DALVIELLA, Globet - Des Origines Du Grade de Maitre

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  • 8/22/2019 DALVIELLA, Globet - Des Origines Du Grade de Maitre

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    GOBLET D'ALVIELLA

    DES ORIGINES

    DU GRADE DE M AI T R EDANS LA F R AN C-M A CON NE RI E

    Mmoire couronn an concours .du Grand Orienl de Be lgique .

    (AMNEE 5905)

    ^

    BRUXELLES

    1907

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    I D E S

    Origines du Grade de Matre

    DANS LA

    FRANC-MAONNERIE

    AVANT -P R OP OS .

    La Loge bleue ou symbolique forme une pyramide trois degrs : la base, les Apprentis ; au milieu, les Compagnons ; au sommet,les Matres. Chacun de ces degrs possde sa formule de serment,ses symboles, ses rites et ses lgendes propres. Dans l'esprit de l'insti-tution ce sont les Matres qui, seuls, possdent la plnitude et la

    finalit du secret maonnique.En a-t-il toujours t ainsi au sein de la Franc-Maonnerie et, dans

    la ngative, quelles sont les origines respectives de ces trois degrs ?Si, comme d'aucuns le soutiennent relativement au grade de Matre,la'Franc-Maonnerie spculative a transform ici un rang ou une fonc-tion en un degr, dans quel but et sous l'influence de quels lmentss'est accomplie la transformation ? En examinant ces questions,nous serons amens traiter, outre l'origine du degr, l'histoirede sa lgende et l'interprtation de son symbolisme.

    Le sujet est relativement neuf. Pendant la dernire partie duXVIII6 sicle et la premire moiti du xixe, on a beaucoup discut surl'origine de la Franc-Maonnerie, mais on a laiss de ct l'originede ses degrs. La plupart des historiens maonniques acceptaientcomme un fait remontant l'organisation primitive de l'Ordre

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    la division en trois degrs, consacre, dans les Constitutions de 1738,

    par la Grande Loge qui a donn naissance presque toutes lesobdiences actuelles de la Maonnerie bleue. Cependant, s'ils avaientlu avec un peu plus d'attention le texte mme des Grandes Consti-tutions, en sa rdaction premire de 1723, ils y auraient constat laprsence d'une tradition toute diffrente qui ne s'est jamais compl-tement oblitre dans la Grande Loge d'Angleterre et qui, depuis1815, a reparu sous la forme suivante, dans les ditions succes-sives des Antient Charges : Aux anciens temps, aucun Frre, sihabile qu'il ft dans le mtier, n'tait appel un Matre Maon avant

    d'avoir t lu la direction d'une Loge. Findel, le premier, je pense, s'avisa de soutenir dans son Histoire

    de. la Franc-Maonnerie, parue en 1862, que, dans le principe, lerituel de rception formait un tou t indivisible ; il n'y est question qued'un seul grade ; le grade de Matre n'existait donc point cettepoque (1). Mais il s'abstint d'insister autrement sur la question.Il fallut, pour que celle-ci ft pose dans ses vritables termes, lesrecherches archologiques qui, surtout partir de 1860, exhumrenten Angleterre et en Ecosse les manuscrits maonniques de quelques

    collections particulires et fouillrent les archives poudreuses decertaines Loges remontant aux premires annes du X V I I I 6 sicle,voire la seconde partie du sviie et mme plus haut. De l sont sortisdes nombreux mmoires, ainsi que des discussions mmorables, quion t permis aux rcents historiens de la Franc-Maonnerie britannique,les F F . . Robert Freke Gould, Murray Lyon, Chetwoode Crawley,W.-J. Hughan, etc., sans oublier les Amricains Albert Pike etA.-G. Mackay, de formuler des conclusions, encore divergentes peut-tre sur des points de dtail, mais d'une suggestive quasi-unanimit

    en ce qui concerne l'introduction du troisime degr (2).Ces recherches ont trouv de l'cho chez nos FF F . . de Hollande

    et d'Allemagne. La Franc-Maonnerie de langue franaise y est restetrangre jusqu'ici.

    (1) FINDEL, t. I, p. 1S6 de la t r aduc t i on f r ana i s e .

    (2) Voir surtout ROBERT FREKE GOULD, A Concise History of Free Masonry,

    pp. 304 324. A.-G. MACKAY, The History of Free Masonry, vol. IV,

    pp. 926 1022. I l f a u t p a r t i c u l i r e m e n t m e n t i o n n e r l es discuss ions poursuivies ,

    d a n s le pr i nc i pa l cen t r e des t udes maonn i ques en Angl e t e r r e , l a va i l l an t e

    Loge les Quatuor Coronati, et r eprodui t es dans l 'Are Quatuor Coronatorum, l a s u i t e des m m o i r e s qui y ont donn l ieu ; JOHN LANE, Master's Lodges (t. I,

    p. 107). W. -H . HUGHAN, The three Deyrees of Masonry (t. X, p. 127).

    G . - W . S P E T H , The two Deyrees Theory ( t . XI , p . 47) . R. -F . GOULD, The

    Deyrees of Pure and Ancient Masonry (t, XVI, p. 28).

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    Puisque le Grand-Orient de Belgique, toujours soucieux des tra-

    ditions et des intrts de notre Ordre, a jug opportun de mettrela question au concours deux annes de suite, je vais entreprendred'exposer l'tat de la question, en y ajoutant mes conclusions per-sonnelles. Le problme mrite d'autant plus l'attention qu'il s'agitdu degr par lequel la Franc-Maonnerie rappelle la fois les associa-tions professionnelles du moyen ge et les mystres religieux del'antiquit. Quelle qu'en soit la provenance immdiate, nous nepourrions le rejeter de notre liturgie sans renier une des sources denotre double origine. C'est une des initiations auxquelles peut lemieux s'appliquer le vers inspir par les mystres d'Eleusis au vieilauteur de l'hymne homrique Dmter :

    oc Ty.' onamev TiySovmv vSpTiMV.Heureux celui des mortels qui a vu ces r i tes !

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    P R E MI R E P A R T IE .

    t 'IISXROnUCTION DU TROISIME DEGR

    DAISS 1A FKASC-MAONXERIE.

    I. La matr i se dans la Franc-Maonnerie de prat ique .

    La Franc-Maonnerie son nom mme l'indiquerait dfaut deson histoire drive des corporations professionnelles qui prati-quaient l'art de btir. Dans l'organisation conomique du moyen ge,subordonne tout entire au double principe de l'association et du

    privilge, les mthodes de travail, l'utilisation des matires pre-mires, l'emploi des outils, en un mot l'application des connaissancesncessaires l'exercice de chaque metier, taient considrs commele patrimoine du groupe professionnel. C'taient des secrets qui setransmettaient sous la sauvegarde d'un serment par lequel on

    ju ra it la fois d'observer les rglements de la corporation et de garder-ie silence sur ses affaires. Aprs un temps d'apprentissage, le nouveauvenu tait dclar apte exercer le mtier ; il prenait rang parmiles Compagnons (Knaa'p, Geselle, Fellow). On donnait le titre de

    Matre {Magister, Meister, Meester, Master) au Compagnon qui avaitd'autres ouvriers sous ses ordres ou qui ouvrait un atelier pour soncompte.

    Les droits respectifs des Matres et des Compagnons diffrentsuivant les temps, les localits et les metiers. A 1 origine, le Matretait, comme nous venons de le voir, l'quivalent de ce qu'aujourd hui,dans le langage industriel, nous entendons par le terme de patron.Peu peu, dans la plupart des pays, la matrise tendit devenir unprivilge. Il fallut, pour l'acqurir, fournir des preuves srieusesd'instruction et d'habilet dans le mtier; son obtention fut enoutre soumise des conditions pecuniaires assez onereuses, lenombre de ses titulaires fut limit ; parfois mme, comme dans

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    certains mtiers bruxellois au xvnie sicle, elle oherclia se rendre

    hrditaire (1). Toutefois la distinction des Apprentis, des Compa-gnons et des Matres ne fut jamais pousse jusqu' faire de ces troisgrades autant d'associations distinctes, officiellement organises ausein de la corporation.

    Il faut faire observer, en outre, que, tandis que la distinction duCompagnon et de l'Apprenti est fondamentale et universelle, celledu Compagnon et du Matre est loin d'tre gnrale. Dans de nom-breuses corporations, l'Apprenti, aprs avoir fait son temps et prouvsa capacit, tait directement investi de la Matrise. Le serment qui

    engageait l'individu vis--vis de la corporation tait prt, suivantla coutume des diffrents pays, tantt par l'Apprenti, tantt par-le Compagnon sa sortie de l'apprentissage, tantt par le Matre, son entre en fonctions.

    A ct de l'organisation du mtier ou plutt reprsentant une desfaces de cette organisation, ses cts charitables et mutualistes se plaait la Fraternit [Fraternitas, Brudershaft, Broederscap, Brother-hoodou Fellowship, Confrrie ou Compagnonnage). Elle tait gn-ralement prside par un Matre ; mais Compagnons et Matres s'y

    trouvaient plus ou moins sur un pied d'galit. D'autre part, le point est important noter, elle pouvait recevoir, au moinscomme membres honoraires, des personnages trangers la profes-sion. La charte octroye en 1260 par l'vque de Ble aux tailleursde cette ville renferme la clause suivante : Les mmes conditions

    sont applicables ceux qui n'appartiennent pas au mtier et quidsirent entrer dans la Fraternit.

    Plus tard, dans certains pays, en Allemagne, en Belgique, en Francesurtout, les Matres finirent par se retirer de ces Fraternits qui,

    entre les mains des Compagnons, devinrent des associations de rsis-tance et de secours mutuel. De l sont sortis notamment les Compa-gnonnages franais qui finirent par se constituer en dehors de l'orga-nisation officielle du mtier et qui, frquemment tracasss par l'au-torit, n'en survcurent pas moins aux corporations professionnelles,pour ne disparatre que de nos jours, ou plutt pour se fondre dansles Ligues syndicales ouvrires.

    Il en fut autrement au sein des Iles Britanniques, o les Matres,aussi bien que les Compagnons et mme les Apprentis, restrent

    (1) G, DES MAREZ, L'organisation du travail Bruxelles au xv sicle.Bruxel les , 1904, chapi t re II, 3.

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    membres des Fraternits. C'est clans ces Fraternits, plutt que dans

    les ateliers proprement dits, qu'il faut oherolier les antcdents dela Maonnerie spculative, comme nous le verrons plus loin proposde la Brotherhood tablie dans la Compagnie des Maons de Londres.Cette distinction, sur laquelle on n'a peut-tre pas assez insistjusqu' ici , n'a rien qu i contredise l'origine professionnelle de laFranc-Maonnerie moderne. La Fraternit, en effet, lors mmequ'elle s'adjoignait des Compagnons honoraires, n'tait constituequ'en vue du mtier ou plutt dans l'intrt exclusif de ses membres ;elle constituait souvent le lien entre ateliers de la mme profession.

