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© BoSTUDIO, Photo by Ma Xiaochun DOSSIER DE PRESSE EXPOSITION DU 08/02/2017 AU 09/04/2017 NIVEAUX +2 et +1 GAO BO LES OFFRANDES

LES OFFRANDES - Sylvie Grumbach · nombreux cailloux imprimés de ces visages déjà rencontrés. Pierres de nulle part, aux formes incertaines, ... ou de Mao Tsé Tung – l’exercice

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© BoSTUDIO, Photo by Ma Xiaochun

DOSSIER DE PRESSE

EXPOSITION DU 08/02/2017 AU 09/04/2017NIVEAUX +2 et +1

GAO BO

LES OFFRANDES

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COMMISSAIRES D’EXPOSITION : FRANÇOIS TAMISIER, NA RISONG ET JEAN-LUC MONTEROSSO

EXPOSITION RÉALISÉE AVEC LE SOUTIEN DE MONSIEUR ZHONG WEIXING, PRÉSIDENT DU CHENGDU INTERNATIONAL PHOTOGRAPHY CENTER (CIPC), DE MONSIEUR WAN JIE, PRÉSIDENT DU GROUPE ARTRON, DE L’AMBASSADE DE FRANCE EN CHINE, DE LA MAISON DE LA CHINE ET DE SHANG XIA.

EN PARTENARIAT MÉDIA AVEC

DÉCOUVREZ DANS LE CADRE DE L’EXPOSITION UN CATALOGUE CO-ÉDITÉ PAR ARTRON, CONTRASTO ET LA MEP, UN LIVRE D’ARTISTE PUBLIÉ EN ÉDITION LIMITÉE PAR ARTRON, UN CATALOGUE DE LA SÉRIE TIBET AUX ÉDITIONS XAVIER BARRAL AINSI QU’UN CARNET DE LA CRÉATION SUR L’ŒUVRE DE L’ARTISTE AUX ÉDITIONS DE L’ŒIL.

DEUX FILMS, RÉALISÉS PAR ALAIN FLEISCHER ET WU WENGUANG, ACCOMPAGNENT L’EXPOSITION.

PARTAGEZ !#GAOBO

CIPC

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L’EXPOSITION

Artiste né en 1964 dans la province du Sichuan en Chine, Gao Bo vit et travaille à Pékin.

Depuis plus de trente ans, Gao Bo modèle son œuvre, aux frontières de la photographie, de l’installation et de la performance. Il découvre sa vocation après un premier voyage au Tibet en 1985, où il réalise une série de portraits d’un classicisme et d’une maîtrise saisissants. Intrigué par cet ailleurs, confronté à une altérité dans laquelle il décèle instantanément une profonde familiarité, Gao Bo retourne plusieurs fois au Tibet au cours des années 1980 et 1990. Il immortalise les rites millénaires des moines bouddhistes, la vie quotidienne d’un peuple empreint de spiritualité, dans ce paysage minéral et grandiose, entre ciel et terre.

Très vite, nourri autant des préceptes de Marcel Duchamp que de la pensée de Lao Tseu, Gao Bo ressent les limites de sa pratique photographique et entame un processus de questionnement et de réinvention autour de son travail. Utilisant le matériel photographique produit au cours de ses premiers voyages au Tibet, il reprend ses tirages et les recouvre d’encre, de peinture et de son propre sang. Au fil des années, les interventions de l’artiste sur les photographies se font de plus en plus extrêmes et flirtent avec la performance, allant jusqu’à recouvrir de peinture noire des tirages monumentaux, ou à brûler entièrement une série de portraits de condamnés à mort pour en récolter les cendres. Gao Bo n’a de cesse de repousser les limites du medium photographique, questionnant la disparition, la trace et le renouveau possible à travers un processus créatif aux frontières de la destruction.

La Maison Européenne de la Photographie consacre une grande rétrospective du travail de Gao Bo, des premières photographies tibétaines aux installations les plus récentes, la plupart présentées pour la première fois en Europe. Cette exposition met en lumière les thèmes chers à l’artiste et s’attache à révéler les spécificités de sa démarche, mêlant cheminement conceptuel et recherche plastique.

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© BoSTUDIO. Photo by Ma Xiaochun

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« Pousser les lourdes portes de métal de l’atelier de Gao Bo, franchir l’imposant mur de béton et entrer. Je suis aussitôt saisi par le profond silence et la douce lumière qui y règne. Le temps semble retenu, l’espace disponible pour accueillir l’acte de création. Lieu propice à l’exploration de la pensée et à l’écriture.

Loin de la ville bruyante de Pékin, au cœur d’un modeste village blotti sur les pentes de la montagne protectrice, l’atelier de Gao Bo dégage une énergie puissante. La rencontre avec Gao Bo est bouleversante. C’est un temps d’engagement de la parole, un moment de basculement éveillé de l’esprit, au delà des terreurs destructrices…

L’homme est en colère. Une de ces colères profondes qui oblige à l’éloignement, au retrait du monde, à l’abnégation. Une colère porteuse du sentiment de l’urgence à agir. En marge de l’urbanité, Gao Bo est en sursit de la réalité politique du monde et de ses vanités. Témoin des violences que s’infligent les peuples, l’homme doute profondément de la réalité de la beauté de l’alliance de la nature humaine à celle de la nature qui nous accueille. Dans cette architecture monacale qu’il a bâtie, reclus déjà depuis de nombreuses années, Gao Bo expérimente inlassablement et méthodiquement la pensée comme processus de survie et de renaissance. Il souffre de la force négative des préjugés, et rejette définitivement l’idée même de création que revêt son travail au quotidien. Gao Bo revendique l’univers de la pratique de l’art comme projet global de vie, immédiat, hors de toute stratégie futile et vaine. Simplement la permanence de l’acte de l’art comme un parcours de murissement et de maturation, comme une naissance au monde de sa propre nature.

