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Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Vendredi 27 septembre 2013 Ensemble intercontemporain Dans le cadre du cycle Rêves du 17 au 29 septembre Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr Ensemble intercontemporain | Vendredi 27 septembre 2013

Vendredi 27 septembre 2013 Ensemble intercontemporain …content.citedelamusique.fr/pdf/note_programme/np_13124.pdf · 2013. 9. 19. · why suffering is our condition. And how we

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Roch-Olivier Maistre,Président du Conseil d’administrationLaurent Bayle,Directeur général

Vendredi 27 septembre 2013Ensemble intercontemporain

Dans le cadre du cycle Rêves du 17 au 29 septembre

Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse

suivante : www.citedelamusique.fr

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Les songes de Sylvia Plath, l’imaginaire de Couperin, la vision wagnérienne de Jonathan Harvey… Dans les rêves, tous les artifices semblent naturels.

« À la lumière de quelques bougies, sur un écran rond comme la lune suspendu au-dessus du clavecin, défilent des vignettes peintes à la main dans un dialogue libre et rêveur avec les pièces de François Couperin. » C’est ainsi que Louise Moaty résume le spectacle pour lanterne magique qu’elle a conçu avec la complicité du claveciniste Bertrand Cuiller. Elle a peint elle-même les images sur les plaques de verre qu’elle manipule, créant une féérie d’effets – des cascades d’eau, le soleil qui perce à travers les nuages… – tandis que l’on écoute des pièces évocatrices de Couperin (L’Amphibie, Les Ombres errantes, Les Tours de passe-passe…), de Pancrace Royer (La Marche des Scythes) ou de Rameau (Les Tendres Plaintes).

Jonathan Harvey, disparu en 2012, avait tiré deux interludes et une scène de son opéra Wagner Dream, créé en 2007 sur un livret de Jean-Claude Carrière. L’œuvre évoque la mort de Wagner, à Venise, victime d’une crise cardiaque tandis qu’il se souvient des Vainqueurs, un projet lyrique abandonné sur l’amour entre l’intouchable jeune fille Prakriti et le moine Ananda. Le premier interlude, comme l’expliquait Harvey, relate « le voyage qu’entreprend l’esprit de Wagner ». La scène qui suit se compose d’un air narratif chanté par Ananda et d’une ballade chantée par Prakriti. Le second interlude, enfin, prend la forme d’une danse lente au cours de laquelle les deux personnages s’attirent sans jamais se toucher. À ce singulier rêve wagnérien répond une création de Matthias Pintscher intitulée Bereshit, comme le premier mot de la Genèse, qui signifie « commencement ».

Sonia Wieder-Atherton joue Benjamin Britten. Charlotte Rampling prête les subtilités de sa voix aux poèmes de l’écrivaine américaine Sylvia Plath, qui mit tragiquement fin à ses jours en 1963. L’écriture de Plath, d’une force rarement égalée dans l’histoire de la littérature, fait ressortir les aspérités qui habitent le lyrisme des pages de Britten. Comme si la musique se mettait à rêver à voix haute, au fil de la plume de celle qui, dans sa nouvelle de 1958 intitulée Johnny Panic and the Bible of Dreams, se décrivait ainsi : « Chaque jour, de neuf heures à cinq heures, je suis assise à mon bureau […] et je dactylographie les rêves des autres. »

Cycle Rêves

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MARDI 17 SEPTEMBRE – 20H

La Lanterne magique de M. Couperin

Musique de Michel Corrette, François Couperin, Jean-Philippe Rameau et Joseph-Nicolas Pancrace Royer

Bertrand Cuiller, clavecinLouise Moaty, projections

VENDREDI 27 SEPTEMBRE – 20H

Anton Webern/Johann Sebastian BachFuga (Ricercata) – extrait de L’Offrande MusicaleJonathan HarveyTwo Interludes and a Scene for an OperaBernd Alois ZimmermannSonate pour violoncelleMatthias PintscherBereshit

Ensemble intercontemporainMatthias Pintscher, directionClaire Booth, sopranoGordon Gietz, ténorPierre Strauch, violoncelleCarl Faia, Gilbert Nouno, réalisation informatique musicale Ircam

Avant-concert à 19h à l’Amphithéâtre.

DIMANCHE 29 SEPTEMBRE – 16H30

Danses nocturnes

Textes de Sylvia Plath

Musique de Benjamin Britten

Charlotte Rampling, voixSonia Wieder-Atherton, violoncelle

DU MARDI 17 AU DIMAnCHE 29 SEPTEMBRE

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VENDREDI 27 SEPTEMBRE 2013 – 20HSalle des concerts

Johann Sebastian Bach/Anton WebernFuga (ricercata) a 6 voci – extrait de L’Offrande musicale BWV 1079

Jonathan HarveyTwo Interludes and a Scene for an Opera*

entracte

Bernd Alois ZimmermannSonate pour violoncelle seul

Matthias PintscherBereshitCommande de l’Ensemble intercontemporain et du Saint Paul Chamber Orchestra – Création française

Claire Booth, sopranoGordon Gietz, ténorPierre Strauch, violoncelleEnsemble intercontemporainMatthias Pintscher, direction

* Réalisation informatique musicale Ircam : Gilbert Nouno et Carl FaiaIngénieur du son Ircam : Franck Rossi

Concert diffusé le 14 octobre à 20h sur France Musique.

Coproduction Cité de la musique, Ensemble intercontemporain, en partenariat avec l’Ircam - Centre Pompidou.

Fin du concert vers 22h.

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Johann Sebastian Bach (1685-1750)/Anton Webern (1883-1945)Fuga (ricercata) a 6 voci – extrait de L’Offrande musicale BWV 1079

Composition : original de Bach, mai-juillet 1747 ; transcription de Webern, décembre 1934-février 1935.

Dédicace : Edward Clark.

Création : le 25 avril 1935 à Londres par l’Orchestre de la BBC sous la direction du compositeur.

Effectif : flûte, hautbois, cor anglais, clarinette, clarinette basse, basson, cor, trompette, trombone, timbales, harpe,

cordes.

Durée : environ 7 minutes.

