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S O M M A I R E

Ministry®, Revue internationale pour les pasteurs12501 Old Columbia Pike, Silver Spring, MD 20904-6600 U.S.A.

[email protected]

Rédacteur en chef : Derek J. MorrisRédacteur adjoint : Willie E. Hucks II

Rédacteur de l’édition en français :Bernard Sauvagnat

Secrétaire de rédaction : Sheryl BeckResponsable financier et de fabrication : John Feezer IVConseillers internationaux : Mario Brito, L. Chansanga Colney, Michael Kaminsky, Janos Kovacs-Biro, Armando Miranda, Rudatinya Mwangachuchu,Daniel Opoku-Boateng, Jongimpi Papu, Bruno Raso, Ángel M. Rodríguez, Héctor Sánchez, Houtman Sinaga, David Tasker, Ivan L. Williams, Ted N.C. Wilson.Publicité : Melynie Tooley ; [email protected] ; +1 301-787-2790Abonnements et changements d’[email protected]; +1 301-680-6511; +1 301-680-6502 (fax)Couverture : 316 Creative, Dominique GilsonMaquette & corrections : Dominique Gilson - FranceTarif : 4 numéros pour le monde entier : 10 US$. Pour commander, envoyer nom, adresseet règlement à Ministry® Subscriptions, 12501 Old Columbia Pike, Silver Spring, MD 20904-6600 U.S.A.Articles : Nous accueillons les articles non sollicités. Avant de soumettre un article, mercide consulter les consignes de rédaction sur www.ministrymagazine.org. Merci d’envoyervos textes par courrier électronique à : [email protected] ou à[email protected]

Ministry® est publié chaque mois depuis 1928 par l’Association pastorale de la Confé-rence générale des adventistes du septième jour®

Secrétaire : Jerry N. PageAdjoints : Jonas Arrais, Robert Costa, Willie E. Hucks II, Anthony Kent, Derek J. Morris,Janet Page.Centre de ressources pastorales Coordinatrice : Cathy Payne 888-771-0738, (téléphone) +1 301-680-6511;www.ministerialassociation.com

Imprimé par la Pacific Press® Pub. Assn., 1350 N. Kings Road, Nampa,ID 83687-3193. Port payé à Nampa, Idaho (ISSN 1947-5829).

Membre d’Associated Church Press. Adventiste®, Adventiste du septième jour®, et Ministry® sont des marques déposées deGeneral Conference Corporation of Seventh-day Adventists®.

Volume 7 Numéro 2 © 2015 - IMPRIMÉ AUX ÉTATS-UNIS.

4 Bénédiction2 Co 13.11-13

M a r g u e r i t e S h u s t e r

8 Christus Victor : Armageddon et la rédemptiondans l’Apocalypse

I k e c h u k w u M i c h a e l O l u i k p e

12 Les adventistes :pourquoi sommes-nous là,après tout ?

C l i n t o n W a h l e n

16 Formation de disciples : les cinq invitationsde Jésus

P e t e r R o e n n f e l d t

20 Au cœur du messagede santé de l'Église adventiste

John Skrzypaszek

24 Les visites pastorales :une responsabilitéirremplaçable

W a g n e r A r a g ã o

Co-Animateurs :Anthony Kent et Derek Morriswww.MinistryinMotion.tv

28 Les miracles, les prodiges et l’Église adventiste Première partie

K e l v i n O n o n g h a

2 Ministry® 2e trimestre 2015

Ministry®

3 Éditorial

15 Réveil et Réforme

23 Nouvelle

27 Courrier des lecteurs

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É D I T O R I A L | B E R N A R D S A U VA G N AT

Ce numéro de la revue Ministry®en français est déjà le ving-tième ! Les trois premières an-

nées, 2009 à 2011, nous avons publiédeux numéros par an, et depuis 2012,nous en publions 1 par trimestre donc4 par an. Pendant tout ce temps, j’aieu l’occasion de visiter les différentspays francophones d’Europe, de passerau Québec, aux Antilles françaises etdans quelques pays d’Afrique franco-phone comme le Maroc ou le BurkinaFaso. J’ai souvent été déçu de constaterque cette revue francophone est malconnue et trop peu diffusée. Je seraistellement heureux de voir tous les pas-teurs actifs et retraités ainsi que tousles anciens de nos églises en bénéficier.Je voudrais donc encourager les ad-ministrateurs des missions, fédérationset unions francophones à mettre cetterevue à la disposition du plus grandnombre. Car je suis fier de cette revueet de mon église qui la publie.

Je vous recommande ce numéro enparticulier. D’abord parce qu’il com-mence par le beau message de M.Shus-ter sur la bénédiction qui nous rappelleque sans la grâce de Dieu, sans sa bé-nédiction, notre adoration ne mène àrien. Ensuite parce que les articles deM. Oluikpe et de K. Onongha nous ré-pètent que le Christ est vainqueur desforces du mal et que Dieu est bienvivant, toujours capable d’accomplirdes merveilles et des miracles dansnos vies. Enfin parce que C. Wahlen ytémoigne de ses raisons d’être attachéau message et à la mission de l’Égliseadventiste du septième jour et que

J.Skrzypaszek nous rappelle que l’ad-ventisme ne concerne pas que nosidées sur Dieu et notre adoration, maisinclut toutes les dimensions de nosvies, y compris celles de la santé phy-sique et mentale. Et, je dois dire, quec’est surtout à cause de cette approcheholistique de la vie que j’aime notreéglise et son approche de la mission.Elle me remplit de la joie d’une viephysique, intellectuelle, sociale et spi-rituelle qui fait sens et qui est riche deservices rendus et reçus.

Je suis heureux d’apprendre quedeux mois et demi après la série deconférences d’évangélisation que j’aitenue à Ouagadougou, au BurkinaFaso, un groupe de plus de vingt per-sonnes se réunit régulièrement pourétudier la Parole de Dieu et que plu-sieurs de ces personnes ont manifestéle désir de se joindre à notre église. Jevous encourage donc tous à partagernotre message avec clarté et persévé-rance. Comme vous le lirez dans lesNouvelles de ce numéro (page 23),notre église au Maroc, ce pays musul-man d’Afrique du Nord, s’est agrandiede cinq nouveaux membres au coursde ce mois de février 2015. Merci deprier pour tous les adventistes quivivent et qui témoignent dans les paysmusulmans de notre planète.

En avril nous commencerons un tri-mestre de l’École du Sabbat dont leprogramme biblique est centré surl’Évangile selon Luc. J’aime l’École duSabbat parce qu’elle ne concerne pasque les enfants mais tous les humainsquel que soit leur âge et parce qu’elle

est liée à nos engagements mission-naires locaux et mondiaux. Avec le désirde vous aider à apprécier cet évangile,j’ai écrit pour vous un petit livre, Brûlerde joie : une invitation à lire l’évangilede Luc, qui vient de sortir aux éditionsVie et Santé (voir la publicité qui paraît

Ma joied’être adventiste

M

32e trimestre 2015 Ministry®

[...]

je suis fierde cette revueet de monéglise qui la

publie.

”sur la page 4 de couverture de ce nu-méro). Vous pouvez facilement vous leprocurer sur le site www.viesante.comsoit sous forme de livre classique soitdans un format numérique qui vousconvient. Il vous aidera à sentir voscœurs brûler de joie comme ce fut lecas des disciples d’Émmaüs pendantleur conversation biblique avec le res-suscité.

Que ce trimestre, grâce à ce numérodu Ministry® en français et au pro-gramme de l’École du Sabbat, soitpour chacun de vous l’occasion debrûler encore davantage de la joie quedonne la rencontre régulière etconstante avec Jésus, accueilli commeSauveur et Seigneur !

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4 Ministry® 2e trimestre 2015

M a rg u e r i t e S H U S T E R , PhD, est professeur honoraired’homilétique et de théologie à l’Institut Harold JohnOckenga, et professeur d’homilétique et de théologieà la Faculté de Théologie Fuller à Pasadena, en Californie.

La plupart d’entre vous, j’imagine,ne devineraient pas facilementle moment du service de culte

que j’attends particulièrement. C’est labénédiction. Non, pas pour la raison àlaquelle vous pensez, pas parce qu’ellemarque la fin du service de culte ! Jel’attends parce que j’en ai besoin. J’aibesoin de la bénédiction de Dieu pourfaire face à ce qui se trouve devant moi,une fois franchies les portes de l’église.Et parce que j’ai besoin de cette béné-diction, je me sens toujours un peu tra-hie, si celle-ci est simplement rempla-cée par une charge, c’est-à-dire desinstructions sur quelque chose que jesuis censée faire. Les « charges » n’ontrien de mauvais en elles-mêmes, maisce n’est vraiment pas le manque d’in-formations qui m’empêche d'être ceque je devrais être. Davantage d'infor-mations, accompagnées ou non de dis-cours de motivation, ne m’aideront pasbeaucoup à faire des progrès. Ce dontj’ai besoin, c’est d’une puissance plusgrande que moi, pour faire ce que jesais déjà. Voilà ce que les mains dupasteur symbolisent, lorsqu’elles sontlevées vers le ciel et qu’il prononce labénédiction, transmission des bienfaitsdivins, qui devrait être donnée et reçueles yeux ouverts, car la bénédiction n’estpas une prière, mais un acte. Elle faitquelque chose, au moins dans la me-sure où il plaît à Dieu de l'honorer.

Bien sûr, même nos propres mots ac-complissent des choses, que ce soit de

manière banale, comme lorsque notrechien répond à notre appel, ou de ma-nière profondément significative,comme lorsque les paroles prononcéespar un parent ou un professeur restentgravées dans la tête d’un enfant pourla vie, faisant écho dans son esprit, por-teuses d’espoir et de sens, ou aucontraire d’angoisse et de rage. Noustrouvons cette idée dans la Bible,lorsqu’Isaac, par erreur et à cause dela tromperie de Jacob, bénit son fils ca-det au lieu de son fils aîné, Ésaü.Lorsque ce dernier pleure et crie sondésespoir, Isaac bouleversé lui dit qu'ilne peut reprendre la bénédiction qu’ila donnée (Genèse 27). Cela demeurevrai aujourd’hui : nous ne pouvons pasreprendre nos paroles, même humaines,une fois qu'elles ont été prononcées.

C’est encore plus vrai quand il s’agitdes paroles prononcées par Dieu. Aucommencement, elles avaient le pou-voir de créer tout ce qui existe (Ge-nèse 1). La Parole de Dieu, prononcéepar le prédicateur, dit Paul dans Ro-mains 10.17, nous crée de nouveau,puisque « la foi naît du message quel'on entend, et ce message c'est celuiqui s'appuie sur la parole du Christ »(BDS). Ce qu’on entend. De la mêmemanière, nous avons besoin d’entendrela bénédiction, venant de Dieu par l’in-termédiaire de quelqu’un d’autre : nousne pouvons pas nous bénir nous-mêmes, pas plus que, dans le sens leplus profond, nous ne pouvons nous

pardonner nous-mêmes. C’est pourcela que la bénédiction n’est pas unepartie secondaire ou superflue du ser-vice de culte.

La bénédiction bibliqueDe toutes les bénédictions utilisées

lors de services de culte chrétiens, celledonnée dans 2 Corinthiens 13: 131 estprobablement la plus commune : « Quela grâce du Seigneur Jésus-Christ,l'amour de Dieu et la communion duSaint-Esprit soient avec vous tous »(BDS). Ce verset est frappant pour biendes raisons, notamment parce qu'il setrouve à la fin d'une lettre dans laquellePaul a eu beaucoup à dire de sa dé-ception au sujet des chrétiens de Co-rinthe. Ils ne représentaient vraimentpas une Église modèle ! Le verset 11nous donne une bonne idée de toutela discussion qui précède : « Perfection-nez-vous. Consolez-vous. Soyez d'ac-cord entre vous. Vivez dans la paix.»Vous n’avez pas besoin de dire de telleschoses à des gens qui manifestent uncomportement exemplaire.2 C’est à despersonnes qui se sont mal comportées,mais vraiment mal, que Paul donnel’encouragement selon lequel « le Dieud’amour et de paix» sera avec eux. C’estpour eux la seule façon d’avoir la forcede faire les choses différemment. Puis,Paul donne cette merveilleuse bénédic-tion (13.13). Vous ne pouvez pas chan-ger, puis obtenir la bénédiction ; c’est

2 Co 13.11­13Bénédiction

Note du rédacteur : Cet article est l’adaptation d’une prédication prononcée le 14 juin 2014.

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ne commence pas par la première per-sonne de la Trinité, le Père, mais plutôtpar la deuxième personne, le Fils in-carné en Jésus. C’est probablementparce que notre connaissance du ca-ractère de Dieu commence par la ren-contre avec Jésus-Christ. C’est la ren-contre avec Dieu en Jésus, d’unemanière indéniable, qui a conduit, onpourrait presque dire « forcé », l’Église àla conviction que Dieu est en effet trini-taire, la rencontre avec la troisième per-sonne ayant eu lieu lors de l’effusiondu Saint-Esprit à la Pentecôte.

Ce passage à une compréhension tri-nitaire de Dieu n’a pas été facile pources gens qui venaient du judaïsme etétaient convaincus d’un strict mono-théisme. Ils ont fait cette transition parceque leur expérience montrait qu’ils nepouvaient l’éviter. Le mot autrefois ri-goureusement réservé à celui que nousappelons « Père », à savoir « Seigneur »,est venu naturellement aux lèvres deceux qui parlaient de Jésus et du Saint-Esprit. Alors qu’on parle généralementdu Père en tant que Créateur, Jean 1parle du Fils comme « Celui par quitoutes choses ont été créées ». Et nousparlons et chantons aussi l’Esprit Créa-teur (par exemple Ps 104.30)… et ainside suite. Même s’il est vrai que dansnotre expérience historique, les trois per-sonnes ont des rôles différents (le Fils,et non le Père ou le Saint-Esprit, est mortsur la croix), il n’est pas vrai que les at-

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la bénédiction qui vous permettra dechanger. Vous n’avez jamais autant be-soin de la bénédiction que lorsque voussavez que vous ne la méritez pas oulorsque vous craignez qu’elle puisse nepas être pour vous. Un petit enfant, dansun foyer spécialisé, écrivit à Dieu : « Desfois, je m’inkiète pour moi même.Qu’esse que tu pense de moi? Peut-être que sa va aller. Peux-tu m’aiders’il te plait pour que j’ai pas peur.» 3

L’enfant, tout comme nous, les adultes,a désespérément besoin d’une béné-diction, de la confirmation que Dieu esttotalement disposé à nous aider. Et sinous avons encore peur, c’est peut-êtreparce que nous ne saisissons pas bienle caractère de Dieu. Ce qui nousamène à considérer la forme et lecontenu de la bénédiction elle-même.

La doctrinede la Trinité dans la Bible ?Premièrement, la forme. On a sûre-

ment enseigné à la plupart d’entre nousl’idée qu’il n’y a pas de « doctrine » dela Trinité dans les Écritures. Il est vraique ce terme n’y apparaît pas une seulefois, mais il y a beaucoup de donnéesdans la Bible qui pointent dans cettedirection, y compris cette bénédiction,qui est explicitement trinitaire dans saforme. Paul parle tout naturellement etinconsciemment du Père, du Fils et duSaint-Esprit, dans un même souffle. Tou-tefois, il est intéressant de noter qu’il

tributs essentiels du Dieu unique soientdifféremment répartis entre les per-sonnes. Chaque fois que vous entendezdes gens parler de Dieu le Père commed’un juge dur et sévère, mais de Jésus,le Fils, comme miséricordieux et remplid’amour, vous pouvez avoir la certitudequ'ils font une erreur des plus gravesau niveau de la théologie trinitaire.

Dans ce texte, Paul inverse la placedes mots « grâce » et « amour ». Il estprobable que le plus souvent, on parlede la grâce de Dieu et de l’amour deJésus. Par exemple, l’acte de grâce duPère en envoyant son Fils, et l’amourque celui-ci manifeste en se donnantlibrement pour nous. Mais cette fois-ci,la bénédiction commence par la grâcedu Seigneur Jésus-Christ, puis continueavec l'amour de Dieu. Encore une fois,la raison est probablement de l’ordrede l'expérience : nous connaissons Dieucomme un être de grâce parce quenous trouvons en Jésus la grâce, lepardon et l’aide que nous ne méritonspas. Comme le disait un jour avec in-sistance l’un de mes amis : nous savonsqui est Dieu, non en regardant le monde,mais en regardant Jésus. Si nous re-gardons le monde et la souffrance detant de personnes, apparemment sanslien avec leur vertu ou leur manque devertu ou avec quoi que ce soit qui aitdu sens pour nous, nos questions surle genre de Dieu à qui nous avonsaffaire peuvent rapidement nous sub-

Vous n’avez jamais autantbesoin de labénédiction quelorsque vous savez quevous ne la méritezpas ou lorsque vouscraignez qu’elle puisse nepas être pour vous.

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6 Ministry® 2e trimestre 2015

pas seulement un concept abstrait,comme si nous fermions les yeux, rete-nions notre souffle et osions croire l’in-vraisemblable. Non, nous regardons àJésus, à la vie qu'il a vécu, à sa mort, àsa résurrection qui confirme que sa vieet sa mort n’étaient pas le cheminnoble mais finalement futile d'un rêveur,d’un martyr idéaliste, mais plutôt la ré-vélation de la vérité sur toute réalité.C’est une vérité qui nous dit que lapuissance est vaincue par la faiblesse,que le péché fait face à la miséricordetransformatrice, que la mort est com-plètement défaite par la vie. Je m’arrêteun instant.

N’avalez pas tout cela sans le dé-guster ! Cette grâce est une énormesurprise. C’est comme si vous aviezrassemblé tout votre courage pour mor-dre dans le piment le plus fort, et qu’aulieu de haleter et de verser d’abondanteslarmes, ça avait le goût de crème glacée!En termes purement humains, c’est toutà fait impossible. C’est la grâce de notreSeigneur Jésus-Christ, la chose la plusmerveilleuse au monde, qui s’est faiteconnaître par le Dieu qui est venu dansnotre monde afin de réaliser pour nousce que nous n’aurions jamais pu ima-giner nous-mêmes. N’oubliez surtout

M a rg u e r i t e S H U S T E R

merger. Lorsque nous regardons à celuiqui a dit : « Celui qui m'a vu, a vu lePère » (Jean 14.9), nos doutes sont at-ténués. Ils ne disparaissent pas, pasplus que le mal de la société actuellene disparaît. Mais nous sommes prêtsà croire qu'il y a des mystères en jeuqui dépassent notre entendement. SiJésus nous montre qui est Dieu, celane signifie pas que les choses serontfaciles, mais cela veut dire que nouspouvons lui faire confiance.

