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Les mines de charbon en France au XVIIIe siecle (1744-1791) by Rouff, Marcel Review by: L. Guinet Isis, Vol. 5, No. 2 (1923), pp. 432-437 Published by: The University of Chicago Press on behalf of The History of Science Society Stable URL: http://www.jstor.org/stable/223743 . Accessed: 09/05/2014 16:29 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . The University of Chicago Press and The History of Science Society are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Isis. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.165 on Fri, 9 May 2014 16:29:26 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Les mines de charbon en France au XVIIIe siecle (1744-1791)by Rouff, Marcel

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Les mines de charbon en France au XVIIIe siecle (1744-1791) by Rouff, MarcelReview by: L. GuinetIsis, Vol. 5, No. 2 (1923), pp. 432-437Published by: The University of Chicago Press on behalf of The History of Science SocietyStable URL: http://www.jstor.org/stable/223743 .

Accessed: 09/05/2014 16:29

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

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Isis. v. 1923 Isis. v. 1923

eenth century the writers in question placed the point lower down, thus 6.28318.

Perhaps the above references suffice to indicate to tle reader the rich historic content of this book.

(University of California.) FLORIAN CAJORI.

Rouff, Marcel. -- Les mines de charbon en France au XVIII0 siecle

(1744-1791). LXn+628 p., in-8?, F. RIEDER et Ci', Paris, 1922. [35 fr.]

Voici une etude capitale d'histoire sociale dont le point de depart peut sembler assez maigre si l'on n'en connait que le titre. Tout en restant sans cesse strictement dans le domaine de l'histoire des mines de charbon au xvlne siecle, ROUFF nous fait assister a la plus grainde des transformations sociales que la France ait enregistrees avant la Revolution de 1789. Son livre presente donc pour l'histoire de la civilisation un interet considerable et merite qu'on s'y arrete assez longuement. Je vais essayer de donner l'essentiel de ce qu'il renferme, mais j'aimerais aussi donner F'envie de ne pas s'en tenir a cette siche analyse.

Au debut du xvi" siecle, l'exploitation des mines de charbon, en France, est encore tres rudimentaire. Bien que, depuis une ep,oque qu'il est impossible de fixer, les habitants du Forez et du Hainaut se soient servis du charbon - une legende veut que les soldlats de CESAR, rencontrant dans le Forez des hommes noirs de charbon, s'enfuirent epouvantes; au xille siecle, on trouve mention des mines de la vallee du Gier; - bien que nombreux soient les 6dits royaux concernant les mines qui precedent celui de 1744, et dont le premier remonte a CHARLEMAGNE, l'usage du charbon est loin d'etre repandu. L'exploitation n'est ni serieuse, ni intense; elle se fait a ciel ouvert ou au moyen de galeries timides et dangereuses, et le combustible extrait est de fort mauvaise qualite; on gratte le sol un peu partout, sans methode, sans autre but que de se procurer pour soi-meme le combustible necessaire et bien que CHARLEMAGNE euft deja pose le principe du droit regalien sur les mines, chaque proprietaire consi- dere que le sous-sol dans lequel il trhvaille est sa chose, et qu'il a le droit absolu de travailler comme il l'entend.

Une reglementation nouvelle s'impose donc, aucunie de celles qui ont vu le jour n'ayant donne le r6sultat qu'on en attendait, d'une part, et la necessite de remplacer par un autre combustible le bois qui va manquer, devenant d'autre part d'une urgence extreme. L'arret inspire par TRUDAINE en 1744, qui contient en germe toute la 16gislation future, tant celle de 1791 que celle de 1810 qui est a la base de la legislation actuelle, essaie de mettre de l'ordre dans le

eenth century the writers in question placed the point lower down, thus 6.28318.

Perhaps the above references suffice to indicate to tle reader the rich historic content of this book.

(University of California.) FLORIAN CAJORI.

Rouff, Marcel. -- Les mines de charbon en France au XVIII0 siecle

(1744-1791). LXn+628 p., in-8?, F. RIEDER et Ci', Paris, 1922. [35 fr.]

