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Business School WORKING PAPER SERIES IPAG working papers are circulated for discussion and comments only. They have not been peer-reviewed and may not be reproduced without permission of the authors. Working Paper 2014-392 La Culture nationale freine-t-elle la gestion des résultats ? Imen Khanchel El Mehdi http://www.ipag.fr/fr/accueil/la-recherche/publications-WP.html IPAG Business School 184, Boulevard Saint-Germain 75006 Paris France

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Business School

W O R K I N G P A P E R S E R I E S

IPAG working papers are circulated for discussion and comments only. They have not been

peer-reviewed and may not be reproduced without permission of the authors.

Working Paper

2014-392

La Culture nationale freine-t-elle la

gestion des résultats ?

Imen Khanchel El Mehdi

http://www.ipag.fr/fr/accueil/la-recherche/publications-WP.html

IPAG Business School

184, Boulevard Saint-Germain

75006 Paris

France

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La Culture nationale freine-t-elle la gestion des résultats ?

Imen Khanchel El Mehdi

IPAG Business School, IPAG-Lab (Paris –France)

University of Manouba, ESC

[email protected]

Résumé : Cet article traite l’effet de la culture sur la gestion des résultats. A partir d’un

échantillon d’entreprises appartenant à 25 pays ayant des caractéristiques économiques et

socioculturelles différentes pour la période 2007-2011, nous avons démontré que la culture

influence la gestion des résultats en considérant trois de ses composantes à savoir la distance

hiérarchique, le contrôle de l’incertitude et le collectivisme. Toutefois aucune relation n’a été

mise en évidence pour la masculinité et l’orientation à long terme.

Mots clés : relativisme culturel, comportement planifié, équations structurelle, théorie de

l’écologie culturelle.

INTRODUCTION

La culture nationale est programmée dans l'esprit des individus dès le jour de leurs

naissances et développée à travers leur vie quotidienne (Hofstede, 1989). La culture en tant

qu’ensemble de croyances, comportements et règles auxquels une société croit renvoie niveau

de programmation mentale la plus profonde caractérisée par les "valeurs". Bien que les

valeurs constituent souvent le point de divergence entre les cultures nationales, ces dernières

sont inséparables de certaines valeurs morales telles l’équité, la transparence, l’honnêteté…..

(Hofstede, 1989). Toutefois, avec le développement de la théorie financière relative aux

marchés financiers, aux conflits d’agence, aux relations contractuelles et à la gouvernance, le

revers de la médaille de la culture a été exposé. La culture peut permettre au dirigeant de

développer son capital relationnel et spécifique pour s’ancrer d’avantages et assurer la

sécurité de son emploi. Elle disperse aussi les efforts, les compétences et les ressources et elle

crée des problèmes d’opacité, de coordination, de conflits et de gouvernance. Ainsi, au lieu de

résulter en un meilleur respect des valeurs partagées, la culture est accompagnée d’un

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comportement non anticipé. En effet, les pressions institutionnelles exercées par les marchés

et par les systèmes légaux, contraignent les sociétés à adopter certains comportements en se

servant de leur culture en vue d’atteindre les objectifs anticipés. L’un des objectifs considérés

comme un référentiel est l’atteinte du résultat cible. La non atteinte de ce résultat est

accompagnée dans la plupart des cas d’une décote. Ainsi la culture peut être un moyen dont

disposent les dirigeants pour atteindre le résultat anticipé à travers la gestion des résultats. Au

tout devant de ce mouvement d’attaque à la culture, se positionne la théorie du relativisme

culturel, les théories organisationnelles et la théorie du comportement planifié.

Selon la théorie du relativisme culturel, les individus ont des cultures différentes et

donc des différences de comportement et de croyances sont anticipées. Ainsi la culture est un

facteur explicatif des divergences de comportement et de croyance (Triandis, 1995). En

comptabilité, le relativisme culturel entraine une divergence d’interprétation des pratiques

comptables et une discrétion managériale (Doupnik et Tsakumis, 2004). Cette discrétion

managériale facilite la gestion des résultats (Degeorge et al., 1999).

Selon les théories organisationnelles les différences culturelles influencent la

hiérarchie des besoins. Ainsi les individus préfèrent plus être dans un pays où la culture est

caractérisée par un faible contrôle de l’incertitude, un fort degré de masculinité (afin de

réussir) et un individualisme forcené (afin d'arriver au sommet). Cet environnement ne crée

pas de motivations à la gestion des résultats d’où une absence quasi-totale de gestion des

résultats (Guan et al., 2006 ; Nikoomaram et al., 2010 ; Han et al., 2010).

Selon la théorie du comportement planifié, très peu explorée dans ce domaine, un

comportement planifié est toujours précédé par une intention d’action correspondante à la

motivation ou la volonté d’une personne à adopter un comportement. L’intention est la

résultante de trois variables. La première variable est l’attitude qu’a l’individu relativement à

son comportement. L’attitude du dirigeant vis- à vis de la gestion des résultats dépend de ses

anticipations quant aux bénéfices et coûts pouvant résulter d’une telle pratique ; les

entreprises croyant que la gestion des résultats présente suffisamment d’avantages s’engagent

plus dans une telle pratique (Jeanjean, 2001). La deuxième variable renvoie à la perception

des normes subjectives ou sociales ; la gestion des résultats est souvent la résultante des

pressions exercées par les parties prenantes (Dye, 1988 ; Hepworth, 1953) ou par les marchés

de capitaux (Bhojraj et Libby, 2005 ; Burgstahler et al., 2006 ; Jensen, 2005). La perception

du contrôle sur le comportement, troisième variable explicative de l’intention, stipule que le

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comportement dépend aussi du niveau de contrôle supposé être exercé sur le comportement en

question : la gestion des résultats se justifie s’il y a un terrain propice à travers l’exploitation

de la flexibilité des normes comptables, l’existence d’un système de gouvernance laxiste ...

Tous ces arguments ont motivé cette recherche. En effet, nous essaierons de répondre

à la question suivante : La culture influence t- elle la gestion des résultats ? Pour répondre à

la question de cette recherche, nous menons une étude cross-nationale sur une période de cinq

ans allant de 2007 à 2011 incluant un échantillon composé d’entreprises appartenant à 25 pays

différents (issus d’environnements socio- économiques différents).

La question centrale de cette recherche permet d’élucider la relation qui pourrait

exister entre la culture et la gestion des résultats. En effet, la prééminence accordée aux

théories organisationnelles, ne suffisent pas pour fournir une explication satisfaisante sur la

relation entre les deux construits. D’ailleurs, les divergences culturelles, même si elles

existent, sont parfois considérées d’une importance de second ordre. Il s’agit de voir les

motivations à la gestion des résultats en tenant compte des différences culturelles. D’ailleurs

des réactions boursières négatives n’affectent pas uniquement la richesse des actionnaires

mais aussi, les intérêts des dirigeants. La publication de résultats stables et conformes aux

benchmarks du marché, est aujourd’hui une obligation qui pèse sur les dirigeants. Ces

derniers sont tiraillés entre la transparence avec les inconvénients de divulguer des résultats

volatiles ou médiocre et l’opacité avec les avantages d’afficher des résultats réguliers et

performants. La gestion des résultats est par conséquent, la solution et la culture en est

l’instrument qui crée les conditions favorables au développement de cette pratique

opportuniste.

Ainsi, s’intéresser à l’impact de la culture sur la gestion des résultats, provient de

plusieurs considérations. D’abord, cette étude va permettre de contribuer à la littérature

existante caractérisée par une forte divergence quant à l’impact de la culture nationale sur la

gestion des résultats tout en utilisant une démarche différente. En effet, bien que la plupart des

études antérieures (Choi et Pae, 2011; Kim et al., 2012) ont eu recours aux scores de Hofstede

(1980 et 2001) pour mesurer la culture, nous avons opté pour une approche écologique de la

culture : nous avons eu recours aux données économiques et démographiques des pays de

notre échantillon pour mesurer ces tendances en nous basant sur la théorie de l’écologie

culturelle. Ensuite, cette étude va nous permettre de recenser l’impact de la culture sur la

gestion des résultats en tenant compte d’une mesure synthétique de la gestion des résultats

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obtenus en considérant trois modèles distincts (Dechow et al. 2003 ; Rees et al, 1996 ;

Kothari et al. , 2005). De plus, cette recherche apporte des éléments de réponses au public et

aux chefs d’entreprises des pays de l’Afrique puisqu’à l’opposé des études antérieures ayant

considéré uniquement deux pays de l’Afrique, nous avons pris en compte des entreprises

appartenant à dix pays de l’Afrique. Enfin l’utilisation des équations structurelles pour

déterminer l’impact de la culture sur la gestion des résultats est considérée comme une

méthode adéquate utilisée dans la présente recherche puisque les deux concepts étudiés sont

non observables.

Le reste de l’article s’articule comme suit. Nous allons présenter dans la première

section la notion de gestion des résultats, la culture et l’impact de la culture sur la gestion des

résultats. Dans la deuxième section, nous présenterons nos hypothèses ainsi que notre

méthodologie de recherche. La troisième section sera consacrée à la présentation des résultats

et la quatrième à la conclusion.

SECTION 1- REVUE DE LA LITTERATURE

1/ La gestion des résultats: Une pratique en plein émergence

Plusieurs définitions ont été proposées concernant la gestion des résultats :

Copeland (1968) définit la gestion des résultats par la capacité à augmenter ou à réduire le

résultat net publié. Schipper (1989) définit la gestion des résultats par : « une intervention

délibérée du dirigeant dans le processus d’information financière externe dans le but de

s’approprier des gains personnels». Healy et Wahlen (1999) avancent que « la gestion des

résultats intervient lorsque les managers utilisent leur latitude discrétionnaire dans le

processus de comptabilité financière et dans la structuration des transactions pour modifier

les états financiers soit pour induire en erreur certaines parties prenantes sur les

performances économiques réelles de l’entreprise, soit pour influencer les enjeux contractuels

qui reposent sur les chiffres comptables».