Pour explorer la complexité des relations entre nous, entre nous et la nature, les instruments qu’utilise Gao Bo sont la photographie et l’écriture, dans un même temps, dans un même mouvement. La photographie de la figure humaine, du corps, du regard… et l’écriture automatique constituée des non-mots. Une écriture faite de phrases ouvertes… Une écriture nourrie de typographies variées, déformées, inventées, accumulées et appliquées avec force au cœur de l’image. L’écriture de Gao Bo est

GAO BOUNE ÉCRITURE LIBÉRÉETexte de François Tamisier, co-commissaire de l’exposition

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hors territoire. Elle prolonge l’espace opératif du mot et de la phrase dans la non-origine. Le travail de Gao Bo s’affranchit du concept des frontières… La toile tendue sur châssis est le lieu de création de Gao Bo. Territoire du noir et du blanc, territoire des dualités. Surface sous tension photographique de la représentation humaine. Image envahie par l’écriture qui ouvre immédiatement la perception de l’œuvre à d’autres univers que sont la poésie, la philosophie, la musique…

Parcourir l’atelier de Gao Bo c’est faire face à de multiples visages dont la réalité est transfigurée par le regard questionnant inquiet de Gao Bo. L’instantanéité de la prise de vue photographique est la marque du passé. C’est désormais une impossible représentation de la réalité de l’actualité de l’instant présent. Alors, sitôt la prise de vue faite, Gao Bo s’acharne à la transformer, à y inscrire sa peinture. Ratures, griffes, coulures, l’image iconique humaine se floute jusqu’à disparaître. Puis les mots envahissent l’image libérée de sa représentation, mêlant interrogation et réalité ultime. Parcourir l’atelier de Gao Bo c’est aussi se glisser entre des surfaces immenses d’où émergent les corps. L’éclat de leurs regards me fascine et me cloue tout à la fois, brusquement. Confrontation immédiate de l’espace de la représentation de l’autre à notre propre personnalité, dans le silence de notre intimité. Immensité de l’œil, partage des regards, regards du regard, nos identités se mesurent, se comparent et se côtoient. L’œil construit l’espace du tableau. Il vide de tout sens les lieux autour de soi. L’œil nous capte et nous ordonne de nous arrêter, de nous interroger. Il nous soumet à nous même, à notre unicité, à notre solitude dans le doute du devenir.

Parcourir l’atelier de Gao Bo c’est accepter de passer derrière l’image, de la traverser, de prendre du recul pour mieux la comprendre, l’apprécier et l’accepter jusqu’à la faire sienne. Et parfois au détour de cimaises multiples, se dissoudre soi-même dans une représentation au travers du miroir. Le miroir, comme invitation que nous propose Gao Bo de prendre place dans son œuvre, de prendre conscience de notre propre nature immergée dans l’expression de ses interrogations les plus violentes.

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Le monochrome inonde l’atelier de sa lumière recomposée. Les œuvres s’accumulent dans un ordre majestueux. Les dimensions sont immenses. Les œuvres sont associées, additionnées, combinées pour mieux exprimer le désir d’humanité rêvée. Au-delà du jeu incertain des ombres et lumières, la matière envahit l’atelier. Os, pierre, poussière… , flamme, feux, lueurs… Présence indicible d’une âme, d’un esprit… la lueur des néons bleus et rouges effleurent certaines œuvres, les désignant comme des témoins particuliers de cette œuvre monumentale. Puis le sang du corps de Gao Bo prend soudainement place irrémédiablement dans l’œuvre. Vérité de la nature de l’homme pour avancer dans l’avenir de la création. Matérialité, immatérialité, âme, esprit, culture, connaissance sont les forces de la pensée de Gao Bo.

En quittant l’atelier je découvre une œuvre répandue au sol, faite de nombreux cailloux imprimés de ces visages déjà rencontrés. Pierres de nulle part, aux formes incertaines, qui portent en elles la mémoire du temps à travers ces regards inscrits pour toujours au cœur du minéral. Mémoire désirée qui nous montre notre destin universel, la disparition de notre nature, la dissolution de notre conscience dans le vide cosmique.»

François Tamisier,co-commissaire de l’exposition

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© BoSTUDIO. Photo by Pierre-Jean Remy (1939-2010)

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« Ce serait une facilité trompeuse que d’intégrer sans nuance Gao Bo parmi la vague d’artistes chinois qui ont fait leur apparition sur la scène internationale depuis une ou deux décennies, et qui y connaissent de remarquables succès. En effet, bon nombre de ceux qui bénéficient aujourd’hui des faveurs du milieu de l’art (critiques, musées, galeries, collectionneurs, curateurs…), ont avant tout eu l’habileté de comprendre les lois du marché international de l’art, et le désir d’y conquérir de bonnes places. De telles stratégies de carrière sont nées même chez des artistes apparus lors de manifestations ou d’expositions consacrées à de réelles découvertes, comme Les Magiciens de la terre. Concernant plus spécifiquement la Chine, la Biennale de Venise de 1999, ou l’exposition Alors la Chine ? au Centre Pompidou en 2003, ont soudain donné une visibilité internationale à des artistes chinois (ou d’origine chinoise), diversement motivés pour atteindre une telle reconnaissance. Quant à l’ambition de se faire une place sur le marché de l’art, elle se repère bien vite : il suffit d’apporter une touche d’inspiration locale (nationale) – sorte d’accent légèrement exotique – aux langages esthétiques et thématiques dominants, au niveau mondial, pour que cette stratégie s’avère payante pour des artistes de pays longtemps à l’écart des grands courants de l’histoire de l’art contemporain. Ce fut d’abord le cas pour la Russie post-soviétique, puis pour Cuba, l’Inde, le Brésil, l’Afrique… Mais à moyen terme, ce que rémunèrent de telles stratégies, c’est l’opportunisme d’artistes-businessmen. Car le moteur et le modèle tout-puissants de la globalisation, comme on l’appelle, ne sont autres que l’économie.

En ce sens, Gao Bo, qui appartient à la génération suivant celle des Huang Yang Ping, doit beaucoup plus sa notoriété aux qualités profondes et authentiques d’une œuvre très personnelle, qu’à l’effet de nouveauté et à la spéculation dont ont bénéficié ses compatriotes, ses aînés de 10 ou 15 ans. De fait, il suffit d’écouter Gao Bo raconter son enfance dans une famille au bord de la misère, à l’époque de la Révolution culturelle, puis la découverte progressive de sa vocation, pour rapprocher son destin de celui des artistes pour qui l’art a été bien plus une nécessité vitale qu’un choix de carrière. Il faut l’entendre évoquer son

GAO BOÊTRE ARTISTE POUR PARVENIR À AIMER LA VIETexte d’Alain Fleischer, réalisateur

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application enfantine à dessiner des portraits de Karl Marx, de Lénine ou de Mao Tsé Tung – l’exercice obligé des débutants dans toutes les écoles d’art de Chine, à l’époque – puis sa découverte bouleversante, par hasard, d’une symphonie de Mozart diffusée par une station de radio confidentielle, qui le décide à se lancer dans l’apprentissage du violon – avec l’acquisition d’un médiocre instrument, grâce à des économies sur ses frais de nourriture – jusqu’à la cruelle évidence, quelques années plus tard, qu’il ne sera jamais un grand musicien, pour comprendre que l’histoire de Gao Bo est plus proche, d’une certaine façon, de celle de Van Gogh que de celle Jeff Koons. S’il déclare qu’il n’est artiste que pour parvenir à aimer la vie, c’est après avoir révélé, à demi-mots et dans l’émotion la plus extrême, que sa mère lui avait dit, peu avant de se suicider sous ses yeux : “Sens-toi libre d’aimer l’humanité. Pour ce qui est de la haine, je m’en suis chargée”.

