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Peut-on prévenir le suicide ?
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Conférence donnée par le Pr Jean-Louis Terra
Vendredi 25 septembre 2009
amSn - Service de santé au travail
Bois-Guillaume
25/09/09 amSn Bois-Guillaume- Pr JL Terra
25/09/09 amSn Bois-Guillaume- Pr JL Terra
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APA : Practice Guideline for the Assessment and Treatment of Patients
With Suicidal Behaviors(American Journal of Psychiatry, 2004)
• Suicide : mort auto-infligée avec la preuve (explicite ou implicite) que la personne avait l’intention de décéder
• Tentative de suicide : comportement auto-agressant avec une issue non fatale et la preuve (explicite ou implicite) que la personne voulait mourir
• Tentative de suicide interrompue : comportement potentiellement auto-agressant et la preuve (explicite ou implicite) que la personne voulait mourir mais a stoppé avant un dommage corporel
• Idéation suicidaire : penser que le suicide comme le moyen de sa propre mort. La sévérité de l’idéation suicidaire varie selon l’intentionnalité suicidaire et sa programmation
• Automutilation : s’infliger de pleine volonté des actes douloureux, destructifs et préjudiciables sans l’intention de se donner la mort
• Reste la question de la mise en danger intentionnelle sans intention de se donner la mort, ou sans intention de se donner la mort à coup sûr
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Le problème
• En baisse depuis 1993, les dernières données nationales sont 12 529 décès en 1985 (23,2 p.100 000), 10 849 en 2000, 10 423 en 2006 (16 p.100 000)
• 1600 par armes à feu, moins de 1000 par médicaments• Plus de 60 000 endeuillés• 160 000 tentatives de suicide par an• DES CAUSES MULTIPLES• PAS DE SOLUTION UNIQUE• IMPOSE UNE POLITIQUE DE PETITS PROGRES OU
CHACUN AVEC LA COLLECTIVITE PEUT ETRE ACTEUR
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Une mobilisation longue à se dessiner
• Années 70 : associations• Années 80 : épidémiologie• Années 90 : priorité de santé publique• 1997 : conception d’un programme• 2000 : annonce d’une stratégie nationale• 2001-2005 : circulaires ministérielles pour généraliser les
actions• Prévention en milieu pénitentiaire plans en 2003 et 2009• Loi de santé publique 9 août 2004• 2009 nouveau plan en préparation
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>85
H
F
Taux de mortalité par suicideNombre annuel de décès / 100 000 individus de la tranche d’âge
Programme National de Prévention du Suicide
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H
F
Part du suicide dans la mortalité % de l'ensemble des décès de la tranche d'âge France métropolitaine (FNORS) - Taux moyen annuel (1995-97)
Programme National de Prévention du Suicide
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Rapport entre la prévalence annuelle de suicide, de tentative de suicide et
d’idéation suicidaire(d’après A. Lesage et INPES)
• Idéation : 5900 pour 100 000 personnes
• Détection-protection• Tentative : 300 pour 100 000
personnes• Détection-protection• Suicide : 17 pour 100 000
personnes
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8SIDEES
TENTATIVE
UN MODELEPOUR S’ENTENDRE
POURAGIR
ET POURET POUREVALUEREVALUER
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Crise suicidaireSource : Fédération Française de Psychiatrie. La crise suicidaire : reconnaître et prendre en charge.
Paris : John Libbey Eurotext ; 2001, p.422.
• Période où, pour un sujet donné, le suicide devient une solution pour mettre fin à sa souffrance actuelle
• Elle ne veut pas mourir, elle veut arrêter de souffrir
• Cette période marquée par la souffrance et la tension dure souvent de 6 à 8 semaines
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Reconnaître l’état de crise Source : Fédération Française de Psychiatrie. La crise suicidaire : reconnaître et prendre en charge.
Paris : John Libbey Eurotext ; 2001, p.422.
• La personne est submergée par les émotions• La tension émotive provoque un épuisement des
ressources cognitives• La perception de la réalité est embrouillée • Elle n’arrive plus à trouver des solutions à ses difficultés• Elle peut se tourner vers des solutions inadaptées, tant
elle est démunie ou empressée à trouver un apaisement
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Comment désamorcer une crise suicidaire avant la phase aiguë ou le passage à l’acte?
