26
1 2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme COPIE EN AVANCE POUR LE MÉDIA

2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

Embed Size (px)

DESCRIPTION

2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

Citation preview

Page 1: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

1

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

COPIE EN AVANCE POUR LE MÉDIA

Page 2: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

2

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

Eric Bissell Président National

Frank Dimant Chef de la Direction

David Matas Conseiller juridique principal

Earl Barish Chair of the Executive

Ruth Klein Directrice National

départment de plaidoyer

Pearl Gladman Directrice National, Centre

des services communautaires

Anita Bromberg Directrice National,

Département juridique

Marvin Kurz Conseiller Juridique

Principal

Steven Slimovitch Conseiller Juridique

Principal

Sam Eskenasi Agent de

Communications

B’nai Brith Canada

Ligue des Droits de la Personne Allan Adel

Président National Ruth Klein

Directrice National

Harry Abrams Région de Ouest

Dr. Reena Basser Ontario

Moïse Moghrabi Québec

Aubrey Zidenberg, Président du comité consultatif

Nous tenons à exprimer notre reconnaissance à notre personnel régional: Anna Ahronheim, Maria Fernanda-

Medina et Alan Yusim, ainsi que stagiaire de la sécurité communautaire, Aaron Posner, pour leur assistance

dans l'élaboration des rapports locaux et leur aide à corroborer les données de la présente édition du Rap-

port. La Ligue tient aussi à remercier les officiers de police des unités et escouades des crimes haineux et les

organisations Juives de tout le pays pour leur assistance

Cette vérification a été préparé par Ruth Klein et Anita Bromberg

Mise en page: Sam Eskenasi

© 2013 Ligue des Droits de la Personne de B'nai Brith Canada Imprimé au Canada

Tous droits réservés Cette publication peut être citée avec l'attribution appropriée.

Des copies peuvent être faites pour une utilisation personnelle limitée.

B'nai Brith Canada Bureau national 15 Hove Street, Toronto, ON, M3H 4Y8 Tel: 416-633-6224 Fax: 416-630-2159

E-mail: [email protected] Site Web: www.bnaibrith.ca 24-7 Antiraciste Hotline 1-800-892-2624

Page 3: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

3

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

Table des Matières

A) INTRODUCTION

B) CONCLUSIONS DE L’ENQUÊTE 10

1) Vue d’ensemble 10

2) Incidents par Catégories 12

3) Type d'incidents 13

i. La communauté et la propriété privée;

les voies publiques 13

ii. Les lieux de travail 14

iii. Le milieu scolaire 14

iv. La haine sur le Web 15

v. Le négationnisme 16

vi. L’activité des néonazis et des militants

luttant pour la suprématie blanche 16

4) Les auteurs des délits 16

5) Les profils des incidents 17

C) Répartition régionale 19

D) Exemples des incidents 20

E) Conclusion 23

Plan d'Action Anti-Haine 24

F) Annexe 25

Page 4: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

4

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

L'édition 2012 Rapport des incidents d'antisémitisme est dédié à la mémoire des victimes du massacre de l'école de Toulouse

le 19 Mars 2012

Rabbi Yonathan Sandler, Age 30 Aryeh Sandler, 6 ans Gabriel Sandler, 3 ans

Miriam Monsonego, 8 ans

et à toutes les victimes de la haine et de la violence dans le monde.

Page 5: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

5

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

Le présent rapport analyse les constatations tirées

du document 2012 Audit of Antisemitic Inci-

dents (l’Audit), une étude que publie chaque année

la Ligue des droits de la personne de B’nai Brith Ca-

nada (la « Ligue »). À la lecture des constatations

présentées au cours des prochaines pages, il faut

garder en tête les caractéristiques propres au Cana-

da, qui peuvent permettre de croire que le pays ne

suivra pas certaines tendances néfastes observées

dans le contexte plus vaste de l’antisémitisme à

l’échelle mondiale.

Bien qu’il soit décevant de constater une nouvelle

fois une hausse des incidents haineux envers la

communauté juive, le Canada s’en est beaucoup

mieux tiré en 2012, sur le plan tant quantitatif que

qualitatif, que le reste du monde. En effet, selon le

plus récent rapport annuel du Kantor Center for the

Study of Contemporary European Jewry de l’univer-

sité de Tel-Aviv, les incidents antisémites ont globa-

lement progressé de plus de 30 %. On n’observe

manifestement pas au Canada l’exacerbation de

l’antagonisme ouvert et parfois violent contre les

Juifs qui sévit dans plusieurs pays européens. Il

semble que les collectivités ou les gouvernements

de ces pays, où l’instabilité politique, économique et

parfois même culturelle fait rage, ne sont pas en me-

sure de contrer les ravages sournois des idéologies

fondées sur la haine, qu’elles soient issues de

l’extrême droite ou de l’extrême droite, ou encore de

groupes islamistes qui cherchent à exploiter les li-

bertés démocratiques tout en les minant.

Ici au Canada, nous bénéficions de conditions beau-

coup plus favorables et stables. Les idéologies ex-

trémistes n’ont donc pas réussi à l’implanter solide-

ment ou à se faire accepter par la population géné-

rale. Lorsque les élus et les autorités publiques de

toutes allégeances politiques dénoncent sans am-

bages l’antisémitisme et toute autre forme de ra-

cisme, un message clair est envoyé, à savoir que le

fanatisme et les préjugés n’ont pas leur place au

pays. Récemment, le premier ministre Stephen Har-

per a de nouveau pris position contre l’antisémi-

tisme, cette fois pour souligner Yom Ha-Shoah (Jour

commémoratif de l’Holocauste). En mars 2012, Ja-

son Kenney, ministre de la Citoyenneté, de l’Immi-

gration et du Multiculturalisme, a demandé à tous

les Canadiens de s’élever contre l’antisémitisme, qui

est « inacceptable et complètement contraire aux

valeurs fondamentales du Canada. » Ces mots font

écho au Protocole d’Ottawa sur la lutte contre l’anti-

sémitisme, que le Canada a signé en 2011, lequel

invite toute la population canadienne à « combattre

toute manifestation d’antisémitisme et toute forme

de discrimination. »

Ce type de déclaration publique ferme et sans ambi-

guïté a manifestement contribué à créer un contexte

défavorable à de tels méfaits en 2012, ce qui ex-

plique pourquoi l’intensification de l’activité antisé-

mite observée à l’étranger est absente au Canada.

De plus, même si on a noté une hausse générale

des incidents au pays, l’Audit indique que la violence

ainsi que le vandalisme contre des immeubles com-

munautaires juifs (synagogues et écoles, par

exemple) a nettement diminué, grâce à la protection

accrue rendue possible par des fonds accordés par

le gouvernement fédéral aux institutions religieuses

vulnérables. Ces diminutions vont à contre-courant

de la tendance observée à l’heure actuelle dans plu-

sieurs pays européens. Cependant, même si cer-

tains points sont encourageants, il ne faut pas céder

au piège de la complaisance dans un monde où les

frontières officielles deviennent floues et où les mé-

canismes de protection des droits de la personne

mis en place après l’époque de l’Holocuast peuvent

disparaître en un clin d’œil. À titre d’exemple, il était

raisonnable de penser que le souvenir d’une Europe

sous le joug du fascisme d’Hitler serait suffisant pour

discréditer à jamais l’extrême droite sur le vieux con-

tinent.

Qui aurait cru que l’extrême droite renaîtrait de ses

centres en Europe, des partis néonazis réussissant

même à faire élire des représentants? Cette résur-

gence a jeté les bases d’une plus vaste plateforme

de négationnisme explicite de l’Holocauste, même

dans des pays comme l’Allemagne et la France où

le soutien ouvert aux principes nazis est illégal. Les

répercussions de ce phénomène ont encoure du

potentiel de se font sentir bien au-delà des frontières

de ces pays individuels.

DÉNI ET BANALISATION DE L’HOLOCAUSTE

De ce côté de l’Atlantique, la population canadienne

est généralement à l’abri de la réhabilitation des

idéologies d’extrême droite et du révisionnisme his-

torique du nazisme, une combinaison qui crée un

terreau fertile pour le retour de l’antisémitisme

acharné du passé. Cela dit, les incidents liés au déni

A) INTRODUCTION

Page 6: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

6

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

de l’Holocauste répertoriés dans l’Audit affichent tout

de même une progression, passant de 65 en 2010 à

111 à 2010, avant d’atteindre 197 en 2012, soit trois

fois plus en deux ans. Il est évident que la propa-

gande à l’étranger trouve des échos jusqu’au Cana-

da et en plus, influence des Canadiens.

