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    INTRODUCTION

    LANTHOLOGIE

    La science-fiction ! Selon certains, cenest quune sous-littrature, tout justebonne rassasier limagination des nafs etdes jobards, et quil conviendra de verser un

    jour au rayon des vaticinations et deschimres visant soulever le voile delavenir Pour dautres, cest la seule expres-sion littraire de notre modernit, de lgede la science, la dernire chance du

    romanesque et peut-tre enfin la voie

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    royale, conciliant limaginaire et la raison,vers une apprhension critique dun futurimpossible prvoir en toute rigueur.

    La science-fiction mrite-t-elle cet excsdhonneur ou cette indignit ? Aprs tout, ilne sagitquedunelittrature,on aurait tortde loublier. Or, les reproches quon lui faitcomme les espoirs quon place en elle

    tiennent peut-tre la relation ambigu decette littrature la science et la tech-nique. Trop de science pour un genre lit-traire digne de ce nom, disent bien des lit-

    traires pour qui la culture sarrte au seuilde la connaissance positive et qui ne com-prennent lintrusion de la science dans le ro-man que si elle est prsente comme unavatar du mal, dans la ligne du Meilleur

    des mondes ou dOrange mcanique. Lascience-fiction traite la science comme unemagie, persiflent dautres, gnralement desscientifiques bon teint. Tandis que certains

    thurifraires la prnent comme propre

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    faire natre la curiosit scientifique, dis-cuter les consquences du dveloppementscientifique pour lavenir de lhumanit. Onvoit que de tous cts le dbat est dplac : ilne sagit plus dune littrature et du plaisirquon y prend, mais dune querelle sur laplace philosophique, idologique, voire poli-tique de la science dans le monde moderne.

    Le reproche du manque de srieux ou delexcs de srieux fait la science-fiction,tout comme lide quelle est le chanon man-quant entre les deux cultures, la scientifique

    et la littraire, renvoient tout uniment lafonction de la science dans cette littrature.Et le risque de malentendu est alors si grandque lon conoit que des crivains, agacspar cette prtention qui leur est attribue,

    aient eu lambition de se dbarrasser du ter-me de science-fiction et de le remplacer parcelui de fiction spculative.

    Aussi bien la science-fiction ne sest pas

    contente dutiliser la science comme thme,

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    ralisme, mais elle est, consciemment ounon, le produit dune dmarche cratrice quitend faire sortir la littrature de seschamps traditionnels (le rel etlimaginaire) pour lui en ouvrir un troisime(le possible).

    On notera dailleurs quil a exist et quilexiste toujours des uvres littraires qui af-

    fectent de se fonder sur une connaissancescientifique (par exemple luvre de Zola)ou qui prtendent dcider si une telle con-naissance est bonne ou mauvaise, qui lui

    font donc une place trs grande mais qui nerelvent pas, lvidence, de la science-fic-tion ; ces uvres traitent des connaissancesscientifiques transitoires comme sil sagis-sait de vrits ternelles et ne font gure que

    les substituer aux dogmes mtaphysiquesquune certaine littrature sest longtempsvoue commenter ou paraphraser. Aulieu de quoi lcrivain de science-fiction part

    dun postulat et se soucie surtout den

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    explorer les consquences. Il se peut bienque, parasitairement, il expose sa proprevision des choses comme sil sagissait dunevrit rvle. Mais sur le fond, il crit avecdes si et des peut-tre. Et parce que sa d-marche est celle dun explorateur de pos-sibles, lauteur de science-fiction crit uneuvre beaucoup plus ouverte et beaucoup

    plus moderne que la plupart des crivains-matres--penser dont les efforts tendenttoujours perptuer les catgories de lavrit et de lerreur, quels que soient les con-

    tenus quils leur donnent. Cela est si patentquune histoire qui, comme beaucoup decelles de Jules Verne, a perdu sa base scien-tifique ou qui nen a jamais eue nest pasncessairement sans charme. La crdibilit

    dune histoire de science-fiction ne tient pas la force de ses rfrences externes maisseulement sa cohrence interne. la limitele texte tient tout seul.

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    Et cest prcisment partir de cetteautonomie que, par un paradoxe qui nestque superficiel, il devient possible de direquelque chose doriginal, de drangeant,dventuellement pertinent, sur lavenir, surle prsent, sur tout, absolument tout ce quelon voudra. Au lieu de quoi la littrature quisaffirme solidement enracine dans le rel,

    cest--dire dans une illusion de ralit, nefait que projeter sur le prsent et surlavenir lombre des prjugs du pass ; ellene donne que des rponses attendues et es-

    quive tous les problmes un tant soit peu dif-ficiles poser.Si lon retient de la science-fiction une

    telle dfinition, il en rsulte quelle est aussiancienne que toute littrature orale ou

    crite, quelle a toujours entretenu dtroitsrapports avec la naissance des ides et desmythes quaujourdhui elle renouvelle etmultiplie. Lucien de Samosate, Cyrano de

    Bergerac, Swift, Voltaire (dans

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    Micromgas) combinent dj linvention ex-traordinaire, le dplacement dans lespaceet dans le temps, la remise en question duprsent.

    Mais cest au XIXe sicle que la science-fiction prend son visage actuel. Esquissedans le Frankenstein de Mary Shelley(1817), prcise dans luvre de Poe, ce

    pote pris de raison, traversant celle deHugo avec le mtore de Plein ciel, elle seconstitue vraiment sous les plumes de JulesVerne et de Herbert George Wells. Pour

    Verne, il sagit dabord de faire uvre dan-ticipation technicienne, de prolonger parlimagination et le calcul le pouvoir delhomme sur la nature, exerc par linterm-diaire des machines. Pour Wells, il sagit

    surtout de dcrire les effets sur lhomme etsur la socit elle-mme de savoirs hypo-thtiques. De nos jours, on pourrait tretent de voir en Verne lanctre des futuro-

    logues , ces techniciens de lextrapolation

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    raisonne et de la prvision davenirs quasicertains, et en Wells le premier des pro-spectivistes , ces explorateurs volontierstmraires des futurs possibles.

    Mais lopposition ne doit pas tre ex-agre : les deux tendances se nourrissentlune de lautre jusque dans les uvres deces pres fondateurs.

    Aprs un dbut prometteur en Europe,vite remis en question par la grande criseconomique puis par la crise des valeurs quilaccompagne, et peut-tre en France par

    une incoercible rsistance des milieux lit-traires la pense scientifique, cest auxtats-Unis que la science-fiction trouverason terrain dlection, sur un fond dutopies(Edward Bellamy), danticipations sociales

    (Jack London) et de voyages imaginaires(Edgar Rice Burroughs). Hugo Gernsback,ingnieur lectricien dorigine luxembour-geoise et grand admirateur de Verne et de

    Wells, cr en 1926 la premire revue

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    consacre entirement la science-fiction,Amazing stories ;trs vite les magazines semultiplient. Ils visent dabord un public pop-ulaire et sacrifient la qualit littraire oumme la vraisemblance la recherche dusensationnel ; puis le genre se bonifie pro-gressivement. La seconde guerre mondiale,rvlant aux plus sceptiques limpact de la

    technologie, incite plus de rigueur scienti-fique, et le dsenchantement qui accom-pagne les mutations acclres du mondeactuel conduit beaucoup dcrivains un

    certain pessimisme tout en les amenant suppler la carence des valeurs par unerecherche esthtique croissante. Le rsultatest l : la science-fiction contemporaine,vivante dans tous les pays industrialiss, est

    un extraordinaire laboratoire dides et ellena plus grand-chose envier sur le plan dela forme la littrature davant-gardequand elle ne se confond pas avec elle chez

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    un William Burroughs, un Claude Ollier, unJean Ricardou, un Alain Robbe-Grillet.

    Le plus surprenant peut-tre, cest que,malgr la varit de son assise gograph-ique, le domaine conserve une indniableunit. Peut-tre le doit-il entre autres fac-teurs la prsence insistante dun certainnombre de grands thmes qui se sont d-

    gags au fil de son histoire et qui le charpen-tent en se combinant, se ramifiant sanscesse. Cest un choix de ces thmes, prisparmi les plus reprsentatifs, que la

    prsente srie entend illustrer.Ce serait pourtant une erreur que de r-duire la science-fiction un faisceau dethmes en nombre fini dont chacun pourrait la limite se constituer en genre. lexpri-

    ence, on sapercevra souvent que telle his-toire se trouve assez arbitrairement logedans un volume plutt que dans un autre(o classer une histoire de robot extrater-

    restre ? dans les Histoires dExtraterrestres

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    ou dans lesHistoires de Robots ?),que telleautre histoire chappe au fond toutethmatique fortement structure et dfinit elle seule toute la catgorie laquelle elleappartient. Chemin faisant, on dcouvrirasans doute que, malgr les apparences, lascience-fiction nest pas une littrature thmes parce quelle ne raconte pas toujours

    la mme histoire (le thme) sur des registresdiffrents, mais que, au contraire, chacun deses dveloppements chappe aux dveloppe-ments prcdents tout en sappuyant sur eux

    selon le principe, bien connu en musique, dela variation. Quand on a dit de telle nouvelleque cest une histoire de vampire, on saitdavance peu prs tout ce qui sy passera ;au contraire, quand on a dit que cest une

    histoire de robots, on nen a, contrairementau point de vue commun, presque rien ditencore. Car toute la question est de savoirdequellehistoire de robots il sagit. Et cest

    de la confrontation entre quelques-unes des

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    variations possibles (lesquelles sont peut-tre, vrai dire, en nombre infini) que sur-git comme le halo foisonnant du mythe.

    Il serait pour le moins aventur deprtendre avoir enferm en douze volumes(onze catgories plus une qui les recouvretoutes, celle de lhumour) le vaste univers dela science-fiction ne serait-ce que parce

    quon estime plus de 30 000 le nombre detextes parus dans ce domaine aux tats-Unis seulement et qu lchelle mondiale ilfaudrait doubler peut-tre ce nombre. Du

    moins cette anthologie a-t-elle t tabliemthodiquement dans lintention de donnerun aperu aussi vari que possible de lascience-fiction anglo-saxonne de la fin desannes 30 au dbut des annes 60. Plus de

    3 000 nouvelles ont t lues pour la com-poser, dont beaucoup figuraient dj dansdes anthologies amricaines. Laire cul-turelle et la priode retenues lont t tout

    naturellement : cest aux tats-Unis,

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    accessoirement en Angleterre (dans lamesure surtout o les auteurs anglais sontpublis dans les revues amricaines), que sejoue le deuxime acte de la constitution de lascience-fiction aprs lre, surtouteuropenne, des fondateurs ; cest l quavecune minutie presque maniaque les vari-ations possibles sur les thmes sont ex-

    plores lune aprs lautre ; cest l encoreque se constitue cette culture presqueautonome avec ses fanatiques, ses clubs, sesrevues ronotypes, ses conventions an-

    nuelles ; cest aussi lpoque dont les uvresse prtent le mieux la dcouverte du genrepar le profane. Depuis le milieu des annes60, la science-fiction a considrablementvolu, au moins autant partir de sa

    propre tradition que demprunts la lit-trature gnrale. Aussi son accs sest-ilfait plus difficile et demande-t-il une cer-taine initiation.

