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Henri Cartier-Bresson .1arts visuels // la photographie

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22 août 1908, Chanteloup-en-Brie - 3 août 2004, Montjustin

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Le XXe siècle a été celui de l’image. Henri Cartier-Bresson, photographe, né en 1908, est l’œil d’un siècle. Raconter sa vie décrypter son œuvre, c’est d’abord écrire l’histoire d’un regard. En déambulant dans son siècle, le regard de ce promeneur lucide a saisi la fascination de l’Afrique des années 1920, croisé les destins tragiques des républicains espagnols, accompagné la Libération de Paris, capté la lassitude de Gandhi quelques heures avant son assassinat et témoigné de la victoire des communistes chinois. Henri Cartier-Bresson fut aussi l’assistant de Jean Renoir pour trois films majeurs – un artiste qui se veut artisan et qui fonde néanmoins Magnum, la plus prestigieuse des agences de photo. C’est encore celui qui a fixé les traits de ses contemporains, Mauriac en lévitation mystique, Giacometti, Sartre, Faulkner ou Camus, et tant d’autres saisis à l’instant décisif, autant de portraits pour l’éternité. 

Pierre Assouline, Henri Cartier-Bresson, l’œil du siècle, aux éditions Folio / Gallimard.

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« Ne jamais utiliser le flash : c’est tirer au pistolet au milieu d’un concert »

« Pour appliquer le rapport de la section d’or, le compas du photographe ne peut être que dans son œil »

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L’appareil photographique est pour moi un carnet de croquis, l’instrument de l’intuition et de la spontanéité, le maître de l’instant qui, en termes visuels, questionne et décide à la fois. Pour «signifier» le monde, il faut se sentir impliqué dans ce que l’on découpe à travers le viseur. Cette attitude exige de la concentration, de la sensibilité, un sens de la géométrie. C’est par une économie de moyens et surtout un oubli de soi-même que l’on arrive. à la simplicité d’expression.

Photographier : c’est retenir son souffle quand toutes nos facultés convergent pour capter la réalité fuyante ; c’est alors que la saisie d’une image est une grande joie physique et intellectuelle.

Photographier : c’est dans un même instant et en une fraction de seconde reconnaître un fait et l’organisation rigoureuse de formes perçues visuellement qui expriment et signifient ce fait.

C’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur. C’est une façon de vivre. 

Le premier Leica de Henri Cartier-Bresson

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Une œuvre à la loupe

Des images emblématiques des congés payés En 1936, une coalition des partis de gauche arrive au pouvoir, c’est le Front Populaire. Sous la présidence du conseil de Léon Blum, de nombreuses réformes sociales voient le jour : augmentation des salaires, semaine de 40 heures, congés payés. Les bords de Seine et de Marne deviennent des « eldorados ». Avec cette photographie, Henri Cartier-Bresson crée une image emblématique, tout en évoquant Une partie de campagne, fi lm-hommage de Jean Renoir à son père et à l’impressionnisme. On est en pleine nature. « Mais moi, s’écrie-t-il, je m’occupe presque uniquement de l’homme. Je vais au plus pressé. Les paysages ont l’éternité. »16 L’image est en plongée (vue d’en-dessus / contre-plongée : vue d’en-dessous), réalisée à l’insu des uns et des autres. Nous voilà un peu voyeurs à la faveur d’un rideau d’arbres entrouvert. On est dans un temps mis entre parenthèses, le temps des congés payés. Au premier plan, un couple dans l’intimité est allongé à l’ombre d’un saule assez touffu pour cacher la Seine, ce qui donne d’autant plus de présence aux baigneuses en plein soleil, au second plan (volontairement décentré). À la manière de Jean Renoir, il joue de la profondeur de champ pour théâtraliser l’image en créant des oppositions. C’est plus flagrant encore dans Dimanche sur les bords de Seine de 1938, où, dans le dos de ses proches, un homme se verse un petit coup de rouge… tandis qu’un léger esquif contrebalance, dans l’image, l’embonpoint des uns et des autres. Contrebalancement qui se remarque aussi dans la photo réalisée à Trafalgar Square, lors du couronnement de George VI (Couronnement de George VI, Trafalgar Square, Londres, Angleterre, 12 mai 1937). Au bas de gradins sur lesquels s’érigent des spectateurs attentifs, s’affiche un homme allongé au sol dans un fatras de journaux,… plus qu’endormi. Envoyé spécial à Londres pour couvrir l’événement, Henri Cartier-Bresson donne ainsi plus de poids au peuple qu’à la cérémonie proprement dite. Il ne la photographie quasiment pas. Privilégiant le contre-champ, le point de vue s’avère éminemment politique.

