INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC
2012
Veille scientifique Équipe Nutrition, Activité physique et
Problèmes reliés au Poids (NAPP) Yves G. Jalbert, Chantal Blouin, Étienne Pigeon,
Laurie Plamondon, Yun Jen, Éric Robitaille, Pascale Bergeron,
Gérald Baril
S E P T E M B R E 2 0 1 2
2
Veille scientifique de l’équipe Nutrition, activité physique et problèmes reliés au poids de l’INSPQ
Septembre 2012
1. Framing obesity : the framing contest between industry and public health at the
New Zealand inquiry into obesity
JENKIN, G. L., L. SIGNAL et G. THOMSON (2011)
2. Impact of obesity, overweight and underweight on life expectancy and lifetime
medical expenditures: the Ohsaki Cohort Study
NAGAI, MASATO, SHINICHI KURIYAMA, MASAKO KAKIZAKI, KAORI OHMORI-
MATSUDA, TOSCHIMASA SONE, ATSUSHI HOZAWA, MIYUKI KAWADO, SHUJI
HASHIMOTO et ICHIRO TSUJI (2012)
3. Weight gain in smokers after quitting cigarettes: meta-analysis
AUBIN, JEAN-HENRI , AMANDA FARLEY, DEBORAH LYCETT et PAUL AVELYARD (2012)
4. Manufacturing epidemics: the role of global producers in increased consumption
of unhealthy commodities including, processed foods, alcohol, and tobacco
STUCKLER, DAVID, MARTIN. MCKEE, SARAH EBRAHIM et SANJAY BASU (2012)
5. Physical education’s role in public health: Steps forward and backward over 20
years and HOPE for the future
SALLIS, JAMES F., THOMAS MCKENZIE, MICHAEL W. BEETS, AARON BEIGHLE,
HEATHER ERWIN et SARAH LEE (2012)
6. Associations between residential food environment and dietary patterns in urban-
dwelling older adults: results from the VoisiNuAge study
MERCILLE, GENEVIÈVE, LUCIE RICHARD, LISE GAUVIN, YAN KESTENS, BRYNA
SHATENSTEIN, MARK DANIEL et HÉLÈNE PAYETTE (2012)
7. The obesity paradox in the elderly: potential mechanisms and clinical implications
OREOPULOLOS, ANTIGONE, KAMYAR KALANTAR-ZADEH, ARYA M. SHARMA et GREGG
C. FONAROW (2009)
8. Giving the wrong impression : food and beverage brand impressions delivered to
youth through popular movies
SKATRUD-MICKELSON, MONICA, ANNA M., ADACHI-MEJIA, TODD. A. MACKENZIE. et
LISA A. SUTHERLAND (2012)
9. Weighty subjects : the biopolitics of the U.S. war on fat
GREENHALGH, SUSAN (2012)
10. Shaping cities for health: complexity and the planning of urban environments in
the 21st century
RYDIN, YVONNE, ANA BLEAHU, MICHAEL DAVIES, JULIO D DAVILA, SHARON FRIEL,
GIOVANNI DE GRANDIS, NORA GROCE, PEDRO C HALLAL, IAN HAMILTON, PHILIPPA
HOWDEN-CHAPMAN, KA-MAN LAI, CJ LIM, JULIANA MARTINS, DAVID OSRIN, IAN
RIDLEY, IAN SCOTT, MYFANWY TAYLOR, PAUL WILKINSON et JAMES WILSON (2012)
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Framing obesity: the framing contest between industry and public health at the New
Zealand inquiry into obesity
JENKIN, G. L., L. SIGNAL et G. THOMSON (2011). Obesity Reviews, 12 : 1022-1030
À partir des mémoires déposés à la Commission d’enquête de la Nouvelle-Zélande sur
l’obésité et le diabète de type 2, cet article expose comment l’industrie de l’alimentation et du
marketing et le secteur de la santé publique cadrent la question de l’obésité. Le but de cette
étude est d’aborder l’écart de l’information en décrivant et analysant à partir de la matrice de
Kwan (2009) comment l’industrie et les groupes de santé publique cadrent l’obésité à l’aide
d’une étude de cas en utilisant les mémoires déposés à la commission d’enquête. En tout, 313
mémoires ont été déposés, de ces mémoires 142 ont été entendus. De ce nombre, 17
provenaient du secteur de l’industrie de l’alimentation et du marketing et 13 du secteur de la
santé publique.