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    Les anthologistes, qui sont collectivementresponsables de lensemble des textes chois-is, ont vis trois objectifs dans le cadre dechaque volume :

    Donner du thme une illustration aus-si complte que possible en prsentant sesprincipales facettes, ce qui a pu les conduire carter telle histoire clbre qui en re-

    doublait (ou presque) une autre tout aussiremarquable, ou encore admettre unenouvelle de facture imparfaite mais duneoriginalit de conception certaine ;

    Construire une histoire dialectique duthme en ordonnant ses variations selonune ligne directrice qui se rapproche parfoisdune histoire imaginaire ;

    Proposer un ventail aussi complet

    que possible des auteurs et fournir par lune information sur les styles et les coles dela science-fiction classique .

    Pour ce faire, une introduction vient pr-

    ciser lhistoire, la porte, les significations

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    secondaires, voire les connotations scienti-fiques du thme trait dans le recueil.Chaque nouvelle est prsente en quelqueslignes qui aideront nous lesprons lelecteur profane se mettre en situation, etqui lveront les obstacles ventuels duvocabulaire spcialis. Enfin un diction-naire des auteurs vient fournir des lments

    biobibliographiques sur les crivainsreprsents.

    Ainsi cet ensemble ouvert quest laGrande Anthologie de la science-fiction, or-

    donne thmatiquement sur le modle de laGrande Encyclopdie,sefforce-t-il dtre unguide autant quune introduction la plusriche avance de notre sicle dans les ter-ritoires de limaginaire.

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    Un empire galactique, le mot est lch. Sil'on nglige quelques menues contraintesphysico-logiques sur lesquelles on reviendradu reste, l'ide est entirement, presque ab-surdement raisonnable. L'espce humaine atoujours rempli puis recouvert de ses organ-isations les espaces qui s'ouvraient elle. Ilest peut-tre un peu simple, mais combien

    tentant, de souligner qu'un homme du no-lithique, loign de nous de moins d'unedizaine de millnaires, aurait t probable-ment tout fait incapable de concevoir la

    fois spatialement et socialement une organ-isation telle que celle de l'Empire romain. Iln'est pas moins douteux qu'un Romain ait puimaginer quelque chose qui ressemble,mme de trs loin, l'empire amricain ou

    encore l'une de ces entreprises multina-tionales gantes qui couvrent toute la planteet, comme I.T.T. elle seule par exemple,emploient directement prs d'un demi-mil-

    lion d'tres humains, en font vivre cinq dix

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    retrouvera, tout au long de la prsente an-thologie, l'alternance entre ces deux visionsdes choses, la premire plus philosophique,la seconde plus juvnile, avec tout ce quechacun de ces deux termes implique derichesses et de limitations.

    Une autre opposition qui feint parfois des'appuyer sur les limites absolues ou relat-

    ives de la technologie s'atteste entre empirecentralis, bureaucratique, sur le modle ro-main, stalinien ou amricain contemporain,et socit dcentralise, protge dans sa di-

    versit par la distance et par ses conflitsmmes de l'expansion dvorante d'unpouvoir unique, sur le modle ocanien,ngro-africain ou europen.

    Une troisime dimension enfin, est celle

    du devenir historique de l'empire ou de la so-cit galactique, humain ou tranger, devenirsoulign par l'instant o feint de s'insrer lercit, tape d'une cration ou d'une exten-

    sion, moment d'une apoge (si l'on ose dire,

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    cette distance de la Terre) ou mouvementd'un dclin. Le privilge de tel moment est coup sr le signe d'une intention ou d'unprjug idologique. Confondre ou dumoins poser l'galit empire et civilisationcomme fait Isaac Asimov dans sa srie desFondations, c'est bien laisser entrevoir uncertain idal politique.

    Il est assez remarquable que l'ide d'unesocit galactique, donc d'une civilisation demme empan, voire d'un empire de tellestature, soit presque certainement d'origine

    amricaine. Les Europens du dbut dusicle conoivent assez gaillardement une so-cit plantaire, voire interplantaire, maisquand des espces ou des cultures s'y affron-tent, c'est toujours sur le mode de la plural-

    it, de la diffrence, du conflit, voire del'entente cordiale. D'une certaine faon, laconstellation des tats europens se trouveprojete sur les configurations du ciel. Le

    rve le plus audacieux, c'est l'unit de la

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    plante. Au besoin contre un envahisseur.Au-del des limites de l'atmosphre ou dusystme (solaire ou social), c'est, pourl'ternit, l'tranger. Et pourtant n'aurait-onpu, au moins dans l'abstrait, attendre mieuxde Wells ? Il n'avait pas hsit violer letemps. Pourquoi n'aurait-il pu faire l'espace un petit enfant de l'Empire britan-

    nique ? C'est un fait qu'il n'y a pas song. Unpeu plus tard, autour des annes 30, le biolo-giste Haldane et le philosophe utopiste OlafStapledon semblent, mais d'une manire in-

    directe, y avoir pens, le premier dans untexte assez court, Le Jugement dernier, lesecond dans sonCrateur d'toiles.Rien qued'hyper-rationaliste dans le premier texte etque de presque mystique dans le second. Et

    mme par la suite, les Europens ont td'assez mdiocres thoriciens de l'histoiregalactique, lacune d'autant plus surprenanteque leur propre histoire plus ou moins

    heureusement thorise parat servir outre-

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    Atlantique de schma de base ses avatarsinterstellaires.

    Car c'est bien au cur de la science-fic-tion amricaine que l'ide d'une civilisationgalactique nat, s'tablit et peut-tre se con-sume, dans la littrature au moins, car djles savants on y reviendra ont pris le re-lais des crivains. Elle nat, au cours des an-

    nes 30, sous la plume d'un auteur fcond,pique autant qu'on peut l'tre et peu prstotalement illisible de nos jours, EdwardElmer Smith qui, au fil d'une douzaine de

    volumes, dveloppe le conflit de deuxpouvoirs d'envergure au moins galactique etl'intervention triomphante aux cts de l'und'eux de l'homme invulnrable. Elle se ra-tionalise au cours des annes 40 avec la re-

    marquable encore qu'un peu mcaniquesrie desFondationsd'Isaac Asimov qui af-fecte de s'inspirer des ides d'Alfred Toynbeesur les cycles historiques et la succession des

    civilisations. Elle mrit, s'enrichit, se

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    complexifie et en mme temps se referme,vers les annes 60, avec l'extraordinaire ro-man de Frank Herbert, Dune, qui proposd'une seule plante, en elle-mme aussimineure que peut l'tre la Palestine par rap-port notre globe, entreprend d'voquer latoile de fond d'un imperium galactique re-tors, fouill, peut-tre insaisissable. Les em-

    pires ennemis d'E.E. Smith, c'est le triomphede la technique, du machin, de l'arme ultimejusqu'au prochain chapitre ; l'empiregalactique d'Asimov, sa dcadence, sa renais-

    sance, c'est la revanche de la raison sur lescirconstances de sa dissolution ; la croisadequi balaielimperiumselon Frank Herbert leprophte, c'est la victoire, ambigu, de la viesur l'ordre crasant autant qu'arbitraire im-

    pos par un pouvoir transitoire au regard del'ternit. Entre-temps et sur un modemineur, Hamilton, Williamson, Van Vogt, Si-mak, Vance, Ursula Le Guin, Harness et

    quelques autres dont les auteurs ici

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    reprsents, ont brod sur le thme. Toussont Amricains. Au point que dans lascience-fiction amricaine des annes 40 60, la socit galactique devient, sans en tretoujours le thme, la toile de fond quasi ob-lige d'une majorit des histoires publies.C'est le dcor, notamment, d'innombrables space operas , ces popes plus ou moins

    strotypes qui procdent du western et duroman d'aventures maritimes transpossdans l'espace.

    Sur la fin des annes 60 et plus encore

    aujourd'hui, la tendance s'inverse : le soucide dcrire des avenirs plus proches et moinsflamboyants, le doute aussi peut-tre sur lavaleur et la prennit de l'empire amricain,conduisent les meilleurs des auteurs se d-

    tourner des gestes galactiques. En un sens,l'histoire galactique retourne ses origines,l'aventure spatiale.

    Il est assez paradoxal que cette volution

    ait pris cette tournure rcemment. Car alors

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    que l'ide de civilisation galactique, humaineou non humaine, ne pouvait apparatre entre1930 et 1960 environ que comme hautementspculative, voire contradictoire avec toutesles connaissances scientifiques de l'poque,elle commence depuis une dizaine d'annes acqurir un soupon de crdibilit aux yeuxde savants minents, peut-tre eux-mmes

    contamins par la science-fiction. Il faut bienvoir l'chelle spatiale et temporelle d'unegalaxie moyenne comme la ntre et la con-fronter l'aune modeste de nos existences.

    Notre galaxie compte environ 250 milliardsd'toiles rparties l'intrieur d'une sorte delentille dont le diamtre est de 100 000 an-nes de lumire et l'paisseur de l'ordre de10 000 annes de lumire.

    Les distances moyennes entre les toilessont considrables, de l'ordre de plus d'unedizaine d'annes de lumire dans la rgionde notre soleil. Il n'est pas si facile de se

    rendre compte de ce que reprsentent de

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    telles distances surtout aprs avoir t ab-reuv d'histoires o des astronefs relient enquelques semaines ou en quelques mois destoiles loignes, ou encore o des portesdans l'espace permettent de sauter sansdlai d'un monde l'autre. Pourtant, on peutrappeler que le premier engin fabriqu demain d'homme quitter le systme solaire,

    Pioneer 10, mettra quatre-vingt mille anspour couvrir la distance qui nous spare dela plus proche toile, soit un peu plus dequatre annes de lumire. Il s'est agi, pour-

    tant, son lancement, de l'objet le plus rap-ide qui ait jamais quitt la surface de laTerre. Mais il n'a aucune chance de traverserle systme plantaire d'une autre toile avantdix milliards d'annes au moins, supposer

    que toutes les toiles de la Galaxie soient en-toures d'un ensemble de plantes. Par suite,la carte de visite adresse un extra-ter-restre hypothtique, dessine par les profes-

    seurs Drake et Sagan et par la femme de ce

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    dernier, et abondamment reproduite par lapresse, a peu de chances de trouver undestinataire.