Au même titre que les Variations Goldberg ou L’Art de la fugue, deux œuvres qui la suivent et la précèdent et qui, comme elle, célèbrent la géniale invention contrapuntique, L’Offrande musicale BWV 1079 constitue un des chefs-d’œuvre de la fin de la vie de Bach. Particulièrement reconnaissable, notamment grâce à l’arpège initial et la longue descente chromatique centrale, le « thème royal », soumis à Bach par Frédéric II de Prusse lors de leur rencontre le 7 mai 1747, donne lieu à une extraordinaire diversité de réalisations, depuis le canon à deux voix jusqu’à la sonate en trio, en passant par la fugue et le ricercar – la fuga ricercata constituant la forme la plus complexe et la plus aboutie de l’écriture contrapuntique. C’est sans doute la raison pour laquelle Webern choisit de transcrire ce ricercar à six voix, ou plus précisément d’en livrer une analyse en musique, un commentaire proprement musical. En effet, la mélodie de timbres, ou Klangfarbenmelodie (principe qui consiste à attribuer à différents instruments, différents timbres, les notes d’un thème ou d’une mélodie), permet au transcripteur de mettre en valeur tel intervalle, tel motif, telle dissonance – sans jamais rompre la fluidité ni la souplesse de la musique de Bach. Comme l’écrit Webern au chef d’orchestre Hermann Scherchen : « Mon instrumentation essaye de mettre à nu les relations motiviques. Cela n’a pas toujours été facile. Naturellement, elle veut, au-delà, montrer comment je sens le caractère du morceau, de cette musique ! (...) Rien ne doit être mis à l’arrière-plan ! Pas même le plus minime son de trompette bouchée ne doit être perdu. Tout est essentiel dans cette œuvre et dans cette transcription. » Cette volonté de rendre clairs et compréhensibles la forme et le discours musicaux est aussi inscrite dans l’utilisation de la technique dodécaphonique, exploitée magistralement dans les propres œuvres de Webern au cœur des années 1930 et qui se voit irriguée par le style contrapuntique de Bach dont la modernité est à nouveau révélée ici.

Grégoire Tosser

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Jonathan Harvey (1939-2012)Two Interludes and a Scene for an Opera

Composition : 2005.

Commande : Two Interludes a initialement été commandé par l’ensemble Sinfonia 21 avec le soutien de la Fondation

Gulbenkian, puis par le London Sinfonietta avec le soutien du Arts Council England ; Scene (et le reste de l’opéra

Wagner Dream) a été commandé par l’Ircam- Centre Pompidou, le nederlandse Opera, le Grand Théâtre de

Luxembourg et le Holland Festival.

Réalisation informatique musicale Ircam : Gilbert nouno et Carl Faia.

Création : le 25 mars 2006 à Paris, Centre Pompidou, par l’Ensemble intercontemporain pour Scene, le 17 mars 2004

à Londres, au Queen Elizabeth Hall, par le London Sinfonietta et Martyn Brabbins, pour Two Interludes.

Effectif : soprano solo, ténor solo, flûte/flûte piccolo/flûte en sol, hautbois, clarinette en si bémol/clarinette en la,

clarinette en la/clarinette basse/clarinette en si bémol, basson/contrebasson, cor, trompette/bâton de pluie, trombone,

tuba, 2 percussions, clavier numérique, harpe, 4 violons, 2 altos, 2 violoncelles, contrebasse.

Éditeur : Faber.

Durée : environ 30 minutes.

Mon travail sur Wagner Dream, qui évoque l’instant de la mort du compositeur, a précisément commencé par l’écriture de ces deux Interludes. C’est un instant chargé de réflexions sur Bouddha et sur l’opéra que Wagner projetait de composer sur la superbe légende de Prakriti, l’humble paysanne, et d’Ananda, le cousin et disciple du Bouddha Shakyamuni. Wagner rédigeait un texte sur cette légende lorsqu’il a été foudroyé. Le premier Interlude évoque la crise cardiaque qui l’a frappé et le voyage de son esprit immédiatement après, à travers l’Esprit clair et les « mille tonnerres ». Dans le bouddhisme, l’état dans lequel se trouve l’esprit au moment de la mort détermine l’existence future.

La Scène apparait plus tard dans l’opéra et est reprise du drame des Vainqueurs, le projet de légende bouddhiste sur lequel Wagner travaillait. C’est un moment « classique », une déclaration formelle des deux personnages principaux. On y entend une aria narrative d’Ananda et une ballade de Prakriti qui lui répond. Partant de cet élément formel, le drame (filtré par l’imagination de Wagner à l’article de la mort) suit les aventures de l’esprit inconscient. Mais avant cela, le second Interlude exprime le désir d’amour, et de transcendance par l’amour, que Prakriti commence à manifester. Cette page est une lente danse de séduction entre les deux personnages, qui ne se touchent pourtant jamais. La Scène mène directement et sans interruption au second Interlude, pour lequel j’utilise un important dispositif électronique en direct et des sons enregistrés. Chaque instrument peut faire l’objet d’un traitement électronique, que ce soit individuellement, de manière polyphonique ou en groupes. Carl Faia a assuré la programmation de l’informatique musicale de Two Interludes.

Un concours financier a été généreusement apporté par la Fondation Gulbenkian et l’Arts Council d’Angleterre pour les recherches en matière de traitements électroniques. Les Interludes ont été composés à l’invitation du London Sinfonietta. L’électronique de la Scène (et du reste de l’opéra) a fait l’objet d’une commande conjointe de l’Ircam, du nederlandse Opera et du Grand Théâtre de Luxembourg. Gilbert nouno est le réalisateur en informatique musicale de ce travail gigantesque.

Jonathan Harvey

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Jonathan Harvey Two Interludes and a Scene for an Opera

PrakritiAre you really a noble man?

Anandanot any more.

PrakritiWhat do you mean?

AnandaI’ve left these words behind. They don’t mean anything to me now.

PrakritiBut you’re a cousin of Prince Siddartha?

AnandaYes. And, as you see, one of his followers.

PrakritiTell me about him.

AnandaWhat do you want to know?

PrakritiWhy he is called the Buddha. The awakened one.

AnandaBecause he left his palace by the water, a long time ago. He wanted to know why we suffer. He wanted to know why suffering is our condition. And how we could be saved from it. He asked many people, he visited many places, he retired to the forests. Until one day he awakened. He understood everything. He understood why suffering is our condition. He understood why we suffer. He understood how we could be freed. And he started walking, going everywhere preaching. I followed him.

PrakritiThen why do the brahmins reject him?

PrakritiÊtes-vous vraiment un noble ?

AnandaPlus maintenant

PrakritiQue voulez-vous dire ?

AnandaJ’ai laissé ces titres derrière moi. Ils ne signifient plus rien pour moi à présent.

