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Mariages est le fruit de la rencontre d'Anne-Julie Kerhello, soprano, et du photographe FrancoisB, en juin 2009, pendant les répétitions du Don Juan de Mozart dirigé par Ricardo Araujo. Très rapidement, après quelques portraits d'Anne-Julie, dont certains sont dans ce livre, est né ce projet de mêler poèmes et photographies, comme deux expressions artistiques complémentaires. Dix textes poétiques d'Anne-Julie Kerhello sont illustrés par dix portraits tirés des travaux du photographe: "Hôtel Bodin" et "Paris Private Shooting". http://projet-hotel-bodin.book.fr http://paris-private-shooting.book.fr
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Mariages
Textes d'Anne!Julie Kerhello ! Photographies de FrançoisB
Poésie et Photographie
Mariages est le fruit de la rencontre d'Anne!Julie Kerhello, soprano, et du photographe FrancoisB, en juin 2009, pendant les répétitions du Don Juan de Mozart dirigé par Ricardo Araujo.
Très rapidement, après quelques portraits d'Anne!Julie, dont certains sont dans ce livre, est né ce projet de mêler poèmes et photographies, comme deux expressions artistiques complémentaires.
Dix textes poétiques d'Anne!Julie Kerhello sont illustrés par dix portraits tirés des travaux du photographe: "Hôtel Bodin" et "Paris Private Shooting".
Mariages
Mariages est le fruit de la rencontre d'Anne!Julie Kerhello, soprano, et du photographe FrancoisB, en juin 2009, pendant les répétitions du Don Juan de Mozart dirigé par Ricardo Araujo.
Très rapidement, après quelques portraits d'Anne!Julie, dont certains sont dans ce livre, est né ce projet de mêler poèmes et photographies, comme deux expressions artistiques complémentaires.
Dix textes poétiques d'Anne!Julie Kerhello sont illustrés par dix portraits tirés des travaux du photographe: "Hôtel Bodin" et "Paris Private Shooting".
http://projet!hotel!bodin.book.frhttp://paris!private!shooting.book.fr
1
On m'a jetée dehors
On m'a jetée dehorsJe suis le chat perduMes yeux ne sont plus d'orCar on ne les voit plus.
Un maître pour moi s'enflammeEt me lance un doux sortJ'oubliais d'être femmePour ronronner très fort.
Hélas mes gri!es poussèrentC'est normal pour un chatUn jour elles s'enfoncèrentDans le gras de son bras.
Alors il apparutUn cortège de misèresSon bras ne pouvait plus"Soulever ses haltères.
Un muscle s'évaporaPuis un autre fonditIl se décortiquaComme un lapin tout cuit.
Moi je le regardaisMes yeux pleins de remordsTout doucement perdaientLeurs jolies paillettes or.
Il ne lui resta plusQu'un coeur tout rabougriEt un os bien pointuPour couper des orties.
Il me fouetta alorsD'une belle énergieArracha mes moustachesAvec grand appétit.
Je ne dus mon salutQu'à mes doux coussinetsFranchissant des talusMes dix gri!es s'usaientElles n'ont pas repousséOu si peu cette année.
Je voudrais que son coeurRenaisse cet étéEt que par grand bonheurJe puisse le caresser.
3
La voix s'est perdue
La voix s'est perdueNous ne rirons plusPourtant tu te lèvesTu marches et tu rêves.
Un parfum s'e!aceCherches-tu sa traceDans ce vent bavardCrois-tu au hasard?
Mais le temps se moqueDes amants"en tocArrêtons de pleurerLes mois ont filéC'est déjà l'étéAllons-nous promener.
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Revanche
Aveuglés par ta chemise blancheMes yeux en sourient encoreTu tiens bien là ta revancheT'occuper seul de ton linge de corps.
Point n'est besoin de blanchisseuseQue tu crois être une chieuseAlors qu'elle voudrait bien encoreNettoyer tous les désaccords.
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Il s'en va, l'homme de la nuit
Il s'en va, l'homme de la nuitSes yeux jaunes bombés de poussièreLa langue brûlante des crisEructés dans un jet de bière.
