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1 INALCO MAGISTERE COMMUNICATION INTERCULTURELLE Année 2011-2012 Peter Stockinger Questionnaire pour valider le cours ICL4A02a A rendre pour le 14 décembre 2011 Elsa COUTEILLER Habi DIOP

Questionnaire Communication Interculturelle - Campagne de communication - Expertise culturelle

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Questionnaire datant de 2012 établit dans le cadre du Magistère Communication Interculturelle et Langues du Monde à l'INALCO. Cours de Peter Stockinger, communication interculturelle, expertise culturelle.

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INALCO

MAGISTERE COMMUNICATION INTERCULTURELLE Année 2011-2012Peter Stockinger

Questionnaire pour valider le cours ICL4A02aA rendre pour le 14 décembre 2011

Elsa COUTEILLERHabi DIOP

Andréa PEREZ

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14/12/2011

Question 1 : Vous soumettez un projet de communication qui vise la réalisation d’une exposition consacrée à la culture matérielle d’une région géographique donnée :

1. EXPOSITION « L’HABITAT DES HERITIERS DES INCAS »

1-1

L’Inalco présente : « L’HABITAT DES HERITIERS DES INCAS » une exposition qui permettra d’avoir un grand aperçu sur la vie et le développement des communautés quechuas et aymaras au cœur du Pérou et de la Bolivie, population héritière du grand empire Inca. Ce n’est pas seulement une exposition de photos ou de films, dans lesquelles le regard de l’artiste encadre et découpe une réalité généralement étrangère, c’est avant tout une exposition de leurs propres visions, formées par leurs propres expériences, de leurs mains, de leurs bouches, de leurs attentes, qui donnent une image différente d’un monde perdu dans le temps.

L’ensemble des photographies est accompagné d’une description faite par l’artiste.

Quelques traditions incas subsistent encore de nos jours, particulièrement dans les montagnes. Aujourd'hui, le peuple autochtone est composé par 45% de la population totale au Pérou, 55% en Bolivie, et 25% en Equateur. Le quechua était encore parlé par les indigenes. Chaque région a ses particularités. Les pratiques agricoles, l'irrigation, les lamas et les troupeaux d'alpagas demeurent également de nos jours et représentent les traditions de l'Empire Inca.

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1.2 LES OBJECTIFS DU PROJET :

Créer un espace d'interaction entre le public, les personnes intéressées par la diversité culturelle - spécialement par les cultures représentant une époque très importante dans l'histoire de l’Amérique Latine - et les artistes qui veulent montrer leurs expériences au sein de cette population.

En parallèle, créer un canal de communication direct entre le public et l’Inalco, tel une institution faisant la promotion de la valeur de la diversité culturelle.

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1.3 LE DESTINATAIRE DU PROJET :

Etudiants de l’Inalco du département de l’Amérique, enseignants, chercheurs, et public en général intéressé ou qui ont un lien proche à cette civilisation, « les héritiers des Incas ».

Un public censé avoir un niveau culturel riche, cherchant un approfondissement des connaissances grâce à l’art, s’intéressant à l’actualité dans la société, leurs modes de vie et leur développement.

Les visiteurs de cet événement désirant ouvrir les yeux au monde, pour reconnaître les merveilles que des civilisations lointaines et étrangères ont à dévoiler.

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1.4 PERIMETRE DU PROJET :

L’exposition se déroulera du 9 décembre 2011 au 15 février 2012 dans les installations de l’Inalco, au deuxième étage (65 rue des Grands Moulins 75013 Paris).

Ouvert du lundi au vendredi, de 9h à 18h. Tarif : Gratuit

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1.5 VALEUR DU PROJET :

Ce projet dispose de l'appui de l’institution spécialisée en culture latino-américaine qui, comme les artistes et les créateurs de l'exposition « L’HABITAT DES HERITIERS DES INCAS », cherche à valoriser le développement culturel de ce continent, son histoire, son développement et son actualité.