Voici une etude capitale d'histoire sociale dont le point de depart peut sembler assez maigre si l'on n'en connait que le titre. Tout en restant sans cesse strictement dans le domaine de l'histoire des mines de charbon au xvlne siecle, ROUFF nous fait assister a la plus grainde des transformations sociales que la France ait enregistrees avant la Revolution de 1789. Son livre presente donc pour l'histoire de la civilisation un interet considerable et merite qu'on s'y arrete assez longuement. Je vais essayer de donner l'essentiel de ce qu'il renferme, mais j'aimerais aussi donner F'envie de ne pas s'en tenir a cette siche analyse.

Au debut du xvi" siecle, l'exploitation des mines de charbon, en France, est encore tres rudimentaire. Bien que, depuis une ep,oque qu'il est impossible de fixer, les habitants du Forez et du Hainaut se soient servis du charbon - une legende veut que les soldlats de CESAR, rencontrant dans le Forez des hommes noirs de charbon, s'enfuirent epouvantes; au xille siecle, on trouve mention des mines de la vallee du Gier; - bien que nombreux soient les 6dits royaux concernant les mines qui precedent celui de 1744, et dont le premier remonte a CHARLEMAGNE, l'usage du charbon est loin d'etre repandu. L'exploitation n'est ni serieuse, ni intense; elle se fait a ciel ouvert ou au moyen de galeries timides et dangereuses, et le combustible extrait est de fort mauvaise qualite; on gratte le sol un peu partout, sans methode, sans autre but que de se procurer pour soi-meme le combustible necessaire et bien que CHARLEMAGNE euft deja pose le principe du droit regalien sur les mines, chaque proprietaire consi- dere que le sous-sol dans lequel il trhvaille est sa chose, et qu'il a le droit absolu de travailler comme il l'entend.

Une reglementation nouvelle s'impose donc, aucunie de celles qui ont vu le jour n'ayant donne le r6sultat qu'on en attendait, d'une part, et la necessite de remplacer par un autre combustible le bois qui va manquer, devenant d'autre part d'une urgence extreme. L'arret inspire par TRUDAINE en 1744, qui contient en germe toute la 16gislation future, tant celle de 1791 que celle de 1810 qui est a la base de la legislation actuelle, essaie de mettre de l'ordre dans le

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chaos; il n'y parvient d'ailleurs que d'une facon tres relative, puis- qu'une nouvelle ordonnance de 1783 se contente en quelque sorte de reprendre l'esprit et les termes de celle de 1744, sans rien appor- ter de nouveau. Mais ses oonsequences 6conomiques et sociales sont telles: transformation du principe de la propriete, naissance d'une classe nouvelle (les grands industriels), d'une organisation finan- ciere egalement nouvelle, etc., que les limites dans lesquelles ROUFF a maintenu son etude d'histoire sociale sonit parfaitement legitimes.

Son travail, qui inontre admirablement l'effort d'une indu?strie pour naitre et s'organiser au milieu de la routine, au milieu de l'hos- tilite des proprietaires diu sol et souvent du mauvais vouloir de l'administration qui a pour mission de la defendre, ce travail, qui miontre aussi l'effort de la propriete industrielle contre la propriete primitive, est divise en cinq parties: la premiere est consacree a la recherche des causes de l'arrit de 1744; dans la deuxieme et la troisieme, l'auteur montre les consequences de cet arret au point de vue economique, et surtout au point de vue social; dans la qua- trieme partie, il recherche quels sont les rapports de l'Etat et des mines;enfin la derniere partie est l'histoire de la legislation de 1791, dans laquelle MIRABEAU joue un role de premier pian.

I. - Le developpement considerable de l'industrie des etoffes, des peaux, des bougies, de la savonnerie, de la papeterie, etc., celui de la m6tallurgie, avaient amene une veritable devastation forestiere dont tout le monde, municipalites, particuliers, et les industriels les premiers, se pireoccupait a juste titre, et a laquelle il etait urgent de porter remede; la question du charbon devenait vitale. D'autre part, les petits proprietaires exploitant le charbon sur leur domaine le faisaient suivant des mithodes deplorables et avec une imper.itie qui souvent devenait un danger, tant par manque die connaissances tech- niques que de capitaux. Telles sont les causes les plus importantes auxquelles il faut cependant ajouter des besoin's politiques et finan- ciers du gouvernement, parmi celles qui amenerent celui-ci a reindre, apres enquete aupres des intendants, l';arret du 14 janvier 1744.