Le sommeil luit de rêves longsUne fille aiguë comme une flammeSe cache dans ses cheveux blondAu fond d'une barque sans rames.
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Il s'appelait le maître
Il s'appelait le maîtreLa vérité s'écoulait de sa bouche en cascadeLa tête renversée, elle la buvait à flotEtre ou ne pas naîtreFlirt avec la camardeDes rêves sans repos.
Je t'aime ni ne t'aimeTe hais sans te haïrReviendrai à CarêmeOu peut-être te fuir.
Maître de l'ambiguMystère de son sourireIgnorance de l'issueEsprit qui tourne et vire.
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Il est là bas, très loin au royaume des morts
Il est là bas, très loin au royaume des mortsIl croque une pizza de ses dents sans gencivesBercé par le chant vieux d'une femme lasciveSait-il que son âme cherche et aspire au dehors.
La montagne lointaine inutile à ses yeuxN'est pas le gelati dont sa langue frissonneJeune duègne glacée au coeur de l'oublieuxTremblante de l'orage qui dans ses flancs résonne.
Il croit être vivant dans son tombeau creuséCar les pasta s'enroulent telles de chaudes fuméesAutour de ses mâchoires imprimées dans la terreYeux clos désormais sur les anciens mystères.
Son âme se cogne au creux des parois videsLa chanteuse s'est tue et la musique tressailleMais le fleuve italien coule toujours, impavideLavant de ses flots clairs les grises funérailles.
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L'onde lente balance nos corps scintillants
L'onde lente balance nos corps scintillants.Nos bouches fraîches aspirent les flaques tièdes des rochers assoupis de soleils.Nos flux langoureux et tremblants se mêlent à la vague lascive qui s'enroule et s'esquive.La vie est éternelle.Mais soudain des bottes jaunes, des poils durs, des gros rires.Nos corps grenus ternissent et nos bouches s'assèchent:- Une douzaine pour vous, Monsieur Ivanov?
16
La marchande d'espoirs
- Donnez-moi 1kilogramme d'espoirs, ai-je dit à la vendeuse.- D'habitude, vous prenez des fruits de mer.- Oui, mais aujourd'hui, j'ai besoin d'espoirs.- Vous les voulez comment?- Choisissez-en-moi des brillants comme ses yeux quand il pleure ou quand il rit, et des bien lisses comme la peau de sa poitrine.- Ce sera tout?- Non, je vais prendre aussi quelques regrets...Tenez, celui qui m'a l'air un peu acide comme l'impatience, et son voisin tavelé de mauvaise humeur.- Vous n'avez pas choisi les plus beaux...- Non, c'est pour en faire un coulis homéopathique. J'en prendrai deux ou trois gouttes tous les matins. ça s'appelle soigner le mal par le mal.- Je ne vous savais pas si malade, vous semblez resplendissante... Quoique, à bien vous regardez, il semble qu'il vous manque quelque chose...Il y a un creux au niveau de votre coeur.- Oui, c'est pour ça que j'ai acheté un kilogramme d'espoirs.
19
L'amant vogue sur la vague
L'amant vogue sur la vagueParti, sans dessein.Au creux de son seinPlantée drue, une dague.
C'est son amie, sa femmeElle fouille et déchireElle cherche son âmeLe rivage est pire.
Les vagues s'écroulentInfini chemin vertCaressante fouleAu goût doux amer.
L'anneau est rouilléGrince au long des boisLe temps étaléMartèle ses choix.
20
Ils se sont séparés
Ils se sont séparésEt la frontière danseComme pour se moquerEntre Italie et France.
Deux, trois pas argentins,Triste écho orphelinD'un vieux tango perduDont les notes se sont tues.
Oubliés les ochosOù les jambes s'enroulentDisparus les ganchosOù nos deux coeurs se troublent.
Où donc sont-ils passés?Ô mon cher tangeroNos longs pas lacésDans un doux glissendo.
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Paris, janvier 2010
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MariagesAnne!Julie Kerhello