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Institut national de prévention et d’éducation pour la santé 42, boulevard de la Libération 93203 Saint-Denis cedex — France http://www.inpes.sante.fr évaluations en prévention et en éducation pour la santé 2007 Évaluation du dispositif d’information et de formation sur la « grippe aviaire » Philippe Guilbert Économètre, directeur adjoint des affaires scientifiques, Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), France Christine Jestin Médecin de santé publique, direction des affaires scientifiques, Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), France L’INPES autorise l’utilisation et la reproduction des données de cet ouvrage sous réserve de la mention des sources. Pour nous citer : Guilbert P., Jestin C. Évaluation du dispositif d’information et de formation sur la « grippe aviaire ». Saint-Denis : INPES, coll. Évaluations en prévention et en éducation pour la santé, 2007 : 20 p. Direction de la collection Thanh Le Luong Direction éditoriale Philippe Guilbert l Édition Marie-Frédérique Cormand Correction Carmen Fernandez l Réalisation Philippe Ferrero l Septembre 2009

Évaluation du dispositif d’information et de formation ...inpes.santepubliquefrance.fr/evaluation/pdf/evaluation-sante_2008... · Synthèse. L’évaluation du kit grippe aviaire

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Institut national de prévention et d’éducation pour la santé42, boulevard de la Libération

93203 Saint-Denis cedex — Francehttp://www.inpes.sante.fr

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Évaluation du dispositif d’information et de formation sur la « grippe aviaire »

Philippe GuilbertÉconomètre, directeur adjoint des affaires scientifiques, Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), FranceChristine JestinMédecin de santé publique, direction des affaires scientifiques, Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), France

L’INPES autorise l’utilisation et la reproduction des données de

cet ouvrage sous réserve de la mention des sources.

Pour nous citer : Guilbert P., Jestin C. Évaluation du dispositif d’information

et de formation sur la « grippe aviaire ». Saint-Denis : INPES, coll. Évaluations

en prévention et en éducation pour la santé, 2007 : 20 p.

Direction de la collection Thanh Le Luong

Direction éditoriale Philippe Guilbert l Édition Marie-Frédérique Cormand

Correction Carmen Fernandez l Réalisation Philippe Ferrero l Septembre 2009

Synthèse

L’évaluation du kit grippe aviaire consiste

en une étude qualitative réalisée auprès

de 65 professionnels de santé (médecins

généralistes, pédiatres, urgentistes). Ces

professionnels ont donné leur avis sur le

CD-Rom, les masques, les fiches mémo, le

dépliant de quatre pages « Repères pour

votre pratique », ainsi que sur les affiches

sur l’épizootie aviaire et les gestes d’hy-

giène. En préambule, les médecins ont été

invités à faire part de leur sentiment d’in-

formation sur le sujet de la pandémie grip-

pale.

Il ressort que l’information reçue sur la

grippe aviaire a certes été large et abon-

dante, mais elle n’a pourtant pas répondu

à toutes les questions des médecins. Du

point de vue théorique, les médecins,

quelle que soit leur spécialité, pensent être

bien préparés et informés. Ils ont, pour

l’ensemble, déjà l’habitude de traiter des

patients présentant des infections avec un

haut risque de contamination, comme les

méningites. Ils ont des réflexes qui revien-

dront lorsqu’ils seront confrontés à des cas

suspects de grippe aviaire.

Si les médecins se sentent bien informés,

ils ne sont pas pour autant bien préparés.

L’information a été jugée trop abondante

et alarmiste. Ce qui leur manque essentiel-

lement, ce sont des informations pratiques

au niveau local sur l’organisation des soins

et l’épidémiologie. Cette information doit

être facile d’accès et mise à jour réguliè-

rement.

Le document idéal serait un format poche

de quelques pages reprenant les informa-

tions suivantes, de la façon la plus synthé-

tique possible, mises à jour régulièrement :

– données épidémiologiques ;

– vigilance sur les pays d’Europe (et plus

largement du monde) où des cas de grippe

aviaire se déclarent ;

– conduite à tenir ;

– comment établir diagnostic clinique et

biologique ;

– examens pour confirmer le diagnostic ;

– traitement préventif et curatif ;

– évolution de la maladie chez un patient.

Le dispositif grippe aviaire a été reçu de

façon très disparate par les médecins. Si le

CD-Rom, les masques et les fiches mémo

sont en majorité évoqués par les méde-

cins, le « Repères pour votre pratique » et

les affiches ne sont pas du tout mémori-

sées. Ceci est dû à la masse d’informations

que les médecins ont reçue il y a un an. Cet

excès d’information a dilué celle-ci et for-

tement réduit son impact. Les médecins

ont généralement parcouru les documents,

puis les ont mis de côté en attendant de les

ressortir lorsque la menace se précisera.

Le kit grippe aviaire (CD-Rom et masques)

est le document que les médecins ont le

mieux mémorisé. Cependant, il manque

une information papier sur l’emploi des

masques.

Le dispositif patient n’est pas adapté aux

médecins en cabinet seul, qui affichent

rarement de poster dans leur salle d’at-

tente par manque de place et d’attractivité.

Ces affiches sont donc à réserver aux col-

lectivités et aux lieux publics.

3

Évaluation du dispositif d’information et de formation sur la « grippe aviaire »

Philippe GuilbertÉconomètre, directeur adjoint des affaires scientifiques, Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), [email protected] JestinMédecin de santé publique, direction des affaires scientifiques, Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), France

La grippe est une infection respiratoire aiguë, contagieuse, d’origine virale. Une épidémie saisonnière hivernale peut toucher 5 à 15 % de la population. Une pandémie grippale — forte augmentation dans l’espace et le temps au niveau mondial des cas et de leur gravité — est caractérisée par l’apparition d’un nouveau virus grippal contre lequel l’immunité de la population est faible ou nulle. Elle peut résulter d’échanges entre souches animales et humaines en évolution permanente ou de mutations progressives d’un virus animal. La persistance, depuis 2003, d’un virus influenza aviaire hautement pathogène H5N1 dans l’envi-ronnement et dans l’avifaune tant sauvage que domes-tique, dans de nombreux pays, ainsi que le franchisse-ment de la barrière d’espèces, observé dans les conditions naturelles font craindre l’émergence d’un virus grippal pandémique à partir de ce virus H5N1, sans qu’il faille pour autant exclure que la pandémie puisse être provo-quée par un autre virus influenza (H7 ou H9 par exemple, voire H2). Outre son impact sanitaire majeur, une telle pandémie pourrait provoquer durablement :

– une désorganisation du système de santé en raison de la saturation rapide des services de soins ;

– une désorganisation de la vie sociale et économique ; – une paralysie partielle de services essentiels au fonction-

nement de la société et de l’État.

La situation épidémiologique mondiale, l’impor-tance des échanges et les exemples tirés des pandémies grippales du xxe siècle ont amené le gouvernement à arrêter, en octobre 2004, un premier plan de lutte contre une pandémie et à lancer un processus planifié d’acqui-sition de moyens de prévention et de lutte. L’évolution rapide des travaux a conduit à une seconde édition du plan gouvernemental de prévention et de lutte « Pandémie grippale », diffusée le 6 janvier 2006. Les progrès enregis-trés depuis lors, l’évolution de l’épizootie, l’extension des cas humains et les enseignements tirés de l’exercice national Pandémie grippale 06, des 24 et 25 avril 2006, ont rendu nécessaire l’actualisation du plan en prenant notamment en compte les principes fondamentaux de formation, d’information et de communication en direc-tion du public et des professionnels, dans un souci de transparence et de maintien d’un lien de confiance fort entre la population et les pouvoirs publics en situation de pandémie grippale. La réalisation et la diffusion d’un kit de formation « grippe aviaire » destiné à donner à la fois des repères aux professionnels de santé et des outils de prévention s’inscrivent dans ce cadre.

CONTEXTE*

* Plan gouvernemental de prévention et de lutte « pandémie grippale ».

4 Évaluations en prévention et en éducation pour la santé 2007

OBJECTIF ET DESCRIPTION DU KIT GRIPPE AVIAIRE

Le plan gouvernemental de lutte contre une pandémie grippale est avant tout axé sur la prévention de la diffusion du virus. Acteurs en première ligne en matière de conseil, de pédagogie et de surveillance, les professionnels de santé s’inscrivent naturellement au cœur du dispositif.

UN DISPOSITIF SPÉCIFIQUE

Le dispositif mis en œuvre comprend des sessions de formation, aux niveaux national et régional, ainsi que l’envoi d’un outil de formation, d’information et de communication : « Kit à l’usage des professionnels de santé », qui servira de base commune à la formation. Ce kit a été distribué auprès des médecins (généralistes, pédiatres, urgentistes) pendant l’été 2006 à 450 000 exemplaires.

