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Non classifié TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL Organisation de Coopération et de Développement Économiques Organisation for Economic Co-operation and Development 29-Oct-2008
___________________________________________________________________________________________
_____________ Français - Or. Anglais DIRECTION DES ÉCHANGES ET DE L’AGRICULTURE
COMITÉ DES ÉCHANGES
Groupe de travail du comité des échanges
PROJET SUR LES ECHANGES ET L'INNOVATION
ETUDE DE CAS N°1 : OUVERTURE DU MARCHE, LIBERALISATION DES ECHANGES ET
CAPACITE D'INNOVATION DANS L'INDUSTRIE FINLANDAISE DES EQUIPEMENTS DE
TELECOMMUNICATIONS
Document de travail de l'OCDE sur la politique commerciale N°73
par Caroline Lesser
JT03254086
TA 88211
Document complet disponible sur OLIS dans son format d'origine
Complete document available on OLIS in its original format
TA
D/T
C/W
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008)6
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2/A
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classifié
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TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
2
RÉSUMÉ
Les pouvoirs publics sont désireux de comprendre comment promouvoir l’innovation et les retombées qui
l’accompagnent, comme en témoignent les discussions du Conseil de l’OCDE au niveau des Ministres de 2007. Le
Comité des échanges de l’OCDE a ainsi décidé d’engager un « projet sur les échanges et l’innovation » afin de mieux
comprendre comment les structures et les politiques en matière d’échange et d’investissements internationaux
affectent la capacité d’innovation d’un pays, et interagissent avec les autres politiques clés ayant une incidence dans
ce domaine.
Cette étude fait partie d’une série de cinq études de cas réalisées dans le cadre de ce projet. Il examine
comment les évolutions récentes en matière de commerce international et d’investissements internationaux
(notamment les « échanges de tâches » induits par la fragmentation des chaînes d’approvisionnement) et les politiques
finlandaises et mondiales en faveur de l’ouverture des marchés et du libre-échange ont affecté les processus
d’innovation dans l’industrie finlandaise des équipements de télécommunications mobiles. L’étude illustre
notamment comment certaines politiques en matière de réglementation, d’échange et d’investissement ont permis––
parallèlement à d’autres politiques clés –– de créer des conditions-cadres adéquates pour l’innovation dans ce pays
de 5.2 millions d’habitants. Par ailleurs, elle examine la façon dont le secteur privé, et plus particulièrement Nokia, a
tiré parti de ces conditions pour améliorer sa capacité d’innovation. Cette étude ne constitue pas une évaluation
approfondie de l’efficacité des politiques publiques finlandaises ni de la stratégie d’entreprise de Nokia. Il s’agit
plutôt d’illustrer la façon dont certains choix de politique publique et certaines stratégies commerciales peuvent
contribuer aux performances d’innovation d’un pays.
Mots-clés : Innovation, réforme des échanges, échanges intra-industriels, investissement direct étranger (IDE),
déréglementation, Finlande, Nokia, industrie des équipements de télécommunications mobiles, technologie de
l’information et des communications (TIC), investissement dans la R-D, accord sur les technologies de l’information.
REMERCIEMENTS
Cette étude a été rédigée par Madame Caroline Lesser, de la Direction des échanges et de l’agriculture de
l’OCDE, sous la supervision de M. Anthony Kleitz, de la Division des questions de libéralisation des échanges et
réglementation. L’auteur souhaite remercier les personnes suivantes pour leur aide précieuse et leur contribution à
cette étude : M. Frédéric Bourassa, Direction de la science, de la technologie et de l’industrie de l’OCDE ; M. Okko-
Pekka Salmimies, Conseiller auprès du Ministre, Chef-adjoint de la mission de la Délégation permanente de Finlande
auprès de l’OCDE ; M. Pekka Ylä Anttila, Directeur de recherche, Institut de recherche sur l’économie finlandaise
(ETLA) et M. Esa Kaunistola, Directeur chargé de la politique commerciale, Nokia Corporation. L’auteur remercie
également chaleureusement M. Osamu Onodera, analyste principal des politiques des échanges dans la Division
chargée des questions de libéralisation des échanges et réglementation, et M. Sébastien Miroudot, analyste des
politiques commerciales dans la Division sur les liens en matière de politique commerciale et de services de la
Direction des échanges et de l’agriculture de l’OCDE, qui ont revu le document et formulé d’utiles suggestions.
Toutes les erreurs et omissions sont néanmoins de la seule responsabilité de l’auteur.
Le Groupe de travail du Comité des échanges de l’OCDE a examiné cette étude et a décidé de diffuser plus
largement ces conclusions par une déclassification sous sa propre responsabilité. L’étude est disponible sur le site
web de l’OCDE en anglais et en français : http://www.oecd.org/trade
Copyright OECD, 2008
Toute demande d’autorisation de reproduction ou de traduction de tout ou partie de ce document doit être
adressée à : Publications de l’OCDE, 2 rue André Pascal, 75775, Paris Cédex 16, France
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
3
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS 2
SYNTHÈSE 4
I. Introduction 9 1.1 Contexte 9 1.2 Objectif, structure et méthodologie 9
II. La transformation de la Finlande en une économie du savoir 10 2.1 Les mutations structurelles dans l’économie 10 2.2 L’émergence d’un pôle compétitif de l’industrie des équipements de télécommunications et de
la téléphonie mobile 11 2.3 L’activité d’innovation accrue dans le secteur privé 14
III. Capacité nationale d’innovation : le rôle des politiques publiques en Finlande 15 3.1 La Finlande, un précurseur dans l’industrie de la téléphonie mobile 15 3.2 L’ouverture accrue du marché des télécommunications 16 3.3 Les autres choix importants en matière d’action publique 23
IV. Les stratégies d’entreprise performantes : l’exemple de Nokia 28 4.1 L’évolution de l’entreprise 28 4.2 La stratégie d’entreprise mondiale tournée vers l’avenir 30
V. Conclusions et perspectives pour l’avenir 37 5.1 Principaux résultats 37 5.2 Enjeux à l’horizon 39
RÉFÉRENCES 41
ANNEXE I 44
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
4
SYNTHÈSE
1. L’innovation désigne un processus mettant en relation la connaissance et la technologie avec
l’exploitation des débouchés sur le marché pour des produits, services et procédés commerciaux nouveaux
ou améliorés par rapport à ceux déjà disponibles sur le marché. Les pouvoirs publics désirent actuellement
mieux comprendre comment ils peuvent promouvoir l’innovation et les retombées qui l’accompagnent,
comme en témoignent les discussions de la réunion du Conseil de l’OCDE au niveau des ministres de
2007. De ce fait, afin de mieux comprendre comment les politiques et la structure des échanges et des
investissements internationaux affectent la performance d’un pays en matière d’innovation, et interagissent
avec d’autres politiques clés ayant une incidence sur les « conditions-cadres » de l’innovation, le Comité
des échanges de l’OCDE a décidé d’entreprendre un « projet sur les échanges et l’innovation ». Ce
document fait partie d’une série de cinq études de cas demandées dans le cadre de ce travail. Son objectif
est d’illustrer comment certaines politiques finlandaises et mondiales visant à promouvoir l’ouverture du
marché et la libéralisation des échanges et des investissements ont influé sur le processus d’innovation
dans l’industrie finlandaise des équipements de télécommunication (mobiles), et plus particulièrement au
sein de Nokia.
2. La Finlande est un pays qui est parvenu, dans un délai relativement court, à passer d’une
économie d’exploitation de ressources à une « économie du savoir ». Elle a notamment développé une
forte spécialisation sectorielle dans la production et l’exportation d’équipements de télécommunications.
En 2005, les exportations de ce secteur représentaient 8.4 % du PIB du pays. L’essor relativement rapide
de cette branche s’est accompagné de la création d’un pôle compétitif (« cluster ») spécialisé dans les
technologies de l’information et de communication (TIC) et la téléphonie mobile, qui a encouragé la
coopération, l’apprentissage et le transfert de technologies entre un large éventail d’entreprises nationales
et étrangères, de prestataires de services, d’établissements académiques et de recherche et d’autorités
publiques de certification et de normalisation. Ce pôle –– qui est fortement dominé par Nokia –– a servi de
principal moteur de l’innovation en Finlande, aidant également les petites entreprises à participer dans les
processus d’innovation.
Capacité nationale d’innovation : le rôle des politiques publiques finlandaises
3. La capacité d’innovation d’un pays est en partie conditionnée par son degré de sophistication
technologique antérieur, mais elle est aussi le résultat d’une série de choix de politique publique qui
incitent (le secteur privé) à la recherche et au développement (R-D), à la productivité accrue et à la
commercialisation de produits et services. Les politiques publiques finlandaises ont aidé à dynamiser
l’activité d’innovation dans l’économie, et plus particulièrement dans le secteur des équipements de
télécommunications, en exposant les entreprises à un éventail d’incitations et en mettant en place des
conditions-cadres appropriées pour l’innovation.
4. Au début des années 70, l’opérateur finlandais des postes, télégraphe et téléphone (PTT), qui était
détenu par l’État, a notamment élaboré la norme NMT (Nordic Mobile Telephony), en collaboration avec
les PTT suédoises, norvégiennes et danoises, faisant ainsi de la Finlande le premier pays au monde à lancer
un réseau numérique pour les communications mobiles. En 1991, le successeur du NMT, le GSM (Global
System for Mobile communications), était lancé pour la première fois en Finlande. Celui-ci est devenu par
la suite la norme européenne pour les télécommunications mobiles. De ce fait, Nokia et les autres
fournisseurs nordiques d’équipements de télécommunications ont bénéficié des avantages liés à leur
situation de précurseur dans l’industrie mondiale des télécommunications mobiles. De plus, au milieu des
années 80, soit bien avant ses voisins européens, la Finlande a commencé à déréglementer son secteur des
télécommunications, induisant ainsi la mise en place d’un système décentralisé d’opérateurs de
télécommunications (finlandais et sous contrôle étranger). L’augmentation de la concurrence a, à son tour,
encouragé l’amélioration des différents composants du réseau de télécommunications et a incité les
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
5
entreprises participant au pôle de la téléphonie mobile à introduire tout un éventail de solutions et
d’innovations technologiques.
5. Après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, la Finlande a réorienté ses échanges
commerciaux vers l’ouest. En 1995, elle a rejoint l’Union européenne (UE) et son marché unique, ce qui
s’est traduit par la levée des barrières aux échanges et à l’investissement et une augmentation substantielle
des volumes d’échanges avec les autres pays membres de l’UE. Les échanges d’équipements de
télécommunications intermédiaires et finis, notamment, ont été facilités entre la Finlande et ses partenaires
commerciaux européens, grâce à l’harmonisation des réglementations et des spécifications techniques
« essentielles » sur les produits, et l’introduction de la Déclaration de conformité du fournisseur de l’UE
(« SDOC ») pour les équipements et pièces électriques et de télécommunications. En tant que membre de
l’UE, la Finlande a également bénéficié des accords d’échanges régionaux et des accords de
reconnaissance mutuelle conclus entre la Commission européenne et des partenaires commerciaux tiers ––
dont beaucoup reconnaissent les évaluations de conformité des équipements et pièces électriques et de
télécommunications réalisées dans les pays exportateurs –– permettant ainsi une réduction des obstacles
non tarifaires aux échanges d’équipements de télécommunication finis et intermédiaires avec des pays
tiers.
6. En tant que membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Finlande a également
participé aux négociations sur les services de télécommunications de base (1994-98), dont les résultats ont
été réunis dans le 4e Protocole de l’Accord général sur le commerce de service (AGCS). Les négociations
ont conduit à l’ouverture des marchés de télécommunications à la concurrence dans les services de base (à
savoir téléphonie vocale, fixe et mobile) dans 69 pays membres de l’OMC (et aujourd’hui, dans plus de
100 pays membres) et à l’élaboration d’un Document de référence fixant des disciplines réglementaires sur
la concurrence, l’interconnexion, l’indépendance de la réglementation, la transparence des procédures
d’attribution des licences et la non-discrimination dans les services de télécommunications. La Finlande a
également adopté l’Accord sur les technologies de l’information (TI) de l’OMC, qui impose l’élimination
des tarifs douaniers et autres droits et charges similaires sur les produits des TIC, notamment les
équipements et pièces de télécommunications, hormis quelques exceptions, à compter du 1er janvier 2000.
Enfin, dans la perspective d’une réduction des barrières non tarifaires aux échanges dans les équipements
et pièces de télécommunications à l’échelle mondiale, les responsables et experts finlandais ont également
participé activement aux efforts de normalisation internationale, par exemple en participant aux travaux de
l’Union internationale des télécommunications.
7. Toutes ces actions ont facilité l’importation de biens intermédiaires et de pièces par les fabricants
d’équipements de télécommunications finlandais. Ceci a été crucial pour encourager les transferts de
technologie et maintenir la compétitivité du secteur. Le secteur des équipements de télécommunications se
caractérise par une fragmentation du processus de production entre les entreprises donneuses d’ouvrages et
un grand nombre de sous-traitants externes. En Finlande, les importations d’équipements et de pièces de
télécommunications ont été quasiment multipliées par 10, en valeur absolue, entre 1990 et 2006, pour
atteindre une valeur de 5.1 milliards USD en 2006. Alors qu’en 1990 les importations d’équipements et de
pièces de télécommunications représentaient 0.8 % du PIB, en 2006, leur part dépassait 3 %. En moyenne,
80 % de ces importations étaient constituées de pièces et d’équipements de télécommunications, ce qui a
sans doute contribué à la capacité d’innovation de l’industrie des télécommunications finlandaise.
8. La fragmentation du processus de production dans l’industrie des équipements de
télécommunications s’est également traduite par une augmentation des volumes d’échanges intra-
entreprises, c’est-à-dire les échanges entre les sièges des grands groupes multinationaux et leurs filiales à
l’étranger. Ce phénomène a été rendu possible en partie grâce à la libéralisation des flux d’investissement
internationaux. En Finlande, les restrictions sur les participations étrangères au capital des entreprises
finlandaises ont été éliminées en 1991-93, et les restrictions restantes sur les flux de capitaux ont été par la
suite levées, ce qui a encouragé l’investissement en général (notamment l’émergence de sociétés nationales
de capital-risque) et l’apport de capitaux étrangers en particulier. Entre 1990 et 2000, le stock des apports
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
6
d’investissements directs étrangers (IDE) en Finlande en pourcentage du PIB a plus que quintuplé (passant
de 3.7 % du PIB en 1990 à 20.2 % en 2000). L’augmentation des apports d’IDE, notamment dans le
secteur des TIC, a permis aux producteurs finlandais d’équipements de télécommunications d’avoir accès à
davantage de capitaux et de connaissances pour développer l’industrie, et ainsi à améliorer leur capacité
d’innovation. En 2001, plus de 2 000 entreprises sous contrôle étranger opéraient en Finlande, dont environ
25 % spécialisées dans les TIC et le développement et la commercialisation de technologies ou services
pour mobiles.
9. Le degré d’ouverture du marché, obtenu par la déréglementation et la libéralisation des échanges
et des investissements internationaux, a ainsi joué un rôle clé dans les performances d’innovation de
l’industrie des équipements de télécommunications finlandaise, en accentuant les pressions induites par la
concurrence, en facilitant les transferts de technologie et en générant des économies d’échelle pour les
investissements dans la R-D. Néanmoins, l’ouverture du marché ne saurait être une condition suffisante
pour permettre l’assimilation de technologies et d’innovations, laquelle est nécessaire pour développer la
productivité et la croissance d’une économie. Les investissements significatifs dans la R-D, mais aussi des
politiques éducatives efficaces et des liens étroits entre l’industrie et les institutions académiques ont tous
contribué à promouvoir un environnement favorable à l’innovation, aidant à traduire les résultats de la R-D
en applications commerciales et à faciliter l’introduction de nouvelles technologies et de pratiques
innovantes dans les industries nationales.
Des stratégies d’entreprise performantes : l’exemple de Nokia
10. Bien que le gouvernement finlandais ait joué un rôle important dans la mise en place de
conditions-cadres adéquates pour l’innovation, ce sont en définitive les entreprises qui ont introduit et
commercialisé les innovations. Nokia, notamment, a joué un rôle majeur dans la mutation de l’économie
finlandaise et dans les performances du système d’innovation national. L’intensification de la concurrence
sur le marché des équipements de télécommunications mobiles et les progrès technologiques rapides ont
raccourci le cycle de vie des produits, forçant ainsi Nokia à trouver des moyens nouveaux et plus rapides
pour innover. Ainsi, l’entreprise a réalisé d’importants investissements dans la R-D, pour demeurer
compétitive. Alors qu’en 1991, les dépenses de R-D représentaient environ 5.5 % de ses ventes totales net,
leur part avait plus que doublé en 2005, pour atteindre 11.2 %. De plus, dans les années 90, Nokia a
internationalisé sa fonction de R-D en créant des centres de recherche à l’étranger. En 1998, la moitié de la
R-D de l’entreprise était réalisé en-dehors du pays. Certains de ces centres, implantés dans des pôles
régionaux d’excellence scientifique (par exemple la Silicon Valley), ont aidé Nokia à exploiter les
connaissances de concurrents et de marchés étrangers. De plus, Nokia a noué des collaborations avec des
universités réputées en Finlande et à l’étranger (par exemple le Massachusetts Institute of Technology) et a
participé à divers projets internationaux de R-D, en vue d’élargir le champ de son développement
technologique à long terme. À la fin des années 90, la coopération avec d’autres entreprises, instituts de
recherche et universités était devenue un élément central de la stratégie mondiale de R-D de Nokia. Cette
approche a induit des transferts de connaissances dans les deux sens, permettant à Nokia de tirer parti
d’expertises et de technologies externes.
