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STATUS: PENDING 20140317 OCLC #: 2253337 REQUEST DATE: 20140317 NEED BEFORE: 20140416 SOURCE: ILLiad *114903632* BORROWER: NOD RECEIVE DATE: DUE DATE: RENEWAL REQ: NEW DUE DATE: SPCL MES: LENDERS: CUY, *ZAP, YUM, NUI, INU, UIU, HLS, HMS, COO, ... LHR SUMMARY: v.1-8,Index v.3-8,v.9-23 TITLE: Psychopatho1ogie africaine : sciences sociales et psychiatrie en Afrique. ISSN: 0033-314X IMPRINT: Dakar, Senegal : Societe de psychopathologie et d'hygiene mentale de Dakar, ARTICLE TITLE: Louis Mars: La psychiatrie au service du Tiers-Monde VOLUME: II ISSUE NUMBER: 2 ISSUE DATE: 1966 PAGES: 227-248 VERIFIED: <TN:887322><0DYSSEY:206.107.44.93/NDD> OCLC SHIP TO: DUKE UNIVERSITY LIBRARIES/Document Delivery Services - 035 Research Dr./BOX 90183/Durham NC US 27708-0183 BILL TO: same SHIP VIA: Library Mail MAXCOST: IFM- 50.00 COPYRIGHT COMPLIANCE: CCL ODYSSEY: 206.107.44.93/NDD FAX: 919-660-5964 EMAIL: [email protected] AFFILIATION: ASERL,CRL,TRLN,ATLA BORROWING NOTES: WE NO LONGER USE ARIEL. Please send copies via ILLiad, Odyssey, Email, Fax or Article Exchange.Thank you! (maxCost: $50.00) PATRON: Becker, Michael DTD/ Ariel NRLF Access Servi(, .'.ite _ i ,- _mls Ic __ _ PS G Pages \3

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REQUEST DATE: 20140317 NEED BEFORE: 20140416 SOURCE: ILLiad *114903632*

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PATRON: Becker, Michael

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PSYCHOPATHOLOGIE africaine *

Edite par la SOCI.tiT:E DB PSYCHOPATHOLOGIB ET D'HYGI13NB MBNTALB DB DAKAR

President : Docteur D. SOW

Secretaire General : Professeur H. COLLOMB Service de Neuro-Psychiatrie • Faculte de Medecine de Dakar

Centre Hospitalier de Fann DAKAR (Senegal)

COMITE DE PATRONAGE

M. le Garde des Sceaux, 1\linistre de Ia Justice du Senegal ; M. le Ministre de !'Education nationale et de Ia Culture du Senegal ; M. le l\linistre de Ia Sante et des Affaires sociales du Senegal ; M. le President de Ia Cour supreme du Senegal.

Serigne Bassirou M'BACI\E (Diourbel); El Hadj Abdou! Aziz SY (Tivaouane).

M. LELIEVRE, Recteur de l'Universitc de Dakar; M. HUARD, Recteur de l'Universitc d'Abidjan; M. PA YET, Doyen de Ia Faculte de Medecine de Dakar; M. THOMAS, Doyen de Ia Faculte des Lettres et des Sciences humai-

nes de Dakar; M. MONTEIL, Directeur de l'Institut d' Afrique Noire (Dakar); M. FOUGEYROLLAS, Directeur de l'Institut d'Etudes psychologiques

et sociales (Dakar);

1\fm•• DELA UNA Y (Bordeaux), FA LADE (Paris), FA VEZ-BOUTONNIER (Paris), PAUL-PONT (Paris).

MM. AUBIN (Sollies-Pont, Var), BAYLET (Dakar), BERGOUIGNAN (Bordeaux), BENGLIA (Dakar), BONNAUD (0. M.S., Dakar), BRUNER (U. S. A.), CAROTHERS (Angleterre), DEBRE (Paris), DELMAS-MARSA-LET (Bordeaux), FORSTER (Ghana), GALLAIS (Marseille), GESSAIN (Paris), HESNARD (Nantes), LACAN (Paris), LAGACHE (Paris), LAMACHE (Rennes), LAMBO (Nigeria), LEIGHTON (U.S. <\.), 1\lARGETTS (Canada), PA YE (Pekin), SAN KALE (Dakar), SATGE (Dakar), SIV ADON (Paris), SUTTER (Marseille), WITTKOWER (Canada).

A. U. D. E. C. A.M. (Paris).

* Publie avec le concours du Centre National de Ia Recherche Scientifique

..-PSYCHOPATHOLOGIE

africaine VOLUME II No 2 • 1966

SOMMAIRE

Resumes ...................................................... .

summaries ................................................... .

Modes fondamentaux de relations chez !'enfant Wolof du sevrage a !'integration dans Ia classe d'age,

.J. ZEMPLENI-RABAIN .................................. .

Situation redipienne chez !'enfant 1\lukongo ?

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138

143

P. ERNY . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179

Lr. c Lup serer. Phenomenologie de l'emprise des Pangol et psychotherapie des possedes,

H. GRAVRAND . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195

La psychiatric au service du tiers monde. Nouvelles considerations, L. MARS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2:l7

La relation entre psychoses et possession par les genies au Liberia, R. l\1. WINTROB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249

Psychiatric et cultures (Quelques considerations generales), H. COLLOMR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259

Comptes-rent.lus de Ia Societe de Psychopathologie et d'Hyiiene mentale de Dakar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275

Analyses ·········· ... ·············· .................... ······· 279

CONDITIONS D'ABONNEMENT (abonnement annuel : trois numeros par an)

- Senegal : 1 500 F CF A - France : 30 F. - Etranger: 2 000 F CFA (40 F francais).

Prix du numero : 600 F CFA (12 F francais).

Les seront effectues a la Societe Generale de Banquea au Seneial ; compte bancaire : SO V20 - DAKAR.

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PSYCHOP.1THOLOGIE .4FRIC.4INE

subir une seconde fois }'operation du Lup, s'il a ete accompli selon les regles et si on a trouve les verit.ables Pangol qui le tenaient. Lui-meme pourra proceder, pour lui ou pour d'autres, a des installations nouvelles de Tom et de Kamb, en d'_autres endroits, s'il a de bonnes raisons de penser que ses Pangol s'y trouvent.

Pour ce faire, il lui suffira de placer un peu de terre de son sanctuaire dans un mbokin et d'emporter l'un ou l'autre pilon, le tout reconvert d'un pagne blanc, comme une mariee. -C'est d'ailleurs le mot que l'on prononcera : o kulok oha. « A bisa o kulok oha » - « II emporte l'epousee ». Gar c'est bien de cela qu'il s'agit apres le Lup, d'un « mariage spirituel » ·avec tel ou tel es'prit, mariage consomme dans le sang.

Ces conceptions serer se retrouvent a peu pres telles queUes dans de nombreuses parties de I' Afrique et me me de 1' Ame-rique centrale et meridionale.