Dans son ensemble, le dispositif s’organise autour de trois axes :

– répondre aux questions que se posent les profession-nels de santé et leur permettre de répondre aux questions que leurs patients leur posent ;

– savoir se protéger ; – savoir protéger les patients.Ces outils s’adressent notamment aux médecins,

pharmaciens, kinésithérapeutes, infirmières, dentistes. Le kit et le contenu de la formation ont été élaborés en concertation par des groupes d’experts pilotés par la direction générale de la Santé. Ces groupes comprenaient entre autres les groupes régionaux d’observation de la grippe (Grog) qui sont, depuis vingt ans, le réseau d’alerte et de surveillance de la grippe et apportent une expertise adaptée aux pratiques de terrain, ainsi que l’Ordre des médecins et des pharmaciens, les unions régionales des médecins libéraux (URML), les instances représenta-tives, les sociétés savantes d’infectiologie et de pneumo-logie, les agences sanitaires (Institut national de préven-tion et d’éducation pour la santé – INPES, Institut de veille sanitaire – InVS) et le Comité d’éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française (Cespharm).

LES OUTILS INFORMATIFS ET OPÉRATIONNELS : LE KIT CONTENAIT…

Un CD-Rom interactif organisé autour de trois rubriques majeures

1. Savoir et se former : les fondamentaux en matière de connaissance de la grippe aviaire y sont présentés ainsi

que les grands principes d’organisation des soins en situation de pandémie grippale. Des paroles d’experts apportent un éclairage scientifique complémentaire sur la problématique.

2. Se préparer pour faire face aux risques : cette partie propose une présentation générale du plan, la stratégie et l’organisation intergouvernementales, le plan gouverne-mental de prévention et de lutte « pandémie grippale », les fiches techniques de ce plan et enfin deux vidéos présen-tant les exercices de gestion de crise (Lyon pour le volet humain et Bretagne pour le volet animal). Ces informa-tions s’accompagnent d’une interview de Didier Houssin, délégué interministériel à la lutte contre la grippe aviaire.

3. S’informer et informer ses patients : cette rubrique permet aux professionnels de santé de se repérer au sein de l’ensemble des informations disponibles sur la grippe aviaire et présente aussi tous les outils de la campagne nationale élaborée par l’INPES « Adoptons les gestes qui nous protègent ».

Un échantillon de deux masques

Un masque filtrant type FFP2 préconisé pour les personnes à risque majeur d’exposition, telles que les professionnels de santé, et un masque anti-projection chirurgical préco-nisé pour les patients en vue de prévenir la contamination de leur entourage et de leur environnement. Ces masques sont fournis afin de permettre aux professionnels de santé de se familiariser avec leur manipulation.

Douze fiches mémo synthétiques et pratiques, en format papier, à l’usage des professionnels

En concevant ce dispositif spécifique de formation et d’information des professionnels, le ministère de la Santé a souhaité leur fournir l’essentiel des documents dispo-nibles et les informations pratiques indispensables afin qu’ils puissent agir, tant au niveau médical qu’opéra-tionnel, et faire face à une éventuelle pandémie grippale. Outils et formation sont conçus pour leur permettre d’être mieux informés, de mieux informer leurs patients et de bénéficier de protocoles validés sur des sujets tels que le diagnostic des cas suspects, le circuit d’alerte, l’emploi du matériel de protection, l’organisation des soins, les conduites à tenir et la prise en charge des malades.

ÉVALUATION DU KIT

L’ensemble du contenu du kit ainsi qu’une partie du dispo-sitif d’information grand public a fait l’objet d’une évalua-tion qualitative, à savoir : le CD-Rom1, les deux types de

1. Consultable à l’adresse suivante : http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/grippe_aviaire/kit_grippe_aviaire/index.html

masques (chirurgical et FFP2, voir « Annexe 1. Les masques du kit grippe aviaire », page 14), les fiches mémo (douze fiches réalisées pour la pratique quotidienne des profes-sionnels de santé et le dépliant de la collection « Repères pour votre pratique » n° 2, intitulé Préparation au risque de pandémie grippale, réalisé par l’INPES (voir « Annexe 2.

5Évaluation du dispositif d’information et de formation sur la « grippe aviaire »

« Repères pour votre pratique » n° 2 intitulé Préparation au risque de pandémie grippale », page 15), l’affiche « orange » (gestes préventifs et découverte d’oiseaux morts) et l’affiche « verte » (prévention des infections virales respi-ratoires). Les affiches se déclinent en version « enfant » (une orange et trois vertes – mouchoir, lavage des mains et toux – testées auprès des pédiatres) et en version « adulte » (une orange et deux vertes – mouchoir et lavage des mains – testées auprès des autres cibles).

MÉTHODE

Un total de 65 entretiens en face-à-face semi-directifs ont été réalisés par l’institut de sondages Ipsos à partir d’un guide d’entretien rédigé par l’INPES. D’une durée approxi-mative d’une heure, les entretiens se sont déroulés du 21 mars au 5 avril 2007 à Paris, Rennes et Dijon. Les professionnels interrogés étaient des médecins généra-listes, des pédiatres (hospitaliers, libéraux, de PMI et des urgences) et des urgentistes [tableau I].

RÉSULTATS

Perceptions par les médecins de l’information relative à la grippe aviaire

Évolution de l’information ces deux dernières annéesLa plupart des médecins ont le sentiment que l’informa-tion sur la grippe aviaire a explosé en 2006, principalement par le relais des médias grand public. Selon les médecins, les informations émises par les autorités de santé, que ce soit l’INPES ou d’autres institutions, ne sont parve-nues qu’après l’agitation médiatique. Les médecins ont le sentiment que l’information émanant du ministère a été diffusée dans l’urgence pour pallier un manque d’infor-mation officielle, le ministère ayant une « obligation » de communiquer sur ce sujet. Cet excès d’information a plus particulièrement déplu à une partie des médecins en cabinet, qui l’a jugée inopportun et alarmiste.

« Cette grippe aviaire a explosé brutalement dans les médias, et les institutions ont alors eu conscience du problème. » Pédiatre libéral, Paris.

En 2007, les 65 médecins interrogés ont déclaré n’avoir reçu ou entendu aucune information nouvelle.

« On a été formé en octobre ou novembre. On est maintenant en avril et on n’a plus jamais entendu parler de rien. » Pédiatre hospitalier, Rennes.

Les médecins considèrent que les médias grand public sont une source essentielle d’information. L’impression qui domine chez les médecins, quel que soit leur spécia-lité ou leur type d’activité (hospitalière ou en cabinet), est qu’ils manquent d’informations nouvelles, pratiques et actualisées. Après une grande vague de bruit, le silence qui a suivi laisse les médecins avec beaucoup de questions.

Sources d’information des médecins sur la grippe aviaireL’une des principales caractéristiques de l’information concernant la grippe aviaire et les risques pandémiques est la multiplicité des canaux de diffusion. Les médecins consi-dèrent dans l’ensemble que cette information a été large, abondante, mais surtout reçue par de nombreux canaux de nature très différente (médias grand public, autorités de santé, associations de formation médicale continue, etc.).

Le ministère de la SantéC’est au ministère de la Santé que les médecins associent la réalisation et l’envoi des informations durant la période qui a suivi l’épisode de grippe aviaire dans l’Ain. Le kit, notamment le CD-Rom, a été reçu à ce moment-là. Il est majoritairement attribué au ministère de la Santé.

« J’ai juste reçu un kit avec un CD-Rom et des masques donnés par le ministère de la Santé. » Pédiatre libéral, Paris.

« Le ministère a aussi envoyé par mail la liste des endroits d’où venait la grippe aviaire. » Pédiatre hospitalier, Paris.

« On a eu des lettres d’information et d’autres choses du ministère. » Urgentiste, Dijon.

« J’ai reçu plusieurs plaquettes de l’INPES. Je m’en souviens très bien car je les ai lues attentivement à l’époque. » Médecin généraliste, Dijon.

Répartition de l’échantillon en fonction de la spécialité des professionnels de santé

Paris et grande banlieue Rennes et province Dijon et province Total

Médecins généralistes

En ville 9 3 4 16

En milieu rural 4 4 5 13

Pédiatres

En PMI 3 0 1 4

Hospitaliers 6 4 0 10

Libéraux 7 2 2 11

Médecins urgentistes

Hospitaliers 4 1 3 8

Pédiatriques 2 1 0 3

Total recrutement 35 15 15 65

TABLEAU I

6 Évaluations en prévention et en éducation pour la santé 2007

Les médias grand publicIls sont une source d’information considérée comme essentielle par les médecins et c’est, à ce moment, l’une des seules sources d’information que les médecins consi-dèrent avoir, notamment en ce qui concerne l’évolution de l’épidémie et les zones géographique à risque. Les médecins, quel que soit leur spécialité ou leur type d’acti-vité, regrettent que cette information ne leur soit pas transmise par le ministère de façon régulière (tous les mois) via le mail ou le fax.