11. Par ailleurs, Nokia a installé dix usines pour la fabrication de ses terminaux mobiles dans neuf
pays différents. Ces usines gèrent des volumes considérables de pièces (par exemple plus de 100 milliards
en 2006). Les défis posés par la gestion de volumes aussi considérables sont énormes, mais Nokia a fait de
la fabrication de produits de haute technologie, de la gestion de la chaîne d’approvisionnement et de la
logistique l’une de ses compétences clés. De plus, l’entreprise a aussi travaillé avec un bon nombre de
fournisseurs externes en Finlande et à l’étranger pour se fournir en composants électroniques et
mécaniques et en logiciels. La collaboration avec une base aussi diversifiée de fournisseurs à l’échelle
mondiale à travers un modèle de chaîne d’approvisionnement intégré sur le plan horizontal a généré des
transferts de connaissances et de technologies entre Nokia et ses partenaires, l’aidant ainsi à démultiplier
ses capacités technologiques. Qui plus est, les relations durables nouées entre Nokia et ses fournisseurs ont
dynamisé la croissance de l’ensemble du secteur des TIC finlandais, car l’entreprise a servi de vecteur de
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
7
commercialisation au plan international pour un grand nombre de petites entreprises finlandaises. Cette
importance croissante des activités étrangères de Nokia dans la stratégie économique globale de
l’entreprise a toutefois eu pour conséquence d’accroître les risques et les coûts potentiels qui pourraient
résulter d’évolutions dans les tarifs douaniers et autres obstacles aux échanges affectant l’importation et
l’exportation de composants pour terminaux mobiles.
12. Enfin, au début des années 90, Nokia a adopté une stratégie de vente tournée vers l’exportation.
Ainsi, entre 1990 et 2006, la position de la Finlande en tant que marché géographiquement dominant de
Nokia a baissé de façon spectaculaire au profit d’autres pays européens, et des régions Asie-Pacifique et
Amérique. Au cours des dernières années, les marchés émergents (par exemple, la Chine, l’Inde et la
Russie) ont constitué des marchés majeurs pour Nokia. Outre cette évolution structurelle des marchés clés,
le volume des ventes net a également augmenté de façon spectaculaire (+209 % sur 8 ans, passant d’un
total de 13 milliards 326 millions EUR en 1998 à 41 milliards 121 millions EUR en 2006), ce qui a permis
à Nokia de rentabiliser plus aisément ses investissements dans la R-D.
Conclusions et perspectives pour l’avenir
13. Pour conclure, la transformation de la Finlande en une économie fondée sur le savoir et sa
capacité relativement robuste d’innovation sont, dans une large mesure, le résultat d’un processus dirigé
par les entreprises. Cependant, des politiques publiques efficaces ont également apporté une contribution
significative, en encourageant une structure de marché concurrentielle, en assurant l’ouverture du marché,
en mettant en place des incitations et en soutenant les réseaux pour l’innovation au niveau de l’entreprise.
Il est toutefois difficile de dissocier les effets spécifiques des politiques en matière d’échange et
d’investissement internationaux de ceux des autres politiques nationales, car c’est l’ensemble et la
coordination de tous ces choix politiques qui ont facilité le processus d’innovation en Finlande .
14. La compétitivité actuelle de la Finlande et sa capacité nationale d’innovation ne sont bien
entendu pas une garantie de succès pour l’avenir. Aujourd’hui, malgré sa position de leader, Nokia est
confrontée à une concurrence plus vive dans l’industrie de la téléphonie mobile, de la part de concurrents
aussi bien traditionnels que nouveaux. Pour demeurer compétitive, l’entreprise doit rester flexible et
constamment innover et s’adapter (par exemple, aux nouvelles normes, de même qu’à l’évolution des
goûts des consommateurs). L’un des enjeux clés pour le pôle finlandais des TIC et de la téléphonie mobile
est d’accompagner la convergence technologique en cours entre les communications de données et les
communications vocales, les TI et l’électronique grand public. Le défi est particulièrement difficile à
relever dans la mesure où la Finlande n’occupe plus la même position de leader aujourd’hui sur le front de
la normalisation, comme c’était le cas au début des années 90. Pour relever ces défis, le gouvernement a
récemment décidé d’élaborer une nouvelle Stratégie nationale pour l’innovation ainsi qu’un plan d’action
correspondant (juin 2008). L’idée est de définir une stratégie globale qui permette d’adopter une approche
systémique et pluridisciplinaire de la politique d’innovation.
15. Dans le domaine des échanges et des investissements internationaux, les politiques finlandaises
devraient continuer d’assurer que les ressources puissent circuler aisément entre les « tâches » (à savoir,
filiales ou fournisseurs), compte tenu de la fragmentation accrue de la production, en encourageant un
environnement stable et prévisible pour les échanges et l’investissement. À cet égard, la proposition
récente de Stratégie nationale pour l’innovation indique que les flux entrants [d’échange et
d’investissement] sont essentiels pour permettre à la Finlande de jouer un rôle dans les chaînes de valeurs
mondiales et d’y participer, condition elle-même essentielle pour promouvoir la compétitivité du pays sur
les marchés mondiaux. La Finlande devrait continuer d’œuvrer pour une conclusion positive des
négociations OMC du Cycle de Doha pour le développement, et pour l’élargissement de l’Accord OMC
sur les technologies de l’information à un plus grand nombre de produits et de pays, de manière à
conserver à cet accord sa pertinence dans un contexte de changement technologique et de convergence
rapides. Par ailleurs, les politiques finlandaises devraient encourager la poursuite de l’harmonisation
internationale des spécifications des produits et la reconnaissance mutuelle des procédures d’évaluation de
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
8
conformité pour les équipements et pièces électriques et de télécommunications au plan mondial, de
manière à faciliter le développement des échanges de produits intermédiaires, qui sont essentiels pour
soutenir la compétitivité et la capacité d’innovation de l’industrie finlandaise des équipements de
télécommunications.
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
9
I. Introduction
1.1 Contexte
16. L’innovation et le progrès technologique sont des déterminants clés de la croissance économique.
L’innovation peut également aider à faire face à des défis planétaires majeurs concernant par exemple le
changement climatique, l’énergie, la sécurité et la santé. En renforçant leurs capacités d’innovation, les
pays, régions, villes et entreprises peuvent gagner en compétitivité et être mieux équipés pour faire face
aux enjeux de la mondialisation. L’innovation, toutefois, n’est pas simplement le résultat de la recherche et
du développement (R-D) ; il s’agit plutôt d’exploiter avec succès des idées nouvelles et d’inventer,
développer et commercialiser des technologies, services, modèles d’entreprise et méthodes opérationnelles
d’un type nouveau. L’innovation renvoie donc à un processus qui consiste à utiliser la connaissance et la
technologie pour exploiter les débouchés sur le marché pouvant exister pour des produits, services et
procédés industriels nouveaux ou améliorés par rapport à ceux déjà disponibles.
17. On note actuellement un grand intérêt pour ce qui est de comprendre comment les gouvernements
peuvent promouvoir l’innovation et les retombées qui l’accompagnent, comme en témoignent les
discussions lors de la réunion du Conseil des ministres de l’OCDE de 2007. Lors de cette réunion, l’OCDE
a été chargée d’élaborer une Stratégie de l’OCDE pour innovation, en s’appuyant sur les travaux pertinents
dans plusieurs domaines d’action, notamment celui de la politique commerciale. Des politiques efficaces
en matière d’ouverture du marché, d’échange et d’investissement peuvent de fait influer sur « les
conditions-cadres » de l’innovation et de l’entrepreneuriat, et à ce titre influer sur les performances d’un
pays en matière d’innovation. Afin de mieux comprendre comment précisément les structures et politiques
en matière d’échanges et d’investissements internationaux affectent les performances d’un pays dans le
domaine de l’innovation, et interagissent avec d’autres politiques clés, le Comité des échanges a chargé le
Secrétariat d’entreprendre un « Projet sur les échanges et l’innovation » (voir TAD/TC/WP(2007)11).
Dans le cadre de ce projet, les membres ont décidé d’examiner les performances dans le domaine de
l’innovation d’un certain nombre de pays et de branches spécifiques –– notamment l’industrie finlandaise
des équipements de télécommunications (mobiles) –– parallèlement à une analyse de caractère plus
général. Ce document fait partie d’une série de cinq études de cas complétant cette analyse générale.
1.2 Objectif, structure et méthodologie
18. L’objectif de cette étude est d’examiner comment les évolutions récentes en matière d’échanges
et d’investissements internationaux (notamment « l’échange de tâches » résultant de la fragmentation des
chaînes de production et d’approvisionnement) et les politiques finlandaise et mondiale en faveur de
l’ouverture des marchés et de la liberté des échanges ont affecté le processus d’innovation dans l’industrie
finlandaise des équipements de télécommunications (mobiles), plus particulièrement au sein de Nokia,
leader mondial dans cette branche. L’étude illustre comment certains choix de politique réglementaire,
commerciale et d’investissement ont aidé, parallèlement à d’autres politiques clés, à promouvoir des
conditions-cadres adéquates pour l’innovation dans ce pays de 5.2 millions d’habitants. Par ailleurs, l’étude
examine comment le secteur privé, et plus particulièrement Nokia, a tiré parti de ces conditions pour
améliorer ses capacités d’innovation. L’étude ne saurait constituer une évaluation détaillée et approfondie
de l’efficacité des politiques publiques finlandaises ou de la stratégie industrielle de Nokia. Elle vise plutôt
à illustrer la façon dont certains choix de politique publique et certaines stratégies d’entreprise peuvent
contribuer aux performances d’innovation d’un pays.
19. L’étude est structurée comme suit : la section II explique brièvement les évolutions structurelles
qu’a connues l’économie finlandaise depuis le début des années 90 pour devenir une « économie du
savoir ». Elle retrace également l’essor rapide de l’industrie finlandaise des équipements de
télécommunications (mobiles), l’émergence d’un pôle compétitif (« cluster ») des technologies de
l’information et des communications (TIC) et de la téléphonie mobile et l’activité d’innovation des
entreprises finlandaises. La section III examine ensuite les principaux choix de politique publique,
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
10
notamment dans le domaine de la déréglementation, des échanges et de l’investissement, qui ont renforcé
la capacité et les performances du pays en matière d’innovation. Le succès de l’industrie finlandaise des
équipements de télécommunications (pour mobiles) tient bien entendu aux stratégies et performances
d’entreprises finlandaises, comme Nokia (Steinbock, 2006). La stratégie d’entreprise de Nokia (notamment
sa stratégie mondiale en matière de R-D, de production manufacturière et d’approvisionnement) est donc
examinée dans la section IV. Enfin, la section V présente les principales conclusions, les enseignements
dégagés et les défis qui se profilent à l’horizon. L’étude s’appuie sur une analyse des publications
disponibles, notamment les études de l’OCDE sur la question, ainsi que sur des entretiens semi-structurés
avec un certain nombre de responsables publics, de membres du personnel de Nokia et de représentants
d’associations du secteur.
II. La transformation de la Finlande en une économie du savoir
20. La Finlande est un pays qui est parvenu à passer d’une économie d’exploitation de ressources à
une économie du savoir dans un laps de temps relativement bref. Au milieu des années 90, le savoir et
l’innovation sont devenus les moteurs de la croissance et de la mutation économique (Dahlman et. al.,
2005). Aujourd’hui, le pays occupe la deuxième place (sur un total de 117 pays) dans l’Indice de
compétitivité mondiale du Forum économique mondial pour 2006-07, et la quatrième place (sur 122 pays)
dans l’Indice d’équipement en réseaux (Network Readiness Index) du Forum économique mondial pour
2006-07, qui mesure le degré de préparation d’un pays à participer au développement des TIC et à en tirer
parti (WEF, 2006 et WEF, 2006a). Une telle réussite est remarquable, compte tenu de la situation
économique de la Finlande au début des années 90. Le pays connaissait alors une grave récession
économique caractérisée par une baisse de 10 % du PIB en seulement trois ans (1990-93), une crise
bancaire majeure, des taux de chômage atteignant près de 20 % en 1994 et l’accumulation d’une dette
publique passant d’un faible niveau à plus de 60 % du PIB sur la même période (Steinbock, 2006). On
trouvera dans cette section une présentation rapide des évolutions majeures dans les structures de
production et d’échange et l’activité d’innovation qui caractérisent la transformation structurelle de la
Finlande.
2.1 Les mutations structurelles dans l’économie
21. Avant les années 90, l’activité manufacturière et les exportations étaient dominées par les
industries de foresterie (à savoir, papier, bois et produits tirés de la pâte à papier), lesquelles jouent encore
un rôle important dans l’économie finlandaise1. À la fin des années 90, les TIC et l’électronique grand
public –– dont les équipements de télécommunications –– sont devenues le secteur majeur de l’économie,
assurant une moyenne de 21 % de la valeur ajoutée totale du secteur manufacturier et 31 % des
exportations totales de produits manufacturés en 20002, devant la pâte à papier, le papier et les produits en
papier (15 % de la valeur ajoutée et 22 % des exportations) et les machines, équipements et véhicules
(9.5 % de la valeur ajoutée et 16 % des exportations) (Porter, 2002 et figure 1).
1. En 1988, le papier, le liège, le bois et la pâte à papier représentaient 38 % du total des exportations
finlandaises, alors qu’en 2005 ils ne représentaient plus que 18 % du total des exportations. Source : UN
COMTRADE, classification CTCI Rev. 3, codes 64, 24, 25.
2. Les exportations de TIC ont représenté à elles seules 25 % des exportations totales de produits
manufacturés en 2000. Source : OCDE, Indicateurs du commerce international.
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11
Figure 1. Évolution de la structure des exportations finlandaises de biens manufacturés, 1960-2006
En 1960, les métaux et produits métalliques englobent les catégories machine et électronique, etc. Source : Conseil finlandais des douanes et Confédération des industries finlandaises.
22. L’essor du secteur des TIC dans l’économie finlandaise, en particulier, a été relativement rapide,
comparé à la situation dans d’autres économies de l’OCDE. Entre 1995 et 2003, la part de la production
manufacturière de produits des TIC dans la production manufacturière totale finlandaise a augmenté de
13.4 points de pourcentage, soit la plus forte progression de tous les pays de l’OCDE3. Les mutations
structurelles ont été possibles grâce principalement à la priorité donnée durablement à l’enseignement
supérieur, aux synergies et retombées entre les diverses branches et à l’émergence de nouvelles industries
fondées sur le savoir. L’économie du savoir finlandaise a son origine dans les liens qui se sont noués entre
les utilisateurs et les producteurs dans l’industrie forestière, qui a été l’un des premiers secteurs utilisateurs
de la haute technologie, et dans les industries naissantes de l’ingénierie, de l’électronique et des TIC dans
les années 60 et 70. De plus, le secteur des TIC a bénéficié d’investissements lourds dans l’innovation
technologique. Entre 1980 et 2005, les dépenses de R-D (principalement à l’initiative du secteur privé) ont
plus que doublé dans ce secteur. L’émergence du secteur des TIC a lui même joué un rôle majeur dans le
processus d’innovation et dans le développement de l’économie et de la société finlandaise dans leur
ensemble. L’introduction efficace des TIC dans le secteur privé a permis aux entreprises finlandaises de
développer leur production et leurs échanges au niveau mondial.
2.2 L’émergence d’un pôle compétitif de l’industrie des équipements de télécommunications et de
la téléphonie mobile4
23. Dans le secteur des TIC, la Finlande a notamment développé une forte spécialisation sectorielle
dans la fabrication et l’exportation d’équipements de télécommunications (CE, 2007 et figure 2). En 2003,
la fabrication d’équipements de télécommunications représentait 90 % de la valeur ajoutée totale de la
fabrication de produits des TIC en Finlande (CE, 2007). L’avantage comparatif révélé de la Finlande dans
les équipements de télécommunications –– lequel mesure le degré de spécialisation de ses échanges dans
3. En revanche, la part des services des TIC dans le total des services n’a augmenté que de 3.3 points de
pourcentage sur la même période (OCDE, 2007). Pour une définition des biens et services des TIC, voir le
Guide pour la mesure de la société de l’information, OCDE (2005c).