« L’HABITAT DES HERITIERS DES INCAS » est le fruit de travaux d'artistes qui ont décidé de vivre pendant un an proches de la population de ce groupe ethnique et de cette façon de pouvoir montrer une réalité fidèle et naturelle, et non le cliché typique que peut avoir un évènement comme celui-ci.

De plus, ce projet est sous la direction d'un institut tel que l’Inalco, qui est spécialisé dans l'étude de différentes langues et civilisations, ainsi que pour son intérêt et travail dans le domaine interculturel.

1.6 VALEUR AJOUTEE AU PROJET :

Grâce à l'expérience acquise pendant un an par les artistes dans le cœur du Pérou et de la Bolivie, à proximité de la population héritière des Incas, l'exposition « L’HABITAT DES HERITIERS DES INCAS » développe un point de vue aussi proche que possible à la situation de cette communauté, en montrant des habitats naturels, leurs mœurs ou coutumes, et enfin, sa richesse.

Chacun de ces objectifs s'accomplit après avoir obtenu une participation importante - ce n'est pas un sujet qui attire l’attention d'un grand public - mais il peut être le précurseur d’un nouveau format de communication culturelle.

Avec la réalisation de ce projet, nous attendons la possibilité de créer un espace culturel permanent dans les installations de l'Inalco qui lui permettrait de renforcer son image et son positionnement au centre de l'enseignement de la diversité culturelle et de l’interculturel. Ouvrir les portes de cet institut à un public plus large, en créant ainsi, un lieu important de rencontres pour les intéressés.

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Question 2 : La communication sociale (cf. critère 4 du schéma de la description générale d’une communication) est un des principaux domaines où la dimension interculturelle (de la médiation interculturelle, du dialogue interculturel) joue un rôle capital. Trouvez des informations et produisez :

1. Une description/explication du domaine lui-même de la communication sociale.

Par opposition aux moyens de communication de masse, la communication sociale apparaît souvent comme le système d'information ou de diffusion qui utilise des petits médias (ou plutôt des médias de petite diffusion) : affiches militantes, tracts, bouche-à-oreille, réunions, manifestations, défilés, radioamateur, télématique ou téléphonie conviviale (messageries), et Internet. Le terme de communication sociale s'applique à une manière particulière d'utiliser les médias dits traditionnels. Foisonnante, la communication sociale met en œuvre des formes d'expression spontanées et quelquefois non-conformistes.

La communication sociale peut être définie comme « un système de pensée et d'action qui cherche à promouvoir la personne humaine prise individuellement ou collectivement, en tant que sujet, autant qu'objet, de communication. » (source : article sur la communication sociale sur le site http://colisee.org/article.php?id_article=2280).

2. Une explication des enjeux de la communication sociale ;

La communication sociale soulève plusieurs enjeux :

Informer sur des problèmes sociaux, afin de faire prendre conscience, de redonner du pouvoir aux individus.

Transférer des valeurs pour renforcer les réseaux de solidarité Modifier des idées ou des comportements à risque pour les personnes ou pour la

collectivité.

La communication sociale vise des objectifs déclarés d’intérêt général. Par exemple, la réduction des inégalités, la sécurité, la sensibilisation citoyenne, la gestion de situations de crise…

3. Une présentation critique de deux exemples concrets relevant de ce domaine ;

Premier exemple : Campagne officielle et gouvernementale pour la promotion physique « Bouger au quotidien » dans le cadre du Programme National Nutrition – Santé géré par l’Institut National de prévention et d’éducation pour la santé et le Ministère chargé de la santé.

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http://www.mangerbouger.fr/

Inciter les consommateurs à lutter contre les problèmes de santé liés à l’alimentation et à l’activité physique constitue aujourd’hui un enjeu majeur.

L’objectif de cette communication sociale est de modifier des comportements à risque comme l’obésité ici pour les personnes.

Deuxième exemple :

27ème campagne d’hiver des restos du cœur lancée fin novembre 2011. Elle s’inscrit dans un enjeu lié à la transmission de valeurs afin de renforcer les liens sociaux.

