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Université d’Antananarivo Faculté de Droit, d’Économie, de Gestion et de Sociologie Département ECONOMIE Second cycle – Promotion sortante Option : Développement Mémoire de fin d’étude pour l’obtention du diplôme de Maitrise ès-Sciences économiques REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE DEVELOPPEMENT Impétrante : RANDRIAMANDIMBY Nantenaina Lova Tahirisoa Encadreur : Monsieur RANDRIANALIJAONA Tiana Mahefasoa Date de Soutenance 03 Mai 2013

REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

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Page 1: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

Université d’Antananarivo

Faculté de Droit, d’Économie, de Gestion et de Sociologie

Département ECONOMIE

Second cycle – Promotion sortante

Option : Développement

Mémoire de fin d’étude pour l’obtention

du diplôme de Maitrise ès-Sciences économiques

REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE

EN TANT QU’OUTIL DE DEVELOPPEMENT

Impétrante : RANDRIAMANDIMBY Nantenaina Lova Tahirisoa

Encadreur : Monsieur RANDRIANALIJAONA Tiana Mahefasoa

Date de Soutenance 03 Mai 2013

Page 2: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

i

REMERCIEMENTS

Mes remerciements et mes reconnaissances s’adressent en premier lieu à notre

Dieu tout puissant source de sagesse, de connaissance ainsi que de bonté.

Ensuite, ce mémoire n’aurait jamais pu être réalisé sans l’aide et le concours d’autrui.

Ainsi, je tiens à exprimer mes vifs remerciements à tous ceux qui ont participé de près ou de

loin à l’élaboration de ce travail.

- A Monsieur RANDRIANALIJAONA Tiana Mahefasoa qui, malgré ses multiples

occupations, nous a consacré son temps en donnant conseils et instructions dans l’élaboration

de ce travail.

- A tous les professeurs, qui n’ont pas ménagé ni leurs temps précieux ni leur peines pour me

diriger inlassablement durant toutes les formations au Département Économie.

- A ma famille qui m’a soutenue moralement et financièrement lors des moments

difficiles que j’ai du affronter pendant toutes mes études.

Mesdames et messieurs, je vous adresse toute ma reconnaissance et gratitude les plus

sincères.

Page 3: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

ii

ACRONYMES

ADéFi : Action pour le Développement et le Financement des micro-entreprises

AECA : Association d'Epargne et de Crédit Autogérée

AFD : Agence Française de Développement

AIM : Association des Institutions de Microfinance non Mutualistes

APEM : Association pour la Promotion de l'Entreprise à Madagascar

APIFM : Association Professionnelle des Institutions Financières Mutualistes

AUF : Agence Universitaire de la Francophonie

Ar : Ariary

BTM : Bankin' Ny Tantsaha Mpamokatra

BOA : Bank Of Africa

CECAM : Caisse d'Epargne et de Crédit Agricole Mutuelle

CEFOR : Crédit Epargne et FORmation

CDA : Conseil de Développement d'Andohatapenaka

CGAP : Consultative Group to Assist the Poorest

CIN : Carte d’Identité Nationale

CNMF : Coordination Nationale de la Microfinance

COI : Crédit commercial individuel

CTR : Crédit de construction

DAT : Dépôt à terme

DAV : Dépôt à vue

DSNMF : Document de Stratégie Nationale de Microfinance

EAM : Entreprendre à Madagascar

ERI : Entretien et réparation immobilière

ERM : Entretien et réparation Matériel

FIDA : Fonds International de développement Agricole

FCCI : Fédération des Chambres de Commerce et de l’industrie

FMI : Fonds Monétaire International

GCV : Grenier Communautaire Villageois

Page 4: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

iii

HARDI : Harmonisation des Actions pour la Réalisation d'un Développement Intégré

IFM : Institution Financière Mutualiste

IMF : Institution de Microfinance

LVM : Location Vente Mutualiste

MAP : Madagascar Action Plan

ODDER : Organisme Diocésain de Développement Rural

OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement

ONG : Organisation Non Gouvernementale

OTIV : Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola

PAMF : Première Agence de la Microfinance

PIB : Produit Intérieur Brut

PLE : Plan d’Epargne

PME : Petite et Moyenne Entreprise

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

SIPEM : Société d'Investissement pour la Promotion des Entreprises à Madagascar

SNMF : Stratégie Nationale de Microfinance

TIAVO : Tahiry Ifamonjena Amin'ny Vola

TITEM : Tahiry Iombonan'ny Tantsaha Eto Madagasikara

TPE : Très Petites Entreprises

UNICECAM : Union Interrégionale des Caisses d'Epargne et de Crédit Agricole Mutuelle

VATSY : Vakinankaratra Tsy misara-mianakavy

Page 5: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

iv

LISTE DES TABLEAUX

Pages

Tableau n°01 : Répartition des points de services par région (Situation au 31/12/2012)….. 29

Tableau n°02 : Evolution des activités des IMF mutualistes de 2009 à 2012……………...31

Tableau n°03 : Evolution des activités des IMF non mutualistes de 2009 à 2012…………31

Tableau n°04 : Statistiques consolidées…………………………………………………….32

Tableau n°05 : L’offre de crédit chez SIPEM……………………………………………..37

Tableau n°06 : Dossier à fournir pour obtenir un crédit chez PAMF……………………...39

Page 6: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

v

SOMMAIRE

Introduction

Chapitre I- GENERALITES SUR LA MICROFINANCE…………………………………4

I. Contexte et définition de la microfinance……………………………………….4

II. Les activités entreprises par la microfinance……………………………………10

Chapitre II- THEORIES ECONOMIQUES MESURANT L’EFFICACITE DE LA MICROFINANCE …………………………………………………………………………15

I. Théorie de l’asymétrie d’information…………………………………………...15

II. Théorie des couts de transaction………………………………………………...21

Chapitre III - MODE DE FONCTIONNEMENT DE LA MICROFINANCE…………….27

I. La population cible et le taux de pénétration…………………………………...27

II. Les exigences de la microfinance……………………………………………….34

Chapitre IV - IMPACTS DE LA MICROFINANCE DANS LA VIE DES PAUVRES…..42

I. Les besoins des pauvres…………………………………………………………42

II. Les rôles, limites et impacts de la microfinance …………………………..........47

III. Approche analytique : Comment faire pour que la microfinance soit mise au service

des microprojets destinés au développement local ? Cas de Madagascar…………....53

Conclusion………………………………………………………………………………………………………………..55

Page 7: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

1

INTRODUCTION

La vision de la microfinance se réfère à la vision des Nations Unies où le maximum de

foyers pauvres ou assimilés peuvent sortir de la pauvreté1. Cela peut se faire si le maximum

de ces foyers peuvent avoir un accès permanent à une gamme de services financiers de grande

qualité et adaptés à leurs besoins, incluant non seulement le crédit mais l'épargne, l'assurance

et les transferts de fonds. La microfinance a été crée en 1975 pour satisfaire les besoins de

financement des pauvres. Elle a été crée au profit des exclus du financement bancaire. En

Bangladesh, là où elle a été mise au point pour la première fois, elle cherche vraiment l’intérêt

de cette catégorie de population et les institutions qui tirent beaucoup trop de profit sont

sanctionnés, les règlements sont strictes et doivent être respectés.

Jusqu’ici, la loi régissant le taux d’intérêt applicable au microfinancement dit encore

que les institutions pratiquant un taux supérieur à 18%2 seront sanctionnées. Les institutions

de microfinance à Madagascar pratiquent aujourd’hui un taux d’intérêt entre 1.5 et 2.5% par

mois, soit entre 18 et 20% par an et une garantie de 120 à 150% pour chaque prêt3. Avec ce

taux et ces exigences on se pose la question : la microfinance est-elle réellement un outil de

lutte contre la pauvreté ? Sur ce, on a émis trois hypothèses : Primo, les revenus dégagés des

activités financés par la microfinance sont faibles et très irréguliers. Secundo, le taux d’intérêt

payé est supérieur ou égal au taux de rendement de l’activité. Et tertio, les institutions de

microfinance ne prêtent qu’aux riches des pauvres.

Ce travail vise à apporter quelques notions à remettre en cause sur le mode de

fonctionnement de la microfinance. Nous l’avons même intitulé « Regard critique de la

microfinance en tant qu’outil de développement » afin de pouvoir dégager quelques cotés

négatifs de cet outil et d’apporter des idées nécessaire à sa rectification. Il comporte deux

parties dont dans la première je vais m’étaler sur le concept théorique de la microfinance et la

deuxième partie sera une analyse de l’efficacité de la microfinance dont on va voir les rôles

ainsi que les limites et les impacts de la microfinance dans la vie des pauvres.

1 DEUBEL P., 2008. Les stratégies de développements, p 464 2 ACCLASSATO D., 2006. Taux d’intérêt effectif, viabilité financière et réduction de la pauvreté par les IMFs au Benin 3 JdM, Mai 2012. Microfinance : un taux d’intérêt moins de 20%, publié sur Economie, http://www.newsmada.com/2011/microfinance-un-taux-dinteret-de-moins-de-20/

Page 8: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

2

Chapitre I- GENERALITES SUR LA MICROFINANCE

Aujourd’hui la microfinance est considérée comme un outil le plus prometteur de la

lutte contre la pauvreté et l’exclusion bancaire. Mais qu’est ce que la microfinance et quand a-

t-elle démarré ? On va d’abord répondre à ces deux questions avant de développer les activités

qu’elle entreprend pour bien comprendre la notion de la microfinance.

I. Contexte et définition de la microfinance

L’année 2005 est appelée année du microcrédit puisque ce n’était qu’en ce

période qu’elle a été connue par tous. Tout de même elle a déjà existé depuis l’année 1840

mais peu de gens l’avait connu. L’historique et les définitions qu’on va aborder dans cette

première partie nous éclairciront le mieux ce sujet.

I.1- Historique de la microfinance

La microfinance en tant que concept a pris forme en Europe pour se propager à travers le

monde et plus particulièrement en Afrique. L’origine asiatique est beaucoup plus récente avec

le Professeur Mohammed Yunus du Bangladesh qui a défendu cette forme de crédit devant

les grandes institutions financières internationales.

1. En Europe

En 1846, un homme politique et économiste Allemand nommé « Friedrich Wilhelm

Raffeisen » ou Fréderic Guillaume Raffeisen, après être nommé bourgmestre (ou maire) de

Weyerbusch en Westerwald, a pris conscience des difficultés de ces administrés lors de la

crise économique et alimentaire des années 1846-1848 et a fondé une « Association pour le

pain » où les gens font des épargnes afin d’assurer leurs besoins alimentaires. Il a ensuite

constaté le besoin de crédit des paysans et des artisans et en 1852 il a fondé en Rhénanie une

« Association-caisse de prêts » où les prêts sont permis grâce à la solidarité dans l’épargne de

tous les sociétaires. C’est ainsi qu’il donne naissance à des caisses de crédit ou des caisses

rurales. Mais le système de Raiffeisen s’est développé en banque et les petits crédits ont perdu

leur popularité.

Page 9: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

3

Et ce n’est que dans les années 1980 que la microfinance s’est réapparue en Europe.

Avec des conditions très différentes de celles des pays du Sud. La microfinance en Europe est

réservée aux personnes au chômage ou les personnes en situation de précarité, où beaucoup

font face à des difficultés de gestion de budget et à un fort risque d’endettement, qui sont

exclues de l’accès au crédit bancaire. Le microcrédit, un élément essentiel de la microfinance,

en Europe est l’octroi de très petits prêt, généralement en dessous de 25 000 euros, aux

entrepreneurs, aux entreprises de l’économie sociale, aux salariés qui souhaitent créer leur

propre entreprise, aux personnes qui travaillent dans l’économie informelle, aux chômeurs et

à toute autres personnes pauvres non bancarisés.4

2. En Asie

Né en 1940 à Bangladesh, Muhammad Yunus est nommé le père fondateur de la

microfinance. Il a enseigné au département de l’économie de l’université de Chittagong quand

une terrible famine frappait le pays en 1974. Selon ses mots, « une terrible famine frappait le

pays, et j’ai été saisi d’un vertige, voyant que toutes les théories que j’enseignais

n’empêchaient pas les gens de mourir autour de moi »5. Il a alors décidé de s’intéresser au

mode de vie misérable des villageois vivant à proximité de l’université, notamment la petite

ville de Jobra, où il en vient à penser qu’une grande partie des problèmes rencontrés par ses

paysans pauvres tiennent à leurs difficultés d’accès à des capitaux. Ils n’ont que des très

petites terres qui ne peuvent constituer une garantie pour les banques. Il y a aussi les usuriers

locaux mais ceux-ci offrent des prêts à un taux d’intérêt plus de 20% par mois qui entrainent

souvent les emprunteurs dans la misère. C’est ainsi que le professeur a proposé un micro-prêt

c'est-à-dire quelques dollars à quelques dizaines d’habitants du village en utilisant son propre

argent. Les effets de ces prêts s’avèrent très rapidement positifs et les bénéficiaires

remboursent sans difficulté leur prêteur.

Il a ensuite tenté de convaincre une banque commerciale de lancer un premier

programme de microcrédit mais celle-ci a refusé alors il a décidé de créer son propre

programme. Ce dernier est officiellement mis en place en 1976 sous le nom de « Grameen

bank » ou la banque du village encore. C’était d’abord en Bangladesh que la « Grameen » a

obtenu son statut d’établissement officiel en 1983 mais son succès fut reconnu dans le monde

en 1890. Aujourd’hui, elle dispose de près de 1400 succursales et travaille dans plus de

50 000 villages et près de 300 millions de personnes dans le monde bénéficient de la 4 http://fr.wikipedia.org/wiki/Microfinance 5 Op.cit

Page 10: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

4

microfinance6. Selon le professeur, il n’avait pas au début l’intention de créer une banque, il

disait : « Je n’avais pas l’intention de créer une banque, mais je me demandais comment les

pauvres pourraient améliorer leurs conditions de vie. En 1974, nous avons eu une famine ;

j’étais dégoûté de l’inutilité du savoir économique que j’enseignais. Je connaissais quelqu’un

qui voulait emprunter pour développer son affaire, mais aucune banque n’acceptait. J’ai

résolu le problème en prêtant de ma poche, mais ce n’était qu’une solution personnelle. Je

cherchais une solution institutionnelle. Je m’offris comme garant, obtins de l’argent de la

banque et donnai aux gens. En même temps, j’en vins à mettre au point quelques règles de

fonctionnement. Ça marchait et j’ai accru mes emprunts à la banque. Le remboursement était

de 100%, mais la banque n’était pas convaincue par la démonstration : ce que vous faites

est à trop petite échelle. Ça ne prouve rien. Alors, je l’ai fait dans sept villages, mais la

banque n’y croyait pas. Puis, j’ai fait ces prêts dans un district entier que les banquiers

avaient identifié pour moi. Ils n’étaient toujours pas convaincus. Alors, j’ai décidé de créer

ma propre banque… »7.

Ce travail a été approuvé et récompensé par le prix Nobel de la paix en 2006. Olé

Danbolt Mjoes, président du comité Nobel a déclaré que « Une paix durable ne peut pas être

obtenue sans qu’une partie importante de la population trouve les moyens de sortir de la

pauvreté » quand il a expliqué le choix fait parmi les 191 candidats.

3. A Madagascar

Les défaillances du système bancaire en milieu rural ont favorisé la création des

Institution de microfinance à Madagascar. L’histoire de la microfinance comporte trois

périodes distinctes : avant 1990, de 1990 à 1996 et 1996 à nos jours. Ainsi, l’origine de la

microfinance à Madagascar remonte à une vingtaine d’années.

Avant 1990, il y avait encore aucune Institution de microfinance à Madagascar mais il

y avait la BTM ou « Bankin’ny Tantsaha Mpamokatra » qui était la seule banque intervenant

dans le secteur de la microfinance. Ses activités étaient limitées à l’octroi de crédit aux

paysans et elle n’atteignait qu’une petite partie de la population rurale. Suite à la privatisation

dans le secteur bancaire dans les années 90, BTM est devenue BOA et elle continuait à

intervenir en faveur du secteur de la microfinance mais elle s’arrêtait après sa récente

privatisation.

6 ORIANE N., RANDRIANATOAVINA P., 2010.Le developpement des organismes de microcredit, p 9

7 Extrait de « Base Arrière » de septembre 1992, Fondation pour le Progrès de l’Homme.

Page 11: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

5

La période de 1990-1996 est appelée la phase d’émergence des IMFs. Elle a été

surtout favorisée par les interventions des bailleurs de fond, du gouvernement et des

opérateurs techniques spécialisés. Des IMFs mutualistes comme l’Association d’Epargne et

de Crédit Autogérée ou AECA, les Caisses d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuels ou

CECAM, l’Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola ou OTIV et le TIAVO ou Tahiry

Ifamonjena Amin’ny Vola se sont crées avec l’encadrement technique des opérateurs

spécialisés. Il avait aussi des institutions non mutualistes qui se sont crées en même temps

comme le SIPEM ou Société d’Investissement pour la Promotion de l’Entreprise à

Madagascar, l’APEM ou Association pour la Promotion des Entreprises à Madagascar et

l’EAM ou Entreprendre A Madagascar.