Il convient également de remarquerqu’un seul mot est utilisé pour parlerde la « communion » ou du « liend’amour » du Saint-Esprit. Les deux tra-ductions sont parfaitement possibles, etles deux termes peuvent porter laconnotation soit de la communion avecl'Esprit dans le sens d'une véritable par-ticipation à la vie de l'Esprit, soit de lacommunion les uns avec les autres parla présence de l'Esprit Saint. Alors, s’agit-il d’une communion avec Dieu ou lesuns avec les autres ? Le sens sur lequelon met l’accent dépend de l’interpréta-tion grammaticale qu’on choisit, maisde toute façon, la distinction est peut-être trop subtile. La vraie communionavec l’Esprit doit porter des fruits dansde vraies relations avec autrui, et la pro-

fonde communion avec ces derniersn’est rendue possible, dans ce mondedéchiré, que par l'Esprit.

Les bienfaitsde la rédemptionNous avons parlé des objets indignes

de cette bénédiction et de sa formetrinitaire. Venons-en à ce qu’elle nousoffre, « tous les bienfaits de la rédemp-tion », selon l’expression d’un anciencommentateur.4 Mais les voyons-nousvraiment ? Dans une bande dessinéede Frank et Ernest, Frank dit au pasteursur le pas de l'église : « Je suis fatiguédes bénédictions qui n’en ont pas l’air.Si ça ne vous dérange pas, j’en voudraisune que je puisse reconnaître tout desuite ! » En fait, les bénédictions dutype de celles que Frank souhaite, se-raient beaucoup plus petites que cellesque Dieu nous offre vraiment : sesbeaux présents et non nos proprespossessions.

Tout d'abord, « la grâce du SeigneurJésus-Christ.» C’est là que tout com-mence. Si nous ne croyions pas que leDieu Tout-Puissant était miséricordieux,nous les pécheurs serions fous demême penser à nous approcher de lui.Mais pour les chrétiens, la grâce n’est

Nous ne pouvons pascontrôler la grâce,ni la gagner,ni la comprendre,ni la prédire.Nous pouvons seulementla recevoir.

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72e trimestre 2015 Ministry®

BÉNÉDICTION (2 Co 13.11–13)

pas la surprise. La grâce peut se faufilerchez nous, provenir de directions inat-tendues, même nous tendre une em-buscade. Nous ne pouvons pas contrôlerla grâce, ni la gagner, ni la comprendre,ni la prédire. Nous pouvons seulementla recevoir. Alors, acceptez-la. Recevezla liberté et la puissance de vivre unevie complètement nouvelle, régie pardes valeurs tout à fait invraisemblables.Que la grâce du Seigneur Jésus-Christsoit avec vous !

Un Dieu qui aimeEnsuite, l'amour de Dieu (« Dieu » fai-

sant ici référence au Père). Le Dieu quise donne à nous par son Fils ne peutêtre qu’un Dieu qui nous aime. Il n’apas besoin de nous, comme s’il lui man-quait quelque chose. Une des raisonspour lesquelles nous trouvons si difficilede concevoir l'amour de Dieu, est quenous sommes créatures « dans le be-soin », et il n’y a rien dont nous ayonsplus besoin que l’amour. Mais noussommes un peu confus quant au sensde ce mot, que nous utilisons de nom-breuses façons. Nous « aimons » le gâ-teau au chocolat, les chatons, des starsde cinéma et le beau temps. Parfois,nos expériences humaines nous met-tent quand même sur la piste.

Regardez comment un parent aimeun enfant, peut-être un enfant tout-à-fait ordinaire pour un œil extérieur, pasparticulièrement beau, ni intelligent, niagile. Mais c’est son enfant et il pourraitsacrifier sa vie pour le protéger. Il nechérit pas l’enfant pour obtenir quelquechose en retour ou pour une série deraisons qu’il pourrait énumérer, maissimplement parce qu’il l’aime. Voyezcomment une jeune femme amoureuseperçoit son bien-aimé. C’est un garçonordinaire, pas nécessairement bien bâti,ni riche ni de bonne famille, mais pourelle, il est l’homme le plus beau, le plusextraordinaire au monde. Elle le voit decette façon parce qu’elle l’aime, etbonne chance si vous voulez insérer neserait-ce qu’un peu de rationalité dans

par nos forces de briser les murs del’intérêt égoïste. Même l’amour et lagrâce peuvent être compris d’une ma-nière très individualiste, n’eût été l’œu-vre du Saint-Esprit qui insiste pour nousunir les uns aux autres. Et quoi que nousdisions en théorie, il demeure difficilepour nous de reconnaître notre besoind’agir différemment. Une vieille histoirehassidique raconte qu’un violonistejouait d’une manière si mélodieuse quetous ceux qui l’entendaient se mettaientà danser ; tous ceux qui passaient assezprès pour l’entendre se joignaient à ladanse. Puis un sourd, qui ne savait riende la musique, passa par là. Pour lui,tout ce qu'il voyait lui semblait des actesinsensés et de mauvais goût, le produitde personnes ayant perdu la tête.6

Lorsque nous sommes enfermés à l’in-térieur de nous-mêmes, incapablesd'entendre, quelqu'un d'autre, le Saint-Esprit, doit nous libérer. Acceptons l’op-portunité d’une nouvelle vie en com-munion les uns avec les autres. Que lacommunion du Saint-Esprit soit avecvous tous !

Recevez la bénédiction de Dieu, etcomme résultat de sa propre vie envous, vous serez, individuellement etcollectivement, vous aussi une béné-diction. « Que la grâce du Seigneur Jé-sus-Christ, l’amour de Dieu, et la com-munion du Saint-Esprit soient avecvous tous ! »

1. Cette bénédiction se trouve au verset 13dans la Bible du Semeur (BDS). Dans d’autresversions, elle peut se trouver au verset 14. 2. Des ambigüités grammaticales dans le texteamènent à diverses traductions de ce passage.Je cite la version NRSV (version anglaise).3. Communication Arts Company, ed., Worries,Wonders, Whys: From the Heart of a Child. Co-lumbus, MS: Rusty McIver for Palmer Home forChildren, 1993, première saisie. Orthographe etponctuation comme dans la version originale.4. Charles Hodge, An Exposition of the SecondEpistle to the Corinthians. Grand Rapids, MI :Baker, réimpression 1980 [1859], p. 313.5. Frederick Buechner, Wishful Thinking: A Theo-logical ABC. New York : Harper & Row, 1973,p.21.6. Martin Buber, Tales of the Hasidim : The EarlyMasters. Londres : Thames and Hudson, 1956,p. 53.

la discussion ! Voici où je veux en venir :l'enfant et le bien-aimé, parce qu’ilssont aimés, peuvent être transformés etdevenir beaucoup plus que tout cequ’ils ont pu être auparavant. Il se peutqu’ils commencent à devenir ce que lapersonne qui les aime voit en eux. C’estbien sûr le sens profond des contes defées où les grenouilles qui reçoivent unbaiser se transforment en princes. Per-sonne ne dirait que la grenouille méritaitd’être embrassée. Et tout est là.

L'amour de Dieu, tout comme lagrâce de notre Seigneur Jésus-Christ,vient précisément à ceux qui ne le mé-ritent pas. Si vous sentez profondémentque vous ne méritez pas l'amour deDieu, vous avez bien raison de le pen-ser, mais vous vous trompez si vouscroyez que cet amour n’est pas pourvous. Acceptez-le. Que l’amour de Dieusoit avec vous !

La communiondu Saint­EspritEt finalement, la communion du

Saint-Esprit est ce partage dans la viemême de Dieu qui unit toutes sortes depersonnes différentes en un seul corps,non seulement malgré leurs différences,mais d’une manière qui fait précisé-ment de ces différences un atout pourl’ensemble. Frederick Buechner a dit :« Les meilleurs moments que nous pou-vons vivre, en tant qu’êtres humains,sont ceux où, pour un peu de temps,nous pouvons nous échapper de lacage du moi pour entrer dans le pay-sage du nous.» 5 Voici, me semble-t-il,une merveilleuse image de l’Église (oude n’importe quel groupe !) qui fonc-tionne comme il se doit. J’ai assisté ré-cemment à une réunion, au cours delaquelle la discussion sur un sujet par-ticulier a été dominée par le refrain« quels sont les avantages pour moi ? ».Cette discussion était étroite, exigüe,égoïste et bien loin d’être édifiante.

Pourtant, en dehors de la vie de l’Es-prit en nous, nous sommes comme prisau piège dans notre cage, incapables

M

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8 Ministry® 2e trimestre 2015

I k e c h u k w u M i c h a e l O L U I K P E , PhD,est professeur à la Faculté de théologie et de sciencesreligieuses de l’Université de Bugema,en Ouganda.

Bien que le mot n’apparaissequ’une fois dans l’Apocalypse,(Ap 16.16), Armageddon est

étroitement associé à la guerre parcequ’il est mentionné à l’endroit où lesrois de la terre se rassembleront pourle grand jour du Dieu Tout-Puissant(16.14). En se fondant sur l’enseigne-ment de la prophétie biblique, les chré-tiens s’attendent à la réalisation de lagrande bataille d’Armageddon de lamême manière qu’ils prêtent attentionaux mouvements militaires des puis-sances mondiales. Tous les yeux sonttournés avec anxiété vers les nations,en particulier celles du Moyen-Orient,dans l’attente de la réalisation apoca-lyptique du jour du malheur de la pro-phétie relative aux temps de la fin.

Bien qu’il existe de nombreuses in-terprétations exégétiques et théolo-giques d’Armageddon, on peut lesgrouper en deux groupes principaux :(1) Armageddon est un lieu géogra-phique précis pour une guerre mon-diale au Moyen-Orient ; (2) Armaged-don symbolise une guerre spirituelleentre Jésus-Christ et l’Antichrist. Malgréles différents points de vue, tous sontd’accord sur la réalité et l’inévitabilitéde la bataille eschatologique univer-selle d’Armageddon.

Cependant, comment cette grandebataille se situe-t-elle dans le plan pluslarge de l’histoire du salut ? Armaged-don est-elle une simple prophétie d’unconflit nucléaire mondial ou s’agit-il dequelque chose de plus profond ? Cette

bataille a-t-elle une signification spiri-tuelle ? Comment Armageddon se si-tue-t-il dans le plan de la rédemption,parfois appelé en anglais atonement,c’est-à-dire en rapport avec ce que Jé-sus a accompli à la croix.

La croixcomme une victoireL’enseignement sur la croix est un

enseignement clef qui traite de l’œuvredu Christ pour le salut de l’humanitéavec un accent particulier sur sa mortà la croix. Dans l’histoire de la théologiechrétienne, de nombreuses théoriessont apparues pour décrire l’acte sal-vateur 1. Chacun éclaire le sujet d’uneperspective différente 2.

Parmi les divers modèles de rédemp-tion, il faut relever le modèle ChristusVictor. Ce modèle fut proposé par l’his-torien suédois de la théologie, GustafAulén, qui décrit la rédemption commeune bataille et une conquête divines 3.Selon ce modèle, la rédemption s’ac-complit par une victoire du Christ surles puissances du mal qui tiennent l’hu-manité prisonnière et séparée de Dieu 4.La rédemption (la victoire du Christ surces puissances mauvaises) introduitl’humanité dans une forme nouvelle derelation, une relation faite de liberté, etréconcilie Dieu avec l’humanité. Sur labase du modèle Christus Victor, l’œuvredu Christ pour le salut de l’humanitéest décrite comme une victoire sur l’en-semble du mal. Cette description de la

rédemption prépare le terrain pour unemeilleure appréciation du rapport entreArmageddon et la rédemption.

« Les puissances[du mal] qui sont …»Le livre de l’Apocalypse fournit à la

fois le contexte de la bataille d’Arma-geddon et la base de son interprétation.Comme le livre de l’Apocalypse appar-tient à la littérature apocalyptique, Ar-mageddon doit être compris sur l’ar-rière-fond de l’apocalyptique 5- une vued’ensemble considérant le monde pré-sent comme un monde de désespoircar contrôlé par les puissances du mal,à la fois spirituelles et politiques, quioppriment et persécutent le peuple deDieu 6. Cependant, le présent mondemauvais laissera la place à une ère fu-ture d’espérance, quand Dieu intervien-dra pour détruire toutes les puissancesfunestes et restaurera le monde dansson état original fait d’ordre et debeauté.7

Le passage relatif à Armageddon (Ap16.12-16) décrit les forces du mal quiforment la coalition du temps de la finet font la guerre à Dieu. Il s’agit du dra-gon, de la bête, du faux prophète, desesprits impurs, des rois et des habitantsde la terre. Nous allons examiner cespuissances de la bataille eschatolo-gique dans le large contexte de l’Apo-calypse.

Les trois premières puissances peu-vent être décrites comme la fausse tri-

Christus Victor : Armageddon et la rédemptiondans l’Apocalypse

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Cette coalition de pouvoirs malé-fiques se rassemble pour faire la guerreà Dieu en persécutant son peuple autravers de la promulgation, au tempsde la fin, de lois politico-religieusescontraires à la loi de Dieu (Ap 12.17 ;13.7, 15-17). Ce faisant, elle prépare labataille eschatologique d’Armageddon.

Comme la rédemption peut être dé-crite comme une victoire sur les puis-sances du mal, quelques aperçus surla victoire du Christ sur ces puissancesdans l’Apocalypse, donneront une meil-leure appréciation de la significationd’Armageddon dans le plan du salut.

La victoire du Christ :une rédemption objectiveUne des premières mentions de la

victoire du Christ dans l’Apocalypse setrouve en Apocalypse 5.5, 6. Bien qu’an-noncé comme le lion de la tribu deJuda, il apparaît comme un agneau quia été immolé. L’Agneau est le titre chris-tologique le plus proéminent dansl’Apocalypse 13. En nous fondant sur lathéologie biblique, l’image de Jésusagneau en Apocalypse 5 montre au lec-teur un symbole de sa mort sur la croix.Le contexte du chapitre implique aussique sa mort sacrificielle démontre com-ment il a vaincu 14.

Qu’est-ce que l’Agneau a conquis àla croix ? L’hymne victorieux d’Apoca-lypse 12.10-12 répond à la question.Ce chant de victoire décrit la chute dudragon expulsé du ciel et affirme unpoint nouveau dans l’histoire du salutqui commence par l’adverbe temporel,« maintenant » (NBS) 15. Il célèbre l’éta-blissement du royaume de Dieu renver-sant le règne usurpateur de Satan. Outrela première chute du dragon du ciel endes termes militaires (Ap 12.3, 4, 7-9) 16,cet hymne met en avant une expulsionlégale ou juridique du dragon hors duciel 17. Le bannissement de Satan horsdes demeures du ciel comme représen-tant des souverains de la terre et inces-sant accusateur du peuple de Dieu aété rendu possible par la victoire duChrist à la croix comme un agneau(Jean 12.23, 31, 32) 18. La victoire de

l’Agneau à la croix est confirmée parsa résurrection, son ascension et sonintronisation (Ap 5.5-7, 12 ; cf. 12.5).Ces événements qui forment l’avène-ment du Christ, scellent pour toujoursla destinée du dragon : ruine et destruc-tion 19. En conséquence, la victoire ob-jective du Christ à la croix est devenueaussi le fondement de la victoire dupeuple de Dieu sur le dragon.

Une rédemptionsubjectiveLa victoire du Christ manifestée dans

l’événement christologique pourvoit àune victoire continue pouvant devenirune réalité expérimentale pour les chré-tiens. L’Apocalypse donne des aperçusde la victoire objective du Christ appli-quée et expérimentée par ses saints. Autravers de cette victoire, ils sont victo-rieux des puissances maléfiques : dudragon, des esprits impurs démo-niaques, de la bête, du faux prophète,des rois et des habitants de la terre.

Dans le cadre juridique de l’hymned’Apocalypse 12, le dragon tente devaincre le peuple de Dieu en portantdes accusations contre eux (Ap 12.10).En acceptant personnellement, en seréclamant et en s’identifiant au sangdu Christ versé lors de sa mort à lacroix 20, les saints sont victorieux des ac-cusations portées au plan juridique parle dragon (12.11) 21. De plus, ils sontvainqueurs du dragon par leur fidèle té-moignage à Christ et leur partage del’Évangile à d’autres 22. Leur dispositionà mourir pour le Christ est leur ultimetémoignage et leur plus grande victoireentre toutes 23. Ce faisant, ils suiventl’Agneau, à la fois dans la vie et dansla mort. C’est pourquoi, ils sont vain-queurs du dragon par le sang del’Agneau et par leur fidèle témoignagedans leur vie et dans leur mort, si né-cessaire (12.11).

De plus, les saints de Dieu manifestentla victoire du Christ sur les esprits dedémons en refusant de céder aux trom-peries de leur faux évangile. Ils prêtentattention aux appels à la vigilance don-nés au cœur du passage concernant

nité de l’Apocalypse 8. Les détails de leuridentité sont pleinement donnés dansla section centrale du livre de l’Apoca-lypse (chapitres 12 et 13). L’origine, lestraits et les activités du dragon sont in-troduits en Apocalypse 12.3-7 commele cerveau de toute la duperie et du mal(Ap 12.9, 10), alors qu’il donne pouvoiret autorité aux autres bêtes décrites enApocalypse 13.2, 4,11. La seconde puis-sance, décrite comme la bête, renvoieau monstre marin d’Apocalypse 13.1-10, et la troisième puissance, le fauxprophète, renvoie au monstre terrestred’Apocalypse 13.11-15. Cette trinité ap-paraît agissant de concert pour la pre-mière fois dans l’Apocalypse en tantqu’alliés dans le contexte d’Armaged-don (Ap 16.13). En tant que trinité dia-bolique, elle imite la vraie Trinité, qui estaussi présente dans le contexte del’Apocalypse (Ap 1.4,5) 9. Le dragoncontrefait Dieu le Père, le monstre marinimite Dieu le Fils, et le faux prophèteimite le Saint-Esprit. Ils forment tous troisles dernières puissances du mal del’Apocalypse.

Les puissances du mal suivantes sontles esprits impurs et démoniaques en-voyés comme agents de la fausse trinitépour égarer les rois de la terre (Ap16.13, 14). Ces mauvais anges formentaussi une triade parallèle à la faussetrinité, et une contrefaçon des troisanges d’Apocalypse 14.6-12 10. Alorsque les anges d’Apocalypse 14 annon-cent l’Évangile éternel au monde entier,les mauvais anges égarent le mondeau moyen de signes et de prodiges mi-raculeux. Ces miracles accompagnentl’activité du faux prophète en Apoca-lypse 13.13, 14. Ces mauvais espritsdonc, influencent les rois de la terre etles habitants sur lesquels ils règnent 11

« les rassemblant contre Dieu et contreson peuple ». Conformément à la pen-sée apocalyptique, ces versets confir-ment que les puissances politiques dela terre qui oppriment les enfants deDieu sont animées par des démons 12.»Ainsi, l’apocalyptique reconnaît dansles «puissances [du mal] qui sont » pré-sentes lors de la bataille d’Armageddondes pouvoirs politiques soumis à desforces démoniaques.

