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8/3/2019 Institutions Liturgiques (Tome 4)
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I N S T I T U T I O N S
L I T U R G I Q U E SPA RL E R. P. DOM P R O S P E R G U E R A N G E R
A B B D E S O L E S M E S
Sanas Pontificii Juris et sacrce Liturgiastradttiones labescentcs confovcrc
D E U X I M E D I T I O N
T O M E Q U A T R I M E
P O L M I Q U E L I T U R G I Q U E
P A R I SS O C I T G N R A L E D E L I B R A I R I E C A T H O L I Q U E
V i c t o r P A L M E , diteur des Bollandistes, d i r e c t e u r g n r a l
76, rue des Saints-Pres, y6
B R U X E L L E SSUCCURSALE
12, rue des Paroissiens, 12
( 8 8 5
G E N E V ESUCCURSALE
4, rue Corraterie, 4
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Biblio!que Saint Librehttp://www.liberius.net
Bibliothque Saint Libre 2008.
Toute reproduction but non lucratif est autorise.
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NOTE DE L'DITEUR
Nous donnons dans ce I V e volume des Institutions
liturgiques les deux Dfenses que Dom Guranger dutfaire paratre de 1843 1 8 4 7 ; ' a premire est compose
d'une Lettre Mgr d'Ast ros, archevque de Toulouse ,
crite pour rpondre un livre publi sous le nom du
vnrable Prlat; la seconde se compose de trois Lettres
destines rfuter YExamen des Institutions liturgiques
par Mgr Fayet, vque d'Orlans. La prface de cette
nouvelle dition, en tte du premier volume, trace le
cadre dans lequel se placrent ces uvres de polmique,dont quelques pages de la prface du troisime volume
forment le complment. Nous avons runi ces quatre
opuscules sous le titre gnral de Polmique liturgique,
titre impos par leur forme mme. Toutefois nous tenons
faire observer au lecteur des Institutions que ce dernier
volume n'offre pas seulement un intrt historique,
comme retraant les pisodes de la lutte qui amena la
chute des liturgies nouvelles et la rsurrection del Litur
gie romaine en France . Les deux Dfenses constituent
surtout un ensemble de principes fondamentaux qu'il
faut ncessairement possder, si Ton veut comprendre
la Liturgie, son essence, son importance, sa valeur au
double point de vue de la foi et de la discipline. Dom
Guranger n'avait pas cru que la rvolution anti-liturgi-
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ir
que du xvni e sicle et t jusqu' effacer des esprits tous
les principes thologiques sur ces matires;' il n'avait
pas souponn, en crivant ses deux premiers volumes,
qu'on pt l'attaquer sur des affirmations absolument
conformes l'enseignement de l 'Eglise, et qui, cause
de cela, ne lui semblaient pas avoi r si grand besoinde preuves (r) . Les crits dirigs contre lui vinrent
bientt rvler , par les erreurs qu' ils posaient en pr in
cipes, combien le mal tait profond, et par l mme
combien les Institutions liturgiques taient un ou
vrage opportun et ncessaire. Dom Guranger posa
donc nouveau et dveloppa dans cette polmique les
principes qu'il avait seulement affirms, en les entourant
cette fois de preuves dont l'vidence gagna la causede la Li turg ie contre les plus dangereuses erreurs.
C'est pourquoi, en rditant ces deux Dfenses, nous
appelons sur elles toute l'attention du lecteur soucieux
de trouver dans les Institutions liturgiques un ensei
gnement srieux et complet. La table analytique place
la fin du volume l'aidera puissamment dgager de
tout l'ouvrage la quantit considrable de principes
solides qui s'y trouvent runis.
[\) Premire Lettre Mgr l'vque d'Orlans, "i iv .
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PREMIRE DFENSE
DES
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L E T T R E
A
MONSEIGNEUR L'ARCHEVQUE DE TOULOUSE
M D C C C X L I V
. LV. i
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P R F A C E
Plusieurs personnes, dont les dsirs sont pour moi des
ordres, m'ont tmoign leur tonnement de ne pas voir
paratre encore la Dfense de mes Institutions liturgiques,
si solennellement promise Tanne dernire. Je remplis au
jourd'hui mon engagement, en produisant cette Dfense
imprime dj depuis plus de huit mois.J'avais cru pouvoir suspendre quelque temps toute Pourquo
rplique, dans la pense que le public catholique, occup a J-etard^i
tout entier des incidents de la grande controverse qui s'est ^ r l o o n s e
leve sur la libert de l'enseignement, trouverait diffici
lement assez de loisir pour feuilleter les pages assez nom
breuses de mon plaidoyer. Mais, tout bien considr, ce
serait se flatter vainement que de s'imaginer qu'une telle
controverse, dans laquelle est mise en question la libert
mme de l'Eglise, doive s'assoupir de sitt. Je suis mme
de ceux qui pensent qu'el le ne s'teindra qu'au jour de la
victoire, et Dieu seul connat de combien d'annes ce jour
est encore loign de nous.
I l m'tait donc impossible de demeurer indfiniment n ne peut pt * i J * * f , i nanmoins
sous le poids des accusations si graves qui ont ete portes garder toujo
contre ma personne, plus encore que contre mon livre, l e s l l e n C e '
dans la brochure de Monseigneur l'archevque de Tou
louse ( i ) .
Si l'on ne m'et reproch que d'avoir enseign sur la
matire du droit liturgique des opinions nouvelles,
(i ) Mgr d'Astros. V. la prface de la nouvelle dition, tom. I,page X L V I I .
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IV PREFACE
si les j'aurais eu rpondre simplement que cette matire nonaccusations r A , , j , ,
s'taient portes seulement n est pas mme touche dans les deux premiersS U Idu droit l c, volumes de mes Institutions liturgiques* mais qu'elle y
surUdciqcnxurs e s t mme, en plus d'un endroit, formellement excepte.h
Saurait*" J 'a u r a
s
Pu
ajouter que, ayant depuis consacr une disser-pu?icnlx:r ' t a t * o n spciale cette importante matire, sous le titre de Lettre Monseigneur l'archevque de Reims, personne,
jusqu'ici, n'a contest mes conclusions qui s'appuient
d'ailleurs sur l'enseignement des meilleurs canonistes, en
mme temps qu'elles semblent empreintes de la plus vi
dente modration. Enfin, la question d'application au
temps prsent ayant t surabondamment rsolue par le
bref de Sa Saintet h Monseigneur l'archevque deReims, il m'et sufli de protester de ma parfaite sou
mission ce document apostolique que j'ai publi moi-
mme, tout le premier, dans mon opuscule sur le droit
liturgique.
Si l'on ne m'et reproch que des erreurs historiques,
le dfaut de discernement dans l'emploi des autorits,
l'ignorance des faits et de la doctrine, j'aurais pu garderie
silence, et prendre mon parti sur ces accusations, soit
parce que le livre tant sous les yeux du public, chacun
est matre de juger par les citations continuelles que j'ap
porte l'appui de mes assertions, si ces assertions sont
rellement fondes ou non ; soit enfin parce que ma pro
fession monastique qui m'impose l'obligation d'tre probe,
ne me confre en aucune faon le privilge de ne jamais
prendre des apparences pour des faits, pas plus quecelui de n'tre jamais attaqu mal propos.
Dans l'un et l'autre cas, j'aurais donc pu me taire, et
laisser au public la dcision ultrieure dans cette contro
verse, sans me mettre en devoir de prsenter une Dfense.
Malheureusement, l'illustre adversaire n'a point born
son attaque des reproches sur mon indiscrtion en ma
tire de droit liturgique, et sur mon ignorance en fait
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P R E F A C E V
d'histoire ecclsiastique. C'est ma rputation de caiholi- Sa rputatque, c est ma probit qu il a mise en question : que dis-je r sa probitqu'il a anantie autant qu'il lui tait possible. Je suis
en questio
accus dans la brochure d'avoir voulu fltrii* Vglise deFrance, et, d'avoir, cet effet, entass les calomnies, lesfalsifications les plus odieuses et les plus grossires; et deplus, on a cru devoir pronostiquer sur moi la fin malheureuse de l'abb de La Mennais.
Si pourtant j'ai quelque justification produire, puis-je, M a le droit en gardant le silence, prolonger indfiniment le scandale j c dtendredonn l'glise par la publication de mon livre ? N'est- C t ! l ^ r Sce pas une obligation de chercher dissiper des accusa
tions qui, mettant en suspicion mon orthodoxie et maprobit, compromettent, d'un seul coup, ma rputationd'honnte homme, mon caractre sacerdotal, et aussil'honneur de mon ordre et de ma congrgation : Personne, je l'imagine, ne contestera mon droit et mondevoir, en de telles circonstances ; et tout homme dsintress comprendra aisment que plus est lev le caractre, plus haute est la dignit de mon accusateur, plus
aussi devient grave pour moi l'obligation de me laver desimpressions fcheuses qu'ont d faire natre contre mamoralit les insinuations expresses dont il a cru devoir mepoursuivre.
Sans doute, si je pouvais esprer que toutes les per- u lecture sonnes dont se compose le public intress dans cette po- s o n S e r a i t a ?
lmique prissent la peine de lire l'ouvrage, dans le but de R a J j fc I n 1 s G e u
vrifier la porte des accusations dont il a t l'objet, uneDfense publie en dehors du livre pourrait semblermoins ncessaire. Cette lecture ferait voir, je m'en flatte,aux plus prvenus, que mon ouvrage, qui sera considrable, d'aprs le plan expos dans la prface du premiervolume, n'a nullement t compos dans le but de susciter des troubles ; que les assertions qu'il renferme sont lersum de travaux srieux, et de plus, n'appartiennent
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VI PREFACE
pas plus moi qu'aux auteurs approuvs dont je me suisservi et dont j'allgue sans cesse l'autorit ; que mes attaques ne tombent jamais que sur des personnes notoirement htrodoxes ; que je rends justice tout ce qui s'estfait de bon dans l'glise de France comme ailleurs, et
plus qu'ailleurs ; que je n'ai crit, ni insinu nulle partLe lecteur que le Brviaire romain, proprement dit, soit le seul
y verrait que . , *partout qu'on puisse licitement rciter dans toute l'Eglise ; que
'auteur loue ce . . . , , , , . .
qui s'est fait j ai, au contraire, exalte en cent endroits le mente et lae g l i s e s *
1 C S beaut des liturgies particulires anciennes et autorises ;de France. t o u t c n rapportant l'origine fcheuse du Brviaire de
Paris, je n'ai jamais dit qu'il contnt des hrsies; enfin,
que j'ai protest formellement contre tout changementviolent de l'ordre de choses actuellement tabli en beaucoup de diocses de France, sous le rapport de laliturgie.
