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HAL Id: hal-00465539 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00465539 Submitted on 19 Mar 2010 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Méthodes de diagnostic des exploitations agricoles et indicateurs : panorama et cas particuliers appliqués à l’évaluation des pratiques phytosanitaires Frédéric Zahm To cite this version: Frédéric Zahm. Méthodes de diagnostic des exploitations agricoles et indicateurs : panorama et cas particuliers appliqués à l’évaluation des pratiques phytosanitaires. Ingénieries eau-agriculture- territoires, Lavoisier ; IRSTEA ; CEMAGREF, 2003, p. 13 - p. 34. hal-00465539

Méthodes de diagnostic des exploitations agricoles et

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HAL Id: hal-00465539https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00465539

Submitted on 19 Mar 2010

HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiés ou non,émanant des établissements d’enseignement et derecherche français ou étrangers, des laboratoirespublics ou privés.

Méthodes de diagnostic des exploitations agricoles etindicateurs : panorama et cas particuliers appliqués à

l’évaluation des pratiques phytosanitairesFrédéric Zahm

To cite this version:Frédéric Zahm. Méthodes de diagnostic des exploitations agricoles et indicateurs : panorama etcas particuliers appliqués à l’évaluation des pratiques phytosanitaires. Ingénieries eau-agriculture-territoires, Lavoisier ; IRSTEA ; CEMAGREF, 2003, p. 13 - p. 34. �hal-00465539�

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Comment évaluer l'impact des pratiques agricoles ? À quelles échelles pertinentes les actions ont-ellesdes effets ? À ces questions fondamentales, les réponses sont multiples et complexes entre une approchede modélisation des processus agronomiques et une approche d'évaluation indirecte de l'impact despratiques à partir d'indicateurs de pression polluante ou d'état des milieux. À partir d'un travail d'étudeet d'analyse bibliographique, l'auteur propose ici un recensement international non-exhaustif et uneanalyse de différentes méthodes de diagnostic d'exploitation intégrant la dimension environnementaleà l'échelle de l'exploitation agricole. Une analyse spécifique est conduite pour évaluer l'impactenvironnemental des produits phytosanitaires.

Frédéric Zahm

Frédéric ZahmCemagref,UR Agricultureet dynamique del'espace rural,50, avenue de VerdunGazinet,33612 Cestas Cedex

Contact

Prendre en compte l’environnement dansla globalité du processus de productionagricole est complexe car les facteursd’impact sont multiples et interagissent

entre eux à des niveaux différents (temporels et/ouspatiaux) (Théobald, 2001). C’est pourquoiagriculteurs, conseillers et décideurs publiques sontconfrontés aux mêmes questions et problé-matiques : comment évaluer l’impact des pratiquesagricoles ? À quelles échelles pertinentes les actionsont elles des effets ? La réponse n’est pas unique. Etles outils actuellement disponibles se construisentautour de deux approches :

– l’une s’appuie sur la modélisation des processusagronomiques propres aux pratiques agricoles. Elleimplique toutefois d’indispensables et souventcoûteuses mesures directes sur le terrain pourcalibrer puis valider le modèle développé ;

– la seconde est une évaluation indirecte de l’impactdes pratiques à partir soit d’indicateurs de pressionpolluante, soit d’indicateurs état. Les indicateursde pression polluante rendent compte de lapression exercée par les activités agricoles surl’environnement (Maurizi et al., juin 2002). Quantaux indicateurs d’état, ils décrivent l’évolution descaractéristiques des milieux récepteurs.

Les méthodes de diagnostic d’exploitation à based’indicateurs s’inscrivent dans cette secondeapproche en s’attachant à décrire l’état ou l’impactdu système étudié (l’exploitation agricole) à partirde différents types d’indicateurs. Ces indicateurs etméthodes de diagnostic ont pris une importanceprimordiale depuis que l’évaluation des politiquespubliques communautaires est devenue obligatoireet qu’elle s’accompagne de « critères et d’indica-teurs traduisant le niveau de réalisation » (section 5du règlement communautaire n° 445/2002(Commission européenne). Le programme nationalen cours d’évaluation du plan de développementrural s’appuie d’ailleurs principalement sur cestravaux méthodologiques d’élaboration d’indica-teurs pour suivre et évaluer les mesures agri-environnementales et les contrats territoriauxd’exploitation.

Au plan international, l’OCDE a également conduitdes travaux sur les indicateurs agri-environ-nementaux (IAE) qui « …ont pour objet de fournirdes informations sur l’état de l’environnement,d’aider les décideurs à comprendre les interactionsentre agriculture, politique agricole et environnementet de contribuer au suivi et à l’évaluation de l’efficacitédes mesures prises pour encourager une agricultureécologiquement viable…» (OCDE, 1999b, p.9).

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Ce document se situe dans la réflexion sur lesméthodes de diagnostic à base d’indicateurs enappui aux démarches publiques ou privéesd’évaluation de l’impact des pratiques agricolessur l’environnement. En effet, les indicateursprésentés peuvent intéresser, pour certains, lesexploitants agricoles intéressés par une démarched’évaluation de leurs pratiques (démarche person-nelle) et pour d’autres, les acteurs publiques locauxou nationaux en charge de l’évaluation despratiques phytosanitaires.

Il s’appuie sur un travail de recherche conduit en2001 par le Cemagref à la demande du ministèrede l’Agriculture et de la Pêche (Monzie, 2001).Il s’agissait d’étudier l’adaptation, de la méthode« Indicateurs de durabilité des exploitationsagricoles » (IDEA) à la viticulture. Pour ce faire etpréalablement à ce travail spécifique sur laviticulture, une recherche bibliographique, plusgénérale, nationale et internationale a été néces-saire. Elle a porté sur les méthodes de diagnosticd’exploitation à base d’indicateurs environ-nementaux. Dans cette analyse bibliographique,notre attention a particulièrement privilégiél’identification de méthodes décrivant l’impact despratiques phytosanitaires.

Cet article est pour partie le résultat de ce travailpréalable. Son objectif est double :

– rappeler les enjeux actuels liés aux méthodes dediagnostic agri-environnemental,

– mettre à disposition des lecteurs intéressés par untravail sur l’évaluation de l’impact des pratiquesphytosanitaires, une première synthèse bibliogra-phique sur les indicateurs phytosanitaires et leurscaractéristiques.

Il s’articule autour de trois parties : d’une part lerappel des notions de méthode de diagnostic etd’indicateurs ainsi que les principales méthodes,d’autre part l’intérêt et l’enjeu actuel de tels outils etenfin la présentation des différents diagnostics agri-environnementaux recensés avec notammentl’analyse en détail de la façon dont ces méthodesabordent l’évaluation environnementale despratiques phytosanitaires à partir d’indicateurs.

Cette étude n’est pas exhaustive de l’ensemble desméthodes et travaux existants. Ainsi, l’échellespatiale retenue se limite t-elle volontairement à cellede l’exploitation, de la parcelle ou du produitagricole. Les méthodes de diagnostic à l’échelle debassins versant ou de territoires ne sont donc pastraitées ici.