4. Pour une présentation détaillée des biens inclus dans les équipements de télécommunications, voir OCDE
(2005c).
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
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ce secteur –– est le plus fort de tous les pays de l’OCDE depuis 10 ans (figure 2 et OCDE 2007e). En
2000, l’industrie finlandaise des télécommunications employait globalement quelque 83 000 personnes
dans plus de 4 000 entreprises, et assurait 6.9 % du PIB (Porter, 2002). En 2005, le secteur assurait 8.4 %
du PIB (figure 3).
Figure 2. Avantage comparatif révélé (« RCA indicator») dans les équipements de télécommunications, en 1996 et 2005
Figure 3. Ratio exportations d’équipements de télécommunications/PIB en 1996 et 2005
Source : base de données des services des TIC de l’OCDE, d’après le SH 1996. Méthode de calcul : part des exportations d’équipements de télécommunication du pays dans le total des exportations de ce pays, divisée par la part des exportations mondiales d’équipements de télécommunications dans le total des exportations mondiales (ici : OCDE).
24. Dahlman et. al. (2005) soulignent que l’essor de l’industrie finlandaise des équipements de
télécommunications a été en partie possible grâce à la capacité donnée aux entreprises d’accéder au capital
et au savoir étrangers nécessaires pour développer l’industrie, et grâce à la déréglementation précoce du
secteur, qui a dynamisé la concurrence et les incitations à innover (ces facteurs seront examinés plus en
détail dans la section suivante). De plus, l’essor de l’industrie finlandaise des équipements de
télécommunications a été possible grâce à l’émergence d’un pôle des TIC, qui a encouragé la coopération
entre un large éventail de producteurs et de fournisseurs de services, laquelle a elle-même permis la
production de solutions personnalisées pour des produits finaux complexes comme les téléphones portables
(Maguire, 2003). En 2005, ce pôle réunissait quelque 6 000 entreprises, petites, moyennes et grandes, dont
300 appartenant au premier cercle des sous-traitants de Nokia. Dès le départ, Nokia a dominé ce pôle
industriel par sa taille et son influence, en contribuant de façon significative à sa croissance. Nokia a opéré
à l’intérieur de ce pôle à la fois comme producteur et comme utilisateur de ressources d’innovation (Ali-
Yrkko, et.al., 2002). Le pôle des télécommunications mobiles (parfois appelé la « Wireless Valley »
finlandaise), qui est un sous-ensemble du pôle des TIC, compte également de nombreuses entreprises
nouvelles qui sont des chefs de file spécialisées dans la technologie mobile. Le fait d’appartenir à un pôle a
aidé ces entreprises à nouer des liens formels et informels avec d’autres PME, de grandes entreprises, des
établissements de soutien et des universités, ce qui ensuite facilité leur participation aux chaînes de valeurs
mondiales et leur accès aux marchés mondiaux. Le pôle réunit un large éventail d’acteurs : développeurs
d’applications pour mobiles, manufacturiers (par exemple, Nokia, Ericsson, Benefon), fabricants de
composants et fabricants de produits électroniques sous contrat (par exemple Elcoteq Network),
propriétaires de contenu et fournisseurs de contenu pour applications mobiles, opérateurs de réseaux
mobiles (par exemple, Sonera et Telia), établissements universitaires et de recherche, sociétés de conseils,
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
13
autorités publiques de certification et de normalisation et fournisseurs de services financiers, notamment de
capital-risque (figure 4 et Steinbock, 2000). Aujourd’hui, la communauté finlandaise du développement
pour mobile est de fait, de par sa taille, l’une des plus importantes au monde rapporté à la population du
pays (Invest in Finland, 2005).
Figure 4. Le pôle finlandais pour les télécommunications mobiles
INDUSTRIES DE SOUTIEN
INDUSTRIES CLÉS INDUSTRIES D’APPLICATION
Serv
ices p
ou
r m
ob
iles
Uti
lisate
urs
fin
als
Industries de soutien - fabricant de composants
Manufacturiers - fabricants de terminaux - fabricants de réseaux
- propriétaires de contenu - fournisseurs de contenu
Services de soutien commercial - services de conseil - institutions financières - détaillants - autorités de certification - société de capital-risque
Sociétés de logiciels - développeurs d’applications - développeurs de plates-formes - portails
Services publics de soutien - autorités de régulation - normalisation - établissements d’enseignement
Opérateurs - opérateurs de réseaux - opérateurs de services
Source : Invest in Finland, 2005
25. Les pôles peuvent être considérés comme les principales courroies de transmission de
l’innovation pour les entreprises : ils facilitent la coopération, l’apprentissage et les transferts de
technologie entre grandes et petites entreprises, centres de recherches, autorités publiques et prestataires de
services. À cet égard, EuroChambres, l’Association européenne des chambres de commerce et d’industrie
souligne que la concentration des ressources nécessaires est indispensable mais pas suffisante pour
promouvoir les synergies et le transfert de connaissances. Les pôles ont également besoin d’un
environnement favorable, c’est-à-dire une infrastructure adéquate, des services de soutien aux entreprises
et des ressources humaines. De plus, les échanges réels entre tous les acteurs doivent parfois être amorcés
(par exemple, par l’intermédiaire d’un organisme d’animation du pôle ou de coordination). À cet égard,
Furman et. al. (2002) expliquent que « en l’absence de mécanisme solide de mise en relation, les activités
scientifiques et techniques d’amont risquent de se diffuser vers les autres pays avant que les industries
nationales ne puissent les exploiter ». En Finlande, Nokia comme les pouvoirs publics ont encouragé
activement ces liens pour assurer un pôle dynamique des TIC et de la téléphonie mobile, comme cela est
expliqué dans la section suivante. Élément intéressant, la Commission européenne (CE) s’est également
récemment engagée à soutenir le développement de pôles dans toute l’Europe, dans le cadre de son
Programme-cadre pour la compétitivité et l’innovation (PC7) et de sa politique régionale pour 2007-13
(EuroChambres, 2006). Elle a également souligné le rôle important que jouent les PME, à coté des
entreprises multinationales, dans les processus d’innovation (fondés sur des pôles) dans ces programmes-
cadres successifs pour la recherche et le développement technologique5.
5 . Voir http://ec.europa.eu/research/sme
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
14
2.3 L’activité d’innovation accrue dans le secteur privé
26. Le Bureau national finlandais de statistiques, Statistique Finlande, étudie l’activité d’innovation
dans les entreprises finlandaise depuis 20026. Les données les plus récentes qu’il a publiées montrent que
51 % des entreprises avaient une activité liée à des innovations de produits ou de procédés entre 2004 et
20067. Cela représente une progression de près de 20 % par rapport à 2002-04. Il est intéressant de noter
que dans le secteur manufacturier, la part des entreprises menant des activités d’innovation monte à 55 %.
L’activité d’innovation a été particulièrement développée parmi les constructeurs d’ordinateurs et
d’équipements de télécommunications, ainsi que les fabricants de produits chimiques : 75 % des
entreprises interrogées dans ces branches avaient mené une activité d’innovation sur la période considérée
(figure 5). Enfin, Statistique Finlande a noté que la majorité des entreprises menant des activités
d’innovation (innovation soit de produits, soit de procédés) s’étaient également engagées dans une
coopération liée à l’innovation (par exemple avec des fournisseurs de composants, des clients ou des
entreprises appartenant au même groupe, en Finlande et dans une moindre mesure, à l’étranger)
(Statistique Finlande, 2006). Bien que ces statistiques ne fassent pas de distinction entre les entreprises en
fonction de leur taille, d’autres sources d’information montrent que les entreprises multinationales comme
les PME (lesquelles constituent la grande majorité des entreprises finlandaises) sont engagées dans des
activités d’innovation. De fait, dans l’industrie des TI et des équipements de télécommunications, les PME
sont souvent des fournisseurs clés de technologies nouvelles (http://ec.europa.eu/research/).
Figure 5. Prévalence de l’activité d’innovation dans le secteur manufacturier, par branche, 2004-2006 (proportion d’entreprises)
Source : Statistique Finlande, 2006
6. Une activité d’innovation est définie comme un bien ou service nouveau ou amélioré lancé par une
entreprise sur le marché, ou un procédé nouveau ou amélioré introduit par une entreprise.
7. Si l’on tient compte des innovations liées à l’organisation et au marketing, cette part atteint 57 %.
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15
III. Capacité nationale d’innovation : le rôle des politiques publiques en Finlande
27. La capacité d’innovation nationale, souvent définie comme « le potentiel d’un pays à générer un
flux d’innovations commercialement exploitables », est en partie conditionnée par la sophistication
technologique antérieure, mais elle reflète également une série de choix en matière d’investissements et
d’orientations publiques par le gouvernement qui influent sur les incitations (pour le secteur privé) à mener
des activités de R-D, rechercher des gains de productivité et vendre davantage dans le pays (Steinbock,
2006). Les décideurs peuvent contribuer à dynamiser l’innovation, en faisant en sorte que les innovateurs
potentiels se voient proposer un éventail approprié d’incitations sur le marché et bénéficient de
« conditions-cadres » adéquates. La section qui suit analyse les choix de politique publique qui ont
contribué à renforcer la capacité d’innovation de la Finlande et elle examine de façon plus approfondie
l’importance de l’ouverture du marché et de la libéralisation des échanges et de l’investissement pour les
performances de la Finlande en matière d’innovation, notamment dans l’industrie des équipements de
télécommunications. Enfin, cette section apporte certains éclairages sur les aspects institutionnels de
l’élaboration de la politique publique en Finlande qui ont contribué à la capacité nationale d’innovation.
3.1 La Finlande, un précurseur dans l’industrie de la téléphonie mobile
28. La Finlande a été le premier pays à lancer un réseau numérique pour les communications
mobiles. Au début des années 70, les opérateurs nordiques des postes, télégraphe et téléphone (PTT) de la
Finlande, la Suède, de la Norvège et du Danemark ont élaboré la norme NMT (Nordic Mobile Telephony),
ouvrant ainsi la voie au premier système de téléphonie cellulaire analogique entièrement automatique8. La
norme a été par la suite introduite en Suède et en Norvège en 1981, puis au Danemark et en Finlande en
1982. Cela a permis à Nokia d’introduire le premier téléphone de voiture au monde, utilisant la norme
NMT. En 1985, le réseau comptait déjà 110 000 abonnés dans ces pays nordiques, ce qui en faisait à
l’époque le plus important réseau mobile du monde. En 1991, la norme GSM (Global System for Mobile
communications), une norme numérique pour réseaux mobiles, a succédé à la norme NMT, le premier
service commercial selon cette norme étant proposé par l’opérateur de télécommunication finlandais
Radiolinja en 1992. Le premier appel GSM a été effectué avec un téléphone Nokia sur un réseau construit
par Nokia (exploité par Radiolinja, opérateur de télécommunications privé). Cela a donné à Nokia un atout
important pour l’avenir (Ali-Yrkko, et. al, 2002). Grâce au soutien énergique de la CE, le GSM est devenu
par la suite la norme numérique européenne et Nokia a gagné des contrats de fournitures de réseaux GSM
dans les autres pays européens. Le succès de ces normes a été rendu possible par la décision de créer des
spécifications techniques ouvertes et flexibles pour la norme NMT, par la tradition de collaboration
nordique et par l’esprit entrepreneurial des PTT nordiques. Comme la norme nordique pour la téléphonie
mobile introduisait des innovations technologiques par rapport au concept initial de téléphonie cellulaire
développé aux États-Unis, Nokia et les autres fournisseurs d’équipements nordiques ont bénéficié des
avantages liés à leur position de précurseurs dans l’industrie des télécommunications mobiles
(Palmberg, 2002, Invest in Finland, 2005 et Nokia 2007).
29. La popularité et la diffusion relativement rapides au plan international de la norme NMT ont
alors contribué à transformer ces avantages de précurseur en débouchés commerciaux en Finlande et dans
la région nordique9, puis par la suite en avantages concurrentiels sur les marchés mondiaux. Les fabricants
8. La norme NTM, qui repose sur une technologie analogique, est souvent décrite comme la première norme
(1G) pour les réseaux de télécommunications mobiles. La topographie des pays nordiques favorisait les
communications mobiles, du fait de la dispersion d’une bonne partie de la population dans des régions
isolées. Source : Steinbock, 2000.
9. La Finlande a bénéficié d’un taux élevé de pénétration de la téléphonie mobile. Fin 1998, par exemple, ce
taux atteignait 57.1 %, soit plus du double de la moyenne européenne (qui s’établissait à 28.3 %)
(Steinbock, 2000). Le succès de la téléphonie mobile peut sans doute être attribué au fait que la Finlande
(comme les autres pays nordiques) se caractérisait par une population dispersée pour laquelle la
technologie mobile se révélait économiquement intéressante comparée aux services de télécommunications
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
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d’équipements nordiques ont gagné une expérience incomparable avec la fabrication de réseaux et de
téléphones NMT. Dans le cas particulier de Nokia, cette norme a constitué un tremplin absolument
essentiel pour le succès de la diversification de l’entreprise dans les équipements de téléphonie mobile et
les activités en relation avec les réseaux cellulaires (Palmberg, 2002 et section IV).
3.2 L’ouverture accrue du marché des télécommunications
30. Un rapport récent de l’OCDE souligne que le degré d’ouverture de l’économie joue un rôle clé
dans la performance du pays en matière d’innovation, en augmentant les pressions concurrentielles, en
facilitant les transferts de technologie et en induisant des économies d’échelle (OCDE, 2006a). En
Finlande, la déréglementation précoce du marché des télécommunications, l’intégration du pays dans le
marché unique de l’Union européenne et dans l’économie mondiale et la libéralisation des flux de capitaux
sont autant d’éléments qui ont contribué à l’émergence d’une industrie finlandaise des équipements de
télécommunications innovante et compétitive et au succès de Nokia.
3.2.1 Déréglementation et accentuation de la concurrence
31. Sur le front réglementaire, la Finlande a réalisé d’importantes réformes à la fin des années 80 et
au début des années 90 pour renforcer les pressions concurrentielles et améliorer la performance de
nombreux secteurs de son économie. Le pays a abaissé les barrières à l’accès au marché en introduisant des
réformes réglementaires structurelles et de nouvelles règles de concurrence (OCDE, 2003). Il est à noter
que ces réformes ont été introduites de façon relativement précoce (et avant que la Finlande rejoigne l’UE),
faisant de l’industrie finlandaise des télécommunications l’une des plus libérales de ce secteur dans les
économies de l’OCDE de l’époque.
32. La déréglementation du secteur des télécommunications, qui a débuté progressivement au milieu
des années 80, et le système décentralisé d’opérateurs de télécommunications (finlandais et détenus par
des intérêts étrangers) qui en a résulté sont un facteur clé qui a facilité l’introduction de l’innovation
technologique dans l’industrie finlandaise des équipements de télécommunications (ministère des
Transports et des Communications, Finlande, 1999 et encadré 1). En permettant à des opérateurs privés de
se développer à côté de l’opérateur national de télécommunications, le gouvernement a joué un rôle
important en créant un environnement concurrentiel dans l’industrie finlandaise des télécommunications ––
que ce soit pour les opérateurs de réseaux, les fournisseurs de services de télécommunications ou les
fabricants d’équipements (OCDE, 2003 et OCDE, 2003a). Cette situation contraste fortement avec la
position dominante des monopoles d’État dans les autres pays de l’OCDE à l’époque. Ce n’est que vers le
milieu des années 90 que d’autres pays européens ont engagé des réformes réglementaires similaires,
libéralisé les environnements monopolistiques des communications et introduit la norme GSM comme
norme paneuropéenne (Steinbock, 2000).
fixes. La plupart des experts s’accordent à reconnaître que les Finlandais ont été des précurseurs dans
l’adoption des innovations technologiques.
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
17
Encadré 1. Principales dates repère de la déréglementation du secteur finlandais des télécommunications, 1987-1997
1987 : adoption de la Loi sur les télécommunications qui, entre autres, dissocie les opérations de
télécommunications commerciales et les fonctions de réglementation et libéralise l’industrie des équipements terminaux. L’administration du secteur des télécommunications qui relevait du Service exécutif des transports au sein du Département des affaires économiques est confiée au ministère des Transports et des Communications.
1988 : adoption d’une nouvelle Loi sur la radiodiffusion. La concurrence dans les réseaux d’entreprise et la
transmission de données est en partie libéralisée.
1990 : les attributions spéciales du Conseil national des postes et télécommunications sont abolies. Introduction
de la libre concurrence dans les réseaux pour données et les réseaux GSM.
1990-1991 : des licences sont délivrées pour les réseaux régionaux de radio-télécommunications. Les réseaux
d’entreprise sont ouverts à la libre concurrence.