Au pays, les incidents sont davantage liés à la bana-

lisation des horreurs de l’Holocauste, certains politi-

ciens et autres figures publiques établissant des

comparaisons tout à fait inappropriées entre le

règne de terreur d’Hitler et leurs adversaires poli-

tiques sur la scène canadienne. Cette banalisation,

jumelée à l’ignorance croissante au sein de la popu-

lation générale relativement à l’Holocauste (les der-

niers survivants se faisant de plus en plus rares en

raison de l’âge et de la maladie), est suffisante pour

qu’il soit réellement inquiétant de penser qu’un jour

que l’extermination de six millions de juifs par les

Nazis deviendra un événement banal de l’Histoire

dans la conscience populaire. Les négationnistes

visent à tirer profit de telles tendances.

Dans ce contexte, la progression des incidents de

déni de l’Holocauste signalés au Canada témoigne

de l’extraordinaire facilité et puissance de la propa-

gande en ligne et des dangers auxquels sont expo-

sés les étudiants sérieux qui font de la recherche sur

l’Holocauste et qui sont détournés vers des sites de

propagande néonazie. Ces sitess, en posant des

questions soi-disant « raisonnables », trompent et

désinforment les lecteurs en présentant l’Holocauste

de manière entièrement fausse et révisionniste.

L’Internet est toutefois bien plus qu’une simple

rampe de lancement pour les négationnistes. En

effet, les autorités allemandes ont récemment rap-

porté que le monde virtuel est devenu le point de

rassemblement des extrémistes de droite du pays,

qui utilisent Internet pour diffuser leur idéologie, pla-

nifier des activités, communiquer avec leurs parti-

sans et recruter de nouveaux sympathisants. L’ab-

sence de frontières du monde virtuel est un motif

d’inquiétude puisqu’à long terme, ces extrémistes

pourraient cibler la population canadienne.

LES NOMBREUX NOUVEAUX VISAGES DE LA HAINE

Le monde d’aujourd’hui s’est transformé en village

planétaire. Il est donc évident que nous ne sommes

pas à l’abri de la propagande insidieuse qui favorise

l’émergence d’activités antisémites ici et ailleurs

dans le monde. Comme c’est le cas depuis

quelques années, les méfaits antisémites répertoriés

au Canada ont eu lieu dans les sphères privées et

publiques.

Certains méfaits ont été commis sous le couvert de

la nuit. D’autres ont été prémédités, l’agresseur

ayant obtenu à l’avance l’adresse ou les coordon-

nées de la victime. D’autres cas spontanés semblent

avoir été provoqués par une rencontre au hasard

dans la rue. Des enfants et des adolescents vulné-

rables ont été ciblés. La propagande férocement anti

-Israël diffusée sur certains campus a donné lieu à

des flambées d’antisémitisme. Cela dit, l’anonymat

du monde virtuel continue d’être le moyen tout indi-

qué de propager la haine à visage couvert.

Cette version moderne de la propagance nazie dépeint l’homme juif comme un violeur de

femmes non juive

Des adversaires politiques utilisent des images de l’Holocauste pour dénigrer le

Premier ministre du Québec

Page 7: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

7

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

La façon anonyme sur Internet continue à laisser four-

nir une couverture idéale pour la haine. Aujourd’hui,

nul besoin d’avoir accès à une chaire, à un podium de

salle de classe, à un micro de radio ou à une tribune

dans un parc public pour disséminer des idées hai-

neuses. En effet, il est possible de calomnier, de har-

celer ou de menacer un individu ou une communauté

entière en ayant recours aux médias sociaux. On n’a

qu’à penser au destin tragique de Rehtaeh Parsons (N.

-É.), victime de cyberintimidation, pour comprendre

que ce nouveau moyen de couvrir quelqu’un de honte

et de l’intimider est tout aussi puissant que les formes

plus traditionnelles de menace et d’intimidation.

L’utilisation généralisée d’Internet est facilitée par l’ac-

cessibilité des ordinateurs, non seulement en classe et

dans les bibliothèques, mais aussi jusque dans les

chambres des jeunes. De leur côté, les téléphones in-

telligent, qui deviennent rapidement la norme, permet-

tent un accès en tout temps à l’autoroute électronique.

Une étude canadienne approfondie sur les habitudes

en ligne a révélé que « l’accès est quasiment univer-

sel », les étudiants passant en moyenne de six à sept

heures par jour devant un écran. Bien que les dangers

que représentent les voleurs d’identité, les cyberpréda-

teurs et l’intimidation en ligne soient de notoriété pu-

blique, l’exposition aux idéologies fondées sur la haine

et la violence et le potentiel que nos jeunes soient re-

crutés par des groupes haineux sont des risques

moins connus.

Dans le cadre de la Conference on Terrorist Rehabili-

tation and Community Resilience tenue à Singapour le

26 mars 2013, un analyste a mentionné que des rap-

ports de l’Agence France Presse avaient répertorié

plus de 10 000 sites Internet extrémistes sur Internet,

comparativement à moins de 100 sites qui visent à les

combattre. Plusieurs cas dont l’Audit fait mention té-

moignent de la force attractive de l’extrémisme en ligne

et des risques que représente la diffusion d’idées hai-

neuses dans le confort même du foyer des Canadiens

et Canadiennes.

LA HAINE SOUS FORME DE PAROLES DE CHANSONS

L’infiltration de la culture populaire sous toutes ses

formes est l’un des moyens les plus efficaces de pro-

pager la haine. La musique est cependant le véhicule

de choix pour atteindre les jeunes. On sait depuis long-

temps que ce médium, a priori sans danger et positif,

peut être infiltré par des textes haineux. Les groupes

canadiens de « hate rock » ne commercialisent pas

Une caricature utilise le stéréotype du Juif pra-

tiquant pour accuser les Juifs en général de faire

taire les autres

“Nous allons tabasser les Juifs, espèces de riches gosses fils de

putes de Westmount” - Deux jeunes hommes de 18 et 19 ans ont été abusés, attaqués et menacés à

Montréal

Une revue islamiste envoyée à des

Canadiens expliquait comment incendier des établissements juifs et autres

Page 8: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

8

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

leurs CD auprès des entreprises canadiennes, se

tournant plutôt vers l’Allemagne et les pays scandi-

naves. Cela ne veut toutefois pas dire que les ado-

lescents adeptes de ce type de musique ont de la

difficulté à y accéder au Canada. Les messages hai-

neux véhiculés dans la musique, publiés et republiés

sur les médias sociaux, peuvent empoisonner les

esprits, peu importe où les chansons ont été créées.

L’Audit révèle qu’en 2012, un élève de 8e année a

partagé sur Facebook une chanson qui va comme

suit : Die Jew Die to the creature I despise, Die Jew

Die I can see right through your lying eyes… Trea-

cherous scumbab make my day, Zyklon B is the only

way… (Meurs, Juif, meurs, créature que je déteste,

tes yeux mensongers ne me dupent pas… sale or-

dure, tu sais ce que tu as à faire, le Zyklon B est ta

seule porte de sortie).

De telles paroles, qui font référence au Zyklon B, le

gaz qui a servi pendant l’Holocauste à exterminer

les juifs, semblent inspirées d’une idéologie

d’extrême droite. Toutefois, la propagande haineuse

visant les Juifs, qui dynamise le sentiment antisé-

mite au Canada et à l’étranger, n’est pas l’apanage

des néonazis et des groupes militant pour la supré-

matie blanche.

En effet, l’extrême gauche et de plus en plus d’en-

doctrineurs en Iran, en Égypte, en Arabie saoudite

ou dans la bande de Gaza contrôlée par le Hamas

accaparent ces messages hostiles, et il existe main-

tenant de la propagande produite et disséminée par

des États plutôt que par des groupes radicaux mino-

ritaires. Comme mentionné dans les Audits précé-

dents, lorsque cela est opportun, la « question

juive » continue d’être un terrain d’entente pour ces

éléments idéologiques par ailleurs incompatibles.

Les différentes idéologies partagent alors leurs

thèmes et rhétoriques, souvent sans même prendre

la peine de déguiser leur haine sous le mode code

« sioniste ».

La propagande est alors outrancière, explicite et

malveillante, et elle cible les plus jeunes, un phéno-

mène bien documenté qu’il est inutile de répéter ici.

QU’EST-CE QUI MOTIVE LES AGRESSEURS?