PrakritiMais vous êtes bien un cousin du Prince Siddhârta ?

AnandaOui. Et comme vous pouvez le voir, un de ses disciples.

PrakritiParlez-moi de lui.

AnandaQue voulez-vous savoir ?

PrakritiPourquoi l’appelle-t-on Bouddha. L’être éveillé.

AnandaCar il a quitté son palais au bord de l’eau, il y a fort longtemps. Il voulait découvrir pourquoi nous souffrons. Il voulait comprendre pourquoi la condition humaine est de souffrir, et comment nous en libérer. Il a interrogé beaucoup de monde, visité de multiples régions, s’est retiré dans des forêts. Jusqu’à ce qu’un jour, il s’éveille. Il comprit tout. Il comprit pourquoi la souffrance est notre condition. Il comprit pourquoi nous souffrons et comment nous libérer. Alors, il a commencé à marcher, à pêcher un peu partout. Et je l’ai suivi.

PrakritiAlors, pourquoi les brahmanes le rejettent-ils ?

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AnandaBecause he tells the truth.

PrakritiHow is your life?

AnandaWe go chanting, begging, meditating.

PrakritiWhy do you meditate? About what?

AnandaWe try to overcome our desires and hatreds.

PrakritiYou have desires?

AnandaSome.

PrakritiWhich desires? Tell me!

Ananda hesitates then says:

AnandaMy cousin says I’m too fond of women. And it’s a weakness, he says.

PrakritiWhy is it a weakness?

Instead of answering her question, Ananda says:

AnandaWhat about you? What do you expect from life?

As an answer, she sings a ballad:

BalladShe met an old man on her wayHe asked her: where are you going?She said: I’m looking for a princeDon’t waste your time, said the old man.

AnandaParce qu’il enseigne la Vérité.

PrakritiEt quelle est votre vie ?

Anandanous chantons, nous mendions, nous méditons.

PrakritiPourquoi méditez-vous ? À propos de quoi ?

Anandanous essayons de vaincre nos désirs et nos animosités.

PrakritiVous avez des désirs ?

AnandaQuelques-uns.

PrakritiQuels désirs ? Racontez-moi !

Ananda hésite puis déclare :

AnandaMon cousin dit que j’aime trop les femmes. Il dit aussi que c’est une faiblesse.

PrakritiPourquoi est-ce une faiblesse ?

Au lieu de répondre à sa question, Ananda demande :

AnandaEt toi ? Qu’attends-tu de la vie ?

En réponse, elle se met à chanter une ballade :

BalladeElle rencontra un vieil homme sur son cheminIl lui demanda : où allez-vous ?Elle répondit : je cherche un princene perdez pas votre temps, dit le vieil homme.

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When she came back, night had fallenThe old man asked: did you find him?no, she said, and now I am lateDon’t waste your time, said the old man.

next day the old man still was thereBegging his life as the girl cameShe said to him: I must hurryDon’t waste your time, said the old man.

When she came back she was exhaustedShe was sobbing and desperateShe saw the old man in the darkAnd she sat next to him in tears.

Don’t cry, he said, look at my faceHe was radiant and beautifulShe said in surprise: Who are you?Does it matter? He answered.

She said to him: how could I knowThat you were so close to me?He said to her: how could I knowThat you were looking for me?

At the end of the song, Prakriti has tears in her eyes.

Ananda asks her:

AnandaWhy do you look so sad? Why do you have tears in your eyes? Why did you choose that song?

She doesn’t answer.

They keep quiet and look at each other for a moment. They’re falling in love. They almost embrace. Their movements are a slow, silent and erotic dance of attraction, but they don’t touch each other.

At the back Lord BUDDHA appears, unseen by Ananda.

Quand elle passa de nouveau, la nuit était tombée.Le vieil homme demanda : l’avez-vous trouvé ?non, répondit-elle, et maintenant je suis en retardne perdez pas votre temps, dit le vieil homme.

Le jour suivant, le vieil homme était toujours làMendiant sa vie, quand la jeune fille arrivaElle lui dit : Je dois me dépêcherne perdez pas votre temps, dit le vieil homme.

Quand elle revint, elle était épuisée.Elle était en sanglots et désespéréeElle vit le vieil homme dans la pénombreEt elle s’assit près de lui, tout en pleurs.

ne pleurez pas, dit-il, regardez-moiSon visage était rayonnant et magnifiqueÉtonnée, elle demanda : Qui êtes-vous ?Quelle importance ? Répondit-il.

Elle lui dit : comment pouvais-je savoirQue vous étiez si près de moi ?Il lui dit : comment pouvais-je savoirQue vous étiez à ma recherche ?

À la fin de la chanson, Prakriti a les larmes aux yeux.

Ananda lui demande :

AnandaPourquoi avez-vous l’air si triste ? Pourquoi vos yeux sont-ils noyés de larmes ? Pourquoi avoir choisi cette chanson ?

Elle ne répond pas.

Ils demeurent silencieux, s’observent pendant un moment. L’amour s’éveille, ils s’embrassent presque. Leurs mouvements sont lents, danse silencieuse et érotique de l’attraction, mais ils ne se touchent pas.

En arrière-plan, le Bouddha apparaît. Ananda ne le voit pas.

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Bernd Alois Zimmermann (1918-1970)Sonate pour violoncelle seul – … et suis spatiis transeunt universa sub caelo (L’Ecclésiaste III, 1)

Rappresentazione

Fase

Tropi

Spazi

Versetto

Composition : 1960.

Dédicace : « à ma femme ».

Création : le 23 avril 1960 à Stuttgart par Siegfried Palm.

Effectif : violoncelle seul.

Éditeur : Modern.

Durée : environ 14 minutes.

Bernd Alois Zimmermann fut un lecteur assidu de L’Ecclésiaste, livre biblique auquel il emprunta dans maintes œuvres et dont le troisième chapitre est une splendide méditation sur le temps. Là se déclinent le temps de la chronologie, à l’image de l’irréversibilité de nos existences, qui nous mène inexorablement vers la mort, mais aussi le cycle des événements, incessamment recommencés, comme les saisons ou l’alternance du jour et de la nuit, et un autre temps, éthique, celui la courbure, par lequel nous atteignons l’existence vertueuse et discernons le bien et le mal. « Il y a un moment pour tout ». Et la Bible d’ajouter : « Un temps pour toute chose sous le ciel ». Selon la traduction allemande de Luther, tout projet, tout dessein, toute intention a « son heure », son moment favorable, tandis que la Vulgate latine, par une périphrase que la Sonate pour violoncelle de Zimmermann porte en exergue, insiste sur le caractère transitoire de ce qui est ici-bas, le passage, la traversée par des étendues, des distances, des espaces, des intervalles, mais aussi des durées ou des laps de temps propres.

