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2008 rapport sur le développement dans le monde L’agriculture au service du développement

L'agriculture au service du développement

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  • 2008rapport sur le dveloppement dans le monde

    Lagriculture au service du dveloppement

  • BANQUE MONDIALEWashington, D.C.

    Lagriculture au service du dveloppement

    2008rapport sur le dveloppement dans le monde

  • iii

    2007 The International Bank for Reconstruction and Development / The World Bankk1818 H Street, NWWashington, DC 20433, tats-Unis dAmriqueTlphone : 202-473-1000Site web : www.worldbank.orgCourriel : [email protected]

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    1 2 3 4 5 10 09 08 07Cet ouvrage a t ralis par les services de la Banque internationale pour la reconstruction et le dveloppement/Banque mondiale et les opinions qui y sont exrpimes ne refltent pas ncessairement les vues du Conseil des administrateurs de la Banque mondiale ou des pays que ceux-ci reprsentent..

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    Maquette de couverture : Chris Lester de Rock Creek Strategic Marketing et Bill Pragluski de Critical Stages.

    Photocomposition par Precision Graphics.

    Photos de couverture prises par des membres des services de la Banque mondiale, dans le sens des aiguilles dune montre en partant de la photo en haut et gauche : Thermomtre lait, Lillian Foo ; Battage du bl, Alexander Rowland ; Vache holstein, Lillian Foo ; Haricots au supermarch, Lillian Foo ; Femme andine et son bb au march, Curt Carnemark/Photothque de la Banque mondiale ; Cotonnier, Arne Hoel.

    ISBN : 978-0-8213-7299-9

  • Avant-propos xiiiRemerciements xvAbrviations et notes concernant les donnes xvii

    Aperu 1Quelle contribution lagriculture peut-elle faire au dveloppement ? 3

    Quels sont les instruments efficaces pour mettre lagriculture au service du dveloppement ? 10

    Quelle est la meilleure manire dexcuter les plans daction visant mettre lagriculture au service du dveloppement ? 24

    1re partie Quelle contribution lagriculture peut-elle faire au dveloppement ? 32

    1 Croissance conomiques et rduction de la pauvret dans les trois mondes ruraux 32La transformation structurelle 33

    Les trois mondes dune agriculture au service du dveloppement 36

    Le dveloppement agricole, parent pauvre potentiel 47

    Lconomie politique du plan daction agricole 51

    Un nouveau rle pour lagriculture dans le dveloppement 53

    thme A : La diminution de la pauvret rurale a t un facteur dterminant du recul de la pauvret en gnral 55

    2 Les rsultats, la diversit et les incertitudes de lagriculture 60La croissance de la productivit dans les pays en dveloppement a t le moteur du succs mondial de lagriculture 60

    La croissance a t ingale travers les rgions et les pays 63

    Les diffrences de performance refltent des conditions sous-jacentes diffrentes 64

    Les opportunits pour une nouvelle agriculture par la diversification 70

    Les perspectives davenir : dfis et incertitudes 74

    Conclusion le dfi permanent de la production 81

    thme B : Biocarburants : promesses et risques 82

    Table des matires

    iv

  • v

    3 Les mnages ruraux et leurs voies de sortie de la pauvret 85Les trois voies complmentaires de sortie de la pauvret : lagriculture, lemploi et la migration 86

    Les variations dans les stratgies de revenus des mnages ruraux 88

    Activits et sources de revenus rurales 92

    Le comportement des mnages lors de dficiences du march et du gouvernement : rationnel, en dpit des apparences 97

    Les dotations en actifs des mnages ruraux sont souvent faibles et ingales 101

    Risques omniprsents et rponses coteuses 106

    Les petits producteurs et le dfi de la concurrence 108

    Conclusions 109

    thme C: Quels sont les liens qui unissent la production agricole et la scurit alimentaire ? 111

    2e partie Par quels moyens peut-on efficacement mettre lagriculture au service du dveloppement ? 114

    4 Rformer les politiques du commerce, des prix et des subventions 114Protections et subventions lagriculture dans les pays dvelopps 114

    La politique fiscale agricole des pays en dveloppement 116

    Simulation des gains dune libralisation des changes 123

    Le cadre pour raliser des gains potentiels 130

    Lappui transitoire 133

    Linvestissement public pour le dveloppement long terme 137

    Conclusions 138

    5 Amener lagriculture au march 140Les denres alimentaires de base : amliorer les oprations sur marchandises et la gestion des risques 141

    Les produits traditionnels dexportation en vrac : garantir la comptitivit au niveau international 146

    Les marchs urbains plus forte valeur ajoute : connecter les producteurs aux chanes dapprovisionnement modernes 149

    Les produits dexportation forte valeur ajoute : satisfaire aux normes 155

    Conclusion 159

    thme D: Appuyer la comptitivit des petits exploitants par des innovations institutionnelles 161

    TABLE DES MATIRES

  • 6 Appuyer la comptitivit des petits exploitants par des innovations institutionnelles 164Des politiques foncires en faveur de la protection des droits et de la raffectation des ressources 165

    Les services financiers aux petits exploitants 171

    Lassurance pour grer les risques 176

    Dvelopper des marchs dintrants efficaces 180

    Les organisations de producteurs dans le contexte des chanes de valeur et de la mondialisation 184

    Les innovations institutionnelles : un travail toujours en cours 188

    7 Innover grce la science et aux technologies 189Lamlioration gntique a rencontr un franc succs mais pas partout 190

    Les technologies de gestion et des systmes doivent complmenter lamlioration gntique 196

    Investir davantage dans la R&D agricole 201

    Des remaniements institutionnels pour accrotre le rendement et lefficacit des systmes de R&D 204

    Mieux exploiter la technologie disponible : la vulgarisation et les innovations en matire de technologies de linformation et des communications 208

    Aller de lavant 211

    thme E: Exploiter les avantages des organismes gntiquement modifis au profit des populations pauvres 213

    8 Accrotre la durabilit cologique des systmes agricoles 216Les facteurs de la dgradation des ressources 217

    Amliorer la gestion agricole des ressources en eau 219

    Rendre la rvolution verte plus verte 226

    La gestion des systmes dlevage intensif 228

    Mettre un terme la dgradation dans les zones moins favorises 230

    Les paiements pour services environnementaux 238

    Conclusions 239

    thme F: Ladaptation aux changements climatiques et lattnuation de leur impact sur lagriculture 241

    9 Au-del des activits agricoles 244Lemploi rural : un dfi de taille 244

    Lemploi agricole salari 248

    Dvelopper lemploi dans le secteur rural non agricole 252

    Gains et salaires sur le march du travail rural 257

    vi Table des matires

  • vii

    Loffre de main-duvre : la migration et lconomie urbaine 259

    Education, formation et entre sur le march du travail 261

    Procurer des filets de scurit afin de rduire la vulnrabilit 265

    Un dernier mot sur les marchs de la main-duvre ruraux et la migration : le besoin dattention politique 266

    thme G: Education et comptences au service du dveloppement rural 267

    thme H: Les relations double sens entre lagriculture et la sant 270

    3e partie Quelle est la meilleure manire dexcuter les plans pour mettre lagriculture au service du dveloppement? 226

    10 De nouveaux programmes nationaux pour les trois mondes de lagriculture 273Nouvelles opportunits et nouveaux dfis 273

    Lapproche propose 276

    Les pays vocation agricole : acclrer la croissance, rduire la pauvret et garantir la scurit alimentaire 277

    Les pays en mutation : rduire les disparits entre revenus ruraux et urbains, ainsi que la pauvret 285

    Les pays urbaniss : connecter les petits producteurs aux nouveaux marchs alimentaires et procurer des emplois bien rmunrs 290

    Faisabilit politique, administrative et financire 293

    Identifier les dilemmes en matire de politique 294

    11 Le renforcement de la gouvernance, du niveau local au niveau mondial 297Une volution des rles : lEtat, le secteur priv et la socit civile 299

    Les rouages de la politique agricole 301

    Rformer la gouvernance pour une meilleure implmentation des politiques 305

    Dcentralisation et gouvernance locale 309

    Le dveloppement men par la communaut 311

    Lefficacit de laide aux programmes agricoles 312

    Lavancement du programme mondial 316

    Evoluer vers une meilleure gouvernance pour lagriculture 322

    Note bibliographique 323

    TABLE DES MATIRES

  • Notes de fin 326

    Rfrences bibliographiques 341

    Grands indicateurs 376

    Grands indicateurs agricoles et ruraux 377

    Grands indicateurs du dveloppement dans le monde 388

    Index 411

    viii Table des matires

  • ix

    1 Quel avenir pour les disponibilits alimentaires ? 8

    1.1 Les dynamiques de la population rurale 35

    1.2 Donnes inter-pays sur leffet de la croissance agricole en termes de rduction de la pauvret 36

    1.3 Lhtrognit nationale des grands pays reproduit celle des trois mondes de lagriculture 39

    1.4 Lavantage comparatif de lagriculture en Afrique subsaharienne 40

    1.5 Un rle pour lagriculture dans les pays riches en minraux dAfrique 41

    1.6 Appuyer les agriculteurs sans base fiscale forte : la leon thalandaise 42

    2.1 La rvolution verte manque des produits de base : la palette bariole de lAfrique subsa-harienne 65

    2.2 Densit de population et dfinitions de la ruralit 68

    2.3 Des rgions retardataires au sein de pays forte croissance agricole 69

    2.4 Lempreinte cologique dun levage en pleine expansion 71

    2.5 Un potentiel considrable dexpansion de lirrigation en Afrique subsaharienne dans la bonne direction 75

    3.1 Limportance relative des diffrentes voies de sortie 88

    3.2 Assurer la comparabilit des mesures des revenus entre les pays 89

    3.3 Le dfi des changements dmographiques dus la migration selective 94

    3.4 Le retour la ferme en Zambie : agriculture de subsistance, sida et crise conomique 99

    3.5 Les nouvelles technologies et la discrimination positive rduisent les ingalits sociales en Inde 101

    3.6 Les moyens dexistence prcaires des pasteurs 102

    3.7 Les exploitations agricoles deviennent-elles trop petites ? 105

    4.1 Les instruments qui distordent le commerce 115

    4.2 Lconomie politique des rformes agraires dans les pays dveloppS 117

    4.3 Les taux nominaux de laide 118

    4.4 Des progrs significatifs dans la rduction des distorsions en Chine et en Inde 120

    4.5 Lconomie politique des rformes agraires dans les pays en dveloppement 122

    4.6 Simuler les effets de la libralisation du commerce par des modles mondiaux 123

    4.7 Les acheteurs et vendeurs nets de denres de base au sein dun pays 127

    4.8 Exemples de subventions en Inde et en Zambie 134

    5.1 Limpact de linfrastructure routire sur les marchs et la productivit 142

    5.2 Utilisations innovatrices des technologies de linformation pour relier les fermiers aux mar-chs en Inde et en Afrique de lOuest 143