Elles ont peut-etre ete connues jadis dans d'autres conti-nents, sous d'autres formes. Elles sont au centre de ce qu'on appelle 1' Animisme. Mais, sous leurs formes archaiques, elles recouvrenl certainement une valeur positive, 1' Attente de l'Esprit, la croyance a la pos!>ibilite, pour un Esprit Superieur, de s'inserer dans la Vie des Hommes.

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H.GRAVRAND M'Bour ( Seneg(ll).

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LA PSYCHIATRIE AU SERVICE DU TIERS MONDE •

Nouvelles considerations

Louis MARS

Le 17 mai 1966, j'ai eu l'honneur de presenter mes points de vue sur la « Psychiatrie au service du Tiers-:Monde » aux honorables membres de 1' Academie Royale de Medecine d'Espagne.

Vous me permettrez d'en tirer l'essentiel pour batir ce rapport sur le meme sujet, au 2• Congres International du Psychodrame, en y ajoutant toutes suggestions utiles qui en agrandissent la portee, en fonction du caractere international de la reunion.

Les pays sous-developpes affrontent des problemes difficiles et complexes d'organisation economique, sociale et politique. Ne soyons pas etonnes si !'assistance psychiatrique y passe au dernier plan.

Des nations europeennes elles-memes, vieilles de plusieurs siecles de civilisation, n'ont pas su elever de pareilles preoccu-pation's au niveau d'un probleme d'Etat reel, en lui accordant la priorite qu'elle merite, bien qu'il s'agisse du cerveau, c'est-a-dire de la partie la plus noble du corps humain.

Et quel est l'avenir de la psychiatrie en Afrique, en Asie et dans I' Amerique La tine ?

Pouvons-nous contribuer a la construction du monde nou-veau dont le profil se dessine a }'horizon ?

* Presente au 2" Congres international du Psychodrame. Barcelone, septembre 1966.

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PSYCHOPATHOLOGIE AFRIC,l/NE

LE MONDE NOUVEAU

Le Monde Nouveau : je designe par ce vocable toutes les jeunes nations, grandes et petites, jaunes, noires ou blanches qui ont acquis recemment leur independance politique, luttent obstinement pour clever leur standard economique et culture}, sollicitent la cooperation des vieilles nations pour assurer leur equipement en biens materiels et spirituels : j'ai nomme le Tiers-Monde. J'y comprends egalement de vieux pays politi. quement independants, dont l'economie souffre des maux du sous-developpement.

Et, pour amorcer la discussion, choisissons un de ces pays : Haiti, par exemple, dans la Mer des Caraibes : un pays de 4 500 000 habitants dont les quatre cinquiemes sont des pay-sans agriculteurs qui vivent dans des villages eparpilles a travers les montagnes et les plaines et le cinquieme habitent res villes cotieres.

Notre histoire tourmentee prend sa source dans l'esclavage et son cortege d'atrocites et de turpitudes, de conflits de races et de classes.

Devenu independant le 1•r janvier 1804, eliminee la domi-nation le pays s'est approprie de nombreuses insti-tutions occidentales .

De l'ancien envahisseur, il a garde la langue, la religion et bien d'autres attributs qui, metisses aux traits culturels africains, lui donnent jusqu'a ce jour une physionomie origi-nate.

La couleur de l'homme haitien, son endurance, sa jovialite, le pragmatisme de ses dieux, !'organisation socio-economique de la vie rurale temoignent de la persistance du passe· africain; sa resignation, sa grande adaptabilite aux nombreuses diffi-cultes de }'existence sont des sequelles de l'esclavage.

ESQUISSE PSYCHO-SOCIOLOGIQUE DE LA FAMILLE HAITIENNE

Ayant vecu aux Etats-Unis pendant plusieurs annees, j'ai pu etudier la vie familiale dans ce pays. Voici la comparaison qui s'offre dans ce domaine entre Haiti et les Etats-LTnis. Elle mettra en relief les fils les plus tenus du tissu social haitien.

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LA PSYCHIATRIE AU SERVICE DU TIERS MONDE

A. - L'ENFANT AU SEIN DE LA FAMILLE.

Grace a Sigmund Freud, le createur de la psychanalyse. nous avons appris •a connaitre et a evaluer cliniquement les }iens psychologiques qui unissent l'enfant a ses geniteurs. La Mcouverte du complexe d'CEdipe s'est montree d'une tres grande importance en matiere de psychologie de l'enfance, mais l'on sait qu'a la suite des travaux anthropologiques de B. Malinowski, Margaret Mead, dans les iles oceaniennes, il a paru necessaire de faire certaines mises au point. En presence de configurations familiales distinctes de celles qui ont ete signalees en Europe par Freud et ses cleves, le dit complexe s'inscrit dans un contexte familial different. Par exemple, dans certaines populations oceaniennes, le pere biologique est entierement inconnu. II joue le role d'un simple ami de la famille. Celui qui le remplace ? L'oncle maternel : le pere sociologique. C'est ce dernier, par consequent, qui fait partie du triangle ·redipien.

II est rapporte une situation encore plus curieuse dans une autre aire du Pacifique oil }'ambivalence de l'enfant miile s'etablit en relation non pas avec le pere sociologique, mais avec tous les etres males de la famille qui se partagent le role de l'elever. Nous allons voir tout de suite un autre type de relations redipiennes en Haiti.

Dans la classe moyenne urbaine, aux Etats-Unis, la famille se reduit strictement aux trois unites : pere -mere- enfant. Le plus souvent, les deux parents travaillent en dehors. En certaines circonstances, le pere travaille dans une autre ville. L'enfant est eleve par la mere seulement : ces deux dernieres situations sont grosses de pathologic.

Dans la classe moyenne urbaine en Haiti : seul le pere travaille. La mere est maitresse de maison. Elle est entouree, le plus souvent, d'une grand'mere, d'un frere ou d'une sreur, de plusieurs bonnes dont nne est entierement consacree a I' enfant .

.Cette derniere est choisie au hasard. Si elle se montre intelligente et devouee, elle pent rester en service pendant longtemps et apprendre son metier d'educatrice ·au fur et a mesure ·que les enfants se multiplient. Certaines d'entre elles deviennent membres de la famille, a titre adoptif. A elle, revient la tache de torcher l'enfant, de le baigner, de l'habiller,

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de l'emmener en promenade, de lui donner a manger, de le faire dormir.

Par consequent, la bonne contribue, a l'egal de la mere, du pere et des autres parents, a· transmettre la culture a !'enfant : ses fabous moraux, ses prescriptions hygieniques, que sais-je encore ? Cependant, toutes les fois qu'il faut corri-ger le petit, on cede le pas au pere d'abord et ensuite aux autres membres du sexe masculin. Par ainsi, le garc;on eprouve Ie sentiment ambivalent d'amour et de haine a l'egard du pere, suivant Ia description originale du complexe d'<Edipe par l'illustre Maitre de Vienne.

Dans les families illegitimes, !'absence du pere et de tout etre masculin force Ia mere a cette besogne de correction : situation egaiement grosse de pathologie.