Vers la prise en compte del’environnement dans les méthodesde diagnostic d’exploitationSelon Bonnevial, un diagnostic d’exploitation est« le résultat d’une démarche d’investigation visantà identifier et à apprécier les forces et les faiblessesde celle-ci et à en rechercher les causes (…). Lediagnostic est toujours relié au point de vue et auréférentiel de celui qui le fait » (Bonnevial et al.,1989).

Si l’on s’intéresse à l’évolution conceptuelle desméthodes, de nombreux travaux ont porté surl’élaboration de méthodologies de diagnosticd’exploitation avec des objectifs et des approchesdifférentes. Les objectifs sont en effet très différentssuivant les thèmes abordés par les auteurs, et lesdiagnostics vont d’une approche sectorielle trèsdétaillée de l’exploitation agricole à une approcheglobale intégrant les différents composantes del’exploitation (sociale, environnementale etterritoriale). Le tableau 1 (p. 27) indique lesméthodes portant sur le fonctionnement del’exploitation agricole, les méthodes de diagnosticagri-environnemental axées sur un ou plusieursthèmes, les méthodes d’approche globale portantsur plusieurs des composantes suivantes :environnementale, économique et sociale.

L’approche méthodologique a évolué tant dans ladémarche que dans son contenu.

– Les années 70 sont marquées par une dominantedu diagnostic technico-économique de l’exploi-tation qui s’intéresse à l’évaluation financière del’exploitation et à la rentabilité économique desprojets d’investissement. Les résultats sont alorscomparés soit à des référentiels pré-établis, soitaux résultats individuels d’autres exploitations lorsd’analyse « dite de groupe ». L’étude technico-économique nécessaire à l’obtention de la dotationen capital pour les jeunes agriculteurs illustre biencette approche normative.

– Les années 80 voient apparaître le concept del’approche globale de l’exploitation (Marshall et al.,1994) qui est alors considérée comme un système,dont les parties sont liées et se trouve en interactioninterne et externe avec son environnement. Lediagnostic d’exploitation intègre l’exploitant et safamille dans le processus de décision et d’expli-cation des choix techniques. Un diagnostic peutêtre global ou sectoriel selon qu’il concerne toutou partie de l’exploitation sur lequel il porte.La notion de système d’exploitation apparaît

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également et les approches par typologie defonctionnement se développent pour caractériserl’exploitation agricole (Capillon, 1993).

– Enfin, les méthodes de diagnostics agri-environnemental (DAE), émergent à la fin desannées 80. Le DAE définit comme un outild’évaluation des relations entre le système agricoleétudié, les pratiques agricoles mises en œuvre parl’exploitant et leurs impacts sur l’environnement.

Il repose principalement sur la constructiond’indicateurs agri-environnementaux qui caracté-risent indirectement l’impact environnemental despratiques. C’est donc une évaluation indirecte carle DAE mesure ou évalue une pression potentielled’impact de par sa construction méthodologique.En effet, la conception des DAE repose surl’élaboration d’indicateurs d’état ou d’indicateursde risque de pression polluante potentielle.

Généralement, les principaux objectifs sont doubles(Pointereau et al., 1997). « Le premier consiste àporter un diagnostic sur les questions environ-nementales d’une exploitation agricole (objectif dequalification environnementale). Le second estd’apprécier et de mesurer l’impact sur l’environ-nement des actions entreprises par les agriculteurs,en particulier lors de la mise en place de mesuresagri-environnementales (objectif d’évaluation demesures ou changements de pratiques) qui fontl’objet de compensations monétaires ».

Plusieurs raisons peuvent expliquer cetteévolution des diagnostics vers une sensibilitéenvironnementale :

– l’aggravation et la prise de conscience collectivedes problèmes environnementaux liés à l’intensi-fication de l’agriculture,

– la nécessité exprimée par les pouvoirs publics dedisposer d’outils permettant d’appréhender et decomprendre les questions environnementales dansune exploitation,

– le renforcement de la législation environnementalequi a d’abord concerné le traitement des effluentset des déjections organiques animales,

– la déclinaison nationale des règlements commu-nautaires agri-environnementaux qui se traduit parla réalisation de diagnostic d’exploitation et deterritoire,

– le développement de la certification des produitset de la qualification des exploitations agricoles.

En définitive, les méthodes de diagnostic se sontdéveloppées en fonction de l’objectif recherché etde la méthodologie développée. M.-C. Bidault(Bidault, 2000) propose de les distinguer enfonction du regard porté sur l’exploitation :

– un diagnostic qualifié d’interne, qui est undiagnostic par rapport aux objectifs de l’agriculteuret de sa famille,

– un diagnostic qualifié d’externe qui évalue l’outilde production indépendamment de l’exploitant etde ses objectifs.

Pourquoi des diagnosticsd’exploitation à base d’indicateurs ?

L’enjeuLe concept et le contenu d’un diagnostic d’exploi-tation prennent aujourd’hui toute leur importancepour 4 raisons principales :

– tout exploitant est tenu de réaliser un diagnosticd’exploitation lorsqu’il désire souscrire un contratterritorial d’exploitation (CTE) sur son exploitation ;

– tous les États membres de l’Union européennedoivent conduire un suivi et une évaluation despolitiques publiques prises en application durèglement de développement rural à partir d’indica-teurs (y compris à l’échelle de l’exploitation) ;

– l’éventuelle obligation d’un audit d’exploitationinstauré au niveau communautaire,

– on assiste à un développement de la certificationdes exploitations agricoles et à une multiplicité descahiers de charges contractuels de production entreagriculteurs et distributeurs, cahier des charges quifont également appel pour certains à des méthodesde diagnostic.

Diagnostic d’exploitation et CTE

L’exigence réglementaire d’effectuer un diagnosticd’exploitation préalable à la réalisation d’un CTE,une circulaire du ministère de l’Agriculture1 préciseen effet explicitement les points ou thématiquesqui doivent être abordés dans le diagnosticd’exploitation. Au regard du projet de CTE, lediagnostic doit préciser les atouts et contraintes del’exploitation et les points forts sur lequel peuts’appuyer le projet individuel de l’exploitant.L’encadré 1 (p. 16) présente les thèmes qui doiventêtre abordés lors de la réalisation du diagnosticd’exploitation.

1.1.1.1.1. CirculaireDEPSE/SDEA/N°99-7030 du17 novembre 1999.

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Soulignons la difficulté que de nombreux acteursdépartementaux ont rencontrée lors de la phased’élaboration d’un diagnostic type. En effet, cettedifficulté tient au nombre élevé des champs

thématiques couverts par les CTE. D’ailleurs, surce sujet un groupe d’experts nationaux s’est réunifin 1999 à la demande du ministère de l’Agriculturepour élaborer un diagnostic type. Ce travail

Encadré 1

Contenu et objectifs du diagnostic d’exploitation préalable à la souscription d’un contrat CTE(source : circulaire CTE DEPSE/SDEA/N°99-7030 du 17 novembre 1999)

Le diagnostic d’exploitation doit identifier :– d’une part les atouts et contraintes tant internes qu’externes caractérisant la situation de l’exploitation,– d’autre part les points forts sur lesquels pourra s’appuyer le projet et les points à améliorer au niveau de laproduction, de l’organisation technique et sociale, de la production de revenu, de la gestion financière etpatrimoniale et de l’impact du projet sur l’environnement et réciproquement.