Outre la propagande venant de l’étranger, il faut

aussi examiner les autres facteurs qui influencent la

société canadienne. Une analyse des types de mes-

sages qui se répètent dans les méfaits répertoriés

dans l’Audit indique que des immigrants de certains

groupes ethniques ont importé leur haine des Juifs

en sol canadien, même ceux qui sont venus il ya

des générations. De plus, il semble que de nou-

veaux arrivants entrent en contact avec de tels pré-

jugés une fois immigrés au Canada, les groupes an-

tisémites à l’étranger ne constituant donc pas les

seules menaces. À ce chapitre, deux incidents sont

particulièrement éloquents. Dans le premier cas, un

journal communautaire musulman de la Colombie-

Britannique a imprimé des théories de conspiration

qui blâment les Juifs pour divers crimes présumés,

et a refusé de retirer l’article après avoir reçu des

plaintes. Le deuxième incident a eu lieu à Toronto

en Ontario : de la propagande anti-juive a été trou-

vée dans le matériel didactique d’une école musul-

mane privée, avant d’être retirée à la suite de

plaintes.

De tels méfaits expliquent en partie une des consta-

tations de l’Audit, c’est-à-dire une hausse sans pré-

cédent (de 16 en 2011 à 87 en 2012) d’incidents

commis par des musulmans autoproclamés qui par-

tagent le sentiment antisémite des groupes isla-

mistes. Aucun autre groupe ethnique ou religieux ne

figure de façon aussi explicite dans les incidents ré-

pertoriés.

Selon les constatations de la Ligue, certains musul-

mans canadiens sont préoccupés par l’antisémi-

tisme au sein de leur communauté. Le Canadian

Thinkers’ Forum (« CTF »), fondé par l’écrivain et

journaliste musulman canadien Tahir Aslam Gora, a

formé un comité musulman contre l’antisémitisme

(Muslim Committee Against Anti-Semitism, ou

« MCAAS ») dans l’objectif précis de contrer de

telles tendances inquiétantes. Le Forum a récem-

ment organisé un symposium visant à explorer et à

dénoncer ce qui est perçu comme un antisémitisme

répandu et croissant dans des écoles et des centres

islamistes, sans compter la multitude d’autres

gestes antisémites visibles et invisibles dans cer-

tains cercles islamistes du Canada.

Meurs, Juif, meurs, créature que je déteste, tes yeux mensongers ne me dupent pas… sale ordure, tu sais ce que tu as à faire, le Zyklon B est ta seule porte de sortie

Page 9: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

9

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

Durant 2012, les efforts de sensibilisation interethnique

et interreligieuse de la Ligue se sont intensifiés, surtout

entre la communauté juive et musulmane, et de nou-

veaux partenaires communautaires ont exprimé leur

préoccupation et ont offert leur soutien. C’est déjà en

soi une tendance très encourageante, qui est beau-

coup plus conforme à la volonté canadienne de favori-

ser la compréhension, la tolérance et l’acceptation

entre tous les groupes ethniques, religieux et culturels

du pays.

LA HAINE : UN BILAN

Dans l’ensemble, la population canadienne semble

donc condamner les manifestations ouvertes. Les poli-

ticiens et les personnalités publiques se manifestent

même de plus en plus pour dénoncer les pires excès.

Toutefois, beaucoup des incidents rapportés dans l’Au-

dit illustrent que les préjugés d’autrefois perdurent, ce

qui suggère que les idéologies qui peuvent encore de

nos jours empoisonner les cœurs et l’esprit influencent

toujours la façon dont la société perçoit les Juifs. C’est

ce qui pourrait expliquer pourquoi il existe encore des

traces d’antisémitisme année après année au Canada,

pourtant reconnu pour son multiculturalisme et sa tolé-

rance, et où les minorités jouissent de droits et de pro-

tections incomparables et les différences culturelles

sont les bienvenus, si non célébrée. En effet, les résul-

tats de l’Audit indiquent que même dans un pays où

l’on soutient les communautés religieuses, ethniques et

culturelles, caractérisé par un climat de stabilité où se

côtoient différents groupes, il est encore nécessaire

d’être vigilants face à la génération actuelle, qui bénéfi-

cie d’un accès instantané et sans précédent à une va-

riété de propagande antisémite et qui est exposée aux

appels à la violence envers les Juifs.

Il ne faut pas sous-estimer cette menace. La Ligue a

d’ailleurs dédié l’Audit aux victimes du massacre de

l’école de Toulouse. Le meurtre de sang-froid d’un rab-

bin, de ces deux aînés, âgés de six et de trois ans, et

de la fille de huit ans du principal de l’école. Ces

meurtres, commis de sang-froid, sont un rappel brutal

de ce qui peut arriver si nous tolérons ce sentiment de

haine ou que nous laissons des gens entretenir de

telles idéologies. Le régime au pouvoir à Téhéran, qui

soutient et forme plusieurs groupes terroristes interna-

tionaux qui ont attaqué des communautés juives du

monde entier, jure toujours d’exterminer le peuple juif,

cette fois en dirigeant des armes de destruction mas-

sive sur l’État juif. Affichés aussi ouvertement, ces ma-

nifestations haineuses et ces appels au génocide inter-

pellent toujours certains partisans et en incitent même

Un film iranien vendu au Canada utilise le stéréotype du Juif hassidique pour insinuer que les Juifs adorent massacrer les non-Juifs

Exemple de message négationniste diffué au Canada à partir d’Edmonton: Les nazis ont gazé 6 millions de Juifs? Foutaise! Il n’existe aucune preuve!

Page 10: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

10

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

certains à passer à l’acte. Au cours des dix der-

nières années seulement, des groupes et des indivi-

dus liés au terrorisme international ont ciblé des

communautés de la diaspora juive dans plusieurs

villes du monde, dont Mumbai, Istanbul, Casablan-

ca, Mombasa et Djerba, révélant une vulnérabilité

qui a forcé les synagogues et les écoles du monde

entier, y compris le Canada, à prendre des disposi-

tions particulières pour renforcer leur sécurité. Le fait

que Tahawwur Hussain Rana, qui était à la tête des

attaques terroristes de 2008 à Mumbai, était un ci-

toyen canadien de Montréal n’inspire pas confiance

à la communauté juive du Canada. Ces attaques ont

coûté la vie à près de 160 hommes, femmes et en-

fants, sans compter le meurtre brutal du rabbin du

Mumbai Chabad Centre, de son épouse enceinte et

de sept autres personnes.

Entre-temps, plusieurs Canadiens participent actuel-

lement à diverses attaques terroristes à l’échelle pla-

nétaire. L’enquête qu’a lancée le Service canadien

du renseignement de sécurité (« SCRS ») de la

GRC relativement à l’implication de quatre anciens

élèves de la même école secondaire publique de

London en Ontario est très inquiétante. Deux de ces

jeunes sont morts alors qu’ils attaquaient une raffi-

nerie de gaz en Algérie, un acte terroriste qui a fait

37 victimes. Ici au Canada, la communauté juive n’a

pas oublié les bombes incendiaires visant l’école

primaire United Talmud Torah de Montréal en 2004,

l’école pour garçons Skverer d’Outremont au Qué-

bec en 2006 et le Centre communautaire juif de

Côte-des-Neiges au Québec en 2007. Les agres-

seurs de ces deux dernières attaques ont fièrement

affirmé avoir agi au nom du groupe terroriste Islamic

Jihad. Partout au pays, des synagogues continuent

d’être la cible de menaces à la bombe agressives.

Aucune étude sur l’antisémitisme au pays ne peut

ignorer cette haine dirigée envers les Juifs, ni le sen-

timent d’insécurité qui mine les communautés visées

par de telles menaces constantes.

Nous pourrions être tentés de nous féliciter pour la

faible augmentation de l’antisémitisme au Canada

par rapport au reste du monde. Mais rappelons

d’abord quelques faits peu reluisants pour le pays.

En 2012, comme consigné dans la base de données

de l’Audit, il était encore possible de se procurer un

DVD du film iranien Le chasseur du Shabbat, dans

lequel on raconte que les Juifs adorent tuer des non-

Juifs, et dont la pochette montre l’image d’un Juif

ultra-orthodoxe, un fusil à la main, avec son fils à

ses côtés. À Toronto, des gestes ouvertement anti-

sémites ont été posés lors d’une manifestation tenue

en mémoire des victimes de violence sectaire au

Pakistan. À Montréal, un animateur radio a échangé

des propos anti-juifs sur les ondes avec un auditeur,

lui témoignant même de la sympathie au lieu de

mettre fin à l’appel. À Winnipeg, des affiches placar-

dées à répétition dans les rues de la ville révélaient

les noms et les photos de membres influents de la

communauté juive locale. Et c’est sans oublier cette

jeune Juive, toujours victime d’intimidation sur Face-

book un an après avoir été violemment agressée, et

ce jeune garçon, visiblement Juif, qui a évité de jus-

tesse une voiture qui tentait de le frapper au retour

de l’école.