Les auteurs constatent qu’en général, il existe entre l’industrie et la santé publique des
contrastes frappants dans les 4 éléments de la signature rhétorique (position, racine des
causes, solutions et valeurs fondamentales). Toutefois, à certains éléments clés des cadres, il y
avait quelques similarités mineures. L’industrie positionne l’obésité comme un fardeau
économique au système de santé où seules les personnes obèses sont concernées. Tandis que
la santé publique positionne l’obésité comme une épidémie touchant autant les personnes en
embonpoint que les personnes obèses. L’industrie cadre l’obésité comme une conséquence
des mauvais choix d’habitudes de vie attribués à des déficits de connaissances, de culture et
d’autres caractéristiques. L’industrie rapporte aussi le manque d’activité physique plutôt
qu’une augmentation de la consommation d’aliments comme étant la cause dominante de
l’obésité. À l’opposé, le secteur de la santé publique positionne l’obésité comme une réponse
normale à un environnement obésogène caractérisé par des aliments commercialisés et
disponibles à faibles coûts et de valeur nutritive faible et à haute teneur énergétique. Pour le
secteur de la santé publique, l’augmentation d’aliment à haute teneur énergétique et à faible
valeur nutritive est la principale cause de l’obésité. De plus, plusieurs mémoires
mentionnaient les inégalités sociales comme facteur favorisant l’obésité. Au sujet des
solutions, l’industrie était unanime dans le soutien du statu quo tandis que la santé publique
prône quant à elle un changement significatif. L’industrie met l’accent sur l’éducation comme
stratégie pour prévenir l’obésité tandis que la santé publique opte pour une régulation
gouvernementale des activités de l’industrie de l’alimentation et du marketing. Quant aux
valeurs fondamentales soutenues par l’industrie et la santé publique les positions sont
diamétralement opposées. En effet, l’industrie adopte une position individualiste en optant
pour la justice du marché et la santé publique fait appel à la philosophie communautarisme de
la justice sociale.
Les auteurs remarquent que l’industrie met l’accent sur les comportements individuels, le
droit de choisir des consommateurs, la liberté de l’information et la justice du marché tandis
que la santé publique met l’accent sur la justice sociale, l’équité, l’environnement obésogène
et les déterminants liés à l’obésité. Ils concluent en mentionnant que la compréhension des
intérêts variés et des cadres entourant la question de l’obésité de ces deux acteurs politiques
importants fournit des informations utiles dans la façon dont ils font leurs plaidoyers.
[Document disponible par l’intermédiaire de votre centre de documentation]
4
Impact of obesity, overweight and underweight on life expectancy and lifetime medical
expenditures: the Ohsaki Cohort Study
NAGAI, MASATO, SHINICHI KURIYAMA, MASAKO KAKIZAKI, KAORI OHMORI-MATSUDA,
TOSCHIMASA SONE, ATSUSHI HOZAWA, MIYUKI KAWADO, SHUJI HASHIMOTO et ICHIRO TSUJI
(2012). BMJ Open vol. 2: e000940.doi:10.1136/bmjopen-2012-00940
On retrouve dans la littérature scientifique un consensus qui montre que les individus obèses
requièrent davantage de soins médicaux que les individus ayant un poids normal. Cependant,
il n’est pas encore établi que c’est le cas à long terme, c'est-à-dire lorsqu’on examine les soins
et dépenses de santé durant toute la vie d’un individu, étant donné l’espérance de vie moindre
des personnes obèses.
Afin d’examiner cette question, les chercheurs de l’étude ont suivi pendant 13 ans une cohorte
de 41 965 participants, dont l’âge en 1995 variait de 40 à 79 ans, dans une région du Japon.
Les chercheurs ont trouvé qu’en dépit d’une espérance de vie plus courte, les hommes et les
femmes obèses généraient respectivement 14,7 % et 21,6 % plus de dépenses médicales
durant leur vie que les participants ayant un poids normal.
