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L’illettrisme en Picardie Etat des lieux et perspectives Rapport-avis du 1er septembre 2015 Rapporteurs : Dominique CARPENTIER Michel LEROY

L’illettrisme en Picardie Etat des lieux et perspectives · Etat des lieux et perspectives Rapport-avis du 1er septembre 2015 Rapporteurs : Dominique CARPENTIER Michel LEROY. 2

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L’illettrisme en PicardieEtat des lieux et perspectives

Rapport-avis du1er septembre 2015

Rapporteurs : Dominique CARPENTIERMichel LEROY

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ANNEXES

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Table des acronymes ADELE : Association pour le Développement Local et l’Emploi

AFIB : Association Familiale Intercommunale de Beauvais

AFL : Association Française pour la Lecture

AGEFOS –PME : Association de Gestion des Fonds de Formation des Salariés des Petites

et Moyennes Entreprises

AIO : Accueil Information Orientation

ANI : Accord National Interprofessionnel

ANLCI : Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme

APC : Activités Pédagogiques Complémentaires

APLIS : Atelier Permanent Local d’Individualisation des Savoirs

AREF : Allocation d'aide au Retour à l'Emploi Formation

ATD Quart Monde : Agir Tous pour la Dignité Quart monde

CAF : Caisse d'Allocations Familiales

CAI : Contrat d’Accueil et d’Intégration

CARIF : Centre d’Animation Ressources d'Information sur la Formation

CC : Compétences Clés

CCAS : Centre Communal d'Action Sociale

CEP : Conseil en Evolution Professionnelle

CFA : Centre de Formation d'Apprentis

CNAF : Caisse Nationale d’Allocations Familiales

COPANEF : Commission Paritaire Nationale pour l’Emploi et la Formation

COPAREF : Commission Paritaire Régionale pour l’Emploi et la Formation (ex COPIRE).

Cette Commission est Interprofessionnelle

CPF : Compte Personnel de Formation

CPER : Contrat de Plan Etat Région

CPRDFP : Contrat de Plan Régional de Développement des Formations Professionnelles

CQP : Certificat de Qualification Professionnel

CREFOP : Commission Régionale de l’Emploi, de la Formation et de l’Orientation

Professionnelle

CSN : Centre du Service National

CP : Cours Préparatoire

CM2 : Cours moyen 2ème année

CRI : Centre Ressources Illettrisme Régional

C2RP/CARIF: Centre régional de ressources pédagogiques/ Centre d’Animation

Ressources d'Information sur la Formation

DDL : Difficulté De Lecture

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DELF : Diplôme d’Etudes en Langue Française

DEPP : Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance (Education

Nationale)

DGEFP : Délégation Générale à l'Emploi et à la Formation Professionnelle

DILF : Diplôme Initial de Langue Française

DIRECCTE : Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation,

du Travail et de l'Emploi

DOM : Département d’Outre Mer

DRJSCS : Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale

DSN : Direction du Service National

E2C : Ecole de la Deuxième Chance

EPCI : Etablissement Public de Coopération Intercommunale

EPIDE : Etablissement Public d'Insertion de la Défense

ETP : Equivalent temps plein

FLE : Français Langue Etrangère

FSE : Fonds Social Européen

GIP : Groupement d’intérêt Public

JDC : Journées de Défense ET Citoyenneté

JAPD : Journée d’Appel de Préparation à la Défense

GPLI : Groupement Permanente de Lutte Contre l’Illettrisme

IAE : Insertion par l'Activité Economique

INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques

IVQ : Information et Vie Quotidienne

LCI : Lutte Contre l’Illettrisme

OCC : Objectifs Compétences Clés

OFII : Office Français de l'Immigration et de l'Intégration

OPCALIA : Organisme Paritaire Collecteur interbranches et interprofessionnel

OPCA : Organisme Paritaire Collecteur Agréé

ORAP : Outil Régional d’Aide au Repérage des Apprentis

PAIO : Permanence d'Accueil, d'Information et d'Orientation

PAL : Programme d’Actions Locales

P.A.P.E.E : Projet Académique Pour Entrer dans l’Ecrit

PRPALCI : Plan Régional de Prévention, d’Accompagnement et de Lutte Contre

l’Illettrisme

PET : Projet Éducatif de Territoire

PEDT : Projet Educatif Départemental Territorial

PLIE : Plan local pluriannuel pour l'Insertion et l'Emploi

REAAP : Réseaux d’Ecoute, d’Appui et d’Accompagnement des Parents

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RSA : Revenu de Solidarité Active