Ces définitions illustrent la polémique sur l’interprétation de la gestion des résultats en

mettant l’accent sur deux approches de la gestion des résultats: une approche opportuniste et

une approche informationnelle. L’approche opportuniste implique que les managers vont

manipuler les résultats pour induire en erreur les investisseurs à propos de la performance

réelle de la firme. L‘approche informationnelle implique, quant à elle, que les dirigeants, en

manipulant les résultats, peuvent signaler de bonnes ou de mauvaises nouvelles aux

investisseurs. Cette conception, un peu paradoxale, trouve son origine dans la théorie de

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l’asymétrie de l’information : les marchés financiers souffrent d’une asymétrie

informationnelle entre les offreurs et les demandeurs des capitaux. Les dirigeants des firmes,

demandeurs de capitaux, disposent d’informations privées sur les perspectives futures de leur

entreprise. De telles informations doivent être communiquées aux investisseurs, offreurs des

capitaux, pour qu’ils puissent évaluer correctement les titres qui leur sont offerts (Dumontier,

2003).

2/ La culture : Une pratique multidimensionnelle

Plusieurs études ont été menées pour mesurer la culture nationale en lui attribuant des

attributs ou dimensions. La littérature existante montre une variété de déterminants utilisés

afin d’opérationnaliser le concept de la culture nationale. Dans le cadre de cet article nous

allons présenter le modèle de Hofstede (1980) et (2001) pour deux raisons. D’abord plusieurs

études ont démontré la pertinence et la validité de ses dimensions (Barkema et Vermeulen,

1997 ; Beugelsdijk et al., 2006 ; Yang et al., 2009). Ensuite ce modèle est jugé par les études

antérieures comme le modèle le plus utilisé en comptabilité (Sudarwan et Fogarty, 1996 ;

Laínez et Gasca, 2006 ; Tsakumis et al., 2007 ; Yang et al., 2009 ,…).

L’étude de Hofstede (1980) sur la culture est considérée la plus importante (Leung et

al., 2005). Hofstede (1980) définit la culture comme étant la programmation mentale

collective qui distingue les membres d’un groupe par rapport à un autre. Hofsdtede (1980)

attribue à la culture d’un pays quatre dimensions : la distance hiérarchique, le contrôle de

l’incertitude, l'individualisme contre le collectivisme et la masculinité contre la féminité

La première dimension, la distance hiérarchique, renvoie au degré d’acceptation de la

subordonnée du pouvoir attribué de façon inégale et exercé par les institutions et les

organisations. Le degré d’acceptation de ce pouvoir dépend de la culture de la subordonnée.

Selon Hofstede (1980), la distance hiérarchique est fonction de plusieurs paramètres tels que

la taille de la population, la position géographique du pays, le partage non équitable des

richesses, l’importance de l’histoire, le degré de présence de la religion dans le pays. Hofstede

(1980) a démontré que les pays peuvent être regroupés en trois selon la distance hiérarchique :

les pays caractérisés par une très grande distance hiérarchique (tels que le Japon, la Chine),

ceux caractérisés par une distance hiérarchique moyenne (les Pays-Bas, la France,

l’Allemagne, les Etats-Unis…) et ceux ayant une faible distance hiérarchique (l’Autriche, la

Suède, le Danemark,…).

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Le contrôle de l’incertitude, deuxième dimensions de la culture, désigne le degré

jusqu’auquel les individus se sentent menacées par l’incertitude et par des situations

inattendues. Le contrôle de l’incertitude renvoie à la façon avec laquelle on appréhende le

risque. Selon Hofstede (1980), il y a trois composantes à prendre en compte pour contrôler

l’incertitude : la mise en place de règles, la stabilité de l’emploi et le stress dans la vie

quotidienne. Selon Hofstede (1980), le contrôle l’incertitude causé par la nature peut être

assuré par la technologie, les lois et les règles permettent de pallier à l’incertitude relative au

comportement des autres. Quant à la religion elle permet d’éviter l’incertitude face à laquelle

l’individu n’a aucune solution. Hoftede (1980) classe les pays en deux selon le degré de

contrôle de l’incertitude ; les pays à contrôle élevé de l’incertitude (tels que le Japon, la

France, l’Italie, les Etats- Unis …) et ceux à faible contrôle de l’incertitude (tels que l’Irlande,

la Suède, l’Angleterre….).

La troisième composante, individualisme versus collectivisme, renvoie aux exigences

des membres d’une société en termes d’indépendance et de liberté. Dans les sociétés

individualistes, les individus n’accordent de l’attention qu’à eux même et qu’à leur famille

immédiate. Dans les sociétés communautaires, les individus agissent en groupes cohésifs.

Selon Hofstede (1980) le développement technique et économique influence le degré

d’individualisme. Par exemple, pour les pays riches, on privilégie les sociétés individualistes

alors que pour les pays pauvres on privilégie les sociétés communautaires. Parmi les pays

classés comme individualistes par Hofstede (1980), nous citons les Etats- Unis, l’Italie, le

Canada. Les pays en voie de développement et les pays arabes sont considérés selon Hofstede

(1980) comme des pays communautaires.

Masculinité versus féminité est la quatrième composante de la culture. Selon Hofstede

(1980), le masculin est synonyme de réussite et de possession alors que le féminin représente

l’environnement social et l’entraide. Les sociétés masculines sont caractérisées par une

autorité des hommes et par une modestie et une tendresse des femmes. Dans ces sociétés, les

hommes donnent de l’importance au succès matériel, alors que les femmes sont plus attirées

par la qualité de vie. Par opposition, dans les sociétés féminines aussi bien les hommes que les

femmes donnent de l’importance à la qualité de vie.

Plus tard Hofstede (2001) a ajouté à son modèle une cinquième dimension en opposant

l’orientation à long terme à celle à court terme. Plus spécifiquement Hofstede (2001) oppose

les valeurs liées à l’économie, le respect du rang de chacun dans les relations sociales et la

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persévérance aux valeurs associées au respect de la tradition, l’accomplissement des

engagements sociaux, la stabilité personnelle et la protection de l’image propre.

3/ Fondements théoriques de l’impact de la culture sur la gestion des résultats

Pour étudier la relation entre la gestion des résultats et la culture, il est de prime

d’abord essentiel de présenter les différentes théories ayant abordé une telle relation.

3.1/ Explications à travers la théorie du relativisme culturel

La littérature antérieure (Degeorge et al., 1999) a mis en évidence que la gestion des

résultats peut être facilitée par une discrétion managériale dont jouit le dirigeant. Selon le

modèle sociologique du comportement humain, cette discrétion managériale peut être

expliquée par les influences culturelles ou en d’autres termes le relativisme culturel. En

anthropologie, le relativisme culturel est la méthode basée sur les différences culturelles pour

comprendre le comportement humain puisque ces différences émanent de divergences au

niveau des coutumes et des institutions de la culture. Les études antérieures (Kuran, 2009)

ont montré par ailleurs que les décisions comptables sont influencées par la culture nationale.

Par conséquent des différences au niveau culturel conduisent à des décisions différentes au

niveau comptable (Gray, 1988 ; Perera, 1989). D’où la nécessité de prendre en compte le

relativisme culturel en comptabilité (Gray, 1988 ; Perera, 1989 ; Belkaoui, 1995 ; Doupnik et

Salter, 1995 ; Hofstede, 2001). Dans ce cadre, Belkaoui (1995) montre que "la culture, à

travers ses composantes, ses éléments et ses dimensions, dicte la structure organisationnelle

adoptée, le comportement micro- organisationnel et le fonctionnement cognitif des individus,

de telle sorte à influencer le jugement et le processus de décision en matière de comptabilité

et d’audit" (Belkaoui, 1995, p.3). Dans le même contexte, Hofstede (2001) avance que la

comptabilité, guidée par les valeurs influencées par la culture, est une discipline laissant des

espaces de liberté et favorisant les jugements.

L’étude de Gray (1988) est l’une des premières recherches à étudier la relation entre

la culture et la comptabilité en considérant cette dernière comme une subculture à l’intérieur

du système social. Ainsi, l’éducation et l’expérience en comptabilité permettent à l'individu

d’être instruit de principes, de traditions et d’un langage spécial afin de maitriser les valeurs et

les attitudes spécifiques à la profession comptable. Ces valeurs et ces attitudes constituent la

subculture comptable d’un pays donné. A ce niveau une question mérite d’être posée :

comment la culture influence-t-elle les pratiques comptables ? Selon Gray (1988) l'influence

de la culture sur les pratiques comptables est expliquée par les interactions des valeurs

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sociétales et des institutions d'une nation avec la subculture comptable. L’hypothèse centrale

développée par Gray (1988) est qu'à travers différentes valeurs sociétales, les influences

externes et les facteurs écologiques favorisent la création de différents systèmes et valeurs

comptables. En effet, les forces extérieures influencent aussi bien l’environnement écologique

et les valeurs culturelles ou sociétales des individus. Ces valeurs ont une influence sur la

structure institutionnelle (éducation, religion,…) et contribuent à son maintien et à son

développement. Ainsi, la structure institutionnelle est le reflet et le renfort des valeurs

sociétales. Ainsi il y a une relation étroite entre les valeurs sociétales et les systèmes et les

pratiques comptables. D’une part, les systèmes et les pratiques comptables sont influencés par

les valeurs sociétales en se référant aux valeurs liées au travail. D’autre part, les systèmes et

les pratiques comptables contribuent au renforcement des valeurs sociétales à travers leur

développement et leur divergence. La relation identifiée par Gray (1988) est synthétisée dans

la figure suivante:

En développant un modèle comptable pour opérationnaliser les pratiques comptables

d’un pays, Gray (1988) identifie quatre valeurs comptables subculturelles.