    Les corporations qui se rattachent a 1 ar t de btir ne font pas

    exception a ces rgles gnrales. Elles offraient nsanmoins certainscaractres propres qu'il convient de rappeler. I l semble bien qu'l'instar d'autres mtiers dans le baut moyen ge, les ouvriers cons-tructeurs maons, tailleurs de pierre, sculpteurs, aient formd'abord entre eux des associations libres et volontaires, souventdiriges par des moines arcliitectes, en tout cas cimentees par un lienreligieux ; en un mot, de vritables confrries. De ces origines, laFranc-Maonnerie a toujours gard quelques traits. Cependant cesgroupes, en se scularisant, ne manqurent pas de rclamer des fran-

    chises officielles qu i impliquaient la fois l'autonomie et le monopole.Ainsi furent constitues les corporations locales de maons et de

    tailleurs de pierre.En outre de ces gildes permanentes, tablies dans les principales

    villes, il se forma, sur les mmes bases, des groupements tempo-raires d'ouvriers rassembls en vue de construire de grands dificesreligieux et civils. Ces groupements variaient ncessairement enimportance et en dure, suivant les exigences de la construction.Leurs ouvriers devaient tre mme de se dplacer aisment, avec la

    chance de retrouver ailleurs les mmes occupations et les mmesavantages. D'o la ncessit de certains symboles qui devaient leurservir de passe-ports professionnels et dont ils devaient jalousementgarder le secret.

    En outre, l'art de btir, s urt out aprs l'introduc tion du stylegothique, impliquait des connaissances tendues et complexes.En effet, les lois de la gomtrie, la science des nombres, les canons dela sculpture et de l'architecture, qu i rentraient dans la catgorie desarts dits libraux, exigeaient une longue instruction technique, enmme temps qu'ils se prtaient de nombreux rapprochementsmystiques dans le got du temps.

    C'est ainsi que furent constitues au xu i e sicle les premires

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    Loges (Hiittm) des tailleurs de pierre ou St&inmetzen qui prirent le

    nom de Francs-Maons (1). Nous les trouvons successivement tablies Cologne,Wurzbourg, Spire, Strasbourg, Ratisbonne, Hildesheim, etc.Elles comprenaient des Apprentis, des Compagnons et des Matres.Aprs avoir achev son temps, l'Apprenti devenait Compagnon,prtait l'obligation d'usage et recevait communication des mots depasse et signes de reconnaissance. Il devait alors, s'il voulait passerMatre, entreprendre un voyage de plusieurs annes, au cours duquelil utilisait les mots et les signes de la corporation pour se faire recon-natre des groupes similaires tablis dans les diverses localits du

    pays et mme de l'tranger. A son retour, il pouvait devenir membrede la Fraternit. Mais, pour obtenir la Matrise, il devait produire unchef-d uvre (Probestilck ou Meisterstiich) et c'est seulement sil'preuve tait satisfaisante qu'il recevait le droit ventuel de fairetravailler des ouvriers sous ses ordres. Il est clair que, seuls, unepartie des Compagnons parvenait la Matrise ; les autres restaientdes simples journaliers.

    Une organisation analogue se retrouve en France, dans les Pays-Bas et la Grande-Bretagne.

    En France, s'il faut en juger par les documents, les corps de mtierne comptrent d'abord que deux stades : Apprentis et Compagnonsou Apprentis et Matres (2). Cependant, au xvie sicle, les statutsdes tailleurs de pierre de Montpellier (1544) tablissent l'existence detrois grades. L'Apprenti, aprs y avoir servi pendan t trois ans, devaitencore servir trois autres annes comme Compagnon ; si alors il avaittabli, par la production d'un chef-d'uvre, qu'il connaissait sonmtier, il tait reu Matre.

    En Belgique du moins Anvers, Gand, Bruges, Bruxelles,

    les metiers se rattachant a 1 art de btir, maons, tailleurs de pierre,sculpteurs, couvreurs, plafonneurs, tendirent se grouper ensemble

    (1) On a voulu voir dans le t e r me de Francs-Maons u n e al lusion technique l 'u t i l i sat ion de la pierre t ranche (var it de pie r re qui se coupe l ib rement ) :

    Maons de franche pre Freestone Masons. Ce qui rf ute cet te inter prta -tion, c 'est q u e l 'pi thte de franc se re t rouve appl ique a u x ouvriers d 'autresprofessions. Chez les t a i l l eurs de pierre flamands, on la trouve accole au t i t re deCompagnon et de Matre : Vrije Meester, Vrije Gesel. En Angleterre , l 'Apprent iqui passait Compagnon tait dclar : Free of the Craft ; dans le s Pays-Bas :

    Gcvrijd in t' Ambacht, l i t t . affranchi dans le mt ie r . En ral i t , franc,dans le langage du temps, signifie privilgi: celui dont la l iber t est garant iepar une f ranchi se .

    (2) Le Livre des Mtiers, dict par le prvt de Paris, Boileau, au xm sicle.

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    dans une corporation locale ou Ambacht, qui tait place sous l'invo-

    cation des Vier Gecroonde ou Gelcroonde, les Quatre Couronns,d'aprs les lgendaires sculpteurs du martyrologe romain (1). Ils sesubdivisaient en Apprentis {Leerknappen), Compagnons {Gesellen ouKnappen) et Matres. La distinction des Compagnons et des Matresn'tait point affirme partout. A Anvers et Gand, il n'est faitmention dans les documents officiels que d'Apprentis et de Matres (2).Le serment de fidlit et de discrtion tait prt par les Matres.Il n'y a aucun indice, ni aucune probabilit que les secrets de la cor-poration aient port sur d'autre objet que les procds de la btisse.Voici, du reste, le texte du serment impos, chez les Vier Gelcroondede Gand, l'Apprenti qui, aprs avoir achev son temps et excutson chef-d'uvre {proefstuck), tait admis parmi les Matres.

    Je jure d'tre dsormais un bon, honnte et loyal Matre duFranc-Mtier des Maons et Tailleurs de pierre de cette ville ; de dfendre et sanctionner les droits, liberts et privilges duditmtier de les observer et de les faire observer ; de les protgeret de contribuer leur protection ; de ne jamais travailler, nilaisser travailler les autres au-dessous du prix tabli, de garder lesecret sur toutes les affaires du mtier ; de dfendre la foi catho-

    lique et d'observer ses rgles ; d'obir notre Souverain, en tantque Comte (ou Comtesse) de Flandre ; de concourir la dfensede ses droits ; enfin de faire tout ce qu'on peut attendre d'un bon,honnte et loyal Matre-Maon (ou Tailleur de pierre) du dit Mtier. Ainsi m'a ident Dieu et les Saints. (2)

    Ce texte peut tre pris comme le type du serment qui marquaitpartout l'admission dans la gilde du mtier. On y remarquera la partfaite au respect de l'autorit civile et rehgieuse. Il n'en tait pasautrement chez les Francs-Maons allemands. S'il est vrai que cer-

    tains rglements aient interdit de se livrer en Loge des discussionsreligieuses ou politiques, c'est parce que le travail en aurait souffert,

    (1) GOBLET D'ALVIELLA, The Quatuor Coronati in Belgium dans VArsQua tuor Coronatprum. Londres, 1900, vol. XIII. Tradui t dans le Bulletin duSuprme Conseil de Belgique. Bruxelles , 1901.

    (2) MIN AU D-VAN HOOREBEKE, Beschrijvingen van de Gilden en Neringen derstnd Gent, Gand 1877, t. I, p. 223. L'absence dans ce texte de toute mentionrelative aux Matres couvreurs et pla fonneurs , qui cependant faisa ient pa rtie

    des Quatre Couronns depuis le commencement du xvi sicle, semble indiquerque cet te form ule est ant r ieure la runion des quatre mtiers dans le m m e

    Ambacht, sous Charles-Quint.

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    et non par respect pour la libert de consoienoe. Los caricatui'es

    religieuses, qui se retrouvent parmi les sculptures de nos cathdrales,ne reprsentent nullement, comme on l'a prtendu, une revendicationdu libre-examen ou mme un tmoignage de tolrance, mais simple-ment des pisodes de la rivalit entre le clerg rgulier et les ordresmonastiques.

    Ce sont les mmes usages que nous retrouvons en Angleterre et encosse.

    L'Ecosse possde encore aujourd'hui un certain nombre de Logesqui datent du xvi0 et mme du xv0 sicle, par exemple la Loge de

    Sainte-Marie, Edimbourg, qui date de MVS et qui possde des procs-verbaux remontant 1599. La Loge de Kilwinning se prtend plusancienne encore. On possde les procs-verbaux des Loges de Glascowdepuis 1620, Seoon et Perth (1658), Aberdeen (1670), Melrose (1674),Dunblane (1675), Dumfries (1687). Enfin, les rglements gnrauxde la Franc-Maonnerie cossaise, dicts en 1598-1599, les SlmwStatutes, sont parvenus jusqu' nous et ont permis au F. . MurrayLyon d'crire, propos de la Loge d'Edimbourg, une magistralehistoire de la Franc-Maonnerie en Ecosse. Il en ressort nettement

    que Matre et Compagnon {Felloivcraft) y taient des termes qui-valents. L'Apprenti ne pouvait tre reu Matre qu'aprs avoirdonn des preuves de mmoire et de talent ; dans certaines localits,c'tait l'autorit municipale qui dlivrait le certificat d'aptitude.Cette promotion la matrise tait une crmonie fort simple ; elledevait se faire en prsence de six Matres et deux Apprentisenregistrs {Entered ap-prentices). Quant l'admission de l'Apprenti,elle tait plus simple encore ; aprs sa prestation de serment,on lui communiquait le mot de passe, qui semble avoir t le seul

    secret de l'institution. A la fin du xviie

    sicle, il tait tolr qu'unmembre pt individuellement crer des Maons par le simple accom-plissement de ces deux formahts. Cependant on exigeait d'ordinaireque cette communication ft autorise ou ratifie par la Loge.

    En Angleterre, les premires Loges {Logges, Luges, Loygies,Lodgys, Lodges) semblent s'tre formes aprs la conqute normandedu XIe sicle, parmi les tailleurs de pierre et les maons appels btir les cathdrales de York, Canterbury, Salisbury, etc. Toutefoisc'est seulement dans les villes importantes que les Maons paraissent

    s'tre constitus l 'tat de gildes ou de compagnies permanentes.A Londres, on croit pouvoir faire remonter 1220 le Saint Mtier

    et Compagnonnage des Maons (the Holy Graft and Fellowship ofMasons) qui, la fin du sicle suivant (1376), s'intitulera aussi la Compagnie des Francs-Maons , pour reprendre, dans la seconde

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    moiti du XVIIe sicle (1656), la dnomination que cette corporation

    porte encore aujourd'hui : La Vnrable ( Worshipful), Compagniedes Maons . Fouillant les archives de cette association prs de septfois centenaire, le F. . Conder a rcemment dcouvert un livre decomptes qui remonte 1620 et qui jette un jour curieux, comme nousle verrons plus loin, sur l'objet de nos recherches (1). On a galementpubli, dans ces dernires annes, les procs-verbaux d'un certainnombre de Loges anglaises qui avaient conserv les anciens usagesau commencement du xviiie sicle : Alnwick (1701); York (1705)Swalwell, etc. Nous pouvons en tirer les conclusions suivantes :

    Les Maons anglais comprenaient, au-dessus des Apprentis, lesCompagnons ou les Matres. Ic i encore ces deux derniers termestaient peu prs synonymes, sauf quels qualificatifde Compagnonavait une porte plus gnrique, comme le terme de Frre dont iltait presque synonyme (2). Les Loges d'Angleterre n'avaient pasd'autorit centrale, mais les principes gnraux de leur organisationtaient peu prs parto ut les mmes, comme on peut s'en convaincrepar la lecture des diverses constitutions manuscrites qu'elles nousont lgues. L'Apprenti devait tre libre et sans tare physique. Il

    s'engageait gnralement quatorze ans, sous l'approbation deses parents, vis--vis d'un Compagnon qui devait l'inscrire endansl'anne sur les rles de la Loge. Cette inscription se faisait avec unecertaine solennit. Quand il avait prt le serment exig, la main surla Bible, on lui communiquait le mot du Maon et on lui faisaitconnatre les rglements ainsi que les lgendes du mtier (3).