La progression de la crise :
État de crise
État de
vulnérabilité
État
d’équilibre
Désorganisation Récupération
Phase aiguë - Passage à l ’acte
Temps
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Modèle de la crise suicidaire
Solution
Suicide
SuicideSuicide
Suicide
Passage àl ’acte
RuminationsMessages verbaux
CristallisationPlan suicidaire
Recherchede moyens
Idées fréquentesBaisse d ’estime
de soi
FlashMessagesindirects
Rechercheactive de solutions
Solution
Solution
Solution
Solution
SolutionSolution
?? ?
Solutions inefficaces ou inadéquates
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LE POTENTIEL SUICIDAIRE : RISQUE, URGENCE, DANGEROSITE
Souffrances durableset insoutenables
Idées de suicide
Intention
Programmation
Mise en œuvre
Tentative de suicide
Décès
Pensées Velcro®
retardant ou bloquant la crise suicidaire
Facteur de risque
Facteur de protection
RISQUE
Moyen de suicide :Létalité x accessibilité
DANGEROSITE
URGENCE
Etapes-clé de l’intervention
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1. Établissement d’un lien de confiance entre l’intervenant et la personne
suicidaire Source : manuel du formateur à l’intervention de crise suicidaire, 2001
• Une question d’attitude• La voix douce et grave• Suivre le rythme de la personne• Poser des questions ouvertes et éviter les
pourquoi• Ne pas penser aux solutions trop tôt pour être
réellement à l’écoute
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2. Encourager l’exploration et l’expression des émotions afin de
diminuer la détresse Source : manuel du formateur à l’intervention de crise suicidaire, 2001
• Aborder les émotions et les valider• Identifier les sphères de la vie qui sont
touchées• Mettre des mots autour d’une souffrance
avant de passer à une autre• A l’origine de ces souffrances se
retrouvent souvent les facteurs de risque de suicide
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Les souffrances fondamentalesSource : - Shea SC. La conduite de l’entretien psychiatrique, l’Art de la compréhension, Magne A (traduction). Elsevier Masson, Paris, 2005.
• Peur de la solitude• Peur d’être sans valeur• Peur d’un rejet imminent, d’un abandon• Peur de l’échec• Peur de perte du contrôle externe : impuissance face
aux événements• Peur de perte du contrôle interne : peur face aux
pensées, hallucinations, impulsions• Peur de l’inconnu
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Les souffrances fondamentalesSource : - Shea SC. La conduite de l’entretien psychiatrique, l’Art de la compréhension, Magne A (traduction). Elsevier Masson, Paris, 2005.
• Elles ont plusieurs origines : psychopathologie, événements de vie, crise suicidaire par elle-même
• Dans la dépression, tenir compte de :• La constriction de la crise (vision en tunnel)
• L’encagement de la pensée, la polarisation de la pensée
• Perte d’espoir, conviction que rien ne peut changer
• Impuissance à penser, à dire, à faire
• L’anxiété sévère, l’agitation
• L’humiliation, la honte, les situations ou propos menaçants
• La vulnérabilité narcissique extrême
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3. Évaluation rapide et efficace du risque, de l’urgence et de la dangerosité du scénario
suicidaire Source : Fédération Française de Psychiatrie. La crise suicidaire : reconnaître et prendre en
charge. Paris : John Libbey Eurotext ; 2001, p.422.
• Le risque : le poids des facteurs de risque (risque de décès dans les 2 ans) atténué par les facteurs de protection
• La connaissance des facteurs de risque de la personne de permet d’identifier les sphères de souffrance
• Indispensable pour connaître la personne• Ne pas oublier que le suicide est relationnel
(conflits, pertes, menaces…)
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Les facteurs de risqueSource : Fédération Française de Psychiatrie. La crise suicidaire : reconnaître et prendre en
charge. Paris : John Libbey Eurotext ; 2001, p.422.
• L’enfance– Relation d’attachement– Evénements de vie– La violence subie : morale, physique, sexuelle
• La psychopathologie– Dépression, abus de substance, schizophrénie, trouble de la
personnalité…• Les événements de vie durant la dernière année• Les personnes ont souvent 10 à 15 facteurs de risque
lorsqu’elle sont obligées d’avoir recours à des soins psychiatriques (Source : Pacaut-Troncin M, Potakian S, Aussudre J, et al. Evaluation du potentiel suicidaire des personnes prises en charge par un secteur de psychiatrie : premiers résultats d’une étude transversale. La Revue Française de Psychiatrie et de Psychologie Médicale, 2005 : 9.0 – 90 : 5-8.