Ce que Zimmermann a admirablement perçu et traduit dans les cinq mouvements de l’œuvre (Rappresentazione, Fase, Tropi, Spazi et Versetto), divisés en brefs fragments ou tesselles de sons, c’est une telle multiplicité du temps : « Rêves, pensées et réalités apparaissent et alternent avec les souvenirs, les attentes et l’irréalité », écrit-il de sa Sonate. Mais cette multiplicité, que cisèlent les modes de jeu, les timbres, les densités et les strates de la polyphonie, hautement différenciés, tend à un dépassement : « Phases, couches et espace seront rassemblés dans l’unité du flux temporel de la perception et simultanément déployés dans cette même unité ». Il en résulte une insistance sur le présent, qui ne se tient pas seulement entre passé et futur, mais recueille la totalité des relations de l’œuvre, le souvenir de ce que l’on vient d’entendre et l’attente de ce qui, bientôt, suivra. À cette condition, chère à Zimmermann, qui la puise à la source de L’Ecclésiaste et de philosophes modernes, le temps est l’horizon de l’être : le temps tel qu’il se constitue dans la conscience – la conscience que nous en avons –, mais aussi notre conscience, à chacun de nous, en tant qu’elle est temporelle.

Laurent Feneyrou

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Matthias Pintscher (1971)Bereshit

Composition : 2011-2013

Commande : Ensemble intercontemporain et Saint Paul Chamber Orchestra.

Création : le 24 mai 2013 à Saint Paul, Ordway Theater, par le Chamber Orchestra sous la direction de Matthias

Pintscher.

Effectif : flûte/flûte piccolo, flûte en sol/flûte, hautbois, cor anglais, clarinette, clarinette basse, clarinette contrebasse,

basson, contrebasson, 2 cors, 2 trompettes, 2 trombones, 3 percussions, piano, harpe, 3 violons, 2 altos, 2 violoncelles,

contrebasse à 5 cordes.

Éditeur : Bärenreiter.

Durée : environ 31 minutes.

Bereshit traite de la naissance des choses, de l’acte créateur et de son inconcevabilité. « À un commencement… » renvoie au mythe biblique de la création : « Bereshit » est le premier mot de la Torah, de l’Ancien Testament. Ce mot parle d’un à peu près, d’« un » commencement – et non « du » commencement –, d’une césure. C’est le point de départ de l’œuvre de Matthias Pintscher pour grand ensemble : « Bereshit naît d’une sonorité initiale comme du néant absolu, d’un son qui se réduit à des bruits exclusivement percussifs à partir desquels des éléments se détachent et se densifient. C’est une pièce très végétative dont le matériau est traité pour ainsi dire chronologiquement : il se révèle lentement. L’idée de l’œuvre est de dégager à partir d’un état sonore originel toute une série de sons, de gestes, de rythmes, d’orchestrations. »

Cette représentation authentique d’un processus devient ici un véritable programme : « Ce sont les sonorités et les couleurs fluides qui m’intéressent, l’idée d’un timbre en perspective. Il est question dans cette pièce de ce grand fleuve, d’un continuum de sonorités et d’événements qui se transforme constamment en grandissant. Ce n’est que progressivement que les choses se stabilisent, que se produisent des événements solistes. Bereshit poursuit ce que j’ai développé ces dernières années dans le domaine du timbre. Dans la conception sonore et par son effet spatial, cette pièce va bien au-delà des dimensions de musique de chambre que lui donne l’ensemble instrumental. »

Marie Luise Maintz(Traduction Daniel Fesquet)

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Biographies des compositeurs

Jonathan Harvey

né dans le Warwickshire (Angleterre)

en 1939, Jonathan Harvey est choriste

au St. Michael’s College de Tenbury

puis étudie la musique au St. John’s

College de Cambridge. Sur le conseil

de Benjamin Britten, il étudie la

composition auprès d’Erwin Stein

et d’Hans Keller, tous deux élèves

de Schönberg, et se familiarise ainsi

avec la technique dodécaphonique.

La rencontre avec Milton Babbitt

puis avec Karlheinz Stockhausen

influence considérablement son

apprentissage des techniques de

studio. Au début des années 1980,

il réalise à l’Ircam Mortuos Plango,

Vivos Voco (pour bande), Bhakti (pour

ensemble et électronique), Advaya

(pour violoncelle et électronique)

et Quatuor à cordes n° 4 (avec

électronique live). Il se familiarise avec

le courant spectral qu’il considère

comme déterminant pour l’évolution

de la musique d’aujourd’hui. En

outre, le son électronique lui apparaît

comme une ouverture vers les

dimensions transcendantales et

spirituelles. Son œuvre couvre tous

les genres : musique pour chœur a

capella, grand orchestre (Tranquil

Abiding, White as Jasmine et Madonna

of Winter and Spring), orchestre de

chambre (Quatuors à cordes, Soleil

noir / Chitra et Death of Light, Light

of Death), ensemble et instrument

soliste. Son premier opéra, Passion

and Resurrection (1981), inspire le

tournage d’un documentaire pour la

BBC (The Challenge of the Passion) ; le

second, Inquest of Love, commandé

par l’English national Opera, est créé

sous la direction de Mark Elder en

1993 ; le troisième, Wagner Dream,

commandé par le nederlandse Opera,

le Grand Théâtre de Luxembourg, le

Holland Festival et l’Ircam, est créé

en 2007. De 2005 à 2008, Jonathan

Harvey est en résidence à l’Orchestre

Symphonique Écossais de la BBC

où il crée Body Mandala, … towards

a pure land et surtout Speakings en

2008. De 1977 à 1993, Jonathan

Harvey est professeur de musique

à l’Université du Sussex où il reste

ensuite professeur honoraire. De

1995 à 2000, il enseigne la musique

à l’Université Stanford (États-Unis), est

professeur invité à l’Imperial College

de Londres et membre honoraire

du St. John’s College de Cambridge.