    L'apprentissage durait sept ans. Si alors son Matre rendait bontmoignage de son travail, ou s'il avait subi avec succs certainespreuves techniques, l'Apprenti tait reu dans la Compagnie{Fellowship). Il devenait libre d'exercer son mtier comme il l'en-

    (1) E. CONDER JUNIOR, The Hole Craft and Fellowship of Masons.Londres, 1895.

    (2) Les vieilles ordonnances reproduites dans les Consti tut ions de 1723 disentformel lement ; Les h o m m e s de mtier vi teront de se donner de s nomsi n j u r i e u x ; seulement ceux de F r r e ou de Compagnon (Brother or Felloiv). D

    (3) Dans les Loges anglaises existait de t emps immmor ia l la c o u t u m e de l i r eaux Apprentis , lors de leur rception, la lgende de l 'Ordre, ainsi que les s ta tu t set rg lements du mtier . El les ut i l isaient cet effet de vieux manuscri ts di ts

    a Livres des Consti tut ions B dont une vingtaine ont t conservs jusqu ' nosjours . Ils s 'chelonnent de la fin du xi v 0 sicle la fondat ion de la Grande Logede Londres (voir le m m o i r e du F.-. L. LARTIGUE, La Lgende du Mtier dansle Bulletin die Suprme Conseil de Belgique, 1905, pp. 47 et suiv.

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    tendait ; enfin il tait apte ocoupor la situation do Matre, c'est--

    dire soumissionner des travaux et prendre des Compagnons sousses ordres.

    Ces promotions suecessives impliquaient-elles un certain crmonialet notamment la communication solennelle de nouveaux secrets?Ceux qui se prononcent pour la ngative font valoir que les Charges(Injonctions ou Ordonnances) des vieilles Constitutions s'adressentindistinctement aux Apprentis, aux Compagnons et aux Matres ;que, d'ailleurs, les procs-verbaux de5 anciennes Loges anglaises, York, Alnwick, Scarborough, etc., ne parlent que d'une seule cr-

    monie, celle o l'Apprenti tait asserment et admis ; enfin, qu'onne rencontre nulle part la mention de runions d'o les Apprentis oules Compagnons eussent t exclus ; qu'on exigeait, au contraire,dans certaines Loges, la prsence des ApjDrentis lors de la promotiondes Compagnons ou des Matres. Ceux qui soutiennent l'existencede deux degrs cette poque font plutt appel la logique qu'auxdocuments ; ils insistent sur l'importance que devait revtir dans lacarrire de Maon son admission aux privilges du compagnonnage.Ils font remarquer surtout que, si les Compagnons ne possdaient

    pas certains secrets propres leur grade, rien n'et empcli unApprenti, en possession des mots de passe dfinitifs, de prendre laclef des champs avant l'expiration de son terme, pour se prsenterailleurs comme Compagnon.

    Nous devons constater que nulle part il n'y a trace de plus d'unserment : celui pr par l'Apprenti. C'tait cet engagement quifaisait le Maon. A la vrit, il visait toutes les indiscrtions que1 Apprenti aurait pu commettre dans les diverses phases de sa carrireprofessionnelle : ds lors il et t superflu de le renouveler (1).

    Quoi qu il en soit, au point de vue de la question qui nous occupe ici,s il peut y avoir doute sur l'existence d'une double initiation (quelquesdocuments semblent distinguer entre les lectures faites aux Apprentis

    (1) Le ma nus c r i t dit de Sloane (1 partie, du xvm sicle ou fin du x v n 0 sicle)nous donne le texte de ce serment , qu ' i l es t intressant de comparer avec celuidu se rment pr te r par les Matres chez les Yier Gekrodride de Gand : Lemot du Maon et tout ce qu'i l implique, vous le garderez secret ; j amais vous nele met t rez par cr i t di rectement ou indirectement . Tout ce que nous ou vosvisi teurs (survei l lants , attende',s) vous enjoignent de garder secret, vous le

    t iendrez l 'gard d 'homme, femme, enfant , bton ou p i e r r e ; vous ne ler^ lerez qu un Frre ou dans un e Loge de Francs-Maons et vous observerezfidlement les ordonnances de notre Constitution. Tout ceci, vous promettez et

    ju rez fidlement de le garder et observer sans quivoque, ni rserve mentale ,d i rec tement ou indirectement. Ainsi vous aident Dieu et le contenu de ce l ivre.

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    et les lectures faites aux Compagnons), personne ne peut srieuse-ment soutenir l'existence d'une troisime initiation l'usage de laMatrise dans les anciennes Loges de pratique.

    II faut remarquer aussi que tout le crmonial y tait exclusi-vement professionnel. Le symbolisme n'y offra it rien de philosophiqueni mme de mystique, en dehors des vieilles lgendes qui taient prises la lettre et qui ne semblent jamais avoir comport une doubleinterprtation. La Rformation, tout en favorisant l'mancipationdes consciences et en achevant de sculariser les gildes, maintintpour les Maons l'obligation de respecter la religion officielle. Les

    Charges du xviie sicle continuent prescrire d'tre fidle Dieu et la Sainte Eglise . Il n'y a de chang que la dnomination et ladoctrine de la Holy Church. Le manuscrit, dit de la Grande Loge(1665-1670), enjoint aux Frres de ne professer ni erreur, ni hrsie .Jusque dans les Rituels en usage au XVIII0 sicle parmi les Loges depratique, on explique que les trois lumires reprsentent les troispersonnes de la Trinit et que les deux colonnes symbolisent laforce et la stabilit de l'Eglise dans tous les ges (1) .

    II. L' in i t ia t ion maonnique pendant la p r i od e detrans i t ion .

    Cependant, vers lafindu XV IE sicle, en Ecosse et un peu plus tard enAngleterre, un lment nouveau s'tait dvelopp dans les Loges.Celles-ci s'taient ouvertes des personnes sans relations avec l'artde btir. Ces membres honoraires, appels aussi spculatifs, tho-riques, gomantiques, par opposition aux Maons professionnels,pratiques, domatiques {domatics), furent d'abord des propritaires

    terriens, des clergymen, des officiers, des grands seigneurs, dont lepatronage pouvait servir les intrts de la corporation. A partirdu second tiers du xviiesicle, on voit s'y joindre, dplus en plusnombreux, des lettrs, des naturalistes, des mdecins, des professeurs,des archologues. Ds 1646, comme nous l'apprenons par l'auto-biographie d'Elias Ashmole, les gentlemen sont en majoritdans la Loge de Warrington. On trouve, dans des Charges rdigesen 1663, la rgle que nul ne peut tre reu Maon, sauf dans uneLoge comprenant au moins cinq Maons, dont un seul doit tre for-

    Ci) Cf. The Great Mystery of Free Masons discovered dans GOULD, t. VI,

    p. 479.

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    cment homme du mtier [workman of the. trade ofFree-Masonry).

    En 1670, la Loge d'Aberdeen ne comptait plus, sur quarante membres,que huit ou dix professionnels; son Matre en chaire tait un pro-fesseur [tutor). Au commencement du sicle suivant, la Loge de Yorktait exclusivement compose de spculatifs. Pendant toute cettepriode, la Franc-Maonnerie semble avoir exerc une vritableattraction sur les intellectuels : La coutume de la Franc-Maonnerie,crivait en 1686 le docteur Plot, dais son ouvrage Natural HistoryofStaffordshire, s'est plus ou moins rpandue dans toute la nation.Des personnes du plus haut rang ne ddaignent pas d'entrer dans

    cette Fraternit. Il est clair qu'on ne pouvait imposer cette catgorie de recrues

    les sept annes de l'apprentissage ordinaire. On les reut donc d'embleFellows, en rservant aux professionnels l'application des termesd'Apprenti et mme de Matre. Ce fut ds lors, tn ce qui concernaitle nouvel lment, l'initiation de Compagnon que se trouvrentreportes toutes les formalits traditionnelles de l'admission : leserment de fidlit et de discrtion, la communication des ordon-nances et des lgendes, la rvlation des mots et des signes. En

    supposant qu'il y et jusque-l deux crmonies successives d'ini-tiation, il n'en resta qu'une pour les spculatifs.

    Ce fait rsulte l'vidence du rcit que le clbre archologue EliasAshmole nous a laiss de ses propres relations avec la Franc-Maon-nerie. Il raconte, dans son autobiographie, qu'ayant t fait Franc-Maon dans la Loge de Warrington en 1646, il visita trente-six ansplus tard, en 1682, la Loge de Mason's Hall, Londres, o il vitadmettre dans la compagnie des Francs-Maons [Fellowship of FreeMasons) six personnages dont il donne le nom. Aprs avoir cit les

    autres frres prsents, il ajoute : J'tais parmi eux le plus ancienCompagnon [the Senior Fellow among them) Nous dnmes ensuitea la taverne de la Demi-Lune, un noble dner prpar aux fraisdes Maons nouvellement reus [at the charge of the new-accepted

    Or, parmi les Compagnons nouvellement reus dont parle Ashmole,se trouvaient un baronnet, sir William Wilson, et un officier, le capi-taine Richard Borthwick. Il est donc vident que les non-profes-sionnels, comme Ashmole lui-mme, taient admis d'emble Fellows

    et qu'il n'tait pas question, pour eux, d'un degr antrieur. Mais ily a mieux : les quatre autres membres reus en prsence d'Ashmoletaient des gens du mtier qui figuraient dj antrieurement enqualit de Matres sur les registres de la Compagnie des Maons.

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    Qu'est-ce dire? Voil des Matres qui sont ensuite promus Compa-

    gnons ! Une vritable dcouverte faite dans les vieux comptes de laMason's Company par le JT. . Conder tablit que ce renversementapparent de la hirarchie n'a cependant rien d'anormal.

    La Loge de Mason's Hall, l'Acception, comme on l'appelait, n'taitpas identique la Compagnie. Celle-ci ne renfermait que des pro-fessionnels. La Loge, dont les membres portaient seuls le nom deMaons accepts (accepted Masons), comprenait, comme les anciennesBriiderschajten, des professionnels et des spculatifs. Bien plus, tousles membres de la Compagnie n'taient pas forcment membres de

    VAcception. Ainsi le matre maon du Roi, Nicolas Stone, qui prsidala Compagnie de 1633 1634, ne fut reu Fellow de la Loge qu'en 1639.Seules, les finances des deux organisations restaient communes, ence sens que les droits d'entre dans la Loge taient verss dans letrsor de la Compagnie et que celui-ci supportait 1 excdent des fraisoccasionns par les banquets et les crmonies de VAccepition (1).

    On peut constater l'existence de l'Acception de 1620 1678. Nousavons donc l le spectacle suggestif d'une Loge qui, non seulementadmet des spculatifs ct des professionnels et qui dcerne le titrede Compagnon des matres maons du mtier, mais qui est encoreen voie de se constituer ct et en dehors de la Maonnerie pratique.