Une autre difference entre les deux pays au. point de vue d'hygiene maternelle : dans la classe moyenne aussi bien que dans les masses rurales, l'on ne connait pas le « The unwanted Child », !'enfant non desire, si frequent aux Etats-Unis. Tout enfant est considere comme une benediction du ciel. Les parents ont !'habitude de parler de leur richesse en gart;ons et en filles : de leur richesse humaine : !'expression est empreinte d'une haute spiritualite malgre que le sociologue reconnaisse bien qu'un grand nombre d'enfants peut creer des entraves economiques serieuses. Mais l'homme de Ia rue se fie a la magnanimite du Createur qui, a ses yeux, ne s'est jamais dementie a l'egard des etres les plus humbles. La bourgeoisie haitienne des grandes villes limite le nombre d'enfants a trois ou quatre.

B. - L'ENFANT HORS DE LA MAISON.

Aux Etats-Unis, il existe d'immenses villes, des villes ten-taculaires oii l'homme se perd, oil l'humain est broye litterale-ment. II devient une machine parmi les machines. Rien n'est plus indifferent que !'immense foule des trottoirs, qui s'ecoule indefiniment vers un but inconnu. Dans cette civilisation dominee par Ia machine, !'adolescent vit sous l'emprise de la radio et de la television. Et le heros qu'il adore, c'est le super-man, le surhomme qui manie avec une dexterite extraordinaire la superbombe et bien des gadgets. Et a quelle fin ? Pour detruire.

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Les magasins, Ia radio, Ia television lui servent a longueur de journee de tels poisons psychologiques. Comment s'etonner de }'organisation de gang d'enfants et du taux eleve de delin-quance mineure ?

Nous ne voulons pas dire que, seuls, ces e!Cments precites sont cause de tels ravages dans les rangs des adolescents. L'on sait que Ia fa:mille, dans les grands centres industriels, est desorganisee, comme hous l'avons souligne plus haut, que ni l'Etat ni la religion ne peuvent garantir !'education de !'enfant.

Autre est la situation de !'adolescent dans les villes haitiennes.

II vit emmaillote dans le reseau des liens familiaux, des tabous sociaux et religieux. Ceci est encore plus visible chez la jeune fille dont !'emancipation, en dehors du mariage, peut arriver tres tard. Au surplus, dans Ia majorite des villes haitiennes - elles ont moins de 60 000 habitants - le controle social se maintient ferme. II s'emousse quelque peu a Ia capi-tale, ville cosmopolite qui comprend 200 000 habitants environ. La delinquance mineure, d'un taux bas. y est plutot Iiee a Ia misere economique des classes pauvres. Elle n'offre pas !'image spectaculaire du delinquant dangereux mais celle, touchante et lamentable a Ia fois, de la mendicite, vol d'objets plus ou moins insignifiants : drame de Ia faim.

c. -· L'ADULTE.

Et quelle place Ia societe reserve-t-elle en son sein :'1 l'adulte ? A quelle pression psychologique est-il soumis ? A quelle force disruptive Ia personnalite humaine doit-elle faire face ? Et comment reagit-elle ? Autant de questions passion-nantes auxquelles il nous est impossible de repondre dans le cadre d'une communication. Cependant, i1 n'est pas interdit d'amorcer le probleme dans les pages suivantes. Peut-etre, dans d'autres reunions, nons pourrons en discourir longue-men!.

Je disais tout a l'heure que Ia societe haitienne est nee le janvier 1804 de l'enfer colonial, dans un fracas d'armes et

de vocables sonores. La revolution qui a mene a notre· inde-pendance a mis fin a l'esclavage mais elle a laisse, tapie au fond de nons-memes, une peur immense de }'exploitation de l'homme par l'homme.

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PSYCHOPATHOLOGIE AFRIC.HNE

Telle est, en partie, la source originelle de notre sentiment collectif d'insecurite : le traumatisme de la naissance. Telle est, en partie, l'origine de la mefiance qui se perpetue entre les classes, empoisonne les rapports humains et explose· soudaine-ment en revoltes perturbatrices de l'ordre social.

Chez l'homme de la rue, vous le verrez poindre dans des reveries fantastiques sans aucun lien d'aucune sorte avec la realite etriquee. Quand cette derniere deviendra intolerable, la schizophrenic parano'ide aigue eclat.

Nous avons observe combien est frequente cette affection et comment Ia famille et le cercle des camarades lui pretent une oreille complaisante : ce qui en emousse la nocivite.

D. - LES CONFLITS.

Comme Ia societe haitienne est le produit du metissage de Ia civilisation occidentale et de Ia culture africaine - culture etant prise dans son sens ethnologique : !'ensemble des mreurs, coutumes, attitudes psychologiques et developpement techni-que d'un groupement humain donne - i1 est important de remarquer que ce metissage a cree des prohlemes psycholo-giques, sociaux et economiques. Seuls les premiers nous inte-ressent dans cette communication. Faute de place, nous a deux ou trois especes.

1• - Conflit de langues : L'elite et la classe moyenne parlent le fran<;ais; les masses,

le creole : un patois mfttine de vieux fran<;ais, d'espagnol et d'africain. Le creole est ne a Saint-Domingue a l'epoque de l'esclavage.

L'enfant, dans les deux groupes sociaux precites; est en contact permanent avec sa bonne qui est toujours d'extraction humble. Les parents l'obligent a parler le fran<;ais. Sa bonne !'encourage a connaitre le creole. II tient dt> celle-ci un veritable enseignement du folklore haitien, toute nne collection de contes charmants ou effrayants, certes plns pres de lui et de sa mentalite que les fables de La Fontaine; nne kyrielle de jurons, d'expressions hautes en couleur. De l:i, une lutte sourde, acharnee, aga<;ante entre parents, bonne et enfal)t, dont la victime reste ce dernier. A l'ecole, la lutte s'intensifie ·avec le caractere autoritaire de l'instituteur. II l'est traditionnelle-

232.

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LA PSYCHIATRIE AU SERVICE DU TIERS MONDE

ment. Forme par des maitres franqais et haitiens, i1 impose le fran<;ais (inconsciemment le plus souvent) a ses eleves.

2" - Conflit de religions :

Les masses rurales pratiquent l'animisme vaudouesque : sorte de religion ancestrale, originaire de !'Afrique Noire et qui n'a aucun rapport avec les crimes de sorcellerie decrits par certains journalistes americains en quete de sensationnel.

Les habitants des villes pratiquent le catholicisme. Cepen-dant, de nombreuses chapelles sont repandues dans les cam-pagnes. Accompagnees d'ecoles preshyterales, elles constituent des pastes avances de l'Eglise catholique.

Le protestantisme, minoritaire, s'est etabli surtout dans les montagnes et les plaines. De Ia, une lutte apre et feroce pour la conquete des ames.

11 existe bien d'autres sources de conflits que les recherches sociologiques ont mis en lumiere. Tous ces conflits entretien-nent un veritable climat d'insecurite.