    5.3 La stabilisation des prix par le commerce international 145

    5.4 Deux expriences contrastes dans la libralisation des marchs intrieurs du cotton 146

    5.5 Relier les petits producteurs aux chanes de haute valeur : trois approches 151

    5.6 Expansion de lemploi et rduction de la pauvret dans le Sngal rural 153

    6.1 Les bnfices de la certification foncire locale en Ethiopie 166

    6.2 Lamlioration des services de ladministration des terres en Gorgie 167

    6.3 Les locations foncires peuvent accrotre la productivit et lquit en Chine 168

    6.4 Les marchs locatifs et limpact des restrictions en Inde 169

    6.5 Banrural SA : dune banque agricole inefficace une institution financire publique et prive rentable 172

    6.6 Lassurance indexe du btail en Mongolie 175

    6.7 Les subventions aux engrais sont-elles justifies ? 178

    6.8 Lmergence des revendeurs agricoles locaux en Afrique 179

    6.9 Les organisations de producteurs internationals 181

    7.1 Les bnfices du non travail du sol dans les systmes riz-bl dAsie du Sud 195

    7.2 Lgumineuses et fertilit des sols 196

    7.3 Des DPI renforcs dans les pays en dveloppement : effets sur les petits agriculteurs 198

    7.4 Le dfi de la R&D agricole en Afrique subsaharienne 199

    7.5 La cration de capacit long terme au Ghana 200

    7.6 Des options sur les DPI pour permettre laccs la science moderne par les pauvres 202

    7.7 Les fermiers mexicains mnent la recherche grce aux fondations PRODUCE 203

    7.8 Ajouter de valeur la denre des pauvres : le manioc en Colombie et au Ghana 204

    7.9 Agro-industrie et ONG : fournir lICT aux agriculteurs en Inde 207

    8.1 La restauration du nord de la mer dAral par le doublement du dbit du Syr-Daria 221

    8.2 La dgradation des ressources dans les systmes riz-bl dAsie du Sud 224

    8.3 Gestion intgre des nuisibles pour lutter contre le charanon de la pomme de terre 225

    Encadrs

    TABLE DES MATIRES ix

  • x TABLE DES MATIRES

    8.4 Grer lintensification des levages de volailles en Thalande 226

    8.5 Quatre trajectoires : disparition ou rebond des forts, misre ou croissance 229

    8.6 Au Niger, les parcs agroforestiers repoussent le dsert et restaurent les moyens de vie 230

    8.7 Deux exemples de gestion communautaire : les bassins versants et les pturages 232

    8.8 La scheresse et le btail dans les zones pastorales du Moyen-Orient et dAfrique du Nord 233

    9.1 Le dveloppement de lhorticulture au Maharashtra 251

    9.2 Une cooprative fminine en Inde 253

    9.3 Le travail des enfants : omniprsent dans lagriculture 261

    9.4 La transition progressive, mais incomplte, vers laide alimentaire en espces 262

    10.1 Le losange des objectifs politiques du programme Agriculture au service du dveloppement 275

    10.2 Programme de dveloppement de lagriculture sur lensemble de lAfrique 277

    10.3 Moyen-Orient et Afrique du Nord : lagriculture pour lemploi et en tant que filet social 282

    10.4 Caractristiques de lagriculture en Europe et Asie centrale 287

    11.1 Des conflits lis la terre dplacent des millions de personnes en Colombie 298

    11.2 La ralisation dune vision : le point de vue dun ancien ministre sur le Plan ougandais de modernisation de lagriculture 301

    11.3 La dlgation de pouvoirs aux organisations de producteurs et le dveloppement dune vision pour lagriculture au Sngal 302

    11.4 Lalignement budgtaire sur les priorits sectorielles au Vietnam 303

    11.5 Intgration rgionale : opportunits et dfis en Afrique de lOuest 303

    11.6 Accomplir une rvolution verte par la vision et la gouvernance 305

    11.7 Fournir des biens publics internationaux 314

    11.8 Financement mondial de ladaptation aux changements climatiques : lurgence daborder les besoins des pays vulnrables et des petits agriculteurs 315

    Figures 1 Le nombre de pauvres a augment en Asie du Sud et en

    Afrique subsaharienne entre 1992 et 2002 (seuil de pauvret de 1 $ par jour) 3

    2 La contribution de lagriculture la croissance et la part rurale de la pauvret identifient trois types de pays : vocation agricole, en mutation et urbaniss 5

    3 La croissance du PIB due lagriculture bnficie substantiellement plus la moiti la plus pauvre de la population 6

    4 Les dpenses publiques pour lagriculture sont les plus faibles dans les pays vocation agricole alors que la part de lagriculture dans le PIB y est la plus leve 7

    5 Les pays en dveloppement imposent moins les denres agricoles exportables 11

    6 Consommation intrieure et exportations de produits forte valeur ajoute croissent rapi-dement dans les pays en dveloppement 13

    7 Lcart augmente entre les rendements craliers de lAfrique subsaharienne et ceux des autres rgions 15

    8 Lagriculture et la dforestation contribuent largement aux missions de gaz effet de serre 17

    9 Les quatre objectifs du programme dagriculture au service du dveloppement forment un losange de laction publique 19

    10 En Afrique subsaharienne, la croissance agricole a augment mesure que les conditions macro-conomiques samlioraient 20

    11 Les disparits entre revenus ruraux et urbains saccroissent dans la plupart des pays en mutation 21

    12 Les pays vocation agricole et en mutation engrangent de faibles rsultats en matire de gouvernance 23

    1.1 Les rendements craliers sont levs et la pauvret est faible en Asie du Sud, tandis quils stagnent en Afrique subsaharienne 33

    1.2 A mesure que les pays se dveloppent, les parts du PIB et de la main-duvre dans lagriculture tendent diminuer, mais avec de nombreuses idiosyncrasies 34

    1.3 Les pays vocation agricole, en mutation et urbaniss constituent les trois mondes de lagriculture 37

    1.4 Les effets des prix et salaires ont domin llasticit long terme de la pauvret rurale aux rendements craliers en Inde, 1958-94 39

    1.5 Le rapport de la transformation des aliments la valeur ajoute agricole augmente avec les revenus 43

    1.6 La productivit de la main-duvre a t une source plus importante de croissance dans lagriculture que dans le secteur non agricole, 1993-2005 43

    1.7 La politique macro-conomique et la croissance agricole se sont amliores en Afrique subsaharienne 46

    1.8 Laide publique au dveloppement destination de lagriculture a fortement diminu entre 1975 et 2004 47

    2.1 Les rendements craliers ont augment, sauf en Afrique subsaharienne 61

  • TABLE DES MATIRES xi

    2.2 Les intrants modernes se sont gnraliss mais avec du retard en Afrique subsaharienne 62

    2.3 La croissance du PIB agricole par population agricole est la plus faible en Afrique subsa-harienne 63

    2.4 La stagnation de lagriculture subsaharienne pourrait tre du pass 64

    2.5 Le potentiel agricole et laccs aux marchs varient largement entre les rgions 67

    2.6 Dans les pays en dveloppement, la consommation alimentaire par habitant se dplace vers les fruits et lgumes, la viande et les huiles 70

    2.7 Les exportations forte valeur ajoute ont une expansion rapide dans les pays en dve-loppement 71

    2.8 La croissance de la consommation de crales et de viande devrait ralentir au cours des 30 prochaines annes 72

    2.9 Les pays en dveloppement vont devenir des marchs encore plus importants pour les crales exportes, principalement par les pays dvelopps 73

    2.10 La terre arable et permanente par habitant de la population agricole diminue en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud 73

    2.11 La pnurie en eau affecte des millions de personnes en Asie et au Moyen-Orient et Afrique du Nord 74

    2.12 Les taux de croissance des rendements des principales crales ralentissent dans les pays en dveloppement 77

    2.13 Les carts de rendement exploitables sont levs pour le mas en Afrique 77

    3.1 Le revenu rel par habitant varie largement pour chaque stratgie de subsistance 90

    3.2 Dans la plupart des pays, la vaste majorit des mnages ruraux participent lagriculture 91

    3.3 Les sources de revenu varient entre pauvres et riches 92

    3.4 La participation rapporte des femmes au travail agricole indpendant par rapport celle des hommes varie selon la rgion 93

    3.5 Les carts entre zones rurales et urbaines pour la frquentation scolaire sont importants 97

    3.6 La distribution de la surface des exploitations est souvent bimodale 100

    3.7 Les rendements vivriers des petites fermes sont loin derrire ceux des grandes exploita-tions au Brsil et au Chili 104

    4.1 Les progrs ont t lents dans la rduction de laide globale aux producteurs agricoles dans lOCDE mais il y a de lavancement vers des paiements dcoupls moins distordants. 115

    4.2 Limposition nette de lagriculture a diminu dans 9 pays vocation agricole sur 11 118

    4.3 Les pays en dveloppement taxent moins les denres exportables 119

    4.4 9 pays en mutation sur 10 ont soit augment les protections, soit rduit limposition 120

    4.5 6 pays urbaniss sur 7 ont soit augment limposition soit rduit les protections 121

    4.6 Le cours international rel estim des produits de base augmente dans le sillage de la libralisation complte des changes 124

    4.7 Les gains correspondant aux parts de march estimes des pays en dveloppement 124

    4.8 LAmrique latine et lAfrique subsaharienne devraient connatre croissance de la produc-tion plus leve dans le cadre des rformes mondiales du commerce. 125

    4.9 En Inde, les subventions ont augment tandis que les investissements dans les biens publics diminuaient 133

    5.1 Diverses couches dintermdiaires caractrisent les marchs du mas au Ghana 141

    5.2 En Ethiopie, les prix de gros fluctuent lintrieur dune large bande de parit importation-exportation 144

    5.3 Les cours mondiaux des exportations traditionnelles en vrac continuent diminuer 145

    5.4 En Indonsie, les dpenses de consommation alimentaire se dplacent des crales vers les aliments prpars et forte valeur ajoute 147

    5.5 Laugmentation du revenu par habitant dtermine la croissance des supermarchs 147

    5.6 Au Bangladesh, le transport, le conditionnement et lemballage sont des cots importants pour lexportation de haricots filet 151