L’œuvre de Gao Bo n’a d’autre loi que celle de la recherche des moyens d’expression variés – photographie, peinture, sculpture, installation, performance, architecture… – pour dire à la fois sa passion de la création et sa hantise de la destruction, son espoir et son désespoir. Ce sont de tels sentiments antagonistes qui permettent de comprendre certains de ses gestes d’artiste : par exemple, lorsqu’il accroche de grands tirages photographiques aux murs de la galerie pour le vernissage, avant de les recouvrir de peinture noire dès le lendemain puis, un peu après dans le cours de l’exposition, d’effacer l’effacement, de chercher à retrouver l’image perdue. Ou encore, lorsqu’il émulsionne un corps de femme pour qu’il devienne le support photographique vivant, périssable, la reproduction éphémère, de cette femme idéale et éternelle qu’est Mona Lisa. Ou encore, lorsqu’il ramène du Tibet – la terre de son inspiration mystique – des cailloux dont il fait le support, prélevé à la nature et destiné à y retourner, de portraits photographiques d’êtres humains, matériau minéral à la fois des spectres et de leurs tombeaux. Si le jeune enfant, incompris par sa famille, qui voulait faire des études de beaux-arts, puis de musique, s’est finalement fait connaître, par hasard, comme photographe, la conscience de ce que certaines photographies doivent au réel plus qu’à un regard d’artiste, a conduit Gao Bo à ne

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tirer aucune gloire de quelques-unes de ses images de reportage, qui lui valurent d’être repéré, y compris celles, rapidement effectuées à titre d’exercice dans son école de beaux-arts, parmi l’atelier de nu académique, avec un appareil de fortune prêté par un professeur, qui lui valurent, à sa plus grande surprise, de recevoir le Prix Hasselblad.

La rencontre avec Gao Bo, l’écoute de son histoire telle qu’il la raconte, déjouent avec une force irrésistible la perception convenue de l’artiste comme héros d’une aventure mondaine, dans cette même société où brillent les golden boys, les traders et les champions de l’art-marchandise. De certains artistes chinois internationaux, on pourrait dire : “nationalité : artiste ; profession : Chinois”. Sans jouer avec les mots, j’essaierai de me faire comprendre en avançant que Gao Bo est d’abord un artiste, puis que Gao Bo est chinois, mais qu’il n’est pas ce que le milieu de l’art appelle aujourd’hui un artiste chinois. »

Alain Fleischer,réalisateur de Gao Bo – Dans le noir de l’Histoire

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© BoSTUDIO

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PARTIE 1

OFFRANDE AU PEUPLE DU TIBET, 2009

Cette série occupe une place à part dans l’œuvre de Gao Bo, plus proche d’une pratique photographique “traditionnelle“ que des installations monumentales auxquelles il s’est consacré ces dernières années. On y retrouve pourtant la même volonté d’expérimentation, le même désir de revenir sur les premiers clichés pour en extraire la vérité la plus pure. Partant de ce sentiment d’inachevé, Gao Bo s’est penché sur une centaine de ses photos du Tibet, dix ans exactement après la prise de vue, recouvrant les tirages de son propre sang, dessinant au fil des images une graphie inventée, un alphabet fictionnel qui devient la signature de l’artiste en même temps qu’un langage universel. Il s’agit moins d’un sacrifice que d’une offrande qui renforce la charge symbolique de cette langue inventée, conçue par l’artiste avec l’aide de moines bouddhistes tibétains, notamment Gelie Lama. Gao Bo souligne les limites du langage, et tente par là-même de dépasser l’incommunicabilité de son expérience au Tibet, affirmant dans son travail, pour reprendre les mots du philosophe Jean-Louis Chrétien, que “la beauté est une blessure“.

PARCOURS DE L’EXPOSITION

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© BoSTUDIO. Photo by Liu Yuan

© BoSTUDIO. Photo by Ma Xiaochun

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PARTIE 2

OFFRANDE DU MANDALA, 2016

Dans ses travaux récents Gao Bo donne à voir le passage du temps sur ses œuvres, retravaillant ses premières photos jusqu’à la limite de l’effacement, de la disparition. Ainsi, l’Offrande au Mandala reprend les “portraits dualités“ réalisés au Tibet dans les années 1990 à travers un dispositif entièrement nouveau, actualisé, performé à chaque exposition de l’œuvre. Présentées sous forme de doubles quadriptyques barrés chacun d’une croix au néon rouge, les photographies sont d’abord enduites de résine, puis recouvertes de peinture noire et blanche, partiellement retirée dans un dernier temps. L’image originelle passe d’un état de présence à une disparition complète, avant de réapparaitre en partie, souvenir ou fantôme de l’œuvre première, sous les interventions successives de l’artiste. Gao Bo accomplit son travail aux frontières de la disparition, pour mieux révéler la vérité de l’œuvre. Dépassant le clivage binaire entre présence et absence par une dialectique propre, le geste de l’artiste est une expérimentation qui porte le caractère d’une révélation. Gao Bo prolonge ce geste dans une performance où, après avoir peint les œuvres, les corps de l’artiste et de sa partenaire se heurtent, roulent au sol, se déshabillent, disparaissent sous la même peinture, abolissant les frontières entre le corps de l’artiste et son œuvre, entre la femme et l’homme, entre le blanc et le noir. En regard de ces œuvres, Gao Bo a réalisé mille tirages sur pierre de portraits tibétains, chacun portant un matricule numéroté de 0001 à 1000. Hommage aux « pierres marnyi », instruments votifs du culte bouddhiste au Tibet, cette installation a été pensée par Gao Bo comme une offrande au peuple tibétain, si cher à l’artiste. Derrière la profonde unité de ces mille visages anonymes rassemblés, c’est pourtant leur fragilité qui rapidement s’impose au spectateur. Fragilité des impressions, artisanales, expérimentales, sur ces galets qui semblent amener à disparaître, dispersés, piétinés, oubliés. Toute la puissance de l’œuvre de Gao Bo réside dans ce contraste : à la fragilité des visages, au morcellement des corps, répond l’implacable vitalité créative et expérimentale de l’artiste qui tente de saisir, pour un instant peut-être, la richesse et la force de la vie.