    Alors que dans la Compagnie l'Apprenti avait servir sept anspour devenir Freeman, titre qui devait lui permettre de s tablirdirectement comme matre ou de travailler sa guise pour le compted'un autre Freeman, dans la Loge on devenait d'emble Fdlowet il ne semble pas qu'on y ait jamais connu d'autres catgories.L'admission de l'Apprenti dans la Compagnie se faisait conform-ment aux usages habituels du mtier (2). Nous ignorons le dtail dola crmonie qui consacrait la rception d'un Fellow dans la Loge,

    en dehors du banquet qui y tenait une place importante. Mais un

    (1) Anderson laisse entendre que la Compagnie de s Maons serait sort ied'une Loge : Dans le s anciens temps, cri t- i l {Anderson's Constitutions of 1723, dit ion Woodtord, Londres 1878, p. 92), nul n 'obtenai t la f r anch i se de

    la Compagnie (was made free of the Company) avant d 'avoir t install dana quelque Loge de Maons libres et accepts. L' i l lus t re auteur du l ivre des

    Consti tut ions, en dpit de toute sa science maonnique, mettai t ici la cha r rueavant les b ufs .

    (2) Le m anusc r i t dit de Sloane, auquel on at t r ibue une date variant entre1640 et 1720, r en fe rm e un catchisme qui donne assez bien l ' ide de ce que

    devait tre l ' interrogatoire de l 'Apprenti dans les Loges purement profession-

    nelles.

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    des premiers rituels, subrepticement publis aprs la fondation de la

    Grande Loge de Londres, en vue de livrer au public le secret desFrancs-Maons, A Mason's Examination, qui parut en avril 1723dans le journal The Flying Post, renferme une description, qui pour-rait tre peu prs exacte, des formalits en usage pour les initiationsdans les Loges mixtes (1).

    Le profane, aussitt introduit dans la Loge, s'entend 'lire par leMatre en chaire les ordonnances habituelles. Ensuite un surveillantle conduit vers le Matre et les Compagnons. A chacun d'eux, il rptecette formule rime :

    I fain woulda Fellow Mason he.As all your Worships may plainly see (2).

    Aprs quoi, il jure de ne jamais rvler les secrets de la rvrendeFraternit, sous peine d'avoir la gorge coupe, plus une double partd'enfer et de damnation dans l'autre monde. On lui bande alorsles yeux et on procde une crmonie sur laquelle VExamination nes explique point.Ensuite on lui fait contempler un millier de diff-rentes postures et grimaces qu'il doit imiter exactement sous peine

    de recevoir la discipline [orundergo discipline), tant qu'il ne s'excute.Le mot Maughbin (3) est murmur par le jeune Maon l'oreillede son voisin, et ainsi de suite, jusqu' ce qu'il parvienne au Matrequi doit se mettre en posture de le recevoir (Us face in due order).Enfin le nouveau reu s'exprime ainsi :

    An Enter'd Mason I have beenB*** andJ**** Jhave seen.A Fellow I was sworn most rare.And know the Ashler, Diamond andSquare.I know the Master's part full well,4s honest Maughhin will you tell (4).

    La publication est due un adversaire de la Franc-Maonnerie ;

    (1) Ce document es t donn en appendice dans le dernier volume de l gr a ndedition deVHistory of Free Masonry, par R.-F. GOULD, p, 487.

    (2) Je voudrais bien tre u n Compagnon Maon, comme vos Rvrences levoient pleinement .

    (3) Ne cacherai t - i l pas le mot i f / N, o se succdent le s mmes consonnes?(i) Je sais devenu u n Maon admis. J 'ai vu B* * *z et J * * * * n J'ai t asse rmen t Compagnon fort r are . Et je connais la Pier re , le Di a ma n t et

    ' ^ S a i S p a r f a U e m e r l t l e clu Matre - c omme u n honn tej Maughbin vous le dira , d

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    mais il est vident quo, s'il n'a point pass lui-mme par ces formalits,

    il a eu connaissance indirecte du Rituel, comme en tmoigne mieuxencore le questionnaire dont le texte suit la description de l 'initiationpropr ement dite.

    C'est en 1656 que la Compagnie des Francs-Maons redevient laCompagnie des Maons. Quant l'Acception, elle cesse en 1678 d'trementionne dans les registres de la Compagnie. Ainsi s'achve lasparation des deux Maonneries, quelque vingt annes avant mmela fondation de la Grande Loge de Londres. On ignore ce que devint,aprs cet vnement, la Loge des Francs-Maons accepts. Nous ne

    la retrouvons plus au sicle suivant, bien qu'une des plus anciennesLoges spculatives de Londres, la Lodge, ofAntiquity, ait prtendu serattacher cette source.

    Ce qui est certain, c'est que, dans les premires annes duxviii0 sicle, on trouve Londres plusieurs Loges chez lesquellesdomi nent ta nt t l 'lmen t professionnel, ta nt t l'lment spcu-latif, mais qui semblent places sur le mme terrain que nagureVAcception, oomma l 'indique la dnomination prise par leurs membresde Free And Accepted Masons (1).

    En 1717, quatre de ces Loges jugeant opportun de s'associersous un grand Matre, afin d'avoir un centre commun d'union etd'harmonie , constiturent entre elles une Grande Loge qui plaa sa tte le F. . Antoine Sayer, gentleman . Inutile de rappelerici que, si on laisse de ct les Loges d'Ecosse et peut-tre d'Irlande,o la transformation de la Franc-Maonnerie suivit u m voie ind-pendante et parallle, c'est de cette Loge constitue en 1717, laTaverne de l'Oie et du Gril [Goose and Gridiron), pour Londres et sesenvirons, que sont sorties, par filiation directe ou indirecte, peu prstoutes les Loges bleues actuellement rpandues sur la surface de la

    terre (2).C'est toutefois une erreur assez frquente de faire remonter cette

    date le point de dpart de la Maonnerie spculative. Je viens demontrer comment celle-ci s'tait graduellement dveloppe dans lesanciennes Loges. D'autre part, la Grande Loge ne rompit pas imm-

    (1) 11 rsul tera i t de s documents publis par le F.-. Couder que, dans la Logede Free Mason's Hall, le titre d'accept tait rserv a ux spcula t i f s , le t e r m e

    l ibre servant de prfrence dsigner le s profess ionnels .(2) Je d i s ; peu pr s parc e qu' i l exista encore, m me eu dehors de s Iles

    Br i tanniques , de s Loges fondes directe ment par la Grande Loge d'cosse ; ainsi ,en Belgique, la Bonne Amiti de Namur.

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    diatement avec l'lment professionnel, qui avait, du reste, pris part

    sa fondation et qui continua, pendant quelques annes encore, tre reprsent parmi ses dignitaires, bien que dans une proportionrapidement dcroissante (1). La transformation fut graduelle, commenous l'apprennent les comptes rendus d'Anderson et ( partirde 1/23) les procs-verbaux de la Grande Loge. Ds 1719, sous lapiemire grande matrise de Georges Payne, on s'occupa de runiret de collationner les vieilles ordonnances [oldCharges) pour qu'ellesfussent promulgues nouveau sous la sanction de la Grande Loge .L anne suivante, Georges Payne y ajouta, sous le nom de rgles

    gnrales (ffemerai Jeg'Mtoiows), une srie d'articles qui avaient pourbut d'assurer le fonctionnement de la Grande Loge.

    En 1721, on fit un pas de plus. La Grande Loge, dclarant for-mellement qu'elle trouvait reprendre dans toutes les copies desvieilles constitutions gothiques , chargea le F . . James Anderson derefondre ces vnrables documents d'aprs une nouvelle et meilleuremthode (to digest the same in a new and better method). La nouvellecompilation, ayant t soumise un comit de quatorze membres,fu t amende et finalement ratifie par la Grande Loge en 1722.Enfin, en 1723, l'ensemble de ces travaux fut livr l'impressionavec une prface crite par le F . . Desaguliers le tout sous letitre de : 1 he Constitutions of the Free Masons containing the History,Charges and Regulations of the most Ancient and Right WorshipfulFraternity (2).

    Il rsulte clairement de ce document que la Eranc-Maonnerieabandonnait dsormais son but professionnel. Elle substituait au liendu mtier un rapport de Fraternit entre gens honntes et sincresqui autrement seraient rests une. perptuelle distance . Toutefoisil ne suffisait pas de se mettre au-dessus du lien professionnel et mmedes differences,de fortune ou de rang. Pour raliser dans toute saplnitude la nouvelle conception d'une alliance universelle, il fallaitencore s lever au-dessus des divergences de religion. C'est ce quefit la Constitution de 1723, en remplaant la dclaration de fidlit

    (-1) P a r m i les quatre Loges qui cont r iburen t fonder la premire GrandeLoge, trois comptaient une major i t de professionnels . La qua t r i me, o dominai t1 lment spculat i f , pr i t rapidement la t te du mouve me n t ; c'est elle

    qu appar tenaient Desagul iers , Payne et Anderson .(2) Le texte de cette dition, reproduit plusieurs fois, a t r i mpr i m en

    dernier heu par F.-. Woodford, sous le t i tre Andersons' ConstUutions(Londres , 1 vol., Kenning 's Archological Libra -g, 1S7S.)

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    la Trinit et la Sainte-Eglise par la prescripti n suivante : Bien

    que, dans les anciens temps, les Maons de chaque pays eussent reul'injonction d'apparteni r la religion de leur pays ou nation, quellequ'elle ft, dsormais il est jug plus opportun de leur imposerseulement cette religion sur laquelle tous les hommes sont d'accord,leur laissant chacun leurs opinions particulires (1).

    Comme Mackay l'a crit avec infiniment d' propos, la Franc-Maonnerie de pratique ne fut jamais tolrante ni cosmopolite. Ellefut ecclsiastique au dbut, toujours chrtienne et toujours sectaire.De toutes les diffrences qui caractrisent la ligne de dmarcation

    entre la Franc-Maonnerie professionnelle et spculative, celle-ciest la plus mar qu' e (2).La pluralit des degrs est une ncessit dans une association

    purement spculative qui emploie le symbolisme comme mthoded'enseignement. La Grande Loge rtablit donc, pour les spculatifsaussi bien que pour les professionnels, le grade d'Apprenti. Mais cequi indique 1 v diffrence avec l'ancien apprentissage professionnel,c'est, outre la courte dure du stage, la condition impose celui quise prsente dsormais au premier degr d'initiation, qu'il aitvingt-cinq ans et qu'il soit son propre matre (3) . On replaa cepremier degr la lecturs des anciennes lgendes, la communicationdes mots, signes et attouchements, le serment d'obissance et dediscrtion. On y ajouta certaines innovations qu'un Franc-Maontransfuge ou mcontent dnonait, en 1724, dans une lettre crite auPlain Dealer et reproduite dans le pamphlet The Grand Mystery ofFree Masons discovered (2e dition, 1725) : Mes Frres coupables,disait-il, ont dvelopp la superstition et le bavardage {babbling)dans les Loges par leurs pratiques et leurs faiblesses rcentes. Des

    (1) Le F.-. Conder en fai t presque u n reproche Anderson ; Dans so n uvre , le Nouveau Testament et la t radi t ion de la Sainte glise sont entire- ment ignors. La partie la plus impor tante des vieil les Consti tut ions m anusc r i t e s est dlibrment laisse de ct. Je fais allusion l ' invocation de la Sainte Trinit, qui , dans chaque cas, prcdai t la Lgende du Mtier. E t c'est le monothisme, dont ce thologien puri tain fit la base de la Consti tut ion rvise! (p.73.) En rali t, on ne peut soutenir qu'Anderson ait r ien abandonnde ses convictions antrieures. Il s'est born m e t t r e le l ien maonnique au-dessus des divergences rel igieuses, et c'est ainsi qu'i l a prpar la fo r tune de laFranc-Maonner ie .