Ici on est dans l’exemple d’un renforcement de liens sociaux entre les plus favorisés et les plus démunis autour de don ou de participation à la vie de l’association.

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4. Une présentation d’au moins deux sociétés ou instituts qui travaillent dans ce secteur ;

La ligue contre le cancer :

Créée en 1918, la Ligue nationale contre le cancer est une association loi 1901 à but non lucratif et reconnue d’utilité publique. Premier financeur privé et indépendant de la recherche contre le cancer, la Ligue repose sur la générosité du public et sur l’engagement de ses militants.

Elle lutte dans trois directions complémentaires : la recherche ; l’information, la prévention et la promotion des dépistages ; et les actions pour les malades et leurs proches. Par le biais de ses missions parfaitement imbriquées, la Ligue contre le cancer est le seul acteur indépendant dans le paysage français de la lutte contre le cancer à avoir une approche globale de la maladie.

Ondes-vertes du site Ecolo.info :

http://www.ecoloinfo.com/ondes-vertes/

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La rubrique Ondes Vertes sur le site Ecolo.info propose une sélection hebdomadaire des émissions audiovisuelles que l’équipe du site internet a trouvées intéressantes ou pertinentes. Elle dresse donc une liste par jour mettant les liens pour accéder aux vidéos directement ou les dates de rediffusion des émissions. Un texte accompagne toujours les liens et permet d’expliquer à l’internaute le choix, le contexte et le type de contenu. Le site internet ecolo.info s’inscrit dans une communication sociale à visée éducative mais aussi de création de lien social au travers d’une communauté.

5. Une description des compétences clé pour pouvoir travailler dans ce domaine ;

Une expérience préalable en communication politique, relations publiques, relations de presse ou lobbying.

Habilité en animation, en coopération entre équipe et transfert de connaissance. Capacité à travailler sous pression - résistance au stress Tolérance à l’ambigüité Engagement pour travailler dans une perspective de promotion du développement

durable Connaissances liées au terrain des campagnes de communication.

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Question 3 : La communication systémique constitue sans aucun doute un des paradigmes de référence pour analyser et comprendre la communication. Essayez de produire une présentation rapide mais argumentée de ce paradigme.

1. Ses postulats ;

La communication systémique vise la maîtrise des opportunités et contraintes externes par une approche prospective et stratégique de l'information et des relations.

C'est le levier de l'intelligence collective : bien au-delà de la communication classique, elle ne vise plus simplement à "informer ou influencer autrui", mais à maîtriser des processus décisionnels et coopératifs de plus en plus diversifiés.

Ainsi, le fait d’avoir plus de moyens n’engendre pas automatiquement de meilleures conditions de vie. Autrement dit, il ne suffit pas de faciliter l'accès à la technologie médicale et aux soins de santé par exemple pour que la situation dans les pays défavorisés s’améliore. Il faut un accompagnement et un apprentissage « factitif ». Là réside le postulat de la communication systémique.

2. Son apport théorique ;

La communication systémique met en valeur l’importance de la communication dans un contexte global dans le processus de changement. Il est nécessaire d’adopter une stratégie communicationnelle « large » qui va au-delà de l’information et de l’influence, il faut également introduire la dimension du changement comportemental et du faire faire.

Importance d’une bonne définition du destinataire et de sa culture ainsi qu’une implication de tous les acteurs concernés dans l’élaboration d’une campagne, sa réalisation et sa participation.

3. Sa spécificité par rapport à d’autres approches de la communication ;

La communication systémique n’a pas seulement pour objectif « d’informer » le destinataire mais plutôt de modifier le comportement, de faire accepter des valeurs et des normes et de rendre actif le destinataire.

Elle s’engage davantage dans des objectifs dits factitifs. La dernière phase du changement a pour objectif de faire devenir le destinataire acteur de la communication systémique à son tour en s’engageant dans le processus de soutien du nouveau comportement.