II et III. - Cet arret mettait en jeu une des bases de la societe: le trefonds devenait une sorte de propriete collective de la nation in- carnee dans le roi, qui en donnait concession A ceux dont les capa- cites techniques et financieres presentaient des garanties suffisantes, le paysan, le bourgeois ou le noble, ne gardant que la propriete de la surface .seue de son champ. Pour la premiere fois, d'u)ne facon urgente et tres precise, le droit social se levait en face du droit individuel; pour la premiere fois aussi, on assistait a l'absorption de petits patrons par la grande industrie.

On concoit quelle dut etre la lutte des petits proprietaires depos.

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sede's conre les concessionnaires: tous les moyens de resistance furent employes, depuis la force d'inertie jusqu'aux pires violences, en passant par la phase des proces interminables; pendant tout un demi-si6cle, les sursauts violents de cette lutte agiterent la France, pr6parant en somme la Revolution, en ce sens qu'elles accoutumerent les populations a lia revolte contre l'autorite royale.

Ces resistances etaient d'ailleurs secondees et encouragees par la

complicite des autorites locales qui, a quelques exceptions pres, mettaient leur influence au service des proprietaires contre les conoessionnaires, incapables qu'elles etaient de compren-dre le r6le immense que les richesses souterraitnes etaient appelees a jouer. L'histoire des luttes que dut soutenir le concessionnaire TUBEUF

dans la region d'Alais en est un exemple frappant (il dut finale- ment abandonner la partie et s'expatrier).

Mais comment se constitue la partie dirigeante et capitaliste de cette classe nouvelle des grands industriels? La noblesse et la bour- geoisie vont la former. La noblesse, plus ou moins ruin6e par le faste de la Cour, a besoin d'argen,t, et il lui semble plus simple d'en- treprendre une exploitation miniere que de construire une usine; de plus, le charbon est une production terrienne, donc une pro- duction de noblesse. Et l'on voit, pour n'en citer que quelques-uns, le vaniteux chevalier DE SOLAGES fonder la societe de Carm.aux, le vi- comte D1SANDROUIN, aide d'un ingenieur vraiment remarquable, PIERRE MATHIEU, decouvrir en 1733, apres de tres longues et tr/s nombreuses recherches, le gisement d'Anzin; le duc EMMANUEL DE

CROY fonder en 1757 la compagnie d'Anzin, qui souleva dans le pays tant d'inimities par ses accaparements, et qui refuse encore a l'heure actuelle toute communication de ses archives. (II est interessant de consulter, au sujet de la compagnie d'Anzin, une longue serie d'articles publies par le Progres Civique, Paris, d,ans ses numeros hebdomadaires de decembre 1922, janvier A juin 1923, et qui font partie d'une vaste enquete poursuivie par cette revue sur l'Histoire des grandes fortunes francaises et etrangeres.)

La bourgeoisie sent dans l'industrie naissante une industrie d'ave- nir, elle apporte des capitaux. Elle avait dejk envahi le sol de la France, elle envahit le sous-sol par ses societes, et se glisse d'ailleurs en meme temps dans les exploitations de l'aristocratie, lui apportant des connaisances techniques qui lui manquent le plus souvent. La famille des MATHIEU, par exemple, a de gros interets dans de nom- breuses societes houill6res, mais elle donne aussi les pl,us grands in- g6nieurs des mines du si6cle. On trouve dejh chez ces MATHIFU toutes les caracteristiques de la grande industrie bourgeoise: absolutisme, egoisme, mais *aussi largeur de vues, peut-etre d'ailleurs parce que

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cette largeur de vues est un facteur de domination. Comme grand re-

presentant de la bourgeoisie dans les societes minieres, je citerai encore DE LA CHAISE, dont la compagnie devait devenir la Societe

anonyme du Creusot. Cette classe nouvelle, composite, adapte l'instrument financier

necessaire a ses desseins: une fortune mobiliere considerable (le ca-

pital circulant d'ADAM SMITH) se trouve disponible au moment ou les mines (le capital fixe) en a besoin; des societes financieres puis- santes se forment, capables d'attendre les benefices, capables meme de risquer les pertes parfois considerables que provoquent la re- cherche et la mise en valeur m6thodique des miines. De telles socie- tes n'o,nt pas 6te cependant imagin6es pour les besoins des mines; il en existait avant l'essor de l'industrie du charbon, mais elles avaient ete jusqu'a l'arret de 1744 presque exclusivement commer- ciales. Elles s'adaptent a leurs fonctions nouvelles et revetent, des le d6but, les trois types classiques: societes en commandite, les plus r6pandues; soci6ets en nom collectif, et societes anonymes, celles-ci assez rares tout d'abord, et dont le type est a l'epoque la societe d'Anzin ou celle d'Aniche.