La première valeur, professionnalisme versus contrôle statutaire, met l’accent sur les

différences dans les jugements et les attitudes des professionnels qui sont dus à des pratiques

Valeurs sociétales

Valeurs comptables

Renforcement

Systèmes Comptables

Fig. 1 Culture, valeurs sociétales et subculture comptable

Source: Gray (1988, p. 7)

Influences écologiques

Géographiques

Economiques

Démographiques

Génétiques/Hygiéniques

Historiques

Technologiques

Urbanisation

Influences

extérieures

Forces de la nature

Commerce

Investissement

Conquête

Conséquences institutionnelles

Systèmes légaux

Structure de propriété

Marchés boursiers

Associations professionnelles

Education

Religion

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comptables diversifiées. Cette dimension oppose donc les pays où les professionnels

comptables disposent d’une certaine latitude pour exercer un jugement professionnel et pour

maintenir une autorégulation professionnelle, aux pays préférant un contrôle statutaire leur

permettant de respecter les recommandations imposées par les organismes gouvernementaux.

La deuxième valeur est l’uniformité contre flexibilité. Pour Gray (1988) l'uniformité a

des objectifs de comparabilité et constitue par conséquent, pour certains pays, un principe

fondamental en comptabilité (Choi et Mueller, 1984). Par opposition certains pays préfèrent la

flexibilité leur permettant de s'aligner avec les circonstances et l'environnement.

La troisième valeur est le conservatisme contre optimisme. Puisque cette variable varie

d’un pays à un autre, elle constitue selon Gray (1988) une variable fondamentale dans la

détermination des pratiques comptables et elle est influencée par le développement des

marchés de capitaux, les besoins des différents utilisateurs et les règles fiscales du pays en

question. Dans ce cadre, Nobes (1984) démontre que bien qu’en Europe Continental on

adopte une approche plutôt très conservatrice, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni la tendance

est plus optimiste. Cette valeur comptable oppose donc les pays conservateurs et prudents

(vis-à-vis de l’incertitude) aux pays optimistes agissant avec une approche du "laisser faire"

et prenant plus de risques dans ces mêmes circonstances.

La quatrième valeur, discrétion contre transparence est très liée aux pratiques de

divulgation et à l’étendu de la discrétion au sein d'un pays donné. Cette dimension oppose les

pays adoptant une démarche transparente et ouverte pour une divulgation d’informations au

public aux pays optant pour la confidentialité et la restriction d’accès aux informations

uniquement aux personnes impliquées dans la gestion et le financement.

3.2/ Gestion des résultats et culture selon les théories organisationnelles

La relation entre la gestion des résultats et la culture peut être expliquée en ayant

recours aux conclusions des théories organisationnelles mettant l’accent sur les nouvelles

motivations qui peuvent guider le comportement des dirigeants (motivations au travail et à la

gestion des résultats) mais tout en tenant compte des divergences culturelles. Dans ce cadre,

bien que l'école des relations humaines ait identifié les facteurs de motivation de l’individu au

travail, sa contribution est limitée puisqu’elle n’a pas pris en compte les différences

culturelles qui peuvent influencer la hiérarchie des besoins. Dans ce contexte plusieurs études

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(Fu et al., 2004 ; Hofstede, 1980) ont démontré que les motivations au travail diffère d’une

culture à une autre. En s’opposant aux conclusions de l’école des relations humaines,

Hofstede (1980) conclut que si on pourrait accepter la hiérarchisation des besoins, l’individu

est supposé opérer implicitement dans un pays où la culture est caractérisée par un faible

contrôle de l’incertitude, un fort degré de masculinité (afin de réussir) et un individualisme

forcené (afin d'arriver au sommet). Cet environnement ne crée pas de motivations à la gestion

des résultats d’où une absence quasi-totale de gestion des résultats (Guan et al., 2006 ;

Nikoomaram et al., 2010 ; Han et al., 2010). Par ailleurs, Hofstede (1980) considère que le

contrôle de l’incertitude a un effet sur la gestion des résultats dans le sens où plus le dirigeant

est dans une situation incertaine plus il procède à la gestion des résultats pour sécuriser son

poste (DeFond et Park, 199). Dans ce contexte Bournois et Voynnet-Fourboul (2000)

avancent que la culture influence le comportement et conditionne les attitudes des membres

d'une organisation et que celle-ci fournie un code commun de transmission des informations

et permet d'accroître la convergence, la coordination et la rapidité de décision. Elle permet

aussi de réduire l'incertitude sur la façon de réaction des acteurs.

3.3/ Gestion des résultats et culture selon la théorie du comportement planifié

La relation entre la culture et la gestion des résultats peut également être expliquée en

ayant recours à la théorie du comportement planifié (TCP). Initiée par Ajzen (1991), cette

théorie stipule qu’une intention d’action précède un comportement planifié. L’intention

correspond à la motivation ou la volonté d’une personne à adopter un comportement. Selon

cette théorie l’intention est la résultante de trois variables : l’attitude qu’a l’individu

relativement à son comportement, la perception des normes subjectives ou sociales et la

perception de contrôle de l’individu sur son comportement.

L’attitude face à un comportement reflète les perceptions favorables ou défavorables

face à ce comportement. Selon la TCP, l’attitude est le principal facteur prédictif des

intentions dans le cas où ces dernières sont fortement corrélées au comportement cible attendu

(Fishbein et Ajzen, 1975). Dans ce cadre, l’attitude renvoyant directement au comportement

escompté, est fonction des convictions personnelles par rapport aux résultats escomptés du

comportement à adopter. Ainsi, l’attitude du dirigeant vis- à vis de la gestion des résultats est

fonction de ses convictions et croyances par rapport aux bénéfices et coûts pouvant résulter

d’une telle pratique. Selon Jeanjean (2001) les entreprises dont les dirigeants croient que la

gestion des résultats procure certains avantages, gèrent plus le résultat. En effet, la gestion des

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chiffres résulte d’un compromis entre les avantages de divulguer les résultats voulus contre

les inconvénients de divulguer des résultats médiocres et volatiles (Ajinkya et al., 2005). Par

conséquent, éviter des fluctuations importantes dans les résultats communiqués est

actuellement enraciné dans la culture de la firme. Jeanjean (2001) montre que la gestion des

résultats peut être un moyen pour gérer les ‘enjeux contractuels’. Ces enjeux sont relatifs aux

contrats de rémunération du dirigeant, les contrats d’endettement et les coûts politiques. La

gestion de ces enjeux sous-tend implicitement l’hypothèse d’opportunisme managérial selon

laquelle la maximisation de l’utilité du dirigeant représente une motivation principale à la

gestion des résultats. Cette maximisation de l’utilité passe par la maximisation de la richesse

personnelle, les soucis de réputation, l’accroissement de la rémunération et l’optimisation des

revenus des transactions sur le marché (Bergstresser et Philippon, 2006 ; Goldman, 2005 ;

McVay et al., 2005 etc).

La perception des normes subjectives ou sociales, deuxième variable expliquant

l’intention, renvoie aux pressions sociales qui motivent ou freinent l’adoption d’un

comportement (Ajzen, 1991). Cette variable désigne aussi les croyances normatives se

rapportant aux comportements espérés de certains référents (individuels ou collectifs). Selon

Fishbein et Ajzen (1975) plus les perceptions de l’individu révèlent que les autres acteurs

l’encouragent à adopter un comportement bien déterminé, plus l’intention d’adopter un tel

comportement est importante. Dans le cadre de notre étude, cette idée a été bien explicitée par

Dye (1988, p.225) avançant que ‘la demande de gestion des résultats découle du désir des

actionnaires actuels à influencer les perceptions des investisseurs potentiels concernant la

valeur de la firme’. Par ailleurs, Hepworth (1953, p.33) était le premier à montrer que ‘les

actionnaires se sentent plus rassurés par une firme qui réalise des résultats stables’. Par

ailleurs, la gestion des résultats résulte des pressions exercées par les marchés des capitaux

pour la divulgation de résultats peu fluctuants (Bhojraj et Libby, 2005 ; Burgstahler et al.,

2006 ; Jensen, 2005). Ces pressions sont exercées par les grands investisseurs tels que les

institutionnels (Cheng et Reitenga, 2003). C’est ainsi que les firmes s’efforcent, à travers la

gestion des résultats, à réaliser les prévisions des analystes (Bartov et al., 2002) ou à guider

leurs prévisions (Barsky, 2002 et Matsumoto, 2002) afin de ne pas subir des réactions

boursières trop négatives.

Selon la TCP, l’intention est la résultante d’une troisième variable à savoir la

perception du contrôle sur le comportement. Selon Ajzen (1991), un comportement bien

déterminé ne dépend pas seulement de la volonté de l’acteur mais aussi du niveau de contrôle

que ce dernier estime exercer sur un tel comportement. La perception du contrôle, selon Ajzen

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(1991), est fonction de l’expérience passée et des obstacles futurs qui peuvent être aussi bien

internes (non disponibilité des compétences, de l’information…) qu’externes (insuffisance de

ressources et d’opportunités, pressions exercées par certains partenaires, la nécessité de

collaboration avec d’autres…). La gestion des résultats, comme tout comportement, est

fondée sur les opportunités perçues et les conséquences probables. Par exemple, la possibilité

d’exploitation de la flexibilité des normes comptables, la présence d’un système de

gouvernance laxiste et l’enracinement du dirigeant représentent des opportunités pour la

gestion des résultats. Les conséquences de la gestion des résultats se rapportent

principalement à la valeur de la firme.

Peu d’études ont été menées sur le lien gestion des résultats-culture en ayant recours à

la TCP. Par exemple, Carpenter et Reimers (2005) ont démontré qu’une combinaison de

l’attitude et des normes subjectives expliquent une grande partie l’intention du dirigeant à

violer les principes comptables généralement admis afin d’atteindre le résultat cible. Par

ailleurs, l’attitude a l’influence la plus importante dans la prédiction d’une telle intention du

dirigeant. Toutefois la perception du contrôle sur le comportement n’est pas significative dans

l’explication de l’intention du dirigeant à s’engager dans une communication financière

frauduleuse.