    Certes, Pioneer 10 est un engin tradi-tionnel . On peut imaginer des techniquesrvolutionnaires qui permettraient de couv-rir les distances interstellaires en des laps detemps plus raisonnables. Les auteurs de

    science-fiction ne s'en sont pas privs. Maispendant les annes 30 et jusqu' cesdernires annes, une barrire infranchiss-able paraissait avoir t pose au dbut du

    sicle par Einstein : celle de la vitesse de lalumire. La relativit prvoit en effet, etl'exprience tablit qu'aucun objet ni aucunmessage ne peut dpasser dans notreunivers la vitesse de propagation de la lu-

    mire dans le vide. Lorsqu'un corps ap-proche de trs prs la vitesse de la lumire,sa masse crot trs rapidement et, la limite,deviendrait infinie si elle atteignait exacte-

    ment la vitesse de la lumire. Or, cette

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    vitesse elle-mme est encore relativementpetite par rapport aux distances couvrir et la dure de la vie humaine, sinon mme descivilisations. En admettant que des astronefsparviennent se dplacer des vitessesvoisines de celle de la lumire, de l'ordre de90 pour 100 de celle-ci par exemple, les rela-tions entre un centre imprial et ses colonies

    stellaires s'tabliraient au rythme des siclesdans le meilleur des cas. Les messages trans-mis par radio ou toute autre mthodephysiquement concevable dans le contexte

    relativiste iraient peine plus vite. La bar-rire de la vitesse de la lumire n'est pas unobstacle absolu la migration interstellaire :on peut concevoir des navires univers, relat-ivement lents, qui abritent, telles des arches,

    des gnrations successives, ou bien desvaisseaux rapides dont les passagers profit-ent de la contraction relative du temps auxapproches de la vitesse de la lumire et

    couvrent les distances interstellaires en

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    quelques semaines, quelques jours, voirequelques secondes de leur temps propre,mais pour retrouver leur monde d'origineplus vieux de sicles, de millnaires ou demillions d'annes. Mais on imagine difficile-ment une socit galactique structure, cent-ralise, impriale, s'difiant sur ces bases.

    Depuis quelques annes, pourtant, de

    nouveaux concepts encore largement conjec-turaux sont venus refourbir l'ide de civilisa-tion galactique. Du point de vue des commu-nications, c'est le concept des tachyons, des

    particules hypothtiques dont la vitesseserait infinie et qu'il serait possible deralentir jusqu'aux alentours de la vitesse dela lumire en leur fournissant de l'nergie. Side telles particules dont les proprits

    thoriques ne contreviennent pas la relativ-it existent et s'il est possible de les faireragir avec des particules que nous connais-sons dj, alors un mode de communication

    quasi instantan sera ralisable. L'empire

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    galactique aura au moins le tlphone. Cer-tains astrophysiciens, d'autre part, estimentque les trous noirs , cette conclusion del'histoire des toiles dont la masse estsuprieure 2,5 fois celle de notre soleil,pourraient tre des passages vers des r-gions extrieures notre univers au sens re-lativiste du terme. Il pourrait exister des

    trous blancs par lesquels la matire ab-sorbe ailleurs par les trous noirs rint-grerait notre espace et notre temps. Ce con-tinuum ne constituerait alors qu'une partie

    d'un super-univers bien plus vaste et bienplus complexe. Il serait, au moins thorique-ment, concevable de voyager non seulemententre deux endroits mais encore entre deuxpoques (en fait, c'est la mme chose) con-

    dition de commencer par sortir de notre con-tinuum pour y rentrer autre part et autrequand. Et voil l'empire galactique dot d'unmtro. Assez paradoxalement, la mgalisa-

    tion de la mcanique quantique indique qu'il

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    serait plus facile de relier des endroits et despoques relativement loigns que des pointsdu continuum plus proches les uns desautres. Sur les courtes distances, lesmthodes traditionnelles conserveraient leurmonopole.

    Il se peut donc qu'il existe dj des civil-isations galactiques, mme s'il n'y a aucune

    chance pour qu'elles pousent navement lestraits de l'Empire romain. C'est en vain qu'onse mit leur coute en 1960, dans le cadre duprojet Ozma qui tendait recueillir

    l'aide d'un radiotlescope les messages ven-tuels de mondes lointains. Mais Rome nes'est pas construite en un jour et il faudrapeut-tre quelques dizaines de millnaires ou plus pour que l'humanit entre en con-

    tact avec de telles civilisations ou enchafaude une elle-mme. Alors, il lui restera se demander si les autres galaxies, plusnombreuses dans notre univers que les

    toiles dans notre Voie lacte, sont le sige

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    de pareils phnomnes, et rver unesocit peut-tre vraiment ou seulementprovincialement cosmique.

    GRARDKLEIN.

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    UNE MAIN

    SECOURABLE

    Par : Lester del Rey

    S'il existe, autour d'autres toiles, desplantes porteuses de formes de vie assezvoisines de la ntre, nous accroissons nos

    chances d'entrer en contact avec elles ennous lanant dans l'espace.Mais notre propre histoire nous incite

    nous mfier de telles rencontres : elles onttoujours t mortelles la moins avance

    des deux cultures. S'agit-il d'une fatalit

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    universelle ou bien d'un vice propre notrebelliqueuse espce ?

    LE premier contact de l'homme avec unerace trangre et intelligente n'eut pas lieusur quelque inquitante plante autour d'unsoleil lointain, longtemps aprs que les

    hommes eurent bti leur empire galactique.Il ne survint pas non plus dans l'arrire-

    cour d'un matre s soucoupes volantes.Aucune flotte guerrire venue d'outre-espace

    ne plongea dans le ciel de la Terre pour lapiller et la rduire en esclavage. On ne d-couvrit pas de Martiens ou de Vnusiensprimitifs prts se prosterner devant nous.Nul monstre tlpathe ne s'empara de nos

    esprits. Il n'y eut mme pas d'moi lorsqueles Extra-terrestres tentrent de s'infiltrerpar les coulisses et dans les secrets de nosgouvernements. Parce qu'ils ne se livrrent

    aucune tentative de la sorte.

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    L'vnement survint dans l'endroit lemoins propice de toute la Galaxie la ren-contre des races. Sur la surface morte de laLune.

    Pour Sam Osheola, il ne faisait aucundoute que la Lune tait morte et il nes'attendait aucune surprise.

    La premire expdition sur la Lune avait

    prouv que le satellite tait mort et l'avaittoujours t. Les seuls doutes qu'il prouvaitconcernaient sa prsence ici, au milieu de lacentaine d'hommes de science que l'on avait

    jug important d'emmener cette fois. Mais ilavait trop faire pour y penser. Aprs cer-tains des endroits o il avait travaill, laLune elle-mme n'avait pas grand-chosepour le surprendre.

    Il se trouvait l'intrieur du dme du gar-age, jurant dans les dix-neuf langues qu'ilparlait couramment et improvisant dans unedouzaine d'autres. Selon le plan de travail,

    les tracteurs auraient d tre dbarqus dans

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    les dix-huit heures suivant l'atterrissage.Mais, sans qu'on sache comment, l'quiped'ouvriers avait trouv le moyend'embarquer une cargaison de gnle et ilstaient tous enferms maintenant dans unedes fuses avec ses deux meilleurs mcani-ciens si bien frigorifis ces deux-l que mmel'oxygne pur ne leur rendrait pas la vie. Cela

    signifiait qu'il allait devoir reprendre leurtravail inachev et le terminer avec ce que lepetit commandant Larsen allait pouvoir luidgoter d'aide en puisant parmi les

    quipages et les savants.Larsen arriva ce moment, enlevant s-chement son casque rond la sortie du sas. Ils'arrta pour couter avec admiration sonchef de travaux qui en tait maintenant au

    stade du grommellement moiti sminole,moiti anglais.

    J'ai une poigne de volontaires qui at-tendent dans le dme principal. Instruisez-

    les autour d'une tasse de caf , annona

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    Larsen. Puis il sourit. J'avais toujours cruque vous, les Indiens, tiez une race peumotive, Sam. O est le roc qui vous sert devisage ?

    Plant dans un cratre ! riposta Sam.Puis il aperut son visage qui se refltaitdans la cloche d'un des tracteurs et il touffaun petit rire. Le roc, s'il y avait jamais eu roc,

    s'tait miett l'embarquement. Son neztait cass, suite du football qu'il avait joupour dcrocher son M.E., son front tait tra-vers d'une cicatrice due une balle arabe du

    temps o il posait des pipe-lines en Isral etses veines taient en un endroit clates ensouvenir du jour o son casque n'avait pasrsist lorsqu'il travaillait sur la premirestation spatiale.

    Ouais, reconnut-il. Nous autres Smin-oles ne connaissons aucune motion, Bill.Nous sommes si peu impressionnables quenous avons refus de signer un trait. Et

    jusqu' ce jour, nous nous baladons partout

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    en racontant qui veut l'entendre que noussommes toujours techniquement en guerreavec les tats-Unis. Allons prendre cecaf !

    C'est l'instant o ils sortaient du garagequ'ils dcouvrirent le navire.

    Sam le contempla sans en croire ses yeux

    travers le plastique polaris de son casque.Son esprit fit un bond de dix ans en arrire,retrouvant une peur qui aurait d avoir tout jamais disparu. Les Russes. Ils vi-

    ennent nous chasser de la Lune !Avant qu'ilne contrle son mouvement, sa main chercha s'emparer d'une arme qu'il ne portait plusdepuis des annes. Il y avait beau temps quece bourbier politique avait t assaini ; en

    l'occurrence, d'ailleurs, une douzaine de sav-ants sovitiques participaient l'expdition.

    Mais il n'y avait pas de doute. C'tait unnavire comme il n'en avait jamais vu. Ce

    n'tait ni une fuse transatmosphrique

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    voilure, ni un transporteur cylindrique, ni deces plates-formes containers qu'on utilisaitpour atteindre la Lune. Non, a ressemblaitsimplement une immense sphre de trentemtres de diamtre environ d'o rayonnaitune violente lumire bleue. Cela descendaiten traant une large courbe, dclrantrgulirement, mais il n'y avait aucun signe

    de combustion atomique ou mme chimique.La sphre passa au-dessus de sa tte et

    vint s'immobiliser au-dessus des btimentsde l'expdition en planant une trentaine

    de mtres du sol ! Puis, comme si elle avaitpris sa dcision, elle commena se poserdoucement entre les plus grands des cinqvaisseaux.

    Il y eut un bourdonnement de voix dans

    les couteurs de Sam ; d'autres avaient vu.Mais les mots n'avaient aucun sens. Celan'tait certainement aucun des btiments deravitaillement prvus et on en avait enfin fini

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    avec l'absurdit des soucoupes volantes av-ant que la station soit construite.

    Sam entendit Larsen rappelerquelqu'un. Il jeta un coup d'il vers le dmeprincipal o un petit nombre d'hommes entenue spatiale faisaient marche arrire avechsitation. Le bon sens voulait qu'on attendede voir comment les choses allaient tourner.

    Le commandant seul continua d'avancer.Sam le heurta. Les cheveux la base de soncou s'taient lgrement hrisss. DesMartiens ? demanda-t-il. C'tait une ques-

    tion idiote et il attendait bien qu'on le luidise. Mais Larsen hocha la tte. Me le de-mande pas, Sam ! Mars ne peut produireaucune technologie avance avec son atmo-sphre je crois. Mais cette chose n'est ja-

    mais venue de la Terre. Mauvaise orbite,pour commencer. Tu vois quelque chose quiressemble des armes ?

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    Je ne vois rien, rpondit Sam. Qu'est-ce qu'on fait s'ils se montrent pistolet rayonau poing ?