L’étude rapporte aussi que les hommes et les femmes qui font de l’embonpoint (avec un
indice de masse corporelle de 25 à 29,9 kg/m2) ont une espérance de vie plus grande que ceux
ayant un poids normal. Deux études américaines ont aussi produit des résultats similaires. En
ce qui a trait aux dépenses de soins de santé pour les participants qui font de l’embonpoint, les
chercheurs de cette étude ont observé qu’elles sont plus élevées que celles des participants
ayant un poids normal. Par ailleurs, ils ont aussi observé une différence entre les hommes et
les femmes à propos des coûts associés à l’excès de poids. En effet, chez les hommes,
l’embonpoint entraînent plus de dépenses médicales que l’obésité, alors que chez les femmes,
l’obésité génère plus de coûts que l’embonpoint.
Cette étude japonaise est importante, car il s’agit de la première qui examine l’impact de
l’obésité sur les dépenses médicales sur une longue période dans la population en général.
Par contre, une des limites importantes touche la qualité des tests statistiques de l’étude. En
effet, seulement 3 % de la population au Japon est obèse, ce qui est loin de la prévalence de
l’obésité que l’on retrouve dans les autres pays industrialisés.
http://bmjopen.bmj.com/content/2/3/e000940.full.pdf+html
Weight gain in smokers after quitting cigarettes: meta-analysis
AUBIN, JEAN-HENRI , AMANDA FARLEY, DEBORAH LYCETT et PAUL AVELYARD (2012). BMJ,
345 :e4439 doi: 10.1136/bmj.e4439
Des chercheurs franco-britanniques, Aubin et autres (2012), rapportent que la prise de poids
moyenne, associée à la cessation tabagique, est beaucoup plus importante que les 2,9 kg
souvent cités dans une revue systématique 20 ans plus tôt (et que l’on retrouve depuis dans les
prospectus de cessation tabagique) et les 2,3 kg que les femmes sont prêtes à tolérer en
cessant de fumer.
Pour en arriver à ce constat, ces chercheurs ont réalisé une méta-analyse dans laquelle ils ont
analysé les résultats de 62 études provenant de l’Amérique du Nord, de l’Europe, de
5
l’Australie et de l’Asie. Dans cette méta-analyse, les chercheurs décrivent le gain de poids et
ses variations chez les fumeurs qui ont cessé de fumer à l’aide de substituts nicotiniques et
ceux qui ont abandonné sans substituts nicotiniques, et ce, durant les 12 premiers mois
d’abstinence.
La méta-analyse montre que les fumeurs abstinents ont un gain de poids moyen de 4 à 5 kg
après 12 mois d’abstinence. Toutefois, la variation substantielle dans le gain de poids indique
que sa valeur moyenne ne reflète pas la réalité de plusieurs individus qui cessent de fumer. En
effet, ils estiment qu’à 12 mois, 16 à 21 % des participants perdent du poids et 13 à 14 %
prennent plus de 10 kg. De façon générale, la prise de poids atteint 1,1 kg à un mois, 2,3 kg à
deux mois, 2,9 kg à trois mois, 4,2 kg à six mois et 4,7 kg au bout d’un an. De plus, l’essentiel
de la prise de poids se déroule au cours des trois premiers mois.
Ces chercheurs reconnaissent que le gain de poids est un facteur important et que la
préoccupation à l’égard du poids est répandue chez les fumeurs et peut dissuader certains
individus à cesser de fumer. Ils constatent que les substituts nicotiniques ralentissent la prise
de poids au cours des deux premiers mois, mais ne permettent pas d’arrêter la prise de poids
sur un an. Cette prise de poids peut avoir des implications cliniques pour certains individus et
les médecins devraient pouvoir détecter les individus qui gagnent beaucoup de poids en
intervenant rapidement afin de la prévenir. Par ailleurs, les médecins devraient informer leurs
patients de la variabilité de gain de poids possibles lors de la cessation tabagique. Les
chercheurs concluent que jusqu’à maintenant les interventions ont des effets limités sur la
prévention du gain de poids.
http://www.bmj.com/content/345/bmj.e4439.pdf%2Bhtml
Manufacturing epidemics: the role of global producers in increased consumption of
unhealthy commodities including, processed foods, alcohol, and tobacco
STUCKLER, DAVID, MARTIN. MCKEE, SARAH EBRAHIM et SANJAY BASU (2012). PLoS
Medicine, 9 (6) :1-8 e1001235
Struckler et autres (2012) rapportent que les aliments malsains tels que les boissons sucrées,
les aliments transformés riche en sel, gras et sucre ainsi que le tabac et l’alcool sont en tête
des facteurs de risque pour les maladies non transmissibles. On sait que les aliments malsains
sont très rentables à cause de leurs faibles coûts de production, leur durée de conservation et
leur haute valeur commerciale. Par ailleurs, selon eux, les corporations transnationales qui
manufacturent et commercialisent les aliments malsains et les boissons sucrées, incluant
Coca-Cola, PepsiCo, et Cadbury Schweppes, représentent les vecteurs principaux pour la
transmission mondiale des risques liés aux maladies non transmissibles. Et de plus en plus,
ces compagnies ciblent les marchés des pays en voie de développement comme sphère
majeure d’expansion.