1992 : les transmissions de données sur réseaux commutés sont dispensées d’autorisation. Délivrance par
mise en concurrence de licences pour les télécommunications longue distance et locales.
1994 : libre concurrence dans les télécommunications locales et internationales.
1995 : délivrance par mise en concurrence de licences pour les réseaux de systèmes de contrôle répartis.
1996 : amendement de la Loi sur les télécommunications.
1997 : adoption de la Loi sur le marché des télécommunications (abolissant la Loi sur les télécommunications).
Source : ministère des Transports et des Communications, Finlande, 1999 et Steinbock, 2000.
33. La concurrence entre les opérateurs de télécommunications a fourni des incitations permanentes à
la modernisation des différentes composantes du réseau de télécommunications, de même qu’à
l’acquisition de technologie avec appel à la concurrence. Par ailleurs, elle a dynamisé l’introduction d’un
éventail de solutions et innovations technologiques parmi les entreprises participant au pôle de la
téléphonie mobile. Ces entreprises, et en particulier Nokia, ont été contraintes d’élaborer un ensemble de
solutions techniques et d’acquérir les compétences correspondantes pour satisfaire divers besoins
fonctionnels concernant les équipements de télécommunications mobiles et être en mesure de soutenir
efficacement la concurrence10
. Souvent, le marché intérieur finlandais a servi de vaste banc d’essai
préalable à l’internationalisation –– formant ainsi une pépinière pour des innovations qui amélioraient en
permanence la réponse des entreprises au changement technologique rapide (Palmberg, 2002). Ces
évolutions réglementaires ont eu des retombées pour les consommateurs qui ont bénéficié de prix plus bas
pour un éventail plus large de services sur réseaux fixe et mobile, et pour les entreprises qui mettaient la
R-D au centre de leur stratégie industrielle (Palmberg, 2002).
3.2.2 Réorientation des échanges et intégration dans l’économie mondiale
34. Après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, la Finlande a réorienté ses échanges vers
l’Ouest. Les échanges avec l’ex-Union soviétique ont fléchi de 61 % entre 1985 et 1991 (passant de
2.9 milliards USD en 1985 à 1.1 milliard en 1991, UN Comtrade). En 1993, la Finlande a rejoint l’Espace
économique européen, ce qui a conduit à l’élimination d’un grand nombre d’obstacles aux échanges et
à l’investissement avec les autres pays européens. En 1995, le pays est également devenu membre de
l’UE, ce qui a impliqué sa pleine intégration au Marché unique européen et une forte augmentation des
10. Steinbock (2000) note que « vers la fin des années 90, le pôle finlandais des télécommunications mobiles
se caractérisait par une rivalité croissante entre concurrents directs et une activité intense de développement
de produits ».
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
18
échanges avec les autres États membres de l’UE (de même qu’un transfert de compétences à la CE pour la
plupart des questions de politique commerciale). L’Allemagne, la Suède, le Royaume-Uni, mais aussi les
États-Unis sont devenus les principaux marchés d’exportation de la Finlande dans les années 90 (ces pays
étaient également les principales sources d’importations finlandaises) (OCDE, 2003). La Fédération de
Russie a toutefois regagné sa position de destination clé pour les exportations finlandaises au milieu des
années 2000 (figure 6). La proximité géographique de la Finlande avec la Fédération de Russie et les pays
Baltes donne de fait à la Finlande un avantage comme passerelle vers l’Est. En 2003, plus de 40 % des
expéditions de l’UE vers la Russie par la route ont transité par la Finlande.
Figure 6. Principales destinations des exportations finlandaises, 1965-2005
1965-2005
Figure 7. Échanges de biens et de services en proportion du PIB, 1980-2005
(en %)
Source : Conseil finlandais des douanes et Confédération des industries finlandaises.
Source : OCDE, 2007
35. Avec l’intégration de la Finlande dans l’UE, les échanges internationaux ont pris une importance
relative croissante l’économie finlandaise. En 2005, le rapport échanges-PIB de la Finlande était de 39 % –
– soit près du double de ce qu’il était en 1991, signe d’une intégration plus étroite dans l’économie
mondiale (ce rapport est toutefois plus faible que la moyenne OCDE pour 2005, figure 7). De plus, avec
l’ouverture de l’économie à la concurrence étrangère, le taux de pénétration des importations dans le
secteur manufacturier a atteint 38 % en 2005 (contre 32 % en 1995) alors que le ratio des exportations était
de 48 % contre 43 % en 1995 (OCDE, 2005b).
36. Le gouvernement finlandais souligne que le pouvoir de négociation de l’UE a sensiblement
renforcé la position de la Finlande dans le domaine de la politique commerciale (ministère des Affaires
étrangères de Finlande, 2005). En tant que membre de l’UE, la Finlande a également bénéficié des accords
commerciaux régionaux conclus par la CE. De plus, en tant que membre de l’Organisation mondiale du
commerce (OMC), elle a bénéficié de la libéralisation mondiale réalisée dans le cadre des négociations
commerciales multilatérales. Les négociations de l’OMC sur les services de télécommunications de base
(1994-98) –– dont les résultats ont été réunis dans le 4e Protocole annexé à l’Accord général sur le
commerce des services (AGCS) –– ont conduit à l’ouverture des marchés des télécommunications à la
concurrence dans les services de base (à savoir, téléphonie vocale, fixe et mobile) dans 69 pays membres
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
19
de l’OMC11
. Par ailleurs, les négociations ont abouti à l’élaboration d’un document de référence
comprenant des disciplines réglementaires sur la concurrence, l’interconnexion, l’indépendance de la
réglementation, la transparence des procédures de licence et la non-discrimination dans les services de
télécommunications. La Finlande a également été partie à l’Accord sur les technologies de l’information
(TI) de l’OMC, dès l’origine en 1997. Aux termes de cet accord, les parties contractantes se sont engagées
à supprimer les tarifs douaniers et autres droits et charges analogues sur les produits des TIC, notamment
les équipements et pièces de télécommunications, logiciels et semi-conducteurs et équipements assimilés, à
certaines exceptions près, au 1er janvier 2000
12. Le Gouvernement finlandais tout comme Nokia ont indiqué
que la conclusion de l’Accord sur les TI avait été un important développement pour le secteur finlandais
des TIC, dans la mesure où les tarifs à l’importation sur, par exemple, les composants électroniques,
avaient sensiblement augmenté après l’adhésion à l’UE. Le gouvernement déplore toutefois la lenteur de la
mise en œuvre du programme de travail élaboré pour éliminer les obstacles non tarifaires dans ces
industries des TIC (http://www.formin.finland.fi). Nokia, de son côté, a souligné l’importance d’élargir le
champ d’application de l’Accord OMC sur les TI pour couvrir les produits d’électronique grand public
et autres produits de haute technologie utilisés dans la téléphonie mobile, de manière à conserver à cet
accord toute sa pertinence dans une période de développement technologique rapide et de convergence.
L’entreprise encourage également les pays d’Amérique latine, d’Afrique et du Moyen-Orient qui n’ont pas
encore signé l’Accord à le faire (information fournie par M. Kaunistola, de Nokia).
37. Certaines réductions des obstacles non tarifaires aux échanges d’équipements de
télécommunications ont également été possibles grâce aux accords de reconnaissance mutuelle conclus
entre la CE et des pays tiers, qui sont applicables aux équipements terminaux de télécommunications et
composants électriques utilisés dans ce type d’équipement (tableau 1). Grâce à ce type d’accord, les
produits peuvent être testés et certifiés avant leur exportation (pour conformité avec les réglementations et
spécifications du pays importateur), et ils peuvent donc entrer directement dans le pays importateur sans
avoir à subir des procédures d’évaluation de conformité similaire, ce qui facilite les échanges de produits
finis et intermédiaires entre parties (Lesser, 2007). La Déclaration de conformité par le fournisseur
(SDOC) de l’UE a encore facilité des échanges d’équipements de télécommunication et de pièces entre la
Finlande et les autres pays de l’UE (TAD/TC/WP(2008)3). En ce qui concerne les réglementations et
spécifications sur les caractéristiques essentielles exigées des produits pour les équipements et pièces
électriques et de télécommunications, la Finlande a adopté les normes harmonisées de l’UE (à savoir les
directives 1999/5/CE pour les équipements de radiocommunications et équipements terminaux de
télécommunications et 2004/108/CE pour la compatibilité électromagnétique), ce qui a facilité les
échanges de produits intermédiaires et produits finis avec les autres pays de l’UE, de même qu’avec des
tiers ayant adopté les normes de l’UE, comme plusieurs pays d’Europe de l’Est et d’Afrique du Nord (voir
http://www.newapproach.org/ et http://ec.europa.eu/enterprise/rtte/index_en.htm). Au plan mondial, la
Finlande a également participé activement aux efforts de normalisation internationaux, par exemple à
travers son action à l’Union internationale des télécommunications.
11 . Actuellement, plus de 100 membres de l’OMC ont souscrit des engagements d’ouverture du marché dont
certains pour l’ensemble des services de télécommunications. Voir http://www.wto.org/
english/news_e/pres08_e/pr517_e.htm
12. Du fait de différences dans le niveau d’ambition des membres de l’OMC, aussi bien le 4e protocole à
l’AGCS que l’ITA ont été lancés sur une base volontaire. Le document de référence est également un
instrument volontaire qui donne aux décideurs de précieuses orientations sur la façon d’introduire une
concurrence durable sur les marchés des télécommunications. Source : Engman et. al., 2006.
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
20
Tableau 1 Accords de reconnaissance mutuelle de la CE intéressant l’industrie des équipements de télécommunications
Pays partenaire Date de signature
Produits couverts1
États-Unis 1998 Équipements terminaux de télécommunications ; compatibilité électromagnétique ; sécurité électrique
Australie 1998 Équipements terminaux de télécommunications ; matériel basse tension ; compatibilité électromagnétique
Canada 2001 Équipements terminaux pour la radio et les télécommunications ; compatibilité électromagnétique ; sécurité électrique
Japon 2001 Produits électriques ; équipements terminaux pour la radio et les télécommunications
Nouvelle-Zélande
1999 Équipements terminaux de télécommunications ; compatibilité électromagnétique ; équipements basse tension
Suisse 2006 Équipements terminaux de télécommunications ; compatibilité électromagnétique ; sécurité électrique
Source : site web de la Direction générale des entreprises et de l’industrie de la CE et OCDE (2003). Note 1 : pour une liste complète des produits couverts par les accords, voir le site web de la CE.
38. Tous ces dispositifs et ces efforts ont facilité l’importation de biens intermédiaires et de pièces
par les fabricants finlandais d’équipements de télécommunications, ce qui a été capital pour maintenir la
compétitivité de l’industrie (ministère finlandais des Affaires étrangères, 2005). De fait, les structures
récentes de production et d’échange au plan mondial dans l’industrie des équipements de
télécommunications se caractérisent par une fragmentation de la chaîne d’approvisionnement, qui ne peut
fonctionner qu’avec des régimes relativement ouverts pour les échanges et l’investissement. Dans son
édition 2007 des Perspectives des communications (OCDE, 2007e), l’OCDE explique de plus que la
fragmentation du processus de production dans l’industrie des équipements de télécommunications à
l’échelle mondiale a pu se faire grâce à la spécialisation industrielle accrue des entreprises, induite par les
innovations dans les produits et les procédés de production. La fragmentation entre entreprises sous-
traitantes, qui gèrent la conception, la commercialisation et dans de nombreux cas la recherche, et un très
grand nombre de sous-traitants externes, a elle même conduit à une augmentation sensible des échanges
internationaux de biens intermédiaires, et alimenté la progression toute récente du ratio échanges/PIB au
plan mondial13
. Il est ainsi noté dans les Perspectives une progression de 13 % des échanges de produits
différenciés verticalement dans la catégorie des équipements de télécommunications entre pays membres
de l’OCDE entre 1996 et 2004, ce qui signifie que les échanges de biens d’équipement des
télécommunications de qualité différente ou les échanges de biens intermédiaires ont augmenté entre les
pays membres de l’OCDE (OCDE, 2007d et OCDE, 2007e).
39. En Finlande, les importations de pièces et équipements de télécommunications ont
pratiquement décuplé, en termes absolus, en 1990 et 2006, pour atteindre une valeur de
5.1 milliards USD en 2006. Alors qu’en 1990 les importations de pièces et équipements de
télécommunications représentaient 0.8 % du PIB, en 2008, elles représentaient plus de 3 % (UN Comtrade,
CTCI, Rev. 3, code 76, et figure 8). En moyenne, 80 % de ces importations étaient constituées de pièces et
équipements de télécommunications, ce qui a vraisemblablement contribué à la capacité d’innovation de
l’industrie finlandaise des télécommunications (UN Comtrade, CTCI, Rev. 3, code 764 et figure 9). Un
13. De façon plus générale, les échanges de pièces manufacturés dans l’ensemble des branches ont progressé
plus rapidement au cours de la dernière décennie que les échanges de biens manufacturés finis (Amighini,
2002).
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
21
certain nombre d’auteurs comme Keller (1998) et Eaton et Kortum (2001) confirment de fait que les
importations de biens intermédiaires peuvent jouer un rôle significatif dans le transfert international de
technologie et dans la capacité d’innovation du pays de destination (OCDE, 2007f). La plupart des
importations de pièces destinées aux équipements de télécommunications entre 1990 et 2006 provenaient
de Suède, d’Estonie, d’Allemagne et de Hongrie (qui sont tous membres de l’UE) de même que de pays
non membres de l’UE, à savoir le Japon, les États-Unis et, tout récemment, de la Chine (UN Comtrade,
CTCI, Rev. 3, code 764). La Finlande a été également un important pays exportateur de pièces pour
équipements de télécommunications : entre 1990 et 2006, le volume de ces biens intermédiaires a
augmenté, en valeur absolue, de 1 225 % (passant de 873 millions USD à 11.5 milliards). Leur part dans
les exportations totales d’équipements de télécommunications a été en moyenne de 93 % sur la même
période (UN Comtrade, CTCI, Rev. 3, code 764). De façon plus générale, la part des exportations de pièces
et équipements de télécommunications (code 76) dans le PIB de la Finlande, qui était de 1 % en 1990
atteignait 7 % en 2006 (UN Comtrade, Rev. 3, code 76).
Figure 8. Importations de pièces et équipements pour les télécommunications et l’enregistrement et la
reproduction du son en Finlande (millions USD)
Figure 9. Importations de pièces et équipements de télécommunications en % des importations totales
d’équipements pour les télécommunications et l’enregistrement du son en Finlande
Source : Statistiques du commerce international de l’OCDE et UN Comtrade CTCI Rev. 3, code 76
Source : Statistiques du commerce international de l’OCDE et UN Comtrade CTCI Rev. 3, codes 764 et 76
3.2.3 Libéralisation des investissements directs étrangers
40. L’éclatement de la chaîne d’approvisionnement s’accompagne également d’une importance
croissante des échanges intra-entreprises, c’est-à-dire les échanges entre les sièges des entreprises
multinationales et leurs filiales à l’étranger. Une telle tendance n’aurait pu se développer sans la
libéralisation progressive des courants d’investissement à l’échelle mondiale.
41. En Finlande, les restrictions sur les participations étrangères dans les entreprises finlandaises ont
été levées en 1991-93 et les restrictions restantes sur les flux de capitaux ont été éliminées, ce qui a
encouragé l’investissement de façon générale (notamment l’émergence de sociétés nationales de capital-
risque) et en particulier les apports de capitaux étrangers. Entre 1990 et 2000, le stock des apports
d’investissement direct étranger (IDE) en Finlande, en proportion du PIB a été multiplié par plus de cinq
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
22
(passant de 3.7 % du PIB en 1990 à 20.2 % en 2000) (figure 10)14
. La plupart de cette progression a pris la
forme d’investissements dans des capacités de production nouvelles, c’est-à-dire des investissements
directs dans de nouveaux moyens de production et moyens de R-D ou dans l’expansion d’installations
existantes en Finlande, ce qui a contribué à créer de nouvelles capacités de production et de nouveaux
emplois et induit des transferts de technologies et de savoir-faire (Invest in Finland, 2005). L’augmentation
des apports d’IDE, notamment dans le secteur des TIC, a permis aux producteurs finlandais d’équipements
de télécommunication d’avoir accès à davantage de capital et aux connaissances nécessaires pour
développer l’industrie et améliorer leur capacité d’innovation (Dahlman, et. al. 2005). Les apports d’IDE
provenaient principalement des autres pays européens. Fin 2000, par exemple, la Suède était le plus
important investisseur direct étranger en Finlande15
. En 2001, plus de 2 000 entreprises à participation
étrangère opérant en Finlande employaient 176 000 personnes et réalisaient un chiffre d’affaires total de
45 milliards EUR. Il faut noter qu’environ 25 % de ces entreprises appartenaient au secteur des TIC, dont
un grand nombre centrées sur le développement et la commercialisation de technologies ou services pour
mobiles (Invest in Finland, 2003 et 2005). La part des sorties d’IDE dans le PIB est encore plus importante,
pour illustrer la position de la Finlande comme exportateur net d’IDE (figure 10 et section suivante). Au
cours des années 90, un certain nombre de sociétés finlandaises de capital-risque sont apparues, stimulées
en partie par les pépinières soutenues par les pouvoirs publics, et une coopération et des transferts dans le
domaine de la technologie ont pu finalement s’instaurer avec d’autres pays, comme le Royaume-Uni et les
États-Unis (Porter, 2002 et Steinbock, 2006).