Selon Cohen et al. (1996) les décisions à prendre au niveau comptable sont étroitement

influencées par les ‘dilemmes éthiques’ constituant une grande partie des valeurs culturelles

nationales. Dans le même contexte, Geiger et al. (2006) démontrent que les perceptions et les

décisions prises en matière de gestion des résultats prennent en compte les normes culturelles

distinguant "le bien du mal", "l'acceptable de l'inacceptable", "le bon du mauvais", et

"l'important de l'insignifiant". En menant leur étude dans huit pays, Geiger et al. (2006) ont

démontré que la perception de la gestion des résultats varie d’un pays à un autre puisque

chaque pays a sa culture spécifique. Plus spécifiquement les dimensions culturelles ‘distance

hiérarchique’ et ‘masculinité’ expliquent une grande partie de la différence de perception.

Ultérieurement, Geiger et Smith (2010) ont mis en évidence que plus le degré de discrétion

est important dans un pays, plus on tend à accepter la pratique de gestion des résultats. Une

telle conclusion a été avancée par Meirovich et Reichel (2000) ; le comportement du dirigeant

est fortement influencé par les exigences et les caractéristiques culturelles du pays. Par

exemple, les dirigeants en Russie jugent que l’application légale des normes n’est pas possible

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(vu sa situation politique et économique) et par conséquent les dirigeants seront plus enclins à

une gestion des résultats qualifiés comme étant une ‘amélioration’.

Grasso et al. (2009) montrent que l’adoption de la loi Sabane- Oxley Act a changé les

perceptions individuelles et sociétales quant à l’éthique de la gestion des résultats. Dans la

même lignée, McEnroe (2010) mettent en évidence que les auditeurs sont de plus en plus

conservateurs quant à la gestion des résultats en particulier après l’application de la loi

Sarbane- Oxley –Act mais parallèlement les auditeurs permettent à leurs clients de s’engager

dans la gestion des résultats tout en respectant les principes comptables généralement admis

4/ Culture et gestion des résultats : Une revue de la littérature empirique

Les études empiriques antérieures sur l’association entre la culture et la gestion des

résultats sont très limitées et les résultats dégagés sont mitigés puisque pour les différentes

dimensions des tendances culturelles des résultats différents (significatif positif, significatif

négatif, non significatifs) ont été mis en évidence.

La première étude menée dans ce sens est celle de Guang et al. (2006). En considérant

cinq pays de l'Asie-Pacifique, les auteurs montrent que la gestion des résultats est

négativement influencée par deux dimensions culturelles à savoir « le contrôle de

l’incertitude » et « l’orientation à long terme ». Toutefois la dimension « individualisme »

influence positivement la gestion des résultats.

En considérant trente pays, Nabar et Boonlert-U-Thai (2007) utilisent les quatre

dimensions de Hofstede (1980) auxquelles ils ajoutent deux valeurs : « la langue »

et la « religion » telles que mesurées par Leuz et al. (2003). Leurs résultats

démontrent que bien que la gestion des résultats est positivement influencée par la

dimension « contrôle de l’incertitude », elle est négativement affectée par les

dimensions « langue » et « individualisme ».

De manière similaire Doupnik (2008) a étudié la relation entre les deux

concepts en considérant trente et un pays et en utilisant les cinq dimensions

culturelles de Hofstede (2001). Les résultats de cette étude confirment ceux de

Nabar et Boonlert-U-Thai (2007) en mettant en évidence l’effet positif de la

dimension culturelle "contrôle de l’incertitude" et l’effet négatif de la dimension culturelle

"individualisme".

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En étudiant les spécificités culturelles des entreprises cotées sur la bourse de Téhéran,

Nikoomaram et al. (2010) retiennent les quatre dimensions de Hofstede (1980) dont les

mesures sont obtenues à travers un questionnaire. Les résultats mettent en évidence une

relation positive entre la gestion des résultats et les trois dimensions culturelles "distance

hiérarchique", "Individualisme" et "masculinité". De plus la dimension culturelle "contrôle

de l’incertitude" influence négativement la gestion des résultats.

Han et al. (2010) étudient la pratique de gestion des résultats dans 32 pays en retenant

les quatre valeurs culturelles à travers les indices de Hofstede (1980). Les résultats révèlent

que la pratique de gestion des résultats est positivement corrélée à la dimension culturelle

"Individualisme" et négativement corrélée à la dimension culturelle "contrôle de

l’incertitude".

Dans le même contexte, Guan et Pourjalali (2010) testent la relation entre la culture

nationale et la pratique de gestion des résultats dans vingt-sept pays. La tendance culturelle

ayant un effet positif sur la gestion des résultats est la dimension « contrôle de l’incertitude »

alors que les trois autres dimensions "distance hiérarchique", "Individualisme" et

"masculinité" ont un effet négatif sur la gestion des résultats.

Callen et al. (2011) étudient l’impact de la culture nationale sur la pratique de gestion

des résultats dans trente et un pays. Ils désignent les tendances culturelles des pays étudiés à

travers les indices attribués par Hofstede à ses cinq dimensions culturelles actualisées par

Tang et Koveos (2008). Leurs résultats montrent que la pratique de gestion des résultats est

positivement liée au « contrôle de l’incertitude » et négativement liée à « l’individualisme ».

Finalement, Desender et al. (2011) testent l’impact des valeurs culturelles sur la

pratique de gestion des résultats dans trente et un pays. Ces valeurs culturelles ont été

désignées par les auteurs à travers l’individualisme (Hofstede, 1980) et l’égalitarisme

(Schwartz, 1994). Les résultats montrent que les valeurs culturelles constituent un indicateur

pertinent de la pratique de gestion des résultats. En effet, leurs résultats montrent que cette

pratique est négativement liée à l’individualisme et à l’égalitarisme.

Les résultats de ces études sont présentés dans le tableau 1.

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Tableau 1. Etudes ayant traité l’impact des tendances culturelles sur la pratique de gestion des

résultats

Dimensions

culturelles

Etudes

Distance

hiérarchique

Contrôle de

l’incertitude

Individualisme Masculinité Orientation de

long terme

Guan et al. (2006) n.s - + -

Nabar et Boonlert-

U-Thai (2007)

n.s + - n.s

Doupnik (2008) n.s + - n.s n.s

Nikoomaram et al.

(2010)

+ - + +

Han et al. (2010) n.s - + n.s

Guan et Pourjalali

(2010)

- + - -

Callen et al.

(2011)

n.s + - n.s n.s

Desender et al.

(2011)

-

n.s : relation non significative ; / : relation non étudiée

SECTION 2 : Hypothèse de recherche et méthodologie de recherche

1/ Hypothèse de recherche

Sur la base des éléments théoriques antérieurs présentés, nous formulons nos

hypothèses de recherche.

1.1/Distance hiérarchique et gestion des résultats

Dans les sociétés ayant une distance hiérarchique importante, la centralisation du

pouvoir est importante (Hofstede, 2001) et la gestion participative est quasi absente (House et

al., 1999). Cette inégalité de distribution du pouvoir, est pour les dirigeants, naturelle et leur

permet d’exercer leur autorité sous une structure pyramidale. Dans ce cadre, Holt (1998) met

en évidence que l’autorité et le contrôle au sein des systèmes hiérarchiques nécessitent un

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pouvoir. Le pouvoir est essentiel pour les supérieurs hiérarchiques afin de maintenir une

distance hiérarchique facilitant la gestion des résultats. Par ailleurs, une distance hiérarchique

importante, ne motivent pas le dirigeant à divulguer assez d’informations (Gray, 1988) ce qui

favorise l’asymétrie informationnelle et incite par conséquent le dirigeant à gérer le résultat

(Offerman et Hellmann, 1997 ; Klein, 2002). De plus Hofstede (2005) montrent que dans les

pays où la distance hiérarchique est importante, les systèmes comptables servent plutôt pour

valider les décisions des supérieurs et ne sont utilisées que pour fournir des informations

traduisant les intentions de ces supérieurs. Dans ce cas, si ces derniers sont plus enclins à la

pratique de gestion des résultats, ils pourront facilement s’y engager vu la distance

hiérarchique importante.

Par ailleurs la distance hiérarchique est plus importante si le dirigeant est fondateur de

l’entreprise ou s’il cumule les postes de dirigeant et de président du conseil d’administration.

Dans cette lignée, Dechow et al. (1996) et Abdul Rahman et Haniffa (2005) montrent que la

gestion des résultats est plus présente dans ces firmes.

Tous les arguments présentés, nous laisse envisager que la gestion des résultats est

plus présente dans les sociétés caractérisées par une grande distance hiérarchique et nous

permet par conséquent de formuler l’hypothèse suivante:

Hypothèse 1 : La gestion des résultats est positivement liée au degré de distance

hiérarchique.

1.2/ Contrôle de l’incertitude et gestion des résultats

Healy et Wahlen (1999) ont démontré que les entreprises ont recours à la gestion des

résultats pour faire face à des situations incertaines. Doupnik (2008) a mis en évidence que la

gestion des résultats est un moyen dont ont recours les entreprises pour contrôler leurs

résultats futurs et d’éviter les conséquences de certains événements négatifs tels que la

violation des clauses restrictives. Par ailleurs, plusieurs recherches (Brown et Caylor, 2005 ;

Holland et Ramsay, 2003 ; Pincus et al., 2004 ; Rego et Frank, 2004 ; Revsine et al., 2005)

ont montré que la discontinuité statistiquement significative dans la distribution des résultats

divulgués autour de certains benchmarks (tels que les résultats de la dernière année, les

prévisions des analystes et zéro bénéfice) augmente l’incertitude. L’augmentation de cette

incertitude s’explique par la fixation des investisseurs sur le niveau des résultats pour

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l’évaluation et pénalisent par conséquent les firmes ne réalisant pas leurs benchmarks (Doyle

et Soliman, 2003). Par conséquent, les firmes sont incitées à éviter des diminutions des

résultats, en gérant leurs chiffres (Coppens et Peek, 2005). Par ailleurs, Gray (1988) démontre

que la dimension culturelle « contrôle de l’incertitude » influence négativement la valeur

comptable « professionnalisme » et positivement la valeur comptable « discrétion »

impliquant une tolérance de la diversité des jugements professionnels et une plus grande

discrétion dans la divulgation de l’information conduisant ainsi à une augmentation de la

gestion des résultats.