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terre qui lui font la guerre à lui et à ceuxqui sont avec lui (Ap 17.14). C’est lejour de la colère de l’Agneau (Ap 6.17)et cela donne un aperçu de la victoirefinale sur les rois de la terre. Un autreaspect de la victoire décrit Jésus-Christcomme le divin guerrier qui vient pourfaire la guerre avec droiture et justice(Ap 19.11-16). Il vainc la bête, le fauxprophète, les rois et les habitants de laterre (leurs armées) avec l’épée de sabouche, les abandonnant comme nour-riture aux oiseaux (Ap 19.17-21).

La victoire finale de Dieu et la fin dupéché sont vus comme survenant à lafin du millénium, quand le dragon ettoute son armée sont finalement dé-truits dans l’étang de feu (Ap 20.1-15) 28. Cette victoire finale mettra fin àtoutes les puissances malfaisantes, hu-maines et surhumaines. Selon la théoriedu Christus Victor, cette victoire accom-plit le but ultime de la rédemption.

Armageddonet la rédemption :la victoire de la croixRépétons-le, la bataille eschatolo-

gique d’Armageddon représente le som-met, à la fin des temps, de la victoire duChrist à la croix. Alors que sa mort sa-crificielle a brisé le pouvoir des forcesdu mal sur l’humanité, elle ne l’a pasannihilé 29. Cependant, « au travers desa mort, le Christ a fixé le destin ultimedes forces du mal 30. » À la croix l’éradi-cation future et finale du mal et de sespouvoirs a été rendue certaine, et la vic-toire totale a été assurée 31.

Pour mieux comprendre prenons l’il-lustration de la seconde guerre mon-diale. Après le débarquement des forcesalliées en Normandie le jour J, le résul-tat du conflit était assuré 32. Bien que lavictoire du jour J n’ait pas mis fin à laguerre (puisque les combats se sontpoursuivis par la suite), ce jour a an-noncé le moment où les ennemis serendraient au jour final de la victoire. Lamort, la résurrection, l’ascension etl’exaltation du Christ ont vaincu les puis-

sances du mal et lui ont donné autoritésur elles (Col 2.15 ; Mt 28.18 ; Ph 2.9-11 ; Ep 1.20-23 ; 1 P 3.22), mais ellesn’ont pas encore abouti au complet as-sujettissement de ces puissances oude toute rébellion dans l’univers (He2.8). Cependant, l’avènement du Christa été le jour J du conflit cosmique entrele bien et le mal, qui assure la victoirequ’obtiendra Armageddon. La victoireultime d’Armageddon sur le mal est an-crée et assurée par la victoire de la croix.C’est pourquoi Armageddon, dans le li-vre de l’Apocalypse, ne parle pas vrai-ment de batailles politiques et militaires,mais de la victoire du Christ acquise àla croix sur les puissances du mal.« C’est dans sa mort que le Christ avaincu ses ennemis… pas sur unchamp de bataille eschatologique san-glant… pour lui (Jean), il n’y a qu’unevictoire du Christ ; elle a été gagnéedans le passé et a eu pour résultat d’af-faiblir toutes les puissances ennemiesune fois pour toutes.» 33

ConclusionLe modèle du Christ vainqueur

(Christus Victor) décrit la rédemptioncomme une victoire sur les puissancesdu mal. Ces puissances brisées et vain-cues à la croix, n’ont pas encore étédétruites. Armageddon conduira la vic-toire du Christ à son sommet logiquequand toutes ces puissances du malqui ont aliéné l’humanité seront fina-lement complètement détruites. Le ré-sultat de cette destruction sera la ré-conciliation parfaite entre Dieu etl’humanité rachetée, et la parfaite res-tauration de la paix et de l’harmoniedans tout l’univers : Dieu demeurantavec son peuple, sans plus de péchéni de pécheurs (Ap 21.3, 4) 34. Ainsi,Armageddon ne doit pas se situer dansles événements du monde marquéspar le terrorisme, des guerres perma-nentes menées avec férocité, desbombes intelligentes ou des menacesde champignons atomiques, qui res-tent d’importants signes de la fin. Lacompréhension biblique d’Armaged-

Armageddon (Ap 16.15 ; cf. 3.2, 3, 18),appel à éviter l’apostasie et les com-promis spirituels 24. Sous l’influence deces esprits démoniaques et de la faussetrinité, les rois et les habitants de laterre créent un environnement croissantantichrétien pour tromper et persécuterles saints. Comme l’avertissement estadressé à «celui qui continue à vaincre»,la victoire des saints est continue. Lessaints font preuve d’une victoire per-sonnelle et commune contre l’aveugle-ment (2.4, 5 ; 3.1-6, 14-22), les trom-peries doctrinales dans et hors del’Église (2.6, 14, 15, 20-23), et face àla persécution et à la peur de la mortpar martyre (2.8-13 ; 3.8-10) entre au-tres 25. Confrontés aux grandes tentationset aux pressions du monde, ils résistentet refusent d’abandonner leur foi mêmeface à la mort (Ap 12.17 ; 13.7, 15-17).Ce faisant ils obtiennent la victoire surla bête, le faux prophète, les rois et leshabitants de la terre (Ap 15.2, 3 ; 20.4).Les saints seront vainqueurs en cet im-portant temps d’épreuve à cause dusang de l’Agneau (Ap 7.14) 26. Ils fontl’expérience de la même victoire surles puissances du mal qu’il a expéri-mentée. La victoire du Christ devientleur victoire.

Le but ultimede la rédemptionLa bataille d’Armageddon prend

place au grand jour du Dieu tout-puis-sant (Ap 16.13, 14, 16). Cela rappellele jour du Seigneur, un thème récurrentdes prophètes de l’Ancien Testament,des évangiles et des épîtres. C’est untemps où Dieu intervient et combat pourson peuple qui a été opprimé par despuissances adverses. C’est bien en lienavec la pensée apocalyptique mention-née précédemment. La deuxième partiedu livre de l’Apocalypse (15-20) décritla victoire de Dieu sur les puissancessataniques 27. L’Agneau apparaît à nou-veau, non comme immolé mais commeroi des rois et Seigneur des Seigneurs.Il apparaît pour vaincre les rois de la

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CHRISTUS VICTOR : ARMAGEDDON ET LA RÉDEMPTION DANS L’APOCALYPSE

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6. David E. Aune, « Apocalypticism : New Testa-ment, » in The IVP Dictionary of the New Testa-ment, vol. 1, ed. Daniel G. Reid. Downers Grove,IL : InterVarsity Press, 2004, p.61, 62.7. Ibid.; Norman Perrin, «Apocalyptic Christianity»in Visionaries and Their Apocalypses, ed. PaulHanson. Philadelphia, PA : Fortress Press, 1983,p.121, 122.8. Ranko Stefanovic, Revelation of Jesus ChristCommentary on the Book of Revelation. BerrienSprings, MI : Andrews University Press, 2002,p.369–371.9. Jon Paulien, Armageddon at the Door. Ha-gerstown, MD : Review and Herald, 2008, p.64–68.10. Idem., p.76, 151–165.11. Grant R. Osborne, Revelation (Baker ExegeticalCommentary on the New Testament, ed. MoisésSilva). Grand Rapids, MI : Baker, 2002, p.592.12. Tremper Longman III and Daniel G. Reid,God Is a Warrior. Grand Rapids, MI : Zondervan,1995, p.139–14313. Ekkehardt Mueller, « Christological Conceptsin the Book of Revelation, Part 1 : Jesus in theApocalypse » in Journal of the Adventist Theo-logical Society 21, no. 1, 2010, p.278, 292.14. Ekkehardt Mueller, « Christological conceptsin the book of Revelation, Part 3 : The LambChristology, » in Journal of the Adventist Theo-logical Society 22, no. 2, 2011, p.45, 46.15. Larry L. Lichtenwalter, Revelation’s GreatLove Story : More Than I Ever Imagined. Ha-gerstown, MD : Autumn House, 2008, p.106.16. Kayle de Waal, « The Downfalls of Satan inthe Book of Revelation » in Ministry®, février2013, p.22.17. Stefanovic, Revelation, p.388 ; Michael O.Akpa, The Identity and Role of Michael in theNarrative of the War in Heaven: An Exegeticaland Theological Study of Revelation 12:7–12.PhD diss., Adventist International Institute ofAdvanced Studies, Silang, Cavite, Philippines,2007, p.248.18. Stefanovic, Revelation, p.388; de Waal, «TheDownfalls of Satan, » p. 23 ; Judith L. Kovacs,«“Now Shall the Ruler of This World Be DrivenOut” : Jesus’ Death as Cosmic Battle in John12:20–36, » in Journal of Biblical Literature114, 1995, p.227–24719. L’Apocalypse retentit de « la victoire ob-jective de l’Agneau sur les puissances des té-nèbres qu’il a vaincues quand il a répanduson sang sur la croix » - assurant ainsi à tous« que le Christ a vaincu Satan et qu’il ledétruira aussi un jour ». John R. W. Stott, TheCross of Christ. Downers Grove, IL : InterVarsity,1986, p.250, 251.

20. «Au lieu de vaincre les disciples du Christen les accusant, Satan subit sa propre défaite.Leur victoire sur lui s’effectue en vertu de ceque Christ a accompli à la croix. Le sang duChrist produit la victoire…Dans le sang del’Agneau la victoire nous est assurée. La mortdu Christ dans l’Apocalypse est tout autant unévénement du passé qu’une réalité présenteque chaque croyant peut expérimenter en lui.»Lichtenwalter, Revelation’s Great Love Story,p.106, 107.21. Akpa, «The Identity and Role of Michael,»p.239; Lichtenwalter, Revelation’s Great LoveStory, p.106, 107, 109.22. Lichtenwalter, Revelation’s Great Love Story,p.10723. Ibid.; Akpa, p.239, 240 ; Ikechukwu MichaelOluikpe, Armageddon as Divine War in the Apo-calypse: An Exegetical-Theological Study onPopular Biblical Eschatology, Saarbrucken, Ger-many : LAP Lambert Academic Publishing,2011, p.90–92.24. Oluikpe, Armageddon, p.127–131.25. Ibid., p.95, n.33526. Lichtenwalter, Revelation’s Great Love Story,p.109.27. Oluikpe, Armageddon, p.95, n.337, et p.155,n.548.28. De Waal, « The Downfalls of Satan, » p.24.29. Rodriguez, « Growing in Christ, » p.18.30. Ibid.31. Edward Heppenstall, « Subjective and Ob-jective Aspects of the Atonement » in The Sanc-tuary and Atonement : Biblical, Historical andTheological Studies, Richard Lesher, ed.,Wash-ington, DC: Review and Herald, 1981, p.688,689; Ellen G. White, The Great Controversy,Nampa, ID : Pacific Press, 1950, p.503.32. Voir Oscar Cullmann, Christ et le temps,Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1947, p.99-109 ; Stefanovic, Revelation, p.396, 39733. Matthias Rissi, « The Future of the World: AnExegetical Study of Rev 19:11–22:15, » inStudies in Biblical Theology, 2nd series, no. 23,London : SCM Press, 1972, p.9.34. Mario Veloso, « The Doctrine of the Sanctuaryand Atonement as Reflected in the Book of Re-velation, » in The Sanctuary and Atonement: Bi-blical, Historical and Theological Studies, ed.Arnold Wallenkampf. Hagerstown, MD, Reviewand Herald, 1981, p.411.

don nous préserve de spéculations etnous ouvre vers le triomphe ultime deDieu dans le conflit cosmique entre lebien et le mal, entre Christ et Satan.Christus Victor est le point de mire bi-blique d’Armageddon.

1. Entre autres, les modèles de la substitution,de la satisfaction, de l’influence morale, dugouvernement ou de l’exemple. Ces modèlesont été divisés en deux catégories principales :les théories objectives et les théories subjectivesde la rédemption. Voir Millard Erickson, ChristianTheology. Grand Rapids, MI : Baker, 1998,p.800–817 ; Louis Berkhof, Systematic Theology.Grand Rapids, MI : Eerdmans, 1996, p.384–391 ; Norman R. Gulley, «Toward Understandingthe Atonement, » in Journal of the AdventistTheological Society 1, no. 1, 1990, p.57–89;Ángel Manuel Rodríguez, «Growing in Christ:Atonement and Christus Victor, » in Ministry®,Juin 2007, p.17–20, note 1.2. Edmund A. Parker, «The Ministry of the Ato-nement, » in Ministry® Août 1974, p.10 ; Ike-chukwu Michael Oluikpe, «The Christus VictorModel of Atonement, » in Journal of AsiaAdventist Seminary 13, no. 2 , 2010, p.127,139.3. Gustaf Aulén, Christus Victor: An HistoricalStudy of the Three Main Types of the Atonement,trad. A. G. Herbert. New York, NY : Macmillan,1969, p.4.4. Aulén, Christus Victor, p. 4, 5 ; Robert Letham,The Work of Christ : Contours of Christian Theo-logy. Downers Grove, IL : InterVarsity, 1993,p.161, 162; Thomas Finger, Christian Theology :An Eschatological Approach, vol. 1. Nashville,TN : Thomas Nelson, 1985, p.317–324.5. L’apocalyptique est « une des trois catégoriesdistinctes mais souvent confondues. Elles com-prennent “l’apocalypse” comme catégorie lit-téraire, “l’eschatologie apocalyptique” commecatégorie théologique, et “l’apocalyptique”comme une vue d’ensemble. Cette dernièrecomprend les éléments de l’apocalyptique lit-téraire et théologique », Gregory A. Boyd, Godat War : The Bible and Spiritual Conflict. DownersGrove, IL : InterVarsity Press, 1997, p.174. Bienqu’il y ait des apocalypses juives et chrétiennesqui ne sont pas canoniques, il est importantde comprendre leur vue d’ensemble car ellesforment l’arrière-fond des auteurs du NouveauTestament. (Boyd, God at War, p.173, 174). Cecontexte est en accord et non en oppositionavec l’interprétation historiciste du livre del’Apocalypse.

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12 Ministry® 2e trimestre 2015

J’ai compris que Dieu avait suscité lemouvement adventiste à un momentprécis pour atteindre un but précis dansl’histoire de la terre : pour transmettreun message prophétique au monde etpour proclamer le prochain retour deJésus. Je suis heureux d’être un adventistedu septième jour, spirituellement, intel-lectuellement, émotionnellement et so-cialement.

Appelée à durerAprès un début modeste et insignifiant

au milieu du XIX e siècle, les adventistesdu septième jour sont devenus un mou-vement de 18 millions de membres ré-partis dans plus de 200 pays du monde.Et nous continuons à grandir.

Ces faits sont surprenants quandnous les comparons à un autre produitdu mouvement millérite, l’Église chré-tienne adventiste (Advent ChristianChurch), qui ne compte que 125 600membres répartis dans 35 pays.1

Pourquoi l’Église adventiste du sep-tième jour a-t-elle eu autant de succès?Ce n’est pas seulement parce que nousavons une meilleure compréhensionde la vérité que les autres systèmes re-ligieux. Nous partageons la grande ma-jorité de nos doctrines avec d’autres

dénominations chrétiennes. Les baptistesdu septième jour, par exemple, ont dé-couvert le sabbat biblique au début desannées 1600, mais ils ne comptentque 50 000 membres dans 22 pays.

En essayant de savoir pourquoi l’Égliseadventiste a eu un tel succès, il peutêtre intéressant d’examiner un best-seller intitulé Built to Last: SuccessfulHabits of Visionary Companies (Fondéespour durer : habitudes à succès desentreprises visionnaires), par Jim Collinset Jerry Porras. Ils y décrivent des entre-prises qui ont été « fondées pour durer ».Les auteurs ont étudié 18 compagnies,comme Boeing®, Sony® et AmericanExpress®, et les ont comparées à leursconcurrents pour découvrir : « Qu’est-ce qui rend ces sociétés exceptionnellesdifférentes ? » 2 Se concentrer sur lesvaleurs fondamentales, s’adapter auxchangements sans jamais abandonnerses fondements, et se fixer des objectifstrès ambitieux sont quelques-unes desqualités qui leur ont permis de subsisteret de prospérer.

Bien que nous ne soyons pas uneentreprise, l’Église adventiste du septièmejour, en tant que peuple, a été fondéepour durer. Nous avons été fondés pourdurer beaucoup plus longtemps que

J e suis né et j’ai grandi aux États-Unis. Aussi loin que je puisseme souvenir, j’étais athée. La

science était mon dieu. La quête de laconnaissance était ma passion. Toutcela a changé un jour d’été quandquelqu’un m’a remis La tragédie dessiècles d’Ellen G. White.

J’ai commencé à lire le chapitre inti-tulé « L’origine du mal », et pour la pre-mière fois, le christianisme avait unsens. Avant la fin de l’été, j’ai acceptéJésus-Christ comme mon Sauveur etj’ai été baptisé dans l’Église adventistedu septième jour.

Avant de lire La tragédie des siècleset de comprendre les prophéties deDaniel et de l’Apocalypse, la Bible mesemblait tout simplement irréelle. À l’écolesecondaire, mes amis chrétiens me di-saient souvent: «Jésus a porté tes péchéset il est mort pour toi sur la croix. Neveux-tu pas l’accepter comme ton Sauveuret aller au ciel? Sinon, tu iras en enfer ! »

Bien sûr, j’avais entendu parler deJésus, du ciel et de l’enfer, mais c’étaitcomme si mes amis me parlaient dansune langue étrangère. Cela n’avait aucunsens. Dès que j’ai appris la vérité tellequ’elle est en Jésus, non seulement celaa eu un sens, mais ma vie n’a plusjamais été la même.

C l i n t o n WA H L E N , PhD, est directeur adjoint del’Institut de recherche biblique à Silver Spring, Maryland,États-Unis.

Les adventistes :pourquoi sommes­nous là,après tout ?

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132e trimestre 2015 Ministry®

Écritures sur les idées humaines com-parées à l’herbe : « L’herbe sèche, lafleur tombe ; mais la parole de notreDieu subsiste éternellement » (Ésaïe40.8). Dans ce même ordre d’idées,les paroles d’Ellen White méritent d’êtrerépétées : « Dieu aura cependant sur laterre un peuple qui s’attachera à sa Pa-role et qui en fera la pierre de touchede toute doctrine et le fondement detoute réforme. Ni l’opinion des savants,ni les déductions de la science, ni lescredo, ni les décisions des conciles etassemblées ecclésiastiques, aussi dis-cordants que nombreux, ne doivent êtrepris en considération sur un point defoi religieuse. Avant d’accepter une doc-trine quelconque, il faut s’assurer qu’ellea en sa faveur un clair et précis: “Ainsia dit l’Éternel.”»5

La compréhensiondes prophétiesEn suivant les prophéties de Daniel,

nous avons une compréhension desprophéties qui s’étend jusqu’à la findes temps.

Daniel 12.8-10 prédit qu’un peupledu temps de la fin comprendra claire-ment ce que même Daniel ne compre-nait pas à son époque. Apocalypse 10parle d’un petit livre qui autrefois étaitfermé et scellé, mais qui maintenantest ouvert. Dieu a suscité le mouvementadventiste à un moment précis pouratteindre un but précis dans l’histoirede cette terre. Nous ne sommes passimplement une église de plus, maisnous avons été appelés par Dieu pouravertir nos contemporains du dangerde recevoir la marque de la bête. Quandj’étais jeune, je trouvais surprenant queles autres églises semblaient être in-capables d’expliquer ce qu’est cettemarque.

