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universitaire universitaire l’Action LE JOURNAL DE L’UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE N°249 juin 2005 2 Euros l’Action L’action universitaire - page 1 UNI - LA DROITE UNIVERSITAIRE - 8, rue de Musset - 75016 Paris - 01.45.25.34.65 - fax. : 01.45.25.51.33 Directeur de la publication : J. Rougeot - CPPAP 1204 G 79428 - dépôt légal premier trimestre 2005 - Mensuel 2007 : UNE ÉCHÉANCE CRUCIALE POUR LA FRANCE Par Jacques Rougeot our les nombreux militants de l’UNI qui se sont engagés dans la campagne pour le oui, la jour- née du 29 mai 2005 a été marquée par la déception. Cette réaction est naturelle, mais ils l’ont d’ores et déjà dépassée. Ils l’ont surmontée d’abord parce qu’ils sont fiers de leur action. Ils ont fait ce qu’ils avaient à faire. Ils l’ont fait sans se ménager, même lorsqu’ils ont constaté qu’ils étaient souvent sur le terrain les seuls à faire un véritable travail de mili- tants. Ce dépérissement de l’esprit militant dans les partis traditionnels n’est malheu- reusement pas nouveau. Il explique en partie le résultat du 29 mai. Les étudiants de l’UNI ne doivent pas seulement éprou- ver la satisfaction morale d’avoir tenu le flambeau et d’avoir apporté la vie et l’ar- deur dans une campagne qui autrement eût été souvent bien terne. Ils doivent sur- tout savoir que c’est eux qui représentent l’avenir. C’est d’eux qu’on aura besoin pour les prochaines échéances et non d’or- ganisateurs blasés de manifestations asep- tisées. Et nous voilà bien au cœur de la situation présente. C’est vers l’avenir que doivent être dès maintenant tendues les énergies, non pas un avenir lointain et flou mais un avenir tout proche et très précis. 2007, avec ses deux élections capitales, sera en effet une année cruciale pour la France. Il n’est plus question de remâcher les diver- gences qui ont pu apparaître à l’occasion du référendum. Il faut rassembler et mobi- liser tout le potentiel nécessaire pour assu- rer la victoire de la droite. L’UNI, qui a prouvé une fois de plus qu’elle était un mouvement indispensable et irremplaça- ble, combattra évidemment au premier rang. Il faut donc avoir une vue claire de la situation présente pour envisager ce qu’il convient de faire dans les mois qui vien- nent. UN SCRUTIN PERTURBATEUR Bien entendu, le rouleau compresseur de la gauche politicienne et médiatique s’est immédiatement mis en branle pour impo- ser une interprétation « officielle » des résultats du scrutin. Deux affirmations sont martelées comme des évidences : c’est le président de la République et son gouver- nement qui ont été sanctionnés par l’élec- torat et, d’autre part, la signification pro- fonde de la victoire du non est un rejet du libéralisme économique. Ces deux affirma- tions sont fausses à force de simplification grossière. Quand on entend François Hollande et ses compères prendre le ton du juge ou du procureur pour discréditer Jacques Chirac, on pourrait croire qu’eux- mêmes ont été investis comme leurs porte- parole par 55% des Français, ce qui est pousser l’impudence un peu loin. Sans trop forcer le paradoxe, on pourrait même remarquer que Jacques Chirac a été suivi par la grande majorité de son camp poli- tique (la droite traditionnelle), alors que les caciques du PS ont été désavoués par la grande majorité de l’électorat socialiste. Quant à la signification du fameux « mes- sage » que les Français sont censés avoir adressé à la classe politique, elle est beau- coup plus composite que l’on feint de le croire. En admettant même que la crainte d’une politique économique dite libérale ait animé la majorité des électeurs du non, cela ne représenterait pas pour autant la majorité du corps électoral tout entier. Allons plus loin. Même s’il était vrai, par pure hypothèse, qu’une majorité de Français ait voulu affirmer son attachement à une « exception française » consistant à travailler moins en gagnant plus et à consa- crer toute son énergie à la défense des pri- vilèges acquis, ce serait le déshonneur de dirigeants dignes de ce nom d’assurer qu’ils ont « entendu le message » et de promettre qu’ils vont tout faire pour réali- ser cette lâche utopie. Si l’on voulait trouver une référence com- mune aux arguments qui ont été échangés dans les deux sens, ce serait assurément la référence nationale, même si les uns et les autres en tiraient des applications pra- tiques diamétralement opposées. Les parti- sans du non brandissaient la menace que les travailleurs étrangers feraient peser sur le travail des Français. Sans prononcer l’expression, l’extrême-gauche faisait qua- siment appel à la préférence nationale chère à Jean-Marie Le Pen et rejouait à sa façon le sketch de Fernand Raynaud, le boulanger étranger qui vient « manger le pain des Français » étant remplacé cette fois-ci par le plombier polonais. Quant aux partisans du oui, ils proclamaient que cette nouvelle constitution était essentiellement un instrument dont la France pourrait se saisir pour renforcer son rayonnement et ils trouvaient des accents lyriques pour dire que ce texte parlait français et qu’il était fils de 1789. Il faut, une fois dans sa vie, avoir entendu Jack Lang psalmodier avec des trémolos patriotiques que chaque électeur ne devait avoir en vue qu’une seule considération : « La France ! La France ! La France ! ». Les arguments internationalistes ou proprement euro- péens n’ont pas tenu la vedette dans le débat. On pourrait voir un signe encoura- geant dans ce retour en force du sentiment national. Ne nous réjouissons pourtant pas trop vite, car, s’il peut être un moteur puis- sant pour le dynamisme de notre pays, il peut être aussi dévoyé pour donner une pseudo justification cocardière à l’idéologie de l’avachissement hexagonal. P