Le tableau n’est pas très réjouissant pour le Cana-

da, pourtant un pays qui célèbre la diversité et qui

encourage le multiculturalisme et l’ouverture sur les

autres. Les exemples tirés de l’Audit 2012 de la

Ligue illustrent bien sous quelle forme l’antisémi-

tisme sévit au pays en 2012 et démontre qu’encore

aujourd’hui, cette haine séculaire existe malheureu-

sement dans de nombreuses sphères de notre so-

ciété.

B) Conclusions de l’enquête

1) Vue d’ensemble

En 2012, la Ligue des droits de la personne a docu-

menté 1 345 incidents antisémites au Canada, une

hausse de 3,7 % par rapport aux 1 297 cas enregis-

trés en 2011. Nous en avons aussi examiné

282 autres, que nous avons exclus de la base de

données faute de pouvoir corroborer les faits ou

parce qu’ils ne correspondaient pas à notre défini-

tion de l’antisémitisme énoncée à l’annexe du pré-

sent document.

Au cours de la dernière décennie, les incidents anti-

sémites au Canada ont régulièrement augmenté.

Sur une période de dix ans, leur nombre a plus que

doublé par rapport aux 584 cas répertoriés en 2003.

Dans les cinq dernières années, on a observé une

hausse de 19 % du nombre d’incidents par rapport

aux 1 135 cas déclarés en 2008.

Un peu plus de la moitié des incidents (730) sont

survenus en Ontario, et la province de Québec suit

avec 337 incidents. Les tableaux régionaux figurant

à la Section 5 du présent rapport présentent la ré-

partition régionale des incidents au Canada.

Page 11: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

11

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

Étant donné que les experts et chercheurs en répres-

sion du crime estiment encore qu’une infime partie des

victimes, quel que soit le type d’incident motivé par la

haine, n’en viennent jamais à signaler leur victimisa-

tion, il faut comprendre que les chiffres fournis dans la

présente enquête ne représentent qu’une petite partie

du nombre réel d’actes de harcèlement, de vandalisme

et de violence dirigés contre des membres de la com-

munauté juive du Canada. À moins qu’un incident

comporte un acte criminel, par exemple la violence ou

le vandalisme, il y a très peu de chances que la victime

le signale à la police; les études sur les habitudes de

signalement révèlent d’ailleurs qu’il y a seulement un

dixième à un tiers des victimes qui déclarent un délit à

la police ou un organisme de défense communautaire

comme la Ligue.

D’après une étude de Statistique Canada publiée le

12 avril 2012 qui porte sur les habitudes de signale-

ment au pays :

Le nombre de crimes haineux (…) constitue probable-

ment une sous-estimation du véritable nombre de

crimes motivés par la haine au Canada, puisque ce ne

sont pas tous les crimes qui sont signalés à la police.

Les données sur la victimisation auto-déclarée par les

Canadiens semblent indiquer qu'environ le tiers (34 %)

des incidents motivés par la haine, selon les répon-

dants, ont été signalés à la police.

Un enfant est exposé aux symboles néonazis dans un parc de Clintonville (ON)

Des bobards séculaires sur le contrôle juif refont surface au Canada

Page 12: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

12

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

Un rapport du Département de la justice américain

publié en 2013 (Hate Crime Victimization 2003-

2011), qui a été préparé par le Bureau of Justice

Statistics et repose surtout sur l’enquête annuelle

nationale sur la victimisation dans les crimes hai-

neux, tire la même conclusion, soit qu’environ un

crime haineux sur trois est déclaré aux forces de

l’ordre. Le rapport américain se penche sur les inci-

dents pouvant constituer un crime et les incidents

motivés par la haine qui ne relèvent pas du Code

criminel du Canada, mais dont certaines études

comme l’enquête annuelle de la Ligue font état.

Sur le nombre de cas portés à l’attention de la Ligue

en 2012, 373 (28 %) ont été signalés à la police – ce

qui est inférieur aux 446 cas déclarés en 2011,

ou 34 % du nombre total. Les suspects ont été iden-

tifiés et accusés dans 20 des cas. On croit générale-

ment que les mesures visant à donner aux victimes

des moyens d'agir et à accroître la confiance des

communautés entraînent une hausse du nombre de

signalements à la police — en particulier dans la

communauté juive pour ce qui est des incidents anti-

sémites —, mais les données de la Ligue révèlent

que ce n’est pas toujours le cas.

2) Incidents par Catégories

Les 1345 incidents signalés au Canada en 2012 ont

été classés dans trois catégories : harcèlement, van-

dalisme et violence. Il y a eu 1 013 cas de harcèle-

ment, 319 de vandalisme et 13 de violence. Les dé-

finitions des catégories, telles qu’établies à l’annexe

du présent document, restent les mêmes d’année en

année, afin d'assurer une uniformité dans la compa-

raison des données d'une enquête à l'autre.

On dénombre la plus grande activité dans la catégo-

rie des cas de harcèlement. Il est important de préci-

ser que 84 des cas enregistrés en 2012 comportent

des menaces explicites de violence ou de préju-

dices.

Les 1 013 cas de harcèlement représentent une

hausse de 10,6 % par rapport aux 916 en 2011.

Toutefois, la hausse signalée était de 14,5 % à Mon-

tréal, mais en région au Québec (à l’extérieur du

Grand Montréal), elle a même été supérieure,

puisque les cas ont plus que triplé, passant de 8

à 26.

En 2012, il y a eu 319 cas de vandalisme au Cana-

da, soit une baisse de 11,9 % par rapport aux

362 incidents déclarés en 2011. Toutefois, ici en-

core, même si la baisse importante reflète le portrait

dans l’ensemble du Canada, il y a des différences

régionales marquées : une légère hausse dans les

régions de l’Ontario (3,9 %), tandis que le nombre

d’incidents a presque doublé en Alberta, et qu’il est

six fois plus élevé qu’en 2011 en région au Québec.

Parmi ces incidents, des quartiers résidentiels ont

été pris pour cible avec des graffitis antisémites et

des actes de destruction gratuite, par exemple, à

Hamilton (Ontario), Val-Morin (Québec) et Leth-

bridge (Alberta). Des graffitis antisémites ont été

barbouillés dans des lieux publics comme la gare

centrale d’autocars de Toronto (Ontario) et des

parcs publics un peu partout au pays. À Toronto,

Ottawa et London (Ontario) et dans le Canada atlan-

tique, des monuments publics ont été dégradés

avec des insultes antisémites. Le langage utilisé

dans les graffitis était souvent menaçant, et on pou-

vait lire des messages tels « À mort les juifs », ac-

compagnés de symboles haineux.

Pour la troisième année consécutive, les incidents

violents signalés accusent une chute importante,

puisqu’ils sont passés de 24 en 2010 à 19 en 2011

et à 13 en 2012. À Montréal, ils ont diminué de plus

de la moitié, passant de 7 à 3. Si la violence au pays

a en général chuté d’environ un tiers, la région du

Grand Toronto accuse pour sa part un niveau soute-

nu d’actes violents. Parmi les incidents troublants

enregistrés, un conducteur de Toronto (Ontario) a

tenté de renverser un adolescent visiblement juif au

retour de l’école, les occupants d’une voiture ont

lancé des projectiles sur des écoliers, et une dispute

entre voisins a dégénéré en altercation physique.

Page 13: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

13

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

3) Type d'incidents

i. La communauté et la propriété privée; les voies publiques

En 2012, il y a eu 25 incidents qui ont pris pour cible

des synagogues, par rapport à 47 en 2011 et à 32

en 2010. Comme en fait état l’enquête de 2011, cette

baisse est probablement due, du moins en partie, à

l’aide du Programme de financement des projets

d’infrastructure de sécurité du gouvernement fédéral

pour améliorer les mesures de sécurité dans les mai-

sons de culte et les établissements communautaires.

Le nombre de cas signalés a beaucoup diminué, mais

les incidents comprenaient des menaces directes et

des graffitis disgracieux, dont les cibles étaient des

synagogues de la Colombie-Britannique, de la Saskat-

chewan, de l’Ontario et du Québec.

Au cours de l’année 2012, B’nai Brith Canada a diffu-

sé des alertes de sécurité recommandant aux

membres de la communauté juive de rester toujours

vigilants. Cette mesure a été prise en consultation

avec les experts en répression du crime d’après l’éva-

luation des risques potentiels de menaces de la part

de groupes terroristes internationaux à tendance ma-

nifestement antisémite qui s’attaquent souvent aux

communautés juives dans le monde. La tuerie de Tou-

louse, à laquelle la section des dédicaces de la pré-

sente enquête fait référence, est un rappel brutal que

les mesures de sécurité accrue sont malheureuse-

ment une précaution nécessaire dans les communau-

tés juives.

D’autres établissements communautaires ont égale-

ment été pris pour cible en 2012; 25 cas ciblaient en

effet des centres communautaires, une baisse par rap-

port aux 46 en 2011. Un seul rapport faisait état de la

profanation de pierres tombales dans un cimetière juif,

à Vancouver (C.-B.) cette fois.