Et puis depuis 1996, on parle de phase de développement et de croissance. Il y a une

forte extension géographique et consolidation des réseaux existants, il y a aussi une arrivée de

nouveaux acteurs sur le marché comme le Mutuel d’Epargne et de crédit de l’INSCAE, le

VATSY dans la région de Vakinakaratra, le MAHAVOTSE à Androy et beaucoup d’autres.

En décembre 2003, on a même mis en place la Cellule de Coordination Nationale de la

Microfinance et on a aussi élaboré un Document de Stratégie National de Microfinance. En

Septembre 2005, une loi relative à l’activité et au contrôle des institutions de microfinance a

été décrétée pour fixer les formes juridiques des IMF. Et c’est ainsi que s’est développée la

microfinance à Madagascar.

I.2- Définitions de la microfinance

1. Définition du terme microfinance

Selon Jean Michel Servet, la microfinance est caractérisée par « le faible montant des

opérations, la proximité non seulement spatiale, mais aussi mentale et sociale entre

l’organisation et la population cible, et la pauvreté supposée des client(e)s ou l’exclusion

qu’elles ou ils subissent »8.

Selon Jonathan Morduch, président du groupe d’expert des Nations Unies sur les

statistiques relatives à la pauvreté mondiale : « La microfinance s’illustre comme étant l’outil

le plus prometteur et le moins coûteux de la lutte contre la pauvreté mondiale ».

Selon l’article 3 de la LOI n° 2005 – 016 relative à l'activité et au contrôle des

institutions de microfinance adopté par l’Assemblé nationale malgache et le Sénat du 27 Juin 8 SERVET J.M., 2006. Banquier aux pieds nus. La microfinance.

Page 12: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

6

20059 : « Est définie comme activité de microfinance, l’offre à titre habituel de services

financiers de proximité à des personnes physiques ou morales n’ayant généralement pas

accès au système bancaire traditionnel. Ce sont des services d’épargne et de crédit qui sont

nécessaires pour promouvoir ou soutenir des activités génératrices de revenus permettant à

cette catégorie de population d’améliorer son niveau de vie, d’atteindre une meilleure

intégration sociale et d’accéder à un développement humain durable. »

La microfinance est donc un moyen de mettre des systèmes financiers au service des

pauvres n’ayant pas accès aux institutions financières classiques. C’est un instrument

considéré comme puissant pour la lutte contre la pauvreté. La microfinance désigne l’activité

de collecte d’épargne et de financement des petits travailleurs ruraux et urbains.

De façon plus générale, la microfinance réfère à une vision du monde où le maximum

de foyers pauvres ou assimilés peuvent avoir un accès permanent à une gamme de services

financiers de grande qualité et adaptés à leurs besoins, incluant non seulement le crédit mais

l'épargne, l'assurance et les transferts de fonds. En principe, la microfinance peut recouvrir

toutes les démarches ayant pour but d'accroître les accès ou d'améliorer la qualité des services

financiers auxquels les pauvres peuvent recourir.

2. Objectifs de la microfinance

Au début, l’objectif de la microfinance était de soulager de la façon la plus immédiate

possible la souffrance des populations précarisées. Cet objectif l’est toujours jusqu’à

aujourd’hui mais il s’est évolué.

De manière globale, l’objectif de la microfinance, surtout la microfinance à

Madagascar, c’est de rendre les services financiers accessibles au plus grand nombre possible

de gens pauvres de manière pérenne. Pour ce faire elle a deux objectifs spécifiques qui sont

de :

- Favoriser l’accès des petits producteurs exclus du circuit bancaire à des services

financiers de proximité et adaptés à la taille de leurs activités (micro-

entreprises/microcrédit). Dans ce cas son rôle c’est d’augmenter le revenu, de créer

des entreprises viables et d’aider les gens à sortir de la pauvreté

- Réaliser une meilleure collecte de l’épargne des ménages et des petits entrepreneurs

pour réinjecter dans le circuit économique.

9 Assemblé Nationale malgache et le Sénat, 27 juin 2005.Article 3 de la LOI n° 2005 – 016 relative à l'activité et au contrôle des institutions de microfinance.

Page 13: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

7

3. Les principaux axes

La microfinance vise surtout les micro-entrepreneurs, elle les incite à produire.

Produire la quantité optimale s’ils ne demandent que des renforcements de crédit, à assurer

leur production et à prendre aux sérieux leurs activités s’ils demandent un financement d’un

nouveau projet. Beaucoup de gens ont des meilleurs idées et des ambitions de réussir mais ne

se dotent pas de capitaux propre pour démarrer leur activité et c’est là qu’intervienne la

microfinance.

4. La différence entre la microfinance et les activités de crédit classique

4.1- Microfinance et microcrédit

Aujourd’hui encore, beaucoup de personne confondent la microfinance avec le micro

crédit et pour le grand public en particulier, ils sont indifférents et désignent la même activité.

Pourtant, la microfinance se diffère de la micro crédit par le fait que ce dernier n’est qu’une

des déclinaisons particulières de la microfinance. Pour plus de précision, la microfinance

désigne les dispositifs permettant d’offrir des crédits de faible montant que l’on appelle :

« micro crédit » à des familles pauvres pour les aider à conduire des activités productives ou

génératrices de revenus leur permettant ainsi de développer leurs petites entreprises.

Le secteur du microcrédit s’est développé avec le temps mais ne porte que sur le crédit

et son environnement c'est-à-dire le garantie, la fiscalité, la préparation, le suivi. Devant cela,

la microfinance, elle aussi s’est élargie pour inclure désormais une gamme de services plus

larges tels : crédit, épargne, assurance, transfert d’argent,… et une clientèle plus étendue

également.

Actuellement, la microfinance ne se limite plus à l’octroi de micro crédit aux pauvres

mais bien à la fourniture d’un ensemble de produits financiers à tous ceux qui sont exclus du

système financier classique ou formel.

4.2- Microfinance et banque

On apprécie cette distinction par rapport aux caractéristiques du crédit à octroyer c'est-

à-dire en volume. Les banques classiques ne prêtent que des sommes à grandes valeurs tandis

que la microfinance est destinée au pauvre donc plus souple. Dans certains cas les banques

financent des agences de microfinance.

Page 14: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

8

La différence principale par rapport au crédit bancaire est que la mirofinance est

orientée vers une cible nouvelle : les pauvres et les exclus. Elle reconnait leurs talents, leurs

besoins et leurs capacités à rembourser les prêts au lieu de les éliminer parce que les

méthodes, les critères et les garanties ne sont pas adaptés à leur situation, elle invente des

méthodes et des garanties qui leurs conviennent. Au lieu de leurs imposer l’objet de leur prêt,

elle est à l’écoute de leurs besoins, elle leur permet ainsi de découvrir que les gens exclus du

crédit bancaire sont, comme les autres, dotés de l’esprit de l’entreprise, de la capacité de

jugement, et qu’au surplus ils remboursent plutôt mieux que les riches. La méthodologie de

crédit bancaire dans les pays pauvres se fonde généralement sur les actifs et repose largement

sur le gage et autres garanties matérielles pour assurer le remboursement. A l’opposer, en

microfinance les méthodologies de crédit qui fonctionnent reposent, pour leur part, davantage

sur le profil individuel : l’évaluation de crédit est centré sur la volonté et la capacité des

clients à rembourser, plus que sur les actifs pouvant être saisie en cas de non remboursement.

II. Les activités entreprises par la microfinance

Aucune intervention ne peut, à elle seule, éliminer la pauvreté10. Les pauvres ont

besoin d’un emploi, d’instruction et de soin de santé. Certains des individus les plus pauvres

ont besoin de bénéficier de transfert de revenus ou de secours immédiats pour survivre. Les

micofinances contribuent donc à réduire la pauvreté et à atténuer ses effets de multiples de

manières concrètes. Et de plus, au fur et à mesure que les programmes améliorent, ils peuvent

servir les clients bien au-delà de ce que leur permettraient les rares ressources que peuvent

leur procurer les bailleurs de fonds.

II.1- Les différentes natures des IMF

1. Les microfinances mutualistes

Les Institutions financières mutualistes sont constituées par des caisses primaires,

rurales ou villageoises pratiquant la collecte de l’épargne et l’octroi des crédits aux membres

comme a fait Raffeisen en Rhénanie en 1846. Ces caisses de base sont gérées par les membres

eux-mêmes. Chaque personne dans membre a le même droit c'est-à-dire "une personne, une

10LITTLEFIELD E., MORDUCH J. Et HASHEMI S., juin 2003. La microfinance est elle une strategie efficace pour atteindre les objectifs du millenaire pour le developpement ?p 4

Page 15: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

9

voix". Les résultats des exercices des Institutions ne sont pas redistribués sous forme de

dividendes mais réincorporés afin d’augmenter les moyens d’autofinancement et de rendre

pérenne l’activité financière. Les caisses de base se regroupent en unions, puis en fédération,

voire même en réseaux afin d’augmenter la capacité financière et l’envergure de l’institution

financière.

Les principales institutions financières mutualistes à Madagascar sont les suivantes :

Action pour le Développement et le Financement des micro-entreprises (ADéFi)

Association Mutualiste d'Épargne et de Crédit (AECA Union AVOTRA) Association Mutualiste d'Épargne et de Crédit (AECA Union TAFITA) Association Mutualiste d'Épargne et de Crédit (AECA Union TSARAJORO) Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola (OTIV Unité de Promotion) Tahiry Ifampisamborana Amin'ny VOla (TIAVO Union FITTIA) Union interrégionale des Caisses d'Épargne et de Crédit Mutuel (UNICECAM)

2. Les microfinances non mutualistes

Ce sont toutes les Institutions Financières de la Microfinance qui ont choisi la forme

juridique autre que mutualiste à travers leurs activités financières classiques. Il n’existe pas

d’unicité des IMF non mutualistes, mais plutôt une double distinction entre :

- celles qui peuvent collecter l’épargne du public et celles qui sont limitées à l’octroi de crédit

- celles qui sont contraintes au statut de société anonyme (société de capitaux) par la loi et

celles qui peuvent adopter d’autres formes (associations à but non lucratif notamment).

Les institutions de la microfinance non mutualistes à Madagascar s’associent dans

l’AIM ou l’Association des Institutions de Microfinance non mutualistes. L’AIM est une

association à but non lucratif régie par l’ordonnance n° 60 133 du 03 Octobre 1960. L’AIM

assure la représentation du mouvement de microfinance non mutualiste et la sauvegarde des

intérêts professionnels des membres au niveau national, elle fournie des soutiens techniques

dans la constitution de ces institutions, elle encourage la coopération entre les différentes

institutions impliquées dans le développement des systèmes de microfinance décentralisés

non mutualistes, elle veille à l'application par ses membres des textes régissant le secteur

financier, en général, et des textes régissant le mouvement de la microfinance non mutualiste,

en particulier et de manière générale elle effectue toutes opérations se rattachant directement

ou indirectement à son objet ou à tout autre objet similaire ou connexe, de la manière la plus

étendue.

Page 16: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

10

Les principales institutions financières non mutualistes à Madagascar sont les suivantes : APEM : Association pour la Promotion de l'Entreprise à Madagascar ;

SIPEM : Société d'Investissement pour la Promotion des Entreprises à Madagascar

II.2- Les principaux types de produits offerts

1. Les crédits aux très petites entreprises

Le financement des TPE appelle des techniques spécifiques parce que les garanties

classiques, ainsi que l’analyse des dossiers et le suivi des remboursements bancaires ‘types’

sont inadaptés. Il s’agit d’un métier en soi différent de celui des banques classiques, qui

connaissent mal ce segment en général. Aujourd’hui, les IMF n’entre encore que très

partiellement dans la satisfaction des besoins de ce segment. Elles commencent par accorder

des microcrédits à court terme, cela couvre une partie des besoins de ces petites entreprises,

mais une faible partie seulement.

Ce ne sont pas toutes les IMF qui peuvent se lancer sur ce segment du financement des

TPE : pour débuter, il est préférable de privilégier les entreprises saines, ayant une activité

établie (par exemple, depuis plus de cinq ans), et ne présentant pas des risques trop élevés.

2. Le crédit bail ou leasing

Le crédit-bail (ou leasing-purchase agreement, de l'anglais) est un mode particulier

de financement des investissements, où la société de crédit-bail met un bien d'équipement à la

disposition d'une entreprise pour une période déterminée, contre un paiement d'une redevance

périodique. Au terme du contrat, l'entreprise a généralement le choix entre plusieurs options :

restituer le bien, l'acquérir pour un montant défini lors de la conclusion du contrat ou

renouveler le contrat à des conditions le plus souvent moins coûteuses. L'entreprise n'étant pas

propriétaire du bien tant qu'elle n'a pas levé l'option d'achat, ce dernier ne figure pas au bilan

de celle-ci mais elle est néanmoins tenue de le mentionner dans certains documents comme

l'annexe au bilan ainsi que dans la liste des engagements donnés.

A titre d’exemple, le CECAM à Madagascar offre du crédit de campagne pour la

production agricole, des crédits de stockage, des crédits de court terme pour activités para-

agricoles et commerciales, des crédits sociaux, ainsi que des crédits pour l’acquisition de

matériel de production, la location vente mutualiste.

Page 17: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

11

3. Services d’épargne

Les IMFs se dotent de deux types d’épargne : épargne obligatoire et épargne

volontaire (ou “ libre”). On parle d’épargne obligatoire lorsque l’IMF oblige ses clients ou

membres à épargner sur une base régulière et systématique (elle en fait par exemple une

condition d’accès au crédit). Cette épargne est souvent bloquée sur un compte. Par opposition,

pour l’épargne volontaire, l’épargnant est libre de déposer ou non son argent, et de réaliser des

retraits, dans la limite du produit proposé (voir plus loin la distinction entre dépôts à vue et

dépôts à terme, à titre d’exemple). L’épargne volontaire est donc instable et il intéresse moins

les institutions de microfinance alors que l’épargne obligatoire est stable et elle constitue un

outils très utile, elle est utilisée comme garantie des prêts, c’est-à-dire que les clients ne

peuvent pas retirer leur épargne obligatoire tant qu’ils n’ont pas remboursé leurs prêts.

4. Micro assurance

« La micro-assurance est un mécanisme de protection des personnes à faible revenue

contre les risques ( accident, maladie, décès dans la famille, catastrophe due aux aléas

naturels,…) en échange du paiement des primes d’assurance adaptées à leur besoin et niveau

de risque. Elle cible principalement les travailleurs à faible revenue dans les pays en voie de

développement, particulièrement ceux travaillant dans le secteur informel qui sont souvent

mal desservis par les assureurs commerciaux et les systèmes d’assurance sociale »11.

Lorsqu’une IMF envisage de proposer un produit d’assurance, il lui est tout d’abord

nécessaire d’analyser attentivement les aspects suivants :

• Un environnement réglementaire favorable

• Des capacités institutionnelles suffisantes

• Une compréhension claire de la demande

• Une compréhension des concurrents et partenaires potentiels

11 BIT, 2008. Fond pour l’innovation en micro-assurance

Page 18: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

12

Chapitre II- THEORIES ECONOMIQUES MESURANT

L’EFFICACITE DE LA MICROFINANCE

Plusieurs théories économiques peuvent contribuer à élucider les performances de la

microfinance du point de vue des organisations de microfinance et des bénéficiaires de leurs

services financiers. M ais nous allons plutôt nous concentrer sur la théorie de l’asymétrie

d’information ainsi que la théorie des couts de transaction que j’estime les plus explicatifs des

performances en microfinance. En fonction des approches retenues, l’appréciation des

performances de l’institution de la microfinance s’articulera autour des concepts tels que

l’efficacité institutionnelle, la viabilité financière et l’efficacité productive.

I. Théorie de l’asymétrie d’information

L’asymétrie d’information permet d’analyser des comportements et des situations

courantes de l’économie du marché. Elle implique qu’un des participants à l’échange dispose

d’une information « privée », qu’il cache à l’autre partie. Cette théorie est un élément

fondamental d’innovations théoriques et de relecture des faits économiques. Elle a permis de

comprendre des échecs de marché, des insuffisances d’incitation, et de proposer des

améliorations de politiques et de contrats économiques

Dans la relation de crédit, l’information apparait en effet asymétriquement distribuée.

On concevra aisément que l’emprunteur dispose d’une meilleure information que le prêteur

sur les paramètres qui vont déterminer la rentabilité effective du projet et ensuite en

gouverner le partage des revenus12 .

I.1- Définition de la théorie

1. Contexte et auteurs

Georges A. Arkelof a obtenu son doctorat au MIT en 1966. Akerlof a consacré une

large partie de sa recherche sur les imperfections de marché au problème des asymétries

d’information. L’asymétrie d’information est chose courante sur les marchés. Elle implique

qu’un des participants à l’échange dispose d’une information « privée », qu’il cache à l’autre

12 Tshimpaka F. K., 2007. La restructuration de l’espace microfinancier du Kivu, p269

Page 19: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

13

partie. Il privilégie l’exemple du marché de voiture d’occasion13 sur lequel le vendeur

connaît mieux que l’acheteur la qualité de sa voiture. Il était inspiré par le questionnement

suivant : pourquoi une voiture à peine utilisée subit une décote importante sur le marché de

l’occasion ? Il montre que pour se prémunir des vices cachés de véhicules de mauvaise

qualité, les acheteurs intéressés proposent des prix délibérément faibles. Insatisfaits par les

prix proposés, les vendeurs de véhicules de bonne qualité quittent le marché, ne laissant alors

disponibles à la vente que des produits de mauvaise qualité. Un phénomène de « sélection

adverse » (ou « anti sélection ») est donc à l’œuvre : les voitures de piètre qualité chassent du

marché les bonnes voitures. L’asymétrie d’information conduit ainsi à un équilibre inefficace.

