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Action universitaire - octobre 2004

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AU 241

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Page 1: Action universitaire - octobre 2004

universitaireuniversitairel’Action

❚ LE JOURNAL DE L’UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE ❚ N°241 ❚ Octobre 2004 ❚ 2 Euros

l’Action

L’action universitaire - page 1

UNI - LA DROITE UNIVERSITAIRE - 8, rue de Musset - 75016 Paris - + 01.45.25.34.65 - fax. : 01.45.25.51.33Directeur de la publication : J. Rougeot - CPPAP 51358 - dépôt légal quatrième trimestre 2004

LA TURQUIE

UN PARTENAIRE MAIS PAS UNMEMBRE DE LA FAMILLE

Par Jacques Rougeot, président de l’UNI

a question de l’entrée de laTurquie dans l’Union euro-

péenne, longtemps dormante, estaujourd’hui devenue brûlante. Etcette fois-ci, il ne s’agit pas d’uneamplification médiatique plus oumoins factice. Le débat suscite lespassions et c’est sous la pression del’opinion publique qu’il a fait irrup-tion sur le devant de l’actualité.Chacun voit bien, en effet, que cettequestion dépasse de beaucoup cellede l’addition d’un pays quelconqueà un ensemble européen qui encomptera bientôt près d’une trentai-ne. Chacun sent bien que ce qui esten jeu relève de l’essentiel, de l’idéeque nous nous faisons de ce quenous sommes et de ce que nousvoulons être. En régime de croisière,nous ne nous attardons guère sur cegenre d’interrogations, parce que lesréponses semblent évidentes.Aujourd’hui, la nécessité qui s’impo-se à nous de prendre une décisionnévralgique sur un point précis pro-duit un effet de cristallisation : ellenous oblige à tirer au clair ce quenous pensions confusément et àdire nettement les conclusions quenous en tirons.

Pour nous, nous estimons que la

Turquie n’a pas sa place dansl’Union européenne.

LES RAISONS DE NOTRE CHOIX

Les aspects de la question sont sinombreux qu’il est impossible deles aborder tous et que nous devonsnous en tenir à ceux qui nousparaissent essentiels. Cela pourranous amener à nous exprimer assezcrûment et à dire tout haut ce quel’on entend souvent murmurer maisqui ne transparaît guère dans ledébat public.

Pour traiter une question compli-quée, il ne faut pas craindre de s’entenir à quelques idées simples. Lapremière est que, puisqu’il s’agit del’Europe, réalité d’abord géogra-phique, il faut se demander si laTurquie est localisée en Europe. Laréponse est évidemment négative,puisque l’immense majorité de cepays se trouve en Asie, à commen-cer par sa capitale, Ankara. (23.000km2 en Europe et 700.000 km2 enAsie) On peut toujours construireun ensemble sur des bases qui nesoient pas géographiques, mais il

faut le dire clairement. Il ne faut pascultiver l’ambiguïté en se servant dunom de l’Europe et il faut admettreque cet ensemble pourra se dilateret englober beaucoup d’autres payssur des critères économiques oujuridiques. Il faudrait qu’il y eût desraisons bien puissantes pour consi-dérer comme négligeable cette évi-dence première.

Une autre idée simple, récusée parle conformisme mental qui nousétouffe si souvent, est que, danscette question comme dans biend’autres, nous devons d’abord pren-dre en considération notre intérêt,c’est-à-dire celui de la France et del’Europe indiscutablement euro-péenne et non celui de la Turquie. Ilest de bon ton d’affirmer que cer-tains pays auraient une sorte devocation humanitaire universelle quileur imposerait le devoir d’agir tou-jours pour le bien des autres. Quel’on trouve de tels propos dans lesdiscours officiels, cela fait partie dela rhétorique du genre. Dans laréalité, cela relève de la dangereusenaïveté ou de la tartufferie (quand,par exemple, on prétend organiserune expédition militaire pour libérerle pauvre peuple irakien du

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méchant Saddam Hussein). Nousqui ne sommes pas tenus d’avoir deces pudeurs de langage, nous pou-vons dire que chaque pays ouchaque ensemble politique doit sau-vegarder d’abord son propre intérêt.L’égoïsme individuel est un vilaindéfaut. En politique internationale, ilest un droit, voire un devoir, dansdes limites raisonnables, bien en-tendu. Quand on nous dit donc quenous devons consentir à subir cer-tains inconvénients et intégrer laTurquie dans l’Europe pour venir enaide à ce pays, cet argument n’estpas recevable. On nous parle beau-coup de la susceptibilité des Turcs etde la nécessité de ne pas les vexer.Il est vrai que nous devons mettredans nos relations avec eux toutesles formes requises mais, au bout ducompte, nous ne sommes tout demême pas tenus de nous marier auprétexte que le soupirant éconduitse sentirait froissé dans sa fierté ouqu’il pourrait ensuite user de mau-vais procédés à notre égard.

