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BERNART MARTI BERNART MARTI LE TROUBADOUR FANTÔME LE TROUBADOUR FANTÔME

BERNART MARTI

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BERNART MARTI. LE TROUBADOUR FANTÔME. - PowerPoint PPT Presentation

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Page 1: BERNART MARTI

BERNART MARTIBERNART MARTI

LE TROUBADOUR FANTÔMELE TROUBADOUR FANTÔME

Page 2: BERNART MARTI

Dicimus, celeriter actendentes, quod vulgarem locutionem appellamus eam qua infantes assuefiunt ab assistentibus cum primitus distinguere voces incipiunt; vel, quod brevius dici potest, vulgarem locutionem asserimus quam sine omni regula nutricem imitantes accipimus. Est et inde alia locutio secundaria nobis, quam Romani gramaticam vocaverunt (Dante, De vulgari eloquentia I, i, 2-3).

Nous dirons tout de suite que nous appelons « vulgaire » la langue que les enfants, au moment où ils commencent à articuler des sons, apprennent des personnes de leur entourage ; bref, le vulgaire est la langue que nous avons assimilée en imitant notre nourrice et sans suivre aucune règle. Nous avons en réalité une seconde langue, que les Romains ont appelée « grammaire ».

Page 3: BERNART MARTI

Totum vero quod in Europa restat ab istis, tertium tenuit ydioma, licet nunc tripharium videatur: nam alii oc, alii oïl, alii sì affirmando locuntur, ut puta Yspani, Franci et Latini. Signum autem quod ab uno eodemque ydiomate istarum trium gentium progrediantur vulgaria, in promptu est, quia multa per eadem vocabula nominare videntur [...] Istorum vero proferentes oc meridionalis Europe tenent partem occidentalem, a Ianuensium finibus incipientes. Qui autem sì dicunt a predictis finibus orientalem tenent, videlicet usque ad promuntorium illud Ytalie qua sinus Adriatici maris incipit, et Siciliam. Sed loquentes oïl quodam modo septentrionales sunt respectu istorum: nam ab oriente Alamannos habent et ab occidente et septentrione anglico mari vallati sunt et montibus Aragonie terminati; a meridie quoque Provincialibus et Apenini devexione clauduntur (Dante, De vulgari eloquentia I, viii, 5-6)

Finalement, ce qui reste de l’Europe en dehors de ces deux régions linguistiques, fut le partage d’un troisième idiome, qui est maintenant triparti, car certains pour affirmer disent oc, d’autres oïl, d’autres sì, comme par exemple les Provençaux, les Français et les Italiens. Et la preuve que les vulgaires de ces trois peuples dérivent d’un seul et même idiome réside dans le fait que, pour indiquer plusieurs choses, ils emploient les mêmes mots [...] Et parmi ces peuples, ceux qui disent oc habitent la partie occidentale de l’Europe méridionale, depuis les frontières des Génois. Ceux qui disent sì occupent le pays qui s’étend à l’orient de ces frontières, jusqu’au promontoire de l’Italie où commence le golfe de la mer Adriatique et jusqu’à la Sicile. Et enfin ceux qui disent oïl vivent en quelque sorte dans le nord par rapport aux autres : leurs voisins orientaux sont en effet les Germains, tandis qu’à l’ouest et au nord ils sont comme retranchés derrière la mer d’Angleterre et ont les monts d’Aragon comme frontière ; ils sont délimités au sud par les Provençaux et par la pente des Alpes Pennines.

Page 4: BERNART MARTI

Revisentes igitur ea que dicta sunt, recolimus nos eos qui vulgariter versifi-cantur plerunque vocasse poetas : quod procul du-bio rationabiliter eructare presunpsimus, quia pror-sus poete sunt, si poesim recte consideremus : que nichil aliud est quam fictio rethorica musica-que poita

(DVE II, iv, 2)

fictio rethorica musicaque

poita

fiction [création, invention, trouverie]

exprimée selon les règles de la rhétorique et de

la musique

En revenant sur ce que nous avons dit précédemment, nous nous rappelons avoir souvent défini poètes ceux qui écrivent des vers en vulgaire ; sans doute avons-nous eu raison de le faire, parce que ce sont certainement des poètes, si on considère correctement la poésie, qui n’est autre chose que fiction [création, invention, trouverie] exprimée selon les règles de la rhétorique et de la musique.