Figure 10. Stocks d’entrées et de sorties d’IDE en Finlande en 1990-2005, en % du PIB
Source : CNUCED, 2006
42. Le développement de l’IDE et les transferts de technologie et les mécanismes de coopération
technologique qui se sont de ce fait mis en place et qui ont eu des effets bénéfiques sur l’économie
finlandaise ont été possibles en partie grâce à un environnement économique intérieur favorable et à la
conclusion d’accords bilatéraux d’encouragement et de protection des investissements avec des tiers, qui
14. À titre de comparaison toutefois, le stock des apports d’IDE en Finlande a été en moyenne inférieur à celui
observé dans les autres pays nordiques (Suède, Danemark et Norvège) entre 1990 et 2004. Voir OCDE,
2007.
15. En 2003, la part de l’IDE accumulée par les 25 États membres de l’UE atteignait près de 90 %, la Suède
détenant plus de 50 % des investissements (ministère finlandais des Affaires étrangères, 2005). À cet
égard, une étude récente de l’OCDE souligne que les flux d’IDE à l’intérieur de l’Union européenne sont
quasiment libres de toute restriction (OCDE, 2006b).
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
23
ont contribué à stimuler les investissements finlandais à l’étranger, tout comme les investissements
étrangers en Finlande. Dans le dernier rapport « Doing Business » de la Banque mondiale, par exemple, la
Finlande arrive à la 13e place sur 178 économies en ce qui concerne la facilité de conduire des affaires
dans le pays (Banque mondiale, 2008). De plus, début 2008, la Finlande avait 58 accords d’investissement
avec des pays de toutes les régions du Globe (tableau 1 dans l’annexe 1). Il faut également noter que les
entreprises sous contrôle étranger implantées en Finlande peuvent bénéficier d’un soutien public dans les
mêmes conditions que les entreprises à capitaux finlandais (Invest in Finland, 2005).
3.3 Les autres choix importants en matière d’action publique
43. Bien que l’ouverture de l’économie soit un facteur important pour améliorer les performances de
la Finlande dans le domaine de l’innovation, c’est loin d’être le seul. Des régimes ouverts pour les
échanges et l’investissement ne constituent pas une condition suffisante pour amorcer le développement et
l’assimilation de la technologie et de l’innovation, nécessaires pour accroître la productivité (OCDE,
2006a). Des investissements importants dans la R-D, mais aussi des politiques éducatives efficaces et des
liens étroits entre l’industrie et l’université ont contribué à encourager un environnement favorable pour les
entreprises et l’investissement (déclenchant des transferts de technologie et l’accès à des capitaux
supplémentaires) et jouent un rôle important dans l’amélioration de l’assimilation et de l’application de
nouvelles technologies et de pratiques innovantes dans les entreprises nationales.
3.3.1 Des dépenses publiques et privées importantes dans la R-D
44. L’investissement dans la R-D est une source majeure de progrès technologique et d’innovation,
même si les investissements de R-D ne peuvent à eux seuls expliquer la progression rapide de la capacité
d’innovation de la Finlande. En Finlande, la dépense intérieure brute de R-D (DIRD, couvrant à la fois les
sources publiques et privées de financement) a progressé sensiblement au cours de la décennie écoulée,
pour atteindre 3.5 % du PIB en 2005 (figure 11). La Finlande est ainsi en moyenne le pays de l’OCDE qui
au cours des années 90 et 2000 a consacré la plus forte part de son PIB à la R-D, derrière la Suède (OCDE,
2007). Même pendant la récession du début des années 90, le gouvernement a maintenu les dépenses
publiques de R-D, à la fois en finançant la recherche publique et en offrant des incitations et des
subventions aux entreprises pour qu’elles investissent dans la R-D (voir la section 3.3.3). Il est intéressant
de noter qu’au cours de cette période une moyenne de 40 % des dépenses de R-D de la Finlande étaient
destinées à des projets en relation avec les TIC et la technologie mobile (Invest in Finland, 2005).
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
24
Figure 11. Évolution de la dépense intérieure brute de R-D en proportion du PIB, 1981-2004 (%)
Figure 12. Composition de la dépense intérieure brute de R-D en Finlande (millions EUR))
Source : Principaux indicateurs de la science et de la technologie de l’OCDE, 2007.
Source : Statistique Finlande, 2008. Note : le secteur public comprend le secteur privé sans but lucratif. Le secteur universitaire comprend les hôpitaux universitaires centraux et les écoles polytechniques.
45. Une forte proportion des investissements dans la R-D a été financée par le secteur privé. En
2000-06, la dépense de R-D des entreprises a représenté en moyenne annuelle 70 % de la DIRD
(figure 12). L’accroissement de la dépense privée de R-D est dû principalement aux investissements de
Nokia (Dahlman, et. al., 2005)16
. Le volume important des dépenses privées de R-D dans le pays peut de
fait s’expliquer par l’importance des industries des TIC et de la téléphonie mobile dans l’économie
finlandaise et la concurrence accrue dans ces secteurs, ce qui a incité les entreprises à investir plus
fortement dans la R-D. Ali-Yrkko et. al. (2002) soulignent qu’en Finlande, le rôle central joué par le
secteur privé dans le financement intérieur de la R-D a été plus important que dans n’importe quel autre
pays de l’OCDE et de l’UE.
46. Grâce à sa solide position dans la R-D, la Finlande est également devenue un important
exportateur net de technologie, contribuant ainsi aux transferts internationaux de technologie vers des pays
tiers. En 2003, sa “balance des paiements technologiques”17
représentait 0.2 % de son PIB, soit l’un des
taux les plus élevés de la zone de l’OCDE (après le Royaume-Uni, la Belgique, le Danemark, les États-
Unis et le Japon, OCDE, 2005b). Enfin, le nombre de brevets attribués à une entreprise ou un pays peut
servir également à mesurer l’innovation. En 2003, la Finlande a délivré 634 brevets triadiques, soit une
progression de 428 % par rapport à 199018
. Dans les secteurs des TIC et de la haute technologie plus
particulièrement, la Finlande a été l’un des pays européens délivrant le plus de brevets au cours des années
récentes (voir la figure 13). Les niveaux élevés de protection par brevet en Finlande sont eux-mêmes
susceptibles d’avoir contribué à l’apport de TIC et aux importations d’équipements de télécommunications
ainsi qu’aux investissements correspondants dans ces secteurs en Finlande (Park et Lippoldt, 2008).
16. De fait, en 2003 par exemple, Nokia a assuré environ 33 % de la DIRD de la Finlande et 47 % des
dépenses du secteur privé (Invest in Finland, 2005 et Ali-Yrkko, et. al., 2002).
17. La balance des paiements technologiques (sous la forme de recettes et de paiements) mesure les transferts
internationaux de technologie : droits de licence, brevets, achats et redevances acquittées, savoir-faire,
recherche et assistance technique.
18. L’utilisation des brevets comme indicateur de la productivité technologique présente toutefois des
limitations car toutes les inventions ne sont pas brevetées (pour des raisons de secret, de coût ou de délai).
Source : OCDE, 2005.
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
25
Figure 13. Nombre de demandes de brevets de haute technologie européens (OEB) par million d’habitants, 2001
Source : Invest in Finland, 2003
3.3.2 Une main-d’œuvre instruite et hautement qualifiée
47. L’éducation est également un élément clé d’une économie fondée sur l’innovation. Celle-ci influe
à la fois sur l’offre et sur la demande d’innovation. Le capital humain et la main-d’œuvre qualifiée
complètent les avancées technologiques. Il n’est pas possible d’introduire dans la production de nouvelles
technologies sans une main-d’œuvre suffisamment instruite et formée (Dahlman, et. al., 2005). Dans les
enquêtes récentes de l’OCDE pour le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA
2003 et 2006), la Finlande venait au premier rang pour ses performances en termes d’acquisition de
compétences parmi les jeunes de 15 ans dans les mathématiques, les sciences et la maîtrise de la lecture.
L’enseignement primaire, secondaire et tertiaire est gratuit (dans la mesure où il est financé par l’État) et le
système finlandais de sécurité sociale exerce également sur les jeunes une forte incitation à continuer de
s’instruire après l’école secondaire. Entre 1993 et 1998, le nombre total d’inscriptions d’étudiants dans les
universités a pratiquement doublé et dans les écoles polytechniques, il a pratique triplé (Porter, 2002).
48. La Finlande a mis en place un certain nombre d’universités techniques et d’instituts de recherche
publics dans lesquels elle investit également, comme l’Université de technologie d’Helsinki et le Centre de
recherche technique de Finlande. Au cours des années 90, le nombre de places d’étudiants disponible dans
l’enseignement technique a augmenté à un rythme annuel moyen de 2.5 %, ce qui a facilité l’émergence
d’un grand nombre d’ingénieurs très qualifiés qui ont joué un rôle déterminant dans l’acquisition et le
maintien de la position de tête de la Finlande dans les secteurs des TIC et des équipements de
télécommunications (Ali-Yrkko, et. al., 2002). Depuis le milieu des années 90, le nombre de chercheurs
dans les secteurs tant public que privé a augmenté sensiblement et la Finlande se classe au premier rang
de la zone de l’OCDE en ce qui concerne l’emploi total (figure 14 et Dahlman, et. al., 2005). La Finlande
se classe également au deuxième rang dans le Science and Engineering Manpower Subindex, élaboré par le
World Economic Forum (Steinbock, 2006). De plus, une étude récente de l’OCDE souligne que la
Finlande se classe parmi les pays les plus performants en ce qui concerne l’enseignement des TIC et
l’acquisition de compétences dans ce domaine dans les écoles et sur le lieu de travail, ce qui facilite donc
l’adoption des TIC dans les entreprises (OCDE, 2003a).
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
26
Figure 14. Nombre de chercheurs
(par millier de salariés, en équivalent plein temps, 1995 et 2004)
Source : OCDE, Principaux indicateurs de la science et de la technologie, mai 2007.
3.3.3 Des liens étroits recherche-industrie
49. Enfin, des liens étroits entre les organismes de recherche publique et les universités d’une part et
les entreprises d’autre part, ont été essentiels pour promouvoir une recherche adaptée aux besoins du
secteur des entreprises et faciliter les transferts de connaissance et de technologie entre ces dernières
(OCDE, 2006a). Ces liens peuvent faciliter la conversion de la R-D en applications commerciales. Les
facteurs institutionnels et ceux liés à la gouvernance, bien que plus difficiles à mesurer, ont par conséquent
eu également un impact important sur la capacité d’innovation de la Finlande. En 2006, l’Annuaire de la
compétitivité mondiale de l’IMD classait de fait la Finlande au premier rang pour le transfert de
connaissances entre les universités et les entreprises (IMD, 2006). Le gouvernement finlandais a pris un
certain nombre d’initiatives pour développer activement la collaboration entre les diverses agences
publiques, et entre ces agences et le secteur privé. De plus, plusieurs agences apportant un soutien à la R-D
dans les secteurs public et privé, ainsi qu’à l’innovation, ont également été mises en place (Invest in
Finland, 2005) :
L’Agence nationale de la technologie (TEKES) est la principale source de financement public
pour la recherche technologique appliquée et la R-D industrielle (par l’intermédiaire de
subventions et de prêts). Placée sous la tutelle du ministère du Commerce et de l’Industrie, elle
contribue à la compétitivité de l’industrie finlandaise et du secteur des services (notamment ceux
des TIC et de la téléphonie mobile), en soutenant la recherche et ses applications dans le domaine
du développement technologique. La TEKES prépare, finance et coordonne les programmes et
fonds nationaux de technologie en faveur d’initiatives de recherche technique appliquée et de
R-D à risque. Elle coordonne également la préparation de la politique nationale dans le domaine
de la technologie. On notera que les entreprises étrangères implantées en Finlande peuvent
bénéficier des mêmes financements et services de la part de la TEKES que les entreprises
finlandaises.
Le Conseil de la politique scientifique et technologique est responsable du développement
stratégique et de la coordination des politiques dans les domaines de la science et de la
technologie. Il coordonne également la politique scientifique et technologique avec les autres
TAD/TC/WP(2008)6/PART2/A/FINAL
27
secteurs de l’action publique. Le Conseil est un organisme à haut niveau réunissant des ministres
(Éducation, Commerce et Industrie, et Finances), qui est présidé par le Premier ministre.
L’Académie de Finlande finance la recherche universitaire fondamentale ; elle est placée sous
l’autorité du ministère de l’Éducation. Environ 15 % des financements publics de la recherche
sont dispensés par l’Académie.
Le Centre de recherche technique de Finlande (VTT) est un centre de recherche appliquée. Il
développe des solutions technologiques appliquées pour les entreprises et participe à des
programmes nationaux et internationaux de recherche et à des réseaux de collaboration.
Le Fonds national finlandais pour la recherche et le développement (SITRA) est une fondation
publique indépendante supervisée par le Parlement finlandais. Ses activités visent à promouvoir
la prospérité économique de la population finlandaise. Le SITRA concentre ses activités sur les
programmes. Les méthodes utilisées sont la recherche et la formation, la réalisation de projets
innovants, le développement d’activités économiques et le financement des entreprises. Les
activités du SITRA sont financées par le produit des placements de son capital de dotation et par
les revenus dégagés sur ses investissements de capital-risque.
L’Association finlandaise des parcs scientifiques (TEKEL) regroupe 20 parcs scientifiques sur
l’ensemble du territoire, implantés dans des villes universitaires. Ces parcs visent à faciliter les
échanges entre les institutions universitaires et les entreprises. Les parcs scientifiques
hébergeaient en 2003 environ 1 200 entreprises employant plus de 12 000 personnes (Invest in
Finland, 2003).
Finnvera est une société de financement spécialisée détenue par l’État finlandais qui offre des
services venant en complément du marché financier finlandais. La tâche de Finnvera est de
promouvoir le développement des entreprises, des régions et des exportations des entreprises
finlandaises. Finnvera s’acquitte de cette tâche en améliorant l’éventail et la flexibilité des
options de financement à la disposition des entreprises, au moyen de prêts, de garanties et de
crédits à l’exportation.
50. Enfin, soucieux de renforcer la coordination des politiques publiques visant à promouvoir et à
renforcer l’innovation et la société de l’information en Finlande, le gouvernement a constitué en 2003 un
groupe ministériel chargé des questions relatives à la société de l’information (« Conseil pour la société de
l’information »), présidé par le Premier ministre (OCDE, 2003a). Les objectifs de ce Conseil étaient de
piloter le développement de la société de l’information finlandaise, de suivre l’évolution du programme
2003-07 pour la société de l’information et de coordonner la coopération à la fois entre les organismes
publics compétents et entre les organismes publics et privés (Programmes d’action du gouvernement
finlandais, Société de l’information, 2003). Yla-Anttila (2005) souligne également le rôle important que la
« Commission pour l’avenir » du Parlement finlandais a joué dans la création d’un consensus sur la société
de l’information et les questions liées à l’innovation. L’un des objectifs de la Commission était de faire en
sorte que la Finlande devienne le « meilleur environnement innovant au monde » (Commission pour
l’avenir, 2005).
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28
IV. Les stratégies d’entreprise performantes : l’exemple de Nokia
51. Les entreprises finlandaises ont bien entendu joué un rôle central dans le renforcement de la
capacité d’innovation du pays. Bien que le gouvernement ait assuré les conditions-cadres propices à
l’innovation, ce sont en dernière analyse les entreprises qui ont introduit et commercialisé les innovations.
Nokia, en particulier, a joué un rôle majeur dans la transformation de l’économie et dans le système
d’innovation de la Finlande. Les activités de l’entreprise ont eu un effet important sur les exportations, le
PIB, la dépense intérieure brute de R-D et les taux de croissance du pays (Steinbock, 2006 et Ali Yrkko et.
al., 2002)19
.