À partir d’une analyse comparative des données sur les tendances mondiales de
consommations d’alcool, de tabac et d’aliments malsains, les auteurs tentent de répondre à ces
2 questions : 1) où retrouve-t-on la consommation la plus rapide d’aliments malsains? et 2)
qu'est-ce qui détermine le rythme et l’étendue de ces augmentations? Pour ce faire, on utilise
les données des ventes des produits de l’EuroMonitor Passport Global Market Information -
édition 2011 couvrant plus de 80 pays de 1997 à 2010 et accompagnée d’une prévision de la
situation de 2011 à 2016.
6
Ces chercheurs observent les phénomènes suivants :
1. La croissance des aliments transformés, des boissons sucrées et des collations est plus
grande dans les pays à faibles et moyens revenus (PIB ≤ 12 500 dollars américains).
Peu ou pas de croissance est attendue dans les pays à revenus élevés dans les 5
prochaines années;
2. Le rythme de l’augmentation de la consommation d’aliments malsains dans plusieurs
pays à faibles et moyens revenus devrait se produire à un taux plus rapide
qu’historiquement dans les pays à revenus élevés;
3. Les compagnies multinationales ont déjà pénétré les systèmes alimentaires des pays à
faibles et moyens revenus à un niveau similaire aux pays à revenus élevés;
4. Le tabac et l’alcool comportent des risques communs aux aliments malsains;
5. Les augmentations substantielles dans la consommation d’aliments malsains sont des
conséquences inévitables de la croissance économique;
6. Les investissements étrangers directs augmentent les risques de multiplication de la
présence des aliments malsains dans les pays à faibles et moyens revenus.
Pris ensemble, selon ces chercheurs, ces résultats montrent qu’il y a une pénétration
significative par les compagnies multinationales d’aliments transformés comme Nestlé, Kraft,
PepsiCo et Danone dans les environnements alimentaires des pays à faibles et moyens
revenus où la consommation d’aliments malsains atteint et excède dans certains cas le niveau
actuel observé dans les pays à revenus élevés.
De plus, ils mentionnent qu’une grande consommation d’aliments malsains tend à se produire
dans les pays ayant une forte consommation d’alcool et de tabac, suggérant ainsi la présence
d’un ensemble de tactiques communes employées par les industries qui mettent au point des
produits malsains. Dans l’ensemble, les pays en voie de développement où les produits
alimentaires malsains foisonnent ne sont pas uniquement ceux dans lesquels la croissance se
produit le plus rapidement, mais plutôt ceux dans lesquels les systèmes alimentaires sont
fortement pénétrés par les multinationales étrangères.
http://www.plosmedicine.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pmed.1001235
Physical education’s role in public health: Steps forward and backward over 20 years
and HOPE for the future
SALLIS, JAMES F., THOMAS MCKENZIE, MICHAEL W. BEETS, AARON BEIGHLE, HEATHER
ERWIN et SARAH LEE (2012). Research Quarterly for Exercise and Sports, 83(2): 125-135
Cet article est une évaluation de la progression du rôle de l’éducation physique en santé
publique aux États-Unis, à partir d’un article publié par les mêmes auteurs 20 ans auparavant.
La pertinence de cet article repose sur le fait que les auteurs nous indiquent les domaines où
des progrès ont été réalisés et ceux pour lesquels le travail reste à faire.
Par exemple, les auteurs affirment que des progrès ont été effectués quant à la nature et la
qualité des données recueillies dans le domaine de l’éducation physique associée à la santé.
Des progrès non négligeables furent aussi accomplis dans le domaine des recommandations
pour les niveaux d’activité physique. À l’inverse les auteurs soulèvent un manque à gagner au
niveau du système en place qui bénéficierait d’une meilleure cohésion entre les différents
acteurs soit le milieu de l’éducation, les professionnels de la santé publique et les décideurs.