Action universitaire - juin 2005

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❚ LE JOURNAL DE L’UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE ❚ N°249 ❚ juin 2005 ❚ 2 Euros ❚

l’Action

L’action universitaire - page 1

UNI - LA DROITE UNIVERSITAIRE - 8, rue de Musset - 75016 Paris - ✆ 01.45.25.34.65 - fax. : 01.45.25.51.33Directeur de la publication : J. Rougeot - CPPAP 1204 G 79428 - dépôt légal premier trimestre 2005 - Mensuel

2007 : UNE ÉCHÉANCE CRUCIALE POUR LA FRANCEPar Jacques Rougeot

our les nombreux militants del’UNI qui se sont engagés dansla campagne pour le oui, la jour-

née du 29 mai 2005 a été marquée par ladéception. Cette réaction est naturelle,mais ils l’ont d’ores et déjà dépassée.Ils l’ont surmontée d’abord parce qu’ilssont fiers de leur action. Ils ont fait cequ’ils avaient à faire. Ils l’ont fait sans seménager, même lorsqu’ils ont constatéqu’ils étaient souvent sur le terrain lesseuls à faire un véritable travail de mili-tants. Ce dépérissement de l’esprit militantdans les partis traditionnels n’est malheu-reusement pas nouveau. Il explique enpartie le résultat du 29 mai. Les étudiantsde l’UNI ne doivent pas seulement éprou-ver la satisfaction morale d’avoir tenu leflambeau et d’avoir apporté la vie et l’ar-deur dans une campagne qui autrementeût été souvent bien terne. Ils doivent sur-tout savoir que c’est eux qui représententl’avenir. C’est d’eux qu’on aura besoinpour les prochaines échéances et non d’or-ganisateurs blasés de manifestations asep-tisées.Et nous voilà bien au cœur de la situationprésente. C’est vers l’avenir que doiventêtre dès maintenant tendues les énergies,non pas un avenir lointain et flou mais unavenir tout proche et très précis. 2007,avec ses deux élections capitales, sera eneffet une année cruciale pour la France. Iln’est plus question de remâcher les diver-gences qui ont pu apparaître à l’occasiondu référendum. Il faut rassembler et mobi-liser tout le potentiel nécessaire pour assu-rer la victoire de la droite. L’UNI, qui aprouvé une fois de plus qu’elle était unmouvement indispensable et irremplaça-ble, combattra évidemment au premierrang.Il faut donc avoir une vue claire de lasituation présente pour envisager ce qu’il

convient de faire dans les mois qui vien-nent.