Enfin la relation entre le contrôle de l’incertitude et la gestion des résultats dépend de

la perception de cette pratique par les dirigeants (Geiger et al., 2006). Si ces derniers

considèrent que la gestion des résultats est un moyen de gestion de l’incertitude, alors le

contrôle de l’incertitude et la gestion des résultats sont positivement corrélés. Toutefois, si la

gestion des résultats, du point de vue des dirigeants, entraine une réduction des opportunités

futures, le contrôle de l’incertitude et la gestion des résultats sont négativement corrélés. C’est

dans ce cadre, que Gray (1988) montre que le contrôle de l’incertitude est positivement

influencé par « l’uniformité » et le « conservatisme » impliquant une baisse de la gestion des

résultats.

En supposant que la pratique de gestion des résultats a pour objectif de réduire

l'incertitude en contrôlant les revenus futurs et en créant une marge de sécurité, nous nous

attendons à une relation positive entre le contrôle de l’incertitude et la pratique de gestion des

résultats, d'où l'hypothèse suivante:

Hypothèse 2 : La gestion des résultats est positivement liée au contrôle de l’incertitude.

1.3/ Individualisme et gestion des résultats

Les résultats des études antérieures quant à la relation entre l’individualisme et la

gestion des résultats sont mitigés. Certaines études mettent en évidence que l’individualisme

freine la gestion des résultats. Par opposition d’autres démontrent que cette dimension

culturelle encourage l’engagement dans la gestion des résultats.

Selon Hofstede (1980) dans les sociétés caractérisées par un faible degré

d’individualisme, les valeurs adoptées au sein d’un groupe diffèrent de celles adoptées à

l’extérieur du groupe. Ainsi les dirigeants de ce type de sociétés se comportent comme des

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chefs de famille dont l’objectif et de défendre l’intérêt de l’organisation. Hofstede (2001)

démontrent de son côté que les sociétés individualistes se caractérisent par une

communication limitée et par une attention beaucoup plus axée sur les familles

immédiates. Selon Geiger et al., (2006), dans les sociétés individualiste on privilégie plutôt

les gains personnels. Dans ce cadre, Chang (2003) mette en évidence que la réussite

individuelle et la maximisation de la richesse sont très appréciées dans les sociétés

individualistes. Schuler et Rogovsky (1998), de leur côté, démontrent que l’adoption des

contrats de rémunération des rendements est plus répondue dans les sociétés individualistes.

Selon Guan et Pourjalali (2010), les dirigeants des sociétés individualistes bénéficient de plus

de flexibilité et de liberté en matière de choix des méthodes comptables. Ainsi nous

pouvons conclure à partir des caractéristiques des sociétés individualistes

présentées que l’individualisme crée un terrain propice pour la gestion des résultats

et constitue en conséquence une motivation pour une telle pratique (Schipper, 1989 ;

Beneish, 1999).

Toutefois, d’autres études démontrent que l’individualisme freine la gestion des

résultats. Par exemple, selon Licht et al. (2007) l'application des lois dans les pays

individualistes est une nécessité impliquant ² ainsi une relation négative entre

l’individualisme et la pratique de gestion des résultats. Trompenaars et Hampden-Turner

(1998) démontrent que dans les sociétés collectivistes, les règles et les procédures sont

caractérisées par plus de flexibilité. Par conséquent, les manipulations comptables tendent à

être plus tolérées dans ce type de sociétés (Callen et al., 2011). Ce résultat a été confirmé par

Doupnik (2008) en mettant en évidence que les dirigeants des sociétés collectivistes ont

recours à la gestion des résultats afin de réduire la variabilité des résultats et de se conformer

aux clauses restrictives des contrats d’endettement et des prévisions des analystes.

Enfin l’étude de Gray (1988) présente des résultats mitigés quant à la relation

entre la dimension culturelle « individualisme » et les valeurs comptables. Ce qui

nous permet de déduire des résultats différents quant à la relation entre cette

dimension culturelle et la gestion des résultats. Gray (1988) montre que

l’individualisme est positivement lié à la valeur comptable « professionnalisme » et

négativement lié à la valeur comptable « discrétion », impliquant en conséquence

une baisse de la gestion des résultats. Toutefois, l’individualisme est négativement

corrélé aux valeurs comptables « conservatisme » et « uniformité » entrainant une

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augmentation de la gestion des résultats. C’est dans ce cadre que Guan et al. (2006)

montrent que les valeurs comptables "optimisme" et "flexibilité" impliquent le recours à la

gestion des résultats.

Bien qu’il n’y a pas un consensus sur la relation individualisme/ gestion des résultats,

la plupart des études démontrent que la gestion des résultats est moins répondue dans les

sociétés individualistes. Ceci nous permet de formuler l’hypothèse suivante sur la relation

entre l’individualisme et la gestion des résultats:

Hypothèse 3 : La gestion des résultats est négativement liée aux comportements

individualistes.

1.4/ Masculinité et gestion des résultats

La valeur culturelle « masculinité » a plusieurs conséquences sur la gestion des

entreprises. En effet, dans les sociétés masculines, les dirigeants sont plus motivés par les

salaires (De Mooij, 1998), accordent suffisamment d’intérêts à la performance et à la

compétitivité (Hofstede, 1980). Les dirigeants de ces entreprises sont donc amenés à afficher

des résultats prouvant leur compétitivité et donnant une bonne image de l’entreprise (De

Mooij, 1998). Ainsi la gestion des résultats est un moyen permettant au dirigeant d’atteindre

ses objectifs. C’est dans ce cadre, que Gray (1988) a mis en évidence que la masculinité a une

influence négative sur le conservatisme impliquant en conséquence une hausse de la gestion

des résultats. Geiger et al. (2006) démontrent de leur côté que la dimension culturelle

"masculinité" encourage le recours à la gestion des résultats.

Par ailleurs, dans les sociétés masculines, le système comptable est un moyen

permettant d’atteindre les objectifs purement financiers (Hofstede et Hofstede, 2005). La

discrétion managériale est donc un moyen permettant d’atteindre de tels objectifs en ayant

recours à la gestion des résultats (Doupnik, 2008).

Ainsi et puisque les études antérieures ayant traité la relation entre la masculinité et la

gestion des résultats ont mis en évidence une relation positive entre les deux, nous formulons

l’hypothèse suivante :

Hypothèse 4 : La gestion des résultats est positivement liée à la masculinité.

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1.5/ Orientation de long terme et gestion des résultats

La valeur culturelle « orientation de long terme » privilégie les valeurs associées à

l’avenir telles que le sens de l'économie et de l'épargne, la classification des relations par

statut, le respect de cet ordre, la persévérance…. Par opposition une orientation sur le court

terme privilégie les valeurs associées au présent telles que la préférence de la rigueur et de la

stabilité personnelle, la protection de l'image personnelle et le respect des traditions.

Les entreprises appartenant à des pays ayant une orientation sur le court terme donnent

généralement de l’importance au résultat courant (Hofstede, 2001). Les systèmes de

rémunération dans ce cadre de gestion tendent à privilégier les objectifs économiques à court

terme (Hofstede et Hofstede, 2005). Ainsi la gestion des résultats dans les pays ayant une

orientation à court terme est plus répondue puisqu’une telle pratique permet d’accélérer

l’impact positif de certaines décisions prises sur les bénéfices actuels (Callen et al. 2011).

Ainsi l'orientation à court terme favorise la gestion des résultats dans la mesure où les

dirigeants veillent à leur bonne réputation (Bergstresser et Philippon, 2006 ; Goldman, 2005 ;

McVay et al., 2005).

Par opposition, Guan et al. (2006) avancent que les pays ayant des orientations à long

terme tendent à être plus conservatifs et adoptent des pratiques comptables caractérisées par

moins de flexibilité, de transparence et de professionnalisme. Dans la même lignée, Doupnik

(2008) montre que la manipulation des résultats ne constitue pas une motivation dans les

sociétés ayant des orientations à long terme.

Ainsi au regard des arguments présentés, nous nous attendons à une relation négative

entre l’orientation à long terme et la gestion des résultats, d'où l'hypothèse suivante:

Hypothèse 5 : La gestion des résultats est négativement liée à l’orientation de long terme.

2/ Echantillon

La plupart des études antérieures ont eu recours à l’échantillon de Leuz et al. (2003).

Toutefois cet échantillon comprend 31 pays dont uniquement deux pays appartiennent au

continent Africain (l’Egypte, et l’Afrique du Sud).

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Dans le cadre de cette recherche, nous allons prendre dix pays appartenant à l’Afrique

et ayant des caractéristiques socio-économiques différentes à savoir la Tunisie, la Zambie, la

Zimbabwe, la Nigeria, l’Egypte, le Cameroun, le Gabon, la République du Congo, Ghana, et

Gambie. A ces dix pays, nous allons prendre en considération quinze autres pays appartenant

aux autres continents à savoir : la France, le Canada, les Etats-Unis, l’Inde, la Chine,

l’Allamagne, l’Indonésie, l’Australie, l’Argentine, le Mexique, la Chilie, la Colombie, la

Turkie, Venezuela, la Malaisie. Pour chaque pays, nous avons pris en compte un échantillon

d‘entreprises sur une période de 5 ans (2007-2011). Le nombre d’entreprises retenues par

pays est résumé dans le tableau 2.