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© BoSTUDIO. Photo by Xiao Xiao

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PARTIE 3

OFFRANDE AUX FIGURES DISPARUES

DISPARITION DE LA FIGURE I-II, 2000-2015

Disparition de La Figure I–II a été exposée pour la première fois en 2003 en Arles, sous le commissariat de Christian Caujolle. L’exposition à la Maison européenne de la Photographie permet de montrer cette œuvre pour la deuxième fois, mais sous une forme radicalement différente. Les images précédemment exposées ayant été brûlées, il n’en reste plus que la trace. Presque quinze ans plus tard, le questionnement de l’artiste autour de la disparition a pris une nouvelle dimension. De ces condamnés à mort dont ne subsistent plus que les cendres, Gao Bo ne montre plus les portraits, mais leur résidu carbonisé, les images réduites en poussière. Au centre de la pièce, placées dans des boites en fer reprenant les archives policières de chacun des condamnés, les cendres des portraits brulés répondent aux quelques châssis qui n’ont pas été entièrement détruits pasr le feu, accrochés aux murs, et sur lesquels on devine parfois un résidu de la photographie originelle. L’installation, traversée de néons blancs, littéralement éblouissante, témoigne avec une puissance phénoménale de la capacité de l’artiste à déjouer la mort, à faire de la disparition le matériau inépuisable de son oeuvre. Procédant d’un mimétisme troublant entre le destin de la photographie et celui de son sujet, Gao Bo rejoue des cycles de vie parallèles et presque synchrones, imposant la destruction de l’œuvre en réponse à la mort du modèle. Mais ce procédé d’anéantissement est aussi celui d’une renaissance, lumineuse, épiphanique, d’une œuvre d’art entièrement neuve, portant les stigmates de la disparition. S’impose alors l’image de l’artiste en alchimiste sublime et un peu fou, consacrant sa vie à traquer la mort pour découvrir le secret de l’éternité.

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© BoSTUDIO. Photo by Ma Xiaochun

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DISPARITION DE LA FIGURE III, 1995-2010

Depuis le début des années 2000, Gao Bo exploite le matériel photographique produit au Tibet pendant près de vingt ans pour en proposer une réinterprétation, un prolongement constant. Au fil des années, l’artiste questionne la pratique photographique à travers des installations de plus en plus spectaculaires, élargissant les frontières du médium. Dans Disparition de la Figure – III, Gao Bo reprend douze des portraits tibétains de ses débuts, retravaillés à l’encre de Chine, assemblés en un vaste panneau mural, chacun couronné par un néon recouvert d’une bande de gaze. Ces néons portent les inscriptions mystérieuses d’une écriture inventée par Gao Bo, aux frontières des graphies chinoises, latines et tibétaines. Cette écriture fantôme est l’un des outils de l’artiste, qui questionne par là les limites du langage, en même temps qu’il échappe à une interprétation limitative de son travail. Ce procédé invite à un déchiffrement impossible, une lecture infinie. Dans le même temps, l’œuvre apparaît comme deux fois voilée : d’abord par l’encre de Chine qui recouvre parfois presqu’entièrement la photographie originale, ensuite par les bandes de gaze qui enveloppent les néons. Gao Bo rend compte d’un double mouvement de disparition du sujet et de refus d’une explication univoque de l’œuvre, au profit d’une création nourrie d’une profonde mélancolie, touchant à l’infini.

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ESQUISSE DE PORTRAIT TIBÉTAIN, 1995-2003

« Contrairement à d’autres photographies d’inspiration ethnographique, la série des Esquisses de portrait (1996) est un puissant exemple de la voix interrogative inscrite dans la photographie noir et blanc de Gao Bo. Cette image incorpore maculages et écritures manuscrites – comme autant de graffitis ou de notes –, qui dé-présentifient l’image, la re-présentant comme source de difficultés (il est essentiel pour que ces effets temporels puissent entrer en jeu que la “déformation” intervienne sur le plan de l’image et non pas dans le monde même de l’image). Au demeurant, une telle altération peut combiner les temps (passé, présent et futur) à mesure que nous percevons un problème préexistant, sa présence et la possibilité d’une solution future (ou la perpétuation dans le futur de l’état problématique…). Oraculaire. Le statut d’une question posée.»

La Photographie noir et blanc en Chine – La Rhétorique du temps en tant que définition du genre, Peter Nesteruk, 2016. Éditions nationales chinoises d’art photographique.

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PRÉCEPTE DES PIERRES, 2009

Si l’oeuvre de Gao Bo infuse de spiritualité, il est rare que l’artiste aborde frontalement la question de la religion. Le bouddhisme, pour Gao Bo, est un rapport au monde qui tient du questionnement perpétuel, l’inverse d’un dogme. Spiritualité plus que religion, outil de compréhension plutôt que d’aliénation. C’est le sens de ce Précepte des pierres, triptyque figurant un groupe de pèlerins photographié à trois reprises quasi simultanément, chaque pan de l’oeuvre étant recouvert d’une pierre sacrée tibétaine calligraphiée, d’une pierre marnyi, prise dans un réseau de câbles d’acier qui se surimpose aux corps. Gao Bo questionne ici le poids de la religion, qui devient un fardeau, un empêchement décrit de manière physique, matérielle, à l’élévation spirituelle. Enchaînés à ces pierres, comme ils le seraient à une cérémonie, à un rituel stérile, ces hommes apparaissent irrémédiablement cloués au sol. Refusant d’être prisonnier d’une certaine esthétique du sacré, Gao Bo s’en affranchit pour mieux la sublimer, posant la création comme état supérieur d’être au monde.

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ESQUISSE DE PORTRAIT DUALITÉ, 1995-2009

« Pour les “portraits et masques“, tirés sur toile et montés sur châssis, les grands formats font dialoguer, dans une dualité inversée, de somptueux masques traditionnels en bois et des portraits de Tibétains portant des masques, apportés par les Chinois et qui deviennent davantage des bâillons que des modes de protection. Alternant fond noir et fond blanc, dans la tradition du “Yin, Yang”, ils s’imposent comme des objets contemporains, puisant leurs racines dans deux cultures millénaires. […] Par ces portraits rigoureux et savants, Gao Bo nous demande de réfléchir, avec lui, au sort des Tibétains et de leur culture. Silencieusement, intensément. »

Christian Caujolle, 2003.