Cependant, nous tenons a signaler que !'homicide et le suicide sont rares en Haiti et les maladies mentales mains fre-quentes qu'aux Etats-Unis. A peine notons-nous en moyenne, par an, dix cas de suicide dans une population de 200 000 personnes.

Nous avons signale ailleurs que la culture haitienne a cree ses propres voies de sublimation, de defoulement collectif qui allege l'insecurite, diminue l'anxiete. Elle reserve aux dieux de l'Olympe vaudouesque le soin encombrant de venger l'homme de Ia mechancete de ses semblables.

Bien des pays d' Amerique du Sud presentent des problemes aussi complexes.

LA PSYCHIATRIE EN HAITI

Vo.us en parler, c'est vous dire nos efforts pour faire connaitre et accepter tout d'abord la psychiatric et une nou-velle conception de la maladie mentale.

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PSl'CHOPATIIOLOGIE AFRlCAlNE

En 1937, de retour de France, je decouvris a Ia « Croix des Bouquets », pres de Ia capitale, une garderie de 250 alienes blottie au fond d'une plaine immense. Elle etait desservie pa; un medecin generaliste et une douzaine d'auxiliaires non-qualifies.

L'Etat fournissait un minimum de moyens financiers pour l'entretien de ces malades. Les parents et amis leur rendaient de bien rares visites que Ia grande misere des lieux n'encou-rageait guere : delabrement des locaux, quasi-inexistance de l'outillage et de requipement, personnel inadequat : pareille

rappelait, a s'y meprendre, celle des alienes de France avant Ia reforme de Pinel en 1793.

II a: fallu appeler au secours de ces pauvres mutiles de l'esprit. Des 1937, je creais, a cette fin, Ia Ligue nationale d'Hygiene mentale qui reunit des professionnels de tous genres : medecins, infirmieres, pretres catholiques, pasteurs protestants, en un mot, tous les gens en gem\ral qui acceptaient de soutenir l'reuvre. De l'etranger vint un appui moral spora-dique mais reconfortant.

- De Londres : J. R. Rees, Directeur de Ia Federation de Ia Sante mentale.

- De New-York: Dr Nathan S. Kline, President du Comite international de traitement des Maladies mentales; Madame Eileen Garrett, Presidente de Ia Fondation de Parapsychologie.

- De Montreal : le R. Pere Sanson, medecin psychiatre, membre de Ia Compagnie de .Jesus.

- De Paris : le R. Pere Pi prot d' Alleaumes, pretre domi-nicain.

- De Rome : le Professeur Emilio Servadio, psychanalyste. lis visiterent Haiti et se rendirent compte, de visu, de Ia

gravite du probleme.

La Ligue organisa des fetes, des visites a l'asile, des confe-rences radiodiffusees et publiques avec presentation de malades.

Secouee par des crises internes, elle connut des echecs mais, peu a peu, !'opinion publique alertee finit par s'inte-resser a cette triste et grave situation. La transformation radi-

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- ...... LA PSYClllATRlE AU SERVICE DU TIERS MONDE

cale de leur sort allait etre due a une heureuse conjoncture : Ia presence au pouvoir d'un grand medecin haitien et homme politique qui .s'est interesse a et la sympathie agissante d'un confrere americain.

En effet, !'intervention genereuse du Dr Fran«;ois Duvalier, President de Ia Republique, du Dr Nathan S. Kline et des directeurs· des firmes pharmaceutiques : Wyeth, Hoffman, La Roche et Schering, permit de construire, en 1958, a Port-au-Prince, notre premier centre psychiatrique ouvert consacre au traitement des malades aigus, pres de Ia Faculte de Medecine et de l'Hopital General. II compte 19 lits. L'effort therapeutique porte surtout sur un minimum de journees d'hospitalisation et un maximum de traitement ambulatoire. Nous evitons ainsi tout risque d'hospitalisme.

Le personnel comprend trois psychiatres, un neurologue, un psychologue, des infirmieres et des assistantes sociales. Grace a Ia cooperation americano-haitienne, ils ont re«;u un bon entrainement aux Etats-Unis, ils font en Haiti un excellent travail scientifique, en liaison etroite avec leurs collegues hospitallers.

Grace a Ia position exceptionnelle du Centre, les malades beneficient des installations techniques de l'Hopital General et les etudiants se familiarisent avec les affections mentales. Le Comite international de Traitement des Maladies mentales s'en est inspire pou.r batir des institutions pareilles en Iran et au Pakistan. On abandonne l'ancienne formule qui consistait a d'immenses hopitaux, pour adopter la formule haitienne de centres ouverts.

Par ailleurs, le Gouvernement haitien a construit un centre de depistage de Ia delinquance mineure, transforme l'asile de Ia Croix des Bouquets en un hopital moderne pour malades chroniques, mais Ia t:iche est loin d'etre·terminee. Pour desser-vir une population de 4 500 000 ames, il se propose de pourvoir les provinces de Centres psychiatriques semblables, de creer des dispensaires d'hygiene mentale dans les villes et villages, sous Ia supervision d'un bureau central d'hygiene mentale.

Les maladies mentales paraissent mains frequentes en Haiti qu'en France et aux Etats-Unis, mais, pour le prouver, il serait necessaire de faire un releve epidemiologique complet

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PSYCHOPATHOLOGIE AFRIC.HNE

dans tout le pays. 11 faudrait installer, au prealable, ce reseau d'institutions en question.

En attendant, il n'est pas interdit de risquer quelques reflexions sur leurs differents aspects cliniques et socio-psychia triques.

J.-M. Bordeleau et Nathan S. Kline signalent, dans la revue Sante Jltlentale Jltlondiale, vol. 14, no 4, novembre 1962, que, pour une duree de trois ans, le nombre de malades soignes au Centre s'est eleve a 1 049, dont 55 % sont des hommes et 45 % des femmes; 28 % ont ete malades pendant trois ans; 49 % pendant plus d'un an. Sur 415 malades hospitalises, 286 ont ete atteints de schizophrenie, soit 69 %. La schizophrenie paranoide s'est revelee Ia forme Ia plus frequente. La psychose maniaco-depressive : 9 %; les nevroses : 8 % ; les psychoses organiques chroniques : 5 %.

Des observations de J.-J. Sansaigne, Max Desrosiers, Louis Mars et Bordeleau, il ressort les donnees suivantes extraites d'un nombre limite de cas :

1 o Nons avons note la frequence de l'epilepsie : 15 %; Ia rarete de Ia syphilis nerveuse : 1,3 %; de Ia paralysie gene-rale a cause, parait-il, de l'endemicite de Ia malaria dans certaines regions, la rarete des psychoses et deviations sexuel-les, de l'alcoolisme dans un pays a forte consommation de rhum.

Le psychiatre ret;oit un petit nombre de malades atteints de depression involutive, de psychose maniaco-depressive, type depressif, presque pas de depression nevrotique et depres· sion reactionnelle. Cette affection n'est pas identifiee. le plus souvent, parce que ces malades s'adressent surtout a l'interniste. 11 s'agit d'un type de depression reactionnelle a la suite de perte de parents, d'echecs economiques et sociaux. graves. Le malade ne se plaint d'aucun symptOme psycho-logique mais il subit nne perte de poids impressionnante : ii fond a vue d'reil. L'anamnese aiguillera vers la cause de cet etat et menera au vrai diagnostic.