Mais je n'ai aucun droit, je le sens, d'exiger du publicqu'il veuille bien s'imposer la rude tche de lire deuxgros volumes, dans le but unique de savoir quoi s'entenir sur une polmique fort ingale entre un illustre et
savant prlat, et un auteur d'ailleurs assez obscur. La d-Motifs cision doit naturellement tre base sur d'autres donnes,
qui Pont port .
publier su et je ne me flatte pas assez pour me dissimuler que lesDfense, prjugs dfavorables sont de mon ct. O r, c'est le motif
qui m'a dtermin publier cette Dfense que d'ailleursj'ai pris soin d'adapter scrupuleusement la forme durquisitoire lanc contre moi, afin de la rendre en quel
que sorte moins trangre tous ceux qui ont pris connaissance de celui-ci.
il s'agit de Cette publication, qui semblera peut-tre, au premierliturgique ; abord, tant soit peu isole au milieu de la vaste et brillante
dcadence de p 0 } m i q U C q U ; d u r e depuis un an sur les questions dedcCpuftrqucUce l'affranchissement de l'glise, s'y rattache nanmoins plus
lien qu'on ne pense par le fond mme du sujet. Il va sans direa ete rompu, 1 . ,
que les intentions sont pures et droites dpart et d'autre;
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PREFACE Vil
mais de quoi s'agit-il , aprs tout?.Du degr d'unit quidoit paratre dans la forme religieuse. L'unit liturgiquen'a jamais exist entre Rome et l'Orient; l'Orient, depuisde longs sicles, est impuissant produire et conservermme l'ombre d'une socit chrtienne. Depuis un sicle
et demi, la France a rompu l'antique lien liturgique;quelle dcadence de la foi et des murs ne nous a-t-ilpas fallu subir depuis la mme poque ?
On dira tout ce qu'on voudra, mais il n'est pas absolu- L'unit sociment ridicule de voir avec Charlemagne, saint Gr- d c , ? e
, d e
goire VII et le concile de Trente, un des principes 4 1 ' i ^fondamentaux de l'unit sociale de l'Occident dans l'unit romainede la Liturgie romaine. A quoi bon conserver la langue
latine dans les offices divins, comme garantie de l'immobilit du dogme, si les formules sacres conues en cettelangue ne sont pas mises l'abri des vicissitudes de tempset de lieux ?
Certes, les moments sont graves ; l'heure laquelle Ncessit d, cette unit d
nous vivons est solennelle : deja, nous sommes remues, et les tempsnous le serons plus profondment encore. L'unit seule, R C t u c I s *
accepte dans toutes ses applications, fera notre force, etassurera notre triomphe. La question catholique ne serapas toujours agite dans l'enceinte des tats particuliers ;elle deviendra tt ou tard la question europenne. Le
jour approche o le cri doit se faire entendre :Dieu leveut! C'est alors que l'unit de formes assurant l'unit devues et d'efforts, l'glise se dbarrassera des entravesnationales qui la meurtrissent si cruellement, et respireralibrement sur le plus glorieux des champs de bataille.
En attendant, ce grand travail vase prparant; car Tendances vl'uvre de Dieu, toujours humble dans ses commence- domaine 1
ments, doit avoir son cours ordinaire. Le bel exemple r c n F ! '* a n i c fJdonn par Monseigneur l'vque de Langres, et qui lui a c t c -mrit les loges du Souverain Pontife, n'est dj plussans imitateurs. En outre, plusieurs de nos prlats n'at-
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VIII PREFACE
tendent pius que l'instant favorable pour rendre leursglises la Liturgie romaine. D'autres ont pris des mesuresnergiques pour arrter un mouvement dplorable qui
. menaait de l'enlever leurs diocses. D'autres ont crudevoir pressentir les dsirs de leur clerg sur cette ques
tion, par voies de circulaires, ou en synode. Enfin, endivers lieux, la rimpression des livres liturgiques s'estopre sous l'influence de principes totalement opposs ceux qui prsidrent leur rdaction, au sicle dernier.On peut citer en ce genre le nouveau Brviaire de Lyon,dont les correcteurs rcents ont fait disparatre nombre depassages qui sont prcisment ceux-l mmes que j'avaisnots dans mes Institutions liturgiques. Qu'il me soit
permis aussi de fliciter en passant Son Eminence le cardinal-archevque de ce que, par ses soins, la fte de saintGrgoire VII se clbre dsormais dans l 'glise prima-tiale.
r/auteur Ce mouvement ne s'arrtera pas ; il est du moinsp [ S c c u s a U o n r e permis de le penser ; mais je ne veux pas aller plus loind'avoir voulu s a n s f a j r e observer qu'il est en tout conforme Tordre et
soulever , . .
le clerg a u x rgles ecclsiastiques. Je sais qu'on n'a pas craint dedu second ordre a . .contre dire, dans un journal, que les doctrines de mon livre
opiscopat. t e n c j a ; e n t soulever le clerg du second ordre contreTcpiscopat ; comme si des principes fondamentaux dudroit ecclsiastique, rclams et appliqus, pouvaient jamais tre une occasion de dsordre -, comme si je n'avaispas constamment enseign que la rnovation liturgique ne
peut tre durable et utile qu'autant qu'elle s'oprera parl'action directe des premiers pasteurs!Je le rpterai donc encore une fois : si les droits de
la hirarchie pouvaient tre aujourd'hui mconnus, sil'glise de France semble en ce moment environne deprils qu'il n'est plus,gure possible de se dissimuler,du moins les dfenseurs de la prrogative romaine ne setrouvent pas dans les rangs ennemis. Quiconque, en effet,
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PREFACE I X
est zl pour les droits de la chaire de saint Pier re , doit ^ Son zleA . , , , a dfendre
Ftre par l mme pour l'autorit sacre de 1 episcopat attributionsacres
qui en mane. C'est la doctrine du Sige Apostolique, des vque
que celui qui exalte le pouvoi r du Pontife romain, exalte
par l mme l'piscopat ; comme aussi celui qui attaque
les attributions sacres de l'piscopat insulte par l mme
la chaire de saint Pierre . J e l'ai remarqu ailleurs :
jusqu'ici on ne compte pas de presbytriens parmi les
adversaires de la dclaration de 1682 ; mais en revanche,
on serait fort en peine de citer un auteur presbytrien
qui n'ait fait profession d'tre cheval sur les quatre ar
ticles. Des jours viendront peut-tre o tout enfant de
l'Eglise en tat de manier une plume devra consacrer sesefforts la dfense des droits sacrs de nos premiers pas
teurs ; nous n'attendrons pas la dernire extrmit pour
nous lever aussi et soutenir la cause de ceux que le Sau
veur lui-mme appelle les Anges des glises. J'ai cru de
voir formuler ici cette protestation ; on doit viter de
scandaliser les faibles, et d'ailleurs la veille des troubles
qui se prparent peut-tre, c'est un devoir et une consola
tion de rendre pa r avance tmoignage de sa foi et de sessentiments.
En finissant cette prface, je me permettrai quelques La doctrine ,r* ' 1 * 1 1 Institution
rflexions sur un incident assez trange de la controverse liturgique
liturgique. On a entendu des lgistes, fameux d'ailleurs ^^"tinmoh^
par leur zle contre la libert de l'glise, M. Dupin et %xuicanes
M . Isambert, attaquer dans des discours la tribune et
dans des crits, la doctrine des Institutions liturgiquescomme attentatoire aux liberts gallicanes et aux fran
chises du pays.
I l y aurait pourtant matire une dissertation curieuse
sur la question de l'unit liturgique dans ses rapports avec
la lgalit, et je regrette vivement que le temps ne me
permette pas de l'entreprendre : toutefois, qu' il me soit
permis de demander ici aux deux clbres magistrats quel
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X PREFACE
genre de lgalit leur semble de nature tre invoquecontre le Brviaire romain.
S'il s'agit de l'ancien droit des parlements, on trouveque les auteurs les plus accrdits au palais n'ont cessde combler le Brviaire romain des tmoignages de leur
Vnration des vnration. Ainsi l'avocat gnral Marion, en 1 5 7 5 , dansparkmclm ' a cause de Kervcr, imprimeur privilgi de ce brviairele ifrviaire P o u r ' a France; l'avocat gnral Scrvin, dans l'affaire du
romain, chapitre de Chinon, o il reprsente, dans son plaido3rer,le Brviaire romain comme le plus repurg et le plus
autoris de tous; Chopin, dans son Monasticon; Fvret,dans son Trait de VAbus, enseignent tous constammentque l'introduction de ce brviaire dans les cathdrales du
royaume est louable, dsirable mme, et ne discutent quesur les formalits observer pour Yy introduire. Jerapporterai mme ici les paroles par lesquelles l'illustreAntoine d'Hautcserre, professeur de droit en la facult deToulouse, dans ses Vindicte? ecclesiastic jurisdictionis,rpond ii ceux qui regarderaient comme une nouveautl'introduction du Brviaire romain dans les glises de
France : Nihil novi affert qui dumtaxat sequitur ritus romance Ecclcsia quai est parens et magistra omnium ecclcsiarum; nihil novum comminiscitur," sed antiqua et meliora restituit, Ecclesiserugas et maculas tollit, .qui se et suam ecclesiam romande concilit, sublata diffor- mitatc rituum. (Lib. IL cap. xxir, page 74, dition
de Naples.) Nos anciens magistrats taient donc bienloin de regarder l'usage du Brviaire romain comme
une servitude pour les glises ; aussi ne trouvons-nouspas un seul mot contre-ce brviaire dans le recueil de nosprtendues Liberts, pas plus qu'on ne saurait dcouvrir dans les motifs de ne pas recevoir en France la discipline du concile de Trente, motifs discuts fort aulong par les jurisconsultes du palais, la plus lgre rpugnance contre le canon de ce concile qui renvoya au
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PREFACE XI
Pontife romain la publication du Brviaire et du Missel
universels.
Si maintenant il s'agit du droit actuel de la France, il Pourquoi^ !_ i 1 1 j an ' ' I e droit act
est bien clair que la charte de i 8 i o , qui ne prescrit de la Franc
aux Franais la profession d'aucune religion en parti- "rl^nfque
culier, ne saurait ni favoriser telle forme de brviaire f a v o r i s e
comme plus lgale, ni proscrire telle autre comme a u c u n e , f r . . de brviair
moins constitutionnelle. Ici donc, si on veut aller plus
loin, il faut se rsigner tomber d'aplomb dans le
ridicule.
S'appuiera-t-on sur les Articles organiques ? Mais,
outre qu'ils sont absurdes au point de vue constitutionnel,
et un grand nombre d'entre eux gravement et notoirement
contraires la conscience des catholiques, le seul de ces
articles qui fasse allusion la liturgie ne saurait recevoir
d'application qu'au moyen de l'introduction de la Liturgie
romaine en France.
Il est ainsi conu : A R T I C L E 39. Il n'y aura qu'une litur
gie pour toutes les glises de l'Empire Franais. Mais
quelle sera cette liturgie? Les glises la choisiront-elles?Dans ce cas , la question est loin d'tre vide. Chaque
glise tiendra pour ses usages, et d'ailleurs les anciens
canons antrieurs aux bulles papales pour l'unit romaine,
recommandent simplement auxvques de suivre les rites
de la mtropole; mais ils n'ont rien qui favorise des
circonscr iptions nationales qui n'existent pas dans
l'glise.
L e gouvernement imposera-t-il cette liturgie, laboredans les bureaux du ministre des cultes? Je ne le lui
conseille pas, nos vques tant peu disposs recon
natre un pape civil.