Il reçoit en 1993 le prestigieux Prix

Britten de composition, en 2007 le

Prix Giga-Hertz pour l’ensemble de

ses œuvres de musique électronique

et Speakings reçoit le Prix Prince

Pierre-de-Monaco. Il est le premier

compositeur britannique à recevoir

le Grand Prix de l’Académie Charles-

Cros. Entre mai 2009 et mai 2010,

l’œuvre de Jonathan Harvey est

célébrée dans le monde entier, dans

le cadre de concerts et de festival

qui lui sont dédiés, par de nouveaux

enregistrements et portraits. Le

BBC Symphony Orchestra lui

consacre une série Total Immersion

en janvier 2012. Jonathan Harvey

s’est éteint le 4 décembre 2012.

© Ircam-Centre Pompidou, 2012

Bernd Alois Zimmermann

né en 1918 à Bliesheim, Zimmermann

s’est défini comme un « mélange

typiquement rhénan de moine et de

Dionysos », et comme « le plus vieux

des jeunes compositeurs allemands ».

De 1929 à 1936, il suit l’enseignement

strict des Salvatoriens au couvent

de Steinfeld (Eifel), où il s’initie aux

langues anciennes et à la théorie

musicale, étudie l’orgue, peint, écrit

romans, récits et poésies. Les nazis

ayant fermé l’établissement, il achève

sa scolarité au lycée catholique de

Cologne. En 1937, il est mobilisé

dans le cadre du travail obligatoire

instauré par le Troisième Reich.

Renonçant à la carrière ecclésiastique

à laquelle le destinait sa famille, il

entreprend, à l’Université de Bonn et

à l’Université de Cologne, des études

d’instituteur et d’éducation musicale

qu’il est contraint d’interrompre

en 1939. Jusqu’en 1950, il étudiera

aussi, de manière discontinue, la

musicologie, la littérature allemande,

la philosophie et la psychologie.

Zimmermann appartient à une

génération sacrifiée par la dictature

hitlérienne, puis par la guerre au

cours de laquelle il participe aux

campagnes de Pologne, de France

(à Paris, il découvre les œuvres d’Igor

Stravinski et de Darius Milhaud) et de

Russie entre 1940 et 1942. En 1942,

réformé suite à un empoisonnement

qui occasionna de longs séjours en

hôpital militaire, il reprend ses études

à la Musikhochschule de Cologne,

travaillant pour les financer dans des

orchestres de danse, comme chef

du chœur d’hommes de Bliesheim

ou comme ouvrier en usine. Philipp

Jarnach, élève de Busoni, et Heinrich

Lemacher, musicien influencé par

les techniques d’écriture de la

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Renaissance et par Anton Bruckner,

sont ses professeurs de composition

et de théorie musicale. Les

premières exécutions d’œuvres de

Zimmermann datent de 1944-1946

à Cologne, avant même que son

style, alors néoclassique, n’assimile

tardivement les idiomes modernes

et contemporains. Responsable

du département des musiques de

radio, de film et de scène à la radio

de Cologne (WDR), il expérimente

à travers des réalisations de pièces

radiophoniques et d’émissions

scolaires les principes du collage et

du montage. En 1949-1950, il suit les

séminaires de Wolfgang Fortner et

de René Leibowitz aux Cours d’été

de Darmstadt, mesure la distance qui

le sépare du sérialisme dominant,

se reconnaissant plus volontiers

dans les œuvres de Karl Amadeus

Hartmann ou Luigi Dallapiccola. Le

deuxième mouvement du Konzert

für Violine und grosses Orchester est,

en 1950, sa première composition

sérielle. Professeur de théorie

musicale à l’Institut de musicologie

de l’Université de Cologne (1950-

1952), il est le premier compositeur

invité à la Villa Massimo à Rome

en 1957 (il y retournera en 1963). Il

succède à Frank Martin en 1957 au

poste de professeur de composition

à la Musikhochschule de Cologne,

où il dirige un séminaire sur les

musiques de radio, de film et de

scène, tout en travaillant à son

opéra Les Soldats, finalement créé

en 1965, année où il est élu membre

de l’Académie des arts pour laquelle

il compose la Musique pour les

soupers du roi Ubu. Son état de santé

se dégrade. Le Requiem für einen

jungen Dichter est créé en 1969,

en l’absence du compositeur. Ami

de Heinrich Böll et Walter Biemel,

avec qui il évoque Heidegger et les

Leçons pour une phénoménologie

de la conscience intime du temps

de Husserl, Zimmermann était

aussi lecteur de L’Ecclésiaste, des

Confessions de saint Augustin, de

la Légende du Grand Inquisiteur de

Fédor Dostoïevski, des Cantos d’Ezra

Pound ou de l’Ulysse de James Joyce,

dont il mit en musique divers extraits.

Zimmermann se donne la mort le

10 août 1970 à Gross-Könisgdorf.

D’après ©Ircam-Centre Pompidou, 2012

Matthias Pintscher

Composition et direction d’orchestre :

dans l’esprit de Matthias Pintscher,

ces deux domaines d’activité sont

totalement complémentaires.

« Ma réflexion de chef d’orchestre est

enrichie par mon propre processus

d’écriture, et vice versa », explique-

t-il. Créateur d’œuvres majeures

pour des orchestres de premier

plan, sa sensibilité de compositeur

lui apporte une compréhension

de la partition « de l’intérieur »

qu’il partage avec les musiciens.

Matthias Pintscher entretient ainsi

d’étroites collaborations avec de

grands interprètes (Gil Shaham, Julia

Fischer, Frank Peter Zimmermann,

Truls Mørk, Emmanuel Pahud, Tabea

Zimmermann, Antoine Tamestit,

Jean-Yves Thibaudet…) et des chefs

du monde entier tels que Simon

Rattle, Pierre Boulez, Claudio Abbado,

Valery Gergiev, Christoph von

Dohnányi, Kent nagano, Christoph

Eschenbach, Franz Welser-Möst ou

Daniel Harding. Artiste associé du

BBC Scottish Symphony Orchestra

depuis la saison 2010/2011, il

dirige aujourd’hui régulièrement

en Europe et aux États-Unis de

grandes formations internationales :

orchestres philharmoniques de new

York, de Londres et Berlin, orchestres

de Cleveland, Chicago, Philadelphie,

Paris, orchestres symphoniques

de la BBC, de la RAI, de Sydney

et de Melbourne, orchestres du

Théâtre Mariinsky, de la nDR de

Hambourg, de la Tonhalle de Zurich,

Philharmonia de Londres, Mahler

Chamber Orchestra. Très engagé

dans la diffusion du répertoire

contemporain, Matthias Pintscher

est nommé directeur musical de

l’Ensemble intercontemporain en

juin 2012, pour une prise de fonctions

à partir de la saison 2013/2014.