ROLL : Réseau d’Observatoires Locaux de la Lecture

SGAR : Secrétariat Général aux Affaires Régionales

SPRF : Service Public Régional de Formation

SPR : Savoirs Pour Réussi

TIC : Technologie de l'information et de la communication

UDAF : Union Départementale des Associations Familiales

URLIP : Union Régionale de Lutte contre l’Illettrisme

ZUS : Zone Urbaine Sensible

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L’origine géographique des personnes illettrées (selon Yassine CHAIB de la DRJSCS)

Certaines régions métropolitaines accusent plus de difficultés que d’autres. Le taux d’illettrisme chez les jeunes est, en Picardie, le plus élevé des régions françaises. L’économie de la région est fortement liée à l’activité agricole et industrielle. Ces deux secteurs sont justement plus touchés que les autres par l’illettrisme. D’après la Direction Régionale de l’Agriculture et de la Foret de Picardie : l’agriculture occupe 70 % du territoire régional. Or, on sait aussi que 49 % des personnes en situation d’illettrisme habitent en zone rurale ou faiblement peuplée. En Picardie, 59 % des jeunes avec des difficultés de lecture sont des hommes contre 41 % de femmes. Un tiers des jeunes concernés a essentiellement des difficultés de compréhension. Par contre, 25 % ont de graves problèmes de lecture (profil 1). A noter aussi que la Picardie est dans les derniers rangs pour tous les indicateurs de formation. En effet, la part de non diplômés dépasse la moyenne nationale. «les structures socio professionnelles de la Picardie expliquent en partie la moindre réussite scolaire. Les régions qui ont les moins bons résultats scolaires sont également celles marquées par une moindre qualification des actifs et davantage de précarité. Les parcours des enfants à l’école sont très inégaux entre les groupes sociaux et plus encore selon le niveau d’éducation des parents. Si l’on considère la qualification des parents tels qu’elle est mesurée par le diplôme, les jeunes picards sont plus exposés de toutes les régions de France Métropolitaine à sortir du système scolaire sans diplômes. Un peu moins de la moitié de l’écart avec la moyenne nationale peut être directement attribué à cet héritage du milieu familial » (DRAAF Picardie). En dehors des chiffres de la JAPD/JDC qui concernent uniquement les jeunes, les chiffres communiqués par les régions sur la proportion de personnes en situation d’illettrisme sur leur population globale sont à analyser avec un certain recul. Les zones les plus touchées par l’illettrisme sont les zones urbaines sensibles, les zones où l’éducation accuse un retard et celles qui ont une économie fortement liée à l’industrie et à l’agriculture. Le lien entre toutes celles-ci est leur plus faible développement économique. La Picardie présente un taux de jeunes en Difficultés De Lecture (DDL) supérieur au taux national mais il y a de fortes disparités territoriales selon le lieu de résidence des candidats. 15.9% des candidats à la JDC dans l’Aisne ont des difficultés de lecture contre 14 % dans la Somme et 11.3 % dans l’Oise.

L’hétérogénéité territoriale est encore plus prégnante au niveau local. Dans le Nord de l’Aisne, les arrondissements de Vervins (20% de DDL), Laon (17%) ont des taux supérieurs de 7 à 10 points au taux national et de 4 à 7 points au taux régional.

Dans la Somme, les difficultés de lecture sont essentiellement concentrées dans les cantons à forte dominante rurale du Ponthieu (Saint Valéry : 20.2% ; Rue : 20.1% ; Domart en Ponthieu : 19.72% ; Crécy en Ponthieu : 18.3%) du Vimeu (Ault : 18.8% ; Gamaches : 17.6%) et du Santerre (Ham : 20.2% ; Bray sur Somme : 18.2% ; Nesle : 17.8% )

L’Oise est le département où les jeunes ont moins de difficultés de lecture. Au Sud et plus particulièrement dans l’arrondissement de Senlis, les taux sont souvent bien inférieurs aux taux régional et national : Senlis (4.5 %), Neuilly en Thelle (6.1%) Chantilly (6.9%) Pont Sainte Maxence (8.3%), Chaumont en Vexin (8.6 %). Le canton de Creil est une exception : 18.9 % des jeunes présentent des difficultés de lecture.