UN SCRUTIN PERTURBATEUR

Bien entendu, le rouleau compresseur dela gauche politicienne et médiatique s’estimmédiatement mis en branle pour impo-ser une interprétation « officielle » desrésultats du scrutin. Deux affirmations sontmartelées comme des évidences : c’est leprésident de la République et son gouver-nement qui ont été sanctionnés par l’élec-torat et, d’autre part, la signification pro-fonde de la victoire du non est un rejet dulibéralisme économique. Ces deux affirma-tions sont fausses à force de simplificationgrossière. Quand on entend FrançoisHollande et ses compères prendre le tondu juge ou du procureur pour discréditerJacques Chirac, on pourrait croire qu’eux-mêmes ont été investis comme leurs porte-parole par 55% des Français, ce qui estpousser l’impudence un peu loin. Sanstrop forcer le paradoxe, on pourrait mêmeremarquer que Jacques Chirac a été suivipar la grande majorité de son camp poli-tique (la droite traditionnelle), alors queles caciques du PS ont été désavoués par lagrande majorité de l’électorat socialiste.Quant à la signification du fameux « mes-sage » que les Français sont censés avoiradressé à la classe politique, elle est beau-coup plus composite que l’on feint de lecroire. En admettant même que la crainted’une politique économique dite libéraleait animé la majorité des électeurs du non,cela ne représenterait pas pour autant lamajorité du corps électoral tout entier.Allons plus loin. Même s’il était vrai, parpure hypothèse, qu’une majorité deFrançais ait voulu affirmer son attachementà une « exception française » consistant àtravailler moins en gagnant plus et à consa-

crer toute son énergie à la défense des pri-vilèges acquis, ce serait le déshonneur dedirigeants dignes de ce nom d’assurerqu’ils ont « entendu le message » et depromettre qu’ils vont tout faire pour réali-ser cette lâche utopie.Si l’on voulait trouver une référence com-mune aux arguments qui ont été échangésdans les deux sens, ce serait assurément laréférence nationale, même si les uns et lesautres en tiraient des applications pra-tiques diamétralement opposées. Les parti-sans du non brandissaient la menace queles travailleurs étrangers feraient peser surle travail des Français. Sans prononcerl’expression, l’extrême-gauche faisait qua-siment appel à la préférence nationalechère à Jean-Marie Le Pen et rejouait à safaçon le sketch de Fernand Raynaud, leboulanger étranger qui vient « manger lepain des Français » étant remplacé cettefois-ci par le plombier polonais. Quant auxpartisans du oui, ils proclamaient que cettenouvelle constitution était essentiellementun instrument dont la France pourrait sesaisir pour renforcer son rayonnement etils trouvaient des accents lyriques pourdire que ce texte parlait français et qu’ilétait fils de 1789. Il faut, une fois dans savie, avoir entendu Jack Lang psalmodieravec des trémolos patriotiques que chaqueélecteur ne devait avoir en vue qu’uneseule considération : « La France ! LaFrance ! La France ! ». Les argumentsinternationalistes ou proprement euro-péens n’ont pas tenu la vedette dans ledébat. On pourrait voir un signe encoura-geant dans ce retour en force du sentimentnational. Ne nous réjouissons pourtant pastrop vite, car, s’il peut être un moteur puis-sant pour le dynamisme de notre pays, ilpeut être aussi dévoyé pour donner unepseudo justification cocardière à l’idéologiede l’avachissement hexagonal.