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© BoSTUDIO. Photo by Ma Xiaochun

© BoSTUDIO

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PARTIE 4

OFFRANDE À MA MÈRE, 2011-2015

L’oeuvre de Gao Bo est hantée par un événement : la mort de sa mère, qui se jette sous un train quand il a huit ans. Ce choc émotionnel immense, est aussi un choc esthétique décisif : Gao Bo voit sa mère pour la dernière fois étendue, les membres arrachés maladroitement maintenus par des bandes de gaze, littéralement reconstituée avant la mise en bière. La Source, mausolée de coton, de bois et de sang, consacre ce moment de rupture entre l’insouciance ouatée de l’enfance et la violence phénoménale de l’événement qui suscite l’entrée en art. L’ensemble des pièces qui environnent cet autel constitue le Requiem de l’artiste, hommage polyphonique à la figure maternelle morcelée, et puissant manifeste créatif. Gao Bo détourne les genres picturaux du paysage et de la nature morte, proposant des installations qui mêlent photographies, peinture, pièces de bois, sang et os d’animaux maintenus à l’aide de bandages médicaux dans un équilibre fragile. Par ce geste, l’artiste affirme un certain pouvoir de régénération des images, redonnant vie à autant de symboles de mort. Destruction, reconstruction et transfiguration, sont les moteurs essentiels du travail de Gao Bo, qui ne cesse de malmener ses propres créations, rejouant avec ses outils, ses pinceaux et ses photographies un cycle de vie propre à l’oeuvre, un éternel printemps.

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© BoSTUDIO. Photo by Ma Xiaochun

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BECKETT - FARAMITA LAOSTIST, 2010

À l’origine, il y a cette photo, anonyme, de Samuel Beckett, le visage tourné vers le photographe, en train de traverser ce qui semble être un maigre ruisseau, figé dans une petite barque aux allures de cercueil flottant. Puis, plus tard, la découverte par Gao Bo chez un antiquaire chinois d’une série d’une vingtaine de petites barques anciennes qu’il achète, en plus de quelques ancres, avec le pressentiment qu’il existe un lien entre ces objets et la photographie anonyme de Beckett. C’est en relisant En attendant Godot, plus tard encore, que les dernières répliques et la didascalie finale de la pièce (“Alors, on y va ? – Allons-y ! / Ils ne bougent pas”), faisant écho à la photographie, enclencheront la réalisation de l’installation Beckett – Faramita Laostist. Pensée comme un mausolée à la mémoire de Beckett, l’oeuvre mêle notamment la photographie en question, quelques barques et autant d’ancres, des dalles de pierre imprimées de portraits et d’extraits d’archives de l’écrivain, un violoncelle représentant le corps d’une femme, et deux néons portant chacun l’inscription “l’autre rive”. Tout en rendant hommage à l’un de ses maîtres, Gao Bo propose une réflexion autour de la mort, pensée comme l’éternelle traversée d’une rive à l’autre de la vie, un mouvement perpétuel alternant création et destruction. Au centre de l’oeuvre, la figure de la muse blessée, représentée par le violoncelle enserré de bandes de gaze, témoigne du processus créatif de l’artiste, de ce qu’il nomme lui-même la “période noire” de son travail : à travers ses oeuvres, Gao Bo se confronte à la mort, comme une stratégie de survie, un moyen de renaître à soi.

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© BoSTUDIO. Photo by Ma Xiaochun

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ÉTUDE N°2 & ÉTUDE N°4, 2010

Dans le travail de Gao Bo, le nu féminin, toujours traité avec un immense respect, occupe une place essentielle. Dans ses Études, le photographe ne dévoile le corps de la femme que pour le recouvrir à nouveau, dans l’espace du tableau, d’une gaze médicale qui évoque autant le voile d’une jeune mariée que son linceul. La mise à nu se double d’une mise à distance, et l’on y devine, plus qu’on ne les voit, les signes de la féminité. Le corps de cette femme décapitée, anonyme, semble nous parvenir d’un au-delà mystérieux qui pourrait être celui du rêve ou de la mort. Le cheveu, attribut traditionnel de la féminité, encadre, dévore la photographie, évoquant une tapisserie sombre et inachevée, carbonisée. C’est un voile de pudeur que l’artiste déploie sur le corps abîmé de cette femme fantasmée ou disparue, fantôme lancinant qui hante l’œuvre de Gao Bo.

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MICRO-POLYPHONIE, 2015

Micro-Polyphonie est un hommage intime et silencieux à la muse et amie de l’artiste, Zhou Jin, atteinte d’un cancer. Inspiré par Man Ray, Gao Bo symbolise le corps de la femme par une série de violons enlacés de néons rouges, comme irradiés. Chaque violon est enserré dans un bas résille, puis posé sur une photo de Zhou Jin nue, prise avant sa maladie. L’installation, véritablement polyphonique, s’accompagne des dessins de Zhou Jin, et de notes prises pendant sa maladie. La douceur des dessins, la sensualité des photographies, l’humour même de ces violons féminisés contraste violemment avec la dureté des extraits du rapport médical et des radioscopies qui leur font face. Tous ces éléments pourtant se répondent : même corps de femme, même iridescence rouge qui semble émaner des contrastes du noir et du blanc, même trouble face à l’évidence de la mort. Tous les avatars de ce corps dévoilé, transpercé de lumière, évoquent la fragilité de la vie en même temps qu’ils accomplissent sa transfiguration en oeuvre d’art.

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JLM: Il y a 7 ans, vous avez décidé de consacrer tout votre temps à un travail personnel et inédit. Vous avez volontairement refusé toute proposition d’exposition qui s’offrait à vous. Pourquoi ce retrait ?

GB: Je pratique la photographie depuis 1985, cela faisait longtemps que j’avais envie d’ouvrir une parenthèse, d’opérer une mise à distance vis à vis de mon propre travail pour comprendre un peu mieux les moments clefs de ma vie, les mouvements souterrains ou les influences extérieures qui avaient façonnés ma sensibilité. Ces sept années ont permis ce nécessaire travail introspectif. Elles ont également rendu possible une aventure formelle d’une totale liberté qui m’a amené à interroger mes propres limites, à travers celles du langage photographique. Prendre mon temps, être à l’écoute d’un rythme qui ne m’a été imposé que par les forces intimes qui font de tout acte de création une nécessité, c’est ce qui a permis à mon monde intérieur d’affleurer et de trouver force et densité dans les images, les dispositifs, les installations ou les performances que j’ai réalisés depuis. Me placer à la croisée des chemins de pratiques artistiques très diversifiées au sein desquelles la photographie n’est qu’une composante m’a par ailleurs permis de placer mon élan créatif dans un questionnement permanent sur l’image, dans une mobilité qui a eu la vertu de maintenir à vif mon désir d’explorer le champ des possibles.