LE FOND DU PROBLEME

Parmi les influences qui s’exercenten faveur de l’admission de laTurquie dans l’Union européenne,celle des forces économiques pèsed’un poids particulier. Le Médef neprend aucune précaution pourintervenir ouvertement dans ledébat. Les raisons qu’il invoqueméritent d’être examinées. LaTurquie a encore beaucoup de che-min à parcourir pour parvenir auniveau économique des pays euro-péens, surtout des plus développés.Son peuple a la réputation d’êtretravailleur. On peut espérer que lescapitaux ne le soient pas à fondsperdus. La tentation est donc gran-de de considérer ce pays comme unchamp d’expansion fructueux pournos entreprises et de souhaiter qu’ilfasse étroitement partie de notre aired’activité. Cette préoccupation estlégitime, mais il ne faut pas en faireun absolu auquel tout devrait êtresubordonné.

Il faut d’abord remarquer que lesrelations économiques avec laTurquie sont certes importantes,mais non pas vitales pour nous. Cepays est un des débouchés, parmid’autres, ouverts à notre activité. Lesquestions économiques peuvent serégler par des moyens économi-ques, c’est-à-dire par des accords etdes dispositions donnant toutesfacilités utiles, sans qu’il soit besoind’établir une sorte de communautéde vie entre les pays concernés. Onpeut d’ailleurs se demander si cetteinsistance à pousser à l’intégrationn’est pas entachée de quelquesarrière-pensées. Certains milieux,patronaux en particulier, estimentque cette industrie aura, dans unavenir proche, besoin d’une main-d’œuvre que seule l’immigrationpourrait fournir. Calcul à courte vueet générateur de difficultés infini-ment plus graves que celles qu’ilprétend résoudre, mais calcul assezrépandu, même s’il est encore for-mulé à voix discrète. L’intégrationdans l’Union européenne d’un payscomme la Turquie, et d’autres peut-être à la suite, faciliterait beaucoupl’opération en permettant la librecirculation des personnes sans res-triction ni contrôle.

Mais surtout, il faut en venir aucœur du sujet et poser la question :quel est le critère essentiel d’aprèslequel nous estimerons qu’un payspeut ou ne peut pas être intégré àpart entière dans l’Union européen-ne ? Pour nous, ce critère est celuide la civilisation commune. Termeimprécis assurément, comme tousceux qui relèvent du même registre: on peut aussi parler de culture, detradition, de mentalité, de vision dumonde. Mais ce que recouvrent cesmots est bel est bien perçu sponta-nément comme une réalité substan-tielle. On constate que certains peu-ples ont en commun non seulementune proximité géographique, maisune même façon, pour l’essentiel,d’envisager l’organisation de lasociété, les rapports entre les êtres

humains (hommes et femmes), lesprincipes du pouvoir, les fonde-ments de la justice, etc. Cetteconception du monde inspire, defaçon souvent peu consciente maisd’autant plus profonde, aussi bienles grandes décisions collectives queles actes de la vie quotidienne. C’esttout cela que nous rangeons sous leterme de civilisation.

Sous ce rapport, l’état du monded’aujourd’hui résulte des influencesqui se sont exercées tout au long denombreux siècles. Parmi ces influen-ces, il en est une qui a, de très loin,laissé la plus forte empreinte, c’estcelle de la religion. Quels que soientles sentiments de chacun, c’est unconstat historique qui s’impose àtous. Cette empreinte a évidemmentson origine dans le passé, mais ellefait maintenant partie de la naturede chaque civilisation. Un Français,un Allemand ou un Tchèque athéeest spontanément imprégné d’in-fluence chrétienne. Le phénomèneest encore plus vrai en terre d’islam: un musulman sceptique (qui neprendra d’ailleurs pas le risque dese déclarer athée) est profondémentmodelé par le mode de pensée et decomportement issu du Coran. Cequi est vrai à l’échelon individuelest encore renforcé à l’échelle detoute une société. Les deux tradi-tions, chrétienne et islamique, ontchacune une identité forte et n’ontaucune aptitude à se mélanger.

Mais la Turquie ne présente-t-ellepas un cas particulier ? C’est, dit-on,un pays laïque, donc proche dumodèle politique occidental. En ré-alité, outre que cette laïcité est unpeu particulière, car elle s’exerceexplicitement dans un cadre musul-man, elle touche les formes officiel-les de l’Etat et non la substance dupays. Qui plus est, l’évolution histo-rique récente est préoccupante.Mustapha Kémal Ataturk a imposéses réformes d’une main de fer alorsque l’islam était en phase qu’onpourrait qualifier de dépressive.