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RETOUR A UNE CONSTANTE : DROI-TE CONTRE GAUCHE

La vie politique française est principale-ment rythmée par des échéances électora-les plus ou moins importantes. Au lende-main même des élections de 2002, nousavions insisté sur le fait qu’il fallait immé-diatement préparer celles de 2007. Cetteévidence, qui semblait relever de la bana-lité, a été en fait obscurcie par les échéan-ces intermédiaires de 2004 et de 2005, quiont concentré sur elles l’intérêt desmédias. Aujourd’hui, plus aucun événe-ment prévisible ne peut distraire notreattention de la double échéance, présiden-tielle et législative, de 2007 : c’est à cemoment-là que se jouera le destin poli-tique de la France, que tout ce qui précè-de sera remis en jeu. C’est dire que, àmoins d’être aveugles et sourds, nousdevons organiser toute notre action enfonction de ce moment décisif.Comment se présente la situation d’unpoint de vue strictement politique ? Ladernière idée à la mode parmi les beauxesprits est que le référendum a renducaduque la distinction entre droite et gau-che, puisque la frontière entre le oui et lenon passait à l’intérieur de chaque camp.Ce serpent de mer déjà ancien, que l’ons’efforce de repêcher dès qu’une occasionse présente, ne résiste pas à un examensérieux. Outre que la question posée par leréférendum n’était que l’une de celles quiconstituent la vie politique de notre pays,il est évident qu’il n’existait aucune unité,même limitée et provisoire, du côté du ouicomme du côté du non. Ainsi, parmi lesélecteurs qui ont voté non, on trouve aussibien des libéraux purs et durs de tendan-ce libertarienne que des pourfendeurs dulibéralisme. A l’inverse, parmi les électeursdu oui, les fédéralistes ont voté commeceux qui ne voyaient dans le traité consti-tutionnel qu’une sorte de « règlement inté-rieur » simplement destiné à apporter unpeu de clarté dans une situation qui s’étaitobscurcie au fil du temps. Qui plus est, lesfluctuations très inhabituelles des sondagesont bien montré les incertitudes qui habi-taient un bon nombre d’électeurs. On peutmême dire que, jusqu’au bout, certains sesont sentis intérieurement partagés à 55 et45% entre le oui et le non. Il serait doncartificiel, stérile et dangereux de penserque le corps électoral français a été dura-blement recomposé selon de nouvellesfrontières le 29 avril dernier. Ce qui sub-siste, c’est la distinction traditionnelle,beaucoup plus fondée qu’on ne le dit,entre la droite et la gauche. Elle se retro-uve à chaque scrutin, elle se retrouveraencore en 2007. Dès lors, il importe d’examiner comment

se présentent les camps antagonistes. Agauche, le parti socialiste apparaît commeprofondément divisé, voire éclaté. Certainsfondent là-dessus de grands espoirs etannoncent sa défaite comme certaine en2007. Rien n’est moins justifié que cetoptimisme. D’une façon ou d’une autre, lePS présentera un candidat à l’élection pré-sidentielle et des candidats dans toutes lescirconscriptions législatives. Le résultat nedépendra pas de la stratégie des états-majors, mais de la volonté unitaire desélecteurs de gauche. Tout donne à penserque, après la mésaventure de 2002, cettevolonté unitaire est et demeure très forte,dès lors qu’il s’agira de battre la droite. En1997, le PS était présenté comme désorga-nisé, pris à contre-pied et quasi moribond.On a vu le résultat. Globalement, la gauchereste très haut dans les intentions de vote.Il est donc très possible qu’une gauchedivisée et sans programme remporte lesélections. Elle sera ensuite évidemmentincapable de gouverner et c’est encore laFrance qui en fera les frais, mais ceci estune autre affaire.

CHOISIR SON CAMP

A droite, le temps des clarifications estvenu. Il faut que chacun choisisse soncamp sans ambiguïté. Il n’est pas tolérableque certains, au fil des jours, se livrent àdes actions de guérilla et à un travail desape contre les gros bataillons de la droite,puis, le moment venu, crient « pouce »pour se faire élire avec les voix de ceux surlesquels ils auront constamment craché.Deux cas, à l’évidence, doivent être traitéssans faux-fuyants. L’un est celui dePhilippe de Villiers. Ce n’est certes pasd’aujourd’hui qu’il évolue de façon sinueu-se aux limites de la majorité, mais, jusqu’àprésent, il était resté, bon an mal an, dubon côté de la ligne, recueillant des avan-tages substantiels sans trop se soucier,comme on dit familièrement, de renvoyerl’ascenseur. La situation s’est nettementdétériorée à l’occasion du référendum et lepersonnage a revu à la hausse son ambi-tion et son agressivité. Le succès du non etl’absence dans ce camp de personnalitésde droite importantes l’ont manifestementincité à s’attribuer en toute propriété lessuffrages qu’on peut qualifier de souverai-nistes. D’autre part, l’extrême discrétiondont ont fait preuve Le Pen et le Frontnational semble dégager, à l’extrême-droite,un territoire que Villiers s’estime en mesu-re d’occuper. Cet espoir est peut êtreimprudent, car l’expérience prouve que lesvieux chefs que l’on croyait abattus ontencore des ressources vigoureusementcombatives dont leurs successeurs troppressés peuvent faire les frais. Ces deux