Reste donc le pape de Rome, et lui seul. Or, on n'ira
pas croire, j'imagine, que mille ans aprs Charlemagne,
trois sicles aprs le concile de Trente, et les huit conciles
franais qui ont accept la bulle de saint PieV, le Saint-
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Xir PRFACE
Sige consente reconnatre pour la France une autre
liturgie que la Liturgie romaine. Le bref de Sa Saintet
Monseigneur l'archevque de Reims n'a rien appris
l-dessus la gnralit des catholiques; tout au plus
aura-t-il servi distraire de leur illusion quelques hon
ntes gens qui s'taient plu rver pour la France uneliturgie nationale qui ne serait pas la romaine.
Avantages de Mais il est temps de clore enfin cette prface; je le
liturgique, fais en soumettant au jugement et la correction du
Sige Apostolique tout ce que renferme la Dfense qu'on
va lire. Puisse-t-elle aider au dveloppement de cette unit
extrieure qu'il sera toujours permis aux catholiques
franais de rclamer, et qu' il est facile au Dieu tout-
puissant de leur octroyer de nouveau, pour la glorifica
tion de son nom, la plus grande scurit de la foi, le
ravivement de la pit, le maintien de la subordination
hirarchique, la runion de tous les peuples dans une
seule famille, par le moyen d'un seul langage, comme aux
premiers jours du monde. Erat terra labii uni us et
sermonum eorumdem! (Gen., xi, i).
8 d c e m b r e 1 8 4 4 .
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LETTREA MONSEIGNEUR
L'ARCHEVQUE DE TOULOUSE
MONSEIGNEUR,
Ds les premires annes de ma jeunesse, je sentis en L'auteurr . a ressenti desmoi un attrait puissant pour l'tude de l'histoire eccl- jeunesse
. . un attrait
siastique, et je me reconnais grandement redevable puisant pouDieu qui, dans sa providence paternelle, fit natre en mon d e rgiseme cette disposition, dont l'un des principaux rsultatsdevait tre de fixer les facults de mon intelligence sur unobjet grave la fois et surnaturel.
De bonne heure j'appris donc m'identifier avec les a agprisdestines del sainte glise catholique, colonne et soutien s ies destine
de la vrit. De bonne heure, j'appris compatir ses cette Mre dsouffrances, suivre ses combats, jouir de ses tr i o m p h e s , e n f a n t s d e D i e
soupirer pour sa libert. Je compris que tout curcatholique devait aimer cette Mre commune des enfantsde Dieu, cette pouse sans taches ni rides, qui a ravi lecur de notre divin et aimable Sauveur Jsus-Christ.
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2 LETTRE
I N S T I T U T I O N S C'est pourquoi, je lui dvouai pour jamais, cause deLITURtlQUES >f
- son Epoux, tout ce que mon cur aurait d amour surcette terre, tout ce que mes faibles efforts pourraient produire, dans la sphre troite qui m'tait rserve.
Mais dans la recherche des monuments l'aide desquelsl'il catholique aime il suivre la marche de l'glise travers les ges, je ne me bornai pas h ces premiers sicles, resplendissants de la pourpre des martyrs en mmetemps qu'illumins par la doctrine des Pres. Je voulusaccompagner l'pouse du Christ jusqu'aux dernirespreuves de son plerinage, et l'histoire contemporainedu sacerdoce me sembla mriter mon attention et mon
tude, non moins que celle de l'glise au moyen ge etdans les sicles primitifs.Quand le nom J avais quinze ans ,'Monseigneur, lorsque votre nom
de Mgr d Aslros 1 r /
lui'apparut, m'apparut pour la premire fois. Il brillait d'un clatimmortel sur une des plus sombres pages des annales del'glise, en ce sicle.
Un joug de fer pesait sur la chrtient; Rome tait
veuve de son Pontife qui languissait dans les fers. Lesplus fidles serviteurs du Sige Apostolique expiaientleur courage dans la captivit. Les glises frappes deviduit par la mort de leurs vques, tombaient auxmains des mercenaires. Le sige de Paris, capitalede l'Empire, tait usurp avec scandale par un hommequi n'avait pas su respecter la double barrire des bienfaits et des serments, et sur l'glise s'tendait une terreur
rendue plus profonde encore par le silence que gardaientles sentinelles d'Isral.
Cependant, le cri du Pontife captif se iit entendre. Ilrclamait pour ces droits sacrs de la hirarchie dont laviolation entrane la ruine de l'difice entier du christianisme; mais aucune voix n'osait servir d'cho celle duPontife. D'affreux prils attendaient celui qui et ostransmettre l'oreille du coupable prlat Panathme
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A MONSEIGNEUR L ARCHEVEQUE DE TOULOUSE 3
lanc contre sa prvarication. Tout coup, dans l'glise P O L M I Q U EI * * A I I r L F E D F E N S E
de Pans , un prtre se leva et dnona au faux pasteurl'arrt apostolique qui fltrissait sa conduite. Quelquesheures s'taient peine coules , et ce prtre avaitentendu se fermer sur lui les verrous d'un cachot Vin-cennes.
Ce prtre, dont le nom vivra jamais dans les fastes Depuis lorsde la libert ecclsiastique, ce prtre qui ne flchissait pas ardemmenlorsque tant de pontifes tremblaient, ce fut vous-mme, ^ c o n f c f l e uMonseigneur. Avec quelle vnration je lus un nom si ^ l s t o ^ uglorieux ! Avec quelle admiration je recueillis le rcit d'unsi gnreux sacrifice ! Depuis lors, je dsirai ardemment
voir et connatre le glorieux confesseur de cette poqueredoutable, durant laquelle, pour emprunter les parolesdu Prophte, on peut dire que toute tte tait languis
sante, tout cur abattu, tout genou tremblant.L'occasion tant dsire se prsenta lors du sjour que Quand il lu
vous etes lieu de faire Paris , Monseigneur, l'poque ^ v o i r ^ dde votre translation sur le sige mtropolitain de Tou- l ' c n t c n d r e -louse. Je m'empressai avidement d'assister aux saints
Mystres clbrs par vo us, d'entendre les exhortationsque votre voix paternelle prononait quelquefois aumilieu des crmonies saintes. Je ne me rassasiais pas decontempler le dernier confesseur de la libert ecclsiastique, le prtre devenu pontife qui n'avait pas craintd'exposer sa vie pour le lien sacr de l'unit et de lasubordination canonique. Depuis lors, rien n'a t capabled'altrer en moi le culte sincre que vous avait vou ma jeunesse; mais j'tais loin de croire qu'un jour dt veniro votre voix me dnoncerait devant l'glise comme uncrivain dangereux et tmraire.
Vous avez cru dans votre sagesse, Monseigneur, devoir niui serait dattaquer par un crit imprim, mes Institutions liturgi- v ncu papucachet , certes, je respecte les intentions qui vous ont fait tel adversaiagir. Il me serait mme doux de m'avouer vaincu dans
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4 LETTRE
I N S T I T U T I O N S le combat, si j'avais la conscience de ma dfaite ; malheu-reusement, je ne 1 ai pas, cette conscience. Je pourrais, ilest vrai, garder le silence et ne pas entreprendre ma justification; mais, d'autre part, il me semble qu'un devoirimprieux, celui de dfendre la vrit, me presse de
prendre la parole et de prsenter des explications ncessaires : je dirai plus (car je m'en Hatte), une justificationcomplte.
Mais Je sais, Monseigneur, toute la distance qili me spare,n ^ S m p o M t l o n moi humble moine, de la personne d'un prlat vnrablempr^uwment P a r s e s cheveux blancs, par la confession de la foi, par le
q e s t 1 v c n 3 c Cr a n minent de l'piscopat; mais, dans ma conviction
r U vnIrab\e P l U S ^ e n ? mriter pas vos reproches, n'ai-je pas d'autant plus
raison de m'affliger de les voir dverss sur ma tte, quetoutes les prsomptions demeurent contre moi dansl'esprit de tant de catholiques, trangers la controverse.qui les a occasionns. Si je suis coupable des tmrits,des inconvenances, des calomnies, des falsifications dontvous m'accusez, Monseigneur, j'ai mrit assurment lafltrissure que vous cherchez m'imprimer; mais si jesuis en mesure de prouver que ces imputations ne sontpas fondes, n'est-ce pas une chose dure pour un crivaincatholique de les avoir subies, surtout avec les suitesqu'elles ont entranes aprs elles ?
Les principes J'ai crit mon livre avec conviction, aprs de longues etsu^ia^iturgie srieuses tudes; il ne renferme que des principes et des
S rgUsc. ^ t s * ^ e s Principes sont ceux de l'glise catholique surla liturgie, tels qu'ils sont professs dans les bulles des
Souverains Pontifes, dans les conciles, celui de Trenteen particulier, dans les canonistes les plus approuvs :on peut voir sur cela ma Lettre Monseigneur Parche-vque de Reims, sur le droit de la liturgie. Quant auxfaits, ils sont du domaine de l'histoire et de la critique,et s'ils sont vrais, il n'est ni en votre pouvoir, Monseigneur, de les anantir, ni au mien d'en absorber l'exis-
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POLEMIQUEI r DFENSE
permet l'accus de
parlerle dernier
A MONSEIQNEUR L'ARCHEVQUE DE TOULOUSE 5
Comment
(i) Voyez, entre autres, la constitution de Benot XIV, sur la censuredes livres. VII des Ides de juillet 1 7 5 3 .
T. IV 2
tence et la porte, par le silence, ou par un dsaveucomplet.
Mais je ne sais pourquoi je chercherais m'excuser Le droit ddevant vous, Monseigneur, d'entreprendre ma justification ^doifcwulorsque je n'ai besoin que de me rappeler les principes
admis de tout temps dans l'glise, au sujet des crivains *catholiques, pour demeurer parfaitement en repos surl'effet que doit produire ma dfense vos yeux si clairs.N'est-ce pas un point de droit dans l'Eglise comme dansle for civil, que l'accus parle toujours le dernier ? L'acception des personnes n'est-elle pas interdite par la loidivine, plus encore que par les lois humaines ? Et voussavez avant moi et mieux que moi, Monseigneur, quelles
facilits ont toujours t donnes, soit dans les conciles,soit dans les jugements du Sige Apostolique (i) , auxcrivains de dfendre, d'expliquer et d'claircir leurscrits, s'il arrive qu'ils soient appels en rendre"compte.Ces explications que j'ai l'honneur de vous adresser, jeme serais fait un devoir de vous les transmettre confidentiellement, si vous eussiez jug propos de me les demander; aujourd'hui que le public est mis par vous dans laconfidence des griefs que vous croyez devoir me reprocher,il est bien vident que je ne puis me dispenser d'employerla voie de la presse.
Or voici, Monseigneur, la manire dont j'ai cru devoirprocder dans ma Dfense. La brochure que vous avez 1pro tcderdapublie attaque les Institutions liturgiques, par rapport c e t t e Dfense- certains principes ou faits gnraux que j'ai mis en
avant; j'essayerai de satisfaire dans cette Lettre aux oppositions que vous avez produites contre mes thses. Unepartie de votre opuscule est employe discuter certainsdtails de mon livre; je joindrai ma lettre un tableau
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6 LETTRE
( 1) Page (J. (2) Page 7 . ( 3 ) Ibidem. (4) Page 38. ( 5 ) Page 34 .