JLM : Pour présenter ce nouveau travail, vous avez choisi Paris et la Maison Européenne de la Photographie. Pourquoi ?

GB : Je dis souvent à mes amis chinois que la France est comme un second pays et que Paris est comme une seconde ville natale pour moi. Depuis que j’ai découvert la France en 1990, je m’y sens bien. J’ai appris une deuxième langue et commencé une deuxième vie, en quelque sorte. Quant à la MEP, c’est pour moi l’endroit le plus emblématique pour la photographie en France. Même si, au regard de la taille de la plupart des mes œuvres, l’espace de la MEP peut paraitre un peu limité, cette contrainte est pour moi un avantage dans la mesure où cela permet d’avoir un rapport plus intime avec les travaux exposés. Les espaces d’expositions sont

ENTRETIEN GAO BO ET JEAN-LUC MONTEROSSO

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atypiques, j’ai du tenir compte de leurs particularités afin de tirer au mieux profit de cette proximité rendue possible avec les œuvres. J’ai par ailleurs bénéficié d’une liberté totale pour présenter mon travail, ce qui est particulièrement stimulant.

JLM : Vous avez séjourné longuement à Paris au début des années 1990, vous appréciez et connaissez parfaitement la culture française. En quoi cette culture peut-elle éclairer, pour le public parisien, votre démarche créative ?

GB : Je ne peux pas dire que je connaisse si bien que ça la culture française. Je l’aime, c’est certain, et je fais mon possible pour l’apprendre et tenter de la comprendre. J’apprécie autant les qualités que les défauts qui me semblent spécifiquement français. Ce qui est certain, c’est que je ne pense jamais à un public spécifique que je devrais satisfaire quand je produis une œuvre. Je ne travaille pas pour une culture donnée, je fais des images qui doivent pouvoir parler à chacun. Lors de mon premier séjour en France, au début des années 1990, j’ai beaucoup lu les philosophes des Lumières, notamment Voltaire et Rousseau. Ce mouvement de pensée me fascine, et a eu une influence considérable pour moi. Le fait même que j’ai pu recevoir cette philosophie, trois cents ans après, est une preuve indéniable de sa force et de son efficience. J’ai une soif naturelle inextinguible d’apprendre et de connaître. Je pense que d’une manière ou d’une autre cela doit se ressentir dans mon travail.

JLM : Aujourd’hui, la photographie semble tenir une place moins importante dans votre œuvre, qui s’oriente d’avantages vers les installations et les Arts plastiques. Comment expliquez-vous cette évolution ?

GB : Vous savez, Duchamp a commencé par le dessin et la peinture, de manière très académique, et à la fin de sa vie il restait presque sans rien faire ; entre ces deux états il y a l’invention du ready-made, c’est à dire l’un des plus importants bouleversements du XXe siècle dans notre rapport à l’œuvre d’art. Duchamp est un exemple absolu pour moi. J’ai toujours refusé de rentrer dans un système, un savoir faire ou un

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style. Je veux faire ce qui me plait, et je m’y suis toujours autorisé, qu’il s’agisse de photographie ou non. Je fais mon petit bazar, et cela me plait. Je ne vois pas pourquoi je devrais me limiter à une technique ou à un medium. Je ne considère pas vraiment la photographie comme un métier, comme mon métier. Je pourrais être à la fois photoreporter, photographe de mode et portraitiste ! Je me sens tout ça à la fois, mais pas uniquement. Man Ray dans le fond était aussi comme ça. Ces dernières années, c’est vrai, mon travail s’est orienté d’avantage vers des installations et s’est éloigné de la photographie traditionnelle qui a été mon premier moyen d’expression. Mais peut-être que cela ne correspond qu’à une période, une phase, je n’en sais rien. Aujourd’hui j’ai envie de mettre un terme à cette période, d’explorer de nouveaux rivages. J’ai très envie d’aller vers la couleur, de me confronter à la couleur, ce qui serait très nouveau pour moi.

JLM : Le Tibet tient une place importante dans vos œuvres. C’est au Tibet que vous avez réalisé un film avec Alain Fleischer. Quelle est la nature de ce lien particulier avec cette région encore peu connue et souvent difficile d’accès ?

GB : Quand j’étais jeune, la Chine était encore très fermée au reste du monde. À l’université nous avions de longs mois de vacances chaque été et chaque hiver. J’avais une envie folle d’aller voir ailleurs, de quitter cette société où j’avais toujours vécu. Mais à cette époque il était impossible de partir à l’étranger, j’ai donc choisi le Tibet, parce que c’était l’endroit le plus lointain où je pouvais aller et parce que c’était ce qui ressemblait le plus pour moi à l’étranger. J’avais soif d’aventures, j’entendais les gens dire que la vie au Tibet était très dure, que cette région était extrêmement difficile d’accès… C’était exactement ce que je recherchais, ces arguments m’ont décidés à partir ! Cela a donc été mon premier voyage. J’ai emprunté deux appareils photos, l’un à mon professeur, l’autre à un ami, et je suis parti. J’ai fait quelques rouleaux de pellicule là-bas, et en rentrant je les ai développés dans le dortoir, la nuit. Cela a évidemment été très important pour moi parce que j’y ai découvert le Tibet, et ce sentiment mêlé

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d’étrangeté totale et d’une certaine familiarité, mais j’ai toujours considéré ce premier voyage comme plus ou moins raté. C’est sûrement pour cette raison que j’y suis retourné tant de fois depuis. Le Tibet est devenu pour moi le territoire d’un exercice introspectif : dès que j’ai de nouvelles idées je veux toujours y retourner pour les réaliser. C’est un lieu qui fait office pour moi de catalyseur, de révélateur. Ça n’est pas comme Rauschenberg qui était passé par le Tibet lors de sa première exposition en Chine, à qui j’avais demandé pourquoi il était venu faire une exposition au Tibet et qui m’avait répondu : « pour prendre de l’altitude, pour mettre mes œuvres en hauteur… »

JLM : Comment voyez-vous l’évolution de l’Art contemporain en Chine ? Et où vous situez-vous aujourd’hui sur cette scène artistique chinoise ?