7
L’article paru en 1991 proposait une vision de l’éducation physique à l’école selon laquelle on
devait préparer les jeunes américains à être actifs durant toute leur vie, et ce, tout en leur
faisant faire le plus d’activité physique possible pendant les cours d’éducation physique.
Malheureusement, avec le programme No Child Left Behind (NCLB), les cours d’éducation
physique dans les écoles sont devenus non essentiels dans le curriculum, l’accent étant plutôt
mis sur la réussite scolaire. Les auteurs insistent donc sur l’importance d’augmenter la
présence du programme Health Optimizing Physical Education (HOPE) dans les écoles
américaines.
Les auteurs concluent qu’il serait souhaitable que les milieux de l’éducation et de la santé
publique travaillent ensemble afin d’optimiser la contribution de l’éducation physique à la
santé des jeunes. Selon eux et d’autres auteurs, une présence accrue de cours d’éducation
physique dans les écoles n’est pas incompatible avec de bons résultats scolaires. Évidemment,
il est important de noter que les observations de cette recherche sont faites en fonction du
contexte américain, mais qu’il est tout de même possible que leurs observations puissent être
transférables au contexte canadien.
[Document disponible par l’intermédiaire de votre centre de documentation]
Associations between residential food environment and dietary patterns in urban-
dwelling older adults: results from the VoisiNuAge study
MERCILLE, GENEVIÈVE, LUCIE RICHARD, LISE GAUVIN, YAN KESTENS, BRYNA SHATENSTEIN,
MARK DANIEL et HÉLÈNE PAYETTE (2012), Public Health Nutrition, 1-14
doi :10.1017/S136898001200273X
Peu d’études québécoises ont documenté l’influence du paysage alimentaire d’une
communauté (la disponibilité de divers types de restaurants et de magasins d’alimentation
dans les quartiers) sur l’alimentation des citoyens. Également, les études menées sur le sujet
ailleurs dans le monde ont produit des résultats mixtes. Une exception existe, aux États-Unis,
où plusieurs études semblent témoigner d’une association entre la présence d’un supermarché
dans un quartier de résidence et une alimentation plus équilibrée des citoyens.
L’objectif de l’article de Mercille et autres est d’étudier les associations entre la disponibilité
de certains commerces alimentaires dans le voisinage de personnes âgées de la région
métropolitaine de Montréal et la qualité de leur alimentation. Selon les auteurs, il est
probable qu’un quartier offrant un paysage alimentaire plus intéressant sur le plan nutritionnel
ait un impact favorable sur la qualité de l’alimentation des personnes âgées. Pour répondre à
leur objectif de départ, les auteurs ont fait passer un questionnaire de fréquence alimentaire à
751 personnes âgées de 68 à 84 ans afin d’évaluer leur diète. À l’aide d’un système
d’information géographique, la proportion de restaurants-minute par rapport à l’ensemble des
restaurants disponibles dans les quartiers a été calculée tout comme la proportion de magasins
d’alimentation offrant potentiellement des aliments de bonne qualité nutritionnelle par rapport
à l’ensemble des magasins d’alimentation présents. Le niveau socio-économique des quartiers
a aussi été pris en compte. Les résultats montrent qu’avoir une diète qualifiée de prudente est
inversement associée au pourcentage de restaurants-minute disponibles, mais pas à la
disponibilité de magasins offrant des aliments potentiellement plus sains. Les auteurs
soulignent que la présence massive de restaurants-minute pourrait être un élément influant sur
la qualité de l’alimentation des personnes âgées, et ce, malgré la présence d’alternatives
potentiellement plus intéressantes d’un point de vue nutritionnel. Ils soulignent cependant que
8
l’influence du paysage alimentaire sur l’alimentation est complexe et que les études sur le
sujet doivent se poursuivre.
http://journals.cambridge.org/download.php?file=%2F32768_E6442E30CEC0D456FF94820
85CF561E2_journals__PHN_S136898001200273Xa.pdf&code=5aff238b1620e29def0a6e06
d5ccf9fa&cover=Y
The obesity paradox in the elderly: potential mecanisms and clinical implications
OREOPULOLOS, ANTIGONE, KAMYAR KALANTAR-ZADEH, ARYA M. SHARMA et GREGG C.