(6) Page 7 7 . ( 7) Page 122 . (S) Page 135 . (g) Ibidem, (10) Page 1 2 ,
I N S T I T U T I O N S des object ions, et je placerai en regard mes rponses . EnL I T U R G I Q U E S U % . *
cette manire, mes torts, si j en ai , seront faciles a cons
tater; comme aussi s'il arrivait que mon livre se relevt
des attaques que vous avez cru devoir lancer contre lui,
sa justification aurait du moins ce caractre d'tre pro
nonce en pleine connaissance de cause.Il ne songe pas j e n e m'arrterai point, Monseigneur, rcriminer s'ofienscr de r 7 7
l'apret que contre la forme que vous avez cru devoi r employer dansplusieurs ont . ,
blme dans votre discussion contre moi. J ai oui dire que des per
de Monseigneur sonnes fort haut places, et plus ou moins favorables
dAstrob. ^'ai lleurs votre point de vue, trouvaient cette forme tant
soit peu acerbe. Pour moi, je vous l'avouerai, j'ai souri
parfois en lisant sur vos pages nergiques ces rudes quali
fications qui s'chappent de votre plume, et me viennent
imprimer les notes d? imprudence (i), de tmrit ( 2 ) , *in
justice ( 3 ) , d'absurdit ( 4 ) , de calomnie ( 5 ) , de fureur ( 6 ) ,
de blasphme ( 7 ) , d'indcence ( 8 ) , d? obscnit (y) ; sans
parler de l'endroit o vous signalez dans mon style les
caractres qui font celui d'un jeune impie ( 1 0 ) . Pour moi,
je ne suis point ennemi de la franchise du langage, sans
aller pourtant jusqu' regretter les amnits littraires de
certains crivains des xvi et xvn e sicles ; et d'ail leurs,
dans ces jours o l'on voudrait, sous prtexte d'une soi-
disant modration, bannir des discussions la vigueur et
l'nergie, j' aime voir une aussi imposante autorit que
la vtre, Monseigneur, rappeler dans une polmique
importante cette apret sans faon dont ne se scandali
saient pas nos pres.Toutefois, Monseigneur, il y a bien dans votre brochure
certains procds de discussion que j'aurais dsir n'y pas
voir, parce qu'ils ne tiennent pas essentiellement cette
franche allure que je me fais gloire d'estimer. Ainsi, par
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A MONSEIGNEUR L*ARCHEVQUE DE TOULOUSE 7
rieurs celui de Franois de Harlay,et aux pages 4 9 , 5 7 ,58, 60, 68, vous me contestez, sans preuves par consquent, les faits que j'ai puiss dans ces brviaires que
chacun, aprs tout, peut aller consulter dans les bibliothques de Paris.
A propos d'une post-communion que je signale dans le 11 se dfen . . , J - 1 j X T M I * contre quelqMissel du cardinal de Noailles que vous convenez n avoir accusationspas non plus entre les mains, vous citez le Missel de du Missel'et*Charles de Vintimille, dans lequel cette post-communion B r e p a r i s ?fut rforme , et vous dites vos lecteurs : Dom Guran-
ger A C H A N G L E T E X T E ET A MIS , etc. (T) : ce qui est une
accusation de faux ni plus ni moins : mais accusationfcheuse pour celui qui Ta lance, puisqu'il est facile tousles jours- vos lecteurs de consulter le fameux Missel, etd'y voir que Dont Guranger N ' A P A S C H A N G L E TEXTE , cequi serait infume, et nJa pas eu besoin de M E T T R E ce quele cardinal de Noailles avait MIS .
Chacun sait ou doit savoir que le Brviaire de Paris de
1736 , publi par Charles de Vintimille, excita de si vivesrclamations dans l'glise de Paris, que le prlat futcontraint de retirer l'dition et d'en donner immdiatementune seconde, avec un grand nombre de cartons auxendroits qui avaient choqu davantage. Pour apprcierles intentions .des rdacteurs de ce brviaire, je devaisdonc remonter jusqu' cette premire dition, antrieureaux cartons. Or, j'ai racont avec toute franchisent mme
avec loges, le fait de l'insertion de ces mmes cartons; jecroyais donc avoir prvenu toute possibilit de confusion.Quelle n'a donc pas t ma surprise, lorsque j'ai vu, Monseigneur, que c'tait avec la seconde dition de r 736 quevous prtendiez rfuter les reproches que j'avais faits la
(i ) L*glise de France injustement fltrie, page 8 1 .
exemple, la page 4 8 , vous dclarez n'avoir- pu vous : POLMIQUE procurer aucun exemplaire des 'Brviaires de Paris ant-
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8 LETTRE
I N S T I T U T I O N S premire, donnant ainsi le change au public sur 1 tatLITURGIQUES A I , - n . ' .
mme de la question, et taisant peser sur moi gratuitement l'odieuse accusation de calomnie grossire et audacieuse !
Anachronisme Vous avouerai-jc toute ma pense, Monseigneur ? Bienau sujet de
7 r 7
Sduiius : des pages de votre brochure, celles entre autres que jesuffisante viens de signaler et dont je demande justice votre
p o u l q u c , r t loyaut, m'ont port croire, et j'ai accueilli cette penseM ^ A s t r o s U r avec bonheur, que d'autres mains que les vtres avaient
rdIcteuPAncmec o n ( *uit la rdaction de l'opuscule auquel je rponds en
de son opuscule. c e moment. J'en trouverais encore une preuve dans ce quiest crit, page 7 0 , savoir, que Sduiius est n en 1 5 3 7 et
mort en r63i. L'antiquit ecclsiastique vous est tropfamilire, Monseigneur, pour qu'on puisse vous imputeravec justice un tel anachronisme au sujet d'un auteurchrtien dont les uvres sont dans toutes les Bibl iothques des Pres, dont l'autorit est invoque en thologie,auquel l'Eglise a emprunt, outre l'introt Safoe, sancta
parens, deux antiennes, lesquelles, ainsi que Pintrot lui-mme, se trouvent cites et commentes plusieurs foisdans les homlies les plus populaires du Vnrable Bdeet de saint Bernard. Au reste, dans la seconde ditionde votre brochure, le public verra avec plaisir quecette erreur a t corrige. Je regrette qu'on n'ait pasmodifi de mme l'endroit de la page 1 0 0 , o Tonattribue des hymnes saint Augustin, dont les uvressont cependant bien plus connues encore que celles de
Sduiius.Au reste, je ne suis pas de ceux qui jugent et condamnent un livre, ou un mmoire, pour deux ou trois mprisesdans lesquelles serait tomb l'auteur. Les hommessrieux doivent porter leur vue plus loin; et je souscrisde tout mon cur au jugement de Monseigneur l'vquede Chartres sur l'excellent livre du Monopole universi
taire, par M. le chanoine Desgarets.
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( 1 ) Lettre sur la Libert d'enseignement.
{2) Sacrae Liturgi traditiones labescentes confovere. Bref de /V. 5 . P.Je Pape Grgoire XVIt du x** septembre z83y.
Qu'il me soit permis d'observer ici, dt le prlat, P O L M I Q U E1 D F E N S
que, dans un dbat o l'on allgue mille griefs, ou mille raisons contre un adversaire, lors mme que, parmi ces raisons et ces griefs, il y en aurait cinquante ou mme cent de mal assurs et d'incomplets, il suffit qu'il y en ait neuf cents qui l'accablent et le condamnent d'une manire premptoire (1) .
De mme aussi , dans le cas o je ne pourrais me justifier sur quelques points de l'accusation que vous avezcru, Monseigneur, devoir intenter contre moi (et j'esprefermement me justifier sur tous, sans exception), il ne s'enpourrait rien suivre contre le fond des ides mises dans
un ouvrage dj considrable, et dont votre critique effleure peine la dixime partie.Mais laissons pour le moment les dtails, et rsumons
un peu la question dbattue entre nous.Or, voici tout simplement ce que j'ai prtendu en
publiant mon livre :I. Dans le but de ranimer, du moins en quelque chose, Dessein
les traditions liturgiques qui ont faibli chez nous ( 2 ) , j'ai d e P B S N T
pris la libert de publier un ouvrage longuement labor,s e s I n s t l t u t l 0 n
dans lequel mon but est uniquement de rappeler lesprincipes de tous les temps, les maximes de la traditioncatholique sur le culte divin.
Ces maximes sont que la liturgie doit tendre l'unitdes formules; que cette unit est le vu de l'Eglise;que les Souverains Pontifes, interprtes de la volont del'glise, l'ont recherche dans tous Jes temps; que l'obli
gation, pour les glises du Patriarcat d'Occident, d'embrasser et de conserver la liturgie de Rome, est incontestable.
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IO LETTRE
I N S T I T U T I O N S Niera-t-on ces principes fondamentaux ? Ce seraitL I T U R G I Q U E S ( j o n n e r u n dmenti tous les thologiens et canonistes
orthodoxes et me faire trop beau jeu dans la question.
I I . En racontant l 'histoire de la liturgie, je me suis
trouv amen faire voir comment les livres liturgiques
actuellement en usage dans un grand nombre d'glises deFrance ont dtruit l'unit de culte qui existait avant
leur fabrication, comment ils ont t rdigs contraire
ment tous les principes admis dans tous les temps, en
matire de liturgie ; quelle par t ont prise les secta
teurs de l'hrsie jansnienne cette grande rvolution
qui a tant influ sur le sort de la pit chrtienne parmi
nous.
Me trouvant, par le plan mme de mon ouvrage, dansla ncessit de traiter fond de la prire liturgique de
toutes les glises, pouvais-jc passer sous silence celle de
l'glise actuelle de France ? N'aura is -jc pas rendu comme
inutile tout mon travail en le privant d'une de ses princi
pales applications ? Quant la vigueur avec laquelle j'ai
procd, depuis quand est-ce un crime de traiter avec
nergie la cause de l'glise ? Ai- je d'ailleurs manqu
d'gards aux contemporains ? Ai- je insult, comme on
le dit, les prlats de nos glises ? J' en appelle mes
lecteurs. Qu'ils disent si j'ai jamais attaqu d'autres
hommes que les sectateurs ou les fauteurs de l'hrsie;
si j'ai manqu une occasion de relever le mrite de tant
de grands vques, qui, au sicle dernier, se mesurrent,
sans calcul et sans respect humain, contre l'hydre mau
dite, trop souvent caresse, ou du moins mnage pard'autres.