• Le risque est lié à l’association de plusieurs facteurs de risque
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Facteurs de risque Source : Gunnell G, Frankel S. Prevention of suicide : aspirations and evidence.
Br Med J, 1994, 308 (6938) : 1227-1233.
Groupe RR * %suicide
Trouble psychiatrique actuel ou ancien x10 50
Contact actuel ou récent avec psychiatrie 25
4 semaines après la sortie Fx100 10-15
Hx200
Antécédents de tentative de suicide x10-30 30-47
Antécédents familiaux de suicide x 4
RR = risque relatif
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Facteurs de risque liés aux troubles mentaux
Source : Gunnell G, Frankel S. Prevention of suicide :aspirations and evidence. Br Med J, 1994,
308 (6938) : 1227-1233.
Abus d’alcool x 20
Dépression x 20
Trouble bipolaire x 28
Schizophrénie x 8
Trouble de la personnalité x 7
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Quelques caractéristiques
• Les taux de décès sont plus faibles que chez les adultes (1/100 000 pour les 10-14 ans et 7/100 000 entre 15-19 ans)
• Les tentatives de suicide sont plus fréquentes (8% dont 2% avec conséquences médicales sérieuses) ainsi que les idéations suicidaires (16%)
• Le ratio idéation-suicide est très élevé >2000
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Quelques caractéristiques
• Les troubles du comportement sont un facteur de risque• Les troubles psychotiques sont moins fréquents• La contagion suicidaire plus importante• Bien que fréquentes, les idées sont plus facilement niées
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Quelques facteurs à ne pas négliger
• Personnalités – Dominatrices et actuellement épuisées– Dépendants insatisfaits– En symbiose avec un être cher
• La négligence de l’entourage– Tentative découverte tardivement– Souhait de disparition
• Tonalité humaniste– Seule façon d’aider la famille
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Suicide et actes de violence en cas de psychose (Junginger,1990)
• Psychose– Voix impérieuses– Gestes auto imposés– Hyper religiosité– Vengeance– Emprise extérieure (un double qui dirige)
– Sur 20 patients, 8 ont cédé à leurs hallucinations
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Proposition de grille pour évaluer le risque
Facteurs individuels
Facteurs familiaux
Facteurs psychosociaux
Facteurs judiciaires
Facteurs pénitentiaires
Antécédent personnel de TS
Troubles de la personnalité avec impulsivité, réaction de colère, rigidité de la pensée, agressivité
Existence de conflits avec les proches
Dépendance à l’alcoolet/ou aux drogues
Dépression, psychose
Sévices physiques et/ou sexuels durant l’enfance
Abandon et ou placement
Antécédents familiaux de suicide
Isolement social et affectif
Position sociale
Pertes et séparations
DeuilEndeuillé par suicide
Contexte de contagion de suicide
Faits reprochés de nature criminelle
Prévenu
Confrontation aux victimes
Reconstitution
Procès
Sentence
Refus de libération conditionnelle
Nouvelle affaire
Primo incarcération
Placement en prévention au QDPlacement au QD
Se sent menacé
Transfèrement pour motif disciplinaire
Eloignement familial dû à un transfèrement
Peine supérieure à 20 ans
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3. Évaluation de l’urgenceSource : LeBlanc L, Séguin M, L’intervention en situation de crise : la conduite de l’entretien in
Intervention en situation de crise et en contexte traumatique, dir. Séguin M, Brunet A, LeBlanc L, Montréal : Gaëtan Morin eds, 2006: 31-54
Degré de progression du processus suicidaire : idées, intention, programmation, mise en œuvre
• Aborder directement les intentions suicidaires« Est-ce que vous souffrez au point de vouloir vous tuer ? »« Est-ce que vous avez pensé à la manière dont vous
pourriez vous suicider ? » Si oui : explorer le « couloir de la mort » et rechercher les
« pensées Velcro® »« Avez-vous pensé quand le faire ? »
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Proposition de grille d’évaluation de l’urgence
Source : Terra J L. (2003) Prévention du suicide des personnes détenues, évaluation des actions mises en place et propositions pour développer un programme complet de prévention
Rapport de mission à la demande du garde des Sceaux, ministre de la Justice et du ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes, 222 p.