A cette industrie naissante, il faut une main d'oeuvre de plus en

plus abondante, et dont le recrutement est si difficile qu'o.n pro- pose d'affecter au service des mines les condamnes A mort et les va-

gabonds. Les compagnies trouvent cependant le personnel dont elles ont besoin parini les petits proprietaires d6poss6eds, qu'elles absorbent, les paysa,ns, les ouvriers d'industries diverses qui vien- nent aux mines, et les etrangers parmi lesquels on choisit en gienral les porions, les contre-maitres, les chefs dde chantier. Tout ce per- sonnel manquant d'organisation, au sujet duquel il n'existe aucuane reglementation, subit avec resignation ses douze heures de travail au milieu de dangers perp6tuels pour un salaire moyen tr6s bas. ROUFF fait de la vie des mineurs, de leur imprudence, de leurs su-

perstitions, un tableau tres vivant. - Au-dessus du cadre 6tranger instruisant un personnel national, la direction est presque toujours assur6e par le concessionnaire lui-meme, ou par des actionnaires elus; quelques ing6nieurs vienn*ent de l'&cole des Ponts et Chaussees, fond6e en 1747, puis de l'ecole des Mines, dont le premier 6tablisse- ment remonte a 1768, mais qui ne prit vraimcnt corps qu'en 1783.

Qu'etait l'exploitation industrielle? ROUFF, qui a consult6 un nom- bre vraiment 6norme de documents (memoires, brochures, perio- diques, livres techniques, archives nationales, d6partementales, mu- nicipales, archives de compagnies minieres, celles-ci les moins riches), la trouve beaucoup plus perfectioanee que ne le disent habi- tuellement les historiens. Le fameux discours de MIRABEAU a la

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Constituante A propos d'Anzin presente bien l'etat moyen de l'ex- ploitation dans la seconde moiti6 du siecle. Avant la constitution 'des compagnies, on se contentait de gratter l.e sol plus ou moins adroitement. Celles-ci une fois mises sur pied, on travaille scientifi- quemen.t: la pratique ,du sondage pour la recherche du charbon est introduite; LAVOISIER et CONDORCET donnent aux concessionnaires des conseils pratiques d'exploitation; GENSANNE publie en 1770 un Traite de Geonmetrie souterraine; on cuvelle le .fosses; on aere les galeries profondes; on les boise serieusement; on etablit des galeries d'ecoulement; DESANDROUIN, en 1732, installe a Fresnes une ( pompe a feu ) (machine de NEWCOMEN) que viennent mon,ter des ouvriers anglais. L'auteur donne sur cette question de l'exploitation indus- trielle, et sur toutes celles qui la touchent de pr6s: transports, droits, commerce du charbon, production, importation, une foule ,de ren- seigniements dans lesquels il est impossible de le suivre ici.

IV. - La quatrieme partie est un expos6 des rapports entre 1'Etat et les mines. Le gouvernement surveille, reglemente, dirige tout. Le fait que l'Etat est proprietaire de la matiere exploitee lui permet d'ailleurs de poser ses conditions, et il les pose dis avant d'octroyer la concession: enquete serieuse sur ]es moyens financiers et les ca- pacites techniques du declarant, sur la valeur du gisement; la con- cession, si elle est accordee, ne l'est d'abord que provisoirement, pour un an; pendant ce temps, et dans la suite si elle devient defi- nitive, toutes les operations du concessionnaire soant soumises a une surveillance continuelle; parfois l'intendant fixe meme le prix du charbon et va jusqu'a r6glementer la quantite a extraire. C'est, a bien peu de chose pres, du socialisme d'Etat. II est vrai de dire quie les industriels subissent cette domination sans murmurer ._ sauf lors- qu'il est question des impots a payer - et souvent la sollicitent.

