44
L’AGRICULTURE SENSIBLE À LA NUTRITION Comment améliorer la nutrition infantile à travers l’agriculture

L'agricuLture sensibLe à La nutrition

  • Upload
    haliem

  • View
    217

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

L’agricuLture sensibLe à La nutritionComment améliorer la nutrition infantile à travers l’agriculture

Page 2: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

RemerciementsCe rapport a été rédigé par Hugh Bagnall-Oakeley, Marie Rumsby et David McNair, de Save the Children. Liam Crosby et Shawnee Hoover (également de Save the Children) ont apporté leur utile contribution. D’autres collègues de l’ensemble de Save the Children ont pris part à l’élaboration de ce rapport et ont fourni des conseils.

Nous tenons également à remercier, sans préjudice, David Hong (ONE), Kebede Tefasse (ENGINE Project, Éthiopie), Peter Muhangi (Save the Children, Éthiopie), John Nyirenda (Save the Children, Malawi), James Lwanda (Save the Children, Malawi), Professeur Waage (LIDC), Laila Lokosang (conseillère PDDAA, Union africaine), Modibo Traore (FAO), Bonnie McClafferty (GAIN), Liz Stuart (Save the Children) et Chris Penrose Buckley (DFID) pour leurs commentaires et leurs perspectives sur les versions précédentes du rapport.

Save the Children œuvre dans plus de 120 pays.Nous sauvons des vies d’enfants. Nous luttons pour leurs droits.Nous les aidons à réaliser leur potentiel.

Publié parSave the Children1 St John’s LaneLondres EC1M 4ARRoyaume-Uni+44 (0)20 7012 6400savethechildren.org.uk

Première publication 2014

© The Save the Children Fund 2014

The Save the Children Fund est une organisation caritative enregistrée en Angleterre et au pays de Galles (213890) et en Écosse (SC039570). Inscrite au registre des sociétés sous le No. 178159.

Cette publication est protégée par des droits d’auteur. Sa reproduction à des fins pédagogiques par quelque procédé que ce soit est autorisée, sans droits d’auteur ni autorisation préalable. Toute revente est interdite. La reproduction dans toute autre circonstance nécessite l’autorisation préalable par écrit de l’éditeur, et pourra donner lieu au versement de droits d’auteur.

Couverture : Un jardin potager dans le district de Ruhango, au Rwanda (Photo : Sebastian Rich/ Save the Children)

Composition : Grasshopper Design CompanyTraduction : Florence LouisRévision : Brigitte Clark

Page 3: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

Table des maTières

Résumé iv

1 Le lien entre la nutrition et l’agriculture 1

La malnutrition freine le développement économique et agricole 2

Les liens étroits entre l’agriculture et la nutrition 4

2 Les cadres de politiques régissant l’agriculture et la nutrition 7

L’accent mis sur la hausse de la productivité 11

3 La gouvernance de l’agriculture sensible à la nutrition 14

La mise en œuvre d’une agriculture sensible à la nutrition au niveau des districts : un modèle 14

Garantir la viabilité à travers la rentabilité 18

La mise en pratique d’une agriculture sensible à la nutrition 20

4 Façonner une agriculture sensible à la nutrition à travers des cadres mondiaux 22

Les cadres mondiaux 22

Une voie à suivre 24

5 Conclusions et recommandations 25

Annexe 1 Méthodologie des études de cas réalisées sur le terrain 28

Annexe 2 Taux de retard de croissance dans les pays du PDDAA et/ou du Mouvement SUN, et engagements pris envers la réduction de la malnutrition 29

Notes 32

Bibliographie 34

Page 4: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

iv

En 2011, 3,1 millions d’enfants de moins de cinq ans sont morts de malnutrition – un fléau responsable de 45 % des décès d’enfants1. Ces enfants n’avaient pas accès à une alimentation équilibrée ou n’étaient pas en assez bonne santé pour absorber les éléments nutritifs essentiels. Plusieurs autres millions d’enfants souffrant de malnutrition sont fortement vulnérables aux maladies, présentent des problèmes de développement cognitif et un retard de croissance, et auront donc du mal à sortir de la pauvreté durant leur enfance et plus tard dans la vie.

De nombreux pays africains aspirent à atteindre un statut de pays à revenu intermédiaire, avec une économie dynamique, florissante et basée sur le savoir. Mais cette aspiration est freinée par les dommages subis par la génération d’aujourd’hui, qui n’est pas nourrie correctement ; par exemple, des adultes ayant souffert de malnutrition dans leur enfance gagneront probablement 20 % de moins que ceux qui ont été bien nourris.

L’impact considérable de la malnutrition infantile – sur le développement d’un pays, sur ses enfants et sur son économie – est tout simplement inacceptable. Food for Thought (Nourrir la réflexion), un rapport publié par Save the Children en 2013, a démontré qu’une bonne nutrition était un facteur essentiel au développement économique ; la malnutrition constitue un obstacle de taille au développement économique et à la croissance, en empêchant les enfants de mener une vie saine et productive.

Jusqu’à récemment, la malnutrition n’occupait pas assez la scène et n’attirait pas suffisamment l’attention des dirigeants, des responsables de la planification des programmes et des décideurs pour les pousser à se mobiliser contre ce problème mondial. Plusieurs initiatives ont cependant été

lancées récemment pour lutter contre la malnutrition et la sous-nutrition infantiles, comme le mouvement SUN (Scaling Up Nutrition, Renforcement de la nutrition), l’initiative des 1 000 jours, la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition et le sommet Nutrition pour la croissance organisé à Londres en juin 2013, qui a permis de fixer des objectifs ambitieux pour améliorer la nutrition des enfants et des femmes enceintes d’ici 2020, avec des promesses de financement à hauteur de 23,1 milliards de dollars.

L’Union africaine (UA) a déclaré 2014 Année de l’agriculture et de la sécurité alimentaire ; ceci, associé aux examens annuels conjoints du PDDAA (le Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine), est l’occasion d’obtenir une politique significative et des engagements financiers afin de garantir que l’agriculture soutienne ces objectifs de nutrition infantile et permette de les concrétiser.

Il est largement reconnu qu’il est nécessaire de développer les interventions spécifiques (c’est-à-dire directement liées) à la nutrition, comme la promotion de l’allaitement maternel exclusif, l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants, ou une meilleure couverture en vitamine A. Mais en raison du nombre limité de données sur les approches sensibles à la nutrition, il est difficile pour les politiques relatives à l’agriculture, à la protection sociale et autres de tenir compte de leur impact potentiel sur la nutrition. Il est donc urgent de renforcer l’élément nutritionnel de bon nombre de politiques agricoles et de plans d’investissement2. Le rôle d’une politique agricole est de promouvoir le développement économique et d’assurer la nutrition de la population d’un pays. Les plans du PDDAA devraient inclure un objectif stratégique en matière de nutrition, étayé par des indicateurs clairement définis différenciant les hommes et les femmes, ainsi que les tranches d’âge (adulte et enfant). En

résumé

Page 5: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

RÉSU

v

outre, tout au long de la politique et des plans d’investissement, les objectifs stratégiques et les indicateurs devraient faire référence à la nutrition lorsqu’ils traitent de la productivité et d’autres questions. Il incombe au gouvernement de s’assurer que la population de son pays a accès à une nutrition de bonne qualité.

Selon The Lancet, même avec une mise en œuvre couvrant 90 % de la population dans les pays durement touchés, les interventions spécifiques à la nutrition ne permettraient de réduire le retard de croissance que de 20 % à travers le monde. C’est pourquoi, outre les interventions spécifiques à la nutrition, Save the Children prône depuis longtemps la nécessité d’adopter une approche multisectorielle, employant également des interventions sensibles à la nutrition, afin de s’attaquer aux causes sous-jacentes et interdépendantes de la malnutrition, en promouvant l’allaitement maternel exclusif, la génération de revenus, l’autonomisation des femmes, une bonne hygiène et un changement des comportements sociaux3. Le changement des comportements sociaux consiste à transformer la manière dont la société est organisée afin de modifier les pratiques fondamentales, comme la façon de préparer et de consommer les aliments.

Ce rapport examine le lien entre l’agriculture et la nutrition dans les pays en voie de développement, en se concentrant sur la place qu’occupe actuellement la nutrition dans les politiques agricoles, aussi bien à l’échelle mondiale qu’au niveau local. Il suggère des moyens de mettre en œuvre des interventions sensibles à la nutrition à travers les politiques gouvernementales et les structures de gouvernance existantes.

Les conclusions se basent sur une évaluation des politiques agricoles de 15 pays africains et des plans de 18 pays africains dans le cadre du PDDAA. En règle générale, les plans agricoles africains se concentrent principalement sur la production et n’accordent que peu d’importance à la nutrition. D’un côté, cela n’est pas surprenant, étant donné la nécessité d’améliorer la production alimentaire dans le cadre du développement économique et de la croissance démographique. Mais les conclusions révèlent également des exceptions à la règle notables, qui offrent des leçons importantes aux pays qui souhaitent aujourd’hui améliorer la nutrition infantile

et favoriser leur développement économique à court et à long termes.

Des études de cas au Malawi et en Éthiopie montrent qu’au niveau des districts, un solide leadership est nécessaire pour intégrer la nutrition dans les programmes agricoles afin de promouvoir une plus grande diversité alimentaire au sein des ménages. Deux modèles sont proposés et impliquent tous deux une étroite collaboration entre les différents ministères concernés.

Des changements individuels au niveau des politiques et des programmes permettraient d’attirer davantage l’attention sur la nutrition dans le secteur agricole, mais aussi de s’assurer que les agronomes et autres parties prenantes se concentrent sur (et rendent compte de) l’amélioration de la diversité alimentaire et d’autres actions contribuant à améliorer la nutrition. Il est faux de penser que le développement des cultures entraînera automatiquement une amélioration de la nutrition et une réduction du retard de croissance.

Pour veiller à ce que des approches sensibles à la nutrition soient intégrées dans les politiques agricoles, nous recommandons à l’Union africaine :• des’engageràveilleràcequelesplans

d’investissement agricoles incluent des objectifs en matière de nutrition et des mesures appropriées pour évaluer les progrès réalisés par rapport à ces objectifs

• d’inclureunindicateurspécifiquesurleretarddecroissance dans le cadre des résultats du PDDAA. Cet indicateur devrait être adopté par le ministère de l’Agriculture de chaque pays et s’accompagner de mesures visant à garantir des impacts

• d’établirunmécanismeconjointd’examenparles pairs chargé d’évaluer les progrès de la mise en œuvre du PDDAA. L’examen conjoint annuel du cadre de politique et d’investissement de l’Éthiopie (plan d’investissement dans le cadre du PDDAA) fournit une norme de qualité utile

• demettreenplaceunprocessusdecomparaisondes performances au niveau régional qui permettrait aux citoyens de voir comment leur pays s’en sort par rapport aux autres pays

• dedévelopperdesliensinstitutionnelsentrelesresponsables des plans agricoles nationaux et les responsables des plans de renforcement de la nutrition (mouvement SUN).

Page 6: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

L’AG

RIC

ULT

UR

E SE

NSI

BLE

à L

A N

UT

RIT

ION

vi

Nous recommandons aux gouvernements des pays durement touchés :• d’inclureexplicitementl’améliorationdela

nutrition en tant qu’objectif dans leurs politiques agricoles et leurs plans d’investissement agricole (plans dans le cadre du PDDAA), et plus précisément : – de mettre en place des mécanismes de

coordination multisectoriels pour veiller à ce que tous les ministères concernés adhèrent aux décisions sur les politiques

– de créer un groupe de travail interministériel chargé de superviser la mise en œuvre des politiques et de contrôler les progrès réalisés par rapport à un ensemble d’indicateurs fixés d’un commun accord

– d’adapter les mécanismes de politiques au niveau des districts afin d’améliorer la coordination et l’intégration des questions liées à la nutrition entre les ministères de l’Agriculture et de la Santé

– lorsque nécessaire, d’étudier la possibilité d’utiliser les réseaux agricoles pour mener à bien les interventions sur la nutrition – par exemple, un service de vulgarisation plus unifié pourrait transmettre des messages à la fois sur l’agriculture et la nutrition. Plusieurs services de vulgarisation gouvernementaux ont adopté ce paradigme

– d’élever le niveau de la biodiversité agricole en investissant dans les marchés des semences pour générer une entreprise et des cultures plus diversifiées, et ainsi promouvoir une plus grande diversité de l’alimentation.

Nous recommandons aux donateurs d’encourager les gouvernements à placer la nutrition en première ligne dans les plans agricoles, en prenant les mesures suivantes :• renforcerlesrésultatsenmatièredenutrition

obtenus par des initiatives comme la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition en travaillant avec les pays participants pour fixer des objectifs, des résultats et des mesures de lutte contre la malnutrition propres à chaque pays, en s’assurant que les indicateurs relatifs à la nutrition dans le cadre des résultats soient mis en œuvre et intégrés dans les plans agricoles nationaux.

• développerunoutilpermettantauxagronomeset aux décideurs d’évaluer les éléments nutritifs présents dans les cultures. Un tel outil de contrôle, disponible dans un format de données libres, pourrait permettre aux agronomes de tenir compte de ce qu’impliquent les cultures et les entreprises qu’ils défendent en termes d’impact sur la nutrition infantile.

• veilleràcequelescomitéstechniquesdedonateurs basés dans les pays incluent des représentants de la société civile pour garantir l’exécution des responsabilités et refléter les voix de la société civile dans le processus de planification.

Page 7: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

RÉSU

vii

PHO

TO

: C

OLI

N C

RO

WLE

y/S

Av

E T

HE

CH

ILD

RR

EN

Martha, photographiée avec sa fille Juba, est membre d’un groupe de 200 agricultrices à Pagak, Sud Soudan. Elles font partie d’un programme de Save the Children destiné à aider les femmes à cultiver davantage d’aliments.

« Avant, nous ne cultivions pas beaucoup de légumes » explique Martha. « Aujourd’hui, nous faisons pousser des haricots, des tomates, de l’okra, du chou frisé et du chou pommé. Après

cette récolte, j’essaierai d’utiliser ce que j’ai appris pour produire davantage l’année prochaine. »

La diversification de l’agriculture est un principe important de sensibilité à la nutrition pour améliorer la diversité alimentaire. La rotation – planter différentes cultures – supprime l’accumulation des ravageurs et maladies des cultures, et améliore la fertilité et la structure du sol.

Page 8: L'agricuLture sensibLe à La nutrition
Page 9: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

1

En 2011, 3,1 millions d’enfants de moins de cinq ans sont morts de malnutrition – un fléau responsable de près de la moitié (45 %) des décès d’enfants4. Les millions d’enfants qui survivent à la malnutrition ont un organisme davantage vulnérable aux maladies et présentent des problèmes de développement cognitif. Cet état, que l’on appelle retard de croissance, enferme des millions d’enfants dans la pauvreté en restreignant leur développement cognitif et physique et donc leurs chances dans la vie – en tant qu’enfants puis en tant qu’adultes.

Les 1 000 premiers jours de la vie d’un enfant – en comptant depuis le début de la grossesse d’une femme jusqu’aux deux ans de l’enfant – représentent une « fenêtre d’opportunité » pour la nutrition, car le cerveau et le corps d’un enfant se développent rapidement au cours de cette période. Les 1 000 premiers jours sont donc cruciaux, car même si l’état nutritionnel d’un enfant s’améliore après l’âge de deux ans, les dommages occasionnés durant les deux premières années sont pour la plupart irréversibles et ont un impact dévastateur sur le futur potentiel de l’enfant5, 6. Lorsque les enfants qui ont souffert de malnutrition atteignent l’âge adulte, ils ont une plus grande probabilité de gagner 20 % de moins que ceux qui ont été bien nourris7. On estime que la malnutrition empêche le développement de 165 millions d’enfants à travers le monde chaque année ; 80 % des enfants souffrant d’un retard de croissance sont concentrés dans à peine 14 pays8.

La malnutrition est depuis trop longtemps la Cendrillon du développement – avec une attention insuffisante accordée à son impact sur la santé et le développement des enfants, ainsi qu’à ses conséquences sur la croissance économique nationale. Les choses commencent toutefois à changer, avec des initiatives phares comme le

mouvement pour le Renforcement de la nutrition (mouvement SUN), qui compte aujourd’hui 47 pays membres qui se sont tous engagés à intégrer la nutrition dans leurs cadres de politiques. De même, les donateurs commencent à accorder bien plus d’attention à la nutrition à travers diverses initiatives, comme l’initiative des 1 000 jours et l’Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition. Le sommet Nutrition pour la croissance organisé à Londres en juin 2013 a, en outre, permis d’obtenir des promesses de financement de plus de 23 milliards de dollars pour des interventions destinées à améliorer la nutrition chez les enfants et les femmes enceintes d’ici 2020.

