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INTERNATIONAL NETWORK FOR FAMILY POULTRY DEVELOPMENT RÉSEAU INTERNATIONAL POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'AVICULTURE FAMILIALE RED INTERNACIONAL PARA EL DESARROLLO DE LA AVICULTURA FAMILIAR
www.fao.org/ag/againfo/subjects/en/infpd/home.html
Bulletin RIDAF Vol. 16 No. 1, Janvier – Juin 2006
Editeur-en-Chef du Bulletin RIDAF:
Dr. E. Fallou Guèye, Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), B.P. 2057, Dakar RP, Sénégal, E-mail: <[email protected]>
Coordonnateur du RIDAF: Prof. E. Babafunso Sonaiya, Department of Animal Science, Obafemi Awolowo University, Ile-Ife, Nigeria,
E-mail: <[email protected]> or <[email protected]>
Les vues exprimées par les différents auteurs dans ce bulletin RIDAF ne reflète pas nécessairement la
position et les politiques de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO).
■ Le RIDAF est un Groupe Mondial de Travail de l’Association Mondiale pour les Sciences de l’Aviculture (WPSA, www.wpsa.com).
■ Cotisations annuelles: 15 dollars E.-U. par personne d’un pays en voie de développement & US$25 dollars E.-U. par personne d’un pays
développé.
SOMMAIRE
Editorial Invité ............................................................................................................................................................... 1 Influenza aviaire: le nouveau défi de l’aviculture familiale - R.D.S. Branckaert .......................................................... 1
Rapports de Recherche & Développement............................................................................................................ 4 Influenza aviaire et aviculture familiale au Nigeria: potentialités pour une propagation rapide et une présence
continue de la maladie - S.S. Baba ................................................................................................................................ 4 Influenza aviaire: la situation du Ghana - A.N. Akunzule ............................................................................................. 9 Influenza aviaire et la santé des poulets au Maroc - T. Hassouni, A. Harch-Rass & D. Belghyti ............................... 15 Analyse des systèmes villageois pour orienter la stratégie de lutte contre la grippe aviaire en aviculture rurale au
Niger - A. Finzi, E. Guerne Bleich & Z. Rhissa .......................................................................................................... 19 Enjeux économiques de l’influenza aviaire sur la filière avicole sénégalaise - E.H. Traoré, C. Sall, A.A. Fall & P.
Faye ............................................................................................................................................................................. 24 Crise de l’influenza aviaire: la volaille de basse-cour est une solution, pas le problème - GRAIN ............................. 33 La déclaration danoise de Pâques sur la bureaucratie et l’élevage de la volaille de basse-cour - 62 ONGs/OSCs
DANOISES ................................................................................................................................................................. 43 Influenza aviaire hautement pathogénique H5N1: une crise mondiale en santé animale - défis majeurs pour la science
et la société - S.C. Jutzi & J. Domenech ...................................................................................................................... 52 Notes de communications ........................................................................................................................................ 59
Influenza aviaire comme problème de santé animale: les grandes lignes de l’approche de la FAO - P. Harris .......... 59 Protéger les ressources génétiques de poulets locaux dans une situation pandémique d’influenza aviaire en Egypte -
S. Galal ........................................................................................................................................................................ 63 Le contrôle de l’influenza aviaire en Indonésie: une approche communautaire - E. Guerne Bleich, W. Schoustra & J.
Curry ............................................................................................................................................................................ 65
Publication .................................................................................................................................................................... 69 La grippe / influenza aviaire ......................................................................................................................................... 69
Nouvelles........................................................................................................................................................................ 70 Réunion de consultation sur “La réponse de la communauté scientifique à l’influenza aviaire, avec un accent
particulier sur les besoins de recherche dans les pays en voie de développement” à Nairobi, Kenya [14-16 juin 2006]
...................................................................................................................................................................................... 70 Agenda International ................................................................................................................................................. 71
2ème Sommet International d’Aviculture du Nigeria à Abeokuta, Etat d’Ogun au Nigeria [19-22 février 2007]....... 71 8ème Conférence d’Asie Pacifique sur l’Aviculture à Bangkok, Thaïlande [5-6 mars 2007] ..................................... 72
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 ii
Editorial Invité
Influenza aviaire: le nouveau défi de l’aviculture familiale
R.D.S. BRANCKAERT
La Bergerie, 06450 Cros d’Utelle, France, E-mail: <[email protected]>
[Le Prof. R.D.S. Branckaert, DMV, a travaillé au siège de la FAO comme Fonctionnaire en Production animale, où il était
en charge des espèces à cycle court (volailles, rongeurs et petits ruminants) et Editeur de la Revue Mondiale de Zoo-
technie. Auparavant, il a poursuivi une longue carrière d’enseignant et de chercheur dans plusieurs universités et insti-
tuts de recherche d’Afrique tropicale. (République Démocratique du Congo, Cameroun, Ethiopie et Burundi). Il fut éga-
lement professeur-visiteur à l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers et à l’Université de Louvain-la-Neuve en Belgique
et effectua de nombreuses missions pour diverses organisations et bureaux d’étude. Il est membre de l’Académie
Royale Belge des Sciences d’Outremer et, depuis sa retraite, continue à fournir un appui technique et des conseils à de
nombreuses organismes (FAO, FIS, etc.). Il effectue également quelques missions de consultance et participe à la ré-
daction, la traduction et l’édition de publications techniques. Il a participé activement à la création en 1989 à Ilé-Ifé (Nige-
ria) et au fonctionnement du Réseau Africain pour le Développement de l’Aviculture Rurale, à sa conversion en 1996 à
Mbour (Sénégal) en Réseau International pour le Développement de l’aviculture familiale et à sa reconnaissance offi-
cielle en 1998 à Jérusalem (Israël) comme un groupe de travail de l’Association Scientifique Avicole Mondiale.]
Reçu pour publication 22 mai 2006; accepté 22 mai 2006
Tout récemment, très précisément le dernier Vendredi Saint, j’entendais, sur une radio périphérique française, le res-
ponsable des Maîtres chocolatiers français se réjouir que, dans son pays, la grippe aviaire ne semblait pas avoir affecté
la vente de poulets et d’œufs en chocolat pour la célébration pascale. Cette anecdote – surprenante autant qu’amusante –
dénote le climat d’anxiété qui, depuis quelques mois, s’instaure progressivement au sein des populations avec la com-
plicité volontaire ou non des médias, souvent fragmentairement informés.
Le problème, maintes fois évoqué, semble clair: une ou deux fois par siècle, quelquefois plus souvent, une pandémie
s’abat sur la planète, causant la disparition de millions d’individus. Au 20e siècle, la grippe « espagnole » a causé la
mort, à partir de 1918, de 50 à 100 millions d’individus, suivant les estimations. Quarante ans plus tard, la grippe asiati-
que, à son tour, a provoqué de nombreuses pertes humaines. Pour les épidémiologistes, l’affaire est donc claire: une
nouvelle pandémie doit nécessairement s’abattre sur nos populations, et l’agent responsable est formellement identifié:
il s’agit du virus H5N1, plus connu comme le vecteur de l’influenza (grippe) aviaire hautement pathogénique. Cette
dernière maladie, identifiée depuis 1878 comme la peste aviaire (à différencier de la pseudo-peste aviaire ou Maladie de
Newcastle, dont les symptômes sont très comparables), est causée par un virus rencontré communément chez les palmi-
pèdes qui ne sont généralement pas affectés par la maladie mais servent de réservoir et de porte d’entrée pour les galli-
nacés domestiques. Depuis 2003, il s’avère qu’un certain nombre d’humains - une centaine soit trente par an - sont
directement décédés de la grippe aviaire. Ces personnes vivaient en contact étroit avec leurs volailles et représentaient
généralement des individus fragiles.
Par ailleurs, les cas recensés l’ont été le plus souvent dans des entreprises commerciales que dans des basses-cours fa-
miliales. Ce qui n’a pas empêché certaines personnalités oeuvrant dans des organisations prestigieuses de formuler
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 i
l’hypothèse que l’endroit le plus propice à la mutation du virus H5N1 vers un type beaucoup plus pathogène pour
l’homme et donc potentiellement responsable d’une éventuelle pandémie, est nécessairement la basse-cour tradition-
nelle associée à l’élevage en liberté. Il est remarquable que le cas le plus spectaculaire de contamination en Europe
Occidentale est représenté par un élevage de dindons vivant en confinement complet dans le département français de
l’Ain, universellement réputé pour son fameux poulet de Bresse vivant en plein air! La conséquence illogique de
l’abattage de cet élevage de dindons vivant en claustration stricte a été une chute vertigineuse de la consommation de
poulet de haute qualité!
Les conséquences de ces déclarations outrancières sont évidemment désastreuses pour l’aviculture traditionnelle fami-
liale qui représente toujours plus de 70% de la production avicole mondiale et un outil de développement extraordinaire
pour la majorité des petits exploitants agricoles des pays à faibles revenus et à déficits alimentaires. Ceci particulière-
ment pour les couches les plus défavorisées: femmes, enfants, handicapés qui peuvent trouver dans l’aviculture à petite
échelle un important moyen d’amélioration de leur situation nutritionnelle et sociale. En outre, la basse-cour familiale
représente un outil incontournable de biodiversité, à une époque où les élevages commerciaux n’utilisent que des sujets
hybrides, dont la filière est strictement cloisonnée par les multinationales monopolistiques.
En outre, ces prises de position sont diffusées à l’occasion de larges manifestations internationales largement médiati-
sées destinées à mobiliser les bailleurs de fonds et à sensibiliser les gouvernements nationaux en faveur de politiques
concoctées par de brillants technocrates. Le résultat attendu ne s’est pas fait attendre: à la première alerte, certains gou-
vernements n’ont pas hésité à faire procéder à l’abattage systématique de leurs volailles familiales en promettant de soi-
disant compensations qui, même si elles étaient versées, ne répareront jamais le dommage subi. A titre d’exemple,
pourquoi, en février dernier, avoir abattu spectaculairement au Niger, les pintades reproductrices qui représentent le
secteur clé de l’aviculture sahélienne - les pintades sont qualifiées d’ « or gris » - alors que cette espèce est connue pour
résister à de nombreuses maladies virales? Que vont penser les populations rurales à l’avenir des services vétérinaires
dont les agents déguisés en cosmonautes se sont distingués dans la chasse et l’abattage de leurs animaux avec l’aide des
forces de sécurité alors que des décennies d’assistance et de conseils leurs avaient été nécessaires pour se faire progres-
sivement accepter des exploitants?
Il est à craindre qu’à l’avenir, les autorités nationales – en vue de complaire aux bailleurs de fonds potentiels – choisis-
sent la voie la plus facile, à savoir la destruction de leur secteur avicole traditionnel au détriment des petits exploitants,
ce qui pourrait signifier un accroissement de la paupérisation de ces couches sociales déjà défavorisées.
Pourtant, il existe d’autres solutions pour enrayer la progression de l’influenza aviaire dont la principale va paradoxale-
ment dans un support accru de l’aviculture traditionnelle en essayant de sensibiliser les communautés villageoises, le
plus souvent mal informées, et de leur fournir les ressources pour améliorer leurs habitudes d’élevage ainsi que les
moyens matériels, financiers et humains pour arriver à cette fin. Cette politique est fortement encouragée par le gouver-
nement indonésien avec l’assistance des différentes organisations internationales mais surtout avec l’appui local des
organisations non-gouvernementales (ONGs).
Parmi les différents problèmes pris en compte, cette politique envisage la vaccination et le suivi contrôlé de l’aviculture
familiale. Or, depuis des années, les organismes soutenant l’aviculture traditionnelle préconisaient déjà la vaccination
systématique des volailles familiales contre la Maladie de Newcastle, ceci grâce aux souches identifiées et vulgarisées
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par l’équipe du Prof. Spradbrow d’Australie. Le succès de l’opération a été relatif car les autorités gouvernementales ne
lui ont pas toujours apporté l’attention et le soutien appropriés. Toutefois, - et en prenant cette fois en compte les risques
de pandémie - ne serait-il pas opportun de saisir l’occasion pour sensibiliser les gouvernements, les institutions interna-
tionales et les ONGs et leur recommander de vastes opérations de vaccination mixte des volailles familiales, à la fois
contre l’influenza aviaire et la Maladie de Newcastle? Pour les organisations techniques spécialisées, la vaccination se
recommande pour les animaux de valeur et non destinés à l’exportation. Pour ma part, je considère que ces deux critères
sont réunis dans l’aviculture familiale, non seulement parce que, pour les éleveurs traditionnels familiaux, la volaille
représente à la fois un capital important et un outil indispensable dans l’économie domestique, mais également parce
que, pour l’ensemble du secteur avicole, les volailles autochtones rencontrées dans ce type d’élevage continuent à cons-
tituer la source de biodiversité incontournable nécessaire à la survie et à la durabilité de l’aviculture planétaire. Par
ailleurs, ces grandes campagnes de vaccination permettraient d’apporter aux exploitants toute l’information nécessaire à
une amélioration de la gestion, de l’habitat et de l’alimentation de leurs animaux. J’ose ainsi espérer que les défenseurs
de l’aviculture familiale auront à cœur dans les prochains mois de continuer à développer des approches et des politi-
ques aptes, non seulement à la survie mais au développement durable du secteur.
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Rapports de Recherche & Développement
RAPPORT DE R&D No 1:
Influenza aviaire et aviculture familiale au Nigeria: potentialités pour une pro-
pagation rapide et une présence continue de la maladie S.S. BABA
Faculty of Veterinary Medicine, University of Maiduguri, P.M.B. 1069 Maiduguri, 600004 Nigeria
E-mail: <[email protected]>
Soumis pour publication 1 mai 2006; reçu sous une forme révisée 17 mai 2006; accepté 21 mai 2006
Résumé
L’apparition de l’Influenza Aviaire Hautement Pathogénique (IAHP) devient de plus en plus une préoccupation mon-
diale, particulièrement avec la menace de l’infection devenant une pandémie. Récemment en février 2006, la maladie
a été rapportée pour la première fois au Nigeria dans une ferme commerciale de volailles, ce qui a eu comme consé-
quence la mort de plus de 40.000 oiseaux. L’introduction de la maladie dans le pays a été associée à beaucoup de
facteurs externes et internes. De promptes actions ont été prises par tous les aviculteurs comprenant la destruction des
oiseaux affectés et en contact, l’octroi d’indemnités, la décontamination de la ferme affectée, la quarantaine et la mise
en place d’autres mesures de biosécurité. La maladie continue à se propager rapidement et a été rapportée dans divers
endroits au Nigeria. L’apparition de la maladie dans le pays et ses conséquences potentielles dans les domaines socio-
économiques, sanitaires, vétérinaires et en santé publique a justifié sa déclaration comme une urgence nationale. La
structure de l’industrie avicole du Nigeria est composée principalement d’une aviculture familiale, qui inclut la vo-
laille villageoise en divagation avec peu ou pas de biosécurité, et d’une aviculture commerciale urbaine avec un mi-
nimum ou faible niveau de biosécurité. Le succès de cette industrie continue à être menacé par l’apparition et la réap-
parition des maladies infectieuses, y compris l’IAHP. L’apparition du virus de l’IAHP H5N1 en Afrique est une pré-
occupation majeure, mettant en danger immédiat les moyens d’existence de millions de personnes qui comptent sur la
l’aviculture familiale comme sources de revenus et de protéines.
Mots clés: influenza aviaire; aviculture familiale; facteurs de risque; Nigeria
Situation pré-épizootique au Nigeria
Le Nigeria a la plus grande population nationale de volailles en Afrique. Elle est estimée à 104 millions (National Li-
vestock Census ou Enquête Nationale sur l’Elevage, 1992), dont un 10ème est constitué de races exotiques élevées dans
des fermes commerciales, la plupart étant localisée autour des villes des régions méridionales, et des plus petits cheptels
dans tout le pays. Le reste est constitué de poulets villageois de races locales en tant que volailles divagantes de basse-
cour qui sont élevés sous forme de cheptels éparpillés et sont typiquement indéfinissables du point de vue zootechnique
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en raison des croisements désordonnés (Sonaiya et al., 1999), bien qu’elles soient robustes et bien adaptées à leur envi-
ronnement local. Jusqu’ici, la meilleure estimation de la population de volailles au Nigeria est celle obtenue lors de
l’Enquête Nationale sur l’Elevage ou National Livestock Census effectuée en 1992 (Nigeria’s Federal Department of
Livestock, 1992). Le Tableau 1 récapitule les résultats de l’enquête.
Tableau 1. Estimations de la population nationale de volailles.
Espèce Villageoise Urbaine Total Poulets 68.244.195 4.156.661 72.400.856 Canards 11.220.461 573.507 11.793.968 Pintades 4.621.670 58.237 4.679.907 Pigeons 13.566.775 1.593.091 15.159.866 Dindons 207.219 16.144 223.363 Toutes les volailles 97.860.320 6.397.640 104.257.960
Source: National Livestock Census (Federal Livestock Department, Nigeria, 1992).
Les activités de surveillance de l’influenza ont été relativement faibles dans la plupart des pays africains. Il n’y a aucune
donnée fiable sur le statut épidémiologique de l’IAHP en Afrique et évidemment au Nigeria. Cependant, les études
précédentes ont uniformément indiqué la haute séroprévalence de différents sous-types de virus de l’influenza chez les
populations humaines et animales dans les différentes zones agro-écologiques du Nigeria (Olaleye et al., 1990; Olaleye
et al., 1991; Adeniji et al., 1993; Baba et al., 1997; El-Yuguda et Baba, 1998-1999; El-Yuguda et Baba, 2002; Owoade
et al., 2002; Abubakar et al., 2005). Toutefois, la contribution des intenses activités du virus dans la mortalité et dans la
morbidité globales est moins bien établie. La présence des anticorps de différents sous-types de l’influenza A indique
que la co-circulation des divers sous-types pourrait facilement favoriser la recombinaison des souches du virus de
l’influenza et l’apparition en conséquence de la nouvelle souche de virus qui pourrait être fortement pathogénique pour
des populations non-immunes. La manifestation de l’influenza chez l’homme a également été rapportée au Nigeria
(David-West et Cooke, 1974).
En décembre 2005, avant l’apparition de l’IAHP au Nigeria, le Nigeria’s Federal Department of Livestock (FDL) ou
Département Fédéral d’Elevage du Nigeria a mis en place un Comité Technique des Experts sur la prévention et le
contrôle de l’IAHP au Nigeria. Il a été exigé au Comité d’élaborer des stratégies de prévention, la mise sur pied d’un
réseau de surveillance de la maladie et un plan d’urgence dans le cadre d’une éventuelle apparition de l’IAHP au Nige-
ria. Une recommandation pertinente du Comité a été le besoin pressant pour le gouvernement de mettre en place un
réseau de la maladie de l’IAHP qui inclura l’établissement de laboratoires autorisés pour un prompt diagnostic , des
recherches sur l’épidémiologie de la maladie et une surveillance nationale étendue. La collaboration entre les réseaux de
diagnostic des animaux et des humains a également été mise en exergue. Le Comité a également suggéré les facteurs de
risque qui pourraient faciliter l’apparition de la maladie dans le pays, par exemple: a) les oiseaux migrateurs, b) la pré-
sence de l’IAHP en Asie du Sud-est et en Afrique du Sud de même que les mouvements humains avec le Nigeria, c) les
frontières longues et poreuses du Nigeria ainsi que le commerce et les échanges informels accrus d’animaux domesti-
ques à travers les frontières, particulièrement au niveau des marchés frontaliers, d) les mouvements illégaux et la
contrebande de volailles et de produits avicoles vers le Nigeria à partir de pays infectés, et e) les équipements et la
main-d’œuvre vétérinaires peu satisfaisants pour des mesures de quarantaine. Des plans adéquats de préparation pour la
prévention et le contrôle ont été suggérés, y compris la chaîne de commande dans la surveillance de la maladie, la dé-
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claration et les réseaux de prévention et de contrôle. Malheureusement avant la pleine mise en exécution de la recom-
mandation du Comité, la maladie a été rapportée pour la première fois au Nigeria.
Situation présente au Nigeria
Les nouvelles éruptions épizootiques suggèrent que le virus de l’IAHP H5N1 se propage progressivement vers le sud-
ouest et n’est pas limité au foyer d’Asie du sud-est, où les manifestations de l’IA ont commencé depuis la mi-2003. En
Russie et au Kazakhstan, des éruptions épizootiques ont été associées au contact entre les volailles domestiques et les
oiseaux aquatiques sauvages vivant dans et aux alentours des réservoirs en eau ouverts (particulièrement les étangs,
marécages et lacs). De tels étangs existent au Nigeria, avec des oiseaux sauvages qui les survolent en toute liberté et des
canards domestiques qui les visitent et s’y reposent, et il a été spéculé que ces volailles constituent une des sources
d’introduction récente de la maladie dans le pays. Des éruptions épizootiques de l’IAHP ont été rapportées seulement
chez les volailles des fermes commerciales. Il est pensé que l’absence de déclaration de la maladie chez les volailles
familiales pourrait résulter d’un manque de possibilités d’identification de la maladie de l’IAHP par les propriétaires de
volailles familiales en plus d’un réseau médiocre de déclaration de la maladie. Avec l’introduction de la maladie dans le
pays, les potentialités pour sa propagation et sa présence continue sont élevées, particulièrement chez les populations de
volailles familiales.
Les facteurs de risque abondants pourraient faciliter la propagation et la présence continue de l’IAHP dans le pays.
Certains des facteurs identifiés sont:
● Une structure de l’industrie avicole au Nigeria consistée principalement d’une aviculture familiale avec peu ou pas
de biosécurité, et d’une aviculture commerciale périurbaine et urbaine avec une biosécurité minimale à modérée et
une introduction régulière de nouveaux oiseaux à partir de sources relativement inconnues et invérifiables.
● L’élevage simultané de bandes de volaille de différentes espèces et de différents âges.
● Des mouvements non contrôlés du bétail et des volailles dans le pays en raison du manque d’application des lois et
des règlements de contrôle des maladies animales dans le pays.
● L’absence d’un système organisé de commercialisation de volailles et l’existence de marchés ouverts de volailles
vivantes caractérisés par des mélanges de différentes espèces et des pauvres conditions sanitaires.
● Une absence d’enregistrement et la détention d’une licence des fermes/couvoirs et des établissements apparentés,
comme prévu par la loi.
● Une détection précoce insatisfaisante et possibilités de réactions rapides, y compris une faible expérience de la
plupart des travailleurs en santé animale dans l’identification et le diagnostic de l’IAHP.
● La difficulté d’une différentiation clinique de l’IAHP des autres maladies aviaires endémiques, telles la maladie de
Newcastle, le choléra aviaire, la mycoplasmose, etc.
● Un manque de fonds pour la compensation des propriétaires de volailles/cheptels en cas d’abattage de leurs ani-
maux dans le but du contrôle de la maladie.
● Des installations et équipements inadéquats pour l’enlèvement des carcasses de volailles.
● La vente et la consommation des oiseaux malades et morts.
● Une présence d’étangs et de marécages au dessus desquels les oiseaux sauvages volent en liberté et les canards
domestiques les visitent et s’y reposent, ce qui pourrait être la source de l’apparition récente de la maladie dans le
pays.
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● Les frontières longues et poreuses du Nigeria ainsi que le commerce et les échanges informels d’animaux domes-
tiques particulièrement au niveau des marchés frontaliers.
● Des équipements inadéquats et une main-d’œuvre non qualifiée pour des mesures de quarantaine.
La particularité de la situation géographique du Nigeria suscite une inquiétude en rapport avec la propagation du virus.
Le pays est frontalier de cinq autres pays africains, à savoir le Bénin, le Tchad, le Cameroun, le Gabon et la République
du Niger. En outre, de grands étangs et marécages et des sites principaux de Fadama existent dans le pays et que des
oiseaux sauvages survolent en liberté et s’y reposent, et les marchés de volailles vivantes fleurissent dans le pays et au
niveau des frontières. Avec l’apparition de la maladie dans le pays, le gouvernement a mis en place des plans d’action
pour faciliter la prévention de la propagation de la maladie vers les zones indemnes, le contrôle dans les zones infectées
et l’élimination de la maladie du pays. Les efforts actuels incluent, mais pas seulement, l’établissement d’une surveil-
lance nationale de la maladie et des réseaux qui rendent compte, la mise à niveau des laboratoires de diagnostics, etc. La
vaccination des volailles est présentement déconseillée dans le pays pour les raisons suivantes:
1. La possibilité de mélanger les souches virales de vaccines avec toute souche sauvage en circulation dans le pays,
ce qui pourrait être à l’origine de l’apparition d’une nouvelle souche qui pourrait être pathogénique pour une popu-
lation de volailles non immunes.