I I I . Enfin, si aprs avoir cherch par mes cris
rompre le sommeil trop gnral sur la situation liturgique,
j 'ai paru souhaiter et mme prdire la France un retour
vers l'unit de la prire roma in e; ai-je accus la lenteur
ou la prudence de nos vques ? Ai- je rclam la des-
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A M O N S E I G N E U R L ' A R C H E V Q U E D E T O U L O U S E 1 1
S
I
Et premirement sur les principes gnraux de la L'unit desmatire, j'ai prtendu que la liturgie tend l'unit des vTde^^iformules et que cette unit est le vu de l'glise. En d e Monseigneucela du moins ma pense s'est rencontre avec la vtre, conformaMonseigneur, car vous ayez dit, en parlant de moi : Que ? e u x d e R A 4 T E
a 7 7 r ^- sur ce point.
dans cet ouvrage, Dom Guranger et exprim le dsir de voir l'unit de liturgie tablie, s'il tait possible, dans toute l'glise catholique, au moins dans l'glise d'Occident; qu'il et expos avec la chaleur qui lui est propre, les avantages de cette unit; nous aurions approuv un dsir si raisonnable et si orthodoxe. Nous aurions t galement d'accord avec lui sur ce principe que la liturgie doit tre stable; qu'il est nuisible la
tructoti immdiate des livres actuels ? Ai-i cherch POLMIQUI r e DPENSE
exciter des troubles dans les diocses ? Je sais qu'on cherche faire peser sur moi cette calom
nie. Heureusement, mon livre est l; et sur ce point
comme sur bien d'autres, il demeure lui-mme la plusbelle rponse toutes les diatribes lances contre lui.Voil, Monseigneur, ce que je pourrais me borner
rpondre aux attaques dont mon ouvrage est l'objet. Cetexpos gnral pourrait suffire beaucoup de personnes,et si je retranche du nombre de mes adversaires, ceux quidclament contre mon livre sans l'avoir lu, et c'est legrand nombre, comme toujours, les autres trouveraient
dans la dclaration que je viens de faire, de quoi se rassurer sur mes intentions et sur la porte de mon attaquecontre les liturgies modernes. Toutefois, je ne m'entiendrai pas l, et je me ferai un devoir de vous suivre,Monseigneur, dans toutes les particularits de la polmiqueque vous avez cru devoir diriger contre moi.
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I 2 L E T T R E
( 1 ) Page_5.( 2 ) Page i38.
I N S T I T U T I O N S pit et mme dangereux pour la foi dV apporter sansL I T U R G I Q U E S R , / ^ '
cesse des changements ( i ) .
Que j'aime cet accord de nos principes, Monseigneur !
Combien je dsirerais qu'il continut de se montrer dans
tout le cours de votre brochure ! Mais bientt vous en
venez dclarer qu'i l vous est impossible de tolrer mes
maximes et ma manire de procder dans mon livre.
Pourtant, s'il est indubitable vos yeux que le dsir de
Vimit liturgique est un dsir raisonnable et orthodoxe;
rs'il est vrai, pour vous comme pour moi, que la liturgie
D ' aprs ces doit tre stable, et qiCil est nuisible la pit et mmep r i n d o t S n dangereux pour la foi d'y apporter sans cesse des change-
l e C h a n g e m e n t tnents^ pourquoi n'estimeriez-vous pas, comme moi, un
de l i turg ie en s o u v e r a i n malheur, une faute insigne, le renouvellementFrance. 7 D 7
de la liturgie fait au dernier sicle dans les deux tiers des
diocses de France ! Pourquoi ne regretteriez-vous pas
comme moi cette unit qui existait il y a un sicle, unit
dcrte par le saint concile de Trente , resserre par la
bulle de saint Pie V, proclame par huit conciles de
France, l'un desquels est celui de votre propre mtropole
de Toulouse, reconnue enfin par plusieurs Assembles du
Clerg de France ? Pourquoi cette unit et stabilit
de la liturgie vous tiennent-elles si peu cur, dans la
pratique, que, pour juger du mrite et de l'opportunit
de tel brviaire ou missel, vous en appelez simple
ment au got personnel d'un chacun, disant franche
ment comme pour dernire raison : J 'ai suivi le rit
parisien pendant prs de cinquante ans, Paris,
Bayonne, Toulouse, et je dclare que je l'ai trouv
trs beau (2), avec la mme tranquillit que vous
dites plus haut propos d'un bonnet : Ce que je sais
parj exprience, c'est que mes bonnets de chur, sans
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A MONSEIGNEUR L*ARCHEVQUE DE TOULOUSE I ?
Mais, Monseigneur, du moment que, dans une matire Ncessitecclsiastique, il est question d'unit tablir, vous savez dprJroqgatirvequ'il devient ncessaire d'invoquer la prrogative romaine, i o r S 5 n a g
laquelle, faisons-y bien attention, ne peut s'exercer sans ,5'u n i t
.
^ 1 J 7 r t ecclsiastique
emporter avec elle, pour tous ceux qui la reconnaissent,l'obligation d'obir. Aussi, est-ce un fait incontestableque l'unit liturgique n'est point simplement une utopiesur laquelle il soit loisible chacun de faire des phrases,mais bien un point de droit positif dans l'glise, en sortequ'on n'y peut admettre que de ces exceptions rares et
rgulires qui confirment la rgle.Au X V I I I 6 sicle, l'poque du renouvellement de la La soumissi
liturgie en France, les consciences n'taient pas si dli- saint-itgecates qu'elles le sont gnralement aujourd'hui sur l'ar- i f f u r ^ u Sticle de la soumission au Saint-Sige en cette matire.C'est x v " e e s i | c l epourquoi nous voyons les vques, auteurs ou promul-gateurs des nouveaux brviaires et missels, en appelersimplement leur autorit ordinaire pour justifier leur
conduite, jusqu'au point d'interdire expressment toutbrviaire et missel, autres que ceux qu'ils publiaient.Depuis on est devenu, grce Dieu, plus timor. On acherch justifier l'innovation par le silence de Rome;on a fait circuler des mots plus ou moins authentiques,profrs, dit-on, par un pape, par un cardinal, quelquefois par un simple prlat romain ; tant on .avait besoind'une Rome quelconque pour lgitimer la fausse position Besoin instindans laquelle on se trouvait ! Mais, de bonne foi, le gou- lgitimer6lvernement de l'glise serait-il possible, si, dsormais faSSro^cpour suspendre l'effet des lois les plus sacres et les plus a u J o u r d ' h u
gnrales, il suffisait de produire plus ou moins mystrieusement une simple drogation verbale et personnelle,
( I ) Page I I .
tre crass, ont toujours t assez carrs pour bien POLMIQUEA . / V " DFENSE
tenir sur ma tete (i).
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1 4 LETTRE
I N S T I T U T I O N S mane le plus souvent d'une autorit incomptente. IlLITURGIQUES . .
ne resterait donc plus qu jeter au feu les Conciles et leBullaire,qu' anantir l'enseignement du Droit canoniquepour se borner uniquement au voyage de Rome, par lemo3'cn duquel on pourrait obtenir quelqu'une de cesexplications favorables qui mettent l'aise. J'oseraiscependant mettre le vu qu'on les ft reconnatre et certifier, comme il est d'usage pour les dcisions verbalesqu'on appelle dans le droit, Oracles de vive voix, et qui,dans tous les cas, n'manent que de la personne mme duSouverain Pontife, parlant et agissant comme tel.
Bref de En attendant voici un bref de Sa Saintet Grgoire XVI,G [^rchcv qu a
Press Monseigneur l'archevque de Reims , dansexprimante ^ c < l u e ' ^ e Sige Apostolique considre comme toujoursdsir de voir existante l'obligation statuce parle concile de Trente et les
disparatre D r
la varit des bulles de saint Pie V : dans lequel tout en reconnaissant livres . x
liturgiques en certaines glises de la Liturgie romaine, le droit de garder la forme de brviaire et de missel dont elles usaientdeux cents ans avant la bulle, le Sige Apostolique leur
refuse le droit de changer volont ces brviaires et missels, condamnant par l mme l'innovation du xviu e sicle;dans lequel la conduite de Monseigneur l'cvque deLangres, qui a rtabli dans son diocse la Liturgieromaine, est prconise comme digne de tous les loges;dans lequel enfin le Souverain Pontife exprime le dsir etl'espoir de voir les autres Evqucs de France se rangertour tour la mme conduite, pour faire enfin dispa
ratre cette varit de livres liturgiques, scandaleuse pourles peuples et prilleuse en elle-mme, ce sont les expressions du Souverain Pontife.
Telle est, Monseigneur la substance de ce bref important que j'ai publi moi-mme dans ma Lettre Monsei
gneur l'archevque de Reims, d'o l'Ami de la Religionl'a fait passer dans ses colonnes. J'avais pens qu'uneautorit aussi imposante suffisait pour faire cesser toutes
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A MONSEIGNEUR L'ARCHEVQUE DE TOULOUSE i 5
mer que votre manire de penser tait identique ladoctrine du bref-, en sorte que, dans toute cette affaire, ilne me restait que l'insigne tmrit d'avoir remis en
question une matire sur laquelle tout le monde estd'accord, en me donnant, de plus, le tort d'accumulerforce mensonges, calomnies et inconvenances. J'avaisbeau chercher comprendre quelque chose dans toutecette mle, je n'en pouvais venir bout. On m'accusait;sans me faire mon procs, on me condamnait ; et, aumilieu de tout cela, mes principes me semblaient toujourscatholiques, les faits allgus toujours vidents; je ne
pouvais retenir sur mes lvres le fameux e pur siinnove !
Bientt, on annonce la deuxime dition de votre brochure, Monseigneur; je m'empresse de me la procurer,esprant que j'allais y trouver l'explication du mystre,et, sur la question mme, des dveloppements inattendus.J'ouvre le livre, et ds les premires lignes d'une intro
duction particulire cette dition, je trouve les parolessuivantes :
A peine cet opuscule avait-il paru, que j'ai lu dans sentiment les feuilles publiques deux pices d'une haute impor- M d"As\ fo s tance, o l'on semble avoir voulu confirmer ce que j'ai s u r papg
e f d
dit, et sur la liturgie en gnral, et la gloire de l'glise de France. La premire pice est mane de la plus grande autorit qui soit dans l'glise. C'est le bref
de Sa Saintet Grgoire XVI, Monseigneur Tarche-*< vque de Reims (i).
Ravi d'une si solennelle dclaration, et plein d'espoir devoir enfin l'unit liturgique applique la France dans lesens du bref de Sa Saintet, je cours la fin du volume au
(i) Page v
les discussions, et d'autant plus que VAmi de la Religion, POLHIQUE * V* DFENS
dans un article spcial, n'avait fait nulle difficult d'affir
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l 6 L E T T R E
( 1) Page vij.