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L’Association Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme (ANLCI) L’ANLCI mobilise et travaille avec ceux qui agissent et peuvent agir au niveau institutionnel et sur le terrain pour prévenir et lutter contre l’illettrisme. Espace de concertation et de production d’outils, son rôle est de fédérer et d’optimiser les énergies, les actions et les moyens de tous les décideurs et acteurs pour accroître la visibilité et l’efficacité de leur engagement. La méthode de travail des membres de l’Agence est celle qui consiste à réunir pour mieux agir, méthode qui privilégie la réciprocité et l’enrichissement mutuel. Chaque institution apporte son angle de vision, ses problématiques et ses savoir-faire. En retour, elle bénéficie de l’expérience des autres et de la diversité des approches. Il y a là un espace de dialogue social dédié à la lutte contre l’illettrisme, particulièrement riche et constructif où se rencontrent et travaillent ensemble les pouvoirs publics, les dynamiques associatives, les organisations

L’ANLCI organise son action autour de 3 missions principales : Mesurer l’illettrisme pour mieux connaître les personnes concernées et offrir aux décideurs une vision claire des besoins Organiser pour coordonner les décisions et les actions au niveau national et sur tous les territoires Outiller pour faire connaître ce qui marche et permettre à la prévention et à la lutte contre l’illettrisme de changer d’échelle

Une organisation qui repose sur une action collective : Au niveau national : mesure du phénomène, définition des cadres de référence pour agir, fonction « locomotive », coordination, vision de ce qui se fait dans toutes les régions, innovation et outillage via le Forum des bonnes pratiques et les expérimentations sociales, mobilisation des décideurs régionaux via les chargé(e)s de mission régionaux de l’ANLCI. Au niveau régional : définition des priorités d’action partagées par l’Etat (Préfet et Recteur), le conseil régional, les conseils généraux, mise en place des plans d’action régionaux (qui fait quoi) animés par les chargé(e)s de mission régionaux de l’ANLCI, appui à ceux qui agissent. Au niveau local : mise en œuvre opérationnelle des actions, mise en œuvre du programme d’identification et d’échange des bonnes pratiques et des expérimentations pilotées par l’ANLCI.

L’ANLCI ne gère donc pas de crédits d’intervention, elle ne distribue pas de moyens, elle ne fait pas à la place de ceux pour lesquels la prévention de l’illettrisme ou la mise en œuvre de solutions pour les adultes s’inscrit dans leur propre cœur de métier. Son activité comme celle de ses relais opérationnels dans les régions (les chargés de mission régionaux de l’ANLCI) est orientée vers la production de ce qui manque et peut être utile à tous pour que la prévention et la lutte contre l’illettrisme changent d’échelle. Elle produit donc des données, des repères pour les décideurs ainsi que des outils communs pour les acteurs dans le but de renforcer l’efficacité collective, de gagner du temps et de la cohérence. En d’autres termes, elle fournit ce que chacun ne pourrait produire seul, dans son propre champ d’intervention et met à la disposition de tous, le fruit de ce travail commun.

La Grande cause nationale 2013 sur l’illettrisme, a permis de susciter une prise de conscience, d’adresser à tous un message positif, d’amplifier la mobilisation.

En Picardie, à la suite de cet agrément, l’ANLCI a souhaité labelliser différentes actions, la volonté étant de poursuivre cette dynamique par la déclinaison dans les territoires picards des «1eres journées nationales d'action contre l'illettrisme».

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A cet effet, une dizaine d’événements ont été labellisés et accompagnés par l’Etat en région :

- Festival de la micronouvelle et du haïku à Beauvais - Exposition découverte sur l'illettrisme de l'association Consilium Scriba à Amiens - Formation régionale de sensibilisation à la question de l'illettrisme à destination

des agents de la fonction publique - Journée d’actions sur l’éducation par le Conseil général de l'Oise - Actions d’animation du réseau « Cap ailes » à Méru - Journée des « personnes fâchées avec la lecture et l’écriture » à Moreuil - Café citoyen : illettrisme et dyslexie à Amiens - 8ème Journée nationale des DYS 2014 à Nogent sur Oise - Salon du livre « Lire c'est du Délice ! » à Amiens - Concours régional de lecture et d'écriture «Dire le non visuel »

Par ailleurs en 2014, des animations de réseau, coopérations et partenariats ont eu lieu : - Rencontres avec les trois associations départementales des Maires de France de

Picardie - Production de livrables adressés à tous les maires, dont ceux nouvellement élus - Rubrique spécifique sur l’illettrisme sur les sites internet des associations

départementales de l’AMF en Picardie - Développement du partenariat avec le CNFPT Picardie sur la sensibilisation des

agents communaux du territoire picard avec 9 réunions d'informations locales (Grand Amiénois, Picardie Maritime, Santerre Haute Somme, Aisne Nord Thiérache, Territoire Aisne Nord Grand Laonnois, Territoire Sud Aisne Soissonnais, Territoire Sud Aisne, Territoire Oise Ouest, Territoire Oise Est)

- Ouverture d'une formation dédiée aux bibliothécaires sur l'illettrisme en partenariat avec le CNFPT Picardie et CNFPT Nord – Pas-de-Calais, le CR2L et l'URLIP.