    6.1 Les mnages ruraux ayant un faible accs au crdit utilisent moins dintrants et ont des revenus moins levs 170

    6.2 Les cots de transport reprsentent environ un tiers du prix la production dengrais dure dans les pays africains 177

    6.3 Plus dun tiers du budget public zambien 2004-05 pour lagriculture a t consacr des subventions aux engrais 177

    7.1 Les varits amliores ont t largement adoptes, sauf en Afrique subsaharienne 190

    7.2 Les retours estims sur la R&D agricole sont levs dans toutes les rgions (en moyenne 43 %) 197

    7.3 Le financement des services de vulgarisation, les approches traditionnelle et nouvelle 206

    8.1 La dpendance aux eaux dirrigation souterraines est la plus forte au Moyen-Orient et en Asie du Sud 220

    8.2 En Inde, des aquifres souterrains sont surexploits 222

    8.3 Avec les PSE, les pturages dgrads ont dbouch sur une utilisation durable de la terre au Nicaragua 234

    9.1 Lagriculture ne suffit pas absorber les nouveaux travailleurs ruraux 245

    9.2 La part de travailleurs salaris de lemploi agricole augmente avec le revenu par habitant 247

    9.3 La part de main-duvre salarie de lemploi agricole augmente dans plusieurs pays 248

  • xii TABLE DES MATIRES

    9.4 Lemploi structur est devenu plus cyclique au Brsil 249

    9.5 Les besoins en main-duvre sont significativement plus levs pour les lgumes que pour les crales 251

    9.6 Le commerce de dtail et les services dominent lemploi salari non agricole 252

    9.7 La plupart des entreprises rurales non agricoles ne comptent quun ou deux travailleurs, souvent indpendants, Indonsie, 2005 252

    9.8 Les salaires sont beaucoup plus levs dans lemploi rural non agricole que dans lemploi agricole en Inde, au Mexique et en Ouganda 254

    9.9 Pour les travailleurs non qualifis, les salaires dans lemploi agricole et lemploi rural non agricole ne sont pas si diffrents entre les secteurs 254

    9.10 Les salaires agricoles ont baiss dans la plupart des pays latino-amricains 255

    9.11 Les salaires agricoles ont augment dans la plupart des pays asiatiques et africains 256

    9.12 La productivit de la main-duvre dans le travail indpendant rural non agricole est ht-rogne en Indonsie 257

    9.13 La croissance de lemploi dans la manufacture et les services au Mexique dpend de la distance avec un centre urbain de plus de 250 000 habitants 257

    9.14 Annes dducation moyennes dans les zones rurales, par ge 258

    10.1 Losange de laction publique pour les pays vocation agricole 278

    10.2 Losange de laction publique pour les pays en mutation 284

    10.3 Losange de laction publique pour les pays urbaniss 288

    11.1 Les performances de la gouvernance sont faibles dans les pays vocation agricole et en mutation 297

    11.2 Des ajustements prcis aux conditions spcifiques des pays pour les approches des cts de loffre et de la demande sont ncessaires pour amliorer la gouvernance du secteur agricole 304

    Tableaux 1 Caractristiques des trois types de pays, 2005 5

    1.1 Caractristiques dmographiques et conomiques des trois types de pays, 2005 37

    1.2 La pauvret dans les trois types de pays, 2002 38

    1.3 Les dpenses publiques sont faibles dans les pays vocation agricole 47

    3.1 Participation au march changeante parmi les mnages dagriculteurs au Vietnam 87

    3.2 Typologie des mnages ruraux par stratgie de subsistance dans les trois types de pays 89

    3.3 Variations de la taille des fermes et la distribution des terres 100

    4.1 Taux nominaux de laide par produit dans les pays en dveloppement 119

    4.2 Distribution estime des cots des politiques actuelles 123

    4.3 Effets indicatifs de la pauvret de la rforme du commerce agricole dans les pays dve-lopps et en dveloppement 126

    5.1 Options publiques et prives pour renforcer les liens des agriculteurs avec le march 150

    5.2 Les rles des secteurs public et priv dans le renforcement de la conformit aux SPS des fins commerciales et de la capacit de gestion de la qualit 154

    7.1 Dpenses publiques totales dans la R&D agricole par rgion, 1981 et 2000 198

    7.2 Actifs des secteurs public et priv dans la recherche agrobiotechnologique 202

    7.3 Moyens de fournir et de financer les services de conseil agricole 205

    8.1 Les problmes environnementaux de lagriculture, sur site et hors site 217

    9.1 Les diverses sources de revenus des mnages ruraux 246

    9.2 Lemploi rural par secteur dactivit, pays slectionns 247

    9.3 Nombre moyen dannes dducation pour les 18-25 ans ruraux, pays slectionns 259

    11.1 Types dorganisations et de rseaux mondiaux connexes lagriculture 313

    2.1 Zones agro-cologiques des rgions agricoles

    2.2 Accs au march dans les zones agricoles dAfrique, dAsie et dAmrique latine

    8.1 La surexploitation a caus un stress hydrique svre dans divers bassins fluviaux

    8.2 Plusieurs zones sensibles en matire de dforestation se trouvent en milieu tropical

    Cartes

  • Avant-propos

    xiii

    Lagriculture est un instrument de dveloppement crucial pour la ralisation des objectifs de dve-loppement pour le Millnaire qui consistent rduire de moiti, dici 2015, la proportion de la population vivant dans lextrme pauvret et souffrant de faim chronique. Cest l le message fon-damental du Rapport sur le dveloppement dans le monde de cette anne, le 30e de la srie. Les trois quarts des habitants pauvres des pays en dveloppement vivent dans les espaces ruraux, et la plupart dentre eux tirent, directement ou indirectement, leur subsistance de lagriculture. Ce rapport offre aux autorits nationales et la communaut internationale des directives qui peuvent les aider concevoir et excuter des plans daction pour mettre lagriculture au service du dveloppement de manire avoir un rel effet sur la vie de centaines de millions de ruraux pauvres.

    Le Rapport met en relief deux grands dfis rgionaux. Dans la majeure partie de lAfrique subsaharienne, lagriculture est un instrument puissant pour entraner la croissance, surmonter la pauvret et renforcer la scurit alimentaire. Il faut que sa productivit augmente pour que dautres secteurs de lconomie puissent connatre une expansion. Toutefois, pour acclrer cette progression, il est indispensable de raliser dimportants gains de productivit dans la petite agriculture et aussi de fournir un appui plus efficace aux millions qui survivent en prati-quant une agriculture de subsistance et qui habitent, pour la plupart, dans des rgions isoles. Lamlioration des rsultats observe ces derniers temps est prometteuse, et le prsent Rapport identifie de nombreuses ralisations qui commencent porter leurs fruits et qui pourraient tre reproduites sur une plus grande chelle.

    En Asie, pour surmonter la pauvret qui rgne de manire importante, il faudra sattaquer aux disparits de plus en plus profondes entre les revenus ruraux et les revenus urbains. Les conomies asiatiques en rapide expansion continuent de compter plus de 600 millions de ruraux vivant dans lextrme pauvret et, malgr un exode rural massif, la pauvret continuera dtre plus prononce dans les espaces ruraux que dans les espaces urbains pendant encore plusieurs dizaines dannes. Cest pourquoi le Rapport sur le dveloppement dans le monde met laccent sur les moyens de crer des emplois ruraux en diversifiant lagriculture pour privilgier des activits forte intensit de main-doeuvre et forte valeur ajoute poursuivies en association avec un secteur rural non agricole dynamique.

    Dans toutes les rgions du monde, tant donn les pnuries croissantes de terres et deau et les pressions supplmentaires exerces par la mondialisation, lavenir de lagriculture est fon-damentalement li une meilleure gestion des ressources naturelles. Si des incitations adqua-tes sont offertes et des investissements judicieux raliss, il sera possible dallger lempreinte environnementale de lagriculture et dexploiter les services environnementaux pour protger les bassins versants et la diversit biologique.

    Aujourdhui, lexpansion rapide des marchs intrieurs et mondiaux, les innovations insti-tutionnelles ayant trait aux marchs, la finance et aux actions collectives, et les rvolutions des technologies biologiques et de linformation sont autant dopportunits prometteuses de recourir lagriculture pour promouvoir le dveloppement. Pour saisir ces opportunits, il faudra toutefois que les pouvoirs politiques mettent rsolument en oeuvre des rformes pour amliorer la gouvernance dans lagriculture.

    En fin de compte, les rsultats dpendront galement de la poursuite dune action concerte de la communaut internationale du dveloppement pour sattaquer aux dfis venir. Nous devons appliquer des rgles du jeu quitables dans le commerce international, produire des biens publics mondiaux, comme les technologies relatives aux denres alimentaires de base tropicales, aider les pays en dveloppement faire face aux changements climatiques, et sur-monter les pandmies qui menacent les plantes, les animaux et les tres humains. Les moyens de subsistance de 900 millions de pauvres ruraux, qui mritent galement de profiter des avantages dune mondialisation durable et sans exclus, en sont lenjeu.

    Robert B. Zoellick Prsident

    Groupe de la Banque mondiale

  • xv

    Ce Rapport a t prpar par une quipe de base dirige par Derek Byerlee et Alain de Jan-vry et compose dElisabeth Sadoulet, Robert Townsend et Irina Klytchnikova. Les mem-bres de lquipe ont bnfici de lappui de Harold Alderman, Beatriz Avalos-Sartorio, Julio Berdegu, Regina Birner, Lynn Brown, Michael Carter, Luc Christiaensen, Marie-Hlne Collion, Klaus Deininger, Peter Hazell, Karen Macours, Michael Morris, Paula Savanti et Dina Umali-Deininger, qui ont tous rdig des parties du Rapport. Lquipe a aussi reu lappui de Noora Aberman, Jorge Aguero, Shahrooz Badkoubei, Sarah Baird, Leandre Bas-sole, Benjamin Davis, Nango Dembele, Ashok Gulati, Corinna Hawkes, Tidiane Kinda, Melissa Klink, Alex McCalla, Claudio Montenegro, Stefano Pagiola, Eija Pehu, Catherine Ragasa, Antti Seelaff et John Staatz.