I N S T I T U T I O N S chapitre intitul : Beaut du Brviaire de Paris, pourL I T U R G I Q U E S . , %
voir en queue manire a ete modifie une certaine propo
sition qui me semblait totalement contraire la doctrine
nouvellement professe. Quelle n'est pas ma surprise de
Le prlat, trouver page 187, la mme proposition, dans les mmes
approuvant le termes, aprs le bref connu et apprci ?retirc epas Cscs Tel est, y est-il dit, le Brviaire que l'abb de Solesmes
accusations. (< v c u t c n i e v e r la France. En plus d'un endroit il
exprime cette esprance qu' il fonde sans doute sur le
grand effet que doivent produire les dclamations comi
CE nuelles et injustes de ses Institutions liturgiques. Heu-
reusement le Saint-Sige estplus sage que cetauteur. inconsquence Mais, Monseigneur, comment avez-vous pu laisser
conduite. cette phrase dans une seconde dition, lorsque maintenant
vous savez positivement que le Saint-Sige rprouve le
changement de la liturgie opr dans les diocses mmes
qui avaient un brviaire particulier lgitime ? Si je ne
suis pas sage de rclamer le rtablissement de l'unit
romaine, ne voyez-vous pas que vous faites peser le mme
reproche sur le Souverain Pontife qui comble d'loges
Monseigneur l'vque de Langres, et tmoigne le dsir
et l'espoir de voir ses illustres collgues suivre son
exemple ? Savez-vous que certains reproches finiront par
me sembler doux porter lorsque je les sentirai tomber
sur moi en semblable compagnie r
J e reviens ensuite votre Introduction, Monseigneur,
afin de saisir mieux votre pense, m'imaginant aussi que
peut-tre des explicat ions inattendues viendront donner
une autre face la quest ion; mais ma surprise redouble,lorsque je lis ces paroles : Il n'y a rien (dans le bref) qui
ne soit au moins implicitement dans notre crit; comme
on pourra s'assurer par la lecture de notre crit qu'il
ne renferme rien qui soit contraire au bref (1).
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A MONSEIGNEUR L'ARCHEVQUE DE TOULOUSE 1 7
POLMIQUEi n DEPENSE
Proposer l'unprovinciale
c'est donner dmenti au
bref quidemande l
retour l'unit
patriarcale
(1 ) Page xj.
J'avoue que je m'y' perds de plus en plus : mais c'estbien autre chose quand je rencontre plus loin ces motsinexplicables :
Il y aurait peut-tre un moyen d'y mettre quelque unit (dans la liturgie), d'en assurer l'orthodoxie et de
lui donner une stabilit convenable. Ce serait de mettre en vigueur la rgle du concile de Tolde, lequel ordonne que, dans toutes les glises de chaque province eccl- siastique, les offices publics, vpres, matines, la messe, soient clbrs suivant l'usage de l'glise mtropolite taine (i).
Comment, Monseigneur, vos sentiments sur l'unitliturgique sont identiques ceux du Souverain Pontife,
et lorsqu'il proclame la ncessit de maintenir et de rtablir l'unit dcrte par le concile de Trente, en reprenant le Brviaire et le Missel romains de saint Pie V,vous venez proposer les livres de la mtropole! L'unitprovinciale vous parat un moyen suffisant d'assurerY orthodoxie des formules liturgiques, et aprs avoir,quelques pages plus haut, transcrit le bref, en entier, vouslui donnez un tel dmenti ! Je le rpte, il doit y avoir aufond de tout cela un malentendu que l'on ne s'expliquepas : mais, pour le moment, une chose demeure claire;c'est que, malgr que vous trouviez dans le bref du Saint-Pre la confirmation de ce que vous avez crit contremoi, vous n'entendez pas du tout sacrifier aux dsirsde Sa Saintet votre Brviaire toulousain, quand bienmme l'occasion favorable insinue dans le bref viendrait
se prsenter.En effet, il ne saurait se prsenter une occasion plus
favorable d'en finir avec la discordance liturgique qu'uneinjonction pontificale de reprendre en France les usagesromains. Or, dans ce cas-l mme, d'aprs vos propres
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8 LETTRE
conduite.
(i) Page x.
I N S T I T U T I O N S paroles, Monseigneur, le Saint-Sige devrait compter surL I T U R G I Q U E S 1 1 / ,
toute autre chose que sur une adhsion pure et simple.
Quelle conduite Bien convaincu, dites-vous, Monseigneur, de cettes e !dcTci^ al t haute sagesse et de cette indulgence du Saint-Sige,
^VAstros^ 1' u s ^ arrivait que certains esprits qui ne voient ni aussile Pape c ] a j r n i aussi loin que le Vicaire de Jsus-Christ, fissentproscrivait les 1 ^ 7
liturgies * des efforts pour obtenir que, par un acte de son autoritfranaises. 1 . A . . .
suprme, il proscrivit la liturgie propre un grand
nombre de diocses de France, nous recourrions nous-
mmes avec une pleine confiance Sa Saintet, pour
qu'elle daignt accorder nos glises, en faveur de
leur liturgie, le privilge qu'ont obtenu jadis certaines
glises d'Espagne et d'Ital ie, pour le rit mozarabique et le rit ambrosien.
Dans ce cas, nous n'appuierions pas notre demande
sur la crainte des dissensions qui pourraient rsulter
de la proscription des liturgies auxquelles nous sommes
attachs; nous laisserions Sa Saintet le soin d'ap-
< prcicr ce motif. Pour nous, nous commencerions
M au contraire par protester de notre soumission sans
.< rserve aux ordres qu'il plairait Sa Saintet de donner; aprs quoi nous nous permettrions de lui
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A M O N S E I G N E U R L ' A R C H E V Q U E D E T O U L O U S E 1 9
POLMIQUEI R DFENS
Les Papesn'auront p
intervenila rvolutioliturgique
s'accomplird'elle-mme
L'existencedes liturgiI\n\brosiennet mozarab
repose sur privilge,
la France contraire
est romain
dans la litudepuis levin 0 sicle
jugerait propos- de passer du conseil au prcepte enfaveur de l'unit liturgique, il cderait aux efforts de certains esprits qui ne voient ni aussi clair, ni aussiloin que le Vicaire de Jsus-Christ, et cesserait par consquent d*y voir clair et loin comme devant. En vrit,
ce n'est point moi, j'en conviens bien volontiers, Monseigneur, de critiquer votre langage l'gard du Chef del'glise; mais aussi pourquoi nous dire que le bref de SaSaintet ne renferme que votre pense sur la questionliturgique ?
Au reste, Monseigneur, je ne vois aucune raison quidoive vous faire redouter de la part de Rome la proscription directe des livres liturgiques propres itn grand
nombre de diocses de France; je suis persuad, aucontraire, que la grande rvolution liturgique s'accomplira d'elle-mme. Vous avez vu que telle est la pensedu Souverain Pontife. Il ne doute pas que les vques deFrance, les uns aprs les autres, alii atque alii, nerentrent dans l'intention du concile de Trente et desbulles de saint Pie V. Pour votre mtropole, Mon
seigneur, il faut ajouter : et dans l'intention du concile deToulouse de i5go.
Quant rclamer pour la liturgie de 1 7 3 6 le privilgedes liturgies ambrosienne et mozarabe, la question n'estpas du tout la mme. Jamais la Liturgie romaine n'a rgn Milan, et les chapelles de Tolde, exceptes de l'obligation de garder la forme de l'Office romain, s'taient maintenues dans la pratique du rite mozarabe jusqu'au temps
de Jules II , qui leur concda rgulirement ce privi lge.Au contraire, la France, depuis le vin 0 sicle, est romainedans la liturgie; plusieurs fois, depuis mille ans, ce liena t resserr. Pour ne parler que de l'poque postrieureau concile de Trente et aux bulles de saint Pie V, nouscomptons huit conciles provinciaux (dont un de la province de Toulouse), enregistrs parmi les actes les plus
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2 0 LETTRE
S U
Passant maintenant la seconde partie de ma Dfe?m, je dirai que, du moment o il est reconnu par tout lemonde que l'unit dans la liturgie est un principe incontestable, et que les rglements ecclsiastiques la rclamentaujourd'hui comme dans le pass, il me sera facile dedmontrer que si, dans l'application de cette doctrine aux
INSTITUTIONS solennels de l'glise gallicane, sans parler des rsolutionsL I T U R G I Q U E S I T * I
des Assembles du Cierge, proclamant hautement 1 obligation pour la France de suivre Rome dans la liturgie.11 n'est donc pas libre de remonter tel ou tel concile deTolde pour en exhumer je ne sais quelle unit mtro
politaine de la liturgie, quand l'unit patriarcale estdevenue tout la fois un fait et un droit dans l'Occident
Le changement depuis tant de sicles. Il serait superflu de discuter ici cede la Liturgie . . % . . .
romaine dans qui vient de se passer a Larcassonnc: je me bornerai a direest^ui^par en passant que si, pour tablir le rgne du Brviaire de
dfaut de dioii. t o u ] o u s c dans ce diocse, il devient ncessaire de supprimer, ne ft-ce que dans une seule glise, l'usage des
livres de la Liturgie romaine, la mesure est nulle, par dfaut de droit, quant cette glise. Maintenant, si onse rappelle en combien de milliers d'glises il fallut, ausicle dernier et en celui-ci, abolir la Liturgie romainepour faire place aux nouveaux livres, on a plus de peineencore croire que Rome puisse reconnatre les titresvnrables du rite ambrosien ou du rite mozarabe, dansles productions modernes qui sont venues dtrner, aprsneuf sicles, la prire de saint Grgoire. Mais encore unefois, la question n'est pas l; le bref de Sa Saintet Monseigneur l'archevque de Reims suffit .parfaitementaux ncessits prsentes, et Pierre n'aura pas parl envain par la bouche de Grgoire.
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A MONSEIGNEUR L 1ARCHEVQUE DE TOULOUSE 2
ce fait.
faits, je me suis trouv dans le cas de raconter des choses POLMIQUEpnibles, cet inconvnient, totalement invitable, ne peutm'tre imput comme un grief.
Or, ces faits sont que, dans le XV I I I 8 sicle, l'unit litur- L'unitgique a t brise; qu'elle l'a t arbitrairement et sans l l l u r 3 " | e a
mnagement pour l'autorit du Saint-Sige et pour lesa r
e r a nS?
anciennes traditions de la prire. Il suffit, pour en derneu- a u x v m e s 4 c l
rer entirement convaincu, de prendre d'une main leBrviaire et le Missel parisiens des archevques Franoisde Harlay et Antoine de Noailles, et de l'autre, ceux deCharles de Vintimille, pour voir que ce sont des livrestotalement diffrents. Les livres des deux premiers archevques, malgr les modifications qu'ils ont subies, sont encore, dans l'ensemble et dans la plupart des dtails, conformes aux livres de Jean-Franois de Gondy, lesquelsportent en tte ces mots : Breviarium ou Missale Pari- siense, ad formant sacrosancti concilii Tridentini; cequi veut dire qu'ils sont romains. Les seconds ne ressemblent qu' eux-mmes et ont t videmment rdigs par desimples particuliers, d'aprs tel systme de composition
prconu, et abstraction faite de l'lment traditionnel dansla plus grande partie de leur teneur. L'unit liturgique quiexistait antrieurement la rdaction de ces livres, a donccess d'exister par le fait de leur promulgation, et surtout de leur extension un si grand nombre de diocses.Qui pourrait nier cette conclusion ? Et aussi qui pourraitinterdire un auteur catholique qui veut traiter de la litur- n est permi
. . . . . . . tout catholi
gie, de relever un fait si important, sans la connaissance de releverduquel cette science devient un vrai ddale par l'impossibilit o Ton se trouve de faire cadrer les explications dessaints Pres, des mystiques, des liturgistes et des cano-nistes, sur les formules et les rites, avec la ralit de laplupart des formules et des rites aujourd'hui en usage,par le fait de ce changement inou dans les fastes del'glise ?