    (2 ) MACKAY, HISTORY of Free Masonry, t . IV , p . 9 4 0 .(3) Regul. IY. No Lodge shall make more than five new Brethren at one

    t ime, nor any man under the age of 25, who m u s t be also his own Master ;unless by a dispensation from the Grand Master or his Deputy.

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    rapports alarmants, des histoires de diables, do sorcires, d'chelles,

    de liens, d'pes tires et de chambres noires, ont rpandu la terreur.'J ai rsolu de ne plus mettre le pied dans une T oge, moins que leGrand Matre ne mette un terme ces procds par une prompteot premptoire injonction toute la Fraternit.

    ^ Il semblerait rsulter de ce langage que l'autorit maonniques tait bornee jusque-l tolrer des pratiques introduite dans desLoges particulires. Il n'y aurait rien d'tonnant ce que l'volutiondu rituel ait commenc de la sorte.

    Quant au second degr dont la Grande Loge se rserva exclusive-

    ment la collation pendant quatre annes, il conserva ce qui n'avaitpas t restitu au premier un bagage assez maigre, comme entmoign le Rituel actuel de notre compagnonnage ; on ne se donnamme pas la peine de lui attribuer ou de lui crer une lgende sp-ciale. Son organisation tait un fait accompli en 1720, car, cettedate, le ddoublement de l'initiation avait dj pass en Ecosse,ainsi que l'attestent les procs-verbaux de la Loge de Dunblanercemment exhums par le F . . Murray Lyon. On y voit que, l2/ septembre de cette anne, un Apprenti fut promu Compagnon,en passant de l'querre au compas .

    II I. Le trois ime degr dans la Maonner ies p c u l a t i v e .

    D'un troisime degr existant cette poque, il n 'y a ni prsomp-tion, m probabilit : Qu'est-ce qui fait une Loge juste et parfaite? ,est-il demand dans le catchisme maonnique subrepticementpublie en 1723 et dj mentionn plus haut. La rponse est nette Un Matre, deux surveillants, quatre Compagnons et cinq Apprentis,avec 1 equerre, le compas et le niveau.

    On voit maintenant pourquoi, quand la Grande Loge eut organisou admis deux degrs, elle chercha se rserver le monopole dusecond. La rsolution qu'elle prit cet gard, et qui fut d'ailleursabrogea en 1725, tait ainsi formule : Sauf dispense spcialec est ici seulement que les Apprentis pourront tre admis Matreset Compagnons (1). L'emploi de cette double dnomination a fait

    m Rgulation XIII : Apprent ices must be admitted Masters and Fel lowcraf tonly here, except by Dispensat ion. euowcrat t

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    couler beaucoup d'encre pendant une rcente dcade, et je suis forc

    d'y ajouter mon contingent, si je ne veux pas avoir l'air d'ignorerun des arguments mis en avant pour soutenir l'existence officiellede trois degrs en 1721.

    Maokay, constatant que le passage en question ne s'harmoniseni avec ce qui prcde, ni a 'ec es qui suit, suppose qu'il a d treinterpol par Dsaguliers en 1723, au moment o le livre des Cons-titutions a t livr l'impression ; Desaguliers, dit-il, avait prparsecrtement l'organisation du troisime degr et il dsirait en rserverle monopole la Grande Loge. Il introduisit en consquence dans le

    texte de l'article XIII, peut-tre en corrigeant les preuves, uneexpression qui, sans application pour le moment, pt se prter laralisation ult rieure de ses vues. C'est l, charge de Dsaguliers,une accusation gratu ite que rien ne lgitime.

    De son ct, le F. . Hughan admet que le troisime degr auraitt institu peu avant 1721, mais qu'il n' tai t pas d'un usage gnral,et c'est pourquoi les termes de l'article XIII qui visent le rgle-menter, semblent en contradiction avec les autres articles, lesquels serapportent au rgime communment appliqu jusque-l.

    Il me semble plus simple et plus rationnel de conclure avec leF . . Gould que l'expression Matres et Compagnons s'applique un seul et mme degr. C'est l une ; simple redondance, prise dansle sens o l'entendait la Grande Loge d'Edimbourg, lorsqu'on 1740elle constatait que le gnral Hamilton avait t fait Matre et Com-pagnon du mtier, sans que sa condition maonnique, comme lefait observer le F. . Murray Lyon, ait diffr en rien de celle de LordAlexandre Hamilton et de son autre frre Henry qui avaient tenrls, l'un comme Compagnon du mtier (Fellow of the Graft) ;l'autre comme Compagnon et Frre [Fellow and Brother) (1) . Dans les Loges cossaises, l'Apprenti tait reu, le mme jour,tantt comme Matre etCompagnon du mtier (procs-verbaux dela Loge de Kelso, 1701), tantt comme Matre ou Compagnon (Loge de Jedburgh, 1736). On voit que tous ces qualificatifstaien t quivalents dans le langage maonnique de l'poque.

    Peut-tre les termes de la Rgle XIII taient-ils justifis par lefait que, en Angleterre mme, certaines Loges appliquaient aux deuxgrades de leur rituel les dnominations respectives d'Apprent i et deMatre, au Heu d'Apprenti et de Compagnon. Le F . - . Gould cite

    (1) MURRAY LYON, History of the Lodge of Edinburgh, p. 210.

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    deux Loges qui se trouvaient dans ce cas : l'une en 1727, l'autre encore

    aprs 1757 (1).Ce qua montre bien qu'il s'agissait d'un mme degr, c'est que

    lorsque, le 7 novembre 1725, la Grande Loge de Londres rapporta1 in erdiction faite aux Loges de crer elles-mmes des Matres etCompagnons , elle se contenta de dclarer que les Loges pourraientdsormais crer cliez elles, volont, des Matres , sans plusmentionner les Compagnons. S'il y avait eu l deux degrs distincts,il faudrait en dduire qu 'aprs avoir laiss aux Loges les initiations du'premier degr et leur avoir restitu celles du troisime, la Grande

    Loge aurait gard pour son compte le monopole du deuxime, 'est--dire 1 initiation intermdiaire, la moins importante. Or les procs-verbaux de la Grande Loge, qui se succdent partir de 1723, neconstatent rien de pareil.

    , S n o u s foUait admettre l'interprtation contraire, il en rsulteraitsimplement que le troisime degr, comme le suppose le F. . Hughan,aurait t introduit par la, Grande Loge entre 1717 et 1721. Maiscette conclusion est dmentie par le langage des ordonnances insresdans les Constitutions de 1723. Les termes trs nets cet gard

    des Charges qui touchent l'organisation ou aux privilges desgrades, sont surtout convaincants, si on les met en regard des modi-fications apportes la rdaction de ces mmes articles dans laseconde dition des grandes Constitutions, publie en 1738, c'est--dire une poque o le troisime degr tait entr en vigueur.

    CHARGES OF A F B B E-M A S O N TO BE BEAD AT THE MAKING

    O E N E W B E E T H E E N .

    1733.

    L'a r t i c l e IV tabl i t que l 'A ppren t i ,quand il a appr i s son art et servi so ntemps, peut deveni r Compagnon, en-sui te ventuel lement survei l lant , Ma-tre de la Lor/e, Grand Survei l lant etenf in Grand Matre. L e mme ar t ic lea jou te qu ' aucun F r re ne peu t devenirsurvei l lant , avant qu'il n'ait pass

    1738.

    Quand le j e u n e h o m m e a r un i les condit ions d 'ge et d ' ins t ruct ion, il peu t devenir A ppren t i en reg i s t r ou Franc-Maon du degr infr ieur , ensuite, s'il fa i t les progrs nces- saires, Compagnon et MaitreMaon Le s Surveil lants sont choisis parmi les. Matres Maons,

    (D Dans les p r o c s - v e r b a u x de ma propre Loge, Moire, n 92, cr i t - i l(Concise mstory, p. 817), depuis la date de sa fo rm a t ion en 1755 j u s q u '

    in i f f a t 6 m n ^ a q U e e S P C e 3 d e C r m o # ment ionnes ; les

    Mat res ^ ^ M a S O n S 1 6 3 p r o r a o t i o n s ^ raising) de

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    i> Compagnon, ni Matre (du la Logo)

    avant d'avoir exerc le s fonct ions de Survei l lant . Bien d'un t roisimedegr .

    L 'ar t ic le V prescr i t que ; le plus habile des Compagnons sera choisi ou nomm Matre ou Surveil- lant {overseer) des t ravaux.

    Les art icles suivants prescrivent quele Tui leur , les adjoints du Secr ta i reet du Trsor ier , le Subst i tu t du Dputdu Grand Matre, etc., doivent tre de sCompagnons.

    Dans les prescriptions relat ives l ' instal lat ion d 'une nouvelle Loge, ilest s t ipul que le Dput du GrandMatre ouvre' le s Travaux, alors que le nouveau Matre et les Survei l lants se t rouvent encore parmi le s Corn-'s) pognons.

    Aussitt le Matre install, celui-cidsigne deux Compagnons qui , avecl ' approbat ion du Dput du GrandMatre, son ta leur tour installs commeSurvei l lants .

    Enfin, dans ses com m enta i r e s s ur

    les. lois , formes et usages des vieil lesLoges professionnelles, Anderson s 'ex-pr im e de la sorte ; Ni ce qui s 'y pr a- t iquait , ni la faon dont on le prat i - quai t ne peut tre communiqu p a r cri t ; at tendu que personne ne peut le com prendre sans la clef d 'un Compagnon {without the key of a.)> Fellow craft).

    Seul, u n Matre Maon pourra tre Inspecteur {surveyor) ou Matre de s t r avaux .

    (L e t e rm e de Matre Martin est par-tout substi tu celui de Compagnon.)

    (Ici encore le mot de Matre Maonremplace celui de Compagnon.)

    (Cette note a disparu dans l 'dition

    de 1738.)

    De tout ceci rsulte l'vidence qu'en 1723, aussi bien qu'en 1721,la Grande Loge de Londres tenait le grade de Compagnon pour ledegr ultime de la Franc-Maonnerie. Si j'insiste sur ce point, c'estmoins encore pour clierclier tablir minutieusement la date os'est introduit le troisime degr, bue pour montrer comment s'estopre cette introduction. Elle n'est pas due l'initiative de la GrandeLoge, qui s'est borne, quelques annes plus tard, l'accepter et la sanctionner. Elle constitue une innovation lente et graduelle quis'est spontanment dveloppe dans quelques Loges et qui a mis prsd'un demi-sicle se gnraliser.

    La premire mention de trois degrs se rencontre en 1725 dans les

    arcliives d'une Loge qui jouait prs de la Phil-Music et Archi-tectur Societas un rle analogue celui de l'Acception prs de laCompagnie des Maons, un demi-sicle plus tt. En d'autres termes,

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    il s agissait d'une socit profane qui cultivait la musique et l'archi-

    tecture, mais dont les membres avaient fond en outre, une Logergulire, o ils se runissaient pour travailler maonniquement. Lesprocs-verbaux de cette Loge constatent, la date du 12 mai 1725, quequatre Frres furent admis respectivement, un comme Compagnon,deux comme Matre, un comme Compagnon et Matre (1). L'atelierfut, il est vrai, mis en accusation, peu aprs, devant la Grande Loge,pour procds irrguliers. Mais l'affaire n'eu t pas de suite et la Logemourut de sa belle mort, deux ou trois ans plus tard.