considérations le conduisent à durcir for-tement sa position et ses propos à l’égardde la majorité et du gouvernement. C’estainsi qu’on l’a vu dicter son devoir sousforme d’ultimatum au président de laRépublique (démissionner ou dissoudrel’Assemblée nationale) avec une morguehargneuse qui s’accorde fort bien avec sapersonnalité mais qui ne convient nulle-ment à un dirigeant de droite conscient deses responsabilités. M. de Villiers sembleoublier que ses limites naturelles sont auxdimensions régionales ou, à l’échelonnational, circonscrites à l’incarnation dusouverainisme, conception honorable maisqui ne saurait constituer une politiquenationale globale. Il pourrait utilementméditer la fable de La Fontaine où il estquestion d’une certaine grenouille qui n’a-vait pas pris la juste mesure du volumeque la nature ne lui permettait pas d’outre-passer. En attendant, il serait bien avisé deretrouver les règles de la bonne éducationqui recommandent, pour le moins, de nepas déverser trop de boue sur ceux donton aura besoin au moment décisif.L’autre cas névralgique est évidemmentcelui de M. François Bayrou. Il mènedepuis longtemps, avec une rigueur impla-cable, une stratégie parfaitement claire quiest destinée à le conduire à l’Elysée. Il fran-chit à chaque occasion une étape supplé-mentaire qui le situe dans l’oppositiond’une manière de plus en plus marquée. Ilen est arrivé au point symbolique de nepas voter la confiance au gouvernement deVillepin. Quelle attitude adopter envers unhomme qui n’a aucune chance d’assouvirson ambition effrénée mais qui détient unfort pouvoir de nuisance ? Il faut parler àchacun le langage qu’il est en mesure decomprendre. Dans le cas présent, il fautrappeler à cette grande conscience que s’ila le pouvoir d’endommager les positionsde la droite, celle-ci a le pouvoir d’anéan-tir électoralement l’UDF, car il n’y a sansdoute pas un seul député de ce parti quipuisse être élu sans les suffrages de l’UMP.Certains commencent à le comprendre,puisque neuf parlementaires centristes surtrente-et-un ont bravé l’interdiction fulmi-née par leur président et ont voté laconfiance au gouvernement. On dit que,sous l’effet de la peur, les moutons peuventdevenir enragés et se retourner contre leurmauvais berger. Il faut que MM. de Villiers et Bayrousachent qu’il n’y a pas pour eux de moyenterme entre l’alliance majoritaire et l’af-frontement, dont ils ne peuvent pas sortirvainqueurs.

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UN GOUVERNEMENT POUR GAGNER

Le gouvernement de Dominique deVillepin a le dos au mur. Il ne suffit pasqu’il fasse preuve de bonne volonté et iln’a pas le temps de tâtonner. Il a l’obliga-tion de gagner et il dispose pour agir vrai-ment d’un peu plus d’un an, car, dès la finde 2006, il n’y aura plus de place quepour les turbulences de la campagne élec-torale. Cette urgence renforce ce que nousdisions sur la nécessité pour chacun dechoisir son camp. Des actions de guérillamenées désormais contre le gouvernementne pourraient rien avoir d’anodin et entraî-neraient une rupture du pacte majoritaire,quels que soient les prétextes hypocritesqui pourraient être mis en avant.Dominique de Villepin ne manque pas d’a-touts, mais il est condamné à avancer surune ligne de crêtes, entre deux politiquesqui seraient fatales l’une et l’autre : ou bienune gestion étriquée au jour le jour, c’est-à-dire en fait l’immobilisme, ou bien lelancement de réformes draconiennes quin’auraient pas le temps de produire debons effets et qui paraîtraient particulière-ment amères au moment des échéancesélectorales. Voilà qui ressemble fort à laquadrature du cercle. Pour en sortir, le pre-mier ministre a choisi la meilleure métho-de, et peut-être la seule, qui s’offrait à luidès lors qu’il s’était fixé (ou qu’on lui avaitfixé) un objectif quasi unique : la réduc-tion du chômage. On pourrait appelercette méthode un pragmatisme orienté.Dominique de Villepin est parti de cetteidée évidente que l’état lamentable de l’em-ploi en France est dû à une quantité deblocages qui opposent des obstacles jus-qu’alors insurmontables (ou en tout casnon surmontés) à une politique de réfor-mes qui permettrait d’appliquer des remè-des de fond. En fait, chacun sait bien queces blocages, qu’il est facile d’identifier(religion des droits acquis, nuisances syn-dicales, discrédit jeté sur le travail avec laloi sur les trente cinq heures et l’incitationà la retraite précoce, accumulation demesures administratives ayant pour effetde figer le marché du travail, etc.) procè-dent tous d’une même inspiration, celled’un socialisme archaïque. En bonnelogique, il serait souhaitable de dénoncercette inspiration, de se réclamer hautementde l’inspiration inverse et de prendre lesmesures générales et cohérentes qui endécouleraient naturellement. Mais pourmener une telle politique, il faut du tempset une position solide. On peut évidem-ment toujours regretter que cette politiquen’ait pas été menée plus tôt et plus vigou-reusement, mais c’est un fait que le gou-vernement n’a plus le temps de faire de la