- Participation aux jurys des concours / appels à projets de la Fondation SNCF de Picardie dans les thématiques éducation / insertion (dont illettrisme)

- Rencontres avec divers partenaires pour les sensibiliser et construire des partenariats (association Energie jeunes, ANFH, MSA, Mutualité Française de Picardie, Club Rh de Pôle Emploi, CAF de Beaucamps le Vieux, CFDT, etc.)

- Organisation d’une journée « itinéraire vers l'emploi » à Albert avec le Conseil Général de la Somme intégrant des actions liées à l’illettrisme

Par ailleurs, en 2014, avec l’URLIP plus de 750 personnes sur le territoire picard ont reçu une formation ou sensibilisation.

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Association Française pour la Lecture

Siège : 65 rue des Cités 93300 Aubervilliers,

antenne Compiègne 60200 17bis rue de Stalingrad

L’Association Française pour la Lecture est, depuis 25 ans agréée "association éducative complémentaire de l'enseignement public". Reconnue comme mouvement pédagogique, elle fait converger ses efforts vers l’élévation du rapport à l’écrit dans le corps

social, école comprise.

Son ambition est de transférer à l'ensemble du corps social la responsabilité de la « lecturisation » de ses membres. Elle considère que la lecturisation est à poursuivre en tant que « savoir social » et en tant que « savoir scolaire ».

Par ce néologisme, l'AFL marque une volonté de rupture avec les pratiques d'alphabétisation. L'alphabétisation a montré son impuissance à satisfaire la revendication d'un élargissement des bases de la vie démocratique et à assurer une élévation massive du niveau de formation générale des forces productives.

Lecturisation et savoir social :

Il s'agit de faire évoluer le recours à l’écrit comme composante revendiquée de tout travail, dans l’entreprise, dans la vie associative, dans l’accès à l’information, dans les relations citoyennes, dans les loisirs, dans la formation continue. Mettre en œuvre une politique volontariste quant à l’exigence, dans le quotidien de tous, c'est recourir à l’écrit intégré comme outil de pensée.

Lecturisation et savoir scolaire :

Anticiper cette même évolution oblige à repenser l’organisation et les méthodes à l’école et au collège. Demander aux BCD et aux CDI de s’investir dans une politique de lecture et de production pour les besoins internes de l’établissement, être à l’écoute de son environnement par l'observation et le traitement de la production écrite « sociale ». Agir et s'impliquer dans des projets sociaux relatifs à l’écrit. C’est ainsi que l’afl a travaillé autour de l’école avec les comités d’entreprise et avec le tissu associatif pour faire émerger dès 1985 le concept de « ville-lecture » et expérimenter celui de « classe-lecture » en tant qu’outil de formation et de suivi d’équipes territoriales impliquées dans l’évolution du rapport à l’écrit de la population. Lire, c'est vraiment simple, quand c'est l'affaire de tous !

L'AFL regroupe des enseignants, des bibliothécaires, des parents, des acteurs de la vie associative et des élus qui s'efforcent de déscolariser sur la lecture.

L'association est organisée autour de groupes locaux ou régionaux et de correspondants locaux.

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L'AFL propose aux associations, aux collectivités publiques, aux diverses instances impliquées dans la formation initiale et continue, une réflexion en commun, un travail méthodique sur des hypothèses nouvelles, cohérentes avec l’avancée des recherches et un échange sur les moyens de cette politique.

L’AFL a conduit sans interruption des recherches sur l’apprentissage et le perfectionnement de la lecture avec des enseignants et des élèves, permettant ainsi de constituer et de faire évoluer un corpus de démarches autour de ce qu’on peut appeler aujourd’hui « la voie directe » et d’en évaluer les effets bien au-delà du terme de l’apprentissage initial.

L’AFL participe aux travaux CAPE (Collectif des Associations Partenaires de l'Ecole publique) et représente la France au sein de l'IDEC (International Development in Europe Commitee) membre de l'IRA (International Reading Association).