« Je n’ai pas reçu d’informations particulières, si ce n’est l’information grand public qu’on a à la télé ou dans les journaux. » Pédiatre hospitalier, Rennes

« J’ai eu le sentiment d’être mieux informé par les journaux et les médias. » Médecin généraliste, Paris

« L’épisode de l’Ain, j’en ai entendu parler en écoutant France Inter le matin. » Urgentiste, Paris

« Aujourd’hui, on manque d’information autre que celle provenant des médias. » Médecin généraliste, Rennes

Les associations de formation médicale continueLes réunions de formation des médecins ont aussi contribué à la diffusion de l’information. Les médecins ont assisté à des formations organisées soit par le ministère pour les professions libérales, soit par l’hôpital auquel ils sont rattachés pour les hospitaliers. Ces formations ont commencé en septembre-octobre 2006. Plusieurs médecins ont notamment reçu des invitations à des formations sur la grippe aviaire quelques jours avant l’entretien et comptaient s’y rendre.

« Je crois que c’était à la demande du ministère par l’inter-médiaire de la Ddass. » Médecin généraliste, Paris.

« Ça fait plusieurs mois que j’ai reçu un papier me demandant si je voulais suivre une journée de formation sur la grippe aviaire, j’ai tout envoyé, mais je n’ai pas reçu de convocation. » Médecin généraliste, Paris.

« J’ai été à une formation avant-hier soir. » Médecin généraliste, Paris.

Les hospitaliers (urgentistes ou pédiatres) ont eu accès à des sources d’information beaucoup plus larges et pratiques, car ils ont reçu une formation spécifique mise en place par l’hôpital. Des simulations ont d’ailleurs été organisées dans certains hôpitaux. L’information donnée dans ce cadre s’apparente plus à une formation obliga-toire. Ce caractère obligatoire a été renforcé par le fait qu’à l’hôpital notamment, tout le personnel était concerné.

« C’était destiné à tout le personnel du CHU, c’était deux ou trois heures de formation assez grand public, puis on a eu une formation spéciale aux urgences. » Urgentiste, Rennes.

« On a été bien informés lors des réunions faites au CHU, et dans notre service aussi. » Pédiatre hospitalier, Rennes.

Deux principales réflexions ont été faites au sujet de ces formations : d’une part, la formation ne paraissait pas assez ciblée ; d’autre part, ces sessions extraordinaires ont montré l’importance accordée à la grippe aviaire et à la pandémie grippale, comparée à d’autres sujets.

En plus de ces formations institutionnelles, les médecins, et notamment les médecins libéraux (de ville ou de campagne), participent à des réunions plus infor-melles avec des médecins faisant partie de leur réseau. Quelques-uns connaissent des collègues particulièrement impliqués sur le sujet, qui deviennent une source impor-tante d’information. Les Grog sont aussi régulièrement cités comme source d’information des médecins.

« Quand j’ai des questions de mes patients, il m’arrive de me rendre sur le site du Grog en plein milieu d’une consultation pour leur montrer. » Pédiatre hospitalier, Rennes.

« J’ai des documents du Grog et je suis les bulletins qu’ils me transmettent. » Médecin généraliste, Paris.

Pour finir, certains médecins se sont renseignés par le biais d’Internet ainsi que par des revues spécialistes comme Le Quotidien du médecin.

« Le plus important, la meilleure information que j’ai eue, je l’ai eue par Internet. » Pédiatre libéral, Paris.

« Des revues scientifiques, principalement sur sciencedi-rect.com et des revues plus généralistes : Le Quotidien du médecin, JMI… » Pédiatre libéral, Paris.

« Je me suis aussi informé par les revues médicales. » Médecin généraliste, Dijon.

Perception du niveau d’informationInformation qualitativeEn général, l’information a été claire et détaillée. D’après les médecins interrogés, peu d’éléments ont été oubliés. Les informations délivrées font partie des fondamentaux, des choses indispensables à savoir. L’information a été plutôt appréciée sur le plan théorique. Ce sont essentielle-ment des données scientifiques sur les mesures barrières, le virus, la recherche et le plan de prise en charge. Toutefois, ceci est resté très général et les médecins n’ont pas eu suffisamment d’informations sur la mise en place concrète du plan prévu en cas de grippe aviaire et de pandémie grippale. Ils ont le sentiment d’un grand flou dans l’organisation et la prise en charge des malades. Ceci est très marqué chez les médecins libéraux qui ne dispo-sent pas d’une structure sur laquelle s’appuyer, comme c’est le cas à l’hôpital.

Médecins libéraux :

« J’ai tout ce qu’il me faut sur ce qu’il faudra faire. Par contre, dans le secteur libéral, l’organisation reste un grand flou, ce n’est pas assez concret. » Pédiatre libéral, Paris.

« J’ai reçu beaucoup de consignes, de conduites à tenir, mais je n’ai pas vraiment de stratégie concrète. Je n’ai pas

7Évaluation du dispositif d’information et de formation sur la « grippe aviaire »

reçu de formation, je n’ai pas de locaux, pas de protection suffisante. » Médecin généraliste, Paris.

Médecins hospitaliers :

« Il y a un plan grippe aviaire à l’hôpital avec des détails, des modalités de prise en charge. Une procédure existe, nous avons été formés pour la mettre en place. » Urgentiste, Dijon.

« Je pense que l’information est bonne, il y a quand même un plan gouvernemental très élaboré, il y a des exercices qui ont été faits dans chaque hôpital… Cela me semble très avancé. » Urgentiste, Paris.

La majorité des médecins a l’impression que la campagne d’information réalisée en 2006 a été la réponse à une prise de conscience brutale du ministère sur les enjeux de la grippe aviaire. La volonté d’information des pouvoirs publics n’a pas été comprise par tous les médecins. Cette information a été jugée précipitée et alarmiste. En effet, une partie des médecins a tendance à minorer le risque de pandémie grippale. Pour eux, celle-ci reste avant tout une hypothèse et le bruit créé est considéré comme dispropor-tionné par rapport au risque réel.

« On nous met une épée de Damoclès au-dessus de la tête. » Médecin généraliste, Paris.

« Certains médecins doivent avoir l’impression que la grippe est déjà partout. » Pédiatre libéral, Paris.

« Le message était un peu alarmiste, ils se sont un peu calmés maintenant. » Pédiatre libéral, Paris.

« Pour moi, c’est la planète Mars dans le quotidien de mes activités. » Médecin généraliste, Dijon.

« Ce n’est pas la peine. On est en état stationnaire depuis deux ou trois ans par rapport au reste. » Médecin généraliste, Dijon.

Pour d’autres, l’information donnée ne suffira jamais à les préparer suffisamment. Ils ont avant tout besoin de formations pratiques avec des exercices de simulation et non pas de formations théoriques. La multiplication des informations leur donne le sentiment que la pandémie grippale est bien plus qu’une menace : une réalité. Ces médecins se sentent finalement assez dépourvus.

« On est très mal informés, les informations sont lancées au hasard et on ne sait pas vraiment ce qui arrivera. » Pédiatre libéral, Paris.

« Le rôle du médecin est irréalisable. En pratique je ne pense pas pouvoir voir soixante patients par jour. » Médecin généraliste, Dijon.

Information quantitativeLa quantité des informations, ainsi que la multiplica-tion des canaux par lesquels l’information est parvenue (médias, formations, réunions de médecins, Internet, revues scientifiques, kit grippe aviaire, etc.), a eu pour effet

d’exaspérer la plupart des médecins interrogés et, pour certains, de les paniquer, cette abondance étant synonyme de risque. Ces sources d’informations multiples ont eu pour effet d’embrouiller les messages et de les diluer, au détriment de leur qualité. Quelques médecins ont donc eu du mal à se retrouver devant cette masse d’informa-tions et n’ont pas eu le temps nécessaire pour en prendre connaissance dans leur totalité.

« Des trucs qui partaient dans tous les sens et pas assez de cohérence ; une précipitation comme ça a été le cas à la veille de la déclaration de guerre. » Pédiatre libéral, Dijon.

« Touffue, pas assez pratique pour ce que j’en ai lu. » Pédiatre libéral, Dijon.

« La grippe aviaire, c’est une campagne où ils nous ont assommés. » Médecin généraliste, Dijon.

Préparation des médecinsDans l’ensemble, les médecins, quel que soit leur spécia-lité ou leur lieu d’exercice, pensent pouvoir réagir. Ils savent déjà prendre en charge des grippes mais aussi des cas d’infections virales plus sérieux comme des méningites. Cela fait partie de leur pratique courante. Ils ont juste besoin d’être mieux informés sur les points spécifiques concernant les symptômes de la grippe aviaire et sa prise en charge.

Dans les hôpitaux, des formations internes ont été organisées ainsi que des simulations. Cela aide au senti-ment d’être bien préparé. Certains médecins hospita-liers font naturellement référence au Sras, pour lequel ils avaient déjà eu à faire face à ce genre de situation. Le CD-Rom du kit a été mis en accès sur des postes informa-tiques et est consultable à tout moment.