GB : J’ai été très intéressé par l’art contemporain chinois à la fin des années 1980. Aujourd’hui les choses m’intéressent moins en Chine, sauf chez les jeunes artistes. Je ne retrouve plus le dynamisme, la fraicheur de mes premières années. On faisait de l’art pour sortir de cette société qui était figée depuis tant d’années, pour se sauver. Il y avait quelque chose de très puissant, de vital. L’art vient d’abord d’un besoin moral et physique. Aujourd’hui j’ai l’impression que les choses ont changé. L’art contemporain, pas seulement en Chine, est très lié à la mondialisation, à l’argent. Le but de l’œuvre d’art, aujourd’hui, c’est la commercialisation, ce qui ne m’intéresse pas. J’ai inventé ce néologisme, « lostist », qui est la fusion entre le nom de Lao Tse et le mot anglais « lost », qui veut dire perdu. Je me sens en marge de cette société globalisée qui n’est plus guidée que par l’attrait pour l’argent. Mais ça n’est pas un sentiment triste : mon travail échappe à cette logique de marché, et j’en suis très heureux !

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JLM : Le livre est une composante essentielle dans votre travail. Vous publiez chez Artron plusieurs ouvrages, dont un important livre d’artiste numéroté et signé. Quel éclairage un livre apporte-t-il sur une œuvre et particulièrement sur votre œuvre ?

GB : À ce jour j’ai publié deux livres sur mon travail, ainsi qu’un ouvrage pour l’architecte Leoh Ming Pei, en 1998. C’est la première fois que je travaille avec Artron, qui est un des leaders mondiaux de l’édition, à l’occasion de mon exposition à la MEP. C’est une chance énorme d’avoir leur soutien, cela m’a permis de faire une sélection et d’établir un classement parmi toute ma production depuis 1985. L’exposition est d’ailleurs plus une classification, un classement qu’une rétrospective. Cela se retrouve dans la forme du catalogue, qui est conçu comme un classeur d’archives dans lequel les images et les textes sont séparés. Si le lecteur à besoin de la clef pour comprendre le travail, il doit se reporter au volume consacré aux textes. Ce livre est particulièrement important pour moi parce qu’il est lié à une certaine nostalgie : à l’université j’ai étudié le graphisme, notamment dans le domaine de l’édition. Cela a toujours beaucoup compté dans ma vie. Le livre que j’ai fait pour Pei a d’ailleurs reçu un prix prestigieux en Allemagne.

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GAO BO / GB

1964 Naissance à Deyang, province du Sichuan, Chine 1983 Diplômé du collège des beaux-arts rattaché à l’Institut des beaux-arts du Sichuan, Chongqing, Chine 1987 Diplômé de l’Institut des beaux-arts de l’Université Tsinghua, Pékin, Chine 1990 Vit en France, membre de l’Agence VU, Paris, France 2009 Vit et travaille dans le village d’artiste Shang Yuan, Pékin, Chine

EXPOSITIONS PERSONNELLES (SÉLECTION)

2015-2016 «THE GREAT DARKNESS: from GAO BO to GB». Photographie, vidéo et installation, 17 décembre 2015 – 28 février 2016, Tokyo Gallery +BTAP, Pékin, Chine 2014 «LAOSTIST’S ELEGY», Biennale de la Photographie de Daegu, Corée du Sud 2011 «ETERNITY OF BEING LOST» Live-Art Work #1, Rockbund Art Museum, Shanghai, Chine 2004 «EXPOSITION DE PHOTOGRAPHIES DE GAO BO», Centre Culturel de Bergerac, France2003 «DUALITÉ No.II – LA FIGURE MEURT II» Rencontres d’Arles 2003, Festival international de la photographie, Arles, France «EXPOSITION DE PHOTOGRAPHIES DE GAO BO», Galerie VU, Paris, France 2001 «DUALITÉ No.I», Fotonoviembre, VI Bienal Internacional de Fotografía de Tenerife, Espagne1995-2000 «GAO BO PHOTO TIBET 1993-1995», Galerie Photo FNAC, France, Allemagne, Belgique, Espagne, Brésil, Taipei… 15 expositions dans les galeries de FNAC1989 «LE PRINTEMPS DE PÉKIN», VISA pour Perpignan, Festival international de photojournalisme de Perpignan, France

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EXPOSITIONS DE GROUPE (SÉLECTION)

2015 «PREMIÈRE EXPOSITION D’ART CONTEMPORAIN DE XI’AN», Musée d’art de Xi’an, Chine «LA PHOTOGRAPHIE CHINOISE DU XXE SIÈCLE ET AU-DELÀ», Centre d’art photographique des Three Shadows, Pékin, Chine2014 «COLLECTION DE PHOTOGRAPHIES», Musée d’art de He Xiangning, Chine2013 «PHOTOGRAPHIE CHINOISE CONTEMPORAINE», Première Biennale de photographie de Pékin, Chine 2008 «DUALITY No. I, NEW PHOTO 1994-1998», Fotofest Houston, Texas, Etats-Unis2007 «DUALITY No.I ET No.II, PROJECTION» PHOTOESPAÑA 2007, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid, Espagne2004 «LES RANGS DE PÈLERINS», Exposition internationale de photographie, Cité interdite, Pékin, Chine2000 «DUALITY No.I», Big Torino 2000, Turin, Italie «DUALITY No.II», Pavillon des besoins minimums, Exposition universelle Hanovre 2000, Allemagne 1998 «DUALITY No.I», Under/Exposed, Stockholm, Suède1997 «ART CONTEMPORAIN CHINOIS 1997», Watari-Um, Musée d’art contemporain, Tokyo, Japon1989 «LE PRINTEMPS DE PÉKIN», Rencontres d’Arles 1989, Festival international de la photographie, Arles, France «LE PRINTEMPS DE PÉKIN», Musée de l’Élysée-Lausanne, Suisse

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PRIX ET DISTINCTIONS

1986 Concours national de photographie, Chine, 1er prix : Hasselblad Camera1989 Première édition de VISA pour Perpignan, Festival international de photojournalisme de Perpignan, France, 1er prix : L’ŒIL D’OR 1998 «I. M. PEI Essences», UNESCO-Kommission Prize, Concours du plus beau livre du monde, Allemagne 1999 «I. M. PEI Essences», album commémoratif, IXe Exposition des beaux-arts de Chine, 2er prix: Médaille d’Argent

Les œuvres de Gao Bo font partie des collections permanentes de nom-breux musées, notamment le GAM à Turin, le Fukuoka Contemporary Art Museum au Japon et la Maison Européenne de la Photographie à Paris.