    Le second indice d'un troisime degr se rencontre, l'anne sui-

    vante, dans un discours prononc par le F. . Francis Drake devantla Loge de York, indpendante et bientt rivale-de la Grande Loge deLondres. Il y mentionne les E. P., les F. G. et les M. M. ; ce qui setraduit videmment par Apprentis Enregistrs, Compagnons {FellotoGrafts) et Matres Maons.

    Viennent ensuite, en 1730, quelques mois de distance, deux nou-velles publications ou plutt divulgations des secrets maonniquespar des Frres transfuges. Dans le premier de ces pamphlets, The

    Mystery ofFree-Masonry, comme, du reste, dans toutes les publica-

    tions analogues des annes prcdentes, il n'est question que de deuxdegrs ; mais, dans la seconde. Masonry dissected, par Prichard, troisdegrs sont nettement mentionns. Ces attaques provoqurent imm-diatement une riposte anonyme, Defense of Masonry, qu'on saitaujourd hui avoir t rdige par Martin Clare, un personnage impor-tant de la Grande Loge, avec l'approbation de cette dernire. Rappe-lant les traits communs aux associations de mtier et la Franc-Maonnerie, il s y exprime de la sorte : Il y a l'Apprenti, le Matre deson mtier ou Compagnon et le Matre ou Matre de la Compagnie

    [Master of his trade or Fellow Graft and Master or the Master of theCompany) (1). Ainsi, mme en 1730, pour les membres de la GrandeLoge, Matre et Compagnon taient encore synonymes ou du m . insse rapportaient maonniquement un mme degr.

    A partir de cette date, on observe paralllement des Loges qui s'entiennent aux deux degrs et des Loges qui en pratiquent un troi-sime. En 1731, une Loge de Londres, n 83, fixe les droits payersuccessivement par les rcipiendaires pour trois degrs ; alors quela Loge n0 71, aprs avoir fix le cot de l'initiation pour l'Apprenti,

    ajoute qu'il aura payer, en outre, cinq sheUings, quand on jugeraconvenable de lui confrer le degr suprieur de la Franc-Maonnerie .

    (1) Antiquarian Reprints de la Quatuor. Coronati Lodge, t. IX.

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    Le 17 aot 1732, s'ouvrit Londres une Loge franaise l'enseigne

    du Duc de Lorraine . Elle fut solennellement installe par le GrandMatre de la Grande Loge de Londres. Le procs-verbal de la tenued'installation mentionne le Matre, les Surveillants, les Compagnonset les Apprentis del Loge franaise. D'autres Matres il n'est pasquestion.

    Enfin, en 1733, commencent apparatre, sur la liste officielle desAteliers de Londres, des Loges de Matres Maons . Ce sont desLoges spciales, exclusivement composes de Matres qui se ru-nissent pour confrer aux Compagnons le troisime degr devenu

    le grade suprieur de la Eranc-Maonnerie symbolique. Il semblequ'il y ait eu une certaine distinction tablie entre ces nouveauxMatres et les anciens Matres, du moins au sein des Loges o laMatrise constituait prcdemment l'quivalent du titre de Com-pagnon. Dans la Loge de Bath, lors de son affiliation l'obdiencede la Grande Loge, le 18 mai 1733, nous voyons figurer sur les co-lonnes six Matres et quatre Passed 31asters (1) (passs Matres oureus Matres). En novembre 1734, les procs-verbaux d'une Loge deLondres encore en activit aujourd'hui, YOld King's Arms Lodge,relatent la prise en considration d'une invitation adresse par la Loge des Matres aux Matres de la Loge constitue pourobtenir leur adhsion ou du moins leur visite. Tout ceci attesteau moins une certaine confusion qui dut seulement prendre finquand la Grande Loge arrta la hirarchie des trois degrs officielle-ment reconnue dans les Constitutions de 1738.

    Les procs-verbaux de la Loge de Kelso sont extrmement instruc-tifs en ce qui concerne la faon dont a d se propager l'institutiondu troisime degr. Il s'agit, il est vrai, d'une Loge cossaise. Maisil n'y a ici aucune raison de supposer que les choses auraient pu sepasser autrement dans les Loges anglaises. En Ecosse, c'est au coursde l'anne 173S que le troisime degr fit son apparition, successive-ment Kirkudbright, Edimbourg et Glasgow, un an avant lafondation de la Grande Loge d'Ecosse sur le modle de la GrandeLoge de Londres. Il s'en faut que toutes les Loges cossaises se soientimmdiatement rallies au nouveau grade. Lee Vernon rapporte,dans son ouvrage The History of the Lodge of Kdso, que, le 7 juin1754, les membres de cette Loge se runirent pour recevoir Compa-

    (1) Il ne f au t pas confondre cette qualification avec celle de past Master,

    ancien Matre (de la Loge), plus tard un degr dist inct .

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    gnons un certain nombre de candidate, conformment aux i< nouvellesmthodes introduites dans les Loges d'Edimbourg. Le procs-verbal ajoute que les Frres, conversant entre eux sur les affairesde l'Ordre aprs la clture des travaux, constatrent comme unelacune essentielle de leur Constitution que cette Loge avait seulementla pratique des deux degrs. Apprenti et Compagnon, ne connaissantrien du degr de Matre ; alors que toutes les Loges rgulires dumonde {sic) sont composes au moins des trois degrs rguliers :Apprenti, Compagnon et Matre . En consquence, plusieurs desmembres tant tous Matres Maons, se constiturent en une Loge

    de Matres o ils reurent sept Frres qui offraient les conditionsvoulues et qui furent promus en consquence . La Loge de Kelso,une des plus anciennes d'Ecosse, n'avai t adhr la Grande Loged'Edimbourg qu'en 1753.

    De tout ceci nous pouvons conclure : 1 qu'au dbut du XVIII6 sicle,il n'y avait pour les Maons spculatifs qu'une seule crmonie d'ini-tiation, un seul degr ; 2 qu'aprs la formation de la Grande Logeen 1717, on organisa deux degrs, en rtablissant sur de nouvelleshases le grade d'Apprenti ; 3 qu'un troisime degr s'introduisit

    et se propagea graduellement parmi les Loges spculatives partirde 1725 ; 4 que l'existence de trois degrs fut seulement sanctionnepar la Grande Loge d'Angleterre en 1733 et qu'elle n'tait pas encoreuniversellement accepte en 1757.

    Sur le continent, o la Franc-Maonnerie semble s'tre introduiteds 1721 (Loges de Mons et de Dunkerque), la mise en pratique dutroisime degr dut se propager rapidement. Lorsqu'on 1731, le ducde Lorraine fut initi La Haye dans une Loge que Desagulierstait all prsider pour la circonstance, il ne reut que le premier et

    le second degr ; c'est plus tard qu'il obtint le troisime Londres.D'autre part, les archives ultrieures de la Grande Loge de Sudenous apprennent qu'en 1732, un ce tain comte Wrede Spare fu t faitApprenti Paris le 4 mai, Compagnon le 16 novembre et MatreMaon au cours de l'anne suivante. Que de lumire jet terait sur laquestion, en ce qui concerne le continent, la dcouverte du registreo une Loge, telle que la Parfaite Union, Mons, aurait consign lestracs de ses premiers travaux !

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    DE UXI M E P ART I E .

    IjA liKGBKDE ET ME K1TI El,

    IV. Orig ines psy cho lo g iques de la l g e n d edu tro is ime degr .

    En langage maonnique, qui dit degr di t rituel. Pen n'em-pche d'assigner des origines distinctes, s'il y a lieu, la qualificationde grade, sa transformation en degr d'initiation et aux crmoniesqui forment son rituel. Je viens de traiter les deux premires ques-

    tions ; le moment est venu d'aborder la troisime.L'initiation au troisime degr constitue un vritable drame,

    o deux points sont considrer sparment ; le nom du hros et lsaventures qu'on lui prte.

    La plupart des historiens maonniques se sont borns jusqu'ici chercher les prodromes de la lgende d'Hiram dans les mystresreligieux de l'antiquit. Je voudrais faire un pas de plus et m'adresserdans le mme but ces couches profondes de l'humanit qu'on aqiialifies, non sans raison, de primitives, parce qu'on y dcouvre,

    l'tat naissant et fruste, les facteurs qui, chez les peuples parvenus la civilisation, caractrisent le dveloppement des religions etdes philosophies. Je veux parler des non-civiliss, qui reprsentent, certains gards, sinon la condition primitive de l'humanit, du moinsun tat psychologique par lequel l'humanit entire a pass dans unecertaine tape de son volution.

    Dans toutes les parties du monde, les populations non civilisesclbrent de vritables mystres auxquels on n'est admis que parvoie d'initiation. Ils renferment presque toujours des scnes mimesqui reprsentent des aventures au pays des mes. L'lment drama-tique le plus frquent est fourni par la simulation d'une mort, suivied'une rsurrection. Quelquefois le passage au trpas est figur parune mise au tombeau ; dans d'autres, par une descente aux pays des

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    ombres, que suit le retour sur terre ou l'admission au pays des dieux

    En Australie, dans la Nouvelle-Galles du Sud, quand les jeunesgens, parvenus l'ge de pubert, subissent l'initiation virile, on lesfait saisir par un personnage dguis qui les emporte et feint de lestuer, ensuite les rappelle la vie en leur enlevant une dent. Le longde la rivire Darling, cette initiation comporte la crmonie suivante :Un vieillard se couche par terre, tenant en main une branche ver-doyante. (Il n'est pas dit si c'est une branche d'acacia.) On le recouvrelegerement de terre, de faon que la branche dpasse seule le tertre ;puis on y plante d'autres rameaux. Les nophytes l'entourent en

    cercle ; ensuite, aux accents d'un chant magique, l'enseveli se meta agiter son rameau et finit par se relever (1). Cette crmonie, il estbon de le constater, date d'une poque antrieure l'introductiondu christianisme et, plus forte raison, de 'a Franc-Maonnerie sur lecontinent australien.

    Dans 1 archipel des les Fidji, on conduit les jeunes gens devantune rangee d'individus couchs sur le sol, qui simulent des cadavres,en se couvrant de sang et d'entrailles de porc. A un cri pouss par lepretre, ces figurants se lvent, se secouent et courent se laver dans

    la rivire voisine (2).Passons en Afrique : dans certaines rgions du Congo, les jeunesgens feignent de tomber morts et sont emports dans une retraitemystrieuse au cur de la forl L ils passent plusieurs mois,quelquefois des annes ; puis ils regagnent leur ancien domicile.

    I l s d ( ? l v e r l t f e i n d r e d'avoir tout oubli de leur vie prcdente, ycompris leur langue maternelle et l'habitude de se nourrir eux-mmes (3).

    Les mmes particularits ont t signales parmi les Peaux-Rouges

    de la Virginie et les indignes de la Nouvelle-Guine. Chez ces derniers,on force les nophytes s'introduire dans la gueule d'un monstrefabrique la ressemblance d'un Caspar ou d'un crocodile. On ditalors que l'esprit les a avals et, pendant que les mres se livrenta des lamentations funbres, on conduit les patients, les yeux bands,dans une hutte obscure, o les prtres, tout en se livrant un affreux

    (1) J, BO W I CK, The Australian natives dans le journa l de VAnthropologicalImMute, Londres t. XIII, p. 453; CAMERON, Tribes of New South-Wales, meme recuei l , t. XIV, p. 158.

    (2) L. FISON, The Nanga, mme recuei l , t. XIV, p. 22.