Ce sont sans doute les médecins généralistes qui sont le moins bien préparés. Ils ont le sentiment qu’ils seront au front sans être prêts pour cela. Leurs cabinets ne sont pas équipés pour satisfaire aux exigences des mesures d’hygiène à prendre. Ils se demandent quelle aide l’État pourra leur apporter pour leur permettre de s’équiper et de nombreuses questions restent sans réponse notamment sur la nécessité ou non de créer des zones de quarantaine sur l’approvisionnement en matériel de désinfection et de protection, etc.

Certains ont aussi conscience qu’en étant en première ligne, ils seront les premiers touchés et les premiers à être vecteurs de la maladie. Des questions émergent à ce propos concernant les mesures de protection à adopter : le masque ne suffira pas et il est nécessaire de prévoir des blouses, charlottes, gants.

« Nos cabinets seront des réservoirs de virus et les hôpitaux sont déjà repérés comme des réservoirs de virus. » Médecin généraliste, Paris.

« Il faut absolument garder les patients chez eux pour éviter une dissémination. » Médecin généraliste, Paris.

« Les services d’urgence, on va être en première ligne, les enfants ce sont eux les premiers malades. » Pédiatre hospitalier, Rennes.

8 Évaluations en prévention et en éducation pour la santé 2007

Principales attentes des médecinsAu niveau de la prise en chargeLes médecins libéraux (généralistes et pédiatres) ont besoin d’informations et de formations concrètes sur l’organisation des soins dans leur commune : que doivent-ils faire ? À qui déclarer les cas ? À qui adresser les patients ? Comment gérer les consultations au cabinet et les visites (il est prévu plusieurs visites par jour chez les malades) ? Où se procurer le matériel nécessaire au respect des mesures d’hygiène ? Qui prend en charge les frais inhérents à l’achat de ce matériel ? Le matériel sera-t-il disponible en quantité suffisante ? Que faire en cas de rupture d’approvisionnement ? Quels traite-ments utiliser ? En outre, les médecins généralistes ont besoin de conseils pour l’organisation de leur salle d’attente (masques, solution hydro-alcoolique, signalé-tique à l’entrée du cabinet et dans la salle d’attente) et le ravitaillement en matériel (masques mais aussi gants, surblouse, etc.).

Les pédiatres souhaitent une information ciblée sur les enfants et les femmes enceintes : spécificités de prise en charge, traitement, gestes de prévention…

Les urgentistes ont besoin d’une information très concise, avec des documents spéciaux pour les infir-mières qui seront en charge du tri des patients : petite feuille format poche reprenant les quatre symptômes et les questions à poser pour diagnostiquer un malade.

Au niveau des besoins d’informationLes médecins aimeraient avoir des informations mises à jour sur le thème de la grippe aviaire. Ils ont parfois le sentiment qu’ils sont mieux informés par les médias grand public que par le ministère. Ils souhaitent recevoir une information pratique et une mise à jour régulière sur les points suivants : l’état des lieux de la recherche, l’état des lieux de la progression du virus, la vigilance sur les pays d’Europe (et plus largement du monde) où des cas de grippe aviaire se déclarent, la conduite à tenir en cas de grippe aviaire et les mesures barrières (protection) pour les patients et les professionnels

« Tous ces gens-là peuvent avoir un support mensuel ou hebdomadaire si c’est important, un support qu’on puisse mettre dans un classeur, un truc de référence que tous les médecins doivent savoir. C’est concis. Ils ne sont pas capables de faire ça. Le jour où ils le font, on gagne en temps, en économie de paperasse. » Médecin généra-liste, Dijon.

« J’attends des choses plus pratiques. Le jour où ça va se présenter, j’aurai dix minutes, est-ce que je me souvien-drai de tout cela une fois que le service sera agité ? » Urgentiste hospitalier, Paris.

« Ce qu’il me manque, c’est une information sur la progres-sion ; j’en ai aucune idée, mais je crois qu’il y a eu quelques cas sporadiques. » Pédiatre hospitalier, Rennes.

« On aurait pu avoir des réseaux sentinelles, avoir une information mois par mois sur la période d’hiver. » Pédiatre hospitalier, Rennes.

L’utilisation des éléments du kit

La distribution des kits n’a pas été homogène. Certains médecins n’ont pas reçu le kit, tandis que d’autres, cumulant les adresses d’exercice, l’ont reçu plusieurs fois. On constate cependant les grandes tendances suivantes.

Les médecins salariés des centres de santé et de PMI n’ont pas reçu les kits. Ils ont eu peu d’information sur la grippe aviaire et sont pourtant très demandeurs. À Paris, la plupart des médecins se souviennent avoir reçu le kit, mais ils ne se souviennent pas avoir eu de formation sur la grippe aviaire. À Rennes, les hospitaliers n’ont pas reçu le kit, par contre ils se souviennent de formations pendant lesquelles le matériel présenté dans le kit a été montré (notamment les affiches). À Dijon, les médecins ont bien reçu le kit. Ils ont aussi reçu une formation de masse à partir des documents du kit dans le cadre de la formation médicale continue.

Le CD-RomPeu de personnes ont pris le temps de regarder le CD-Rom en détail, en grande majorité par manque de temps. Si le CD-Rom n’a pas été regardé, il est en revanche conservé par les médecins qui sont réassurés d’avoir un support sur lequel trouver toute l’information en cas de grippe aviaire ou de pandémie grippale.

« Ça ne prend pas de place, c’est facile à ranger et à utiliser… Je regarde une première fois et puis je reprends plus tard en fonction de mes besoins. » Pédiatre hospi-talier, Rennes.

Quelques médecins l’ont apprécié, notamment les hospitaliers qui ont installé le CD-Rom en libre service sur les ordinateurs de leur service pour les internes (c’est notamment le cas dans deux hôpitaux à Paris). Un ou deux médecins ont souligné son utilité lors des séances de formation organisées par le ministère, tous les points de la formation étant abordés dans le CD-Rom.

« C’était un bel effort, vraiment, une sorte de consensus. » Pédiatre libéral, Dijon.

Les points suivants ont été soulignés par les médecins ayant consulté le CD-Rom : les informations données sont trop nombreuses ; le médecin peine donc à trouver celle qui l’intéresse ; cela lui donne l’impression que le kit a été préparé et distribué dans l’urgence pour parer à toute éventualité, au détriment de la mise en avant des éléments fondamentaux à retenir ; les informations ne sont pas hiérarchisées et sont difficilement acces-sibles ; l’absence de moteur de recherche rend complexe et consommatrice de temps la recherche d’une informa-tion spécifique ; l’information contenue n’est pas assez ciblée, elle s’adresse à un trop large public pour impliquer le médecin.

« Le support paraît valable pour des personnes qui ne sont pas médecin. » Médecin généraliste, Paris.

L’absence de date sur le CD-Rom ne permet pas au médecin de juger de la validité et donc du crédit à apporter aux informations données.

9Évaluation du dispositif d’information et de formation sur la « grippe aviaire »

L’utilisation de ce support dépend fortement du degré d’informatisation du cabinet et de la familiarité du médecin avec les outils informatiques. Les médecins informatisés apprécient ce support. Le CD-Rom n’a pas forcément été consulté, mais les médecins savent que toute l’informa-tion dont ils ont besoin est contenue sur ce support. Dans certains cas, c’est d’ailleurs le seul document conservé du kit. Ce support permet en effet de contenir beaucoup d’informations sur un petit volume. C’est avant tout une bibliothèque de référence.

Le CD-Rom est moins bien perçu par les médecins non informatisés. Deux raisons essentielles : soit le cabinet n’est pas informatisé et le médecin a pris le CD-Rom à son domicile mais n’a pas le temps de le regarder, soit le médecin ne sait pas se servir du support. Ainsi, certains médecins n’osent pas utiliser le CD-Rom, ayant déjà rencontré des problèmes de compatibilité avec leur réseau et ayant peur de ne pas pouvoir le faire fonctionner. Les informations contenues ne sont donc pas accessibles.

« Je ne m’intéresse pas du tout à l’informatique, cela ne m’intéresse pas. » Pédiatre libéral, Paris.

« On n’ose pas mettre des CD de l’extérieur. On a eu tellement de problèmes. On est en réseau ici. » Pédiatre hospitalier, Dijon.

Pour tous les médecins, le papier reste le support de choix. Consulter un CD-Rom et imprimer des documents est chronophage. Le médecin préfèrera avoir un format papier. Hors contexte de pandémie grippale, les médecins ne se sentent pas assez concernés pour prendre le temps de regarder l’information contenue sur le CD-Rom.

Les masquesPlace des masques dans la pratique quotidienne des médecinsLes pédiatres et les hospitaliers sont déjà familiarisés avec le port du masque. Ils l’utilisent pour plusieurs raisons. Pour eux-mêmes lorsqu’ils sont malades, afin de protéger leurs patients ; pour les patients à l’hôpital présentant des

symptômes d’infections virales (fièvre et toux) et néces-sitant le port du masque ; pour protéger les nourrissons lorsque l’entourage est malade ou en cas de bronchiolite.