En 2012, des maisons privées ont été prises pour

cible dans 144 cas, un faible écart par rapport aux

146 incidents signalés en 2011. Il y a eu des cas de

harcèlement au téléphone, de citoyens s’en prenant à

leurs voisins juifs et de profanations de mezouzah.

Des voitures stationnées à la porte de maisons pri-

vées ont été barbouillées de croix gammées et

d’autres symboles haineux. Ces incidents étaient parti-

culièrement inquiétants, car leurs auteurs avaient de

toute évidence pris la peine de repérer des foyers

juifs. Comme cette façon de faire suggère une cer-

taine préméditation visant des personnes précises,

Il est impensable qu’un enfant éduqué

au Canada soit capable d’une telle

haine… jusqu’à ce que votre famille

soit visée (parent d’une victime)

Ces enfants de la haine ont appris cela quelque part; la croix gammée n’est pas un symbole inventé hier. —Rabbi Andrew Rosenblatt Synagogue Schara Tzedek en Vancouver (C-B)

Le graffiti « Exterminons les Juifs » est peint sur la résidence d’une famille juive à

Hamilton (ON)

Page 14: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

14

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

elle est particulièrement terrifiante pour les membres

de la communauté qui sont pris pour cible.

Des juifs ont subi du harcèlement sur les voies pu-

bliques, par exemple à Outremont (Québec), tandis

que des adolescents juifs ont reçu des menaces ver-

bales pendant qu’ils magasinaient à Saskatoon

(Saskatchewan). On a signalé 48 incidents de har-

cèlement verbal à l’endroit de citoyens juifs dans

des entreprises. À Winnipeg (Manitoba), une entre-

prise bien connue dont les propriétaires sont une

famille visiblement juive a été vandalisée et barbouil-

lée de graffitis antisémites.

ii. Les lieux de travail

Il y a eu 37 cas directement liés au lieu de travail,

une légère baisse par rapport aux 42 incidents si-

gnalés en 2011, mais une hausse plutôt importante

comparativement aux 29 cas documentés en 2010.

Il s’agit de cas de harcèlement par des collègues et

des superviseurs, dont 14 incidents de discrimina-

tion systémique au travail, ainsi que de menaces de

mort par des collègues, dans les régions onta-

riennes. Comme au moins deux cas d’antisémitisme

ont entraîné le rejet de la plainte déposée contre

l’employeur, il est à craindre que cette baisse reflète

davantage la réticence à signaler un acte haineux

par crainte de représailles, plutôt qu’une améliora-

tion de la situation générale au travail. Six cas con-

cernaient des actes de harcèlement dans des mi-

lieux gouvernementaux.

iii. Le milieu scolaire

Il y a eu 79 incidents dans les écoles au cours de

l’année 2012, par rapport à 69 en 2011; 37 étaient

des cas de harcèlement et 42 de violence gratuite.

Deux cas touchaient des écoles juives (une en On-

tario et une au Québec) et six des écoles musul-

manes; deux autres se sont produits dans des

écoles séparées catholiques, mais la plupart (69)

sont survenus dans des établissements scolaires

publics, ce qui laisse entendre que l’éducation à la

tolérance et à la diversité reste urgente dans le sys-

tème scolaire public. Il s’agissait d’actes de vanda-

lisme et de harcèlement face à face ou par l’entre-

mise des médias sociaux. Dans un cas, des étu-

diants juifs en visite dans une école publique ont

subi des railleries et des menaces antisémites. Dans

un autre incident, quelqu’un a porté plainte à la po-

lice parce que du matériel pédagogique antisémite

était utilisé dans une école privée musulmane. Il y a

eu d’autres cas horrifiants, par exemple, des élèves

juifs se sont fait agresser au retour de l’école, dans

le Grand Toronto (Ontario); un enfant juif a subi de

l’intimidation et des railleries antisémites dans un

établissement public à Halifax (Nouvelle-Écosse), et

à Calgary (Alberta), une mère juive qui passait pren-

dre son enfant dans une école publique a subi des

menaces.

Il y a également eu 79 cas d'antisémitisme sur des

campus universitaires canadiens, soit une baisse de

30 % par rapport aux 113 signalés en 2011. Parmi

les incidents signalés, il y avait 47 cas de harcèle-

ment, 31 de vandalisme et un seul de violence. Il

faut toutefois se garder de conclure que ce déclin

indique une importante amélioration générale de

l’atmosphère empoisonnée qui affecte de nombreux

étudiants juifs. La Ligue continue de recevoir des

signalements faisant état de l’exacerbation des ten-

sions sur les campus, surtout au cours de la Se-

maine contre l’apartheid israélien (SAI) et des cam-

pagnes de désinvestissement et de boycottage. En

fait, 20 des cas déclarés sur les campus en 2012

(ou 25 %) coïncidaient avec les activités de la SAI.

L’enquête de la Coalition parlementaire canadienne

de lutte contre l’antisémitisme a mis en relief ce phé-

nomène, d’ailleurs observé par de nombreuses per-

sonnalités publiques.

Le ministre de l’Immigration, de la Citoyenneté et du

Multiculturalisme, l’honorable Jason Kenney, a dé-

claré en mars 2012 :

Comme de nombreux Canadiens, je suis pré-

occupé par l’augmentation du nombre d’activi-

tés contre Israél sur les campus des universi-

tés canadiennes, qui sont encore plus fré-

quentes pendant la Semaine contre l’apartheid

israélien (SAI) et qui sont souvent encoura-

gées compte non tenu des droits et de la sé-

curité des étudiants et des professeurs juifs.

Le ministre Kenney a conclu en demandant à

tous les Canadiens de s’élever contre l’antisé-

mitisme et toutes les formes de racisme, de

discrimination et d'intolérance, qui sont inac-

ceptables et complètement contraires aux va-

leurs fondamentales du Canada.

Parmi les incidents antisémites enregistrés dans des

universités canadiennes, certains sont survenus

dans des milieux où règne habituellement le calme,

par exemple à l’Université de Guelph (Ontario). Il est

Page 15: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

15

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

possible que ces incidents se soient produits en réac-

tion à la hausse relativement récente du nombre

d’étudiants visiblement juifs dans cet établissement

habitué à une représentation orthodoxe minimale.

Dans un incident touchant un autre campus, la porte

du bureau d’un professeur juif a été barbouillée avec

les mots « Heil Israël » en français. Dans un autre

incident, des étudiants ont subi des railleries et des

menaces de mort, tandis qu’une divergence d’opi-

nions a dégénéré en agression contre un étudiant juif

sur un autre campus.

iv. La haine sur le Web

Il y a eu 521 signalements d'activités haineuses en

ligne reliées au Canada, que ce soit par le contenu,

les auteurs ou les victimes, un nombre assez proche

des 528 cas enregistrés en 2011. Environ la moitié

impliquait l’utilisation d’applications de médias so-

ciaux. Les conclusions de l’enquête reflètent la ten-

dance continue observée dans les cinq dernières an-

nées, c’est-à-dire l’utilisation personnelle d’une

grande variété d’outils de médias sociaux pour harce-

ler, intimider et menacer autrui.

Selon un rapport de l’Autorité canadienne pour les

enregistrements Internet (ACEI) paru en 2012, les

Canadiens sont les plus grands utilisateurs d’Internet

du monde. Une étude canadienne récente mention-

née précédemment révèle que les jeunes de 10 à 16

ans passent en moyenne six heures et 37 minutes

par jour devant un écran pour des activités autres

que le travail scolaire. Les possibilités d’interaction

positive qu’offrent les applications comme Facebook,

Twitter et YouTube (et d’autres) sont nombreuses,

mais les risques d’abus sont malheureusement tout

aussi élevés.

Certains sites de médias sociaux ont bel et bien des

politiques interdisant clairement les affichages discri-

minatoires ou motivés par la haine. Par exemple, Fa-

cebook a un ensemble de « normes communautaires

» qui énoncent en termes clairs des règles comme...

« … nous interdisons à quiconque et à quelque

groupe que ce soit de s’attaquer à d’autres per-

sonnes en raison de leur race, de leur origine eth-

nique ou nationale, de leur religion, de leur sexe, de

leur genre, de leur orientation sexuelle, de leur défi-

cience ou de leur état de santé. » Cependant, de

nombreux incidents documentés dans la présente

enquête illustrent clairement la difficulté de faire reti-

rer des photos ou des affichages à cause du nombre

extrêmement élevé d’incidents et du fait que Face-

C’est bien, des excuses, mais il aurait mieux fallu commencer par ne pas enseigner la haine (appelant de la

ligne téléphonique antiraciste)

La main-mise des juifs sur l’État et les dou-bles allégences sont des impostures anti-

sémites de longue date

Nous, représentants des parlements du monde entier, sommes préoccupés par les incidents antisémites commis sur les campus, notamment la violence physique et verbale, l’intolérance rela-tive au rang et les attaques visant les défenseurs de la liberté de pensée, ce qui va à l’encontre des valeurs universi-taires fondamentales (protocole d’Ottawa sur la lutte contre l'antisém-itisme, 2010)

Page 16: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

16

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

book semble manquer de rigueur dans l’application

de ses propres politiques.