52. L’objet de cette section n’est pas de présenter une analyse approfondie de la stratégie
commerciale de Nokia et des facteurs ayant contribué à son succès. Il s’agit plutôt d’examiner comment
Nokia a tiré parti de la déréglementation, de l’accès à de nouveaux marchés et de la libéralisation des
investissements pour devenir l’une des entreprises finlandaises les plus innovantes et le premier fabricant
mondial de téléphones mobiles. De plus, elle analyse la contribution que Nokia a apportée au système
d’innovation finlandais. La section débute par un bref rappel de l’évolution de l’entreprise pour mettre
ensuite l’accent sur les stratégies de Nokia en matière de R-D internationale, de fabrication,
d’approvisionnement, de gestion des chaînes d’approvisionnement, de vente et de distribution. (Les autres
déterminants clés du succès de Nokia étant notamment son approche en matière de segmentation des
marchés, une solide stratégie en matière d’image de marque et de marketing et une gestion efficace des
ressources humaines. Ces éléments ne seront toutefois pas examinés dans le cadre de l’étude.)
4.1 L’évolution de l’entreprise
53. La société Nokia (que nous appellerons simplement ici « Nokia ») est aujourd’hui la plus grande
entreprise finlandaise, constituant à elle seule plus de la moitié de la valorisation de la Bourse d’Helsinki,
et c’est l’une des entreprises de télécommunications leader au niveau mondial (Mer, 2004). C’est le plus
important fabricant de terminaux mobiles, avec une part de marché mondiale de 38.8 % en 2007 (ce qui
représente 437 millions d’équipements mobiles vendus), qui vend plus de combinés que l’ensemble de ses
trois plus proches rivaux (figure 15). Ses profits nets en 2007 se sont élevés à 7.2 milliards EUR, en hausse
de 67 % par rapport à l’année précédente, tandis que les ventes ont augmenté de 24 % pour atteindre
51.1 milliards EUR). Nokia fabrique un large éventail de terminaux mobiles assortis de services et de
logiciels permettant aux utilisateurs d’écouter de la musique, de naviguer, de visionner des vidéos, la
télévision ou des images, de jouer, de se connecter à des réseaux d’entreprise et de bénéficier de bien
d’autres applications encore. Un domaine clé sur lequel Nokia met l’accent consiste à développer son offre
de services Internet grand public, parallèlement à ses solutions et logiciels pour entreprise. L’entreprise
également fournit des équipements, solutions et services pour les réseaux de communication, via la société
Nokia Siemens Networks20
.
19. En 2003, par exemple, Nokia a assuré 25 % des exportations totales et 3.7 % du PIB de la Finlande
(Steinbock, 2006).
20. Entre le 1er janvier 2004 et le 31 mars 2007, Nokia comptait quatre grandes branches –– Mobile Phones,
Multimedia, Enterprise Solutions et Networks. Le 1er
avril 2007, la branche Networks de Nokia a été
fusionnée avec les activités d’opérateurs de réseaux de Siemens pour réseaux fixes et mobiles, pour former
Nokia Siemens Networks, détenue conjointement par Nokia et Siemens et rattachée au groupe Nokia. Au
1er
janvier 2008, les trois branches de la téléphonie mobile, du multimédia et des solutions pour entreprises
de Nokia et les divisions de soutien horizontal ont été remplacées par une branche intégrée dénommée
"Devices & Services". Source : informations fournies par Nokia.
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29
Figure 15. Part du marché mondial dans l’industrie de la téléphonie mobile en 2007
Source : Les Échos, janvier 2008
54. Le succès de Nokia est particulièrement remarquable, compte tenu de deux facteurs,
premièrement, l’étroitesse relative du marché intérieur (la population compte 5.2 millions d’habitants) et
deuxièmement les origines de l’entreprise. Nokia a été fondée en 1865 avec la création d’une usine de pâte
à papier. À la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, Nokia a diversifié ses activités et s’est orientée
vers la fabrication de bottes en caoutchouc, de pneumatiques et autres produits en caoutchouc (à travers
Finnish Rubber Works Ltd., créée en 1898) et dans la production de câbles téléphoniques et électriques (à
travers Finnish Cable Works Ltd., fondée en 1912) pour devenir un conglomérat industriel. La société est
entrée sur le marché des équipements de télécommunications en 1960, quand la Finnish Cable Works a
créé un département d’électronique pour se concentrer sur la production d’équipements de radio-
transmission (Nokia, 2007). Au moment de la crise économique finlandaise, Nokia était un grand
conglomérat diversifié qui s’était développé par fusions et acquisitions. Ce n’est qu’au début des
années 90, avec la fin de la Guerre froide et l’effondrement de l’Union soviétique que l’entreprise a pris la
décision stratégique de se dessaisir de la plupart de ses activités traditionnelles pour faire des
télécommunications, et de la téléphonie mobile en particulier, son cœur de métier. Ainsi, Nokia s’est
restructurée atour de deux grands pôles industriels, Nokia Mobile Phones et Nokia Networks (Steinbock,
2001 et 2006, Nokia, 2007 et figure 16).
Figure 16. Évolution des activités industrielles de Nokia, 1990-99
(en millions de FIM)
Source : Steinbock (2006). Note : Nokia Telecommunications s’appelle désormais Nokia-Siemens Networks.
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55. Nokia a lancé son premier téléphone mobile, le Talkman, en 1984. L’entreprise a toujours été
tournée vers l’avenir. Elle a très tôt remarqué le caractère d’article de mode du téléphone et l’importance
de se concentrer sur la facilité d’utilisation. Nokia a de fait défini le téléphone mobile non pas simplement
comme un produit technologique mais aussi comme un article de mode et un bien de consommation. La
stratégie de Nokia a été de desservir des segments de clientèle distincts ayant des besoins différents, au
moyen de technologies qui soient compatibles avec toutes les normes utilisées sur un marché donné
(Porter, 2002)21
. La croissance extrêmement rapide de l’activité de Nokia dans les années 90 s’explique par
le fait qu’un grand nombre de personnes achetaient un téléphone mobile pour la première fois, et qu’il reste
encore des millions de personnes sur les marchés émergents (par exemple, en Afrique, en Inde et en Chine)
qui attendent encore de posséder leur premier téléphone, que Nokia veut leur vendre. Toutefois, dans les
pays développés, la majorité de la population possède déjà un téléphone portable, de sorte que pour
développer ses activités, Nokia doit les persuader de remplacer leur terminal par quelque chose de plus
sophistiqué, comme les téléphones multimédia haut de gamme.
4.2 La stratégie d’entreprise mondiale tournée vers l’avenir
56. Au début des années 90, Nokia a décidé de concentrer ses activités sur la téléphonie mobile tout
en adoptant une stratégie de croissance mondiale. Elle a décidé de tirer parti des nouveaux débouchés sur
le marché international qui se faisait jour grâce à la réorientation des échanges de la Finlande et son
intégration dans l’UE, avec un produit présentant un attrait universel. Nokia a tout d’abord établi sa
position dominante sur le marché des équipements de télécommunications pour entreprises au début des
années 90, puis élargi ses activités pour exploiter les marchés grand public à l’échelle mondiale dans la
deuxième moitié des années 90 (Steinbock, 2001). Aujourd’hui, Nokia offre un large éventail de terminaux
mobiles, qui couvrent tous les grands segments de consommation et toutes les gammes de prix.
4.2.1 Stratégie en matière de R-D
57. La concurrence accrue sur le marché des équipements de télécommunications, due à la
déréglementation précoce de l’industrie des télécommunications finlandaises, et le progrès technologique
rapide à l’échelle mondiale ont raccourci le cycle de vie des produits, contraignant encore plus les
entreprises à rechercher des moyens nouveaux et plus rapides d’innover. Dans ce contexte, Nokia a dû
effectuer d’importants investissements dans la R-D pour demeurer compétitive depuis le début des
années 90. L’entreprise a introduit des fonctions innovantes et une esthétique recherchée pour ses
téléphones, ce qui a contribué à les différencier de la concurrence (Steinbock, 2001). L’efficience de Nokia
en matière de développement de produits et de procédés –– qui est au cœur de sa compétitivité ––
s’explique en grande partie par la stratégie de R-D de l’entreprise.
58. Tout d’abord, Nokia a accru ses dépenses de R-D de façon spectaculaire. Alors qu’en 1991, les
dépenses de R-D en pourcentage du chiffre d’affaires total s’élevaient à environ 5.5 %, leur part avait
presque doublé en 2000 pour atteindre quelque 9 % (figure 17). La plupart des dépenses ont été
concentrées sur les filiales spécialisées dans la téléphonie mobile et les réseaux, tandis que la plupart des
développements technologiques internes étaient concentrés sur les microprocesseurs et les plates-formes
logicielles. En 2003, les dépenses de R-D de Nokia représentaient environ 33 % de la dépense totale
intérieure brute de R-D de la Finlande, et 47 % des dépenses de R-D du secteur privé. De surcroît, plus de
70 % du stock de brevets finlandais délivrés aux États-Unis ont été déposés par Nokia (contre 39 % en
1997). Nokia a donc eu un impact significatif sur l’intensité globale de R-D de la Finlande (Steinbock,
2006). En 2005, les dépenses de R-D de Nokia se sont élevées au total à 3.8 milliards EUR, soit 11.2 % du
21. Nokia Mobile Phones dispose d’unités se spécialisant sur les besoins de segments de clientèle spécifiques :
« broad appeal », qui se concentre sur les équipements milieu de gamme, « lifestyle products », qui se
concentre sur les équipements haut de gamme, « entry », qui se concentre sur les terminaux à faible coût
destinés à des marchés où les taux de pénétration du mobile sont faibles et « Vertu », qui se concentre sur
les téléphones mobiles de luxe, fabriqués à la main (Nokia, 2007a).
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chiffre d’affaires net de Nokia cette même année (Nokia, 2007). Ali-Yrkko, et. al. 2002 notent, et cela est à
souligner, que bien que le montant du financement public reçu par Nokia ait augmenté, en valeur absolue,
au cours des années 90, les dépenses propres de Nokia sur la même période ont augmenté encore plus
rapidement. En 1981, par exemple, plus de 14 % des dépenses totales de R-D de Nokia étaient financées
par le TEKES, alors qu’à la fin des années 90, cette part avait fléchi pour s’établir en moyenne à 0.3 %.
Les auteurs soulignent également que la part des financements de TEKES dans les projets de Nokia a été
plus faible en moyenne que dans les projets d’autres entreprises.
Figure 17. Dépenses de R-D de Nokia en pourcentage du chiffre de ventes total, 1969-2000
Source : Steinbock, 2006.
59. Pour récupérer ses investissements dans la R-D, Nokia a dû générer des volumes croissants de
vente. Du fait de l’étroitesse relative de son marché intérieur, elle ne pouvait le faire qu’en générant des
volumes de vente à l’étranger (Steinbock, 2006). De plus, pour protéger ses investissements, Nokia a dû
adopter une stratégie adéquate de protection de ses droits de propriété intellectuelle (DPI), en déposant des
brevets, dessins, marques de fabrique et copyrights. Nokia a commencé dès le début des années 90 à
constituer son portefeuille de DPI. Fin 2006, l’entreprise possédait plus de 11 000 familles de brevets,
couvrant l’ensemble des principales normes et applications pour données dans les télécommunications
mobiles, ce qui constitue l’un des plus importants portefeuilles de brevets de l’industrie des équipements
pour mobiles (Nokia, 2007a)22
.
60. Deuxièmement, dans les années 90, Nokia a internationalisé sa fonction de R-D, en créant des
centres de recherche à l’étranger. En 1998, plus de la moitié de la R-D de l’entreprise était réalisée hors de
Finlande (bien que le principal centre de recherche de Nokia demeure dans le pays). Fin 2006, Nokia
disposait de 11 centres de R-D dans plusieurs pays étrangers23
. Elle employait alors environ
21 000 personnes dans la R-D. Le personnel de R-D représente aujourd’hui quelque 27 % des effectifs
totaux de Nokia (information fournie par M. Kaunistola). La plupart des centres de R-D sont implantés à
proximité des sites de production externalisés de Nokia. Ces centres ont pour objectif d’épauler les
installations manufacturières et d’aider à adapter des produits standards aux besoins des consommateurs
des pays et régions hôtes (à savoir « sites d’exploitation des ressources du pays d’origine » ou « home-
based exploiting »). Néanmoins, d’autres sites de R-D (par exemple, sur le continent américain et dans
d’autres pays d’Europe occidentale) sont implantés dans des pôles régionaux d’excellence scientifique
22. Comme Nokia détient un certain nombre de brevets essentiels pour diverses normes de téléphonie mobile,
la société reçoit également des redevances d’autres entreprises grâce à ce portefeuille de brevets.
23 . Par exemple, Chine, Allemagne, Japon, Royaume-Unis et États-Unis.
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(ainsi, Nokia a créé un centre de recherche à Palo Alto, dans la Silicon Valley) et visent à exploiter le
savoir de producteurs concurrents, de marchés et d’universités partout dans le monde (il s’agit donc de
« sites d’extension des ressources du pays d’origine » ou « home-based augmenting »)24
. La stratégie
mondiale de R-D de Nokia a facilité le transfert de technologie vers les pays d’accueil mais elle a aussi
permis à Nokia de bénéficier de retombées et d’externalités positives en provenance de ces pays. Les
centres de R-D à l’étranger ont aidé Nokia à exploiter les compétences des chercheurs étrangers, à
exploiter les connaissances sur les marchés étrangers et sur d’autres technologies, et à commercialiser ses
produits plus rapidement dans ces pays, réduisant ainsi les délais de mise sur le marché et renforçant la
position concurrentielle de l’entreprise (Steinbock, 2001).
61. Troisièmement, Nokia a entretenu de solides contacts mondiaux pour suivre et infléchir les
évolutions technologiques mondiales. Le principal centre de recherche de Nokia a participé activement aux
travaux des organismes de normalisation, aidant à créer des normes et spécifications pour l’industrie
des télécommunications par des groupements et alliances avec d’autres entreprises (à savoir entreprises
clientes et fournisseurs), en vue d’améliorer l’interopérabilité entre les différents systèmes, solutions et
composants (Steinbock, 2001). Cette approche a donné à l’entreprise un avantage considérable en lui
permettant de contribuer à façonner les normes futures de l’industrie (comme le GSM, mais aussi les
protocoles WAP (Wireless Application Protocol), qui permet d’accéder à des contenus sur Internet au
moyen de terminaux mobiles, et Bluetooth, qui permet des communications de courte portée entre
différents équipements électroniques). Sa position de pointe dans la normalisation conjuguée à la
déréglementation des marchés des télécommunications européens dans les années 90 ont été, de l’avis
même de l’entreprise, la pierre angulaire de son succès international, aidant celle-ci à développer ses
marchés existants et en exploiter de nouveaux (Nokia, 2007a).
62. Quatrièmement, Nokia a appliqué la R-D à l’ensemble de la chaîne de valeur (et à toutes les
unités industrielles), plutôt qu’aux services techniques traditionnels. L’innovation a donc influé non
seulement sur le développement des produits, mais aussi sur les processus amont de l’entreprise –– comme
la gestion, le pilotage de la chaîne d’approvisionnement et la logistique –– et sur les processus aval, comme
le marketing et les ventes (Steinbock, 2001). Nokia a ainsi introduit un système logiciel sophistiqué pour
gérer de façon efficace l’achat et la livraison du volume considérable de composants qu’elle produit ou se
procure à l’étranger (voir 4.2.2 ci-après). Par ailleurs, Nokia a également introduit des changements
organisationnels dans son service de R-D, qui ont contribué à son succès. Ainsi, par exemple, les
chercheurs n’ont pas été regroupés en une unité de R-D unique, mais ont été répartis dans toute l’entreprise
pour encourager la créativité. De plus, les chercheurs ont été incités à proposer de nouvelles idées pour de
nouveaux projets industriels (site web de Nokia). La structure organisationnelle de Nokia a également
été aplatie, ce qui a facilité la communication, l’efficacité et la créativité au sein du personnel. De plus,
Nokia a encouragé l’émergence d’équipes étroitement soudées ainsi qu’une étroite coopération entre les
employés des services de R-D, du développement des produits et des ventes, en vue de créer des produits
répondant aux besoins des clients (approche souvent appelée « ingénierie concomitante » ou « concurrent
engineering »)25
(Steinbock, 2001). Enfin, dans les dernières années 90, Nokia a mis en place des
« laboratoires vivants » pour tester en conditions réelles les futurs produits innovants auprès d’un public
plus large (durant ces expérimentations, l’utilisateur est au cœur du processus d’innovation). Le succès de
cette expérience a encouragé le Gouvernement finlandais à promouvoir l’adoption de cette approche dans
24. Sur les sites d’exploitation des ressources du pays d’origine, l’information circule principalement du
principal centre de recherche de Nokia vers ces unités, et les flux d’informations concernent principalement
les données relatives au marché et à la fabrication. Sur les sites d’extension des ressources du pays
d’origine, l’information circule principalement des unités étrangères vers le centre principal de R-D et
consiste essentiellement en des données liées à la technologie (Steinbock, 2001).