Le diagnostic doit aborder les points suivants :– rappel des enjeux du territoire,– les personnes (exploitants, conjoints, salariés),– les chiffres clefs de l’exploitation (surfaces, production, cheptel…), les évolutions récentes de l’exploitation,– l’exploitation dans l’angle de son fonctionnement technique et environnemental : les facteurs de production-facteurs d’environnement (bâtiments, matériel, parcellaire, eau, sols, biodiversité, architecture et paysage,air, énergie) et les ateliers de biens ou des services,– l’économie et le travail.

Ce diagnostic doit s’accompagner d’une synthèse présentant l’exploitation et le projet de l‘exploitant.

Encadré 2

Les étapes politiques de l’intégration environnementale des indicateurs agri-environnementauxau plan européen

1. Le traité d’Amsterdam

Le Traité d’Amsterdam adopté en 1997 souligne la nécessité d’intégrer les exigences de la protectionenvironnementale dans la définition et la mise en oeuvre de toutes les politiques communautaires. La CE amandat pour élaborer, arrêter et faire appliquer les dispositions en matière d’environnement dans l’ensemblede l’UE.

2. Les mandats de Cardiff et de Vienne

Le Conseil européen de Cardiff, en juin 1998, a entériné le principe selon lequel les principales propositionspolitiques de la Commission doivent être accompagnées d’une appréciation de leur impact environnemental.Il a suggéré à toutes les formations du Conseil concernées de définir leurs propres stratégies afin de mettre enoeuvre l’intégration environnementale et le développement durable dans leurs domaines politiques respectifs.Il a notamment invité le Conseil « Agriculture » à entamer ce processus.

Le Conseil européen de Vienne de décembre 1998 a réaffirmé son engagement à intégrer la dimensionenvironnementale et le développement durable dans toutes les politiques communautaires. Il a invité laCommission à établir un rapport coordonné sur les indicateurs.

Le Conseil « Agriculture » a été invité à poursuivre ses travaux en vue de présenter, au Conseil européend’Helsinki, une stratégie globale, comprenant un calendrier pour les mesures supplémentaires ainsi que desindicateurs. En juillet 1999, le Conseil « Agriculture » a demandé à la Commission un rapport sur les indicateursagri-environnementaux afin de contribuer aux préparatifs du Conseil européen.

3. Stratégie d’intégration du Conseil « Agriculture »

La stratégie adoptée en novembre 1999 répond à la demande du Conseil de Vienne concernant l’intégrationdes exigences environnementales dans la Politique agricole commune (PAC) par le biais des réformes adoptéesdans le cadre d’Agenda 2000. Les mesures comprennent des exigences et des incitations environnementalesintégrées dans la politique du marché ainsi que des mesures environnementales ciblées s’inscrivant dans lesprogrammes de développement rural.

Sur ces recommandations ou mandats, la Commission européenne a établi en décembre 2000 un documentde référence à l’attention des États membre sur les critères et indicateurs accompagnant l’évaluation durèglement de développement rural (Commission européenne, 2000).

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méthodologique a été mené à terme mais il n’a pasété repris directement en pratique, certainementpour des contraintes de temps et de moyenshumains. Toutefois, afin de permettre l’intégrationdes diverses spécificités départementales, leministère de l’Agriculture a laissé le soin aux acteursdépartementaux de construire un diagnostic type.

Ce travail s’est heurté à de réelles difficultésméthodologiques auxquelles se sont égalementajoutées des contraintes liées à l’élaboration d’uncompromis avec des organisations profession-nelles. agricoles qui souhaitaient directements’impliquer dans la phase d’élaboration dudiagnostic.

Diagnostics, indicateurs et appui à

l’évaluation des politiques

communautaires

En appui à l’évaluation des politiques publiques,les outils de diagnostic agri-environnementaux àbase d’indicateurs sont des éléments intéressantscar lisibles et synthétiques pour mesurer lesproblèmes environnementaux et pour suivre l’effet

des politiques publiques mises en place localement.Les principales étapes politiques de la prise encompte de ces outils sont à ce titre rappelées dansl’encadré 2. Conformément à l’article 54 durèglement2 communautaire d’application durèglement de développement durable (Commissioneuropéenne), la Commission européenne a définiavec les états membres des critères et des indicateurspour l’ensemble des questions évaluatives desdifférentes mesures. Un extrait du contenu del’indicateur de programme « Qualité de l’eau » estprésenté comme exemple dans l’encadré 3.

Diagnostic d’exploitation et proposition

de réforme de la PAC à mi-parcours

Le projet de réforme (juillet 2002) de la Politiqueagricole commune prévoit un « mécanismeobligatoire d’audit des exploitations agricoles quiperçoivent plus de 5 000 euros d’aides par an »(Commission européenne, 2002) dans le cadre del’éco-conditionnalité des soutiens publics. Si unetelle proposition était acceptée, il conviendra doncd’en définir le contenu et les critères communau-taires de mesure pour la réalisation de cet audit.

2.2.2.2.2. Règlement CEn° 445/2002 dela Commission du26 février 2002.

Encadré 3

Exemple de critères et indicateurs proposés par la Commission européenne pour le suivi de la qualité deseaux (Extrait du document VI/12004/Final partie D, élaboré par la Commission européenne DG 6)

Dans quelle mesure les ressources naturelles ont-elles été protégées en termes de qualité des eauxsouterraines et de surface, sous l’influence des mesures agro-environnementales ?

Critère(s) d’évaluation– Réduction des intrants agricoles potentiellement responsables d’une contamination de l’eau.– Obstruction des mécanismes de transport (de la surface des cultures ou de la zone radiculaire aux réservoirsaquifères) des substances chimiques (lessivage, ruissellement, érosion.– Amélioration de la qualité des eaux de surface et/ou souterraines.– Retombées positives de la protection des eaux au niveau de l’exploitation ou de la société.

Indicateur(s) du programme1. Zone soumise à des mesures de réduction des intrants grâce à la souscription d’un accord (hectares) dont :– mesures de réduction de l’épandage d’engrais chimiques par hectare (%),– mesures de réduction de l’épandage de fumier par hectare ou de la densité de cheptel (%),– mesures associant des cultures et/ou des rotations à de faibles intrants ou à de faibles excès d’azote (dansle cas des engrais) (%),– mesures de réduction de l’épandage de produits phytosanitaires par hectare (%).

2. Réduction des intrants agricoles par hectare grâce à la souscription d’un accord (%).

3. Bilan d’azote (kg/ha/an).

4. Zone soumise à des mesures de soutien visant à réduire le transport de polluants vers les réservoirs aquifères(par ruissellement, lessivage ou érosion) (hectares) dont :– réduction par une couverture/culture spécifique (%),– réduction par des barrages non cultivés à l’écoulement (bordures de champs, haies, culture suivant lescourbes de niveau, dimension du champs) (%).