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4. Les domaines où il est utilisé ;

La communication systémique est avant tout une dimension des sciences humaines utilisées dans le domaine d’élaboration de campagne par les collectivités territoriales, les associations et les ONG.

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Question 4 : L’expertise culturelle essaie d’expliciter une quinzaine de types de référence contribuant très fortement à l’identité culturelle (sentie, vécue, représentée, …) d’un groupe social, d’une personne ou encore d’une région. Essayez d’expliciter ces 15 types de référence à l’aide de deux exemples (tirés, dans la mesure du possible, d’une zone géolinguistique « orientale »).

4. L’EXPERTISE CULTURELLE

L’expertise culturelle suppose qu’on définisse les deux entités qui la composent.L’expertise est l’analyse, l’étude d’une situation donnée par différents moyens que nous

verrons plus en détails. « Culture » est un mot qui revêt plusieurs sens et qui est très connoté. Quand on parle de culture, on sous-entend aussi « civilisation ». D’après le dictionnaire Robert la culture est « l’ensemble des aspects d’une civilisation » c’est-à-dire l’art et le Patrimoine (Eglises/ vieux et récents monument)/ Musée (Festival), apprentissage des savoirs, l’éducation, la langue, les pratiques religieuses, pratiques alimentaires, la gastronomie, la pratique vestimentaire (mode) et le patrimoine politique. Cette liste est non exhaustive et colle bien à l’aspect occidental du mot « culture ». Dans d’autres parties du monde, le mot « culture » a un sens différent (si on suit cette logique) comme par exemple, la tradition orale qui est un aspect important de la civilisation dans les sociétés africaines.

En communication, la culture est un cadre cognitif de références qui confère à un individu ou à un groupe d’individus, une identité. La référence culturelle est comme un modèle, qu’une personne ou un groupe suit car il est considéré comme « bon », « vrai », « évident » et « allant de soi ». Par ailleurs, le modèle peut-être un savoir, un événement historique, une façon de comporter, une façon de faire ou d’interagir avec l’autre.

Par conséquent, l’expertise culturelle consiste en la collecte d’information (faite par une veille d’information) puis en la documentation, description et explication du cadre de références (des références culturelles) propre à une personne, un groupe, un mouvement (social) ou à un territoire et enfin en la publication des résultats de cette expertise culturelle.

EXEMPLE D’UNE EXPERTISE CULTURELLE D’UN GROUPE : LES MOURIDES DU SÉNÉGAL

La diffusion de l’islam en Afrique s’est faite à partir du VII ème par les Almoravides (secte musulmane et dynastie du Nord-Ouest de l’Afrique). Au début, l’islam était une religion d’élite : les rois se convertissaient sous l’appui des lettrés musulmans, marabouts qui étaient partis en pèlerinage en Orient et qui revenaient diffuser cette religion. Au Sénégal, la religion

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musulmane a pris des formes confrériques. En effet, il existe 4 grandes confréries au Sénégal et la Mourridiya est l’une d’entre elles.

a) Histoire Cheikh Ahmadou Bamba est né en 1850 à Mbacké (Sud du Sénégal). En 1884, il crée

Darou Salam (littéralement « terre de paix »), une daara (communauté agricole alliant l’éducation religieuse et les travaux) où il réunit tous ses disciples. Cheikh Ahmadou Bamba s’installe à Darou-Marnâne pour se livrer à la méditation et fait construire des maisons pour sa famille et disciples.