Des applications choquantes comme les dictons

d’Hitler (Hitler’s Sayings) et les citations infâmes

d’Adolf Hitler (Infamous Adolf Hitler Quotes) ont été

créées et mises à la disposition dans les boutiques

iTunes et Google Play en 2012. Les deux ont été

retirées en janvier 2013 à la suite des plaintes dépo-

sées, mais 40 000 à 50 000 de ces applications

avaient déjà été téléchargées au mois de décembre

seulement.

Dans divers incidents, les utilisateurs de divers fo-

rums et réseaux sociaux sur Internet tiennent les

juifs responsables d’un éventail de catastrophes na-

turelles, de fléaux sociaux, d’atrocités, et des tragé-

dies comme la tuerie de l’école primaire Sandy Hook

aux États-Unis. Certains ont même accusé les juifs

de nuire au « Printemps arabe ». À Winnipeg

(Manitoba), des affiches antisémites n’ont pas seule-

ment été placardées sur les panneaux indicateurs

partout en ville, mais des affichages ont également

été diffusés sur Facebook. Exception faite de ces

attaques généralisées contre des groupes de juifs

ou même la communauté juive en général, les sites

de médias sociaux sont utilisés personnellement

pour harceler, intimider et menacer autrui, parfois

même des personnes qui fréquentent la même école

ou clique sociale. Dans un exemple touchant la ville

de Winnipeg (Manitoba), une jeune fille dont la che-

velure avait été incendiée dans une agression parti-

culièrement horrible en 2011 a continué d’être mal-

traitée sur Facebook en 2012.

v. Le négationnisme

Les cas de négationnisme ont beaucoup augmenté

en 2012; il y en a eu 197 par rapport à 111 en 2011

et à 65 en 2010. Les ouvrages niant l’holocauste

ont été classés dans la catégorie des documents

haineux et Douanes Canada les a donc refusés à la

frontière, y compris ceux qui semblaient liés au né-

gationniste Ernst Zundel. Les images et les propos

empruntés à l’holocauste ont été largement véhicu-

lés tandis que la banalisation de l’holocauste s’est

insinuée dans les débats politiques à de nom-

breuses occasions au cours de l’année. Durant les

manifestations étudiantes au Québec, le salut hitlé-

rien a provoqué une réprobation générale qui a don-

né lieu à des excuses partielles.

vi. L’activité des néonazis et des militants luttant pour la suprématie blanche

En 2012, il y a eu 151 incidents liés à l’activité des

groupes militants luttant pour la suprématie blanche,

un faible écart par rapport aux 145 cas signalés

en 2011. Des marches publiques ont été signalées à

Vancouver (C.-B.), à Edmonton et Calgary (Alberta)

ainsi qu’à London (Ontario), régions où des activités

d’extrême droite ont été enregistrées ces dernières

années. La police a activement combattu les activi-

tés racistes dans les rues de la Colombie-

Britannique et de l’Alberta, ce qui explique probable-

ment la diminution de l'assistance à ces manifesta-

tions publiques. Les groupes militants luttant pour la

suprématie blanche au Canada n’en restent pas

moins actifs, particulièrement sur les forums en

ligne, où leurs affichages proviennent de partout au

pays.

On a observé des tentatives de recrutement au profit

de groupes haineux, bien qu’isolées; dans un cas,

une famille juive a demandé de l’aide parce que leur

enfant subissait des tentatives répétées de recrute-

ment. La croix gammée reste le symbole favori dans

les graffitis, ce qui laisse supposer une influence de

l’idéologie d’extrême droite au pays. Sur les

319 actes de vandalisme survenus en 2012, bien

plus que la moitié (185) comportaient le barbouillage

de la croix gammée à divers sites, un résultat assez

proche de celui de 2011, année où 212 des

365 actes de vandalisme faisaient appel à ce sym-

bole typique de la domination nazie.

3. Les auteurs des délits

Nous avons documenté l’origine ethnique et reli-

gieuse des auteurs des délits seulement quand nous

pouvions obtenir des preuves corroborant l’identité

des auteurs ou quand les auteurs s’étaient eux-

mêmes identifiés. Il était la plupart du temps impos-

sible de déterminer l’origine de l’auteur du délit, mais

dans 147 cas enregistrés en 2012, il a été possible

de le faire.

Les auteurs impliqués dans ces incidents avaient

différentes origines ethniques ou religieuses, mais

les musulmans étaient le groupe qui se démarquait

le plus, car les incidents ont dans leur cas augmenté

de manière alarmante, passant de 16 en 2011 à 87

en 2012. Cette hausse donne à penser que les

thèmes antisémites s’infiltrent de plus en plus dans

la société civile canadienne sous la forme de propos

Page 17: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

17

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

quasi religieux, culturels ou politiques. En 2012, aucun

autre groupe ethnique ou religieux ne comptait autant

d’auteurs de délits. Les actes comprenaient le contact

face à face, le ciblage calculé des victimes au moyen

de diverses technologies ainsi que des propos antisé-

mites lors de rassemblements publics, y compris des

messages reprochant aux « sionistes » (autrement dit

les juifs) les massacres des musulmans au Pakistan.

Des articles sur la théorie du complot contre les juifs

en général ont été imprimés dans une publication de

la communauté musulmane à Surrey (C.-B.).

Dans l’ensemble, la religion reste le facteur de motiva-

tion dans 203 messages distincts, un nombre deux

fois plus élevé par rapport aux 94 cas en 2011. Les

débats entourant les pratiques religieuses, tels l’abat-

tage rituel juif, les aliments casher et la circoncision,

ont servi de tremplin à la diffusion sur Internet et dans

la presse écrite de commentaires dénigrant la religion

juive. Dans un cas, on accusait les juifs d’être « Les

envoyés de Satan chargés d’anéantir le christia-

nisme » et on les qualifiait de « descendants du singe

envoyés pour ébranler l’Islam ».

4. Les profils des incidents

Les incidents sont répartis sur toute l’année au Cana-

da, mais la plupart sont survenus en novembre (172)

et en décembre (149). Les résultats combinés des

deux mois, c’est-à-dire 321, représentent près du

quart du nombre total d’incidents en 2012. Le

4 novembre 2012, les forces de défense israéliennes

ont lancé leur opération « Pilier de défense » dans la

bande de Gaza, en réaction à l’escalade des tirs conti-

nus de roquettes contre les zones civiles israéliennes.

La Ligue a observé que les médias ont en général

adopté une attitude responsable dans leurs repor-

tages sur cette crise particulière, sinon le nombre

d’incidents aurait été beaucoup plus élevé. Le nombre

d’incidents déclarés a toutefois augmenté dans cette

période, surtout les cas de harcèlement, ce qui porte à

croire — tel qu’observé dans les années précédentes

— que le conflit au Moyen-Orient et les autres ten-

sions dans le monde, font souvent surgir l’antisémi-

tisme latent dans la société.

Les incidents se sont également intensifiés en mars

(109) et en avril (107) et leur augmentation sur les

campus donne à penser que la « Semaine contre

l'apartheid israélien », qui emprunte souvent des

images et des propos antisémites, continue de provo-

quer des explosions d’antisémitisme. La hausse mar-

Des déclarations prétendant que les juifs veulent tuer tous les Blancs sont diffusées en ligne

J’avais les yeux pleins d’eau… J’étais tellement bouleversé! Je pensais aux membres de ma famille et à mes amis qui sont morts pendant l’Holocauste (auditeur de l’émission Fabi la nuit)

Des Juifs sont accusés de discuter d’antisém-itisme dans l’objectif de taire les critiques relatives à l’État juif; cette accusation est

souvent un moyen d’étouffer ou de justifier des incidents antisémites.

Page 18: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

18

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

quée enregistrée en mai (146) trouve peut-être son

explication dans la réaction du public aux nombreux

reportages de l’actualité, entre autres la découverte

de matériel pédagogique antisémite relié à une

école islamique privée de la région de Toronto

(Ontario), la critique de la shehita (abattage rituel

casher) par un politicien du Québec ainsi que le dé-

bat sur les accusations portées contre un résident

de la Colombie-Britannique pour incitation à la haine

en ligne.