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L’exemple de l'Association Familiale Intercommunale de Beauvais (AFIB)

L’association va lancer un programme pour favoriser l'autonomie des personnes, les amener vers ses objectifs en leur fournissant des outils adaptés et personnalisés mais également à se prendre en charge. L’AFIB est agréée par le Conseil Général de l’Oise en tant que formateur et bénéficie également d’un partenariat avec la Ville de Beauvais, le Conseil Régional, les banques, les OPCA, les familles, l’AGEFOS. Par ailleurs, les participations financières de la Ville de Beauvais et du Conseil général sont en baisse. L’association travaille actuellement sur le budget 2016, tente de grappiller des subventions mais les dossiers à remplir sont trop compliqués, peu rentables. Pour motiver les bénévoles, l’association organise des formations par l’intermédiaire de Familles de France ou de l’UDAF. Ils sont au nombre de 50, de plus en plus difficiles à trouver. Ils sont originaires de Beauvais et des environs. Leurs frais de déplacement ne sont pas remboursés mais transformés en dons et déductibles des impôts à hauteur de 50 %. En ce qui concerne les cours de français ceux qui ne peuvent pas payer versent malgré tout une participation de 10 euros par mois. Un projet est en cours sur l’école primaire pour les mères de famille pour leur permettre de suivre les études de leurs enfants.

Le Président de l’Association Hervé DUROYON estime que le personnel n’a pas droit à l’erreur car travaillant avec des personnes sensibles ; si on fait des erreurs, les personnes ne reviennent plus. En novembre, l’association a réalisé 700 heures pour 64 personnes inscrites. La difficulté réside dans le fait qu’il faut faire à la carte, en fonction des horaires des stagiaires ; il est important de s'adapter aux personnes et d’avoir de la souplesse car les entrées et les sorties sont permanentes au sein des groupes de travail. Pour certains, venir à l'association ce n’est pas forcément pour satisfaire un besoin de lecture et d’écriture mais c’est aussi une recherche du contact humain, l’expression d’une certaine souffrance, le besoin de partager quelque chose et de s’ouvrir sur le monde local. Les cours du soir ne marchent pas forcément car certains travaillent, sont fatigués avec une famille à s’occuper. Il y a une liste d'attente importante, plus de 30 personnes alors qu'il faudrait pouvoir agir tout de suite quand les personnes expriment leurs besoins. Les personnes illettrées ou analphabètes sont plus assidues et ont moins de problèmes d’absentéisme. Dans la tranche d'âge de 41 à 59 ans il n'y a que des femmes car les hommes de cet âge travaillent, mais globalement, il y a toujours plus d'hommes que de femmes. Beaucoup de personnes viennent librement mais aussi envoyées par le Conseil Général (comme les jeunes mineurs isolés). L’association ne peut accepter des «sans papiers» sauf les jeunes envoyés par le Conseil Général.

Ce sont des personnes très différentes mais avec une similitude : de faibles revenus. Il y a 10 bénévoles pour le français dans l’association mais aucun interprète.

Autre problème soulevé en ce qui concerne les personnes illettrées : pôle emploi ne finance pas cette formation absolument utile pour que la personne suive d'autres formations par la suite.

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Cartes départementales de l’offre de formation

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CONTRIBUTION DE LA FSU AU PROJET DE RAPPORT-AVIS

SUR L'ILLETTRISME EN PICARDIE

EN CE QUI CONCERNE L'EDUCATION NATIONALE :