    ( 3 ) W . - H , B E N T L E Y , I I / E on the Congo, Londres, m i , p . 7 8 ; c f . B A S T I A NEin Besuch in San Salvador, pp . 82 et 86. '

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    charivari, feignent de leur trancher la tte. Aprs huit ou neuf jours,

    on leur communique les secrets magiques de l'association ainsi queles traditions de la tribu ; on leur fait promettre de garder le silencesur ce qu'ils ont vu et entendu ; enfin on les rend leurs familles.Mais, ici galement, ils doivent simuler d'avoir tout oubli de leurancienne existence et d'avoir tout apprendre, comme s'ils taientredevenus des petits enfants (1). C'est, en somme, une vie nouvelle

    qu'ils recommencent.

    Ainsi le mort qui ressuscite a beau tre en contradiction avec toutesle donnes de la biologie. Ce n'en est pas moins, par sa frquence,

    un geste humain et, ce titre, il y a lieu de lui chercher une explica-tion psychologique d'une porte gnrale.Cette explication, c'est encore l'ethnographie compare qui nous

    la fournira, en faisant ressortir le rle considrable que joue chezles peuples incultes la magie sympathique. Celle-ci repose sur l'ideequ'en simulant ou en prfigurant un vnement, on en assure laralisation. De l les scnes mimes qui abonlent dans les cultes pri-mitifs et qui se maintiennent dans les autres sous la forme de ritesmtaphysiques aussi bien que de danses religieuses.

    Or le sauvage voit dans l'me ou plutt dans le double cet trequi vit en lui et qui peut en sortir dans certaines circonstancesla source de toutes ses facults et de tous ses mouvements. Il n'apas de dsir plus ardent que de protger son cme contre toute dt-rioration, toute embche; d'en accrotre les capacits; voire del'changer contre une me plus forte ou mieux doue, aussi suprieure son me actuelle que celle-ci est suprieure l'me de l'enfantou de l'animal. L'adolescent lui-mme ne peut jouir des facults etdes privilges de l'adulte que si on lui fait subir une transformationintrieure, en lui procurant une me neuve. Telle est incontestable-

    ment l'explication des crmonies si bizarres, et cependant si ressem-blantes les unes aux autres, que j'ai releves plus hau t (2).

    Partout, l'initiation, c'est--dire l'admission une vie suprieure,est considre comme une seconde naissance, une rgnration danstoute la force du terme. Mourir, c'est tre initi, disait Plutarqueen jouant sur les mots : tlmtn = tlesthai (3). Rciproquement,

    (1) BEVERLEY, History of Virginia, Londres, 1772.

    (2) Consulter cet gard le bel ouvrage de FRAZER, The Golden Bough,par t ie l lement t radui t en franais sous le t i t re ; Le Rameau d'Or, par STUREL

    e t T O U T A I N ( P a r i s , 1 9 0 3 ) .

    (3) De Anima, II, 5.

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    on pourrai t dire avec plus '-propos : tre initi, c'est mourir,pour renatre. Dans les Mystres d'Eieusis, crit Proslus, Proserpineavec le concours de Pluton, restitue une me ceux qu'elle a pra-lablement frappes de rigidit et de mort (1). Aujourd'hui encoredans 1 Inde, le jeune brahmane doit se soumettre une crmoniequi est censee le faire repasser l'tat d'embryoa; c'est seulementaprs cetts initiation qu'il peut revtir le cordon symbolique de sacaste et se dire deux fois n (dvi-dja), la diffrence des autres-Hindous qui ne sont ns qu'une fois (2).

    Mme dans le christianisme, le baptme, qui fait entrer un paenou un enfant dans la communaut des fidles, est envisag commeune mort symbolique suivie d'une rsurrection spirituelle pouremployer les expressions de l'aptre Paul (3).

    Mais il y a plus : La profession de vux , comme on dit, l'ini-tiation des novices dans certains ordres religieux, notamment dans1 ordre des Bndictins, implique une mort et une rsurrectionsimules. D aprs le rituel encore en vigueur aujourd'hui, le novices etend sur le sol devant l'autel, sous un drap mortuaire, entre quatrecierges. On ht sur lui l'office des morts. L'assistance entonne leihserere; puis, il se relve, donne chaque assistant le baiser de

    paix et s'en va communier entre les mains de l'abb (4). De ce jouri prendra un autre nom, qu'il gardera jusqu' son lit de mort. Luiaussi est n une vie nouvelle.

    D'un autre ct, les peuples non civiliss sont naturellementenchns a faire de l'homme et de sa destine le type et la mesure detoutes choses. Ils verront donc une mort suivie de rsurrection dansle cours quotidien ou annuel du soleil, les phases de la lune, les vicissi-tudes priodiques de la vgtation, voire les mtamorphoses de cer--ams animaux. Le folklore des campagnes europennes tait nagure

    remph de genies agrestes et forestiers qui non seulement sont censsmourir en automne pour renatre au printemps, mais qui encoresont parfois reprsents dans cette double opration par une victimerelle ou simulee, volontaire ou force (5). Ici intervient de nouveau

    (1) In Plat. Theolocj., p. 371,

    JJrahmana dans 's Sacred Books of the East, t, XLIV,

    (3;Lp. aux Bomains, VI, 4; aux Colossiens, II, 12.

    J t i ^ m n n a l r e ^ 7 " - ! 0 i 0 f f i e c a i h o l i 1 ^ ' Paris, ' Geaume, 1863, t, x i x ,

    ' B E R N , 1 8 6 3 ; F R A Z E R , Bou,jh,

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    la croyance que l'homme, en imitant les vnements ou les phno-

    mnes dont il dsire la reproduction, en facilite la ralisation. Repr-senter la rsurrection du dieu la suite de son agonie et de son trpas,c'est faciliter la renaissance de la vgtation, de la lumire ou desautres forces priodiques qu'il incarne. Mais alors se produit bientt,par une troisime application du raisonnement analogique, une sortede choc e.i retour : l'homme, en mimant les faits et gestes de ses dieux,croit s'identifier leur destine. Un voyageur rapporte que certainspeuples de l'Afrique centrale se prosternaient devant la nouvellelune en s'criant : Puisse ma vie tre renouvele, comme la tiennevient de l'tre (1). Les No-Zlandais et les Virginiens croyaient

    que le soleil descend chaque soir dans une caverne o il acquiert unevie nouvelle, en se baignant dans une sorte de fontaine de Jouvence ;aussi s'imaginaient-ils que si l'homme pouvait en faire autant, ildeviendrait immortel (2). Chez les anciens gyptiens, tous les dfuntsdevenaient des Osiris, c'est--dire qu'ils aspiraient s'identifier avecle soleil couch, pour ressusciter avec lui.

    La o sont combins tous ces facteurs du drame rsurreotionnistec'est--dire quand l'homme, qui s'imagine reproduire la passion d untre humain, a conscience, en mme temps, de jouer pour son propre

    compte le rle du cadavre rcalcitrant cette association d idesrenforce encore le prestige mystique de la crmonie. Celle-ci netarde pas devenir un vritable culte, o le contraste soudain dudeuil et de l'allgresse fait vibrer les cordes les plus puissantes dusentiment religieux ; mais elle n'en reste pas moins un mystre, et ellele devient mme d'autant plus que, devant les progrs de la raison,la religiosit prouve davantage le besoin de se rfugier dans lesprofondeurs du symbolisme sotrique.

    V. Les antcdents h is tor iques de la l g ende .

    Aprs les explications que je viens de donner, il n'y a pas heu d tresurpris si un mystre de ce genre se retrouve dans toutes les glandesreligions mythologiques. On me permettra d en citer ici les principauxexemples, ne ft-ce que pour affirmer une fois de plus 1 unit des pro-cds de l'esprit humain, mme dans une liturgie comme la ntre,qui a pris position en dehors des cultes proprement dits.

    (1) TYLOR, Civilisation primitive, t. II, p. 389 J. BECKER,La Vie en Afrique,

    I I , 2 3 8 .

    (2) TLOR, Civilisation primitive, t. I, p. 385.

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    JSC

    Eu Msopotamie, des textes cuniformes, qui datent peut-tre de

    sept huit mille ans, rapportent que Dummouzi, l'aman t de la grandedesse Istar, avait t englouti dans le monde souterrain, le royaumedes morts, le pays d'o il n'y a plus de retour, la demeure de l'obscu-rit, o les ombres des mortels errent comme des oiseaux nocturnes,en se nourrissant de poussire et de boue . Istar, la veuve du Filsde la vie , entreprend de le dlivrer et de le ramener l'existence.Aprs avoir travers le fleuve qui enclt la demeure des vivants, ellelieurte une porte de bronze. Un gardien lui demande qui elle estet ce qu'elle veut ; puis s'en va porter sa rponse la reine des Enfers,

    la farouche Nin-Ki-gal, afin d'apprendre s'il peut livrer passage l'trangre : Laisse-la entrer, rpond Nin-Ki-gal ; laisse-la venirpleurer sur les poux qui ont abandonn leurs pouses ; sur lesfemmes qui se sont arraches leurs maris ; sur les joyeux jeunes gensqui sont morts d'une fin prmature. Ayant franchi la porte, ladesse doit traverser sept enceintes. Dans chacune, le gnie qui sertde gardien, lui pose les mmes questions et, aprs avoir reu ses expli-cations, la dpouille respectivement d'un de ses vtements ou d'unede ses parures, si bien qu'elle est compltement nue, quand elle

    arrive en prsence de la redoutable souveraine. Celle-ci rduit lanouvelle venue l'impuissance, en lui enlevant l'usage de ses membres.En d'autres termes, elle lui te la vie. Cependant l'absence de ladesse de la nature a frapp la terre de strilit, et les dieux du cielenvoyent Nin-Ki-gal l'ordre de relcher Istar. Celle-ci est alorsconduite la source de la vie, qui jaillit dans les profondeurs, jalouse-ment garde par les Anounkas ou gnies souterrains. Aprs s'y trebaigne (ou abreuve) elle reprend le chemin de la lumire, en rcu-p ant chaque enceinte la pai'ure qu'elle avait d y laisser (1).

    Il est hautement probable que nous avons ici la description d'unescne d'initiation. Une tablette, traduite par M. Sayce, parle d'uneimitation du monde souierrain, par laquelle on faisait passer un devinlors de son initiation (2). Cette crmonie symbolique, crit de sonct Franois Leriormant, se jouait dans les temples, comme une sortede mystre. (3)

    En voyageant vers l'ouest, le mythe d'Istar et de Tammouz devint,

    (1) A.-H. SAYCE, Reliyion of Ancient Babylonians, Londres , 1887, pp. 220et suiv.

    (2) Ibid., Londres , 1887, p. 240.

    (3) LENOU.MAXT, Premires Civilisations, Par i s , 1874, t. II, p. 85.

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    chez les Phniciens, le mythe, qui nous est dj plus familier, d'Asta rt

    et d'Adonis.Adonis semble avoir personnifi le Ciel printanier (1). Il est mis

    mort par un sanglier. Celui-ci symbolise le Ciel brlant de l't, qui,sous le climat de Syrie, brle et strilise le sol. Adonis est l 'amant dela nature, ' c'est--dire d'Astart qui pleure sa mort et finit par leressusciter. Voici comment C.-P. Tiele a dcrit les mystres quimettaient le mythe en scne : Le printemps est, dans la Palestine etla Syrie, l'poque des prmices de la moisson et des troupeaux.Lorsque cette, saison charmante tirait vers sa fin, que dj commen-

    aient se faire sentir les cha'eurs accablantes de l't, il se clbrait Byblos une solennit d'un sombre caractre. C'tait une ftefunbre. Des lamentations, des chants plaintifs rsonnaient dans lesrues et les temples, accompagns des sons aigus de la flte de deuil.Des femmes, les cheveux pars ; d'autres rases ; d'autres se meur-trissant la poitrine ; toutes, les habits dchirs et donnant les signesde la j lus violente consternation, erraient comme cherchant quelqu'unou se tenaient dans les temples, assises en cercle autour d'un cata-falque, Sur ce catafalque tait un sarcophage destin recevoir lecorps, statue de bois qu'on cachait d'abord, puis qu'on cherchaitet qu'on finissait par trouver et qu'on couchait dans le cercueil.