Il collabore avec de nombreux

ensembles tels que l’Ensemble

Modern, le Klangforum Wien,

l’Ensemble Contrechamps, l’Ensemble

Avanti! (Helsinki), le Remix Ensemble

(Porto) et le Scharoun Ensemble du

Philharmonique de Berlin. Matthias

Pintscher est également directeur

artistique de l’Académie du Festival

de Printemps de Heidelberg, dédiée

aux jeunes compositeurs. En 2012,

il est sélectionné par la Commission

Roche pour sa création Chute

d’étoiles dont la première a lieu

au Festival de Lucerne en août de

cette même année, avec l’Orchestre

de Cleveland sous la direction de

Franz Welser-Möst. L’œuvre est

ensuite reprise au Severance Hall

de Cleveland et au Carnegie Hall en

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novembre 2012. Matthias Pintscher

suit une formation musicale dès

son plus jeune âge (piano, violon,

percussion). À 15 ans, il dirige

l’orchestre symphonique des jeunes

de la ville de Marl en Allemagne. Il

commence à composer quelques

années plus tard parallèlement à sa

formation en direction d’orchestre,

notamment auprès de Peter Eötvös

en 1994 à Vienne. Depuis, il partage

ses activités entre la composition et

la direction d’orchestre. Ses créations

se distinguent par la délicatesse de

leur univers sonore, le raffinement

de leur construction et leur précision

d’expression. Matthias Pintscher est

l’auteur de deux opéras (dont L’Espace

dernier, créé à l’Opéra national

de Paris en 2004), de nombreuses

œuvres orchestrales, de concertos

(dont Mar’eh, concerto pour violon

créé en novembre 2011 par Julia

Fischer), et d’œuvres de musique de

chambre, toutes publiées aux éditions

Bärenreiter. Matthias Pintscher a

enregistré plus de vingt disques

pour de nombreux labels : Kairos,

EMI, ECM, Teldec, Wergo, etc. Il réside

aujourd’hui à new York et Paris, deux

villes, deux cultures qu’il a choisies

pour leur caractère complémentaire.

Biographies des interprètes

Claire Booth

Finaliste du Concours Kathleen Ferrier

en 2004, lauréate de nombreuses

bourses et distinctions, Claire Booth

occupe une place de choix sur la

scène musicale internationale pour

l’étendue de son répertoire – des

œuvres classiques à celles des XXe

et XXIe siècles – et la musicalité de

son interprétation. À l’opéra, elle

a interprété les rôles de Rosina

(Le Barbier de Séville de Rossini),

Dorinda (Orlando de Haendel),

Ellida (Lady from the Sea de Craig

Armstrong) pour le Scottish

Opera, nora (Riders to the Sea de

Vaughan Williams) pour l’English

national Opera, Anne Truelove (The

Rake’s Progress de Stravinski) avec

l’Orchestre Symphonique de la Ville

de Birmingham, Solveig (Peer Gynt

d’Edvard Grieg) avec l’Orchestre

Symphonique de Hambourg, Max

(Where the Wild Things Are d’Oliver

Knussen) et Lucia (The Rape of

Lucretia de Benjamin Britten) pour

le Festival d’Aldeburgh, Prakriti

(Wagner Dream de Jonathan Harvey)

pour le nederlandse Opera, Zerlina,

la Première nièce (Peter Grimes de

Britten) et Elle (La Voix humaine de

Poulenc) pour Opera north, Despina

pour l’Opéra de nantes-Angers et

Mélisande pour l’Opera Theatre

Company de Dublin. Plus récemment,

elle a chanté les Kafka-Fragmente

de György Kurtág au Linbury Studio

du Royal Opera House, Covent

Garden. Au concert, elle a collaboré

avec l’Orchestre Symphonique de la

BBC, l’Orchestre Symphonique de la

Ville de Birmingham et l’Ensemble

intercontemporain, les festivals

d’Aldeburgh et de Hollande, le

Concertgebouw et le Musiekgebouw

d’Amsterdam. Cette saison, elle

a fait ses débuts avec l’Orchestre

Symphonique de Boston dirigé par

Oliver Knussen et interprété des

arias de Mozart avec le Deutsches

Symphonie-Orchester Berlin. Elle

participe régulièrement aux BBC

Proms, y interprétant Requiem-Songs

for Sue de Knussen, Ancient Voices of

Children de George Crumb, On voit

tout en aventure de Luke Bedford,

Der Wein d’Alban Berg et Le Martyre

de saint Sébastien de Debussy. Pour

la célébration du 60e anniversaire

d’Oliver Knussen au Barbican Centre

de Londres, Claire Booth a chanté

Where the Wild Things Are, Higglety,

Piggelty, Pop, Requiem-Songs for

Sue et Whitman Settings. Cette

saison, elle fait ses débuts au Welsh

national Opera, où elle retrouve le

rôle de Prakriti (Wagner Dream), et

avec l’Orchestre Philharmonique de

Bergen, dirigé par son collaborateur

de longue date Ryan Wigglesworth.

Gordon Gietz

Gordon Gietz a fait ses débuts sur la

scène de l’Opéra national de Paris

sous les traits de Don Ottavio dans

Don Giovanni, pour y être invité

à nouveau les saisons suivantes

à interpréter Cassio (Otello) sous la

baguette de Valery Gergiev, Alfred

(Die Fledermaus) et Tamino (Die

Zauberflöte). Il a incarné Yonas pour

la création mondiale à l’Opéra Bastille

d’Adriana Mater de Kaija Saariaho,

mise en scène par Peter Sellars et

dirigée par Esa-Pekka Salonen – un

rôle qu’il a repris au Barbican Centre

de Londres en 2008 avec l’Orchestre

Symphonique de la BBC dirigé par

Edward Gardner. Gordon Gietz s’est

fait connaître du public de l’Opéra

de Lyon en chantant Camille dans

La Veuve joyeuse (récemment gravé

sur DVD), puis Le Roi malgré lui de

Chabrier, mis en scène par Laurent

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Pelly, repris par la suite à l’Opéra-