L’interprétation historiciste de la pro-phétie conduit naturellement à l’ad-ventisme du septième jour. C’est peut-être une des raisons pour lesquellesaujourd’hui les protestants considèrent

les sociétés décrites par Collins et Porras,parce que le mouvement adventiste aété fondé par Dieu, et non par deshommes. Le mouvement adventiste n’apas été fondé pour durer uniquementpendant quelques générations, maispour l’éternité. Il a été fondé pour tra-verser le dernier grand conflit !

Pour nous aider à mieux comprendreet à nous souvenir sur quoi est fondéel’Église adventiste, j’aimerais utiliserl’acronyme BUILT (construit, fondé) :

Bible : Une foi basée sur la Bible :Nous suivons la Bible, la seule chosequi dure éternellement (Ésaïe 40.8).

Understanding : La compréhensiondes prophéties, comme l’a prédit Daniel(Daniel 12.8-10 ; Apocalypse 10).

Information : L’information privilégiée,c’est le grand conflit, son commence-ment et sa fin (Apocalypse 11.19 ; 12).

Loi : La loi et l’évangile s’allient parfai-tement dans le sens typologique du jourdes expiations (Apocalypse 14.6-12).

Temps : À temps. L’adventisme est néau moment précis annoncé par la pro-phétie (Apocalypse 12.17).

Une foi fondée sur la Bible« La Parole de Dieu est le fondement

sur lequel s’appuie notre espérance dela vie éternelle. » 3

À partir du moment où j’ai réaliséque la Bible constituait la Parole inspiréede Dieu, j’ai compris qu’il était essentielde comprendre ce livre. Bien qu’écritpar de nombreux auteurs différents surune période de 1 500 ans, j’y ai nonseulement trouvé la sagesse divine,mais aussi les récits inégalés de lacréation et de l’histoire rapportés aveccandeur et élégance. J’ai aussi découvertque l’Église adventiste du septième jourpossède une mission semblable à cellede Jean-Baptiste d’après Ésaïe 40. Ilest intéressant de noter que ce passageest centré davantage sur la secondevenue de Jésus que sur la première.4 Ilsouligne également la primauté des

de manière générale l’Apocalypsecomme accomplie soit dans un passélointain (prétérisme), ou alors dansl’avenir (futurisme). C’est étonnant quepour beaucoup de protestants, la réu-nification avec Rome paraisse de plusen plus attrayante. Malheureusement,même certains adventistes semblentavoir commencé à accorder plus d’im-portance à l’unité avec les autres chré-tiens qu’à la proclamation du messagepour notre temps.

Il y a trente-six ans, beaucoup de ceque je lisais dans La tragédie des sièclesparaissait impossible. Je devais l’accepterpar la foi. Comme les choses ont changé!

À cette époque, je ne pouvais pasimaginer qu’un jour les États-Unis, décritsdans Apocalypse 13 comme ressemblantà un agneau, parleraient comme un dra-gon. Un large et solide fossé séparaitl’Église et l’État. La religion et la politiquene se côtoyaient pas. Par ailleurs, BigBrother surveillait peut-être chacun desmouvements des habitants dans despays totalitaires, mais on n’imaginait pasque cela pourrait arriver aux États-Unis.

Cette époque est révolue. Quel cheminnous avons parcouru en si peu detemps ! Aujourd’hui, dans l’intérêt de lasécurité nationale, les États-Unis sontprêts à utiliser n’importe quel moyen,même aux dépens de leurs principeset idéaux, pour espionner leurs citoyens.De plus, il y a trois décennies, je n’auraisjamais imaginé à quel point tant deprotestants seraient aujourd’hui prêtsà abandonner leurs croyances baséessur la Bible.

Les informationsprivilégiées Nous avons une source incroyable

d’informations privilégiées grâce à notrecompréhension du grand conflit.

En lisant La tragédie des siècles, j’aidécouvert que le mal était un intrusdans l’univers de Dieu, quoique Dieun’en ait pas été surpris. Cependant, ac-cepter la possibilité que le péché puisse

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C l i n t o n WA H L E N

nouvel évangile, car il est appelé « éter-nel ». Mais comme pour la « nouvelle »alliance, sur laquelle repose l’évangile,il y a quelque chose de nouveau : cenouvel élément est l’urgence. Car commel’annonce l’ange d’Apocalypse 10.6, iln’y aura « plus de temps » (LSG). La finest proche.

Cette déclaration, associée à l’an-nonce céleste du chapitre 14, indiqueque l’heure du jugement de Dieu estarrivée. Beaucoup de chrétiens pensentque le jour du jugement correspond aujour où Jésus reviendra. Et, bien sûr,c’était ce que croyaient également lesadventistes millérites, jusqu’au jour oùils ont trouvé la clé pour résoudre lemystère de Daniel 8.14. Ils ont saisi unfait important en comprenant l’œuvrede Christ dans le sanctuaire céleste entant que notre souverain sacrificateur.Jésus dit que lors de sa venue sa rétri-bution sera avec lui « pour rendre àchacun selon son œuvre » (Apocalypse22.12). Le jugement doit donc précédersa seconde venue.

En outre, les adventistes ont comprisque la «purification du sanctuaire» dansle service du sanctuaire terrestre aujour des expiations symbolisait le juge-ment céleste. C’était le seul jour du ca-lendrier religieux auquel chaque Israélitedevait participer. Ignorer ce jour étaitimpensable, car cela signifiait être « re-tranché » d’Israël, exclu du peuple deDieu. C’était aussi le seul jour de l’annéequi était observé comme le sabbat heb-domadaire. Il y avait des sabbats céré-moniels, qui correspondaient à unejournée de congé, un jour férié. Cepen-dant, le jour des expiations était le seulqui devait être observé comme le sabbatdu septième jour : c’était un jour derepos total, sans le moindre travail. Cen’est pas un hasard, alors que le jourantitypique des expiations se poursuit,que le sabbat du septième jour revêteune importance accrue.

Il est peut-être surprenant pour cer-tains de réaliser que l’évangile de lafin des temps est véritablement une

surgir est le risque que le Dieu d’amourétait prêt à prendre pour offrir la vraieliberté. J’ai compris que Dieu ne forcerapersonne à être sauvé, mais aussi qu’iln’attendra pas éternellement ! Les pro-phéties n’ont été scellées que jusqu’au« temps de la fin », et elles nous indiquentoù nous en sommes dans l’histoire dumonde. La prophétie de Daniel 9 m’afait prendre conscience de la fiabilitéde la Bible. Des centaines d’années àl’avance, elle dépeint avec précisionles événements (historiques) qui s’ac-complissent (ensuite) au temps précis.La prophétie des 2 300 jours/annéesannonçant la purification du sanctuairecéleste en 1844 m’a particulièrementimpressionné.

Apocalypse 11.19 dit de ce moment :« le temple de Dieu dans le ciel futouvert, et l’arche de son alliance apparutdans son temple.» Quelle informationprivilégiée ! Le Seigneur nous donneun aperçu du lieu très saint du sanctuairecéleste et de l’arche de l’alliance. Ceverset marque un tournant importantdans le livre de l’Apocalypse.6 Il marquele début de l’œuvre extraordinaire deDieu à la fin des temps. Il présente legrand conflit entre Christ et Satan etl’impact dévastateur des attaques dudiable, alors que le peuple fidèle deDieu tombe dans l’oubli et qu’un chris-tianisme apostat tient les rênes du pou-voir. J’ai soudain réalisé que Dieu n’étaitpas à l’origine des atrocités de l’histoirechrétienne, et qu’à la fin de la périodedes 1 260 ans, en 1798, il susciteraitun reste qui se démarquera clairementdes églises déchues de Babylone.

La loi et l’évangile Nous proclamons le message de

l’évangile pour la fin des temps quiallie parfaitement la loi et l’évangile,la justice et la grâce.

Le message du premier ange d’Apo-calypse 14.6,7 proclame « l’évangileéternel » en termes de « l’heure de sonjugement [de Dieu] ». Ce n’est pas un

bonne nouvelle même s’il est associéau jugement ! Il est une bonne nouvelleparce que Jésus revient bientôt. Il estune bonne nouvelle, car il vient pourapporter la justice, pour redresser tousles torts, et pour récompenser sesfidèles. Il est une bonne nouvelle parceque le péché et les pécheurs ne serontplus, parce qu’il n’y aura plus ni souf-france, ni tentation, ni douleur. Mêmele temps de détresse est une bonnenouvelle. Pourquoi ? Parce qu’il nousest dit que grâce au jugement, nos« péchés auront été entraînés dansl’oubli » et que nous ne pourrons pasnous « les rappeler ».7 On ne sauraitimaginer une meilleure nouvelle !

Quand la crise finale est terminée,Jean voit un peuple : « C’est ici la per-sévérance des saints, qui gardent lescommandements de Dieu et la foi deJésus.» (Apocalypse 14.12) Voici lerésultat du message du troisième ange.Ce message de bonne nouvelle, d’espoiret de foi continue à préparer un peuplepour la venue du Seigneur.

À temps L’adventisme arrive à point nommé ;

il est né au moment prévu.L’adventisme est un mouvement pro-

phétique, plus précisément un mouve-ment prophétique relatif au temps. C’estgrâce à la compréhension de la pro-phétie des 2300 jours/années que noussommes nés.

Mais nous sommes aussi nés au mo-ment précis prédit par la prophétie bi-blique. Le reste de la fin des tempsdevait surgir après la période d’apostasiechrétienne de 1260 jours/années préditedans Daniel 7.25 et se terminant en1798.8 Comme pour s’assurer qu’oncomprenne bien, cette période est men-tionnée deux fois dans Apocalypse 12en l’espace de neuf versets (v. 6, 14).Puis le reste du temps de la fin apparaît(Apocalypse 12.17). La vision de Jeandu lieu très saint du sanctuaire célesteet de l’arche, ainsi que le reste identifié

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comme « ceux qui gardent les commandements de Dieu et quiont le témoignage de Jésus» (Apocalypse 12.17, LSG), soulignentla place centrale que la loi occupe à la fin des temps.

Par des signes dans le ciel, Dieu a confirmé que le momentétait venu pour l’apparition du reste (Matthieu 24.29 ; Apocalypse6.12,13). Apparemment à dessein, ces signes étaient visiblesdans la partie même du monde où Dieu appelait à l’existenceun peuple particulier pour une mission particulière.

Conclusion En tant qu’adventistes du septième jour, notre mouvement

prophétique est appelé à durer. Nous sommes : un mouvement fondé sur la Bible ; nous suivons la Bible

(Ésaïe 40.8) ;

un peuple qui comprend les prophéties relatives au temps,descellées au temps de la fin, exactement comme Daniell’avait prédit (Daniel 12.8-10 ; Apocalypse 10) ;

un mouvement possédant des informations privilégiéessur le grand conflit entre Christ et Satan, comment il acommencé et comment il va finir (Apocalypse 11.19 ; 12) ;

un mouvement appelé à proclamer l’alliance parfaite dela loi et l’évangile (Apocalypse 14.6-12) ; et

à temps : l’adventisme est né au moment même prévupar la prophétie, juste après les périodes des 1 260 et2 300 ans (Apocalypse 12.17).

Dieu a suscité l’Église adventiste pour une raison particulière.Les prophéties de Daniel et de l’Apocalypse présentent uneimage convaincante d’un Dieu qui contrôle l’histoire, et qui asuscité un reste pour finir son œuvre sur terre. Que Dieu nousaccorde la grâce d’accepter et d’accomplir humblement cettetâche humainement impossible !

1. “Advent Christian Church”, Wikipedia, accédé le 20 avril 2014, en.wikipedia.org/wiki/Ad-vent_Christian_Church.2. Jim Collins et Jerry I. Porras, Built to Last : Successful Habits of Visionary Companies.New York : Harper, 1994.3. Ellen G. White, In Heavenly Places. Hagertown, MD : Review and Herald, 1967, p.1064. Voir tout spécialement Ésaïe 40.3-5,9-10. D’où le message d’épuration de Jean etsa surprise quand Jésus ne répondait pas à ses attentes messianiques (Matthieu3.7-12 ; 11.2,3).5. Ellen G. White, La tragédie des siècles, https://egwwritings.org, TS, p.645.6. Voir Kenneth A. Strand, « ‘Victorious-Introduction’ Scenes », dans Symposium on Re-velation : Introductory and Exegetical Studies (Daniel and Revelation CommitteeSeries 6), éd. Frank B. Holbrook. Silver Spring, MD : Biblical Research Institute, 1992,p.57, 58.7. Ellen G. White, Vous recevrez une puissance, https://egwwritings.org, VRP, p.343.8 Concernant les dates du commencement et de la fin de cette prophétie relative autemps et d’autres prophéties semblables, voir Heinz Schaindinger, Historical Confirmationof Prophetic Periods (Biblical Research Institute Release 7). Silver Spring MD : BiblicalResearch Institute, 2010.Sauf indication contraire, les citations bibliques sont empruntées à la BibleNouvelle Édition de Genève - NEG1979.

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LES ADVENTISTES...

M

revivalandreformation.org

VENEZ ET VOUS VERREZ

La religion peut s’avérer étouffante et inefficace.Il en était de même à l’époque de Jésus. Pour-

tant, Jésus ne s’est pas laissé décourager, même parceux qui avaient un cœur de pierre. Jésus a initié unréveil en s’offrant lui-même ; et dès lors, chaque réveilest né quand il a été placé au centre de tout. L’évangilede Jean commence comme le livre de la Genèse : « Aucommencement, Dieu… » ; l’évangile de Jean débutepar ces termes : « Au commencement était la Parole ».Dieu a toujours initié le commencement de réveils.Finalement, de tels débuts invitent à faire un choix.

Le ministère de Jean Baptiste a atteint son apogéeavec ces mots : « Regarde, l’Agneau de Dieu ».Lorsque Jésus a vu que certains se posaient des ques-tions, il a simplement dit : « Venez, et vous verrez »( Jean 1.39, PDV). Plus tard, André est allé à la ren-contre de son frère et lui dit ce qu’il avait vu avant dele conduire à Jésus.

L’histoire ne s’achève pas là. Philippe a rencontréNathanaël, qui lui a demandé « Peut-il venir de Naza-reth quelque chose de bon ? » De nouveau Philippe ainsisté en disant simplement à Nathanaël : « Viens, ettu verras ». Lorsqu’il y est allé, Nathanaël a abandonnétous ses préjugés concernant Nazareth quand il a vu,lui aussi, Jésus. Nathanaël a été transformé. Ses pensées,ses perspectives et sa vie ont changé grâce à ce qu’il avu. Ceci a été confirmé par les mots mêmes de Jésus,« Tu verras des choses beaucoup plus grandes ! … Vousverrez le ciel ouvert ». ( Jean 1.50, 51, PDV). Ce queJésus a vu dépassait de loin tout ce que Nathanaël étaiten mesure de comprendre à ce moment-là.

Rappelons-nous que le véritable réveil commence àl’initiative de Dieu et qu’il est toujours centré sur Jésus.« Venez et Voyez » vous-mêmes et écoutez Jésus vousdire « Suis-Moi ».

– LAARY EVANS, directeur adjoint du département de laGestion chrétienne de la vie de l’Église adventiste mondiale,Silver Spring, MD, États-Unis.

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Jésus a passé trois ans et demi àformer des disciples. Puis il leura recommandé de faire de

même : «Allez faites… des disciples »(Mt 28.19).1 C’est là notre grand man-dat : former des disciples qui formerontd’autres disciples pour le mouvementde son royaume. Jésus a employé unprocessus profondément simple ; il a faitusage de cinq invitations, suivies cha-cune par des expériences et des instruc-tions. Ses invitations nous fournissent uncadre pour notre tâche.

Venez et voyezJean-Baptiste était encore à Béthanie,

au-delà du Jourdain, quand Jésus estarrivé. Tout juste six semaines s’étaientécoulées depuis le baptême de Jésus.Et maintenant, il est de retour, épuisépar ses quarante jours de jeûne 2 et lesassauts de Satan dans le désert de Ju-dée. Pourtant, Jean l’a reconnu : «Voicil'Agneau de Dieu, qui ôte le péché dumonde.» Il savait que Jésus était « Celuisur lequel il a vu l’Esprit descendre ets’arrêter » sur Lui. Jean a déclaré êtrevenu baptiser pour le révéler. Il a conti-nué disant : « Et j'ai vu, et j'ai rendu té-moignage qu'il est le Fils de Dieu » (Jn 1.29-34).

Le jour suivant, Jean a attiré l’attentionde deux de ses disciples sur Jésus enrépétant : «Voici l'Agneau de Dieu». Ilsont suivi Jésus et lui ont demandé «Oùhabites-tu» (v.36-38). Jésus leur a alorslancé sa première invitation : «Venez etvoyez» – une simple invitation qui a bou-leversé leur vie. Selon la coutume de

l’époque, c’était une invitation à prendredu temps, à manger et boire ensembleet à rester pour parler. Ils ont accepté etont passé le reste de la journée en sacompagnie (v.39).

Sur quel sujet ont-ils conversé ce soir-là? La présentation de Jésus par Jeancomme « l’Agneau de Dieu» et le «Filsde Dieu» avait attisé l’intérêt de ces in-vités. Une fois la visite terminée, Andréest allé immédiatement trouver son frèreSimon Pierre, et lui a dit : «Nous avonstrouvé le Messie (ce qui signifie Christ)»(v.41). Le jour suivant, Philippe a dit àNathanaël : «Nous avons trouvé celui dequi Moïse a écrit dans la loi et dont lesprophètes ont parlé, Jésus de Nazareth,fils de Joseph» (v.45).

À ce stade, Jésus ne pouvait pasencore attirer l’attention par ses miracleset ses enseignements, car il n’en avaitpas encore produit. Il pouvait se focalisersur la phase préparatoire de sa vie, «en-viron trente ans» (Lc 3.23), et la compareravec ce que les prophètes avaient ditdu Messie promis. Il pouvait parler deson enfance, de ses années de jeuneadulte, de son baptême, et de ses tenta-tions ; et pour ses invités, ces sujets deconversation étaient entièrement convain-cants. Ces années de préparation pourle mouvement qu’il était venu déclenchersont devenues la première phase deleur préparation de disciples.

Ceux qui, aujourd’hui, préparent desdisciples pour Jésus-Christ peuvent attirerl’attention sur la vie et tout le ministèrede Jésus ; pas seulement sur les annéesde préparation. Mais, faire des disciplescommence par l’invitation «Venez et

voyez». On tire un maigre profit à vouloirpasser à pieds joints sur cette phase ex-périmentale ; car la plupart de ceux aveclesquels nous nous engageons n’ont au-cune notion de l’histoire de Jésus : qui ilest, où il a vécu, quand il a vécu, les cir-constances de son époque, ce qu’il afait, ce qu’il a dit, où il est, ce qu’il faitmaintenant, ou comment il pourraitmaintenir une relation avec eux au-jourd’hui. Avant de pouvoir suivre et obéirà Jésus, les gens ont besoin de le ren-contrer, de passer du temps avec lui,d’expérimenter qui il est. Sans réponseà l’invitation «Venez et voyez», les invi-tations suivantes perdent tout leur sens.