    Les travaux se sont drouls dans le cadre des directives gnrales formules par Fran-ois Bourguignon en collaboration avec le Rseau du dveloppement durable. Le rle de principal directeur de publication est incomb Bruce Ross-Larson. De nombreux et prcieux conseils ont t donns par Kym Anderson, Hans Binswanger, Karen Mcconnell Brooks, Mark Cackler, Manuel Chirib oga, Kevin Cleaver, Christopher Delgado, Shan-tayanan Devarajan, Josue Dione, Gershon Feder, Alan Harold Gelb, Ravi Kanbur, Jeffrey Lewis, Were Omamo, Keijiro Otsuka, Rajul Pandya-Lorch, Prabhu Pingali, Pierre Rondot, Kostas Stamoulis, Erik Thorbecke, C. Peter Timmer, Joachim von Braun, diffrents mem-bres du personnel du Dpartement de lagriculture et du dveloppement rural et du Rseau du dveloppement durable de la Banque mondiale, des agents du Centre latino-amricain pour le dveloppement rural (RIMISP), et de nombreuses autres personnes que lquipe remercie sans rserves. Beaucoup dautres encore, des services de la Banque mondiale et de lextrieur, ont mis de prcieux commentaires et observations. Le Groupe de gestion des donnes sur le dveloppement a contribu la prparation de lAnnexe et a t charg des Grands indicateurs du dveloppement dans le monde.

    Lquipe remercie galement de leur gnreux appui lAgence canadienne de dveloppe-ment international, lAgence des tats-Unis pour le dveloppement international, lAgence sudoise de coopration pour le dveloppement, le Centre de recherches pour le dveloppe-ment international, le Conseil scientifique du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale, la Direction suisse du dveloppement et de la coopration, le Fonds fidu-ciaire programmatique multidonneurs, le Fonds international de dveloppement agricole, The Ford Foundation, Global Donor Platform for Rural Development, InWEnt (Capacity Building International), le ministre britannique du dveloppement international, le minis-tre franais des Affaires trangres, le ministre japonais des Finances, le Programme du savoir au service du dveloppement et The William and Flora Hewlett Foundation.

    Lquipe a procd de trs larges consultations. Des runions et des ateliers rgionaux ont t organiss localement ainsi quen Allemagne, en Australie, au Canada, en France, en Inde, en Italie, au Japon, au Kenya, au Mali, en Norvge, en Sude et au Royaume-Uni ; le projet de Rapport a aussi fait lobjet de discussions en ligne. Lquipe tient remercier tous ceux qui ont particip ces divers ateliers, vidoconfrences et discussions, auxquels ont particip des universitaires, des chercheurs, de hauts fonctionnaires et des agents dorga-nisations non gouvernementales et dorganisations du secteur priv ainsi que des membres de la socit civile.

    Rebecca Sugui a fait fonction dassistante excutive pour lquipe, Ofelia Valladolid, dassistante de programme et Jason Victor et Maria Hazel Macadangdang, dassistants de lquipe. Evangeline Santo Domingo a fait fonction dassistante de gestion des ressources.

    Remerciements

    xv

  • xvii

    AbbreviationsAATF Fondation africaine pour les technologies agricolesAIE Agence internationale de lnergieAOD Aide officielle au dveloppementBAD Banque asiatique de dveloppementBAfD Banque africaine de dveloppementBID Banque interamricaine de dveloppementCAADP Programme de dveloppement de lagriculture sur

    lensemble de lAfriqueCAD Comit daide au dveloppementCCNUCC Convention-cadre des Nations Unies sur les

    changements climatiquesCGIAR Groupe consultatif pour la recherche agricole

    internationaleCIAT Institut international dagriculture tropicaleCIMMYT Centre international damlioration du mas et du blCIRAD Centre de coopration internationale en recherche

    agronomique pour le dveloppement.CIRAF Centre International pour la recherche en

    agroforesterieCIRARS Centre international des recherches agricoles dans

    les rgions schesCNUCED Confrence des Nations Unies sur le commerce et

    le dveloppementDMC Dveloppement men par la communautDPI Droits de proprit intellectuelleESP Estimation du soutien aux producteursFAO Organisation pour lalimentation et lagricultureFIPA Fdration internationale des producteurs

    agricolesFMI Fonds montaire internationalGES Gaz effet de serreGIEC Groupe dexperts intergouvernemental sur

    lvolution du climatGPS Systme mondial de localisation (Global

    Positioning System)ICT Technologies de linformation et de la

    communication IDA Association internationale de dveloppementIFAD Fonds international pour le dveloppement agricoleIFDC Centre international pour la fertilit du sol et le

    dveloppement agricole

    IFPRI Institut international de recherche sur les politiques alimentaires

    IIRR Institut international de recherche sur le rizIMF Institution de microfinanceIRI Institut international de recherche sur la prvision

    du climatIWMI Institut international de gestion des ressources en

    eauMZAE Systme mondial de zones agro-cologiquesNEPAD Nouveau partenariat pour le dveloppement de

    lAfriqueNERICA Nouveau riz pour lAfriqueNRA Taux nominal dassistanceOECD Organisation de coopration et de dveloppement

    conomiquesOGM Organisme gntiquement modifi OIT Organisation internationale du travailOMC Organisation mondiale du commerceOMD Objectifs du Millnaire pour le dveloppementOMS Organisation mondiale de la santONG Organisation non gouvernementaleONU Nations UniesPIB Produit intrieur brutPNUD Programme des Nations Unies pour le

    dveloppementPPP Partenariats public-privPSE Paiement pour services environnementauxR&D Recherche et dveloppementRDM Rapport sur le dveloppement dans le mondeSAFEX South Africa Futures ExchangeSPS Normes sanitaires et phytosanitairesSWAps Approches sectoriellesTFP Productivit totale des facteursUE Union europenneUSAID Agence amricaine pour le dveloppement

    internationalUSDA Dpartement amricain de lagricultureVIH/sida Virus de limmunodficience humaine/syndrome

    dimmunodficience acquiseWWF Fonds mondial pour la nature

    Abrviations et notes concernant les donnes

  • Code du pays Nom du paysAGO AngolaARG ArgentineAZE AzerbadjanBDI BurundiBEN BninBFA Burkina FasoBGD BangladeshBGR BulgarieBLR BlarusBOL BolivieBRA BrsilCHL ChiliCHN ChineCIV Cte dIvoireCMR CamerounCOL ColombieCZE Rp. tchqueDOM Rp. dominicaineDZA AlgrieECU EquateurEGY Egypte, Rp. arabe dETH EthiopieGHA GhanaGIN GuineGTM GuatemalaHND HondurasHUN HongrieIDN IndonsieIND IndeIRN Iran, Rp. islamique dKEN KenyaKHM CambodgeLAO RDP laoLKA Sri LankaMAR MarocMDG MadagascarMEX Mexique

    Code du pays Nom du paysMLI MaliMOZ MozambiqueMWI MalawiMYS MalaisieNER NigerNGA NigriaNPL NpalPAK PakistanPER ProuPHL PhilippinesPNG Papouasie-Nouvelle-GuinePOL PolognePRY ParaguayROM RoumanieRUS Fdration russeRWA RwandaSDN SoudanSEN SngalSLV El SalvadorSVK Rp. slovaqueSYR Rp. arabe syrienneTCD TchadTGO TogoTHA ThalandeTJK TadjikistanTUN TunisieTUR TurquieTZA TanzanieUGA OugandaUKR UkraineVEN Venezuela, Rp. bolivarienne du VNM VietnamYEM Ymen, Rp. du ZAF Afrique du SudZAR Congo, Rp. dmocratique duZMB ZambieZWE Zimbabwe

    xviii ABRVIATIONS ET NOTES CONCERNANT LES DONNES

    Notes concernant les donnesLes pays inclus dans les groupements rgionaux et de revenu dans ce Rapport sont lists dans le tableau Classification des conomies, la suite des Grands indicateurs du dveloppement dans le monde. Les classifications de revenus sont bases sur le produit intrieur brut (PIB) par habitant ; les seuils pour la classification de revenus de cette dition peuvent tre trouvs lintroduction des Grands indicateurs du dveloppement dans le monde. Les moyennes de groupe rensei-gnes dans les figures et tableaux sont des moyennes non pondres des pays du groupe, sauf indication contraire.

    Lutilisation du mot pays pour faire rfrence des conomies nimplique aucun jugement de la Banque mondiale sur le statut lgal ou autre dun territoire. Le terme pays en dveloppement recouvre les conomies faible et moyen revenu et peut donc inclure des co-

    nomies en transition de la planification centrale, pour des raisons dordre pratique. Les termes pays avancs ou pays dvelopps pour-raient tre utiliss, pour des raisons dordre pratique, afin de dnoter les conomies revenu lev.

    Les signes dollar sont des dollars amricains actuels, sauf indi-cation contraire. Milliard signifie 1 000 millions ; billion signifie 1 000 milliards.

    La dnomination Serbie et Montngro est utilise dans ce Rap-port soit parce que lvnement trait a eu lieu avant lindpendance de la Rpublique du Montngro en juin 2006, soit parce que des donnes spares pour la Rpublique de Serbie et la Rpublique du Montngro ntaient pas disponibles.

  • 1

    Une Africaine, vote sous le soleil, sarcle du sorgho avec une houe dans un champ aride, un enfant sur le dos : un tableau loquent de la pauvret rurale. Pour sa famille nom-breuse, comme pour des millions dautres dans sa situation, les maigres rcoltes de lagriculture de subsistance constituent la seule chance de survie. Dautres, hommes et femmes, ont pourtant opt pour des alterna-tives diffrentes afin dchapper cette pau-vret. Certains petits paysans rejoignent des organisations de producteurs et concluent des contrats avec des exportateurs et des supermarchs dans le but de vendre les lgumes quils produisent sous irrigation. Certains travaillent comme ouvriers non qualifis pour des cultivateurs plus impor-tants qui satisfont aux conomies dchelle requises pour pouvoir approvisionner les marchs alimentaires modernes. Dautres encore se lancent dans lconomie rurale non agricole, crant de petites entreprises de pro-duction daliments transforms.

    Alors que les mondes de lagriculture sont vastes, diversifis et en mutation rapide, ils peuvent, moyennant des politiques et des investissements de soutien adquats aux niveaux local, national et mondial, offrir de nouvelles opportunits des centaines de millions de ruraux et les aider chapper la pauvret. Les possibilits qui soffrent eux incluent llevage et la culture en peti-tes exploitations, lemploi dans la nouvelle agriculture forte valeur ajoute, lentre-preneuriat et les opportunits dans lcono-mie non agricole qui se dveloppe dans les zones rurales.