La foule commence à se concentrer autour du Cheikh Amadou Bamba dont certains Ceddos (guerriers) qui ont déserté les rangs et venu montrer leur soumission au Cheikh. L’administration coloniale s’inquiète de l’influence du chef religieux, c’est le début d’une longue répression. Il est successivement déporté au Gabon (1895-1902), puis placé en résidence surveillée en Mauritanie (1902-1907) ensuite dans le village sénégalais de Thiéyêne (1907 à 1912). Il rentre dans son pays, à Diourbel, en 1912. Cheikh Ahmadou Bamba meurt en 1927 sans avoir réalisé son rêve de construire une grande mosquée à Touba. Celle-ci sera construite après sa mort par ses descendants et disciples. Touba est aujourd’hui le lieu de pèlerinage de tous les Mourides, ils s’y rendent une fois par an pour y célébrer le Magal Touba, c'est-à-dire la commémoration du départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba.

b) Les valeurs et croyances communes Les Mourides représentent aujourd’hui 38% de la population sénégalaise. Les Mourides

sont avant tout des musulmans qui suivent les cinq piliers de la religion :-La Chahada : la profession de foi-Les cinq prières par jour-La Zakat : l’aumône aux pauvres-Le jeûne-Le pèlerinage à la Mecque, ville sainte

Cependant, pour les Mourides, d’autres aspects s’ajoutent à ces obligations. En effet, Murîd signifie (en arabe) l’aspirant, le postulant. Les particularités de cette doctrine est le fait d’être initié au wird (oraison préparatoire) et aux dhikr (action de Louer Dieu, au moyen de paroles, remémoration de la vie du Prophète). Le Mouridisme prône l'abdication de la personnalité et la quête de l'Absolu divin. Il se caractérise par une rigoureuse discipline fondée sur les rapports Serigne-taalibé (Chef religieux-disciple). L'affiliation à la voie mouride est marquée par l'acte de soumission et d'allégeance au cheikh (représentant de Dieu) et chef de la confrérie: le jebbëlu, qui est aussi un engagement à vie à suivre les mots d’ordres ndigël du cheikh, et en éviter les interdits. Les règles du disciple consistent à garder secret tout ce qui concerne la tarîqa (confrérie), à avoir une solidarité agissante (économique) avec leurs confrères.

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La valeur la plus importante est le travail. Pour Cheikh Ahmadou Bamba, le travail est indissociable de la foi : « Travaille comme si tu ne devais jamais mourir, et prie comme si tu devais mourir demain ». Les mourides fondent des dahira (communauté religieuse et de travail bien organisées), un peu partout au Sénégal, en Gambie et aussi à l’étranger.

c) Références historiques, légendes

Comme tout personnage religieux fort, l’histoire de Cheick Ahmadou Bamba est accompagnée d’une légende connue par tous les Mourides. Selon eux le Cheikh fut l’objet de plusieurs épreuves parmi lesquelles, celle du lion affamé du jardin zoologique de Sor. " Ce jour, il fut enfermé avec un lion qui se montra aussi docile qu’un mouton. " Le Cheikh paisible et sage, déclarait toujours : " Jamais je ne porterai préjudice à qui que ce soit. " Enfermé dans un cachot, le Cheikh récite les sourates de la vache et de la famille d’Imrane. Le père des historiens et poètes de la confrérie des Mourides Serigne Moussa Karaconte : " Ce jour, le Cheikh eu une vision de sa mère Sokhna Diarra qui l’exhorta à continuer à servir Dieu et son Prophète. Une nuit de vendredi, ses ennemis l’enfermèrent dans une cellule obscure où étaient plantés des poignards et des pointes. " Envoyé par son Seigneur, l’Ange Gabriel protégea Cheikh Ahmadou Bamba qui ne fut pas blessé. Il fut conduit dans une ruelle où un taureau dressé à tuer fut lancé contre lui. A sa première charge, il tomba raide, mort devant le Cheikh grâce à l’assistance de l’Ange Gabriel. A bord du navire, au moment de faire ses ablutions pour la prière de midi (Zuhr), une dame se présente devant lui avec la ferme intention de l'en empêcher. C'est alors qu'intervinrent les anges. Ils portèrent le Cheikh à la surface de l'eau où il fit, dans la paix et la tranquillité sa prière. Au Congo, le Cheikh connut toutes les difficultés. Il fut jeté dans le feu par des mercenaires voulant faire leur propre loi, mais les flammes épargnèrent le serviteur du Prophète. " Ce jour il fut précipité dans un feu par ses ennemis enterré à l’image du Prophète Abraham, le père du monotéïsme. "

Ces légendes contribuent au prestige de la sainteté du chef religieux, elles légitiment aussi sa place de maître spirituel.