pédagogie à long terme et d’ouvrir de mul-tiples fronts. Le premier ministre a donc choisi de nepas se placer sur le terrain des grandesidées et de ne pas prononcer les mots quifâchent (par exemple révision du code dutravail), mais de proposer des mesurespratiques qui vont dans le bon sens.Certaines, comme le chèque-emploi,apportent une simplification bien venue etne suscitent guère d’opposition. D’autressont plus significatives ; c’est le cas de cellequi donne deux ans aux petites entreprisespour juger de l’utilité d’une nouvelleembauche sans être soumises au couperetde l’actuel CDD, ce qui permet de mieuxadapter les effectifs au marché du travail.Cette mesure, qui semble réduire la pro-tection attachée aux emplois précairesmais qui, globalement, incite lesemployeurs à profiter de la souplesse quileur est accordée pour embaucher, a étéimmédiatement combattue par les syndi-cats parce qu’elle porte atteinte à un sacro-saint « droit acquis » censément garantipar le carcan administratif. C’est donc unemesure qui a valeur d’exemple, et presquede symbole.Les dispositions du plan Villepin seront-elles efficaces ? Les résultats seront proba-blement positifs, mais limités, c’est-à-direque le chômage diminuera, mais pas defaçon massive. Il ne faut pas attendre demiracles en quelques mois. Quels serontles effets prévisibles sur les élections de2007 ? Il serait puéril de fixer un taux deréduction du chômage qui, s’il était atteint,assurerait le succès de l’actuelle majorité.En fait, tout dépendra de l’état d’esprit del’électorat potentiel naturel de la droite. Sicet électorat a l’impression que les mesu-res prises sont, en effet, des éléments d’unplan d’ensemble orienté dans le bon senset qui se développera en cas de victoire dela droite, il se mobilisera pour ses repré-sentants naturels, c’est-à-dire pour la droi-te gouvernementale, essentiellement pourl’UMP. Les employeurs, gagnés par laconfiance, n’hésiteront pas à embaucher.Mais si le gouvernement paraît n’avoir prisque quelques mesures timides et isoléesou, pire encore, s’il recule devant quelquesmanifestations sous prétexte de ne pasfaire de vagues avant les élections, il estcertain que les citoyens de droite se démo-biliseront ou qu’ils émettront un vote sanc-tion contre le parti majoritaire. Un peuplepeut pardonner beaucoup de choses aupouvoir en place, sauf d’être inexistant, dese renier et de baisser pavillon devant sesadversaires.