    Au 21e sicle, lagriculture demeure un instrument fondamental de dveloppement durable et de rduction de la pauvret. Les trois quarts des populations pauvres des pays en dveloppement vivent en zone rurale 2,1 milliards de personnes survi-

    vent avec moins de 2 $ par jour et 880 mil-lions avec moins de 1 $ par jour , la plu-part tirant leur subsistance de lagriculture. Vu o ils vivent et ce quils savent faire le mieux, il est impratif de promouvoir lagri-culture si lon veut atteindre les objectifs du Millnaire pour le dveloppement, qui sont de rduire de moiti la pauvret et la faim dici 2015 et de continuer les rduire dans les dcennies suivantes. Lagriculture seule ne suffira pas faire reculer massivement la pauvret mais elle a dmontr quelle possde un potentiel unique pour la pour-suite de cet objectif. Le dernier Rapport sur le dveloppement dans le monde consacr lagriculture datant dil y a 25 ans, il est temps de replacer celle-ci au centre du pro-gramme pour le dveloppement, en tenant compte du contexte actuel, radicalement diffrent en termes dopportunits et de dfis.2

    Lagriculture opre dans trois mondes distincts un monde vocation agricole, un monde en mutation et un monde urba-nis. Dans chacun deux, le plan daction pour mettre lagriculture au service du dveloppement, diffre dans la poursuite des objectifs de croissance durable et de rduction de la pauvret.

    Dans les pays vocation agricole, comme cest le cas dans la majeure partie de lAfrique subsaharienne, lagriculture et ses industries connexes sont essentielles, dune part, la croissance et, dautre part, la rduction de la pauvret et de lins-curit alimentaire des populations. Utiliser lagriculture comme base pour la croissance conomique dans les pays vocation agri-cole ncessite une rvolution sur le plan de la productivit des petits paysans. Etant donn le caractre unique des institutions et de lagriculture en Afrique subsaha-rienne, cette rvolution devra soprer dif-

    Aperu

  • 2 RAPPORT SUR LE DVELOPPEMENT DANS LE MONDE 2008

    fremment de la rvolution verte en Asie. La manire de la mettre en uvre, aprs plusieurs annes de succs limits, reste une question complexe. Mais les conditions ont chang et plusieurs succs au niveau local, ainsi que de nouvelles opportunits, peu-vent tre exploits.

    Dans les pays en mutation, cest--dire la plupart des pays dAsie du Sud-est ainsi que les pays du Moyen-Orient et dAfrique du Nord, laccroissement rapide des disparits entre revenus ruraux et revenus urbains, ainsi que lextrme pauvret, permanente en milieu rural, constitue une source impor-tante de tensions sociales et politiques. Il nest pas possible de remdier durablement au problme par des mesures de protection agricole, qui auraient pour effet daugmen-ter le prix des aliments (parce quun grand nombre de pauvres doivent aussi acheter leur nourriture) ou moyennant des sub-ventions. Aborder le problme des dispa-rits de revenus dans les pays en mutation requiert une approche globale qui exploite de multiples pistes dans leffort pour sortir de la pauvret passer lagriculture forte valeur ajoute, dcentraliser les activits conomiques non agricoles vers les zones rurales et fournir de lassistance pour aider les personnes sortir de lagriculture. Cette approche exige des initiatives innovantes et un engagement politique fort, mais peut profiter 600 millions de ruraux pauvres travers le monde.

    Dans les pays urbaniss, cest--dire la plus grande partie de lAmrique latine et de nombreux pays dEurope et dAsie cen-trale, lagriculture peut contribuer rduire la pauvret rurale rsiduelle, si les petits exploitants peuvent se muer en fournisseurs directs des marchs alimentaires modernes, si de bons emplois sont crs dans lagricul-ture et lagro-industrie, et si des marchs de services environnementaux sont introduits.

    Du fait des pnuries croissantes de res-sources et lincidence de plus en plus grande des externalits, le dve-loppement agri-cole et la protection de lenvironnement sont dsormais troitement lis. La lourde empreinte environnementale de lagricul-ture peut tre rduite, les systmes agricoles peuvent tre rendus moins vulnrables aux changements climatiques et lagriculture

    peut tre oriente de sorte fournir davan-tage de services environnementaux. La solu-tion ne rside pas dans le ralentissement du dveloppement agricole mais dans la recher-che de systmes de production plus adquats en termes de durabilit. La premire tape, dans cette dmarche, est de prendre les bonnes mesures incitatives en renforant les droits de proprits et de supprimer les subventions qui incitent la dgradation des ressources naturelles. Sadapter aux change-ments climatiques est galement impratif car ce sont les agriculteurs pauvres qui res-sentiront ces changements le plus durement ironie du sort car ils nont gure contribu les provoquer.

    Lagriculture est donc trs prometteuse en termes de croissance, de rduction de la pauvret et de services environnementaux, mais pour que ces promesses se concrti-sent, la main visible de lEtat devra gale-ment se manifester, en procurant les biens publics essentiels, en amliorant le climat de placement, en rglementant la gestion des ressources naturelles et en obtenant des rsultats sociaux souhaitables. Poursuivre un programme agricole des fins de dve-loppement ncessite que la gouvernance de lagriculture, sur les plans local, national et mondial, soit amliore. LEtat aura besoin de plus grandes capacits pour assurer la coordination entre les diffrents secteurs et conclure des partenariats avec les acteurs de la socit prive et civile. Les acteurs mon-diaux devront mener bien un programme complexe daccords interconnects et de biens publics internationaux. Lhabilitation de la socit civile, en particulier les organi-sations de producteurs, est essentielle pour amliorer la gouvernance tous les niveaux.

    Ce Rapport soulve trois questions cls:

    Que peut-tre la contribution de lagri-culture au dveloppement ? Lagriculture a servi de base la croissance et rduit la pauvret dans de nombreux pays mais plus de pays pourraient en bnficier si les pouvoirs publics et bailleurs de fonds pouvaient combler des annes de ngli-gence politique et remdier leurs sous-investissements et leur mauvais place-ments dans lagriculture.

  • Aperu 3

    Quels sont les moyens efficaces de met-tre lagriculture au service du dvelop-pement ? La priorit doit tre donne laugmentation des actifs des mnages, laccroissement de la productivit des petits producteurs et de lagriculture en gnral et la cration dopportuni-ts dans lconomie rurale non agricole que les ruraux pauvres puissent saisir.

    Quel est la meilleure manire de mettre en uvre les plans visant mettre lagri-culture au service du dveloppement ? En concevant les politiques et processus de dcision les plus adapts lconomie et au contexte social de chaque pays, en mobilisant lappui politique et en am-liorant la gouvernance de lagriculture.

    Quelle contribution lagriculture peut-elle faire au dveloppement ?Lagriculture prsente des caractristiques qui en font un instrument unique de dveloppementLagriculture peut travailler de concert avec les autres secteurs afin dacclrer la crois-sance, rduire la pauvret et prserver len-vironnement. Dans ce Rapport, lagriculture sentend de cultures, dlevage, dagrofo-resterie et daquaculture. Elle ninclut ni la foresterie de production ni les pches de

    capture commerciales car celles-ci requi-rent des analyses trs diffrentes. Ceci dit, les interactions entre lagriculture et la foreste-rie sont prises en compte dans lexamen de la dforestation, des changements climati-ques et des services environnementaux.

    Lagriculture contribue au dveloppement plusieurs gards. Lagriculture contribue au dveloppement en tant quactivit conomi-que, moyen de subsistance et fournisseur de services environnementaux, ce qui en fait un instrument de dveloppement unique.

    En tant quactivit conomique. Lagri-culture peut constituer une source de croissance de lconomie nationale, un facteur dopportunits dinvestissement pour le secteur priv et un moteur de premier ordre pour lindustrie apparen-te et le secteur rural non agricole. Deux tiers de la valeur ajoute agricole dans le monde sont crs dans les pays en dve-loppement. Dans les pays vocation agricole, elle gnre en moyenne 29 % du produit intrieur brut (PIB) et emploie 65 % de la population active. Les indus-tries et services associs lagriculture dans les chanes de valeur contribuent souvent pour plus de 30 % du PIB dans les pays en mutation et urbaniss.

    La production agricole est impor-tante pour la scurit alimentaire car elle reprsente une source de revenu pour la majorit des ruraux pauvres. Elle revt

    Figure 1 Le nombre de pauvres a augment en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne entre 1992 et 2002 (seuil de pauvret de 1$ par jour)

    Source : Ravallion, Chen & Sangraula, 2007.

  • 4 RAPPORT SUR LE DVELOPPEMENT DANS LE MONDE 2008

    une importance particulirement cru-ciale dans une douzaine de pays dAfri-que subsaharienne, qui comptent une population cumule denviron 200 mil-lions dhabitants, prsentent des pro-ductions intrieures trs variables, nont gure de dbouchs extrieurs pour leurs cultures de base et ne peuvent importer que dans une mesure limite pour satis-faire leurs besoins alimentaires fonda-mentaux, en raison de linsuffisance de leurs ressources en devises. Ces pays sont exposs des urgences alimentaires fr-quentes et aux incertitudes lies laide alimentaire. Il est donc essentiel pour eux, dans un souci de scurit alimen-taire, daugmenter et de stabiliser leur production intrieure.

    En tant que moyen de subsistance. Selon des estimations, lagriculture est le moyen de subsistance de 86 % des ruraux. Elle emploie 1,3 milliards de petits paysans et de ruraux sans terres, constitue une protection sociale finan-ce par la ferme en cas de chocs dans les zones urbaines et sert de fondation des communauts rurales viables. Des 5,5 milliards dhabitants que compte le monde en dveloppement, 3 mil-liards, cest--dire environ la moiti de la population mondiale totale, vivent en zones rurales. Des ces habitants ruraux, environ 2,5 milliards vivent au sein de mnages impliqus dans lagriculture et 1,5 milliard appartiennent des mna-ges de petits paysans.3

    La chute rcente du taux de pauvret (mesure au seuil de 1 dollar par jour) de 28 % en 1993 22 % en 2002 , a rsult principalement dun dclin de la pauvret rurale (de 37 % 29 %), tan-dis que le taux de pauvret en milieu urbain restait pratiquement constant, se maintenant 13 %. Plus de 80 % de cette baisse de la pauvret rurale sont impu-tables davantage une amlioration des conditions rurales qu une migration de sortie des pauvres (de 1 036 millions en 1993 883 millions en 2003). Ainsi, contrairement la perception gnrale, la migration vers les villes na pas t la cause principale de la rduction de la pauvret rurale (et mondiale).

    Mais le dclin important du nombre de ruraux pauvres (de 1 036 millions en 1993 883 millions en 2003) sest limit lAsie de lEst et au Pacifique (figure 1). En Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, le nombre de ruraux pauvres a continu daugmenter et y restera, selon toute pro-babilit, suprieur au nombre durbains pauvres jusquen 2040. Dans ces rgions, la priorit doit tre donne la mobilisa-tion de lagriculture en vue de rduire la pauvret.