    Larsen ricana. S'ils se montrent avecdes arcs et des flches, je me rends. Cette ex-pdition a pour tout armement un automatic38 et sept balles au cas o quelqu'untomberait dans un cratre d'o il ne serait

    pas possible de le sortir. Attends voir ! Larsen s'immobilisa, le doigt tendu.

    Une ouverture tait apparue sur le ct dela sphre bleue. Maintenant elle s'largissait

    et un tronon se droulait formant vers lasurface une rampe courbe. Dessous, il y avaitcomme une sorte de substance grise d'ojaillit quelque chose qui ressemblait un es-calier aux marches rtractables. La dernire

    marche tait peine sortie que la substancegrise parut se drober.

    Une forme mergea.Quelle qu'elle ft, elle avait l'air humaine.

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    Sam grogna de surprise. Il tait prt tout sauf a. Une pieuvre aile ne l'auraitpas gn. Mais un HOMME? Si un pays surTerre possdait un navire de ce genre et lais-sait les expditions s'embarquer pour laLune bord de fuses atomiques d'un stylecompltement prim, il y avait vraimentquelque chose de pourri ! Mieux valait un

    monstre que des cratures apparemmenthumaines !

    Puis il rflchit. La forme portait unecombinaison spatiale d'un blanc tincelant,

    mais d'une fabrication trop fine on auraitplutt dit un collant de sport qu'un lourdscaphandre tel qu'il les connaissait. Et il yavait aussi quelque chose d'anormal dans lamanire dont la forme marchait. Quelque

    chose de caoutchouteux, comme si lesjambes pouvaient se plier dans tous les senssans articulations fixes.

    Larsen et Sam recommencrent avan-

    cer. Une autre silhouette sortit de l'trange

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    navire, portant quelque chose. Celle-l fit ungeste en direction des deux hommes, puiselle se tourna vers le btiment de l'expditionsuivant la premire forme. Elle s'approchadu navire en courant, tenant l'appareilqu'elle paraissait faire fonctionner.

    Les deux cratures tinrent confrencependant une dizaine de secondes. Puis elles

    se retournrent et s'avancrent vers Sam etLarsen.

    Wallah ! La voix rauque de Sam parutrsonner dans son casque et il sentit Larsen

    tendu ct de lui. Mais il n'avait d'yeux quepour le visage dans l'autre casque le plusprs de lui.

    La tte de la crature tenait de l'homme etdu crapaud, si tel croisement tait possible ;

    un crne souple et chauve, le nez inexistant,une bouche large, lgrement ouverte main-tenant en une ligne droite, des yeux quisemblaient dous d'une autonomie de

    mouvement et une peau lisse, imberbe, d'un

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    violet si fonc qu'elle en paraissait presquenoire.

    Mais le plus incroyable tait qu'elle taitbelle. Grotesque par ce mlange d'humain etde non humain, elle possdait une certainequalit inne qui traduit la bonne conceptioncomme chez un cheval de course ou un chat.

    Brusquement, cinq mtres, la crature

    tendit les bras, les mains semblant pendre.Ces mains, il le distinguait maintenant,n'avaient que trois doigts disposs diversintervalles autour des paumes, tous en posi-

    tion plus ou moins antagonique. Paix , devina Sam. Il avait vu diversesraces humaines utiliser des signes tousdiffrents pour la mme ide. Mieux vautfaire comme eux, Bill et prions que a

    veuille bien dire ce que je pense. Les deux hommes s'avancrent vers les

    deux cratures. Sam s'arrta cinquantecentimtres de son vis--vis, mais celui-ci

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    continua de s'approcher jusqu' ce que leurscasques se touchent.

    Ssarah ! dit-il. Salut vous ! rpondit Sam. La voix

    n'avait pas t dsagrable, d'aprs ce qu'ilpouvait juger d'un son qui avait voyag tra-vers deux casques tanches. Elle paraissaits'accorder au velout de la peau qu'il voy-

    ait. Il se frappa la poitrine puis la tte. Sam !

    La fente rectiligne de la bouche se rtrcitet s'carta. Sam. La crature se dplaa

    vers le commandant. l'intention de Sam,elle rpta le mme mouvement de labouche. Birr. Va. Sam t Birr. Elle sefrappa la poitrine du doigt. Ato t'Mu an. D'un geste, elle fit comprendre que le premi-

    er nom s'appliquait l'autre crature.Puis Ato se retourna et se dirigea vers le

    navire. De sa jambe souple, au-dessus du sol,il dessina des cercles dans la poussire au-

    tour d'un point central. L'image qui apparut

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    ensuite ne pouvait se rapporter qu' unefuse grossirement bauche. Ato attendaitcomme s'il guettait une raction. Puis il eutun geste qui ressemblait un haussementd'paules. Il joignit ses mains, commena les lever et enfin les tendre, traant unefine verticale avec un grand cercle ausommet.

    Vvvv PWOMB ! Sam sursauta, sentant des sueurs froides

    lui couler dans le dos. Le jeu des mainsl'avait tellement absorb qu'il n'avait pas vu

    l'autre crature se pencher vers lui jusqu'toucher son casque. Alors la signification detout cela lui apparut soudain et son pouls re-prit son rythme normal.

    Mais Larsen tait au-devant de lui. Peut-

    tre n'avait-il entendu le bruit que faible-ment, mais il avait dcod les symboles. Ila compris que les fuses sont mues par desracteurs atomiques ! La voix de Larsen ar-

    riva aux couteurs de Sam. Cet appareil

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    qu'il transporte doit tre une sorte de dtec-teur de radiations.

    Brusquement sa voix tomba. Sam, peut-tre aurais-je d les empcher. Bon sang,c'est l'explosion d'une bombe atomique qu'ilnous signalait. Ils ont d utiliser l'atome des fins de guerre.

    Autant admettre ce que l'autre ct sait

    dj , lui dit Sam. Dans le fond de son es-prit, la stupfaction commenait seulement se graver. Des extraterrestres ! Des Mar-tiens, des Vnusiens des cratures des

    toiles, ici ! Amis pour nous conduire tra-vers l'espace ou ennemis, venus de Dieusait o pour nous attaquer. Des extra-ter-restres et lui, Sam Osheola, quatre centmille kilomtres des marais o il avait vu le

    jour un milliard de cultures peut-tre, plustranger qu'il ne l'avait jamais t pourtoutes les races humaines qu'il avaitrencontres !

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    Puis le vieux mcanisme de dfense com-mena de tomber. Cela n'avait pasd'importance, pas plus que n'en avait eu lefootball. C'tait toujours un jeu un jeu danslequel il jouait il fallait qu'il excute lesmouvements, qu'il donne les bonnesrpliques, mais a ne pouvait pas le touchervraiment, parce que des choses pareilles

    n'arrivaient pas vraiment Sam Osheola.D'autres hommes en tenue spatiale sor-

    taient maintenant, formant cercle autourd'eux, d'autres cratures du navire bleu,

    toutes vtues de la mme combinaisonblanche et lgre. Larsen se tourna vers seshommes pour leur donner des ordres,comme semblait le faire Ato l'intention dessiens.

    Rien n'chappait aux trangers. Un illoucha lgrement vers le commandant etSam eut la certitude de voir de la surprisepasser sur le visage violet. Ato s'en voulait

    d'avoir choisi le mauvais cheval et il venait

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    l'instant de s'en rendre compte en entendantLarsen donner des ordres la place de Sam.

    Cela signifiait au moins que les chosesn'taient pas tlpathes.

    Cette fois, Ato ne commit pas d'erreur. Ilmit le cap sur Larsen en indiquant la direc-tion de son propre navire. D'une main ctde sa bouche, il fit des signes d'ouverture et

    de fermeture, puis de l'autre il rpta lemme geste ct du visage du command-ant. Les deux mains face face, il mima uneconversation, puis montra nouveau son

    navire. Le geste de Larsen vers le dme prin-cipal provoqua une nouvelle suite de signescompliqus, de refus probablement oud'explication de quelque sorte, et il fit unautre pas vers le navire bleu.

    Finalement, Ato tourna les talons etpartit seul. Ses camarades le suivirent desyeux sans faire un mouvement pourl'accompagner. Lorsque l'tranger atteignit

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    Ato attendait toujours. Sam se dirigeavers le navire bleu travers la ponce et lapoussire. Si l'tranger tait surpris de cettevolte-face, il n'en laissa rien voir. Mais c'taitseulement de bonne guerre. Il ne faut pasqu'ils puissent lire en toi , se murmura Sam lui-mme.

    Puis il se demanda s'il pouvait exister un

    quivalent cela dans la langue d'Ato. Unelangue est faite d'autre chose que de sons s-mantiques c'est toute une histoire cul-turelle et on ne peut rien savoir de quelqu'un

    tant qu'on ignore comment il pense dans sapropre langue.

    sa dception, les marches et ce qu'ilpouvait voir de cette partie de la coque

    n'taient gure diffrents de ce qu'on utilisaitgnralement sur Terre. La substance grisetait une sorte de plastique souple. On avaitexpriment sur Terre des sas flexibles qui

    devaient permettre le passage d'un

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    cosmonaute dans le minimum d'espace etavec une perte rduite, mais, jusque-l,aucun n'avait fonctionn. Le principe taittoutefois bien connu.

    Sam acquiesa d'un signe de tte lor-squAto lui toucha l'paule et s'enfona. Samsuivit. La substance grise pousait son corpssans trop de rsistance et enfin il se trouva

    dans un couloir sans forme prcise, aux mursmtalliques. L'tranger retirait sacombinaison.

    La premire impression de Sam s'avrait

    juste. La structure osseuse du corps violetn'tait pas parfaitement rigide ; les articula-tions ressemblaient des joints l'intrieurdesquels un cartilage flexible permettait latorsion. C'tait naturellement parfait pour

    une lgante combinaison spatiale.Le corps nu et violet avait la sveltesse gra-

    cieuse d'un ondin, mais il en manait un airde force et d'endurance.

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    Ato sortit divers quipements d'un plac-ard. Il examina la combinaison de Sam unmoment, puis localisa la valve permettantl'vacuation de l'air vici et prit unchantillon.

    Des choses bougrent, changrent decouleur et prcipitrent. Une srie de chiffresapparut. L'tranger les examina silencieuse-

    ment puis tortilla sa bouche. Va ! ce geste, Sam porta les mains aux ferm-

    oirs de son casque. Il tait courageux avec

    conscience. la manire dont ses anctresavaient brav le danger et la torture sans unmurmure. Eh, non, bon sang ! a c'tait lesSioux et les Apaches ! Il n'tait pas un de cesfichus sauvages

    Il prit soudain conscience qu'il retenait sarespiration.

    Il expira avec un Whoosh. Lorsqu'ilaspira, il y eut une odeur trange, vaguement

    piquante, vaguement douce qui semblait

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    venir de l'tranger. Mais ses poumons ac-ceptrent l'atmosphre avec gratitude. C'taitun peu plus lourd que celle utilise dans lesdmes et les scaphandres et a lui parut bon.