Cela contredit donc l’hypothèse de transparence de l’information du modèle de concurrence

pure et parfaite. Des individus rationnels qui maximisent leur utilité sont donc prêts à avoir

des comportements opportunistes qui risquent de compromettre le fonctionnement du marché.

La contribution très novatrice d’Arkelof montre qu’une asymétrie d’information entre

les prêteurs et les emprunteurs explique les taux d’intérêts très élevés dans les pays du tiers

Monde.

Michael Spence a obtenu son doctorat à Harvard en 1972. Il s’est fait connaitre par

ses travaux sur le fonctionnement des marchés en asymétrie d’information en étudiant les

moyens que peuvent mettre en œuvre les agents économiques qui ne disposent pas des mêmes

informations pour concevoir des formes de contrats qui protègent leurs intérêts réciproques. Il

a montré par un exemple que par le biais d’une formation supérieure ou en choisissant une

filière de formation extrêmement difficile, un étudiant peut tenter de signaler à un futur

employeur qu’il possède des qualités uniques. Spence a ainsi été le premier à mettre en

lumière que les producteurs ou les consommateurs peuvent envoyer des signaux pour

informer les agents économiques des caractéristiques ou des particularités de leurs produit ou

services

Joseph E. Stiglitz a obtenu son doctorat au MIT en 1967. Il a apporté une réponse aux

problèmes d’anti sélection de la part des acteurs les moins informés. Ces acteurs obtiennent

généralement de l’information auprès des acteurs mieux informés : c’est le processus de

« screening » (criblage ou dépistage). Il a démontré comment et quand les agents

13 George Arkelof, 1970. "Le marché des voitures d’occasion : incertitude sur la qualité et mécanisme de marché"

Page 20: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

14

économiques les moins informés pouvaient améliorer leurs revenus ou leurs résultats par le

moyen de procédure de criblage.

Ces trois auteurs sont les auteurs de référence de cette théorie. Leurs travaux sur

l’analyse des imperfections de marché ont été récompensés par le prix Nobel d’Economie

2001. Ils montrent que le modèle de concurrence pure et parfaite (modèle standard de la

théorie économique), qui suppose notamment que l’information des agents est elle-même

parfaite, est une approximation très éloignée de la réalité.

2. Les grands principes de la théorie

On peut citer deux situations d’asymétrie d’information : d’une part l’anti sélection ou

sélection adverse et d’autre part l’aléa moral.

2.1- La sélection adverse

Elle désigne un effet perver du fonctionnement du marché résultant de problèmes

informationnels qui surviennent lorsqu’il y a inobservabilité d’une caractéristique inaltérable

du bien échangé. Il y a question d’asymétrie d’information ex-ante. Par exemple, sur le

marché des biens et services, les acheteurs observent imparfaitement la qualité des biens et les

vendeurs ont intérêt à surestimer le prix. Les acheteurs ne peuvent donc ni avoir confiance

dans les déclarations des vendeurs, ni déduire qu’un prix élevé signifie une bonne qualité.

Ainsi les vendeurs des biens de bonne qualité, qui valent un prix élevé, peuvent être dans

l’impossibilité de vendre leurs produits à leur véritable prix. L’exemple célèbre d’un tel cas

est le marché de voiture occasionnée avancé par Arkelof qu’on a cité précédemment. Dans

une telle situation, Arkelof propose un prix unique qui pourrait être un prix moyen mais ceci

expulsera les vendeurs de produit de bonne qualité et il n’y aura plus que des ventes des

modèles médiocres sur le marché. L’asymétrie d’information exclut donc du marché les

produits de bonne qualité au profit des produits de moindre qualité et c’est ce qu’on appelle

sélection adverse ou anti-sélection.

Les deux principaux mécanismes de marché qui apparaissent comme étant des

réponses au problème de la sélection adverse sont le signal de Spence et le criblage de

Stiglitz. Ce dernier est le fait de la partie non informée qui consiste à proposer un menu de

contrat qui, après auto-sélection sur la base des prix non linéaires, de distinguer entre les

différentes qualités de biens ou d’individu. D’autres solutions peuvent être avancé pour faire

Page 21: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

15

face à la sélection adverse14 : du coté du vendeur, il peut proposer un système de garantie aux

acheteurs afin de se donner une image de sérieux et de crédibilité, du coté de l’acheteur, il doit

tenter de s’informer au maximum à partir des donnés observable sur le produit ou l’entreprise

et enfin une solution externe peut être avancée comme une instauration de règlementation qui

rend obligatoire la révélation de tout ou partie de l’information par le vendeur.

2.2- L’aléa moral

C’est un problème d’asymétrie d’information ex-post. C’est une absence de

connaissance parfaite du comportement après achat qui conduit à une situation où le marché

ne peut être traité de façon globale, chaque cas devient particulier15. Un exemple est souvent

cité en économie de l’assurance, celui de l’assurance contre l’incendie et le vol. La question

qui se pose est de savoir si l’assuré prendra autant de précaution après s’être assuré qu’il en

prenait avant pour éviter le vol ou l’incendie. Le comportement caché de l’assuré modifie la

nature de l’équilibre par rapport à celui observé là où le comportement est rationnel et

prévisible. On distingue alors deux types de situations : dans le premier cas, l’individu non

informé (le principale) ne peut apprécier l’action de son partenaire ( l’agent), celui-ci est donc

tenté d’agir dans son propre intérêt et d’annoncer au principal que les mauvais résultats des

évènements indépendants de sa volonté ; et dans le second cas, le principale non informé peut

observer l’action mais ne peut vérifier si elle est appropriée. Par exemple un garagiste peut

choisir de remplacer une roue et la poser parfaitement alors qu’une simple réparation de pneu

aurait suffit.

La solution est donc d’inciter l’agent qui dispose d’une information privée à prendre

une décision optimale pour l’individu non informé. Et un moyen pour s’en sortir c’est de

trouver une procédure incitative pour motiver l’agent à coopérer avec son principal. Le

principal peut par exemple proposer un contrat qui stipule un paiement en fonction du résultat

ou des contrats qui instaurent une compétition sur les résultats, ou encore proposer aux agents

de collaborer pour une longue période car la durée de la relation permet de mieux connaitre

l’effort moyen fourni par l’agent.

14Garcia R., 1986. La théorie économique de l’information : exposé synthétique de la littérature,p. 90 15 Op.cit, p : 92

Page 22: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

16

3. Les effets de l’asymétrie d’information

L’asymétrie d’information fait que16 :

-Le prix n’est plus un parfait signal de la valeur du bien puisque pour un même prix, il

est possible d’obtenir des biens de différentes qualités.

-Le prix ne peut plus jouer son rôle d’information car l’agent victime d’une manque

d’information risque de sélectionner un produit qui ne correspond pas au prix affiché.

-Et l’élévation du taux d’intérêt sur le marché de crédit pour permettre aux banquiers

de se couvrir de la probabilité de tomber sur de mauvais emprunteurs ;

II .2- Les stratégies utilisées par la microfinance pour faire face au

problème d’asymétrie d’information

Conscient de ce que la transaction risque d’avoir lieu dans des mauvaises conditions,

le prêteur est amené à rationner le crédit c'est-à-dire à réduire le montant ou en refuser l’octroi

aux emprunteurs apparemment véreux. Comme les clients de la microfinance sont déjà des

gens exclus de la banque, alors leur risque est de plus en plus élevé : elle ne peut distinguer

parmi les emprunteurs potentiels ceux qui pourront s’acquitter de leurs engagements de ceux

qui ne le pourront pas et il y a aussi risque dû à l’opportunisme comportemental de

l’emprunteur. Or le rationnement de crédit n’est pas solution adéquate face à ces risques car

un client non satisfait par le crédit accordé par une institution se voit obliger de recourir

simultanément à plusieurs sources de financement et il multiplie son coût de crédit donc le

risque de crédit.

Pour mieux affronter ces risques, les institutions de microfinance adoptent des

mécanismes ou des techniques novatrices. Il s’agit des prêts de groupe à base de caution

solidaire et des incitations dynamiques offerts aux clients.

1. Prêts de groupe à base de caution solidaire

C’est un mécanisme de lutte contre la sélection adverse dans une relation de crédit. Le

prêt de groupe de caution solidaire est un mécanisme de crédit très utilisé dans des institutions

de microfinance opérant en milieu pauvre. Etant donné que le problème principal auquel se

16 Fondement théorique de l’efficacité de la microfinance, Chapitre 3 p : 9

Page 23: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

17

heurte les micro-entreprises et les pauvres est l’absence de garantie réelle, une solution

consiste à faire supporter le risque par un ensemble de personne. Cette technique a des

avantages qu’on va énumérer ci-après.

1.1- La sélection de bon risque

En règle générale, les emprunteurs acceptant de former un groupe caution solidaire se

connaissent bien. On considère donc que l’information est parfaite entre eux. Ils se

témoignent réciproquement qu’ils constituent un groupe et si l’un d’entre eux est réputé

capable de jouer faux jeu, il ne sera pas admis comme membre du groupe à constituer. Les

bons risques se sélectionnent donc entre eux.

Pour éviter des risques, les membres de groupes ne doivent pas être de la même

famille (frère, sœur, père/mère), ils ne peuvent exercer la même activité ou plus précisément

ils ne doivent pas vendre les même biens car la chute des prix d’une marchandise peut rendre

tout le groupe insolvable, tous les membres ne doivent pas vendre dans le même endroit mais

doivent habiter dans le même quartier ou commune pour la surveillance mutuelle et les visites

des agents de crédit17.

1.2- La maîtrise du risque de défaut

Puisque les membres d’un groupe se connaissent bien et se font confiance, alors ils

s’engagent solidairement les uns contre les autres. Cet engagement est peut-être la toile de

fond de tout crédit groupé. En effet, chaque membre du groupe est responsable et redevable

de la totalité du crédit même s’il n’a pas encore bénéficié du prêt. La responsabilité conjointe

garantit le remboursement du crédit à l’institution de la microfinance malgré la défaillance de

l’emprunteur car les emprunteurs se connaissent bien et disposent mieux que le prêteur des

moyens pour se faire rembourser. Ainsi, le risque s’en trouve maitrisé.

1.3- La possibilité d’accroissement du montant des prêts

Dans une logique strictement séquentielle de prêt de groupe, le fait que l’organisation

de microfinance accorde du crédit à tour de rôle à chaque membre d’un même groupe libère

celle-ci de la pression de devoir accorder simultanément un crédit à tous ses clients.Il est doc

possible, en fonction des ressources prêtables, que le montant moyen accordé à chaque

membre soit plus important.

17 Op.cit

Page 24: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

18

2. Les incitations dynamiques et les autres facteurs

Des incitations dynamiques et certains autres facteurs culturels peuvent être

considérés comme des mécanismes visant à lutter efficacement contre l’aléa moral.

Pour révéler les bonnes informations cachés par l’emprunteur ou ses véritables

intentions ou actions, le prêteur peut adopter des techniques de prêts progressifs ou par pallier.

Des prêts de ce type permettent de nouer une relation contractuelle durable entre prêteurs et

emprunteurs et impliquent pour un remboursement sans incident du prêt, le blocage du second

plus important et ainsi de suite.

Mais la portée de cette technique est limitée par la concurrence que peuvent se livrer

les IMF et par le degré de mobilité spatial des emprunteurs.

Dans certains milieux, le recours à certains facteurs culturels peut aussi permettre de

lutter contre l’opportunisme comportemental de la part des emprunteurs. L’invocation de

Dieu et sa crainte en tant qu’Omniprésent, Omniscient, et Omnipotent est un facteur de

réduction de défaut stratégique18.

II. Théorie des coûts de transaction

Olivier Williamson a consacré sa vie à la recherche théorique sur les couts de

transaction. Il est partie d’une analyse de deux formes extrêmes de mode de gouvernance du

marché et de la firme avant d’étudier les formes hybrides comme les alliances et les contrats.

Il a ainsi pu établir des propositions normatives permettant aux agents économiques de choisir

le mode de gouvernance qui serviront d’institution pour leurs transactions aux moindres couts.

Il y a transaction lorsque deux agents spécifient contractuellement la date et le lieu d’échange

d’un bien particulier.

II.1- Définition de la théorie

Un coût de transaction est un coût lié à un échange économique, plus précisément une

transaction sur le marché. Ce coût n’existe pas dans le cadre de la concurrence pure et

parfaite. Il concerne plus précisément les ressources utilisées pour effectuer le transfert de

droit de propriété qui incluse la recherche d’information, la négociation des contrats, la

18 Op.cit

Page 25: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

19

standardisation des biens, les honoraires des conseils juridiques et la fiscalité appliquée à ces

transactions.

1. Contexte et origine

1.1- Origine des couts

L’idée de ce coût a été évoquée pour la première fois par Ronald Coase.Il explique

que : « Lorsque l’on souhaite opérer une transaction sur un marché, il est nécessaire de

rechercher son ou ses contractants, de leur apporter certaines information nécessaire et de

poser les conditions du contrat, de conduire les négociations instaurant ainsi un véritable

marché, de conclure le contrat, de mettre en place une structure de contrôle des prestations

respectives des obligations des parties, etc.»19

L’origine des coûts de transaction entre deux individus apparait ainsi directement liée

à des facteurs comportementaux naturellement présents chez l’homme : la rationalité limitée

et l’opportunisme. On conçoit la théorie des coûts de transaction comme un prolongement des

théories fondées sur l’asymétrie d’information.

1.2- Les coûts composants du coût de transaction

Les coûts de transaction désignent le prix de la mise en œuvre d’une transaction entre

deux agents individuels ou collectifs. D’une manière assez détaillée, ils se décomposent en20 :

- Coût de collecte des informations relatives aux clients potentiels ;

- Coût de traitement de ces informations ;

- Coût de passation des accords avec les emprunteurs sélectionnés ;

- Coût de surveillance ou de contrôle d’exécution de ces accords ;

- Coûts des opportunités manquées du fait de ces accords.

2. Postulats comportementaux de la théorie

La théorie des coûts de transaction repose sur trois hypothèses que sans eux on ne peut

pas dire qu’il a un coût de transaction. Ce sont : la spécificité des actifs, le risque

d’opportunisme et la rationalité limitée.

19COASE R., 1937. The nature of the Firm 20GOMEZ P., La théorie des coûts de transaction, EM Lyon, p : 9

Page 26: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

20

2.1- La spécificité des actifs

Tous les objets échangés ne sont pas de même nature. Certains objets ne

peuvent pas être réutilisés pour un autre échange. D’autres au contraire sont absolument

neutres et peuvent être échangés quels que soient les contractants. Donc là on introduit une

subtilité supplémentaire pour mieux caractériser des marchés. Sur les marchés, tous les objets

ne sont pas homogènes, comme le prétend une certaine micro économiste, ils sont hétérogènes

dans la mesure où leur usage, dans certains cas, n’est pas indépendant des contractants. C’est

ce qu’on appelle la spécificité des actifs. .Un actif est donc considéré comme spécifique si son

usage est limité au regard de la fonction qu’il remplie ou au regard des individus qui

l’utilisent. « La spécificité d’un actif se définit en référence au degré avec lequel un actif peut

être redéployé pour un autre usage ou par d’autres utilisateurs sans perte de sa capacité de

production. »21

En matière de crédit, la spécificité de la transaction est à relier à la qualité de

la signature. En effet, lorsqu’on a affaire à un emprunteur de qualité, c'est-à-dire non suspect

d’insolvabilité, le prêt ou la créance parait peu spécifique. Par contre, une créance sur un

débiteur risqué est plus difficilement négociable. Des risques comme l’absence des garanties

réelles et d’information comptables fiables font l’opération de micofinance une transaction

spécifique. C’est à ce titre justement que les clients des IMF sont des exclus du secteur

financier officiel.

2.2- Le risque d’opportunisme

Ici on revient aux deux composantes de l’asymétrie d’information qui sont la sélection

adverse et l’aléa moral qu’on a déjà évoqué dans le chapitre précédente. Il est très important

de comprendre que l’opportunisme est normal dans le cadre de cette théorie. Ca ne veut pas

dire que tous les acteurs sont mauvais ou méchants, ou encore qu’ils cherchent à tromper ou à

ruser. Ca veut dire que si on postule l’autonomie des acteurs, il est naturel d’anticiper qu’ils

vont chercher à défendre plutôt leur intérêt personnel que l’intérêt collectif. C’est une

conséquence du modèle. Tant mieux s’ils ne sont pas opportunistes, tant mieux s’ils cherchent

l’intérêt de leur cocontractant, le problème c’est qu’ils peuvent être opportunistes, qu’ils

peuvent ne pas vouloir le bien du contractant et que ce simple risque oblige le contractant de

se prémunir de l’opportunisme. On peut même dire qu’à la limite, même si l’opportunisme

n’existait pas, le simple fait qu’il puisse exister crée les conditions nécessaires à la 21 Ghertman M., 2003. « Oliver Williamson et la théorie des coûts de transaction

Page 27: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

21

contractualisation. Il faut contractualiser, il faut signer des contrats pour se prémunir d’un

opportunisme, fût-il potentiel.