Page 5: BERNART MARTI

Une poésie lyrique Une poésie lyrique romaneromane

Page 6: BERNART MARTI

« lyrique »

• se dit de la poésie qui exprime des sentiments intimes au moyen de rythmes et d’images propres à communiquer au lecteur l’émotion du poète, et de ce qui appartient à ce genre de poésie (Robert)

• forme poétique dans laquelle s’exprime le sentiment personnel de l’auteur, qui est au centre du discours psychologique, introspectif, mémorial, évocatoire ou fantastique dans lequel se détermine l’expérience du je (A. Marchese)

Page 7: BERNART MARTI

Le premier qui commença à rimer en vulgaire, y fut poussé parce qu’il voulait faire entendre ses paroles à une dame qui entendait mal les vers en latin. Et cela est contraire à ceux qui riment sur d’autre matière qu’amoureuse, étant donné qu’une telle manière de parler fut initialement trouvée pour parler d’amour

VITA NOVA

(env. 1293-1294)

XXV, 6

Page 8: BERNART MARTI

« Je suis quelqu’un », répondis-je, « qui note,quand Amour en moi souffle : et de l’accentdont il dicte en mon cœur, je signifie ».« Frère », dit-il, « je vois ici quel nœudexclut Guitton, le Notaire et moi-mêmedu doux style nouveau dont tu me parles ;je vois avec clarté comment vos plumess’en vont serrées après celui qui dicte :ce qui certes n’advint jamais aux nôtres »

DIVINA COMMEDIA(env. 1312-1315)

Purgatoire XXIV, 52-60

Page 9: BERNART MARTI

[I] Amors tençon et bataillevers son champion a prise,qui por li tant se travailleq’a desrainier sa franchisea tote s’entente mise:n’est drois q’a sa merci faille;mais ele tant ne lo priseque de s’aïe li chaille.

[II] Pir meu cori alligrari,chi multu longiamentisenza alligranza e joi d’amuri è statu,mi ritornu in cantari,ca forsi levimentida dimuranza turniria in usatudi lu troppu taciri;e quandu l’omu ha rasuni di diri,ben di’ cantari e mustrari alligranza,ca senza dimustranzajoi siria sempri di pocu valuri:dunca ben di’ cantar onni amaduri.

Page 10: BERNART MARTI

[III] Poi no mi val merzé né ben servireinver’ mia donna, in cui tengo speranzae amo lealmente,non so che cosa mi possa valere:se di me no le prende pïetanza,ben morrò certamente.Per nente - mi cangiao lo suo talento,und’eo tormento - e vivo in gran dottanzae son di molte pene sofferente.

[IV] Más quiero contigo guerra,Amor, que con otro paz;quien tantas vezes me yerra,no quiero ser suyo más.

[V] Pois que m’hei ora d’alongarde mia senhor que quero benporque me faz perder o senquando m’houver de la quitar,direi quando me lh’espedir:De mui bon grado queria irlogo e nunca mais viir.

Page 11: BERNART MARTI

[VI] Mio Çid Roy Díaz por Burgos entróve,en sue conpaña sessaenta pendones;exien lo veer mugieres e varones,burgeses e burgesas por las finiestras sone,plorando de los ojos, tanto avien el dolore.De las sus bocas todos dizían una razóne:«Dios, qué buen vassallo, si oviesse buen señore!».

[VII] D’amor no dei dire mas be.Quar no·n ai ni petit ni re?Quar ben leu plus no m’en cove!Pero leumensdona gran joi qui be·n mantelos aizimens.

Page 12: BERNART MARTI

La langue d’oïl peut alléguer le fait que, grâce à sa facilité et à son charme, elle a été utilisée soit pour compiler soit pour rédiger des ouvrages en prose, à savoir [la compilation qui met ensemble la Bible et les gestes des Troyens et des Romains], les fascinantes aven-tures du roi Arthur et bien d’autres œuvres historiques et didactiques.La langue d’oc, à son tour, peut se vanter d’être la plus douce et la plus parfaite puisqu’elle a été la langue des premiers poètes vul-gaires, tels Pierre d’Auvergne et d’autres anciens maîtres

(DVE I, x, 1-2)