5. Concentration du polluant (considéré) dans l’eau s’écoulant de zones couvertes par l’accord = proportiond’eaux de surface/souterraines dépassant le seuil de concentration de la substance visée (mg, µg, etc. par litre).

6. Impacts indirects sur et/ou en dehors de l’exploitation résultant des accords couvrant les terres agricoles(description).

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On peut déjà s’attendre à des discussions délicatesentre États membres sur les méthodes qui serontretenues pour réaliser cet audit.

Rappelons que certaines de ces méthodes sont déjàemployées en Suisse ou en Autriche comme outilde rémunération d’exploitations pour le calcul del’attribution d’aides (concept d’éco-conditionnalitéde l’aide lié au respect de l’environnement).

Diagnostic d’exploitation et cahier des

charges de production

La quatrième et dernière raison concerne le rôlepris par la grande distribution, laquelle com-munique de plus en plus sur ses exigences enmatière de règles de production environnementalepour les produits agricoles qu’elle commercialise.Or certaines enseignes de la grande distributionont développé ces dernières années leur proprecahier des charges. Cette multiplicité d’initiativesindividuelles autour d’une production agricolerespectueuse de l’environnement ou « raisonnée »pose problème. Seuls des outils de certification desproduits ou de qualifications des exploitationsreposant sur des méthodes de diagnostic fiables etreconnues permettront de valider ces démarcheset ces référentiels qui restent pour l’instantcontractuels et ne relèvent souvent que d’unelogique de marketing agroalimentaire. Le récentdécret (ministère de l’Agriculture, 2002) sur leréférentiel de l’agriculture raisonnée rend d’ailleursobligatoire la qualification des exploitationspratiquant l’agriculture raisonnée (qualificationdélivrée pour une période renouvelable de 5 ans).Le respect du cahier des charges sera contrôlé auniveau de l’exploitation par un organismecertificateur indépendant et agrée par les pouvoirspublics après avis de la Commission nationale del’agriculture raisonnée et de qualification desexploitations (CNARQE).

Face à cette montée en puissance du nombred’exploitations concernées par des diagnosticsd’exploitations (CTE et agriculture raisonnée) sepose la question suivante : derrière le concept dudiagnostic d’exploitation, quels seront le contenuet la méthodologie retenus ? Il n’est pas prévu pourl’instant d’élaborer un diagnostic national type maisplutôt de s’appuyer sur les outils existantsdéveloppés dans le cadre de démarche de filières.Soulignons dans ce cas le risque certain d’uneémergence de diagnostics différents suivant lessensibilités régionales à construire un outil léger

ou complet. Le temps passé et le coût desdiagnostics seront alors différents suivant les« exigences retenues régionalement ». Une étudea été conduite en 2000 par le Cemagref (CemagrefBordeaux, 2000) sur les diagnostics types d’exploi-tations développés et utilisés dans 21 départementspour les CTE. Elle confirme la très forte variabilitéentre les diagnostics, tant dans les thèmes abordésque dans le contenu de l’information collectée pourun même thème.

De l’intérêt méthodologique desindicateurs pour réaliser un diagnosticagri-environnementalLes indicateurs sont des instruments intéressantsqui répondent aux besoins de caractérisation etd’évaluation de ces politiques publiques (OCDE,1999a). Retenons les quatre points suivants quicontribuent au développement de ces outils.

1. Il est difficile de recourir à une caractérisationdirecte des variables étudiées dans le milieu naturel,même si des mesures directes sont les pluscohérentes pour évaluer les effets agronomiquesou environnementaux des pratiques agricoles. Or,pour des raisons de coûts, de temps et dereproductibilité de la mesure, une mise en œuvrede ce type de mesures de manière répétée estmatériellement impossible au niveau de chaqueexploitation. Par ailleurs, l’effet temporel est essentieldans la mesure des effets environnementaux : ainsi,la mesure d’une pollution diffuse est le plus souventliée à une pratique antérieure à la date de la mesure(notamment pour la pollution des hydrosystèmesprofonds et des sols). Une mesure directe est doncsouvent inappropriée pour caractériser unepratique agricole conduite à un moment donné del’année. Par contre, ces mesures directes sont trèsutiles pour développer et caler les modèles detransfert agro-hydrologiques.

2. Il n’existe pas aujourd’hui de modèles opéra-tionnels décrivant la globalité des impactsenvironnementaux liés à l’acte de productionagricole. Les modèles mathématiques qui simulentla réalité de ces processus sont sectoriels (azote,phosphore, pesticides…) et difficiles à mettre enœuvre pour des utilisateurs qui ne les pratiquentpas régulièrement (phase de calage à partir de sériesde données à l’échelle de l’étude, périoded’appropriation par l’utilisateur). Ils sont par contretrès utiles pour valider la construction méthodo-logique des indicateurs agri-environnementaux.

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3. Les indicateurs ont souvent l’avantage d’êtrecompréhensibles et utilisables par l’ensemble desacteurs intéressés. Soulignons néanmoins uneréserve quant à l’utilisation des résultats individuels: toute synthèse d’indicateurs individuels nécessiteau préalable d’avoir développé une méthodologiepropre et validée d’agrégation de ces indicateurs.Par exemple, comment agréger les n valeursd’indicateurs correspondant à n parcelles d’uneexploitation pour ne restituer qu’une valeur uniquepour l’exploitation ?

4. Les indicateurs permettent de comparer desexploitations entre elles ou des systèmes entre euxet sont à ce titre un élément intéressant de suivi depolitiques environnementales. La figure 1 illustrel’intérêt pédagogique d’un mode de représentation« radar » des diagnostics et indicateurs.

Quelle définition del’indicateur retenir ?Comme pour les méthodes de diagnostic, chaqueinstitution ou auteur recourt à sa propre définitionqui est fonction des objectifs et du public concerné.Selon Gallopin (OCDE, 1999a, p.117), lesindicateurs reçoivent des appellations très diverses :variables, paramètres, mesures, mesures statis-tiques, valeurs, indices, informations, modèlesempiriques de conditions réelles…

Une lecture comparée des différentes définitionsd’un indicateur agri-environnemental (IAE) amèneà retenir la définition synthétique suivante : lesindicateurs agri-environnementaux sont des valeurscalculées, mesurables, comparables entre elles,facilement compréhensibles, représentatives desimpacts favorables ou défavorables de l’agriculturesur l’environnement. Selon Gras (Gras et al., 1989),« les indicateurs sont des variables (…) quifournissent des renseignements sur d’autresvariables plus difficiles d’accès (…) Les indica-teurs servent aussi de repère pour prendre unedécision ».

Pour caractériser l’état d’un système, Girardin(Girardin et al., 1999) distingue des indicateurs ditssimples, c’est-à-dire basés sur une variable soitdirectement mesurée, soit estimée à l’aide d’unmodèle, et des indicateurs dits composites, obtenuspar l’agrégation de variables.