2. La difficulté d’assurer un suivi de l’apparition de l’infection virale à influenza aviaire dans une zone précédem-
ment indemne. Sans méthodes de diagnostics convenablement développées, il est souvent difficile de différencier
les volailles infectées et celles vaccinées, en utilisant les procédés sérologiques disponibles. Cette situation pour-
rait rendre la surveillance du virus gênante et peut compromettre sérieusement les efforts de contrôle.
3. La particularité du système de conduite par divagation des effectifs éparpillés de volailles villageoises dans ce
pays pourrait rendre impossible la vaccination de ce type d’aviculture. Traditionnellement, quelques problèmes de
logistique ont été associés à la vaccination de ce type de volailles qui incluent: attraper et manier individuellement
les oiseaux, utiliser des vaccinateurs compétents et répéter toute la procédure de manière suffisamment fréquente
afin de s’assurer que chaque oiseau reçoit au moins deux doses du vaccin à différentes périodes. Avec le système
de conduite dominant, la vaccination serait difficile sinon impossible.
4. Il y a également beaucoup à dire au sujet de la difficulté de maintenir une “chaîne froide pour le vaccin” depuis le
fabricant jusqu’aux utilisateurs finaux, dans les environnements tropicaux comme le Nigeria. Les échecs de la vac-
cination continuent d’être fréquents à cause principalement de la rapide détérioration du vaccin sous la haute tem-
pérature ambiante typique de l’environnement tropical.
Conclusion/Recommandation
A présent, les premières éruptions épizootiques de l’IAHP continuent à être rapportées chez les volailles commerciales
et familiales. Le contrôle de la maladie en aviculture villageoise exigera des efforts concertés par tous les acteurs impli-
qués afin de développer des mesures robustes et durables ainsi que l’adoption d’un système semi-extensif de conduite.
Ces mesures exigeront la disponibilité de conditions de base pour une aviculture familiale productive, y compris la
provision d’abris de nuit, les données démographiques, l’alimentation, la vaccination et la quarantaine, si c’est néces-
saire. Etant donné que le contrôle des maladies infectieuses comme l’IAHP et la maladie de Newcastle est crucial au
développement de l’aviculture villageoise, un lent processus participatif de sensibilisation de tous les villageois, y com-
pris les chefs de village, les femmes, les enfants et les hommes, sera un point de départ essentiel. En conséquence, les
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 7
aspects de formation et de la fourniture de services seront également importants. Puisque l’IAHP n’est pas encore en-
démique au Nigeria, un abattage des volailles avec des indemnisations aux propriétaires des cheptels de volailles affec-
tés a été suggéré comme un moyen de prévenir la propagation et la présence continue de la maladie dans le pays.
Références bibliographiques
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and Effect of Family Poultry Research and Development (7 December 1998 - 5 March 1999)”.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 8
RAPPORT DE R&D No 2:
Influenza aviaire: la situation du Ghana A.N. AKUNZULE
Ghana Poultry Network, P.O. Box CT 5505, Accra, Ghana, E-mail: <[email protected]>
Soumis pour publication 27 avril 2006; reçu sous une forme révisée 13 mai 2006; accepté 20 mai 2006
Résumé Ces derniers temps, l’unique maladie animale la plus importante, avec des implications significatives possibles pour
les animaux et les humains, est l’influenza aviaire (IA). Son apparition et sa propagation ont retenu l’attention de tous
les gouvernements du monde à cause de sa capacité à provoquer une pandémie humaine si l’on se base sur ses appari-
tions historiques dans le passé. Le Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique, a enregistré pour la première fois une
éruption épizootique d’IA en février 2006. Au Ghana, des mesures de contrôle sont entrain d’être mises en œuvre. Le
pays est menacé, étant donné qu’une éruption épizootique d’IA a été enregistrée au Burkina Faso, Niger, Côte
d’Ivoire et Nigeria, qui sont des pays de la sous-région où il y a une libre circulation des personnes. Le système de
surveillance du Ghana est en alerte maximale pour prévenir l’apparition de la maladie dans le pays. Le Ghana est
confronté à des effets économiques, bien que la maladie n’ait pas été enregistrée jusqu’à présent.
Mots clés: économie rurale; éruption épizootique; mesure de contrôle; partisan des pauvres; stratégie; surveillance;
zoonotique
1. Introduction
Ces derniers temps, le monde est au bord d’une menace imminente d’Influenza Aviaire Hautement Pathogénique
(IAHP). La maladie est zoonotique, donc affectant les animaux et les humains. Le virus létal H5N1 a finalement frappé
le continent africain, avec son apparition dans une ferme commerciale au Nigeria en février 2006, après sa vaste propa-
gation dans les pays d’Asie du Sud-est en 2003, 2004 et en Roumanie et en Turquie en 2005.
Avant l’apparition de l’IAHP au Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique, il y a eu de l’anxiété, du souci et des inquié-
tudes quant à la date d’apparition de la maladie avec ses conséquences négatives. On ne s’attendait pas que le Nigeria
soit le premier pays africain à enregistrer une éruption épizootique d’IAHP. Considérant les routes aériennes interna-
tionales des oiseaux migrateurs, il était supposé que la maladie apparaîtrait pour la première fois en Afrique de l’Est
avec ses grands effectifs de volailles ou au Sénégal avec ses importantes exportations d’oiseaux sauvages.
2. Raisons d’inquiétude de l’influenza aviaire pour l’industrie avicole
Avec l’éruption épizootique de l’IAHP au Nigeria, il est très probable qu’elle puisse facilement se propager rapidement
du Nigeria vers le Ghana pour de nombreuses raisons qui incluent: le mouvement incontrôlé des volailles pour des acti-
vités commerciales, les systèmes intégrés d’élevage, les pratiques socioculturelles associées à l’élevage, les systèmes
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 9
défaillants de surveillance et de quarantaine et les pathologies aviaires ayant des symptômes similaires à ceux de
l’IAHP pouvant compliquer le diagnostic, la libre circulation des personnes et le commerce entre le Nigeria et le Ghana.
En plus du Nigeria, une éruption épizootique de l’IAHP a été enregistrée au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, tous des
pays frontaliers avec le Ghana.
Au Ghana, de nombreuses organisations non-gouvernementales (ONGs) utilisent différentes stratégies dans les projets
de lutte contre la pauvreté au profit des populations humaines pauvres. Une de ces stratégies est le développement de
l’aviculture rurale comme un outil de lutte contre la pauvreté. Avec l’éruption épizootique de l’IAHP, les ONGs qui
utilisent l’aviculture à petite échelle au profit des personnes pauvres ne sont pas disposées à poursuivre ou étendre leurs
activités. Les ONGs en Ghana qui utilisent l’aviculture comme une activité génératrice de revenus sont indiquées dans
le Tableau 1.
Tableau 1. Organisations non-gouvernementales pour le développement de l’aviculture familiale.
No Nom de l’ONG Région d’intervention Type d’aviculture familiale 1 Ricerca and Cooperazione Région de l’Ouest et de
l’Est Elevage à petite échelle de poules pondeuses commerciales
2 Heifer Project Brong Ahafo Volta
Elevage de coquelets et de poules pondeuses
3 Opportunities Industrializa-tion Centre (OIC)
Région du Nord Aviculture rurale
4 Kindness International Est Supérieur Aviculture rurale 5 World Vision, Ghana Est et Est Supérieur Elevage de coquelets 6 Sankofa Foundation Ouest/Est de Dagme Elevage de poules pondeuses 7 German Development Service Région de l’Est Elevage de coquelets 8 Ghana Poultry Network Région de l’Est
Est Supérieur Elevage de poules pondeuses/ coque-lets/volailles rurales
En plus de ces ONGs, Oxfam a fait des propositions pour développer des projets d’aviculture rurale d’un budget d’un
milliard de cedis dans les régions du Nord, Est Supérieur et Ouest Supérieur. Cependant, avec l’éruption épizootique de
l’IA, particulièrement dans les pays frontaliers du Nigeria et du Burkina Faso, il est très probable qu’Oxfam ne soit plus
en mesure de poursuivre ce projet d’aviculture.
3. Economie et impacts sanitaires de l’IAHP sur l’aviculture familiale
Les raisons des grandes inquiétudes suscitées par une éruption épizootique de l’IA en Afrique sont liées à la nature
fragile des économies rurales et des questions de santé publique. Les cheptels avicoles familiaux sont des sources ma-
jeures de revenus journaliers pour la majorité des fermiers ghanéens; et avec les récentes éruptions épizootiques de
l’IAHP, le centre nerveux des moyens ruraux d’existence a été menacé. Avec l’éruption épizootique de l’IAHP au Bur-
kina Faso, les aviculteurs familiaux dans les régions de l’Est Supérieur et de l’Ouest Supérieur du Ghana n’apportent
plus des poulets vivants pour la vente au niveau des marchés à volailles à Kumasi et Accra. Ceci s’explique par le fait
que ces deux régions partagent les mêmes frontières avec le Burkina Faso. Par conséquent, les aviculteurs familiaux ne
gagnent plus un revenu issu de la vente de poulets vivants, jusqu’à ce que l’IA soit déclarée éradiquée au Burkina Faso.
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 10
Le Ghana, comme tout pays africain, fait face aux défis de combattre le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose. Lors
de la manifestation d’une éruption épizootique de l’IAHP dans les cheptels familiaux, le risque de graves complications
est d’une évidente importance en santé publique. Le Ghana est confronté à des effets économiques, bien que la maladie
n’ait pas été enregistrée jusqu’à présent. De tels effets économiques sont liés à la chute des prix des produits avicoles et
du maïs, les principaux ingrédients alimentaires de l’industrie avicole.
4. Stratégie de prévention et contrôle
Depuis l’éruption épizootique de l’IAHP dans des pays asiatiques en 2005, le Gouvernement du Ghana (GdG) a adopté
des stratégies et des mesures de contrôle nécessaires pour prévenir l’introduction de la maladie dans le pays. La princi-
pale stratégie du GdG est un Groupe de Travail contre l’IA (GTIA) conjoint des donateurs/partenaires et des ministères
gouvernementaux.
Le GTIA est composé de la Banque Mondiale, l’Organisation Mondiale de la Santé, de l’Organisation des Nations-
Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, de l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International, du Minis-
tère de la Santé, du Ministère de l’Intérieur, de la Direction des Services Vétérinaires (DSV) du Ministère de
l’Alimentation et de l’Agriculture, et de la Division de la Faune et de la Flore de la Commission des Forêts. Le GTIA se
réunit pour discuter des mesures de contrôle pour prévenir l’introduction de la maladie dans le territoire ghanéen et des
mesures à prendre dans le cas d’une éruption épizootique au Ghana. Il y a le Plan d’Urgence Ghanéen de Préparation
contre la Pandémie de l’IA. Ce qui est surprenant et regrettable pour ce GTIA au Ghana est l’absence de représentation
de la société civile, telle les ONGs ou les associations de producteurs puisqu’ils représentent les acteurs principaux de la
filière.
5. Mise en application des mesures de contrôle
Avec la rapide propagation de l’IA dans des pays asiatiques et européens, le Gouvernement du Ghana a instauré une
interdiction des importations de volailles vivantes et de produits avicoles en provenance des pays infectés. La DSV du
Ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture a mis en application les mesures de contrôle suivantes:
5.1. Plan d’urgence ghanéen de préparation contre la pandémie de l’IA
Ceci est mis en place comme une mesure de contrôle nécessaire à appliquer dans le cas d’une éruption épizootique de
l’IAHP dans le pays.
5.2. Campagne publique de sensibilisation
La DSV a lancé et poursuit une sensibilisation publique sur la maladie à travers le pays en utilisant les radios locales et
les autres supports de communication. Cependant, il est apparu des inquiétudes au niveau des populations humaines à la
suite des informations livrées par certaines stations FM locales qui ont dissuadé la consommation des produits avicoles.
En dehors de la DSV, d’autres structures dans l’industrie avicole ont organisé des campagnes de sensibilisation publi-
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 11
que. La Branche Ghanéenne de la World’s Poultry Science Association (WPSA, ou Association Mondiale des Sciences
de l’Aviculture) a organisé un atelier à l’attention du public sur le thème “La Maladie de la Grippe Aviaire, Questions,
Réponses et Perspectives” en avril 2006. L’Association Ghanéenne de Médecine Vétérinaire et la Direction Régionale
du Ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture dans la Grande Région d’Accra ont également conjointement organi-
sé un atelier similaire à l’attention du public en mars 2006. En avril 2006, l’Association Ghanéenne de Médecine Vété-
rinaire, en organisant la Journée Vétérinaire Mondiale, a organisé un atelier à l’attention du public. Lors de cet atelier,
les sujets qui ont été discutés ont inclus l’“Influenza Aviaire et la Signification de cette Transmission” et l’“Influenza
Aviaire et l’Appui aux Laboratoires”. Tous ces ateliers se sont tenus à Accra, la capitale nationale du Ghana, qui appa-
remment ne se sont pas focalisés sur les besoins et la compréhension des aviculteurs familiaux.
5.3. Production de brochures/posters sur l’IA
La DSV du Ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture a produit et distribué des posters didactiques sur l’IAHP.
Ces posters sont placés au niveau de tous les endroits publics, les fermes, les bureaux et dans les communautés rurales.
En dehors des posters, des brochures colorées sont produites et distribuées aux producteurs.
5.4. Systèmes de surveillance
La DSV fournit un cadre principal pour la surveillance de l’IAHP au niveau des points frontaliers d’entrées dans le pays
et au niveau des relais pour des oiseaux sauvages. Les Services Ghanéens de Police et d’Immigration soutiennent les
efforts de la DSV au niveau de ces points. D’autres systèmes de surveillance sont mis en œuvre par les Services Gha-
néens de la Régie des Douanes et de la Prévention, les Ports du Ghana et les Autorités Portuaires, qui sont positionnés
dans les aéroports et dans les ports maritimes du Ghana.
5.5. Formation du personnel de la DSV
La DSV du Ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture a organisé un certain nombre d’ateliers de formation pour
son personnel sur l’identification de la maladie et les mesures de contrôle de l’IAHP. Comme partie d’un système de
fourniture de soins primaires de santé animale, la DSV a formé des Travailleurs Communautaires en Santé Animale
(TCSA) dans beaucoup de communautés rurales. Cependant, ces TCSA n’ont pas spécialement été formés et intégrés
dans la prévention et le contrôle de l’IAHP, même si ceux-ci sont en contact direct avec les ménages où l’aviculture
familiale est pratiquée.
6. Difficultés associées à la prévention et au contrôle de l’IA
Au Ghana, les principales difficultés associées à la prévention et au contrôle de l’IAHP sont:
6.1. Systèmes de marchés de volailles vivantes
Les marchés de volailles vivantes sont localisés dans les communautés rurales de même que dans les centres urbains.
Les ménages où l’aviculture familiale est pratiquée amènent leurs volailles vivantes au niveau de ces marchés pendant
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 12
certains jours de la semaine. Les pondeuses réformées et les poulets de chair sont vendus au niveau des marchés de
volailles vivantes des centres urbains, tels ceux d’Accra et de Kumasi.
6.2. Pratiques socioculturelles
L’utilisation des volailles à des fins culturelles et mystiques fait partie de la vie de beaucoup de Ghanéens. Les volailles
pourraient être facilement utilisées à de telles fins, ce qui permettrait d’échapper aux systèmes les plus sophistiqués de
surveillance et de quarantaine. A titre d’exemple, je relaterai que, voyageant par autobus d’Accra à Obodan, ( 55 kilo-
mètres ) une féticheuse est sortie de l’autobus peu avant Obodan avec un poulet qu’elle avait enfermé dans un sac en
polystyrène. Je fus très surpris car nous avions voyagé côte à côte,sans que je me sois aperçu de son manège. Ce cas
met en exergue les difficultés associées à la mise en application d’une mesure de quarantaine dans une zone où il y a
une éruption épizootique de la maladie.
6.3. Elevage en divagation
L’élevage en divagation de poulets villageois est une partie du système d’exploitation au Ghana. Dans les communautés
rurales, les volailles d’un ménage se mélangent librement à celles d’un autre ménage ou même de différentes commu-
nautés. Cette situation crée un problème relatif aux mesures de contrôle de la maladie.
6.4. Maladie de Newcastle
La maladie de Newcastle (MN) est endémique en aviculture familiale au Ghana. Des éruptions épizootiques sont nor-
malement enregistrées de novembre à décembre de chaque année, mais elles pourraient se produire à tout moment.
Etant donné que les symptômes de la MN sont semblables ceux de l’IA, les petits aviculteurs pourraient ne pas la rap-
porter. Ceci s’explique par le fait que beaucoup d’aviculteurs familiaux vivent avec la MN et verront une éruption épi-
zootique de l’IAHP comme une apparition habituelle de la MN et ne rapporteront pas l’éruption épizootique. Il est tou-
tefois impératif que les petits aviculteurs rapportent toute éruption épizootique de l’IAHP en aviculture familiale. Le
personnel vétérinaire du gouvernement encourage activement l’utilisation du vaccin I-2 dans le contrôle de la MN
comme une politique majeure pour le développement de l’aviculture familiale. En outre, Heifer Project International
forme régulièrement les fermiers pour leur permettre d’administrer le vaccin I-2 pour protéger les volailles villageoises
contre la MN.
7. Programme de surveillance de l’IA en aviculture familiale
Une mesure critique de contrôle de l’IAHP en aviculture familiale est offerte par une surveillance active, permanente et
réfléchie. La DSV a formé son personnel afin de lui permettre de conduire une surveillance au niveau des systèmes
commerciaux et familiaux d’aviculture ainsi que chez les oiseaux sauvages à travers le pays.
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 13
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Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 14
RAPPORT DE R&D No 3:
Influenza aviaire et la santé des poulets au Maroc T. HASSOUNI*, A. HARCH-RASS et D. BELGHYTI
Université Ibn Tofail, Faculté de Sciences Kenitra, Laboratoire de Parasitologie et d’Hydrobiologie, B.P. 133, CP
14000, Kenitra, Maroc
*Auteur pour correspondance: <[email protected]>
Soumis pour publication 26 avril 2006; reçu sous une forme révisée 14 mai 2006; accepté 21 mai 2006
Résumé La grippe aviaire (AI) est une maladie respiratoire de la volaille causée par le virus de type A, Il fait partie de la fa-
mille des Orthomyxoviridae. La maladie est d’une importance socio-économique dans le monde entier. Les oiseaux
aquatiques sont les réservoirs de tous les sous-types du virus. Le Maroc est situé sur l’itinéraire des oiseaux migra-
teurs provenant de l’Europe du Nord et Occidentale. Donc, le risque zéro n’existe pas. Ce qui pousse les autorités
marocaines à installer un programme national d’immunisation efficace permettant au pays de prendre des mesures
plus actives pour le contrôle de cette menace.
Mots clés: influenza aviaire; aviculture familiale; oiseaux migrateurs
Introduction
L’aviculture nationale a connu au cours des vingt cinq dernières années un essor considérable. Ainsi, la production de
viande de volailles est passée de 29.000 tonnes métriques (TM) en 1970 à 230.000 TM en 1997 enregistrant un taux de
progression moyen annuel de 8%. Dans l’ensemble, la production de viande blanche au Maroc contribue actuellement à
plus de 40% dans la consommation totale de viande (Direction de l’Elevage, Ministère de l’Agriculture, du Dévelop-
pement Rural et des Pêches Maritimes, 2003). Parallèlement, des œufs sont également produits.
Selon l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO, 2004), le secteur avicole est divisé
en quatre sous-secteurs:
- Un système industriel de production avec un niveau de biosécurité très élevé dans lequel les volailles et les pro-
duits avicoles sont offerts en grandes quantités sur le marché;
- Un système commercial de production avec un niveau de biosécurité moyen à élevé;
- Un système commercial de production avec un niveau minimal de biosécurité;
- L’élevage de basse-cour avec un niveau minimal de biosécurité et où les produits avicoles sont consommés loca-
lement.
Au Maroc, l’aviculture familiale joue un rôle socio-économique très important, malgré le manque d’investissement dû
fait que la production est essentiellement traditionnelle. En ce qui concerne l’habitat, les animaux sont laissés en divaga-
tion, et, la plupart du temps les poulets sont libres et trouvent dans le milieu environnant de quoi se nourrir. Ces diffé-
rents facteurs peuvent expliquer la faible productivité et les taux élevés de mortalité. En effet, le cheptel marocain paye
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 15
un lourd tribut aux maladies infectieuses et parasitaires qui déciment les élevages (Kichou et al., 2001; Hassouni et
Belghyti, 2005; 2006).
Depuis les toutes dernières années, la souche H5N1 de la grippe aviaire représente une maladie émergente et virulente
qui constitue une menace à la salubrité et à la sécurité de la communauté mondiale. Elle est actuellement, en premier
lieu la cause d’une maladie animale qui a déjà eu des conséquences sociales et économiques désastreuses dans les pays
affectés, mettant en danger la santé des fermiers et perturbant l’économie nationale et internationale. Actuellement
l’épidémie d’influenza aviaire touche plusieurs pays. La situation ne semble pas encore être sous contrôle et on décou-
vre régulièrement de nouveaux foyers d’infections dans les élevages ou dans des régions qui n’ont pas encore connu ce
virus. Aussi le contrôle de la maladie c’est-à-dire des animaux, est-il considéré comme la manière la plus efficace
d’empêcher une pandémie humaine.
Malgré sa situation géographique, l’importance de ses échanges internationaux, de la forte densité de sa population et de
ses caractéristiques écologiques, le Maroc présente tous les facteurs favorables à l’introduction et la circulation de ce
virus. La présente étude a été entreprise pour décrire l’épidémiologie, la situation de H5N1 dans l’aviculture familiale et
les méthodes préventives primaires. Au Maroc, les autorités assurent qu’il n’y a aucune trace du virus H5N1 de
l’influenza aviaire (Ministère de l’Agriculture, du Développement Rural et des Pêches Maritimes, 2005).
Épidémiologie de la grippe aviaire
Le H5N1 désigne des types du virus grippal dont certains sont hautement pathogènes, responsables de la grippe aviaire.
Il fait partie des Orthomyxoviridae, genre Influenza virus de type A. Le nom H5N1 fait référence à deux sous-types
d’antigènes présents à la surface du virus: l’hémagglutinine de type 5, et la neuraminidase de type 1. Chez les oiseaux, il
existe 16 sous-types de virus grippaux pour l’hémagglutinine, mais seuls les sous-types H5 et H7 sont réputés haute-
ment pathogènes chez les oiseaux.
Des virus de la grippe aviaire ont été isolés chez de nombreuses espèces animales comprenant l’Homme, le porc et les
oiseaux. La mortalité est très élevée pour les oiseaux et présente un risque croissant d’humanisation par mutation pour
des populations soit exposées professionnellement soit vivant de façon intime avec des oiseaux (OMS, 2005; Alice et
Edler, 2006).
Le H5N1 HP (hautement pathogène) est très contagieux chez les oiseaux et provoque des symptômes très sévères, sou-
vent fatals, avec une différence de sensibilité selon l’espèce d’oiseau concernée. L’estimation de son impact change
considérablement, selon les conditions de promiscuité dans les fermes et marchés animaux (FAO, 2004).
Quelle est la situation de l’influenza aviaire au Gharb du Maroc?
Les lacs Sidi Boughaba, Merja Zerga et Merja de Fouarat, constituent des réserves biologiques, qui abritent une popula-
tion considérable d’oiseaux migrateurs. La presque totalité des oiseaux migrateurs transitant par le Maroc ont été obser-
vés à Sidi Boughaba. Selon Harch-Rass (2004) et Harch-Rass et al. (2004), 87.393 oiseaux ont fait une escale au Maroc
dont certains sont en cours de disparition. En outre, les oiseaux migrateurs étant parmi les nombreux porteurs possibles
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 16
du virus H5N1, cela explique l’extension actuelle des régions du monde atteintes (Jennifer et al., 2004).