2.3- La rationalité limitée

Dans la théorie économique classique, les acteurs de l’échange sont supposés agir de

manière rationnelle (rationalité absolue), mais que va-t-il se passer lorsque la transaction

prend du temps ? L’acteur rationnel n’est pas en mesure d’anticiper tous les cas de figure

c'est-à-dire que sa rationalité est limitée. Comment vont donc les acteurs rationnels et

autonomes se comporter lorsque l’échange n’est pas instantané, mais se déroule dans le

temps ? Dire que la rationalité est limitée signifie que l’acteur ne peut pas traiter un nombre

d’informations ou anticiper un nombre de situations infiniment extensible et cela, pour des

raisons techniques, cognitives. Ca ne veut pas dire que la rationalité n’est pas substantive,

qu’elle n’est pas liée à l’individu. Mais elle est limitée, elle ne peut pas intégrer tous les cas de

figure, en particulier quand la transaction se déroule dans le temps.

II.2- Impacts de l’existence des coûts de transaction sur la

microfinance

A l’issue de l’ébauche de la mesure concrète des coûts de transaction, il importe

d’examiner comment l’évaluation de l’efficacité productive des institutions de la

microfinance peut être améliorée et comment leur viabilité peut être abordée grâce à la théorie

des coûts de transaction.

1. Améliorations de l’efficacité productive des organisations de la

microfinance

Pour justifier le mécanisme de financement efficace des microfinances en faveur des

micro-entreprises, ils doivent occasionner un coût total inférieur à celui qu’implique le

recours aux prêteurs individuels. Il faut proposer des coûts financiers suffisamment inférieurs

à ceux des prêteurs individuels afin de compenser le surcoût qui est engendré en coût de

transaction. L’efficacité productive des IMF c'est-à-dire la profitabilité de leurs services

financiers aux micro-entreprises sera donc prouvée si et seulement si cette inégalité est

vérifiée. Au plan théorique, on peut bien imaginer que les coûts de transaction qu’un micro-

Page 28: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

22

entrepreneur doit supporter en traitant avec une IMF doivent être inferieur à ceux qu’il

supporterait s’il avait l’opportunité de traiter avec des autres prêteurs ,sinon l’IMF perdrait

toute sa raison d’être. Ainsi, l’existence des IMF se justifie par le fait qu’elles fournissent un

crédit aux pauvres.

La théorie des coûts de transaction suggère plutôt l’adoption par les IMF d’un mode

d’organisation leur permettant d’économiser sur ces coûts. Compte tenu de la forte spécificité

des actifs en microfinance, certains modes d’organisation tels que l’internalisation des

activités ou l’intégration verticale peuvent contribuer à réduire les coûts de transaction et donc

à accroitre l’efficacité productive des organisations de microfinance.

2. La viabilité des institutions

Deux éléments sont essentiels à ce niveau afin de préserver la viabilité d’une

institution de microfinance : le suivi de la qualité du portefeuille et la structure assurant la

sécurisation de l’activité.

On utilise souvent la méthode des ratios pour apprécier la qualité du portefeuille d’une

institution de microfinance. Elle donne une indication sur le sérieux des institutions dans la

gestion de ses avoirs. Une mauvaise gestion du portefeuille peut déboucher sur la faillite et

donc la cessation d’activité. Il faut donc surveiller sans arrêt le portefeuille à risque qui

mesure la partie du portefeuille contaminée par les impayés. Il est complété par les ratios de

pertes sur créance et de couverture de risque, ce dernier représente 100 à 200 % du

portefeuille à risque pour une IMF sinon elle risque de perdre une importante part de son

crédit.

Page 29: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

23

Chapitre III - MODE DE FONCTIONNEMENT DE LA

MICROFINANCE

Les grandes institutions pionnières de la microfinance ont démontré que l’offre de

service de ce type peut être financièrement pérenne22. L’utilisation du capital emprunté par

les clients pauvres est si productive, ils sont capables et prêts à payer des taux d’intérêt

suffisant pour couvrir le coût total de ces services. Aujourd’hui, il existe des milliers

d’institution de microfinance dans le monde et peu d’entre elle ont atteint la pérennité

financière. Il y a forcement des raisons à avancer pour déterminer cet échec. Pour ce faire,

allons voir la quantité de la population cible et le taux de pénétration de chaque institution

ainsi que les exigences qu’elles émettent.

I. La population cible et le taux de pénétration

Les groupes cibles de la micro finance sont des publics de manque de revenu23 donc

d'épargne; de crédit; d’emploi; de moyens d'équipement ou des moyens de production et

d’éducation, formation ou d'information. C'est-à-dire une population pauvre incapable

d'organiser une vie autour des services financiers intégrés.

I.1- La population cible

On a déjà répété plusieurs fois auparavant que les clients cibles des IMF sont des

personnes dont les revenus sont faibles et qui n’ont pas accès aux institutions financières

formelles faute de pouvoir remplir les conditions exigées par ces institutions. Nous n’allons

plus revenir là-dessous mais on va quand même donner quelques précisions sur les activités

entreprises par ces personnes.

1. Dans la zone rurale

Ce sont les paysans ou des personnes possédant une petite activité de transformation

alimentaire ou un petit commerçant. Les deux types d’IMF (mutualiste et non mutualiste)

22 Comprendre le secteur de la microfinance, http://microfinancement.cirad.fr/fr/bao/pdf/v2chapitre3.pdf. 23 OUEDRAOGO, cité par INGABIRE 2000 :48 et cite par Ngirumpatse D., 2008.Analyse de l'effet des crédits octroyés par les institutions de microfinance au développement socio-économique de ses membres

Page 30: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

24

acceptent de financer dans ces zones grâce aux facilités d’accès. Nombreuses opportunités

existant en milieu rurale permettent la réalisation des activités de la microfinance. On peut y

voir d’épargne rural non négligeable, de la forte cohésion sociale des villageois, de la

présence des acteurs locaux dynamique dans le village et l’existence d’une demande organisé

et solvable à travers les exploitations agricoles.

Mais il est à mentionner aussi que le financement des activités dans le milieu rural ne

passe pas si facilement. De nombreuses contraintes rendent l’emprunt difficile à gérer surtout

pour le cas de Madagascar. Les principales contraintes de microfinancement dans la zone

rurale sont les suivants24 :

- Coûts d’information et de transaction très élevés en raison du mauvais état des

infrastructures et de l’absence d’historique au sujet de la clientèle

- Faiblesse de la capacité institutionnelle des prestataires financiers en milieu rural due à

la difficulté de recruter des personnels instruits et bien formés dans les petites

agglomérations rurales

- Risques spécifiques dus à la nature même des activités agricoles comme la

pluviométrie irrégulière, la variation des prix des produits agricoles et la saisonnalité

de nombreux produits agricoles.

Ces situations rendent la défaillance des activités de microfinancement dans le milieu

rural. Beaucoup d’entre eux n’arrivent pas à survivre car la rentabilité est faible ou presque

nulle. On entend souvent des institutions financières sous forme d’ONG opérant dans ces

zones qui s’arrêtent après un ou deux ans d’activité car elles n’arrivent plus à survivre, le taux

de remboursement de crédit devient nul non pas à cause des emprunteurs mais de la situation

des produits agricoles et que personne ne peut rien y faire.

Une interview a été faite au sein de la Société d’Investissement pour la Promotion des

Entreprises à Madagascar (SIPEM SA) Andavamamba pendant lequel j’ai pu parler avec

Andry RATSIMBARIVONY, agent chargé de mission, qui est vraiment proche du client et

qui a l’occasion de faire, à chaque projet, une descente sur terrain et un suivi du travail. Il m’a

parlé d’un cas d’un homme qu’il poursuit pendant des semaines à cause de ce problème de

non remboursement, il a avoué que ce n’est pas quand même la faute de ce monsieur s’il

n’arrive pas à payer mais le brusque chute du prix des produits agricoles auquel il entreprend.

24 Dakar consulting and engineering group, Rapport annuel Aout 2010. Etat des lieux sur la microfinance p 20, http://www.gtms.sn/IMG/pdf/Etat_des_Lieux_sur_la_Microfinance_Rurale.pdf

Page 31: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

25

Les irrégularités des revenus sont donc un des éléments qui empêchent l’efficacité de la

microfinance.

2. Dans la zone urbaine

Ce sont les petits commerçants, prestataires de service, artisans, vendeur de rue, etc.

qui sont les bénéficiaires. On les désigne par « micro entrepreneur » et la plupart d’entre eux

travaille dans le secteur informel.

Presque toutes les activités financés par la microfinance sont exercées dans le secteur

informel alors que ceci n’est pas mesuré dans le PIB de la nation25, on peut dire alors qu’elle

travaille à l’aveuglette car elle travaille sans être enregistré. Peut-être que les effets se feront

sentir aux niveaux des bénéficiaires mais on observera presque rien au niveau national alors

qu’on va dire que la microfinance est un outil efficace pour le développement. En plus les

bénéfices des emprunteurs sont alloués dans la satisfaction des besoins alimentaires non pas

pour améliorer leurs activités. Il n’est donc pas étonnant de voir une activité financée qui se

dégrade car il n’y a pas d’amortissement des infrastructures, ni amélioration de mode de

production.

I.2- Taux de pénétration

En marketing, le taux de pénétration du marché est un taux mesurant la couverture du

marché par un produit ou service donné. Il s'exprime en pourcentage et s'obtient par le rapport

suivant : Demande actuelle du produit / Demande potentielle du produit26. L’évolution du

taux de pénétration d’un produit est notamment étudiée pour mesurer efficacité d’une

opération. Le taux de pénétration diffère de la part de marché qui est la part de chiffre

d'affaires de chaque fournisseur par rapport au total des ventes de l'ensemble de ceux-ci, sur

une année par exemple.

25Roesch M., Helies o., 2007. La microfinance, outil de gestion du risque ou de mise en danger par sur-endettement ?, http://www.cairn.info/revue-autrepart-2007-4-page-119.htm 26LOYENS M., 2010. Cours de Technique Commerciale de deuxième année en économie, Département Economie, Faculté DEGS, Université d’Antananarivo

Page 32: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

26

Globalement à Madagascar, les institutions mutualistes, les non mutualistes, et les

banques territoriales interviennent dans plusieurs régions et détiennent à leur actif de

nombreux points services. On peut citer entre autres :

- le réseau CECAM, IMF de niveau 3 mutualiste, disposant de 187 caisses éparpillées

dans 13 régions,

- SIPEM SA, IMF de niveau 3 non mutualiste, disposant des 12 agences éparpillées

dans 7 régions,

- et Microcred Banque Madagascar, banque territoriale, disposant de 17 agences se

trouvant dans 9 régions. 27

Plusieurs régions, comme celles d’Analamanga, Vakinanakaratra se trouvent mieux

desservies par les services de microfinance, en termes de couverture géographique28. Par

contre, d’autres régions, entre autres, celles de Melaky et Betsiboka restent faiblement

couvertes. En effet, les contraintes de couverture sont liées à la faible densité de la population,

l’enclavement ainsi que l’état dérisoire des infrastructures de la Région.

Tableau n°01 : Répartition des points de services par région (Situation au 31/12/2012)

Région IMF ou autre établissement de crédit concerné

Banque territoriale concernée Nombre de points de services

Analamanga

ACEP Madagascar, APEM PAIQ, PAMP-CDA, CEFOR, HARDIFINANCE, CECAM MADACREDITO, OTIV MAMELASOA, PAMF, SIPEM,

AccèsBanque Madagascar, Microcred Banque Madagascar

129

Vakinakaratra

ACEP Madagascar, FANAMPIANA IVOARANA, SIPEM, TITEM, VAHATRA,VATSY,OTIV TANA, CECAM, MECI, MADACREDITO

AccèsBanque Madagascar, Microcred Banque Madagascar

90

Itasy

PAMF, SOAHITA, TITEM, OTIV TANA, CECAM

AccèsBanque Madagascar

34

27 Répartition des points de service au 31-12-2012, www.madamicrofinance.mg 28 Voir le tableau de répartition des points de service par région, situation au 31-12-2012

Page 33: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

27

Bongolava

TITEM, CECAM

AccèsBanque Madagascar, Microcred Banque Madagascar

22

Amoron’I Mania

ACEP Madagascar, CECAM, OTIV Antananarivo

25

Atsimo antsinanana

TIAVO 13

Ihorombe CECAM, TIAVO IFRA 8

Vatovavy fito vinany

TIAVO, CECAM IFRA 48

Anosy FIVOY, ORDIMIC IFRA 98

Androy FIVOY IFRA 8

Atsimo andrefana

VOLA MAHASOA, CECAM, TIAVO

Microcred Banque M/car,

IFRA

23

Menabe CECAM, SOAHITA 12

Alaotra mangoro

ACEP Madagascar, SIPEM, OTIV Alaotra Mangoro, CECAM, AGRICRED

Microcred Banque Madagascar

Analanjirofo OTIV Zone Littoral 25

Antsinanana

ACEP Madagascar, EAM-Finances, SIPEM, OTIV Zone Littoral,MECI, MADACREDITO

Microcred Banque Madagascar

Betsiboka OTIV Alaotra Mangoro, OTIV Boeny Mahajanga

2

Boeny ACEP Madagascar, EAM-Finances, SIPEM, MAMPITA, MUTUA FIDE MICROFINANCE,

Microcred Banque Madagascar

32

Melaky OTIV Boeny Mahajanga 1

Sofia CECAM, PAMF, OTIV DIANA 17

Diana EAM-Finances, ODRD, OTIV DIANA, PAMF, SIPEM

Microcred Banque Madagascar

19

Page 34: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

28

Sava OTIV Sava 20

Haute matsiatra ACEP Madagascar, EAM-Finances, TIAVO, CECAM, SIPEM

57

Source: CNMF, 2012

En total, il y a 754 microfinances à Madagascar et elles atteint les 22 régions29. Quand

même, on constate la mal répartition dans les régions.

Malgré le contexte sociopolitique qui prévaut à Madagascar depuis quelques années, le

secteur de la microfinance affiche des résultats positifs caractérisés principalement par une

hausse du taux de pénétration, une augmentation de la portée et clientèle des IMF et une

croissance des activités de crédit et d’épargne. Les tableaux ci-dessous montrent l’évolution

des activités des IMF mutualistes et non mutualistes ainsi que les activités des autres

établissements de crédit exerçant des activités de microfinance.

Les tableux ci- dessous nous montrera que il y a un fort taux de pénétration dans les

institutions mutualistes. Ceci peut être expliqué par la compréhension et la confiance qui

existent entre l’institution et les membres. En plus, ce sont les IMF qui interviennent dans les

provinces, comme CECAM et OTIV, qui sont presque dans tous les régions de Madagascar si

on regarde le tableau n°01.

Tableau n°02 : Evolution des activités des IMF mutualistes de 2009 à 2012

Evolution des activités des IMF mutualistes 2009 2010

2011

sept 2012

Nombre de caisses 464 483 511 512

Nombre de membres 531 766 606 620 653 087 687 143

Pourcentage de femmes membres 42,64% 43,04% 42,92% 43,75%

Encours de crédit (En millions MGA) 72 384 78 101 104 921 133 029

29 Cf tableau de répartition des points de service par région, situation au 31-12-2012

Page 35: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

29

Encours d'épargne et/ou dépôts (En millions MGA) 67 116 75 712 100 372 108 529

Source : CNMF, 2012

Tableau n°03 : Evolution des activités des IMF non mutualistes de 2009 à 2012

Evolution des activités des IMF non mutualistes 2009 2010

2011

sept 2012

Nombre de points de services 172 197 200 200

Nombre de clients 50 192 59 866 74 118 81 842

Pourcentage de femmes clients 59,38% 53,86% 58,97% 59,53%

Encours de crédit (En millions MGA) 32 254 37 594 53 739 64 789

Encours d'épargne et/ou dépôts (En millions MGA) 2 630 10 270 17 850 27 808

Source : CNMF, 2012

Tableau n°04 : Statistiques consolidées

Statistiques consolidées 2009 2010 2011

sept2012

Nombre de points de services 652 700 738 752

Taux de pénétration des ménages 16,1% 17,5% 19,50% 21,00%

Nombre de membres et/ou clients 629 302 733 864 836 375 905 909

Page 36: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

30

Pourcentage de femmes membres et/ou clients 45,35% 46,41% 46,02% 46,89%

Encours de crédit (En millions MGA) 145 174 177 868 244 576 302 570

Encours d'épargne et/ou dépôts (En millions MGA) 91 050 136 443 193 095 210 003

1 $US = 2 193,04 MGA (31/01/2013) ; 1 euro = 2 965,64 MGA (31/01/2013)

Source : CNMF, 2012

Seulement 20% du peuple malgache bénéficie les services offerts par la microfinance.

C’est très faible, on n’atteint même pas le quart de la population. Cela est aussi une raison de

la non réussite de la microfinance dans la réduction de la pauvreté.

II. Les exigences de la microfinance

II.1- Les microfinances mutualistes

1. Cas de CECAM 67 Ha Caisse urbaine

Comme toutes les autres institutions de microfinance, le réseau CECAM a pour

but de fournir des aides pour les gens exclus du financement bancaire. Les principales

activités de CECAM sont regroupées en deux : le dépôt et le crédit. Mais ces derniers ne sont

pas réalisables tant qu’on n’est pas membre.