L’OCDE (OCDE, 1999a, 2001) distingue 3 typesd’indicateurs agri-environnementaux :

– les indicateurs de réponse ou de suivi évaluentdans quelles mesures les modifications de pratiques

ou les programmes d’action mis en œuvre ont atteintles objectifs fixés,

– les indicateurs d’état permettent de décrire lefonctionnement et les potentialités d’un milieunaturel mais aussi décrivent l’évolution descaractéristiques des milieux récepteurs,

– les indicateurs de pression visent à mettre enévidence l’impact environnemental des pratiquesagricoles en terme d’émission de polluants.

Une telle distinction doit être considérée commeun cadre utile permettant de structurer et classerles nombreux indicateurs existants, mais il ne peutêtre unique et doit s’adapter aux objectifs recher-chés. Ainsi, l’indicateur pesticide « quantité deproduits phytosanitaires appliqués » est trèsfréquemment retenu. Or ce dernier peut, soit êtreretenu comme un indicateur de pression polluante,soit être considéré comme un indicateur de réponsesi l’objectif est de mesurer les changements depratique engagés par l’exploitant.

L’OCDE (OCDE, 1999a, 2001) retient 4 critèresde caractère général auxquels les IAE doiventrépondre :

– la pertinence du point de vue de l’actionpublique. Les IAE doivent rendre compte desproblèmes environnementaux auxquels sontconfrontés les pouvoirs publics,

– la justesse d’analyse. Les IAE doivent être fondéssur des connaissances scientifiques solides,

– la mesurabilité. Les IAE doivent être calculés àpartir des données actuelles,

– la facilité d’interprétation. Les IAE doivent êtrefacilement accessibles et immédiatement compré-hensibles par tous.

� Figure 1 –Présentation« radar » desindicateurs agrégésde la méthode IDEA– Exploitation ensystème élevageovin lait et bovinviande (source :test de la méthodeIDEA-rapportd’étude Cemagref1999).

6,8

2,7

7,8

5,23,6

5

7

9

6,4

6,9

0123456789

10Biodiversité

Protection de laqualité de l'eau

Protectiondes sols

Autonomie

Dynamisme territorial

Dynamisme professionnel

Qualité de vie

Autonomieéconomique

Viabilité

Transmissibilité

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Un indicateur fournit donc une information chiffréesur un élément considéré comme pertinent poursuivre ou évaluer un programme ou une action(OCDE, 1999a). Cependant, il reste difficile demesurer et de hiérarchiser les risques liés à certainespratiques agricoles sur l’environnement car il n’estpas toujours aisé d’obtenir des données chiffréesindividuelles. On peut souvent obtenir des donnéesnon chiffrées qui sont alors difficilement hiérarchi-sables sur une échelle de valeur (exemple : leclassement de toxicité des matières actives). Celavient notamment du fait que les liens entre pratiquesagricoles et effets sur l’environnement demeurentcomplexes, interdépendants et ils peuventdifficilement se résumer à un chiffre sur une seuleéchelle ou grille d’analyse.

L’évaluation environnementale de l’emploi desmatières actives phytosanitaires illustre tout à faitcette difficulté : c’est en effet un domaine particu-lièrement complexe car les cibles d’impactspotentiels sont très nombreuses : contamination deseaux, de l’air, effets sur la santé humaine, sur lesdifférentes espèces végétales et animales, terrestreset aquatiques, etc.

La partie suivante décrit la façon dont laquelle cettethématique environnementale est traitée dans lesdifférentes méthodes d’indicateurs qui ont étérecensées et analysées.

Méthodes de diagnosticagri-environnemental etindicateurs pesticidesLe présent chapitre s’intéresse aux méthodes dediagnostic ayant une thématique environ-nementale qui traite pour partie ou uniquement

de l’impact des produits phytosanitaires utilisésen agriculture. Ces méthodes de diagnostic ontété recensées à partir d’une large recherchebibliographique mais elles ne sont certainementpas exhaustives ni dans leur présentation, ni dansleur nombre. Les références bibliographiquesdisponibles n’ont en effet pas le même niveaud’information sur chaque méthode recenséepuisqu’il n’a pas été toujours possible de disposerdirectement de la méthode. Ces méthodes sontnéanmoins brièvement décrites pour montrer lesnombreux travaux réalisés sur ce sujet, et permettreainsi aux lecteurs intéressés d’approfondir leursconnaissances sur celles qui correspondraient àleurs besoins. Cette première recension pourraitd’ailleurs servir d’appui aux travaux actuellementconduits dans les groupes régionaux chargés dela lutte contre la pollution des eaux par les produitsphytosanitaires (encadré 4). En effet, la phaseméthodologique du diagnostic d’exploitation nemanquera pas d’être délicate compte tenu del’absence de méthode nationale en la matière. Legroupe « transfert » du CORPEN est d’ailleursmobilisé sur ce sujet.

Difficultés méthodologiques liées àl’évaluation de l’impact des pesticidessur l’environnement à partird’indicateursLe terme pesticides est employé dans cet articlepour désigner l’ensemble des produits phyto-sanitaires ayant une action de lutte contre lesorganismes nuisibles ou une action herbicide.

L’OCDE (OCDE, 2001) distingue deux « familles »d’indicateurs « pesticides » :

Encadré 4

Diagnostics et programme d’actions en faveur de la réduction des pollutionspar les produits phytosanitaires33333

Depuis la fin de l’année 2000, les deux ministères chargés de l’Agriculture, de l’Écologie et du Développementdurable ont lancé un programme national de lutte contre la pollution des eaux. Ce programme comprend desactions nationales et régionales.

Ces actions régionales doivent inclure :– des diagnostics à l’échelle de la région pour définir des zones ou bassins versants prioritaires d’action,– des diagnostics à l’échelle de ces bassins versants,– des diagnostics à l’échelle des exploitations dans ces bassins versants,– des plans d’action pour lutter cintre la pollution des eaux,– des aides à l’investissement collectif dans ces zones prioritaires.

Chaque groupe régional est animé soit par la Direction régionale de l’agriculture et de la forêt (DRAF), soit parla Direction régionale de l’environnement (DIREN).

Courant 2002, 15 régions ont déjà réalisé une étude régionale des zones qui prennent en compte 125 bassinsversants couvrant 2 millions d’hectare (Durand).

3.3.3.3.3. Programmeprésenté dans lanote de service duministère del’Agriculture :DGAL/SDQPV/N2000-8111 du18 Août 2000.

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– l’indicateur d’utilisation des pesticides qui décrit,dans le temps, les tendances de l’utilisation desproduits phytosanitaires,

– l’indicateur de risques associés aux pesticidesqui se rapporte à une pression polluante potentielle.

Les indicateurs d’utilisation sont les plus simplescar ils combinent moins d’information, et l’infor-mation recherchée est souvent disponible. Lesindicateurs de risque sont quant à eux les plussouvent demandés par les pouvoirs publics quicherchent à développer des politiques visant àréduire le risque. En revanche, ils sont de par leurconstruction plus complexes, puisqu’ils intègrentles caractéristiques de mobilité, de persistance etde toxicité des matières actives.