URGENCE 1 2 3 4 5 6 7 8 9 NE
CONTENU Idées
diffuses
Idées
fréquentes
Idées
Fréqu
entes
et quotidiennes
Seule ou
principale solu
tion
Projet
> 48h
Projet
< 48h
Pro
jet
immédiat
Tenta
tive en cours
ou
stoppée
Décès
C1
C2
C3
C4
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3. Évaluation de la dangerositéSource : Terra J L, La souffrance psychique : le suicide in Traité de santé publique
coordonné par Bourdillon F, Brûcker G, Tabuteau D. Médecine-Sciences Flammarion ed, Paris, 2004 : 324-328.
Létalité du moyen de suicide couplée à l’accessibilité– Un exemple trop fréquent : les armes à feu– Une arme tue les personnes du foyer– Multiplie par 5 le risque de suicide– Ce risque est réduit à 2.7 si elle est bien entreposée– La létalité est considérable, supérieure à 90% et les
séquelles considérables• Chaque année, en France, les armes donnent
environ la mort à 1600 personnes par suicide
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4. Évaluation du facteur précipitant Source : LeBlanc L, Séguin M, L’intervention en situation de crise : la conduite de
l’entretien in Intervention en situation de crise et en contexte traumatique, dir. Séguin M, Brunet A, LeBlanc L, Montréal : Gaëtan Morin eds, 2006: 31-54
• Identifier les dernier événement qui a augmenté la détresse
• L’intervention va consister à atténuer cet événement pour obtenir une petite diminution de la souffrance
• Et identifier le ou les événements qui pourraient survenir dans les heures ou jours suivants (« déminage de l’agenda personnel »)
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Stratégies et séquences d’intervention
Source : LeBlanc L, Séguin M, L’intervention en situation de crise : la conduite de l’entretien in
Intervention en situation de crise et en contexte traumatique, dir. Séguin M, Brunet A, LeBlanc L, Montréal : Gaëtan Morin eds, 2006: 31-54
5. Formulation de la crise
Il s’agit d’une réelle compréhension empathique et évolutive de la
crise en incluant tous ses déterminants
6. Briser l’isolement, soutenir la famille et les proches, et mettre en
place des structures de protection auprès de la personne suicidaire
L’intervention vise à mobiliser l’ensemble des personnes qui peuvent
donner le goût de la protection ou protéger la personne. Le dispositif
de psychiatrie et de santé mentale est un parmi les autres.
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Stratégies et séquences d’intervention
Source : LeBlanc L, Séguin M, L’intervention en situation de crise : la conduite de l’entretien in
Intervention en situation de crise et en contexte traumatique, dir. Séguin M, Brunet A, LeBlanc L, Montréal : Gaëtan Morin eds, 2006: 31-54
7. Arrêt du processus autodestructeur et établissement d’ententes
avec la personne suicidaire afin d’assurer un suivi, du moins à
court ou à moyen terme
Limiter l’accès aux moyens du suicide, ne pas laisser la
personne seule, favoriser son engagement, organiser la
protection sur 6 à 8 semaines
8. L’après-crise
Le temps des soins en cas de psychopathologie, la prise en
charge des facteurs de risque (médical, psychologique, social)
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Recommandations APA (2003)
• Hospitalisation généralement indiquée après une tentative de suicide réalisée ou interrompue si :
• Patient souffrant de psychose• Geste violent, presque létal, ou prémédité• Précautions pour éviter les secours ou la découverte• Intention ou programmation encore présentes • Détresse aggravée après le geste ou regrets de survivre• Homme de plus de 45 ans au début d’un trouble mental ou première crise
suicidaire• Entourage ou support social limités incluant l’absence de stabilité des
conditions de vie• Comportement impulsif, agitation importante, difficulté de jugement ou refus
d’aide• Participation métabolique, toxique ou infectieuse• ET dangerosité élevée (moyen) et intention suicidaire forte (urgence)
