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Matières premières minérales Au service de la nutrition des plantes et des animaux Le 14 mai dernier, 24 personnes, dont 5 intervenants, se sont réunies pour assister à une journée technique du district Ouest de la Sim organisée chez le groupe Roullier, à Saint-Malo (35). Ce groupe comprend trois branches : agrofourniture, agrochimie et agroalimentaire, et technologies marines. Particularité : il importe ou extrait chaque année 4 Mt de minerais (phosphates, potasse, calcaire…) afin d’élaborer des engrais et des produits d’apport alimentaire. Les matières premières dans l’industrie des fertilisants Le groupe Roullier s’attache à fournir des réponses aux nouvelles donnes alimentaires en offrant aux exploitations agricoles des solutions pour augmenter les rendements et valoriser les terres et les cultures. Dans les filières d’élevage, l’exigence de qualité impo- sée par les consommateurs nécessite une prise en charge adaptée de la santé des animaux, et donc de leur alimentation. Sébastien Floc’h, directeur général de l’agroalimen- taire et des technologies marines du groupe Roullier, présente la stratégie à 50 ans du groupe : « Il est dirigé par son créateur, Gabriel Roullier, depuis 1959, et son objectif est de rester une société familiale. » Le premier métier du groupe est d’être un nutrition- niste de la plante, en formulant des engrais pour répondre aux besoins spécifiques de la plante, quelle que soit son espèce (céréales, mais aussi orangers, cacaoyers…), selon le sol et le climat. Il ne s’agit pas de simples engrais. Benoît Tardiveau, responsable du marché azote des matières premières, présente les matières premières de base pour les fertilisants NPK (azote, phosphore, potasse), qui sont la base de la nutrition des plantes. L’azote (N) provient de l’air, le phosphore (P) du phosphate naturel, extrait d’exploitations minières peu profondes (jusqu’à 50 m), et la potasse extraite d’exploitations profondes (entre 500 et 1 500 m) ou de lacs salés. JOURNÉE TECHNIQUE Le groupe Roullier en quelques chiffres Le groupe Roullier est une société fami- liale créée en 1954, qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 3,1 Mrd€, dont 64 % à l’international. Il emploie 7 000 per- sonnes et est implanté dans 46 pays avec 77 unités de production, en France, en Europe de l’est, au Brésil… Il com- mercialise ses produits dans 111 pays. Sa branche nutrition végétale et ani- male réalise un chiffre d’affaires cumulé de 2,2 Mrd€. ////////////////////////////////////////////////// L e groupe Roullier s’appuie sur trois piliers : l’in- dustriel, le commercial et l’innovation. La R&D est un axe essentiel de son identité. Début 2014, le groupe a lancé la construction de son centre mondial recherche à Saint-Malo avec 8 000 m² de bâtiments, des serres végétalisées et des laboratoires spécialisés. Dans le domaine des matières premières, la branche agrofourniture importe ou extrait environ 4 Mt/an de minerais (phosphates, potasse, calcaire, magnésie…). À partir de ceux-ci, ses fabrications consistent princi- palement en des engrais et des produits d’apport alimentaire. 176 n° 217 Septembre 2014 Sébastien Floc’h, directeur général de l’agroalimentaire et des technologies marines du groupe Roullier. m&c

Au service de la nutrition des plantes et des animaux

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Page 1: Au service de la nutrition des plantes et des animaux

Matières premières minérales

Au service de la nutritiondes plantes et des animauxLe 14 mai dernier, 24 personnes, dont 5 intervenants, se sont réunies pour assister àune journée technique du district Ouest de la Sim organisée chez le groupe Roullier, àSaint-Malo (35). Ce groupe comprend trois branches : agrofourniture, agrochimie etagroalimentaire, et technologies marines. Particularité : il importe ou extrait chaqueannée 4 Mt de minerais (phosphates, potasse, calcaire…) afin d’élaborer des engrais etdes produits d’apport alimentaire.