    En tant que fournisseur de services environnementaux. Par son utilisa-tion (parfois abusive) des ressources naturelles, l agriculture peut avoir des rsultats environnementaux la fois bons et mauvais. Elle est, de loin, le plus grand consommateur deau et contribue ce titre aux pnuries. Elle constitue lune des causes majeures du tarissement des eaux souterraines, de la pollution dorigine agrochimique, de lappauvrissement des sols et des chan-gements climatiques, et est lorigine de jusqu 30 % des missions de gaz effet de serre. Cela dit, elle joue aussi un rle important de fournisseur de services environnementaux, gnrale-ment non reconnus leur juste valeur et non rmunrs : la fixation des car-bones, la gestion des bassins versants et la conservation de la biodiversit. En raison de la rarfaction croissante des ressources, des changements cli-matiques et des proccupations de cot environnemental, il nest pas envisagea-ble de continuer dans la mme logique. En outre, il est impratif de rduire la vulnrabilit des populations rurales pauvres aux changements climatiques. La gestion des liens existant entre lagri-culture, la conservation des ressources naturelles et lenvironnement doit faire partie intgrante dune agriculture au service du dveloppement.

    La contribution de lagriculture est diff-rente dans chacun des trois mondes ruraux. La manire dont lagriculture agit sur le dveloppement varie selon les pays et, plus prcisment, en fonction de leur mode dex-ploitation de lagriculture en tant que source

  • Aperu 5

    de croissance et instrument de rduction de la pauvret. Cette contribution de lagricul-ture la croissance et la rduction de la pauvret peut tre identifie en catgorisant les pays selon la part de lagriculture dans la croissance globale des 15 dernires annes et la part actuelle de la pauvret totale en zones rurales, par rfrence un seuil de pauvret de 2 $ par jour (figure 2). Cette perspective distingue trois types de pays trois mondes ruraux distincts (tableau 1):

    Les pays vocation agricole Lagricul-ture est la source principale de crois-

    sance : elle est responsable den moyenne

    32 % de la croissance du PIB principa-

    lement parce quelle produit une large

    part du PIB et la plus grande partie des

    pauvres vivent en zone rurale (70 %).

    Ce groupe de pays compte 417 millions

    dhabitants ruraux, principalement dans

    les pays dAfrique subsaharienne. 82 %

    Figure 2 La contribution de lagriculture la croissance et la part rurale de la pauvret identifient trois types de pays : vocation agricole, en mutation et urbaniss

    Source : quipe du RDM 2008.Note: Les flches reprsentent les trajectoires du Brsil, de la Chine, de lInde et de lIndonsie. La liste des codes de pays (en 3 lettres) et des pays qu ils reprsentent peut tre trouve en page xviii.

    Tableau 1 Caractristiques des trois types de pays, 2005

    Pays vocation

    agricole Pays en mutation Pays urbaniss

    Population rurale (millions), 2005 417 2 220 255

    Proportion de population rurale (%), 2005 68 63 26

    PIB par habitant ($US de 2000), 2005 379 1 068 3 489

    Part de lagriculture dans le PIB (%), 2005 29 13 6

    Croissance annuelle du PIB agricole, 19932005 (%)

    4,0 2,9 2,2

    Croissance annuelle du PIB non agricole, 19932005 (%)

    3,5 7,0 2,7

    Nombre de ruraux pauvres (millions), 2002 170 583 32

    Taux de pauvret rurale, 2002 (%) 51 28 13

    Source : Ravallion, Chen & Sangraula, 2007 ; Banque mondiale, 2006y.Note: Poverty line is $1.08 a day, in 1993 purchasing power parity dollars.

  • 6 RAPPORT SUR LE DVELOPPEMENT DANS LE MONDE 2008

    de la population rurale subsaharienne vit dans des pays vocation agricole.

    Les pays en mutation Lagriculture nest plus un facteur primordial de la croissance conomique, ne contribuant qu hauteur de 7 %, en moyenne, la croissance du PIB. Cependant, la pau-vret reste massivement rurale (82 % du total des pauvres). Ce groupe, dont font partie la Chine, lInde, lIndonsie, le Maroc et la Roumanie, compte plus de 2,2 milliards dhabitants ruraux. Les pays en mutation englobent 98 % de la population rurale dAsie du Sud, 96 % de celle dAsie de lEst et du Pacifique et 92 % des habitants ruraux du Moyen-Orient et dAfrique du Nord.

    Les pays urbaniss La contribution directe de lagriculture la croissance conomique est, dans les pays urbaniss, encore plus rduite 5 % en moyenne et la pauvret y est essentiellement un phnomne urbain. Les espaces ruraux comptent nanmoins 45 % de la popu-lation pauvre, et lagro-industrie et les industries et services alimentaires peu-vent gnrer jusqu un tiers du PIB. La plupart des pays dAmrique latine et des Carabes et plusieurs pays dEu-rope et dAsie centrale sont inclus dans ce groupe de 255 millions dhabitants. Une proportion de 88 % des populations rurales de ces deux rgions vivent dans des pays urbaniss.

    Les pays suivent des trajectoires qui, par-fois, peuvent les faire passer dun type de pays lautre. La Chine et lInde sont pas-ses, au cours des vingt dernires annes, de la catgorie des pays vocation agricole celle des pays en mutation, tandis que lIndonsie gravitait autour des pays urba-niss (figure 2). En outre, il existe de fortes disparits gographiques lintrieur des frontires dun mme pays par exemple, de nombreux pays en mutation et urbaniss possdent des rgions vocation agricole (telles que le Bihar en Inde et le Chiapas au Mexique).

    En classifiant les rgions lintrieur des pays selon leur potentiel agricole et leurs accs aux marchs, on saperoit que 61 % de la population rurale des pays en dvelop-

    pement vivent dans des rgions favorises des zones irrigues, humides ou semi-humides, sujettes un faible stress hydri-que, et avec des accs aux marchs variant de moyens bons (moins de cinq heures de trajet vers une ville de march dau moins 5 000 habitants). Cependant, les deux tiers de la population rurale dAfrique subsaha-rienne vit dans des zones moins favorises, dfinies comme arides et semi-arides ou avec un mauvais accs aux marchs. Dans cinq pays disposant de cartes dtailles de la pauvret, le taux de pauvret est sup-rieur dans les zones moins favorises alors que la plupart des pauvres vivent en zones favorises. Utiliser lagriculture des fins de rduction de la pauvret ne requiert donc pas seulement des investissements dans les zones moins favorises mais ncessite ga-lement un ciblage du grand nombre de pau-vres qui vivent en zones favorises.

    Le monde rural est un monde htrogne. Lhtrognit conomique et sociale est une caractristique fondamentale des espa-ces ruraux. Les gros exploitants agricoles coexistent avec les petits paysans. Ces der-niers forment galement des groupes trs varis. Certains pratiquent lagriculture commerciale, vendant leurs surplus sur les marchs et profitent ainsi de lexpansion des marchs des produits forte valeur ajoute de la nouvelle agriculture. De nombreux autres, par contre, pratiquent lagriculture

    Figure 3 La croissance du PIB due lagriculture bnficie substantiellement plus la moiti la plus pauvre de la population

    Source : Ligon & Sadoulet, 2007. Note : partir de donnes de 42 pays pour la priode 1982-2003 . Les gains sont nettement diffrents pour la moiti infrieure des dciles de dpense.

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    de subsistance, principalement parce quils nont que peu dactifs et oprent dans des conditions difficiles. Consommant lessen-tiel de la nourriture quils produisent, ils participent aux marchs en tant quache-teurs de produits alimentaires et vendeurs de main-duvre. Les membres de ces catgo-ries sont tributaires non seulement de leurs actifs, mais aussi de leurs sexe, ethnicit et statut social, car ceux-ci impliquent des capacits diverses utiliser les actifs et les ressources en fonction des opportunits.

    Lhtrognit caractrise galement le march rural du travail, o les emplois agri-coles exigeant peu de qualifications et faible-ment rmunrs sont lgion tandis que les emplois requrant des qualifications pous-ses et pouvant offrir une issue pour chap-per la pauvret sont peu nombreux. Elle caractrise, en outre, lconomie rurale non agricole, o il existe aussi bien des emplois de salaris et pour compte propre ayant un faible taux de productivit que des emplois dans des entreprises dynamiques. Enfin, elle caractrise les rsultats de la migration, qui permet certains ruraux de sortir de la pauvret tandis quelle en condamne dautres continuer de vivre dans la pau-vret et dans des taudis urbains.

    Cette profonde htrognit dans lagriculture et la socit rurale a de lar-ges implications sur laction que peuvent mener les pouvoirs publics dans le cadre de lutilisation de lagriculture au service du dveloppement. Ainsi, une rforme politi-que particulire est susceptible de favori-ser certains tout en nuisant dautres. La

    libralisation du commerce, qui a pour effet laugmentation du prix des produits alimentaires, pnalise les acheteurs nets (le plus grand groupe de ruraux pauvres dans des pays comme la Bolivie et le Bangladesh) et favorise les vendeurs nets (le plus grand groupe de ruraux pauvres au Cambodge et au Vietnam). Les politiques doivent tre diffrencies en fonction du statut et des conditions de vie des mnages, en tenant particulirement compte des normes qui rgissent les relations entre hommes et fem-mes. Les politiques diffrencies ne sont pas ncessairement conues pour favoriser un groupe plutt quun autre mais pour servir tous les mnages de manire plus efficace par rapport aux cots, en personnalisant les politiques leurs conditions et besoins, en particulier pour les plus pauvres. Trouver le juste quilibre dans lattention accor-de aux sous-secteurs, rgions et mnages favoriss et dfavoriss, constitue lun des dilemmes politiques les plus difficiles aux-quels auront faire face les pays pauvres, qui sont confronts de srieuses contrain-tes en termes de ressources.

    Lagriculture a largement prouv quelle pouvait contribuer au dveloppementLa croissance agricole a une capacit parti-culire rduire la pauvret dans toutes les catgories de pays. Des estimations ralises partir dun chantillon de pays montrent que la croissance du PIB due lagriculture est au moins deux fois plus efficace dans la rduction de la pauvret que la croissance

    Figure 4 Les dpenses publiques pour lagriculture sont les plus faibles dans les pays vocation agricole alors que la part de lagriculture dans le PIB y est la plus leve.

    Source : Fan, venir.

