERIQUE » en Rhône-Alpes propose ainsi à ses adhérents une action d’accompagnement

pour appréhender leurs marchés étrangers (cibles) et concrétiser leurs projets de développement à l’international. La

grappe d’entreprises a également développé un dispositif original « Bubble Spark », qui a pour objectifs de faire

émerger de nouveaux projets au sein des entreprises membres et de les développer via des séances de créativité menées

par les consultants experts.

La grappe d’entreprises « NOGENTECH » en Champagne-Ardenne a mis en place une action de veille technologique-

environnement et sécurité qui permet aux entreprises participantes de prendre en compte les risques industriels et

professionnels en matière de sécurité, d’environnement, ainsi que les dispositions réglementaires à mettre en place.

NOGENTECH s’associe aux grappes d’entreprises suisses (Canton de Berne) et allemandes (STERN) pour mener à

bien des actions de formation de polisseurs et envisage de travailler dans l’avenir sur d’autres sujets transversaux. Ce

projet a pour vocation la formation et la certification de polisseurs afin de pallier les problèmes de recrutement des

entreprises adhérentes dans les trois clusters.

La grappe d’entreprises « INDUSTRIES CULTURELLES & PATRIMOINES », en Région PACA, propose de mettre en

place des actions originales pour favoriser le développement de produits et de services répondant aux besoins concrets

des territoires d’ici et d’ailleurs engagés dans des actions et des projets de valorisation de leur patrimoine culturel.

En supplément des actions qui vont être mises en œuvre dans le domaine de la formation et de l’émergence de projets

d’innovation collaboratifs (deux composantes majeures dans les actions des grappes d’entreprises sélectionnées), le

soutien apporté au titre du dispositif va permettre de mettre en place des actions spécifiques pour les territoires ruraux

de la Haute-Provence et des Hautes-Alpes, justifiées par l’éloignement et le nombre plus réduit d’acteurs sur ces

territoires. Les grappes d’entreprises sont une catégorie de clusters complémentaire des pôles de compétitivité

L’enjeu majeur de la compétitivité de nos entreprises reste l’innovation porteuse de marchés et d’emplois. C’est

pourquoi une bonne articulation entre les clusters et les pôles de compétitivité est désormais essentielle: il s’agit de

deux types de clusters complémentaires. Ce dispositif est, en effet, parfaitement complémentaire de la politique des

pôles de compétitivité. D’une part, les grappes d’entreprises sélectionnées sont présentes dans des secteurs d’activités

non pris en compte par les pôles de compétitivité et, d’autre part, dans les autres secteurs d’activité, les grappes

d’entreprises sélectionnées s’articulent avec les pôles de compétitivité, notamment en développant des actions

complémentaires. Nous avons pour cela distingué trois groupes afin d’intégrer la diversité des dynamiques locales.

Ainsi, par la procédure retenue, ouverte et donnant la parole aux acteurs de terrain, par l’ambition économique

concrète qu’ils représentent et par le lien avec le monde de la recherche, les clusters témoignent de notre volonté d’un

développement économique diversifié.

Chers lauréats, chers amis

Aujourd’hui c’est pour vous, et pour tous ceux qui ont participé à cette procédure, une étape importante qui est

franchie. Avec le Grand Emprunt, les pôles de compétitivité, mais aussi la réforme de la taxe professionnelle, nous

donnons aux PME et ETI un très fort appui.

Ainsi nous misons sur d’autres stratégies que les stratégies macro-économiques classiques pour relancer la croissance

économique. Avec les clusters, nous misons sur de véritables ferments de développement économique durable.

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C’est un engagement majeur du gouvernement, qui tient ses promesses. C’est aussi une stratégie soucieuse de valoriser

les spécificités territoriales. C’est enfin une nouvelle manière de penser les relations entre développement local et

innovation pour trouver et faire prospérer de nouveaux potentiels de croissance économique.

Je vous félicite donc tous et chacun très chaleureusement, et je vous souhaite pleine réussite dans la mise en œuvre et

l’expansion des clusters dont vous êtes responsables. Je remercie les membres du comité de sélection, du comité

d’expertise technique, l’ensemble des services qui ont su se mobiliser pour accompagner la constitution des dossiers de

candidature et en assurer l’instruction. Sachez que le gouvernement saura être toujours à vos côtés comme il est aux

côtés des entreprises, d’ailleurs un deuxième appel à projet sera lancé prochainement. Vous voyez ainsi que je suis un

ministre très attaché à l’action territoriale. Le CIADT qui se

tiendra la semaine prochaine en fournira une nouvelle preuve.

Je vous remercie.

Il est temps désormais de vous remettre ces diplômes bien mérités. Nous allons procéder par groupes, puisque les

grappes peuvent être distinguées selon trois qualités majeures :

1. Celles qui ont une dynamique complémentaire des pôles de compétitivité sur des mêmes secteurs d’activité. Leurs

actions se complètent. Les pôles de compétitivité ont un positionnement principalement axé sur le développement de la

R&D et de l’innovation technologique, alors que les grappes d’entreprises se positionnent sur le développement de

l’innovation sous toutes ses formes et sur des actions plus proches du marché pour les entreprises.

2. Les grappes d’entreprises qui sont positionnées sur des secteurs d’activité non couverts par les pôles de

compétitivité comme les industries créatives et culturelles ou des secteurs d’activité très transverses tels que les

services, l’industrie de l’emballage, la construction et l’habitat.

3. Et enfin les grappes d’entreprises qui ont un ancrage territorial fort, sur des territoires à enjeux. Elles participent,

par leur dynamisme, à la création d’une vision stratégique partagée entre les entreprises et leurs territoires

d’implantation et participent par la même à l’enracinement des entreprises dans leurs territoires.