Une grande partie de ces investissements a été consacrée à des interventions sensibles à la nutrition, que The Lancet définit comme des « interventions ou des programmes qui s’attaquent aux facteurs sous-jacents de la nutrition et du développement chez le fœtus et l’enfant – sécurité alimentaire, soins adéquats, ressources offertes aux mères, aux ménages et aux communautés et accès à des soins de santé et à un environnement sûr et hygiénique – et intègrent des objectifs et des mesures spécifiques » 9.

Malgré l’intérêt grandissant des décideurs et des donateurs, les liens explicites entre les politiques relatives à la malnutrition et à l’agriculture n’ont fait l’objet que d’une attention relativement limitée au niveau des pays. La plupart des plans agricoles et des cadres d’investissement africains cherchent avant tout à accroître le rendement et la productivité et non à améliorer l’état nutritionnel des enfants ou d’autres groupes vulnérables.

Bien que les plans agricoles nationaux aient raison de se concentrer sur l’amélioration de la croissance économique, il est impératif qu’ils accordent aussi suffisamment d’attention au problème de la malnutrition infantile, étant donné ses effets invalidants sur le développement économique et la prospérité des pays.

1 le lien enTre la nuTriTion eT l’agriCulTure

Page 10: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

L’AG

RIC

ULT

UR

E SE

NSI

BLE

à L

A N

UT

RIT

ION

2

LA MALNUTRITION FREINE LE DÉvELOPPEMENT ÉCONOMIqUE ET AGRICOLE

Les impacts de la sous-nutrition sur le développement économique se répercutent négativement sur le secteur agricole, de trois façons. Premièrement, la malnutrition étant responsable de 45 % des décès d’enfants, celle-ci a un effet déterminant sur le nombre de jeunes qui pénètrent dans le secteur agricole.

Deuxièmement, le taux de retard de croissance est, le plus souvent, plus élevé dans les zones rurales que dans les zones urbaines. La figure 1 illustre le rapport du retard de croissance dans chacun de ces pays. Ceci est important en raison des impacts du retard de croissance sur la force physique – essentielle au travail manuel agricole. Des données recueillies dans le cadre d’une étude au Guatemala laissent entendre que la sous-nutrition diminue la force physique et accroît la vulnérabilité aux maladies. Cette étude en particulier a démontré l’existence de liens statistiquement significatifs (pas moins de 22 %) entre le retard de croissance et la force manuelle à l’âge de 24 ans.

Troisièmement, la malnutrition est à la fois un résultat et un élément moteur de l’inégalité. Dans les pays en voie de développement, les enfants nés dans les

40 % des familles les plus pauvres ont presque trois fois plus de risques de souffrir de malnutrition que ceux nés dans les 10 % des familles les plus riches10 – et gagneront probablement moins que leurs pairs plus riches (et mieux nourris). L’écart entre les 40 % des familles les plus pauvres et les 10 % des familles les plus riches en termes de retard de croissance a en réalité augmenté dans de nombreuses régions du monde entre les années 1990 et les années 2000 (voir figure 2)11. En Éthiopie, l’impact économique d’une mauvaise nutrition transparaît au niveau de la population en âge de travailler, à travers un niveau scolaire plus faible, qui entraîne une productivité plus limitée et un potentiel de revenus moindre12. Bon nombre des personnes ayant souffert de malnutrition étant jeunes deviendront des travailleurs manuels. En Ouganda, les enfants souffrant d’un retard de croissance affichent un niveau scolaire inférieur de 1,2 an, ce qui aura un impact sur leur potentiel de revenus. La perte économique dans les activités non manuelles est estimée à 241 milliards de shillings ougandais (98 millions de dollars), soit l’équivalent de 0,7 % du PIB en 2009.

Se tournant vers l’avenir, de nombreux plans nationaux d’investissement agricole cherchent à augmenter la production, dans le but d’accroître l’approvisionnement alimentaire dans leur pays. Une hausse de l’approvisionnement alimentaire

FIGURE 1 RAPPORT (RURAL-URBAIN) DES TAUx DE RETARD DE CROISSANCE DANS CERTAINS PAyS DUREMENT TOUCHÉS

Source : Dobson R: 2007. BMJ v335 (7616): 367 – Urban Children healthier than rural children in developing world (Dans les pays en développement, les enfants des milieux urbains sont en meilleure santé que les enfants des milieux ruraux).

0 0,5 1 1,5 2

Ouganda

Éthiopie

Nigeria

Tanzanie

Kenya

RDC

Pakistan

Inde

Bangladesh

Égypte

Page 11: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

1 LE LIEN EN

TR

E LA N

UT

RIT

ION

ET L’A

GR

ICU

LTU

RE

3

pourrait augmenter la transformation des produits agricoles. Or, une hausse de la production agricole ou de la transformation ne signifie pas automatiquement une meilleure nutrition, car cela dépend des produits agricoles disponibles. En outre, une hausse de la production a des implications au niveau des ressources humaines et du marché du travail. Une production et une transformation accrues nécessiteront probablement plus de main-d’œuvre et relèveront par ailleurs le niveau de gestion requis : la gestion de ces procédures est complexe et requiert de nombreuses heures de travail au niveau de l’encadrement. Il faudra alors se préoccuper de la disponibilité des ressources et du temps nécessaires à l’encadrement.

Le rapport Food for Thought (Nourrir la réflexion) publié par Save the Children en 2013, qui s’est penché sur le moyen d’exploiter le potentiel des enfants et de booster la prospérité des pays en améliorant la nutrition, a souligné les impacts sur le développement cognitif que pouvait avoir la sous-nutrition durant les 1 000 premiers jours de la vie d’un enfant. Par exemple, les enfants ayant souffert de malnutrition obtiennent des notes inférieures de 7 % aux contrôles de mathématiques, ont 19 % de chances en

moins de savoir lire une phrase simple à huit ans et ont 13 % de chances en moins de se trouver dans la classe appropriée à leur âge13.

La perte potentielle de revenus engendrée par la malnutrition infantile pourrait coûter à l’économie mondiale la prodigieuse somme de 125 milliards de dollars d’ici 203014. Ces faits sont corroborés par une évaluation du coût de la faim réalisée par la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), qui démontre que la sous-nutrition infantile a des impacts invalidants sur les économies nationales, en réduisant le produit intérieur brut (PIB) de pas moins de 16 %.

Les pertes au niveau de la distribution et du coût de productivité ont été estimées dans quatre pays africains et sont présentées en termes de productivité. Elles font considérablement baisser le PIB, respectivement de 3,9 %, 16 % et 2,9 % pour l’Ouganda, l’Éthiopie et le Swaziland (voir tableau 1)15. Étant donné que dans ces trois pays, une part importante de la population travaille dans l’agriculture, la perte de productivité est considérable. (Par exemple, 88 % de la population ougandaise est impliquée dans l’agriculture.)16

Source : Comparative Health Systems : Global perspectives. Publié par Johnson JA et Stoskopf CH Oct. 2010.

FIGURE 2 ÉvOLUTION DU RAPPORT DE RETARD DE CROISSANCE ENTRE LES 10 % LES PLUS RICHES ET LES 40 % LES PLUS PAUvRE

Le

« r

atio

de

Pal

ma

» d

e la

pré

vale

nce

du

ret

ard

de

cro

issa

nce

ch

ez le

s m

oin

s d

e 5

ans

dan

s le

s 4

0 %

les

plu

s p

auvr

es p

ar

rap

po

rt a

ux

10 %

les

plu

s ri

ches

(m

oye

nn

e p

on

dér

ée e

n

fon

ctio

n d

e la

po

pu

lati

on

)7

6

5

4

3

2

1

0MondeAmérique latine

et CaraïbesAsie du Sud

et du Sud-estAfrique

sub-saharienneAfrique du Nord/

Asie Centrale et de l’Ouest/

Europe

Années 1990

Années 2000

Page 12: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

L’AG

RIC

ULT

UR

E SE

NSI

BLE

à L

A N

UT

RIT

ION

4

Ces pertes de production représentent un grand nombre de personnes qui feraient autrement partie de la main-d’œuvre et contribueraient à la production nationale (voir tableau 2). Étant donné que la plupart des petits exploitants agricoles manquent de main-d’œuvre, une main-d’œuvre supplémentaire (de potentiellement 567 000, 175 000 et 3,2 millions de personnes en Ouganda, au Swaziland et en Éthiopie, respectivement) pourrait faire une différence importante au niveau de la production et de la croissance. Aucun de ces pays ne peut se permettre d’avoir des pertes de productivité d’un tel niveau. En Éthiopie et en Ouganda, des engagements politiques forts visant la réduction de ces pertes ont été pris. Dans le rapport sur le coût de la faim en Éthiopie, l’avant-propos rédigé par le ministère éthiopien de la Santé a salué le rapport comme étant « rien moins qu’un appel à l’action ». La publication du rapport a coïncidé avec le lancement du Programme national de nutrition (National Nutrition Plan, NNP). Le

récent examen annuel conjoint du cadre de politique et d’investissement a demandé à ce que la question de la nutrition soit davantage mise en avant. Dans leur ensemble, ces mesures démontrent que la nutrition occupe une place importante aux yeux du gouvernement éthiopien. En Ouganda et au Swaziland, les évaluations du coût de la faim ont engendré un niveau de priorité et un sens de l’urgence similaires.

LES LIENS ÉTROITS ENTRE L’AGRICULTURE ET LA NUTRITION

L’agriculture et la nutrition sont étroitement liées, fournissant aux populations – quel que soit leur âge – leur apport nutritif quotidien. Les produits agricoles fournissent l’énergie, les protéines, les vitamines et les minéraux (calcium, phosphore et fer) et sont donc essentiels pour lutter contre la malnutrition, en particulier chez les enfants et les groupes vulnérables.

TABLEAU 2 : STATISTIqUES SUR LE COûT DE LA FAIM POUR TROIS PAyS D’AFRIqUE SUB-SAHARIENNE

Pays Perte économique – non manuelle (en dollars)

Coût économique des heures de travail perdues (en dollars)

Baisse de la productivité dans les activités manuelles (en dollars)

Coût total(en dollars)

% du PIB

Éthiopie 33 066 125 2 120 041 218 680 209 871 2 833 317 213 16,0

Ouganda 94 055 459 256 185 869 163 453 861 513 695 189 3,9

Swaziland 25 894 415 12 998 790 35 076 100 73 969 305 2,9

Sources : rapports sur le coût de la faim pour l’Éthiopie, le Swaziland et l’Ouganda, sept 2013

TABLEAU 1 : COûT DE LA MALNUTRITION POUR LES ÉCONOMIES NATIONALES (DANS LA DEvISE LOCALE, EN DOLLARS ET EN POURCENTAGE DU PIB)

Pays Pertes dues à la malnutrition (devise locale)

Pertes dues à la malnutrition (dollars)

Équivalent en % du PIB

Égypte 20,3 milliards EGP 3,7 milliards $ 1,9

Éthiopie 55,5 milliards ETB 4,7 milliards $ 16,5

Ouganda 1,8 trillion UGx 899 millions $ 5,6

Swaziland 783 millions SZL 76 millions $ 3,1

Source : rapports individuels d’évaluation du coût de la faim pour l’Égypte, l’Éthiopie, le Swaziland et l’Ouganda ; publiés par chaque gouvernement en collaboration avec la CEA, la BAD, AFC, le PAM et d’autres. Sept 2013

Page 13: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

1 LE LIEN EN

TR

E LA N

UT

RIT

ION

ET L’A

GR

ICU

LTU

RE

5

De plus, une grande partie des enfants et des adultes souffrant de malnutrition vivent dans des zones rurales et dépendent de l’activité de petites exploitations agricoles. Une analyse des données d’enquêtes démographiques et de santé (EDS) montre que les personnes vivant dans des zones rurales ont entre 1,3 et 3,3 fois plus de risques de souffrir d’un retard de croissance que celles qui vivent dans des zones urbaines (voir figure 1, page 2)17. Dans certains pays, comme le Malawi, l’agriculture fournit jusqu’à 80 % des emplois et représente 29 % du PIB18. De ce fait, les productions résultant de l’agriculture, ainsi que les interventions visant à améliorer l’état nutritionnel des personnes

impliquées dans la production alimentaire, pourraient avoir un impact majeur sur la réduction de la prévalence du retard de croissance.

La série de documents publiée en 2013 par The Lancet sur la nutrition maternelle et infantile offre un aperçu utile de la façon dont les facteurs directs et immédiats peuvent influer sur l’état nutritionnel19. Les facteurs directs incluent (mais ne se limitent pas à) la nutrition avant la conception et la santé des adolescentes, la diversité alimentaire et les interventions sur la nutrition dans les situations d’urgence. Les approches sensibles à la nutrition incluent (mais sans s’y limiter) les filets de sécurité,

PHO

TO

: JIRO

OSE/SA

vE T

HE C

HILD

REN

Awatash, mère de trois enfants au Tigray, en Éthiopie, a reçu cinq moutons dans le cadre d’un programme de Save the Children. Elle a également bénéficié d’une formation sur la culture de légumes dans son jardin pendant la saison des pluies.

« Avant d’avoir reçu les moutons, j’avais des difficultés à nourrir mes enfants » explique Awatash. « Nous prenions deux repas par jour, composés uniquement de céréales. Mes enfants avaient des problèmes de santé : maladies de la peau, diarrhée, problèmes visuels, et maigreur. »

« Aujourd’hui, je donne du lait à mes enfants tous les jours. Leur santé s’est améliorée et ils ne sont plus trop maigres » affirme-t-elle.

Le bétail est une source importante de nutrition et de revenus. Mais l’accès à des pâturages communs et l’apport d’eau potable pour les animaux sont susceptibles d’avoir un impact sur la charge de travail des femmes. L’impact négatif doit être atténué.

Page 14: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

L’AG

RIC

ULT

UR

E SE

NSI

BLE

à L

A N

UT

RIT

ION

6

le développement des jeunes enfants, l’eau et l’assainissement, et l’agriculture et la sécurité alimentaire. Fournir un environnement des politiques qui donne la priorité aux facteurs directs mentionnés ci-dessus et qui facilite leur mise en œuvre est tout aussi important.

La première chose à faire pour analyser les approches agricoles sensibles à la nutrition est de répertorier les différentes voies que l’agriculture pourrait emprunter pour avoir un impact sur la nutrition. Bien que de plus en plus de documents traitent des interventions agricoles sensibles à la nutrition, ils ont généralement tendance à se concentrer sur un type de données défini très précisément, provenant principalement d’une étude exhaustive de la documentation existante. Or, à ce jour, très peu de mesures ont été prises pour recueillir ce type de données. Un recensement systématique a permis de révéler l’existence de plus de 7 000 articles de recherche pertinents, mais seuls 23 ont pu être inclus dans l’étude en raison des critères applicables aux types de données20.

Les principales difficultés pour garantir la durabilité des approches sensibles à la nutrition résident notamment dans la création d’un modèle d’entreprise viable, basé sur des éléments concrets, que les petits exploitants agricoles puissent suivre. Ce modèle doit générer assez de revenus pour permettre aux petits exploitants agricoles et à leurs familles de gagner leur vie. Mais il doit également fixer des objectifs et des cibles adéquats en matière de nutrition pour garantir que les familles adoptent durablement une alimentation diversifiée riche en éléments nutritifs ; par conséquent, les plans agricoles doivent intégrer des indicateurs appropriés permettant de mesurer les progrès réalisés par rapport à ces objectifs et à ces cibles. Il peut être difficile aussi de faire en sorte que les politiques conservent la volonté d’adopter

des approches sensibles à la nutrition, en raison des divers problèmes et intérêts qui s’opposent. Mais les bénéfices qui pourraient en découler n’en exigent pas moins. Maintenir et développer l’élan politique et un leadership politique clair au niveau des pays, des régions, des provinces, des districts et des collectivités locales est vital. C’est sans doute aux niveaux administratifs inférieurs que les bénéfices d’une meilleure nutrition se manifesteront et qu’ils pourront être consolidés.