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Recommandations APA
• La sortie des urgences sans hospitalisation est possible si :• Crise suicidaire liée à des événements précipitant (échec à un examen, difficultés
relationnelles) et surtout lorsque le patient a changé de vision depuis son admission aux urgences
• Dangerosité faible (moyen)• Support social solide et stable• Patient capable de suivre les recommandations thérapeutiques
• Le suivi ambulatoire peut être plus bénéfique que l’hospitalisation si : • Le patient a des idées de suicide chroniques, réalise des automutilations sans
antécédents de tentative grave et si un soutien social de bonne qualité et stable est disponible
• Evaluer le rapport risques/bénéfices d’hospitaliser versus ne pas hospitaliser, le documenter dans le dossier du patient et écrire le raisons de notre décision
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Conclusions
• Le levier d’intervention est la diminution de la souffrance psychique
• Il est nécessaire de réaliser de très nombreuses actions de prévention pour éviter un seul décès
• La formation d’un grand nombre d’intervenants est essentielle
Des exemples d’actions et de programmes
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Campagnes de sensibilisation et d’information
• Reconnaître les signes et les causes du suicide, la recherche d’aide des personnes suicidaires, éviter la stigmatisation des personnes souffrant de maladie mentale
• Ces campagnes sont populaires et rarement évaluées• Population générale : campagne d’information sur la dépression
(Allemagne, USA, Australie, Nouvelle Zélande, France)• L’INPES (Institut national de prévention et d’éducation à la santé) « La
dépression chez l’adulte : en savoir plus pour s’en sortir » (2007) www.info-depression.fr
• Résultats modestes dans les écoles• Pas de résultat convaincant sur les taux de suicide, le nombre de personnes traitées
pour dépression, le taux d’utilisation des antidépresseurs mais changements dans les comportements face aux maladies mentales
• Baisse cependant de 18% dans les 9 mois suite à une campagne en Allemagne (Lehfeld, 2004)
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Prévenir le suicide chez les 14-18 ans : intervention sélective et directe
Evaluation et formation pour le soutien des élèves à risque de suicide
Intervention (Suicide Prevention Resource Center, 2005) :
1. Sessions de conseil face à face avec évaluation du potentiel suicidaire (2 heures) et séance sur la recherche de motivations (2 heures) réalisées par les C-Care (conseillers en soins)
2. CAST (Coping and Support Training) : formation en petits groupes sur la gestion de l’humeur, le contrôle et l’usage des drogues, la performance scolaire (12 sessions)
• Résultats : baisse de l’idéation suicidaire, réduction de la colère et de l’anxiété, meilleurs résultats pour les filles
• Figure au registre de l’Evidence-based Suicide Prevention Programs comme stratégie EFFECTIVE (selective, indicated)
• Un programme avec les parents permet de rendre plus sûre la maison pour les médicaments, l’alcool et pour les armes à feu de 63% à 0%
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Que peuvent faire les collègues de travail ?
Source : Suicide Prevention Suicide
• C’est une situation effrayante que de considérer qu’un collègue puisse mettre fin à ses jours
• Reconnaître les signes avant-coureurs• Evoquer la mort, le suicide : « Je vais en finir »• Isolement• Expression de désespoir• Négligence• Baisse inexpliquée du travail• Dons• Amélioration soudaine et inexpliquée
• Répondre à ces signes• Poser les questions directement si on est à l’aise• Si oui : recherche d’aide immédiate• Ne pas laisser la personne seule• Si pas à l’aise avec ce collègue en faire part à un autre immédiatement
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Que les employeurs peuvent-ils faire pour prévenir le suicide ?