Suivez­MoiAprès avoir passé la soirée en com-

pagnie de Jésus, André, s’en est allé et aimmédiatement conduit son frère à Jé-sus (Jn 1.41, 42). Le lendemain, Jésusa rencontré Philippe et lui a dit : «Sui-vez-moi». C’était sa seconde invitation :premièrement, il a invité les deux : «Venezet voyez !» puis «Suivez-moi.»

Philippe est immédiatement allé trou-ver Nathanaël pour lui dire qu’ils avaienttrouvé celui dont les prophètes parlaient,Jésus de Nazareth, fils de Joseph (Jean1.45). Nathanaël était sceptique. Il étaitoriginaire du village rival sur la collineen direction du nord (Jn 21.2). Ilconnaissait Nazareth et la famille deJoseph qui y vivait. Il n’y avait rien d’ex-traordinaire concernant ni l’un, ni l’autre.Philippe a répété le mot de Jésus,«Viens et vois » (Jn 1.46) – la première

Formation de disciples :les cinq invitations de Jésus

P e t e r R O E N N F E L D T, évangéliste et pasteurretraité vivant à Caroline Springs, Victoria,Australie.

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porte pas autant que les relations. Ré-pondre à son invitation, «suivez-moi», at-tire le croyant dans cette phase d’éta-blissement de relations formatrices dudisciple. Au cours de cette phase, Jésusa donné à ses disciples une panoplied’expériences, d’occasions insoupçon-nées, inspiratrices – quelques-unes em-barrassantes voire audacieuses – qui ontfortifié leurs relations avec lui autant queleur compréhension de son royaume enfaisant des disciples qui en font d’au-tres. Nous devons faire la même chose.

Venez pêcherLa plupart des disciples de Jésus

étaient des pêcheurs. Philippe, à l’instard’André et Pierre, était originaire de Beth-saïda, un village de Galilée. Jacques etJean, eux aussi faisaient partie de l’in-dustrie de la pêche. Tout en suivant Jésus,ceux qui, comme Pierre, avaient uneépouse et sans doute une famille pre-naient soin de leurs familles et s’occu-paient de leurs entreprises. Ils ont em-bauché des hommes pour superviser letravail, payer les échéances et gérer. Sui-

vre Jésus ne se fait jamais dans un vide,mais face aux réalités de la vie.

Suite à l’emprisonnement de son cou-sin et à son rejet par Jérusalem (Jean5), Jésus s’est retiré en Galilée (Mt 4.12,13). Ce fut un moment de transition ma-jeur. Une nouvelle saison s’est présentée,une nouvelle phase dans l’établissementdu mouvement s’est ouverte. Il a choisiCapernaüm, dans la «Galilée des gen-tils», comme base de cette phase d’ex-pansion dans la formation de disciplespendant neuf mois. Dans cette région,en bordure d’Israël, avec une populationdiversifiée, vivait l’officier du roi dont Jé-sus a guéri le fils (Jn 4.43-54). Et, commepêcheurs, c’est là que les principaux dis-ciples avaient leurs entreprises de pêche.

Jésus a repris l’appel lancé par Jean-Baptiste et s’est mis à prêcher «Repen-tez-vous, car le royaume des cieux estproche» (Mt 4.17). Il a ainsi commencéà attirer ses disciples plus près de lui, àles faire se joindre à lui comme apprentisà l’école de formation de disciples pourleur enseigner le processus et les faireparticiper à la démultiplication de son

invitation dans le processus de forma-tion de disciples. Ce jour-là, Jésus estparti pour Cana, avec ses premiers dis-ciples qui obéissaient à sa seconde in-vitation, « Suivez-moi ».

Les 18 mois suivants – passés en Ju-dée, assortis de visites en Galilée –pourraient être appelés la phase de fon-dation du ministère de Jésus. Durantcette période, il a invité les gens à venirle voir et à le suivre. Jésus a amené sespremiers disciples à Cana pour la célé-bration des noces d’un membre de safamille. Il a généreusement béni cesfestivités par son premier miracle. Il estensuite allé à Jérusalem pour la Pâqueoù il a affronté la corruption au cœurmême d’Israël, et initié le démantèle-ment du système établi au temple. Pasvraiment le rôle de celui qui pourrait li-bérer Israël du joug romain. Son entre-vue nocturne avec Nicodème n’a passemblé non plus favoriser pareilles qua-lifications. Á un autre moment, il est re-tourné pour rencontrer Jean-Baptiste,cette fois, à Énon, près de Salim, à lafrontière de la Samarie (Jean 3.22, 23).Jésus faisait et baptisait plus de disci-ples que Jean ; en fait, Jésus lui-mêmene baptisait pas, mais c’était plutôt sesdisciples (Jn 4.1, 2).

Les fondations d’un mouvementétaient en train d’être posées : ses disci-ples ont fait ce que font tous les disciples:se joindre à leur maître, Jésus, pour faired’autres disciples et les baptiser. Cettebande grandissante de disciples devaitapprendre que le royaume de Dieu en-globait les ennemis culturels et natio-naux : la femme samaritaine et les gensde son village étaient bienvenus (v.1-42), tout comme l’officier royal de Ca-pernaüm (probablement courtisan d’Hé-rode Antipas, tétrarque de Galilée et dePérée) et sa maison (v.43-54).

Suivre Jésus peut se révéler un défi.Des paradigmes acceptés sont remis enquestion. Des idées préconçues et despréjugés sont abordés. Mais Jésus n’apas précipité cette phase d’établisse-ment de son mouvement. Le temps n’im-

Avant de pouvoir suivreet obéir à Jésus, les gens ontbesoin de le rencontrer,de passer du temps avec lui,d’expérimenter qui il est.Sans réponse à l’invitation«Venez et voyez»,les invitations suivantesperdent tout leur sens.

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relationnel de Jésus n’est pas entravépar les systèmes religieux (v. 33-39) etque les gens sont traités comme ayantplus de valeur que la règlementation(Lc 6.1-11).

Pour Jésus, faire des disciples c’étaitprôner un style de vie, parfois ordinairejusqu’à décevoir, assorti de gros bonsens : Venez et voyez, suivez-moi, venezpêcher! Engagé dans les préoccupationsquotidiennes, son cercle grandissant dedisciples nécessitait des encourage-ments répétés à venir pêcher avec lui(Mt 4.18-22 ; cf. Lc 5.1-11). Comprenantses disciples et au clair sur la nature dumouvement qu’il cultivait, Jésus a suiviune pédagogie par l’expérience, la rela-tion et la participation ; pas simplementpar la dissémination d’informationscomme dans certains ateliers ou guidesd’études présentés aujourd’hui commeformation de disciples.

Renoncer à soi La quatrième invitation décrit la radi-

calité renversante du mouvement queJésus était en train de développer. Cettephase d’expansion du ministère et dedéveloppement du mouvement a com-mencé avec son choix des 12 au seinde la multitude des disciples qu’il avait

alors. Il appelle ces derniers des Apôtres(Lc 6.12-16). Ils ne constituaient pas unordre religieux à part et exclusif, ni unehiérarchie ; ils n’étaient pas non plus ap-pelés à être des employés pour un mi-nistère. Ils étaient plutôt les premiers élé-ments d’un mouvement de reproductiond’hommes et de femmes dotés de donsde l’Esprit, envoyés pour le perfection-nement des saints en vue de l'œuvre duministère (Ep 4.11, 12).

Par une expérience approfondie, desrelations et la participation à son minis-tère, Jésus a amené ses disciples à com-prendre la nature sacrificielle de Dieu etde son royaume. Il a expliqué dans leSermon sur la Montagne : «Aimez vosennemis, faites du bien à ceux qui voushaïssent» (Lc 6.27) ou comme l’a rap-porté Matthieu : «Mais moi, je vous dis :Aimez vos ennemis, bénissez ceux quivous maudissent, faites du bien à ceuxqui vous haïssent, et priez pour ceux quivous maltraitent et qui vous persécutent,afin que vous soyez fils de votre Père quiest dans les cieux» (Mt 5.44, 45; c’estnous qui soulignons). Par ces mots, Jésusles invitait à expérimenter et à refléter lecœur de Dieu dans son renoncement.

Alors que sa renommée grandissait,les réponses de Jésus, son ministère et

mouvement. Sa troisième invitation : «Ve-nez pêcher» (v. 18-22), était un appel àparticiper aux expéditions de pêche et àune formation sur le tas.

Ces sorties de pêche ont commencétimidement, mais ont augmenté en vo-lume et en fréquence jusqu’à ce que pê-cher des hommes soit devenu une ma-nière de vivre, d’aborder les gens et deles appeler. Il y a eu deux phases : mon-trer comment pêcher et s’équiper pourla multiplication. La pêche se faisait dansla synagogue, dans les maisons ou aubord de la mer où Jésus répétait son in-vitation à participer (Lc 5.1-11). Il ras-semblait les lépreux, les paralytiques, lescollecteurs d’impôts (v. 12-32), et «degrandes foules de la Galilée, de la Déca-pole, de Jérusalem, de la Judée et d’au-delà du Jourdain» (Mt 4.25).

La multiplication a commencélorsque les disciples ont eux aussi faitdes disciples. Lévi Matthieu répondantà l’invitation à suivre Jésus par l’orga-nisation d’un festin chez lui en son hon-neur et l’invitation d’« une multitude decollecteurs d’impôts » pour les lui pré-senter en est une illustration (Lc 5.27-32). La multiplication s’installe lorsquedu « vin nouveau » est servi dans des« outres neuves » – lorsque le royaume

P e t e r R O E N N F E L D T

Préparation30 ans

Expérimentale

Ministère enJudée 1 ans 1/2

Relationnelle

Ministère enGalilée

Participatif

Sermon surla montagne

Sacrificiel

Jean 20.21,22Actes 1.4­8

Présence authentique

1VOIR

2SUIVRE

3PÊCHER

4.S’OUBLIER

SOI­MÊME

5. RECEVOIR L’ESPRIT

Bap

têm

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Jésu

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Faire des disciples

(multiplication

Matthieu 28.18­20

Figure 1 : Les cinq invitations de Jésus

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FORMATION DE DISCIPLES : LES CINQ INVITATIONS DE JESUS

du renoncement à soi en servant commeun esclave dans la chambre haute, enfaisant le sacrifice ultime sur la croix duCalvaire.

Cette quatrième invitation est radica-lement contre les habitudes de toutesles cultures. Marcher sur les pas de Jésussignifie choisir un chemin de sacrifice etde renoncement à soi. Pour l'apôtre Paul,suivre Jésus a consisté à opter pour lesrigueurs du fabricant de tentes plutôt quede se faire financer, pour les privationsliées au statut d'homme du peuple (laos)ou d'inculte (idiotes) plutôt que pour lanotoriété et le prestige des héritiers (kle-ros), pour la souffrance et la prison entant qu'esclave de Jésus plutôt que pourle confort personnel et les acclamationspopulaires. Sa vie de sacrifice et d’oublide soi a été un reflet de la vie de Jésus.Aussi a-t-il pu dire : «Soyez mes imita-teurs, comme je le suis moi-même deChrist » (1 Co 11.1) et «ayez en vous lessentiments qui étaient en Jésus-Christ »(Ph 2.5). Ils étaient tous deux des for-mateurs de disciples et les disciplesqu’ils ont fait ont marché sur le sentierdu renoncement à soi.

Recevez l’EspritLa cinquième invitation de Jésus «Re-

cevez l’Esprit » (Jn 20.22) a amené sesdisciples à reproduire sa mission. Aprèsavoir lavé les pieds de ses disciples, Jé-sus a parlé de trahison, de sa mort et deson départ imminents et de leur minis-tère. «En vérité, en vérité, je vous le dis,a-t-il dit, celui qui croit en moi fera aussiles œuvres que je fais, et il en fera deplus grandes, parce que je m'en vais auPère» (Jn 14.12). Depuis son onctionpar le Saint-Esprit lors de son baptême,il a passé son temps à faire des disciplesen invitant, en donnant l’exemple et enformant. Et maintenant, il montrait uneconfiance surprenante en ces disciples.Ils avaient à multiplier son travail dansun mouvement de formation de disciplespar le même Esprit.

Le dimanche soir de sa résurrection,Jésus est apparu à ses disciples pour

leur dire : « Comme le Père m'a envoyé,moi aussi je vous envoie. Après ces pa-roles, il souffla sur eux, et leur dit : “Rece-vez le Saint-Esprit“» (Jn 20.21, 22). Audébut de son ministère, Jésus avait reçul’onction en vue de faire des disciplespour le royaume. Nous qui avons étébaptisés du Saint Esprit, nous devonsfaire de même. Faisant «même de plusgrandes choses» ; car le nombre de ceuxqui reçoivent la plénitude de l’Esprit de-vait se multiplier et former un grand mou-vement (voir Jn 14.12). Quarante joursplus tard, sur le Mont des oliviers, Jésusa déclaré, « vous recevrez une puissance,le Saint-Esprit survenant sur vous, et vousserez mes témoins à Jérusalem, danstoute la Judée, dans la Samarie, etjusqu'aux extrémités de la terre » (Ac1.8). Le jour de la Pentecôte, le Saint Es-prit est venu sur les disciples dans l’at-tente, comme il était descendu sur Jésusau Jourdain trois ans et demi auparavant.Et la multiplication de la formation dedisciples pour le royaume a commencé.

Conclusion : notre modèleLes cinq invitations de Jésus sont en-

tièrement compatibles avec le contextede notre ministère, y compris le postmo-dernisme (voir figure 1). (1) Venez etvoyez est une invitation à expérimenterqui est Jésus. (2) Suivez-moi est une in-vitation à avoir une relation avec lui. (3)Venez pêcher nous enjoint à la partici-pation. (4) Oublie-toi nous met au défide mener une vie de sacrifices contrai-rement à la culture ambiante. (5) Rece-vez l’Esprit est une invitation à recevoirla puissance pour une réplique authen-tique de son ministère. Ces invitationsfournissent un cadre pour nos tâches deformation de disciples qui multiplient desdisciples et pour créer une culture demouvement.

1. Sauf indications contraires, tous les versetsbibliques sont tirés de la version LouisSegond 1910.2. Ellen G. White, Jésus-Christ. Dammarie-les-Lys : Vie et Santé, 1988, p.112, 113.

ses enseignements étaient de plus enplus contre-intuitifs. Il a délibérémentchoisi l’oubli de soi, le renversement destatut, le risque et le sacrifice – un che-min aboutissant à la croix – et a invitéses disciples à y marcher avec lui. Ilsl’ont accompagné dans ses excursionsà travers les territoires de la Galilée desgentils, et plus tard dans ses voyages enJudée et en Pérée. Ils ont écouté ses pa-raboles du Royaume par lesquelles il re-mettait les systèmes religieux en ques-tion tout en mettant l’accent sur lesprocessus organiques (Mt 13.1-52). Desjuifs aussi bien que des gentils ont ex-périmenté sa compassion pour les ma-lades et ceux qui étaient possédés parles démons (Mt 14.13-21 ; 15.21-39).

Ils ont voyagé avec lui en territoirespaïens – en Phénicie, dans la Décapole,et à Césarée de Philippe où s’élevaientdes temples à l’entrée d’une grotte, les«portes de l’Hadès». Là, Jésus a utiliséle mot ekklesia (église ou assemblée) ;c’était la première des deux seules utili-sations de ce mot retenues par les Évan-giles. Là, il a demandé aux disciples :«Qui dites-vous que je suis »? SimonPierre a répondu : « Tu es le Christ, le Filsdu Dieu vivant » (Mt 16.5, 16). Jésus arenchéri en déclarant que sur cette véritéil bâtirait son «église», ou son assembléede disciples, à qui il donnerait « les clésdu royaume des cieux» (v. 17-19).

Matthieu, le seul évangile qui retientl’emploi du mot église par Jésus, sou-ligne que «dès lors Jésus commença àfaire connaître à ses disciples qu'il fallaitqu'il allât à Jérusalem, qu'il souffrît beau-coup de la part des anciens, des princi-paux sacrificateurs et des scribes, qu'ilfût mis à mort, et qu'il ressuscita le troi-sième jour» (v. 21).

Trois fois avant de reparler de ses dis-ciples réunis comme église (dans Mt18.15-20), Jésus a attiré l’attention sursa crucifixion prochaine (Mt 16.21; 17.9,22, 23) et la vie de sacrifice à laquelleses disciples sont appelés : «Si quelqu'unveut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'ilme suive» (16.24). Il a donné l’exemple

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Au cœur du messagede santé de l'Église adventiste

J o h n S K R Z Y PA S Z E K , DMin, est directeur du centrede recherche Ellen White du Collège Avondale,à Cooranbong, New South Wales, Australie.

Le vendredi soir 5 juin 1863, dansla maison de A. Hilliard à Otsego,dans l’état du Michigan, aux

États-Unis, Ellen White a reçu la visionsur « le grand sujet de la réforme sani-taire».1 Ce jour-là, Ellen et James Whites’étaient rendus à Otsego, à environ 48kilomètres de Battle Creek, dans le butde soutenir les réunions d'évangélisationmenées par R. J. Lawrence et M. E. Cor-nell. Ils se sont arrêtés chez la familleHilliard où, au moment du coucher dusoleil, un certain nombre de croyants seretrouvaient pour commencer le sabbat.Ellen White a été invitée à débuter cemoment par une prière, et c’est au coursde cette prière qu’elle a reçu une visionde 45 minutes. Le choix de Dieu de com-muniquer par ce moyen-là, à un tel mo-ment précis durant le commencementdu sabbat, était-il intentionnel? Ou était-ce juste une coïncidence? Une étudeapprofondie des données historiques ré-vèle une histoire intéressante.

Le cœur de la visiond’Otsego Le lendemain, le sabbat 6 juin 1863,

Ellen a écrit : «Ce qui m'a été montréconcerne mon mari et moi-même».2 Toutd’abord, il semble que l'impact de la vi-sion a évoqué dans son esprit une vueholistique inclusive de l’expérience dusabbat.3 Dans le message écrit à l'églisede Monterey à la même date, elle évo-quait les bénédictions du jour du sabbatqui reposaient sur eux ce vendredi. «Hiersoir, alors que nous avions notre moment

de prière en famille chez frère Hilliard, labénédiction du Seigneur reposa surnous, et j’ai été ravie en vision».4 Cetteexpérience a emporté ses pensées loindes activités frénétiques, des soucis, desfrustrations et des déceptions. Cette vi-sion a aussi dirigé son attention vers cedont Dieu se soucie. Beaucoup plus tard,elle a exprimé l’importance du sabbatcomme jour «mis à part pour amenerles hommes à une communion avecDieu» et un moment où « les heures of-frent un temps pour une restauration spi-rituelle et relationnelle».5 Deuxièmement,le conseil sur la santé commençait parune leçon pratique fondée sur une étudede cas, inspirée par Dieu. James et EllenWhite visitaient Otsego afin d’apporterleur soutien aux réunions d'évangélisa-tion tenues sous une tente; elles étaientconduites par R. J. Lawrence et M. E. Cor-nell, et devaient débuter le 6 juin.