1.1- Les membres

Pour effectuer des activités au niveau d’une CECAM, on doit faire partie des

membres. Chaque membre doit :

- Fournir deux photos d’identité ;

- Apporter un certificat de résidence ;

- Apporter une photocopie du CIN certifiée ;

- Verser un droit d’adhésion non récupérable de 4 000 Ariary et une part sociale fixe de

20 000 Ariary pour un individu ;

Page 37: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

31

- Et verser ce même droit d’adhésion et une part sociale fixe de 30 000 Ariary s’il s’agit

d’une association.

Ces dossiers à fournir ne sont plus les mêmes s’il s’agit d’une caisse rurale.

Un adhérant pourra obtenir un crédit au niveau de la caisse 10 jours après l’adhération.

1.2- Le crédit

On rencontre plusieurs types de crédit chez CECAM. Il y a ceux qui sont faits

pour les paysans et il y a ceux qui sont faits pour les gens du milieu urbain. Les critères de ces

crédits varient selon sa nature, le montant et la durée de remboursement mais on va

uniquement s’intéresser au cas du CECAM 67Ha Caisse urbaine. Aussi, les dossiers à

compléter pour l’obtention d’un crédit varie d’un cas à l’autre. Selon la dame qui m’a reçu au

67 Ha, il est possible que 2 coiffeuses qui demandent le même prêt fournissent différent

dossiers. Avant de faire une demande de crédit, chaque membre doit payer 2 400 Ariary

quelque soit le type de crédit demandé.

• La Location Vente Mutualiste (LVM)

L’objet de ce crédit LVM est l’achat des matériaux de production ou un équipement en

crédit-bail. La durée ne dépasse pas 36 mois, plus précisément, elle est faite entre 6 et 36

mois. L’intérêt est compris entre 2% à 3% par mois et varie selon le montant et le prix des

matériaux. Les garanties sont différentes selon la nature du LVM (Véhicule 150% du capital,

matériel et outillage 50% du capital et pour les cheptels 150% du capital). L’autofinancement

doit être entre 10 à 30% selon le type de LVM. Au terme d’une période de location durant

laquelle il s’est acquitté d’un loyer, le bénéficiaire devient propriétaire du matériel. Et enfin le

remboursement se fait par mois ou par 3 mois.

• Le Grenier Communautaire Villageois (GCV)

Il permet de mieux valoriser les récoltes. Durant la période de récolte, pour ne pas

vendre la production au cours les plus bas, les paysans peuvent bénéficier de la CECAM des

octrois pouvant atteindre 75% de leur production. Le stockage de ces produits se fait dans un

GCV jusqu’à la période de soudure, lorsque les prix sont plus favorables. L’échéance est de 5

à 10 mois avec un intérêt de 3%. La part sociale variable (PSV) atteint 5% du crédit et calculé

dégressivement. Il n’y a pas d’autofinancement. Le stock sert de garantie pour la CECAM

jusqu’au remboursement.

Page 38: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

32

• Le crédit commercial individuel ou COI

Ces types de crédit sont faits uniquement pour les commerçants légaux c’est-à-

dire ceux qui ont une carte de commerçant et une patente. Le crédit passe de 400 000 à de

2 000 000 d’Ariary, échéance en 3 à 12 mois au maximum. L’intérêt est de 4% par mois et

une garantie de 150% du capital plus l’intérêt au cas de non remboursement. La part sociale

variable : 5%. L’autofinancement doit être 25% du montant et se fait en nature.

• Le crédit de construction ou CTR

Il sert à octroyer un crédit pour une construction de bâtiment que ce soit pour l’habitat

que ce soit pou la production. Il dure 24 à 60 mois avec un taux d’interêt de 2,5%. Le

remboursement se fait par mois ou par 3 mois.

• Crédit pour l’entretien et la réparation immobilière ou ERI

C’est un prêt pour l’entretien et la réparation d’une maison. Il dure de 3 à 24 mois

avec un taux d’intérêt de 3% dégressif. Le remboursement se fait par mois ou par 3 mois.

• Le crédit pour l’entretien et la réparation Matériel ou ERM

Comme le ERI, il sert à l’amélioration mais des matériels. Durée : 3 à 18 mois, taux

d’intérêt 3% et remboursement par mois ou par 3 mois.

• Le crédit pour la production

C’est un crédit pour les agriculteurs et les éleveurs. Il est remboursé au période de

récolte donc accordé pendant 3 à 18 mois avec un taux de 3.5% par mois.

• Le crédit pour la transformation

Il est accordé aux transformateurs de produit comme par exemple les fabricants de

produit laitier, les coiffures et les artisans. Il dure 3 à 12mois, taux d’intérêt 3.5% et

remboursement par mois.

Tous ces remboursement doit commencer un mois après l’obtention du crédit.

1.3- L’épargne

L’épargne ou le dépôt peut se faire tout de suite après l’ adhération aux membres. Il y

a trois types d’épargne chez le CECAM 67Ha :

• Dépôt à terme ou DAT : c’est une épargne bloquée pendant au moins 6 mois.

Elle peut compléter la garantie exigée au prêt si le propriétaire du compte veut en faire un. On

y obtient un taux entre 7 et 10%.

• Plan d’Epargne ou PLE : Elle dure 12 mois avec un taux d’intérêt de 9%.

Page 39: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

33

• Dépôt à vue ou DAV : Il n’y a ni frais à payer ni intérêt obtenu pour ce type

de dépôt.

On peut dire que le mode d’obtention de crédit chez CECAM n’est pas difficile. Cela

explique son significatif taux de pénétration.

2. Cas de l’OTIV à Ampefiloha30

Tout comme le CECAM, l’octroi de crédit chez OTIV aussi ne peut se faire que si la

personne est membre de la caisse. Pour s’adhérer, une personne doit apporter :

- Trois photos d’identité ;

- Une photocopie du CIN ;

- Un certificat de résidence ;

- Et un droit d’adhésion de 6 000 Ariary

A la suite de cette adhésion, la personne se dote tout de suite d’un compte chez OTIV

mais elle ne peut effectuer un prêt qu’après avoir mouvementé ce compte pendant au moins 3

mois et son compte doit contenir 20% du montant du prêt envisagé. Une expérience de plus de

un an dans son métier aussi est exigée. La durée de remboursement varie suivant le montant

octroyé. En cas de non remboursement, l’agent de crédit fait un descente pour savoir ce qui

se passe et si le client a fait ce retard inconsciemment, on lui accorde encore 72heures pour

payer mais si le retard est un acte volontaire, il est pénalisé avec un taux de 2% par mois en

plus du taux d’intérêt déjà payé. On passe au saisie des biens de garantie si le client refuse

totalement de payer.

En voici les dossiers demandés pour l’obtention du crédit chez OTIV , tout dossier

doit être signé:

- Photocopie de la CIN, la votre et celle de votre époux (se) si vous en avez ;

- Un certificat de résidence ;

- Fiche de paie originale du 3 derniers mois ;

- Attestation de travail ou certificat administratif ;

- Patente, carte statique, plus photocopie carte grise, assurance, vignette, capacité, visite

technique, licence si votre voiture est un taxi ou un autobus ;

- Inventaire de stock ;

- Reçu ou contrat de bail légalisé ou un simple contrat avec votre locataire si vous êtes

un rentier ;

30 RANAIVOARISON T., 11 Mars 2013. OTIV Fanambinantsoa Ampefiloha

Page 40: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

34

- Promesse de vente si vous emprunter pour acheter un terrain , et plus carte grise si

vous allez acheter une voiture ;

- Facture pro-forma si vous emprunter pour acheter des meubles ou des matériels ;

- Devis détaille (nom de la marchandise, nombre, prix unitaire et total) si vous allez

acheter des matières premières ;

- Journal du compte de l’entreprise ou un simple papier qui marque le débit et le crédit

de votre compte ;

- Une photo d’identité ;

- Frais d’étude de dossier 3.5% du prêt ;

- Une chemise cartonnée ;

- Et une demande de prêt

Ces dossiers varient suivant le prêt demandé et la garantie utilisée. Le 20% dans votre

compte avant les prêts ainsi que des matériels constituant 150% de votre prêt constitue la

garantie demandée mais l’acceptation des dossiers ne dépend pas vraiment de l’existence de

garantie mais de la capacité de remboursement du client. Par exemple, un vendeur de charbon

peut gagner jusqu’à 1 000000 d’ariary par mois alors qu’il n’a qu’un seul TV, un lit et

quelques marmites chez lui ; vue le mouvement de son compte et sa fidélité, OTIV lui accorde

un crédit malgré sa situation. Aujourd’hui l’OTIV à Ampefiloha atteint 4000 membres dont

104 font des demandes de crédit.

On voit donc que même deux institutions mutualistes, le mode de fonctionnement de

CECAM et OTIV sont différent. OTIV accorde plus de confiance à son client alors que

CECAM ne prête qu’après une strict vérification sur terrain.

A. Les microfinances non mutualistes

1. Cas de la SIPEM Andavamamba31

La SIPEM ne prête qu’à la micro-entreprise qui a exercé son activité durant au moins

3 mois, des activités qui ne nuisent pas l’environnement comme le commerce, l’hôtellerie,

l’artisanat, l’établissement scolaire et etc. Elle prête aussi pour des activités de reconstruction

ou construction de maison de travail ou d’habitation et des achats de matériel.

31 RATSIMBARIVONY A., 2012. SIPEM SA Andavamamba

Page 41: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

35

La durée de remboursement ainsi que le taux d’intérêt dépendent du montant octroyé.

Voici un tableau qui montre la relation entre le type de crédit et l’intérêt ainsi que la durée de

remboursement.

Tableau n°05 : L’offre de crédit chez SIPEM

Type de crédit Montant Durée de

remboursement

taux d’intérêt

Crédit micro 200 000 – 5 000 000 3-12 mois 2% par mois

Crédit TPE 5 000 000 – 20 000 000 3-18 mois 2% par mois

Crédit PME 20 000 000 – 100 000 000 3-24 mois 1.75% par mois

Crédit CAH (taotrano) 200 000 - ………… 3-24 mois 1.65%par mois

Karibo (salarié) Quotité cessible

6-24mois 1.50%par mois

Source : SIPEM 67Ha, 2013

Les garanties varient suivant les biens de l’emprunteur :

- Terrain ou maison : ceci est vérifié par le cadastra ou le titre ;

- Voiture : vérifié par la carte grise certifiée, assurance, visite technique et photo de la

voiture en question ;

- Appareil ménagère ou matériel utilisée à la production : vérifié par la facture et un

témoignage écrit venant du fokotany ;

- Une caution.

Et les dossiers à fournir sont :

- Une photocopie de la CIN certifiée : trois exemplaire pour l’emprunteur, un pour son

épouse (x), et un autre pour le cautionnaire ;

- Certificat de résidence : deux pour l’emprunteur, un pour son épouse (x) et un pou le

cautionnaire ;

- Photocopie de la patente, carte statistique, licence ou certificat d’occupation ;

- 5 photos d’identité de l’emprunteur, un pour son épouse (x) et un pour le

cautionnaire ;

- Papiers vérificatifs de la garantie.

Page 42: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

36

A part l’offre de crédit, la SIPEM offre aussi un service d’épargne dont il y a le

compte à vue, le compte épargne et le compte à terme qui facilite tous l’accès au crédit au sein

de l’agence.

2. Cas de la première agence de la microfinance ou PAMF à Antsahavola

Comme elle est non mutualiste, on n’a pas besoin d’être membre pour obtenir un

financement. Il suffit donc de fournir les dossiers recommandés pour y accéder.

La PAMF, à la différence des autres institutions, n’accepte pas la mise en garantie des

terrains et maison faute de la difficulté du traitement et vérification des dossiers sauf si le

financement demandé est de type PME mais non pas une microfinance. Le PAMF catégorise

donc son financement en financement des microfinances et financement des PME mais on va

surtout s’interesser sur le financement des microfinances. Ci-joint sont les papiers à apporter

pour demander un financement au sein de la PAMF :

- Deux cautionnaires avec des photos récentes, photocopie CIN et un certificat de

résidence dont leur nombre sont donné par le tableau ci-dessous :

Tableau n°06 : Dossier à fournir pour obtenir un crédit chez PAMF

Dossiers Nombres

Emprunteur Cautionnaire n°01 Cautionnaire n°02

Photo récente 02 01 01

Photocopie CIN 01 01 01

Certificat de

résidence

01 01 01

Source : PAMF Antsahavola, 2013

- Montant demandé avec le devis de l’utilisation de ce montant

- Photocopie légalisée de la patente

- Plan de masse de la maison pour les PME

- Fiche de paie

Page 43: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

37

Des autres conditions aussi s’imposent :

- L’emprunteur ne bénéficie pas encore un financement d’une autre institution

- Et l’activité à financer doit être déjà en cour au moins pendant 6mois

Le crédit octroyé par cet agence varie entre 100 000 Ariary et 3 000 000 d’Ariary, le

remboursement se fait par mois et cela commence dès le premier mois après l’octroie du

crédit. L’emprunteur pourra obtenir son crédit, si le dossier est accepté, une semaine après la

visite de lieu effectué par l’agent de crédit de la PAMF. En générale, les activités financés

sont des activités qui ne nuisent pas l’environnement comme le commerce, l’élevage,

l’agriculture, etc. Par contre la PAMF finance les bars et les discothèques. Le taux d’intérêt

mensuel est de 2.5% dégressif.

La PAMF offre aussi un service de dépôt mais en générale ceci n’a rien à avoir avec le

crédit. La garantie doit être au moins 120% du crédit demandé et ce n’est qu’en cas

d’insuffisance de ce dernier que le dépôt peut le compléter en bloquant le compte de

l’emprunteur. Aujourd’hui, le client du PAMF Antsahavola atteint 14 000. Ceci peut être

expliqué par la facilité d’accès au crédit et le faible taux d’intérêt par rapport aux autres.

A la différence des microfnances mutualistes, les non mutualistes n’accordent pas

d’importance sur la capacité de remboursement de l’emprunteur, ce qui importe c’est toujours

la garantie et elle passe tout de suite au saisie des biens en cas de non remboursement de

crédit. Il y a aussi ce processus d’adhérassions en tant que membre avant la demande de

crédit. L’exigence de garantie constitue encore un empêchement pour les clients potentiels de

la microfinance. En plus, le caractère averse au risque des malgaches ne surmonte pas ce 120

à 150% de garantie. Cela nous permet encore de conclure que la microfinance ne prête qu’aux

riches des pauvres. Sans garantie, la SIPEM n’accordera jamais de crédit alors que c’est déjà

la raison pour laquelle ces gens sont exclus du système de financement bancaire.

Page 44: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

38

Chapitre IV - IMPACTS DE LA MICROFINANCE

DANS LA VIE DES PAUVRES

Bien que considérée comme un outil de financement des pauvres, la microfinance

n’atteint pas certaines catégories des pauvres notamment les plus pauvres. Certains riches le

profitent au nom de l’aide aux pauvres et elle n’atteint pas son but. Le secteur a quand même

connu une forte croissance, au point qu'on a pu se demander s'il n'y a pas de risque en laissant

filer autant de capitaux vers un secteur qui n'est pas forcément géré correctement. Les sections

suivant nous permettront de voir la correspondance entre les rôles de l’IMF et les besoins des

pauvres.

I. Les besoins des pauvres

Jusqu'à une date récente, les populations rurales par exemple ne pouvaient pas avoir accès

au crédit. Pourtant, il leur est difficile d'épargner parcequ'elles sont pauvres.

I.1- Besoins financiers des pauvres

Par définition, les pauvres sont des personnes qui ont très peu d'argent. Dans les

économies en voie de développement et en particulier dans les zones rurales, beaucoup

d'activités peuvent être menées à bien sans recours à l'argent mais il arrive souvent que dans

leur vie se font jour des circonstances dans lesquelles ils auraient besoin d'argent ou de ce que

l'argent peut acheter.

1. Les opportunités d’investir

Il s’agit des créations d'emploi ou du développement de son activité, d’achat de terres

ou de matériel, de la rénovation de son habitat, de la stabilisation de son emploi, etc. Il est à

rappeler que les institutions de microfinance à Madagascar ne financent pas les nouveaux

projets, un projet devrait être en cours au moins pendant 6 mois pour pouvoir obtenir un

financement. Donc un étudiant qui vient d’obtenir son diplôme d’étude dans une école

supérieur des arts et des métiers ne peut pas obtenir un financement pour monter sa propre

Page 45: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

39

entreprise ou un ouvrier qui a acquis de l’expérience pendant des années dans une entreprise

et qui souhaite créer son propre entreprise.