• Reconnaître les signes d’alerte• Répondre aux signes d’alerte• Rechercher une aide professionnelle • Si un suicide se produit : décliner les actions de postvention• Pour ceux qui ont découvert la scène
• Ceux qui ont porté secours
• L’annonce aux proches
• L’annonce aux collègues
• L’annonce à l’institution ou à l’entreprise
• L’accompagnement des endeuillés
• Identifier les personnes avec un stress aigu ou modéré temporaire
• Identifier les personnes déjà suicidaires pour limiter la contagion
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U.S. Air Force Program : intervention universelle
Programme complet et étendu pour augmenter les facteurs de protection chez les personnes qui travaillent pour l’U.S. Air Force
Actions (Suicide Prevention Resource Center, 2005) :
1. Promouvoir la sensibilisation aux facteurs de risque de suicide
2. Informer sur les services de santé mentale (psychiatrie)
3. Réduire la stigmatisation liée à la recherche d’aide
Résultats : réduction de 33% du risque de suicide, diminution des homicides (-51%), des morts accidentelles (-18%) et de la violence familiale
Figure au registre de l’Evidence-based Suicide Prevention Programs comme stratégie prometteuse (universal)
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Efficacité de la réduction de l’accès aux moyens de suicide (Mann J. J.et al, Suicide Prevention
Strategies: A Systematic Review JAMA, October 26, 2005- Vol 294,n°16, 2064-74)
• Réduction de la toxicité du gaz de ville et des gaz d’échappement des véhicules à moteur
• De l’accès aux herbicides, pesticides• De l’accès aux médicaments (taille des blisters : paracétamol) et
réduction de la toxicité antidépresseurs• De l’accès aux ponts, édifices élevés, voies des métros
• Stratégies pour les armes à feu :• Stockage sécurisé efficace (Grossman, JAMA : 2005)• Limitation des autorisations de détention• Rachat des armes inutiles (Australie)• Délai et enquête à l’achat (Canada)• Retrait temporaire en cas de crise suicidaire
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Les gatekeepers Suicide Prevention Gatekeeper Trainings Matrix (Suicide
Prevention Resource Center www.sprc.org)
• Les interventions centrées sur les professionnels et non professionnels qui dans les organisations sont en contact direct avec les personnes vulnérables ont été étudiées
• Ces gatekeepers sont très divers : clergé, pharmaciens, aidants professionnels en gériatrie, employés dans les écoles, mairies, prisons, armées…
• Les programmes : détection des facteurs de risque, favoriser la recherche d’aide, disponibilité des ressources, réduction de la stigmatisation liée à la recherche de ressources
• Les programmes évalués avec diminution du suicide : Norwegian Army et US Air Force
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Médecins généralistes
• Il existe un potentiel pour mieux diagnostiquer la dépression et d’autres troubles mentaux
• La prévention est possible car la plupart des personnes décédées par suicide ont consulté un généraliste avant leur décès
• Les personnes dépressives et décédées par suicide ne recevraient pas un traitement adéquat dans 80% des cas (Henriksson, 2001*)
• Des études ** ont montré que des programmes pour la dépression et l’évaluation du potentiel suicidaire étaient efficaces ( Suède, Hongrie, Japon, Slovénie, UK, USA, Australie, Irlande du Nord) et d’autres n’ont pas identifié de changement (UK, USA, Brésil)
• * Henriksson S. , Boethius G., Isacsson G. Suicides are seldom prescribed antidepressants: findings from a prospective prescription database in Jamtland county, Sweden, 1985-1995. Acta Psychiatr Scand. 2001 ; 103: 301-306.
• **Mann J. J.et al, Suicide Prevention Strategies: A Systematic Review JAMA, October 26, 2005- Vol 294,n°16, 2064-74
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Prévention du suicide dans les établissements pénitentiaires
français• Nombre de suicides supérieur à 100 depuis 1992 avec un maximum
à 136 en 1996• 17 recommandations suite à une mission en 2003 avec un objectif
de diminution de 20 % dans les 5 ans• 13000 personnes formées grâce au programme de la Direction
générale de la santé et de l’Administration pénitentiaire• Mise en place de commissions de prévention du suicide• Mise en place d’un document d’évaluation• Résultat atteint en 2006 et 2007 avec 93 et 96 décès • Le taux a évolué de 22,8 en 2002 (année de référence) à 15,5 en
2006• Dégradation du résultat en 2008 et début 2009 : plan réactualisé
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La stratégie 2006-16 de la Nouvelle-Zélande *
* http://www.moh.govt.nz/suicideprevention
Une vision : valeur de la vieDes buts : réduire le taux de suicideDes principes : être fondé sur des preuves scientifiquesSept objectifs :1. Promouvoir la santé mentale, le bien-être2. Améliorer les soins des personnes souffrant de troubles
mentaux3. Améliorer les soins des personnes ayant réalisé une tentative
de suicide non fatale4. Réduire l’accès aux moyen du suicide5. Relater de façon saine le suicide dans les médias6. Soutenir les familles affectées par un suicide ou une tentative
de suicide7. Améliorer l’évaluation des actions et des résultats
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S’organiser pour intervenir en cas de crise suicidaire
• Première ligne : détection– Tous– Des évaluations systématiques– Signaler– Ne pas abandonner
• Deuxième ligne : construction de la protection– Pilotage sanitaire et social – Durée 6 à 8 semaines– Privilégier la protection active versus passive
• Troisième ligne : recours en cas d’échec de la ligne précédente et/ou de pathologie mentale sévère– Services spécialisés, soins sans consentement
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