Les matières premières dans l’industrie des fertilisantsLe groupe Roullier s’attache à fournir des réponsesaux nouvelles donnes alimentaires en offrant auxexploitations agricoles des solutions pour augmenterles rendements et valoriser les terres et les cultures.Dans les filières d’élevage, l’exigence de qualité impo-sée par les consommateurs nécessite une prise encharge adaptée de la santé des animaux, et donc de leuralimentation.Sébastien Floc’h, directeur général de l’agroalimen-taire et des technologies marines du groupe Roullier,présente la stratégie à 50 ans du groupe : « Il est dirigépar son créateur, Gabriel Roullier, depuis 1959, et sonobjectif est de rester une société familiale. »Le premier métier du groupe est d’être un nutrition-niste de la plante, en formulant des engrais pourrépondre aux besoins spécifiques de la plante, quelleque soit son espèce (céréales, mais aussi orangers,cacaoyers…), selon le sol et le climat. Il ne s’agit pas desimples engrais.Benoît Tardiveau, responsable du marché azote desmatières premières, présente les matières premières debase pour les fertilisants NPK (azote, phosphore,potasse), qui sont la base de la nutrition des plantes.L’azote (N) provient de l’air, le phosphore (P) duphosphate naturel, extrait d’exploitations minièrespeu profondes (jusqu’à 50 m), et la potasse extraited’exploitations profondes (entre 500 et 1 500 m) oude lacs salés.

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Le groupe Roullier en quelques chiffres

Le groupe Roullier est une société fami-liale créée en 1954, qui réalise un chiffred’affaires annuel de 3,1 Mrd€, dont 64 %à l’international. Il emploie 7 000 per-sonnes et est implanté dans 46 paysavec 77 unités de production, en France,en Europe de l’est, au Brésil… Il com-mercialise ses produits dans 111 pays.Sa branche nutrition végétale et ani-male réalise un chiffre d’affaires cumuléde 2,2 Mrd€.

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L e groupe Roullier s’appuie sur trois piliers : l’in-dustriel, le commercial et l’innovation. LaR&D est un axe essentiel de son identité.

Début 2014, le groupe a lancé la construction de soncentre mondial recherche à Saint-Malo avec 8 000 m²de bâtiments, des serres végétalisées et des laboratoiresspécialisés.Dans le domaine des matières premières, la brancheagrofourniture importe ou extrait environ 4 Mt/an deminerais (phosphates, potasse, calcaire, magnésie…).À partir de ceux-ci, ses fabrications consistent princi-palement en des engrais et des produits d’apport alimentaire.

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Sébastien Floc’h,directeur général

de l’agroalimentaireet des technologiesmarines du groupe

Roullier.

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L’azote de l’air est transformé en ammoniac, puis enurée, et en ammonitrate, qui sont utilisables dans lesfertilisants.Les phosphates sont extraits dans des mines à cielouvert. Le Maroc et la Chine en sont les principauxpays exportateurs : ils ont les plus grandes réservesmondiales. Le phosphate naturel est acheté brut.Combiné avec de l’acide sulfurique, il donne l’acidephosphorique qui, sur le phosphate, donne le triphos-phate, un fertilisant.La potasse est issue de mines souterraines au Canada,en Russie, en Biélorussie, en Allemagne, voire de lacssalés (Chine, Israël, Jordanie). L’extraction a lieu àgrande profondeur, et la séparation des sels est réaliséeen usine : sels de magnésium, de sodium (NaCl) et depotasse (KCl), le plus souvent par flottation.La potasse donne du chlorure de potassium ou, avecde l’acide sulfurique, du sulfate de potasse qui est uti-lisé comme fertilisant.Les usines de la branche agrofourniture transformentenviron 4 Mt/an de matières premières. Les sept prin-cipales matières premières représentent à elles seulesenviron 3 Mt/an (les deux premières sont le phos-phate brut et la potasse).