L'essentiel réside dans la prévention. Or comme nous avons déjà pu nous le constater il y a un an, le CESER ne saurait se contenter de prendre pour argent comptant les affirmations lénifiantes du Rectorat, qui en réalité n'a aucune politique globale pour lutter contre l'illettrisme et réduire le flux des nouveaux illettrés qui rend le problème quasiment insoluble. ● D'une manière générale et contrairement à ce qui a pu se faire dans d'autres académies, aucun plan particulier n'existe pour prendre en compte le retard éducatif spécifique de la Picardie. Après un redéploiement des moyens en faveur de l'enseignement primaire, la situation du secondaire apparaît particulièrement préoccupante. Les moyens des lycées par exemple continuent de baisser et il faudrait créer 461 postes pour simplement revenir au taux d'encadrement de 2003. (NB : la comparaison tout à fait édifiante du taux d'encadrement de l'EPIDE de Saint-Quentin -que curieusement notre rapport avis ne signale pas- et de celui de certains établissements difficiles, au public assez semblable, sauf que, facteur aggravant, il n'est pas volontaire). Aucun bilan honnête n'a été fait de la réforme Chatel du lycée qui a déstabilisé les établissements et qui sert pourtant de modèle à la réforme actuelle du collège. Très coûteux en moyens, le dispositif majeur pour lutter contre l'échec scolaire, c'est à dire l'accompagnement personnalisé, se révèle être un fourre-tout inefficace du point de vue pédagogique. ● Dans le même temps la multiplication des dispositifs cache mal l'affaiblissement considérable de l'éducation prioritaire dont le périmètre a été revu à la baisse (ex. Établissements ECLAIR), qui a été privée de l'essentiel de ses moyens (ex. les RASED du primaire) et s'est vue détournée vers d'autres objectifs, alors même que chacun reconnait l'importance des déterminismes sociaux dans la réussite scolaire et que ceux-ci apparaissent particulièrement forts dans notre région. ● Essentielle pour lutter préventivement contre le décrochage, en tenant compte de la personnalité de chaque élève et en donnant du sens aux enseignements qui lui sont dispensés, l'orientation scolaire a été fragilisée par la fermeture de certains CIO et par la mise en place au niveau des régions d'une "orientation tout au long de la vie" qui nie les spécificités d'un public d'adolescents. ● Quant aux résultats en termes de notes, tant pour le baccalauréat que pour le brevet des collèges, il apparaît qu'ils sont souvent davantage le résultat d'injonctions faites aux enseignants en matière de notation que de réels progrès des élèves, permettant de conclure à une réduction progressive du retard de la Picardie. L'augmentation progressive de la part du contrôle continue, en particulier au brevet, qui conduit à des politiques d'établissement en matière de notation, visant à gommer les disparités, facilite ce genre de manipulation.

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Tout cela n'augure pas d'une amélioration quant à la prévention de l'illettrisme au niveau de l'école, d'autant que la fusion possible de l'académie d'Amiens avec une académie de Lille, où l'illettrisme semble progressivement s'atténuer, risque de modifier à notre détriment l'ordre des priorités de l'Education Nationale dans la grande région. De ce fait le CESER devrait mettre l'accent:

� sur une vraie politique de rattrapage du retard éducatif de la Picardie par l'Education Nationale, y compris en termes de moyens, de manière à créer les conditions d'une réduction progressive du "stock" d'illettrés par diminution du flux annuel;

� sur une revitalisation de l'éducation prioritaire, qui devrait voir son périmètre étendu à l'ensemble des établissements en difficulté;

� un renforcement de l'orientation scolaire et la reconnaissance de ses missions spécifiques.

Ces propositions auraient par ailleurs l'avantage de ne pas se limiter à l'illettrisme stricto sensu qui ne constitue que l'une des facettes du retard picard. Elles pourraient constituer le prélude à une action enfin coordonnée de tous les acteurs dans la région. EN CE QUI CONCERNE L'ANI : Rien ne permet d'affirmer que l'ANI aura une influence positive pour ce qui concerne la lutte contre l'illettrisme. ● La réduction prévisible des moyens collectés suite à l'effet d'aubaine que constitue le passage d'un taux de 1,6% à 1,0% pour les entreprises de plus de dix salariés risque de créer une concurrence accrue entre formation rapidement professionnalisante (supposée avoir -même si c'est à tort- un impact sur le marché du travail) et prise en charge dans le cadre d'un dispositif long des personnes en situation d'illettrisme. Il ne faudra pas compter sur les signataires de l'accord, qui ont constamment mis en avant une soi-disant correlation positive entre insuffisance de la formation et chômage, pour rectifier le tir. Malgré l'accent porté dans la loi du 5 mars 2014 sur les "savoirs de base", cet obstacle sera encore renforcé du côté du salarié par le fait qu'il devra « dépenser » au détriment de formations spécifiques qualifiantes les heures durement gagnées sur son compte personnel de formation, sans savoir s'il pourra à l'issue disposer d'abondements supplémentaires. ● Par ailleurs toute une série de questions ne sont pas abordées, comme par exemple la conciliation entre formation et exigences de la vie familiale ou le remplacement du salarié sur son lieu de travail. Malgré l'ambition affirmée de corriger les inégalités en matière de formation, ce souci ne trouve guère de traduction dans les textes, puisque le crédit d'heures est identique pour tous et sans lien avec les besoins réels du salarié, ce qui pénalisera encore une fois les publics les plus fragiles, qui sont souvent aussi ceux qui sont le plus concernés par l'illettrisme. ● Enfin, comme l'a noté le Cereq (Bref n° 260 janvier 2009), peu d’entreprises offrent à tous leurs salariés les conditions favorables au développement de leur capacité à discuter en matière de formation. Cette situation, ne devrait guère évoluer positivement, car le droit à la formation ne s'accompagne d'aucune garantie collective, permettant de rééquilibrer le dialogue inégal du salarié avec son employeur ou avec l'OPCA, ce qui pose -et c'est particulièrement vrai en ce qui concerne un handicap aussi "stigmatisant" que l'illettrisme- de redoutables problèmes qui pour l'instant restent sans réponses. Face à l'ensemble de ces difficultés, le CESER devrait réaffirmer d'une part son souci d'une amélioration du dialogue social dans la région, amélioration qui constitue sans doute un préalable à toute réelle avancée en ce qui concerne l'illettrisme parmi les salariés et qui nécessite des droits nouveaux pour ceux-ci, et d'autre part son exigence d'une vraie politique de réduction des inégalités, aussi bien pour l'illettrisme que pour la formation en général.