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d) Les symboles, signes, objets communs

Les symboles communs aux Mourides ne sont pas nombreux sauf pour les Baay-Fall. Ils ont pour modèle Cheikh Ibra Fall qui était le plus fervent disciple de Cheikh Ahmadou Bamba. Il a consacré sa vie à le suivre et à diffuser sa pensée. Il est à la base du « mouvement » Baay Faal. Ils sont considérés au Sénégal comme des marginaux, du fait de leur mode de vie. En effet, certains portent des dreadlocks (et sont

souvent confondus avec les rastas par les touristes), ils arborent un grand boubou colorés (baay laat) avec des manches très larges, ajusté par une grosse ceinture, une pochette en cuir portée autour du cou (où la photo de leur guide religieux est collée) descendant jusqu’à la ceinture (le makhtoum) et une très longue écharpe (kaala). Par ailleurs, les Baay-Faal pratiquent le majjal. Il consiste à faire la ronde dans le but de mendier, par groupes restreints (Kureel), afin d'acquérir et d'apprendre l'humilité, la souffrance. Aussi, en faisant le majjal, ces croyants pratiquent le sikar qui est l’évocation de Dieu par des chants religieux. Toutes ces actions se révèlent assez bruyantes car il s’effectue dans la rue et dérangent la population qui les considère

souvent comme des extrémistes qui ont une dévotion sans limite à leur guide spirituel et oublient les préceptes fondamentaux de l’islam.

e) Lieux et événements communs

Les Mourides se retrouvent à la mosquée pour prier où s’ils n’ont pas, (comme bien souvent à l’étranger), se retrouvent dans des Keur Serigne Touba, « la demeure du Maître de Touba » qu’ils improvisent eux-mêmes. C’est un siège pour la communauté qui accueille réunions et prières tout en servant aussi de résidence provisoire pour de nouveaux arrivants.

La ville de Touba est le lieu commun de tous les mourides. C’est là qu’a été construite la Mosquée et où est enterré Cheikh Ahmadou Bamba. C’est donc un lieu de pèlerinage pour les croyants. Une fois par an, les Mourides désertent la capitale pour aller célébrer le Magal Touba qui commémore le départ en exil du chef religieux. La ville de Touba est située à 194 km à l’Est de Dakar.

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Durant le Magal Touba, le khalife général des Mourides fait une allocution très attendue des fidèles. Ils se réunissent tous devant lui et l’écoute avec ferveur. Ces derniers en profitent pour lui demander des bénédictions. A l’étranger, c’est le chef religieux qui se déplace, il est accueilli en grande pompe dans des grandes villes où la diaspora sénégalaise est importante (New York, Paris, Marseille, Naples….etc).

f) Les personnalités L’actuel président du Sénégal Abdoulaye Wade est fervent disciple du Mouridisme.

D’ailleurs il ne s’en cache pas et a multiplié les allégeances au Khalife des Mourides (Serigne Falilou Mbacké à l’époque). Le président Wade a été sévèrement critiqué pour cela, certains observateurs disent même qu’il a gagné les élections de 2007 grâce au soutien des Mourides (promesse de vote contre promesse de grand travaux à Touba).

De plus, beaucoup de chanteurs de variétés sénégalaises se disent Mouride dans leurs chansons et durant leurs apparitions publiques. L’un des plus connu est sans doute Youssou N’dour, il a même consacré un album entier « Egypte » à l’islam africain, plusieurs chansons font louanges au Mouridisme.

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g) Les publications Durant sa vie, Cheikh Ahmadou Bamba a beaucoup écrit. Tous ces manuscrits sont

conservés dans la Grande mosquée de Touba. En voici quelques exemples :« La voie de la satisfaction des besoins », « Les dons du TRES SAINT », « Le Viatique de la

jeunesse » et beaucoup d’autres.Par ailleurs, beaucoup de chercheurs au Sénégal et à l’étranger ont consacré leurs études

au Mouridisme :

BAVA S. : Reconversions et nouveaux mondes commerciaux des Sénégalais mourides à Marseille in Homme et Migrations, 2001.