T . I V 3
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22 LEtTRE
INSTITUTIONS Je dis iou dans les fastes de l'glise;, car lorsqu'auL I T U R G I Q U E S ^ v m sclc, la Liturgie romaine fut substitue en France
n n'y a aucune la liturgie gallicane, la perte que faisaient nos glispsa^ubstftiuion de leurs anciennes coutumes tait compense abondam-
d ci l;!! B I C ment par la richesse et l'autorit des traditions romaines.R Q 1 1 1 AL LLLRF *
^ G A L L I C A N E ' 0 Traditions pour traditions, c'tait un change auquelet les rglise de Franccavait plus gagner qu' perdre: sans
changements 1 . , b & J * \liturgiques parler du grand bien de 1 unit dans la lorme religieuse
du xviu sicle. r . , . , . , .
et de la parfaite scurit qui en resuite pour le dpt de lafoi; double consquence de l'introduction de la Liturgieromaine, qui consola promptement nos pres de la suppression des livres gallicans.
Une fois admise la ncessit de rapporter, dans un ouvrage sur la science liturgique, le fait d'un bouleversement des notions sur la matire, partir du xvm e sicle;
Ces je ne devais pas sans doute me borner jeter en avant cedcman^aTcnTun fait, sans garanties, sans explications. La science eccl-d e s ^ o t i f s q u i siastiquenc procde point ainsi en aveugle. Elle pse les
^amens 1 1 ^ a * t s c t ^ c u r s consquences ; elle claire les obscurits, et,comme elle est la science des choses de Dieu et de
l'glise, elle procde avec franchise et sans acception depersonnes. D'o il suit que, dans mon plan, je devais unrcit fidle des motifs ct des incidents de la modernerforme de la Hturgic en France. Maintenant, que jeme sois trouv dans la ncessit de dire que les hommesd'un certain parti qui n'est pas celui de la foi catholique,ont eu de l'influence dans l'uvre de cette innovation,comme promoteurs, comme rdacteurs mme ; celas^ensuit de ce que je viens d'tablir tout l'heure, lacondition, bien entendu, que je ne produise que des faitsvritables et avrs. Soutenir le contraire, ce serait vouloirbillonner l'histoire, ct cela n'est plus possible aujourd'hui; quant la fidlit des rcits, je ne les dbite pasdans l'ombre; j'cris pour le public : il n'est personne quin'ait le droit de me dire, s'il y a lieu : vous en avez menti.
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POLMIQUEI K DFENSE
tombed'elle-mme
A M O N S E I G N E U R / A R C H E V E Q U E D E T O U L O U S E 2$
Commecatholique
l'auteurne reconna
d'autrepatrie qu
Rome.
( i ) Page i3.
Ici, je le sens bien, Monseigneur, je me trouve en face del'accusation que vous m'avez intente, de malveillance etde calomnie contre l'glise de France; accusation grave, Commenthumiliante, fcheuse, mais uniquement toutefois dans l'hy- 1 C a l o m n i epothse qu'elle soit fonde. Je pourrais assurment ^ ^ n c *
demander tout d'abord si ce systme de dnigrement et decalomnie contre l'glise de France est supposablc; quelgenre d'intrt je pourrais avoir dverser le mpris surune portion de la catholicit au sein de laquelle je suis net j'ai t initi au sacerdoce : car, sachez-le bien, Monseigneur, je suis Franais tout aussi bien que vous, et non pasun religieux petite arriv en France (i). Je suis toutaussi jaloux qu'un autre de nos gloires nationales; aucun
engagement politique, aucun antcdent ne m'obligent renier le moindre de ces honorables souvenirs, qui nousrendent chre la commune patrie.Comment donc aurais-jepu avoir la pense de fltrir l'glise de France ?
Il est vrai, j'en conviens, que, si en ma qualit de Franais, je suis tout aussi zl qu'un autre pour l'honneur dema nation, en revanche, comme catholique, je fais pro
fession de n'avoir d'autre patrie que Rome. Et pourquoicela? Parce que Rome est la seule localit laquellesoient attaches les destines de l'glise et par l mme dela rvlation chrtienne; parce que je ne crois pas pouvoiradhrer d'une manire inviolable, en matire de christianisme, un autre centre qu' celui qui, tabli par Jsus-Christ, possde l'infaillibilit de la doctrine et la plni-tude de la juridiction. L'Eglise de France aurait-elle reu
du Sige Apostolique comme les glises d'Alexandrie etd'Antioche, une participation solennelle de la prrogativeromaine ? Non que je sache.
Si donc cette sublime distinction n'a cependant pas empch ces deux grands siges de s'crouler dans l'hrsie,
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24 LETTRE
tre mise en
autre g l i s e .
p a r a l l l e VE lise de Jsus-Christ (i); qu'aucune autre glise.avec la f idl i t & , , .
d'aucune aprs celle de Rome, ne peut se glorifier d'avoir t protge d'une manire plus clatante ( 2 ) . Ces sortes de rap
prochements, dont l'intention, certainement, n'a rien de
mauvais, me semblent peu conformes au respect que nous
devons porter cette Egl ise , Mre et Matresse, dont lasolidit appuye sur la parole de Jsus-Chri st ne saurait
convenablement tre mise en parallle avec la fidlit plus
ou moins constante de toute autre glise particulire.
Les dons de la misricorde divine, soit qu'ils s'appliquentaux part icul iers , soit qu'ils aient pour but les nations,
semblent bien plutt l'objet d'une humble et discrte
reconnaissance qu'un sujet de se glorifier, surtout en
( 1 ) P a g e fi.
(a) P a g e 14.
I N S T I T U T I O N S comment oserais-je embrasser d'une manire expresse laL I T U R G I Q U E S . , . > . ,
soudante de tout ce qui se ferait dans le sein de 1 Eglise de
il ne peut Fr anc e? J e n'adhrerai donc aux actes ecclsiastiques qui
au^actes ontlieu dans ma patrie, qu'autant qu'ils seront en harmonieeqCTIRNU?e!iCS
a v e c ' a direction donne par le Sige Apostolique; je redou-
en France t c r a [ j c s consquences de ces actes, dans la proportion de cequ autant qu ils J . . .sont n U C cette harmonie me semblera moins visible: je m'en
en harmonie 1 . tavec dfierais tout fait, si je voyais videmment Rome d un
la direction , . r .
donne cote et la France de 1 autre. Encore une lois, je ne com-
par Rome. p r c n cj s p a s l'glise autrement, et si mon langage manque
de courtoisie, je le regrette; mais je par le en France ,
comme je parlerais en Espagne, au Mexique , aux Etats-
Unis, en un mot partout o les vraies notions de la foi
et de la discipline existent par le fait, il est vrai, mais non
en vertu d'une promesse divine.
La solidit de Je vous avoue, Monseigneur, que j'ai lu avec peine cer-
romain^'fondc tains endroits de votre brochure, dans lesquels vous
d^i s us - ' N I H S Ta v e z c r u pouvoir dire que Y Eglise de France fut toujours.
ne doit aprs VEglise romaine, la plus ferme colonne de
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A MONSEIGNEUR ^ARCHEVQUE DE TOULOUSE 2 5
gnement de la foi, pour le salut de tout le troupeau deJsus-Christ.
Pour moi,, je crois dans ma simplicit que l'humilit et
le silence sur les grces reues, disposent davantage leciel nous en continuer l'aumne, et quand j'entends descatholiques franais, prtres ou laques, parler de manire faire croire qu'il y aurait dans l'glise de France quelque garantie de plus que dans toute autre glise, pour laconservation de la foi et de l'unit, je m'inquite etjnme
je ne comprends pas.Au reste, cette prtention du mrite d'une glise parti- La prtenti
culire au-dessus des autres n'est pas ancienne. Elle a Ame%Hst inconnue l'antiquit. Longtemps on a dit les glises Pau-dessuCs
d*Asiey les glises d'Afrique, les glises des Guides, etc. ; d?nconnuec'est presque constamment le langage des Pres. Le l'antiquitgnie catholique veillait carter tout ce qui tendait nationaliser l'glise dans le sens mme le plus inoffensif.Le moyen ge n'eut point d'autre manire de sentir sur
ce point ; la France alors donnait des vques l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie, qui lui en rendaient leurtour; tant tait troite l'union des provinces de la catholicit, sous le Chef suprme dont l'autorit tait alorsreconnue de tous, en toutes choses et dans son entier.
Plus tard, les souverainets modernes se sont consti- Origine detues, la politique a isol les nations, et pendant que les na'tTonaesfrontires se tranchaient de plus en plus, les soi-disant
liberts nationales sont venues donner chaque gliseune allure plus locale. L'orgueil de pays s'est mis de lapartie, et c'est alors que l'on a vu l'glise de France, non ^glisecontente de formuler ses doctrines positives sur la nature d V t c n u eet les applications de la constitution de l'glise et sur les pratiqprrogatives du Chef suprme, en venir jusqu' se crer ] a Jny elle-mme une pratique de la morale chrtienne, regar- chrtienne
prsence d'une oeuvre aussi divinement imposante que la POLMIQUpermanence du Sige Apostolique, dans l'infaillible ensei- h F E N S
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I N S T I T U T I O N S
L I T U R G I Q U E S
Tmoignageshistoriques
quiprouvent que
la doctrinevanglique n'a
pas tplus pure en
Franceque dans
d'autres nations.
Calvin.
2 6 L E T T R E
( i j Page 14 .
dant comme en piti le soi-disant relchement par le
moyen duquel les Alphonse de Lig uori , les Lonard de
Por t-Maur ice , les Paul de la Croix, trouvaient le secret
de gurir les plaies du pch dans les autres, en s'levant
eux-mmes au sommet de cette saintet qui commande
aux lments, et est un des caractres essentiels de l'Eglisecatholique.
Oui, certes, Monseigneur , vous avez bien raison de
dire la gloire de notre gl ise , que la foi fui apporte
dans les Gaules ds les temps apostoliques ; que le sang
des martyrs y coula abondamment ; mais je n'oserais pas
rpter avec vous ce que vous ajoutez : Dans quel lieu
t du monde la doctrine vangl ique s'est-elle conserve
constamment plus pure, et l'hrsie a-t-elle t plus
fortement repousse ( 1 ) ?
Laissons de ct l'hrtique Vigi lance pour un moment,
si vous voulez ; ne parlons ni des terribles convulsions
qui signalrent chez nous le treizime sicle, l'poque
de l'hrsie des Albigeois, des Vaudo is, etc.; ne r emon
tons pas plus haut que le seizime sicle, et confessons
que si l'Allemagne donna alors Luther au monde, laFrance eut son tour le malheur de donner naissance
Calvin; que l'hrsie sacramentaire parvint s'tablir
dans notre patrie sur un pied formidable, ainsi que l'at
testent ses affreux ravages, et aussi les larges privilges
qui lui furent accords par l'Edit de Nantes. Assurment,
il y avait alors, en Euro pe , des royaumes, des tats, au
sein desquels la doctrine vanglique se consentait pins
pure, et o Phrsie tait plus fortement repousse.Bientt j' aurai parler du jansnisme, cette lpre qui
nous a travaills si longtemps ; mais passons plus loin .