La branche agrofournitureLe groupe Roullier s’est construit sur la productiond’amendements calcaires, des apports nécessairespour combattre la salinité des terres en Bretagne. Le

calcaire peut être terrestre ou maritime, mais, histori-quement, le groupe a longtemps transformé indus-triellement en amendement calcaire du maërl, qui estune accumulation d’algues calcaires extraites en mer.Son exploitation est désormais interdite, mais elle aété remplacée par du calcaire coquillier marin. Ce cal-caire est exploité dans trois gisements, dont un aularge de Roscoff. Roullier extrait actuellement300 000 t/an de calcaire coquillier marin, ainsi quedu carbonate de calcium provenant de la carrière deBilly (14).Pierre Le Coz, président de Timac Agro, indique que« Timac Agro a une capacité de production de 1,6 Mt defertilisants, alors que le marché français est de 8 M€. »L’objectif est de garantir aux agriculteurs des rende-ments pour une agriculture durable et rentable.

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Groupe des visiteurs de la Sim à la fin de la journée.

L’usine de microgranuléset de pierres à lécher

de Timac Agro (groupe Roullier).

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Depuis 60 ans, la production agricole a été multipliéepar trois, grâce aux fertilisants.L’agrofourniture consiste à mettre en forme des pro-duits, regroupant tous les fertilisants dans le même gra-nulé. Ce granulé est adapté à la plante désirée et au sol,avec le rendement voulu, ce qui implique de faire deschoix dans les fertilisants. Il s’agit aussi de ne pas en met-tre trop pour respecter des critères environnementaux.Les produits comprennent différents minéraux et desmolécules qui donnent l’efficacité agronomique dechaque granulé. Il s’agit de spécialités nutritionnellesvégétales, en plus des fertilisants qui ne sont épandusque deux fois par an, à l’automne et au printemps. Desoligo-éléments sont nécessaires pour certainescarences des sols : bore, cuivre, zinc, molybdène,fer, etc. Les spécificités de l’entreprise sont les extraitsd’algues, qui sont étudiés au niveau moléculaire avantleur utilisation en usine. Ils peuvent servir d’agentsactifs foliaires ou racinaires.

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Les usines de Saint-Malo

L’usine Timac Agro France, du port de Saint-Malo, a été construite en 1972 sur unquai du port. Roullier est certifié opérateur économique agréé pour les douanes, etla sûreté portuaire est assurée par des audits européens.Le site occupe une emprise totale de 13,2 ha, dont un nouveau quai de 2,2 ha. Ilregroupe la direction industrielle de Saint-Malo, le service des achats techniques, lebureau d’études, les services logistiques terrestre et maritime et, surtout, deux uni-tés de production. Le site est certifié ISO 9001 pour la qualité et ISO 14001 pourl’environnement.L’unité de spécialités nutritionnelles animales produit des microgranulés et des pierresà lécher (PAL/MG) destinées aux ovins, bovins, caprins. L’unité produit 30 000 t/an deblocs minéraux à lécher et 23 000 t/an de microgranulés avec 22 personnes. Lesmicrogranulés sont soit utilisés tels quels, soit pressés en pierres à lécher : ce sont desproduits fins, qui se délitent quand l’animal vient lécher le bloc minéral.La deuxième unité fabrique des engrais NPK pour les amendements agricoles. Lacapacité de production de cette unité est de 400 000 t/an de granulés et de150 000 t/an de poudres broyées jusqu’à 100 µm. Elle compte un effectif de 85 per-sonnes. Michel Ara, directeur industriel du site, précise qu’il existe « 166 formules dans le catalogue. »Le centre de formulation permet de doser les matières premières pour sortir le produit final sous forme de granulés : chaquegrain contient l’ensemble des éléments choisis (qui ne sont pas répartis dans des grains séparés). L’épandage automatiqueexige un produit calibré, régulier, un produit rond qui aille le plus loin possible. En effet, les épandages sur champ se font deplus en plus loin, ce qui fait que les grains fins ne suffisent plus. Il faut un système de granulation pour un calibrage précis, puisun séchage chaud (sans cuisson), un criblage.Les matières premières sont reçues par bateau : chlorure de potasse rouge ou blanc, dolomie beige ou grise, gypse, soufre,magnésie, phosphate naturel du Maroc, etc. Le déchargement est effectué sur le quai du port, puis l’usine pèse, broie etmélange les matières premières. Selon Michel Ara, « ce sont 700 à 1 000 t de granulés qui sont fabriquées chaque jour. »Les coquilliers marins sont égouttés dans un bassin, puis réduits en poudre dans un broyeur à boulets. Les grains trop gros

