46
Scree Poetry magazine n°1 ~ jan 2015 Les éditions Solstices

Scree Review n°1 (jan 15)

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Poetry magazine published by Les éditions Solstices

Citation preview

Page 1: Scree Review n°1 (jan 15)

Scree

Poetry magazine

n°1 ~ jan 2015Les éditions Solstices

Page 2: Scree Review n°1 (jan 15)
Page 3: Scree Review n°1 (jan 15)

Table of contents

PresentationCamillo Di MariaAmelia RosselliRodolphe GauthierJoseph MasseyEugénio de AndradeIntensités poétiques

Page 4: Scree Review n°1 (jan 15)

Presentation

Instead of waiting for contributions, we get them.Internet, with time, allows us to do it. And if we were notable to find enough contemporary, unknown or womenauthors..., we have decided it was time for us to publishthe first issue of Scree. We hope that the next one, inFebruary, will meet with our requirements better.

It is a taste for a certain poetry, a certain form ofexpression, which we share with the curious or theamateur. This review, as we can see, is multilingual, withvery few translations, because anyone who loves thewords and the world has to be open to other languagesthan his own. Anyway, it is possible to search atranslation elsewhere.

Despite these requirements may appear harsh, weare ready to listen to all those who want to contact us:

[email protected]

*

Plus que d'attendre les contributions, nous allonsles chercher. Internet, avec du temps, nous le permet. Etsi nous ne sommes pas parvenus à trouver assez decontemporains, assez d'inconnus, assez de langues, assezde femmes aussi, nous avons tout de même décidé qu'ilétait temps de publier ce premier numéro, en sachant quele prochain répondra davantage encore à nos exigences.

C'est un goût pour une certaine poésie, pour unecertaine forme d'expression, que nous partageons avec lescurieux ou les amateurs. Cette revue, comme on peut levoir, est plurilingue, avec très peu de traductions, cartoute personne qui aime les mots et le monde est ouverteaux autres langues que la sienne. Et quand elle ne

Page 5: Scree Review n°1 (jan 15)

comprendra pas, elle ira chercher par elle-même.Malgré ces exigences qui paraîtront peut-être

dures, nous restons à l'écoute de toutes celles et de tousceux qui nous contacteraient :

[email protected]

Rodolphe GauthierTristan HainautEmmy Survage

Page 6: Scree Review n°1 (jan 15)

Camillo Di Maria

2. Whole basisis to usurpall the pollenin the pigpen. Botherthe zodiacwith the ongoingslant when the demureoutlet relishesthe hectic quartz. A parity of swishes excelon the gopher’s behalflike the moose pastrythat gouges a treaty as the foamy elderhooks onto itunsold.

Page 7: Scree Review n°1 (jan 15)

10. Under the arboralias pergolathat is the locale where excited jigglesrise from a pocketof suave music to beckon the lanky grouch—whose digestive glandis prone to wail—to whoop because this nippyepoch’s wisdomis smudged if the studio orioleis worthy of a ridefrom the morgueto this polished hearse.

Page 8: Scree Review n°1 (jan 15)

12. The hangerhangsvacant in the closet. Wipe downfabled dustoff its configuration. Similarly, the llamastands betweenthe fourth spruceand the gulch then tramples onto stampthe campfire twicewaking everyone so as to putthe obese major’ssubtle chants,jail them in bluish gleamstackling the ranch; the brazen tongue exuding early morn.

Page 9: Scree Review n°1 (jan 15)

15. Without havingto samplecrawling ivoryone knowsthat it isn’t tangy and can concludevia previousexperiencethat it will never be a kind of stylustaking a census because, as the harrowwallops through…prior to the risingrust-hued wheat, its noise vitallike a muffled bottle’scap that bursts, foragingthe bits of chaffone espies.

Page 10: Scree Review n°1 (jan 15)

16. Never engagé, the gawky boraxstreaks across the poor vitrine much like this outfitis only a fluketo locate the profitin the ozone as you kneelknees unlockprying openpious thinkingof bigamy. Bellow your intentfor brandy nearlythirty years ago…Waylaid and abashed your noggin-igloolike butter bakes, expellingits markup priceto health.