LA VÉRITÉ EN FACE

C’est pourquoi la majorité actuelle doit

être très attentive à la stratégie qu’elledéveloppera et à la pédagogie qui endécoulera. Si elle s’imagine qu’elle gagnerades voix de gauche en se présentantcomme le garant des droits acquis et desprotections de toutes sortes, elle se tromperadicalement. Elle ne fera que s’amputerd’une bonne proportion des électeurs dedroite. Remarquons dans cet ordre d’idéesque, à l’occasion du référendum, les parti-sans du « oui de droite » ont cru habile dedévelopper presque exclusivement desarguments qu’ils estimaient propres àséduire les électeurs tentés par le « non degauche ». Cette erreur stratégique est l’unedes causes du résultat que nous connais-sons. L’effet sera encore plus sanglant si lamême erreur est commise lors des élec-tions de 2007.Les dirigeants de droite doivent se rendrecompte qu’une bonne partie de la popula-tion, en tout cas toute celle qui peut voterpour eux, est maintenant à même de rece-voir la vérité et même qu’elle la réclame.On continue à faire comme si nous pou-vions choisir un dosage subtil entre unpeu moins de dynamisme national et unpeu plus de confort social. Il est temps dedire que, en raison des forces qui s’exer-cent dans le monde, si nous refusons defaire les efforts nécessités par le développe-ment de notre dynamisme, nous n’auronsplus les moyens de préserver notreconfort, même à un niveau minimal.Il ne serait pas mauvais non plus de cou-per les ailes à quelques canards, en parti-culier à propos des « modèles » étrangers.Il y a le modèle répulsif, celui de laGrande-Bretagne, dont on nous dit commeune évidence qu’il n’est pas transposableen France parce qu’il est trop brutal. C’estoublier que, avant l’action de MargaretThatcher, la Grande-Bretagne était encoreplus déliquescente que la France des tren-te cinq heures. On nous vante maintenantle modèle danois, après les modèles sué-dois, rhénans ou hollandais, en attendantpeut-être de trouver l’illumination auLiechtenstein ou à Saint-Marin. En vérité, ilsemble qu’on veuille réduire les Français àl’état infantile. S’il est vrai, comme l’a dit lepremier ministre, qu’il est judicieux d’allerchercher quelques idées pratiques dans lesexpériences des autres pays, il est vain dese mettre en quête d’un « modèle » globalclés en mains qui, grâce à l’application dequelques mécanismes sociaux, nous per-mettrait de nous laisser glisser sans effortsvers des lendemains qui chantent.En fait, il ne s’agit que d’une fuite en avant.Nous savons bien que nos faiblesses sonten nous-mêmes et que notre redressementdépendra de nous-mêmes. Il aura pourcondition première le respect de principesvieux comme le monde qui s’expriment en

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quelques mots : bon sens, effort, volonté.C’est à partir de là seulement qu’on peutimaginer des solutions techniques. Toutescelles qui prétendraient éluder ces nécessi-tés sont vouées à l’échec.C’est sur ces bases que le Président de laRépublique et le Premier Ministre remobi-liseront les Français.

OBJECTIF 2007 : MOBILISER L’ACTION MILITANTE

Il faut évidemment faire une bonne poli-tique pour le bien de la France, mais il nefaut pas oublier non plus que les efforts lesplus méritoires et les résultats les plusencourageants peuvent être réduits à néantsi la gauche accède au pouvoir. Nous nenous sommes jamais remis de 1981 et deses suites. C’est dire que les élections de2007 ne sont pas un simple épisode de lavie politique française et qu’il est crucialque la majorité actuelle l’emporte.Malheureusement, la droite oublie tropsouvent qu’une échéance électorale ne seprépare pas seulement pendant les derniè-res semaines et qu’une campagne politiquene s’organise pas comme le lancementd’un produit cosmétique. Ainsi n’est-il pasmauvais de rappeler cette vérité, toujoursconfirmée par l’expérience, qu’une électionnationale ne se gagne jamais sans la mobi-lisation des militants.Les hommes politiques n’ont souvent qu’u-ne connaissance très sommaire du militan-tisme. A vrai dire, le militantisme est unenotion assez vague. Ce qui existe vraiment,ce sont les militants. Ces êtres bizarres, quine font pas partie de la bulle politico-médiatique, ne reprennent consistance quequelques semaines avant les scrutins sousforme de colleurs d’affiches et de distribu-teurs de tracts. Et encore ces fonctionssont-elles en voie de dépérissement parceque, tout simplement, les partis n’ont plusd’affiches à coller ni de tracts à distribuer.La doctrine officielle ne jure que par lesplans-médias, onéreux mais rassurantsparce que tout se passe entre gens dumême monde. Quant à la population ordi-naire, elle est priée de recevoir passive-