Pour évaluer l’impact complet d’un pesticide sur lemilieu naturel, il importe de tenir compte du degréd’exposition (résultant de la dispersion et de laconcentration du pesticide dans l’environnement)et de ses caractéristiques toxicologiques (Van derWerf, 1997). Le risque environnemental estcommunément défini comme une combinaisonentre les deux dimensions que sont l’exposition àun pesticide et le danger qu’il représente de partses effets. L’exposition traduit la présence plus oumoins abondante d’un produit phytosanitaire danstel ou tel compartiment de l’écosystème. Enpratique, lors de l’homologation européenne desproduits phytosanitaires, il est calculé uneconcentration environnementale prévisible dansl’environnement (PEC) qui indique le pourcentagede la dose d’application retombant à la surface del’eau à une distance déterminée de l’extrémité dupulvérisateur (Rivière, 2002). Quant à la compo-sante danger, elle traduit le degré de toxicité de lamatière active étudiée qui est déterminé à partird’essais d’écotoxicité sur différentes espècesanimales et végétales. Le risque environnementalassocié à la matière active est alors défini comme lerapport toxicité/exposition qui est comparé à unevaleur seuil.

Le risque associé à une matière active peut sereprésenter de façon schématique par le graphiqueprésenté à la figure 2.

L’analyse de l’exposition doit tenir compte dudevenir comportement du produit dans le sol, desa volatilisation, de sa lixiviation ou de sonruissellement et de sa dégradation. Quant auxétudes de toxicité, elles reposent sur des essais delaboratoire sur différents organismes cibles (oiseaux,organismes aquatiques, arthropodes, vers de terre)

ou non cibles (flore et faune), supposées êtreexposées à un risque.

Compte tenu de cette complexité dans l’évaluationenvironnementale de toute matière active soumiseà homologation, on mesure la difficulté méthodo-logique rencontrée par les chercheurs quidéveloppent des indicateurs dont l’objectif estd’évaluer l’impact environnemental des pesticidesappliqués en condition réelle. Il convient en effetd’évaluer non plus le risque d’une seule matièreactive particulière, mais bien d’une série detraitements de produits phytosanitaires associantde nombreuses matières actives et adjuvantsappliqués sur une parcelle. Le nombre élevé dematières actives constituant les pesticides,l’information écotoxicologique souvent différenteselon l’année d’homologation des matières actives,leur association avec des adjuvants, leur toxicité,leur persistance et leur mobilité variable rendenten effet difficile l’élaboration de tels indicateurs.Au-delà de ces caractéristiques intrinsèques auxmatières actives utilisées sur l’exploitation,l’indicateur, pour être complet, doit égalementprendre en compte la situation réelle d’applicationdes produits (itinéraires techniques, mélanges,doses, séquences de traitements et conditionsclimatiques…).

Élaborer un indicateur pesticide implique donc aupréalable de circonscrire clairement les objectifsrecherchés compte tenu de cette complexité propreaux produits phytosanitaires. Les objectifs del’indicateur pesticide peuvent ainsi être schémati-quement déclinés en 3 approches :

– une approche qualifiée de quantitative qui neprend en compte que la composante exposition etutilisation,

– une approche qualifiée de qualitative qui ne prenden compte que la composante danger ou effet,

� Figure 2 –Positionnementdes matièresactives dans deszones de risque(source : méthodeSIRIS).----------

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Exposition

Risque maximal

Danger ou effet

Risque minimal

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– une approche mixte qui combine les 2 précé-dentes en s’intéressant à la fois aux risques liés àl’exposition mais également aux variables detoxicologie et d’écotoxicologie des produitsphytosanitaires.

Une composante phytosanitaireidentifiée dans 17 diagnostics agri-environnementauxLe travail de recherche a permis de dresser unpanorama de 17 méthodes de diagnostic agri-environnemental basées sur plusieurs thèmesou composantes de l’exploitation agricole etcomportant toutes une composante pesticides(tableaux 2a, 2b et 2c, p. 28 et 29). L’analyse de cesméthodes permet de les classer en 3 groupes selonles thèmes qu’elles abordent : uniquementl’environnement pour 10 d’entre elles (tableau 2a,p. 28), l’environnement et l’économie de l’exploi-tation pour 4 d’entre elles (tableau 2b, p. 29) etenfin l’environnement, l’économie et le social pourles 3 dernières (tableau 2c, p. 29).

Ces différentes méthodes de diagnostic ont 3 pointscommuns : l’objet étudié s’attache aux pratiquesagricoles ou au système agricole d’une exploitationpris dans son ensemble ; d’autre part, il estcaractérisé ou décrit à partir de la construction deplusieurs indicateurs ; enfin elles abordent toutesla thématique pesticides. Cette dernière est décritedans la colonne « méthode de calcul de l’indicateurpesticide » des tableaux 2a, 2b et 2c (p. 28 et 29).

S’agissant des thèmes environnementaux recensésdans ces méthodes, citons la gestion des exploi-tations agricoles en lien avec l’environnement,l’utilisation des intrants agricoles et des ressourcesnaturelles et les impacts de l’agriculture surl’environnement.

Au thème « Gestion des exploitations agricoles etenvironnement » sont associés des indicateursconcernant la gestion globale des exploitations, la

� Figure 3 – Typed’indicateurspesticides selonl’approche.

conduite de la fertilisation, la lutte contre lesravageurs, la gestion des sols et des terres ou lagestion de l’irrigation et de l’eau. Le deuxièmethème regroupe des indicateurs d’utilisation deséléments fertilisants, d’utilisation des pesticides etdes risques associés et d’utilisation des ressourcesen eau. Enfin, les indicateurs relatifs aux impactsde l’agriculture sur l’environnement font référenceà la qualité des sols, la qualité de l’eau, labiodiversité, les gaz à effet de serre, les paysages, laconservation des terres et les habitats naturels(OCDE, 2001).

Ces méthodes de diagnostic décrivent un ouplusieurs de ces thèmes, lesquels sont à des échellesdifférentes (l’exploitation agricole, la parcelle ou leproduit agricole).

Concernant l’indicateur phytosanitaire, 13 métho-des sur ces 17 méthodes généralistes analyséesont une approche strictement quantitative del’évaluation environnementale des matières activesphytosanitaires utilisées. Les indicateurs pesticidesproposés portent leur attention uniquement sur descritères quantitatifs : % de surface traitée, % detraitement respectant la dose homologuée, quantitésde matière active apportée à l’ha…. Ils ne prennentpas en compte les caractéristiques physico-chimiques ou écotoxicologiques des matièresactives employées, à l’exception des 2 méthodesIDEA et SEC qui s’intéressent à cet aspect avec uneapproche néanmoins trop superficielle pourpermettre réellement une distinction entre matièresactives.

Deux méthodes se distinguent néanmoins pour lecalcul du score attribué à l’indicateur pesticidescar elles ont une approche qualifiée de mixte.

