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L’action publique au regard de la mesure des fractures numériques
Raphaël SuireCREM-CNRSUniversité de Rennes 1, MARSOUIN
Colloque Vox Internet 2, Paris, 26/27 mars 2010
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Un contexte
“I think that there is a Mercedes divide. I would like to have one, but I can’t afford one. I’m not meaning to be completely flip about this. I think it’s an important social issue. But it shouldn’t be used to justify the deployment of the infrastructure.” Michael Powell, président de la Federal Communications Commission.
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Un contexte
• Les marchés ont toujours engendré des inégalités d’accès : principe de la disposition à payer pour un bien ou un service
• Mais les marchés produisent également suffisamment de biens substituts pour permettre à « tous » de se déplacer…selon sa DAP ou son revenu
• Pourquoi s’agissant du numérique, de son usage et de son accès, devrait-il y avoir une (des) fractures et finalement débats ?
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Une société de l’information pour tous …
• Une ambition forte– Chaque citoyen européen doit
avoir accès à la société de l’information
– Il faut pour cela doter les ménages
– …stimuler les usages– …pour tous
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Des résultats mais quelles évaluations des usages ?
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Une mesure, des mesures ?
• Des études essentiellement agrégées qui produisent des indicateurs de stock (tx d’équipement, nbre d’internautes…)
• On met en évidence une fracture quantitative : les « haves » et les « haves nots »
• Mais accéder à la société de l’information, effectivement, c’est « avoir » et « savoir faire »…
• Ne pas rester en marge, c’est « bien savoir faire »
L’analyse économique des fractures
• L’analyse classique du comportement individuel– Une logique d’adoption individuelle qui repose sur
l’hypothèse de la rationalité forte de la décision : un calcul coût/bénéfice…
– …fortement critiquable…mais qui fonctionne dès lors qu’une contrainte de rareté existe et s’agissant du numérique, l’attention est rare.
– > La logique d’adoption de l’outil repose sur des déterminants principalement liés aux caractéristiques économiques et démographiques
– > Car les coûts sont financiers et les bénéfices renvoient à une logique de pratiques culturelles et de loisirs
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L’analyse économique des fractures
• En 2006, la probabilité d’être Internaute décroît avec– L’éloignement des centres urbains – Avoir peu de ressources financières – L’ âge – Un faible niveau d’éducation – Un quotidien « pauvre » en technologie – L’isolement et l’éloignement aux internautes
– C’est l’analyse micro-économique de la fracture de premier niveau
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L’analyse économique des fractures
• « Réduire » la fracture de premier niveau,– C’est laissez-faire : logique de
marché -> maturité des technologies, standardisation, baisse des prix, MAIS il faut également une infrastructure ...
– C’est intervenir : -> subvention, mise à disposition (ex plan ordi35), substitution à l’offre d’infra privée
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L’analyse économique des fractures
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Mais une fois que l’on a, sait-on faire ?
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L’analyse économique des fractures
• L’approche socio-économique du comportement d’usage– La nécessaire « augmentation » du modèle standard :
les décisions sont rationnelles mais le calcul se dérivent de l’encastrement social de la pratique > l’attention est toujours rare mais la rationalité est située
– Les interactions sociales onlines ET offlines sont des déterminants des usages
– Ex : les coûts diminuent car mon voisinage m’accompagne dans l’apprentissage, les bénéfices augmentent car mon voisinage utilise le service
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L’analyse économique des fractures
• Une première analyse sur données Bretonnes 2002 met en évidence :– L’absence de déterminisme entre l’adoption et l’usage– Ex: du commerce électronique
• L’analyse économétrique montre que la probabilité d’être acheteur– Augmente avec l’expérience– Augmente avec la densité de pratiquants dans le réseau
social offline • Les déterminants sont cognitifs et sociaux
• Faire, mal faire, ne pas savoir faire : c’est la fracture de second niveau
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L’analyse économique des fractures
• « Réduire » la fracture de second niveau :
– Laissez-faire le marché…mais risque d’auto-renforcement des positions car innovation continue et cycle de vie des services très court (second life, facebook, twitter, tags2d, réalité augmentée, …)
– Intervention : formation mais risque de persistance par étanchéité des pratiques (ex ados belges et …nos étudiants), décloisonnement des populations, « être un voisin » dans le réseau des non pratiquants -> géographie des EPN ou des cybercommunes, expérimentation/démonstration en quartiers éloignés
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L’analyse économique des fractures
• Petite synthèse : l’analyse micro-économique montre que les usages (adoption d’un objet et usage d’un service associé) se diffusent spatialement et socialement
• Mais le rythme de l’innovation est telle que tant les technologies que les services associés peuvent rester spatialement et socialement concentrés ! (un écart coût-bénéfice persistant)
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La logique de l’intervention publique
A/ MarchéA/ Marché
C/ Marché et intervention -
régulation
C/ Marché et intervention -
régulation
D/ Marché etIntervention -
régulation ?
D/ Marché etIntervention -
régulation ?
B/ Marché et Intervention -
régulation
B/ Marché et Intervention -
régulation
Distance géographique
Distance cognitive
• A : techno-urbain• B : laisser faire = zone blanche vs
régulation de l’offre de terminaux et d’infrastructures (L1425, CGCT) > logique tuyaux
• C : formation, EPN, décloisonnement des pratiques, internet citoyen et participatif (wiki de territoire, cantine, …) > logique d’usage (proximamobile, web2, serious-game)
• D : accès dégradé (infra BD ou HD, offre sociale, …)
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La mesure à l’échelle du territoire : l’observatoire MARSOUINMôle Armoricain de Recherche sur la Société de l’Information et les usages de l’Internet
• Un dispositif unique en France :– un GIS regroupant les chercheurs en SHS des 4
universités Bretonnes+Telecom Bretagne+ENSAI qui ont pour objet d’étude les TIC
– Une approche croisée des pratiques du numérique– Le frottement disciplinaire comme une condition
nécessaire à la compréhension des usages, non-usages, mésusages
– Des enquêtes annuelles après d’un échantillon représentatif de 2000 ménages bretons.
– La production d’indicateurs de stock (Tx de pénétration
– Des questionnements de chercheurs (interactions sociales, sociabilité et amitiés virtuelles, pratiques culturelles entrelacées, Téléchargement illégal et effet HADOPI, santé bien-être et usages…)
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