Des symboles du judaïsme has-sidique sont utilisés pour prétendre

que les juifs tourmentent les non-juifs

Page 19: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

19

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

C) Répartition régionale

2012 Nombre d'incidents % Du nombre total d'incidents

Région Incidents Harcèlement Vandalisme Violence Harcèlement Vandalisme Violence

Provinces Atlantiques

27 22 5 81.5% 18.5%

Québec 337 279 54 4 82.8% 16.0% 1.2%

Ontario 730 540 182 8 74.0% 24.9% 1.1%

Maintoba 56 39 16 1 69.6% 28.6% 1.8%

Saskatchewan 16 12 4 75.0% 25.0%

Alberta 75 47 28 62.7% 37.3%

Colombie-Britannique

103 73 30 70.9% 29.1%

Région du Nord ** 1 1 100.0%

Canada 1345 1013 319 13 75.3% 23.7% 1.0% *Provinces Atlantiques: Newfoundland and Labrador, Prince Edward Island, New Brunswick and Nova Scotia

**Région du Nord : Yukon, Territoires du Nord-Ouest et Nunavut

2012 Incidents dans la province de Québec % Du nombre total d'incidents pour la Région

Région Incidents Harcèlement Vandalisme Violence Harcèlement Vandalisme Violence

Montréal 295 253 39 3 85.8% 13.2% 1.0%

Québec-Régions 42 26 15 1 61.9% 35.7% 2.4%

Total 337 279 54 4 82.8% 16.0% 1.2%

2012 Incidents dans la province de Ontario % Du nombre total d'incidents pour la Région

Région Incidents Harcèlement Vandalisme Violence Harcèlement Vandalisme Violence

GTA* 528 411 109 8 77.8% 20.6% 1.5%

Ottawa 72 52 20 72.2% 27.8%

Ontario-Régions 130 77 53 59.2% 40.8%

Total 730 540 182 8 74.0% 24.9% 1.1%

* Région du Grand Toronto

Où les juifs canadiens vivent? Où les incidents ont lieu? Région Nombre d'incidents

par province % Du total des inci-dents survenus au

Canada

% De la population totale du Canada dans la province

% De la population juive totale dans

la province **

Population juive dans la province

**

Provinces Atlantiques 27 2.0% 6.9% 1.7% 5,400

Québec 337 25.1% 23.6% 22.7% 71,380

Ontario 730 54.3% 38.4% 56.2% 177,255

Maintoba 56 4.2% 3.6% 4.2% 13,175

Saskatchewan 16 1.2% 3.1% 0.7% 2,125

Alberta 75 5.6% 10.9% 4.6% 14,755

Colombie-Britannique 103 7.7% 13.1% 9.8% 30,835

région du nord 1 0.1% 0.4% 0.06% 200

Canada 1345 100.0% 100.0% 100.0% 315125

* Selon le recensement de 2011, il ya 33.476.688 personnes au Canada

** Selon le recensement de 2006, il ya 315 120 Juifs au Canada

Page 20: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

20

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

Exemples des incidents

JANVIER

Hamilton, Ont. Des messages haineux comme

« À mort les juifs » et des croix gammées sont

peints au pistolet sur les résidences de 12 familles.

Montréal, Qc - Un affichage Web sur un forum de

Montréal affirme que les « juifs » sont les gens les

plus avides et les plus diaboliques sur terre, qu’ils

sont seulement menés par l’appât du gain et qu’ils

se foutent que le monde entier aille en enfer. »

Oak Bay, C.-B. - Les pierres tombales d’un cime-

tière juif sont barbouillées de graffitis antisémites.

Waterloo, Ont. - L’affichage d’un groupe de Face-

book invite les utilisateurs à « TUER les juifs ».

FÉVRIER

Vancouver, C.-B. - Un groupe de vandales bar-

bouille des croix gammées et des insultes antisé-

mites dans un centre commercial local.

Montréal, Qc - Un forum sur le Web de Montréal

qualifie les juifs de personnes « égoïstes, inami-

cales, sans éducation, impolies, grossières et

odieuses. S’ils pouvaient vous marcher dessus, ils le

feraient. »

Regina, Sask. - Des notes antisémites sont lais-

sées sur la voiture d’un rabbin.

Kingston, Ont. - Un homme portant un T-shirt nazi

au gymnase local crie « F*** les juifs » à des clients

juifs.

MARS

Toronto, Ont. - Des graffitis barbouillés dans une

école intermédiaire publique affirment « Les Juifs

tuent des Noirs ».

Edmonton, Alb. - Dans un message de néga-

tion de l’holocauste affiché publiquement, les au-

teurs nient que des juifs ont été exterminés dans

des chambres à gaz et affirment que l’holocauste a

en réalité servi d’outil de marketing pour promouvoir

la « victimisation des juifs », dans le but de gagner

la sympathie du public.

Aurora, Ont. - Un adolescent reçoit d’un autre

étudiant des messages textes de menaces antisé-

mites.

AVRIL

Vancouver, C.-B. - Un sermon à l’église com-

prend des commentaires antisémites.

Montréal, Qc - Un blogueur prolifique affirme dans

les médias que les « juifs hassidiques » sont des

« fanatiques religieux qui font leurs propres lois en

usant d’intimidation ».

Toronto, Ont. - À Union Station, la gare d’autocars

la plus achalandée de Toronto, des graffitis disant

que les « juifs sont comme le cancer » sont barbouil-

lés au pistolet sur les murs.

Val Morin, Qc - Quinze résidences secondaires

dont les propriétaires sont juifs sont vandalisées et

barbouillées de croix gammées et de slogans

comme « F--k Juif ».

MAI

Toronto, Ont. - Un message courriel envoyé à une

organisation juive tient des propos haineux : « FxxK

U, SALES PORCS INFIDÈLES, ALLEZ BRÛLER

EN ENFER, INSHAALLAH!!! L’ISLAM VA CONQUÉ-

RIR LE MONDE PEU IMPORTE CE QU’EN DI-

RONT OU CE QUE FERONT LES GENS HAINEUX

COMME VOUS!!! ALLAH AKBAR!! » (sic)

Thornhill, Ont. - Un élève de 8e année partage sur

Facebook une chanson circulant sur Internet dont

les paroles sont : « : À mort les juifs, viles créatures ;

je vois le mensonge dans vos yeux; à mort les juifs,

méprisables rebuts de la terre, traîtres d’ordures, le

Zyklon B est la seule solution ; à mort les juifs, vous

foutez la pagaille au pays, à mort les juifs. » (sic)

Edmonton, Alb. - La résidence d’une famille

juive est vandalisée à répétition et on y barbouille

des slogans comme « À MORT LES JUIFS » et

« PUTAIN ».

JUIN

Georgina, Ont. - Des slogans antisémites sont bar-

bouillés sur une maison.

Page 21: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

21

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

Mississauga, Ont. - Une librairie locale vend des

DVD antisémites intitulés « La Synagogue de Satan :

l’histoire secrète de la domination du monde par les

juifs » et « Le choix des Rothschild : Barack Obama et

la cabale secrète derrière le complot pour détruire

l’Amérique ».

Ottawa, Ont. - Au concert de Roger Waters, le

chanteur principal du groupe classique légendaire Pink

Floyd, d’énormes porcs gonflables ornés de logos

d’entreprise, de signes du dollar et de symboles reli-

gieux, y compris l’Étoile juive, flottent au-dessus de la

foule.

Toronto, Ont. - Des clients juifs sont dénigrés dans

une pizzéria.

JUILLET

Winnipeg, Man. - Un rabbin est harcelé par un

passant en se rendant à pied à la synagogue locale.

Dorval, Qc - Des graffitis antisémites sont bar-

bouillés dans le stationnement d’une garderie juive.

Vancouver, C.-B. - Un groupe de jeunes vandalise

des pierres tombales juives dans un cimetière du sud

de Vancouver et dégrade des centaines de monu-

ments commémoratifs.

Montréal, Qc - Une femme qui a commencé à tra-

vailler pour une organisation juive se fait poser des

questions comme « Vous travaillez pour des juifs? Les

juifs ne sont-ils pas pingres, mesquins et voleurs? En-

fin, tout le monde sait qu’ils sont près de leur argent. »

AOÛT

Mississauga, Ont. - Un homme crie « Heil Hitler »

dans un quartier juif.

Lethbridge, Alb. - Des graffitis antisémites sont

peints au pistolet sur des maisons, des garages, des

clôtures et des voitures pendant la nuit.

Québec, Qc - Un voisin agresse un homme juif et

son épouse dans leur cour d’entrée.

SEPTEMBRE

London, Ont. - Des croix gammées sont gribouillées

derrière une synagogue et un centre communautaire

juif.