    Vers la fin de l'anne, en automne, la fte tait renouvele, maisavec une diffrence importante. On clbrait de nouveau, pendantsept jours, la fte funbre ; mais, le huitime, le deuil et les pleursfaisaient place .une joie dsordonne. C'est qu'on disait que le dieutait ressuscit et mont au ciel. A la continence des jours prcdentssuccdait une licence sans frein. (2)

    Tiele ajoute qu'on regardait la clbration de ces ftes commeindispensable pour assurer la fcondit des champs, des troupeauxet des amilles. Cependant il rapporte galement qu'on avait coutumede clbrer les ftes d'Adonis aprs la mort des jeunes gens remar-quables par leurs talents, leurs vertus ou simplement objets d'unetendre affection. Ce n'tait plus le dieu ; c'taient des mortels dont on

    (1) De nombreux mythologues soutiennent qu'Adonis le se igneur lait l 'origine un e personnification du soleil (voir CHARLES VELLAY, Le Culte et lesFtes d'Adonis-Thainmouz dans l'Orient antique, Paris, '1904). Peut- t re

    n'a-t- i l assum ce rle qu' une poque ultrieure, quand tous les grands dieuxde l 'Orient commencrent se fondre dans le syncrtisme solaire.

    (2) C.-P. TIELE, Histoire compare des anciennes religions de l'jypte et despeuples smitiques, tr ad . COLLINS. Pa ri s, 1882, pp. 29'l-29ti,

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    pleurait ainsi le trpas et dont on clbrait ensnite l'entre dans lavie ternelle

    L'Adonis de la Phrygie s'appelait Attis on Papas, le divin bergerqui passait pour l'poux de Cyble ou M, la desse de la terre. Leculte de Cyble, rapporte un savant belge qui a spcialement tudiles cultes de l'Asie Mineure, comportait ds une poque recule desmystres dont les initis se reconnaissaient par des signes secrets eto se rvlait par degrs une sagesse divine (1). Transports Romeds la fin des guerres puniques, ces mystres y furent clbrs avecune vogue croissante pendant six cents ans. A l'quinoxe du prin-

    temps, la confrrie des Dendrophores ou Porte-Arbres abattaitsolennellement un pin qu'elle transportait ensuite, entour de bande-lettes comme un cadavre, dans le temple de Cyble, au Palatin,o tait figure la tombe d'Attis. L se passait une scne que rapporteainsi un crivain chrtien du iv0 sicle, Firmicus Maternus : Onsimulait le dieu tendu sur sa couche funbre ; on dplorait son trpasavec d'amres lamentations, puis on introduisait la lumire etl'hirophante, aprs avoir ondoy les assistants, chantait lentementle distiq. e suivant : Courage, mystes, maintenant que le dieu est

    sauv ; pour nous aussi, aprs nos preuves, ce sera le salut. (2)Alors commenait la fte exubrante des Hilaries.

    Il n'y a aucun doute que cette initiation n'e t pour but de garan-tir au nophyte la vie future. On a trouv frquemment, dans destombes de l'poque, des statuettes qui reprsentaient Attis sous lestraits d'un jeune ptre. Cette mme image s'est galement rencontresur des pierres tombales trouves en Germanie, et il n'est pas jusqu'auChrist qui, dans une peinture des catacombes, ne soit symbolis parla reprsentation d'Attis appuy sur sa houlette et coiff du bonnet

    phrygien. Au ve sic'e encore, saint Augustin rapporte, non sansindignation, ce mot, peut-tre ironique, d'un prtre d'Attis : Et ipsePileatus christianus est; Le dieu au bonnet est, lui aussi, chrtien. (3)

    Si nous passons maintenant en Egypte, nous y trouvons le cultede la triade forme par Osiris, sa femme Isis, qui tait en mmetemps sa sur, et son fils Horus. On admet gnralement qu'Osirisest le soleil couch ou souterrain, le soleil qui est descendu dans les

    (1) F. GUMONT, Les Religions orientales dans le paganisme romain,P ar i s , 1907, p. 63.

    (2) JULIUS FIRMICUS MATERNUS, De Err ore. pro fana rum religionum,

    di t . Migne, t. XII, p. 1002.

    (3) Revue d'histoire et de littrature religieuses, t . VIII , 1903, pp. 122 et s u i v .

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    Enfers. Horus est le soleil levant, le soleil du jour contrastant

    avec le soleil de la veille. La lgende rapporte qu'Osiris avait t mis mort par son frre Set ou Typhon, le dieu de l'obscurit ; ce qui,dans cette interprtation, est assez exact. Set avait dcoup le corpsde sa victime en d'innombrables morceaux qu'il avait disperss lasurface de l'Egypte. Cependant Iris s'est mise la recherche de cesdbris et a russi les recueillir, sauf le phallus. Horus, aprs unelutte nergique, immole alors Typhon son tour et Osiris, rappel l'existence, va rgner sur l'empire des morts.

    Suivant certains auteurs, Osiris avait t d'abord un dieu de la

    vgtation, ce qui explique plusieurs particularits de sa lgende etde son rituel. Il est certain qu'il fut en rapport avec la destine dela moisson et le renouvellement priodique de la vie vgtale. L'imaged'Osiris, parfois son cercueil, taien t reprsents comme enferms dansle tronc d'un tamarin. Tantt ce sont des pis qui germent de samomie ; tantt c'est son me qui niche sous les traits d'un oiseau dansles branches d'un sycomore ombrageant son tombeau (1). Ailleursencore, c'est un sarcophage d'o sort une branche d'acacia aveccette devise significative : Osiris s'lance (2).

    Hrodote rapporte qu'on clbrait Sas, dans le temple d'Isis,des mystres nocturnes sur le tombeau d'un dieu et Plutarque, plusexplicite, dcrit en ditail la crmonie annuelle que les gyptiensappelaient la Rsurrection d'Osiris. Le rituel en a pu tre reconstitugrce des dcouvertes rcentes. Voici comment le rsume un auteurqui est tranger la Franc-Maonnerie, M. Franz Oumont : Dsl'poque de la xiie dynastie, on clbrait Abydos et ailleurs unereprsentation sacre, analogue aux mystres du moyen ge, quireproduisait les pripties de la passion et de la rsurrection d'Osiris.Nous en avons conserv le rituel : le dieu, sortant du temple, tombait

    sous les coups de Set. On simulait autour de son corps les lamentationsfunbres, on l'ensevelissait selon les rites ; puis Set tait vaincupar Horus, et Osiris, qui la vie tait rendue, rentrait dans son temple,aprs avoir triomph de la mort. C'tait le mme mythe, qui, chaqueanne, au commencement de novembre, tait reprsent Romepresque dans les mmes formes. Isis, accable de douleur, cherchait,au milieu des plaintes dsoles des prtres et des fidles, le corps divind'Osiris, dont les membres avaient t disperss par Typhon. Puis,

    (1) Cf . FRAZET, Adonis, AtHs, O s i m R I J P . 275 e t s u i v .

    (2) BRUGSH, Religion unci Mythologie der Alten-Egypter, P. 621.

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    le cadavre reir^w, reo.nst itu, ranim, c'tait une longue explosion dejoie, une jubilation exubrante dont retentissaient les temples etles rues, au point d'importuner les passants (1).

    Quelle qu'ait t la signification premire de ce mythe, il futde bonne heure, pour les gyptiens, le symbole de la destine humaineet la garantie de la vie au del du tombeau. Le mort devenait unOsiris, comme en tmoigne le Livre des Morts, vrai rituel d'initia-tion, dont on plaait un exemplaire dans les tombes, ct du dfunt,pour lui fournir les formules magiques et les mots de passe qui de-vaient lui permettre de franchir les diverses rgions du monde sou-

    terrain et de gagner l'esquif du soleil levant, la barque de la rsurrec-tion. Aussi vrai, dit un texte, qu'Osiris vit, le dfunt, lui aussi,vivra ; lui aussi n'est pas ananti.

    Malgr la rsistance des vieux Romains, les mystres d'Isis netardrent pas se propager dans tout l'empire, l'poque o laproccupation dominante tait de trouver le moyen de vaincre lamort. Apule, racontant mots couverts son initiation dans lesmystres isiaques, s'exprime de la sorte : J'ai approch les confinsde la mort et , ayant foul le seuil de Proserpine, j'en suis revenu en

    traversant les lments. A minuit, j'ai vu le soleil brillant de tout sonclat. (2)

    Les Grecs avaient d'ailleurs, eux aussi, leurs mystres autochtonestaills sur le mme patron. Les plus clbres furent ceux d'Eleusis,o l'on reprsentait les aventures de Proserpine ou Cor, enleve samre Grs par Pluton, le roi des Enfers ; puis ramene la lumireet reprenant, au moins pendant l't, sa place dans l'assemble desdieux. Originairement destins clbrer et peut-tre assurer la fcondit des moissons dans l'Attique, ces mystres taient devenus

    rapidement une clef de la vie future. L'enlvement et le retour deCor reprsentaient, non plus les destines de la semence enfouie dansle sol, mais le sort rserv aux initis, qui, au cours de la crmonie,taient conduits successivement dans les Enfers et dans les Champs-Elyses (3).

    D'autres mystres encore donnaient satisfaction aux aspirationsmystiques des Grecs et des Romains. Les plus importants taientceux des Cabires, de Dionysos et, plus tard, de Mithra. Selon les

    (1) F. CUMONT, Les Piel-Ujions orientales dans le paganisme romain, P. 119.

    (2) APULE, Mtamorphoses, lib. XI, 23.

    (3 ; GOBLET U'ALVIELLA, Eleusinia, P a r i s , 1903, p . 71 .

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    crivains du temps, ils avaient galement trai t aux destines de l'me

    aprs la mort et ils comportaient la reprsentation d'une mort suivied'une rsurrection. Dans les mystres des Cabires, Samothrace, onmettait en scne l'histoire tragique des trois frres, Axiros, Axio-krsos et Axiokersa. D'aprs la version de la lgende que rapportePirmicus Maternus, deux des Cabires mettaient le troisime mort etl'enterraient au pied du mont Olympe ; il tait ensiiite ramen lavie par Herms. La dcoration de certains miroirs trusques repr-sente les scnes successives de ce drame. Dans l'une, on voit Axirossaisi par ses frres, devant deux colonnes . cliapiteau corinthien.

    Dans une autre, Herms, accompagn de deux satyres qui lui serventd'acolytes, s'approche du corps et s'efforce de le ressusciter avecsa baguette magique (1).

    Herms avec ses deux acoly thes

    r e s s u s c i t a n t le Cabire assass in par ses F r r e s .

    (Miroir trusque. )

    (1) DATMBERG et SAGLIO, Dictionnaire des antiquits, au mot Cabires.

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    La ressemblance de cette scne avec certain pisode dans l'excu-

    tion de notre rituel ne peut manquer de frapper tous ceux qui ont tinitis au troisime degr de la Loge symbolique. Je n