On a constaté un problème en traitant cette sous section, la plupart des clients des IMF

deviennent des clients permanents c'est-à-dire qu’ils ne peuvent plus se passer des emprunts

pour faire fonctionner leur activité. Pendant la visite qu’on a fait à l’Accès banque à

Andavamamba, on a rencontré une dame propriétaire d’une gargote à Ampefiloha, elle

souhaite emprunter 400 000 Ariary pour étendre son activité. Cette somme lui permettra,

selon elle, d’acheter des nouveaux bols, des saladiers et des petits plats, des toiles cirées pour

les tables et des nouvelles décorations pour la pièce. Madame Saholy ne vise pas à

réemprunter après cette première, c’est juste pour la réhabilitation a-t-elle dit. On se demande

si son prêt aura des impacts sur son revenu, les assiettes et les décorations achetés dureront-

elles jusqu’après le remboursement de crédit afin qu’elle puisse en bénéficier ? On ne sait pas

encore mais cela nous permet de voir la relation entre les besoins des pauvres et les activités

de la microfinance. L’IMF regarde seulement la capacité de remboursement ainsi que les

matériels saisissables avant d’accorder un prêt et elle ne voit jamais les impacts de ce qu’elle

octroi dans la vie de son emprunteur. Certes il y a des besoins qui s’attirent et qui se

complètent entre eux mais cela ne nous conduit pas vraiment à la réduction de la pauvreté

comme il est sensé être. Autre que l’incertitude de la réussite de l’activité, l’emprunteur est

engagé dans un prêt à fort taux d’intérêt qui ne lui laisse pas un grand part de son rendement.

2. Les catastrophes personnelles

Ce sont les maladies et les blessures, le chômage, le vol, le harassement ou la mort.

Les prêts de ce genre ne sont pas fréquents à Madagascar mais cela existe dans d’autres pays.

Ce sont les microfinances européennes qui font ces prêts. On a déjà dit dans l’historique de la

microfinance en Europe qu’aujourd’hui, la microfinance en Europe est réservée aux

personnes au chômage ou les personnes en situation de précarité, où beaucoup font face à des

difficultés de gestion de budget et à un fort risque d’endettement, qui sont exclues de l’accès

au crédit bancaire. A à la différence du Sud, où le microcrédit est un outil de lutte contre la

pauvreté, en Europe, il est conçu comme un instrument pour combattre le chômage et

l’exclusion sociale.

Ainsi, la microfinance en Europe s’adresse aux personnes en risque de pauvreté, non

pas aux pauvres proprement dit, principalement les chômeurs et les bénéficiaires de

Page 46: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

40

prestations sociales, afin qu'ils puissent démarrer une activité indépendante ou développer des

activités qui n'accèdent pas au crédit bancaire classique. Les activités financées sont

principalement celles de service, de commerce et d'artisanat, dont la plupart se trouvent dans

le secteur formel ou en passe de le devenir.

3. Les catastrophes environnementales

C'est l'expression d'une intervention déstabilisant les composants et les conditions

environnementaux. Ce sont les incendies, les inondations, les cyclones et touts les

catastrophes résultant de l'action humaine comme la guerre ou la destruction (ou

déguerpissement) des habitations qui peuvent être financés par la microfinance. Des actions

comme l’assurance agricole c'est-à-dire développer les programmes d’assurance agricole

pour les agriculteurs, les éleveurs, et les institutions de financement agricole peuvent être

faites pour se préparer aux risques de catastrophe. Les microfinances à Bangladesh

contribuent aujourd’hui à l’adaptation aux changements climatique en subvenant les pauvres

en des moyens d’accumulation des biens en cas de catastrophe et en finançant les activités qui

réduisent la vulnérabilité et le risque surtout dans les activités agricoles et forestières, les

pêches et la construction des bâtiments aptes à résister à un aléa.

Il est à mentionner que il n’y a que les opérations d’assurance et le renforcement de

résilience qui sont bénéficiaires pour les microfinances dans cette contexte c'est-à-dire des

financements ex-ante mais pas ex-post sinon l’institution accumulera des pertes.

I.2- Mode de gestion de leur argent

Malgré leur situation, les pauvres ont besoin d’épargner, car quels que soient le

montant et la régularité de leurs revenus, ils sont souvent confrontés à des besoins de sommes

élevées par rapport à leurs ressources immédiatement disponibles. Les évènements cycliques

tels que les naissances, enterrements ou mariages, les imprévus tels que les risques naturels et

les préjudices personnels, enfin les opportunités d’investissement ou d’acquisition sont autant

de situations dans lesquelles les pauvres ont besoin de sommes importantes. Le seul moyen

pour eux de réunir ces sommes est de les constituer d’une manière ou d’une autre à partir de

leur épargne.

Le problème financier typique qui est posé aux pauvres est l'accumulation d'une

somme d'argent suffisamment importante pour être utile. Construire sa maison peut

Page 47: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

41

nécessiter de mettre en réserve divers matériaux de construction, pendant des années, jusqu'à

ce qu'il y en ait assez pour pouvoir envisager de lancer la construction. La scolarisation des

enfants peut être financée par l'élevage de poulets : il faut d'abord les acheter, puis les élever

et les mettre en vente au fur et à mesure que tombent les échéances (uniformes, inscriptions,

fournitures, etc.) et on dit qu’ils font des épargne a priori. Souvent, les gens empruntent pour

satisfaire un besoin qu'ils n'ont pas les moyens de financer. Une famille pauvre pourrait

emprunter à des parents pour acheter une terre ou à un prêteur pour acheter du riz ou à une

IMF pour acheter une machine à coudre. Comme ces crédits doivent être remboursés en

économisant après avoir engagé la dépense, on parle donc d'épargne a posteriori. Le

microcrédit ne résout donc que la moitié du problème, et la moitié la moins importante c'est-

à-dire uniquement l’épargne a posteriori. 32

Selon les trois premiers principes du CGAP ou Consultative Group to Assist the Poor

(Groupe Consultatif pour l’Assistance aux Pauvres) :

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de

prêts.

2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreté.

3- La microfinance signifie construire des systèmes financiers pour les pauvres

Le premier souci d’un pauvre est sa nourriture et ce n’est qu’après qu’il pense à la

santé et l’éducation des enfants. C’est pour satisfaire ce premier besoin qu’il emprunte car les

restes peuvent attendre une épargne durant un certain période. Certes la microfinance répond

donc au premier besoin des pauvres mais ce n’est plus l’essentiel à nos jours. Notre société

considère comme normale une famille qui mange, qui envoie ses enfants à l’école et qui

s’habile et habite dans un endroit décente. On peut dire alors que la microfinance ne résoud

que la moitié du problème, et la moitié la moins importante.

Selon Stuart Rutherford, les pauvres planifient, calculent, anticipent et épargnent. Les

stratégies et les motivations sont parfois surprenantes, mais elles ont leur propre logique.

Que ce soit pour la gestion quotidienne du budget, pour faire face à des situations d'urgence

ou pour accumuler des grosses sommes, les ménages pauvres utilisent et combinent une

grande diversité d'outils financiers et en inventent régulièrement de nouveaux. Pauvreté ne

32 Les projets, Marguerite, http://emeric.rebillard.free.fr/beneficiaires_projets.html

Page 48: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

42

signifie pas faible intermédiation financière, loin s’en faut. Les montants empruntés,

remboursés, prêtés, récupérés, déposés et retirés, ainsi que la fréquence des transactions sont

impressionnants. Avoir du mal à joindre les deux bouts n’empêche pas les pauvres

d’épargner, d’accumuler et de saisir des opportunités33. Ainsi donc, tout comme les riches,

les pauvres aussi divisent leur argent en consommation et épargne mais seulement l’épargne

des pauvres n’est pas le reste de la consommation mais la restriction de la consommation.

II. Les rôles, limites et impacts de la microfinance

En principe, la microfinance peut recouvrir toutes les démarches ayant pour but

d'accroître les accès ou d'améliorer la qualité des services financiers auxquels les plus

pauvres peuvent recourir où qui peuvent leur être d'une quelconque utilité. Il est

généralement admis que la microfinance consiste non pas à distribuer, mais à donner aux plus

pauvres des moyens de gagner leur vie en leur donnant accès à des services financiers.

Comme la microfinance est généralement accepté par le gouvernement comme étant un

moyen de lutte contre la pauvreté, allons voir ce qu’ils supposent être le rôle de celle-ci et

après on citera les obstacles qui empêchent la réalisation de ce rôle.

II.1- Rôles de la microfinance

En donnant accès à des services financiers, la microfinance joue des rôles importants

dans l’amélioration de la vie des individus. Elle est un puissant outil de développement avec

le potentiel d’atteindre les populations pauvres, d’accroitre leur niveau de vie , de créer des

emplois, de créer la demande pour de nouveaux biens et services, et de contribuer à la

croissance économique.

1. Dans les pays développés

La microfinance est largement perçue comme un moyen d’améliorer la qualité de vie,

de réduire la vulnérabilité et de développer la capacité d'autonomie des individus sur le plan

social et économique. Avoir accès à l’épargne, au crédit ou à l’aide financière réduit le risque

de pauvreté et de ce fait, tous les groupes qui sont dans une situation d’exclusion pourraient

tirer profit d’une manière ou d’une autre de la microfinance. La microfinance a pour rôle de

lutter contre l’exclusion bancaire et sociale.

33 RUTHERFORD S., 2002. Comment les pauvres gèrent leur argent.

Page 49: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

43

2. Dans les pays en développement

Les idées avancées ci-après sont des idées de ceux qui sont pour sur la positivité des

résultats des IMF mais les limites ainsi que les impacts nous permettront de remettre en cause

cette raisonnement :

- La microfinance est un moyen de financement du monde agricole et rural34,

- C’est un outil pour atteindre un développement humain durable35,

- Elle permet aux individus d’accéder au « secteur formel »36.

- La microfinance aide les pauvres dans la promotion de leurs activités. Selon Michel

Lelart (CNRS-Université d'Orléans), membre du Réseau Entrepreneuriat de l'Agence

universitaire de la francophonie (AUF) : "La microfinance repose sur le lien social et s'en

sert"....."La microfinance est une finance de proximité, proximité géographique bien sûr,

car les personnes se connaissent et se cautionnent parfois mutuellement, mais surtout

culturelle. Elle est toujours adaptée aux besoins, c'est pourquoi elle innove en permanence

: ce sont des services d'assurance, ce sont aussi les services de transferts de fonds utilisés

par les migrants »

- La microfinance protège les pauvres des pratiques de crédit abusives.

Ainsi, la microfinance permet un essor dans nombreux secteurs de la vie humaine.

Ceci n’empêche quand même pas qu’elle ait certaines limites.

II.2- Limites de la microfinance

Le simple fait que la microfinance permet à des milliers, sinon des millions de

personne de se dégager de la situation d’exploitation, de dépendances, et de leur offrir un

espoir de sortir de la pauvreté devrait être un argument suffisant pour reconnaitre son rôle

positif. Mais la question de sortir réellement de la pauvreté reste encore sans réponse exacte.

Si on écoute ceux qui disent que la microfinance réduit vraiment la pauvreté, ils le

présente comme ceci: Premièrement, la microfinance permet aux micro-entrepreneurs

d’investir dans des projets productifs. Deuxièmement, ces projets productifs génèrent un

revenu plus que suffisant pour rembourser le crédit obtenu et ses intérêts. Troisièmement, le

surplus est investi par le micro-entrepreneur dans des éléments permettant l’amélioration des

34 NIYONGABO E., 2008. Défis du financement agricole et rural, rôle pour la microfinance et implications pour les politiques publiques en Afrique subsaharienne. 35BLONDEAU N.La microfinance : un outil de developpement durable ? 36 Audit externe des institutions de microfinance : guide pratique, volume2, Chapitre3 : Comprendre le secteur de la microfinance, http://microfinancement.cirad.fr/fr/bao/pdf/v2chapitre3.pdf

Page 50: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

44

conditions de vie de sa famille. Quatrièmement, et il s’agit ici vraiment d’un aspect implicite,

l’amélioration des conditions de vie des divers micro-entrepreneurs doit déboucher sur

l’amélioration des conditions de vie de la communauté à laquelle ils appartiennent.37

Or, ce premier argument montre déjà deux limites importantes de la microfinance.

Tout d’abord, la microfinance est réservée aux micro-entrepreneurs38, ensuite elle est avant

tout réservée au financement des activités productives39, et même hautement productive si on

considère les marges élevées nécessaires pour supporter les taux d’intérêt exigés. Cette

seconde limite est insistée par le deuxième argument.

Diverses études et expériences montrent qu’en effet, de nombreux micro-entrepreneurs

privés d’accès à des services financiers disposent souvent de projet d’investissement

susceptibles de déboucher sur un rendement suffisant pour assumer les taux d’intérêt

importants exigés par les organismes de microfinancement. Dans un document intitulé « The

microfinance Schism », Jonathan Morduch montre la vision idéalisée de la mocrofinance. Il

dit que les institutions pérennes fourniraient du crédit à des ménages disposant de projet

suffisamment productifs pour assumer des taux d’intérêt élevés. L’argument dont il est ici

question semble suggérer qu’avec un financement à un coût approprié, toutes les micro-

entreprises susceptibles de bénéficier de ce microfinancement peuvent être rentables. Or, de

nombreuses recherches ont montré que si la question des services financiers est en effet

essentielle, elle n’est cependant pas la seule. D’autres difficultés entravent nombreuses micro-

entreprises pour ne citer que les problèmes liés au manque de formation et les problèmes

d’approvisionnement en matières premières.

Deux points remettent en cause le troisième argument. L’étude d’impact sur

l’amélioration du niveau de vie des familles ayant bénéficiée de microcrédit ne permettent pas

d’affirmer de manière définitive, qu’effectivement la microfinance permet à elle seul

d’engendrer un phénomène d’accumulation et de transfert suffisant pour améliorer de manière

identifiable et à long terme les conditions de vie des familles bénéficiaires. L’autre point est

celui de l’existence du surplus. La microfinance permet effectivement d’améliorer les

conditions de financement d’un micro-entrepreneur mais il est malheureusement souvent plus

rare qu’on peut dire qu’ elle leur permet de dégager des surplus40.

37RUTHERFORD S., 2000. The poor and their money, p 24 38 Op.cit. p : 25 39 Op.cit. p : 27 40 Op.cit. p : 28

Page 51: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

45

Sur le dernier argument, il faut garder à l’esprit la différence qui existe entre

amélioration individuelle et collective des conditions de vie. Parce que soit on estime que tous

les individus d’une communauté peuvent se convertir en micro-entrepreneurs et donc

lorsqu’on améliore la condition de vie des micro-entrepreneurs, la situation de toute la

communauté sera bonifiée. Soit on pense que l’amélioration de la situation de quelques-uns

aura des retombées indirectes sur tous et profitera ainsi indirectement à toute la

communauté41.

II.3- Impact de la microfinance sur la pauvreté

La microfinance permet de soutenir l’entrepreneuriat d’une clientèle qui n’avait

auparavant pas ou peu accès aux services financiers, elle ne permet ni de créer les conditions

de cet entrepreneuriat ni de fournir des opportunités d’investissement quand elles n’existent

pas ni de protéger totalement contre les aléas qui affectent l’économie. Pourtant, elle n’est pas

pour autant un instrument miracle qui permettrait d’éradiquer définitivement la pauvreté.

1. La microfinance atteint-elle les plus pauvres ?

Bien que la plupart des IMF affiche l’objectif de l’accessibilité élargie des pauvres aux

services financières, rares sont celles qui mènent une politique de ciblage volontariste en

faveur de cette catégorie de population42. Les opérateurs dressent des critères strictes comme

les prêts de faible montant et à court terme, remboursement rapide et fréquent, garantie à plus

de 100%, taux d’intérêt très élevé, etc. qui induisent leur auto exclusion. Cela ne signifie pas

pour autant que le microcrédit atteindra en priorité les plus pauvres

Les IMF ne touchent pas les plus pauvres des pauvres mais ceux qui sont juste au

dessous de la ligne de la pauvreté43. Les opérateurs des prêts à des groupes de caution

solidaire atteignent davantage les plus pauvres que des prêts à des individus. Les IMF

intervenant en milieu rural aussi touchent davantage les plus pauvres que celles intervenant en

milieu urbain. Ces derniers avancent qu’ils ne sont pas solvables et que les risques de non

41Op.cit. p : 28 42 Travail dirige d’Economie internationale encadre par Mme Lalao RAJAOSON, Troisième années 2011, Universite d’Antananarivo. 43Gubert F., Roubaud F. en collaboration avec Rakotomanana F., 2005. Analyser l’impact d’un projet de microfinance : l’exemple d’ADéFI à Madagascar

Page 52: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

46

paiement sont très élevés. Les plus pauvres ont tendance à utiliser leur crédit à la

consommation.

Des études suggèrent que les IMF parviennent à atteindre les ménages pauvres mais

qu’elles échouent à atteindre ceux qui sont vulnérables44. Les ménages à la fois pauvres et

vulnérables ne sont pas touchés par l’intervention des IMF. Le taux de couverture des

ménages pauvres est faible. Ceci n’est pas seulement lié à une insuffisance d’offre de service

de la part de l’IMF mais également à un phénomène d’auto-sélection au sein des populations

éligibles.

Certes, les IMF n’ont pas pour objectif prioritaire de cibler les plus pauvres mais les

critères d’éligibilités qui affichent une volonté de cibler les plus pauvres ne suffisent plus à

écarter définitivement les plus pauvres.

2. La microfinance contribue-t-elle à faire sortir durablement les

populations de la pauvreté ?

L’augmentation moyenne du revenu des emprunteurs par rapport à celui de non

emprunteur varie entre 10 – 12% et 30%45. Le revenu des emprunteurs non pauvres augmente

en moyenne davantage que celui des emprunteurs se situant en dessous du seuil de pauvreté.