Mais l’utilisation du masque reste marginale dans la pratique du médecin généraliste qui ne s’en sert presque jamais, mais serait prêt à le faire dans des cas particuliers comme les maladies contagieuses et la grippe aviaire.

« Je m’en sers quand je suis malade ou pour des personnes en contact avec des patients fragiles. » Médecin généra-liste, Dijon.

« J’en donne de temps au temps aux malades qui veulent vraiment aller bosser ou qui sont en contact avec des petits enfants ou des personnes âgées. » Médecin généraliste, Dijon.

Intérêt de l’envoi de masquesL’envoi de masques est en général bien perçu. Cela rappelle leur rôle dans la protection et incite les médecins à s’en procurer. Les deux types de masques ne sont pas forcément connus des médecins généralistes, notamment le masque FFP2. Les recevoir permet au médecin de se familiariser avec cet outil. C’est un bon moyen d’appren-tissage et d’éducation.

Toutefois, leur prise en main suscite de nombreuses questions chez les médecins. La présence de deux masques différents soulève le doute quant au choix de celui à utiliser en cas de grippe aviaire. Les conditions d’utilisation ne sont pas bien connues et aucune notice explicative n’est fournie avec le masque. En donner deux reste un gadget et ne répond pas aux questions des médecins.

« Les masques sans explication cela ne sert à rien, pourquoi celui-là et pas un autre ? » Pédiatre hospita-lier, Rennes.

« Je ne connais pas le FFP2, je ne sais pas comment il faut l’utiliser. » Médecin généraliste, Dijon.

Dans l’hypothèse d’une pandémie grippale, de nombreuses questions restent sans réponse à propos des masques et notamment : les stocks existants, les lieux pour se les procurer, leur coût et leur prise en charge (rembour-sement ou non). En cas de pandémie, ils seront à changer régulièrement (durée de vie courte) et les médecins doutent d’en avoir suffisamment. De plus, le masque est considéré comme une protection insuffisante : gants, tuniques et bonnets seront aussi nécessaires.

Le masque est toutefois loin d’être un objet neutre et accepté par tout le monde. Il suscite des réactions de peur et de méfiance. Son utilisation généralisée n’est pas ancrée dans les habitudes des Français. Les médecins ont donc peur de la réaction de leurs patients si le port du masque était fortement recommandé. Ces freins à l’uti-lisation du masque disparaissent lorsque son utilité est clairement expliquée par le médecin.

« On explique aux enfants pour qu’ils n’aient pas peur, c’est quand même impressionnant. » Pédiatre hospita-lier, Rennes.

Recommandations

–– Dater–le–document

–– Prévoir–un–menu–facilement–accessible

–– Utiliser–le–support–cartonné–de–la–pochette–afin–de–faire–figurer–

le–mode–de–d’installation–du–CD-Rom,–le–menu–principal,–le–fonc-

tionnement–du–moteur–de–recherche,–etc.

–– Proposer–un–support–papier–résumant–les–principaux–messages–

du–CD-Rom–avec–un–lien–Internet–simple–pour–avoir–les–informa-

tions–mises–à–jour

–– Insérer–dans–le–CD-Rom–des–liens–Internet–qui–permettraient–de–

rejoindre–un–site–dédié–avec–des–informations–régulièrement–mises–

à–jour

–– Mettre–le–CD-Rom–en–ligne

–– Privilégier–les–formations–pour–présenter–le–support–CD-Rom–et–

le–distribuer.

10 Évaluations en prévention et en éducation pour la santé 2007

De surcroît, le fait que les masques soient uniquement disponibles en pharmacie est le mode de diffusion qui semble le moins approprié en cas de pandémie. Dans une telle situation, les pharmacies risquent d’être prises d’assaut par les personnes souhaitant se procurer des masques, créant ainsi des mouvements de panique et multipliant les risques de contagion.

Les douze fiches mémoLes fiches mémo sont bien perçues par les médecins. Elles sont claires, bien faites et complètes, aussi bien sur le fond que sur la forme. C’est un document qui a dans l’ensemble été lu par les médecins et qui a été mis de côté dans un dossier spécial. Toutes les fiches n’ont pas forcément été gardées. Ces fiches répondent assez précisément aux questions que peuvent se poser les médecins, mais aussi à celles des patients. C’est l’élé-ment de référence qui sera ressorti en premier en cas de grippe aviaire. C’est une base indispensable que tout le monde doit avoir.

« Ce sont des mesures vers lesquelles on va forcément tendre. » Médecin généraliste, Paris.

« Je relirai tout de suite ces fiches dans un contexte de grippe aviaire, ce sont des choses que j’essaierai de faire en cas d’épidémie. » Médecin généraliste, Paris.

« C’est exactement les informations que j’aimerais avoir, c’est très pratique. » Pédiatre libéral, Paris.

« Je trouve que c’est bien rédigé, c’est concis, c’est clair. » Pédiatre libéral, Paris.

Les fiches les plus appréciées sont les mesures barrières et l’accès aux soins en situation de pandémie grippale.

Cependant, certains éléments jugés indispensables comme les données épidémiologiques ou encore la conduite à tenir ne sont pas précisés ou mis en valeur. Le médecin est obligé de lire pour avoir les informations, et

il n’a pas forcément le temps nécessaire. Ainsi, les points clés ne ressortent pas suffisamment.

« Le mieux serait d’avoir un fichier plus étroit avec spirale, avec éventuellement des petites encoches, des repères disant : diagnostic, traitement… » Médecin généra-liste, Paris.

« Moi, je n’ai pas le temps de m’y pencher comme ça. Si vraiment ils veulent nous informer, une page suffit avec des choses essentielles et un numéro de téléphone. » Médecin généraliste, Dijon.

« C’est très bien fait mais rien n’attire l’œil. » Médecin généraliste, Paris.

Les éléments les moins appréciés sont ceux ne répon-dant pas au besoin de concision, de praticité et de simpli-cité des médecins : la fiche plan gouvernemental et le nombre élevé des situations rencontrées (3a, 3b…). La fiche présentant le Tamiflu® est remise en question par certains médecins qui ne croient pas en son efficacité dans le cas d’une pandémie grippale.

Le « Repères pour votre pratique »Ce document a un potentiel d’attractivité limité. Il n’est pas assez « pratique » et les informations intéressantes comme le Numéro indigo ou bien le service DGS-Urgent ne sont pas assez mises en valeur. Ce document s’appa-rente plus à un catalogue d’informations inutilisables par le médecin dans sa pratique quotidienne. Par ailleurs, le rôle du médecin généraliste n’est pas précisé et les infor-mations les plus importantes et les plus récentes ne figurent pas dans ce document, il faut se référer aux sites Internet et certains médecins ne sont pas informatisés.

Pourtant, le principe d’un document de quatre pages est bien apprécié. Quelques médecins ont notamment fait référence à de précédents numéros sur le cannabis.

Ce document présente tout de même des informations nouvelles qui intéressent fortement le médecin :

– Le numéro de téléphone indigo ;

Recommandations

–– Créer–un–document–plus–concis–en–format–poche–(A5–maximum)–

cartonné–avec–spirale,–à–transporter–sur–soi–(notamment–à–l’hôpi-

tal)–en–quatre–points–:–rappel,–conduite–à–tenir,–que–faire–face–à–un–

cas–suspect,–mesures–d’hygiène

–– Multiplier–les–niveaux–de–lecture–pour–parcourir–les–documents–à–

deux–niveaux–:–les–éléments–clés–et–les–informations–plus–détaillées

–– Diminuer–le–nombre–de–situations–rencontrées–pour–pouvoir–

rationaliser–l’information–diffusée–auprès–des–médecins–et–gagner–

en–clarté

–– Actualiser–et–clarifier–l’information–sur–les–traitements–dispo-

nibles–(Tamiflu®–et–autres–médicaments)

–– Donner–des–informations–mises–à–jour–sur–l’épidémiologie

–– Fournir–un–lien–Internet–permettant–d’avoir–les–fiches–mises–à–

jour

–– Dater–les–fiches

Recommandations

–– Profiter–de–l’espace–libre–sur–l’enveloppe–cartonnée–du–kit–pour–

présenter–le–mode–d’emploi–du–port–des–masques,–ainsi–que–leurs–

différences

–– Fournir–avec–chaque–masque–une–notice–explicative–sur–son–

utilisation,–en–détaillant–les–différences–entre–les–deux–types–de–

masques,–leur–utilisation–(mise–en–place–sur–le–visage),–la–durée–de–

vie,–l’importance–de–le–changer–régulièrement,–etc.

–– Préciser–aux–médecins–mais–aussi–aux–patients–les–lieux–de–dis-

tribution,–les–prix,–le–remboursement,–la–durée–de–vie…

–– Élargir–la–diffusion–des–masques–à–d’autres–points–de–vente–que–

les–pharmacies–:–tabacs,–grandes–surfaces,–etc.