– La méthode indicateurs agro-écologiques : sonindicateur phytosanitaire [Ipest (Girardin et al.,2000)] se calcule à la parcelle et ce score attribué àla parcelle ne dépend pas uniquement desquantités apportées, de la dose employée et de lasuperficie traitée. En effet, cet indicateur est calculéen deux étapes : un premier calcul de risque pourchaque matière active (Rma) puis le calcul del’indicateur global Ipest à partir des risques Rma detous les traitements de la culture considérée. Lerisque Rma résulte du croisement de 2 risquesdistincts : d’une part du risque de propagation dela matière active (M.A) dans les 3 milieux naturels(eaux souterraines, eaux de surface et air), d’autrepart des caractéristiques toxicologiques et écoto-xicologiques de cette matière active. L’indicesynthétique Rma est au final attribué en agrégeant

Facteur exposition :indicateur «quantitatif»

Indicateurapproche mixte

Facteur danger :indicateur «qualitatif»

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les valeurs propres à chaque module (eauxsouterraines, eaux de surface, air et présence dela m.a) et ce à partir du développement d’un systèmeexpert basé sur la logique floue. Cet indicateur estde part sa construction méthodologique prochede certains indicateurs du tableau 4 (p. 31 et 32).

– La méthode Environmental Management forAgriculture : le score du produit utilisé est issu d’uneméthode de rang qui tient compte des caracté-ristiques physico-chimiques des matières activesutilisées. Cette méthode transforme des critères dedécisions quantitatifs ou qualitatifs en variablesqualitatives ordonnées. 5 classes de risques existentpour chaque paramètre environnemental retenu.Le score est la somme des valeurs pour chaqueparamètre. 90 produits ont déjà été classés.

Analyse comparative de 17 autresméthodes de diagnostic ne comportantqu’une composante phytosanitaireLes tableaux 3 et 4 (p. 30, 31 et 32) présententl’analyse comparée de 17 autres méthodes dediagnostic ou indicateurs décrivant uniquementl’impact environnemental lié à l’emploi depesticides. Ces méthodes sont également desméthodes de diagnostic agri-environnemental etauraient donc pu être classées dans les tableaux2a, 2b et 2c (p. 28 et 29). Cependant, le choix deles classer séparément permet de mieux identifierces méthodes d’indicateurs « pesticides » dontl’unique objet est l’évaluation environnementalede l’usage de produits phytosanitaires.

Un point commun aux 17 indicateurs :

aucune approche uniquement

quantitative

Il existe une distinction forte entre ces 17 indicateurspesticides et ceux développés dans les méthodesagri-environnementales plus « généralistes » dutableau 2 (p. 28 et 29). Ces 17 indicateurs sont eneffet tous construits à partir soit d’une approchequalitative, soit d’une approche mixte pour évaluerle risque environnemental pesticide.

Des approches assez récentes

Sur les 17 méthodes recensées, 7 sont américaineset 6 européennes. Les 3 méthodes proposées parl’OCDE pourraient également être identifiéescomme d’inspiration européenne puisque selonl’OCDE, elles s’appuient sur les caractéristiques desmodèles d’indicateurs mis au point en Allemagne,au Danemark, en France, aux Pays-Bas et en Suède.L’absence de « méthode française » dans le

tableau 3 (p. 30) n’indique pas que la recherchefrançaise se désintéresse de ces outils d’évaluation.Cela s’explique par le simple choix de classementretenu dans cet article par l’auteur qui différencieles méthodes de diagnostic selon qu’elles abordentuniquement un ou bien plusieurs thèmes. L’indi-cateur Ipest (Girardin et al., 2000) présenté ci-dessuspourrait donc très bien figurer dans les tableaux 3et 4 (p. 30, 31 et 32).

Si les premiers pesticides de synthèse sont apparusdans les années 40 (Van der Werf, 1997), il fautattendre l’année 1975 pour lire les premiers travauxde Metcalf (États-Unis) sur l’élaboration d’unindicateur permettant d’évaluer les modificationsde stratégie de traitement insecticide. Mais c’estsurtout à partir des années 1990 que des méthodesd’indicateurs pesticides sont proposées par lacommunauté scientifique. Il est également intéres-sant de constater que ce sont les pays du nord del’Europe qui ont d’abord majoritairement dévelop-pé ces approches.

Quatre principaux objectifs associés à

ces indicateurs de nature différente

Ces différentes méthodes ont été développées avecdes objectifs différents et ne peuvent donc pas êtretoutes comparées entre elles. Les principauxobjectifs identifiés sont de :

– permettre à des exploitants agricoles, soit derespecter un programme qualifié d’environ-nemental par un tiers à partir d’une stratégie detraitements phytosanitaires conduite en consé-quent, soit de disposer d’une première informationsynthétique sur l’impact des pesticides qu’ilsutilisent. L’indicateur pesticide propose une noteou score qui oriente l’exploitant dans le choix deses pesticides. On y retrouve les méthodes n° 1, 2,3, 7, 8, 9, 10 et 11 du tableau 3 (p. 30),

– évaluer la sensibilité/vulnérabilité des sols auxpollutions diffuses phytosanitaires (méthodes n° 4,5 et 6 du tableau 3, p. 30) lors de traitementsphytosanitaires,

– disposer d’outils d’évaluation à l’échelle nationalepour mesurer dans le temps les progrès accomplisau titre des différents programmes de réduction desrisques (méthodes n° 12, 13 et 14 du tableau 3p. 30),

– disposer d’outils d’évaluation à l’échelle nationalepour mesurer dans le temps les progrès accomplispar rapport aux seuls risques de pollution desmilieux aquatiques (méthodes n° 15, 16 et 17 dutableau 3 p. 30).

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L’impact environnemental ne concerne

pas les même domaines d’études selon les

indicateurs

Les méthodes étudiées s’intéressent toutes àl’impact des pesticides sur l’environnement.Cependant le terme environnement regroupe desdomaines d’étude ou compartiments environ-nementaux très différents. Le tableau 3 (p. 30)présente pour chaque indicateur les domainescibles étudiés. Quatre groupes se distinguent :

– un premier groupe s’intéresse uniquement à lasanté humaine au travers des résidus sur produitsagricoles,

– un second groupe couvre l’impact des insecticidessur la faune aquatique et terrestre,

– un troisième groupe cherche à mesurer l’effet despesticides sur les écosystèmes des différentescomposantes de l’environnement naturel (eau, solet air ),

– un quatrième groupe s’intéresse à l’impact despesticides d’une part sur la santé humaine pour leconsommateur et l’applicateur, et d’autre part surles différents écosystèmes (eau, sol, air).