Tableau 2. Présentation de l’échantillon

Pays Nombre d’entreprises Pays Nombre d’entreprises

Tunisie 80 Inde 83

Zambie 65 Chine 105

Zimbabwe 75 Allemagne 112

Nigeria 77 Indonésie 85

Egypte 92 Australie 78

Cameroun 56 Argentine 65

Gabon 48 Mexique 72

République du Congo 89 Chilie 48

Ghana 78 Colombie 46

Gambie 66 la Turkie 75

France 95 Venezuela 74

Canada 110 Malaisie 66

Etats- Unis 130

Total 1815 entreprises

3/ Les variables

Les variables latentes ou non observables relatives à notre étude sont la gestion des

résultats et les dimensions culturelles des pays de notre échantillon. Nous allons déterminer

ces variables latentes à travers des variables manifestes ou observables.

3.1/ Variables liés à la gestion des résultats

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La gestion des résultats est un phénomène inobservable et discrétionnaire. En effet,

l’inobservabilité limite la capacité explicative de plusieurs modèles tentant de détecter le

degré de manipulation comptable (Liang, 2004 et McCulloch, 1999).

Ainsi et à l’instar de la majorité des recherches antérieures, nous nous appuyons sur

les accruals discrétionnaires comme une mesure de la gestion des résultats. La variable latente

gestion des résultats est déterminée à travers trois variables manifestes qui sont les suivantes :

Tableau 3. Présentation des variables de gestion des résultats

Modèles Mesures

Dechow

et al.

(2003)

ACCDISCi,t= ACCTOTi,t – [̂ + 1̂ (ΔCAi,t – (1-k) ΔCRi,t ) + 2̂ IMMCORPi,t + 3̂ ACCTOTi,t-1 + 4̂

GCAi,t ]

Rees et

al.

(1996)

ACCDISCi,t= ACCTOTi,t /Actifijt-1 - [α0(1/Actifijt-1) + α1 [(ΔCAijt)/Actifijt-1)] + α2 (IMMCORP ijt/Actifijt-1) +

α3 (CFEijt/Actifijt-1)]

Kothari

et al.

(2005)

14

13

12

11

1

1=tACCDISCi,

it

it

it

it

itit

itit

it ROAActif

IMMCORP

Actif

CRECA

ActifActif

ACCTOT

ACCTOT = Accruals totaux de la firme i à l’année t ; (ΔCAi,t – (1-k) ΔCRi,t) : La variation du chiffre d’affaires à crédit

qui est égale à la différence entre la variation du chiffre d’affaires total (ΔCA) et la partie non discrétionnaire des

ventes totales à crédit (ΔCR) ; Actifit-1= Actif total de la firme i à l’année t. ; ΔCAit= Variation du chiffre d’affaires de

la firme i entre les années t et t-1 ; GCAi,t : La croissance future des ventes entre t et t-1 ; ΔCREit= Variation des

créances de la firme i entre les années t et t-1 ; IMMCORPit= Montant des immobilisations brutes (hors financières)

de la firme i à l’année t ; CFEijt : Les flux de très ;orerie liés à l’exploitation de l’entreprise i dans le secteur j à

l’année t ; ROAit-1= Rendement des actifs de la firme i à l'année t-1 ; BTMit= Le ratio book-to-market de la firme i à

l'année t. Il s'agit du rapport entre la valeur comptable et la valeur de marché de l'entreprise i à l'année t.

3.2/ Variables liées aux tendances culturelles

Les dimensions culturelles constituent les variables médiatrices de notre étude. Les

variables des tendances culturelles retenues sont les cinq dimensions de Hofstede (2001) à

savoir, la distance hiérarchique, le contrôle de l’incertitude, l'individualisme, la masculinité et

l'orientation de long terme.

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Toutefois, et bien que la majorité des recherches étudiant l'impact de la culture

nationale sur les pratiques comptables (Askary et al., 2008 ; Doupnik, 2008) emploient les

scores obtenus par Hofstede, ces derniers présentent deux principales limites. En premier lieu,

l'étude de Hofstede (1980) n'attribue pas des scores à tous les pays du monde. En effet,

l'auteur avance des scores à l'ensemble des pays arabes, des pays de l'Afrique de l'Est et de

l'Afrique de l'Ouest, ce qui est susceptible de donner des résultats plus ou moins biaisés. En

second lieu, les scores de Hofstede datent de plus d’une trentaine d'année et leur utilisation de

nos jours est contradictoire vu le caractère évolutif de la culture (Stulz et Williamson, 2003 ;

Licht, 2001 ; McSweeny, 2002). Dans ce cadre, Bollinger et Hofstede (1987) montrent qu’il

est plus intéressent d’utiliser d'autres approches méthodologiques pour accroître la validité de

la recherche. Nous optons, dès lors, en faveur d'une méthode de mesure permettant d'accéder

à des données plus crédibles d'une part, et actualisées d'autre part afin d'aboutir à des

conclusions plus authentiques.

Dans le cadre de cet article, nous optant pour une approche écologique de la culture.

En effet, et puisque les variables relatives aux dimensions culturelles constituent des variables

non observables, nous avons eu recours aux données économiques et démographiques des

pays de notre échantillon pour mesurer ces tendances en nous basant sur la théorie de

l’écologie culturelle. C’est dans ce cadre que Hofstede (1980 ; 2001) considèrent que les

forces de la nature et de l’Homme expliquent les facteurs écologiques. L’application de la

théorie de l’écologie culturelle pour déterminer les tendances culturelles des pays de notre

échantillon à travers les facteurs environnementaux de ces derniers constituent une

contribution dans la présente étude. En effet, le recours à la théorie de l’écologie culturelle

n’est pas très répondu en comptabilité. Par exemple, nous citons l’étude de Sudarwan et

Fogarty (1996) et à Noravesh et al. (2007).

Dans notre étude, nous allons nous baser sur les indicateurs de développement

considérés par les études antérieures comme indicateurs ayant un lien de causalité avec la

culture d’un pays donné. Nous synthétisons ces indicateurs ainsi que le moyen de leurs

mesures au niveau du tableau 4.

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Tableau 4. Indicateurs de développement

Variables Mesures Abréviation

Agriculture traditionnelle Valeur ajoutée du secteur de l'agriculture par rapport au PIB AGRI

Degré d'urbanisation Taux d'urbanisation URBA

Technologies modernes

Utilisateurs Internet par 100 personnes INTE

Abonnements à Internet haut débit fixe par 100 personnes IHDF

Nombre abonnements GSM par 100 personnes GSM

Système d'éducation Taux brut de scolarisation TSCO

Durée moyenne de scolarisation DISCO

Taille de la population Logarithme népérien du nombre total des habitants HABI

Stabilité économique

Taux de fluctuation de change CHANG

Taux de fluctuation du PIB FPIB

Epargne domestique brut EPARG

Intérêt à l’investissement sur

les marchés financiers

Investissement en portefeuille d'actions PFACT

Succès matériel des individus PNB par habitant PNBH

Croissance économique Epargne domestique brut EPARG

Matérialisme Dépenses en santé par rapport au PIB SANTE

Croissance de la population

Taux de croissance de la population CROISS

Taux de fécondité FECO

Réussite professionnelle PNB par habitant PNBH

Résolution des problèmes à

travers la lutte Dépenses militaires par rapport au PIB DMIL

Contribution du genre

masculin dans la société

Taux d'emploi du genre masculin EMPM

Nombre des étudiants masculins par rapport au nombre total des

étudiants ETUM

Sens de l'économie Formation brute de capital fixe FBCF

Epargne domestique brut EPARG

Budget consacré à

l’éducation Dépenses en éducation par rapport au PIB DEDU

3/ Approche économétrique

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25

Notre démarche empirique se divise en trois étapes. La première étape consiste à

mesurer les tendances culturelles. La deuxième étape consiste à mesurer la gestion des

résultats. Quant à la troisième étape, elle consiste à étudier le lien entre ces deux construits :

culture et gestion des résultats

3.1/ Modèles de mesure des tendances culturelles

Les tendances culturelles des pays de notre échantillon sont déterminées à travers les

cinq dimensions culturelles identifiées par Hofstede (1980 ; 2001) à savoir, distance

hiérarchique, contrôle de l’incertitude, individualisme, masculinité et orientation de long

terme. Pour obtenir les variables relatives aux tendances culturelles tout en nous basant sur

les facteurs de développement des pays retenus, nous estimons le modèle de mesure suivant :

1181 INDIVDISTAGRI

22 DISTHABIT

3193 INDIVDISTURBA

42094 INDIVAVERSDISTGSM

521105 INDIVAVERSDISTINTE

622116 INDIVAVERSDISTIHDF

723127 INDIVAVERSDISTDSCO

83024138 MASCINDIVAVERSDISTTSCO

914 AVERSCHANG

1015 AVERSPFACT

1116 AVERSFPIB

12362517 ORIENTINDIVAVERSEPARG

133126 MASCINDIVPNBH

143227 MASCINDIVSANTE

1528 INDIVFECO

1629 INDIVCROISS

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26

1733 MASCDMIL

1834 MASCEMPM

1935 MASCETUM

2037 ORIENTDEDU

2138 ORIENTFBCF

Avec : DIST = étendu de distance hiérarchique ; AVERS = étendu du contrôle de l’incertitude ;

INDIV = étendu de l’individualisme ; MASC = étendu de la masculinité ; ORIENT = étendu de

l’orientation de long terme ; Λi = contributions factorielles des variables manifestes dans la

détermination des variables latentes ; Εi= termes d’erreur.

3.2/ Modèles de mesure de gestion des résultats

Le modèle de mesure de la pratique de gestion des résultats est présenté comme suit:

221_ GRMODDECHOW

232_ GRMODREES

243_KOTHARI GRMOD

Avec :

GR= Variable dépendante latente qui désigne l’étendu de la gestion des résultats.