Page 11: Scree Review n°1 (jan 15)

19. Leave enoughcandid suedefor the lackey’sgrim debateimpaired by (yetbecalmed in) downymuslin rhetoric that the jobberand minercall out throughthe copse, nudge their larynxesfor the genius type as the zealot marvelsover minced icetawdry but in pain for this tidbitof ironic gloryin the daedal rain.

Page 12: Scree Review n°1 (jan 15)

21. The penman at sixtyhas the powerof a cherub to snarlat the grisly mound of dawn not to disabusebut abidethe leaf-shrouded thrushto warble, trillin its clandestinedestiny as the heavy emberwould belike a columncaught in the mystic’sgiblet for a shekel or a lizard underthe minutiae of a peony enduring the systolic simileforever moot.

(from Randoem)

Page 13: Scree Review n°1 (jan 15)

Amelia Rosselli

Propongo un incontro col teschio,una sfida al teschiomantengo ferma e costantechiusa nella fede impossibilel'amor propriodelle bestie.

Ogni giorno della sua inesplicabile esistenzaparole mute in fila.

Je propose une rencontre avec la tête de mort,un défi à la tête de mortje maintiens ferme et constantefermée dans la foi impossiblel'amour propredes bêtes.

Tous les jours de son inexplicable existencemots muets en rang.

Page 14: Scree Review n°1 (jan 15)

Una volta raggiunto lo scopopiccolo albergo nel mio cielo candidosplendido sole inutilizzatoquesta nostra vita che rabbrividisced'uno sgomento preso a prestito

se lui non corre abbastanza io gareggio.

Une fois atteint le butpetit hôtel dans mon ciel candidesplendide soleil inutilisénotre vie qui frissonne d'une consternation empruntée

s'il ne court pas assez moi je concours.

Page 15: Scree Review n°1 (jan 15)

Stona la vita,si spegne da séla speranza si spiumafaticosa a mettersi insieme nonne vuol più sapere

i pensieri sono poi ovali, o opachi.

La vie détonne,s'éteint d'elle-mêmel'espérance se déplumedure à se rassembler elle ne veut plus rien en savoir

les pensées sont alors ovales, ou opaques.

Page 16: Scree Review n°1 (jan 15)

i canali linfatici odorosidi zanzarenella baracca vuotaormai nessuno può più metter manonodose storiescambiandole per una metafora.

les canaux lymphatiques parfumésde moustiquesdans la baraque videdésormais personne ne peut plus mettre la main histoires noueusesen les prenant pour une métaphore.

Page 17: Scree Review n°1 (jan 15)

Alibi a forma di ventagliouna cavalleria del cuoredormire su questi lauricon l'arenad'uno sgradevole pallore.

La pace l'ho persasporgendo denunzia al vuoto.

Miscredutosolo col rospo s'affacciaad un'operetta del buon senso.

Alibi en forme d'éventailune cavalerie du cœur dormir sur ces lauriersavec l'arèned'une pâleur désagréable.

La paix je l'ai perdueen portant plainte au vide.

Mécruseul avec le crapaud il se penchesur une opérette du bon sens.

Page 18: Scree Review n°1 (jan 15)

Campagnano Paese

Silenzi aborigeni ; pasta all'uovo, sepoi sono così svelta da separare la

terra dal bene astratto così velocementerinnegato.

Village de Campagne

Silences aborigènes ; pâte aux œufs, siaprès je suis assez svelte pour séparer la

terre du bien abstrait si viterenié.

Page 19: Scree Review n°1 (jan 15)

Ho distolto ogni lucesdrammatizzo la tua primaveralui che si pettina.

Quel terreno indifferentee tu dove sei,che nascevi con la scienza.

Vedendomi scritta sui murivarcai l'isolotto.

J'ai détourné chaque lumièreje dédramatise ton printempslui qui se coiffe.

Ce terrain indifférentet toi où es-tu,qui naissais avec la science.

En me voyant écrite sur les mursje traversai l’îlot.

Page 20: Scree Review n°1 (jan 15)

Genuine genuflessioni – una rivalità

vincendovi con un riottoso sorriso, solidamentepriva di senso.

Génuflexions ingénues – une rivalité

en vous battant avec un sourire insoumis, solidementprivée de sens.