De nombreux facteurs influent sur la diversité alimentaire des ménages, comme les besoins de main-d’œuvre, les conditions de marché, la politique agricole et d’autres influences comme les préférences alimentaires et les habitudes de consommation. Pour pouvoir consommer l’apport journalier recommandé en vitamines et minéraux, les personnes doivent avoir accès à suffisamment d’aliments nutritifs, à des normes sociales promouvant de bonnes pratiques nutritionnelles et une plus grande consommation d’aliments nutritifs, ainsi qu’à des revenus leur permettant d’acheter des aliments nutritifs (si elles ne les font pas pousser ou ne les produisent pas elles-mêmes). S’assurer que des aliments nutritifs sont disponibles localement à un prix abordable est l’une des premières choses à faire pour le secteur agricole.

Le reste de ce rapport s’intéresse aux cadres de politiques et à la gouvernance qui orientent la nutrition et l’agriculture dans 18 pays africains (voir annexe 2). Nous avons choisi de nous concentrer sur deux pays (l’Éthiopie et le Malawi) afin d’étudier la façon dont les systèmes agricoles sont gérés aux niveaux local et des districts, en soulignant les principaux enseignements que l’on peut en tirer sur les types d’aide nécessaires pour permettre aux plans établis dans le cadre du PDDAA d’atteindre leurs objectifs de réduction de la sous-nutrition.

Page 15: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

7

L’absence de progrès réalisés à ce jour au niveau de l’amélioration de la nutrition infantile résulte en grande partie d’un manque de volonté politique et de l’absence d’un solide leadership. Toutefois, la situation évolue aujourd’hui, en partie grâce aux efforts du mouvement pour le Renforcement de la nutrition (mouvement SUN) et d’autres initiatives phares visant à imposer la question de la nutrition sur la scène internationale.

De nombreux pays ont entrepris d’élaborer des plans de nutrition nationaux et affectent les ressources nécessaires à leur mise en œuvre. Cependant, bien que bon nombre de ces plans aient été élaborés et « adoptés » par des plateformes regroupant les diverses parties prenantes, ils doivent encore être intégrés dans les programmes de tous les secteurs concernés.

Les politiques agricoles et les plans d’investissement établis dans le cadre du PDDAA définissent la priorité accordée à la production agricole. Or, l’objectif d’amélioration de la nutrition infantile est remarquablement absent dans la moitié des plans et des politiques que Save the Children a analysés. En étudiant les politiques agricoles nationales de 15 pays africains, Save the Children a remarqué qu’il est fait 22 fois référence à la production ou à la productivité dans les résultats des « objectifs stratégiques », tandis que la nutrition ou la sécurité nutritionnelle n’est mentionnée que cinq fois.

Save the Children a également noté la fréquence à laquelle certains mots clés relatifs à la nutrition étaient mentionnés dans les différents éléments composant les 18 plans nationaux établis dans le cadre du PDDAA, pour avoir une idée de

l’importance qui leur est accordée. Les mots « nutrition » ou « sécurité nutritionnelle » ont été inclus dans le « but » de seulement quatre des 18 plans, et mentionnés dans l’« objet » de trois plans seulement sur les 18. Les plans se concentrent principalement sur la production des cultures et accordent la priorité à un éventail limité de denrées de base (maïs, riz et blé).

Il n’est évidemment pas surprenant que les plans se concentrent sur la productivité et il n’est nullement question de contester le fait que chaque pays doive définir ses propres priorités. Mais pour réellement progresser sur la question de la malnutrition infantile, il est impératif que la nutrition devienne une priorité plus explicite et soit mieux intégrée dans ces plans. Il ressort de notre analyse que neuf 21 de ces 18 plans incluent un élément relatif à la nutrition qui peut être exploité (voir Tableau 3 : comparaison entre le budget envisagé par les plans nationaux du PDDAA (par habitant) et les taux de retard de croissance). On note cependant des écarts considérables au niveau des investissements prévus par habitant. Certains pays dépensent plus de 200 dollars par habitant, tandis que le Burkina Faso investit 3,12 dollars par habitant et le Nigeria 8,27 dollars. Les plans d’investissement agricole ont pour objectif d’améliorer la croissance agricole et économique et de garantir une meilleure sécurité alimentaire. De nombreux pays comptent essentiellement des économies agraires et devront investir massivement pour transformer l’économie (ou le secteur) agricole. Certaines économies plus industrialisées, comme le Nigeria, peuvent sans doute justifier le niveau inférieur des investissements, mais l’agriculture représente néanmoins la base du processus d’industrialisation et la nécessité de réduire le retard de croissance constitue une priorité.

2 les Cadres de poliTiques régissanT l’agriCulTure eT la nuTriTion

Page 16: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

L’AG

RIC

ULT

UR

E SE

NSI

BLE

à L

A N

UT

RIT

ION

8

Le plan d’investissement PDDAA du Ghana (Plan d’investissement à moyen terme pour le secteur agricole (METASIP) 2011–2015) définit la carence en micronutriments comme un « tueur silencieux »22. Il vise une modernisation de l’agriculture qui entraînerait une transformation structurelle de l’économie, et

se manifesterait par une amélioration de la sécurité alimentaire et par une réduction de la pauvreté. Au niveau des résultats, le plan intègre un indicateur relatif aux niveaux d’autosuffisance alimentaire, avec pour cible (2015) « d’atteindre 100 % d’autosuffisance alimentaire ». Le plan d’investissement du Ghana

TABLEAU 3 : COMPARAISON ENTRE LE BUDGET ENvISAGÉ PAR LES PLANS NATIONAUx DU PDDAA (PAR HABITANT) ET LES TAUx DE RETARD DE CROISSANCE

Pays Dépenses du PDDAA par habitant (en dollars)

Taux de retard de croissance (%)

Année de mesure

Bénin 96,16 44,70 2006

Burkina Faso 3,12 35,10 2010

Burundi 119,00 57,50 2010/11

Éthiopie 191,65 44,20 2010/11

Ghana 28,66 28,60 2008

Kenya 69,67 35,20 2008/09

Liberia 220,70 39,40 2006/07

Nigeria 8,27 36,00 2011

Mali 47,39 38,50 2006

Niger 64,57 54,80 2006

Togo 185,76 29,80 2010

Rwanda 55,86 44,30 2010/11

Sénégal 300,12 15,50 2012

Sierra Leone 65,10 32,60 2010

Tanzanie 227,66 42,50 2009/10

Malawi 81,32 47,80 2010

Gambie 160,47 27,60 2005/06

Ouganda 29,87 33,70 2011

Seychelles 0,00 7,70 1987/88

Côte d’Ivoire 0,00 39,00 2007

Cap vert 0,00 21,40 1994

Guinée-Bissau 0,00 27,70 2008

Mozambique 0,00 43,10 2011

Source : Organisation mondiale de la santé, Système d’information sur le paysage nutritionnel

Page 17: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

2 LES CA

DR

ES DE PO

LITIq

UES R

ÉGISSA

NT

L’AG

RIC

ULT

UR

E ET LA

NU

TR

ITIO

N

9

a pour vision une « agriculture modernisée, une économie structurellement transformée, une sécurité alimentaire évidente, des possibilités d’emploi et une réduction de la pauvreté ». La mission du plan (« promouvoir une agriculture durable et une industrie agroalimentaire florissante ») ne tient pas compte de la nutrition. Le cadre des résultats, qui se concentre sur la sécurité alimentaire et l’anticipation des catastrophes, inclut néanmoins un indicateur de résultat sur le retard de croissance chez les enfants, mesuré une fois par an. Fixer un objectif précis lié à la nutrition infantile dans le cadre des plans agricoles nationaux est un premier pas positif important vers l’amélioration des résultats en matière de nutrition.

Or, dans le cadre des résultats du METASIP, les résultats spécifiques des sous-programmes visent une augmentation de 50 % ou de 25 % par rapport à la base de référence. Le sous-programme relatif au niébé vise une augmentation de 25 % par rapport à l’indicateur de référence. Les résultats spécifiques prévus sont détaillés par culture (ex : pour le niébé, une hausse de 25 % de la production par rapport à la base de référence). Des résultats distincts sont également énumérés concernant la réduction du nombre d’enfants souffrant d’insuffisance pondérale et de retard de croissance (insuffisance pondérale et retard de croissance réduits de 50 % d’ici 2015). Les domaines des résultats sont mentionnés de façon individuelle et bien distincte. Il serait peut-être utile d’établir un lien entre les cibles atteintes au niveau de l’agriculture et les cibles atteintes au niveau du retard de croissance et/ou de l’insuffisance pondérale. Un cadre de résultats plus intégré, reliant l’agriculture aux résultats globaux ou spécifiques en matière de nutrition, est nécessaire.

La stratégie de développement du secteur agricole du Kenya (ASDS), qui met en œuvre les priorités du plan national établi dans le cadre du PDDAA23, se concentre sur la hausse de la production et le développement de la commercialisation, et inclut un domaine thématique complémentaire sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Aucun cadre de résultats n’étant apparemment inclus, on ignore quels indicateurs sont contrôlés.

L’utilisation d’objectifs appropriés liés à la nutrition constitue un facteur important pour déterminer si une politique apporte un changement tangible. Une fois les objectifs fixés, des mesures d’appui doivent être intégrées dans le plan (à tous les niveaux) pour garantir leur réalisation. De même, l’identification

d’indicateurs appropriés permettra de suivre les progrès réalisés par rapport à la concrétisation de ces objectifs. Au niveau des districts et sur le terrain, les responsables des programmes devront obtenir des résultats positifs par rapport aux indicateurs fixés dans le cadre de l’objet et des produits (« ce qui peut être mesuré peut être géré »).

L’Éthiopie (voir encadré) et le Burundi offrent tous deux des exemples de bonnes pratiques, car leur plan agricole national inclut des cibles clairement définies en matière de nutrition au niveau de l’objet et des produits. Le Bénin, la Gambie, le Nigeria et l’Ouganda intègrent un indicateur relatif à la nutrition au niveau du but. Une analyse exhaustive des cadres logiques des plans PDDAA et de la mesure dans laquelle la nutrition est intégrée dans les 18 plans est fournie en annexe 2. Neuf des 18 plans analysés incluent explicitement le but ou l’objet d’améliorer la nutrition, allant du Rwanda (pour qui la priorité est d’« assurer une sécurité alimentaire et nutritionnelle pour tous les Rwandais ») à la Tanzanie (qui intègre, au niveau de son objet, un indicateur visant à « améliorer l’état nutritionnel du pays, y compris celui des enfants et d’autres groupes vulnérables »). D’autres pays, comme l’Ouganda, intègrent un indicateur relatif à l’« amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages ». Ces objectifs stratégiques sont un premier pas dans la bonne direction, mais pourraient être définis plus précisément pour permettre de bien comprendre et de contrôler le moyen de les concrétiser.

Le plan PDDAA du Burundi et le Cadre de politique et d’investissement dans le secteur agricole (PIF) de l’Éthiopie indiquent que le retard de croissance chez les enfants doit être réduit de 3 % par an. Le plan d’investissement du PDDAA est donc lié à l’obtention d’une réduction du retard de croissance. Il s’agit d’indicateurs précis, quantifiables et définis dans le temps par rapport auxquels les progrès peuvent être mesurés. Ces démarches positives représentent un modèle pour les autres pays, car leur ministère de l’Agriculture respectif sera obligé de rendre compte des progrès réalisés par rapport à ces cibles. Les autres pays devraient fixer des cibles similaires et évaluer les progrès réalisés par rapport à ces cibles.

Ces deux exemples sont à mettre en avant en raison de la priorité qu’ils accordent à la nutrition et aux liens qu’ils établissent avec l’agriculture. Les autres plans agricoles nationaux ne prévoient pas un tel niveau de priorité, une lacune bien regrettable.

Page 18: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

L’AG

RIC

ULT

UR

E SE

NSI

BLE

à L

A N

UT

RIT

ION

10

ÉTHIOPIE : COORDONNER LA CROISSANCE ET LA TRANSFORMATION, LES INvESTISSEMENTS DANS L’AGRICULTURE ET LA NUTRITION

L’Éthiopie enregistre une prévalence du retard de croissance considérée comme très élevée, qui touche 44 % des enfants éthiopiens de moins de cinq ans. Comme indiqué plus haut dans le tableau 1, cela coûte au gouvernement éthiopien environ 4,7 milliards de dollars par an24. L’économie éthiopienne met principalement l’accent sur l’agriculture, qui représente 46 % du PIB et fournit 85 % des emplois. Entre 2003 et 2009, l’Éthiopie a dépensé 13,7 % de son budget dans l’agriculture ; en 2011, ce chiffre avait augmenté et était estimé à 19,7 %. L’Éthiopie excède largement ses cibles fixées dans la Déclaration de Maputo, ce qui pourrait inciter les pays africains à investir 10 % des budgets nationaux dans le développement de l’agriculture. Mais en dépit de ce fait, la malnutrition persiste et touche des millions de personnes à travers le pays, une situation qui perdurera pendant au moins une génération.

En Éthiopie, trois politiques sont essentielles pour la nutrition et le développement agricole : la politique de croissance et de transformation (GTP), le cadre de politique et d’investissement (PIF) (qui constitue le plan d’investissement de l’Éthiopie dans le cadre du PDDAA) et le programme national de nutrition (NNP). Bien que ces trois cadres ne mettent pas l’accent sur les mêmes éléments et aient des objectifs différents, ils présentent néanmoins une forte cohérence. La GTP met largement l’accent sur la réduction de la pauvreté et la sécurité alimentaire, avec un pilier stratégique visant à « faire en sorte que l’agriculture reste une source majeure de croissance économique ». Elle ne fait cependant aucunement référence à la nutrition. Le PIF inclut un objectif de développement visant à « accroître durablement les revenus des populations rurales ainsi que la sécurité alimentaire et nutritionnelle ». Le premier objectif stratégique du NNP est

d’« améliorer l’état nutritionnel des femmes (15–59 ans) et des adolescents (10–19 ans) ». L’accent manifestement mis sur la nutrition dans ces deux plans est le bienvenu.

Le PIF inclut, parmi ses objectifs de développement, une réduction du retard de croissance et intègre un indicateur (une réduction de 3 % par an du nombre d’enfants souffrant d’un retard de croissance et d’insuffisance pondérale dans les zones rurales). Malgré cela, Save the Children a constaté, durant son analyse du PIF, que l’accent mis principalement sur la productivité agricole laisse peu de place à la question de la nutrition. Le PIF pourrait permettre d’utiliser les investissements réalisés dans l’agriculture de façon à ce qu’ils contribuent bien davantage à réduire la malnutrition. La présence d’un indicateur permettant de mesurer les progrès réalisés dans la lutte contre le retard de croissance chez les enfants dans le cadre du plan d’investissement PDDAA est très utile et pourrait facilement être intégrée par les autres pays du PDDAA.

Pour finir, le NNP vise à réduire la prévalence du retard de croissance de 44,4 % à 30 % d’ici 2015, un objectif globalement conforme à l’indicateur de nutrition du PIF.

Outre une certaine cohérence entre les politiques concernées, on observe également une bonne coordination entre les ministères à l’échelle nationale et au niveau des districts. La coordination est importante car elle facilite l’établissement de programmes multisectoriels et le partage des expertises, dans le but d’atteindre les objectifs de développement fixés. En Éthiopie, par exemple, le National Nutrition Coordinating Body (organisme de coordination nationale de la nutrition) remplit ce rôle et supervise les structures de coordination au niveau des woredas et des qebelés.

Page 19: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

2 LES CA

DR

ES DE PO

LITIq

UES R

ÉGISSA

NT

L’AG

RIC

ULT

UR

E ET LA

NU

TR

ITIO

N

11

L’ACCENT MIS SUR LA HAUSSE DE LA PRODUCTIvITÉ

Bien souvent, le budget consacré à un problème est ce qui témoigne le mieux de l’engagement politique pris en ce sens. Save the Children a analysé les budgets du PDDAA de cinq pays, sélectionnés en raison de l’importance stratégique qu’ils accordent à la réduction de la malnutrition et de la disponibilité des données. L’analyse montre que 58 % des dépenses prévues par le PDDAA dans ces pays sont affectées à l’agroalimentaire et à l’infrastructure du marché, 26 % à la poursuite du développement des services de vulgarisation agricole existants, 9,8 % à la recherche et au développement en agriculture et 5 % au renforcement des institutions communautaires à travers le développement des capacités et la formation (voir tableau 5). Ces affectations budgétaires indiquent que la plupart des investissements sont consacrés au développement de l’agriculture en tant qu’activité commerciale. Ces investissements pourraient cependant être exploités pour lutter contre la malnutrition si les entreprises parvenaient à générer des revenus permettant aux travailleurs et aux petits exploitants agricoles d’acheter suffisamment d’aliments nutritifs pour leur famille, en vendant les excédants de

production, en générant des revenus et en améliorant le pouvoir d’achat.