    Ils descendirent des corridors, puis, parune sorte d'ascenseur, atteignirent une picequi devait tre le poste de commande dunavire. Il y avait des indicateurs sur des pan-

    neaux le long des murs, des crans de tlvi-sion montrant l'extrieur en couleurs avecune dominante bleue difficilement support-able pour l'il humain et des instruments

    dont l'utilit n'apparaissait pas clairement Sam. Deux hommes violets travaillaient avecune hte vidente sur un lacis compliqu defils, de minuscules protubrances qui pouv-aient tre des transistors, des bobines et

    autres lments. C'tait manifestement lec-tronique et ils taient en train de changer lescircuits.

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    L'un d'eux s'arrta et dbita un chapeletde paroles aigus l'intention d'Ato, indi-quant un appareil sur la table.

    Ato hocha la tte. Il s'avana vers unechaise trois pieds qui semblait tonnam-ment confortable puis s'assit d'un ct de latable. Il actionna un bouton reli un filentre eux deux puis tira lui un clavier de

    commutation qu'il avait porte de main. Deson autre main, il s'empara d'une mince tigedont il se servit pour former des signes surune sorte d'critoire. Apparemment, sa

    paume tait assez flexible pour permettre n'importe lequel de ses deux doigts d'tretoujours en opposition avec le troisime. Iltendit la tige.

    Ssompa , nona-t-il avec soin. Il traa

    de nouveaux signes. Pir , dit-il. Puis il in-diqua tout le groupe de signes, rptant : Edomi.

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    Ce n'tait mme pas un enseignement lin-guistique bien organis et moins encore ungnial instructeur lectronique.

    Sam sentit la dception grandir en lui al-ors qu'il sortait son propre stylo et com-menait crire un groupe de mots. Va-oui. Va-oui. Ssompa pir edomi. Le stylo critle mot. Va. Et vous feriez mieux de cder la

    place quelqu'un qui sache prendre le relais,Ato, ou l'enfer aura eu le temps de geler quenous serons encore l nous apprendre desphrases inutiles. Maintenant,un !

    Ato haussa les paules et laissa l'initiative Sam. Ils passrent en revue les nombres etles termes d'oprations arithmtiques lesplus courants, des noms, des verbes parmiles plus simples, et un ngatif qu'Ato, appar-

    emment, choisit entre plusieurs.Sam avait dcid dj qu'on pouvait laiss-

    er la grammaire au placard. Il avait choisil'anglais petit ngre, parce que c'tait la

    langue la plus simple et la plus efficace qu'il

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    connaissait. Le vocabulaire tait limit, lesrgles simples, elle suffirait exprimer toutce qu'ils pourraient avoir se dire. En plus,a lui laissait un atout dans sa manche. Atomettrait un fameux moment en tirer desconclusions sur la culture de Sam, aussi mal-in qu'il ft.

    Mais il se mit alors souponner Ato d'en

    faire autant de son ct.Lorsqu'il eut fini sa liste de mots de base

    et commenc les exercices d'applicationspratiques afin de les fixer d'une manire in-

    dlbile dans leurs mmoires respectives,Ato ne voulut rien savoir. Non, dit-il d'unevoix ferme. Formez une phrase. Il n'en d-mordit point.

    Sam frona les sourcils, mais poursuivit.

    Si les trangers possdaient une mmoirequi leur permette de matriser un vocabu-laire la premire audition, chapeau ! Il sepencha en avant, transpirant lgrement tout

    en essayant de forcer son esprit se souvenir

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    Il parut comprendre par contre l'intrtdu caf qu'on avait envoy Sam et se mit deson ct siroter un liquide rougetre. Mais,mme avec le caf, Sam tait aux trois quartsmort de fatigue lorsque Ato, avec la prcau-tion apporte aux premires expriences,carta ses larges lvres dans ce qui voulaittre un sourire humain et se rejeta contre le

    dossier de son fauteuil. Bien , dit-il. Il ta-pota la machine en face de lui, toucha unbouton et couta la voix de Sam qui en sortit. Va-oui. Ssompa pir edomi. Le stylo crit le

    mot. Un, deux, trois, quatre Sam observa le technicien qui retirait unedes deux bobines de la machine et enroulaitle mince plastique dans une autre semblable,indiquant en quelques gestes simples com-

    ment cela marchait.Quel fou il avait fait ! Bien sr qu'ils

    avaient de parfaites mmoires, cestrangers les hommes aussi, depuis

    l'invention du magntophone !

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    Il se maudissait encore quand, enfermdans sa petite cabine et aprs avoir envoyvalser sur un banc la machine qu'on lui avaitdonne, il entreprit de se dshabiller. Larsenarriva alors qu'il se battait avec ses chaus-sures ; il apportait des verres et une petitebouteille. Le commandant avait l'air inquiet,

    mais il souriait. Je sais qu'il est illgal de donner du

    whisky un Indien, Sam, dit-il, mais la loin'arrivera peut-tre pas jusqu'ici.

    Il est illgal de donner quoi que ce soit un Indien, Bill. Vous tes sens leur pren-dre tout. Bon sang ! C'tait comme sil'alcool tranchait dans son estomac et dansses nerfs en mme temps, lui rappelant qu'il

    n'avait rien aval pour dner. Il avait cepend-ant plus besoin de a. Il prit un deuximeverre puis rapporta brivement ce qui s'taitpass, rptant un petit bout de la bande .

    Qu'est-ce que a peut donner ?

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    Larsen secoua la tte. J'aimerais bien lesavoir, Sam. Mme avec a, il faudra bienune semaine pour que vous arriviez com-muniquer rellement, pas vrai ? Hummm.Qu'est-ce qui les pousse nous consacrertout ce temps et ces efforts ? Qu'attendent-ilsde nous ?

    Pourquoi faudrait-il qu'ils attendent

    quelque chose ? Il le faut, dit Larsen avec patience.

    coute, imagine qu'en arrivant sur la Lune,nous dcouvrions un navire tranger. Est-ce

    qu'on se poserait ct de lui ou est-ce qu'oncommencerait par tudier la question ? Unearrive pareille, a n'a aucun sens, moinsqu'ils aient tellement besoin de nous qu'ilssoient prts courir le risque de nous

    trouver arms ou moins qu'ils soienttotalement invulnrables. Il marqua unepause, le temps d'apprcier cette hypothse. Mais, dans ce cas, pourquoi cette hte et

    cet acharnement communiquer avec nous ?

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    As-tu vu quelque chose sur le navire ? Lecompartiment des machines, hein ?

    Je n'ai pas essay. Larsen soupira. Non, bien sr. Mais eux

    ils ont vu peu prs tout ce que nous avons.Leurs hommes se sont colls aux ntres et jen'ai pas pu courir le risque de dire non ; ilssont donc alls partout. Et ils savent,

    Sam. Ils savent beaucoup trop bien. Ils ontmis le doigt sur la panne des tracteurs et ilss'y sont mis sance tenante. Tu sais quelpoint ces engins sont compliqus monter et

    ce qu'il faut de temps pour s'assurer qu'ils lesont correctement ? Eh bien ces cratures les Perui ou je ne sais pas comment tu les ap-pelles s'en sont dbrouilles en dix minuteset ils en ont fait deux fois plus que nos

    dpanneurs. Et qui plus est, ils n'ont commisaucune erreur. Ils connaissent la mcanique.Qu'est-ce qu'ils veulent ?

    J'attends que tu me le dises, suggra

    Sam.

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    Je voudrais bien pouvoir. Mais, uneide comme a, peut-tre veulent-ils savoirquelles armes nous avons sur Terre ?

    Sam grogna. Tu as pris contact avec lastation, Bill , devina-t-il. L'autre hocha latte. Naturellement, c'est mon devoir. Etaussitt que le radar de la station a localisleur navire, ils n'ont pas eu plus press que

    d'avertir la Terre. Comment savoir si ce n'estpas seulement une avant-garde prcdantune invasion ? Ils ne viennent d'aucune denos plantes. Nous avons capt tout un tas

    de signaux radio haute frquence dont ilsse servent ici pour communiquer entre lenavire et les hommes de l'extrieur ; s'il yavait une plante dans le systme qui soit as-sez dveloppe pour utiliser a, nous

    l'aurions repre. De plus, d'aprs ce que tu,dis de leur atmosphre, ils doivent venird'une plante comme la Terre, or, noussavons que ce n'est vrai d'aucune plante

    dans notre systme. Comment se fait-il qu'on

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    nous fasse signe de Dieu sait exactementquelle toile la minute o notre expditionse pose sur la Lune ?

    La Terre recommence voir descroquemitaines, dit Sam dgot. Si ce n'estpas nous qui prenons le dessus, il faut que cesoit l'autre. Pour quoi deux gaux nepourraient-ils pas s'entendre ?

    Deux gaux, peut-tre. Mais nous nesommes pas leurs gaux.

    Larsen s'apprta partir, ruminant sespenses. Qu'est-ce qui s'est toujours pass

    lorsqu'une culture suprieure a rencontrune culture infrieure ? Tu connais la r-ponse. Vois ce que tu peux apprendredemain.

    Oui, qu'est-ce qui s'est pass lorsque

    les Blancs se trouvrent en face de monpeuple ? se murmura Sam pour lui-mme.La guerre, bien sr. Mais ce ne fut pas toutpour le pire. Puis il corrigea : Ce ne fut pas

    tout pour le pire, mais a l'aurait t si les

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    deux cts avaient eu des armesatomiques. Il tendit la main vers le magnto-phone et le mit en marche, s'efforant de seconcentrer sur le vocabulaire. Mais il ne sepassa pas une demi-heure qu'il tomba dansun profond sommeil, rvant qu'il jouait Her-ms dans une quelconque tragdie.

    Et quelle que fut la manire dont il lisait

    son texte ou le dbordait, il n'y avait pasmoyen d'y changer quoi que ce ft, et ilsavait que l'auteur avait fait de la fin ungchis irrparable.

    Le lendemain, Ato l'attendait l'extrieurdu dme, un sourire sur son visage violet quilui semblait maintenant presque naturel.

    Sam vit que d'autres hommes violets

    s'taient rpandus sur le terrain, mls auxhumains. Une mthode rudimentaire de lan-gage par signes s'appliquait, semble-t-il,dj, mais elle ne rsoudrait pas les

    problmes intellectuels. L'quipe d'ouvriers

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    s'tait remise de sa beuverie et, dehors main-tenant, les hommes paraissaient quelque peuassagis. C'taient pour la plupart des Indiensdes Andes reliquat de la construction de lastation du temps o l'on pensait qu'ilsauraient une certaine marge de scurit encas d'accident. La majorit d'entre eux vitaitles Perui et il les vit faire des signes pour

    conjurer le dmon chaque fois qu'unecrature violette les approchait. Ils pilotaientdes tracteurs sur la Lune, mais avaient em-men leurs superstitions primitives avec eux.

    Sans doute en allait-il de mme sur toute laTerre l'gard des extraterrestres. l'intrieur de la salle de contrle du

    navire bleu, l'imposant systme lectroniquesemblait avoir t rpar et les techniciens

    taient partis. Ato se laissa tomber sur sachaise, indiquant une sorte de verre empli deliquide. Buvez, Sam. Nous avons analysquelques-unes de vos boissons, celle-ci ne

    vous fera pas de mal.