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LA CFDT et la lutte contre l’illettrisme Contribution à l’autosaisine du CESER menée par

la Commission V

1. La Picardie se situe en tête des régions en matière l’illettrisme.

Le rapport INSEE d’octobre 2013 recense 125 000 personnes en situation d’illettrisme en Picardie dont une moitié de salariés, soit plus de 60 000 picards. Cette situation est évidemment extrêmement préoccupante dans un contexte économique social, culturel , qui demande des connaissances et des compétences de plus en plus pointues , dans un univers professionnel où les métiers évoluent en permanence.

2. Le constat :

Tous les secteurs professionnels sont aujourd’hui concernés : � Les métiers de l’industrie sont aujourd’hui pratiquement tous automatisés

(informatisés, robotisés), � Les métiers de services nécessitent également des compétences informatiques ;

l’écran est devenu l’outil de travail courant pour plus de 70 % des salariés.

Pourtant, ceux qui se forment aujourd’hui sont les salariés les mieux formés et en particulier ceux des grandes entreprises. Les salariés moins qualifiés, ceux de certains secteurs professionnels (textile, propreté, etc.), ceux des TPE partent peu ou pas du tout en formation; il est alors difficile pour un grand nombre d’entre eux de changer de métier, de se reconvertir ou d’évoluer dans l’entreprise. Posséder les savoirs fondamentaux : lire, écrire et compter, est donc devenue une nécessité absolue pour toute personne. C’est pourquoi la CFDT a fait de la lutte contre l’illettrisme une priorité absolue.

L’environnement familial et professionnel revêt une importance particulière pour l’apprentissage des savoirs fondamentaux. La culture est aussi un élément fondamental pour s’ouvrir à cet environnement et permettre l’émancipation des individus ; ainsi le théâtre, les musiques, le cinéma etc…sont des « outils » au service de l’ouverture d ’esprit et à la volonté de comprendre et, en conséquence, ouvrent la curiosité à la lecture et à l’écriture.

3. Les enjeux :

� Maintenir et faire évoluer chaque salarié dans l’entreprise ou dans sa vie

professionnelle, � Développer la formation de chaque salarié tout au long de la vie afin

d’aider chacun dans son parcours professionnel, � Permettre de s’adapter aux nouvelles technologies, ou d’acquérir des

compétences nouvelles (multi-compétences). � Faciliter une vie sociale et familiale plus épanouie.

4. Il s’agit alors :

� De repérer les salariés qui ne maitrisent pas les savoirs fondamentaux. Un

travail de repérage pédagogique et non stigmatisant est à engager. � D’avoir une offre permanente de lecture, d’écriture et un parcours menant

aux connaissances fondamentales.

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� De sensibiliser, de former des personnes au contact de salariés ne possédant pas les savoirs fondamentaux.

� De mettre en place des stratégies qui évitent la stigmatisation des personnes.

En conséquence, la CFDT souhaite que les propositions suivantes puissent être

prises en compte :

1. La CFDT propose que les partenaires sociaux et les acteurs de la formation s’engagent à informer leurs structures et leurs adhérents sur la question de l’illettrisme afin de les sensibiliser sur la connaissance de ce phénomène

2. La CFDT demande au COPAREF de s’emparer de la question des savoirs de base et de l’illettrisme à travers le socle commun de connaissances et de compétences professionnelles définis par le COPANEF.

3. La CFDT propose que soit constitué un module commun de formation à l’intention des acteurs régionaux en matière d’illettrisme.

4. La CFDT souhaite que les administrateurs des OPCA impulsent les actions en faveur de la lutte contre l’illettrisme dans les entreprises de leur champ, notamment dans le cadre du CPF et favorisent la communication et la sensibilisation pour relayer dans les médias régionaux.