ment la bonne parole.A droite, l’action militante a toujours faitpartie de la tradition gaulliste. Cette tradi-tion se perd, comme elle se perd, à droiteet à gauche, dans tous les partis qui ontpignon sur rue et qui se sont, peut-on dire,embourgeoisés. Ce sont ces partis qui sesont prononcés pour le oui. Ils ont organi-sé des réunions, mais on n’a presque pasvu leurs tracts et encore moins leurs affi-ches. En revanche, on a vu les groupesd’extrême-gauche retrouver leurs ancien-nes habitudes et placarder partout leursappels à un « non de gauche ». Le résultatest éloquent. Même si, évidemment, l’ac-tion militante n’est pas le facteur uniqueou essentiel de la victoire du non, elle ajoué assurément un rôle d’importance.Mais au fait, à quoi servent les militants ?Ils sont toujours minoritaires et ne détien-nent pas les leviers du pouvoir. Leur rôleest pourtant essentiel. Ils sont un intermé-diaire indispensable entre les impulsionsqui viennent du sommet (ou qui du moinsdevraient en venir) et la majorité de lapopulation. Mais ce ne sont pas de simplespasserelles. Ce sont des multiplicateursd’énergie, grâce à leur conviction, à leurenthousiasme, à leur pouvoir de persua-sion. A la manière d’une roue dentée qui,au centre d’un mécanisme, a assez de forcepour faire mouvoir une roue plus grande,et ainsi de suite, ils communiquent bienau-delà de leur sphère d’action immédiateles idées auxquelles ils croient et ils amè-nent les tièdes à se mobiliser. D’autre part,comme ils sont parmi la population «comme des poissons dans l’eau », ils sontdes indicateurs souvent plus fiables que lessondages pour faire connaître en profon-deur l’état d’esprit des électeurs et ainsi,comme on dit, faire remonter l’informa-tion. Voilà à quoi renoncent trop souventles partis en dédaignant les militants, tur-bulents certes, incommodes parfois, maisirremplaçables.Quand on veut vraiment remporter unevictoire électorale, il faut la préparerméthodiquement, longtemps à l’avance etne pas s’imaginer qu’il suffira au derniermoment de recruter quelques amateurs

braillards et d’acheter fort cher les oraclesde quelques gourous de la communication.Pour notre part, nous disons dès mainte-nant à nos militants qu’il n’y aura pas detemps morts d’ici à 2007 et que nous n’au-rons de répit que si la victoire est rempor-tée. Est-il utile de préciser que, en atten-dant, nous ne contribuerons en rien à fairebouillir les turbulences politiciennes quipervertissent les forces potentielles denotre camp ?

NOTRE DESTIN EST ENTRE NOS MAINS

C’est tout d’abord en tant que Français quenous tenons notre destin entre nos mains.C’est nous qui sommes responsables de nospropres tares. Pour nous rassurer, et surtoutpour ne rien faire, nous invoquons souventl’Europe ou la mondialisation comme cau-ses de nos déboires. Mais ce n’est nil’Europe, ni la mondialisation qui nous ontincités à voter la calamiteuse loi sur les tren-te cinq heures, bien au contraire. Si nous nesortons pas du marasme, c’est que nousn’aurons pas fait les efforts nécessaires.C’est aussi en tant que membres de la droi-te que nous avons prise sur notre destin.Une partie du travail incombe au pouvoirpolitique. Ce que les Français attendent, cene sont pas des miracles, c’est que le capsoit nettement indiqué et que l’action quisera menée au cours des prochains moistrace nettement et courageusement la direc-tion qui, au travers d’inéluctables difficultés,aboutira au redressement national.Mais une autre partie du travail incombe àtous les citoyens et en particulier à tousceux qui ont une ambition forte pour laFrance, c’est-à-dire d’abord à nous-mêmes.Notre objectif principal est clair : fairegagner la droite en 2007. Nous avons delongue date choisi notre camp et nousapporterons au gouvernement un soutiendéterminé, sans nous interdire, évidem-ment, de défendre vigoureusement les idéesqui nous sont propres. Enfin, nous faisonstout ce qui est possible pour rendre encoreplus efficace cette force militante, qui esttoujours un artisan nécessaire de la victoire.

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