Page 21: Scree Review n°1 (jan 15)

colle di limone : solitudineimpeccabile ! pregno di luce

sono io stasera : non buiala verde estate o estatica

la marcia violetta alla vendetta...

colline de citron : solitudeimpeccable ! chargé de lumière

je suis moi ce soir : non pas obscurle vert été ou extatique

la marche violette vers lavengeance...

Page 22: Scree Review n°1 (jan 15)

Parole pacifichesono incastrate nel nullaho riminiscenze del tuttoe non so tutto

Parole nel nulla ! – nonvoglio esclamare : sonoatrofizzata, e non c'è

nulla da fare.

Des mots pacifiquessont encastrés dans le rienj'ai des réminiscences du toutet je ne sais pas tout

Des mots dans le rien ! – Je neveux pas m'écrier : je suisatrophiée, et il n'y a

rien à faire.

Page 23: Scree Review n°1 (jan 15)

Non resisti a quest'invernomodestamentequel fango innocentee con le scarpe in manoe nudo attraversiquella piazza,viaggiare per piazze.

Tu ne résistes pas à cet hivermodestement cette boue innocenteet avec les chaussures à la mainet nu tu traversescette place,voyager à travers les places.

Page 24: Scree Review n°1 (jan 15)

nel nordicopalmeto di chiese sconsacrate,forzate risatela città in palmo,vita da carbonizzare

dans la nordiquepalmeraie d'églises déconsacrées,rires forcésla ville dans la paume,vie à carboniser

(de Documento – 1966-1973aux éditions La Barque )

Page 25: Scree Review n°1 (jan 15)

Rodolphe Gauthier

Midiou nadir génital zénithal lafosse entretes astres seins et tes cuisses cuirsécrire le verre vulve d'orbitecul secvomir jouir àgenoux, mourir au fonddu terrier

Page 26: Scree Review n°1 (jan 15)

arrêt des hauts soleils

l'acide coule à flots de ma glotte

mathématiquela labyrinthe des désastres des desirs

Page 27: Scree Review n°1 (jan 15)

les mathématiques aspicd'effilochage parmimousses fougères

sexe géométriquevade mecum de ma langueviagère

végète

en boucle douce enroulema peine

ma détresse pythagoricienne

Page 28: Scree Review n°1 (jan 15)

solstice énigmatique

longtemps j'ai voulu te vivre

au bord des pierres du litla plus longue des nuits

l'amour de juin et de jeune fillemon survenir

Page 29: Scree Review n°1 (jan 15)

à Camillo Di Maria

solstices au hasardramdam muet

des voltiges d'apexhaut mur-murées

sextan des peaux l'odeur du brûlé ou de la brume

le rhum tropicall'amour noir

Page 30: Scree Review n°1 (jan 15)

liste des solstices

des soirées d'extase ou d'échec

nuits d'un autrerythme nos ventresbruissent

bruisse le litet l'antan

Page 31: Scree Review n°1 (jan 15)

de tous les soleilsau retour interdit

jaillit l'aubade– vagin visage

Page 32: Scree Review n°1 (jan 15)

le soleil anticipédes dé-gels

craquelures : l'os et la jointure

à tâtons à crand'arrêt

(de La peau sur les os)

Page 33: Scree Review n°1 (jan 15)

Joseph Massey

October's ready-mademetaphors,almost hidden

behind billboardsand vacant warehouses,

mesure the afternoon'saccumulations –

the overcastunderstones –this slow vacillation.

Page 34: Scree Review n°1 (jan 15)

Fragmentsof fragments

fill the hollowof the day.

Thoughts lost

resound innot being found.

And the weather'schanged, again.

Rain –

recollection.

Page 35: Scree Review n°1 (jan 15)

Untitled

White sun sunkgray as memory,

as yesterday'serrors

lose voice,as a word

is erasedinto the blank

space that bore it.

Page 36: Scree Review n°1 (jan 15)

In vines'

leaveslatticed overthe sunk shed roof

gnats or bees– both – blur.

Page 37: Scree Review n°1 (jan 15)

an otherwise un-spoken space

between door frameand hedge

made activeby gnats

Page 38: Scree Review n°1 (jan 15)

For a last page

Memory movesforward and back-ward – an echogathering moreand more silence.