–– Organiser–des–formations–pour–montrer–aux–médecins–l’utilisa-

tion–des–masques

–– Communiquer–sur–les–stocks–existants,–les–lieux–d’approvision-

nement,–le–coût,–la–prise–en–charge.

11Évaluation du dispositif d’information et de formation sur la « grippe aviaire »

– La dernière page plaît beaucoup ; – Le rôle du Samu et de l’hôpital est bien compréhensible.C’est un document qui permet avant tout de savoir où

trouver des informations sur la grippe aviaire.Le principal frein est la présentation graphique du

document : les couleurs sont ternes et l’information donnée trop dense. Ce document va à l’encontre du besoin d’information synthétique et pratique des médecins. Cela conduit donc à un rejet global du document. Les médecins sont pourtant demandeurs d’un document de ce format reprenant les informations indispensables quant à la conduite à tenir en cas de grippe aviaire, en reléguant à la fin du document les éléments d’information détaillés.

Les affichesL’intérêt des affiches pour les médecins libérauxAvant de détailler les affiches, il est important de préciser quelques éléments sur l’affichage de ce type de document. Certains médecins libéraux, par principe, n’affichent pas de posters dans leur salle d’attente. Ils préfèrent mettre au mur leurs propres tableaux ou affiches. En effet, beaucoup de patients n’aiment pas se retrouver dans une salle d’attente, un cabinet de médecin étant anxiogène. Les médecins cherchent à atténuer ce sentiment en n’affi-chant aucun document médical dans leur salle d’attente. Une partie seulement des médecins libéraux affiche donc des posters dans leur salle d’attente. Or ceux-ci sont très sollicités pour mettre des affiches dans leur cabinet et n’ont pas beaucoup de place. Ils ne peuvent donc pas tout afficher et doivent nécessairement faire un tri. Les affiches qui sont privilégiées doivent être attrayantes, répondre à un besoin du médecin et être source de dialogue entre le médecin et son patient [figure 1].

L’objectif de l’affiche est bien compris par les médecins : c’est une affiche à destination des patients, à utiliser dans un contexte de grippe aviaire. Sur le principe, les médecins apprécient le message. Cependant cette affiche ne trouve pas sa place dans leur cabinet médical ou à l’hôpital. Elle est destinée, selon eux, à être affichée dans les collectivités (écoles, etc.) et les lieux publics (jardins, square, etc.).

Sur la forme, les mots employés sont trop techniques pour le grand public (par exemple : « épizootie » est un mot trop scientifique) et le code couleur n’est pas assez impactant (le fond orange sur écriture orange ne ressort pas assez et la couleur est jugée terne, triste).

Recommandations

Le–potentiel–d’un–tel–document–reste–intéressant,–notamment–sur–

la–base–du–n°–1–précédemment–édité–(car–plus–pratique),–en–tenant–

compte–des–changements–suivants–:

–– Inverser–les–informations–de–la–première–et–de–la–dernière–pages

–– Donner–une–réelle–information–pratique–et–concise

–– Mettre–en–avant–le–Numéro–indigo–et–le–site–DGS-Urgent

–– Créer–en–fin–de–document–un–encart–«–Pour–en–savoir–plus…–»–

regroupant–tous–les–sites–Internet–et–les–autres–sources–d’infor-

mations–disponibles

–– Simplifier–les–liens–Internet

–– Alléger–le–texte–et–aérer–la–mise–en–page

–– Utiliser–un–code–couleur–moins–terne

–– Relancer–le–n°–1–qui–contenait–des–informations–plus–concrètes–

et–répondait–mieux–aux–attentes–des–médecins.

Affiches orange : épizootie aviaire [format original : affiches 40~60 cm]

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Version Adultes Version Enfants

FIGURE 1

12 Évaluations en prévention et en éducation pour la santé 2007

Les principales remarques ont été faites sur l’affiche à destination des enfants. Le ton employé est jugé autori-taire (emploi de l’impératif ). L’affiche doit être compré-hensible sans être lue, ce qui n’est pas le cas ici, selon eux. Certains médecins suggèrent de rajouter des mains afin d’expliciter le message (comme sur l’affiche des adultes). Par ailleurs, il manque les déjections d’oiseaux et il faut préciser « Ne t’approche pas des oiseaux vivants ou morts » [figure 2].

Le message sur les gestes d’hygiène de base est très apprécié des médecins sur le principe. C’est un discours déjà tenu à l’oral par beaucoup de médecins. Les

gestes expliqués font partie de l’hygiène de base, mais sont rarement mis en pratique par le grand public. Les messages présentés par ces affiches sont complémen-taires. Certains médecins souhaiteraient voir apparaître l’ensemble de ces messages sur une même affiche.

« L’affiche avec le savon irait très bien dans une école. » Pédiatre hospitalier, Rennes.

« Ce n’est pas inutile, quand je vois la salle d’attente de mon cabinet le soir avec les mouchoirs par terre. » Pédiatre libéral, Paris.

Affiches vertes : gestes d’hygiène [format original : affiches 40~60 cm]

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VERT VIRUS 313-07284-A 30/08/07 13:52 Page 1

Versions Adultes Versions Enfants

FIGURE 2

13Évaluation du dispositif d’information et de formation sur la « grippe aviaire »

« C’est vrai, si les enfants se lavaient plus souvent les mains il y aurait moins de problèmes. » Pédiatre libéral, Paris.

Pour d’autres médecins, principalement des hospi-taliers, les gestes évoqués sur ces affiches relèvent de l’hygiène de base et non pas d’un discours de médecin. Cette éducation passe par les parents ou bien l’école. Ce n’est pas le rôle du médecin de communiquer ces messages, il a d’autres préoccupations.

« On essaie de faire passer d’autres messages, nous on est plus dans la prévention de la mort subite. » Pédiatre urgentiste, Paris.

« Ce sont des messages importants mais pas dans un service d’urgences. C’est plus adapté dans une école ou un centre aéré. » Pédiatre urgentiste, Rennes.

« C’est une information de parent à enfant, ce n’est pas de l’information de médecin. » Médecin généraliste, Rennes.

« Je crois que communiquer à l’école, que l’institutrice le rappelle, ce serait une bonne chose. » Pédiatre libéral, Paris

L’affiche la plus appréciée concerne le lavage des mains : certains médecins pourraient l’afficher près de leur lavabo ou aux toilettes pour inciter les personnes à se laver les mains, ou bien au-dessus de leur propre lavabo dans la salle de consultation. L’affiche sur le mouchoir est appréciée, cependant quelques médecins remarquent que dans la pratique, il n’est pas toujours possible de jeter son mouchoir après utilisation et de se laver les mains.

L’affiche la moins appréciée est celle sur la toux. Le geste n’est pas jugé correct par plusieurs médecins. Dans l’ensemble, ils ne jugent pas très efficace de communi-quer sur plusieurs messages et ils n’utiliseraient certaine-ment pas toutes les affiches, mais seulement une ou deux.

Les médecins, qui ne seraient pas pour autant prêts à les afficher, ne le feraient pas pour trois principales raisons.

Selon eux, il y a un problème… – de lisibilité

« Le message sur l’image n’est pas lisible lorsque le fond de l’affiche est clair. »

« Plus spécifiquement sur l’affiche avec le mouchoir : le message “lave-toi les mains après” n’est pas assez lisible. Il a été suggéré, à plusieurs reprises, de le mettre en haut de l’affiche en plus gros. »

– de crédibilité

« Les personnes, notamment les enfants, sont seules, or c’est rarement le cas dans la réalité. »

« Les lavabos ne sont pas ceux que l’on trouve à l’école. »

« Plus spécifiquement sur l’affiche avec le lavage des mains : il manque un distributeur de papier pour le séchage des mains. »

« L’affiche est plus destinée aux collectivités : établisse-ments scolaires, crèches… »

– d’esthétique ou de format

« L’affiche n’est pas suffisamment attrayante. »

« Les affiches prennent trop de place (grand format et plusieurs affiches). »

« La couleur verte est triste. »

« Les termes employés doivent être les plus simples possibles pour la compréhension de tous. »

« Les décors sont froids. »

Recommandations

–– Utiliser–des–couleurs–plus–vives–et–attrayantes

–– Augmenter–l’impact–visuel–des–affiches–en–augmentant–les–

contrastes–entre–le–texte–et–le–visuel

–– Simplifier–les–messages–:–communiquer–principalement–sur–le–

lavage–des–mains

–– Affiches–enfants–:–entourer–les–enfants–d’autres–enfants

–– Revoir–le–ton–employé–jugé–trop–autoritaire

–– Privilégier–les–messages–sur–les–enfants,–moins–accusateurs–que–

ceux–sur–les–adultes–(à–cet–âge-là–c’est–un–apprentissage–normal)

–– Revoir–le–mode–de–distribution–des–affiches–:–le–médecin–n’est–pas–

la–cible–la–plus–adaptée–pour–communiquer–sur–ces–messages–par–

le–biais–d’affiches.–Privilégier–les–collectivités–et–les–lieux–publics.