25. L’ingénierie concurrente est une stratégie d’entreprise dans laquelle le processus traditionnel de
développement des produits est remplacé par des tâches effectuées en parallèle dans lesquelles très tôt tous
les aspects du processus de développement du produit sont pris en compte. Cette stratégie met l’accent sur
l’optimisation et la distribution des ressources d’une entreprise dans le processus de conception et de
développement de manière à assurer un processus de développement de produits efficient et efficace.
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tout le pays en 2006 (La Tribune, 20 février 2008). Les décisions décrites plus haut illustrent bien le fait
que pour améliorer la capacité d’innovation, il faut un effort à l’échelle de toute l’organisation, qui dépasse
la simple introduction de technologies nouvelles (White, 2007).
63. De plus, Nokia a noué des collaborations avec de grandes universités finlandaises (par exemple,
Université de technologie d’Helsinki et Tampere) et étrangères (par exemple, Massachusetts Institute of
Technology, Stanford University et Cambridge University) et a participé à divers projets de R-D
internationaux, avec d’autres instituts universitaires et de recherche et entreprises, en vue d’élargir le
champ de son développement technologique à long terme (Nokia, 2007a). Pour étendre ses activités de
collaboration en Asie, l’entreprise a également accéléré sa coopération pour la recherche avec des
institutions universitaires chinoises, indiennes et japonaises (Steinbock, 2001). À la fin des années 90, la
coopération avec d’autres entreprises, des instituts de recherche et des universités était devenue un
élément central de la stratégie mondiale de R-D de Nokia. L’approche de Nokia (souvent qualifiée de
« modèle d’innovation ouvert »)26
a induit des transferts de technologie dans les deux sens, permettant à
l’entreprise (mais aussi à ses partenaires) d’exploiter l’expertise et la technologie externes (OCDE, 2007b
et Ali-Yrkko, 2002). L’émergence de ce modèle de R-D en coopération a été facilitée par le soutien
apporté par le gouvernement à l’instauration de liens étroits entre les milieux de la recherche et de
l’industrie et par sa vision d’un modèle d’innovation fondée sur les pôles (voir la section II). Aujourd’hui,
Nokia préconise une approche de développement fondée sur une « technologie ouverte » dans laquelle le
logiciel essentiel est fourni gratuitement. Nokia voit dans le développement en source libre un moyen de
promouvoir l’innovation à long terme, et l’entreprise travaille avec la communauté du logiciel libre sur
plusieurs projets, en vue de mieux tenir compte des consommateurs et de ses besoins (Nokia, 2007).
4.2.2 Stratégie mondiale en matière de production, de sourçage et de gestion des chaînes
d’approvisionnement
64. Comme on l’a vu plus haut, l’abaissement des barrières commerciales et des coûts de transport et
les progrès des TIC ont également abouti à une plus grande fragmentation du processus de production
d’équipements de télécommunications à l’échelle mondiale et à l’émergence de marchés de niche
nécessitant des produits et services personnalisés. De ce fait, de nombreuses entreprises ont investi dans
des filiales à l’étranger et/ou se sont appuyées sur l’externalisation de leurs approvisionnements pour
abaisser leurs coûts opérationnels. Nokia a à la fois relocalisé une partie de ces activités de production à
l’étranger en créant des usines dans huit pays étrangers (à savoir « sourçage interne » ou « relocalisation »)
et a travaillé avec un nombre choisi de fournisseurs externes en Finlande et à l’étranger pour
s’approvisionner en composants électroniques, composants mécaniques et logiciels (à savoir, sourçage ou
sous-traitance à l’échelon national, régional et mondial) (OCDE, 2007a).
65. Fin 2006, Nokia exploitait 15 installations manufacturières dans un total de neuf pays pour la
production de terminaux mobiles et d’équipements pour réseau (Nokia, 2007a). La production des
terminaux mobiles, notamment, est réalisé dans 10 usines Nokia dans neuf pays différents (à savoir,
l’Allemagne, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, la Finlande, la Hongrie, l’Inde, le Mexique et le
Royaume-Uni)27
. Dans certains de ces mêmes pays, Nokia a également créé des centres de R-D (voir le
paragraphe 60). BusinessWeek indique qu’en 2006, Nokia a géré plus de 100 milliards de pièces sur
l’ensemble de ces dix usines. Ainsi, chaque jour, ces usines reçoivent en moyenne 275 millions de
composants, pour produire 900 000 téléphones mobiles finis à l’autre bout de la chaîne
26. L’idée centrale derrière le concept d’innovation ouverte est que dans un monde de savoir largement
distribué, les entreprises ne peuvent se permettre de dépendre uniquement de leurs propres recherches, et
doivent plutôt acheter ou obtenir sous licence des procédés ou inventions (c’est-à-dire des brevets) auprès
d’autres entreprises. De plus, les inventions internes non exploitées dans l’activité d’une entreprise doivent
être externalisées (par exemple, par la cession de licences, les co-entreprises ou l’essaimage d’entreprises).
27. En janvier 2008, Nokia a annoncé qu’elle fermerait son usine allemande. Deux usines sont créées en Chine.
Enfin, quelque 22 % du personnel de Nokia sont employés dans la production manufacturière.
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d’approvisionnement. En moyenne, un téléphone comprend jusqu’à 400 composants. Les enjeux de la
gestion de volumes aussi considérables sont énormes, mais Nokia a fait de la fabrication de haute
technologie, de la gestion de la chaîne d’approvisionnement et de la logistique une de ses compétences
clés (BusinessWeek, août 2006). De ce fait, Nokia est particulière attentive aux évolutions réglementaires
qui pourraient influer sur les courants d’échange de composants, par exemple les changements dans les
procédures douanières ou d’importation/exportation. Il est intéressant de noter que l’entreprise est devenue
un “client partenaire” des douanes finlandaises en vue d’améliorer et d’accélérer les procédures douanières
de Nokia (communiqué de presse du 24/08/2007, site web de Nokia).
66. Parallèlement à une stratégie efficace de gestion de la chaîne d’approvisionnement, Nokia a pu
internaliser sa production grâce à une forte culture d’entreprise dans l’ensemble de ses filiales.
Aujourd’hui, les usines de terminaux mobiles au Mexique et au Brésil alimentent essentiellement les
marchés d’Amérique du Nord et du Sud, les trois installations européennes (Allemagne, Finlande et
Hongrie) alimentent principalement les marchés de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Afrique (EMEA) ;
et les usines de Chine, de Corée du Sud et d’Inde desservent principalement le marché Asie-Pacifique.
Enfin, l’usine britannique produit le Vertu, qui est le tout dernier terminal mobile haut de gamme de Nokia
(Nokia, 2007a). Chaque usine est capable de fabriquer des terminaux pour la plupart des grandes normes
mondiales de réseau mobile (par exemple normes européennes et normes américaines) et donc pour tous
les marchés ciblés par Nokia, ce qui donne à l’entreprise la souplesse de répondre rapidement à l’évolution
des besoins des consommateurs sur n’importe quel marché (Nokia, 2007a). Outre une souplesse accrue et
des coûts opérationnels plus bas, cette stratégie a également permis à Nokia d’accroître sensiblement sa
production pour répondre à la demande mondiale accrue de terminaux mobiles, générant ainsi des
économies d’échelle pour ses importants investissements dans la R-D.
67. L’importance croissante qu’occupent les activités de Nokia à l’étranger dans la stratégie
économique mondiale de l’entreprise fait que les filiales de Nokia à l’étranger enregistrent des intensités
croissantes d’importation et d’exportation. De fait, cela se vérifie pour l’ensemble du secteur manufacturier
finlandais, comme l’illustre l’étude récente de l’OCDE intitulée « Comment rester compétitif dans
l’économie mondiale : progresser dans la chaîne de valeur » (OCDE, 2007d). L’étude souligne qu’en
2001, plus de 50 % de la production manufacturière des filiales étrangères d’entreprises finlandaises étaient
exportés. De la même manière, elle note que les entreprises manufacturières finlandaises s’en remettent de
plus en plus à des biens intermédiaires importés28
. Cette « internationalisation » a été particulièrement
marquée dans les industries des TIC et des télécommunications. Les intensités croissantes d’importations
et d’exportations impliquent, quant à elles, que Nokia est potentiellement exposée à davantage de risques
et à des coûts plus élevés en cas d’évolution des tarifs douaniers et autres obstacles aux échanges, que
ce n’est le cas dans un environnement commercial traditionnel.
68. De plus, conformément à la pratique de l’industrie, Nokia s’approvisionne pour une partie des
composants dont elle a besoin dans ses terminaux mobiles auprès d’un réseau mondial de fournisseurs
externes et de fabricants sous contrat en Finlande et à l’étranger (BusinessWeek, août 2006). Les
fabricants de composants sont implantés dans un large éventail de pays, notamment l’Allemagne,
l’Autriche, le Brésil, la Chine, la Corée, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, les États-Unis, la Finlande, la
France, la Hongrie, l’Inde, l’Irlande, Israël, le Japon, la Malaisie, le Maroc, le Mexique, les Pays-Bas, les
Philippines, le Portugal, la République slovaque, la République tchèque, le Royaume-Uni, Singapour, la
Suède, la Suisse, le Taipei chinois et la Thaïlande (site web de Nokia). Ce réseau de fournisseurs comprend
des fabricants de composants électroniques (par exemple, microprocesseurs, jeux de circuits, caméras,
batteries et chargeurs) et de composants mécaniques (par exemple, capots, connecteurs et antennes)
(Nokia, 2007a). Récemment, Nokia a ainsi décidé d’externaliser le développement de jeux de circuits pour
les réseaux de troisième génération (3G) auprès de STMicroelectronics, qui est un chef de file mondial
28. En 2005, le ratio produits intermédiaires importés-produits intermédiaires produits en Finlande était
d’environ 30 %. Source : OCDE, 2007d.
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dans le développement de solutions pour semi-conducteurs, au lieu de réaliser en interne le développement
de ces composants (Le Monde, 7 août 2007)29
. Les téléphones portables Nokia comportent également des
logiciels fournis par des tiers (Nokia, 2007). Récemment, Nokia a par exemple noué un partenariat avec
Microsoft en vue d’intégrer sa plate-forme de gestion des droits numériques, PlayReady, dans la plate-
forme logicielle de Nokia pour les terminaux mobiles. Cette décision devrait permettre à Nokia d’élargir
son offre actuelle dans les domaines de la musique et de la vidéo (La Tribune, 7 août 2007). Le fait de
travailler avec une base aussi diversifiée de fournisseurs à l’échelle mondiale a donné lieu à des transferts
(réciproques) de connaissances et de technologies entre Nokia et ses partenaires, aidant ainsi l’entreprise
à générer des capacités technologiques et à les démultiplier (voir l’encadré 2). De plus, les relations
durables nouées par Nokia avec ses fournisseurs ont dynamisé la croissance de l’ensemble du secteur des
TIC finlandais, car elles ont servi de vecteur d’accès aux marchés internationaux pour de nombreuses
entreprises, PME notamment (Steinbock, 2001). Enfin, en vue d’améliorer encore son offre et de renforcer
sa compétitivité vis-à-vis des opérateurs émergents, Nokia a aussi acquis un certain nombre de sociétés de
technologie comme Navteq, fournisseur de cartes numériques et Loudeye Corporation, qui est une plate-
forme de musique numérique, afin de proposer de nouveaux services innovants à ses clients actuels et
futurs (Le Monde, 2 octobre 2007 et Les Échos, 29 août 2007).
Encadré 2. Stratégie de sous-traitance de Nokia
Dans les années 80, Nokia a utilisé ses sous-traitants principalement comme un élément de régulation pour stabiliser sa capacité manufacturière. Dans les années 90, la société s’est tournée vers l’externalisation par le biaisé d’accords de coopération à long terme avec un nombre limité de fournisseurs clés. À la fin des années 90, la
coopération a été progressivement étendue, passant des accessoires à d’autres composants électroniques et mécaniques et logiciels. Récemment, Nokia a toutefois adopté une stratégie d’approvisionnement diversifié pour la fourniture de jeux de circuits (c’est-à-dire avoir plusieurs fournisseurs). Cela s’explique par les inquiétudes croissantes quant aux risques sur la chaîne d’approvisionnement liés au fait de dépendre d’un seul fournisseur clé dont la technologie pourrait devenir obsolète, ou qui pourrait être confronté à des problèmes de livraison ou ne pas être en mesure de fournir des composants d’une qualité suffisante ou de répondre en juste à temps à la demande croissante de Nokia. De plus, le recours à plusieurs fournisseurs pour un même composant permet d’abaisser les coûts (en ayant un choix plus large de solutions compétitives sur le plan des coûts auprès desquelles s’approvisionner) et de promouvoir l’innovation dans l’industrie des jeux de circuits.
La relation entre Nokia et ses fournisseurs extérieurs implique un degré élevé de coopération dans la R-D, la conception des produits et leur fabrication. Nokia a adopté un modèle d’intégration horizontale dans lequel l’entreprise
coopère avec ses fournisseurs sur l’ensemble du cycle de vie du produit. Une telle approche, selon certains, contribuera à réduire les interfaces entre les organisations et à promouvoir une plus grande réactivité aux évolutions de la demande et favoriserait une industrialisation et une commercialisation plus rapides des nouveaux produits (c’est-à-dire des délais plus courts de mise sur le marché). De plus, cette étroite coopération dans la R-D avec les fournisseurs a contribué à renforcer les capacités d’innovation de l’entreprise.
Source : Porter, 2002, Bengtsson et Berggren, 2004, Nokia, 2007a, SupplyChain Digest, 15 août 2007
4.2.4 Stratégie en matière de ventes internationales et de distribution
69. Au début des années 90, Nokia a adopté une stratégie de vente fondée sur l’exportation. Entre
1990 et 2006, la position de la Finlande comme marché géographique dominant de Nokia a baissé de façon
spectaculaire. Sa part dans les ventes totales nettes du groupe est tombée de 30 % (6.6 milliards FIM) à
1 % (387 millions EUR). Dans les années 90, les ventes dans les autres pays européens (par exemple,
l’Allemagne et le Royaume-Uni), la région Asie-Pacifique et le continent américain ont augmenté en
flèche. En 1998, les consommateurs des autres pays européens assuraient plus de 90 % des ventes nettes du
groupe (figure 18). Les années 2000-07 toutefois, ont vu l’essor des marchés émergents –– tels que la
29. Les autres fournisseurs de jeux de circuits sont notamment : Texas Instruments, Broadcomm et Infineon
Technologies. Source : informations fournies par M. Kaunistola.
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Chine, l’Inde et la Russie - comme principaux clients de Nokia. En 2006, la Chine est devenue de fait le
principal marché de Nokia (tableau 2). Outre une évolution de la structure de ces principaux marchés, le
volume des ventes nettes a également augmenté de façon spectaculaire (+209 % sur 8 ans, passant d’un
total de 13 326 millions EUR en 1998 à 41 121 millions EUR en 2006) (rapports annuels de Nokia).
L’augmentation du volume des ventes a ainsi permis à Nokia de rentabiliser plus facilement ses
investissements dans la R-D. Aujourd’hui, Nokia vend ses terminaux mobiles dans 150 pays. La majeure
partie de son activité dans les terminaux mobiles est constituée des ventes aux opérateurs, distributeurs,
détaillants indépendants, clients d’entreprise et utilisateurs finals. La part dans le volume total des ventes
correspondant à chacun de ces canaux varie selon les régions. Dans la région Asie-Pacifique, par exemple,
les distributeurs et détaillants assurent plus de 50 % du volume total des ventes alors qu’en Amérique latine
et en Amérique du Nord, les ventes par l’intermédiaire des opérateurs de télécommunications constituent
la plus forte part des ventes totales (Nokia, 2007a).
Figure 18. Ventes nettes totales de Nokia par marché, millions FIM, 1990-98
Source : calculs de l’auteur d’après les rapports annuels de Nokia.
Tableau 2. Les 10 principaux marchés de Nokia, 2004-06
Ventes nettes, en millions EUR
2006 2005 2004
Chine 4 913 3 403 2 678
États-Unis 2 815 2 743 3 430
Inde 2 713 2 022 1 369
Royaume-Uni 2 425 2 405 2 269
Allemagne 2 060 1 982 1 730
Russie 1 518 1 410 946
Italie 1 394 1 160 884
Espagne 1 139 923 768
Indonésie 1 069 727 -
Brésil 1 044 614
Source : Nokia, 2007a.
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V. Conclusions et perspectives pour l’avenir
5.1 Principaux résultats
70. Les résultats obtenus par la Finlande dans le domaine de l’innovation se caractérisent par une
production impressionnante de nouvelles technologies (par le biais d’investissements importants dans la
R-D), mais aussi par l’application et la diffusion fructueuse de nouvelles technologies et de nouvelles idées
et leur commercialisation à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, le pays occupe la deuxième place (sur
117 pays) de l’indice de compétitivité 2006/07 du Forum économique mondial , et la quatrième place (sur
122 pays) sur l’indice 2006/07 d’équipement en réseaux du Forum économique mondial, qui mesure le
degré de préparation d’un pays à participer aux évolutions des TIC et à en tirer parti (WEF, 2006 et WEF,
2006a). Une telle réussite est remarquable, compte tenu de la situation économique de la Finlande au début
des années 90.