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Aujourd’hui, l’islam en Turquie suitla même voie que l’islam dans lemonde : il est en phase de forteaffirmation de soi, animé par unevolonté souvent virulente de revan-che, d’expansion et de conquête.Dans le cas de la Turquie, héritièrede l’empire ottoman, on peut mêmeparler d’esprit de reconquête, sousdes formes nouvelles, portant sur lesterritoires européens qu’elle avaitautrefois soumis avant d’être obligéede refluer.

Certains indices visibles confirmentcette évolution. L’armée, garant tra-ditionnel de l’héritage d’Ataturk, estaujourd’hui battue en brèche, etd’ailleurs pénétrée par l’islamisme.Qu’arriverait-il d’ailleurs si, commel’exigent les instances de l’Unioneuropéenne, l’armée était renvoyéedans ses casernes et se voyait inter-dire de jouer son rôle actuel derempart contre l’islamisme ? D’autrepart, le gouvernement, naguère anti-islamiste, est aujourd’hui aux mainsd’islamistes dits « modérés » (c’est-à-dire en fait plus prudents, habilesà ne pas trop se précipiter et à sau-vegarder certaines apparences), enattendant d’être occupé par des isla-mistes moins diplomates et plusexpéditifs. Les formes imposées parAtaturk, ainsi que les fameux « cri-tères de Copenhague » édictés parles instances européennes, risque-raient de ne pas peser lourd contrela pression d’une société de plus enplus islamisée.

Pour discréditer ceux qui refusentl’intégration de la Turquie à l’Unioneuropéenne, on les accuse souvent,par dérision, de vouloir s’enfermerdans un « club chrétien ». Les pra-ticiens de la langue de bois procla-ment qu’il est moralement interditet politiquement incorrect de soule-ver la question de l’islam. On voitcombien ces arguments polémiquessont réducteurs et futiles au regardde la réalité profonde et de la na-ture de l’enjeu.

On invoque souvent le principe deprécaution contre des risques vir-tuels ou imaginaires. Il devrait bienplutôt s’appliquer au danger trèsconcret que représenterait l’intégra-tion d’un pays qui pèserait d’unpoids considérable, puisqu’il seraitnumériquement le plus puissant del’Union européenne, alors qu’il estsubstantiellement hétérogène à lanature profonde de notre continent.

Pour faire court et nous en tenir àl’essentiel, nous n’avons pas déve-loppé d’autres arguments qui vien-draient renforcer notre analyse. Parexemple, se rend-on bien compteque, si la Turquie était intégrée àl’Union européenne, nous aurionsdes frontières communes avec laSyrie, l’Irak et l’Azerbaïdjan, paysqui sont, ou qui peuvent devenir àtout moment, des poudrières ?

Bien entendu, les arguments quenous avons exposés ne constituentnullement une déclaration d’hostili-té à l’égard de la Turquie. Aucontraire, ce qui menace à terme lapaix et la concorde, ce sont lesmélanges contre nature qui se révè-lent explosifs. Le débat qui se déve-loppe aujourd’hui fait apparaître lanotion de « partenariat privilégié »pour caractériser les relations entrel’Europe et la Turquie. Cette voieparaît en effet intéressante. Ensomme, nous souhaitons vivementque la Turquie soit un ami proche,mais nous constatons qu’elle n’estpas membre de la famille européen-ne et qu’elle n’a pas vocation à ledevenir dans un avenir prévisible.

LA POSITION DEJACQUES CHIRAC

Certains, y compris parmi nos amis,sont troublés par la position deJacques Chirac, explicitement favo-rable à l’entrée de la Turquie dansl’Union européenne. Nous qui sou-tenons depuis longtemps l’action duprésident de la République parceque nous savons à quel point il a le

sens de l’intérêt national, nousavons bien conscience qu’il n’a pasadopté cette position à la légère etnous devons d’abord nous efforcerd’entrer dans ses raisons.

Ne perdons jamais de vue queJacques Chirac occupe une fonctionde responsabilité qui est unique, ausommet de la pyramide, dans notreRépublique teintée d’esprit monar-chique, ainsi que l’a voulu son fon-dateur, le général de Gaulle. Cettefonction implique que son titulairene peut pas se contenter de prend-re des positions de principe, d’ex-primer avec transparence le fond desa pensée et de se désintéresser desconséquences possibles. Dans le casde la Turquie, Jacques Chirac estassurément très conscient du dangerque représente la poussée islamistedans un pays qui est en situationd’équilibre instable. Dès lors, unrejet immédiat et abrupt de notrepart pourrait fournir aux islamistesles plus extrémistes une occasiond’attiser la rancœur de la populationet de précipiter leur prise du pou-voir. Il ne serait pas dans notre inté-rêt d’avoir aux portes de l’Europeun voisin hostile qui dispose d’unevéritable puissance, en particulierd’une puissance militaire. Il est doncprudent d’utiliser le temps pourgérer avec pragmatisme une situa-tion délicate.