Pour les groupes les plus pauvres, l’impact des prêts serait ainsi en moyenne faible, voire

négatif. La raison est qu’ils contracteraient des prêts de faible montant pour assurer leur

consommation et non pour investir dans une activité économique.

Sur la santé et l’éducation, on a trouvé des impacts positifs : augmentation de taux de

scolarisation des filles et des garçons et amélioration des indicateurs de santé des enfants de la

clientèle46. Peu de microfinance sont capable d’offrir des formations d’an alphabétisation des

clientèles car la plupart de la formation sont chère et prennent du temps

Les villageois les plus riches ont une probabilité plus forte de participer à un

programme de microfinance mais aussi l’impact estimé des crédits qui leur sont octroyés est

plus fort que celui au moins riches. Les ménages disponibles disposants déjà d’un certain

niveau de ressource sont ceux qui bénéficient le plus dans la micro financement. La majorité

44 Ibid. 45 Indicateurs de Performance pour les Institutions de Microfinance, 2003. Guide technique, 2em Edition, 46GUBERT F., 2005. La microfinance est-elle un outil de réduction de la pauvreté ?

Page 53: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

47

des clients du première agence de microfinance à Antsahavola et le SIPEM SA

d’Andavamamba vérifie cet étude ont dit l’intervenant.

3. Rapport coût-efficacité de la microfinance

Compte tenu de la difficulté méthodologique évidente et du ménage de données

fiables, très peu d’étude ont cherché à comparer avec les bénéfices attendues d’un programme

de microfinance avec le coût engendré. Le rapport coût-efficacité est défini comme le coût

d’une unité monétaire supplémentaire de consommation au profit d’un ménage pauvre47. Le

rapport de coût-efficacité est moins élevé sur la clientèle masculine plutôt que féminine. La

question de savoir si la microfinance est nécessairement moins couteuse que d’autres types

d’intervention ne trouve pas de réponse évidente.

Pour beaucoup de partisans de la microfinance, l'évidence que la microfinance est un

outil efficace de lutte contre la pauvreté va de soi. Le sociologue Jon Westover a trouvé que

l'efficacité de la microfinance à réduire la pauvreté reposait sur des études de cas. Il a consulté

100 articles sur le sujet. Parmi cela, six articles seulement prenaient appui sur des données

assez quantitatives pour être représentatives. Et parmi ces 6 publications, l'une d'entre elles

trouvait que la microfinance réduisait la pauvreté, deux autres étaient dans l'incapacité de

conclure que la microfinance réduisait la pauvreté bien que les auteurs attribuassent quelques

effets positifs au programme considéré. Les 3 autres études parvenaient, en gros, à la même

conclusion : une majorité des participants avaient le sentiment que leurs affaires financières

avaient évolué favorablement mais certains avaient le sentiment inverse.

III. Approche analytique : Comment faire pour que la microfinance soit mise au service des microprojets destinés au développement local ? Cas de Madagascar.

Cette question nous incite à voir les solutions dont le but est de permettre à la

microfinance d’être accessible aux personnes qui ont des microprojets puis afin qu’elles

puissent être disposés au service de la population.

Pour que les institutions de microfinance et les microprojets puissent se rencontrer, la

première proposition c’est de renforcer les politiques publiques sur le rapport 47 fr.wikipedia.org

Page 54: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

48

microfinance/microprojet48. Ensuite étant l’acteur majeur dans ce rapport, les microfinances

devront être plus ouvertes aux demandeurs de financement en particulier les détenteurs

d’initiative individuelle.

III.1- L’Etat et les bailleurs de fond incontournables

D’abord concernant les actions de l’Etat, d’une part, il joue un rôle d’intermédiaire

entre les aides provenant des bailleurs de fond et les institutions de microfinance49. En effet le

Cercle de Coordination Nationale de la Microfinance, un organe du ministère des finances et

du budget coordonne et facilite l’accès de la population aux institutions de microfinance.

Ainsi ce bureau élabore des lois pour expliciter les actions des microfinances qui servent de

balise en cas d’éventuel problème. Il sensibilise aussi la population rurale afin de les informer

de la nécessité des microfinances. De plus il encourage les microprojets à s’investir au fin

fond du monde rural. A l’instar du projet PROSPERER (Programme de Soutien aux Pôles de

Micro-Entreprises Rurales et aux Economies Régionales de MADAGASCAR et FANOITRA

(FANohanana ireo Orinasa Iraisan’ny Tantsaha Rehetra eny Ambanivohitra) sont encours

pour améliorer l’efficacité de la microfinance avec l’appui financier du Fonds International de

développement Agricole (FIDA) et en collaboration avec la fédération des Chambres de

Commerce et de l’industrie (FCCI )

L’Etat peut agir aussi directement avec ses moyens dont ses fonctions régaliennes.

Récemment, afin d’alléger le taux d’intérêt, l’Etat malgache a supprimé les impôts sur les

bénéfices des microfinances. Pour atteindre l’OMD (Objectif du Millénaire pour le

Développement) l’Etat a mis en œuvre la Stratégie Nationale de la Microfinance dont la cible

est la population défavorisée. Par conséquent tous les ministères en fonctions des politiques

publiques sont en étroites collaborations.

Ensuite à propos des bailleurs de fond, ils interviennent de façon directe ou indirecte

dans la microfinance. De façon directe car non seulement ils garantissent les prêteurs et les

donnent des formations, mais aussi appuis les microprojets et les ONG dans la gestion des

ressources et des dépenses. Cependant pour la plupart des cas les bailleurs de fonds à savoir la

Banque Mondiale, le PNUD ( Programme des Nations Unis Pour le Développement), la

FIDA , le FMI , ces institutions finances des programmes incluant la nécessité des

48RAJOELINA B., coordinateur national de la microfinance. 49 Op.cit.

Page 55: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

49

microfinances tel que l’amélioration du pouvoir d’achat des populations les plus démunis, en

intégrant l’approche d’égalité entre homme et femme. Plus loin, ces organismes œuvrent pour

la protection des clients et des membres afin de mieux contribuer à l’amélioration de la vie

des personnes vulnérables, principaux cibles des IMF.

III.2- Institutions de microfinance : une entreprise pour le

développement.

Chaque microfinance a sa spécialité. Il y a celles qui sont spécialisées dans le monde

rurale, dans la majorité ce sont les mutualistes tels que CECAM, OTIV, PROSPERER, et

celles qui occupent le milieu urbain à savoir SIPEM SA, Première Agence de Microfinance,

etc. Toutefois elles ont le devoir de subvenir aux besoins du consommateur de crédit.

La réussite se trouve dans l’objectif qui est de créer et de se développer des services

d’appui aux petites et microentreprises qui répondent de façon efficace à leurs besoins, et de

renforcer la capacité de celles-ci à identifier leurs propres besoins par gamme de produits et

en vue d’assurer leur durabilité et un accroissement du marché tout en les reliant aux pôles de

croissance régionaux50. Le programme aidera également les jeunes et adultes à s’insérer sur le

marché du travail en leur proposant une formation professionnelle et des stages

d’apprentissage pour qu’ils puissent, à terme, créer leur propre entreprise. Il se propose enfin

de développer un réseau d’organisations professionnelles faitières permettant aux petites

entreprises d’accéder à des services financiers et non financiers adéquats.

Pour atteindre ces objectifs il faut que la microfinance :

Soit proches et comprend la situation des familles bénéficiaires : implantation des

agences dans les bidonvilles, où sont également recrutés les agents conseil qui seront

formés et encadrés. Des comités bénéficiaires participent à la définition des actions.

Soit flexible pour toucher les plus graves : étude minutieuse des dossiers et les

montants de remboursements et de l’épargne à mobiliser sont adoptés à la capacité de

la famille.

Propose un prêt et un outil d’épargne : accompagnement au long terme des micros

entrepreneurs en leur apportant le nombre de micro prêt successif nécessaire pour

50 http://www.madamicrofinance.mg

Page 56: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

50

créer et/ou développer une micro activité, et des outils d’épargnes adaptés pour de

vitales petites économies.

Construise un accompagnement complet : de nombreux services non financières

aident les bénéficiaires à améliorer leurs conditions de vie : apprentissage d’activités

rémunératrices, aide à la gestion, orientation vers des organisations sociaux

sélectionnés, accompagnement des jeunes dans la construction de leur projet

professionnel et leur recherche d’emploi.

Planifie l’autonomisation du projet : construire une équipe locale solide et

compétente, organiser une structure institutionnelle légale, autofinancer

progressivement l’activité de microcrédit, trouver des subventions locales pour les

services non financiers.

Afin de toucher le plus grand nombre de familles parmi les pauvres, et de s’assurer de

l’impact économique et social des programmes, les IMF devront faire évoluer leurs méthodes

en testant des nouvelles approches comme les micro-assurances et en participant à des

partages d’expériences avec d’autres entités tels que les ONG.

Page 57: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

51

CONCLUSION

Ce mémoire a pour objectif de démontrer si la microfinance constitue vraiment un

outil de lutte contre la pauvreté. D’après ce travail, les irrégularités des revenus dans les

activités agricoles dans le milieu rural modifie le mode de remboursement déjà envisagé par

l’emprunteur et affecte la part qu’il gagne de son exploitation. Souvent, les paysans sont

confrontés à une chute des prix de leurs produits et n’arrivent pas à honorer leurs dettes. Cela

est accompagné par la faiblesse du taux de rendement qui ne laisse que juste une toute petite

somme au profit de ces paysans. Cela confirme la première hypothèse.

On a vu aussi que la microfinance exige des garanties pour les prêts or on dit que c’est

la non disposition de garantie qui exclus les pauvres du financement classique, en plus cela

atteint jusqu’à 150% du prêt. Il n’y a que l’OTIV, parmi les quatre meilleures microfinances à

Madagascar qui prend en compte la capacité de remboursement de leur client comme

garantie. On voit très bien alors que la microfinance ne prête qu’à ce qui a déjà quelque chose

c’est-à-dire à ceux qui sont riches comme ce qu’on a dit dans la troisième hypothèse.

Le taux d’intérêt très élevé ne permet pas aux emprunteurs de bénéficier leur revenu.

A peine reçue, la part importante de ceci est destinée au remboursement de crédit. On a

l’impression de voir que les bénéficiaires travaille pour l’institution et en gagne un salaire

minimal au lieu de voir les institutions de microfinance au service des pauvres. La deuxième

hypothèse est vérifiée.

On peut conclure que les IMF ne ressoudent qu’une petite partie des problèmes des

pauvres. Seulement les besoins possibles d’être financés par des épargnes à posteriori sont

susceptibles de financer par les IMF. C'est-à-dire un besoin qui après une consommation va

dégager une autre ressource.

Ces précédents points remettent en cause les rôles que tiennent la microfinance dans le

développement, il est alors avancé que pour qu’il a vraiment un développent non seulement

pour l’institution mais aussi pour le bénéficiaires, il faut que la microfinance soit proche et

comprend bien le mode de vie des emprunteurs, il faut qu’elle soit flexibles pour toucher les

plus graves et pour financer les nouveaux projets à fort potentialité. Elle est censé être une

aide au pauvres mais non pas un autre moyen pour exploiter ce qui sont déjà pauvres mais qui

ont la chance de réussir.

Page 58: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

52

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1- RANAIVOARISON T., 11 Mars 2013. OTIV Fanambinantsoa Ampefiloha

2- RATSIMBARIVONY A., 2012. SIPEM SA Andavamamba

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54

ANNEXES

Annexe 1 : Loi n 2005-016 du 29 Septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des

institutions de microfinance………………………………………………………………p 55

Annexe 2 : Localisation géographique des interventions des IMF et Etablissement de crédit

exerçant des activités de microfinance………………………………………. ………….p 59

Annexe 3 : Principes clés de la microfinance selon le CGAP……………………………p 60

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55

ANNEXE 1 : LOI N°- 2005 - 016 DU 29 SEPTEMBRE 2005 relative à l'activité et au

contrôle des institutions de microfinance

REPOBLIKAN’I MADAGASIKARA

Tanindrazana - Fahafahana - Fandrosoana

PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE

LOI N°- 2005 - 016 DU 29 SEPTEMBRE 2005

relative à l'activité et au contrôle des institutions de microfinance

EXPOSE DES MOTIFS

L'Etat malgache a décidé de faire de la microfinance un instrument privilégié de

réduction de la pauvreté pour diminuer le niveau de celle-ci de moitié en dix ans,

conformément aux objectifs de développement du millénaire.

Pour la majorité de la population malgache qui n'a généralement pas accès aux

services des établissements de crédit traditionnels, la microfinance est censée contribuer à

l'amélioration de son niveau de vie pour lui permettre une meilleure intégration sociale, et

l'accès à un développement humain durable.

La loi n° 96-020 portant réglementation des activités et organisation des institutions

financières mutualistes régit la mise en place et le fonctionnement de ces institutions

(Ombona Tahiry lfampisamborana Vola «OTIV»; Caisse d'Epargne et de Crédit Agricole

Mutuels «CECAM»...). Depuis son application, une meilleure vision permet d'y apporter des

améliorations.

Des institutions non mutualistes existent mais exercent leurs activités sans cadre

juridique spécifique. Il convient de combler le vide dans lequel elles opèrent. Dans ce

contexte, des dispositions incitatives en matière de réglementation et de supervision de

l'activité de microfinance s'avèrent plus qu'opportunes.

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56

Les grandes lignes de la nouvelle réglementation peuvent être résumées comme suit :

1. Définition de l’activité de microffnance

Par rapport à la loi n° 95-030 du 22 février 1996 relative à l’activité et au contrôle des

établissements de crédit dite « loi bancaire », la présente Loi vise tout d'abord à définir les «

activités de microfinance » (articles 3 à 7),

Elle vise ensuite à préciser les caractéristiques des opérations que peuvent effectuer les

« institutions de microfinance», une nouvelle catégorie d'établissement de crédit à insérer

dans la loi bancaire en englobant Institutions Financières Mutualistes (IFM) et Institutions

Financières Non Mutualistes (IFNM). Ces opérations, dites « activités de microfinance »

comprennent (cf. articles 5 à 7):

-l'octroi de micro-crédits ;

-la collecte de l'épargne;

-les services connexes à la microfinance.

2. Classiffcation en trois niveaux des Institutions de Microfinance (IMFs)

Soumettre les institutions à un même régime en matière de suivi et de contrôle

constitue une entrave à l'activité et à un épanouissement des plus petites initiatives. Un

assouplissement est alors proposé.

L'approche retenue par la présente loi est basée sur une classification des institutions

de microfinance (articles 14 à 17). La loi distingue 3 niveaux progressifs d'IMF (IMF 1 à 3)

que ces institutions soient à caractère mutualiste ou non. Plus le niveau est élevé, plus les

opérations sont complexes, les ressources, l'organisation, le degré d'institutionnalisation et le

contrôle plus développés.

Les objectifs en matière de contrôle des établissements de crédit étant la protection des

déposants et la sécurisation du secteur financier, ces exigences peuvent, pour les IMFs, varier

en fonction de leur taille et selon que l'institution peut collecter ou non les dépôts du public.

Concernant la collecte de l'épargne, une distinction est faite entre les IMFs à caractère

mutualiste qui ne peuvent pas collecter les dépôts du public, et les IMFs non mutualistes qui

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57

le peuvent sous certaines conditions. Ces dernières peuvent recevoir des dépôts du public si

elles bénéficient d'un agrément au niveau le plus élevé (IMF 3) ou, lorsqu'elles sont au moins

en niveau 2 et qu'elles sont constituées sous forme de société anonyme à capital fixe

comportant plusieurs actionnaires.

En raison de la faiblesse de leur taille et de la limitation de leur activité à certains types

de dépôts à leurs membres, les IMFs 1 doivent prévoir un système de contrôle satisfaisant en

vue de l'obtention d’une « licence » par l'autorité de supervision des établissements de crédit,

acte qui leur permet de se livrer à leurs premières activités.

L’autorisation d'exercer des IMFs de niveau 2 et des IMFs de niveau 3 prendra la

forme d'« agrément » octroyé par l'autorité de supervision des établissements de crédit.

Toutefois, sur la substance économique, les IMF de niveau 2 sont à compétences et risques

moyens alors que les IMF de niveau 3 sont dotées d'une assise financière et de compétences

techniques avérées, proches de celles des banques traditionnelles, la nature de leurs opérations

les classent dans la tranche supérieure de la microfinance.

Au-delà de certains seuils à fixer par instructions, l'autorité de supervision des

établissements de crédit, actuellement Commission de Supervision Bancaire et Financière

CSBF, peut exiger le passage dans la catégorie supérieure afin de mettre les contraintes

réglementaires en adéquation avec les risques auxquels s'expose l'institutiom

Le texte prévoit un régime adapté pour l'accès à la profession et pour le contrôle.

3. Méthodes de suivi et de contrôle adaptées

Les méthodes de suivi et de contrôle varient suivant les niveaux et particulièrement

selon que les IMFs sont autorisées ou non à collecter les dépôts du public.

Deux notions distinctes sont prévues « surveillance » et « supervision »,

La « surveillance » consiste à vérifier l'existence d'un dispositif de contrôle et/ou à

analyser les informations recueillies auprès des IMFs 1 dont les opérations de crédit à court

terme, et les dépôts du public sont interdits. Elle vise au respect de règles de gestion plus

souples eu égard aux risques plus faibles encourus par ces institutions (cf. articles 8, 36 et 37).