5. La CFDT propose qu’une offre de formation labellisée ; « savoirs de base » adaptée aux besoins de l’entreprise, soit identifiée, diffusée et facilement accessible.

6. La CFDT demande que le conseil régional impulse un événement régional annuel avec les partenaires sociaux et les acteurs de la lutte contre l’illettrisme afin de communiquer sur le travail engagé : Evaluer l’action régionale, Valoriser les pratiques, et Renforcer la cohérence et la pertinence des actions.

7. La CFDT souhaite que conseil régional, l’Etat et les partenaires sociaux (dans le cadre du CREFOP) prennent des dispositions afin d’agir et de coordonner les actions de lutte contre l’illettrisme pour des parcours pertinents en s’assurant que les actions soient assurées à proximité des publics concernés.

8. La CFDT souhaite que la région et les partenaires sociaux en Picardie recherchent

et engagent les financements nécessaires à la hauteur des besoins de la région.

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L'illettrisme au travail, un fléau à combattre

Contribution CGT Etre illettré n'empêche pas d'avoir un emploi, ni de disposer de véritables compétences. L'illettrisme est source de difficultés dans la vie professionnelle. Il constitue un obstacle au maintien dans l'emploi, à la progression professionnelle, à l'accès aux responsabilités et à un parcours professionnel sécurisé. Le problème devient d'autant plus grave qu'il est difficile d'en parler, notamment sur le lieu de travail. Pourtant, l'illettrisme n'est pas synonyme d'absence de compétences. Les dispositifs mis en place par les pouvoirs publics ne permettent pas de lutter suffisamment contre ce fléau. La lutte contre l'illettrisme, surtout dans le monde du travail, doit constituer une priorité des politiques de formation professionnelle et de l'emploi. La cause majeure de l'illettrisme semble être la non-acquisition (ou l'acquisition fragile) de la maîtrise de la langue écrite à l'école. Il existe aussi, chez les adultes, un « illettrisme de retour », c'est-à-dire une perte des compétences auparavant acquises. Les compétences en lecture peuvent se perdre lorsqu'elles ne sont pas sollicitées. C'est ce qui explique que toutes les personnes illettrées ne sont pas sans diplôme. La maîtrise imparfaite de la communication écrite (et orale) devient de plus en plus handicapante du fait des évolutions technologiques et organisationnelles à l'œuvre dans les entreprises et les administrations. La non-maîtrise de l'écrit peut être un handicap dans les situations de travail. Elle limite également les possibilités de reconversion ou de promotion professionnelle, particulièrement dans la fonction publique où celle-ci prend le plus souvent la forme de concours. Enfin, la recherche d'emploi, comme d'ailleurs toutes les démarches administratives, est rendue plus difficile par la non-maîtrise de l'écrit. Préoccupations et propositions de la CGT fondées sur l'expérience des militants dans les entreprises et dans les institutions de formation professionnelles et de lutte contre l'illettrisme: • Mieux lutter contre les situations d'illettrisme dans la phase qui précède l'insertion professionnelle. • Se donner les moyens d'une détection systématique des situations d'illettrisme dès l'inscription des demandeurs d'emploi à Pôle emploi et faire en sorte que cette détection débouche systématiquement sur une formation aux compétences fondamentales. • Améliorer la lutte contre l'illettrisme dans l'entreprise, dans des conditions non stigmatisantes. • S'assurer de la qualité des formations. Permettre à des collègues de travail ou à des privés d'emploi, autour de nous, en situation d'illettrisme, de sortir de cette situation relève d'une nécessité d'intérêt général voire de salubrité publique. Nécessaire au développement de la société, l'éradication de l'illettrisme requiert la mobilisation de différents acteurs afin que:

- dès la formation initiale les acquis soient suffisamment solides, - dans les entreprises, les situations de travail à risque soient identifiées et

éliminées, - dans la société, des procédures et des moyens pour repérer et combattre les

situations d'illettrisme dans tous les contextes de la vie sociale soient mis en place.

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Obstacle au développement de la personne, l'illettrisme rend problématique toute perspective de mobilité professionnelle. C'est pourquoi la CGT demande qu'un travailleur reconnu en situation d'illettrisme, ne puisse être licencié. Les entreprises ont une responsabilité sociale manifeste en matière de lutte contre l'illettrisme. Aussi tout travailleur reconnu en situation d'illettrisme doit pouvoir bénéficier d'un parcours de formation de sortie de l'illettrisme.

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