Cette diversité des objectifs explique pour partie ladiversité des méthodes pour construire lesindicateurs. Ces différentes méthodes de calcul vontdu plus simple au plus complexe. L’indicateurpesticide le plus complexe à élaborer est en effetcelui qui cherche à résumer en un seule valeurl’ensemble des risques associés à l’exposition etaux caractéristiques écotoxicologiques du pesticidesur l’environnement (eaux de surface et souterraine,faune, flore, sol) et sur la santé humaine au traversdes risques liés aux usages par l’applicateur (lorsdes traitements) ou lors de la consommation(résidus). Il va de soi que les indicateurs du4e groupe sont les plus séduisants et les plusrecherchés par les utilisateurs. On y retrouve, certesà des niveaux de complexité différents,les méthodes 1, 2, 3 du tableau 4 (p. 31 et 32) etl’indicateur « Ipest » de la méthode indicateursagro-écologiques (IAE) (tableau 2a, p. 28).

Les conditions liées aux traitements sont

globalement peu prises en compte par

rapport aux critères eco-toxicologiques

D’une manière générale, ces 17 indicateurspesticides ne prennent pas en compte lesconditions avec lesquelles le traitement phyto-sanitaire a été appliqué, alors que les impacts sur lemilieu naturel (eau, sol et air) sont aussi liés aux

techniques de traitement et aux conditionsmétéorologiques (vent, température et pluie).

En effet, conditions climatiques, vitesse dutraitement, type et état de fonctionnement dupulvérisateur, sont des paramètres qui influentdirectement sur la qualité du traitement effectuésur la pollution résiduelle du milieu naturel lors dutraitement. De même, les adjuvants, l’associationde matières actives et la nature des formulationsn’apparaissent pas comme des variables prises encompte dans ces indicateurs spécifiques, alors queleur rôle est loin d’être négligeable. Ces facteurscommencent cependant à être pris en compte :citons, à ce sujet les récents travaux de l’INRA deColmar qui ont débuté sur ce sujet pour tenircompte des impacts de la dérive aérienne despesticides dans le calcul de l’indicateur pesticideIpest (Chegard et al., 2001).

Enfin, les indicateurs devraient mieux intégrer lefacteur dose appliquée au champs car le risqueaugmente avec l’exposition. Cette variable étaitcertes peu significative pour évaluer et différenciernotamment les premières générations d’insec-ticides, car il existait alors peu de différencequantitative dans les doses apportées entre produits.Or, actuellement les nouvelles générations depesticides se distinguent justement par des dosestrès faibles appliquées par hectare par apport auxproduits plus anciens. Les indicateurs qui netiennent pas compte de ce facteur dose nepermettent donc pas de comparer de nouvellesmatières actives avec les plus anciennes encoreautorisées.

ConclusionLes méthodes de diagnostic agri-environnementalà base d’indicateurs se sont développées récem-ment en France. De réels progrès ont été réalisésces dernières années sur ces approches, et cecompte tenu des besoins affirmés tant pour un suivi-évaluation des politiques publiques agricoles quepour un besoin de conseil des exploitants dansleur stratégie de traitement phytosanitaire.

Cependant, au plan scientifique, il reste encore denombreux travaux de recherche à conduirecompte tenu de la complexité des systèmes agro-environnementaux. Citons en certains :

– la nécessité de valider ces indicateurs agri-environnementaux en les couplant à des mesuresphysiques sur le terrain,

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– l’intérêt de développer plus souvent des méthodesdu type multi-critères qui permettraient de pondéreret de hiérarchiser les variables pour faire ressortirles critères les plus importants et les variables liées,

– le besoin de développer des méthodes d’agré-gation ou d’extrapolation des valeurs individuellesd’indicateurs. Le changement d’échelle (de laparcelle à l’exploitation, de l’exploitation au bassinversant) demande aujourd’hui des travauxspécifiques pour faciliter l’interprétation desrésultats et la comparaison des pratiques,

– la nécessité de développer un réseau de systèmede collecte puis d’enregistrement de donnéesenvironnementales à l’échelle de l’exploitationagricole pour disposer d’une base de donnéesfiables,

– la nécessité de définir ou d’adopter des seuils oudes niveaux de références car la valeur d’unindicateur, considérée isolément perd de son utilitédans un processus de décision.

Sur un plan pratique, il est également raisonnabled’émettre quelques recommandations :

– les utilisateurs des résultats devraient au préalableêtre informés des hypothèses, des points faibles etdes risques d’erreurs possibles propres à chaqueindicateur et à chaque méthode. Une démarchesimplificatrice est en effet de vouloir trop rapidement

généraliser les résultats au risque de leur faireperdre toute crédibilité ou d’induire en erreur,

– il serait très utile qu’une réflexion s’installe entreéquipes de recherche européennes développantdes indicateurs phytosanitaires et les instancesnationales réglementaires chargées des comitésd’homologation. Et ce afin que les besoins endonnées écotoxicologiques ne soient plus unobstacle au développement de tels indicateurs.C’est en effet lors des procédures d’homologationde nouvelles matières actives que de telles donnéesécotoxicologiques doivent être demandées auxfirmes. Cette absence de données restera un freinessentiel au développement opérationnel de tellesapproches. Une telle démarche aurait d’ailleursd’autant plus de portée si elle était conduite par lesinstances communautaires,

– pour être accessibles et surtout acceptées partoutes les parties concernées, ces méthodesdevraient être élaborées dans la transparence. Uneappropriation collective de ces outils est en effetindispensable pour qu’elles ne deviennent pas unoutil de contrôle mais restent surtout un appui à laprise de décision.

Pour conclure, le développement et l’utilisationcourante de ces indicateurs passent par unecoordination et un appui à ces travaux de recherchesur des bases scientifiques reconnues avec unetransparence dans leur élaboration. ❒

Remerciements

L’auteur remercie Elsa Leclech pour son appui dans l’implémentation des tableaux.

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Résumé

La prise en compte de la préservation de l’environnement en agriculture a induit depuis la fin desannées 1980 la nécessité de disposer d’outils et de méthodes de conseils et/ou d’évaluationenvironnementale des modes de production agricole. Les méthodes de diagnostic d’exploitation àbase d’indicateurs sont une réponse possible à cet enjeu. C’est ainsi que 17 méthodes de diagnosticd’exploitation intégrant la dimension environnementale à l’échelle de l’exploitation agricole ont étérecensées et comparées. Toutes construites à partir d’indicateurs, elles sont présentées suivant lescomposantes qu’elles abordent (l’environnement, l’économie et le social).

Une seconde partie est spécifiquement consacrée aux méthodes développées pour évaluer l’impactenvironnemental des produits phytosanitaires à partir d’indicateurs pesticides. 17 autres méthodesspécifiques identifiées sont analysées et comparées à partir d’un travail bibliographique spécifique.

Abstract

Since the later eighties, the taking into account of environmental preservation in farming has madenecessary the use of environment tools and ways of assessing farming systems. Farm assessmentdiagnosis based on indicators are one of the answers to the issue. In this perspective way, 17 methodstaking into account the environment issue reduced to a farm scale have been registered and compared.All those methods are based on indicators and are presented according to the elements analysed(environmental, economic and social issues).

A second part of this research is directly oriented to develop assessment methods who targetenvironmental impact of pesticides. 17 other and more specific methods based on pesticide indicatorshave been identified, analysed and compared; this analysis being based on bibliographical survey.

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