La plupart des plans établis dans le cadre du PDDAA ont fait l’objet d’un processus de consultation publique des parties prenantes locales, qui incluent des organisations de la société civile, des associations d’agriculteurs et le secteur privé. Le ministère de l’Agriculture du pays concerné s’est toutefois chargé de leur élaboration et de leur mise en œuvre ; comme on pouvait s’y attendre, la plupart des plans reflètent les priorités, les principes et les affectations des fonds traditionnels du ministère en question.

Les plans établis dans le cadre du PDDAA ont été rédigés aux environs de 2010, à une époque où la sphère politique n’accordait que relativement peu d’attention à la nutrition. La décision de l’UA de déclarer 2014 Année de l’agriculture et de la sécurité alimentaire reflète cependant le désir grandissant d’intégrer la nutrition dans divers plans sectoriels afin de parvenir à un développement global. C’est l’occasion idéale d’examiner les plans du PDDAA existants, de s’assurer qu’ils sont sur la bonne voie pour respecter le pilier « approvisionnement alimentaire et réduction de la faim » du cadre PDDAA et de prendre des mesures correctrices si nécessaire.

TABLEAU 4 : AFFECTATIONS PRÉvUES PAR LES PLANS D’INvESTISSEMENT DU PDDAA (EN DOLLARS)

Pays Systèmes de vulgarisation

Recherche et développement en agriculture

Agroalimentaire et infrastructure de marché

Renforcement des institutions communautaires

Ouganda 282 136 000 132 319 000 23 658 000 24 652 000

Éthiopie 0 0 152 000 000 0

Kenya 10 102 179 0 605 085 254 0

Malawi 101 778 500 6 519 850 85 806 500 35 912 000

Rwanda 11 750 000 13 460 157 26 653 637 30 300 000

Total 405 766 679 152 299 007 893 203 391 90 864 000

% du montant total affecté à l’agriculture

26,31 % 9,88 % 57,92 % 5,89 %

Source : analyse des plans d’investissement agricoles du PDDAA de l’Ouganda, de l’Éthiopie, du Malawi et du Rwanda.

Page 20: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

L’AG

RIC

ULT

UR

E SE

NSI

BLE

à L

A N

UT

RIT

ION

12

Save the Children estime que les objectifs concernant la faim et la sécurité alimentaire ne pourront être entièrement réalisés que lorsqu’une nutrition adéquate aura été atteinte, ce qui nécessite que les plans agricoles fassent de la nutrition une priorité et requiert une vision commune et cohérente entre tous les secteurs concernés.

Les priorités définies par chaque pays dans son document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), ainsi que les politiques de reprise économique

ou de développement qui orientent en général les priorités absolues des politiques gouvernementales représentent une autre opportunité d’encourager un développement agricole sensible à la nutrition. Intégrer la nutrition dans les objectifs de ces politiques et s’assurer que ceux-ci se traduisent par des politiques et des mesures précises (que ce soit dans le secteur agricole ou dans d’autres secteurs pertinents) est une démarche essentielle pour renforcer la cohérence au sein du gouvernement et ainsi parvenir à réduire la malnutrition.

Un programme de jardin potager établi par Save the Children à Tessaoua, au Niger

PHO

TO

: NyA

NI q

UA

RM

yN

E/SA

vE T

HE C

HILD

REN

Page 21: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

2 LES CA

DR

ES DE PO

LITIq

UES R

ÉGISSA

NT

L’AG

RIC

ULT

UR

E ET LA

NU

TR

ITIO

N

13

BIODIvERSITÉ ET NUTRITION

La patate douce à chair orange (PDCO) est riche en ß-carotène, précurseur de la vitamine A ou du rétinol. La PDCO a été distribuée par Harvest Plus et dans le cadre du programme Research into Use (De la recherche à la pratique) du DFID en Ouganda et ailleurs. Elle a été rapidement assimilée et la vitamine A a considérablement augmenté chez les femmes et les enfants25.

La fortification des denrées alimentaires est un mécanisme qui a fait l’objet d’attention car il pourrait permettre de palier aux carences en nutriments et à d’autres formes de malnutrition ; il est capital d’investir dans ce domaine. Les personnes les plus exposées à l’insécurité alimentaire dépendent souvent d’une production locale à petite échelle. La diversité alimentaire peut également améliorer la nutrition et la santé, avec des bienfaits qui se feront ressentir toute la vie au niveau des moyens de subsistance, du développement humain et de la productivité26.

Une nutrition équilibrée requiert non seulement des cultures diversifiées, mais aussi une certaine diversité au sein des cultures, car certaines cultures moins connues apportent davantage de micronutriments que les cultures des denrées de base27. De récentes données montrent comment ces systèmes contribuent dans la pratique à réduire les carences en micronutriments. Une étude montre que le développement de la biodiversité dans les rizières permet de pratiquer l’aquaculture en même temps que la riziculture, et qu’un système poissons-riz permet une hausse des revenus nets comprise entre 7 % et 65 % par rapport à une rizière en monoculture28.

On sait qu’une plus grande diversité des cultures et des systèmes d’exploitation agricole favorise diverses sources de revenus29, ce qui peut aussi permettre aux communautés de mieux résister aux crises économiques locales ou mondiales qui nuisent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle30. De même, en soutenant les systèmes agro-écologiques dont dépendent les populations, la biodiversité peut permettre aux populations de mieux résister aux effets néfastes du changement climatique – ce qui contribue également à réduire les impacts négatifs sur la nutrition.

La concentration de l’agriculture industrielle entre les mains d’un plus petit nombre d’entreprises qui produisent une variété de cultures relativement restreinte menace la biodiversité au sein des systèmes alimentaires. Sur les 10 000 variétés de cultures utilisées par l’homme pour sa consommation31, seules 150 sont régulièrement cultivées par une agriculture à grande échelle, et seules trois (le maïs, le blé et le riz) fournissent le plus gros des protéines et des besoins énergétiques32.

Les petits producteurs sont bien placés pour développer la biodiversité au sein de la production agricole et les y aider ne pourrait être que bénéfique dans bien des domaines : cela renforcerait la résilience des communautés, leur garantirait davantage de moyens de subsistance et de revenus et réduirait les émissions de CO2 et autres impacts nuisibles du changement climatique.

Page 22: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

14

Il est important de fixer des objectifs et des stratégies en matière de nutrition à l’échelle nationale, en ciblant plus particulièrement les enfants, car ce sont eux qui orienteront la mise en œuvre au niveau des districts et des communautés afin d’améliorer la nutrition infantile.

Une politique agricole clairement formulée est indispensable, tout comme une parfaite compréhension de la façon dont elle sera mise en œuvre au niveau des districts et des communautés. Ce chapitre se penche sur les structures institutionnelles existantes au niveau des districts et des communautés qui peuvent aider à mettre en œuvre les approches agricoles sensibles à la nutrition.

De nombreux pays commencent à mettre en place des cadres de politiques afin de coordonner la question de la nutrition entre tous les ministères et services gouvernementaux concernés, et à intégrer la nutrition dans divers plans, stratégies et politiques. Une approche multisectorielle renforcera la collaboration entre les différents ministères. La collaboration dans et entre les ministères sera également davantage encouragée et développée à travers des processus de planification et des examens conjoints.

Des entretiens avec de hauts responsables au Malawi et en Éthiopie à propos de la structure et de la nature des prises de décisions sur l’agriculture et la nutrition ont mis en lumière certaines difficultés en ce qui concerne la possibilité de s’assurer que les plans nationaux sur la nutrition sont correctement interprétés à tous les niveaux, jusqu’aux districts et aux collectivités locales. L’enseignement que l’on peut en tirer est que les différents rôles et responsabilités des personnes impliquées dans la mise en œuvre des programmes agricoles et nutritionnels communs doivent être clairement définis par le secrétaire principal ou par un autre haut responsable supervisant la convergence et le processus de mise en œuvre.

On peut également en déduire qu’il est nécessaire d’élaborer des indicateurs sur l’amélioration de la nutrition communs aux divers secteurs, par rapport auxquels les différents services gouvernementaux devront rendre compte des progrès réalisés. Enfin, des groupes de travail thématiques constitués de représentants des différents secteurs (y compris la société civile, le secteur privé, les associations d’agriculteurs et les groupes de femmes) peuvent grandement aider à définir la vision et les moyens de mise en œuvre.

LA MISE EN œUvRE D’UNE AGRICULTURE SENSIBLE à LA NUTRITION AU NIvEAU DES DISTRICTS : UN MODèLE

La figure 3 propose une configuration institutionnelle étroitement calquée sur le Malawi, mais qui met également en parallèle d’autres ministères de l’Agriculture africains.

Dans ce modèle, le commissaire de district (CD) supervise tous les budgets au sein du district. Le CD est le secrétariat du comité exécutif du district, qui est conseillé et guidé par l’assemblée du district. Le CD rend compte de toutes les dépenses au ministère des Collectivités locales.

Tous les ministères compétents sont responsables devant le CD et l’assemblée du district et doivent leur rendre des comptes. Les ministères compétents rendent également compte au siège du ministère. Dans plusieurs pays, en fonction de l’étendue de la décentralisation, la responsabilité incombe de plus en plus souvent au personnel des districts, qui rend compte à l’assemblée du district et au ministère des Collectivités locales. Les districts ont leurs propres plans de développement, qui devraient refléter les besoins et les souhaits des populations locales. Il est donc essentiel d’apporter aux CD les connaissances

3 la gouvernanCe de l’agriCulTure sensible à la nuTriTion

Page 23: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

3 LA G

OU

vER

NA

NC

E DE L’A

GR

ICU

LTU

RE SEN

SIBLE à

LA N

UT

RIT

ION

15

FIGURE 3 : SUGGESTION DE MODèLE DE GOUvERNANCE DE LA NUTRITION ET DE L’AGRICULTURE à L’ÉCHELLE NATIONALE

La figure 3 présente une configuration institutionnelle au niveau des districts basée sur la structure de gouvernance mise en place au Malawi. Une unité en charge de la nutrition est placée sous la responsabilité du Directeur de la vulgarisation agricole. Elle est totalement séparée du service de la nutrition, qui est un service gouvernemental national, situé au Bureau du Président et du cabinet, mais ces deux institutions sont étroitement liées. Le problème fondamental est qu’aucun responsable institutionnel n’a été prévu au niveau des districts.

Assemblée du district

Comité exécutif de district (CED)

Ménage ou famille et/ou communauté

Jardins scolaires

Programme d’alimentation scolaire à l’aide de produits locaux (HGSF)

Au niveau des districts

Service de vulgarisation

Unité en charge de la nutrition

Ministère de l’Agriculture

Ministère de la Santé

Ministère de l’Éducation

Service de la Nutrition (Bureau du Président et du cabinet)

Ministère du Gouvernement local et du Développement rural

Ministère du Genre et des Affaires féminines

Commissaire du district

Agent de district en charge de l’éducation

Agent de district en charge de la santé

Agent de district en charge de l’agriculture

Assistant de surveillance sanitaire

Agent en charge de la vulgarisation agricole et du développement de l’agriculture

Assistant de ménage agricole et agent d’économie domestique

Agent en charge de l’alimentation et de la nutrition

Agent de district en charge de la nutrition

Plate-forme de la société civile SUN du district

13 interventions rentables

et les incitations nécessaires pour encourager leur personnel à mener des interventions sensibles à la nutrition.

Dans ce modèle, au niveau des districts ou des collectivités locales, le service de vulgarisation

agricole du gouvernement fournit un réseau déjà établi de personnes qui pourraient prôner une agriculture sensible à la nutrition. La plupart des gouvernements dirigent des services de vulgarisation agricole, dont le maintien coûte cher. Il est

Page 24: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

L’AG

RIC

ULT

UR

E SE

NSI

BLE

à L

A N

UT

RIT

ION

16

indispensable de maximiser les bénéfices que peuvent apporter ces services en élargissant le spectre des domaines couverts pour inclure des formations non seulement sur les questions agricoles mais aussi sur la nutrition. Si les employés gouvernementaux en charge de la vulgarisation étaient équipés des bons outils – comme l’outil Cost of the Diet (Coût de l’alimentation) de Save the Children (qui calcule le coût de l’alimentation la moins chère répondant aux besoins nutritionnels des familles qui n’utilisent que les aliments disponibles localement) – ils pourraient davantage sensibiliser les petits exploitants agricoles à la question de la nutrition, en encourageant notamment une plus grande diversité des cultures. (voir encadré ci-dessus pour en savoir plus sur l’outil Cost of the Diet). Les messages sur la nutrition

nécessitent d’être renforcés et triangulés avec les ministères de l’Éducation, de l’Agriculture et de la Santé au niveau des districts, afin que tous délivrent le même message.

Au Malawi à présent, conformément à la politique de vulgarisation agricole, le service de vulgarisation agricole financé par le gouvernement explique aux agriculteurs comment accroître leur production de cultures, de bétail et d’arbres. Le réseau de vulgarisation agricole couvre l’ensemble du pays : parmi tous les différents ministères, c’est le réseau le plus vaste. La plupart des agents de vulgarisation fournissent des conseils en agronomie et en élevage. Plusieurs pays possèdent une unité en charge de la nutrition rattachée au service de vulgarisation, au sein du ministère de l’Agriculture (comme

CosT oF The DieT (CoûT De L’aLimeNTaTioN) : UN OUTIL PERMETTANT LA MISE EN œUvRE D’UNE AGRICULTURE SENSIBLE à LA NUTRITION AUPRèS DES PETITS ExPLOITANTS AGRICOLES

La possibilité pour les vulgarisateurs agricoles, les nutritionnistes et les agents sanitaires et communautaires de déterminer les quantités de micronutriments apportés par une ration constitue une priorité absolue. Une ration se compose d’aliments provenant des cultures locales et d’aliments achetés ; leur proportion respective varie tout au long de l’année. Au cours d’une année raisonnable, les populations peuvent disposer d’aliments provenant des cultures locales pendant 3–4 mois après la récolte, les aliments achetés jouant alors un rôle de plus en plus important dans la période qui précède la récolte. Il est essentiel que les différents membres du personnel chargé de conseiller les ménages connaissent, sachent reconnaître et comprennent les micronutriments apportés par une ration. La nutrition sera ainsi bien ancrée dans la réalité au niveau communautaire. Pour pouvoir mesurer la valeur nutritionnelle des cultures et contribuer à s’assurer que l’agriculture favorise la nutrition, il serait bon d’inciter les agents de vulgarisation agricole à utiliser quelques outils fondamentaux. L’outil Cost of the Diet de Save the Children utilise une liste d’aliments produite par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à partir d’échantillons analysés dans six pays (Sénégal,

Kenya, Inde, Égypte, Mexique et Indonésie). Il s’agit d’un petit tableur qui utilise des valeurs nutritives génériques pour les différentes cultures et denrées alimentaires. L’outil Cost of the Diet fournira également au consommateur des informations sur le coût de l’alimentation, permettant ainsi à l’agent de vulgarisation sanitaire de fournir des conseils sur l’alimentation nutritive la moins coûteuse et sur l’alimentation assurant la meilleure nutrition possible. Les alimentations qui présentent des carences en micronutriments essentiels peuvent être modifiées par l’ajout de différents aliments apportés par les cultures locales ou achetés.

L’utilisation régulière d’un tel outil, déployé par les agents de district en charge de la nutrition et par les agents agricoles parallèlement à d’autres messages et interventions, ainsi que par d’autres spécialistes concernés (agents en charge de l’élevage, agents de développement communautaire et agents de district), permettrait de sensibiliser les agriculteurs et les personnes travaillant dans d’autres disciplines totalement différentes ou dans le secteur privé et de les inciter à tenir compte de l’impact et des implications des cultures et des entreprises qu’ils préconisent sur la nutrition des ménages (et en particulier des enfants).