Une affiche placardée partout à Winnipeg (MB) accuse de divers crimes les membres de

la communauté juive

Une étoile jaune (que les nazis ont forcé les juifs à porter pour les identifier) a été

affichée à l’écran pendant une entrevue télévisée avec un défenseur des droits de la

personne de B’nai Brith

Un exemple d’une série de croix gammées

peintes sur des chalets détenus par des juifs à Val-Morin (QC)

Page 22: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

22

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

Toronto, Ont. - À son retour de l’école, un garçon

juif visiblement orthodoxe fait l’objet de harcèlement

verbal par les deux passagers d’une voiture qui lui

lancent des objets.

Winnipeg, Man. - Dans un reportage média-

tique, une personne exprime son avis sur la rupture

des liens diplomatiques du Canada avec l’Iran et

prône de rayer l’État d’Israël de la carte.

Edmonton, Alb. - Une maison est vandalisée

trois fois en un mois et barbouillée de graffitis

comme « Que les juifs tuent les juifs, à mort les juifs,

mort aux rats » (sic).

OCTOBRE

Ottawa, Ont. - Durant la fête religieuse juive Suc-

cot, plusieurs étudiants distribuant des petits ca-

deaux devant une hutte sukkah sur le campus uni-

versitaire sont harcelés par des camarades d’études

qui accusent les juifs de vouloir dominer le monde.

Markham, Ont. - Durant une querelle à une école

élémentaire publique, une jeune fille fait des re-

marques antisémites et menace avec violence une

de ses compagnes de classe juive.

London, Ont. - Des remarques antisémites sont

adressées aux coéquipiers juifs d’une équipe de

hockey junior, et un joueur est même traité de « gros

porc juif ».

Montréal, Qc - Beaucoup de mezouzah sont pro-

fanées à des résidences juives.

NOVEMBRE

Montréal, Qc - La porte du bureau d’un professeur

de sciences politiques de l’Université du Québec à

Montréal est vandalisée et barbouillée de slogans

antisémites.

Thornhill, Ont. - Un journal ethnique du Canada

publie un éditorial appuyant les propos d’un politi-

cien d’extrême droite de la Hongrie qui réclame

d’établir une liste des soi-disant juifs « ennemis » de

son pays.

Montréal, Qc - L’animateur d’une émission de ra-

dio laisse un auditeur dire en ondes que le mas-

sacre des juifs par Hitler était la meilleure chose à

faire, et se joint à lui pour dénigrer les juifs et dire à

quel point ils l’ennuient.

DÉCEMBRE

Vaughan, Ont. - Un rabbin reçoit de nombreuses

menaces de mort.

Westmount, Qc - La mezouzah de la maison

d’un résident de Westmount est arrachée et mise

en pièces.

Ottawa, Ont. - Un travailleur juif du réseau de

transport d’Ottawa reçoit continuellement des re-

marques antisémites de la part de ses collègues de

travail, et finit par quitter son emploi parce qu’il se

sent menacé.

Toronto, Ont. - Un élève juif d’une école intermé-

diaire subit de l’intimidation par un autre

élève. D’abord suspendu, l’auteur de l’intimidation

recommence aussitôt à se comporter comme avant

à son retour à l’école.

Page 23: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

23

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

E) Conclusion

À l’occasion d’un événement conjoint du Barreau du

Haut-Canada et de la Ligue pour célébrer le Yom ha

-Choah (Jour commémoratif de l'Holocauste), M.

David Matas, premier conseiller juridique de B’nai

Brith Canada, a souligné que « La dégradation de la

situation de la République de Weimar au Troisième

Reich est un signal d’alerte que l’évolution ne tend

pas forcément vers une liberté et un respect accrus

des droits de la personne. » Récapitulant les débats

d’un groupe d’experts sur les menaces possibles à

la démocratie, M. Matas a fortement recommandé

une action concertée dans la lutte contre les activi-

tés motivées par la haine au Canada, en soulignant

que le défi de la promotion du respect des droits de

la personne dans une démocratie « ne se limite pas

à préconiser une réforme des régimes répressifs à

l’étranger. La leçon à tirer de l’Holocauste, ajoute-t-

il, même dans le contexte canadien, c’est qu’il faut

s’efforcer de lutter efficacement contre la propa-

gande haineuse. »

Nous semblons avoir fait quelques percées dans la

lutte contre les actes de violence et de vandalisme à

l’endroit des membres de la communauté juive au

pays, comme en témoigne la baisse générale des

incidents dans ces catégories en 2012, mais les cas

de harcèlement ont pour leur part augmenté, en par-

ticulier ceux qui prennent la forme de propos hai-

neux. Il est clair qu’il existe des lacunes dans les

stratégies actuelles de lutte contre la propagande

haineuse. À cet égard, il est à craindre qu’au Cana-

da, les moyens de défense contre la propagande

haineuse soient supprimés sans que des efforts as-

sidus aient été déployés pour combler ces lacunes.

La compétence de la Commission canadienne des

droits de la personne et du Tribunal des droits de la

personne en matière de propagande haineuse diffu-

sée sur Internet est en voie d’être abrogée. Pour

combler le vide inévitable, il est crucial de mettre en

place un plan pour réformer en temps utile les ar-

ticles pertinents du Code criminel. En outre, des ef-

forts sont nécessaires dans tous les secteurs de la

société au chapitre de l’éducation et de la sensibili-

sation afin de créer un contexte où l’expression de la

haine n’est aucunement tolérée.

En 2012, des accusations de crimes motivés par la

haine ont été portées contre un propriétaire de la

Colombie-Britannique dont le site Web avait un con-

tenu antisémite. Dans ce cas, le consentement pour

procéder du procureur général a été obtenu. Par

contre, le procureur général du Manitoba a refusé de

porter des accusations de crime motivé par la haine

dans le cas des affiches antisémites posées dans

les rues du centre-ville puis diffusées sur Internet,

car il n’a trouvé aucun motif raisonnable de conti-

nuer dans cette voie dans l’intérêt public. Deux per-

sonnes nommées dans les affiches ont ensuite in-

tenté des poursuites à titre personnel pour diffama-

tion; au moment de la publication du rapport de la

présente enquête, elles avaient réussi à obtenir une

injonction contre l’auteur présumé de la diffamation.

Je citerai encore ici David Matas : « il est déplorable

qu’une personne doive faire cavalier seul quand il

s’agit fondamentalement d’un problème touchant la

communauté. Une attaque contre quelque groupe

que ce soit est une attaque contre tous. »

Au vu de ces cas opposés, la Ligue demande l’éla-

boration d’un « plan d’action » pour éviter que dans

les prochaines années le Canada devienne le

théâtre de l’escalade d’activités haineuses qui sévit

actuellement dans d’autres pays du monde, comme

en fait état l’introduction de la présente enquête.

“Nous n’évoluons pas inévitable-ment vers une plus grande liberté et le respect des droits de la personne”

- David Matas Conseiller juridique principal B'nai Brith Canada

Des étudiants manifestant pour la baisse des droits de scolarité font le salut hitlérien

Page 24: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

24

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

Il s’avère donc nécessaire :

1) de continuer à documenter la nature et les cibles en constante évolu-

tion de l’antisémitisme au Canada.

2) de travailler avec tous les secteurs de la communauté pour assurer la

mise en place de politiques et de programmes éducatifs appuyant le

principe de tolérance zéro à l'égard des crimes motivés par la haine.

3) d’offrir dans les écoles et sur les campus des formations à la non-

discrimination dans le cadre du programme obligatoire régulier.

4) d’élaborer des lignes directrices pour normaliser le processus d’obten-

tion du consentement des procureurs généraux des provinces cana-

diennes dans la poursuite des accusations pour crime motivé par la

haine.

5) de s’assurer que la sévérité de la peine déterminée pour un crime mo-

tivé par la haine reflète la gravité des accusations et l’impact sur les

victimes et la communauté.

6) de faire du négationnisme un crime haineux précis en vertu du Code

criminel.

7) d’interdire l’adhésion à des groupes haineux en accord avec les obli-

gations internationales du Canada, y compris la Convention internatio-

nale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.

8) d’ajouter au Code criminel un ensemble d’infractions substantielles et

d’augmentations des peines afin que les infractions comme le vanda

lisme soient reconnues dès le départ comme des crimes

motivés par la haine.

9) de s’assurer que les victimes de crimes haineux puissent se faire

entendre dans les poursuites criminelles.

10) de mettre des mesures en place pour contrer la cyberintimidation,

y compris les incidents comportant des propos haineux et

discriminatoires.

Page 25: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

25

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme

Page 26: 2012 Rapport des Incidents d’Antisétisme

26

2012 Rapport des Incidents d'Antisétisme