En 2002, une nouvelle émergence de grippe aviaire H5N1 a fait surface chez les oiseaux migrateurs sauvages et oiseaux
aquatiques, y compris les canards (Sturm-Ramirez et al., 2004). Au cours de ces dernières années, il est devenu de plus
en plus évident qu’un réservoir important du virus de la grippe aviaire existe chez des espèces aviaires domestiques et
sauvages, en particulier les canards. En 1978, au Canada, des études sur les canards migrateurs ont prouvé que 50% de
ces oiseaux ont été atteints des virus de la grippe (Hinshaw et al., 1980).
Les plus grandes craintes concernant l’Afrique sont les points d’entrée des oiseaux migrateurs à savoir:
- Le détroit de Gibraltar: Par ce couloir les oiseaux entrent au Maroc avant d’atteindre l’Afrique occidentale.
- Le canal de Malta: Par ce canal les oiseaux entrent en Tunisie avant d’atteindre l’Algérie, la Libye et le Tchad;
- La méditerranée orientale de Bab el Mandab: Par ce canal les oiseaux entrent par Djibouti pour atteindre l’Ethiopie
en Afrique de l’Est;
- Le fleuve de Jordanie à la vallée du Nil: Par ce couloir les oiseaux entrent en l’Egypte et puis volent vers le Sou-
dan, l’Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, le Malawi, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud.
Surveillance de la grippe aviaire (H5N1)
Le Maroc figure aussi dans la carte où transitent les oiseaux migrateurs. Plusieurs espèces d’oiseaux fuient le froid gla-
cial de la période hivernale en Europe du Nord et en Russie et viennent trouver refuge en Afrique du Nord. Les métho-
des de prévention pour empêcher l’introduction de la pandémie au Maroc ciblent le plus souvent les oiseaux migra-
teurs, l’importation de la volaille et des produits avicoles à partir des pays infectés. Depuis 2003, le Maroc a interdit
l’importation de la volaille de tous les pays qui ont été déclarés infectés par le virus H5N1. Par la suite, il a été imposé
une interdiction d’importation des produits à base de poulets. De façon similaire, l’office international des épizooties
(2004) a recommandé l’interdiction de la commercialisation des produits avicoles venant des zones ou des pays infec-
té€s par l’influenza aviaire (hautement pathogène).
Conclusion
Les oiseaux représentent un réservoir zoonotique pour des virus et leur biologie. Les migrations en particulier ont un
impact direct sur la circulation virale globale. Chez les oiseaux, il existe un immense réservoir de différents types de
souches et de variantes du virus de l’influenza A. Ce virus est apparu chez les poulets. Sa présence avait été signalée
chez des êtres humains. Aujourd’hui le problème réel dépasse l’industrie avicole. En outre, l’émergence pandémique
pourrait survenir dans plusieurs pays du monde. Au Maroc très peu est connu sur le virus grippal. Des recherches ulté-
rieures devraient inclure davantage l’étude de l’impact des conditions saisonnières, de la santé et de l’importance éco-
nomique de la grippe aviaire.
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Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 18
RAPPORT DE R&D No 4:
Analyse des systèmes villageois pour orienter la stratégie de lutte contre la
grippe aviaire en aviculture rurale au Niger A. FINZI1, E. GUERNE BLEICH2* et Z. RHISSA3
1 Consultant de la FAO, Centre Expérimentale d’Elevage du Lapin. Université de la Tuscia, Viterbo, Italie 2 Service de Production Animale, FAO, Rome, Italie 3 Bureau Régional de la FAO en Afrique de l’Ouest, Accra, Ghana
* Adresse pour correspondance: <[email protected]>
Soumis pour publication 4 mai 2006; reçu sous une forme révisée 14 mai 2006; accepté 15 mai 2006
Introduction
Le virus H5N1 de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) a été introduit en Afrique au début de l’année 2006
au Nigéria, et continue de se propager à travers toute l’Afrique Occidentale. L’élevage villageois, dans ces régions pau-
vres aux conditions socio-économiques et culturelles spécifiques, manque souvent de service d’appui technique de
proximité.
Afin d’obtenir des éléments pouvant permettre de juger d’une ligne d’action mieux adaptée au contexte local dans la
lutte contre les foyers de grippe aviaire en aviculture rurale, nous avons mené une analyse de la situation de la maladie
au niveau du pays et des villages concernés ainsi qu’à la lumière de quelques observations à l’échelle mondiale. La
possibilité de vaccination des élevages avicoles en milieu rural a été discutée.
Description de la situation
a – Pour ce qui concerne la situation mondiale, on observe que:
1. La situation épidémiologique de l’IAHP est très complexe étant donné que certains éléments intervenant dans la
transmission de la maladie ne sont connus que partiellement;
2. Chaque pays fait face à des réalités différentes, à cause soit des espèces aviaires rencontrées, soit des systèmes
d’élevage qui varient de quelques groupes mixtes d’oiseaux d’espèces différentes en divagation, aux grandes uni-
tés monospécifiques industrialisées et confinées, soit encore de la situation agro-écologique qui peut influencer le
comportement du virus et le cours de la maladie;
3. L’infection a été principalement diagnostiquée en Europe occidentale chez les oiseaux migrateurs. Les palmipèdes
(domestiques, sauvages et migrateurs) sont fréquemment responsables de la dissémination de la maladie sur de
grandes distances (FAO, 2004; 2006).On a observé par exemple que les Ansériformes sont fréquemment des por-
teurs sains. Un oiseau contaminé avant son départ en migration peut voler pendant la période d’incubation du virus
et diffuser la maladie à son arrivée. On a aussi observé que le virus survit mieux dans l’eau et que l’eau elle-même
peut véhiculer le virus;
4. L’abattage n’a pas d’impact sur l’introduction ou la réintroduction du virus alors que la vaccination permet
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d’éliminer temporairement ou de diminuer la présence du virus dans la zone infectée et d’empêcher la diffusion à
partir du foyer de l’infection;
5. De nouveaux cas de mortalité d’oiseaux domestiques ou sauvages sont amenés continuellement pour analyse et
confirmés HPAI positifs, ce qui rend la lutte et le contrôle de la maladie extrêmement difficile;
6. En Afrique les mortalités chez la volaille ne sont pas toujours déclarées. Si un poulet meurt en brousse, on en re-
cherche rarement la cause. Il est également peu probable que les villageois le signalent aux services vétérinaires et
que les investigations épidémiologiques et les analyses de laboratoire soient initiées en temps opportun. Le délai
pour un diagnostic est long et l’intervention la mieux appropriée ne pourrait vraisemblablement être assez rapide
(FAO, 2006) pour empêcher la diffusion de la maladie;
7. La vaccination, au même titre que l’abattage ou en combinaison avec celui-ci, peut être envisagée comme moyen
de prévention et de contrôle;
8. Là où la vaccination a été bien conduite, les résultats sont positifs, comme au Vietnam où le nombre de cas a été
significativement réduit depuis l’introduction de la vaccination massive;
9. Cependant dans les pays où les capacités des services vétérinaires sont limitées, l’abattage et la vaccination peu-
vent rencontrer des contraintes pouvant compromettre la réussite de ces opérations.
b – Au niveau du Niger:
1. On a identifié le virus chez deux canards domestiques (OIE, 2006) dans la localité de Magaria, tout près de la fron-
tière Nigériane où des cas de fortes mortalités avaient été répertoriés;
2. Il est donc possible que la maladie soit arrivée au Niger par l’intermédiaire des oiseaux migrateurs mais aussi
éventuellement par le commerce/mouvement d’animaux. Le contact indirect par les véhicules ou autre matériel
contaminé pourrait également être incriminé;
3. Dans les zones agricoles du Niger, le grand fleuve et beaucoup de zones humides permettent aux oiseaux migra-
teurs de s’arrêter;
4. Le virus H5N1 supporte mal les températures variant de 35 à 40 degrés Celsius (tels qu’enregistrées pendant la
période de rédaction du rapport en avril 2006). Toutefois, les espaces humides et le fleuve Niger présentent au
maximum des températures de 18-21 degrés Celsius;
5. Depuis les deux cas de canards infectés et confirmés de H5N1, le 27 février 2006, toutes les autres analyses sont
restées négatives;
6. Pour développer un plan d’intervention, l’hypothèse est de considérer la grippe aviaire comme désormais présente
dans le pays.
c. – Au niveau des villages nigériens:
1. Se rencontrent quatre espèces de volaille: poulets, pintades, pigeons et canards de Barbarie, toutes susceptibles au
virus HPAI;
2. Les oiseaux divaguent librement et ne sont pas enfermés pendant le jour; ils le sont plus fréquemment pendant la
nuit quoique les poulaillers soient rares et que les pintades dorment en brousse;
3. Heureusement les villages sont fréquemment très éloignés les uns des autres et la transmission directe du virus en-
tre élevages est peu probable. Il faut néanmoins considérer les pigeons qui peuvent voler sur de longues distances
à la recherche d’aliment (Figure 1) et les canards en présence d’eau (le canard de Barbarie est l’unique canard au
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niveau rural qui s’adapte aussi bien dans des régions très sèches) comme des espèces de volaille à risque en terme
de propagation de la maladie;
4. Cependant les risques de contamination indirecte restent élevés puisque les oiseaux en divagation peuvent facile-
ment entrer en contact, soit avec des personnes soit avec des moyens de transport (véhicules, mammifères comme
les ânes et les chameaux). Les oiseaux migrateurs, même en vol, pourraient diffuser le virus avec les fèces. Les
hyènes et les oiseaux charognards qui se nourrissent d’oiseaux morts et contaminés peuvent aussi diffuser le virus
lors de leurs déplacements en se déplaçant après leurs repas. Les cours d’eau, dans lesquels le virus survit le
mieux, peuvent aussi véhiculer le virus loin du lieu de la première contamination du moins si la température est
restée assez basse;
5. Ces nombreux facteurs peuvent favoriser la re-contamination relativement peu de temps après l’abattage et la dé-
sinfection des lieux (FAO, 2004) si le virus continue à circuler dans les élevages;
6. L’abattage de la volaille contaminée présente beaucoup de problèmes dans le milieu rural africain et ne peut être
effectué comme dans les pays industrialisés. L’analyse sur le terrain révèle que l’abattage ne sera pas accepté faci-
lement par les villageois. Or, la collaboration de ces derniers est indispensable pour la réussite de telles opérations.
Si les producteurs ne collaborent pas, ils trouveront le moyen de disperser les oiseaux dans la brousse tôt dans la
journée pour compliquer la tâche des équipes d’abattage. Pendant les discussions, la possibilité de réaction vio-
lente de la part des populations a été soulevée, puisque la volaille représente un moyen de survie et d’économie
importante des ménages dans les villages et souvent l’unique source de disponibilité monétaire;
Figure 1: Le pigeon (l’oiseau blanc à droite, vu avec les pintades) peuvent transférer la grippe aux autres
espèces car leurs déplacements s’effectuent sur de grandes distances.
7. Tous ces facteurs rendent la pratique de l’abattage techniquement et socialement très difficile et crée un impact
économique très négatif pour l’éleveur si une stratégie de compensation n’est pas effective (ce qui est aussi très
difficile à mettre en place en milieu villageois);
8. La vaccination présente malheureusement d’autres contraintes liées aux exigences techniques et logistiques impor-
tantes et aux capacités limitées des services vétérinaires à couvrir de grands territoires;
9. La diffusion du vaccin en milieu rural et sa conservation pendant la campagne de vaccination ne sont pas faciles à
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assurer pour garantir une qualité de l’intervention;
10. Dans le cadre de la mise en œuvre du projet de Coopération décentralisée italienne: GCP/NER/044/ITA qui a
permis d’acheter un nombre important de volaille sous forme de crédit, il est envisagé de vacciner toute la volaille
des unités de production, afin de protéger l’investissement des producteurs;
11. Il est important d’obtenir l’appui des autorités locales, à savoir les maires, et/ou les chefs de villages pour appuyer
la sensibilisation des villageois aux risques et aux moyens de lutte contre le HPAI;
12. Il convient également d’étudier les facteurs socioculturels qui peuvent constituer des contraintes majeures pour la
mise en place des activités au sein d’un projet. Par exemple, il a été observé des difficultés dans le choix des béné-
ficiaires par les collectivités rurales. Une stratégie doit donc garantir le consensus et la coopération des collectivi-
tés;
13. Il faut considérer aussi le prestige et le pouvoir des médecins traditionnels, qui ne doivent pas s’opposer à la stra-
tégie mise en place, avec un risque important de faillite du projet. Il faut gagner leur confiance et leur appui tout en
respectant la culture autochtone;
14. Si la vaccination devient une part de la stratégie de lutte contre la grippe aviaire au Niger, il faudrait que la
vaccination soit alors un outil utilisé par le projet. La vaccination ne devrait pas être limitée aux sujets fournis par
le projet mais être généralisée à toutes les volailles villagoises concernés par le projet. Tous les vétérinaires,
publics comme privés, doivent être impliqués dans le processus de vaccination et, si possible, employés pour
soutenir les interventions envisagées;
15. Toutes les espèces aviaires domestiques doivent être considérées pour la vaccination stratégique envisagée (FAO,
2004);
16. Les différentes espèces de volaille ne sont pas exposées à la contamination de la même façon et présentent
chacune des risques différents; les pigeons peuvent voler très loin pour se nourrir, les canards peuvent être en
contact avec les oiseaux migrateurs, les pintades divaguent beaucoup plus loin que les poulets, et ces derniers s’ils
s’éloignent moins, peuvent être contaminés par d’autres oiseaux ou par voie indirecte par des personnes et des
véhicules circulant dans les villages;
17. Les impacts psychologiques doivent être considérés avec attention. La protection des volailles par la vaccination
aura un effet rassurant sur les consommateurs et positif sur le commerce, tandis que l’abattage aurait un effet
contraire et, probablement durable;
18. Certains effets psychologiques ont été discutés; le risque de mauvaises interprétations de la part des villageois est
grand en milieu rural. Par exemple, dans un village ou la vaccination a eu lieu, si les animaux qui ne sont pas vac-
cinés tombent malades, il est facile que la population accuse la vaccination comme responsable de l’introduction
de la maladie dans le village. Mais aussi par exemple, si seulement les oiseaux non vaccinés d’autres villages tom-
bent malades, alors là on aurait la preuve de l’effet protecteur du vaccin et cela pourrait favoriser ensuite le déve-
loppement de l’action des vétérinaires grâce au bienfait de la vaccination;
19. Il est recommandé d’organiser la vaccination contre la grippe aviaire en même temps que celle contre la maladie
de Newcastle. Pratiquement les coûts seraient identiques à une prophylaxie vaccinale unique;
20. Il faut aussi recommander la distribution de publications spécifiques pour diffuser des informations de bases dans
les villages sous forme d’un petit guide pratique pour la « Prévention et contrôle de la grippe aviaire dans les petits
élevages de volaille », simple et bien illustré; comme celui qui a été fait pour le Vietnam et diffusé par la FAO. Il
pourrait être adapté au contexte africain et traduit en langues locales;
21. Le choix du vaccin doit répondre aux recommandations de l’OIE; il s’agira d’un vaccin de qualité, adapté aux
conditions de terrain utilisé en respectant rigoureusement les normes de conservation. Une stratégie de suivi de la
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vaccination doit également être mise en place;
22. Il est très important de fournir des informations qui soient fiables et vérifiables dans le cadre d’une bonne stratégie
de communication afin de couper court aux rumeurs qui entretiennent la psychose face aux produits avicoles afin
de limiter les impacts économiques, sociaux et culturels qui sont en général plus néfastes que la maladie elle-
même;
23. Il faut enfin encourager les populations locales à utiliser d’autres alternatives pour diversifier leurs systèmes de
production en fonction des potentialités qui existent localement. Par exemple l’élevage du lapin pourrait être une
alternative intéressante dans certaines zones en attendant l’assainissement des milieux infectés afin de ne pas lais-
ser les populations sans perspectives aucune. Proposer des alternatives fait également partie des programmes de
lutte contre l’influenza aviaire.
Conclusion
L’analyse des systèmes de production sur le terrain permet de mieux évaluer les interactions des nombreux facteurs qui
agissent, soit sur les réseaux des intervenants soit sur les probabilités d’infection de l’IAHP. Il est aussi important de
considérer les différentes espèces de volaille présentes dans les villages, et les facteurs socio-économiques et culturels
qui peuvent favoriser ou empêcher l’action de prévention et de contrôle envisagée.
Naturellement tous ces facteurs évoluent dans le temps et il est impossible de déterminer la direction et l’importance
qu’ils peuvent prendre. De nouveaux facteurs peuvent également surgir; un suivi continu et des remises en question
périodiques s’avèrent ainsi nécessaires. Mais il est certain que l’analyse des systèmes est un moyen puissant pour plani-
fier l’action la plus efficace contre la diffusion de la grippe aviaire dans le milieu considéré (FAO, 2003).
Références bibliographiques
FAO (2003) Prevention and Control of the Avian Flu in the Small Poultry Farms. Hanoi, 2003.
FAO (2004) Special Issue: Avian Influenza. EMPRES, No. 25, 2004.
FAO (2006) Update on the Avian Influenza situation (as of 23/01/2006). FAOAIDENews, Issue No. 39.
OIE (2006) Website: www.who.int/en (consulted in February 2006).
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RAPPORT DE R&D No 5:
Enjeux économiques de l’influenza aviaire sur la filière avicole sénégalaise E.H. TRAORÉ*, C. SALL, A.A. FALL et P. FAYE
CRA / ISRA, B.P. 240, Saint-Louis, Sénégal
* Adresse pour correspondance: <[email protected]>
Soumis pour publication 23 mai 2006; reçu sous une forme révisée 24 mai 2006; accepté 30 mai 2006
Résumé L’aviculture, pratiquée depuis fort longtemps au Sénégal, selon le mode traditionnel avec l’élevage de sujets locaux
ou depuis près d’un demi-siècle par l’introduction de races de volailles exotiques, constitue aujourd’hui un secteur
porteur de croissance surtout en milieu urbain et périurbain. Son apport socio-économique (lutte contre la malnutri-
tion et la pauvreté) en milieu rural, n’est plus à démontrer. En effet, le système d’aviculture dite moderne, emploie de
façon directe plus de dix mille personnes et procure à l’économie nationale un chiffre d’affaire annuel de près de 40
milliards. Le secteur avicole rural, avec un effectif estimé à plus de 15 millions d’animaux, constitue sans doute
l’activité agricole la mieux répartie dans le pays. L’influenza aviaire, qui représente actuellement une préoccupation
mondiale, se révèle être un frein majeur à la progression d’une filière aussi dynamique. Les conséquences socio-
économiques d’une pandémie grippale au Sénégal seraient considérables. C’est pourquoi tous les acteurs de la filière
avicole doivent se mobiliser pour protéger le pays de ce fléau ou à défaut, maîtriser son impact pour en réduire les
conséquences.
Mots clés: aviculture périurbaine; urbaine et rurale; pauvreté; malnutrition; influenza aviaire; socio-économie
Introduction
L’élevage du poulet (Gallus domesticus, descendant de G. ferrugineus) est une pratique voire un mode de vie dont
l’importance socio-économique a amené les pouvoirs publics au Sénégal à réfléchir précocement (au lendemain des
indépendances) afin d’identifier les voies et moyens pour développer cette activité. A cet effet, le Centre National de
l’Aviculture (CNA) de Mbao fut créé en 1962 pour promouvoir et développer l’aviculture dans toutes ses spéculations
(production intensive, semi intensive à extensive ou villageoise) sur l’ensemble du territoire. Cependant, le CNA s’est
presque exclusivement intéressé à l’aviculture urbaine et périurbaine (plus ou moins moderne autour de Dakar et de
quelques autres grandes agglomérations) qui exploite des souches exotiques importées essentiellement d’Europe.
L’activité avicole menée en milieu rural avec des volailles locales rustiques, adaptées au milieu mais peu productives, a
pratiquement été délaissée. De nos jours cependant, les pouvoirs publics ont décidé de s’intéresser au développement de
l’aviculture familiale ou villageoise. La filière avicole sénégalaise peut ainsi être divisée en deux sous-filières ou systè-
mes d’élevage, à savoir le système intensif (ou semi-intensif) et le système villageois (familial ou rural).
Le système dit intensif, qui représente actuellement un chiffre d’affaire annuel de près de 30 milliards de FCFA (60
millions de dollars des E.-U.), assure plus d’une dizaine de milliers d’emplois permanents. L’aviculture villageoise,
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 24
pour ce qui la concerne, reste un moyen efficace de lutte contre la pauvreté. Tout événement qui freine ou entrave le
dynamisme de la filière avicole peut entraîner une désorganisation socioéconomique profonde au Sénégal car les acteurs
économiques qui interviennent sur la filière sont nombreux. Les mesures de prévention prises au niveau national pour
lutter contre l’influenza aviaire ont entraîné une psychose qui peut expliquer les conséquences sociales et économiques
d’une telle épizootie au Sénégal.
Matériel et méthode
Les résultats du présent travail ont été obtenus grâce à un suivi permanent de la filière avicole depuis 1996. Ce suivi
s’est effectué sous forme d’un encadrement des élevages avicoles, d’une participation aux séances de formation des
acteurs de la filière et d’une participation à divers fora et rencontres sur la filière. Les informations obtenues ont été
complétées par les résultats des travaux et missions de consultance que nous avons effectuées sur la filière avicole de-
puis 2001, à travers divers projets financés par la FAO (TCP Sen 0065/D et 2904/D) relative à l’«Amélioration de la
production avicole en élevage familial traditionnel à travers une meilleure gestion des contraintes de production et de
santé animales » et par la Banque Mondiale (PDMAS / Sen-Ingenierie Consult) sur les «Chaînes d’approvisionnement
en poulet de chair ». Ainsi, un certain nombre de données ont été collectées à partir d’enquêtes ou d’interviews semi-
structurées (ISS). Ces données ont été saisies sous ACCESS et les analyses ont été faites avec le logiciel EXCEL.
Résultats et discussion
Aviculture moderne, un secteur porteur de croissance
Cette activité qui concerne l’élevage (intensif ou semi intensif) de races exotiques de volailles dans des conditions ac-
ceptables, enregistre de bonnes performances comparables, chez certains éleveurs, à celles obtenues dans les pays déve-
loppés à climat tempéré: (i) un poids moyen de 1,5 à 2 kg en 45 jours d’élevage pour les poulets de chair et (ii) une
ponte annuelle qui varie entre 260 et 280 œufs par poule et par année de ponte. Cette production d’œufs de consomma-
tion par l’aviculture moderne, qui assure une part importante de la consommation d’œufs au Sénégal, est estimée à
environ 20 à 25 œufs par habitant et par an; ce qui est cependant très loin de la consommation des pays développés
comme le Japon où l’on consomme l’équivalent d’un œuf quotidiennement, ou en France où chaque habitant consomme
l’équivalent de la ponte d’une poule dans l’année, soit environ 280 œufs. Certes, il existe beaucoup d’élevages amateurs
qui ne respectent pas ou qui sont dans l’incapacité de respecter les normes de ce type d’élevage et qui sont loin des
productions citées ci-dessus.
Le secteur utilise et valorise des sous produits de l’agro industrie, importe certains intrants tels que le maïs, les acides
aminés et les compléments minéraux vitaminés. Les protéines animales utilisées pour la fabrication d’aliments provien-
nent essentiellement de la farine de poisson, produite localement. En effet, il existe des unités industrielles et des éta-
blissements de vente de matériels avicoles qui fournissent des aliments concentrés et couvrent la majorité de la demande
en poussins d’un jour et en matériels produits nécessaires en aviculture (Diagne, 2004).
La production de poussins d’un jour a connu un progrès important, réduisant la part importée à 5%. Selon le CNA, le
Sénégal pourrait même être autosuffisant en poussins d’un jour et en exporter dans la sous-région si les couvoirs tour-
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naient à pleine capacité. Toutefois, la majorité des œufs à couver (OAC) est importée. La Figure 1 donne l’évolution de
la production de poussins d’un jour au Sénégal au cours des quinze dernières années.