11 est egalement necessaire de savoir pourquoi nons camp-tons, a:u Centre de Psychiatrie, un taux eleve de schizophrenies: 50 %, y compris la schizophrenie aigue. Certains de ces malades beneficient assez souvent d'une remission spontanee.

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LA PSYCHIATRIE AFRICAINE

En psychiatrie, un chapitre nouveau s'ouvre : les maladies mentales en Afrique. Ne vous etonnez pas si je vous en pre-sente une maigre esquisse. 11 s'agit d'une terra incognita qui compte peu d'explorateurs. Les travaux debutent a peine.

Le Professeur H. Collomb, Secretaire general de la Societe de Psychopathologie et mentale de Dakar, apres buit ans d'experience dans le pays, souligne son embarras devant la complexite de pareilles recherches :

« Parmi les difficultes qui s'opposent a une claire percep-tion du fait psychiatrique en Afrique, il en est quatre princi-pales, precise-t-il.

« 1 o - C'est tout d'abord le manque d'information. Les maladies mentales n'ont pas ete etudiees par les medecins de la colonisation qui avaient d'autres taches et n'etaient pas specialises. Le psychiatre est d'importation recente (ou de formation recente pour ce qui concerne les medecins africains).

« Les maladies mentales constituent encore, a l'heure actuelle, un probleme tres mineur de Ia Sante publique. Le niveau de l'assistance, au sens 01i nons l'entendons en Europe (assistance institutionnalisee avec structure administrative), n'est pas tres eleve. Tout manque : psychiatres, infirmiers specialises, h6pitaux psychiatriques, dispensaires d'hygiene mentale ... Dans ces conditions, les informations qui peuvent etre recueillies sont tres limitees.

« 2o - Les rares psychiatres qui travaillent en Afrique sont encore, dans Ia grande majorite, des psychiatres occiden-taux.

« a) Des barrieres linguistiques et culturelles genent la comprehension du malade et limitent la perception des fac-teurs etiologiques psychosociaux.

« b) Les « modeles » qui sont utilises pour !'observation des maladies mentales sont des modeles occidentaux, secretes par la culture occidentale. Ils ne peuvent s'appliquer etroite-ment aux troubles mentaux issus de cultures differentes. Ils risquent meme de gener }'observation.

« c) Les methodes therapeutiques psychologiques et socia-les ne sont pas aisement transferables d'une culture a l'autre.

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PSYCHOPATiiOLOGIE AFRICAINE

« Toutes ces difficultes que rencontre, plus ou moins rapi-dement, le psychiatre occidental, peuvent etre paradoxalement celles du psychiatre africain. Ses modeles sont empruntt\s a la culture occidentale puisqu'il est forme dans les universites occidentales. Cette transculturation substitue un eclairage etranger qui masque la comprehension des phenomenes. Le probleme d'importance.

« 3• - La grande masse des malades mentaux echappe encore au psychiatre.

« La maladie mentale re({oit une interpretation conforme aux systemes sodo-culturels. Elie est traitee par rapport a ces systemes; elle releve des differentes categories de guerisseurs professionnels, competents, qualifies par leur formation et par !'adhesion du groupe ».

Son approche scientifique serait plutOt' du ressort de l'ethnopsychiatrie dont j'ai defini les grandes !ignes en ces termes au 2• Congres international de Psychiatrie, tenu a Zurich en septembre 1957.

L'Ethnopsychiatrie une science nouvelle a laquelle j'ai apporte une humble contribution depuis une quinzaine d'an-nees .. D'autres chercheurs l'appeilent : psychiatric transcultu-relle.

Encore dans ses langes, cette nouvelle discipline tatonne, erre, cherche ses voies. Produit hybride, ne des science.s humaines et de Ia psychiatrie medicale, l'ethnopsychiatrie etudie les maladies mentales a l'echelle des differentes cultures et civilisations. Elle interroge le passe des peuples et fixe !'evolution clinique des maladies mentales en fonction du developpement social et religieux des groupe-ments humains. Elle determine l'aire d'extension des maladies mentales a travers les pays et les continents.

C'est la perspective horizontale. A l'aide de Ia psychanalyse, elle decele le role de l'incons-

cient dans le comportement de l'homme extra-europeen·; elle etudie Ia motivation inconsciente de ses reves et de ses mythes, de ses tabous et croyances religieuses, en un mot de ses modes divers d'adaptation au milieu ambiant.

C'est Ia perspective verticale.

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LA PSYCHI.4.TRIE AU SERVICE DU TIERS MONDE

II en resulte une nouvelle approche du fait psychologique normal et pathologique qui cesse de ressembler a une coupe histologique congelee dans de la paraffine.

Examine avec le concours de cet instrument nouveau, le fait en question demeure produit vivant parce que nous le saisissons encore plonge dans Ia chaleur des relations humai-nes. S'il faut, toutefois, saisir dans le concept de relations humaines un equivalent de « !'interaction humaine et de rela-tions sociales, c'est-a-dire le rapport par lequel les individus s'influencent mutuellement quant a leur conduite et a leurs etats intellectuel et psychique dans le cadre de structures sociales qui sont elles-memes en etat d'interaction entre elles et avec les consciences humaines ».

Voila d.onc une discipline passionnante qui permettrait de faire des recherches interessantes et utiles dans le continent africain.

« 4• - L' Afrique est caracterisee par son morcellement ethnique. Les cultures, jusqu'ici traditionnellement stables, sont tres variees et peuvent difficilement se resoudre en un fond commun.

« L'introduction des techniques occidentales va compli-quer encore, en les diversifiant, les situations. La resistance a l'acculturation est plus ou moins grande selon les ethnies, selon les conditions socio-economiques.

« Ce qui peut etre saisi dans un milieu, ou un groupe, ne sera pas transferable a un autre et ne sera plus valable dans quelques annees.

« Par ailleurs, les societes africaines, conformement aux systemes de representation et aux systemes cosmogoniques, ont apporte des solutions aux problemes des maladies men-tales. On peut meme parler de prevention et d'hygiene men-tale d' origine africaine.

« Sans entrer dans le detail des explications de la maladie et des techniques de guerison, il faut souligner quelques points qui paraissent importants dans la comprehension d'une atti-tude, naturellement therapeutique, vis-a-vis du malade mental.

« a) Un premier point concerne l'etiologie. La maladie n'est jamais fortuite, consideree comme accident nature!. La maladie est .Ie resultat de mauvaises relations avec un ou

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PSYCHOPATHOI.OGIE AFRICAINE

plusieurs membres du groupe, de difficultes avec la regie qui regit la communaute (regle qui implique les ancetres et con. tient to us les interdits). Ces situations de relations difficiles avec les ancetres, la loi ou les autres sont :

« - soit deplacees dans des relations ou des rencontres malheureuses avec les esprits qui vivent avec ou en marge de la communaute humaine, plus ou mains unis avec elle ou relativement independants;

« - soit projetees dans des fantasmes et des representa. tions collectives qui utilisent certaines categories d'hommes (vivants, en chair et en os) socialement definis par leur role n:efaste ou leur pouvoir magique.