« Les Cheikhs Mourides itinérants et l’espace de la ziyâra à Marseille » in Hommes et migrations, 2002.

COPANS J : « Mourides des champs, mourides des villes, mourides du téléphone portable et de l’internet. Les renouvellements de l’économie politique d’une confrérie » in Afrique contemporaine ». 2000.

DIOP A. M.: Les associations murid en Europe Homme et migrations, Paris 1985

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GUEYE C. : Touba, la capitale des Mourides, Karthala, 2002.SALEM G. : De Dakar à Paris, des diasporas d’artisans et de commerçants. Etude socio-

géographique du commerce sénégalais en France. Thèse de troisième cycle, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris, 1981

PEZERIL C. : Islam, mysticisme, et Marginalité : les Baay-Faal du Sénégal , L’Harmattan Paris, 2008.

EBIN V., COLLEYN J.P, « La baraka des marchands mourides », France-Belgique, 1997 (Film)

Question 5 : La « bonne conduite » d’une communication interculturelle repose sur une gestion de différences culturelles entre les participants de celle-ci. Expliquez de quoi il s’agit en donnant des exemples concrets et en vous appuyant sur les explications données dans le cours 3 consacré à la communication interculturelle.

La communication interculturelle cherche à éclaircir les différents moyens d’information et de communication, servant à faciliter les échanges entre des groupes multiculturels. L’incompréhension et les failles dans la communication se produisent souvent lorsque nous sommes en contact avec des personnes issues d’une culture différente de la nôtre.

Ces contacts ou échanges entre cultures différentes ont pour cause des actions ou des moments dans l’Histoire, très importants tels que le colonialisme, la migration, les activités industrielles ou internationalisation des activités et la mondialisation des activités commerciales et financières.

Par exemple, les échanges migratoires entre l’Amérique latine et l’Europe qui s’inscrivent à travers une histoire longue de plusieurs siècles. Les crises de nombreux pays de l’Amérique Latine poussèrent ensuite de plus en plus de personnes à émigrer au Nord.

Dans le cadre une société conforme à des groupes multiculturels, les différents secteurs de la société développent des projets de communication pour répondre à la demande de tous les groupes sociaux. Ils doivent posséder le choix de leur construction et pouvoir apporter la richesse de leurs différents positionnements.

En fait, les groupes posent désormais deux questions cruciales à la société, celle de son identité, faite de multiples facettes, croyances, modes de vie, sexualités et plus encore, celle de sa capacité à reconnaître, assumer et promouvoir son métissage, potentiel moteur d’une modernité.

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Il est donc vital pour nous d’être sensibilisés aux cultures des autres pour communiquer au sein d’un groupe multiculturel, dont les membres se servent d’outils de communication qui permettent la circulation et flux de contenus d’information et, qui de plus en plus, développent la mondialisation de la culture, en donnant, comme résultat, une meilleure coopération et une vie en communauté plus agréable. Les compétences en relations et communication interculturelles sont devenues indispensables : la culture détermine les valeurs et comportements qui ont une incidence sur notre façon de vivre, de communiquer et de travailler.

Par exemple, la plupart des grandes entreprises se sont dotées d’un département de management interculturel, qui peut se définir comme la mise en oeuvre et l’animation d’équipes constituées de personnes de cultures et d’origines différentes. Cela voulant dire, de cadres de référence et identités culturelles distinctes.

Le but du travail est de ne pas s’apercevoir des différences culturelles, de créer une culture globale et une vision communément partagé qui permettrait une concertation autour du dialogue et la réussite de l’activité, mais il existe toujours des conflits dus à la différence, tels que le culture-centrisme, le repli communautariste ou les attentes frustrées des participants à des échanges interculturels.