020
406080
100120
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
Années
% p
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ctio
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ussi
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Figure 1: Proportion des besoins nationaux en poussins produits localement de 1990 à 2004
(données CNA/DIREL).
Ce système d’élevage est le plus souvent pratiqué par des salariés, des personnes des professions libérales ou exerçant
dans le secteur tertiaire, qui engagent des fermiers pour s’occuper de la gestion de leurs exploitations. Il existe cepen-
dant une tendance à la professionnalisation, c’est-à-dire que se développe aujourd’hui une catégorie de personnes qui se
forment et se consacrent entièrement aux activités avicoles intensives. Ce secteur avicole urbain et périurbain, qualifié
de moderne ou semi-intensif, ne représente néanmoins que 20% des effectifs de volailles élevées, soit en moyenne pour
les dix dernières années 4,5 millions à 5 millions de poulets de chair produits annuellement et un troupeau de 800.000 à
1.200.000 de poules pondeuses. Le sous-secteur occupe en temps partiel ou permanent, plus de 10.000 personnes et
représente un investissement sur fonds propres de plus de 20 milliards de FCFA avec un chiffre d’affaires proche de 30
milliards FCFA (Anonyme, 1999) [1 dollar des E.-U. = 550 FCFA]. En 2005, ont été produits 5.301.940 poulets de
chair et 1.605.700 poules ont entamé leur cycle de ponte. Le chiffre d’affaire réalisé par la vente des aliments de volaille
a presque quadruplé en quinze ans, passant de 4,4 milliards en 1992 à 16,78 milliards FCFA en 2005 dont 7 milliards
dépensés pour l’achat de maïs (Figure 2). Le montant de la vente de viande de volaille s’est élevé à 13,8 milliards
FCFA et celle des œufs de consommation a rapporté environ 17,4 milliards FCFA (CNA/DIREL, Stat. Avic. Indust.,
2004 et 2005).
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0
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1992 1996 2000 2004
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Figure 2: Evolution du chiffre d’affaire des aliments de volaille (données CNA/DIREL).
L’activité bénéficie également d’un bon encadrement sanitaire et zootechnique grâce à l’appui du CNA et de techni-
ciens privés (docteurs vétérinaires, zootechniciens, ingénieurs des travaux, agents techniques, etc.), qui interviennent de
façon individuelle ou regroupée au sein d’associations comme le COTAVI (Collectif des Techniciens de l’Aviculture).
Néanmoins, la filière est occupée par des acteurs (Figure 3) plus ou moins isolés, qui ont cependant toujours tenté de
s’organiser, le plus souvent à la suite d’une crise aiguë, comme actuellement avec la menace de l’influenza aviaire.
Accouveurs: production et
vente de poussins
Assistance technique et
médecine vétérinaire
Provendiers: production et vente
d’aliments, vente de matériels avicoles
Aviculteurs amateurs Aviculteurs moyens Grands aviculteurs
Vendeurs: éleveurs,
banabanas, etc.
Vendeurs: éleveurs,
banabanas, etc.
Vendeurs: éleveurs,
banabanas, etc.
Figure 3: Relation entre différents acteurs de la filière avicole.
Aviculture villageoise, une activité socioéconomique
L’aviculture en milieu villageois est une activité ancienne et traditionnelle pratiquée par toutes les ethnies et toutes les
couches sociales, à travers tout le pays (Tableau 1). Elle nécessite peu de moyens et consiste dans l’élevage du poulet
local de petite taille, très rustique, à la chair bien appréciée, d’un poids moyen adulte à 6 mois voisin de 1 kg chez la
femelle et environ 1,5 kg chez le mâle adulte (Guèye et Bessei, 1995; Zoungrana et Slenders, 1992).
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Tableau 1: Appropriation des effectifs.
Propriétaires Régions Femmes % Hommes % Association % Echantillons
Dakar 61 20 19 98 Diourbel 50,5 36 13,5 120 Louga 55 40 5 130 Fatick 50 35 15 180 Kaolack 53 35 12 120 Kolda 50 30 20 80 Saint-Louis* 51 43 8 125 Tamba 57 40 3 97 Thiès 70 10 20 110 Ziguinchor 40 55 5 86 Moyenne 53,30 34,67 12,23 1146
* Saint-Louis inclut Matam Source: Traoré (2001).
L’effectif de volailles indigènes est estimé à 15 millions de têtes, soit environ 80% du cheptel avicole sénégalais (Ano-
nyme, 1995). Il représente un chiffre d’affaires de près de 15 milliards de Francs CFA. Il joue un rôle socio-économique
de premier plan en milieu rural. En effet, près du tiers (plus de 30%) de la volaille élevée, est consommée et participe
ainsi à la lutte contre la malnutrition en milieu rural (Traoré, 2001). La vente des oiseaux constitue le compte courant
surtout pour les femmes, car plus de 50% des effectifs de volailles sont vendus. Quelques sujets sont donnés (environ
10%) ou sacrifiés (près de 10%) (Tableau 2). La robe du poulet (blanche, noire ou blanche tachetée de noir) et l’aspect
du plumage (normal ou plissé) sont des critères importants à considérer pour ces sacrifices. Enfin, il existe en pays Sé-
rère dans la région de Fatick et en milieu Peul du Fouladou (Kolda), des pratiques de trocs qui consistent en un échange
d’un certain nombre de poulets contre une chèvre ou une brebis. En effet, pour ces ethnies, débuter son troupeau par la
poule est souhaitable (Talaky, 2000, Traoré, 2001).
Tableau 2: Utilisation des volailles.
Pourcentage moyen d’utilisation des volailles Régions Consommation Vente Dons Sacrifices Dakar 42 45 10 3 Diourbel 28 57 5 10 Louga 32 58 7 3 Fatick 26 56 6 12 Kaolack 33 52 8 7 Kolda 30 60 7 1 Saint-Louis* 38 52 7 3 Tamba 27 54 9 10 Thiès 32 51 8 9 Ziguinchor 24 52 6 18 Moyenne 32 53 7 8
*Saint-Louis inclut Matam Source: Traoré (2001).
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Le système avicole rural présente un certain nombre de déficiences, parmi lesquelles: i) un habitat sommaire ou inexis-
tant (Photo 1): les poulets ne sont pas protégés contre les intempéries, les prédateurs et les vols; ii) une alimentation
déficiente tant sur le plan quantitatif que qualitatif: la volaille en milieu rural doit gratter le sol à longueur de journée
pour obtenir une ration qui couvre à peine son entretien; iii) les maladies aviaires, principalement la maladie de New-
castle (MN), qui font des ravages et apparaissent comme des régulateurs naturels des effectifs de volaille rurale; la Fi-
gure 4 montre l’importance de la MN et des maladies parasitaires par rapport aux autres pathologies aviaires (Arbelot et
al., 1996).
Photo 1: Poulailler en milieu rural. Figure 4: Importance de la MN (Traoré et Faye, 2004).
L’aviculture est donc une filière très importante autant sur le plan économique que social, et elle mérite d’être protégée
et accompagnée. La menace actuelle que constitue l’influenza aviaire doit être envisagée avec une grande attention afin
de sauvegarder un secteur hautement porteur de progrès et de croissance pour le pays.
L’influenza aviaire, un obstacle au développement de l’aviculture
Une maladie aviaire qui pourrait être dangereuse pour les êtres humains
L’influenza aviaire est une maladie hautement contagieuse, dont les hôtes normaux sont les palmipèdes qui les trans-
mettent aisément aux poulets et aux dindons très sensibles. Toutes les espèces aviaires seraient sensibles à l’infection à
des degrés divers. Elle est due à un virus de la famille des Orthomyxoviridés, du genre Influenza types A et B. Les sou-
ches hautement pathogènes sont de type A, appartenant aux sous-types H5 et H7. Ce virus est inactivé à 56°C pendant 3
heures; ou à 60°C pendant 30 minutes. Il est également inactivé au pH acide, par les agents chimiques (les oxydants et
les solvants des lipides), les désinfectants comme le formol et les composés iodés. Il est cependant résistant dans les
tissus, les fèces et l’eau pendant de longues périodes.
L’incubation dure de 3 à 5 jours chez la volaille, et la maladie se manifeste par une infection respiratoire aiguë sévère,
d’évolution souvent fatale (H5N1). On note également une baisse de l’appétit, accompagnée d’une forte baisse de la
production d’œufs et/ou une perte de poids. On peut observer un oedème encéphalique avec tuméfaction et cyanose de
la crête et de la caroncule. La mort est subite, le taux de mortalité pouvant atteindre 100 %. Chez le dindon, on retrouve
les mêmes signes que ceux évoqués chez le poulet, avec moins d’intensité; le canard est un porteur sain.
L’homme manifeste de la fièvre, une irritation de la gorge, accompagnée de toux. Dans certains cas, on note des trou-
bles respiratoires sévères avec infection pulmonaire virale entraînant la mort. La crainte majeure des épidémiologistes
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consiste en une possible mutation du virus aviaire en contact avec le virus grippal humain, pouvant donner naissance à
un nouveau type de virus qui serait également hautement pathogène pour l’homme, avec possibilité de transmission
interhumaine. Le porc est un hôte intermédiaire qui pourrait faciliter et favoriser cette mutation (Photo 2).
Photo 2: Cohabitation favorable à la diffusion du virus de l’influenza aviaire (photo Traoré, 2004).
Conséquence d’une épizootie de l’influenza aviaire sur l’aviculture
Actuellement pour protéger le pays d’une éventuelle épizootie l’influenza aviaire, un certain nombre de mesures
d’urgence ont déjà été prises par le Gouvernement, il s’agit entres autres, i) d’information et de sensibilisation générali-
sées, surtout des acteurs de la filière; ii) suspension temporaire des importations de volailles, de produits et de matériels
avicoles surtout le matériel de seconde main; iii) renforcement du contrôle vétérinaire aux frontières; iv) constitution de
stocks de sécurité en vaccins humains, vaccins aviaires, en médicaments anti-viraux et désinfectants; v) mise à niveau
des laboratoires de diagnostic et approvisionnement correct en kits de diagnostic et vi) mise à disposition des techni-
ciens de quelque matériels. Ces mesures ont entraîné une psychose au niveau de la population. Cette situation a eu
comme effets induits, une baisse sensible de la consommation de produits avicoles, surtout au niveau des grandes ag-
glomérations, principales zones de consommation de ces produits. A titre d’exemple, il y a eu une baisse de la demande
en poulets de chair au cours des événements religieux (El Hachoura, Magal, Maouloud) qui naguère, constituaient de
grands marchés commerciaux avicoles. D’autre part, si l’arrêt d’importation de produits et matériels avicoles peut appa-
raître comme une action protectrice de la production nationale de poulets de chair, il est à craindre que les acteurs de la
filière ne soient pas suffisamment préparés à faire face à une demande très souvent capricieuse. En effet, l’effet de sur-
prise a pour conséquences la non-préparation des poulaillers devant recevoir des poussins, l’inaptitude des couvoirs à
fournir immédiatement ces poussins en nombre suffisant (l’importation des poussins étant arrêtée), etc. On peut donc
craindre l’installation d’une perturbation propre à discréditer la capacité de la filière avicole à pouvoir satisfaire la de-
mande nationale en produits avicoles.
Une épizootie de l’influenza aviaire, entraînerait un arrêt total de toutes les activités de production avicole, accompagné
d’un stamping out dont les conséquences seraient désastreuses:
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 30
une perte directe de plus de 10.000 emplois, avec des bouleversements socio-économiques profonds et difficiles à
contenir;
une importante perte d’argent, suite à l’arrêt de la vente de viande de volaille (pour plus de 10 milliards FCFA) et
des œufs de consommation (20 milliards FCFA), etc.;
un arrêt du fonctionnement des industries avicoles (usines de fabrique de provendes, couvoirs etc.) qui, en plus de
la suppression des emplois directs et de la détérioration de leurs chiffres d’affaires (plus de 16 milliards pour les
provendes), entraînera une perturbation (voire un arrêt) des établissements et structures fournisseurs de matières
premières ou de services aux industries avicoles;
une augmentation de la paupérisation et une accentuation de la malnutrition en milieu rural, car l’élimination de
leur volaille va priver les populations de sources de protéine et de devises facilement mobilisables, d’un montant
estimé à 10 milliards FCFA.
Conclusion
La filière avicole sénégalaise, notamment dans son volet moderne, représente un secteur économique dynamique, dont
le taux de croissance est l’un des meilleurs du secteur primaire au niveau national. Elle occupe un nombre d’acteurs
important, dont les interventions sont complémentaires et interdépendantes. Le système avicole traditionnel, pratiqué
surtout en milieu rural, joue un rôle social de premier plan. Cependant, son importance économique pourrait être amé-
liorée, si l’on levait les contraintes qui freinent son développement, notamment par l’amélioration de l’habitat et de
l’alimentation ainsi que par la lutte contre certaines maladies telles Newcastle et les parasitoses. La menace de l’in-
fluenza aviaire représente un fléau national dont la maîtrise réclame l’implication de tous, car en sus des problèmes de
santé publique liés à cette zoonose, il est à craindre une crise tant économique et sociale, dont les conséquences seront
difficiles à prédire et à prévenir.
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~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 32
RAPPORT DE R&D No 6:
Crise de l’influenza aviaire: la volaille de basse-cour est une solution, pas le pro-
blème GRAIN
Girona 25, pral., Barcelone E-09010, Espagne
Auteur pour correspondance: <[email protected]>
Soumis pour publication 2 mai 2006; reçu sous une forme révisée 13 mai 2006; accepté 15 mai 2006
Résumé Ce n’est pas la volaille de basse-cour ou la volaille élevée en plein air qui alimente la vague actuelle de cas de l’in-
fluenza aviaire sévissant dans plusieurs endroits du monde. La souche mortelle H5N1 de l’influenza aviaire est essen-
tiellement un problème de pratiques d’élevage de volailles industrielles. Son épicentre se trouve dans les fermes
d’élevage industriel de Chine et d’Asie du sud-est et -- alors que les oiseaux sauvages peuvent transporter la maladie,
au moins sur de courtes distances -- son vecteur principal est l’industrie avicole multinationale extrêmement automa-
tisée qui envoie ses produits et les déchets de ses élevages autour du monde par une multitude de canaux. Les petits
éleveurs de volaille et la diversité biologique ainsi que la sécurité alimentaire locale qu’ils soutiennent souffrent pour-
tant sévèrement des retombées de cette crise. Et, pour aggraver les choses, les gouvernements et les organismes inter-
nationaux, suivant les hypothèses erronées sur la manière dont la maladie se répand et s’amplifie, continuent à pren-
dre des mesures pour imposer le confinement et poussent à industrialiser davantage le secteur avicole. Dans la prati-
que, ceci signifie la fin de l’aviculture à petite échelle qui fournit la nourriture et les moyens d’existence à des centai-
nes de millions de familles à travers le monde.
Mots clés: agrobusiness; influenza aviaire; biodiversité; maladies émergentes; ferme industrielle; agriculture paysanne;
volaille
Introduction
Le 17 février 2006, le gouvernement égyptien a confirmé que l’influenza aviaire s’était déclarée chez les volailles du
pays. L’attention internationale étant braquée sur cet événement, le gouvernement n’a pas voulu paraître non-préparé ou
pire, fautif. C’est pourquoi il a immédiatement accusé les oiseaux migrateurs et les pratiques traditionnelles d’élevage
avicole. "Le monde entier s’oriente vers les grosses fermes parce qu’elles peuvent être facilement contrôlées par les
services vétérinaires… Il est temps de laisser tomber l’élevage des poulets sur les terrasses des maisons," a déclaré le
Premier ministre égyptien Ahmed Nazif (Nazif, 2006).
Le gouvernement égyptien passa alors à l’action avec une opération de nettoyage de type militaire. Il a ordonné
l’élimination des élevages domestiques de volailles dans les cours et sur les terrasses et interdit les marchés de volatiles
vivants, où 80% de la volaille nationale est vendue. Des compensations ont été promises aux éleveurs et des réfrigéra-
teurs aux commerçants afin qu’ils puissent s’orienter vers la vente de poulets congelés, mais ces promesses ne furent
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 33
jamais concrétisées (Saber, 2006). En attendant, le gouvernement a interdit le transport de volailles vivantes et ordonné
que tout abattage ait lieu dans les abattoirs officiels, laissant les éleveurs qui n’habitent pas près des quelques abattoirs
officiels sans aucun moyen d’abattre leurs poulets (Khattab, 2006; Leila, 2006a, 2006b). En moins d’un mois, le gou-
vernement égyptien a réussi à détruire son industrie avicole d’une valeur de plusieurs milliards de dollars, les moyens
d’existence de millions d’Egyptiens, la biodiversité de sa volaille et des pratiques traditionnelles très anciennes
d’élevage.
La réponse apportée par le gouvernement égyptien n’a pas seulement été indifférente à l’importance des volailles pour
sa population, mais a aussi montré qu’il avait été mal informé. Effectivement, quelques élevages de volailles dans les
basses-cours et sur des terrasses ont été contaminés, mais beaucoup plus de volailles meurent de l’influenza aviaire dans
les élevages industriels. De plus, depuis 2004, l’examen approfondi d’oiseaux migrateurs vivants ne montre pas de cas
de l’influenza aviaire (DoD-GEIS, 2005; Ayyash, 2005; Nassar, 2006). Bien que les rapports vétérinaires officiels accu-
sent les élevages de basses-cours, le site du gouvernement égyptien cite clairement les premières manifestations de
l’influenza aviaire dans trois élevages industriels où près de 70.000 volailles ont été éliminées, suivies par des foyers
qui se sont déclarés dans des fermes industrielles dans les régions de Ashmoun, Al-Marg, Giza Badrashaan and Damiet-
ta, et par l’abattage de 77.000 volailles dans deux fermes près de la ville de Belbeis dans le désert et de 30.000 volailles
dans les environs de New Salhia où l’une des plus importantes entreprises égyptiennes d’élevage industriel possède ses
fermes (Gouvernement d’Egypte, 2006). L’industrie estime que 50% de ses fermes industrielles dans le pays ont été
infectées et que plus de 25 millions de poulets ont été abattus (El-Banna Company, 2005).
Poulets de basse-cour: vecteurs ou victimes?
La situation égyptienne n’est pas unique. En Turquie, par exemple, malgré le fait qu’il est unanimement reconnu que
l’aviculture industrielle a propagé l’influenza aviaire dans le pays, le ministre de la santé Recep Akdag a assuré sa po-
pulation que “la solution manifeste et définitive serait d’abattre [les 10 millions de volailles de la Turquie] et d’arrêter
ce type d’élevage pour de bon” (Kathemirini, 2006; Lubroth, 2006; Rosenthal, 2006). La réponse contre l’influenza
aviaire en Thaïlande s’est également focalisée sur le secteur d’aviculture à petite échelle où les données de surveillance
depuis janvier 2004 ont montré que plus de 1000 cheptels de la volaille de basse-cour ont été infectés -- 83% du nombre
total de cas rapportés d’infections. Cependant, la même étude a également identifié des éruptions épizootiques au ni-
veau de plus de 200 fermes de poulets de chair et de poules pondeuses et a conclut que la proportion de fermes com-
merciales infectées a été 5 fois supérieure que chez les fermes de basses-cours (Tiensin et al., 2004).
Il a été beaucoup trop difficile de fabriquer un argument contre les fermes avicoles de basses-cours en Inde et Nigeria
où il est connu que des éruptions de grippe aviaire ont démarré au niveau de quelques fermes commerciales à grande
échelle et se sont propagées à partir de ces endroits. La plus ferme avicole de l’Inde a été inculpé par une notification
par un Acte de la Police de Bombay pour avoir "causé une nuisance et une menace à la santé publique" pour son rôle
dans l’épizootie (Anonyme, 2006). Pendant ce temps, en Indonésie, fin 2005, les 11 plus grandes fermes de volailles
utilisaient certaines lois pour bloquer les inspections de leurs exploitations. "Aussi longtemps qu’elles suivent nos pro-
cédures, nous leur faisons toujours bon accueil" a déclaré Sudirto Lim, porte-parole de Charoen Pokphand (CP) en
Indonésie (CPAS, 2005).
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Les éruptions de l’influenza aviaire dans les fermes industrielles ne sont pas nouvelles. Des éruptions hautement patho-
géniques d’influenza aviaire ont eu lieu à plusieurs reprises au cours des dernières décennies, à savoir en Australie
(1976, 1985, 1992, 1994, 1997), aux Etats-Unis (1983, 2002, 2004), en Grande-Bretagne (1991), au Mexique (1993-
1995), à Hong Kong (1997), en Italie (1999), au Chili (2002), aux Pays-Bas (2003) et au Canada (2004), pour ne citer
que quelques exemples en dehors de ceux de la crise récente de l’influenza aviaire. Des études montrent que des sou-
ches hautement pathogéniques de l’influenza aviaire évoluent lorsque des souches faiblement pathogènes du virus, qui
circulent de manière inoffensive au sein de populations d’oiseaux sauvages, sont introduites dans des cheptels avicoles à
forte densité (Suarez, 2000; Ito et al., 2001; Suarez et al., 2004; Timm et al., 2006). Dès que l’influenza aviaire apparaît
dans une ferme industrielle, le virus se développe et se propage au-delà de la ferme par le biais d’une multitude de ca-
naux: commerce de volailles et d’œufs, personnes qui entrent et sortent, l’élimination des déchets, l’utilisation de la
litière dans les provendes, etc. (Stegemen et al., 2004; Thomas et al., 2005).
Les exploitations de volailles de basses-cours, par contre, sont caractérisées leur faible densité. L’expérience avec les
éruptions de H5N1 à ce jour suggère que la souche provoque uniquement une faible mortalité dans les cheptels avicoles
de basses-cours et a une durée de propagation limitée au sein de ces cheptels se trouvant en dehors de l’exploitation.
D’après un vétérinaire de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), le taux de mor-
talité chez les cheptels avicoles de basses-cours infectés en Malaisie en 2004 a été seulement de 5% (Sims, 2006). En
outre, la FAO et l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (anciennement Office International des Epizooties, OIE)
prétendent qu’il y a "des preuves plus évidentes que la survie du virus en aviculture de basse-cour et à petite échelle est
dépendante du re-stockage" à partir de sources extérieures (FAO/OIE/WHO, 2005).
La diversité aviaire peut également être un autre facteur protégeant les cheptels de volailles de basses-cours. Alors que
les poulets de chair sont très sensibles à l’influenza aviaire, la FAO et l’OIE rapporte qu’il y a des preuves selon les-
quelles le virus H5N1 s’adapte au poulet villageois de la même manière qu’il s’est adapté aux canards domestiques
(FAO/OIE/WHO, 2005). Une récente étude chez des canards en divagation en Thaïlande a montré que moins d’un
pourcent des volailles vivant dans les cheptels infectés ont été cliniquement affectées (Songserm et al., 2006). Malheu-
reusement, un manque d’intérêt des autorités et les abattages indiscriminés suscités par une détection du virus, même
chez les volailles en bonne santé, peuvent rendre difficiles une meilleure compréhension de telles dynamiques entre le
virus et les volailles indigènes.
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 35
L’image émergente semble offrir un contexte de circulation endémique de l’influenza aviaire, causant une occasionnelle
faible mortalité dans les petits cheptels avicoles et les grandes épizooties dans les fermes commerciales lorsque des
mesures de biosécurité sont déficientes, comme c’est inévitable dans des conditions endémiques. Néanmoins, presque
toutes les mesures et politiques officielles contre l’influenza aviaire appliquées au niveau de l’exploitation ciblent les
petits éleveurs et les pratiques d’élevage des volailles divagantes. Elles se focalisent sur le confinement des volailles
dans des logements, isolés des oiseaux sauvages infectés qui sont supposés être les principaux vecteurs de transmission
aux volailles, comme illustré dans le Tableau 1. Généralement, de telles lois et politiques ignorent non seulement la
dynamique de la pathologie au sein des cheptels de basses-cours, mais elles ne sont également pas totalement pratiques
pour les petits producteurs. En Asie du Sud-est, des gouvernements, avec l’appui de la FAO, encouragent les produc-
teurs de mettre en place des paravents à mailles ou des enclos en bambous pour leurs volailles. Mais les coûts, estimés à
50-70 dollars des E.-U., sont hors de portée des petits producteurs d’Asie, qui typiquement gagnent moins de 1 dollar de
E.-U. par jour, et, dans des endroits comme la Thaïlande, où de telles mesures ont promulguées. Ceci a immédiatement
forcé les petits producteurs à abandonner l’aviculture (Chanyapate et Delforge, 2004; McLeod et al., 2005).