DECHOW_MOD = Valeur des accruals discrétionnaires selon le modèle de Dechow et al. (2003)

REES _MOD = Valeur des accruals discrétionnaires selon le modèle de Rees et al. (1996) :

KOTHARI_MOD = Valeur des accruals discrétionnaires selon le modèle de Kothari et al. (2005)

3.3/ Modèles d’étude de l’impact de la culture sur la gestion des résultats : Les équations

structurelles

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27

Puisque les normes culturelles d'un pays constituent des données non observables

traduisant les croyances et les valeurs au sein de ce pays, les méthodes des équations

structurelles est un modèle adéquat pour ce type de données1.

Le modèle structurel destiné à déterminer l'impact de la culture nationale sur la gestion

des résultats se présente comme suit :

251 GRDIST

262 GRAVERS

273 GRINDIV

284 GRMASC

295 GRORIENT

Avec ;

γi = contribution factorielle des variables latentes explicatives dans la détermination de la

variable latente à expliquer.

Section 3. Les résultats

Nous allons tout d’abord présenter les résultats des analyses factorielles des

dimensions culturelles et des mesures de la gestion des résultats. Puis nous allons présenter

les résultats des mesures des échelles "distance hiérarchique", "contrôle de l’incertitude",

"individualisme", "masculinité", "orientation de long terme" et "pratique de gestion des

résultats". Enfin nous allons présenter les résultats relatifs à l’impact des cinq dimensions

culturelles sur la gestion des résultats.

1/ Résultats des analyses factorielles des dimensions culturelles et des mesures de

gestion des résultats

Deux analyses factorielles ont été menées : la première se rapporte aux dimensions

culturelles alors que la seconde se rapporte aux mesures de la gestion des résultats. Aussi bien

1 Cette méthode a pour objectif de tester des hypothèses de causalité entre des variables observées (ou

manifestes1) et des variables non observables (ou latentes) en spécifiant les relations hypothétiques qui existent

entre ces variables (Hoyle, 1995). Elle facilite au chercheur, d'une part, la détermination des variables non

observables à travers des variables observées et d'autre part, l'identification des liens de causalité entre les

variables latentes expliquées et explicatives.

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28

pour les cinq dimensions culturelles que pour les trois mesures de gestion des résultats, la

fiabilité des échelles a été vérifiée avec une analyse factorielle exploratoire en analysant la

dimensionnalité, la fiabilité et la cohérence interne. Ceci nous a permis de réaliser deux

analyses factorielles confirmatoires (AFC) dont les résultats sont en appuis de ceux des

analyses factorielles exploratoires. Les résultats de chacune des AFC menées montrent en

premier lieu que le degré d’ajustement du modèle est bon dans sa globalité en ayant recours

aux indices de mesure absolus2, aux indices de mesure incrémentaux

3 et aux indices de

mesure de parcimonie4. Les résultats sont résumés dans le tableau 5.

Tableau 5. Résultats des analyses factorielles confirmatoires : Degré d’ajustement du modèle

Dimensions

culturelles

Gestion des

résultats

Indices d’ajustement absolus :

Chi-carré/ddl 2,49 3.55

Goodness of fit (GFI)5 0,99 0.98

Adjusted Goodness of fit (AGFI)6 0,98 0.97

RMSEA7 0,05 0.07

Indices d’ajustement incrémentaux :

Normed Fit Index (NFI8) 0,98 0.97

Comparative Fit Index (CF)9 0,98 0.99

Indices d’ajustement de parcimonie :

AIC 32,49 34.75

2 Les indices de mesure absolus permettent d’identifier dans quelle mesure le modèle théorique est bien

représenté par les données collectées

3 Les indices de mesure incrémentaux permettent d’évaluer l’amélioration de l’ajustement d’un modèle en le

comparant à un modèle restrictif de base.

4 Les indices de mesure de parcimonie permettent une comparaison entre les modèles en évitant de surestimer un

modèle en lui ajoutant des paramètres à estimer.

5 Le GFI mesure la part relative de la variance- covariance expliquée par le modèle. Si GFI est >0.9 la qualité

d’ajustement du modèle est bonne

6 AGFI est un indice GFI ajusté par le nombre de variables par rapport au nombre de degrés de liberté. Cet

indice est acceptable s’il est supérieur à 0,8.

7 RMSEA est le Root Mean Square Error of Approximation. Il renseigne sur l’erreur moyenne d’approximation

attachée au modèle spécifié qui est acceptable si elle est inférieure à 0,08.

8 Le NFI représente la part de la covariance totale entre les variables expliquées par le modèle. Il est jugé

acceptable s’il est supérieur ou égal à 0,9

9 Le CFI mesure la diminution relative du manque d’ajustement. Il est acceptable s’il est supérieur ou égal à 0,9

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CAIC (modèle saturé) 87,32 (112,25) 82.15 (115,89)

En second lieu le contenu des construits est validé10

en ayant recours au test t de

Student11

et au Rhô de validité convergente12

.

Ainsi, pour chacune des cinq dimensions culturelles, toutes (ou la plupart) les

variables observables contribuent significativement dans la détermination de la dimension en

question. Ceci nous permet de conclure que les cinq dimensions culturelles retenues pour les

25 pays considérés sont reflétés par les indicateurs économiques et démographiques de ces

derniers.

Par ailleurs, la validité de l’échelle de gestion des résultats est vérifiée puisque les t de

Student de la variable latente à expliquer sont tous supérieurs à 1,96. De plus, le Rhô de

validité convergente du construit de gestion des résultats montre une valeur de 0,95. Les

résultats de l’AFC relative à l’échelle de gestion des résultats répondent par conséquent, aux

conditions requises pour la validité.

Tableau 6. Validité du contenu des construits

Le Rhô de validité convergente

Distance hiérarchique 0.98

Contrôle de l’incertitude 0.82

Individualisme 0.99

Masculinité 0.99

Orientation de long terme 0.91

Gestion des résultats 0.95

2/Détermination des variables latentes de l’étude

2.1/ Détermination des variables latente des dimensions culturelles

10

La validité signifie le degré d’ajustement entre ce que les données mesurent et ce que ces dernières sont

censées mesurer.

11 t de Student associé à chacune des contributions factorielles est significatif lorsqu’il est supérieur à 1,96 en

valeur absolue

12 Le Rhô de validité convergente est significatif lorsque chaque item partage plus de variance avec son construit

qu’avec l’erreur de mesure, c'est-à-dire que la moyenne des variances partagées entre le construit et ses

indicateurs doit être supérieure à 0,50

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30

Les dimensions culturelles sont des variables non observables qui ont été

conceptualisées au niveau de notre étude par les indicateurs de développement des pays de

notre échantillon. La fiabilité et la validité de nos échelles de mesure ont été vérifiées grâce

aux analyses factorielles exploratoires et confirmatoires.

Tableau 7. Contributions factorielles des indicateurs de chacune des cinq dimensions culturelles

Variables

Distance

hiérarchique

Contrôle de

l’incertitude Individualisme Masculinité

Orientation de

long terme

(1) (2) (1) (2) (1) (2) (1) (2) (1) (2)

AGRI + + - -

URBA - - + +

INTE - - + + + +

IHDF - - + + + +

GSM - - + + + -

TSCO - - + + + + - -

DISCO - - + + + +

HABI + +

CHANG + +

FPIB + +

EPARG - -

PFACT - -

PNBH + + + +

EPARG - -

SANTE + + + +

CROISS - -

FECO - -

PNBH + +

DMIL + +

EMPM + -

ETUM + -

FBCF + +

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EPARG + +

DEDU + +

(1) : Signes attendus ; (2) : Signes trouvés

A partir des résultats présentés dans le tableau 7, nous pouvons avancer cinq

conclusions quant au pouvoir explicatif des variables économiques retenues.

D’abord, pour la dimension distance hiérarchique, nous pouvons conclure que toutes

les variables retenues sont significatives dans la détermination de cette dimension et que cette

dernière est négativement corrélée à la richesse du pays13

; plus le pays est riche, moins la

distance hiérarchique est importante. Un tel résultat confirme l’argument de Hofstede (1980).

Par ailleurs, nos résultats montrent que la distance hiérarchique est positivement liée à la taille

de la population impliquant que plus le pays est peuplé, moins les individus accèdent au

pouvoir. C’est dans ce cadre que Hofstede (1980) démontre que l’accessibilité au pouvoir

politique est moins aisée dans les pays peuplés par rapport aux autres pays.

Pour les pays de notre échantillon, la dimension contrôle de l’incertitude est

positivement liée au degré de l’adoption des nouvelles technologies. Ces dernières sont

considérées par Hofstede (1980) comme un moyen permettant d’atténuer l’incertitude. Par

ailleurs, cette dimension culturelle est positivement corrélée aux variables relatives au

système d’éducation ; plus le degré de contrôle de l’incertitude est important plus on donne de

l’intérêt à l’éducation (Hofstede, 1980). Par ailleurs, nous remarquons que plus le contrôle de

l’incertitude est important, moins le pays dispose de stabilité économique et a recours à

l’investissement sur les marchés financiers. Un tel résultat corrobore celui de Noravesh et al.

(2007).

La dimension individualisme est positivement corrélée à la richesse du pays ; plus le

pays est riche, plus les individus ont accès aux ressources leur permettant d’atteindre leurs

13

La richesse du pays peut être mesurée par les variables : agriculture traditionnelle, degré d'urbanisation,

technologies modernes et système d’éducation.

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32

objectifs personnels (Hofstede, 1980). Le tableau 7 démontre aussi que plus l’individualisme

est élevé, moins la croissance économique et celle de la population est importante. En effet,

l’individualisme entraine d’une part une destruction des relations sociales nécessaires à la

croissance économique, et d’autre une préférence de l’indépendance entravant la croissance

de la population. Enfin, selon Hofstede (1980), de par sa définition, un individualisme

important implique une préférence du succès matériel et du matérialisme. Ceci a été confirmé

dans notre étude par la corrélation positive entre la dimension individualisme et les variables

PNBH et SANTE.