sont rebroyés dans un broyeur à percussion, les grains trop petits repassent dans le système. Ce système récent areprésenté un investissement de 5,5 M€.

Les produits sortent du tube sécheur à une température de 50 °C, ils sont refroidis à 30 °C,puis enrobés d’une huile minérale et de talc pour faciliter l’épandage.

Les produits sont livrés en vrac, en sacs de 25 ou de 50 kg, et en conteneurs souples.Les produits doivent mûrir avant l’ensachage pour que les granulés sèchent et ne

se collent pas entre eux.

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Ligne d’emballage des blocs minéraux pour le bétail (pierres à lécher).

Dans le récipient carré, du maërl brut.

Coquillier marin.

Silos de matières premières avec (de gauche à droite) : coquillier, fines de production à repasser dans le processus, sulfate d’ammonium, dolomie, phosphate…

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Au centre mondial de R&D du groupe Roullier

Olivier Julienne, directeur général adjoint du groupeRoullier, indique que « la valeur ajoutée du groupeRoullier est de savoir imaginer de nouveaux produits ».Selon lui, « l’innovation permet d’améliorer les rende-ments de fertilisation avec de nouvelles formules deNPK ou de nouveaux produits. »Les ingénieurs et les chercheurs représentent 400 per-sonnes, répartis à Saint-Malo, mais aussi en Espagne etau Paraguay. Le groupe Roullier regroupera prochaine-ment ses équipes autour de l’ancrage territorial de Saint-Malo, dans son nouveau centre mondial de recherche,ce qui facilitera les partenariats avec le CNRS, l’école dechimie de Rennes et l’INRA notamment.Le choix de ce regroupement induit une refondationde la R&D et une réorganisation des équipes avec lamodification des modes de gouvernances, et laconstruction d’un nouveau bâtiment conçu par l’ar-chitecte Jean-Pierre Meignan. Les scientifiques serontrassemblés à Saint Malo, qui regroupera 200 à 220personnes. D’ici 2017, 80 personnes seront recrutées.Le bâtiment a été voulu un peu majestueux pour êtreune vitrine et révéler une volonté de communication.Il s’agit de la fin de la discrétion du métier, avec unevolonté de mise en valeur d’un savoir-faire. Des visitesseront organisées pour les agriculteurs. La communi-cation externe est une révolution pour le groupe, quin’a pas l’habitude de témoigner de ses compétences.Le bâtiment aura une surface de 8 000 m², compre-nant des bureaux, des serres (800 m²), une salle deconférence, etc. Les installations de R&D comprendront les labora-toires de physiologie des plantes, de biologie molécu-laire végétale, d’électro-physio des plantes, de chroma-tographie, d’agronomie, d’hygiène, de microbiologie,d’analyse physico-chimique, et enfin des serres dephénotypage1, de cultures, et une serre étanche depathologie des plantes. n Mireille Bouniol

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(1) La serre de phénotypage sert aux essais de croissance,d’évolution. Elle reproduit les conditions réelles du sol, du climat,avec la céréale ou la plante voulue.

Stocks de conteneurs souples.

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