« Le malade, la societe et les gens specialises dans la fonction de diagnosticiens et de guerisseurs se rejoignent pour donner une forme et une explication ala maladie ( ... )

« b) !}autre point concerne la maladie en tant que pheno-mene social. La maladie mentale est perturbation de l'ordre etabli, modification des rapports entre les individus et les esprits.

« A ce titre, la maladie interesse non seulement l'individu et sa famille, mais !'ensemble du groupe menace dans sa cohesion par tout changement de rapport. Il faut retablir l'ordre, restaurer les bons rapports, fixer individus et esprits dans leurs fonctions respectives etablies depuis toujours par la coutume.

« Le groupe prend en charge le malade, soit de fat;on collec-tive, soit par la mediation de certains de ses membres specia-lises dans la decouverte des causes et la therapeutique.

« Les techniques therapeutiques traditionnelles compor-tent:

« a) le medicament : essentiellement preparations vege-tales obtenues a partir de feuilles, de raciries, d'ecorces melan-gees en des compositions tres variees adaptees a chaque situation pathologique. La composition du medicament tienl autant compte de vertus medicinales decouvertes empirique-ment que de rapports symboliques;

« b) !'action sur le corps : ablutions, massages ou mani-pulations plus complexes qui mesurent et restructurent;

« c) le verbe parle, psalmodie, rythme, chante ou ecrit;

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LA PSW:HIATRIE AU SERVICE DU TIERS MONDE

« d) les confessions publiques et rites sacrificiels comple-tent cette gamme.

« L' Afrique a cree ses pro pres psychodrames et socio-drames.

« Ces therapeutiques sont certainement agissantes dans beaucoup de cas. Il y a aussi des echecs. Mais ces echecs sont reinterpn\tes : le malade n'est pas inguerissable; s'il ne peut pas guerir rapidement, c'est qu'il n'a pas rencontre le gueris-seur specifique qui pouvait comprendre et traiter son cas. Il peut attendre parfois plusieurs annees avant que la chance ou les moyens (le guerisseur coute cher) ne viennent favoriser cette rencontre. Meme apres 10 ou 20 ans d'evolution, !'idee d'incurabilite n'existe pas *.

Les cultures africaines ont cree leur propre outil psycho-therapique. Vous l'avez devine en ecoutant les reflexions pre-cedentes. En voici d'autres exemples :

Michel Leiris signale dans son livre La possession et ses aspects theat'raux chez les Ethiopiens de Gondar le cas de Malkan Ay ya hu, therapiste traditionnel qui, en cours de traitement, est possede par les esprits « Zar

Suivant les especes cliniques et les besoins psychologiques de ses malades, il se revet de l'un de ses personnages mythi-ques qui dialogue avec le « Zar du patient jusqu'a ce que guerison s'en suive.

Jung cite un bel exemple de psychodrame que j'extrais, pour votre dilection, de ses souvenirs de voyages publies sous le titre de « Combat avec l'Ombre dans la Revue de Paris de juillet-aout 1 B66.

« Le jour suivant, grace a l'appui de D. C., nous avions rassemble notre colonne de porteurs, completee par une escorte militaire de trois Askaris, et c'est alors que comment;a notre expedition vers le Mont Elgon dont les parois et le cratere, haut de quatre mille quatre cents metres, furent bientOt visi-bles a !'horizon. La piste traversait une savane relativement

* H. COLL0!\1B. - Psychopathologie Africaine, 1965, I. n• 1, 11-84.

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PSYCHOPATHOLOGIE AFRICAINE

seche, d'<!cacias-parapluies. Toute la contree etait couverte de tumulus de deux a trois metres de hauteur -anciennes colonies de termites.

« Pour les voyageurs, il y avait le long de la piste des maisons de repos -· buttes de briques cuites au soleil, rondes, couvertes d'herbes, ouvertes et vides. La nuit, pour se proteger des intrus, on pla<;ait a l'entree une Hmterne allumee. Notre cuisinier n'en avait pas; mais il avait sa petite butte dont il etait tres content. Cependant, elle faillit lui etre fatale. En effet, le jour precedent, il avait abattu devant sa butte une brebis que no us avions acquises pour cinq shillings; pour notre diner, il avait prepare de succulentes coteletles. Apres le repas, alors que nous etions encore assis et fumions autour de notre feu, nous entendimes dans le lointain, puis se rappro-chant, d'etranges cris. Tantot c'etaient comme des grogne-ments d'ours, tantot cpmme l'aboiement et le glapissement de chiens, tan lOt des sons stridents comme des cris. et des rires hystel'iques : nous etions entoures, de tous cotes, par un enorme troupeau de hyimes affamees, qui avaient certa:inement flaire le sang de la brebis. Elles executaient un concert infernal ef, a Ia lueur du feu, on voyait etinceler leurs yeux.

« Soudain, derriere la maison de repos, retentit un effroyable cri humain. Nous primes aussitot en mains nos annes (un fusil Mannlicher de neuf millimetres et un fusil de chasse) et nous tirames quelques coups dans la direction des yeux etincelants. A ce moment notre cuisinier, en proie a la plus folle de.s se precipita au milieu de nous, annon-<;ant qu'une hyene etait entre dans sa butte et l'avait presque tue. Tout le camp etait en revolution. Cela efl'raya sans doute la troupe des hyenes au point de lui faire vider les lieux avec de bruyantes protestations. Le reste de la nuit se deroula dans un calme que rien ne troubla, non sans qu'au debut retentis-sent d'interminables eclats de rire dans le quartier de nos boys.

« Des le lever du jour, salves et eclats de rire recommen-cerent dans le quartier des boys. La raison en etait qu'ils donnaient une representation des evenements de la nuit. L'un jouait le cuisinier endormi, un autre la hyene qui avan<;ait furtivement, s'approchant de l'homme endormi pour le devorer. Pour le ravissement du public, ce drame fut repete je ne sais c:ombien de fois ».

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LA PSYCiliATRIE AU SERVICE DU TIERS MONDE

Telle est la force enorme des liens interhumains en Haiti eL dans le continent africain.

En envisageant l'avenir de la psychotherapie en ces regions, il est indispensable d'en tenir compte.

Je vous signale l'teuvre d'un pionnier africain : le Docteur Lambo qui a cree une communaute therapeutique a Abeokuta, Nigeria,. ou les malades sont soignes avec le concours de leurs parents et de leurs guerisseurs.