Page 25: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

3 LA G

OU

vER

NA

NC

E DE L’A

GR

ICU

LTU

RE SEN

SIBLE à

LA N

UT

RIT

ION

17

c’est le cas au Malawi). L’objectif de cette unité – ou des responsables de l’économie domestique (que l’on trouve au Kenya et en Éthiopie) – est d’inclure des messages nutritionnels à propos des cultures produites et des animaux élevés. Les informations expliqueront notamment comment cuisiner les différents produits agricoles, quels types d’éléments nutritifs doivent être favorisés et incluront d’autres messages clés sur la nutrition. Du fait de sa couverture et de son expertise, le service de vulgarisation est bien placé pour fournir des informations sur la nutrition aux agriculteurs et à leur famille. L’ajout d’un élément nutritionnel dans les messages de vulgarisation permettra d’obtenir un ensemble plus complet en ne nécessitant que très peu de formations et de coûts supplémentaires. L’inclusion de la nutrition permettra d’apporter des informations nutritionnelles spécifiques afin que les

ménages bénéficiaires puissent prendre des décisions mieux informées sur la possibilité d’associer les entreprises de cultures, d’animaux, d’arbres et de poissons pour maximiser l’impact nutritionnel et l’apport en micronutriments.

L’utilisation des services de vulgarisation agricole pour améliorer la nutrition est une solution raisonnable. Cependant, plusieurs services de vulgarisation manquent cruellement de personnel. Au Malawi, par exemple, plus de 40 % des postes sont vacants dans certains districts33. Les capacités et la formation restent une contrainte importante. La plupart des messages délivrés aux petits exploitants agricoles par les agents de vulgarisation nécessiteraient d’être soutenus par des personnes possédant des connaissances spécialisées. Il arrive fréquemment qu’aucun nutritionniste ne

HARvESTING NUTRITION (RÉCOLTER POUR LA NUTRITION)

Bien que l’argument selon lequel des modifications des pratiques agricoles permettraient d’améliorer la nutrition repose sur une logique cohérente, les preuves restent limitées. Du fait que l’innovation agricole se concentre au sein de quelques multinationales, de nombreux petits exploitants agricoles ne parviennent pas à améliorer leurs rendements ni la valeur nutritionnelle de leurs cultures34. Il est essentiel que les États et les acteurs non étatiques soutiennent les tentatives innovantes visant à palier à ce manque de connaissances handicapant.

Save the Children s’est associée à l’Alliance mondiale pour une meilleure nutrition (GAIN) et à l’équipe SecureNutrition de la Banque mondiale pour lancer un concours destiné à recueillir des informations et des résultats sur les projets qui ont réussi à combler le fossé entre l’agriculture et la nutrition. En sollicitant les candidatures de projets du monde entier alliant agriculture et nutrition, le concours Harvesting Nutrition35 vise à rassembler des exemples d’expériences sur le terrain, à recueillir des connaissances sur la façon d’intégrer les programmes et les politiques portant sur l’agriculture et la nutrition et à déterminer les principales difficultés rencontrées dans le rapprochement de ces deux domaines.

Le concours met en avant la nécessité de réfléchir différemment pour surmonter les cloisonnements entre les secteurs de l’agriculture et de la nutrition. Les projets proposés sont notés non seulement en fonction de leur façon d’aborder les liens entre les deux domaines, mais aussi de leur impact et de la possibilité de les étendre à plus grande échelle, ainsi que de l’innovation dont ils font preuve au niveau de leur conception.

Les ministères de l’Agriculture de nombreux pays reconnaissent que la nutrition est un sujet problématique. Au Nigeria, le ministère fédéral de l’Agriculture a approuvé et commence à mettre en œuvre une chaîne de valeur dans le domaine de la nutrition. En Tanzanie, le ministère de l’Agriculture reconnaît qu’il a un rôle clé à jouer dans l’amélioration de la nutrition et a entrepris de formuler une politique de nutrition nationale qui, avec le temps, sera davantage intégrée dans sa principale politique agricole. Il faudra du temps pour que ces initiatives soient bien ancrées et pour que les changements nécessaires dans la politique et les messages de vulgarisation agricole parviennent à s’imposer.

Page 26: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

L’AG

RIC

ULT

UR

E SE

NSI

BLE

à L

A N

UT

RIT

ION

18

soit disponible au niveau du district, ou qu’aucun budget n’ait été prévu pour ce poste. Il est difficile de recruter des spécialistes et des généralistes au niveau des districts en raison de l’éloignement et des restrictions d’effectifs.

à une plus grande échelle, néanmoins, il est nécessaire de fournir des conseils plus intégrés et plus complets sur la nutrition et sur les micronutriments requis pour une bonne croissance et un bon développement cognitif. Des informations expliquant comment réduire la malnutrition infantile doivent également être incluses. Des comités de coordination pourraient être développés au niveau des districts afin de coordonner les messages de vulgarisation des différents ministères impliqués dans la réduction de la malnutrition infantile. Ainsi, la population du district recevra des messages coordonnés qui se renforceront mutuellement sur la façon de réduire la malnutrition infantile, et notamment sur les bienfaits de l’allaitement maternel, les aliments nutritifs, la façon de cuisiner et les bonnes pratiques d’hygiène. Ces tâches n’incombent pas à un seul ministère, mais sont liées au travail de nombreux ministères. Il est donc essentiel qu’elles soient coordonnées.

Dans de nombreux pays, les agents de vulgarisation agricole forment le plus grand réseau d’information et pourraient donc constituer une plate-forme puissante capable de délivrer de multiples messages pour aider chaque pays à atteindre ses objectifs en matière de développement agricole, de productivité et de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Il est important, cependant, d’examiner chaque contexte séparément afin d’éviter de surcharger les agents de vulgarisation agricole ou de donner l’impression que les agronomes devraient devenir des nutritionnistes ou vice versa. L’objectif est plutôt de réussir à mieux coordonner ces messages complémentaires et de les renforcer à travers les divers ministères.

Dans le modèle de gouvernance proposé dans la figure 3, les agents de district gèrent le budget et la mise en œuvre de la politique, conformément aux directives. Ils supervisent le personnel affecté à des disciplines précises dans les zones géographiques désignées. Les agents de vulgarisation agricole sont chargés de dispenser des formations sur l’agriculture dans une zone donnée, tandis que les agents de vulgarisation sanitaire traitent le problème des maladies au sein de la zone géographique qui leur a été attribuée.

Les mesures sont mises en œuvre au niveau des districts ou des collectivités locales. Dans les études de cas que Save the Children a passées en revue pour rédiger ce rapport, la délivrance des messages sur une agriculture sensible à la nutrition incombait au personnel des districts ou des collectivités locales, qui souffrait cependant d’un manque de ressources (humaines et financières) et de l’absence de leadership au niveau des districts. Dans certains pays, les unités en charge de la nutrition dirigées par le ministère de la Santé ont établi des liens avec le ministère de l’Agriculture, des liens qui pourraient être exploités davantage avec une solide coordination, une responsabilisation et un partage des informations entre les différents ministères.

La nomination d’un agent de district responsable de la nutrition, chargé de conseiller le chef du district, est une solution qui permettrait de renforcer le lien entre la nutrition et l’agriculture (voire même l’eau, l’assainissement et l’hygiène) et pourrait aider à créer des messages efficaces et complémentaires servant de multiples objectifs. En Éthiopie, le projet ENGINE (Empowering New Generations to Improve Nutrition and Economic Opportunities – Donner les moyens aux générations nouvelles d’améliorer la nutrition et les opportunités économiques) a permis la création, au niveau des districts (woredas et qebelés), d’un comité de pilotage sur la nutrition qui a réussi à faire passer des messages cohérents sur la nutrition et l’agriculture. Le National Nutrition Coordinating Council (Conseil national de coordination de la nutrition) du pays supervise de manière générale les comités des qebelés et des woredas.

GARANTIR LA vIABILITÉ à TRAvERS LA RENTABILITÉ

Toute politique agricole sensible à la nutrition doit reconnaître que l’agriculture est en fin de compte une activité commerciale. Les petits exploitants agricoles gèrent leurs entreprises de cultures et/ou de bétail, la production d’arbres et la pêche en faisant appel à leurs compétences en matière de travail et de gestion pour produire des denrées alimentaires qu’ils pourront consommer et/ou vendre. Il est donc essentiel d’évaluer l’impact des revenus générés. Déterminer le retour sur investissement et évaluer le travail requis et le retour sur le travail fourni par la famille est fondamental pour évaluer la rentabilité.

Page 27: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

3 LA G

OU

vER

NA

NC

E DE L’A

GR

ICU

LTU

RE SEN

SIBLE à

LA N

UT

RIT

ION

19

Le gouvernement, le secteur privé et la société civile peuvent promouvoir différents types d’entreprises agricoles en formant les agents de vulgarisation, en subventionnant certaines marchandises, en fournissant des marchés ou en réglementant l’utilisation des sols. Le secteur privé pourrait par exemple créer une chaîne de valeur permettant d’acheter du sorgho et du manioc d’une certaine qualité. Les petits exploitants agricoles auraient besoin d’être

formés sur les normes de qualité acceptées. Tous les agriculteurs concernés par l’initiative Achats au service du progrès (du PAM) reçoivent une formation sur les normes de qualité. Une fois que de nombreux producteurs auront atteint les normes de qualité requises, la quantité achetée par le PAM augmentera. Une structure de prix et d’incitations adéquate favorisera donc les approvisionnements.

L’IMPACT DES INTERvENTIONS SENSIBLES à LA NUTRITION SUR LES FEMMES

Bien que les avis divergent sur la façon dont les programmes agricoles ciblés peuvent améliorer la nutrition, il est largement reconnu que les femmes sont un facteur clé dans l’amélioration de la nutrition infantile, car elles jouent un rôle crucial au niveau de la production agricole, de la distribution des ressources dans le foyer et de la nutrition des enfants en participant aux opérations de gestion de l’agriculture36. Il est important de se rappeler que les plus grandes réussites en matière d’amélioration de la nutrition infantile, et donc de réduction du retard de croissance, ont été possibles grâce à un dialogue avec les femmes. Les activités devraient donc s’attacher à améliorer le statut social des femmes, leur autonomisation et leur accès aux ressources et devraient aboutir à leur intégration dans les prises de décisions concernant le ménage.

Les politiques agricoles nationales devraient donc s’interroger sur le temps et les ressources dont disposent les femmes exploitantes, ainsi que sur les contraintes auxquelles elles font face dans leur organisation et leur autonomisation. Dans de nombreuses sociétés, les femmes réalisent une grande partie du travail qu’implique la production agricole et contribuent largement à leurs propres entreprises, mais jouent un rôle limité dans les prises de décisions. Les programmes et les politiques devraient inclure des données et des indicateurs distinguant les hommes et les femmes afin d’évaluer l’impact des interventions agricoles sensibles à la nutrition sur chacun d’entre eux, ainsi que les résultats inattendus.

Il est depuis longtemps reconnu que les possibilités d’autonomisation des femmes jouent un rôle clé dans le développement, mais le nombre limité

d’exemples sur le terrain empêche de suggérer des mesures pratiques. Dans le cadre du Haryana Community Forest Project (Projet de foresterie de la communauté Haryana)37, des groupes de femmes ont créé un véhicule de formation à l’alphabétisation (lecture et écriture), enseignant en particulier les compétences fondamentales et des compétences commerciales qui pourraient permettre aux femmes de diriger et de gérer leurs propres entreprises. La formation de groupes de femmes constitue un véhicule utile qui permet d’aborder une multitude d’autres questions, comme la nutrition, l’hygiène et la santé, mais aussi de discuter de la qualité des produits, de la formation aux nouvelles techniques ou des régimes d’économie et d’emprunt des villages. Tout travail politique et toute planification doivent s’attacher à améliorer le niveau d’éducation des femmes et doivent chercher à développer leur statut au sein de la société, à travers la formation de groupes, améliorant ainsi leur capacité et leur aptitude à gérer une entreprise, ce qui aboutira en fin de compte à une plus grande autonomisation.

Les interventions sensibles à la nutrition analysées en Éthiopie et au Malawi dans le cadre de ces recherches ont révélé des impacts inattendus sur les femmes, et notamment une plus lourde charge de travail (en particulier au niveau du désherbage et du transport de l’eau). Cela montre pourquoi il est si important que les politiques et les programmes tiennent compte de l’impact sur les femmes au stade de la conception, afin de pouvoir prendre des mesures appropriées pour atténuer les impacts négatifs (en fournissant, par exemple, des équipements permettant de réduire la charge de travail).

Page 28: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

L’AG

RIC

ULT

UR

E SE

NSI

BLE

à L

A N

UT

RIT

ION

20

LA MISE EN PRATIqUE D’UNE AGRICULTURE SENSIBLE à LA NUTRITION

Cette partie montre comment l’outil Cost of the Diet (Coût de la nutrition) (voir page 16) peut être utilisé pour évaluer la valeur nutritionnelle d’une ration ou d’un repas.

Sur le terrain, il est nécessaire de faire en sorte que les produits cultivés correspondent davantage à l’apport nutritionnel recommandé pour les différents membres de la famille, en fonction de leur âge, de leur sexe et de leur niveau d’activité. Save the Children a évalué l’alimentation d’une famille éthiopienne, à l’aide de l’outil Cost of the Diet (voir tableau 5).

Cette famille de quatre personnes (une veuve avec trois enfants) avait bénéficié de deux interventions du projet ENGINE, à savoir cinq moutons (un bélier et quatre brebis) et six poules (un jeune coq et cinq femelles). Ces animaux ont produit du lait et des œufs. Cette production diversifiée a permis à la famille d’améliorer son alimentation. Les membres de la famille consommaient alors du lait et des œufs et il restait assez de produits pour pouvoir les vendre sur le marché local, ce qui leur a procuré un petit revenu utilisé pour acheter d’autres denrées essentielles comme du sel iodé, de l’huile et de l’huile de cuisson. Tous ces différents produits contribuent à former un repas ou une ration. Leur ration, autrefois constituée d’orge et d’un ragoût de légumes, s’est transformée en une alimentation plus diversifiée contenant des produits animaliers.

Le tableau 6 détaille les différentes alimentations avant et après l’intervention. Avant l’intervention, l’alimentation de la famille présentait des carences en énergie, en protéines et en matières grasses, avec un apport vitaminique quasinul (absence de vitamines A, C et B12). L’absence de vitamines A et C était sans doute due à l’absence de légumes frais dans l’alimentation de la famille, tandis que l’absence de vitamine B12 reflète la nature végétarienne de l’alimentation avant l’intervention. Le rapport calcium et zinc/phosphore était faible, laissant penser que la formation osseuse des enfants pourrait être ralentie ou compromise. Le magnésium et la vitamine B1 (thiamine) sont les seuls micronutriments en excédant, dans ce qui constitue autrement une très mauvaise alimentation.

Après l’intervention, le niveau de protéines et d’énergie a largement augmenté. Du fait de l’utilisation de produits animaliers, les besoins en vitamine B12 sont satisfaits, garantissant un métabolisme cellulaire, essentiel à la production cellulaire dans la moelle osseuse et la gaine des nerfs, et à la production de protéines. Bien que l’alimentation de la famille se soit considérablement améliorée, elle présente encore des carences en énergie et de faibles apports en cinq vitamines et deux minéraux (calcium et fer). Pour parvenir à une alimentation équilibrée apportant tous les micronutriments et minéraux nécessaires à la bonne croissance des enfants, d’autres aliments doivent être ajoutés ou substitués dans l’alimentation ou la ration. L’alimentation est limitée par l’éventail des denrées agricoles produites et par ce qu’un ménage peut acheter (revenus et disponibilité des produits).