Alors que James luttait contre unedépression, résultant du surmenage, ilscontinuaient à se concentrer sur l’acti-vité et l’expansion de l'œuvre de Dieu,aux dépens de leur santé personnelle.Dans ce contexte, Dieu a fourni uneétude de cas démontrant ce qui lui im-porte le plus. Ellen White écrivit : « J’aivu que nous devions maintenant pren-dre soin particulièrement de la santéque Dieu nous a donnée, parce que no-tre travail n’était pas encore fini et queSatan poursuivait ses efforts pour dé-truire notre ministère ».5 Est-il possiblede supposer que l'hyperactivité contri-bue au manque d'efficacité et que lafatigue ait un impact sur la santé desrelations interpersonnelles ? « J’ai vu

que nous ne comprenions ni la profon-deur ni le souci des épreuves émotion-nelles de l’autre. Chaque cœur possé-dant une sensibilité particulière, chacundevrait être particulièrement prudentpour ne pas causer une seule ombre detristesse ou de difficulté à l’autre».7 Lemessage de Dieu pour James White étaitdirect et sans équivoque.

La mise en place de l'organisation del'église, impliquait des tensions qui ontcontribué à son état d'esprit déprimé. Ilrevenait trop sur l'injustice passée, et sonesprit «semblait enchaîné par ces sou-venirs désagréables ».8 Autrement dit,l'absence d’un mode de vie bien équili-bré contribuait au stress, à l’inquiétude,à la prédisposition à voir le négatif, audécouragement et même à des attitudespeu chrétiennes telles qu’un esprit derancœur. «J’ai vu un ange qui se tenaità côté de mon mari, le dirigeant vers lehaut en disant : “Car si vous pardonnezaux hommes leurs offenses, votre Pèrecéleste vous pardonnera aussi”. . . Jésuspardonne les erreurs et les péchésgraves».9

Le moment où cette vision s’est pro-duite a attiré l'attention sur les élémentsclés nécessaires au bien-être humain, àsavoir le temps et les relations. Le sabbat,un temps réservé pour Dieu, a fourni unespace pour une restauration person-nelle et relationnelle, un temps pour lacélébration et le renouvellement de lavitalité spirituelle. 10 Ce jour-là, Dieu s’estreposé de toute son activité créatrice afinde célébrer une intimité relationnelleavec sa création. Le succès dans l’ac-complissement du dessein de Dieu pour

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la vie humaine (Genèse 1:28) dépendaitd’une bonne santé, d’un mode de vieéquilibré et d’une bonne prédispositiondécoulant à la fois de la nourriture spiri-tuelle et physique.

Il n’est pas étonnant qu’Ellen Whiteait reçu le conseil de «prendre le tempsde nous consacrer à notre santé pourque nous puissions, dans une certainemesure, nous remettre des effets du sur-menage dans les domaines physique etspirituel».11 Le contexte de l’expériencede la vision d’Otsego a mis en évidencela valeur de la nourriture spirituelle quidécoule d’une relation, d’une expérienceavec Dieu, qui change la vie.

Entre temps :le 6 juin 1863 et août 1864Même si la vision était survenue à un

moment crucial et dirigeait l’attention del'église sur les lois fondamentales de lasanté, Ellen White n'a pas décrit soncontenu avant août 1864, puis par unesérie de six brochures intitulée «La santéou comment vivre» en 1865. RichardSchwarz suggère que «diverses raisonsont empêché Mme White de publier unmatériel plus vaste».12 Durant le moisde décembre de 1863, Ellen et JamesWhite ont voyagé à travers la Nouvelle-Angleterre. Pendant cette période, la fa-mille a été éprouvée par la perte du filsHenry. En outre, James White a écrit, aumois de novembre : «Depuis que nousavons quitté le Michigan en août,lorsqu'elle [Ellen] n’est pas en réunionou en voyage, elle a consacré tout sontemps à des témoignages locaux et per-sonnels».13

Cela veut-il dire que pendant cetemps elle est restée silencieuse sur cesujet essentiel ? Une étude attentive deses manuscrits et de lettres montrentsa préoccupation permanente pour lebien-être spirituel des croyants, et pourdes questions associées à l'attitude ducœur.14 Par ailleurs, dans le contextedes activités frénétiques reliées à lacroissance progressive de l'Église, ellea reproché aux pasteurs d’avoir dé-

pensé leurs énergies d’une manière ex-cessive sans donner le temps à leurpsychisme de se reposer. Elle a fait re-marquer ou elle a souligné ceci : « L’es-prit affecte le corps ».15

En novembre 1863, elle a évoqué l'im-portance de la « nourriture simple etsaine».16 Enfin, dans le quatrième vo-lume de Spiritual Gifts, publié en août1864, elle a inclus un aperçu completde la vision reçue en juin 1863. Cette vi-sion a commencé par une référence àce qui a été institué par Dieu dans le jar-din d’Éden, puis aux raisons qui ontconduit l’humanité à l’intempérance.Puis elle a fait le lien entre l'alimentationet la maladie, et présenté des méthodessimples pour lutter contre une mauvaisesanté. Le principe général était simple:«Pour préserver sa santé, la tempéranceen toutes choses est nécessaire : dansle travail, l’alimentation et la boisson».17

Richard Schwarz observe ceci : «Dèsque M me White a commencé à parler età écrire largement sur la vie saine, denombreuses personnes ont commentéla similitude entre ses enseignements etceux des premiers réformateurs».18 Peude temps après avoir écrit sur les prin-cipes de la santé révélés dans la visiond’Otsego, Ellen et James White ont visitéla clinique «Notre maison sur la colline»du Dr Jackson, dans le but d’observerses pratiques. Plus tard, ils ont invité leDr Trall à présenter une série d’exposéssur la santé à Battle Creek, Michigan.Plus intéressante encore est l’insertiondes articles des premiers réformateurs

dans les six publications «La santé etcomment vivre».19

En revanche, Arthur White soutient queles principes de santé révélés à EllenWhite étaient «si différents des conceptscommuns à cette époque».20 On peutse demander: En quoi son conseil était-il similaire et en même temps différentde ceux des réformateurs de sonépoque? Schwarz fait une suggestionintéressante à ce sujet : «Préoccupés parles problèmes de la guerre civile et de lareconstruction pendant les années 1860,les américains se sont avérés moins sen-sibles qu’auparavant aux avertissementsdes réformateurs de santé. Environ à lamême époque, les progrès dans le do-maine antiseptique, en bactériologie eten pathologie ont commencé à voler le«coup de tonnerre» des réformateurs.Beaucoup de leurs adeptes se sont alorsdétournés d’eux pour s’intéresser au pro-gramme de gymnastique et de culturephysique de Dio Lewis. Alors que lesidées et convictions anciennes s’évapo-raient dans ce contexte, la collection deprincipes de réforme qui s’était dévelop-pée depuis un quart de siècle semblaitdestinée à disparaître comme une mode.À ce moment critique, les adventistes duseptième jour ont ajouté des principesde vie saine à leurs principes religieux».21

L’accent qu’Ellen White mettait sur lapropreté, la lumière du soleil, l’air frais,la valeur et l'utilisation de l'eau, le végé-tarisme et l’intérêt d’une attitude positive,a fait écho aux voix des réformateursaméricains.22 Ainsi, au moment où les

TEMPSGenèse 2.2–3

« Dieu se reposa »

RESPONSABILITÉGenèse 1.28

«Vision / but de la vie »

RELATIONSGenèse 1.27« Ensemble »

NOURRITUREGenèse 1.29­30

«Choisir ce qu’il y a demeilleur »

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vieux principes de réforme sanitaire sem-blaient voués à disparaître comme unsystème à part, la vision donnée à EllenWhite a révélé une idée centrale unique.Tout d'abord, elle a attiré l'attention surce qui importe le plus à Dieu, à savoir, lasanté spirituelle. Deuxièmement, elle adéclenché une prise de conscienced’une approche holistique en ce quiconcerne le bien-être.

Approche holistiquedu bien­êtreLa vision d’Otsego était centrée sur

les éléments nécessaires au développe-ment progressif d’un cœur, d’un corpset d’un esprit sains. Ellen White a écritceci : «Entre l’esprit et le corps, il y a unerelation mystérieuse et merveilleuse. Ilsréagissent l’un sur l’autre. Garder le corpsdans un état sain afin de développer saforce, pour que chaque partie de la ma-chinerie vivante puisse agir harmonieu-sement, devrait être la première étudede notre vie».23 Pour cela, le corps a be-soin de la meilleure nourriture physique.Beaucoup plus tard, elle a affirmé : «Lescéréales, les fruits, les noix et les légumesconstituent le régime choisi pour nouspar notre Créateur. Ces aliments, prépa-rés de la façon la plus simple et naturellepossible, sont les plus sains et les plusnourrissants. Ils confèrent la force, la puis-sance dans l'endurance, et la vigueur in-tellectuelle qui ne sont pas offertes parune alimentation plus complexe et sti-mulante».24 En même temps, l’alimen-tation du corps nécessite une approcheéquilibrée de la nutrition. Un retour à l'ali-mentation d'origine n’est pas une règlequi s’applique à tous. Ellen White exprimeune mise en garde : «Mais tous les ali-ments sains en eux-mêmes ne sont pasadaptés de la même manière à nos be-soins en toutes circonstances… Notrealimentation doit être adaptée à la sai-son, au climat dans lequel nous vivonset au travail que nous faisons».25 Dansces différents cas, la sélection des ali-ments sains et nutritifs devrait être guidéepar un «bon discernement».

Dans le cadre d'un jugement éclairéet de bon sens, elle a lancé un appel àune approche équilibrée des réformes,en suggérant : «Ceux qui disent croireen la réforme de la diététique ne sontpas tous vraiment réformateurs ». Elleajoute : «Pour de nombreuses personnes,la réforme consiste simplement à renon-cer à certains aliments malsains. Ellesne comprennent pas clairement les prin-cipes de la santé, et leurs tables, toujourschargées de mets délicats nocifs ou “nui-sibles”, sont loin d'être un exemple detempérance et de modération chré-tiennes».26 Il lui semblait qu'une connais-sance partielle des principes alimentairesconduit à une attitude rigide, une mau-vaise santé, et une manière insensibled’imposer aux autres ses opinions per-sonnelles. 27 Elle a appelé à avoir une vi-sion équilibrée de la tempérance dansle travail, l’alimentation, la boisson et lessoins élémentaires de la vie. Ici, elle aaverti que la réforme sanitaire ne devraitpas être comprise comme une fin en soi.Au contraire, un mode de vie sain fournit« les meilleures conditions pour le meil-leur service pour Dieu et l’homme».28

Les principes révélés dans la visiond’Otsego allaient au-delà d'un accentsur la guérison du corps. Il est importantde noter que les mouvements de ré-forme au XIX e siècle aux États-Unis, ontsuscité de l’intérêt pour divers aspectsd’une bonne hygiène de vie. D’autresréformateurs de l'époque prônaient levégétarisme, l’hygiène, l’hydrothérapie,l'air frais, et d'autres réformes de santépublique. Cependant, l'initiative de Dieude se révéler au début du sabbat, untemps, comme exprimé par Ellen White,où « les bénédictions du Seigneur repo-saient sur nous», a permis à l’Égliseadventiste de mettre l’accent sur lasanté avec, au cœur du sujet, le royaumede la nourriture spirituelle : un lieu derestauration du cœur, de l’âme et desattitudes humaines.

ConclusionDieu a interpellé l’Église en croissance

progressive au moment le plus crucialde son itinéraire: le besoin d’une réorien-tation spirituelle dans la préparation pourson rôle dans le domaine de l’éducation(1872) et de la mission (1874). L'accentmis sur le sabbat a rappelé à l’Égliseque son identité n’était pas fondée surles activités mais sur l’appel de Dieu àun pèlerinage. Plus encore, l’identitén’était pas simplement un badge portantun nom, mais une plénitude de vie quigerme à partir d’une expérience de foitransformatrice avec Dieu. En se référantà la nature transformatrice du bien-êtrespirituel centré sur Christ, Ellen White aécrit : «Merveilleuse sera la transforma-tion opérée en celui qui, par la foi, ouvrela porte de son cœur au Sauveur».29 Unetelle transformation améliore l’utilisationdu bon sens pour suivre les principesélémentaires de vie : les lois de lasanté.30 Enfin, une expérience relation-nelle avec Dieu, fondée sur la confiance,la foi et l’assurance de sa présence,ajoute une étincelle d’énergie motivanteet source d'inspiration. «Grâce à la puis-sance et à la lumière que Dieu commu-nique, vous pouvez comprendre et ac-complir plus que ce que vous auriezjamais cru possible auparavant».31 C’estlà qu’on se trouve au cœur du messageadventiste sur la santé : un cadre de mo-tivation et d’inspiration pour la missionde Dieu dans le monde.

1. “Questions and Answers”, in Ellen White,Advent Review and Sabbath Herald, 8 octobre1867, p.261.2. Ellen White, Ms. 1, 1863.3. Arthur White souligne: “Le soleil s’étantcouché le vendredi soir 5 juin, un nouveaujour avait commencé. En faisant référence àla vision, la date donnée est le 6 juin. Dansdes rapports ultérieurs où plusieurs phasesde ce qui avait été révélé dans la vision, le 5juin et le 6 juin sont cités.” Voir Testimoniesfor the Church, vol. 1, p.390, 433, 449, 517;et Advent Review and Sabbath Herald, 8 oc-tobre 1867. Arthur White, The ProgressiveYears 1862-1876. Hagerstown, MD: Reviewand Herald, 1896, p.18.4. Ellen White, Ms. 2, 6 juin 1863.

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L e sabbat 14 février 2015, une cérémonie de baptême exceptionnelle a eu lieu à Rabat. Cinq personnes ont remisleur vie entre les mains du Seigneur Jésus. Ces personnes sont toutes originaires de pays africains situés au Suddu Sahara, et la plupart d’entre elles sont venues poursuivre des études supérieures dans les universités et

grandes écoles du Royaume du Maroc. Chaque sabbat, un groupe de 30 à 40 personnes se réunit dans une salle de classe louée dans le centre d’accueil

catholique Notre-Dame de la Paix dans le quartier universitaire de Rabat-Agdal. Le pasteur Alex Balint, directeurd’ADRA Tunisie, vient une fois par mois s’occuper de ce groupe qui petit àpetit s’organise en église avec le soutien de l’Union du Moyen Orient et del’Afrique du Nord.

Les baptêmes se sont faits dans une piscine gonflable installée dans lesjardins de Notre-Dame de la Paix, à l’occasion de la visite du pasteur Ted

Wilson, président de la Conférence générale,des adventistes du septième jour et de re-présentants de l’Union du Moyen Orientet de l’Afrique du Nord.

Bernard Sauvagnat

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AU CŒUR DU MESSAGE DE SANTÉ DE L'ÉGLISE ADVENTISTE

UNE GRANDE FÊTEPOUR LES ADVENTISTES DU MAROCRabat - Maroc

NOUVELLE

5. Ellen White, Jésus-Christ. Nampa, ID: PacificPress, 1898, p.273, 274.6. Ellen White, Ms. 1, 1863.7. Ibid.8. Ibid.9. Ibid.10. Ellen White, Jésus-Christ. P.273, 274.11. Ibid.12. Richard W Schwarz, John Harvey Kellogg:The Pioneering Health Reformer. Hagerstown,MD: Review and Herald, 2006, p.20. Voirégalement W. C. White, Sketches and Me-mories. p.3, 4. En rendant visite au Dr HoratioS. Lay, Ellen White a été encouragée àpartager plus d'informations sur la vision dela santé. Comme l'a rappelé Willie, sa mèrea répliqué en disant « qu'elle n'était pas fa-milière avec le langage médical et qu'unegrande partie du sujet qui lui était présentéétait si différente des opinions communémentacceptées qu'elle craignait ne pas pouvoirl'expliquer de sorte que tout le monde com-prenne. »

13. “Eastern Tour,” in James White, AdventReview and Sabbath Herald, le 24 novembre,1863, p.204.14. Ellen White a écrit : « Nous devrions fairetrès attention à notre santé.» Cependant,pour elle, la santé était étroitement liée audéveloppement d'un « état d'esprit joyeux,optimiste et serein » (Ms. 1, 6 juin 1863). Àla même date, dans un message écrit àl'église de Monterey, elle a abordé la questionde l'intégrité morale (Ms. 2, 6 juin 1863).L'église à Caledonia a écouté son avertis-sement à propos de la « prédisposition né-gative » et du « manque de persévérance.»Elle a rappelé que « l'orgueil détruit la vraiespiritualité » et indiqué qu'ils croyaient en lavérité mais ne mettaient pas celle-ci en pra-tique. (Ms. 3, 22 juillet 1863).15. Ms. 7, 1863; Ms. 11, 1863; Ms. 16, fin1863; Lettre 12, juin 1863.16. Lettre, 23 novembre 1863. « Ceux quicroient en la vérité devraient être économes,vivre en mangeant simplement et sainement,en ayant pour règle de toujours vivre selonleurs moyens.»

17. Ellen White, in Spiritual Gifts, vol. 4A.Battle Creek, MI: Steam Press, 1864, p.146.18. Schwarz, John Harvey Kellogg, p.21.19. Idem, p.27.20. Arthur White, The Progressive Years 1862-1876, p.21.21. Schwarz, John Harvey Kellogg, p.27.22. Idem, p.23–26.23. Ellen White, Testimonies to the Church.vol. 3, p.485, 486.24. Ellen White, Le Ministère de la Guérison.Nampa, ID: Pacific Press, 1909, p.251.25. Idem, p.251, 252.26. Idem, p.268.27. Idem, p.268, 269.28. Idem, p.269.29. Idem, p.70.30. Idem, p.269.31. Idem, p.444.

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Visiter les familles de l’Église estun aspect important du minis-tère pastoral. La visite pastorale

est une clé pour le succès dans le mi-nistère. Ellen White a écrit : « Un pasteurdevrait se mêler librement à ses fidèlespour mieux les connaître, et savoir com-ment adapter sa prédication à leurs be-soins. Lorsqu’il a prononcé un sermon,il a à peine amorcé sa tâche. Il lui resteà faire un travail individuel : rendre visiteà ses fidèles, parler et prier avec euxdans la foi et dans l’humilité » 1.

Un plan pratiquede visites pastorales En dépit des divers défis auxquels

nous faisons face en tant que pasteurs,nous avons besoin de consacrer unepartie de notre temps aux visites pas-torales. «Trop souvent nos bonnes in-tentions de visiter les membres entrenten conflit avec la réalité d’horaires sur-chargés, d’urgences prenant le pas surce qui est essentiel, du manque detemps pour nos propres familles et, enplus, d’une planification inadéquate » 2.