Comique. Débutant à la Scala de

Milan avec le Chevalier de la Force

dans Dialogues des carmélites de

Poulenc, il a retrouvé cette scène avec

le personnage de Lysandre dans la

production de Robert Carsen de A

Midsummer Night’s Dream de Britten,

rôle qu’il a ensuite tenu au Festival

de Glyndebourne dans la mise en

scène de Sir Peter Hall puis au Gran

Teatre del Liceu de Barcelone, dont

les représentations ont été publiées

sur DVD. Gordon Gietz a créé le rôle

de Stingo dans Sophie’s Choice de

nicholas Maw à Covent Garden,

mis en scène par Sir Trevor nunn et

dirigé par Sir Simon Rattle, repris

à Washington pour la création nord-

américaine de l’ouvrage. Il a retrouvé

la scène de Covent Garden avec The

Midsummer Marriage de Sir Michael

Tippett et a fait l’ouverture du Festival

de Bergen (norvège) dans le rôle-titre

d’Œdipus Rex de Stravinski, qu’il a

repris au Festival Bard (État de new

York). Gordon Gietz a interprété le

Chœur masculin du Rape of Lucretia

de Britten à Reggio Emilia puis au

Mai Musical Florentin. Il a récemment

participé au Festival d’Opéra de

Québec dans La Damnation de Faust

de Berlioz mise en scène par Robert

Lepage. Son répertoire comprend

également le rôle de Steva dans

Jenufa, interprété au Grand Théâtre

de Genève, au Châtelet et au Teatro

Real de Madrid ; le rôle-titre des

Contes d’Hoffmann à Marseille,

Montréal, Amsterdam et Rotterdam ;

Pinkerton dans Madame Butterfly

à l’Opéra de Hamilton (Canada) ;

le Don José de Carmen à Montréal,

Birmingham et Lille, ainsi que Béatrice

et Bénédict de Berlioz avec l’Orchestre

Philharmonique de new York,

l’Orchestre du Capitole de Toulouse,

le Teatro Comunale de Bologne et

l’Opéra de Santa Fe. Le public du

Metropolitan Opera de new York a pu

le voir incarner le rôle principal du Nez

de Chostakovitch dans une nouvelle

production du metteur en scène et

plasticien William Kentridge sous la

direction musicale de Valery Gergiev.

Pierre Strauch

né en 1958, Pierre Strauch étudie le

violoncelle auprès de Jean Deplace,

remporte le Concours Rostropovitch

de La Rochelle en 1977 et entre

à l’Ensemble intercontemporain

l’année suivante. Il crée, interprète

et enregistre de nombreuses œuvres

du XXe siècle de compositeurs tels

que Iannis Xenakis, Luciano Berio,

Bernd Alois Zimmermann ou Olivier

Messiaen. Il crée à Paris Time and

Motion Study II de Brian Ferneyhough

et Ritorno degli Snovidenia de

Luciano Berio. Présenter, analyser,

transmettre sont les moteurs de son

activité de pédagogue et de chef

d’orchestre. Son intense activité de

compositeur l’amène à écrire des

pièces solistes, pour ensembles de

chambre (La Folie de Jocelin, Preludio

imaginario, Faute d’un royaume pour

violon solo et sept instruments, Deux

Portraits pour cinq altos, Trois Odes

funèbres pour cinq instruments,

Quatre Miniatures pour violoncelle

et piano), ainsi que des œuvres

vocales (Impromptu acrostiche pour

mezzo-soprano et trois instruments,

La Beauté (Excès) pour trois voix

féminines et huit instruments).

L’Ensemble intercontemporain

lui commande une pièce pour

quinze instruments, La Escalera del

dragón (In memoriam Julio Cortázar)

dont la création a été assurée en

2004 par Jonathan nott. Avec les

compositeurs Diogène Rivas et

Antonio Pileggi, il est le cofondateur

du Festival A Tempo de Caracas.

Ensemble intercontemporain

Créé par Pierre Boulez en 1976 avec

l’appui de Michel Guy (alors secrétaire

d’État à la Culture) et la collaboration

de nicholas Snowman, l’Ensemble

intercontemporain réunit 31 solistes

partageant une même passion pour

la musique du XXe siècle à aujourd’hui.

Constitués en groupe permanent, ils

participent aux missions de diffusion,

de transmission et de création fixées

dans les statuts de l’Ensemble.

Placés sous la direction musicale

du compositeur et chef d’orchestre

Matthias Pintscher depuis septembre

2013 (succédant ainsi à Susanna

Mälkki, directrice musicale de 2006 à

juillet 2013), ils collaborent, au côté

des compositeurs, à l’exploration

des techniques instrumentales ainsi

qu’à des projets associant musique,

danse, théâtre, cinéma, vidéo et

arts plastiques. Chaque année,

l’Ensemble commande et joue de

nouvelles œuvres, qui viennent

enrichir son répertoire et s’ajouter

aux chefs-d’œuvre du XXe siècle.

En collaboration avec l’Institut

de Recherche et Coordination

Acoustique/Musique (Ircam),

l’Ensemble intercontemporain

participe à des projets incluant des

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nouvelles techniques de génération

du son. Les spectacles musicaux

pour le jeune public, les activités de

formation des jeunes instrumentistes,

chefs d’orchestre et compositeurs

ainsi que les nombreuses actions

de sensibilisation des publics

traduisent un engagement profond

et internationalement reconnu au

service de la transmission et de

l’éducation musicale. Depuis 2004,

les solistes de l’Ensemble participent

en tant que tuteurs à la Lucerne

Festival Academy, session annuelle

de formation de plusieurs semaines

pour des jeunes instrumentistes,

chefs d’orchestre et compositeurs du

monde entier. En résidence à la Cité

de la musique (Paris) depuis 1995,

l’Ensemble se produit et enregistre en

France et à l’étranger où il est invité

par de grands festivals internationaux.

Financé par le ministère de la Culture

et de la Communication, l’Ensemble

reçoit également le soutien de la Ville

de Paris. L’Ensemble intercontemporain

a été reconnu « Ambassadeur

culturel européen » en 2012 par

la Commission Européenne.