FONAROW (2009). Clinical Geriatric Medicine, 25(4) : 643-59, viii
Compte tenu du vieillissement de la population auquel nous assistons au Québec et ailleurs au
Canada, l’obésité chez les personnes âgées est de plus en plus étudiée en santé publique.
Alors que l’obésité est reconnue comme un facteur de risque de morbidité pour la population
générale, les chercheurs sont de plus en plus nombreux à constater un effet apparemment
bénéfique du surpoids sur la survie des personnes âgées, surtout ceux qui sont déjà atteints
d’une maladie chronique (ex. : insuffisance cardiaque). Dans cet article, les auteurs émettent
quelques explications qui sont d’ordres méthodologique et physiologique.
Explications méthodologiques
D’abord, les auteurs soulignent des limites méthodologiques à la base des études cliniques
démontrant un effet protecteur de l’obésité contre la mortalité des personnes âgées. En bref,
on identifie six biais :
i. Biais de mesure : Les limites de l’IMC comme indicateur d’adiposité sont
importantes chez les personnes âgées qui, à valeur égale d’IMC, ont relativement
moins de masse musculaire et plus de tissus adipeux qu’un adulte plus jeune. Ainsi,
une personne âgée ayant un IMC classé « normal » peut souffrir d’un excès
d’adiposité et avoir, en réalité, moins de masse musculaire (un meilleur indicateur de
l’état nutritionnel) qu’une personne âgée classée comme obèse.
ii. Biais de survie : Les personnes obèses qui réussissent à survivre à l’âge avancé ont
probablement d’autres caractéristiques qui les protègent contre les risques de l’obésité.
iii. Biais de délai : Les problèmes chroniques reliés à l’obésité ne se manifestent pas
avant plusieurs années, ce qui met en relief l’importance des études longitudinales
ayant une longue période de suivi, c’est-à-dire de plusieurs années.
iv. Biais de confusion : Dans les études des liens entre le poids et la santé chez les
personnes âgées, il existe de multiples facteurs ayant une influence sur le poids et qui
ne sont pas toujours pris en considération, notamment le tabagisme. Autres facteurs à
considérer : l’état nutritionnel, les comorbidités, le statut socio-économique, etc.
v. Biais de causalité inverse : Les problèmes de santé associés à l’obésité peuvent
induire une perte importante de poids. Cela implique que, chez les personnes âgées, le
groupe de personnes ayant un IMC « normal » est composé de personnes n’ayant
aucun problème de santé et de personnes ayant perdu du poids en lien avec une
maladie sous-jacente.
vi. Effet de cohorte : Les études sur les liens entre l’obésité et la mortalité sont souvent
menées sur des groupes d’âge. Ces groupes représentent des cohortes qui ne sont pas
toujours comparables quant à leurs habitudes de vie, à leurs expositions à divers
9
facteurs environnementaux, à leurs expositions à diverses causes de mortalité (ex. : les
maladies infectieuses), etc.
Explications physiologiques
Il est aussi possible que le surpoids ait réellement un effet protecteur sur la santé physique des
personnes âgées compte tenu des observations suivantes :
Amélioration de la densité osseuse : Un IMC élevé serait associé à une plus grande
densité osseuse qui, avec le tissu adipeux, pourrait donner une protection mécanique
contre les fractures de la hanche lors des chutes.
Réserve énergétique : Les problèmes de malnutrition sont souvent observés chez les
personnes âgées, surtout en état de maladies chroniques. Les réserves énergétiques
apportées par un excès d’adiposité peuvent donc protéger contre un métabolisme
protéique en cas de bilan énergétique négatif.
http://www.mdconsult.com/das/article/body/352816654-
2/jorg=journal&source=&sp=22722494&sid=0/N/726849/1.html?issn=0749-0690
Giving the wrong impression : food and beverage brand impressions delivered to youth
through popular movies
SKATRUD-MICKELSON, MONICA, ANNA M., ADACHI-MEJIA, TODD. A. MACKENZIE. et LISA A.