On a fait aux pasteurs plusieurs sug-gestions de plan de visites. Jonas Arraispropose que des visites soient plani-fiées et organisées de manière à cou-vrir tout le territoire sous la responsa-bilité du pasteur en laissant chaquefamille de l’Église choisir le jour et lemode de visite.3

En tant que pasteur de six congré-gations, j’ai essayé de mettre du tempsà part pour visiter les familles compo-sant toutes mes églises. Voici certainesidées utiles qui m’ont aidé à faire desvisites pastorales une priorité dansmon ministère.

Se préparer pour la visite.« L’engagement à faire des visites pas-torales exige la préparation de l’êtreentier.» 4 Cette préparation implique laconsécration du temps nécessaire à laprière, l’étude de la Bible et la médita-tion sur la manière dont Jésus, sur terre,traitait les gens. Utiliser une carte pour pro­

grammer la visite. La carte de visitepastorale m’a été un outil utile pourplanifier les visites pastorales. Cescartes sont distribuées aux familles del’église pour y écrire les jours et mo-ments appropriés pour une visite. Je

demande souvent au secrétaired’église de distribuer les cartes le sab-bat matin. Cependant, il est quandmême crucial de vous assurer que lemoment de votre visite convient à lafamille.

Au verso de cette carte, un espacepermet de noter les sujets spécifiquesà aborder lors de la visite. Dans la carteque j’ai préparée, des questions sontdéjà formulées (Voir figure 2); maiselles peuvent varier en fonction des be-soins de chaque famille et de la naturede la visite.

Les visites pastorales :une responsabilité irremplaçable

W a g n e r A R AGÃO est pasteur dans l’Union desMissions Centrales dans l’Ouest du Brésil

VISITE PASTORALE

Mars “J'espère te voir bientôt, et nous parleronsde bouche à bouche.” 3 Jean 14

Semaine 1

Dimanche

Semaine 2

Mardi

Semaine 3

Vendredi

Semaine 4

Samedi

Nom

Adresse

Téléphone

Heure

Figure 1 : Carte pour programmer une visite, Recto

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ner une investigation indiscrète sur lavie des gens. Poser ces questions avecle plus de naturel et de sincérité possi-bles, en laissant au membre le droit derépondre ou non. Que vous utilisiez descartes ou autre chose, le principe im-portant encore une fois, est que voussoyez au préalable informé des besoinsde ceux que vous comptez visiter.

Programmez seulement deux outrois visites. Je suggère que le pasteurplanifie au maximum trois visites parjour. Il est prudent de ne pas être le pas-teur qui visite ses membres sans cesse,

qui à longueur de journée, n’accomplitqu’une tâche, visiter les membres.6 Ap-prenez à être sensibles aux besoins devos paroissiens. Que le plan ne soit pas trop

rigide. Un autre aspect important,concerne la flexibilité. Il y aura des si-tuations urgentes auxquelles le pasteur

Il est très important d’approcher cesquestions sous forme de questionnairespirituel. « Le pasteur est un médecinspirituel. Sa tâche devient plus facile etplus efficace s’il pose lui aussi, desquestions qui l’aideront à identifier lesbesoins spirituels de sa congrégation».5

Éviter toutefois toute impression de me-

NOTES

doit répondre. Le plan de visites pasto-rales doit prendre ces contingences enconsidération. Notez que la durée de lavisite variera avec le type de visite.Lorsque vous visitez un malade dont lacondition est critique, à l’hôpital ou àdomicile, ne restez pas trop longtemps.D’autres visites exigeront du pasteur qu’ilreste plus longtemps pour écouter etconseiller.

Soyez prudent et agissez avec tactpour susciter la confiance et laconsolider. Le pasteur doit respecterle temps et la vie privée des membres 7.

C’est pourquoi les laisser programmerla visite au moment qu’ils désirent estimportant. Le pasteur devrait aussi pren-dre certaines précautions pour la plu-part des sujets discutés lors de la visite,en évitant des débats trop approfondissur des questions ne relevant pas deson domaine et qui requièrent l’avisd’un expert. Quand c’est nécessaire, lepasteur jugera prudent de recomman-der à la personne le recours aux ser-vices d’un spécialiste. Dernier principe, mais pas le

moindre, un pasteur devrait éviterde visiter une personne seule. Pouréviter que cela n’arrive, je dis clairementà l’église que je visite la famille, pasjuste un membre en particulier. Si c’estnécessaire, faites des arrangementspour avoir la rencontre en un lieu publicou bien faites-vous accompagner dequelqu’un d’autre au moment de visiter.

Multiplier le ministère des vi­sites. Le pasteur ne devrait pas être leseul qui visite les familles de l’église. Ildoit faire des disciples et développerleurs capacités à faire des visites pas-torales. Habituellement, je commencece processus de multiplication en visi-tant les responsables de l’église. Decette façon, même les anciens ont l’oc-casion d’apprendre du pasteur. Aprèscela, le pasteur peut former une équipede soutien qui l’aide à réaliser le planannuel de visites. D’habitude, les an-ciens et les dirigeants qui ont des ca-pacités pour les visites sont choisiscomme membres de l’équipe. Les diri-geants des petits groupes devraientaussi faire partie de l’équipe de soutien.Il est important que le pasteur rencontrel’équipe de visite de temps à autre pourévaluer et écouter un bref rapport deleurs expériences. Je ne partage pasl’idée que seul le pasteur devrait visiterles membres d’église. Les visites de-vraient être faites sous sa coordinationmais il lui faudra toujours une équipede soutien.

Membres de la Famille Relations avec Dieu

Fidélité – Dîmes et offrandes Doutes

Sujets de prières

Figure 2 : Carte pour programmer une visite, Verso

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3. Un engagement plus solideavec Jésus. La visite pastoraleréaffirme et élève le niveau d’en-gagement des membres d’église.C’est au moment de la visite qu’ilssont exhortés à rester fidèles auxprincipes et valeurs du royaumede Dieu.

4. Des relations authen­tiques. Développer des relationsauthentiques est l’un des sujetsles plus débattus dans l’église au-jourd’hui et sur lequel l’accent estmis pour la formation de disciples.J’ai découvert que les visites pas-torales aident à établir des rela-tions proches entre les membreset le pasteur. Avec une église deplus de deux cents membres, lepasteur juge presqu’impossible derencontrer chacun et d’établir desamitiés avec chacun s’il n’acontact avec eux que depuis lachaire. Quand le pasteur neconnait pas les membres et queles membres ne connaissent pasle pasteur, le travail pastoral estcompromis. Les chances d’influen-cer la vie des membres deviennentsi minces que la direction pastoraleen devient boiteuse.

Établis pour servirJe note toujours les noms de chaque

membre des familles que je visite. Jecherche aussi à savoir quand ils ont étébaptisés et leur anniversaire de nais-sance. Au cours de la visite, je dis tou-jours que la famille de l’église est tou-jours prête à aider dans n’importequelle situation. Le besoin d’aide pra-tique peut se faire sentir lors de la visite;une aide qui va au-delà des parolesd’encouragement, des conseils et de laprière. Les pasteurs ne devraient jamaisoublier que leur mission est de servir.« Les pasteurs sont des serviteurs quise sacrifient au bénéfice de ceux dontils prennent soin.»9

Jamais Je n’oublierai le pasteur quivisitait ma famille durant mon enfance.Il a été pasteur de notre église pendantsix années consécutives. Un jour, lui-

même et son épouse sont arrivés chezmes parents pour sa visite pastorale an-nuelle. C’était juste au moment où mamaman se remettait d’une interventionchirurgicale majeure. À l’époque, monpère n’était pas encore un chrétien. Ilvivait en effet vautré dans l’alcool. Il étaitdifficile pour maman de prendre soinde ma petite sœur et moi et de faire enplus les travaux domestiques. Je merappelle ce jour où le pasteur et safemme ont dit à maman qu’ils nettoie-raient la maison et prépareraient le re-pas. Tandis qu’il faisait le ménage cheznous, il nous a raconté plusieurs his-toires. Comme nous avons aimé ce pas-teur et sa famille !

Conclusion Le Seigneur désire que ses bergers

cherchent ses brebis. Elles ont besoind’être guidées et nourries de la vérité.Elles ont besoin de repos et de sécurité.Le pasteur doit chercher la brebis per-due, bander les plaies de celles qui sontblessées, aider les faibles et celles quisont menacées d’égarement à revenirau bercail. La véritable tâche du pasteurinclut à la fois les soins et la formationde disciples.

Pour toutes ces raisons et d’autresencore, la visite pastorale demeure uneactivité indispensable et irremplaçable.

1. Ellen G. White, Conquérants pacifiques.Dammarie-les-Lys : S.D.T., 1959, p.323.2. James A. Cress, Common Sense MinistryMultiplied. Nampa, ID : Pacific Press, 2010,p.100.3.Jonas Arrais, Procura-se Um Bom Pastor.Tatuí, SP : CPB, 2011, p.76, 77.4. Chor-Kiat Sim, “Reflections on a PastoralVisit,” in Ministry®, Janvier 2001, p.24.5.Arrais, Procura-se Um Bom Pastor, p.82.6. Cress, Common Sense Ministry Multiplied,p.100.7. Sim, “Reflections on a Pastoral Visit,” p.27.8. Júlio Cézar Adam, “Prefácio” in Jilton Mo-raes, O Clamor da Igreja. São Paulo, SP :Mundo Cristão, 2012, p.13.9. Bill Donahue and Russ Robinson, Edificandouma Igreja de Pequenos Grupos. Vida, 2003,p.156.

Objectifs atteintspar les visites L’effet d’une visite pastorale est ex-

traordinaire à la fois pour le ministèredu pasteur et pour la vie des familles.Voici quatre objectifs généralement at-teints quand je visite les familles deséglises sous ma responsabilité : 1. Encouragement. Le monde

dans lequel nous vivons est remplide circonstances qui suscitent ennous la peur, la fatigue et le dé-couragement. Le découragementpeut causer un tas d’ennuis : dé-pression, paresse, sentiments d’in-dignité, difficultés antérieures nonrésolues, et perte d’attention etd’objectifs dans la vie. En visitantdes gens en lutte avec ces aspects,le pasteur peut les encourager parla Bible. La plupart des versets quej’ai l’habitude d’utiliser pour re-monter le moral des membres lorsde mes visites sont Exode 14.13 ;Ésaie 43.1, 2 ; 57.15 ; Jérémie29.11 ; Matthieu 9.12 ; 11.28 ; Ro-mains 8.27-39.

2. Nourriture spirituelle. Unphénomène remarquable que j’aipu observer lors de mes visites c’estque beaucoup de gens ont faim deDieu. Ce symptôme est le refletd’une crise affectant beaucoup deprédications aujourd’hui. Laconnaissance superficielle de Dieuest en pleine croissance parce quedans nombre d’églises la prédica-tion a perdu sa valeur réelle. « Plusque jamais, prêcher aujourd’huiexige que l’on connaisse la vie desauditeurs : pas seulement, connai-tre les gens, mais s’intégrer dansleur vie, être tout près d’eux. »8

Quand je visite les familles del’église, je trouve l’occasion d’amé-liorer mes sermons et de servir desmets spirituels consistants. La visitepastorale perd sa significationlorsqu’elle devient une fin en soi ;mais quand la visite se reflète à tra-vers l’excellence sur la chaire del’église, elle a atteint son but.

W a g n e r A R AGÃO LES VISITES PASTORALES...

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COURRIER DU LECTEURVous réagissez aux articles de «Ministry®»

Lettre à un jeune pateur • J’ai lu avec intérêt la « Lettre à un jeune pasteur »de Jeanne Weber. On comprend que cette mère soitfière de ce que son fils accomplit et du travail importantdans lequel il s’apprête à s’engager. Ses conseilssont utiles et sages. Elle oublie pourtant un domainequi est essentiel pour la réussite de toute carrièreprofessionnelle, et encore plus dans un ministèrepastoral. Quels que soient les diplômes acquis, les succès pro­fessionnels accumulés ou le niveau d’influence exercédans le pastorat, tout pasteur est assailli pour laforce puissante du diable qui vise les serviteurs deDieu. Personne n’est exempt des ruses du mauvais.Il n’y a pas de péché plus dévastateur et avec des im­plications aussi étendues que celui du pasteur quicède à la tentation sexuelle. Aucun péché ne fait au­tant de dégâts à toutes les personnes impliquées.C’est arrivé à certains de nos pasteurs les plus perfor­mants. Ça m’est arrivé à moi. L’influence de Samson a été annihilée, et le peuplede Dieu a été humilié quand, sous l’emprise de Dalila,Samson a perdu de vue sa mission. L’autorité moralede David s’est évanouie après son aventure avecBathsheba. Le diable connaît les faiblesses del’homme et trouve une complice pour anéantir unhomme de Dieu. Il est vrai que lorsque la relationavec Dieu est compromise ; on est une cible plus vul­nérable du diable. Il veille à ce que l’occasion se pré­sente, et si le serviteur de Dieu n’a pas reçu dans sonesprit et dans son cœur la force de la Parole, il ne serapas à la hauteur face au grand trompeur. Aucune mention de cette possibilité n’a été faite aucours de mes années de formation en théologie. Jeme demande si nos pasteurs en préparation sontéduqués dans ce domaine pour entrer dans l’arènedu pastorat. Ne devrait­on pas donner des instruc­tions pour préparer nos jeunes pasteurs à se défendredans ce domaine crucial de l’affrontement avec lemauvais ?

Anonyme

• C’est l’un des meilleurs articles que je me souvienneavoir lu dans le Ministry®. Ah ! Si tous les jeunes pas­teurs pouvaient recevoir de tels encouragements dela part de leur mère, de leur père, et de leurs éduca­teurs !

Walter Thomson, courriel.

Servir votre communauté urbaine : combler les failles.

• Je suis heureux de voir Jan Paulsen dans cet ar­ticle s’aventurer sur le terrain de la manière dontl’église peut agir dans ce monde en partie postch­rétien. L’évangile a été prêché à toute créaturedans ce monde, mais la plupart ne semble pass’en préoccuper, en tout cas dans sa vie quoti­dienne. Je vais réfléchir sur cet article, en particu­lier pour l’appliquer à notre monde catholique.Nous autres catholiques, n’avons peut­être passubis les mêmes pertes que les églises protes­tantes majoritaires, mais il y a eu des pertes. Lacrise du SIDA a rempli des églises pendant untemps, mais… en tant qu’évêque, je peux témoi­gner du Saint Esprit qui nous remplit et qui se dé­verse chaque fois que je prononce les Paroles del’Institution. Mais est­ce que les autres sententcette puissance ? Apparemment peu la ressententau point de venir dimanche après dimanche.

Très Révérend Dean Bekken, courriel.

Entretien avec Haddon Robinson• J’exprime un grand merci pour l’entretien avecHaddon Robinson. Son livre sur la prédication bi­blique a été pour moi comme un ami de valeur etde confiance tout au long de mon cheminement detémoin de la bonne nouvelle. Mais par­dessus toutce que j’ai lu et entendu de la part de ce messagerconsacré, je remercie Dieu et Haddon Robinsonpour les 14 paragraphes publiés sous le titre « Pourterminer » à la fin de la deuxième édition de sonlivre. J’en ai une copie dans la Bible de prédication.Elle me sert de rappel concernant le pouvoir del’Esprit et ce en quoi consiste la prédication.

Louis Venden, courriel.

• Habituellement, je parcours rapidement les arti­cles du Ministry®. Mais l’interview de Haddon Ro­binson m’a fait ralentir et je l’ai lu, un mot aprèsl’autre. Quel regard pratique il partage sur la pré­dication et l’homilétique ! Je suis reconnaissantpour sa sagesse et sa compréhension. En le lisant,l’idée suivante m’est venue : toute prédication estun enseignement, mais tout enseignement n’estpas une prédication. Je me demande si mon frèreHaddon serait d’accord avec moi.

Steven Clark Goad, courriel.

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K e l v i n O N O N G H A est professeur de Théologieappliquée à l’Institut International Adventiste desHautes Études à Silang (Cavite), aux Philippines.

Après une lecture rapide deConquérants Pacifiques, on nepeut s’empêcher de se deman-

der ce qui est arrivé à l’Église. Car EllenWhite révèle un contraste marqué entrel’Église du temps apostolique et l’Égliseadventiste aujourd’hui. Cette grande dis-parité en a conduit certains à se de-mander si les prodiges et les miraclesont encore une place dans l’Église ad-ventiste actuellement. Certains mem-bres sont très mal à l’aise lorsqu’onparle de miracles, de signes et de pro-diges. Les prodiges et les miracles peu-vent-ils encore se produire aujourd’hui?À quoi servent-ils ? Les Écritures suggè-rent-elles que les prodiges et les mira-cles appartiennent au passé ? Aussi gê-nantes que ces questions puissentparaître, nous devrions réexaminer cesujet, car l’Église affronte des culturesayant des problèmes missiologiquesidentiques à ceux que l’Église primitivea rencontrés.

Alors même que l’Église adventisteélargit sa mission mondiale, deux pro-blèmes missiologiques la confrontentet affectent sa vitalité spirituelle : la sé-cularisation et le syncrétisme. La sécu-larisation est le fléau des églises del’occident qui, autrefois, ont illuminé lemonde par les flammes ardentes de laRéforme, puis du grand siècle des mis-sions1. Actuellement, de nombreuseséglises adventistes en occident stagnent

ou déclinent, sauf, peut-être, les congré-gations constituées d’immigrants. Lereste du monde, que certains appellentmaintenant le «monde de la majorité 2 »suit un scénario inverse : la croissanceexplosive de l’église est ternie par desexpériences de syncrétisme (un amal-game de différentes croyances 3) toujoursplus nombreux, ainsi que par la résur-gence d’autres systèmes religieux.

En ce qui concerne les églises del’occident, la sécularisation est un sous-produit du rationalisme de l’époque desLumières. Ceci a abouti à une visionmécaniste du monde, paralysant ainsila puissance de l’Évangile. Le problèmedu syncrétisme semble particulièrementpertinent pour les églises d’Afrique oùune croissance significative s’est pro-duite. Ainsi, en de nombreuses régionsd’Afrique, deux sortes de foi religieusesont pratiquées : l’adoration de Dieupar l’intermédiaire du culte religieux of-ficiel, et une religion populaire qui em-brasse le monde des esprits. Selon lesmissiologues, cette nouvelle situationest due au fait que les problèmes ren-contrés par les croyants concernant leurvision du monde n’ont pas été traités.En d’autres mots, les églises ne répon-dent pas aux questions importantesauxquelles les gens sont confrontés 4.

Le missiologue Gailyn van Rheenendéclare qu’un parallèle intéressantexiste entre la sécularisation et l’ani-

misme. Il explique que le pouvoir est laracine commune de ces deux philoso-phies 5. La sécularisation utilise lascience moderne pour satisfaire ses be-soins de pouvoir, tandis que l’animismeemploie la science primitive. Une étudeattentive des Écritures et de l’histoiredes missions révèle qu’une théologiedes prodiges et des miracles est fonda-mentale pour répondre à la fois aux be-soins de pouvoir de l’occident et à ceuxdu monde de la majorité.