(from At the point)

Page 39: Scree Review n°1 (jan 15)

Eugénio de Andrade

Essa mulher, a doce melancolia dos seus ombros, canta. O rumor da sua voz entra-me pelo sono, é muito antigo. Traz o cheiro acidulado da minha infância chapinhada ao sol. O corpo leve quase de vidro.

Page 40: Scree Review n°1 (jan 15)

5

Claro que os desejas, esses corposonde o tempo não enterrou aindaos cornos fundo - não é o desejoo amigo mais íntimo do sol?Que os desejas, como se cada umdeles fosse o último, último corpoque o teu corpo tivesse para amar.

Page 41: Scree Review n°1 (jan 15)

13

Aqui me tens, conivente com o solneste incêndio do corpo até ao fim:as mãos tão ávidas no seu voo,a boca que se esquece no teu peitode envelhecer e sabe ainda recusar.

Page 42: Scree Review n°1 (jan 15)

18

Eu amei esses lugaresonde o solsecretamente se deixava acariciar.

Onde passaram lábios,onde as mãos correram inocentes,o silêncio queima.

Amei como quem rompe a pedra,ou se perdena vagarosa floração do ar.

Page 43: Scree Review n°1 (jan 15)

28

Dormíamos nusno interior dos frutos.

É o que temos: sonoe a estiagem subitamenteaté ao fim.

Amargos.

Pela humidade descia-seàs fontes - lembro-me.Dos lábios.

Page 44: Scree Review n°1 (jan 15)

46

Olha, já nem sei de meus dedosroídos de desejo, tocava-te a camisa,desapertava um botão,adivinhava-te o peito cor de trigo,de pombo bravo, dizia eu,o verão quase no fim,o vento nos pinheiros, a chuvapressentia-se nos flancos,a noite, não tardaria a noite,eu amava o amor, essa lepra.

(Matéria Solar )

Page 45: Scree Review n°1 (jan 15)

Intensités poétiques

Toutes les formes d'expression fonctionnent pour moiselon des variations d'intensité. La forme poétique cherchel'intensité la plus élevée.

Pour cela, tout est permis. Toutes les influences sontbonnes, tant qu'elles ne limitent pas. Chercher des solutions etdes possibilités dans les autres formes d'expression mais aussidans les autres domaines de la connaissance humaine, lessciences aussi bien que les magies (les intuitions). Chercherdes solutions et des possibilités dans les autres langues, toutesles autres langues (les maltraiter au besoin ou les inventer), etmême dans ce qui n'est pas humain : la nature, l'animal, legéologique.

Favoriser des concentrations, trouver des points deconcentration qui se révulsent, c'est-à-dire qui, au lieu defermer, s'ouvrent sur un à-travers du miroir. sur le revers de lasurface. L'objet poétique provoque des réactions chimiquesdans le corps, une transformation de la matière, qui viennent àleur tour modifier les sensations et les idées.

Ainsi, l'expression poétique est accessible à tous, mêmeaux enfants, même aux analphabètes, et ce malgré uneapparence parfois déconcertante (les comptines sont souventobscures et incompréhensibles).

Une ouverture d'esprit et une connaissance minimalede la langue sont peut-être les deux seuls présupposés requis.Accepter l'absurde, le non-narratif, l'incompréhensible, lebizarre. Alors tout est possible.

La forme est donc, à l'écrit, un élément fondamental.Dans la constitution du poème, elle est stricte et immuable.Chaque mot, jusque dans sa graphie (voire même satypographie), chaque ponctuation, chaque est nécessaire (c'est-à-dire participe au ton ou à l'intensité de la pièce).

Toutes les voies sont possibles. Partir d'une phraseanodine, qui se file, se court-circuite, se répète, ou s'épuise. Oucommencer par une formule extravagante, être attentif, être àl'écoute, ne pas avoir peur de l'étranger, de l'altérité, de la foliel'inhumain l'immoral, ou quoi que ce soit d'autre. À chacun sa

Page 46: Scree Review n°1 (jan 15)

capacité de résistance, c'est-à-dire son expérience et son goût.Jusqu'au moment où l'équilibre se rompt, sans pour

autant se figer ou chuter. C'est là où le poème s'arrête.

R.G.