TABLEAU 5 : AMÉLIORATION DE L’ALIMENTATION D’UN MÉNAGE à TIGRAy (ÉTHIOPIE)

Ménage Ration avant l’intervention Ration après l’intervention

Famille de 4 personnes : 1 adulte (une veuve) et 3 enfants à Tigray, en Éthiopie

1,2 kg d’orge/jour préparé sous forme de njera1,0 kg (environ) de ragoût de légumes (légumineuses)

2 œufs/jour2 litres de lait de brebis/jour1,2 kg de blé/jour0,5 kg de légumineuses (haricots)

Page 29: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

21

TAB

LEA

U 6

CO

MPO

SIT

ION

NU

TR

ITIO

NN

ELLE

DE

L’ALI

MEN

TAT

ION

DES

DIF

FÉR

ENT

S M

EMB

RES

DU

FO

yER

ET

DES

APP

ORT

S

EN M

ICR

ON

UT

RIM

ENT

S, A

vAN

T E

T A

PRèS

L’IN

TER

vEN

TIO

N

Ava

nt

l’in

terv

enti

on

Tra

nch

e d

’âge

Én

ergi

eP

roté

ines

Mat

ière

s gr

asse

sV

it A

Vit

CV

it B

1V

it B

2 (R

ibf)

Éq

uiv

,N

ia

Vit

B6

Aci

de

foliq

ue

Vit

B12

Aci

de

pan

toth

Cal

ciu

m

(ab

s)M

gF

er

(ab

s)Z

inc

Rap

po

rt

mo

lair

e P

:Z

En

tre

12 e

t

23 m

ois

849,

60

30,0

0 5,

52

0,00

0,

001,

25

0,62

20

,32

0,72

31

,20

0,00

0,

58

19,8

0 31

9,20

0,

52

6,72

3,

18:0

,1

%95

,0%

275,

2%18

,5%

0,0%

0,0%

249,

6%12

4,8%

338,

7%14

4,0%

20,8

%0,

0%28

,8%

13,2

%53

2,0%

89,4

%16

3,9%

Faib

le

Res

te

de

la

fam

ille

2336

,482

,515

,20,

00

0,00

3,43

1,

72

55,8

8 1,

98

85,8

0 0,

00

1,58

54

,45

877,

80

1,43

18

,48

8,75

:0,2

8

%34

,4%

73,3

%6,

7%0,

0%0,

0%10

0,9%

50,5

%12

1,5%

52,1

%7,

2%0,

0%10

,6%

5,0%

131,

0%24

,6%

89,3

%Fa

ible

Ap

rès

l’in

terv

enti

on

En

tre

12 e

t

23 m

ois

894,

00

30,3

9 45

,95

400,

00

4,53

0,56

0,

83

13,2

8 0,

51

71,3

0 1,

57

2,79

15

4,87

21

0,50

0,

36

5,97

1,

53:0

,09

%10

0,0%

278,

8%15

4,2%

100,

0%15

,1%

111,

9%16

6,6%

221,

4%10

2,0%

47,5

%17

4,4%

139,

4%10

3,2%

350,

8%61

,7%

145,

6%Fa

ible

Res

te

de

la

fam

ille

4536

,815

2,6

219,

91,

857,

30

22,0

02,

97

3,96

70

,52

2,66

35

0,68

7,

12

13,6

2 75

1,62

1,

125,

50

1,86

30

,77

8,45

:0,4

7

%73

,9%

159,

0%10

7,5%

116,

1%18

,3%

94,2

%12

5,9%

167,

9%75

,1%

31,9

%10

7,9%

97,3

%83

,5%

206,

5%35

,4%

167,

2%Fa

ible

Car

ence

3 LA G

OU

vER

NA

NC

E DE L’A

GR

ICU

LTU

RE SEN

SIBLE à

LA N

UT

RIT

ION

Page 30: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

22

Dans ce chapitre, nous étudions certains des cadres mondiaux et régionaux (mais pas tous) élaborés ces dernières années, qui reflètent la priorité davantage accordée à la nutrition dans les cercles politiques internationaux, en suggérant comment ils pourraient inciter les gouvernements nationaux à élaborer des politiques agricoles plus sensibles à la nutrition. Nous nous penchons ensuite sur quelques études de cas qui montrent comment mettre en œuvre des interventions agricoles sensibles à la nutrition au niveau des districts et des communautés, en mettant en avant les meilleures pratiques.

LES CADRES MONDIAUx

LE MOUvEMENT SUN

La création du mouvement pour le Renforcement de la nutrition (mouvement SUN) en 2010 a sans doute été le plus grand pas en avant réalisé dans le secteur de la nutrition. Ce mouvement mondial est fondé sur le principe que tout le monde a droit à une alimentation et à une bonne nutrition. Il collabore avec les gouvernements, la société civile, les agences des Nations Unies, les donateurs, les entreprises et les experts pour améliorer la nutrition dans les pays membres.

à ce jour (mars 2014), 47 pays ont rejoint le mouvement SUN et 1738 ont élaboré des plans de nutrition nationaux chiffrés, dans le but d’obtenir les ressources financières nécessaires pour une mise en œuvre à l’échelle nationale. Bon nombre des plans incluent une dimension agricole qui sera gérée conjointement par le ministère de l’Agriculture et les autres ministères concernés (couvrant, par exemple,

l’eau et l’irrigation, la santé et les affaires féminines ou sexospécifiques). Le lien entre ces plans SUN chiffrés et les plans du PDDAA élaborés dans bon nombre de ces mêmes pays n’est cependant pas clairement défini, pas plus que la façon dont les deux initiatives peuvent fonctionner ensemble. Les pays membres du mouvement SUN sont invités à avoir un point focal SUN pour coordonner les efforts au sein du gouvernement ; l’une des solutions proposées serait une collaboration avec les points focaux du PDDAA, dans les pays où ils existent, afin de veiller à ce que des interventions sur la nutrition soient intégrées dans les plans agricoles le cas échéant.

LA NOUvELLE ALLIANCE POUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET LA NUTRITION

La Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition a été lancée en 2012, sous la présidence américaine du G8, dans le but de catalyser des investissements responsables de la part du secteur privé pour soutenir le PDDAA.

Sur les neuf pays qui ont signé à ce jour, sept sont classés comme ayant un taux de retard de croissance chez les enfants très élevé (40 % ou plus), et au moins deux enregistrent une hausse de la prévalence. Bien que la pauvreté soit l’une des causes sous-jacentes de la malnutrition, les données indiquent que la réduction de la pauvreté ou l’augmentation des revenus n’entraîne pas automatiquement une réduction du retard de croissance. Cela signifie que l’objectif de la Nouvelle alliance, qui vise à sortir 50 millions de personnes de la pauvreté, n’aura aucun effet transformationnel sur la malnutrition chronique, ni sur le retard de croissance, sans un objectif de nutrition clairement défini et des mesures d’accompagnement précises.

Si la Nouvelle alliance fixait des objectifs propres à chaque pays en matière de nutrition, cela

4 Façonner une agriCulTure sensible à la nuTriTion à Travers des Cadres mondiaux

Page 31: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

4 FAç

ON

NER

UN

E AG

RIC

ULT

UR

E SENSIB

LE à LA

NU

TR

ITIO

N à

TR

Av

ERS D

ES CA

DR

ES MO

ND

IAU

x

23

modifierait de manière positive le dialogue entre les gouvernements, les donateurs et les entreprises et permettrait de progresser dans l’obtention de vrais résultats au niveau de la pauvreté et de la nutrition.

L’ébauche du cadre de responsabilisation de la Nouvelle alliance, publié en mai 2013, comporte les indicateurs suivants :• accèsàunediversitéalimentaire• prixdesalimentsparrapportauxrevenus• prévalenceduretarddecroissancechezles

enfants de moins de 5 ans• alimentationminimumacceptablepourlesenfants

de 0 à 24 mois.

Si l’intégration de ces indicateurs est une démarche bienvenue, le récent rapport de progrès de la Nouvelle alliance (2013) ne mesure pas, en réalité, les progrès réalisés par rapport aux indicateurs39. Cela pourrait être attribué au fait que les activités n’en sont encore qu’à leur tout début ; mais à l’avenir, rendre compte des progrès réalisés par rapport à ces indicateurs devrait être une priorité. En outre, les pays membres devraient fixer un objectif et des résultats propres à chaque pays en matière de

réduction de la malnutrition (ou du taux de retard de croissance chez les enfants) et définir les mesures précises qu’ils prendront pour atteindre cet objectif.

LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA NUTRITION

La première Conférence internationale sur la nutrition, qui a eu lieu en 1992, a été organisée conjointement par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Les délégués venus de 159 pays ont convenu à cette occasion d’un plan d’action mondial sur la nutrition. Cette conférence a réuni les secteurs de la santé et de l’agriculture pour s’atteler à l’objectif d’une sécurité nutritionnelle pour tous et, par là-même, pour accorder à la nutrition sa place légitime dans la politique de développement. La deuxième Conférence internationale devrait se tenir en novembre 2014 et sera l’occasion idéale de commencer à restructurer les cadres normatifs qui régissent la sécurité alimentaire et la nutrition, en veillant à ce que la nutrition soit progressivement intégrée dans les autres secteurs, comme l’agriculture.

Un jardin potager dans le district de Ruhango, au Rwanda

PHO

TO

: SE

BA

STIA

N R

ICH

/SA

vE

TH

E C

HIL

DR

EN

Page 32: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

L’AG

RIC

ULT

UR

E SE

NSI

BLE

à L

A N

UT

RIT

ION

24

NUTRITION POUR LA CROISSANCE

En juin 2013, le gouvernement britannique, le gouvernement brésilien et la Children’s Investment Fund Foundation (CIFF) ont organisé le sommet Nutrition pour la croissance au RU, dans le but d’obtenir des engagements financiers et politiques de lutte contre la malnutrition dans le monde. L’événement a rassemblé 21 chefs d’État de pays durement touchés, ainsi que des donateurs, des agences multilatérales, des entreprises et des ONG, qui se sont tous engagés à atteindre plusieurs cibles ambitieuses. Au total, 23,1 milliards de dollars ont été promis pour mener à bien des interventions entre 2013 et 202040. 4,1 milliards de dollars ont notamment été affectés à des interventions spécifiques à la nutrition déterminées par la série The Lancet et 19 milliards de dollars seront consacrés aux dépenses actuelles dans les domaines de l’agriculture, de la protection sociale et de la santé, afin que ces secteurs soient davantage « sensibles à la nutrition »41. C’est l’occasion ou jamais de montrer les bénéfices que pourrait avoir une agriculture sensible à la nutrition, avec des investissements adéquats, et de s’attaquer au problème de la malnutrition. Un mécanisme de responsabilisation efficace sera essentiel pour s’assurer que l’argent dépensé permet réellement de faire baisser le nombre d’enfants souffrant de malnutrition. Aucune donnée n’est actuellement disponible concernant bon nombre des indicateurs de progrès appropriés dans ce domaine, comme le retard de croissance. Des investissements devront également être réalisés pour élaborer de solides indicateurs.

EN ROUTE POUR RIO

Lors du sommet Nutrition pour la croissance, le gouvernement brésilien s’est engagé à organiser un autre événement autour de la nutrition durant les Jeux olympiques de Rio en 2016. Cet événement sera important pour permettre d’obtenir les ressources nécessaires au développement des plans SUN chiffrés qui sont actuellement élaborés (plus de 17 pays sur 47 ont élaboré des plans qui sont en cours d’analyse). Rio sera l’occasion pour un gouvernement du Sud qui a réussi à réduire la malnutrition de partager son modèle et son expérience avec des pays durement touchés.

Le Brésil est parvenu à réduire considérablement son taux de malnutrition, qui est passé de 37 % en 1976 à 19 % en 1990 et a continué à diminuer rapidement jusqu’en 2011. Cette réduction n’a cependant pas été

équitable et le taux de malnutrition reste élevé dans la région nord-est, plus pauvre, et parmi certains groupes ethniques. Par exemple, chez les quilombola (des communautés noires dont les terres sont en usage partagé), le taux de malnutrition est supérieur de 76,1 % à celui de la population brésilienne générale moyenne (à l’échelle nationale) et supérieur de 44,6 % à celui de la population rurale42. Dans le même temps, le taux d’obésité au Brésil est en hausse (le pays affiche l’un des taux les plus élevés au monde d’enfants en surpoids)43.

Cette baisse du taux de malnutrition résulte d’une stratégie intégrée de réduction de la pauvreté et des inégalités. Selon Carlos Montero, spécialiste brésilien de la santé publique, la réduction du retard de croissance enregistrée entre 1996 et 2007 peut être attribuée aux interventions menées dans quatre domaines : revenu familial (22,5 %44), niveau d’instruction de la mère (24,6 %), soins de santé de la mère et de l’enfant (10,4 %) et approvisionnement en eau et assainissement (5,8 %)45. à présent, cependant, le Brésil doit se concentrer sur son problème grandissant de surpoids et d’obésité, ainsi que sur les taux élevés de malnutrition qui persistent dans certaines régions et au sein de certains groupes.

L’analyse et l’identification des interventions menées par les programmes, les politiques et les structures de gouvernance sensibles à la nutrition qui ont permis de réduire considérablement la malnutrition fourniront aux autres de précieux enseignements. Le Brésil aura là l’occasion d’entraîner un mouvement mondial de réduction de la malnutrition.

UNE vOIE à SUIvRE

Suite au sommet Nutrition pour la croissance et à l’élan créé par le mouvement SUN, l’occasion de faire progresser les interventions sensibles à la nutrition n’a jamais été aussi propice. L’appropriation par les pays, développée à travers le mouvement SUN, pourrait persuader les décideurs de faire de la nutrition une priorité et de l’intégrer dans d’autres secteurs clés. Cependant, une fois que des objectifs et des cibles auront été fixés en matière de nutrition, ils devront être intégrés dans les plans et les programmes, et de solides mesures et cadres devront être mis en place pour s’assurer que ces engagements à haut niveau se traduisent par de réels changements pour les enfants au niveau des foyers.

Page 33: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

25

Dans les dispensaires et les postes de secours d’Afrique et d’Asie, des affiches aux murs encouragent une alimentation nutritive pour permettre la croissance et le bon développement des enfants. Pendant ce temps, les politiques agricoles et les plans d’investissement du PDDAA de nombreux pays africains donnent la priorité à la production agricole et à la croissance. Bien qu’on ne puisse le leur reprocher, la possibilité de faire en sorte que l’agriculture soit sensible à la nutrition et contribue à lutter contre les effets handicapants à long terme de la malnutrition infantile, mérite également une certaine attention.

Selon nous, inclure des objectifs appropriés sur la nutrition dans les politiques agricoles et les plans d’investissement, qui seront ensuite entièrement intégrés (à tous les niveaux de la gouvernance), est le meilleur moyen de garantir que ces plans réussiront à promouvoir la croissance agricole et la nutrition. L’utilisation d’indicateurs appropriés (comme les taux de retard de croissance) permettra à toutes les parties prenantes de suivre les progrès réalisés et d’apporter les changements nécessaires.

Pour que l’agriculture fournisse le niveau de diversité alimentaire nécessaire pour contribuer à réduire le retard de croissance chez les enfants, les producteurs doivent avoir accès à la recherche et à l’innovation sur un éventail plus large et plus diversifié de cultures, d’espèces d’arbres et d’options d’apport de protéines qui pourraient aussi être économiquement viables. Les sociétés disposant de grosses chaînes d’approvisionnement peuvent jouer un rôle crucial en incluant les petits exploitants agricoles dans la chaîne de valeur et en façonnant le marché de façon à promouvoir des aliments nutritifs accessibles et abordables à travers tout un pays, en particulier dans les pays enregistrant les plus forts taux de retard de croissance et de malnutrition.

Promouvoir une agriculture sensible à la nutrition est aussi l’opportunité d’examiner le fonctionnement des services de vulgarisation agricole, car les agents de vulgarisation sur le terrain pourraient jouer un rôle important dans la délivrance de messages coordonnés et complémentaires, non pas uniquement sur la productivité agricole, mais aussi sur la diversité alimentaire, l’hygiène alimentaire et les bienfaits des différents aliments.

En gardant à l’esprit le niveau grandissant de décentralisation politique dans de nombreux pays africains, il est nécessaire d’étudier la façon dont les activités des différents ministères sont coordonnées afin que leurs messages de vulgarisation soient cohérents. Par exemple, les agents de vulgarisation agricole pourraient non seulement fournir des informations sur les avantages nutritionnels et agronomiques des différentes entreprises de cultures et d’élevage, mais aussi sur la façon de cuisiner les aliments et de préserver leur valeur nutritionnelle. Les agents de vulgarisation d’autres ministères concernés pourraient délivrer des messages sur les bienfaits de l’allaitement maternel exclusif (pendant au minimum les six premiers mois de vie), sur les bonnes pratiques d’alimentation des enfants (et notamment sur les modes de cuisson qui préservent davantage les éléments nutritifs) et sur les bonnes pratiques hygiéniques.