14 Évaluations en prévention et en éducation pour la santé 2007

BILAN ET RECOMMANDATIONS SUR L’ENSEMBLE DU DISPOSITIF GRIPPE AVIAIRE

L’information reçue sur la grippe aviaire a certes été large et abondante, mais elle n’a pourtant pas répondu à toutes les questions des médecins. D’un point de vue théorique, les médecins, quelle que soit leur spécialité, pensent être bien préparés et informés. Ils ont pour l’ensemble déjà l’habitude de traiter des patients présentant des infections avec un haut risque de contamination, comme les ménin-gites. Ils ont des réflexes qui reviendront lorsqu’ils seront confrontés à des cas suspects de grippe aviaire.

Si les médecins se sentent bien informés, ils ne sont pas pour autant bien préparés. L’information a été jugée trop abondante et alarmiste. Ce qui leur manque essen-tiellement, ce sont des informations pratiques au niveau local sur l’organisation des soins et l’épidémiologie. Cette information doit être facile d’accès et mise à jour réguliè-rement.

Le document idéal serait un format poche de quelques pages reprenant les informations suivantes, de la façon la plus synthétique possible, mises à jour régulièrement :

– données épidémiologiques ; – vigilance sur les pays d’Europe (et plus largement du

monde) où des cas de grippe aviaire se déclarent ; – conduite à tenir ;

– comment établir un diagnostic clinique et biologique ; – examens pour confirmer le diagnostic ; – traitement préventif et curatif ; – évolution de la maladie chez un patient.Le dispositif grippe aviaire a été reçu de façon très dispa-

rate par les médecins. Si le CD-Rom, les masques et les fiches mémo sont en majorité évoqués par les médecins, le « Repères pour votre pratique » et les affiches ne sont pas du tout mémorisés. Ceci est dû à la masse d’informa-tions que les médecins ont reçue il y a un an. Cet excès a dilué l’information et fortement réduit son impact. Les médecins ont généralement parcouru les documents, puis les ont mis de côté en attendant de les ressortir lorsque la menace se précisera.

Le kit grippe aviaire (CD-Rom et masques) est le document que les médecins ont le mieux mémorisé. Cependant, il manque une information papier sur l’emploi des masques.

Le dispositif patient n’est pas adapté aux médecins en cabinet seul, qui affichent rarement de posters dans leur salle d’attente par manque de place et d’attractivité. Ces affiches sont donc à réserver aux collectivités et aux lieux publics.

Annexe 1. Les masques du kit grippe aviaire

Pour les soignants30–masques–filtrants–de–protection–individuelle–de–type–FFP2,–à–usage–unique–(durée–maximum–de–port–continu–de–quatre–heures).–Une–paire–de–lunettes–de–protection–réutilisable–après–lavage–puis–désinfection–par–solution–hydro-alcoolique.

Pour les malades50–masques–anti-projections,–dits–«–chirurgicaux–»–de–type–II,–à–usage–unique–et–à–changer–lorsqu’ils–sont–humides.

15Évaluation du dispositif d’information et de formation sur la « grippe aviaire »

Annexe 2. « Repères pour votre pratique » n° 2 intitulé Préparation au risque de pandémie grippale

[Format–original–:–fichier–pdf.]

Repères pourvotre pratique

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é

Ce document se propose de donner aux professionnels de santé, libérauxnotamment, des « repères pour s’informer » aux différentes phases du plangouvernemental et des « repères pour agir » en situation de pandémie : orga-nisation des soins, mesures barrières de protection et principes de prise encharge. Dans un contexte où l’information évolue rapidement, les principes énon-cés sont amenés à changer ou à se préciser dans le temps. Ce documentrenvoie donc à des sources qui hébergent de l’information régulièrementmise à jour, que vous pourrez consulter.

Où trouver l’information :pour vous, pour vos patients ?Pour les professionnels de santé- le site du ministère de la Santé [www.sante.gouv.fr] : dossier thématique grippe

aviaire (plan gouvernemental et fiches techniques, documents de formationet d’information, questions/réponses, liens utiles, etc.). Accès au site intermi-nistériel.

- le site de l’InVS [www.invs.sante.fr] : dossier thématique grippe aviaire (défi-nition des cas possibles réactualisée régulièrement en fonction du contexte épi-démiologique, questionnaires des cas possibles, surveillance épidémiologique).

Pour le public et les professionnels- le site interministériel [www.grippeaviaire.gouv.fr] : information utile pour le

grand public et les professionnels (santé, voyage, alimentation, agriculture, sécurité intérieure, avis d’agences…). Le contenu destiné aux pro-fessionnels de santé est celui du site du ministère de la Santé.

- Thérapeutiques (antiviraux, antipyrétiques, vaccination, antibiotiques) : Agencefrançaise de sécurité sanitaire des produits de santé Afssaps [http://afssaps.sante.fr]

- Pratiques médicales et grippe :site du GROG (Groupes Régionaux d'Observation de la Grippe[http://www.grog.org/h7n7.html], site du réseau Sentinelle (sentiweb)[http://rhone.b3e.jussieu.fr/senti], sites des sociétés savantes SPILF et CMIT[http://infectiologie.com], SPLF [http://www.splf.org], sites des conseils de l’ordredes médecins et des pharmaciens, de votre URML…

- Animaux : ministère de l’Agriculture [www.agriculture.gouv.fr]- Alimentation : Agence de sécurité sanitaire des aliments Afssa [http://www.afssa.fr]

Pour en savoir plus : sites utiles

N°2

Préparation au risque de pandémie grippale

16 Évaluations en prévention et en éducation pour la santé 2007

Elles constituent des annexes au plan et décrivent les mesures à adopter dans chaque secteurd’activité. Elles couvrent tous les champs de lutte contre une pandémie grippale. Les acteursy trouveront les éléments à leur propre préparation (8 chapitres). Certaines intéressent plusspécifiquement les professionnels de santé.- Organisation de l’État (A)- Mesures de santé animale (B)- Mesures de protection sanitaires des personnes (C)- Conduite à tenir devant des cas ou des suspicions de cas (D)- Organisation des soins (E)- Suivi épidémiologique (F)- Organisation de la vie collective (G)- Information et communication (H)

Définitions générales : grippe saisonnière, influenza aviaire A(H5N1), grippe aviaire, grippepandémique. Définition des « cas possibles » : dont les critères sont régulièrement réactualisés. “Repères pour votre pratique n°1*” déjà paru, sur le thème de la grippe pré pandémique. Protocoles complets : conduites à tenir devant des cas possibles de grippe à nouvelle souchede virus grippal sans transmission interhumaine ; conduites à tenir devant un foyer d’influen-za aviaire à virus hautement pathogène et à risque établi de transmission humaine lors d’uneépizootie en France ou dans les régions limitrophes. Fiches Mémo : 13 fiches simples ont été réalisées pour la pratique quotidienne des profession-nels de santé libéraux : Plan gouvernemental (1) - Quand suspecter un cas de grippeaviaire (2) - Circuits d’alerte devant des cas suspects (3) - Mesures barrières médecins (4)- Mesures barrières patients et entourage (4 bis) - Mesures d’hygiène sur le lieu d’exercice (5)- Matériel sanitaire nécessaire (6) - Masques (7) - Signes de gravité (8) - Antiviraux (9) - Accèsaux soins en pandémie (10) - Maintien à domicile et suivi des patients en pandémie (11)- Organisation des établissements de santé (12).Guide de recommandations de la DHOS** (80 pages) sur l’organisation des soins en situation depandémie grippale : organisation générale, soins de ville, organisation pré-hospitalière, organisationdes établissements de santé ; prises en charge spécifiques (pédiatrie, gériatrie, psychiatrie, etc.). Diaporama : présentations pour l’information ou la formation des professionnels (libéraux,hospitaliers).Documents pour l’information du public* : affiches et dépliants voyageurs (aéroports), afficheset dépliants « mesures barrières », fiches de conseils aux patients, etc.

Quels documents sont disponibles ?• Le plan gouvernemental de lutte contre la pandémie grippale et les fiches techniques opération-

nelles. Les fiches sont susceptibles d’être réactualisées régulièrement. Elles sont accessibles sur le siteinternet du ministère de la Santé ou sur le site interministériel.

• Des supports d’information et de formation pour les professionnels de santé peuvent être téléchargés à partir du site du ministère de la Santé (ou commandés gratuitement*).

• Un kit de formation a été mis au point. Il contient un CD-Rom avec tous les éléments existant pourles professionnels de santé sur la grippe (aviaire, pandémique) + masque FFP2 + masque chirurgical.

Fiches techniques opérationnelles

Documents disponibles

* Les affiches “mesures barrières”, les dépliants “aéroports” et “les Repères pour votre pratique” sont disponibles gratuitement à l’Inpes. 42 boulevard de la Libération.93203 Saint-Denis cedex (demande par courrier) et au 01 49 33 23 91 (par fax).