La communication interculturelle dans sa forme la plus simple se trouve dans un domaine d’étude et de recherche - visant à comprendre comment les individus de différents pays et cultures se comportent, communiquent et comment ils conçoivent le monde qui les entoure. Acquérir une plus grande maîtrise des divers outils de communication et aussi des connaissances théoriques, permettrait de mieux comprendre un contexte culturel différent, les enjeux humains, politiques, économiques et la vie d’une communauté étrangère dans la démarche de l’intégration et la coopération internationale.

La communication interculturelle cherche maintenant à modifier le comportement du destinataire de l’information, créer l’acceptation des valeurs, normes et le rendre actif dans le processus de communication afin de prévenir les dysfonctionnements, les malentendus, les situations bloquées ou la dévalorisation d’une culture active dans une cohabitation ou d’un travail collectif.

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Question 6 : Il existe différentes échelles de valorisation des différences culturelles. Expliquez-les à l’aide d’exemples concrets.

Une différence culturelle implique toujours une échelle de valorisation, une « hiérarchisation » de différences. Les échelles de valorisation sont des indicateurs de distance entre individus ou groupes sociaux. Ces distances renvoient à des différences systématiques dans les cadres de référence des acteurs impliqués dans une communication.

Par exemple :

Echelle de la distance subjective quantifiée :

Mode de calcul défini et vu comme un référent commun à un groupe social : la façon japonaise de compter sur les doigts en partant de l’index.

Panel de mots pour qualifier ou quantifier : beaucoup, peu, pas du tout. « Attention il est presque 07H30 ! », En réalité il est 07H10.

Echelle de la distance épistémique

Ce qui est évident, admis, logique, réfutable ou prouvé pour l’individuLa théorie de l’évolution réfutée par certains groupes chrétiens.

L’échelle de la distance morale

Ce qui est acceptable, tolérable ou non pour l’individu Poids de la religion et des dogmes.

L’échelle de la distance émotionnelle, affective

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Ce qui est drôle, touchant, révoltant, comique, ennuyeux, sérieux, dramatique… Subjectivité de l’individu, on ne rit pas tous aux mêmes blagues.

Question 7 : Expliquez le terme « Compétence Interculturelle » et produisez des exemples concrets.

La compétence interculturelle est une technique, un savoir –faire pour informer, renseigner, enseigner dans un contexte à forte diversité culturelle.Elle peut se caractériser sous différentes formes : une communication quotidienne dite « naturelle », une communication directe ou médiatisée, personnelle ou publique, ou bien directive ou participative.

De plus, elle s’appuie aussi bien sur la parole (communication digitale, processus basé sur la réflexion) que sur la communication non verbale, (dite analogique, tous les signes non raisonnés qui permettent cependant d’envoyer des messages, la gestualité).

Les supports écrits, numériques, audiovisuels, les événements sont aussi des concrétisations possibles de la communication interculturelle.

En quelques mots, la compétence interculturelle réside dans les différences culturelles entre les participants et c’est ce facteur décisif qui favorise la réussite de la communication.

La compétence interculturelle correspond donc à un ensemble d’aptitudes analytiques et stratégiques qui élargissent l’éventail des interprétations et d’actions de l’individu dans son interaction interpersonnelle avec des membres d’autres cultures.

Repérer le contexte de communication, la communication verbale et non-verbale composent aussi le champ des compétences interculturelles. Analyser une communication permet de prendre le temps d’observer tout en alliant les compétences théoriques acquises autour d’un savoir dit plus théorique.

La compétence interculturelle qui nous semble la plus importante est celle autour du décentrement. La faculté à se décentrer pour essayer d’appréhender la communication et donc le contact avec les autres sous différents angles. Ce décentrement permettrait

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d’identifier ses propres mécanismes et donc d’éviter d’évoluer dans un simple ethnocentrisme.

La compétence interculturelle se développe avant tout aussi autour de la faculté d’empathie. Essayer de se mettre à la place de l’autre.