SUTHERLAND (2012), Journal of Public Health, 34(2): 245-252
Différentes formes de publicité et de marketing destinées aux enfants ont été bien
documentées en ce qui concerne les émissions de télévision. Par ailleurs, des recherches
commencent à attirer l’attention sur le phénomène moins connu du placement publicitaire
dans les films populaires, qui peut aussi rejoindre un nombre considérable de jeunes
consommateurs potentiels. L’article fait état d’une des premières recherches à tenter d’évaluer
l’importance du phénomène. Dans les 20 films ayant cumulé le plus grand nombre d’entrées
aux États-Unis, chaque année, de 1996 à 2005, les chercheurs ont repéré les apparitions
ostensibles de marques d’aliments et boissons et ils ont multiplié chaque apparition par le
nombre de personnes ayant vu le film pour obtenir ce qu’ils ont appelé le nombre
d’expositions (« impressions »). Des 200 films ainsi étudiés, 138 comportaient au moins une
apparition d’aliment, de boisson ou d’une marque reconnaissable. Plus de la moitié des films
étaient classés pour un public d’âge mineur et c’est dans ces films que l’on retrouvait le plus
de placement de produits. Parmi les expositions aux boissons, 84 % concernaient les boissons
sucrées, tandis que les expositions aux aliments appartenaient à la catégorie malbouffe dans
une proportion de 74 %. Fait intéressant, les expositions ont diminué dans les films classés
pour un public de 18 ans et plus, ce qui pourrait indiquer que les publics d’enfants et
d’adolescents sont une priorité pour les annonceurs. Dans les salles de cinéma des États-Unis,
les jeunes sont annuellement l’objet de milliards d’expositions, surtout à des produits de peu
de valeur nutritive. Bien que l’impact réel du placement publicitaire dans les médias demeure
incertain, les chercheurs suggèrent qu’à long terme le phénomène risque de contribuer à la
prévalence croissante de l’obésité juvénile.
http://dx.doi.org/10.1093/pubmed/fdr089
10
Weighty subjects: the biopolitics of the U.S. war on fat
GREENHALGH, SUSAN (2012), American Ethnologist, 39(3):471–487
Au Québec, l’approche de santé publique de la lutte contre l’obésité met l’accent sur la
transformation des environnements, mais on ne sait pas exactement comment cette orientation
est perçue dans la population. Aux États-Unis, il semble que l’approche dominante tend à
tenir plus responsables les individus. Cet article constitue une critique virulente de la lutte
contre l’obésité menée par les autorités de santé publique des États-Unis, en particulier de son
impact auprès de la jeunesse du sud de la Californie. Selon l’auteure, les campagnes menées
contre l’obésité seraient loin d’atteindre leur objectif d’améliorer la santé des jeunes. Ce qui
est qualifié dans l’article de « guerre contre le gras » créerait plutôt un nouveau problème en
suscitant une augmentation du nombre de personnes obsédées par leur poids, quel que soit
leur indice de masse corporelle. Cette obsession à l’égard du poids causerait chez certains
jeunes d’intenses souffrances socioémotionnelles. Des pratiques visant la perte de poids et
faisant fi des principes de base de la nutrition mettraient aussi en danger la santé des jeunes.
L’étude utilise la méthode de l’essai autobiographique et s’appuie sur 300 témoignages de
jeunes au début de la vingtaine. Les cas exposés illustrent concrètement comment le discours
biopolitique sur l’obésité accentue les effets négatifs du culte de la minceur, présent depuis
longtemps dans la culture américaine. Les témoignages montrent que des vexations vécues
dans l’enfance ou l’adolescence, en lien avec l’image corporelle, peuvent nuire à l’estime de
soi jusqu’à l’âge adulte. Certains individus seraient plus résilients par rapport à ces situations.
D’autres, surtout des femmes, verraient leur vie entière hypothéquée par l’échec de leur
combat perpétuel pour atteindre l’inatteignable. L’article se termine en mettant en cause
l’idéologie du libre arbitre et le pouvoir de lobbying de l’industrie aux États-Unis.
http://dx.doi.org/10.1111/j.1548-1425.2012.01375.x
Shaping cities for health: complexity and the planning of urban environments in the 21st
century
RYDIN, YVONNE, ANA BLEAHU, MICHAEL DAVIES, JULIO D DAVILA, SHARON FRIEL,
GIOVANNI DE GRANDIS, NORA GROCE, PEDRO C HALLAL, IAN HAMILTON, PHILIPPA HOWDEN-
CHAPMAN, KA-MAN LAI, CJ LIM, JULIANA MARTINS, DAVID OSRIN, IAN RIDLEY, IAN SCOTT,
MYFANWY TAYLOR, PAUL WILKINSON et JAMES WILSON (juin 2012), The Lancet, [en ligne],
379(9831): 2079-2108
Cet article présente un résumé des travaux de la « Lancet Commission » sur l’impact des
caractéristiques de l’environnement urbain sur la santé des populations. Les résultats des
travaux de cette commission montrent que les villes sont des systèmes complexes et que la
santé des populations est la résultante d’un processus complexe d’interactions entre les
caractéristiques de l’environnement bâti et la santé.