** Direction de l’Hospitalisation et des Soins du ministère de la Santé.

17Évaluation du dispositif d’information et de formation sur la « grippe aviaire »

Le Codamups (Comité départemental de l’aide médicale urgente de la permanence de soins et destransports sanitaires), placé sous l’autorité du Préfet de département, est une structure de réflexion etde concertation pour définir les stratégies d’organisation de la permanence des soins. Dans le cadredes réflexions portant sur la pandémie grippale, le Codamups est élargi à d’autres professionnels de santé(laboratoires, pharmaciens, infirmières, aides soignantes, kinésithérapeutes…) pour participer à cette orga-nisation.Le plan blanc élargi, outil à la disposition du Préfet, précise les modes d’organisation retenus.• Le dispositif de soins ambulatoires* prévoit la mise en place de centres de coordination sanitaires(à partir des structures existantes). Ils ont pour mission d’organiser les soins ambulatoires et de veillerau bon fonctionnement des structures intermédiaires. Ces structures sont mises en place pour lespatients dont l’état ne requiert pas une hospitalisation, mais nécessite une surveillance pouvant diffici-lement être assurée au domicile (personnes fragiles, isolées ou âgées).• Les établissements de santé publics et privés sont réorganisés* avec notamment :

- mise en place d’une zone de tri pour réguler l’arrivée spontanée des patients ;- identification de zones à forte ou à faible densité virale** (selon que les patients sont grippés ou non) ; - orientation des patients nécessitant une hospitalisation vers les services adaptés. Les patients nenécessitant pas d’hospitalisation mais dont l’état de santé requiert un suivi médical seront orientésvers la médecine libérale ou vers un service approprié de consultation.

En période d’alerte pandémique (pré pandémie), tant que les cas ne sont pas trop nombreux, les personnes sont hospitalisées pour éviter une diffusion dans la population générale et pour assurer unsuivi médical détaillé. Les hospitalisations sont régulées par le 15.

En situation de pandémie, la prise en charge relève pour l’essentiel de la médecine de ville, en coordi-nation avec les établissements de santé. Les consultations au cabinet de patients doivent être organiséesafin de limiter le regroupement des patients grippés et non grippés. Les visites au domicile ou sur le lieud’hébergement du patient grippé doivent être privilégiées. Le principe de prise en charge repose sur lemaintien à domicile, tant que l’état clinique le permet. Les professionnels seront informés des changements de phase en temps réel.

N° indigo : Info'Grippe Aviaire 0 825 302 302 (0,15 € TTC la minute)

Comment recevoir une information urgente du ministère ?Le service « DGS Urgent » du ministère de la Santé est destiné aux professionnels de santé. Il permetde recevoir des messages par mail sur la thématique “problèmes sanitaires urgents” (dont les informations sur les changements de phases du plan). Pour bénéficier de ce service gratuit, il suffit de s’inscrire sur le site du ministère de la Santé avec son n° adeli [http://dgs-urgent.sante.gouv.fr] et,à partir de mai 2006 [https://dgs-urgent.sante.gouv.fr].

Vos patients souhaitent poser des questions ?Le ministère de la Santé a mis en place un numéro téléphonique d’informations sur la grippe. Ce service propose des recommandations sanitaires.

Comment se former ?Des sessions de formation à la préparation de la pandémie vont se dérouler dans chaque région sousl’égide des DRASS, en lien avec les différents représentants des professionels libéraux et des organismesde formation professionnelle locaux.

Organisation des soins en pandémie : que savoir ? Il s’agit ici de présenter des principes généraux. Se reporter aux documents plus complets décrits plushaut. L’ensemble de ces connaissances est amené à évoluer (cf. sites internet pour mises à jour).

* Ces aspects sont détaillés dans les fiches du guide de recommandations de la DHOS (téléchargeable sur le site du ministère de la Santé).** Vous disposez de “signalétiques” dans le CD-Rom pour identifier les zones à forte densité virale, avec port de masque nécessaire.

18 Évaluations en prévention et en éducation pour la santé 2007

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Diagnostic : les signes cliniques de la grippe pan-démique dépendront du nouveau virus. Ils serontanalysés au tout début de la pandémie par l’OMSet seront alors communiqués aux professionnelsde santé. Pour définir les cas, des informationsseront mises à jour sur le site de l’InVS[http://www.invs.sante.fr]. Les prélèvements sys-tématiques à visée diagnostique ne seront plusréalisés à ce stade. Isolement des malades : appliquer les mesuresbarrières (médecins, patients, entourage). Traitement avant tout symptomatique et prise encharge des complications (surinfections, décompen-sations, etc.) ; antiviraux destinés au traitementcuratif précoce des patients, le plus tôt possible,dans les 48 premières heures suivant l'apparitiondes symptômes. Médicaments et masques chirurgicaux délivrés gra-tuitement sur ordonnance en pharmacies d’officine.

Suivi du patient jusqu’à sa guérison, en lui deman-dant d’appeler le médecin si son état s’aggrave. Si lepatient a besoin d’un suivi à domicile, le médecincontacte le centre de coordination sanitaire.Hospitalisations régulées par le SAMU / Centre 15.La personne malade munie d’un masque chirurgi-cal est prise en charge et accède directement auservice des urgences ou au service approprié déci-dé par le médecin régulateur.Vaccination : le délai minimal de mise à dispositiond’un nouveau vaccin est d’environ 6 mois après ledébut de la première vague pandémique. Ilconviendrait d’assurer en premier lieu la vaccina-tion des professionnels de santé. La vaccinationnécessitera vraisemblablement deux injectionsespacées de 3 à 4 semaines. Le Préfet organisera leslieux de vaccination en liaison avec les maires.

Ils ont pour objectifs de se protéger et de protéger les autres,afin de ralentir la propagation de l’infection.

Pour les professionnels de santé qui examinent un patientgrippé- se munir de l’ensemble des éléments suivants pour exa-miner le patient grippé : masque FFP2, gants de soins àusage unique, lunettes de protection (ou à défaut, de vue oude soleil), sac poubelle en plastique se fermant hermétique-ment, solution hydro-alcoolique, lingettes désinfectantes oualcoolisées. D’ici quelques mois, les professionnels de santéexerçant en ambulatoire disposeront gratuitement d’un lotde masques FFP2 pour faire face aux premières situationsde suspicion. Par la suite, en fonction de l’évolution, lesmasques FFP2 seront disponibles gratuitement pour les pro-fessionnels libéraux auprès de points de distribution deproximité, déterminés au niveau local par le Préfet ;- éviter les contacts directs (serrer les mains, embrasser),se désinfecter les mains avec une solution hydro-alcoo-lique avant et après tout contact non protégé avec lepatient et son environnement proche et après ablation desgants et des masques ;- désinfecter le matériel médical utilisé ;- jeter dans un sac plastique, les mouchoirs en papier utili-sés par le malade, les masques, les lingettes…, fermer le sachermétiquement et l’éliminer avec les déchets d’activité desoins à risque (DASRI).

Pour la personne malade à domicile- isoler le malade dans une pièce en limitant les contacts avecson entourage, mettre à disposition des mouchoirs, desmasques et une poubelle avec un sac et un couvercle. Lesmasques chirurgicaux seront utilisés par le malade lors de la

présence d’un tiers dans sa chambre ou s’il sort de sa chambre.Dans le cas d’un enfant malade ne portant pas de masque,l’adulte qui s’en occupe doit en porter un. Les masques usagéssont jetés dans une poubelle recouverte d’un couvercle ; - rappeler les conseils d’hygiène essentiels : se couvrir labouche lors d’une toux, se couvrir le nez lors des éternue-ments, se moucher avec des mouchoirs en papier à usageunique jetés dans une poubelle recouverte d’un couvercle,cracher systématiquement dans un mouchoir en papier àusage unique jeté dans une poubelle recouverte d’un cou-vercle. Après tous ces gestes, se laver les mains.

Pour l’entourage- aérer régulièrement la pièce ou séjourne le malade, évi-ter/limiter les contacts (embrasser, serrer les mains), réduireles visites ;- adopter une hygiène rigoureuse des mains après chaquecontact avec le malade (solution hydro alcoolique ousavon). En cas de lavage des mains à l’eau et au savon,sécher les mains avec une serviette personnelle ou jetable; - porter un masque pour entrer dans la chambre du malade(tant que le patient n’est pas guéri) ; - nettoyer les objets courants du malade (serviettes, cou-verts, linge, etc.) au savon et à l’eau chaude ou dans lelave-linge et lave-vaisselle familial, nettoyer les surfacestouchées par le malade (poignées de porte, meubles, chas-se d’eau, etc.) ; - jeter les déchets ménagers (mouchoirs en papier, masqueschirurgicaux) dans un sac en plastique, à fermer herméti-quement ;- impliquer les proches dans le soin des personnes malades(éducation aux soins).

Principes de prise en charge et conduite à tenir en phase de pandémieCes grands principes sont amenés à évoluer. Se reporter aux éléments complets décrits précédemment (notam-ment pour les hospitaliers).

Moyens de protection sanitaires (mesures barrières)