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    Sam en resta bouche be. Cela avait tdit en petit ngre, bien sr, mais les motstaient venus sans accrocs. Et pourtant ilaurait pu jurer qu'Ato disait en mme tempsquelque chose en peruta. L'espace d'uneseconde, l'ventualit d'une tlpathie quifonctionnerait partir de mots symboles debase lui traversa l'esprit. Il tendit la main

    vers son verre. Son nez lui disait que c'taitlgrement alcoolis ; c'tait tout ce qui luiimportait pour le moment, et ce n'tait pasdsagrable au got, encore que trop doux.

    Puis la ralit fit place au plaisir et il setourna vers le tableau lectronique.La voix d'Ato lui parvint, mais avec un

    petit retard, cette fois. Puis la machine se mit parler et Sam put reconnatre sa propre

    voix derrire les mots. C'est une transposition de la langue par

    la machine langue, annona-t-elle. Le motcorrect, s'il vous plat ?

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    Traduction , dit Sam automatique-ment. Ce retard tait survenu lorsque la ma-chine n'avait trouv aucun mot pourexprimer l'expression d'Ato et tait prive detoute indication lui permettant de l'exprimerd'une autre manire jusqu' ce qu'elletrouve ! Sans doute un technicien humainaurait-il pu prendre un des normes ordin-

    ateurs qui servaient calculer la trajectoiredes navires spatiaux et le transformer en tra-ducteur automatique en l'espace de quelquesmois ; on se servait depuis assez longtemps

    de machines de ce genre pour acclrerl'change de connaissances scientifiques.Mais de l en crer une qui puisse triomph-er de sa propre ignorance, c'tait une autreaffaire !

    Bill Larsen avait raison ; ces gars-lsavaient !

    Puis il haussa les paules. Il avait encore faire le travail qu'on lui avait demand.

    Trs bien, dit-il, tandis que la machine

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    babillait en peruta. Dans ce cas, Ato, quevoulez-vous ?

    Le sourire ne se fit pas attendre cette fois. Une occasion de parler, Sam de parlerjusqu' ce que la machine ne fasse plus defautes et trouve tous ses mots. On pourraitparler d'histoire, peut-tre. Je commence oubien vous ?

    Allez-y. La tte violette s'inclina premire ex-

    pression gestuelle que voyait Sam.La voix douce entama l'histoire des

    dbuts de la vie prs des mers mille foismillnaires presque la mme histoire quecelle qu'avait tudie Sam. La machine mitdu temps au dbut courir aprs les motspropres exprimer ce qui tait dit, mais

    mesure qu'elle dveloppa son vocabulaire,elle acquit plus de fluidit. Parfois elle setrompa dans l'utilisation d'un mot, mais ellene fit jamais deux fois la mme erreur.

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    Sam coutait, fascin malgr lui. Cen'tait pas une histoire de monstres ; cen'tait pas une vie terriblement diffrente.C'tait l'histoire de la Terre reprise du dbut,les noms et vnements, la chronologie desdcouvertes et les intervalles historiquesseuls changeaient. Mais c'tait une histoirequ'il pouvait comprendre aussi aisment que

    la sienne propre. Le feu, les armes, les an-imaux domestiques, l'agriculture. Les villeset aprs elles, les empires sanglants.L'criture et le mtal. Race et culture contre

    race et culture, guerre, esclavageIl intervint brusquement, oubliant sarsolution d'en dire le moins possible de laTerre. Chez nous aussi, notre culture aprobablement vu le jour dans un petit coin

    de notre plante. Nous l'appelons Grce. Il ya de cela environ deux mille cinq cents ans.

    Ato l'couta puis tablit une sorte de par-allle, sans Alexandre toutefois, mais avec

    une curieuse religion qui semblait faite d'un

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    croisement entre le bouddhisme et lechristianisme.

    Ils avaient mme eu quelque chosecomme les croisades, suivies de la d-couverte, bien plus tard, de quatre petitscontinents occups par des sauvages.

    Sam reprit la parole. Ils firent ainsichacun leur tour, jusqu' ce qu'ils soient ar-

    rivs l'histoire contemporaine de la Terre. Nous tions en avance, dit Ato. Tout

    cela nous est arriv il y a environ deux centsde vos annes. Nous avons atteint nos

    plantes qui n'eurent que l'intrt de nouspousser aller plus loin. Nous avons eu unegrande guerre atomique, mais, heureuse-ment, l'cran de paix fut dcouvert juste temps.

    L'cran de paix,pensa Sam, enregistrantles mots un un.

    Alors les deux grandes puissances ontd s'entendre et nous avons trouv le secret

    du navire stellaire. Comment voyager des

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    millions de fois plus vite que la lumire enthorie ; car mme maintenant, nous ne d-passons pas quelques centaines de fois cetteallure. Aprs a, nous nous sommes tendus,nous avons commerc et prospr. Nousavons dcouvert trois formes trs primitivesd'intelligence, d'un niveau trop bas pour qu'ilsoit possible de communiquer. Et mainten-

    ant, pour la premire fois, une autre race etune autre culture.

    Sam retomba soudain dans la ralit, lecharme tait rompu. Eh oui, la Terre pouvait

    passer par tout a, mais il lui manquait deuxcents ans. En Amrique, avec le temps,les Indiens seraient passs par l o taitpasse l'Europe ; ils avaient trouv le moyende travailler le mtal, ils avaient invent

    l'criture, l'agriculture et des tas d'autreschoses. Ils allaient de l'avant et pas seule-ment les Mayas, mais les cinq nations duNord. Les Sminoles, tout bien considr, ne

    s'en taient pas tirs trop mal. Mais il leur

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    avait manqu quelque chose comme deuxmille ans et les Blancs d'Europe bien plus enavance qu'eux les avaient dcouverts. Main-tenant ces mmes Blancs sur leur plante enplein essor taient dcouverts par une racequi avait deux cents ans d'avance sur eux.

    Et dans une civilisation de la technique,deux cents ans c'tait comme mille pour des

    sauvages. La Terre avait manqu le coche dedeux cents ans, mais elle l'avait manqu. LesPerui possdaient la technique, les naviresstellaires et l'empire. Ils avaient travers

    l'Atlantique galactique en qute de nouvellesroutes et ils taient tombs sur l'humanitprimitive.

    Et le plus triste, songea-t-il, en coutantAto d'un air sombre, tait que ce voyage

    n'avait mme pas t dlibrment organispour tre un voyage de dcouverte.

    Ato commandait un navire de com-merce. Il quittait un systme solaire rcent

    pour un plus vieux lorsque les dtecteurs de

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    son btiment avaient capt certaines radi-ations qui semblaient maner d'un vol spa-tial. Il avait pivot et fait demi-tour jusqu'ce qu'il trouve la trace des navires del'expdition lunaire et il les avait suivisjusqu' leur base.

    Vous avez pris un sacr risque en atter-rissant comme a , s'empressa de dire Sam,

    esprant que cela aurait au moins pour effetd'inquiter son interlocuteur.

    Mais Ato resta impassible. Nullement.Nous avons vu qu'il n'y avait pas

    d'atmosphre sur la Lune, nous savions doncqu'il n'y avait pas de vie. Pourquoi une racecapable de traverser l'espace s'encombrerait-elle d'armes lorsque le poids a une telle im-portance dans des btiments aussi petits ?

    Pourquoi ? Pourquoi ? L'homme violet hsita,

    puis haussa les paules. Ne seriez-vous pascurieux de rencontrer une autre race ? Nous

    nous y attendions un jour ou l'autre. Bien

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    sr, nous aurions souhait qu'elle soit notre niveau Quoique je me demande. Nossavants sociologues ont dtermin lesmesures prendre dans toutes ventualits,bien sr.

    Sam se pencha en avant. J'imaginedonc que vous connaissez ces mesures ?

    Il s'tait attendu une rponse ngative,

    mais Ato paraissait tout dispos en parler.Et, tout bien considr, le plan paraissait as-sez raisonnable. C'tait assurment mieuxque ce que les Aztques avaient obtenu des

    Espagnols. Peut-tre gal ce que les Indi-ens et les gyptiens avaient tir del'Angleterre. D'autres navires viendraient,naturellement, sur Terre et les Peruimettraient mme la disposition des Terri-

    ens les moteurs pour quiper les navires destination des plantes et des toiles lesplus proches les Perui n'avaient pas encoremis la main sur toutes les plantes de la

    Galaxie. Un certain nombre d'tudiants

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    terriens seraient probablement envoys dansdes coles perui pour y apprendre plus surles techniques telles que le vol hyperlumi-nique qu'il n'tait possible d'enseigner icidirectement aux techniciens. Il n'y auraitqu'un minimum d'ingrence dans les affairesterriennes, et la plante aurait sa chance dese hisser jusqu' la plus complte indpend-

    ance l'intrieur de l'Empire perui. Celaprendrait du temps, bien sr, mais

    Tout cela pour rien ? demanda Samd'un air de doute.

    Ato secoua la tte. Naturellement non,Sam. Nous sommes des gens pratiques,comme vous. Nous voil revenus au stadecommercial sur une plus grande chelle.Nous obtiendrons des choses de vous. Il n'en

    manque pas que vous pouvez produire meilleur march que nous, le niveau de viede votre monde ouvrier tant tel point in-frieur ce qu'il est chez nous. Vous pouvez

    fabriquer tout un tas de petites mcaniques,

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    produire certaines plantes spciales dontnous avons besoin Aprs tout, cela cotemoins cher, maintenant, de naviguer tra-vers l'espace qu' travers un ocan, encoreque cela prenne toujours un peu plus detemps. Oh ! vous ferez votre chemin.

    Un Perui entra ce moment et jetabrivement quelques mots l'adresse d'Ato.

    sa grande surprise, Sam les comprit pr-esque tous l'audition ininterrompue etsimultane des deux langues avait ouvert descircuits dans son cerveau. Larsen voulait voir

    Sam.Sam se leva alors que la machine com-menait traduire et, pour la premire fois,il vit clairement la surprise s'inscrire sur levisage d'Ato.

    Bon, il vaut mieux que j'y aille, dit-ilbrivement. Serai de retour ds quepossible.

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    Un des hommes l'extrieur indiqua legrand navire terrien.

    Sam se hta dans sa direction et grimpa la salle de contrle. Elle tait pratiquementdpouille de tout maintenant, il n'y restaitque la radio devant laquelle Larsen taitassis.

    Il couta Sam faire son rapport en

    fronant les sourcils. Aucune arme sur ce navire ? demanda-

    t-il enfin. Comment puis-je le savoir, Bill ? Je

    suppose que non, pas sur un btiment decommerce qui navigue pacifiquement d'unsoleil l'autre. Mais peut-tre en ont-ils. Ildoit leur rester quelque chose de leurdernire guerre. Quoi de neuf ?