Selon les analyses de la Commission, les populations urbaines à travers le monde sont plus
avantagées en matière de santé que les populations rurales. Il persiste, cependant,
d’importantes inégalités sociales de santé en milieu urbain. Selon les résultats obtenus, il
devient essentiel de revoir la planification des milieux urbains afin de favoriser la création
d’environnements favorables à la santé et répondre à la complexité de ces milieux. Pour ce
faire, un dialogue devra être entrepris entre les différents acteurs de la planification urbaine,
les décideurs et les autorités de santé publique. Pour arriver à ces constats, la Commission a
passé en revue l’histoire du mouvement des Villes et Villages en santé (Healthy Cities) en
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montrant la complexité de l’équilibre entre les différents éléments composant la ville et la
santé de la population. Par la suite, pour montrer la complexité de l’interaction entre les
caractéristiques de l’environnement bâti et la santé, la Commission à analyser différentes
interventions portant sur la gestion des eaux potables et des eaux usées; la mobilité urbaine;
les normes du bâtiment et la qualité de l’air intérieure; les îlots de chaleur et l’agriculture
urbaine (voir figure 1 ci-dessous).
Afin d’étudier ces cas, la Commission a utilisé l’approche systémique, un champ disciplinaire
lié à l’étude d’objets complexes comme les milieux urbains. Concernant la mobilité urbaine,
une revue de littérature montre les liens entre les caractéristiques de l’environnement bâti et
l’activité physique. La principale limite des études recensées est la nature transversale de ces
dernières. En effet, il y a peu d’études prospectives dans ce domaine et il est difficile de
mesurer les impacts des interventions sur la pratique de l’activité physique.
La Commission s’est aussi penchée sur les liens entre l’environnement bâti et les limitations
d’activité. L’étude de cas pour les liens entre l’environnement bâti et la pratique d’activité
physique provient de la capitale nationale de la Colombie, Bogota. Bogota est un exemple où
l’environnement bâti a été transformé afin de réduire la dépendance à l’auto et de favoriser la
pratique d’activité physique chez la population. Les résultats des interventions à Bogota sont
mitigés. En effet, la pratique du vélo et de la marche comme moyen de transport reste
marginale et une proportion importante de la population est toujours considérée comme
sédentaire.
Un deuxième panel de la commission s’est quant à lui penché sur l’agriculture urbaine. Selon
les travaux de la Commission, l’agriculture urbaine a fait l’objet de peu d’attention de la part
des planificateurs urbains malgré le faible accès à une saine alimentation dans certains
quartiers pauvres. Pourtant, plusieurs études ont montré les bénéfices liés à la pratique de
l’agriculture en milieu urbain (activité physique, estime de soi pour les jeunes, éducation,
amélioration de la santé). Durant les dernières années, plusieurs projets d’agriculture urbaine
dans les pays développés ont vu le jour. Les auteurs citent comme exemple celui des autorités
de la ville de Détroit aux États-Unis où l’on exploite des terrains devenus vacants en réponse
à la crise économique afin de les transformer en espaces dédiés à l’agriculture.
L’analyse des cas étudiés permet aux auteurs de suggérer certaines recommandations sur la
planification urbaine et de son impact sur la santé. La première recommandation vise les
autorités responsables de la planification urbaine qui devraient toujours prendre en compte
dans leurs interventions les inégalités sociales de santé et les impacts possibles de ces
interventions sur la santé, et ce, dans une perspective de complexité. La deuxième
recommandation est l’établissement d’un partenariat entre les autorités de santé publique et
les responsables liés à la planification urbaine. Finalement, pour chaque intervention il faut
établir un processus d’évaluation à l’aide d’indicateurs pertinents.
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Figure 1 : Liens entre environnement bâti et santé (tiré de l’article)
http://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(12)60435-8