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 36
Tableau 1. Mesures de contrôle de l’influenza aviaire pour la volaille de basse-cour dans quelques pays.
Pays Mesure
Autriche Interdiction d’élever de la volaille en plein air entre octobre et décembre. L’ordonnance est prolongée de manière illimitée autour des zones où les cygnes infectés par le virus H5N1 ont été trouvés.
Canada Interdiction d’élever de la volaille en plein air dans la Province du Québec.
Chine Le gouvernement provincial de Anhui a décrété que tous les élevages de basse-cour devaient être gardés en cage. Interdiction totale de la volaille de basse-cour à Hong-Kong.
Croatie Interdiction d’élever de la volaille en plein air pendant la période de migration.
Egypte Interdiction d’élever de la volaille sur les toits et interdiction des marchés de volaille vivante.
France Interdiction d’élever de la volaille en plein air, avec des exceptions.
Allemagne Interdiction d’élever de la volaille en plein air.
Italie Les oiseaux élevés en plein air (15 à 20% du secteur avicole) doivent être gardés sous des filets.
Pays-Bas Interdiction d’élever de la volaille en plein air, avec des exceptions.
Nigéria Interdiction de la volaille de basse cour et des oiseaux dans le Territoire fédéral principal d’Abuja.
Norvège Interdiction d’élever de la volaille en plein air dans huit comtés du sud.
Slovénie Interdiction d’élever de la volaille en plein air.
Suède Interdiction d’élever de la volaille en plein air.
Suisse La volaille doit rester dans des enclos sous abri.
Thaïlande Restrictions pour les canards élevés en plein air. Interdiction des marchés de volaille vivante à Bangkok et déménagement des abattoirs vers les banlieues des villes. Collectivisation forcée des petits élevages de volaille dans les provinces centrales.
Ukraine Interdiction de la vente de volaille vivante et des produits issus de la volaille fabriqués par les familles rurales dans la Région autonome de Crimée. L’interdiction ne s’applique pas aux volailles industrielles.
Viet-Nam Interdiction de l’élevage de volaille dans les villes et les grandes villes.
Ces mesures sont également basées sur le fait qu’il il y a peu de preuves attestant que les oiseaux sauvages transmettent
l’influenza aux volailles (Melville et Shortridge, 2006). Après recherche de la maladie chez des centaines de milliers
d’oiseaux sauvages, les scientifiques n’ont que très rarement identifié des oiseaux porteurs de l’influenza aviaire sous
une forme fortement pathogène (FAO/OIE/WHO, 2005; Chen et al., 2006). Presque tous les oiseaux sauvages qui ont
été testés positifs pour la maladie étaient morts et, dans la plupart des cas, ont été trouvés près des élevages de volaille
domestique infectés. En outre, la propagation géographique de la pathologie ne couvre pas les routes et saisons de mi-
gration des oiseaux sauvages (BIRDLIFE INTERNATIONAL, 2006). Même avec les cas actuels de H5N1 chez des
oiseaux sauvages en Europe, les experts sont unanimes pour dire que ces oiseaux ont probablement contracté le virus
dans la région de la Mer Noire, où le virus H5N1 est bien établi dans la volaille, et sont morts alors qu’ils se dirigeaient
vers l’Ouest pour échapper aux conditions exceptionnellement froides dans le secteur.
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Pourquoi le Laos est-il une exception?
Si l’élevage en plein air et les oiseaux migrateurs sont responsables de la propagation de l’influenza aviaire, on devrait
s’attendre à ce que la maladie fasse rage à travers le pays. Non seulement le Laos a des frontières avec des pays où des
volailles sont infectées, mais également le Laos abonde en poulets élevés en plein air, mêlés aux canards, aux cailles,
aux dindons et aux oiseaux sauvages. Ce sont principalement des poulets indigènes, qui couvrent plus de 90% de la
production totale de volaille du Laos. Selon le même rapport du Ministère de l’Agriculture des Etats-Unis:
La production de volaille au Laos est principalement une production de petits paysans, qui élèvent des espèces
locales de poulets élevés en plein air à côté de leurs habitations, pour la viande et les oeufs, la plupart du
temps consommés par la famille ou vendus localement pour en tirer un revenu. ... Un village moyen a autour
de 350 poulets, canards, dindes et cailles élevés en petites basses-cours dispersées parmi les maisons du vil-
lage où il y a environ 78 familles, et où ce sont les femmes qui sont principalement responsables des élevages.
Des canards, des dindes, et les cailles sont également élevés, avec quelques oies en quantité négligeable dis-
persées dans le pays. Les quelques exploitations commerciales du pays (moins de 100 au total, dont 89 situées
près de Vientiane) approvisionnent les zones métropolitaines avoisinantes (USDA, 2005).
En fait, les basses-cours familiales du pays ont été à peine touchées. Selon le même rapport du Ministère de l'Agri-
culture des Etats-Unis:
Un total de 45 cas de contamination ont été confirmés, avec 42 cas qui se sont produit dans des entreprises
commerciales (fermes d’élevage et de ponte), dont 38 à Vientiane, la capitale et principale ville du Laos. ….
Les petits producteurs qui ont trouvé l’influenza aviaire dans leurs élevages étaient localisés près d’élevages
commerciaux atteints par la maladie.
La raison principale pour laquelle le Laos n’a pas souffert des éruptions épizootiques généralisées de l’influenza aviaire
comme ses voisins est qu’il n’y a presque aucun contact entre les élevages de volaille à petite échelle, qui produisent
presque tout l’approvisionnement domestique de volaille, et ses exploitations commerciales, qui sont intégrées à des
compagnies étrangères de volaille. Le Laos a efficacement enrayé la maladie en fermant la frontière à la volaille de
Thaïlande et en éliminant les poulets dans les exploitations commerciales. Ils ont eu moins d’inquiétude pour la maladie
qui se répandait à partir des fermes affectées parce que, à la différence de la Thaïlande et du Viet-Nam, les petits
paysans au Laos ne se fournissent pas en poussins d’un jour et en provendes auprès des grandes compagnies. Et, en
dehors de la capitale, la volaille est produite et consommée localement. La production de volaille est également plus
dispersée au Laos. Elle est moins dense, moins intégrée et moins homogène -- caractéristiques qui empêchent la propa-
gation de l’influenza aviaire et son évolution vers des formes plus pathogènes.
L’expérience du Laos suggère que la clef de la protection de la volaille élevée en basse-cour et des personnes contre
l’influenza aviaire est de les protéger contre la volaille industrielle et ses produits dérivés. Ceci évoque la question de
l’approche de la révolution verte pour le développement de l’aviculture, qui encourage les producteurs à vendre au
niveau de marchés de plus en plus éloignés et d’utiliser les intrants extérieurs tels les provendes et les poussins d’un
jour fournis par les grandes compagnies. La combinaison des connaissances traditionnelles des petits éleveurs et la
biodiversité associées à des mesures simples de biodiversité appropriées aux petits producteurs pourraient constituer
tout ce qui est requis pour contrôler de manière rentable la pathologie dans la plupart des communautés rurales.
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Ecraser et contrôler: une réponse mondiale à l’influenza aviaire imposée d’en haut
Les agences qui président à la stratégie mondiale de contrôle de l’influenza aviaire, à savoir l’Organisation Mondiale de
la Santé (OMS) et la FAO, ne sont pas intéressées par de telles éventualités. En général, peu d’efforts ont été faits pour
comprendre la dynamique de la maladie dans les contextes locaux ou pour travailler avec les communautés locales à la
définition des stratégies. C’est ainsi qu’émergent inévitablement des solutions à grande échelle et des "stratégies mon-
diales" pour anéantir la maladie. Mais ces solutions et ces stratégies sapent à la base les solutions à long terme et au
service des pauvres. Il n’y a pas de nuance, pas de sensibilité aux besoins des personnes et, ce qui est pire que tout, pas
de reconnaissance des compétences et des connaissances que les petits aviculteurs ont pour gérer ce virus.
Les programmes d’abattages de masse recommandés par la FAO et l’OMS ont été appliqués sans discernement; toutes
les volailles sont abattues sur de larges étendues entourant les zones infectées, que ces volailles soient en bonne santé ou
non. En Inde, le gouvernement a lancé une campagne de sensibilisation dans l’Etat du Maharashtra après les éruptions
épizootiques au niveau de diverses fermes industrielles. Lorsqu’un petit nombre d’échantillons récoltés dans différents
villages dans l’un de plus pauvres districts de l’Etat sont revenus positifs, le gouvernement impose une élimination
totale sur une superficie de 1500 km², concernant plus de 300.000 volatiles et plus de 300 villages (AFP, 2006a). L’Etat
a fourni une compensation aux fermiers affectés mais la somme de 0,88 dollar des E.-U. par animal était bien en des-
sous de la valeur d’un poulet de ferme qui se vend habituellement trois fois le prix d’un poulet d’élevage industriel, les
œufs de ferme se vendant quant à eux quatre fois le prix des œufs industriels (Keve, 2006). Inutile de préciser que le
gouvernement ne dispose d’aucun programme prévoyant de réapprovisionner l’inestimable biodiversité avicole qui est
détruite et qu’il est même question de nouvelles réglementations de l’Etat visant à interdire l’élevage de la volaille en
basse-cour (Jamwal et al., 2006).
En dehors de ces mesures immédiates, la FAO et d’autres organisations travaillent avec des gouvernements à
l’élaboration de plans à long terme pour la "restructuration" du secteur avicole qui éliminera l’aviculture à petite
échelle. Selon la FAO, une industrie avicole restructurée du futur en Asie qui aura:
des marchés plus concentrés, avec des producteurs moins nombreux et plus importants;
des zones de production de volaille où l’infrastructure pourra être concentrée;
une compartimentation pour les pays d’exportation, organisée de telle manière qu’un cas de contamination mi-
neur d’un compartiment ne puisse presque pas affecter les exportations;
les marchés de volailles vivantes déplacés aux périphéries des villes, avec moins de commerçants autorisés, un
abattage centralisé et un grand nombre de points de vente dans les supermarchés des grandes villes;
moins de petits producteurs;
obligation d’enfermer toute la volaille dans des endroits clos (McLeod et al., 2005).
Ce serait la mort des petits élevages de volaille en Asie. Au Viet-Nam, la FAO admet que la mise en place de "zones de
production" aurait comme conséquence la perte de revenus pour un million de petits producteurs commerciaux
(McLeod et al., 2005). "Il y a une inquiétude pour l’avenir des petits fermiers pauvres et des petits fermiers commer-
ciaux," a indiqué Fabio Friscia, le chargé de programme de la FAO pour l’influenza aviaire au Vietnam. "Beaucoup
d’entre eux auront à abandonner le secteur avec des pertes économiques significatives. Le défi est de fournir à ces per-
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 39
sonnes avec des opportunités de moyens alternatifs existence." (AFP, 2006b).
Cette façon de penser correspond tout à fait à celle qui prévaut au sommet de cette organisation. Samuel Jutzi, directeur
de la Production et de la santé animales à la FAO, a déclaré à un journal suisse que les petits élevages sont à l’origine de
la diffusion de l’influenza aviaire, et non les gros élevages industriels qu’il décrit comme étant "étroitement surveillés".
Quand on lui demande si cela signifie la fin des petits élevages familiaux, Jutzi déclare: "Ce type de production devien-
dra très marginal. La volaille de grande qualité, élevée en plein air et nourrie au grain, deviendra un produit de niche".
(Kauffman, 2006).
Ces réponses contre l’influenza aviaire imposées d’en haut peuvent être bien vues par les gouvernements, dont beau-
coup sont négligents sinon hostiles vis-à-vis des petits éleveurs et de la biodiversité qu’ils entretiennent, mais elles sont
catastrophiques pour les pauvres que ces institutions prétendent servir. C’est une vieille histoire qui se répète, mais cette
fois-ci sous prétexte de sauver le monde d’une crise sanitaire. L’ironie est que la solution proposée – une réorientation
totale vers une aviculture industrielle – nous ramène directement à l’origine du problème (GRAIN, 2006).
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Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 42
RAPPORT DE R&D No 7:
La déclaration danoise de Pâques sur la bureaucratie et l’élevage de la volaille
de basse-cour 62 ONGs/OSCs, JELLING, DANEMARK, MARS 2005
A l’attention du: Le Ministre des Affaires Familiales et de la Consommation et le Comité Parlementaire de
l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche
Soumis pour publication 1 mai 2006; reçu sous une forme révisée 25 mai 2006; accepté 28 mai 2006
Dans cette déclaration, 62 organisations danoises protestent contre le fait qu’une culture publique précieuse est menacée
dans le même temps qu’une diversité biologique disparaît. Tout ceci est dû à des règles bureaucratiques extrêmes. Nous
mettons l’accent également sur des solutions pour le contrôle de la maladie, qui est basé sur des motivations positives
plutôt que sur davantage de bureaucratisation et de contrôle.
Selon la Convention de Rio, le Danemark s’est engagé à:
"protéger et encourager l’utilisation habituelle de ressources biologiques conformément aux pratiques culturelles
traditionnelles qui sont compatibles avec la conservation ou les exigences d’une utilisation durable " (Convention
sur la Diversité Biologique, article 10 c).
"respecter, préserver et conserver les connaissances, innovations et pratiques des communautés locales qui met-
tent en valeur des styles de vie traditionnels pertinents pour la conservation de la diversité biologique" (Conven-
tion sur la Diversité Biologique, article 8 j).
"identifier les processus et catégories d’activités qui ont ou auront probablement un impact négatif considérable
sur la conservation et l’utilisation durables de la diversité biologique" (Convention sur la Diversité Biologique,
article 7 c).
Bureaucratie et petits cheptels
Cette lettre doit être perçue comme une continuation de la nôtre et la déclaration de 8 autres associations au Ministre de
l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche en date du 12 mars 2003 ainsi que de la nôtre et la demande de 10 autres
associations au Ministre des Affaires Familiales et de la Consommation en date du 8 septembre 2004. Dans toutes les
trois lettres, nous faisons des remarques spécifiquement sur les lois et règlements pour les poulets domestiques, les
palmipèdes, les pigeons et les oiseaux ornementaux. D’autres lettres ont été envoyées par d’autres associations, telles Le
Réseau Eco Citygarden (le 3 novembre 2003) et l’Association Danoise des Eleveurs de Pigeons (le 12 septembre 2004)
qui se sont aussi inquiétées de la bureaucratisation des aviculteurs par hobby et leur échange d’oiseaux.
Plus tard le Ministre des Affaires Familiales et de la Consommation a promis de modifier les règles du commerce et de
la vaccination pour l’aviculture à petite échelle de manière à ce que les solutions les plus faciles possibles soient choi-
sies. Cependant, les nouvelles directives sur la vaccination des volailles indiquent que le Ministre promet une chose
pendant que les fonctionnaires font le contraire.
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 43
La méthode de la vaccination convenue implique un vétérinaire et inclut la vaccination par aiguille de chaque oiseau.
Dans d’autres pays, les éleveurs de petits cheptels avicoles ont une solution beaucoup plus facile, qui est d’utiliser un
vaccin vivant ajoutée à l’eau potable par l’aviculteur sans implication d’un vétérinaire. Notre compréhension de la note
du 8 août de la Direction de l’Alimentation et de la note du Ministre pour la réunion conjointe du 11 novembre 2004 est
la suivante: il n’y a aucune dérégulation qui autorise un libre-échange de pigeons et d’autres volailles et seulement de
petits ajustements existants dans les lois et règlements danois, qui sont uniques et exceptionnels dans le monde, en im-
posant à toute personne qui vend même un oiseau de le faire enregistrer. Dans les autres pays, il y a un libre-échange de
volailles chez les petits aviculteurs.
“L’évaluation internationale des efforts danois pour conserver les ressources génétiques des très anciennes races
danoises d’animaux domestique” en mai 2002, a recommandé au Danemark de déréguler ce genre de zèle bureau-
cratique et aussi de travailler à une dérégulation au niveau de l’Union Européenne (UE).
“De nouveaux lois et règlements pour contrôler des éruptions épizootiques ou même seulement une augmentation
des standards de santé animale pourraient avoir un effet significatif sur la conservation des race.” “En outre, le
but devrait être d’être exempté de certains lois et règlements vétérinaires aux niveaux aussi bien national que de
l’UE, aussi longtemps que c’est sûr et approprié.”
Cependant, il n’y a pas eu de dérégulations depuis 2002 – au contraire, il y a eu des resserrements supplémentaires!
Origine
Davantage de lois et règlements acceptables doivent être basés sur les intérêts de la culture de l’élevage à petite échelle
de manière plus large et pas uniquement sur les intérêts des exposants de races d’élite. Cela signifie que sont inclus les
poulets et les pigeons de Little Peter et pas seulement les exposants de poulets fortement recherchés.
Seuls 5% de tous les aviculteurs danois sont des membres d’une association d’exposants. La majorité d’entre eux élè-
vent par multiplication plus pour la conservation, et leurs volailles ne pourraient pas être considérées comme “nobles”.
Cependant, cette majorité constitue la base de cette culture, et c’est ici où les futures générations d’aviculteurs seront
trouvées. La contrainte liée à la culture de l’élevage à petite échelle causée par des lois et règlements et les programmes
de vaccination affectent sérieusement les débutants mal organisés – ce qui signifie que la plupart de ces derniers aban-
donnent et seulement les exposants les plus enthousiastes persisteront.
Tous les règlements et exigences dépassent la marque, et les exigences signifiant que vous devez laisser un vétérinaire
vacciner vos volailles et que vous devez enregistrer le commerce afin de vendre quelques oiseaux au niveau d’un petit
marché local. Le résultat final est que cet héritage culturel vivant diminuera graduellement et disparaîtra peut-être
même.
Il pourrait bien que les autorités ne connaissent rien de cette “société” de petits aviculteurs et ne se rendent pas compte
que cette bureaucratisation n’a rien à voir avec la réalité des petits aviculteurs. Nous craignons que ceci soit une ma-
nière indirecte de servir le but du secteur commercial, qui voudrait voir la fin des petites unités d’élevage de volailles.
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 44
Ce sera inévitablement le résultat d’une bureaucratisation accrue s’il est graduellement rendu si difficile de maintenir 10
poulets dans la basse-cour et que les personnes simplement abandonnent l’activité. Par ailleurs, il sera pratiquement
impossible d’attirer de nouveaux adeptes dans cette activité dès qu’elle sera reconnue comme étant passe-temps sain.
L’intérêt de l’élevage de volailles par sélection est le plus souvent suscité pendant l’enfance, donc il est important que
cette culture soit conservée comme passe-temps informel pour des enfants et également pour les personnes non bureau-
crates.
Des lois et règlements devant être changés dès que possible
Les exemples suivants sont les lois et règlements les plus significatifs qui excluront et élimineront à la longue cet héri-
tage culturel existant. Dans ce qui suit, nous proposons des solutions alternatives constructives qui garantiront la fidélité
des petits aviculteurs vis-à-vis des autorités et aussi assureront un appui pour assurer le bien-être des animaux et com-
battre les maladies.
1) Réglementation du transport des animaux de passe-temps
A présent vous devez être enregistré pour pouvoir amener des poulets à une foire ou chez un autre sélectionneur.
Alternative raisonnable
Liberté de transporter n’importe où vos propres oiseaux ou ceux de vos amis amateurs, aussi longtemps que c’est un
transport non commercial.
2) Réglementation du commerce des volailles de passe-temps
A l’état actuel, les sélectionneurs qui vendent des animaux doivent être des vendeurs de volailles enregistrés et énumé-
rer tous les achats et ventes. Le règlement est un phénomène danois unique. Dans nos pays voisins, les petits aviculteurs
sont libres pour de vendre leurs volailles. Le règlement danois a provoqué une vaste désobéissance civile, parce que ce
n’est pas du tout habituel pour les petits aviculteurs d’enregistrer et d’établir des listes de ventes.
Alternative raisonnable
Liberté d’enregistrer les volailles domestiques aussi longtemps que le nombre vendu ne dépasse pas 50 têtes par an. Les
races mentionnées dans la convention de Washington ne sont pas concernées.
3) Supervisions du bien-être des animaux lors de leurs regroupements
A présent, chaque petit marché ou regroupement d’animaux de plus d’une espèce doit être inspecté par un vétérinaire.
Ceci est tellement coûteux que ces arrangements n’ont plu lieu et ont été remplacés par différents arrangements secrets.
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 45
Alternative raisonnable
La libre inspection du bien-être animal lors de tous les arrangements d’un jour et de toutes les foires organisées par, par
exemple, une association qui s’occupe des animaux pendant toute la session. Normalement, ces arrangements ne cau-
sent aucun problème de bien-être animal.
4) Vaccination
La vaccination obligatoire de tous les pigeons est un exemple classique des règlementations, qui pourraient faire plus de
dommages que de biens, et elles dépassent les normes nécessaires. Les demandes danoises pour la vaccination vont bien
au delà des normes établies au sein de l’UE, étant donné que les règlementations danoises exigent la vaccination des
pigeons ordinaires utilisés dans les ménages ou multipliés pour la conservation des races pures, quand les pigeons sont
exposés en public. Les demandes de l’UE ne couvrent que les pigeons de race, qui participent aux croisements de parts
et d’autres des frontières.
Il est prouvé que, par la vaccination, le paramyxovirus du pigeon PPMV-1 provoquera une réaction croisée avec celui
de la maladie de Newcastle PMV-1. Cependant, les infections à PPMV-1 des pigeons vers les poulets auront lieu uni-
quement dans les conditions expérimentales très extrêmes où le risque de contamination est très grand. Des conditions
similaires sont requises pour la maladie de Newcastle des poulets pour infecter des pigeons. Le contact entre les volail-
les commerciales et les pigeons des ménages exposés lors des foires, et le passe-temps est insignifiant ou non existant.
Pendant les années où la vaccination forcée a été effectuée par des vétérinaires, les changements de générations parmi
les éleveurs sélectionneurs ont presque cessé. Les pigeons ont presque disparu des expositions et des foires publiques où
l'attention et l'intérêt parmi des personnes pourraient avoir été développés.
L’administration danoise de médecine vétérinaire et d’alimentation (ou Danish Veterinary and Food Administration,
DVFA) indique au Comité pour les Ressources Génétiques que ce contraignant type de vaccination peut être considéré
comme étant “très fonctionnel”. Bien que ceci soit considéré comme étant une sorte de déclaration morbide, à moins
que l’objectif soit d’éliminer les nombreuses variétés de pigeons et les types de culture qui vit avec ces pigeons. Il faut
craindre la même évolution pour les autres volailles de basse-cour, si la méthode de vaccination utilisant une aiguille,
appliquée par un vétérinaire, est effectuée pour tous les poulets. L’effet sera inévitablement qu’une culture inoffensive
et procréative sera endommagée parce que la volaille de basse-cour disparaîtra des expositions et foires publiques.
Une salutation juste et satisfaisante
Une solution constructive dans le domaine de la vaccination, qui tiendra compte de la réalité pour la théorie vétérinaire
et la culture et du style de vie des sélectionneurs de volailles de basse-cour, devrait inclure les éléments suivants pour
des animaux exhibés dans les foires locales, les expositions et d’autres rassemblements de volailles et de pigeons:
A) Comportement volontaire
Le risque des maladies chez les volailles et pigeons de basse-cour est beaucoup plus théorique que réel, et le
contact entre ce type de volailles et les volailles commerciales est hautement improbable. Par conséquent, toute
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 46
règlementation est considérée comme étant beaucoup plus préjudiciable que d’une utilité potentielle.
B) Vaccin gratuit
Le but de la vaccination des volailles de basse-cour n’est pas de protéger ces animaux car ils n’ont pas normale-
ment des problèmes avec la maladie de Newcastle et des paramyxovirus. Le but est seulement de protéger
l’industrie avicole contre un risque théorique d’arrêt. Il est donc seulement juste que l’industrie avicole paye le
vaccin qui sera alors gratuit pour chaque personne élevant des types mentionnés, qui prendra le dérangement de
vacciner leurs animaux de passe-temps, comme mesure de sécurité supplémentaire pour l’industrie avicole.