    Larsen fit la grimace. L'enfer. La Terre aessay d'entrer en contact avec les Perui. Ap-paremment ils ont trouv la bonnefrquence, mais ils n'ont pas reu de r-

    ponse. Ensuite ils ont reu des informations

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    manant d'observateurs astronomiques ama-teurs les en croire, des toiles seraientsoudain en train de changer de place suivantune certaine trajectoire et ils se figurentque les Perui foncent vers la Terre unevitesse cent fois suprieure celle de la lu-mire et qu'ils bousculent littralementl'espace. Maintenant ils ont une frousse

    bleue l-bas que ce navire soit un avant-poste prparant l'invasion. Ils n'ont qu'unehte, c'est de savoir ce que le navire met.J'en suis l aussi, d'ailleurs. Mais ils veulent

    que nous le retenions jusqu' ce que Dono-hue ait le temps d'arriver avec le navire deravitaillement

    Donohue ? rpta Sam. C'tait ledpanneur flingueur personnel du prsid-

    ent un titre bien mrit vu la manire dontil rglait les problmes. Avec ses mthodes, ilavait presque soulev la rvolution en Bir-manie et les relations diplomatiques avec la

    Pologne taient toujours dans les choux

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    depuis sa dernire visite l-bas. Il avait eud'excellentes raisons pour agir ainsi, biensr, mais

    Donohue ! rpta Larsen. Il sera l danstrois jours. Et je veux bien parier qu'il seracharg

    Charg ? Larsen inclina la tte. D'un missile

    tte nuclaire question de s'assurer que lenavire ne mettra pas les voiles lorsqu'il ar-rivera. Mais c'est juste une supposition.

    Il faudrait bien qu'il en soit ainsi. Ce ne

    serait pas la peine d'essayer de retenir lenavire tranger sans avoir recours la force.Alors, qu'est-ce qu'on fait ? demanda

    Sam.Occupe Ato jusqu' l'arrive de Donohue.

    Puis prie tous les manitous que tu connais,lui dit Larsen. Et, bien sr, ne laisse chap-per aucun de nos secrets.

    Il pivota vers la radio, puis se retourna

    nouveau. Oh ! oui. Tche d'apprendre si

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    leur monde connat ds prsent notre exist-ence. quelle distance il se trouve, tous lesautres petits secrets militaires qui te vien-dront l'esprit. C'est tout, Sam !

    Sam sortit dgot. Le gouverneuraztque avait donn le mme ordre auxhommes qui avaient aperu le grand navirede Cortez. Il leur avait dit de le retenir et de

    percer ses secrets militaires. Et le roi, sontour, avait envoy le gouverneur arm d'unetrs particulire et trs redoutable pe enobsidienne et vtu d'un habit fait des meil-

    leures plumes. Tout ce qu'il avait faire taitde menacer suffisamment Cortez et l'occuperjusqu' ce que le roi trouve le moyen des'emparer du vaisseau. C'tait tout simple.

    Mais a ne changerait probablement pas

    grand-chose, songea Sam. a n'avait paschang grand-chose au Mexique.

    la longue, au Nord, l o les pionnierss'taient installs pacifiquement pour faire

    commerce et piller un peu l'occasion, les

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    rsultats avaient t les mmes. L'hommeblanc s'tait charg du fardeau de l'hommeblanc comme il l'avait fait aux Indes et enAfrique sauf pour quelques tribus commeles Zoulous qui avaient dit non avec un cer-tain succs.

    Maintenant les Perui allaient se chargerdu fardeau de l'homme de l'espace, que a

    plaise la Terre ou non. Elle recueillerait lerebut de la culture perui, on lui tendrait unemain secourable pour accder l'indpendance et une place de

    troisime ordre. Les Terriens auraient unechance de tout oublier d'eux-mmes et des'efforcer d'tre quelque chose qu'ilsn'avaient jamais t. Ils seraient riches, dansun sens tout comme les Indiens des plaines

    l'taient devenus avec le ptrole et lesordures.

    Grce Dieu, les anctres de Sam avaientrefus de lcher les bottes des Blancs ! Ils

    s'taient retirs dans leurs marais aprs

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    quelques durs accrochages. Et le plus drletait qu'aujourd'hui, ils avaient quand mmetrouv le moyen de s'insrer dans la civilisa-tion actuelle sans rien perdre de leur respectpour eux-mmes ou du respect des Blancs.

    Leur guerre tait devenue matire unebonne plaisanterie dont il pouvait blagueravec Larsen.

    Ils avaient russi sans devenir le fardeaude l'homme blanc.

    Il regarda quelques-uns des ouvriers quicontinuaient croiser les doigts pour con-

    jurer le mauvais esprit. Probable qu'ilsavaient la tlvision chez eux, sur Terre, etdes voitures et ils taient l, maintenant,sur la Lune, avec lui, faire un travail que lesscientifiques n'avaient pas le temps de faire.

    Et ils n'avaient couvert que la moiti duchemin vers l'tat d'homme.

    Un grand avenir les attendait tous, pourun retard de deux cents ans en technologie.

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    Et Donohue allait arriver avec sa petitebombe pour le rendre encore plus beau. Il in-sulterait la race suprieure et la provoquerait la violence ; peut-tre mme exterminerait-il ce groupe. Les reprsailles ne se feraientalors pas attendre ; quelques leons pour enterminer avec le dernier sursaut de fiert dela Terre et une version un peu plus brutale

    du programme prvu pour le fardeau del'homme de l'espace.

    Un bruit de pas de course branla le solderrire lui, rsonnant travers ses chaus-

    sures. Il se retourna et vit Larsen qui luitendait un petit objet. Prends a et cache-le ! dit schement le commandant. C'est unordre !

    Il disparut et Sam fourra dans sa poche le

    seul revolver qu'il y ait sur la Lune, puis il sedirigea vers le navire tranger.

    Ato leva les yeux vers lui en souriant.

    Votre gouvernement dsire me parler, ai-je

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    entendu dire, lana-t-il en guise d'accueil.Ignore-t-il que je ne suis qu'un marchand ?Je ne peux prendre aucun arrangement aveclui et je n'ai pas de temps perdre avec despoliticiens. Je dois partir d'ici demain, selonvotre temps, pour respecter mon pro-gramme. De plus, je dsire faire un rapportaussitt que possible.

    Vous n'avez encore inform per-sonne ? demanda Sam, s'efforant de con-trler sa voix.

    L'autre secoua la tte. Sur vitra-ondes,

    bien entendu, mais le signal radio mettraquarante ans pour atteindre la base lesondes ne dpassent pas la vitesse de la lu-mire, ce n'est qu'une formalit.

    Il abandonna le sujet.

    Sam mditait cette rponse ; quelquechose s'veillait lentement dans son cerveau. Imaginez qu'il vous arrive quelque chosequi vous force rester au sol ici, Ato, que se

    passerait-il alors ? Vous seriez contraint de

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    demeurer ici jusqu' ce que le signal radio lesatteigne, non ?

    C'est arriv, reconnut l'tranger. C'estla vritable raison de ce signal me localiser.Dans ce cas, bien sr, une fois que le signal aatteint une base, il ne faudrait que quelquesjours pour organiser les secours, et un moisde plus pour que le navire arrive jusqu'ici.

    Naturellement, si je n'ai pas de chance, si labase est inoccupe depuis quelques annes,l'attente serait plus longue. Maintenant, sivous dsirez d'autres dtails sur les plans

    conus par mon peuple Sam hocha la tte ngativement. Il avaittourn autour de son texte autant que lescript l'avait permis, mais arrivait le momentd'en finir et une fin de son cru valait mieux

    que pas de fin du tout. Quand les signaux neparvenaient plus et qu'il ne restait quequelques minutes jouer, que le score taitdj de 7 0 contre vous, il n'y avait plus

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    qu' attraper le ballon si on pouvait et fairedonner les jambes et les tripes.

    Il sortit le revolver. Vous savez ce quec'est, Ato ? L'autre l'examina lentement. Je le devine.

    Nous avons eu les mmes. Mortel, bienentendu ?

    Tout ce qu'il y a de mortel. Vous feriez

    mieux d'appeler vos hommes, mais ne leslaissez pas entrer ici. Et prparez-vous d-coller, Ato. Je ne plaisante pas. Je tirerai.Pour tout vous dire, mon gouvernement

    prfrerait me voir tirer plutt que de vouslaisser partir demain. Vous ne pouvez pas tenir cette arme

    jusqu' la fin des temps et si on dcolle,vous serez perdu, fit remarquer Ato.

    Pourquoi ? Il fallut quelque quinze secondes Sam

    pour lui expliquer ce qu'il pensait de la ques-tion du fardeau de l'homme de l'espace pour

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    la Terre. Il s'tait dj imagin ce qui luiarriverait.

    Si tel tait son rle et tel son jeu, il allaitdevoir faire la preuve qu'un Sminole valaitbien un Apache dans n'importe quellecirconstance.

    Mais cela il ne pouvait pas le dire l'tranger. Ils n'avaient pas chang assez

    d'lments de leurs histoires culturelles re-spectives pour cela.

    Dix secondes, Ato, dit-il. Si vous n'avezpas obi d'ici l, je tire.

    La tte violette s'abaissa lentement et undoigt se tendit vers un bouton. Ato com-mena donner des ordres. Les crans detlvision montrrent les Perui refluant versle navire. Les hommes taient tous bord

    avant qu'ils n'aient compris. Dcollez ! ordonna Sam. Volez en des-

    sous de la lumire et mettez le cap sur notrestation spatiale, si vous savez o a se

    trouve.

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    Sam s'tait attendu des difficults cestade, mais l'tranger se contenta de hausserles paules et se dirigea lentement vers legrand tableau de commande, tranant aveclui le microphone du traducteur auto-matique. Sam suivit, se dplaant le long dumur d'o il pouvait surveiller la porte. Unmoment plus tard, sans qu'on puisse avoir le

    moindre sentiment de mouvement, le naviredcolla. Les crans montrrent la Lune quireculait. Le visage de Larsen, les yeux au ciel,apparut sur l'agrandisseur, mais il tait trop

    loin pour qu'il puisse dchiffrer sonexpression.Peut-tre comprendrait-il. Sinon lui,

    peut-tre ses enfants, un jour si amarchait.

    Il y a un navire qui fait route vers laLune, quelque part entre l o nous sommeset la station, dit Sam. Je veux que vous lerepriez, Ato. Ensuite je veux que vous pla-

    ciez le navire sur une orbite circulaire stable

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    autour de la Terre qui coupera la route de cenavire. Compris ?

    Comme vous voudrez , dit Ato d'unevoix calme.

    Il y avait quelque chose d'trange dansson expression que Sam n'arrivait pas dchiffrer. Ses doigts se resserrrent sur lacrosse de l'arme et ses yeux scrutrent le vis-

    age d'Ato.Il tablait sur la chance et sur le fait qu'Ato

    ignorait que le navire de ravitaillementtransportait une bombe hydrogne. Et sur

    le fait que les choses ne pouvaient pas trepires qu'elles taient dj, donc que an'aurait pas beaucoup d'importance s'ilchouait.