N'est-ce pas la France qui est apparue comme la citadelle
du philosophisme, au sicle dernier ? N'est-ce pas au
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A MONSEIGNEUR L'ARCHEVQUE DE TOULOUSE %y
POLMIQUEln DFENSE
L'Encyclopd
Voltaire.
Panthisme
Soutenirque l'glise France
est aujourd'ce qu'elle
tait aux temanciens,
serait uneillusion.
D'o viennecette dfectiocette strilit
milieu d'elle que s'est dresse l'Encyclopdie, comme uneBabel superbe? Notre langue n'est-elle pas alle porter parle monde entier les crits infmes de Voltaire et des autres?S'est-il remu quelque doctrine perverse, dans un coinquelconque de l'Europe, que nos efforts directs, ou notre
coopration, n'y aient paru avec vidence? Certes, lesaffreux malheurs qui ont pes si longtemps sur la France,et qui, peut-tre, la menacent encore, sont loin de prouverque notre nation ait fait toujours des magnifiques donsde Dieu un aussi bel usage qu'on voudrait bien nous ledire.
Dans aucun lieu du monde, la doctrine vanglique ne s'est conserve pins pure et Vhrsie n'a t plus forte
ment repousse! Et quand je l'accorderais, malgr l'histoire, est-il possible de se flatter ce point, lorsque, nonplus simplement l'hrsie, mais le scepticisme, mais lepanthisme, mais l'impit disputent le terrain de toutesparts la vraie foi ; lorsque les mandements de nosvques ne cessent de signaler les progrs de l'indiffrence et des doctrines funestes ?
L'glise de France n'est donc plus aujourd'hui cqu'elle a t aux temps anciens; ce serait une illusion etune contradiction que de le soutenir aujourd'hui, Mainte*nant comment l'or s'est-il obscurci? Comment les effortsdu clerg sont-ils devenus striles? Comment l'hritagedu Seigneur a-t-il dpri entre nos mains ? Il est permis,sans doute, de s'interroger sur ce terrible mystre, derechercher les causes de cet humiliant chtiment, d'tu
dier le pass pourvoir s'il ne renfermerait pas le secretdes remdes du prsent. Pour moi, j'ai cru comme biend'autres, que nous n'tions pas tombs tout d'un coup,mais insensiblement, dans ce malheureux tat ; que cettedsolante dfection, d'une part, cette triste strilit del'autre, accusaient dans le pass quelque grande faute.Comme bien d'autres, je l'ai cherche et j'ai cru la trouver
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28 LETTRE
I N S T I T U T I O N S dans la prpondrance fatale de certaines doctrines d'isole-U T U R G I Q U E S . J J
- ment, qui n ont que trop prvalu chez nous depuis deux
sicles, et dont la li turgie a t l'un des points pr inci
paux d'application.
Cependant Mais, Eglise de France ! je n'ai point eu la pense,
de*France a Dieu le sait, de vous humil ier dans votre dtresse. Montou[oursdc livre est l pour attester avec quel amour j' ai enregistr
maints pontifes, j c s n o m s c t les services de ceux de vos pasteurs dont la
fidlit a t sans tache, comme les cardinaux de Bissy et
de Tencin, les archevques Fnelon, Languet, Saint-
Albin, de Bcaumont, de Ju ig n , etc. ; les vques Be l-
zunce, de Fumcl, la Parisicre, de Froullay, de la Mothe-
d'Orlcans, etc. Pour quiconque a lu mon livre, rien n'est
plus vident que le tmoignage que j'ai rendu la saintet
des Vincent de Paul , des Olier, des Evci ll on , des Go ur
des religieux et dan, etc., la science des l'Aubespine, des Hugues
I E U X S E T S A Y A N T S . Mnard , des du Saussay, des Thophile Raynaud, des
Morin, des Si rmond, des Fronteau , des Guy et, des Tho-
massin, des Mabillon, des Ruinart, des Honor de Sainte-
Marie, des Rcnaudot , des Lebrun, des Grancolas, des
Martne, etc. J'ose dire que mon livre est un monument,
si humble qu'il soit, h la gloire de tant de grands hom
mes. Il est vrai, glise de France ! que j'ai donn
entendre que vous n'tes ni Mre, ni Matresse, mais
fille et sujette de l'gl ise romaine ; que vous n'avez de
vie et de lumire qu'autant que vous la puisez cette
source unique tablie de Dieu; que des prils vous ont
environne, et que vous avez t blesse dans les com
bats qui vous furent livres par des ennemis intrieurs etC'est avec joie extrieurs ; mais avec quelle joie aussi j 'ai entonn, dans
q U p o u r U c U c r a l e s dernires pages de ce livre calomni, le cantique dee n s o n " 1 v r e n S
v o t r e rsurrection, ct redit ces coups merveil leux de la
le cantique de m a j n du Trs-Haut, par lesquels vous avez t ramenea rsurrection. r 1
des portes de la mort, et le progrs de cette convalescence
qui fera place bientt la vigueur des anciens jours, alors
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A MONSEIGNEUR L*ARCHEVQUE DE TOULOUSE 2
( i ) Goloss.,111, i i
que vous n'aviez qu'une prire avec l'glise romaine, et POLMIQUEque les traditions de sa discipline vous assuraient le =triomphe contre tous vos ennemis ! Oui, je l'avoue, je mesuis souvenu de cette parole de l'aptre : Qu'il n'y a en Jsus-Christ ni scythe, ni barbare (r), et je l'ai comprise
dans ce sens qu'il n'y a dans' l'Eglise ni Franais, niAllemands, ni Chinois, ni Pruviens ; mais seulement deshommes initis sans distinction de races, ni de frontires, la lumire d'une mme Fo i, la sanctification desmmes Sacrements. J'ai pens, et je pense encore, que siun plus grand honneur devait tre attribu quelqu'unedes provinces de la catholicit, ce devrait tre uniquementen proportion de sa fcondit produire des enfants de
Dieu, de vrais fidles, et j'ai vu, glise de France ! que,depuis deux sicles, votre sein a cess d'tre aussi fcond,le lait de vos mamelles aussi abondant, la famille qui autrefois se pressait autour de vous aussi nombreuse. Dieusait d'ailleurs les vux que je lui adresse pour le retourde votre ancienne gloire ; il sait que mon cur, s'il aressenti vos humiliations, n'a point t assez avili pour
se complaire les rvler, et malgr tout ce qu'on a dit,j'ose affirmer que ma plume n'a point fait dfaut auxsentiments de mon cur.
Quelques personnes, en ce sicle, ont fait la remarque Le^grandque le cur des catholiques franais tait devenu plus q U i s'accomptendre pour Rome ; que cette Mre commune, qui nagure e n a ^ n n c e ftait pour eux simplement l'objet d'une vnration plus c r e \ ' 2 m ? d eou moins froide, devenait de jour en jour le centre de fid|^t |ge
plus vives affections -, que les plerinages vers cette Citsainte se multipliaient dans une progression qui nousreportera bientt aux jours les plus fervents du moyenge; que l'amour toujours croissant des fidles pour leSige Apostolique s'panchait sans cesse par les cent bou-
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INSTITUTIONSLITURGIQUES
Monseigneurd'Astros
essayela justification
del'Assemble
de itiSa.
3 Q L E T T R E
ches de la presse, en protestations, en hommages, envux , en dsirs plus chaleureux les uns que les autres.Oui, certes, il en est ainsi, et c'est l le grand fait religieuxqui s'accomplit aujourd'hui en France; mais, qu'est-ce dire ? sinon que dans la dtresse o se trouve la foi dans
notre patrie, nous recourons au foyer de la lumire et dela vie, pour obir l'instinct mme de la conservation.Ne nous y trompons pas : si de nobles et incessantesconqutes promettent notre sainte foi des triomphespour une poque plus ou moins loigne; si le mritedes uvres de l'apostolat auxquelles tant de catholiquesfranais ont trouv l'admirable secret de concourir, si lesvux incessants qui montent vers le Cur misricor
dieux de la Vierge Immacule doivent, comme il n'en fautpas douter, abrger les jours de l'humiliation et de T-preuve ; il n'est pas du tout dmontr que cette preuveet cette humiliation soient encore arrives au terme quela justice divine a fix. Htons-nous donc de chercher laseule vraie scurit l'ombre de la Chaire Apostolique;aspirons la vie qui nous chappe de toutes parts, en nous
rapprochant plus encore de ce centre unique o elleest immortelle, et renions avec franchise toutes autresmaximes, tous autres usages que ceux qui s'accordent avecla pleine et parfaite obissance dans laquelle nous devonsprcder les autres glises, nous Franais initis la foipar les pontifes romains, ds les premiers sicles, et toiitrcemment rappels de la mort la vie par leur toute-puissante sollicitude.
Aussi, je vous l'avoue, Monseigneur, ai-je regardcomme un des plus graves inconvnients de la positionque vous avez prise en attaquant mon livre, la ncessitinvincible dans laquelle vous vous tes trouv d'essayer,encore une fois, la justification des actes de la trop fameuseAssemble de 1 6 8 2 . En ce moment encore, les feuillespubliques dvoues au monopole universitaire, ces mmes
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A MONSEIGNEUR L'ARCHEVEQUE DE TOULOUSE 3 l
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feuilles satures chaque jour d'impit et d'immoralit, POLMIQUE' I 1" 6 D F E N S
ces feuilles qui ont eu l'audace de souiller de leurs
loges la brochure que vous avez cru devoir diriger contre
moi , rclament en faveur de ce qu'on nomme la Religion
de Bossuet; elles se plaignent avec menaces de ce que le Les quatr
clerg a cess d'attacher son affection aux maximes et auxa
C
mauvasliberts nationales de notre glise. Pourquoi faut-il que presse.
vous hsitiez encore fltrir cet odieux manifeste des
quatre articles, dont vous avouez pourtant qiCl fournit
dans la suite des armes et des prtextes aux ennemis de
la Foi ( i ) ?
Cette fameuse Dclaration, vous l'appelez malheureuse; Funestes eff
car, dites-vous, Monseigneur, elle refroidit Vaffection c e t t e fameu
de Vglise romaine pour Vglise de France, Oh! D c l a r a t i o n
dites plutt qu'elle refroidit l'affection de l'gli se de
Fran ce pour l'gli se romaine, qu'elle nous mit sous le
joug de la puissance sculire dans les choses spirituel les;
qu'elle leva de notre ct vers Rome, un mur de spara
tion en de duquel Thrsie jansniste et le philosophisme
nous dcimrent cruel lement ; qu'elle donna un corps
et une consistance lgale et positive aux doctrines d'insubordination, desquelles sont sortis le presbytrianisme et
le lacisme, qui se produisirent enfin l'tat d'institution,
dans la Constitution civile du Clerg; qu'elle a t le
protocole oblig de toutes les rvolutions postrieures
contre la puissance du Saint -Sige dans les divers tats,
ayant t colporte par Pereira en Portugal,par Febronius
en Allemagne, par Ricci en Toscane, par les prlats adu
lateurs de Napolon dans toute la France, et le royaumed'Italie, en i 8