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    du PIB due dautres facteurs (figure 3). En Chine, selon les estimations, la croissance globale manant de lagriculture a t 3,5 fois plus efficace en termes de rduction de la pauvret que la croissance due aux autres secteurs et 2,7 fois plus en Amri-que latine. La rapide croissance agricole en Inde la suite dinnovations technologiques (la diffusion de varits haut rendement) et en Chine la suite dinnovations insti-tutionnelles (le systme de la responsabi-lisation des mnages et la libralisation du march) sest accompagne de dclins majeurs de la pauvret rurale. Plus rcem-ment, au Ghana, les mnages ruraux ont t lorigine dune forte baisse de la pauvret, induite en partie par la croissance agricole.

    Lagriculture peut constituer le secteur de rfrence dune croissance globale dans les pays vocation agricole. Lagriculture est un instrument avr de rduction de la pau-vret. Mais peut-elle galement tre le sec-teur de rfrence dune stratgie de crois-sance dans les pays vocation agricole ? Outre lampleur mme de ce secteur, deux arguments, dans le cas des pays vocation agricole de lAfrique subsaharienne, tendent appuyer une rponse affirmative.

    Premirement, dans plusieurs de ces pays, les denres alimentaires restent dif-ficilement changeables cause des cots de transaction levs et de la prdominance de denres de base ne faisant lobjet que dchanges limits, telles que les racines et tubercules, ainsi que les crales locales. De nombreux pays doivent donc, dans une large mesure, subvenir eux-mmes leurs besoins alimentaires. La productivit agri-cole fixe le prix des denres, qui, son tour, dtermine les cots salariaux et la comp-titivit des secteurs exportateurs. La pro-ductivit sur le plan des denres de base est donc la cl de la croissance.

    Deuximement, lavantage compara-tif, dans les sous-secteurs exportateurs, reposera, pendant de nombreuses annes encore, sur les activits primaires (lagri-culture et lextraction) et lagro-industrie, en raison de la dotation en ressources et du climat de linvestissement dfavorable lindustrie manufacturire. La plupart des conomies dpendent dun ventail dexportations de produits primaires non transforms et transforms (dont le tou-risme) pour gnrer des oprations de change. La croissance des secteurs agri-coles exportateurs et non exportateurs induit galement une forte croissance dans dautres secteurs de lconomie, grce des effets multiplicateurs.

    Cest pourquoi, pour de nombreuses annes encore, la stratgie de croissance de la plupart des conomies vocation agri-cole devra reposer sur les avances dans le domaine de lagriculture. Il existe din-nombrables exemples du rle de fondation jou par celle-ci au dbut du processus de dveloppement. La croissance agricole a t le prcurseur des rvolutions industrielles qui se sont propages dans le monde cli-mat tempr, de lAngleterre, la moiti du XVIIIe sicle, au Japon, la fin du XIXe. Plus rcemment, la rapide croissance agri-cole de la Chine, de lInde et du Vietnam a prcd lmergence de lindustrie. Comme pour la pauvret, la capacit particulire de lagriculture servir de base une crois-sance prcoce est bien tablie.

    Pourtant, lagriculture na t mise au ser-vice du dveloppement que dans une mesure

    Lagriculture a rencontr un large succs pour ce qui a t de satisfaire la demande alimentaire mondiale effective. Pourtant, pour plus de 800 millions de personnes, la scurit alimentaire nest pas une ralit et lagriculture a laiss une empreinte colo-gique norme. En outre, lavenir est de plus en plus incertain.

    Selon les tendances, les prix des mar-chs mondiaux pourraient inverser leur longue tendance la baisse et renforcer ainsi lincertitude entourant la scurit alimentaire mondiale. Les changements climatiques, la dgradation environne-mentale, la concurrence croissante pour laccs aux terres et leau, les cots plus levs de lnergie et les doutes quand aux futurs taux dadoption des nouvelles technologies prsentent tous dnormes dfis et risques qui rendent toute prvision difficile.

    Pour satisfaire la demande projete, la production cralire devra crotre de

    85 % entre 2000 et 2030. A cette demande sajoutera celle, croissante, de matires premires dalimentation pour la fabrica-tion des biocarburants, qui a dj pouss les prix mondiaux la hausse.

    Organiser la rponse globale de lagriculture cette demande croissante exigera des investissements efficaces et durables, cest--dire bien plus quune ges-tion courante. Une augmentation radicale des investissements est particulirement urgente en Afrique subsaharienne, o les importations alimentaires devraient plus que doubler dici 2030, selon une volution normale, o les impacts des changements climatiques devraient tre importants, alors que la capacit faire face est fai-ble, et o la progression des efforts pour augmenter la disponibilit alimentaire par habitant reste lente.

    Source: Rosegrant et al., 2007.

    eNc Adr 1 Quel avenir pour les disponibilits alimentaires ?

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    rduite. Outre les expriences fructueuses, de nombreuses tentatives de mettre lagri-culture au service du dveloppement se sont soldes par des checs. Nombre de pays vocation agricole prsentent toujours un taux anmique de croissance agricole par habitant et de rares transformations struc-turelles (diminution de la part de lagricul-ture dans le PIB et augmentation de la part de lindustrie et des services mesure que le PIB par habitant augmente). Il en va de mme pour les vastes zones lintrieur des frontires des pays de tous types. La crois-sance rapide de la population, la diminution de la taille des fermes, lappauvrissement des sols et les opportunits manques de diver-sification des revenus et de migration font en sorte que la capacit de lagriculture promouvoir le dveloppement reste inex-ploite. Cette situation rsulte de la pour-suite de politiques qui ont pour effet une imposition excessive de lagriculture et des investissements insuffisants dans cette der-nire, ce qui reflte une conomie politique dans laquelle les intrts urbains sont privi-lgis. Contrairement aux pays en mutation lorsquune part importante de leur PIB pro-venait encore de lagriculture, les pays vocation agricole investissent trs peu dans ce secteur par rapport la place de celui-ci dans le PIB (4 % dans les pays vocation agricole en 2004 contre 10 % dans les pays en mutation en 1980 ; figure 4). Sous leffet de pressions engendres par des crises ali-mentaires rcurrentes, les pouvoirs publics et bailleurs de fonds donnent la priorit la fourniture directe de produits alimentaires, au dtriment des investissements sources de croissance permettant dassurer la scurit alimentaire par laugmentation des revenus. Lorsque des femmes constituent la majorit des petits paysans, le fait quelles ne puissent consacrer lentiret de leur potentiel lagriculture est un facteur contribuant une croissance lente et linscurit alimentaire.

    Ce nest pas que dans les pays vocation agricole que lagriculture est trop peu mise au service du dveloppement. Dans les pays en mutation dont les secteurs non agricoles sont en croissance rapide, la raffectation de la main-duvre hors de lagriculture sopre gnralement avec un certain retard,

    abandonnant de nombreux pauvres en zone rurale et aggravant les disparits entre les revenus ruraux et urbains. La population rurale demande des subventions et de la protection. Mais une faible capacit fiscale soutenir des transferts assez importants pour rduire lcart entre les revenus et la demande continue des populations urbai-nes pour des produits alimentaires bas prix crent un dilemme politique. Le cot dopportunit des interventions (qui sont trois fois plus leves que les investissements publics dans lagriculture en Inde) prend la forme dune diminution des biens publics axs sur la croissance et les services sociaux dans les zones rurales. Une part de la solu-tion doit donc reposer sur laugmentation des revenus de lagriculture et de lconomie rurale non agricole.

    De nouvelles opportunits voient le jour. Le monde de lagriculture a radicalement chang depuis le Rapport sur le dveloppe-ment dans le monde 1982 qui lui tait consa-cr. Des nouveaux marchs dynamiques, des innovations technologiques et institu-tionnelles de grande porte et de nouveaux rles attribus lEtat, au secteur priv et la socit civile sont autant de caract-ristiques du nouveau contexte de lagricul-ture. La nouvelle agriculture mergente est pilote par des entrepreneurs privs dans de vastes chanes de valeur reliant les pro-ducteurs aux consommateurs et incluant de nombreux petits paysans entreprenants, soutenus par les organisations dont ils sont membres. Lagriculture axe sur les cultu-res de base et produits dexportation tradi-tionnels trouve aussi de nouveaux marchs car elle se diffrencie pour rpondre la demande changeante des consommateurs et aux nouvelles utilisations (par exemple, les biocarburants), et bnficie de lint-gration des marchs rgionaux. Toutefois, lagriculture est confronte de grandes incertitudes et appellent la prudence dans la gestion des disponibilits alimentaires (encadr 1).

    Une vision mergente de lagriculture au service du dveloppement redfinit les rles des producteurs, du secteur priv et de lEtat. La production est principalement assure par les petits paysans, qui restent

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    souvent les producteurs les plus efficaces, en particulier lorsquils sont soutenus par leurs organisations. Mais quand ces organisations ne peuvent raliser des conomies dchelle aux niveaux de la production et de la com-mercialisation, lagriculture commerciale fort coefficient de main-duvre peut sav-rer tre une meilleure forme de production, auquel cas les marchs efficaces et quitables en termes de travail constituent un instru-ment cl de rduction de la pauvret rurale. Le secteur priv pilote lorganisation des chanes de valeur qui conduisent le march aux petits paysans et fermes commerciales. LEtat par le biais dune capacit renfor-ce et de nouvelles formes de gouvernance remdie aux dfaillances du march, rglemente la comptition et participe de manire stratgique des partenariats avec le secteur priv pour promouvoir la comp-titivit du secteur de lagro-industrie et pour soutenir une plus grande mobilisation des petits paysans et ouvriers agricoles. Dans cette vision mergente, lagriculture joue un rle de premier ordre dans le plan daction pour le dveloppement.

    Quels sont les instruments efficaces pour mettre lagriculture au service du dveloppement ?Lagriculture peut constituer la plus grande source de croissance dans les pays voca-tion agricole et rduire la pauvret, tout en amliorant lenvironnement, dans les trois types de pays, bien que de manires dif-frentes. Pour que cela soit possible, il est ncessaire de renforcer les actifs des ruraux pauvres, afin de rendre les petites exploita-tions plus comptitives et viables, de diver-sifier les sources de revenus en les tendant au march du travail et lconomie rurale non agricole, et de faciliter les migrations russies au dpart de lagriculture.

    Elargir laccs aux actifsLes actifs des mnages sont des dtermi-nants majeurs de la capacit de ceux-ci participer aux marchs agricoles, gagner leur vie dans le cadre dune agriculture de subsistance, se montrer comptitifs en tant quentrepreneurs dans lconomie rurale non agricole et accder des emplois qua-

    lifis. La terre, leau et le capital humain constituent trois actifs de base. Mais les actifs des ruraux pauvres sont souvent mis mal par la croissance dmographique, les dgradations environnementales et les dis-torsions sociales engendres par les politi-ques et lallocation des biens publics.