La dimension masculinité, selon Hofstede (1980), signifie la préférence des valeurs de

réussite, de matérialisme, de possession et le manque d’intérêt attribué à l'éducation. Un tel

résultat est vérifié, d’une part, par la corrélation positive entre cette dimension et les variables

PNBH, SANTE traduisant respectivement le succès matériel des individus et le matérialisme.

D’autre part, une corrélation négative entre la masculinité et TSCO a été mise en évidence.

Nos résultats mettent aussi en évidence une corrélation positive entre la masculinité et les

variables relatives aux deux indicateurs contribution du genre masculin dans la société

(EMPM, ETUM) et résolution des problèmes à travers la lutte (DMIL). Ce résultat confirme

celui des études antérieures ayant démontré que la masculinité est liée à la prédominance du

genre masculin dans la distribution des rôles (Sudarwan et Fogarty, 1996 ) et dans la

résolution des problèmes à travers la lutte (Noravesh et al., 2007).

Enfin pour la dimension "orientation de long terme", trois corrélations positives ont été

mises en évidences et relatives aux variables EPARG, FBCF et DEDU. Les deux premières

sont relatives à l’indicateur sens de l'économie. Alors que la troisième corrélation est relative

à l’indicateur budget consacré à l’éducation. Un tel résultat confirme les arguments de

Hofstede (2001) selon lequel la dimension ‘orientation de long terme’ est liée à l'économie, le

respect du rang de chacun dans les relations sociales et à la persévérance. Selon lui, une

« orientation à long terme » conduit à une bonne utilisation des ressources et à l’importance

du budget consacré à l'éducation.

2.2/ Détermination des variables latentes de gestion des résultats

La gestion des résultats est une variable non observable qui a été conceptualisée au

niveau de notre étude par les accruals basées sur les modèles de Dchow et al. (2003), Reese et

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33

al. (1996) et Kothari et al. (2005). La fiabilité et la validité de nos échelles de mesure ont été

vérifiées grâce aux analyses factorielles exploratoires et confirmatoires.

Tableau 8. Contributions factorielles des mesures de gestion des résultats

Variables GR

(1) (2)

DECHOW_MOD + +

REES _MOD + +

KOTHARI_MOD + +

(1) : Signes attendus ; (2) : Signes trouvés

La gestion des résultats est positivement et significativement liée aux trois variables

retenues. Ceci nous permet de conclure que la gestion des résultats, pour l’échantillon

considéré, est reflétéepar les mesures de Dchow et al. (2003), Reese et al. (1996) et Kothari et

al. (2005).

3/ Impact des dimensions culturelles sur la gestion des résultats

Dans ce qui suit, nous allons présenter l’impact des variables indépendantes relatives

aux tendances culturelles des pays de notre échantillon notamment, la distance hiérarchique,

le contrôle de l’incertitude, l'individualisme, la masculinité et l'orientation de long terme sur la

variable dépendante la gestion des résultats.

Les résultats de notre étude montrent d’abord que la variable DIST influence

positivement la pratique de gestion des résultats. Ceci confirme notre première hypothèse et

prouve que les pays caractérisées par une grande distance hiérarchique optent plus pour la

gestion des résultats. Ce résultat bien qu’il infirme celui de plusieurs études antérieures (Guan

et al., 2006 ; Nabar et Boonlert-U-Thai, 2007 ; Doupnik, 2008 ; Han et al., 2010 ; Callen et

al., 2011), il corrobore celui de Nikoomaram et al. (2010)

Selon notre deuxième hypothèse, le contrôle de l’incertitude a un impact positif sur la

gestion des résultats. Les résultats de notre étude confirment cette hypothèse puisque la

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34

variable AVERS influence positivement et significativement la gestion des résultats. Ceci

implique que les pays caractérisés par un niveau élevé de contrôle de l’incertitude gèrent plus

les résultats. Notre résultat est en accord avec celui de plusieurs études antérieures (Nabar et

Boonlert-U-Thai, 2007 ; Doupnik, 2008 ; Guan et Pourjalali, 2010 ; Callen et al., 2011). Ainsi

nous pouvons conclure que la gestion des résultats est un moyen aidant à modérer

l'incertitude. Dans ce cadre, Callen et al. (2011) démontrent que lorsque les revenus sont

incertains, les manipulations comptables sont un moyen permettant au dirigeant d’atteindre

ses intérêts.

Les résultats montrent aussi que la variable INDIV influence négativement et

significativement la pratique de gestion des résultats ce qui nous permet de confirmer notre

troisième hypothèse. Ainsi nous pouvons conclure que les sociétés individualistes tendent

moins à opter pour la gestion des résultats. Ce résultat confirme celui de plusieurs études

antérieures (Nabar et Boonlert-U-Thai, 2007 ; Doupnik, 2008 ; Guan et Pourjalali, 2010 ;

Callen et al., 2011 ; Desender et al., 2011). Un tel résultat peut être expliqué par les

caractéristiques des sociétés individualistes. En effet, dans ces sociétés la réussite

professionnelles et la responsabilité en matière d’application des lois en vigueur sont deux

valeurs privilégiées par les dirigeants (Licht et al., 2007). Par opposition, dans les sociétés

collectivistes, la flexibilité est préférée par les dirigeants puisqu’elle leur permet de satisfaire

leur intérêts à travers la diminution de la variabilité des résultats, le respect des clauses

restrictives des contrats d’endettement et l’alignement aux prévisions des analystes (Doupnik,

2008 ; Trompenaars et Hampden-Turner, 1998).

Contrairement à l’hypothèse 4, les résultats de notre étude ne montrent pas de relation

significative entre la masculinité et la gestion des résultats. Un tel résultat infirme celui

trouvé par de plusieurs études antérieures. Nikoomaram et al. (2010) mettent en évidence une

relation positive entre la masculinité et la gestion des résultats. Guan et Pourjalali (2010), de

leur côté, montrent que cette relation est négative. Toutefois, il est à remarquer que notre

résultat vient en appui à celui de Nabar et Boonlert-U-Thai (2007), Doupnik (2008), Han et

al. (2010) et Callen et al. (2011). La non significativité de la relation étudiée vient appuyer les

arguments de Gray (1988) selon lesquels la masculinité n’est pas corrélée aux valeurs

comptables uniformité (vs. flexibilité) et professionnalisme (vs. contrôle statutaire).

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35

Enfin l’orientation de long terme n’influence par la gestion des résultats ce qui nous

permet d’infirmer l’hypothèse 5. Un tel résultat est conforme à celui de Doupnik (2008) et

Callen et al. (2011).

Tableau 9.Impact des dimensions culturelles sur la gestion des résultats : Résultats des équations

structurelles

Contribution factorielle

(t-test)

DIST 0.0901

(2.51)**

AVERS 0.0782

(2.45)**

INDIV -0.0756

(-3.01)***

MASC

0.0456

(1.05)

ORIENT

0.0245

(1.23)

251 GRDIST

262 GRAVERS

273 GRINDIV

284 GRMASC

295 GRORIENT

CONCLUSION

L’objectif de cette étude était d’étudier l’effet de la culture nationale sur la gestion des

résultats. Pour ce faire, nous avons donc tout d’abord présenté retracé le cadre théorique et

les arguments soutenant et réfutant l’effet significatif de la culture nationale sur la gestion des

résultats. Ceci étant, certaines études montrent que les caractéristiques de la culture (la

distance hiérarchique, le contrôle de l’incertitude, l’individualisme, la masculinité et

l’orientation de long terme) influencent la gestion des résultats freine la gestion des résultats,

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36

Ces études trouvent leur fondement dans les théories organisationnelle. Par ailleurs nous

avons essayé d’expliquer une telle relation en ayant recours à la théorie du relativisme culturel

et à la théorie du comportement planifié. Par ailleurs, en nous basant sur un échantillon

d’entreprises appartenant à 25 pays ayant des caractéristiques économique, socio culturelles

différentes, nous avons testé la relation entre les deux construits (culture et gestion des

résultats) en adoptant une démarche différente par rapport à celles utilisées dans les études

antérieures ; les équations structurelles. Les résultats que nous avons trouvés montrent que la

culture (à travers trois de ces composantes à savoir la distance hiérarchique, le contrôle de

l’incertitude et le collectivisme) amplifie la gestion des résultats. Toutefois, aucune relation

significative n’a été mise en évidence entre la masculinité et l’orientation à long terme.

Notre étude apporte une contribution à la fois théorique et empirique. Sur le plan

théorique, nous avons abordé la pratique de gestion des résultats sous un angle largement

omis par la littérature existante. En effet, nous avons essayé d’apporter les explications du

phénomène de gestion des résultats en partant des différents modèles des comportements

humains. Nous avons ainsi choisi la théorie du relativisme culturel comme cadre d’analyse

pour l’explication de cette pratique ; nous avons considéré que la prise de décision en matière

de comptabilité, comme dans tous les domaines, est influencée par l'ensemble de croyances

programmées dans l'esprit des individus. Par ailleurs, nous avons aussi eu recours à la théorie

du comportement planifié, peu appliquée en comptabilité, pour expliquer l’impact de la

culture sur la gestion des résultats.

Sur le plan empirique, notre étude développe des mesures quantitatives des dimensions

culturelles. Les études antérieures se sont en effet, limité à l’utilisation des scores attribué par

Hofstede (1980 ; 2001) aux différents pays. Ces scores ont fait l’objet de plusieurs critiques

puisqu’ils datent de plus d’’une trentaine d’années.

Notre approche empirique a adopté une méthodologie basée sur les méthodes des

équations structurelles où la pratique de gestion des résultats est estimée à travers trois

modèles de détermination des accruals discrétionnaires et où les dimensions culturelles

constituent l'image des indicateurs économiques et démographiques des pays de notre

échantillon (basée sur les implications de la théorie de l’écologie culturelle). Par ailleurs,

l’échantillon considéré n’est pas celui considéré par la majorité des études antérieures dans le

sens où nous avons pris en compte plus de pays appartenant au continent africain. Un tel

choix se justifie vu la diversité culturelle en Afrique.

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37

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