Au niveau des districts, les ministères de la Santé, de l’Agriculture et de l’Éducation délivreront des messages liés à la nutrition. La question est de savoir comment ces différents messages pourront se renforcer mutuellement. En Éthiopie, comme mentionné plus tôt, un comité de pilotage de la nutrition local a été créé pour coordonner les activités de ces trois principaux ministères au regard de la nutrition. Mais comment cette expérience positive pourrait-elle être développée et déployée dans différents pays ?

Bon nombre des débats sur l’agriculture sensible à la nutrition se concentrent sur la biofortification et sur

5 ConClusions eT reCommandaTions

Page 34: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

L’AG

RIC

ULT

UR

E SE

NSI

BLE

à L

A N

UT

RIT

ION

26

les cultures maraîchères. La biofortification est un élément important de l’assortiment des politiques, mais ce n’est que l’un des aspects qui permettent de garantir localement la disponibilité, l’accès à et l’utilisation des aliments nutritifs.

Les éléments qui déterminent la nutrition des ménages sont complexes et en appellent aux responsabilités de divers ministères. Les objectifs, les résultats et les activités sensibles à la nutrition doivent par conséquent être intégrés dans diverses stratégies sectorielles et coordonnés à l’échelle nationale et au niveau des districts. Étant donné le rôle clé des femmes dans la possibilité d’améliorer la nutrition infantile, les approches en faveur de la nutrition devraient différencier les hommes et les femmes et promouvoir l’autonomisation de ces dernières.

Pour garantir une approche couvrant l’ensemble du pays, le document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), le plan de reprise économique ou les politiques de développement de chaque pays doivent envisager d’inclure des indicateurs sur la nutrition. Une collaboration plus étroite dans et entre les ministères doit être encouragée et développée à travers des procédures de planification et des examens conjoints. Sans cette approche multisectorielle, les liens entre les différents ministères resteront faibles, nuisant aux résultats que les approches sensibles à la nutrition peuvent atteindre. De nombreux districts, quel que soit le pays, ne possèdent ni la structure administrative nécessaire pour superviser comme il se doit l’effort en faveur de la nutrition, ni les capacités, ni une bonne connaissance de la nutrition à tous les niveaux (des responsables des districts aux agents de vulgarisation). Le niveau des districts est pourtant fréquemment ignoré par les décideurs, en dépit du fait que de nombreux pays africains ont décentralisé leurs procédures de mise en œuvre dans leurs différents secteurs. Un solide leadership, une bonne collaboration entre les secteurs, et des rôles et responsabilités clairement définis sont essentiels pour garantir que la nutrition soit ancrée dans les stratégies agricoles au niveau des districts. Ceci devrait être étayé par une approche évaluant dans quelle mesure les ménages ont localement accès aux micronutriments. Des outils sont facilement accessibles à cet effet, comme l’outil Cost of the Diet (Coût de l’alimentation) de Save the Children, qui permet aux décideurs, aux responsables des districts et aux familles elles-mêmes de calculer les micronutriments apportés par les différentes cultures.

Pour promouvoir l’adoption d’une agriculture sensible à la nutrition, à travers une approche multisectorielle, comme étant le moyen le plus efficace d’atteindre les objectifs communs de croissance agricole et de réduction de la malnutrition infantile, Save the Children offre les recommandations suivantes.

Pour faire en sorte qu’une agriculture sensible à la nutrition soit intégrée dans les politiques agricoles et devienne une réalité sur le terrain, nous recommandons à l’Union africaine :• des’engageràveilleràcequelesplans

d’investissement agricoles incluent des objectifs en matière de nutrition et des mesures appropriées pour évaluer les progrès réalisés par rapport à ces objectifs

• d’inclureunindicateurspécifiqueauretarddecroissance dans le cadre des résultats du PDDAA. Cet indicateur devrait être adopté par le ministère de l’Agriculture de chaque pays et s’accompagner de mesures visant à garantir des impacts

• d’établirunmécanismeconjointd’examenparles pairs chargé d’évaluer les progrès de la mise en œuvre du PDDAA. L’examen conjoint annuel du cadre de politique et d’investissement de l’Éthiopie (plan d’investissement dans le cadre du PDDAA) fournit une norme de qualité utile

• demettreenplaceunprocessusdecomparaisondes performances au niveau régional qui permettrait aux citoyens de voir comment leur pays s’en sort par rapport aux autres pays

• dedévelopperdesliensinstitutionnelsentrelesresponsables des plans agricoles nationaux et les responsables des plans chiffrés de renforcement de la nutrition (mouvement SUN).

Nous recommandons aux gouvernements des pays durement touchés :• d’inclureexplicitementl’améliorationdela

nutrition en tant qu’objectif politique dans leurs politiques agricoles et leurs plans d’investissement agricoles (plans dans le cadre du PDDAA), et plus précisément : – de mettre en place des mécanismes de

coordination multisectoriels pour veiller à ce que tous les ministères concernés adhèrent aux décisions sur les politiques

– de créer un groupe de travail interministériel chargé de superviser la mise en œuvre des politiques et de contrôler les progrès réalisés par rapport à un ensemble d’indicateurs fixés d’un commun accord

Page 35: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

5 CO

NC

LUSIO

NS ET

REC

OM

MA

ND

AT

ION

S

27

– d’adapter les approches des politiques au niveau des districts afin d’améliorer la coordination et l’intégration des questions liées à la nutrition entre les ministères de l’Agriculture, de la Santé et autres ministères clés

– d’accroître le niveau de biodiversité agricole afin de générer une entreprise et une base de cultures plus diversifiées, fondamentales à la diversification de l’alimentation.

Nous recommandons aux donateurs d’encourager les gouvernements à placer la nutrition en première ligne dans les plans agricoles, en prenant les mesures suivantes :• renforcerlesrésultatsenmatièredenutrition

obtenus par des initiatives comme la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition en travaillant avec les pays participants pour fixer des objectifs, des résultats et des mesures

précises de lutte contre la malnutrition propres à chaque pays, en veillant à ce que les indicateurs relatifs à la nutrition dans le cadre des résultats soient mis en œuvre et intégrés dans les plans agricoles nationaux.

• développerunoutilpermettantauxagronomeset aux décideurs d’évaluer les éléments nutritifs présents dans les cultures. Un tel outil de contrôle, disponible dans un format de données libres, pourrait permettre aux agronomes de tenir compte de l’impact et des implications des cultures et des entreprises qu’ils préconisent en termes d’impact sur la nutrition infantile.

• veilleràcequelescomitéstechniquesdedonateurs basés dans les pays incluent des représentants de la société civile pour garantir l’exécution des responsabilités et refléter les opinions de la société civile dans le processus de planification.

Page 36: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

28

MÉTHODOLOGIE DES ÉTUDES DE CAS RÉALISÉES SUR LE TERRAIN

Un examen de la littérature existante a été effectué à l’aide des mécanismes habituels de recherche de mots clés, de suivi d’articles cités dans les bibliographies, de recherches sur Internet et d’établissement de contacts. D’autres méthodes ont également été employées, consistant notamment à interroger les contacts sur le terrain et à découvrir quels rapports ils ont utilisés.

Étant donné que la notion d’agriculture sensible à la nutrition peut être interprétée de différentes manières, la méthodologie employée pour ces recherches s’est largement basée sur des entretiens semi-structurés, à partir d’une liste récapitulative très variée, divisée en cinq éléments : • questionsd’ordregénéral• questionsd’ordreéconomique• questionsd’ordreagronomique,ycomprissur

les facteurs environnementaux influencés par le changement climatique

• questionsd’ordrepolitiqueetnutrition• questionsd’ordresocial.

Une matrice d’évaluation a été compilée, recensant la question, la ou les source(s) d’information prévue(s) et qui (le cas échéant) serait le mieux placé pour répondre à ces questions.

Étant donné les délais, le budget disponible et l’expérience des auteurs, il a été décidé qu’une enquête par questionnaire serait insuffisante et inappropriée. De nombreux gouvernements et agriculteurs affichent une attitude négative vis-à-vis des enquêtes par questionnaire.

La matrice d’évaluation a constitué un outil essentiel permettant d’enregistrer les données obtenues lors des entretiens avec un large éventail de responsables gouvernementaux, de représentants de la société civile, de partenaires de développement, d’organisations internationales et de personnes interrogées dans le secteur privé à l’échelle nationale. Au niveau des districts, divers agriculteurs ont été interrogés, y compris des veuves, des veufs, des ménages dirigés par des femmes et d’autres types de ménages, ainsi que des ménages classés dans différentes catégories de richesse. Des responsables de districts ont également été interrogés pour déterminer ce qu’ils entendaient par agriculture sensible à la nutrition.

Un travail de terrain a été entrepris en Éthiopie (régions de Tigray, Oromia et SNNRP46) et au Malawi (districts de Zomba et de Chiradzulu).

annexe 1

Page 37: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

29

TAUx DE RETARD DE CROISSANCE DANS LES PAyS DU PDDAA ET/OU DU MOUvEMENT SUN, ET ENGAGEMENTS PRIS ENvERS LA RÉDUCTION DE LA MALNUTRITION

Pays Possède-t-il un accord PDDAA ?

Adhésion au mouvement SUN

Taux de retard de croissance (% chez les moins de 5 ans) (année)

Indicateurs ou cibles sur la nutrition extraits des cadres logiques des plans du PDDAA

Bangladesh Oui 41,4 (2011)

Bénin Oui Oui 44,7 (2006) Niveau de pauvreté mentionné au niveau de l’objectif ; dans le produit 1 du PDDAA – Indicateur sur le taux de couverture des besoins alimentaires et nutritionnels

Burkina Faso Oui Oui 35,1 (2010) Texte sur la sécurité alimentaire ; rien sur la nutrition

Burundi Oui Oui 57,7 (2005) Oui, réduction du retard de croissance de 3 % par an

Cameroun Pas encore signé

Oui 32,6 (2011)

Côte d’Ivoire Pas encore signé

Oui 39,0 (2007)

Éthiopie Oui En cours de discussion

44,2 (2010/11) Oui, réduction du retard de croissance de 3 % par an

Gambie Oui Oui 27,6 (2005/06) But : augmentation de 25 % de la sécurité alimentaire et nutritionnelle globale à l’échelle nationale, avec des niveaux durables d’autosuffisance dans la production alimentaire. Objet : amélioration de la sécurité alimentaire aux niveaux du pays et des ménages et niveaux nutritionnels adéquats

Ghana Oui Oui 28,6 (2009) Indicateur de résultat : hausse de 100 % du niveau d’autosuffisance alimentaire

Guatemala Oui 48,0 (2008/09)

annexe 2

Page 38: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

L’AG

RIC

ULT

UR

E SE

NSI

BLE

à L

A N

UT

RIT

ION

30

Pays Possède-t-il un accord PDDAA ?

Adhésion au mouvement SUN

Taux de retard de croissance (% chez les moins de 5 ans) (année)

Indicateurs ou cibles sur la nutrition extraits des cadres logiques des plans du PDDAA

Guinée Non Oui 40,0 (2007/08)

Haïti Oui 29,7 (2005/06)

Indonésie Oui 39,2 (2010)

Kenya Oui Oui 35,2 (2008/09) Aucune cible définie en matière de nutrition dans les plans du PDDAA

Liberia Oui Oui 39,4 (2007) Niveaux de diversité alimentaire et dépenses de consommation consacrées à l’alimentation

Madagascar Oui 42,9 (2008/09)

Malawi Oui Oui 47,8 (2010) Proportion des ménages consommant une alimentation diversifiée et des micronutriments atteinte

Mali Oui Oui 38,5 (2006) Objectif global : améliorer l’état nutritionnel par la diffusion d’informations et l’éducation. Produit 1 : baisse du taux de pauvreté

Mauritanie Pas encore signé

Oui 23,0 (2008)

Mozambique Pas encore signé

Oui 43,7 (2008)

Myanmar Oui 35,1 (2009/10)

Namibie Pas encore signé

Oui 29,6 (2006/07)

Népal Oui 40,5 (2011)

Niger Oui Oui 54,8 (2006) Aucun indicateur de résultat cité

Nigeria Oui Oui 41,0 (2008) But : répondre aux besoins alimentaires de la nation, mais aucun autre indicateur sur la nutrition

Pakistan Oui 43,0 (2011)

Pérou Oui 28,2 (2007/08)

Rép. dém. du Congo (RDC)

Pas encore signé

Oui 45,8 (2007)

République démocratique populaire du Laos

Oui 47,6 (2006)

Page 39: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

AN

NEx

E 2

31

Pays Possède-t-il un accord PDDAA ?

Adhésion au mouvement SUN

Taux de retard de croissance (% chez les moins de 5 ans) (année)

Indicateurs ou cibles sur la nutrition extraits des cadres logiques des plans du PDDAA

Rép. kirghize Oui 18,1 (2005/06)

Rwanda Oui Oui 44,3 (2010/11) Priorité absolue du gouvernement – garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle de tous les Rwandais et réduire de moitié la pauvreté

Salvador Oui 20,6 (2008)

Sénégal Oui Oui 28,7 (2010/11) Aucun cadre logique

Sierra Leone Oui Oui 44,9 (2010) Aucun but ni indicateur d’objectif (objet) spécifique sur la nutrition

Sri Lanka Oui 19,2 (2009)

Sud Soudan

Tanzanie Oui Oui 42,5 (2009/10) Indicateur au niveau de l’objet : améliorer l’état nutritionnel du pays, et notamment des enfants et des groupes vulnérables

Tchad Non Oui 44,8 (2004)

Togo Oui Oui 26,9 (2008) Indicateur, au niveau du but, sur la prévalence de la malnutrition infantile

Ouganda Oui Oui 33,7 (2011) Indicateur au niveau du but : amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages

yémen Oui 57,7 (2003)

Zambie Pas encore signé

Oui 45,8 (2007)

Zimbabwe Pas encore signé

Oui 32,3 (2010/11)

Page 40: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

32

1 R Black, CG victora, S Walker, Z Bhutta, P Christian, M de Onis, M Ezzati, S Grantham-McGregor, J Katz, R Martorell, R Uauy, the Maternal and Child Nutrition Study Group (2013) ‘Maternal and child undernutrition and overweight in low-income and middle-income countries’ [La sous-nutrition et le surpoids maternels et infantiles dans les pays à faibles et à moyens revenus], The Lancet, 382, 9890, pp 427–51 Série sur la nutrition maternelle et infantile, document 1.

2 M A Ruel, H Alderman, the Maternal and Child Nutrition Study Group (2013) ‘Nutrition-sensitive interventions and programmes: how can they help to accelerate progress in improving maternal and child nutrition? ’ [Les interventions et les programmes sensibles à la nutrition : comment peuvent-ils aider à progresser plus rapidement dans l’amélioration de la nutrition maternelle et infantile ?], The Lancet, 382, 9891, pp 536–551.

3 Save the Children (2012) Une vie sans faim : lutter contre la malnutrition infantile, Londres, Save the Children.

4 voir note 1

5 voir le partenariat 1,000 Days sur http://www.thousanddays.org/

6 Save the Children (2013) Food for Thought: Tackling child malnutrition to unlock potential and boost prosperity [Nourrir la réflexion : lutter contre la malnutrition infantile pour libérer le potentiel et accroître la prospérité], Londres, Save the Children

7 J Hoddinott, ‘Agriculture, Health, and Nutrition: Toward Conceptualizing the Linkages’ [Agriculture, santé et nutrition : vers une conceptualisation des liens] dans S Fan et R Pandya-Lorch (eds) Reshaping agriculture for Nutrition and health [Réorienter l’agriculture vers la nutrition et la santé], Institut international de recherche sur les politiques alimentaires, 2012

8 UNICEF (2013) améliorer la nutrition de l’enfant : un objectif impératif et réalisable pour le progrès mondial, UNICEF

9 voir note 1

10 Pathela P, 1995. Early Childhood stunting and Adult hand grip strength in rural Guatemala [Le retard de croissance chez les jeunes enfants et la force de préhension manuelle chez les adultes dans les zones rurales du Guatemala]. Université Emory.

11 voir note 5

12 The cost of hunger in ethiopia: implications for the growth and Transformation of ethiopia [Le coût de la faim en ethiopie : implications en termes de croissance et de transformation de l’Éthiopie], mai 2013. Banque africaine de développement, Agence française, Programme alimentaire mondial, Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).