C) Liberté de choix
Le vaccin injecté en utilisant une aiguille sera très incommode pour la majorité de sélectionneurs de volailles de
basse-cour, mais pourrait être préférable aux exposants d’élite. La solution pour des sélectionneurs de volailles
de basse-cour devrait être un choix libre des méthodes disponibles suivantes:
1) Vaccin huileux inactivé injecté en utilisant une aiguille. Administré par un vétérinaire.
2) Vaccin vivant administré par l’eau potable. Administré par le sélectionneur. Dosage donné selon un ma-
nuel rédigé en Danois et sans consultation d’un vétérinaire.
3) Vaccin vivant administré par voie oculaire. Administré par le sélectionneur. Dosage donné selon un ma-
nuel rédigé en Danois et sans consultation d’un vétérinaire.
Ce modèle prend en compte toutes les conditions de la culture souple et différenciée chez des sélectionneurs de
volailles de basse-cour, et prendra en compte également la diversité biologique. De plus, c’est le modèle qui
donne la meilleure couverture vaccinale, due à sa simplicité et son stimulus positif, liberté de choix et les propres
intérêts des sélectionneurs de volailles. En utilisant ce modèle, il est probable que la documentation de vaccins
sera un argument positif de ventes sur les marchés légaux. Au contraire, la vaccination obligatoire de même que
d’autres "infractions" bureaucratiques incompréhensives réduit le respect des gens ordinaires pour et
l’inclination d’adhérer aux demandes et conseils de l’autorité.
5) Contact entre les volailles vaccinées et non-vaccinées
Ce contact est interdit selon les nouvelles règlementations, mais ceci est encore un bon exemple selon lequel les règle-
mentations sont en dehors de la réalité. Un tel contact se produira sans que les personnes ordinaires soient bien infor-
mées d’enfreindre les réglementations, c.-à-d. quand une famille ajoute quelques oiseaux vaccinés (achetés par la petite
porte) à partir d’un cheptel commercial à leur propre cheptel de basse-cour.
Ceci s’est déjà souvent produit, et plusieurs sélectionneurs de volailles de basse-cour ont entendu parler des incidents où
par exemple un sélectionneur allemand confiant a apporté une poule vaccinée à un sélectionneur danois – et encore
personne n’a entendu que ceci aurait provoqué une maladie. La DVFA déclare très logiquement que le vaccin vivant est
une faible infection et que ce vaccin viral faible est infectieux à d’autres animaux. Ainsi, ils clament que le contact entre
les animaux non vaccinés PEUT causer des éruptions épizootiques – mais leur rapport ne contient pas l’information sur
comment ceci probablement se passera. Il est notre point de vue que tout ce qui se produit est que des oiseaux non vac-
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 47
cinés, en rencontrant les oiseaux vaccinés, sont donnés une forme plus faible du vaccin de virus et ainsi alternativement
sont indirectement vaccinés. Nous sommes d’avis que les volailles non vaccinées, en entrant en contact avec les volail-
les vaccinées, reçoivent une forme faible du vaccin viral et, en retour, être indirectement vaccinées.
Solution raisonnable
Ce sera à peine une question importante pour les éleveurs de volailles comme passe-temps; mais au lieu d’imposer une
prohibition, contre laquelle les sélectionneurs normaux ne peuvent seulement que hocher leurs têtes, la DVFA pourrait
peut-être donner des conseils sur le meilleur moyen d’introduire les volailles vaccinées et non vaccinées de part et
d’autre, de sorte que le risque théorique de propagation de maladies soit davantage écarté.
Une culture précieuse est éliminée et la diversité biologique diminuera
Les fonctionnaires de la DVFA prennent systématiquement leur point de départ dans un pire hypothétique cas de scéna-
rio comme:
- un pigeon peut, dans des conditions extrêmes, être atteint de la maladie de Newcastle, qui dans une situation im-
probable pourrait infecter d’autres volailles et causer une éruption épizootique;
- un contact entre un oiseau vacciné et un oiseau non vacciné pourrait dans des conditions très exceptionnelles faire
de sorte qu’une souche vaccinale puisse causer un cas atténué de la maladie de Newcastle - maladie chez la poule
non vaccinée;
- une poule reproductrice pure pourrait infecter d’autres oiseaux avec la maladie de Newcastle pendant une exposi-
tion et, de ce fait, provoquer la propagation d’une maladie.
Cependant, l’expérience prouve que ces choses ne se produisent pas dans la pratique.
Au contraire, les dommages possibles que de telles mesures bureaucratiques ont ne sont pas considérés proportionnel-
lement au vrai risque. Si ce n’est pas l’intention d’éliminer une culture populaire, des règlementations devraient être
promulguées pour des sélectionneurs de volailles de basse-cour, qui, comme légitimement justifiable possible, les
exemptent des programmes de contrôle de la maladie, similairement aux recommandations de l’Evaluation Internatio-
nale de 2002. Les demandes minimums de l’UE devraient être maintenues, mais les éleveurs danois de volailles de
passe-temps ne devraient jamais être infligés une difficulté supplémentaire. L’Evaluation Internationale de 2002 re-
commande également que le Danemark fait un effort pour alléger les restrictions au niveau de l’UE. Au lieu de créer
une bureaucratie, qui amène des personnes à enfreindre les règlementions et augmente le niveau de la désobéissance
civile parmi des sélectionneurs de volailles de basse-cour, les autorités pourraient réaliser une bien meilleure prévention
en fournissant l’information sur la conduite appropriée des volailles de passe-temps, les bonnes pratiques en matière du
marché, les expositions et ainsi de suite.
Les règlementations bureaucratiques diminuent la joie de multiplier et de vendre des animaux, ce qui signifie une baisse
des effectifs d’éleveurs et également moins d’animaux reproducteurs. Ainsi, le risque d’endogamie augmente et ceci va
à l’encontre du fait que les effectifs les plus larges possibles de races sont nécessaires pour assurer leur avenir. Un autre
résultat négatif est que peu de personnes s’intéressent à cet acquis culturel vivant qu’est l’aviculture à petite échelle.
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 48
Une culture entière et fortement ancrée depuis des siècles au Danemark est entrain de disparaître. C’est une culture, qui
a des potentialités pour préserver mais également créer une diversité biologique et, en même temps sans aucun coût
pour la société, offrir beaucoup de qualités que la société demande:
Créer des réseaux de récréation et sociaux dans les communautés locales et particulièrement pour ces groupes qui
ne participent pas à la vie sociale plus intellectuelle;
Socialiser des enfants et mettre en place des activités physiques naturelles en plein air;
Créer un forum où les immigrés et les Danois de toutes les classes sociales peuvent se réunir.
Si nous ne voulons pas que cette culture soit éliminée dans les 10-20 années à venir, une mesure doit être prise mainte-
nant. Les modifications proposées pour les réglementations que nous suggérons dans cette déclaration aiderons à pro-
mouvoir et régénérer l’aviculture à petite échelle. Cependant, selon l’article 7–10 de la Convention de Rio au sujet de la
diversité biologique, le Danemark a une obligation vis-à-vis de la Convention de Rio et devrait identifier des processus,
qui ont un effet négatif sur la diversité biologique, intégrer des soucis de diversité biologique dans les lois et les règle-
ments de même que protéger et promouvoir les connaissances et les pratiques trouvées dans les communautés locales,
qui mènent des vivent traditionnelles, qui ont un impact sur la préservation de la diversité biologique.
Tout ceci signifie qu’un travail d’élucidation doit être menée afin d’identifier quelles conditions constituent une menace
contre notre acquis culturel vivant et la diversité biologique en créant des obstacles pour la culture de l’aviculture à
petite échelle. Une commission indépendante comprenant une expertise ethnologique devrait collaborer avec les ONGs
impliquées et élaborer par rapport à ces problèmes et esquisser des solutions, qui peuvent produire une culture
d’aviculture à petite échelle florissante au Danemark.
En ce qui concerne les maladies, des recherches devraient être menées afin de déterminer le potentiel de résistance gé-
nétique des races non-commerciales et des possibilités de préserver et développer davantage cette résistance par des
conseils sur la conduite/gestion de la reproduction.
Organisations signataires, 30 mars 2005 Center for Biodiversitet Hvejselvej 127, 7300 Jelling.
Landsforeningen Praktisk Økologi Sekretariat Maglevænget 61, 4571 Grevinge.
Miljøorganisationen NOAH Nørrebrogade 39, 1. sal. 2200 København N.
Frie bønder - Levende land Hedevej 7, Dørup 8660 Skanderborg.
ByhaveNetværket Enghave Plads 11, 2th., 1670 København V.
Danmarks Racedue Foreninger (DRF) Drejøvej 52, 4700 Næstved.
Danmarks Kaninavlerforening. Assensvej 480 A 5642 Millinge.
Landsorganisationen Danske Fugleforeninger, Sæbyvej 5, 3000 Helsingør.
Foreningen for Prydfjerkræ Norupvej 23. DK 5450 Otterup.
Foreningen Gamle Danske Husdyrracer Tunnelvej 10, 5800 Nyborg.
Boergeder i Danmark Kulsøvej 16, 7323 Give.
Dansk Smådyrs Klub (DSK) Hovedvejen 176, 9620 Ålestrup.
VHH/WWOOF-DK (Wiling Workers On Organic Farms - Denmark) Horsevadvej 200, 9830 Tårs.
Barnevelderklubben af 1982 Håndværkervej 18, 6792 Rømø. (høns)
Dansk Gåse- Ande og Kalkunavlerforening Ulsted Kærvej 35, 9370 Hals.
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 49
Dansk Hønsedueklub Ibsensvej 17, Thyregod 7323 Give.
Dansk Kamphønse Klub Viborgvej 735, 8471 Sabro.
Dansk Mæfik Club Læsøvej 29, 4700 Næstved. (duer)
Dansk Newhampshire Klub Skovbyvej 53, Lebølgård, 6470 Sydals. (høns)
Dansk Strasserklub Godthåbsvej 16, 9500 Ringkøbing. (duer)
Dansk Undulat Klub Brogade 13, Terslev 4690 Haslev.
Farvedueklubben Ljørringvej 31,7490 Aulum.
Kæmpedueklubben Ljørringvej 31, 7490 Aulum.
Rexklubben Klosterhedevej 13, Ølby, 7600 Struer. (kaniner)
Specialklubben for Chabos og Skæghøns Troldhedevej 8, Vium Øst 6920 Videbæk.
Specialklubben for Fodbefjerede dværge Frydsvej 31, 8700 Horsen. (høns)
Specialklubben for Toppede Hønseracer Skovbakken 14, 7500 Holstebro.
Specialklubben for Rugehøns, Skovgårdevej 19,Tustrup, 8961 Allingåbro.
Svaberkredsen Søbyvej 28, Radby 5672 Broby. (duer)
Trommedueklubben Stokholmvej 5, 7620 Lemvig.
Brande-Give Fjerkræklub Vejlevej 98, 7330 Give.
Danmarks Fjerkræavlerforening for Raceavl - Ringkøbing kredsen Troldhedevej 8, 6920 Videbæk.
Danmarks Fjerkræavlerforening for Raceavl - Vejle Kredsen Frydsvej 1, 8732 Hovedgård.
Danmarks Fjerkræavlerforening for Raceavl - Svendborg Kredsen Pårupvej 41, 5540 Ullerslev.
Dansk Undulat Klub/ kreds 5 Højgade 47 6630 Rødding.
Fjerkrækolonien ”Ballerup” v/Lars Niemann Hedeparken 111 2. th. 2750 Ballerup.
Fjerkræklubben for Slagelse og Omegn, Egevej 11 Flakkebjerg 4200 Slagelse.
Fjerkræklubben Odense-Fyn-Kerteminde Møllemarksvej 78, 3.tv., 5200 Odense.
Herning og Omegns Fjerkræklub Stormosevej 26, Studsgård, 7400 Herning.
Herning og Omegns Sirdueklub Ljørringvej 31, 7490 Aulum.
Hjørring Racedueklub Troldhættan 8 1.tv., 9800 Hjørring.
Hobro Fjerkræklub Godt Gemt 5, 9500 Hobro.
Hobro Fugleforening Godt Gemt 5, 9500 Hobro.
Holbæk og Omegns Fugleforening Esterhøjvej 68, 4550 Asnæs.
Horsens Fjerkræklub Frydsvej 1, 8732 Hovedgård.
Horsens & Omegns Fugleforeningen Begonievej 15 7130 Juelsminde.
Langeskov - Ullerslev Fjerkræklub Pårupvej 41, 5540 Ullerslev.
Midtfyns Fjerkræklub Østløkke 3, Espe, 5750 Ringe.
Nyborg og Omegns Racedueklub, Bredahlsgade 7, 5800 Nyborg.
Racedueklubben for Als & Sundeved Nederballe 24, Skelde 6310 Broager.
Randers Fugleforening Byparken 32, 8961 Allingåbro.
Region Fyn - Kanariefugleopdræt Oldager 5, 5330 Munkebo.
Silkeborg Sirdueklub Ibsensvej 17, Thyregod 7323 Give.
Skjern og Omegns Fjerkræklub Egerisvej 17, 6900 Skjern.
Skive og Omegns Fjerkræklub Hvilshøjvej 5, Lem 7860 Spøttrup.
Sydvestfyn Kaninavlerforening Solevadsvej 40, 5690 Tommerup.
Varde og Omegns Fugleforening Vestre Landevej 22, 6800 Varde.
Viborg og Omegns Fuglevenner Vesterheden 15, 8800 Viborg.
Vejle og Omegns Fjerkræklub Skovgårdsvej 19, 7100 Vejle.
Vendsyssel Fjerkræklub Hjørringvej 423c, 9750 Østervrå.
Østsjællands Racedueklub Dyrehavevej 14 4672 Klippinge.
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 50
Århus Fugleforening Ivar Huitfeldtsgade 21, 2tv, 8200 Århus N.
Birgit Bak Skanderborgvej 202, 8382 Hinnerup.
Avlerrepræsentant i Statens Genressourceudvalg og dyreartsgruppen for svin Nordisk Genbank Husdyr.
Susanne Kristensen - Aktiv Gen Bevarelse Under Skoven 10, 9460 Brovst.
Avlerrepræsentant i dyreartsgruppen får & geder under Nordisk Genbank Husdyr.
Lars Køhler Kærsangervej 3, 4581 Rørvig
Avlerrepræsentant i dyreartsgruppen heste under Nordisk Genbank Husdyr.
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Note sur la traduction du danois à l’anglais de "La déclaration danoise de Pâques sur la bureaucratie et l’élevage de la volaille
de basse-cour"
Tous les sélectionneurs de vieilles races de volailles au Danemark sont des personnes qui élèvent les volailles comme passe-
temps et comme activité de récréation qui n’accordent aucune signification par rapport à l’économie des ménages.
La race nationale: la poule Landrace danoise n’a, par exemple, pas été utilisée dans l’aviculture commerciale depuis 1900; mais
les sélectionneurs de passe-temps ont préservé la race pendant 100 an. D’autres races traditionnelles de volailles ont, le plus
souvent, été en dehors de la production depuis les années 50, mais beaucoup de races ont été préservées pour des activités fami-
liales en temps libre.
La motivation du sélectionneur de passe-temps est très souple, par exemple, le besoin de la viande et des œufs des volailles qui
ont eu une bonne et libre vie, le souhait pour conserver les volailles en tant qu’une composante de l’écosystème de jardin, la
conservation des races et des oiseaux de reproduction pour des expositions.
Les nombreuses initiatives bureaucratiques danoises ont fait sortir des races traditionnelles du domaine public, des foires publi-
ques et des jours de marchés; ce qui signifie que plus de petits aviculteurs investissent dans les hybrides industriels parce qu’ils
sont plus accessibles à partir de plus grandes fermes commerciales. Ces fermes sont adaptées à la bureaucratie et, dans certains
cas même, favorisées par les règlementations.
Aujourd’hui, la majorité des races de volailles traditionnelles sont vendues en enfreignant les lois danoises en vigueur sur la
vaccination et la vente. Ainsi, on peut indiquer que, malgré les autorités danoises, la diversité biologique chez les volailles sur-
vit comme une culture secondaire.
Center for Biodiversitet (ou Centre de Biodiversité), Hvejselvej 127, DK-7300 Jelling, Denmark
Website: www.biodiverse.dk
Contact person: Ms. Heine Refsing, E-mail: <[email protected]>
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 51
RAPPORT DE R&D No 8:
Influenza aviaire hautement pathogénique H5N1: une crise mondiale en santé
animale - défis majeurs pour la science et la société SAMUEL C. JUTZI1* et JOSEPH DOMENECH2
1Directeur de la Division de la Production et de la Santé Animales (AGA) 2Chef du Service de Santé et Fonctionnaire Vétérinaire en Chef
Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), Viale delle Terme di Caracalla, 00100
Rome, Italie
* Adresse pour correspondance: <[email protected]>
Soumis pour publication 24 août 2006; accepté 28 août 2006
[Cette contribution a été préparée en utilisant une synthèse bibliographique majeure sur “La relation entre l’influenza
aviaire, les différents mécanismes de propagation et persistance du virus, et la structure de l’industrie avicole” par C.
Narrod, L. Sims, A.J. Slingenbergh, A. McLeod (à paraître).]
Résumé L’épizootie de l’influenza aviaire hautement pathogénique H5N1 constitue un grave défi multidimensionnel pour
l’agriculture, le développement rural et la santé publique, et elle requiert une forte attention multisectorielle afin de lui
apporter une solution. De nombreux acteurs de la crise sont très mal connus, ce qui rend son bon contrôle technique et
social assez difficile. Dans cet article, quelques uns de ces éléments sont mis en exergue comme étant les actions
principales entreprises par l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), avec l’appui
des pays membres.
Introduction
La souche H5N1 de l’influenza aviaire hautement pathogénique (IAHP) est apparu pour la première fois en 1996 quand
elle a été identifiée chez les oies dans la Province du Guangdong au sud de la Chine. Depuis lors, la maladie se propage
largement, d’abord par l’Asie de l’Est et du Sud-est en 2003/4, et ensuite vers la Mongolie, le sud de la Russie, le
Moyen-Orient et l’Europe, l’Afrique et l’Asie du Sud en 2005/6. Les oiseaux migrateurs semblent avoir joué un rôle
dans certains de ces mouvements.
Pendant ce temps, l’influenza aviaire a attiré l’attention très considérable du public et des médias parce que les virus
impliqués provoquent une maladie zoonotique mortelle dans un petit nombre d'humains exposés aux virus et en raison
de la possibilité d’acquérir la capacité de transmission d’humains à humains, un préalable pour une souche de pandémie
humaine. Bien que la possibilité existe que l’influenza aviaire causée par des virus de H5N1 mène à une pandémie glo-
bale d’influenza, H5N1 ne s’est pas encore avéré facilement transmissible des oiseaux aux humains et même moins, le
cas échéant, parmi des humains.
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 52
L’impact de la maladie et de son contrôle
Avec la peur de la propagation de l’influenza aviaire, de nombreux décideurs politiques se demandent comment adéqua-
tement prévenir l’introduction de l’IAHP dans leurs pays ou, si elle est déjà dans leurs pays, comment empêcher qu’elle
se propage davantage et qu’elle devienne endémique. Des mesures d’urgence de contrôle pour éliminer de nouvelles
éruptions épizootiques de l’IAHP et stopper la propagation de la maladie se sont focalisées sur l’abattage qui pourrait
comporter l’élimination à grande échelle de cheptels infectés et ceux en contact. La forte concentration des volailles
dans certaines zones a abouti à l’élimination de millions de têtes de volailles à grands frais (Brahmbhatt, 2005). Dans
les pays à faibles revenus où les volailles sont élevées principalement par les petits producteurs qui peuvent générer
d’importants revenus, de telles mesures pourraient sérieusement menacer les opérations d’aviculture à petite échelle.
Pour ces pays ayant un grand nombre de producteurs de basse-cour, l’aviculture est une importante contributrice aux
moyens d’existence de nombreux ménages pauvres. Par ailleurs, les œufs et la viande de volailles sont d’importantes
sources de micronutriments essentiels pour les personnes pauvres, les enfants et les femmes, et il est connu qu’en géné-
ral la conduite du petit élevage est positivement associée à la consommation d’aliments d’origine animale. Les pertes
économiques et nutritionnelles subies par les producteurs pauvres dans ces pays, dépendant de la stratégie choisie pour
le contrôle de l’IAHP, pourraient être dévastatrices, comme le serait une perte accélérée de la diversité génétique anima-
le.
Bien que les virus aient eu un impact significatif sur les aviculteurs, et en particulier sur les aviculteurs de basse-cour, le
coût direct de la maladie a été éclipsé par l’impact dévastateur sur les aviculteurs au niveau mondial à la suite de chocs
sur le marché dirigés largement par des peurs déplacées du public pour ce qui concerne la sécurité des produits avicoles
(Figure 1). Ces inquiétudes, alimentées en partie par les médias, ont mené à une chute marquée dans les ventes et les
prix pour les produits avicoles.
Figure 1: Systèmes d’aviculture de basse-cour à petite échelle – sous une pression à long terme causée par
l’IAHP? (Photo: G. Bizzarri).
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 53
Controverse sur l’origine et la propagation de la maladie
Il existe un grand choix de questions non résolues concernant l’apparition et la propagation de l’IAHP H5N1 depuis
1996. Une école de pensées suggère que le développement rapide de l’aviculture intensive ou industrielle a joué un rôle
majeur (Figure 2) alors que d’autres la voit surtout comme une maladie de l’aviculture à petite échelle, provoquée par
l’échec ou l’inaptitude de mettre en application des systèmes appropriés de biosécurité / gestion de la qualité, étant
donné que les petits cheptels se sont développés. La FAO argumente que les deux ont joué un rôle, et toute tentative
pour blâmer une pratique particulière ou secteur dans l’apparition de la maladie ne réussit pas à reconnaître la complexi-
té de l’industrie avicole et les pièges et avantages des divers systèmes de conduite d’un point de vue vétérinaire, social
et économique. Le rôle crucial des canards dans les systèmes d’élevage en plein air et dans les marchés de volailles
vivantes comme réservoirs de l’infection a également besoin d’être reconnu de même que les voies et moyens selon
lesquels ces risques sont gérés ou n’ont pas pu être gérés.
Figure 2: Systèmes d’aviculture commerciale – l’IAHP accélère t-elle leur croissance? (Photo: R. Faidutti).
Un secteur avicole mondial en croissance et variable
L’élevage de volailles joue depuis longtemps et continue de jouer un rôle crucial dans le développement rural à cause
des coûts de démarrage relativement bas et des recettes potentiellement élevées pour les petits aviculteurs qui augmen-
tent leurs cheptels. Beaucoup de petits aviculteurs ont répondu aux demandes croissantes du marché crées par les grands
centres urbains en élevant d’autres volailles mais sont maintenant en train de réaliser que le rapide développement de
leurs cheptels sans les investissements simultanés dans les mesures de prévention de la maladie, tel le renforcement de
la biosécurité, les a laissé vulnérables à la maladie (Figure 3). Même les petits aviculteurs, dont les cheptels ne sont pas
infectés, ont été affectés à la suite des chocs du marché quand l’influenza aviaire est apparue, comme le public et les
autorités ont demandé des productions indemnes d’infections obtenues dans les conditions qu’on peut certifier de ‘sû-
res’.
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 54
Figure 3: Un travailleur collecte des œufs dans une ferme de poulets bien protégée – comment les petits avi-
culteurs peuvent-ils garder l’allure? (Photo: Saeed Khan).
La FAO argumente que la croissance très dynamique de l’industrie avicole mondiale, mais particulièrement dans les
régions qui manquent d’infrastructures vétérinaires de taille nécessaires pour suivre et protéger la santé animale a crée
une ‘bombe à retardement’ qui a ‘explosé’ quand l’IAHP H5N1, une maladie hautement transmissible d’une grande
signification en santé publique, est apparue. Tous les aviculteurs ont été affectés par les perturbations du marché mais
ceux ayant des programmes sub-normaux de prévention de la maladie, à travers tous les secteurs de production, ont
payé un prix particulièrement élevé dans leur échec ou inaptitude à mettre en application de telles mesures. Certains de
ces producteurs ne retourneront jamais dans l’aviculture et ceux qui sont restés pourraient ne plus avoir accès aux mar-
chés sur lesquels ils comptaient avant que les éruptions épizootiques n’aient lieu.