71. Les politique publiques mises en œuvre par la Finlande au cours des années 90 et 2000 ont joué
un rôle important dans le renforcement de la capacité d’innovation du pays, en créant des conditions-cadres
appropriées pour l’innovation. Les évolutions déterminantes qui ont contribué à promouvoir ces conditions
et qui ont encouragé l’émergence d’une industrie performante des équipements de télécommunication sont
notamment les suivantes : (1) le rôle des pouvoirs publics dans le développement précoce de l’industrie des
communications mobiles (par le développement des normes NMT et GSM), ce qui a permis à Nokia et à
d’autres acteurs clés de l’industrie de bénéficier des avantages liés à leur situation de précurseur ; (2) la
libéralisation et la déréglementation précoces du marché des télécommunications finlandais, ce qui a créé
une structure de marché compétitive comptant de nombreux opérateurs locaux et étrangers et a incité
l’introduction d’innovations technologiques ; (3) d’importants investissements dans la R-D, conjugués à la
mise en place d’un réseau efficace d’organismes publics soutenant la R-D publique et privée et une
approche de l’innovation fondée sur des pôles de compétitivité, qui ont encouragé de nombreux échanges
et transferts de connaissances et de technologies entre petites et grandes entreprises, prestataires de
services, instituts de recherche et universités ; et (4) des politiques éducatives efficaces, qui ont contribué à
l’émergence d’une main-d’œuvre qualifiée, ce qui a facilité l’assimilation des nouvelles technologies dans
les processus de production et produit un important vivier de chercheurs et d’ingénieurs nécessaire au
développement de l’industrie des équipements de télécommunications.
72. Les politiques finlandaises en matière d’échanges et d’investissements internationaux et la
libéralisation mondiale des échanges et de l’investissement au cours des deux dernières décennies ont
également contribué à instaurer des conditions-cadres adéquates pour l’innovation dans le pays. Il est
toutefois difficile de dissocier leurs effets de ceux des autres politiques publiques, car ce sont la
conjugaison et la coordination de tous ces choix politiques qui ont facilité l’innovation, plus
particulièrement dans l’industrie des équipements de télécommunications. L’intégration de la Finlande
dans l’Union européenne et à l’OMC, les efforts multilatéraux de libéralisation des échanges dans
l’industrie des télécommunications –– notamment à travers l’adoption de l’Accord sur les technologies de
l’information de l’OMC –– et les efforts de normalisation internationale en cours, parallèlement aux efforts
bilatéraux et régionaux de libéralisation des échanges (pilotés par la CE) sont autant d’éléments qui ont
facilité les échanges de biens d’équipements finis et intermédiaires pour les télécommunications entre la
Finlande et ses partenaires commerciaux. Les entreprises finlandaises ont de ce fait pu importer des
volumes plus importants de composants et de pièces incorporant de nouvelles technologies. De façon plus
générale, et grâce à la réduction de barrières aux échanges et à l’investissement, à la baisse de coûts de
transport et aux progrès des TIC, de grandes entreprises comme Nokia ont pu mettre en place des chaînes
d’approvisionnement intégrées au-delà des frontières et travailler avec toute une gamme de filiales internes
et de fournisseurs externes partout dans le monde pour inventer, concevoir, fabriquer et distribuer leurs
produits. Ces nouvelles formes de production et d’échange ont non seulement permis aux entreprises
finlandaises d’abaisser leurs coûts opérationnels mais elles ont aussi généré des échanges de connaissances
et de technologies dont on sait qu’ils ont renforcé la capacité d’innovation des entreprises. De plus, la
poursuite de la libéralisation et de la déréglementation des marchés des télécommunications à l’échelle
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38
mondiale ont intensifié la concurrence entre les opérateurs de télécommunications et les équipementiers et
fourni ainsi davantage d’incitations à investir dans l’innovation. Enfin, la libéralisation des échanges
mondiaux a également donné à Nokia accès à un plus grand nombre de marchés de consommation, ce qui a
permis à l’entreprise de réaliser des économies d’échelle et de rentabiliser plus aisément ses
investissements dans la R-D.
73. Certaines entreprises finlandaises ont bien entendu réussi plus facilement que d’autres à tirer parti
de ce nouvel environnement, en vue de renforcer leur compétitivité. Nokia a su développer d’étroites
relations avec ses propres filiales de même qu’avec un choix de fournisseurs extérieurs pour la R–D,
l’étude des produits et leur fabrication, ce qui lui a permis de développer et de multiplier ses capacités
technologiques et de renforcer l’ensemble du secteur finlandais des TIC. Grâce à son modèle d’intégration
horizontale pour la gestion de la chaîne d’approvisionnement, l’entreprise est également devenue plus
réactive aux évolutions des goûts du client et du marché et plus rapide pour mettre de nouveaux produits
sur le marché. Aujourd’hui, la stratégie efficace de gestion de la chaîne d’approvisionnement de Nokia
constitue de fait l’un de ses principaux atouts sur ses concurrents. Une telle évolution aurait été
inconcevable sans la libéralisation progressive des échanges et de l’investissement en Finlande et dans le
monde. Il en découle par ailleurs que des remises en question de ces évolutions pourraient être
extrêmement préjudiciables pour les performances d’innovation de Nokia et pour la croissance de
l’industrie finlandaise des équipements de télécommunications.
74. L’expérience de Nokia illustre bien comment des entreprises peuvent contribuer à renforcer la
capacité d’innovation d’un pays. Leur rôle clé consiste à améliorer les capacités internes et les processus
organisationnels et de gestion pour créer des technologies et des idées et les commercialiser sur le marché.
Outre l’élaboration d’une stratégie efficace pour la chaîne d’approvisionnement et la logistique, Nokia a
fortement investi dans la R-D et a adopté un modèle de collaboration et d’innovation « ouvert ». Ce modèle
est caractérisé par une coopération étroite, des échanges et des retombées de connaissances avec d’autres
entreprises, des institutions académiques, et des instituts de recherche, qui ont permis à Nokia d’élargir le
champ de son développement technologique à long terme. De plus, l’entreprise a introduit un certain
nombre de changements organisationnels –– comme la décentralisation de la fonction de R-D, l’ingénierie
concomitante et une structure organisationnelle aplatie –– afin de susciter davantage de créativité et de
développer des produits technologiques répondant aux besoins des clients. Enfin et surtout, Nokia a été à la
pointe de la normalisation internationale pour les pièces et équipements de télécommunications, ce qui lui
a donné un avantage sur ses concurrents.
75. Pour conclure, la transformation de l’économie finlandaise en une économie fondée sur le savoir
et le renforcement de la capacité nationale d’innovation ont été, dans une large mesure, le résultat des
efforts des entreprises. Le rôle pilote des entreprises, les avantages dont celles-ci ont bénéficié de par leur
statut de précurseur, les liens étroits avec le monde de la recherche et de l’université et les changements
innovants dans les organisations ont été déterminants pour renforcer l’innovation (Yla-Anttila, 2005).
Cependant, des politiques publiques efficaces ont également apporté une contribution significative, en
encourageant les structures de marché concurrentielles, en assurant l’ouverture des marchés et en
établissant des incitations et des réseaux de soutien pour l’innovation au niveau des entreprises. Ce qui
ressort clairement de l’étude de cas finlandaise, c’est les relations réciproques qui existent entre les
réformes de l’action publique axées sur l’ouverture de marché, d’une part, et le processus d’innovation de
l’autre. Comme on l’a vu, la déréglementation des marchés de produits et la libéralisation des échanges et
de l’investissement ont eu un impact positif sur la capacité d’innovation de la Finlande. En même temps,
l’innovation technologique –– notamment dans le secteur des TIC et des transports –– a facilité
l’internationalisation de la production et induit une augmentation des volumes des échanges internationaux
(notamment des échanges intrabranches et intra-entreprises) et des investissements internationaux qui
l’accompagnent.
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39
5.2 Enjeux à l’horizon
76. La compétitivité et la capacité d’innovation actuelles de la Finlande ne sont bien entendu pas une
garantie de succès pour l’avenir. Aujourd’hui, malgré sa position de leader, Nokia est confrontée à une
concurrence accrue dans l’industrie de la téléphonie mobile, de la part non seulement de concurrents
traditionnels (par exemple, Motorola, Samsung et Sony-Ericsson) mais aussi de nouveaux constructeurs
(par exemple, Apple, Palm et Research in Motion). La concurrence de ces nouveaux fabricants est
particulièrement féroce pour les terminaux multimédia et terminaux pour entreprises qui sont les plus
sophistiqués sur le plan technologique. Pour demeurer compétitives, des entreprises comme Nokia doivent
être flexibles et constamment innover et s’adapter (par exemple, aux nouvelles normes, comme les
normes de 3e génération, 3G, de même qu’à l’évolution des goûts des consommateurs). L’un des enjeux
clés pour le pôle finlandais des TIC et de la téléphonie mobile est de se tenir à la pointe de la convergence
technologique en cours entre les communications de données et les communications vocales, les
technologies de l’information et l’électronique grand public. Dans un tel contexte, l’accent mis sur les
équipements de télécommunications pourrait diminuer, au profit des applications et du contenu (Dahlman
et. al., 2006).
77. Les défis que posent l’accompagnement de la convergence sont particulièrement importants,
compte tenu du fait que la Finlande n’occupe plus aujourd’hui une position de leader en matière de
normalisation comme c’était le cas au début des années 90 (avec les normes NMT et GSM). Aujourd’hui,
il existe une concurrence entre les diverses normes 3G de téléphonie mobile (par exemple UMTS,
CDMA2000 et TD-SCDMA) et entre ces normes et les technologies Internet sans fil (par exemple le Wi-
Fi) (Dahlman, 2006). De plus, Nokia ne figure plus parmi les sociétés les plus performantes quand on
compare ses taux de pénétration au plan international pour des technologies émergentes comme le haut
débit sans fil et la téléphonie mobile 3G (OCDE, 2003a). Un rapport récent du Parlement finlandais
souligne qu’il existe encore des marges d’amélioration en Finlande pour transformer davantage
d’innovations en produits commerciaux vendeurs sur les marchés internationaux et pour développer
l’utilisation des TIC dans tous les secteurs de l’économie, y compris dans le secteur public (Commission
pour l’avenir, 2005).
78. Pour faire face à ces enjeux, le gouvernement a récemment décidé d’élaborer une nouvelle
stratégie nationale pour l’innovation accompagnée d’un plan d’action (« Proposal for a National Innovation
Strategy », juin 2008). Cette stratégie globale devrait permettre d’adopter une approche systémique et
pluridisciplinaire de la politique d’innovation, et induire une innovation tirée par la demande (tournée
vers l’utilisateur), dans la mesure où les atouts concurrentiels reposent souvent sur la capacité à identifier
les besoins des consommateurs avant les concurrents. À cette fin, la stratégie recommande un certain
nombre d’actions :
Accroître la coopération entre toutes les entités gouvernementales travaillant sur des politiques
ayant une incidence sur les performances en matière d’innovation. La Commission
interministérielle sur la politique économique sera ainsi élargie pour devenir la Commission
interministérielle sur la politique économique et l’innovation, qui sera le lieu d’échange pour la
gestion stratégique et la coordination des réformes liées à l’innovation. Par ailleurs un Conseil
pour la recherche et l’innovation sera mis en place pour suivre et examiner des politiques
d’innovation diversifiées. L’utilisation de produits et procédés innovants sera également
encouragée dans toute l’administration publique.
Promouvoir davantage des modèles d’innovation ouverts et coopératifs afin de mieux associer les
consommateurs, les producteurs et les autres entreprises dans le développement de produits. Les
partenariats stratégiques et les cadres de coopération avec les autres réseaux d’innovation seront
renforcés ; les réseaux et programmes d’innovation européens seront mieux exploités et des
centres d’innovation régionaux ou des pôles d’expertise seront mis en place, afin d’attirer de
nouveaux talents, de nouvelles entreprises et du capital-risque du monde entier et de promouvoir
la Finlande comme un environnement pionnier pour l’innovation.
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40
Encourager la créativité, l’esprit d’entreprise et la productivité fondée sur l’innovation dans tous
les secteurs de l’économie, par exemple en créant un organisme public fédérateur qui
coordonnerait la prestation de services économiques et financiers aux chefs d’entreprise et aux
entreprises porteuses qui innovent ; en réformant le système éducatif de telle manière à ce qu’il
favorise l’esprit d’entreprise, la créativité et l’innovation ; et en offrant de nouvelles possibilités
d’apprentissage et de formation continu pour les adultes. Toutes les réformes d’action publique
proposées seront également systématiquement revues pour évaluer leur impact probable sur
l’entrepreneuriat et l’innovation.
Renforcer la capacité de recherche des universités, des écoles polytechniques et des instituts de
recherche et renforcer davantage les liens entre les universités, les instituts de recherche et le
secteur privé, pour faire de la Finlande un environnement compétitif au plan international pour la
R-D. Développer la mobilité internationale parmi les étudiants et les chercheurs, pour développer
les contacts et les possibilités d’apprentissage mutuel.
79. Dans le domaine des échanges et des investissements internationaux, les politiques
finlandaises devraient continuer à faciliter la circulation de ressources entre les « tâches » (c’est-à-dire les
filiales ou les fournisseurs), en encourageant un environnement stable et prévisible pour les échanges et les
investissements, compte tenu de la fragmentation accrue de la production. À cet égard, le projet récent de
stratégie nationale pour l’innovation souligne que « les flux entrants [d’échange et d’investissement]
contribueront à la prospérité du pays ». Il indique également que ces flux sont indispensables pour
permettre à la Finlande d’influer sur les chaînes de valeurs mondiales et d’y participer, condition
indispensable pour promouvoir la compétitivité du pays sur les marchés mondiaux. De plus, la Finlande
devrait continuer d’œuvrer pour que les négociations OMC du Cycle de Doha pour le développement
s’achèvent avec succès et pour l’expansion de l’Accord OMC sur les technologies de l’information, afin de
couvrir davantage de produits et de pays, de telle manière que cet accord conserve sa pertinence dans un
contexte de changement technologique rapide et de convergence. De plus, les politiques finlandaises
devraient encourager la poursuite de l’harmonisation internationale des spécifications de produits et la
reconnaissance mutuelle des procédures d’évaluation de conformité pour les pièces et équipements de
télécommunications et pour les pièces et équipements électriques, de manière à faciliter les échanges de
produits intermédiaires, essentiels pour soutenir la compétitivité et la capacité d’innovation de l’industrie
finlandaise des équipements de télécommunications.
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41
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ANNEXE I
Tableau 3 Accords de promotion et de protection des investissements conclus par la Finlande
Pays Date
Afrique du Sud 14.09.1998
Albanie 24.06.1997
Algérie 13.01.2005
Ancienne République yougoslave de Macédoine 25.01.2001
Argentine 05.11.1993
Arménie 05.10.2004
Azerbaïdjan 26.02.2003
Bélarus 28.10.1992
Bosnie-Herzégovine 01.11.2000
Bulgarie 03.10.1997
Chili 27.05.1993
Chine 15.11.2004
Croatie 01.06.1999
Égypte 03.03.2004
Émirats arabes unis 12.03.1996
Équateur 18.04.2001
Estonie 13.02.1992
Éthiopie 23.02.2006
Fédération de Russie 08.02.1989 57-58/1991
Guatemala 12.04.2005
Hongrie 06.06.1988
Inde 07.11.2002
Indonésie 13.03.1996
Iran 04.11.2002
Kazakhstan 29.09.1992
Koweït 10.03.1996
Kyrgyzstan 03.04.2003
Lettonie 05.03.1992
Liban 25.08.1997
Lituanie 12.06.1992
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Malaisie 15.04.1985
Maroc 01.10.2001
Mexique 22.02.1999
Mozambique 03.09.2004
Namibie 31.10.2002
Nigeria 22.06.2005
Oman 27.09.1997
Ouzbékistan 01.10.1992 73-74/1993
Pérou 02.05.1995
Philippines 25.03.1998
Pologne 25.11.1996
Qatar 12.11.2001
République de Corée 21.10.1993
République de Moldavie 25.08.1995
République dominicaine 27.11.2001
République slovaque 06.11.1990
République tchèque 06.11.1990
République unie de Tanzanie 19.06.2001
Roumanie 26.03.1992
Salvador 20.05.2002
Slovénie 01.06.1998
Sri Lanka 27.04.1985
Thaïlande 18.03.1994
Tunisie 04.10.2001
Turquie 13.05.1993
Ukraine 07.10.2004
Uruguay 21.03.2002
Viet Nam 13.09.1993
Source : ministère des Affaires étrangères de la Finlande.