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58

La « surveillance » des IMFs 1 comme la supervision sont assurées par l'autorité de

supervision des établissements de crédit.

La « supervision » des IMFs 2 et 3, à l'instar des établissements de crédit autorisés à

collecter les dépôts du public, est assurée directement par l'autorité de supervision des

établissements de crédit, dont la vocation première est de protéger les déposants et de veiller à

l'intégrité du secteur bancaire. Elle fait référence, d'une part aux principes fondamentaux du

Comité de Bâle pour un contrôle bancaire efficace lesquels visent à garantir la solvabilité, la

liquidité et l'intégrité du secteur financier, et d'autre part aux pratiques internationales en

matière de microfinance. Elle consiste à vérifier le respect par ces institutions des règles de

gestion et des normes de prudence compte tenu du niveau et du type de risques auxquels elles

sont exposées (cf. articles 8, 36 et 37).

4. Dispositions diverses

Le texte attribue à l'association professionnelle une autre dimension. En effet une seule

Association Professionnelle des IMFs (APIMF) constitue la section des IMFs au sein de

l'Association Professionnelle des Etàblissements de Crédit (APEC). Les deux associations

existantes que sont l'Association Professionnelle des Institutions Financières Mutualistes

(l’APIFM) et l’Association des Institutions de microfinance non mutualistes (AIM)

constituent des sous-sections de l’APIMF.

Les IMFs en tant qu'établissement de crédit doivent adhérer à l’APIMF dès l'obtention

de leur licence ou agrément (cf. article 62).

Enfin, un délai de régularisation fixé par la loi et par instruction de l'autorité de supervision

des établissements de crédit est accordé aux IMFs pour se conformer pleinement aux

dispositions de la présente loi (articles 80, 81 et 82).

Tel est l'objet de la présente loi.

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ANNEXE 2 : Localisation géographique des interventions des Institutions de MicroFinance et des Etablissements de Crédit exerçant des activités de microfinance

Jeudi, 21 Février 2013 00:00 GMT+3

Source : CNMF 2012

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ANNEXE 3 : PRINCIPES CLES DE LA MICROFINANCE selon le CGAP

Mettre en place les systèmes financiers

adaptés aux besoins des pauvres adaptés aux besoins des pauvres

PRINCIPES CLES DE LA MICROFINANCE

1. Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de

prêts. Les pauvres ont comme tout le monde, besoin d’une vaste gamme de services financiers

pratiques, souples, et d’un prix raisonnable. Selon la situation dans laquelle ils se trouvent, les

pauvres peuvent avoir besoin non seulement de crédit, mais aussi d’instruments d’épargne, de

services de transfert de fonds et d’assurances.

2. La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreté. L’accès à des

services financiers viables permet aux pauvres d’accroître leurs revenus, de se doter d’actifs et

de se protéger dans une certaine mesure des chocs extérieurs. La microfinance permet aux

ménages pauvres de ne plus avoir à lutter au quotidien pour simplement survivre mais de faire

des plans pour l’avenir et d’investir afin d’améliorer leur nutrition, leurs conditions de vie, et

la santé et l’éducation de leurs enfants.

3. La microfinance est le moyen de mettre des systèmes financiers au service des pauvres. Les

pauvres constituent la vaste majorité de la population dans la plupart des pays en

développement. Or un nombre considérable d’entre eux n’ont toujours pas accès à des

services financiers de base. Dans beaucoup de pays, la microfinance continue d’être

considérée comme un secteur marginal et relever essentiellement des activités de

développement des bailleurs de fonds, des pouvoirs publics, et d’investisseurs soucieux des

intérêts de la collectivité. Pour qu’elle puisse réaliser pleinement son potentiel en desservant

un grand nombre de pauvres, il faudrait que la microfinance devienne une partie intégrante du

secteur financier.

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61

4. Il est nécessaire d’assurer la viabilité financière des opérations pour pouvoir couvrir un

grand nombre de pauvres. La plupart des pauvres ne sont pas en mesure d’avoir accès à des

services financiers en raison de l’absence d’intermédiaires financiers solides offrant des

services de détail. La mise en place d’institutions financièrement viables n’est pas une fin en

soi. C’est la seule façon d’accroître l’envergure et l’impact des opérations de manière à porter

leur volume à un niveau supérieur à ce que peuvent offrir les bailleurs de fonds. La viabilité

s’entend de la capacité d’une entité fournissant des microfinancements à couvrir l’intégralité

de ses coûts. Elle permet d’assurer la poursuite des opérations de l’entité en question et de la

fourniture de services financiers aux pauvres. La viabilité financière passe par la réduction des

coûts de transaction, l’offre de meilleurs produits et services répondant aux besoins des

clients, et l’adoption de nouveaux moyens de servir les pauvres qui n’ont pas accès aux

services bancaires.

5. La microfinance implique la mise en place d’institutions financières locales permanentes.

Pour créer des systèmes financiers destinés aux pauvres, il faut mettre en place des

intermédiaires financiers intérieurs solides en mesure de fournir en permanence des services

financiers à ceux-ci. Ces institutions doivent pouvoir mobiliser et réinjecter l’épargne

intérieure dans l’économie, accorder des crédits et fournir toute une gamme de services. La

mesure dont elles dépendent des financements des bailleurs de fonds et des pouvoirs publics –

y compris les banques de développement financées au niveau des États – diminuera

progressivement à mesure qu’elles, et les marchés des capitaux privés, se développeront.

6. Le microcrédit n’est pas toujours la solution. L’octroi de microcrédits n’est pas

nécessairement une solution adéquate pour tout le monde ou dans toutes les situations. Les

indigents et ceux qui souffrent de la faim, qui n’ont ni revenus ni moyens de rembourser un

emprunt doivent recevoir d’autres formes de soutien avant de pouvoir emprunter. Souvent, il

vaut mieux faire de petits dons, améliorer les infrastructures, mettre en place des programmes

d’emploi et de formation et fournir d’autres services non financiers pour lutter contre la

pauvreté. Dans toute la mesure du possible, ces services non financiers doivent aller de pair

avec la constitution d’une épargne.

7. Le plafonnement des taux d’intérêt peut nuire à l’accès des pauvres aux services financiers.

Il est beaucoup plus onéreux d’accorder un grand nombre de petits prêts qu’un petit nombre

de prêts de montantélevé. À moins que les fournisseurs de microfinancements ne puissent

demander des taux d’intérêt nettement supérieurs aux taux moyens des prêts bancaires, ils ne

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62

seront pas en mesure de couvrir leurs coûts, de sorte que leur croissance et leur viabilité sont

tributaires d’une offre très limitée et incertaine de financements à des taux bonifiés. Lorsque

les pouvoirs publics réglementent les taux d’intérêt, ils fixent généralement ces derniers à des

niveaux trop bas pour que les opérations de microfinancement puissent être viables.

Toutefois, il importe aussi que les fournisseurs de microfinancements ne répercutent pas les

coûts que pourraient entraîner des inefficacités dans leurs opérations sur leurs clients en fixant

leurs prix (taux d’intérêt et autres commissions) à des niveaux nettement supérieurs à ce qu’ils

devraient être.

8. Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers, mais non les

fournir directement. Les autorités nationales jouent un rôle important en menant une action

favorable au développement des services financiers tout en protégeant l’épargne des pauvres.

Les mesures les plus favorables au microfinancement qu’un gouvernement peut prendre

consistent à assurer la stabilité macroéconomique, à ne pas plafonner les taux d’intérêt, et à

éviter d’introduire sur le marché les distorsions qu’engendrerait la poursuite de programmes

de prêts bonifiés non viables et sources d’arriérés considérables. Les autorités peuvent aussi

appuyer les services financiers destinés aux pauvres en améliorant le climat des affaires, en

luttant contre la corruption, et en améliorant l’accès aux marchés et àl’infrastructure. Dans

certains cas, en l’absence d’autres financements, l’État peut avoir de bonnes raisons de

financer des institutions de microfinancement indépendantes et solides lorsqu’il n’existe pas

d’autres financements.

9. Les financements bonifiés des bailleurs de fonds doivent compléter les capitaux du secteur

privé, ils ne doivent pas les remplacer. Il importe que les bailleurs de fonds utilisent, pendant

un temps, des instruments appropriés de don, de prêt et de participation pour renforcer les

capacités institutionnelles des prestataires de services financiers, développer l’infrastructure

nécessaire (agences de notation, agences d’évaluation du crédit, capacités d’audit, etc.), et

appuyer des services et produits innovants. Dans certains cas, il leur faudra peut-être fournir

plus longtemps des financements bonifiés pour pouvoir atteindre des groupes de population

qui sont difficiles à toucher parce qu’ils vivent dans des régions faiblement peuplées

ou pour d’autres raisons. Pour que leur appui financier soit efficace, les bailleurs de fonds

doivent chercher à intégrer les services financiers axés sur les pauvres dans les opérations des

marchés financiers locaux ; faire appel à des compétences spécialisées pour la conception et la

mise en oeuvre des projets ; exiger que les institutions financières et les autres partenaires

Page 69: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

63

respectent des normes de performance minimales pour continuer à bénéficier d’un appui ; et

planifier dès le début leur stratégie de désengagement.

10. Le manque de capacités institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle. La

microfinance est un domaine spécialisé qui conjugue les services bancaires à des objectifs

sociaux, et un renforcement des capacités est nécessaire à tous les niveaux, des institutions

financières aux instances de réglementationet de contrôle et aux systèmes d’information,

jusqu’aux organismes de développement de l’État et aux bailleurs de fonds. La majeure partie

des investissements, publics et privés, effectués à ce titre devrait viser le renforcement des

capacités.

11. L’importance de la transparence des activités financières et des services d’information. Il

est indispensable de disposer d’informations exactes, comparables et présentées selon un

format standard sur les résultats financiers et la performance sociale des institutions

financières qui fournissent des services aux pauvres. Les organes de contrôle et de

réglementation des banques, les bailleurs de fonds, les investisseurs et, surtout, les pauvres qui

sont les clients des services de microfinancement, doivent avoir accès à ces informations pour

bien évaluer les risques et les avantages de leurs opérations .

Page 70: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

64

Nom : RANDRIAMANDIMBY

Prénoms : Nantenaina Lova Tahirisoa

Titre : « Regard critique de la microfinance en tant qu’outil de développement »

Nombre de pages : 51

Tableaux : 06

Résumé

La microfinance est censé être un instrument pour répondre aux besoins financières

des exclus du financement bancaire. Mais depuis quelques temps, surtout à Madagascar, elle

n’est plus là où elle doit être. Ceci est dû à l’élévation du taux d’intérêt, des exigences ainsi

que le délai de remboursement imposés aux bénéficiaires. Ces derniers ne laissent plus qu’un

très fin avantage pour la clientèle. Non seulement ces IMF tirent les avantages censés

attribués aux pauvres mais elles empêchent aussi les démunis de sortir de sa situation vu la

barrière indirecte qu’elles émettent à travers la quantité des ces exigences et ce taux d’intérêt.

Ce qui fait que la microfinance n’atteint pas les plus pauvres mais seulement ce qui sont juste

au dessous de la ligne de la pauvreté et elle est devenue un moyen d’enrichissement pour les

riches mais non plus un moyen de financement pour les pauvres.

Mots clés : pauvres, riches, moyen de financement , microfinance, avantages

Encadreur : Monsieur RANDRIANALIJAONA Tiana Mahefasoa

Adresse de l’auteur : [email protected]

Page 71: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

65

TABLE DES MATIERES INTRODUCTION ................................................................................................................... 1

CHAPITRE I- GENERALITES SUR LA MICROFINANCE ......................................................... 2

I. Contexte et définition de la microfinance .................................................................................... 2

I.1- Historique de la microfinance ....................................................................................................... 2

1. En Europe ................................................................................................................................ 2

2. En Asie .................................................................................................................................... 3

3. A Madagascar .......................................................................................................................... 4

I.2- Définitions de la microfinance ...................................................................................................... 5

1. Définition du terme microfinance ........................................................................................... 5

2. Objectifs de la microfinance .................................................................................................... 6

3. Les principaux axes ................................................................................................................. 7

4. La différence entre la microfinance et les activités de crédit classique ................................... 7

4.1- Microfinance et microcrédit ............................................................................................ 7

4.2- Microfinance et banque ................................................................................................... 7

II. Les activités entreprises par la microfinance .............................................................................. 8

II.1- Les différentes natures des IMF .................................................................................................. 8

1. Les microfinances mutualistes ................................................................................................ 8

2. Les microfinances non mutualistes ......................................................................................... 9

II.2- Les principaux types de produits offerts ................................................................................... 10

1. Les crédits aux très petites entreprises .................................................................................. 10

2. Le crédit bail ou leasing ........................................................................................................ 10

3. Services d’épargne ................................................................................................................ 11

4. Micro assurance ..................................................................................................................... 11

CHAPITRE II- THEORIES ECONOMIQUES MESURANT L’EFFICACITE DE LA

MICROFINANCE ............................................................................................................................... 12

I. Théorie de l’asymétrie d’information ........................................................................................ 12

I.1- Définition de la théorie ............................................................................................................... 12

1. Contexte et auteurs ................................................................................................................ 12

2. Les grands principes de la théorie ......................................................................................... 14

2.1- La sélection adverse ...................................................................................................... 14

2.2- L’aléa moral .................................................................................................................. 15

3. Les effets de l’asymétrie d’information ................................................................................ 16

Page 72: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

66

II .2- Les stratégies utilisées par la microfinance pour faire face au problème d’asymétrie

d’information ..................................................................................................................................... 16

1. Prêts de groupe à base de caution solidaire ........................................................................... 16

1.1- La sélection de bon risque ............................................................................................. 17

1.2- La maîtrise du risque de défaut ..................................................................................... 17

1.3- La possibilité d’accroissement du montant des prêts .................................................... 17

2. Les incitations dynamiques et les autres facteurs .................................................................. 18

II. Théorie des coûts de transaction ................................................................................................ 18

II.1- Définition de la théorie .............................................................................................................. 18

1. Contexte et origine ................................................................................................................ 19

1.1- Origine des couts ........................................................................................................... 19

1.2- Les coûts composants du coût de transaction ................................................................ 19

2. Postulats comportementaux de la théorie .............................................................................. 19

2.1- La spécificité des actifs ................................................................................................. 20

2.2- Le risque d’opportunisme .............................................................................................. 20

2.3- La rationalité limitée...................................................................................................... 21

II.2- Impacts de l’existence des coûts de transaction sur la microfinance ......................................... 21

1. Améliorations de l’efficacité productive des organisations de la microfinance .................... 21

2. La viabilité des institutions .................................................................................................... 22

CHAPITRE III - MODE DE FONCTIONNEMENT DE LA MICROFINANCE ........................ 23

I. La population cible et le taux de pénétration ............................................................................ 23

I.1- La population cible ..................................................................................................................... 23

1. Dans la zone rurale ................................................................................................................ 23

2. Dans la zone urbaine ............................................................................................................. 25

I.2- Taux de pénétration .................................................................................................................... 25

II. Les exigences de la microfinance................................................................................................ 30

II.1- Les microfinances mutualistes .................................................................................................. 30

1. Cas de CECAM 67 Ha Caisse urbaine .................................................................................. 30

1.1- Les membres .................................................................................................................. 30

1.2- Le crédit ......................................................................................................................... 31

1.3- L’épargne ....................................................................................................................... 32

2. Cas de l’OTIV à Ampefiloha ................................................................................................ 33

A. Les microfinances non mutualistes ........................................................................................... 34

1. Cas de la SIPEM Andavamamba .......................................................................................... 34

Page 73: REGARD CRITIQUE DE LA MICROFINANCE EN TANT QU’OUTIL DE

67

2. Cas de la première agence de la microfinance ou PAMF à Antsahavola .............................. 36

CHAPITRE IV - IMPACTS DE LA MICROFINANCE DANS LA VIE DES PAUVRES ......... 38

I. Les besoins des pauvres .............................................................................................................. 38

I.1- Besoins financiers des pauvres ................................................................................................... 38

1. Les opportunités d’investir .................................................................................................... 38

2. Les catastrophes personnelles ................................................................................................ 39

3. Les catastrophes environnementales ..................................................................................... 40

I.2- Mode de gestion de leur argent ................................................................................................... 40

II. Les rôles, limites et impacts de la microfinance ........................................................................ 42

II.1- Rôles de la microfinance .......................................................................................................... 42

1. Dans les pays développés ...................................................................................................... 42

2. Dans les pays en développement ........................................................................................... 43

II.2- Limites de la microfinance ........................................................................................................ 43

II.3- Impact de la microfinance sur la pauvreté ................................................................................. 45

1. La microfinance atteint-elle les plus pauvres ? .................................................................... 45

2. La microfinance contribue-t-elle à faire sortir durablement les populations de la pauvreté ?46

3. Rapport coût-efficacité de la microfinance ........................................................................... 47

III. Approche analytique : Comment faire pour que la microfinance soit mise au service des

microprojets destinés au développement local ? Cas de Madagascar. ........................................... 47

III.1- L’Etat et les bailleurs de fond incontournables ....................................................................... 48

III.2- Institutions de microfinance : une entreprise pour le développement. ..................................... 49

CONCLUSION ..................................................................................................................... 51

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................ 52

ANNEXES ........................................................................................................................ 54

TABLE DES MATIERES ................................................................................................. 65