Flûtes

Sophie Cherrier

Emmanuelle Ophèle

Hautbois

Philippe Grauvogel

Didier Pateau

Clarinettes

Jérôme Comte

Alain Damiens

Clarinette basse

Alain Billard

Bassons

Pascal Gallois

Paul Riveaux

Cors

Jens McManama

Jean-Christophe Vervoitte

Trompette

Jean-Jacques Gaudon

Clément Saunier

Trombones

Jérôme naulais

Benny Sluchin

Percussions

Gilles Durot

Samuel Favre

Victor Hanna

Piano

Hidéki nagano

Harpe

Frédérique Cambreling

Violons

Jeanne-Marie Conquer

Hae-Sun Kang

Diégo Tosi

Altos

Odile Auboin

Grégoire Simon

Violoncelle

Pierre Strauch

Contrebasse

nicolas Crosse

Chef assistant

Julien Leroy

Musiciens supplémentaires

Tuba

Fabien Wallerand

Violon

André Pons-Valdès

Violoncelle

Alexis Descharmes

Ircam

Institut de recherche et coordination

acoustique/musique

L’Institut de recherche et coordination

acoustique/musique est aujourd’hui

l’un des plus grands centres de

recherche publique au monde se

consacrant à la création musicale

et à la recherche scientifique. Lieu

unique où convergent la prospective

artistique et l’innovation scientifique

et technologique, l’institut est dirigé

depuis 2006 par Frank Madlener,

et réunit plus de cent soixante

collaborateurs. L’Ircam développe

ses trois axes principaux – création,

recherche, transmission – au cours

d’une saison parisienne, de tournées

en France et à l’étranger et d’un

nouveau rendez-vous initié en

juin 2012, ManiFeste, qui allie un

festival international et une académie

pluridisciplinaire. Fondé par Pierre

Boulez, l’Ircam est associé au Centre

Pompidou sous la tutelle du ministère

de la Culture et de la Communication.

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Soutenue institutionnellement et,

dès son origine, par le ministère de

la Culture et de la Communication,

l’Unité mixte de recherche STMS

(Sciences et technologies de la

musique et du son), hébergée par

l’Ircam, bénéficie de la tutelle du

CnRS et, depuis 2010, de celle de

l’université Pierre et Marie Curie.

Gilbert Nouno

Gilbert nouno est compositeur,

réalisateur artistique et chercheur

associé à l’Ircam. Il est lauréat

de la Villa Médicis, Académie de

France à Rome en 2011, et de la

Villa Kujoyama à Kyoto en 2007. Sa

musique s’inspire des arts visuels et

des technologies numériques dans

une forme ouverte de composition

entre écriture et improvisation.

Docteur en informatique et en

intelligence artificielle, il mène

des recherches sur les interactions

temporelles homme-machine.

Son parcours est jalonné de

nombreuses rencontres artistiques

dont Steve Coleman, Susan Buirge,

Jonathan Harvey, Pierre Boulez.

Carl Faia

Carl Faia a étudié la composition

à l’Université de Californie à Santa

Barbara et à la Royal Academy of

Music au Danemark avec une bourse

Fulbright. Depuis 1995, il est actif

en tant que live electronics designer

ou RIM (Réalisateur en Informatique

Musicale), travaillant à l’Ircam

à Paris, au CIRM à nice, puis comme

artiste musicien et compositeur

indépendant. Il a collaboré avec de

nombreux compositeurs et artistes

pour présenter de nouvelles œuvres

avec électronique et ordinateur

dans des festivals à travers l’Europe.

Il travaille régulièrement avec

Art Zoyd Studios en France et il

enseigne les sonic arts à l’Université

de Brunel à Londres depuis 2009.

Concert enregistré par France Musique

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Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrices : Véronique Brindeau et Gaëlle Plasseraud | Graphiste : Ariane Fermont

Et aussi…

> CONCERTS

MERCREDI 30 OCTOBRE, 20H

Arnold SchönbergLa Nuit transfiguréeSamuel BarberConcerto pour violonDmitri ChostakovitchSymphonie n° 9

Chamber Orchestra of EuropeJaap van Zweden, directionHilary Hahn, violon

MARDI 19 NOVEMBRE, 20H

Johann Sebastian BachConcerto pour piano n° 5Ludwig van BeethovenSymphonie n° 4Wiltold LutoslawskiMusique funèbreLudwig van BeethovenConcerto pour piano n° 3

Münchener KammerorchesterAlexander Liebreich, directionAlexandre Tharaud, piano

> MÉDIATHÈQUE

En écho à ce concert, nous vous proposons…

> Sur le site internet http://mediatheque.cite-musique.fr

… de regarder un extrait vidéo dans les « Concerts » :Towards Osiris de Matthias Pintscher par l’Ensemble intercontemporain, Pierre Boulez (direction), enregistré à la Salle Pleyel en 2007

… d’écouter un extrait audio dans les « Concerts » :Sonate de Bernd Alois Zimmermann par les Solistes de l’Ensemble intercontemporain, enregistré à la Cité de la musique en 2003 • Fuga d’Anton Webern par l’Orchestre du Conservatoire de Paris, Michael Gielen (direction), enregistré à la Cité de la musique en 2002

(Les concerts sont accessibles dans leur

intégralité à la Médiathèque de la Cité de la

musique.)

… de regarder dans les « Dossiers pédagogiques » :La musique allemande après 1945 dans les « Repères musicologiques »

> À LA MÉDIATHÈQUE

… de lire :Anton von Webern de Alain Galliari • Jonathan Harvey de Arnold Whittall • Bernd Alois Zimmermann de Wulf Konold

> WEEK-END TURBULENCES

Pascal DusapinChemins de traverse

VENDREDI 18 OCTOBRE, 20H

Giacinto ScelsiOkanagonJohannes OckeghemMotet « Intemerata Dei Mater »Edgar VarèseIntégralesRobert MortonChanson « L’Homme armé »Pierre de La RueMesse « L’Homme armé » : Agnus DeiIannis XenakisThalleinJosquin DesprezMotet « Christus Mortuus est pro nobis »Jean RichafortMesse de requiem (in memoriam Josquin Desprez)Samy MoussaKammerkonzertAntoine BrumelMesse à six voixPascal DusapinJetzt genau!

Ensemble intercontemporainCapilla FlamencaPeter Rundel, directionSébastien Vichard, piano

SAMEDI 19 OCTOBRE, 17H30

Conférence : « La musique du cerveau : du bruit qui pense ? »

Franco DonatoniLumen

Solistes de l’Ensemble intercontemporainJulien Leroy, directionStanislas Dehaene, chercheur en psychologie cognitivePascal Dusapin, compositeur

DIMANCHE 20 OCTOBRE 2013, 16H30

Autour de Samuel Beckett

Pascal DusapinQuadMorton FeldmanFor Samuel Beckett

Ensemble intercontemporainPeter Rundel, directionHae-Sun Kang, violon