Systèmes insuffisants d’appui vétérinaire
La FAO a depuis longtemps noté, avec inquiétude, le développement rapide de l’industrie avicole sans les systèmes
d’appui vétérinaire nécessaire. Cette inquiétude est aussi relative à la multiplication des pratiques tel l’élevage divagant
des canards en association avec les systèmes de riziculture et l’élevage de volailles domestiques dans les étangs au sein
des systèmes d’aquaculture en pleine expansion. La FAO considère que de telles pratiques pourraient être écologique-
ment et économiquement saines, cependant certains de ces systèmes d’élevage, en particulier les canards divagants, se
sont révélés être des réservoirs du virus H5N1 virus (Gilbert et al., 2006). Ainsi, des mesures additionnelles, tels les
vaccins efficaces utilisés chez les canards et des technologies de vaccination pratiques, doivent être exécutées dans ces
systèmes d’élevage importants afin de les rendre sûrs et durables.
Il est peut-être trop facile de blâmer les autorités vétérinaires de n’avoir pas réussi à imposer des normes plus serrées
aux aviculteurs quand le visionnement des événements dans la rétrospection, étant donné que la volonté politique de
mettre en application des actions nécessaires matérialise habituellement seulement après que les chocs principaux se
soient produits par la transformation de des problèmes potentiels en problèmes réels. De même, il est plutôt facile de
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 55
blâmer les gouvernements et les donateurs pour appuyer financièrement des projets dans beaucoup de pays en voie de
développement pour encourager l’aviculture comme activité viable de génération de revenus chez les populations rura-
les. Il est certain que de tels projets avec leurs avantages directs en particulier chez les femmes et les enfants, en termes
de moyens d’existence et d’accès aux micronutriments (The Hunger Project, 2005) doivent être associés au renforce-
ment des moyens de prévention de la maladie.
Bien qu’il soit reconnu que les volailles élevées intensivement peut jouer un rôle dans l’apparition des virus de
l’influenza aviaire hautement pathogénique, ces fermes peuvent également rester largement non infectées face à
l’infection dans d’autres secteurs de production par l’exécution rigoureuse d’une biosécurité et d’autres mesures de
prévention de la maladie. Ceci a été démontré en Thaïlande et en Hong Kong (Région Administrative Spéciale de la
République Populaire de Chine) où l’aviculture a été pratiquée avec succès dans les fermes intensives en dépit de la
présence du virus en dehors de ces fermes.
Les marchés de volailles vivantes, qui existent dans la plupart des communautés d’aviculture, ont été blâmés dans le
maintien et la propagation de l’infection, et il n’est guère douteux qu’ils posent des défis majeurs aux autorités vétéri-
naires, comme c’est observé dans les expériences aux États-Unis d’Amérique et Hong Kong. Il est prouvé qu’il est
difficile de garder les virus de l’influenza aviaire en dehors de tels marchés, la raison pour laquelle leur opération conti-
nue est remise en cause par quelques experts et décideurs politiques.
Renforcement du conseil dans un secteur de développement sûr et équitable
Réaliser un équilibre approprié entre les avantages d’une biosécurité renforcée, les risques associés à la création de
grands effectifs de volailles susceptibles dans des fermes à échelle industrielle, fournir aux consommateurs des aliments
abordables et accessibles, protéger les moyens d’existence des petits producteurs et villageois pauvres et conserver la
précieuse diversité génétique aviaire sont peut-être les plus grands défis auxquels font face les autorités lors de la prise
décision concernant le contrôle de l’IAHP H5N1. Le programme de santé animale de la FAO continue à travailler afin
de mieux comprendre l’épidémiologie globale de la maladie et définir les meilleures stratégies pour la prévention et le
contrôle. Afin de s’assurer que ces stratégies sont socialement et économiquement saines, la FAO a mis sur pied un
groupe professionnels dévoués pour analyser soigneusement les impacts socio-économiques de la maladie et des mesu-
res de contrôle de la maladie et pour conseiller les pays et les donateurs sur la gestion des défis liés au contrôle de cette
maladie vis-à-vis de la structure actuelle et future de l’industrie avicole (McLeod et al., 2005).
La présente crise de l’IAHP H5N1 pose un défi probablement sans précédent à la communauté scientifique, aussi bien
biologique que sociale, de travailler ensemble pour apporter la compréhension des impacts socio-économiques des
efforts de contrôle de l’IAHP au premier rang du débat public et privé. La question est de savoir comment mieux procé-
der de sorte que les risques et les voies de la diffusion, les impacts socio-économiques des mesures de contrôle, et des
mesures de contrôle rentables puissent être identifiés pour réduire au minimum l’impact négatif sur les populations
pauvres tout en contenant avec succès la menace de l’IAHP. Plus de recherches doivent être menées pour expliquer
toutes les causes déterminantes de l’épidémiologie de la maladie et pour développer de meilleurs outils, tels que des
vaccins, et des stratégies de prévention et de contrôle de l’influenza aviaire. Néanmoins, elle doit être reconnue que les
décideurs politiques devront s’occuper de la prise de décisions dans l’incertitude pendant un certain temps à venir du
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 56
fait qu’ils n’auront pas toutes les informations dont ils auront besoin au sujet de la maladie lorsqu’ils mettront en appli-
cation des stratégies de contrôle et seront probablement obligés de modifier ces derniers dès que de nouvelles informa-
tions deviennent disponibles.
Réponse de la FAO à l’influenza aviaire
La FAO s’est engagée à poursuivre son assistance aux prises de décisions souvent complexes de ses pays membres, elle
a reçu la responsabilité de mettre à disposition toutes les ressources disponibles techniques et scientifiques appropriées
afin de renforcer le rôle du secteur de l’élevage qui doit notamment contribuer à garantir la sécurité alimentaire globale,
tout en participant à la réduction de la pauvreté, tout en veillant à la santé publique et en contribuant à l’utilisation dura-
ble des ressources naturelles, y compris la biodiversité génétique animale utilisée dans ce type de production.
Depuis le début de l’année 2004, alors que plusieurs pays asiatiques ont déclaré officiellement et pratiquement si-
multanément des foyers de l’influenza aviaire hautement pathogénique (IAHP) H5N1, la FAO a travaillé sans re-
lâche avec les pays infectés et également avec les pays à risques en Asie, en Europe de l’Est, au Proche Orient,
dans le Caucase, en Afrique, en Amérique Latine et dans les Caraïbes pour faciliter la dissémination
d’informations, la création de réseau d’intervenants et de renforcer les capacités techniques. La FAO a utilisé des
fonds propres ainsi que des fonds de plus en plus importants provenant des contributions multi- ou bilatérales. Les
premiers objectifs des ces opérations ont été et continue à être: la détection de la présence du virus, la préparation
de plans d’urgence, l’étude du rôle des oiseaux migrateurs dans la propagation de la maladie, l’appui à des campa-
gnes d’information sur les risques de contamination, l’analyse et les conseils sur les conséquences socio-
économiques à la fois de l’impact de la maladie même et de ses mesures de contrôle, le renforcement des capacités
de surveillance sur le terrain et de diagnostics de laboratoires, la surveillance globale du virus H5N1 et les capaci-
tés de réponse rapide. La FAO a organisé des missions d’assistance technique dans les pays infectés avec
l’influenza aviaire et dans ceux à risque, souvent conjointement avec l’OIE (Office International des Epizooties),
l’OMS (Organisation mondiale pour la santé, la BM (Banque Mondiale) et la CE (Commission Européenne); et un
total de 106 et 166 missions respectivement en 2004 et 2005 ont été menées. Pendant le premier semestre 2006, un
nouveau total de 159 missions a été conduit pour aider à mettre en place et à maintenir des actions nationales, ré-
gionales et globales de lutte et de prévention contre l’influenza aviaire. A la mi-2006, la FAO a pu récolter un total
de 130 millions de dollars des E.-U. pour une assistance aussi bien nationale, régionale que globale pour des ac-
tions contre ce fléau. La FAO a jusqu’à aujourd’hui fourni une assistance au contrôle et à la prévention de l’IAHP
dans 95 pays du monde.
La FAO a établi en 2004, un Centre d’Opération d’Urgence pour les Maladies Animales Transfrontalières ou
‘Emergency Centre for Transboundary Animal Disease Operations (ECTAD)’; une plateforme pour la mise en
oeuvre intégrée de programmes FAO liés à des crises de santé animale comme l’influenza aviaire. Ce mécanisme
permet de combiner les responsabilités techniques de la santé animale au sein de la Division de la production et de
la Santé Animales sous la direction du Vétérinaire en Chef ou ‘Chief Veterinary Officer (CVO)’ avec la synergie
des capacités de mise en œuvre de la Division des Urgences et de la Réhabilitation de la FAO offrant une large
gamme d’expériences et expertises opérationnelles.
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 57
La FAO a appuyé les pays membres à développer et à mettre en œuvre des stratégies de control et de prévention à
court, moyen et long terme, à analyser les besoins en ressources humaines, en infrastructure et en politiques
d’élevage pour la surveillance, la détection et le contrôle de l’influenza aviaire, et à évaluer les conséquences so-
cio-économiques de la crise et également les coûts et les conséquences des mesures de contrôle et de diverses ten-
tatives de réhabilitation et de restructuration à long terme du secteur avicole. La FAO maintient également un ser-
vice d’informations sur l’évolution de la crise et sur les actions qui sont entreprises au niveau mondial.
La FAO et l’OIE ont préparé conjointement un Plan Global pour le Control Progressif de l’IAHP ou ‘Global Plan
for the Progressive Control of HPAI’. Elles ont établi un réseau d’intervenants sur l’influenza aviaire ou ‘OIE-
FAO Avian Influenza Network (OFFLU)’ dont le rôle est de coordonner la recherche, de permettre la confirmation
officielle des diagnostics, et d’appuyer les pays membres par la mise à disposition d’experts techniques et
d’actions synergiques avec l’OMS sur l’analyse des souches virales.
La FAO, l’OIE et l’OMS sont tous concernés par les activités liées à l’alerte rapide de l’influenza aviaire au ni-
veau mondial, ces institutions travaillent ensemble avec le Système Mondial d’Alerte (et de Réaction) Rapide ou
‘Global Early Warning (and Response) System (GLEWS)’. Ce système, basé au niveau de la FAO à Rome,
s’occupe de toutes les informations sur les maladies animales transfrontalières et les zoonoses émergentes.
Dans la mise en place par Kofi Annan en septembre 2005 de la coordination des Nations-Unies pour l’Influenza
Aviaire et la pandémie humaine, la FAO a pris le rôle de chef de file en tant que agence spécialisée en charge
d’assister les pays membres dans la prévention et le contrôle du virus à sa source chez l’animal.
Références bibliographiques
BRAHMBHATT, M. (2005) Avian and Human Pandemic Influenza – Economic and Social Impacts. World Bank,
November 2005, www.who.int/mediacentre/events/2005/World_Bank_Milan_Brahmbhattv2.pdf
GILBERT, M., CHAITAWEESUB, P., PARAKAMAWONGSA, T., PREMASHTHIRA, S., TIENSIN, T.,
KALPRAVIDH, W., WAGNER, H., SLINGENBERGH, J. (2006) Free-grazing ducks and highly pathogenic avian
influenza, Thailand. Emerging Infectious Diseases [serial on the Internet], Vol. 12, No. 2; available from
www.cdc.gov/ncidod/EID/vol12no02/05-0640.htm
THE HUNGER PROJECT (2005) The African Woman Food Farmer,
www.thp.org/awffi/awffi_brochure/bro_contents.html
McLEOD, A., MORGAN, N., PRAKASH, A., HINRICHS, J. (2005) Economic and social impacts of avian influ-
enza. FAO (AGAL, ESCB and ECTAD), www.fao.org/ag/againfo/subjects/en/health/diseases-
cards/CD/documents/Economic-and-social-impacts-of-avian-influenza-Geneva.pdf
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 58
Notes de communications
NOTE DE COMMUNICATION No 1:
Influenza aviaire comme problème de santé animale: les grandes lignes de
l’approche de la FAO P. HARRIS
Centre d’Opération d’Urgence pour les Maladies Animales Transfrontalières ou ‘Emergency Centre for Transboun-
dary Animal Disease Operations (ECTAD)’, Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture
(FAO), Viale delle Terme di Caracalla, Rome 00100, Italie, E-mail: <[email protected]>
Soumis pour publication 23 août 2006; accepté 29 août 2006
[Cette contribution s’est fortement inspirée d’une synthèse bibliographique majeure sur “La relation entre l’influenza
aviaire, les différents mécanismes de propagation et persistance du virus, et la structure de l’industrie avicole” par C.
Narrod, L. Sims, A.J. Slingenbergh et A. McLeod (à paraître).]
L’influenza aviaire hautement pathogénique (IAHP) est une maladie dangereuse. Depuis la très récente apparition d’une
série d’éruptions épizootiques vers la fin de 2003, elle a provoqué la perte de 200 millions de poulets (par des mortalités
causées par la maladie ou par l’élimination des volailles) et plus de 140 vies humaines. Derrière ces données austères se
trouve une multitude de faits et d’hypothèses, où beaucoup de choses sont connues sur la nature du virus qui cause la
maladie mais peu de chose est connue sur son potentiel de passer aux humains et, éventuellement, donner le coup
d’envoi d’une chaîne de réactions qui qualifierait la maladie de pandémie humaine.
L’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) s’occupe principalement de ce qui est
connu, à savoir la structure et l’épidémiologie du virus H5N1 au centre du débat sur l’IAHP, son impact sur les volail-
les, et les efforts pour sa prévention et de son contrôle – en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient ou en Europe, où il a
déjà été identifié. Dans une très large mesure, le mandant de la FAO est de conseiller les États membres sur les meilleu-
res pratiques à utiliser afin de s’assurer, entre autres choses, que les besoins alimentaires de base sont couverts, que la
qualité des aliments est la meilleure, qu’un équilibre optimal entre la production alimentaire et le nécessaire niveau
d’‘exploitation’ environnementale est préservé, et que les moyens d’existence des personnes impliquées dans la produc-
tions alimentaire sont sauvegardés et promus.
Lorsque l’aliment concerné est tiré de l’élevage des animaux, comme les volailles dans ce cas, la FAO a une responsa-
bilité spéciale dans la protection de ces animaux domestiques de toutes les menaces possibles, quelles soient naturelles
(par le biais, par exemple, de maladies ou désastres) ou anthropiques (par le biais, par exemple, d’une destruction des
ressources de l’environnement dont ces personnes dépendent). Au niveau de la protection contre les maladies, le rôle de
la FAO est de conseiller les États membres sur les meilleurs systèmes et techniques vétérinaires disponibles qui sont
nécessaires pour le maintien et l’amélioration du bien-être des volailles. De plus, comme agence technique des Nations-
Unies responsable de l’alimentation et l’agriculture, la FAO est concernée par les poulets et les autres espèces aviaires
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 59
comme les animaux domestiques destinés à la consommation humaine, qu’ils soient élevés dans la basse-cour d’un
fermier isolé pour la consommation domestique ou dans une ferme industrielle commerciale orientée vers les marchés
nationaux, régionaux et même internationaux. En Asie du Sud-Est uniquement, au niveau micro, l’IAHP a déjà frappé
durement beaucoup de fermiers dont les moyens d’existence ou les approvisionnements en aliments dépendent de
l’aviculture (et cette dernière est pratiquée par des centaines de millions de personnes et ces volailles composent 80%
des effectifs dans les zones rurales). Au niveau macro, l’IAHP a frappé les économies des pays affectés pour un mon-
tant de dizaines de milliards de dollars. Aux coûts directs déjà importants de la maladie doit être ajouté l’énorme impact
global des chocs du marché provoqués par les publics dans diverses régions du monde qui tournent leurs dos aux pro-
duits avicoles par la crainte qu’ils sont peu sûrs.
Il est très difficile, sinon impossible, d’identifier n’importe un coupable, à qui l’on peut attribuer la responsabilité des
dommages réels que l’influenza aviaire a déjà causé, et le désastre potentiel dont il pourrait potentiellement provoquer
dans son sillage. Il y a également de très nombreuses questions sans réponses au sujet de l’apparition et de la propaga-
tion de l’IAHP. Quelques personnes pointent un doigt accusateur sur les oiseaux migrateurs, d’autres sur le mélange de
différentes espèces au sol; certains accusent les aviculteurs tandis que d’autres blâment les commerçants, qu’ils soient
légaux ou illégaux. Ainsi, il existe deux camps opposés, ce qui suscite la question concernant les responsabilités respec-
tives des systèmes d’aviculture à grande échelle ou des petits cheptels avicoles. Le premier groupe est d’avis que la
faute incombe à l’expansion rapide de l’aviculture intensive ou industrielle, le second pense que l’IAHP est au-dessus
d’une maladie en aviculture à petite échelle, causée par le manque de normes et de pratiques appropriées en hygiène et
normalisation.
Pour la FAO, les différents soucis des familles et les systèmes commerciaux d’élevage sont les formes également légi-
times de productions animales. Ce qui est le plus approprié dépend d’un mélange complexe de facteurs environnemen-
taux, économiques, culturels et de consommation: un système est le plus approprié dans certaines circonstances, l’autre
dans différentes circonstances. Les systèmes de basse-cour et d’élevages commerciaux doivent co-exister, à condition
que les systèmes respectent les pratiques et les procédures de biosécurité les plus serrées. Blâmer l’un ou l’autre sys-
tème ne permet d’apprécier le rôle qu’ils jouent ou la complexité de l’industrie avicole et les pièges et les avantages des
différents environnements de production à partir d’une perspective vétérinaire, sociale et économique.
Quelque soit le système en question, il est clair que l’IAHP demeure un risque potentiel pour les êtres humains mais un
risque réel pour les animaux. Là où une maladie animale constitue une menace potentielle pour la santé humaine, le rôle
de la FAO est de conseiller sur les meilleures méthodes pour contenir la maladie au niveau des animaux, de prévenir sa
répétition et d’entreprendre la recherche pour identifier les voies et moyens d’éradiquer la maladie; cependant, elle doit
également coopérer avec d’autres organismes spécialisés pour définir les voies et moyens d’éviter la transmission aux
êtres humains.
L’état actuel du jeu est que l’IAHP est une question de santé animale, et l’accent doit consister à attaquer le problème à
la source – chez les animaux. La transmission réelle et potentielle de l’influenza aviaire peut être décrite en trois phases,
d’animaux à animaux, d’animaux aux humains et d’humains aux humains. Les scénarios suivants peuvent être associés
à chacune de ces phases:
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 60
Transmission d’animaux à animaux
o C’est un problème pour les volailles.
o Par extension, c’est un problème pour ceux dont les vies dépendent des volailles.
o Par davantage d’extension, c’est un problème pour les consommateurs quand des mesures conservatoires
(bonnes pratiques d’élevage) ne sont pas appliquées.
Transmission d’animaux à humains
o C’est un problème de santé humaine pour ceux qui manipulent les volailles malades ou sont autrement en
contact direct avec les volailles malades.
o Plus la propagation et l’incidence de l’IAHP chez les volailles sont grandes, plus grand sera le nombre
probable de personnes dont la santé sera affecté.
Transmission d’animaux à animaux
o Elle peut rester localisée.
o Elle pourrait se propager rapidement en dehors des endroits d’origine et même traverser les frontières
pour devenir une pandémie.
Le souci de la FAO s’est focalisé sur la première phase mais couvre également une grande partie de la deuxième phase
en termes de contrôle de la maladie et l’empêchement de sa transmission aux humains. En conseillant ses gouverne-
ments membres sur la façon de combattre l’influenza aviaire à la source chez les animaux, la FAO souligne l’impor-
tance primaire et fondamentale d’un service vétérinaire national fort et articulé au niveau local dans le but d’améliorer
la capacité aux niveaux de la ferme et du marché:
1) mettre en application des mesures de biosécurité visant à prévenir la maladie;
2) améliorer la surveillance et la détection de la maladie;
3) assurer une inspection légale et une hygiène appropriée, et
4) une fois la maladie détectée, rapporter, contrôler et limiter sa propagation.
Il y a des pratiques prouvées à cet effet, telles qu’un isolement des volailles, une bonne hygiène au niveau de
l’exploitation, une utilisation de vaccins efficaces, un suivi rapproché, et un abattage rapide, si nécessaire. Ces pratiques
fonctionnent, et il y a des histoires à succès dans beaucoup de pays. La FAO est entrain de fournir des conseils sur la
façon d’appliquer ces pratiques, d’offrir des cours de formation, de développer des guides et manuels, d’aider dans
l’équipement de laboratoires vétérinaires, de faciliter un accès aux vaccins, et d’aider les pays dans la conception des
stratégies de prévention et contrôle.
Il est important que toutes les activités vétérinaires soient effectuées avec la coopération et la compréhension des com-
munautés locales, et qu’elles soient définies en vue au moins de maintenir les conditions socio-économiques existantes
des individus/communautés affecté(e)s, et au mieux d’améliorer ces conditions.
Un autre aspect de la politique de la FAO est de promouvoir, au niveau régional, le travail en réseau et le partage
d’informations pour une surveillance et un diagnostic améliorés de l’influenza aviaire et pour un échange d’informa-
tions sur l’incidence de la maladie et sur les leçons apprises en la combattant. Il est important que des éruptions épizoo-
tiques soient rapportées à temps et que des données épidémiologiques et des échantillons sont partagés.
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 61
Dans ce contexte, la FAO ne peut pas donner le conseil global – puisque chaque situation donnée est un cas par elle-
même, le contrôle et les mesures nécessaires doivent être évaluées sur une base de cas par cas. Cependant, les nombreu-
ses missions d’experts dans des pays affectés ont aidé à créer un principe de base général qui est que cette responsabilité
de premier ordre pour la surveillance et la déclaration de la maladie et pour l’application des mesures curatives (telles
que l’abattage systématique ou la vaccination des volailles) doit pousser au niveau local à la protection des communau-
tés contre des sources éventuelles de transmission situées à l’extérieur d’une communauté donnée et à la protection des
autres communautés contre la maladie transportée vers elles à partir de la communauté.
De plus, insister sur la composante locale ne signifie pas que l’approche globale n’a pas de sens. Au contraire, le fait
que l’IAHP est une maladie transfrontalière oblige la FAO de mettre l’accent sur l’importance d’une stratégie globale
coordonnée pour combattre la maladie.
Le défi du programme de santé animale de la FAO est de mieux comprendre l’épidémiologie globale de la maladie et
concevoir les meilleures stratégies de prévention et de contrôle. Ceci est entrain d’être effectué avec une attention parti-
culière quant aux conséquences socio-économiques de la maladie et de sa gestion: un petit groupe d’experts a été formé
pour analyser l’impact réel et potentiel de la maladie et des mesures de contrôle sur le bien-être socio-économique des
populations directement concernées et pour fournir des conseils sur la structure actuelle et future de l’industrie avicole.
Du point de vue de la FAO, la crise de l’IAHP est une occasion de valeur inestimable pour rassembler l’expertise biolo-
gique et sociale, partager le défi d’identification des risques et proposer les mesures les plus rentables pour combattre la
maladie avec des conséquences négatives les plus réduites possibles pour les populations rurales pauvres.