    Si la Terre pensait que les trangers

    taient des ennemis et prvoyait une attaque,elle ne resterait pas l'attendre sans rienfaire. C'est au moins cela que l'histoire luiavait appris de sa plante. Elle avait commis

    souvent des erreurs, mais elle ne s'tait

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    jamais montre lche. Elle s'efforcerait de re-pousser toute attaque et ses efforts pouv-aient tre proprement phnomnaux. Par lepass, les hommes avaient assez souventquadrupl leurs efforts technologiques etralis en cinq ans les progrs qui enauraient demand vingt pour faire face laguerre. Si besoin tait, ils recommenceraient

    encore.Ils avaient quarante ans avant que le mes-

    sage radio n'atteigne sa destination. ce mo-ment, avec un peu de chance, ils n'auraient

    affaire qu'au navire de secours. Il sepasserait encore un peu plus de temps avantque le peuple perui tout entier ne prenneconscience que c'tait la guerre. Si la Terreparvenait retirer ne serait-ce que quelques

    bribes d'information technique du navireperui et les appliquer sa propre technolo-gie, elle serait en mesure de leur tenir tte.Elle aurait pour elle la force d'oprer de sa

    base plantaire, tandis qu'il leur faudrait

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    apporter la guerre jusqu'ici. Ce serait unepriode infernale, mais les guerres sansprofit ne s'ternisent pas et il y aurait unefin.

    La chance et sa propre dterminationaidant, la Terre arriverait au moins tenir.

    L'histoire avait montr ce qui arrivait auxraces qui s'taient inclines devant leurs

    vainqueurs et avaient accept l'aide qu'onleur avait offert, de bonne foi, si souvent. Surce point, l'histoire d'Ato et la sienne propreconcordaient. Elles concordaient aussi sur

    un autre point : parfois le meilleur moyen des'assurer le respect d'une autre race est de lacombattre.

    On ne pouvait pas mener un rude combatcontre un ennemi pendant de longues an-

    nes sans gagner d'une certaine faon son es-time. Et quand les guerres taient termines,le temps des alliances pouvait venir. Il y avaiteu l'Angleterre et l'Amrique et le Japon.

    L'Allemagne et la France. Et mme, dans une

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    certaine mesure, la Jordanie et Isral. Il yavait eu son propre peuple et les Blancs desmarais et le respect qu'il s'tait attir.

    Les ennemis pouvaient devenir des amis.Mais la distance entre infrieurs etsuprieurs ne faisait que s'accrotre, jusqu'ce que le gros avale le petit.

    C'tait mieux ainsi.

    Et pourtant

    Ato tourna la tte. Nous allons bienttcroiser l'orbite du petit navire, Sam.

    J'imagine que vous voulez que je le menace et ensuite que j'attende la bombe qu'iltransporte ?

    Sam dvisagea l'homme violet, sanspouvoir dire un mot.

    C'tait exactement son plan. Et si l'autrepouvait deviner aussi facilement

    J'ai prs de cinquante hommes bord,Sam, ajouta l'autre d'une voix calme. Cer-

    tains sont mes amis et j'ai la responsabilit

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    de tous. Nous avons une petite embarcation,assez grande pour les emmener tous jusqu'la plante que vous appelez Mars. Pas plusloin, Sam. Ils peuvent se dbrouiller pourvivre l. Laissez-les partir et je contacte votrenavire.

    Ce pouvait tre une ruse, Sam le savait. Etavec le nombre de vies dj en jeu, quelques-

    unes de plus ne comptaient pas. Mais il ac-quiesa d'un signe de tte.

    Expdiez-les.

    Une minute plus tard, presque aussittaprs qu'Ato eut fini de parler, il y eut uneembarde et l'un des crans montra un l-ment du navire qui paraissait s'en dtacherpuis prendre de la vitesse dans une direction

    oppose au soleil.Ato s'approcha des commutateurs de son

    tableau qu'il se mit tripoter jusqu' cequ'un barrage de mots clate dans les haut-

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    parleurs. Il manait apparemment du navireravitailleur.

    J'ai assez d'nergie pour atteindre laTerre avec a , dit Ato. Il brancha le traduc-teur et commena parler d'une voix duredans le micro. Navire terrien, vous tesmon prisonnier ! Navire terrien, vous tesmon prisonnier ! Rendez-vous sur-le-champ

    et prparez-vous laisser mes hommesmonter votre bord, sinon je vous abats !

    Puis il coupa et se tourna vers Sam.Sam le dvisagea sans y croire. Si les

    Perui taient aussi faciles intimider, ouaussi disposs brader leur race non, a nepouvait tre : pas s'il y avait quelque chosede vrai dans leur histoire.

    Pourquoi ? demanda-t-il brutalement.

    Ato haussa les paules. Tirez et vouscomprendrez, Sam. Allez-y. Ou plutt, non,je vais vous le dire. Cela ne vous avancerait rien de tirer parce qu'il y a entre vous et moi

    l'cran de paix dont nous avons dcouvert le

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    secret. Il est en place depuis que vous tesentr ici avec ce que mes appareils de con-trle ont dcel tre une arme. Il y en a ungalement autour de ce navire. Aucune desarmes que vous possdez actuellement nepourrait le briser.

    Sam tira froidement, dlibrment. Unmoment plus tard, le pistolet inutile pendait,

    vide, dans sa main et sept boules de mtalfondu jonchaient le sol. Ato n'avait rien.

    Bien, dit enfin Sam. J'imagine quej'aurais d garder la dernire pour moi. Et

    maintenant ? Qui sait ce qui se passe aprs la mort ?demanda Ato d'une voix douce. Sam, croyez-vous que nousvoulionsce que vous appelezle fardeau de l'homme de l'espace ? Vous ne

    vous rendez donc pas compte que notre his-toire, elle aussi, a montr ce que cela don-nait ? Ce n'est pas plus avantageux pour lesuprieur que pour l'infrieur a le pourrit

    de l'intrieur. Votre histoire ne vous a-t-elle

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    pas montr comme la ntre en a fait lapreuve qu'il n'y a de vritable paix et deprogrs qu'entre gaux ?

    Il fit un bruit qui ressemblait curieuse-ment un soupir. Je n'aime pas votre solu-tion non plus, Sam. Je ne l'aime pas du tout.Mais j'aime encore moins la ntre. Si vouspouvez mourir pour elle, un Perui pourrait-il

    faire moins ? Il abaissa un petit levier rouge. Vous pouvez venir maintenant, Sam.

    Ceci a bris l'cran entre nous. Mais main-

    tenant, si vous voulez que nous sauvionsquelque chose de ce navire et de ses archivespour votre peuple, j'ai besoin de votre aide. Ilfaut tre deux pour maintenir une partie del'cran et annuler l'autre. L ce bouton et

    ce levier maintenant Je te l'avais dit ; un murmure venu du

    fond du cerveau parvint aux oreilles de Sam ;tu irais sur la Lune. Et tu mourrais.

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    Mais une autre partie de son cerveau jou-ait le jeu, courait maladroitement avec le bal-lon, cherchait dfoncer les buts.

    Il se tenait impassible aux cts d'Ato, re-gardant les crans en maintenant le levier enbas, tandis qu'un missile jailli du ravitailleurterrien fonait sur eux. C'tait moche demourir, pensait-il. Mais s'il fallait mourir, il

    tait bon que ce soit avec un ami.

    Traduit par RIC DELORME.Helping Hand.

    Star S.F. 1957.

    Librairie Gnrale Franaise, 1974, pour latraduction.

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    ARRT DE MORT

    Par : Isaac Asimov

    Pour effectuer des expriences scienti-

    fiques de toute nature, une puissante civil-isation galactique disposerait de gigant-esques et presque parfaites prouvettes : lesplantes inhabites. Il suffirait

    l'exprimentateur ou ses successeurs de venir observer intervalles rguliers(quelques milliers de nos annes par ex-emple) le droulement d'un processus biolo-gique ou mme social soigneusement

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    contrl. Le vide de l'espace assurerait l'prouvette un parfait isolement.

    moins que les sujets de l'expriencen'chappent l'attention del'exprimentateur et ne dveloppent leurtour une certaine curiosit

    BRAND GORLA sourit d'un air gn. Ceschoses exagrent, vous savez. Non, non, non ! Les yeux roses du

    petit albinos cillrent brusquement. Dorlis

    tait glorieuse avant qu'aucun tre humainait jamais pntr dans le systme de Vga.Elle tait la capitale d'une confdrationgalactique suprieure en importance lantre.

    Bon, eh bien disons alors qu'il s'agitd'une ancienne capitale. Cela, je veux bienl'admettre et je laisse le reste auxarchologues.

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    Les archologues ne serviront rien.Mes dcouvertes ncessitent un spcialistedans ce domaine particulier. Et vous faitespartie du Conseil.

    Brand Gorla hsitait. Il se souvenait deTheor Realo qu'il avait connu dans lepass. Il en conservait vaguement l'imaged'une espce de dchet d'humanit. L'albinos

    tait un tre trange l'poque, cela, il nel'avait pas oubli. Et, visiblement, il n'avaitpas chang.

    J'essaierai de vous aider, dit Brand, si

    vous me dites ce que vous voulez. Theor lui jeta un regard soutenu. Jedsire que vous prsentiez certains faitsdevant le Conseil. Me promettez-vouscela ?

    Brand ne se compromit pas. Mais si jedcide de vous aider, Theor, je dois vousrappeler que je suis un membre subalternedu Conseil psychologique. Je n'ai pas grande

    influence.

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    Vous devez faire de votre mieux. Lesfaits parleront d'eux-mmes. Les mains del'albinos tremblaient.

    Entendu. Brand cda. L'homme taitun ancien camarade de classe, il n'allait pasle perscuter.

    Brand Gorla se renversa dans son fauteuilet se dtendit. La lumire d'Arcturus brillait

    travers les fentres des hauts plafonds, dif-fuse et adoucie par le verre polarisant. Maiscette version mme dilue de la lumire sol-aire tait encore trop violente pour les yeux

    roses de l'albinos qui mit ses mains en visireavant de reprendre : Savez-vous, Brand, j'ai pass vingt-cinq

    ans sur Dorlis, dit-il. Je me suis promendans des coins que personne ne connat en-

    core aujourd'hui, et j'ai trouv des choses.Dorlis tait la capitale scientifique et cul-turelle d'une civilisation plus avance que lantre. Plus avance, en effet, et notamment

    dans le domaine de la psychologie.

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    Ce qui appartient au pass semble tou-jours meilleur. Brand condescendit souri-re. Il y a un thorme l-dessus que voustrouverez dans n'importe quel texte depremire anne. Les tudiants le baptisentBVT(1). Pour Bon Vieux Temps, saviez-vousa ? Mais continuez.

    La digression arracha une grimace The-

    or. Il retint un ricanement de mpris. Vouspouvez toujours tourner en drision un faitinconfortable en lui collant une grossiretiquette sur le dos. Mais dites-moi un peu,

    que savez-vous du gnie psychologique ? Brand haussa les paules. Rien quitouche cela. Du moins dans une perspect-ive strictement mathmatique. Toute propa-gande comme toute publicit participe d'une

    forme grossire de la technique du coup depoing au petit bonheur. Et, parfois, cela rendfort bien. C'est peut-tre ce que vous voulezdire.

    http://localhost/var/www/apps/conversion/tmp/scratch_9/OEBPS/Te