Ce qui est très frappant, en effet,c’est de voir à quel point JacquesChirac, dans la plupart de ses der-nières déclarations, insiste sur l’im-portance des délais qui serontnécessaires avant de prendre ladécision finale, sur le fait que le pro-cessus engagé n’est pas irréversibleet qu’il pourra être arrêté jusqu’audernier moment. L’obligation desoumettre à référendum l’engage-ment définitif de la France s’inscritdonc bien dans cette stratégie.

Jacques Chirac a été très clair sur lesujet en déclarant, dans sa conféren-ce de presse du 1er octobre 2004 à

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universitaireLE JOURNAL DE L’UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE

l’Action

Strasbourg : « Alors, je vous rassuretout de suite, les Français aurontleur mot à dire. Et pour pouvoirdonner cette garantie et cette assu-rance, j'ai demandé au gouverne-ment d'examiner les conditionsd'insertion dans la révision consti-tutionnelle qui, vous le savez, estnécessaire pour adopter le traitéconstitutionnel européen, d'intro-duire une disposition permettant degarantir qu'à partir d'une certainedate, c'est-à-dire avant l'entrée éven-tuelle, ou la question de l'entréeéventuelle de la Turquie, les Françaissoient interrogés non pas par lebiais de la procédure parlementaire,mais obligatoirement pour cet élar-gissement et d'éventuels autres élar-gissements par le biais du référen-dum. Voilà la position que j'ai priseet que je vous renouvelle. »

C’est donc bien dans la révision dela Constitution française, nécessairepour permettre l’adoption du traitéconstitutionnel européen, que serainscrite l’obligation de consulter lesFrançais par référendum avant l’é-ventuelle intégration de la Turquie etde tout autre nouveau pays candi-dat. Cet engagement, qui sera dèslors inscrit dans notre Constitution,sera donc officialisé dans un délaide quelques mois.

D’autre part, la nature de sa fonc-tion oblige le président de laRépublique à ne pas traiter les ques-tions internationales au cas par caset à ne jamais perdre de vue lasituation d’ensemble sur la scènemondiale. Autrement dit, il doit tou-

jours adopter un point de vue géo-stratégique. Or, Jacques Chirac, dansl’esprit gaullien, a manifestementune conception très haute, très luci-de et très volontariste du rôle que laFrance doit jouer dans le monde.Cette conception, comme il l’a expo-sé à maintes reprises, est celle d’unmonde multipolaire et non soumis àla suprématie absolue du pays leplus puissant, qui croit avoir voca-tion à imposer non seulement sadomination, mais son modèle aumonde entier. Dans la vision duprésident, la France a un rôle émi-nent à jouer. Comme elle ne peut, àelle seule, équilibrer la puissancedes Etats-Unis ou, à terme, celle dela Chine, elle doit être à la tête d’unensemble de pays qui, à des degrésdivers, n’acceptent pas la domina-tion d’une seule puissance. Un cer-tain nombre de pays musulmansfont évidemment partie de cetensemble et nous devons en tenircompte dans notre politique inter-nationale globale.

Dans cette perspective, la Turquiepeut être envisagée sous deuxaspects. Par sa situation aux confinsde l’Europe, elle occupe une posi-tion stratégique névralgique. Ilimporte donc d’avoir des relationsétroites avec elle. Par sa population,elle fait partie du monde musulmanet il pourrait être délicat, pour notrepolitique étrangère, que le présidentde la République française paraissecautionner le rejet d’un pays musul-man en raison de sa religion.

DECIDEMENT, C’EST NON

Voilà, selon nous, quels sont les ter-mes du débat. Nous avons voulu lesexaminer sans les simplifier et c’estdonc en toute sérénité que nousavons conclu que l’entrée de laTurquie dans l’Union européennecomporterait, à terme, nettementplus d’inconvénients que d’avan-tages parce qu’elle risquerait fortd’altérer la substance de notre conti-nent et, par conséquent, de notrepays. Il nous a paru que c’était notrerôle de citoyens de prendre parti etd’exposer nos raisons.

Conformément à notre manièrehabituelle, nous prenons positionsans détours et nous mettons engarde ceux qui, hostiles à l’actuelprocessus de construction euro-péenne, seraient tentés de favoriserl’intégration de la Turquie en pen-sant que ce serait le meilleur moyende faire exploser l’Europe deBruxelles. Ils feraient là une poli-tique de Gribouille dont ils seraientbien incapables de maîtriser lesconséquences ravageuses.

Bien entendu, contrairement à cer-tains qui font campagne contre l’in-tégration de la Turquie pour gênerJacques Chirac, nous réaffirmons àquel point il est important que lequinquennat du président de laRépublique soit un succès et nousredisons notre détermination à ycontribuer.