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Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 62
NOTE DE COMMUNICATION No 2:
Protéger les ressources génétiques de poulets locaux dans une situation pandé-
mique d’influenza aviaire en Egypte S. GALAL
Animal Production Department, Faculty of Agriculture, Ain Shams University, Shubra Alkhaima, Cairo, Egypt
E-mail: <[email protected]> Soumis pour publication 16 avril 2006; accepté 22 juin 2006
Mi février 2006, l’Influenza Aviaire Hautement Pathogénique (IAHP) H5N1 a été détectée dans plus d’un gouvernorat
en Egypte, d’abord dans des petits cheptels de basse-cour mais également plus tard dans les fermes commerciales, et le
zoo du Caire (FAO, 2006). L’éruption épizootique de l’influenza aviaire a été officiellement déclarée dans le pays. Bien
que beaucoup d’institutions dans le pays aient travaillé pendant trois années recherchant la présence du virus et déve-
loppant des scénarios d’éventualité et de secours pour si et quand la pandémie atteint le pays, les premières semaines de
la maladie ont provoqué des ravages et la priorité a été accordée à l’établissement et à la mise en application des mesu-
res de biosécurité. Les pratiques d’abattage indiscriminé pendant les premières périodes de la découverte ont décimé de
précieux cheptels de races locales de poulets menacés par la maladie. L’Egypte a 11 races locales et dérivées qui sont
devenues tout à fait adaptables aux environnements de production locaux. Parmi celles-ci, il y a le Fayoumi, le Danda-
rawi, le Montazah, le Mandara, le Matrouh, le Sinai, le Dokki 4, le Gimmiza et le Beheri. Ces ressources génétiques
locales sont importantes pour les systèmes d’élevage de basse-cour et de production à faibles intrants qui fournissent
toujours environ 20% de toutes les productions de poulets dans le pays. Il existe également une niche de demande de
produits issus des races locales dont les consommateurs préfèrent le goût plus intense de la viande et des œufs. En fait,
des unités semi-commerciales ont été installées pour satisfaire cette demande. Les fermiers et producteurs obtiennent
leurs poussins issus des fermes du ministère de l’agriculture et d’autres projets. La race Fayoumi est une ressource gé-
nétique importante d’un intérêt mondial qui a été exportée vers de nombreux pays.
L’aviculture commerciale est basée sur les volailles exotiques où l’industrie a des cheptels de parents et de grands-
parents pour produire les oiseaux commerciaux.
Les institutions concernées, principalement l’Animal Production Research Institute (APRI, or Institut de Recherche en
Productions Animales) du Ministère de l’Agriculture et le Projet Intégré dans le gouvernorat de Fayoum ont commencé
à réagir afin de sauver les races locales d'une disparition éventuelle. L’APRI a redistribué les races de poulets de ma-
nière à ce que chaque race soit présente dans deux stations différentes parmi ses nombreuses stations à travers le pays.
Dans chaque station, un lot de 2500 œufs fertiles a été conservé pour régénérer la race. Chaque semaine, le cinquième
de ce lot d’œufs le plus ancien a été remplacé par l’équivalent d’œufs frais fertilisés. Toutes les volailles ont été logées à
l'intérieur, et tous les cheptels ont été vaccinés. Le Projet Intégré de Fayoum a mené des actions similaires.
En effet, le cheptel d’une race de poulet, Sinai, qui avait été normalement maintenu dans une station, Serw, a été com-
plètement exterminée parce qu’un troupeau de canards de la même station s’est avéré héberger le virus. L'autre cheptel
de race Sinai élevé dans l'autre station a bien servi à sauver la race.
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 63
Référence bibliographique
FAO (2006) www.fao.org/ag/againfo/subjects/documents/ai/AVIbull039.pdf consulté le 13/04/2006.
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NOTE DE COMMUNICATION No 3:
Le contrôle de l’influenza aviaire en Indonésie: une approche communautaire E. GUERNE BLEICH1*, W. SCHOUSTRA2 et J. CURRY2
Divisions de la Production et Santé Animales1 & Genre et Population2, FAO, Rome, Italie
* Adresse pour correspondance: <[email protected]>
Soumis pour publication 4 mai 2006; accepté 8 mai 2006
[Ce résumé est basé sur un papier préparé lors d’un séminaire conjoint interne organisé par les Divisions de la Produc-
tion & de la Santé Animales et Genre & Population de la FAO en Avril 2006.]
L’influenza aviaire est apparue pour la première fois à Java en début d’octobre 2003 et s’est alors disséminée à travers
toutes les principales îles de tout l’archipel (Bali, Sumatra et Kalimantan) dans un délai de juste un mois, ceci étant dû
au retard dans le diagnostic précoce, le reportage et la réponse rapide. Vers la fin de 2005, 25 des 33 provinces
d’Indonésie et plus de 150 districts/zones urbaines étaient devenus infectés. La maladie est maintenant devenue endé-
mique.
La maladie a sérieusement affecté l’industrie avicole, avec plus de 16 millions de volailles abattues ou éliminées, et la
consommation de produits avicoles a diminué radicalement depuis la confirmation des décès humaines initiaux (en fin
avril 2006, 24 personnes étaient décédées sur les 32 cas enregistrés). Des pertes directes sont estimées à plus de 170
millions dollars des E.-U., avec la plus grande perte enregistrée au niveau des 30 millions d’exploitations ménagères
villageoises de basse-cour élevant entre 170 et 200 millions de poulets. Environ 23% des ouvriers agricoles des fermes
industrielles et commerciales ont perdu leurs emplois, et 40% d’entre eux n’ont pas pu trouver des emplois alternatifs.
En décembre 2005, le Ministère de l’Agriculture a approuvé un Plan Stratégique National pour le Contrôle Progressif
de l’IAHP (influenza aviaire hautement pathogénique – la forme la plus mortelle de la maladie) avec l’appui de la FAO,
d’autres institutions internationales comme la Banque Mondiale, l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) et
l’Organisation Mondiale de la santé (OMS), l’industrie, les donateurs et beaucoup d’autres.
Le plan vise à mettre en œuvre un programme de contrôle progressif de H5N1 (le sous-type de l’IAHP responsable des
éruptions épizootiques mortelles en cours en Asie, en Afrique et en Europe) et de son élimination éventuelle de
l’archipel. Le programme couvre des activités de contrôle de la maladie, la surveillance systématique et l'exécution de
la vaccination systématique des volailles au niveau national.
Cependant, étant que l’Indonésie est un mélange d’infrastructures culturelles et socio-économiques, des mesures natio-
nales de contrôle de la maladie, particulièrement au niveau du sous-district, peuvent être interprétées et mises en œuvre
de beaucoup différentes manières. Les services de santé animale sont décentralisés, ainsi les décisions concernant le
contrôle de la maladie sont prises principalement au niveau du district, bien qu’il y ait des liaisons avec les services
provinciaux d’élevage.
Les approches communautaires de contrôle des pathologies animales peuvent prendre diverses formes, et des initiatives
ont été mises en œuvre dans plus de 40 pays dont la plupart sont en Afrique. En Indonésie, la clef de l’intervention
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 65
communautaire se situe au niveau des auxiliaires villageois en santé animale (AVSAs) disséminés à travers tout le pays.
Egalement appelés ‘vétérinaires aux pieds nus’, ‘para-vétérinaires’, ‘auxiliaires vétérinaires de base’ et d’autres noms,
les AVSAs sont choisis par leurs communautés en se basant sur leur formation de base en élevage et en santé animale.
Ces ‘vétérinaires aux pieds nus’ sont les principaux acteurs dans leurs communautés en grande partie parce qu’ils sont
les fermiers eux-mêmes et peuvent disséminer les messages et influencer positivement le comportement et les attitudes
de communautés envers les éruptions épizootiques.
En décembre 2005, une mission de la FAO a visité l’Indonésie pour discuter du contrôle de la maladie avec des fer-
miers, des chefs de village, des ONGs, des vétérinaires locaux, et des services de santés animale et humaine. A la suite
de ces discussions, la FAO a identifié quatre problématiques majeures en mettant l’accent sur le développement d’un
contrôle communautaire de la maladie et a apporté un certain nombre de solutions.
Les problèmes
Manque de sensibilisation du public et d’informations sur l’influenza aviaire
Les petits aviculteurs n’ont aucune information sur l’influenza aviaire; ce qui signifie qu’ils sont incapables de dire la
différence entre elle et la maladie de Newcastle, une autre maladie moins mortelle qui affecte les volailles, et avec les
symptômes très similaires. Seuls des tests de laboratoire peuvent confirmer la présence de l’influenza aviaire mais si les
fermiers ne peuvent pas reconnaître les symptômes en premier lieu, ils ne demanderont pas aux experts d’intervenir. De
plus, un manque de connaissances signifie un manque de compréhension, et qui peut mener à de mauvaises attitudes qui
peuvent avoir une influence négative sur la remontée des informations vers les autorités locales.
Les petits aviculteurs n’ont pas les ressources pour changer leurs pratiques d’élevage
La plupart de ces producteurs élèvent des volailles en plein air, et ces oiseaux divagants jouent un rôle important dans la
circulation de l’influenza aviaire. Ainsi, la manière avec laquelle les producteurs opèrent augmente les possibilités de
circulation du virus chez les oiseaux et son apparition dans les fermes commerciales avec un bas niveau de biosécurité.
La menace est la plus sérieuse dans les zones péri- et intra-urbaines où les densités des populations et des activités en
aviculture sont élevées. La proximité entre des marchés humides et les secteurs de productions avicoles augmente éga-
lement la possibilité de transmission de la maladie.
Manque de ressources financières et humaines
Le manque de ressources (financières et humaines) a entravé la vaccination de la volaille. Il n’a pas été possible
d’atteindre tous les petits exploitants, bien que des soucis relatifs aux avicultures à moyenne et grande échelle aient été
mieux couverts. La compensation demeure une question sensible et joue un rôle important dans la manière que les gens
rapporteront la maladie; peu de producteurs accepteront l’élimination de leurs volailles s’ils ne sont pas remboursés
pour leurs pertes financières.
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 66
Retards temporels et systèmes de suivi inappropriés
Ceux-ci sont des contraintes majeures pour une remontée des informations, un contrôle des mouvements et une surveil-
lance efficaces. Les systèmes existants de remonté des informations ne sont pas assez efficaces, et beaucoup de fermes
ont été infectées à cause du lent processus de remontée des informations. Le mouvement des oiseaux malades contribue
à la circulation et à la propagation de l’IAHP.
La solution
L’implication des populations de base des communautés locales dans un programme exhaustif de contrôle et de préven-
tion de l’IAHP dépend du fait que ces communautés comprennent la maladie dans toutes ses dimensions. Ceci, en re-
tour, dépend d’une campagne de sensibilisation et d’informations claire et orientée vers le public. Cette campagne de-
vrait couvrir un large éventail de problématiques:
Compensation;
Dépopulation;
Contrôle des mouvements animaux;
Eradication des maladies;
Surveillance;
Remontée des informations;
Vaccination et suivi post-vaccinal;
Repeuplement.
Assurer le plein engagement des fermiers dans une crise de l’influenza aviaire devrait être possible par une campagne
efficace de sensibilisation, et ceci permettra une meilleure remontée des informations sur la maladie et une meilleure
couverture vaccinale. Les ONGs ont une contribution particulièrement importante à assurer dans la formation et la
communication, particulièrement pour le secteur d’aviculture de basse-cour, en appui à des programmes améliorés de
biosécurité, de vaccination, de déstockage, de compensation, de surveillance/remontée et de sensibilisation au public.
Des incitations financières plus une formation appropriée et un suivi sont nécessaires si les fermiers au niveau villageois
doivent être entièrement impliqués et s’engager. Les aviculteurs commerciaux à petite échelle sont plus aptes que les
aviculteurs de basse-cour pour mener leurs propres arrangements pour une biosécurité et une vaccination améliorées.
Vers une implication communautaire
Dans de nombreuses régions du monde, des approches communautaires couronnées de succès ont été développées pour
relever les défis d'une large gamme de maladies animales face aux contraintes plus nombreuses sur le secteur public
pour fournir aux petits éleveurs des services appropriés en santé animale. Cependant, en Indonésie, les connaissances
limitées des communautés sur l’IAHP et la nature divagante de l’aviculture à petite échelle ont rendu difficile le fait de
les impliquer dans de tels programmes de contrôle de la maladie.
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 67
Les futurs efforts devraient considérer le développement d’approches localement adaptées, sensibles à l’aspect genre et
communautaires qui engagent activement la participation des petits producteurs dans une large gamme des mesures de
contrôle, p.ex. la surveillance, la détection précoce, le déstockage, la vaccination et plus tard le repeuplement. La mis-
sion de la FAO a identifié deux telles approches:
Une approche durable à long terme: un contrôle communautaire des maladies basé sur les auxiliaires communau-
taires en santé animale.
Une approche à court/moyen terme: un contrôle communautaire d’urgence des maladies impliquant les services
vétérinaires, les ONGs sur le terrain et les projets en cours d’exécution, entre autres. Tandis que ceci pourrait être
couronné de succès dans la contribution au contrôle de l’IAHP, il n’est pas aussi durable en termes de stabilité
économique et sociale et d’accès aux services vétérinaires. Cette approche exige une parfaite compréhension des
réalités sociales de petits fermiers (leurs perceptions et contraintes) et de l’organisation sociale des productions
avicoles et leurs soins de santé. Elle exige également une évaluation de l’impact social de la restructuration du
secteur et du marché pour les aviculteurs et la perception du risque parmi une variété de producteurs clés.
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Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 68
Publication
La grippe / influenza aviaire
Une course poursuite est engagée entre le virus H5N1 et les spécialistes de la santé animale qui tentent de contenir le
fléau et d’en empêcher l’extension. Dans les pays en développement, le Centre de Coopération Internationale en Re-
cherche Agronomique pour le Développement (CIRAD, www.cirad.fr) est engagé dans ce combat. A ce titre, il a cons-
taté très vite que les connaissances scientifiques sur le virus et la maladie étaient peu accessibles au grand public. Le
CIRAD a publié un livret de 60 pages, véritable vade-mecum de l’influenza aviaire qui rassemble sous un format très
pratique l’essentiel des connaissances actuelles sur ce fléau. Au format de poche, sa consultation est facilitée par de
nombreux titres et sous-titres, un sommaire détaillé et des liens pédagogiques. Les principaux sites web nationaux et
internationaux sont rassemblés dans une rubrique «Pour en savoir beaucoup plus». Illustré d’une trentaine de photogra-
phies originales issues des missions de terrain des vétérinaires et ornithologues du CIRAD dans les pays du Sud, ce
livret fait le point sur ce fléau qui a d’abord frappé les pays du Sud-Est asiatique depuis 1997 avant de gagner l’Europe
puis l’Afrique au début 2006.
Au nombre d’une vingtaine, les auteurs de cette publication sont des épidémiologistes, virologistes et ornithologues du
Département d’Élevage et de Médecine Vétérinaire du CIRAD (EMVT). Ils soulignent que l’influenza aviaire est
d’abord un problème de santé animale, et que ce sont les populations les plus défavorisées des pays du Sud qui paient le
plus lourd tribut.
Le livret est diffusé sur simple demande pour soutenir des projets pédagogiques. Pour vous procurer l’ouvrage, envoyez
votre demande accompagnée de votre adresse postale:
- par E-mail: <[email protected]>
- par courrier: CIRAD, TA 30/B Campus de Baillarguet, 34398 Montpellier Cedex 5, France
Une traduction en anglais, voire dans d’autres langues, est à l’étude. D’autres outils de communication devraient pro-
gressivement venir en complément: sites Internet, synthèses scientifiques, etc.
Initiative du CIRAD, l’édition de ce document a été soutenue par:
L’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE, www.oie.int)
L’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO, www.fao.org)
Le Bureau Inter-africain des Ressources Animales de l’Union Africaine (UA-BIRA, www.au-ibar.org)
Le Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale ACP-UE (CTA, www.cta.int)
Le Ministère Français des Affaires Étrangères, Direction Générale de la Coopération Internationale et du Déve-
loppement (DGCID, www.diplomatie.gouv.fr/cooperation/dgcid)
AGROPOLIS International (www.agropolis.fr)
L’Institut Technique de l’AVIculture (ITAVI, www.itavi.asso.fr)
CEVA Santé Animale (www.ceva.com)
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Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 69
Nouvelles
Réunion de consultation sur “La réponse de la communauté scientifique à l’influenza aviaire, avec un accent particulier sur les besoins de recherche dans les pays en voie de développement” à Nairobi, Kenya [14-16 juin 2006] Une Réunion de consultation s’est tenue dans le Windsor Golf Hotel & Country Club in Nairobi (Kenya), du 14 au 16 juin 2006. Elle a été organisée par l’International Livestock Research Institute (ILRI, www.ilri.org, ou Institut Interna-tional pour les Recherches en Elevage) et l’International Food Policy Research Institute (IFPRI, www.ifpri.org, ou Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires). Elle a regroupé des partenaires de la communauté scientifique internationale intéressés et impliqués. Il s’est agi de voir comment la recherche peut appuyer les efforts visant à contrôler l’influenza aviaire hautement pathogénique, avec un accent particulier sur les besoins de recherche dans les pays en voie de développement et chez les populations humaines pauvres. Cette réunion scientifique a eu qua-tre objectifs principaux: (1) partager des expériences avec ceux ou celles qui ont de l’expérience sur l’influenza aviaire obtenue de la ‘ligne de front’ afin de fournir des informations de base réalistes, objectives et mises à jour pour la consultation; (2) identifier et établir des priorités quant aux besoins immédiats en services que la recherche pourrait fournir pour appuyer un état de préparation et des réponses urgentes; (3) identifier et établir des priorités quant aux besoins de recherche à moyen et long termes; et (4) développer un plan d’action et donner une suite, y compris la possi-bilité de former un Groupe spécial inter-institutionnel. Le rôle de l’ILRI et de l’IFPRI a été de convoquer, organiser, abriter et financer la réunion initiale; fournir des informa-tions de base pour stimuler les réflexions et les discussions; jouer un rôle de facilitateur et de catalyseur dans la mise en œuvre d’un plan d’action; et de prendre part, de manière appropriée, à des initiatives de recherches et de services. Environ 70 personnes ont pris part à cette réunion de consultation. Les participants étaient venus des pays suivants: Etats Unis d’Amérique, Pays-Bas, Sénégal, Inde, Afrique du Sud, Nigeria, Mozambique, Ghana, Italie, R.P. de Chine, Egypte, Royaume-Uni et Kenya. Elles ont été invitées à partir d’une large variété d’institutions de recherche et d’organisations internationales, du secteur privé et d’agences donatrices. Des groupes de travaux ont été formés pour discuter au tour de différents points: besoins en recherche, besoins en four-niture de services, développement de capacités, formation, planification, collecte et dissémination d’informations, etc. Les participants ont échangé leurs points de vue, opinions et expériences afin de faire des suggestions et recommanda-tions. Les recommandations issues de cette réunion ont pour but de permettre à l’ILRI et à l’IFPRI de répondre aux diverses requêtes qu’ils ont reçues des agences donatrices quant aux priorités de leurs investissements dans la recherche en Asie et en Afrique. De plus amples détails relatifs à cette Réunion de consultation peuvent être obtenues de: Dr. Thomas Fitz Randolph, Agro-économiste International Livestock Research Institute, P.O. Box 30709, 00100 Nairobi, Kenya Tel: (+254 20) 4223067; Fax: (+254 20) 4223001; E-mail: <[email protected]>
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Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 70
Agenda International
2ème Sommet International d’Aviculture du Nigeria à Abeokuta, Etat d’Ogun
au Nigeria [19-22 février 2007]
Le 2ème Sommet International d’Aviculture du Nigeria (NIPS) se tiendra du 19 au 22 février 2007 à Abeokuta (Etat
d’Ogun au Nigeria). Le thème général de ce 2ème NIPS, avec l’anglais comme langue officielle, est “Consolider
l’Industrie Avicole en Afrique de l’Ouest”. Le NIPS est une manifestation bi-annuelle de la Branche nigériane de la
World’s Poultry Science Association (WPSA). Cette manifestation donnera une opportunité aux experts locaux et inter-
nationaux ainsi que des fermiers de l’industrie avicole pour échanger des connaissances sur l’état de l’industrie avicole
à travers le monde, avec un accent particulier sur l’Afrique de l’Ouest. Après les terribles pertes que l’industrie avicole
a connu à la suite de la ‘grippe aviaire’ tant redoutée, il est temps de reconstruire et ainsi d’améliorer l’industrie avicole
d’Afrique de l’Ouest.
Programme scientifique et social
Il est prévu que les sessions scientifiques couvrent tous les domaines des sciences de l’aviculture tout en maintenant une
pertinence au sujet. Les sessions techniques et d’affaires incluent (1) Finance et Assurance de l’Industrie Avicole; (2)
Biosécurité; (3) Gestion et Exploitation des Déchets; (4) Produits Avicoles à Valeur Ajoutée; (5) Industrie Avicole et
Nouveaux Paradigmes d’Affaires. De nombreux célèbres scientifiques en aviculture ainsi que des gourous en finance et
affaires ont été invités pour des sessions en plénière.
Le programme social pour le NIPS est prévu même d’être d’une plus grande importance. Il y aura un paquet intéressant
de programmes culturels pour toutes personnes participantes. Un programme culturel africain réellement traditionnel
attend tous les participants.
Appel à communications
Vous être invités à soumettre vos travaux et réalisations scientifiques pour présentation lors des sessions scientifiques.
Tous les papiers scientifiques doivent être présentés sous forme de posters à montrer au cours du Sommet. Chaque
résumé de communication, rédigé en Anglais, doit être soumis avec une pré-inscription ou un formulaire d’inscription
ou par voie électronique à partir du site Internet suivant: www.second_nips.com/abstract.
Prière de noter les importantes dates limites suivantes:
− Soumission des résumés: 31 octobre 2006
− Soumission des articles complets invités: 31 décembre 2006
− Pré-inscription pour le Sommet: 31 décembre 2006
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 71
Pour plus de détails, prière de visiter le site Internet (www.nipsng.com) ou contacter:
SUMMIT SECRETARIAT
Dr. S.O. Peters
Dept. Animal Breeding & Genetics, University of Agriculture, P.M.B. 2240, Abeokuta, Nigeria, West Africa
E-mail: <[email protected]>; Tel: +234 803 722 9467
Mr. M.A. Adeleke
Dept. Animal Breeding & Genetics, University of Agriculture, P.M.B. 2240, Abeokuta, Nigeria, West Africa
E-mail: <[email protected]>; Tel: +234 806 075 8990
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8ème Conférence d’Asie Pacifique sur l’Aviculture à Bangkok, Thaïlande [5-6
mars 2007]
L’Asie Pacifique est l’un des marchés en croissance les plus dynamiques dans le secteur des productions animales. La
Thaïlande, en particulier, est un important pays agricole dans la région. Elle possède une industrie avicole très bien
intégrée et importante qui génère des produits avicoles non seulement pour le marché domestique mais également ex-
porte vers le reste du monde. La 8ème Conférence d’Asie Pacifique sur l’Aviculture (APPC 2007) se déroulera du 5 au
6 mars 2007 dans le Swissotel Le Concorde Hotel à Bangkok (Thaïlande). Le thème général de l’APPC 2007, avec
l’anglais comme langue officielle, est “De la Science pour des Solutions”. Cette manifestation sera organisée la Branche
Thaïlandais de la World’s Poultry Science Association (WPSA). Elle se tiendra juste avec le début de l’événement VIV
Asia 2007 également à Bangkok (Thaïlande). C’est pourquoi, des participants en provenance de toutes les régions du
monde sont attendus.
Programme scientifique
La Conférence abordera les dernières connaissances de tous les aspects des sciences de l’aviculture et de l’industrie
avicole, dont la génétique, la technologie de formulation des provendes, la nutrition, la production, la transformation, la
sélection animale, les maladies et la gestion de la santé, l’environnement et la conduite, et la sécurité alimentaire. Cette
manifestation offrira des opportunités aux participants afin qu’ils puissent renforcer leurs connaissances et échanger des
informations utiles.
Appel à communications
Le comité d’organisation voudrait souhaiter la bienvenue à tous les acteurs de la filière avicole et les inviter à soumettre
des papiers scientifiques. Les résumés pour les présentations de communications techniques sont les bienvenus. Les
soumissions pourraient être envoyées par E-mail, à l’adresse: <[email protected]>.
Prière de noter les importantes dates limites suivantes:
− Soumission des résumés: 31 octobre 2006
− Premières inscriptions: 31 octobre 2006
Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 72
Pour plus de détails, prière de visiter le site Internet (www.appc2007.org) ou contacter les organisateurs, à l’adresse
suivante:
The World’s Poultry Science Association - Thailand Branch
Suwanvajokkasikit Animal R&D Institute, Kasetsart University, Bangkok, Thailand
E-mail: <[email protected]>; Tel: +66 2 579 0193; Fax: +66 2 579 0193
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Bulletin RIDAF Vol. 16, No. 1 73