Depuis 1957, plus de trente pays africains ont acquis leur independance. D'un coup, les Africains se sont charges de responsabilites administratives, politiques et techniques de divers m·dres et ils aspirent a l'avancement rapide de leurs pays dans les

ASSISTANCE PSYCHIATRIQUE

On coinprend bien que }'assistance psychiatrique qui s'etait amorcee a peine pendant l'epoque coloniale, se developpe a un rythme extremement lent en ce moment, vu que les diri-geants ont du accorder la priorite aux problemes politiques et economiques.

La construction d'hopitaux psychiairiques dans tous ces pays pose des problemes nombreux d'architecture; d'equipe-ment et d'organisation. Ecartons d'emblee !'erection de grands hopitaux comme i1 est arrive en Europe et aux Etats-Unis. L'ideal serait peut-etre, partant de l'exemple de Haiti, d'eche-lonner des unites de 50 lits environ, dans certaines regions choisies a la suite d'enquetes epidemiologiques.

On y traiterait les cas aigus. Les malades chroniques seraient soignes dans des hopitaux centraux; les enfants, dans des centres de psychiatric infantile et les delinquants, dans Ies institutions adequates. II ne faut jamais oublier que .de pareilles. organisations ne sont viables qu'a Ia condition sine qua non qu'elles s'integrent dans le contexte culture!.

Personnel. - La formation du personnel suscite bien des difficultes. A l'heure actuelle, a peine peut-on compter dans les pays africains une poignee de psychiatres pour des populations qui s'elevent a plus de 200 millions d'hommes.

Je n'ai pu trouver les donnees statistiques qui me permet-traient de vous parler chiffres, mais Ia penurie de psychiatres,

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PSYCHOPATHOLOGIE AFRICAINE

d'infirmiers et d'assistants sociaux est grave. Au Nigeria, par exemple : deux psychiatres pour 40 millions de personnes.

Il faut susciter l'interet autour de la question, l'elever au niveau d'un probleme international et amener !'opinion publi-que mondiale a s'y interesser.

Les maladies mentales en Afrique. - On s'interesse sou-vent a savoir si les maladies mentales sont plus frequentes en Afrique qu'en Europe par exemple. Il est impossible d'y repondre a l'heure actuelle: faute d'enquetes epidemiologiques. On peut dire que certaines affections mentales y sont tres frequentes dans certaines zones restreintes.

Le rapport ·de l ' 0. M. S. : « Desordres mentaux et Sante mentale en Afrique au sud du Sahara », Bukavu, 1958, publi-cation n" 35, signale la frequence de la bouffee confusionnelle delirante.

«' S'agit-il d'une psychose organique ou fonctionnelle, coloree par des facteurs psychologiques determines par des conditions locales ? On n'en est pas certain. Il a. ete suggere que, dans un certain nombre de cas, il pomTait s'agir d'etats de confusion post-critique, d'agitation paroxystique du type de l'amok ou d'un syndrome maniaque, atypique >>.

La malnutrition et la prevalence des maladies tropicales seraient la cause d'un certain nombre de syndromes organiques toxiques. L'alcoolisme est frequent dans toute l'aire de l'an-cienne Afrique OcCidentale Fran<;aise et de l'ancienne Afrique Orientale Anglaise, !'intoxication par le chanvre indien (canna-bisme) dans l'ile Maurice, l'ancienne Afrique Orientale.

L' Afrique offre un champ exceptionnellement interessant pour l'etude des facteurs sociaux et economiques dans les maladies mentales. Sous l'impact de la decolonisation, les tribus se desagregent, des families rurales emigrent vers les faubourgs des villes et des centres industriels; elles perdent la securite de leur existence anterieure et vivent dans des conditions difficiles; les coutumes sociales se desintegrent.

La sagesse tribale qui garantissait l'equilibre du moi tend a perdre son prestige et sa valeur : autant de facteurs de mal-adaptation psychologique et de maladies mentales.

De Ht, !'importance de l'ethnopsychiatrie et de la psycho-therapie dans ces communautes. En pareilles circonstances.

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r LA PSYCJliATRIE AU SERVICE DU TIERS MONDE

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psychiatres et ethnologues doivent cooperer etroitement pour eviter de graves erreurs dans !'appreciation de la normalite et de l'aspect reel des nevroses et des psychoses et pour tirer le plus grand parti des psychodrames et autres therapeutiques locales.

II est meme necessaire que les psychiatres re<;oivent une bonne formation ethnologique pour leur permettre le plein exercice de leur fonction dans ces milieux. II faut creer des chaires d'ethnologie et de psychiatrie generale dans les Facul-tes de Medecine africaines.

De plus, il faut souhalter que les gouvernements et les institutions internationales interesses organisent des recher-ches sur les maladies mentales en Asie, en Afrique et en Amerique.

L'Organisation Mondiale de la Sante en a exprime l'urgente necessite dans le numero d'octobre 1 <}64, de sa revue intitulee : Chronique de l'O. M.S.

Je ne sais ce qu'elle a realise a cet egard de 1964 a 1966. mais je me permets de formuler devant cette auguste assemblee scientifique la proposition suivante par laquelle je terminerai rna communication. Le cancer et les maladies mentales comp-tent parmi les plus grands fleaux dans le monde entier.

La lntte contre le cancer est menee avec une vigueur soute-nue. Des fonds considerables sont mis a la disposition des specialistes qui' travaillent dans des institutions magnifique-ment outillees.

Cinq gouvernements viennent de creer le Centre interna-tional de Recherches sur le Cancer dont le siege est a Lyon. lis y consacrent une partie de leurs budgets nationaux. Splen-dide cooperation internationale qui peut inspirer d'autres nations dans le domaine des maladies mentales.

BientOt l'H,omme abordera la Lune. Exploit fantastique qui preludera a des voyages plus fantastiques encore dans le lointain sideral au prix de sacrifices d'argent et, peut.,etre, de vies humaines.

Nul ne saurait medire de tels efforts grandioses pour elargir nos connaissances, essaimer l'espece humaine dans un monde infini cependant que Ia Terre se retrecit comme peau de chagrin sous la poussee demographique incoercible.

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PSYCHOPATHOWGIE AFRICAINE I LA PSYCHIATRIE AU SERI'ICF. DU TIERS MONDE

Nul ne peut empecher le developpement de l'astronautique, l nombre de chercheurs interesses aux memes problemes, de de la physique, de la chimie, de la medecine spatiale qui nous maniere a eviter l'eparpillement des efforts. cree, progressivement, une mentalite nouvelle au point que t Je ne saurais avoir la pretention de definir la tache qui lui des savants ont parte de mutation humaine et appele l'homme incomberait, mais on peut prevoir deja qu'il s'interesserait a d'aujourd'hui le pithecanthropus de l'homme futur de l'age operer une classification internationale des maladies mentales, cosmique. 1 a organiser, sur une base rationnelle, l'etude des facteurs