13 voir note 5

14 voir note 5

15 The Cost of hunger in Uganda: implications on National Development and Prosperity [Le coût de la faim en ouganda : implications sur le développement et la prospérité du pays], Programme alimentaire mondial, Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique , Mai 2013 ; The cost of hunger in swaziland: implications of child under-nutrition for the implementation of the National Poverty Reduction strategy in swaziland [Le coût de la faim au swaziland : implications de la sous-nutrition infantile sur la mise en oeuvre de la stratégie nationale de réduction de la pauvreté au swaziland], Banque africaine de développement, Programme alimentaire mondial, Commission de l’Union africaine, Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, Mai 2013 ; The Cost of hunger in ethiopia:

implications for the Growth and Transformation of ethiopia [Le coût de la faim en Éthiopie : implications en termes de croissance et de transformation de l’Éthiopie], Banque africaine de développement, Agence française, Programme alimentaire mondial, Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique

16 Bureau des statistiques de l’Ouganda : Uganda Census of Agriculture (UCA) 2008/09 at a glance. Mai 2011.

17 P Menon, M Ruel, S Morris (2000) ‘Socio-economic differentials in child stunting are consistently larger in urban than rural area: analysis of 10 DHS data sets’ [Les écarts socio-économiques au niveau du retard de croissance chez les enfants sont systématiquement plus importants dans les zones urbaines que dans les zones rurales : analyse de 10 ensembles de données EDS], Food and Nutrition Bulletin [Bulletin d’information sur l’alimentation et la nutrition], 21, 3, pp 282–89.

18 Office national des statistiques du Malawi, 2013. Indicateurs sur l’économie et index socio-démographiques

19 voir note 1

20 E Masset, L Haddad, A Cornelius, J Isaza-Castro (2012) ‘Effectiveness of agricultural interventions that aim to improve nutritional status of children: systematic review’ [Efficacité des interventions agricoles visant à améliorer l’état nutritionnel des enfants : étude systématique], British medical Journal, 344: d 8222

21 Bénin, Éthiopie, Gambie, Mali, Nigeria, Rwanda, Tanzanie, Togo et Uganda

22 Section 2.3.2; Nutrition trends [Tendances en matière de nutrition], Page 13

23 Plan du Kenya dans le cadre du PDDAA (Croissance et sécurité alimentaire à travers une augmentation de la productivité agricole et du commerce ; Plan d’investissement à moyen terme (MTIP)).

24 The Cost of hunger in ethiopia: implications for the Growth and Transformation of ethiopia [Le coût de la faim en Éthiopie : implications en termes de croissance et de transformation de l’Éthiopie], 2013

25 Hotz C., Loechl C., Lubowa A., Tumwine K., Ndezi G., Masaur AN., Baingana R., Carriquiry A, de Brauw A., Meenakshi Jv. et Gilligan D.O. 2012. Introduction of ß-carotene rich orange fleshed sweet potato in Uganda resulted in increased vitamin A intakes among children and women and improved vitamin A status among children [L’introduction en Ouganda de la patate douce à chair orange riche en ß-carotène a permis d’accroître les apports de vitamine A chez les enfants et les femmes et d’améliorer le taux de vitamine A chez les enfants]. Journal of Nutrition 142: 1871–1880

26 EA Frison, J Cherfas, T Hodgkin (2011) ‘Agricultural biodiversity is essential for a sustainable improvement in food and nutrition security’ [La biodiversité agricole est essentielle pour une amélioration durable de la sécurité alimentaire et nutritionnelle], sustainability [Durabilité], 3, 1, pp 238–53.

27 J Fanzo, D Hunter, T Borelli, F Mattei (2013) Diversifying Food and Diets: Using agricultural biodiversity to improve nutrition and health [Diversifier la nourriture et les alimentations : le recours à la biodiversité agricole pour améliorer la nutrition et la santé], Routledge/Biodiversity International, p 43

28 M Halwart (2006) ‘Biodiversity and nutrition in rice-based aquatic ecosystems’ [Biodiversité et nutrition dans les écosystèmes aquatiques basés sur le riz], Journal of Food Composition and analysis [Revue sur la composition et l’analyse alimentaires], 19, 6–7, pp 747–51.

noTes

Page 41: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

NO

TES

33

29 Convention sur la diversité biologique ‘Biodiversity is key to sustainable, efficient, resilient and nutritious food production’ [La biodiversité est essentielle à une production alimentaire durable, efficace, résiliente et nutritive], CBD – Get ready for 2015. No. 5, juillet 2013, www.cbd.int/doc/newsletters/development/news-dev-2015-2013-07-en.pdf

30 Save the Children, a Chance to Grow: how social protection can tackle child malnutrition and promote economic opportunities [Une chance de grandir : comment la protection sociale peut lutter contre la malnutrition infantile et promouvoir les opportunités économiques], Save the Children, 2012

31 L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2010. Combattre l’insécurité alimentaire lors des crises prolongées, FAO, 2010, www.fao.org/docrep/013/i1683e/i1683e00.htm

32 Frison EA., Smith IF., Johns T, Cherfas J Eyzaquine EB. 2006. Food Nutr Bull. Jun 27(2): 167–79. Agricultural biodiversity, nutrition and health: making a difference to hunger and nutrition in the developing world [Biodiversité agricole, nutrition et santé : faire une différence au niveau de la faim et de la nutrition dans les pays en voie de développement].

33 Bagnall-Oakeley H, Sendall A and Melunga C, Projet de diversification des revenus agricoles – Évaluation à la fin de la 1e phase (Sept 2012)

34 De Schutter O, Rapporteur spécial sur le Droit à l’alimentation, Assemblée générale des NU, 64e session, référence A/64/170, 23 juillet 2009, “Le droit à l’alimentation – Politiques semencières et droit à l’alimentation : accroître l’agrobiodiversité et encourager l’innovation.

35 Pour de plus amples informations, consulter : Harvesting Nutrition, Secure Nutrition (Récolter pour la nutrition, Garantir la nutrition) http://www.securenutritionplatform.org/successStories/pagesSNHN.aspx

36 voir note 1

37 Haryana Community Forest Project, Empowerment of Women (Projet de foresterie de la communauté Haryana, Autonomisation des femmes), mars 2008, Service de la Foresterie d’Haryana, État d’Haryana, Inde, http://www.HCFP.gov.in/index.aspx

38 voir Renforcement de la nutrition : http://www.scalingupnutrition.org ; et SUN Countries: Costed Plans Summaries : http://www.scalingupnutrition.org/resources-archive/countryresources/sun-countries-costed-plan-summaries

39 Nouvelle Alliance pour la Sécurité alimentaire et la Nutrition, 2013, Progress Report Summary (Rapport d’avancement, résumé) publié par DFID avec le soutien de deux co-présidents du Conseil de direction habilités : l’Union africaine et le Forum économique mondial

40 Nutrition for Growth Commitments, executive summary (Les engagements de la Nutrition pour la croissance, résumé), Preventing at least 20 million children from being stunted and saving at least 1,7 million lives by 2020 (Éviter le retard de croissance d’au moins 20 millions d’enfants et sauver au moins 1,7 million de vies d’ici à 2020), https://www.gov.uk/government /uploads/system/uploads/attachment_data/file/207274/nutrition-for-growthcommitment.pdf

41 Ibid

42 A de Freitas Barbosa, R Barbosa, v Callil, G de Freitas, M Dowbor, RLC Amorim, The Real Brazil: The inequality behind the statistics [Le vrai visage du Brésil : les inégalités derrière les statistiques], CEBRAP, 2012, www.christianaid.org.uk/images/real-brazil-full-report.pdf

43 R Black, CG victora, S Walker, Z Bhutta, P Christian, M de Onis, M Ezzati, S Grantham-McGregor, J Katz, R Martorell, R Uauy, the Maternal and Child Nutrition Study Group (2013) ‘Maternal and child undernutrition and overweight in low-income and middle-income countries’ [La sous-nutrition et le surpoids maternels et infantiles dans les pays à faibles et à moyens revenus], The Lancet, 382, 9890, pp 427–51 Maternal and Child Nutrition Series [Série sur la nutrition maternelle et infantile], Paper 1.

44 Contribution (en pourcentage) à la réduction du retard de croissance. L’intervention la plus efficace a concerné le niveau d’instruction des mères, suivi d’une hausse des revenus familiaux.

45 C Monteiro, ‘The decline in child malnutrition in Brazil’ [La diminution de la malnutrition infantile au Brésil], Cad. saúde Pública [editorial]. 25, 5, 2009, pp 950–51. www.scielo.br/pdf/csp/v25n5/en_01.pdf

46 SNNRP – Région populaire des nations et des nationalités du sud

Page 42: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

34

Autres références utilisées mais non citées :

Bordoloi, J (2011). impact of NReGa on wage rates and food security and rural urban migration: a study in assam, Agro-economic Research centre for North East India [L’impact du NReGa sur les taux de salaires, sur la sécurité alimentaire et sur la migration des zones rurales vers les zones urbaines : étude réalisée à assam, Centre de recherche agroéconomique pour le Nord-est de l’Inde], université agricole d’Assam

Centro Brasiliero de Analise e Planejamento (CEBRAP). (2008). Pesquira nacional de demografia e sante da crianca e da mulher. Sao Paulo, Brésil : CEBRAP

Conseil européen de l’information sur l’alimentation (2009) Food Based Dietary Guidelines [Lignes directrices diététiques sur l’approche alimentaire], étude de l’eUFiC

Da Silva J G (2010) The Fome Zero (Zero hunger) Programme: The Brazilian experience [Le programme Fome Zero (zéro faim) : l’expérience brésilienne]

Das, S (2013) ‘A brief scanning on performance of Mahatma Gandhi National Rural Employment Guarantee Act in Assam, India’ [Une brève analyse de l’application de la loi Mahatma Gandhi National Rural Employment Guarantee Act à Assam, en Inde], american Journal of Rural Development 1(3), 49–61

Document de politique du mouvement pour le Renforcement de la nutrition (2010), Food and Nutrition Bulletin [Bulletin d’information sur l’alimentation et la nutrition], vol 31, 178–186

FairTrade Foundation (2013) Powering up smallholder Farmers to make food fair: a 5-point agenda [Donner davantage de pouvoir aux petits exploitants agricoles pour une alimentation plus juste : programme en 5 points]

FAO (2012) Developing a Climate smart agriculture strategy at the country level: lessons from recent experience, Background paper for the second global conference in agriculture, food security and climate change [Élaborer une stratégie agricole intelligente face au climat à l’échelle nationale : les enseignements tirés des récentes expériences, Document d’information pour la deuxième conférence mondiale sur l’agriculture, la sécurité alimentaire et le changement climatique] (p. 46 pages). Hanoi, vietnam: FAO

FAO (2013) L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde, FAO

Gouvernement de la République fédérale d’Éthiopie (2010) Growth and Transformation Plan 2011–2015 [Plan de croissance et de transformation 2011–2015], gouvernement de la République fédérale d’Éthiopie

Gouvernement kényan (2009) agriculture sector Development strategy (asDs) 2010–2020 [stratégie de développement du secteur agricole 2010–2020], Gouvernement kényan

Gouvernement kényan (2013) Food security and Nutrition Policy [Politique de sécurité alimentaire et nutritionnelle], Nairobi, gouvernement kényan

Gouvernement ougandais (2011) agricultural Policy [Politique agricole], ministère de l’Agriculture, Entebbe

Gouvernement rwandais (2009) strategic Plan for the Transformation of agriculture in Rwanda 2011–2018 [Plan stratégique pour la transformation de l’agriculture au Rwanda 2011–2018], gouvernement rwandais

Gouvernement tanzanien (2006) agriculture sector Development Project [Projet de développement du secteur agricole], Banque mondiale (document d’évaluation de projet)

Gragnolati, M (2005) india’s Undernourished Children: a call for reform and action [Les enfants souffrant de sous-nutrition en inde : un appel à la réforme et à l’action], Banque mondiale, document de travail HNP

Haro, H O (2003) Linkages between Community, environmental and conflict management: Experiences from Northern Kenya, Reconciling Rural Poverty reduction with renewable resoruces conservation: identifying relationships and remedies [Les liens entre la gestion des communautés, de l’environnement et des conflits : expériences vécues dans le nord du Kenya, Rapprocher la réduction de la pauvreté dans les zones rurales et la préservation des ressources renouvelables : identifier les liens et les solutions] (p. 37), Université Cornell, Ithaca

Hawkes, C (2012) Current and planned research on agriculture for improved nutrition: A mapping and gap analysis, DFiD Research Project [Recherches actuelles et prévues sur l’agriculture comme moyen d’améliorer la nutrition : cartographie et analyse des lacunes, Projet de recherche du DFiD], 40

Loi Mahatma Ghandi National Rural Employment Guarantee Act (2005) ministère du Développement rural, gouvernement indien

Masset, E H-x (2012) Effectiveness of agricultural interventions that aim to improve nutritional status of children: Systematic review [Efficacité des interventions agricoles visant à améliorer l’état nutritionnel des enfants : étude systématique]. BmJ 2012: 344: d8222. doi: 10/1136/bmj.d8222, 7 pages

Ministère américain des Affaires étrangères (2011) swaziland Country Report on human Rights Practices [Rapport sur les pratiques du swaziland en matière des droits de l’homme]

Ministère américain des Affaires étrangères (2012) ethiopia Country report on human Rights Practices [Rapport sur les pratiques de l’Éthiopie en matière des droits de l’homme]

Ministère américain des Affaires étrangères (2012). Uganda Country Report on human Rights Practice [Rapport sur les pratiques de l’ouganda en matière des droits de l’homme]

Monteiro C A (1989) Growth and nutritional status of the Brazilian children; Findings from the 1989 national health and Nutrition survey [Croissance et état nutritionnel des enfants brésiliens ; conclusions de l’étude nationale sur la santé et la nutrition réalisée en 1989]

Office de coopération Europaid. (2010). méthodes de l’aide : Lignes directrices, Gestion du Cycle de Projet, Commission européenne

Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (2012) Rapport sur la situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture

Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (2013) La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture, http://www.fao.org/publications/sofa/en

Organisation mondiale de la santé (s.d.) Système d’information sur la situation nutritionnelle

Oxford Policy Management (Septembre 2005) evaluation of the Plan for the modernisation of agriculture [Évaluation du plan de modernisation de l’agriculture]

Rekacewicz P (2007) millennium ecosystem assessment [Évaluation de l’écosystème du millénaire], UNEP – GRID

USAID (Mai 2013) second Joint annual Review of the Government of ethiopia’s Policy and implementation Framework (PiF) [second examen annuel conjoint du cadre de politique et d’investissement de l’Éthiopie (PiF)]

bibliographie

Page 43: L'agricuLture sensibLe à La nutrition
Page 44: L'agricuLture sensibLe à La nutrition

Il est estimé qu’en 2011, 3,1 millions d’enfants de moins de 5 ans sont morts de malnutrition. Beaucoup plus d’enfants ont souffert d’un retard de croissance et d’un mauvais développement cognitif. La perte économique due à la malnutrition est énorme : environ 16 % du PIB dans certains pays.

Le rôle de l’agriculture est de fournir l’alimentation de la population d’un pays et elle représente une grande proportion de l’économie de nombreux pays en développement. Pourtant, pendant trop longtemps, les agronomes ont négligé le rôle critique d’une alimentation diversifiée, d’un revenu adéquat et de l’éducation pour soutenir la santé des populations et améliorer la nutrition. Les politiques de nombreux pays se sont plutôt centrées sur la hausse de la productivité des cultures de base.

L’Union africaine a déclaré 2014 Année de l’agriculture familiale. Il ne faut pas manquer cette opportunité de transformer la façon dont l’agriculture est gérée dans tout le continent.

L’agriculture sensible à la nutrition examine et explore comment la nutrition peut être placée au premier rang des politiques, stratégies et plans d’investissement agricoles, et démontre le pouvoir de la biodiversité agricole, du changement du comportement social, de la diversification commerciale et de l’autonomisation des femmes pour améliorer la nutrition dans les régions rurales. Ce rapport décrit les mécanismes de coordination au niveau des districts, qui pourraient aboutir à une communication et à une coordination améliorées – et à une meilleure nutrition – au niveau des ménages.

everyone.org

cover photo: hildrenC

oU

ver

tU

re : seB

Ast

IAn

rIC

h/sA

ve t

he C

hILd

ren

L’agricuLture sensibLe à La nutritionComment améliorer la nutrition infantile à travers l’agriculture