Cet article sur la pertinence des pro-diges et des miracles sera limité àl’étude des Écritures, à l’Esprit de Pro-phétie et à une sélection de quelquesréférences appropriées. Cet article exa-minera cette question (1) dans l’Évan-gile de Luc et les Actes des Apôtres, (2)dans l’histoire de l’Église primitive, (3)en tant que stratégie missionnaire po-tentielle, et (4) dans l’Église adventiste.

Les prodiges et les miraclesdans l’évangile de Luc et lesActes des Apôtres

Le Nouveau Testament (NT) emploiequatre mots grecs pour désigner lesprodiges et les miracles : ergon, duna-mis, semieon, et teras. Ergon signifie unacte, une action ou une œuvre, et plusparticulièrement, une bonne ou unemauvaise œuvre. Ce mot pourrait aussidésigner une œuvre surnaturelle. Du-

Les miracles, les prodigeset l’Église adventiste Première partie

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namis désigne une manifestation de lapuissance divine. Semieon fait référenceà des miracles comme preuves d’auto-rité divine. Teras indique un acte im-pressionnant ou terrifiant révélant despuissances surnaturelles. Ce mot esttoujours utilisé de pair avec semieon,les prodiges et les miracles 6.

Luc utilise l’expression prodige et mi-racle plus que n’importe quel autre au-teur. Bien que cette expression fasse al-lusion à la promesse de Joël de«prodiges» qui auront lieu dans les der-niers jours, les « miracles » sont consi-dérés comme ajoutés par Luc. Commeun auteur l'a observé, dans le NT terata(prodiges) ne se trouve jamais sans se-meia (miracles).7

Les prodiges et les miracles incluentles œuvres surnaturelles de Dieu dansles miracles, les guérisons, les rêves,les visions, les théophanies, les révéla-tions prophétiques, le discernementspirituel, la délivrance spirituelle etl’exorcisme. Il est important de se rap-peler qu’ils ne se limitent pas aux seulsmiracles, mais qu’ils manifestent éga-lement la présence et la puissance deDieu, ainsi que l’avancement de sonrègne. La plupart des commentateurs,comme Sobhi Malek, considèrent lesprodiges, les miracles et les signescomme des synonymes qui ne décriventpas nécessairement trois catégoriesd’actes miraculeux, mais plutôt troisaspects d’actes puissants : (1) lessignes établissent l’authenticité du mes-sage ; (2) les prodiges évoquent lacrainte respectueuse et l’étonnement ;et (3) les miracles démontrent la puis-sance divine dans des actes extraordi-nairement merveilleux.8

Les récits de prodiges et de miraclesont plusieurs objectifs. Un auteur lesvoit comme des attestations pour lesprophètes, les disciples et les apôtresqui se présentent comme messagersde Dieu.9 Un autre les considère commeétablissant l’authenticité de la Parole et

être caractéristiques du ministère del’Église dans les derniers jours. La théo-rie centrée sur la vision cessationiste,prétendant que les prodiges et les mi-racles ont cessé avec Jésus et les apô-tres, n’est pas soutenable.

Le christianisme est, du début à lafin, une religion surnaturelle.14 Les in-terventions puissantes de Dieu sont clai-rement manifestes de la création àl’exode, dans l’incarnation et la résur-rection. Chacun de ces actes puissantsrévèle la signature indéniable de Dieu.L’église de l’époque de l’ancien Israëljusqu’au Nouveau Testament a égale-ment été témoin de la puissance deDieu dans son inauguration, sa subsis-tance et sa propagation.

Dans un contexte de grande oppo-sition et de guerre créé par l’ennemide Dieu (Apocalypse 12), c’est unique-ment par la puissance divine quel’Église a pu être préservée à traversles âges. De plus, sans la grande ma-nifestation de la puissance de Dieu, laproclamation de l’évangile aurait étéentravée dans les régions imprégnéesd’idolâtrie, d’animisme, et même de sé-cularisation. L’apôtre Paul a étéconfronté à de telles situations en ap-portant le message évangélique auxgrandes villes d’Europe. Par consé-quent, ses épîtres abordent le rôle cri-tique qu’un évangile de pouvoir joueau sein de la vie de l’Église.

conduisant à la foi en la Parole deDieu.10 Les spécialistes conviennent quedans Luc et dans les Actes, ces prodigeset miracles visent la mission (Luc 24.46-49 ; Actes 1.8).11 L’évangile de Luc estconsidéré comme offrant un outil pé-dagogique pour traiter les culturesaxées sur le pouvoir, et ce bien avantque le mouvement pentecôtiste ouévangélique contemporain prônant lesprodiges et les miracles ne voie le jour.12

Les prodiges et miracles dans lesÉcritures ont plusieurs rôles importants.Entre autres, ils servent à ouvrir lesportes pour la proclamation de l’évan-gile (Actes 3, 4) ; ils sont un signe clairde la présence et de la puissance di-vine (Actes 19.17-19) ; ils confirmentl’action du Saint-Esprit (Romains15.18-20) ; ils révèlent l’interventiondu royaume de Dieu parmi les hommes(Actes 4.29-31 ; 7.35-37 ; 14.2-4) ; ilslibèrent les humains de l’esclavage spi-rituel (Actes 16.16-18) ; et ils permet-tent de développer la foi en Dieu (Actes9.40-42 ; 13.6-12).

Robert Menzies montre un lien inté-ressant entre les événements miracu-leux associés à Jésus et aux disciples,et les signes cosmiques énumérés parJoël. À partir de ces récits, il avance que« ces derniers jours, cette période inau-gurée par la naissance de Jésus et me-nant au jour du Seigneur, représententune époque marquée par des prodigeset des miracles »13 qui continueront à

Peu importe notreconnaissance desÉcritures, nous nepouvons pas entièrementprédire comment Dieuagira dans unequelconque circonstance.

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K e l v i n O N O N G H A

Les prodiges et les miracles dans l’Église primitiveAlors que l’évangile progressait dans

les grands centres de la civilisation,l’Église primitive était loin d’être dé-pourvue de prodiges et de miracles.Comme le dit un écrivain : « Les mira-cles, principalement les guérisons, etles rêves, comme celui d’Arnobius,jouent un rôle important dans la chris-tianisation du monde gréco-romain.»15

Les pères de l’Église tels qu’Eusèbe, Hi-laire, Cyril et Justin ont reconnu à leurépoque la présence de prodiges et demiracles. Il en était de même du mou-vement montaniste en Asie Mineure.16

Les dons du Saint-Esprit manifestés du-rant les quatre premiers siècles de l’his-toire de l’Église démentent l’affirmationque les prodiges et les miracles, commeles guérisons, l’exorcisme et la prophé-tie, ont cessé avec les apôtres.17 Parconséquent, les spécialistes concluent :« L’histoire de l’Église et le témoignagedes missionnaires contemporains sug-gèrent que lorsque l’évangile est intro-duit pour la première fois auprès d’ungroupe ethnique ou dans une zone géo-graphique, les miracles sont fréquem-ment présents.»18

La question logique qui vient à l’es-prit est la suivante : Si les prodiges etles miracles étaient présents, alors pour-quoi ne peuvent-ils pas avoir lieu au-jourd’hui ? On a proposé comme expli-cation, l’alliance de l’Église avec l’État,à partir de l’époque de Constantin. Cedernier était un habile politicien qui uti-lisait l’Église pour maintenir la cohésionde son empire.19 David Pytches émetcinq raisons pour lesquels les prodigeset les miracles sont absents au-jourd’hui : (1) le matérialisme et le ra-tionalisme de la vision du monde occi-dental ont tendance à rejeter lapossibilité de prodiges et de miracles ;(2) l’idée de servir par des prodiges etdes miracles semble présomptueusepour beaucoup de gens ; (3) la confu-sion générale au sujet de ce phéno-

bouleversante. Il est évident que sil’Église se doit de réussir parmi cesgroupes de personnes, une interventionsurnaturelle sera nécessaire. La bonnenouvelle est que cela a déjà commencéà se produire. Des rapports constantsvenant de communautés à majorité mu-sulmane indiquent que des visions etsonges d’Isa (Jésus) ont conduit desgens à Christ par des expériences deconversion remarquables.25 D’autresfacteurs énumérés dans l’enquête me-née par le professeur réputé DudleyWoodberry et ses associés incluent desguérisons divines et des réponses mi-raculeuses à la prière.26 Sobhi Malekconsidère lui aussi les miracles commeune stratégie missiologique viable poursurmonter la résistance, car (1) ils ren-dent témoignage de l’amour de Dieu ;(2) ils confirment les affirmations deChrist sur son identité ; (3) ils établissentla vérité proclamée ; (4) ils constituentune arme dans la guerre spirituelle ;(5) ils manifestent la venue du royaumeavec puissance, et (6) ils offrent unerencontre personnelle avec le Christ.27

Comme pour l’Église primitive dansConquérants pacifiques, Dieu sembleprendre l’initiative, alors que l’Église adu mal à suivre. Kwame Bediako, unmissiologue africain, déclare : « Les pre-miers chapitres des Actes indiquent quel’Église de Jérusalem a souvent été dé-passée par les événements ; l’ensembledu livre peut être lu comme un proces-sus amenant les dirigeants chrétiens,majoritairement juifs, à comprendre l’es-prit du Christ qu’ils n’avaient pas réussià saisir auparavant, alors qu’ils deman-daient : “ Seigneur, est-ce en ce tempsque tu rétabliras le royaume d’Israël? ”(Actes 1.6) Pendant la durée de ce lea-dership apostolique naissant, Jérusalema perdu sa place dominante.» 28

Alors que nous examinons les initia-tives missionnaires dirigées par Dieudans l’Église primitive, y a-t-il des leçonsque nous devons apprendre ? Nous de-vrons peut-être prier et méditer sur la

mène ; (4) notre propre sentiment d’im-puissance et la difficulté de penser ausurnaturel ; et (5) l’ignorance totale dece qu’est un service puissant.20

Les prodiges et miracles entant qu’éventuelle stratégiemissionnaire ?

Depuis le XIXe siècle, l’époque consi-dérée dans les milieux missionnairescomme « l’âge d’or des missions », lastratégie missionnaire est devenue unepréoccupation prédominante au seinde l’Église chrétienne. Des hommescomme William Carey et Hudson Taylorsont considérés comme des pionniersdans cette entreprise, établissant desplans cohérents de manière à mobiliserl’Église pour la tâche missionnaire.21

Ralph Winter a également apporté unecontribution significative à ce sujet ;son discours au congrès internationalsur l’évangélisation mondiale à Lau-sanne en 1974 constitue une nouvelleétape décisive pour la stratégie mis-sionnaire. Ce que Ralph Winter a dit achoqué : même si chaque chrétien étaitmobilisé pour témoigner efficacement,il resterait encore près de deux milliardsde personnes qui n’auraient pas accèsà l’évangile.23 Si cela était vrai à cetteépoque, la situation aujourd’hui doitêtre pire, car il est clair que le taux d’ac-cession à la foi n’a pas suivi le rythmede (la) croissance de la populationmondiale. Son étude a souligné le défisignificatif auquel les chrétiens fontface en portant l’évangile aux régionsrenfermant les plus grandes religionsdu monde : l’islam, le bouddhisme,l’hindouisme, et autres communautésreligieuses.

Certes, les rapports indiquent que cesderniers temps des mouvements in-ternes commencent à obtenir des ré-sultats très encourageants. Toutefois, lespeuples que nous avons souvent éti-quetés comme « résistants » 24 à l’évan-gile, sont loin de répondre à une vitesse

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LES MIRACLES, LES PRODIGES ET L’ÉGLISE ADVENTISTE

façon dont ce « Dieu imprévisible » aœuvré, de peur que nous nous trouvionsà lutter contre lui (Actes 11.18). Car,comme le professeur Jon Paulien l’aobservé avec perspicacité, «peu importenotre connaissaance des Écritures, nousne pouvons pas entièrement prédirecomment Dieu agira dans une quel-conque circonstance.» 29

Un autre facteur important offre l’oc-casion de témoigner auprès de milliardsde personnes apparemment inatteigna-bles par le christianisme. C’est que lamajorité des personnes pratique unereligion populaire. On rapporte qu’envi-ron deux tiers des musulmans enAfrique sont impliqués dans un mé-lange d’Islam conventionnel et decroyances et pratiques animistes préis-lamiques.30 Les personnes impliquéesdans ces pratiques religieuses popu-laires « se préoccupent principalementde problèmes existentiels, comme laguérison de leurs enfants, les conseilsdans la prise de décisions, et la protec-tion contre un monde perçu comme do-miné par les esprits et les forces dumal.» 31 Ce qui intéresse ces gens cen’est pas un évangile consistant uni-quement en mots, mais plutôt un évan-gile qui manifeste largement la puis-sance de Dieu (1 Thessaloniciens 1.5)et qui proclame la venue du royaumeparmi eux.

L’identification des besoins existen-tiels auxquels est confronté le témoi-gnage chrétien exige un changementde paradigme dans le ministère qui ré-ponde à ces questions d’un point devue biblique. C’est peut-être ce que Pe-ter Roennfeldt voulait dire quand il pré-conisait « la pratique du Saint-Esprit »dans le ministère à notre époque. Cemodèle radical, affirme-t-il, encourageral’Église institutionnelle « à reconnaîtreque l’activité missionnaire et la puis-sance de l’Esprit doivent toujours définirle peuple de Dieu et redéfinir son iden-tité eschatologique.» 32 Car, conclut-il,« être lié à un précédent historique peut

en fait aveugler l’Église sur les plans etpréférences eschatologiques de Dieu,produisant la stagnation dans l’institu-tionnalisation ».33

1. Voir Paul G. Hiebert, Transforming World-views : An Anthropological Understanding ofHow People Change. Grand Rapids, MI :Baker Academic, 2008, p.152.2. A. Scott Moreau, Gary R. Corwin, et Gary B.McGee, Introducing World Missions: A Biblical,Historical, and Practical Survey. Grand Rapids,MI : Baker Academic, 2004, p.13. Voir aussiTimothy C. Tennent, Theology in the Contextof World Christianity: How the Global ChurchIs Influencing the Way We Think About andDiscuss Theology. Grand Rapids, MI : Zon-dervan, 2007, p.10.3. Charles H. Kraft, Worldview for ChristianWitness. Pasadena, CA : William Carey Library,2008, p.488.4. Craig Ott, Stephen J. Strauss, et Timothy C.Tennent, Encountering Theology of Mission:Biblical Foundations, Historical Developments,and Contemporary Issues. Grand Rapids, MI :Baker Academic, 2010, p.254.5. Gailyn van Rheenen, “Animism, Secularismand Theism: Devoloping a Tripartite Modelof Understanding World Cultures”, in Inter-national Journal of Frontier Missions 10. 4,1993, p.169, 170.6. Ibid.7. Robert Sloan, “‘Signs and Wonders’: ARhetorical Clue to the Pentecost Discourse”,in Evangelical Quarterly 63.3, 1991, p.233.8. Sobhi Malek, “Overcoming ResistanceThrough the Paranormal”, in Reaching theResistant: Barriers and Bridges for Mission,éd. J. Dudley Woodberry. Pasadena, CA : Wil-liam Carey Library, 1998, p.195.9. Idem, p. 149.10 John Michael Penney, “The MissionaryEmphasis of Lukan Pneumatology” in Journalof Pentecostal Theology Supplement Series1. Sheffield : Sheffield Academic Press, 1997,p.122.11. Edgar Krentz, “Turning the World UpsideDown – Preaching Luke’s Story”, in Currentsin Theology and Mission 36.6, 2009, p.435;Penney, “Missionary Emphasis”, p.122.12. Rick Love, “Teaching Them to Obey AllThings: A Lukan Perspective on ConfrontingMagic in Power-Oriented Societies”, in Tea-ching Them Obedience in All Things: Equippingfor the 21st Century, éd. Edgar J. Elliston(Evangelical Missiological Society Series no7). Pasadena, CA : William Carey Library,1999, p.69.13. Robert P. Menzies, “A Pentecostal Pers-pective on Signs and Wonders”, in Pneuma:The Journal of the Society for PentecostalStudies 17.2, 1995, p.268.

14. Daniel L. Migliore, The Power of God andthe Gods of Power. Louisville, KY : WestminsterJohn Knox Press, 2008, p.42.15. W. H. C. Frend, “The Place of Miracles inthe Conversion of the Ancient World to Chris-tianity”, in Signs, Wonders, Miracles: Repre-sentations of Divine Power in the Life of theChurch, éd. Kate Cooper and Jeremy Gregory.Suffolk, UK : Ecclesiastical History Society,2005, p.18.16. Nigel Scotland, “Signs and Wonders inthe Early Catholic Church 90–451 and theirImplications for the Twenty-First Century”, inEuropean Journal of Theology 10.2, 2001,p.157, 158.17. Idem, p.159-165 18. Ott, Encountering Theology of mission,p.252.19. Scotland, “Signs and Wonders”, p.166.20 David Pythches, “Signs and Wonders To-day”, in International Review of Mission75.298, avril 1986, p.139-142.21. Ralph D. Winter, “Three Mission Eras”, inPerspectives on the World Christian Movement:A Reader, éd. Ralph D. Winter and Steven C.Hawthorne. Pasadena, CA : William Carey Li-brary, 20094, p.271, 272.22. Timothy C. Tennent, Invitation to WorldMissions: A Trinitarian Missiology for theTwenty-first CenturyI. Grand Rapids, MI :Kregel Publications, 2010, p.354, 355.23. Idem, p.358.24. Gorden R. Doss, “Resistance, Receptivityand Mission Among Muslims,” in A Man ofPassionate Reflection: A Festschrift HonoringJerald Whitehouse, éd. Bruce L. Bauer. BerrienSprings, MI : Department of World Mission,Université Andrews, 2011, p.485.25. J. Dudley Woodberry, Russell G. Shubin,and G. Marks, “Why Muslims Follow Jesus,”in Christianity Today, 24 octobre 2007, p.2,http://www.christianitytoday.com/ct/2007/oc-tober/42.80.html.26. Ibid.27. Malek, “Overcoming Resistance,” p.197–204.28. Kwame Bediako, in Christianity in Africa:The Renewal of a Non-Western Religion.Edinburgh : Edinburgh University Press,1995, p.116.29. Jon Paulien, “Dealing with Syncretism inInsider Movements,” in Faith Developmentin Context, éd. Bruce L. Bauer. Berrien Springs,MI : Department of World Mission, UniversitéAndrews, 2005, p.243.30. J. Dudley Woodberry, “The Fullness ofTime for Muslims,” in A Man of PassionateReflection, éd. Bruce L. Bauer, p.51.31. Ibid.32. Peter Roennfeldt, “The Holy Spirit Praxis:A Frame for Contextualization,” in A Man ofPassionate Reflection, éd. Bruce L. Bauer,p.83.33. Ibid.

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