    Nulle part la pnurie dactifs nest aussi grande quen Afrique subsaharienne, o la taille des fermes, dans plusieurs des zones les plus densment peuples, est trop rduite pour quelles soient viables, o la terre est considrablement appauvrie, o linvestis-sement dans lirrigation est ngligeable et o la mauvaise sant et le manque ddu-cation limitent la productivit et le recours de meilleures alternatives. La pression dmographique, la diminution de la taille des fermes et les pnuries deau constituent galement des dfis majeurs dans certaines rgions dAsie. Renforcer les actifs exige des investissements publics significatifs dans lirrigation, la sant et lducation. Dans dautres cas, les problmes concernent le dveloppement institutionnel, comme pour le renforcement de la scurit des droits de proprit et la qualit de ladministration des terres. Augmenter les actifs peut aussi requrir une action positive offrant lga-lit des chances aux groupes dfavoriss ou exclus, tels que les femmes et les minorits ethniques.

    La terre. Les marchs fonciers, en particu-lier les marchs locatifs, peuvent accrotre la productivit, aider les mnages diversifier leurs revenus et faciliter la sortie de lagri-culture. Tandis que les fermiers vieillissent, que les conomies rurales se diversifient et que la migration sacclre, des marchs fon-ciers efficaces sont ncessaires pour transf-rer la terre des utilisateurs plus productifs et faciliter la participation au secteur rural non agricole ainsi qu la sortie de lagri-culture. Toutefois, dans de nombreux pays, le caractre flou des droits de proprit, le manque de respect des contrats et des res-trictions juridiques limitent la performance des marchs fonciers, ce qui a pour effet de crer dimportantes carences dans la raffec-tation des terres et de la main-duvre et de renforcer les ingalits existantes dans lac-cs aux terres. Des filets de scurit et laccs

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    au crdit sont ncessaires pour rduire les ventes de terres en catastrophe lorsque les fermiers sont exposs des chocs.

    La rforme agraire peut promouvoir lentre des petits paysans sur le march, rduire les ingalits dans la distribution des terres, augmenter lefficacit et tre organise de sorte que les droits des fem-mes soient reconnus. La redistribution de grands terrains sous-exploits pour per-mettre des petits paysans de sinstaller peut fonctionner si elle saccompagne de rformes visant favoriser la comptiti-vit des bnficiaires un objectif qui sest avr difficile atteindre. Des subventions cibles visant faciliter une rforme agraire axe sur le march sont utiliss au Brsil et en Afrique du Sud. Des leons doivent tre tires de ces expriences pionnires en vue dune possible application plus large.

    La rforme agraire peut promouvoir lentre des petits paysans sur le march, rduire les ingalits dans la distribution des terres, augmenter lefficacit et tre organise de sorte que les droits des femmes soient reconnus. La redistribution de grands terrains sous-exploits pour permettre des petits paysans de sinstaller peut fonc-tionner si elle saccompagne de rformes visant favoriser la comptitivit des bn-ficiaires un objectif qui sest avr difficile atteindre. Des subventions cibles visant faciliter une rforme agraire axe sur le march sont utiliss au Brsil et en Afrique

    du Sud. Des leons doivent tre tires de ces expriences pionnires en vue dune possi-ble application plus large.

    Leau. Laccs leau et lirrigation est un dterminant majeur de la productivit de la terre et de la stabilit des rendements. La productivit de terres irrigues quivaut plus du double de celle des terres en culture sche. En Afrique subsaharienne, seulement 4 % de la superficie en production sont sous irrigation, pour 39 % en Asie du Sud et 29 % en Asie de lEst. Avec les changements climatiques et les incertitudes mergentes au sujet de lagriculture pluviale et de la rduction du ruissellement provenant des glaciers, linvestissement dans le stockage de leau va devenir de plus en plus crucial. Malgr les pnuries croissantes deau et la hausse des cots des projets dirrigation grande chelle, il existe de nombreuses pos-sibilits de renforcer la productivit en ror-ganisant des systmes existants, en dvelop-pant les systmes existants et en intensifiant les activits de collecte deau.

    Lducation. Alors que la terre et leau sont des actifs critiques pour les zones rura-les, lducation est souvent lactif le plus prcieux pour permettre aux populations rurales de saisir des opportunits dans la nouvelle agriculture, quil sagisse dacc-der des emplois qualifis, de dmarrer des affaires dans lconomie rurale non

    Figure 5 Les pays en dveloppement imposent moins les denres agricoles exportables

    Source : Anderson, venir.Note : Le taux nominal de laide mesure le rapport entre les prix la production intrieure et les prix la frontire, et prend aussi en compte les subventions intrieure au titre des facteurs de production.

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    agricole ou de migrer avec succs. Cepen-dant, les niveaux dducation sont souvent extrmement faibles dans les zones rurales du monde entier : une moyenne de qua-tre annes de scolarit pour les hommes adultes et moins de trois annes pour les femmes adultes en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud, ainsi quau Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Lamlioration de lducation de base a t plus lente en milieu rural que dans les zones urbanises. Lorsque la demande en ducation est fai-ble dans les espaces ruraux, elle peut tre stimule au moyen de transferts despces (comme au Bangladesh, Brsil et Mexique) en fonction de la frquentation scolaire. Toutefois, cest la qualit de lducation rurale qui, de plus en plus, exige lamlio-ration la plus substantielle, au moyen dun enseignement essentiellement conu pour inclure une formation professionnelle mme de procurer les comptences tech-niques et commerciales requises dans la nouvelle agriculture et lconomie rurale non agricole.

    La sant. La morbidit et la mortalit dues au VIH/sida et au paludisme peuvent considrablement rduire la productivit agricole et compromettre gravement les moyens de subsistance. La majorit des personnes atteintes du VIH travaillent dans lagriculture et beaucoup peut tre fait pour adapter les politiques agricoles cet gard, en soutenant des ajustements par rapport aux chocs en matire de main-duvre et en assurant la transmission de connais-sance aux orphelins. En Zambie, les per-tes de population ont t particulirement graves chez les jeunes ruraux adultes : selon les estimations, 19 % des personnes ges dentre 15 et 24 ans en 1990, lge le plus productif, sont mortes avant la fin de lan-ne 2000. Toutefois, lagriculture constitue galement une menace pour la sant des ruraux pauvres. Lirrigation peut augmen-ter lincidence du paludisme et selon les estimations, lintoxication aux pesticides est responsable de 355 000 morts par an. Les zoonoses telles que la grippe aviaire, qui manent de la proximit entre humains et animaux, posent des menaces croissantes la sant humaine. Il est possible de gn-

    rer dimportants dividendes tout en assu-rant le bien-tre au moyen dune meilleure coordination des programmes agricoles et sanitaires.

    Augmenter la productivit et la viabilit des petites exploitationsDans le cadre de lagriculture au service du dveloppement, lamlioration de la pro-ductivit, de la rentabilit et de la durabi-lit des petites exploitations agricoles est le principal moyen de sortir de la pauvret. Que faudra-t-il faire pour y parvenir ? Un large ventail dinstruments politiques, dont beaucoup sappliquent diffremment aux petites exploitations commerciales et aux paysans qui pratiquent lagriculture de subsistance, peuvent tre mis en uvre afin datteindre les objectifs suivants :

    amliorer les incitations par les prix et augmenter la qualit et la quantit des investissements publics (chapitre 4) ;

    amliorer le fonctionnement des mar-chs des produits (chapitre 5 et 6) ;

    amliorer laccs aux services financiers et rduire lexposition aux risques non assurs (chapitre 6) ;

    renforcer les performances des organisa-tions de producteurs (chapitre 6) ;

    promouvoir linnovation au moyen de la science et de la technologie (chapitre 7) ;

    rendre lagriculture plus durable et en faire un fournisseur de services environ-nementaux (chapitre 8).

    Amliorer les incitations par les prix et aug-menter la qualit et la quantit des investis-sements publics. Des rformes rcentes ont amlior les incitations par les prix pour les producteurs agricoles des pays en dvelop-pement, ce qui a permis de rduire, mais pas dliminer, le parti pris historique de la politique en dfaveur de lagriculture. Entre 1980 et 1984 et entre 2000 et 2004, le taux dimposition net de lagriculture a baiss en moyenne de 28 10 % dans les pays vocation agricole et de 15 4 % dans les pays en mutation, tandis que dans les pays urbaniss, on est pass dune protection marginalement ngative une protection nette de 9 %. Toutefois, un faible niveau dimposition net masque une combinai-

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    son de protection des produits importables et dimposition des produits exportables (particulirement dans les pays vocation agricoles et ceux en mutation), qui peuvent tre leves dans les deux cas (figure 5). En outre, il reste une marge de manuvre considrable en termes de gains defficacit au moyen de rformes dans les politiques commerciales propres des pays en dvelop-pement. La libralisation des importations de denres alimentaires de base peut ga-lement savrer favorables aux pauvres car, souvent, la majorit des pauvres, y compris les petits paysans, sont des acheteurs nets de denres alimentaires. Nanmoins, de nombreux vendeurs nets pauvres (dans cer-tains cas, le plus grand groupe de pauvres) y perdront et des programmes spcifiques aux contextes nationaux seront ncessaires pour faciliter la transition vers les nouvelles ralits des marchs.

    loppos, le dclin de lappui aux pro-ducteurs dans les pays membres de lOrgani-sation de coopration et de dveloppement conomiques (OCDE) ne sest, globalement, pas aggrav. Le soutien aux producteurs a chut de 37 % du revenu brut agricole en 1986-88 30 % en 2003-05. Lappui direct li aux prix des produits a laiss la place dautres formes daide engendrant moins de distorsions, telles que les transferts despces dcoupls de la production, particulire-ment au sein de lUnion europenne (UE). Cependant, de tels transferts ne sont pas tou-jours neutres lgard de la production car ils

    rduisent laversion au risque (effet de richesse) et la variabilit du revenu agricole (effet dassurance), et permettent aux ban-ques doffrir des prts aux fermiers quelles ne consentiraient pas en temps normal.

    Selon les estimations, limpact, en termes de bien-tre, dune libralisation totale du commerce serait relativement important. En abolissant le systme de protection dont ils jouissent actuellement, les pays indus-trialiss induiraient des gains sur le revenu annuel qui quivaudraient au quintuple des flux daide annuels dont bnficie actuel-lement lagriculture dans les pays en dve-loppement. Toutefois, cet impact varierait selon les produits et les pays. Il est estim que, dans le cadre dune libralisation totale des changes, les prix des produits agricoles augmenteraient, au niveau international, de 5,5 % en moyenne, tandis que ceux du coton devraient augmenter de 21 % et ceux des graines olagineuses de