On ne sam·ait comparer ce progres inoui, fantastique, avec sociologiques et ethnologiques dans le developpement de ces le developpement des sciences psychologiques et sociales. Dans affections, pousser a fond les recherches dans le domaine pro-ce domaine, il reste beaucoup a faire. La cooperation interna- 1 metteur de la psychopharmacologie et de la neurophysiologie; tionale y est Iente. Et c'est la le famcux paradoxe de l'Homme investiguer sur les psychotherapies extra-europeennes tout en qui se prepare fievreusement a coups de milliards de dollars amplifiant les travaux sur les psychotherapies occidentales, a s'aventurer dans l'univers sideral dont les bornes reculent 1 promouvoir la psychiatrie preventive, !'assistance aux enfants au fur et a mesure qu'il avance et qui ignore presqu'entiere- et aux vieillards et pourvoir a l'entrainement des chercheurs. ment son cosmos interieur. L'originalite de l'Institut International de Recherches sur

1• Vous rappelez-vous le cri emouvant de !'eminent professeur Ies Maladies mentales se preciserait dans la qualite des recher-

Lopez Thor, dans son livre L'Avenlure Humaine ? : « Los ches fondamentales qu'elle entreprendrait et dans le fait nou-satelites estan ya a punto. El hombre puede evardirse de esta veati qu'elle penserait et reuvrerait a l'echelle planetaire, au planeta, expatriarse en el immenso espacio del silencio sideral, benefice de Fhumanite sans distinction de race, de y dejar que diminutos aparatos electronicos le sustituyan; lo couleur ou de religion. que no podra hacer es evadirse de si mismo ».

« Por eso, tras tantos progresos de la, astrofisica! yo me pregnunto : y ahora que ? »

Et maintenant quoi ?

Malgre tant de travaux en neuro-psychologie, neuro-cyber-netique, en biologie cellulaire et psychopharmacologie, le cerveau, le Sphinx des temps modernes, garde jalousement une grande partie de ses secrets.

Ne faudrait-il pas avouer franchement que les plus grands obstacles au progres de ces disciplines demeurent : l'enorme dispersion des recherches qui se font dans certaines grandes institutions eparpillees a travers !'Europe et i' Amerique, le nombre tres restreint de savants atteles a cette tache hercu-leenne, le peu d'argent consacre a de pareils travaux en com-paraison avec les budgets astronomiques des recherches spatiales.

Le moment est venu, pour le plus grand bien de l'humanite, de creer, a l'exemple de Lyon, un Institut international de Recherches sur les :Maladies mentales, pourvu d'annexes dans les cinq continents. Sous son toit, il grouperait un grand

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* * * En resume, j'ai voulu introduire Ia cause des pays en voie

de developpement devant le 2• Congres International de Psy-chodrame.

A cette fin, j'ai d\1, a mon regret, me contenter d'examiner le sort des malades meiitaux et d'etudier l'avenir de Ia psy-chiatrie en Haiti et en Afrique. Je n'ai pu parler ni de I' Ame-rique La tine, ni de I' Asie, faute de documentation adequate sur ces regions.

Je reviendrai la-dessus, si je la un jour. Malgre le caractere schematique de rna demonstration, je

me plais a croire que j'ai pose le probleme de !'assistance psychiatrique dans ces pays, en termes suffisamment clairs pour que vous y accordiez votre interet.

J'en appelle aux gouvernements et aux hommes de bonne volonte pour b:Hir l'Institut international de Recherches sur les Maladies mentales, dans une ville qu'une commission d'experts aura designee; donner ainsi la preuve tangible de la solidarite internationale dans un domaine oil !'apport financier

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PSYCHOPATHOLOGIE AFRICAINE

des Etats du « Tiers-Monde » s'averera Iongtemps quasi-impossible.

Au surplus, je demande au 2• Congres International de Psychodrame, ali 4• Congres Mondial de Psychiatrie, a !'Asso-ciation Mondiale de Psychiattie, a la Federation Mondiale pour Ia Sante mentale, a !'Organisation Mondiale de Ia Sante, de considerer deux autres problemes :

- Le premier : il faut organiser des missions psychiatri-ques dans les pays extra-europeens, aller aux psychiatres iso-Ies eh Afrique, en Asie et dans !'Amerique Latine; ceux-la qui pratiquent seuls, parfois dans Ia gene et !'indifference parmi des milliers de gens; creer, en leur faveur, des bourses spe-ciales d'etude; des bourses de participation aux congres inter-nationaux, Ies aider a recueillir et publier des observations inappredables sur Ies populations extra-europeennes.

II y a Ia une mine de faits psychologiques inconnus ou meconnus de !'Occident qui se perdront un jour, a Ia suite de l'uniformisation de l'univers a quoi conduiront le Tellstar, l'avion supersonique et le transistor.

- Le deuxieme : mobiliser Ies masses en faveur des malades mentaux.

Nous sommes a l'ere des masses. Nous devons briser notre isolement professionnel et user des moyens modernes d'infor-mations collectives de maniere que les masses puissent etre penetrees des reels besoins de nos institutions techniques et de I' importance des affections mentales dans Ie monde; riva-Iiser avec la Croix-Rouge internationale dans l'emploi des techniques de propagande et d'education, dans la mobilisation de toutes les forces vives de nos pays; amorcer, grace a la propagande aupres des masses mondiales, c'est-a-dire de milliards d'hommes, la troisieme revolution dont parle Moreno, en assimilant la lutte contre les maladies mentales a la lutte planetaire contre les maladies physiques, l'esclavage, la faim, Ies tau dis, l'analphabetisme; la lutte planetaire pour la pleine et totale recuperation de la dignite humaine.

Professeur Louis MARS ( Faculte de Medecine de Port-au-Prince - Haiti) Membre de l'Academie de Medccine de New-York

Ambassade de Haiti a .71'/adrid.

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PSYCHOSIS IN ASSOCIATION WITH POSSESSION BY GENII IN LIBERIA

R. M. WINTROB

INTRODUCTION

In a recent paper by Diop and Collomb [ 1], a case of mental illness affecting a Senegalese « marabout » * is discribed. The marabout's symptomatology developed in association with an anxiety provoking failure to establish contact the benevolent spirits (Djinne). His illness followed a dream in which a white woman made sexual overtures to him, which he refused. Much later, following the remission of his symptoms. he was remorseful over this refusal, believing that had he proceeded to have intercourse with her in his dream, his wishes would have been fulfilled. That is. he became convinced that the white woman was a Djinne, and he had been led astray in refusing her advances by malevolent spirits (Seytane).

There are several striking similarities between the cultu-rally sanctioned fantasies and beliefs implicit in this case, and those of certain Islamic and animistic tribal groups of Liberia. These similarities, and other points of difference in belief systems, are the subject of the present paper, as illus-trated by case material of psychosis related to possession by genii drawn from the Catherine Mills Rehabilitation Center in Monrovia.

I.- SOME POINTS OF COMPARISON BETWEEN LIBERIA AND SENEGAL

A. - Historical development. Senegal experienced a very long period of French colonial

administration prior to independence in 1960. Liberia was « settled » by liberated American slaves during the first half of the nineteenth century, in consequence of the abolition of importation of slaves to America in 1821. About twenty

* Islamic religious mystic believed to have the capacity to enter into communication with supernatural forces and exploit them for good or ill.

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