Source : Dossier pédagogique du centre Pompidou

Henri Cartier-Bresson Premiers congés payés, bords de Seine

1936

Henri Cartier-Bresson Un dimanche sur les bords de la Seine

1938Henri Cartier-Bresson

Couronnement de George VI, Londres, 1937

La photographie fige les êtres et les choses, suspend le temps ; par la composition, on peut néanmoins tout redynamiser. Henri Cartier-Bresson va jouer de ce mariage des contraires pour créer, selon la formule d’André Breton, une explosante-fixe. La photographie s’étant faite à l’instant décisif, se crée là comme un suspense. « L’instant décisif » est un mot-clé de la légende d’Henri Cartier-Bresson qu’il emprunte au Cardinal de Retz. « Il n’y a rien en ce monde, dit celui-ci, qui n’ait un moment décisif. » Chez Henri Cartier-Bresson, c’est rarement le moment où s’accomplit l’événement : c’est plutôt l’instant qui précède et qui contient en germe l’événement lui-même, qui donne aux « regardeurs » que nous sommes la possibilité, parfois amusée, d’anticiper. Il va se passer quelque chose : le photographe en a eu l’intuition.

L’instant décisif n’est cependant pas seulement lié à l’événement. C’est plus profond. Il correspond, selon Henri Cartier-Bresson, à la « reconnaissance simultanée, dans une fraction de seconde, d’une part de la signification d’un fait, et de l’autre d’une organisation rigoureuse des formes perçues visuellement qui expriment ce fait », d’où le génie de cette photographie où tout s’harmonise.

Jour de soleil voilé par les fumées, depuis une échelle posée à plat, un homme en chapeau enjambe le miroir d’une flaque. Le talon pointu de sa chaussure est sur le point de rencontrer son propre reflet. Au vu du vacillement encore de l’échelle, on peut s’attendre à des ronds dans l’eau, répondant à ces arceaux de barriques abandonnés au devant. À l’aplomb de la pendule de la gare, il y a deux affiches d’une enjambée dansée et stylisée. À côté, sur la palissade, tout autant dédoublé, le nom de Railowsky, musicien (du rail ?), orchestre (qui sait ?) cet instant sacralisé où tout se répond en harmonie… La la la ! est-il écrit en bout de grille !

Source : Dossier pédagogique du centre Pompidou

Henri Cartier-Bresson Derrière la gare St Lazare

1932

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2016La banque d’images

Henri Cartier-Bresson Couronnement de George VI, Londres, 1937

Henri Cartier-Bresson Couronnement de George VI, Londres, 1937

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Henri Cartier-Bresson Un dimanche sur les bords de la Seine

1938

Henri Cartier-Bresson Un dimanche sur les bords de la Marne

1936

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Henri Cartier-Bresson Harlem, New York

1947

Henri Cartier-Bresson Course de chevaux, Irlande

1952

Henri Cartier-Bresson Rome 1952

Henri Cartier-Bresson Les pèlerins en provenance des kolkhozes, célébrant Saint George

1972 Monastère Alaverdi

Géorgie

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Henri Cartier-Bresson L’écluse à Bougival

1955

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Bibliographie

Images à la sauvette (The Decisive Moment en version américaine) est l’un des plus grands livres de photographies jamais publié. Sorti en 1952 aux éditions Verve, à l’initiative de Tériade, il regroupe les photographies réalisées par Henri Cartier-Bresson durant les vingt premières années de sa carrière. C’est, en 1952, une monographie du meilleur de  l’oeuvre d’Henri Cartier-Bresson, publiée chez un éditeur d’art, avec une couverture originale de Matisse.C’est aussi une large présentation de son art, où est forgée cette notion de « moment décisif » qui donnera son titre à  l’édition américaine de l’ouvrage : le moment où tous les éléments s’assemblent pour produire une image, non pas le  sommet d’une action, mais un sommet émotionnel et formel, comme l’illustre la célèbre photographie d’un homme sautant au-dessus d’une flaque sur le pont de l’Europe avec en fond la gare St Lazare. Ce l ivre demeure une référence incontournable pour un grand nombre de photographes.

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