MASTER CLASSES

2014-2016 Professeur invité au Master Latinoamericano de Fotografía Contemporánea, Centro de la Imagen, Lima, Pérou

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PUBLICATIONS AUTOUR DE L’EXPOSITION

GAO BO VOL.1-4

Catalogue de l’exposition « GAO BO LES OFFRANDES » à la Maison Européenne de la Photogra-phie, du 8 février au 9 avril 2017 à Paris. Publié par Artron, Contrasto et la Maison Européenne de la PhotographieDirection d’ouvrage: Gao BoCoordination éditoriale: Jean-Luc Soret (MEP), Zhang Dong et Liu Dong (Artron)Texte: Jean-Luc Monterosso, François Tamisier, Alain Fleischer, Patricia Eichenbaum Karetzky, Peter Nesteruk, Christian Caujolle.Conception graphique : Loïc Le Gall, assité de Vera ZhouImprimé par: Artron, Shenzen, Chine, Octobre 2016.© Artron © Maison Européenne de la Photographie © Gao Bo

TIBET 1985-1995 PHOTOGRAPHS BY GAO BO

Livre d’artiste mesurant 500x680mm, édition limitée à 50 exemplaires avec tirage de tête.Publié par Artron et la MEP. Novembre 2016Accompagné d’un tirage platinum numéroté et d’un certificat signé par l’artiste.Conception graphique : Gao Bo

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TIBET 1985-1995. OFFRANDES

Ouvrage regroupant 175 photographies et documents d’archives de l’artiste, publié aux Éditions Xavier Barral. Photographies : Gao BoTextes : Gao Bo, Wu Guanzhong, Alejandro CastelloteFévrier 2017

GAO BO / GB - ARTISTE PLASTICIENDE PAPIER, DE PIERRE ET DE PEAU

Publié dans la collection Carnet de la création des Éditions de l’Œil, ce livre invite à découvrir l’univers de Gao Bo.Textes : Christian CaujolleFévrier 2017.

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Double portrait de Gao Bo© BoSTUDIO. Photo by Ma Xiaochun

IMAGES PRESSELes images presse sont libres de droits pour la promotion de l’expositionà la Maison Européenne de la Photographie et pendant la durée de celle-ci. Elles ne peuvent être recadrées, modifiées ou contenir du texte.

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Tibet, 2009De la série « Tibet 1985-1995 » Tirage jet d’encre sur papier PH neutre, sang de l’artiste, inscription réalisée par l’artiste, avec Gelie Lama et de nom-breux autres Tibétains© BoSTUDIO

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Offrande du mandala, 1995-2009Ensemble de mille portraits de TibétainsTirage au bromure d’argent émulsionné sur caillouxVillage de Shangyuan© Danielle Schirman

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Portrait dualité, 1995De la série « Tibet » Tirages gélatino-bromure d’argent émul-sionné sur papier PH neutre et sur tissuCollection Musée d’art contemporain de Fukuoka© BoSTUDIO. Photo by Ma Xiaochun

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Grand Noir – Élégie laostiste, 2014 (L’œuvre Offrande du mandala recouverte de peinture blanche et noire par l’ar-tiste)Tirage gélatino-bromure d’argent émul-sionné, émulsion de peinture, acrylique, encre sur toile avec néon© BoSTUDIO. Photo by Ma Xiaochun

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Disparition de la Figure-I – II 2000-2015 Phtographie de performance© BoSTUDIO. Photo by Ma Xiaochun

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Disparition de La Figure I – III1995-2010Tirage gélatino-bromure d’argent émul-sionné sur tissu, émulsion de peinture, encre de Chine, pastel et bandage avec inscription de néon© BoSTUDIO. Photo by Ma Xiaochun

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Disparition de la Figure-I – II 2000-2015Tirage gélatino-bromure d’argent émul-sionné sur tissu© BoSTUDIO. Photo by Ma Xiao Xiao

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Esquisses de portraits tibétainsSérie « Tibet, 1995-2003 » Tirage gélatino-bromure d’argent émul-sionné sur papier PH neutre, réalisé par l’artiste © BoSTUDIO

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Esquisse de portrait dualité, TibetTirage gélatino-bromure d’argent émul-sionné sur tissu, émulsion de peinture, encre de Chine et pastel © BoSTUDIO

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Précepte des pierres, Tibet, 2009Photographie et médias mixtes © BoSTUDIO

GB11

Beckett – Faramita Laostist, 2010Installation de photographie et de médias mixtes © BoSTUDIO. Photo by Ma Xiaochun

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Micro-Polyphonie, 2015Photographie et médias mixtes © BoSTUDIO. Photo by Ma Xiaochun

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Étude n° 2, 2010,Photographie et médias mixtes © BoSTUDIO. Photo by Ma Xiaochun

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Requiem – I, 2011-2015Photographie et médias mixtes © BoSTUDIO

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Gao Bo dans son atelier au village de Shangyuan, Pékin, 2011 © BoSTUDIO. Photo by Ma Xiaochun

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Portrait de Gao Bo © BoSTUDIO. Photo by Pierre-Jean Remy (1939-2010)

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Essai pour une œuvre d’art performatif n° 1, Gao Bo dans son atelier au village de Shangyuan, Pékin, 2011 © BoSTUDIO. Photo by Xiao Xiao

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GB19

L’Éternité de l’être perdu, œuvre perfor-mance réalisée en direct n° 1, 2012Rockbund Art Museum, Shanghai © BoSTUDIO. Photo by Liu Yuan

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Gao Bo appliquant une couche d’émulsion dans son atelier, 6 septembre 2011 © BoSTUDIO. Photo by Liao Wei

GB20

Offrande du mandala, 1995-2009Ensemble de 1000 portraits de Tibétains Tirage au bromure d’argent émulsionné sur cailloux, village de Shangyuan, Pékin © BoSTUDIO. Photo by Liu Yuan

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GB21

La Source, 2013Portrait de l’auteur à 8 ans. Installation mixte de photographie, Pein-ture de sang sur bois et oreiller ready-made, inscription murale © BoSTUDIO. Photo by Ma Xiaochun

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LA MEP

Maison Européenne de la Photographie5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris01 44 78 75 00 – www.mep-fr.orgM° Saint-Paul (ligne 1) ou Pont-Marie (ligne 7)

Ouvert du mercredi au dimanche de 11h à 20hAccès à la billetterie jusqu’à 19h30Fermé lundi, mardi et jours fériés

TarifsPlein tarif : 8 € / Tarif réduit : 4,5 € Abonnement annuel : 30 € / Tarif réduit : 24 € / Carte Duo : 48 €

CONTACTS MEP

Carole BrianchonResponsable de la communication01 44 78 75 01 / 06 68 66 78 55 [email protected]

Delphine DavidChargée communication01 44 78 75 01 [email protected]

Émilie RabanyChargée de relations presse & community manager01 44 78 75 [email protected]

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Sylvie Grumbach01 42 33 93 18 [email protected]

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