Mais il faut, pour exercer cette surveillance perptuaelle, une ad- ministration centrale et des inspecteurs. I faut une ecoile ou former les ingenieurs qui representeront l'Etat. De cette administration, cen- trale des mines ont fait partie, sous des titres divers (la forme de I'administration changeait souvent) des hommes dont le nom merite de rester dans l'histoire. Je ne retiens ici que les plus notoires: le contr6leur general BERTIN, qui donne ia 'administration et a l'in- dustrie miniere un essor puissant; l'inspecteur gen6ral MONNET, connu par ailleurs comme utn des adversaires de LAVOISIER; l'inten- dant de mines DOUET DE LA BOULLAYE, qui est le createur des bu- reaux de l'administration des mines et de l'Ecole des Mines; les commissaires du roi a la visite des mines DIETRICH, plus tard maire de Strasbourg et le mineralogiste FAUJAS DE SAINT-FOND; l'inspec- teur JARS. Je rel6ve parmi les noms des professeurs a l'Ecole des

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Mines, celui de SAGE, un des adversaires de LAVOISIER, lui aussi, et de HAiiY; ceux de DUHAMEL,1e collaborateur de JARS, de PRUD'HOMME, d'HASSENFRATZ.

V. - La derniere partie du travail de ROUFF traite la question plus connue de l'attitude de la Revolution a l'egard des proprie- taires du.sol -et des mines. Les proprietaires du sol n'avaient jamais desarm6 en face des concessionnaires; les cahiers des trois ordres sont pleins de leurs dole.ances a ce sujet. Le Gouvernement ne pou- vait pas eluder la question. L'auteur analyse longuement le lumi- neux rapport de REGNAULD D'EPERCY, d6pose le vingt mars 1791: le rapporteur concluait de son examen tres sincere, tres ((neutre ) si

je puis dire, de la situation de l'industrie miniere, que la propriete des mines ne peut appartenir qu'i la nation, le gouvernement devant en disposer au nom de tous; il deposait en mmne temps un projet de loi dont quarante articles visaient specialement les mines de charbon. La discussion commenca le jour mnme; son ampleur en fait un des debats economiques les plus importants de la Revolution. On salt la part qu'y prit MIRABEAU, et comment sa parole fit triom- pher le principe des (( mines a la nation)) dans la seance du 27 mars. Mais on sait aussi que cette loi, abondante en incoherences, ouvrit une periode de troubles, de chaos, qui devait durer jusqu'a la loi nouvelle de 1810.

L'etude de ROUFF se termine suir cette loi de 1791. J'ai cherche a donner une idee de l'importance que presente son travail au point de vue de l'histoire sociale d'un peuple - aucun autre sujet ne pou- vait, pour le XViIe siecle, fournir une telle matiere. - Mais ce que je n'ai pu montrer, c'est la vie qui remplit ce livre, et le rend captivant; IIOUFF n'a pa,s seulement 6crit une histoire des mines de charbon au xviwi" siecle, il en a vraiment ecrit l.a vie.

L. GUINET.

Bouvier, Robert. - La pensee d'ERNST MACH. Essai de biographie intellectuelle et de critique. xiv + 372 p., in-8?, un portrait. Librairie Au Velin d'Or, Paris 1923.

Physicien et historien de la physique, psychologue experimental, th6oricien de la methode scientifique -et de la connaissance en ge- neral, MACH (voir Isis, III, 122; IV, 167, 560-562), dont l'oeuvre se place dans la p6riode qui va de 1860 a 1915, incarne dans la penske allemande la preoccupation des hommes de science qui est l'une des marques de cette 6poque, et que l'on retrouve chez BOUTROUX, POIN- CARE, BERGSON, W. JAMES, etc. Mais MACH, dont la doctrine derive

Mines, celui de SAGE, un des adversaires de LAVOISIER, lui aussi, et de HAiiY; ceux de DUHAMEL,1e collaborateur de JARS, de PRUD'HOMME, d'HASSENFRATZ.

V. - La derniere partie du travail de ROUFF traite la question plus connue de l'attitude de la Revolution a l'egard des proprie- taires du.sol -et des mines. Les proprietaires du sol n'avaient jamais desarm6 en face des concessionnaires; les cahiers des trois ordres sont pleins de leurs dole.ances a ce sujet. Le Gouvernement ne pou- vait pas eluder la question. L'auteur analyse longuement le lumi- neux rapport de REGNAULD D'EPERCY, d6pose le vingt mars 1791: le rapporteur concluait de son examen tres sincere, tres ((neutre ) si

je puis dire, de la situation de l'industrie miniere, que la propriete des mines ne peut appartenir qu'i la nation, le gouvernement devant en disposer au nom de tous; il deposait en mmne temps un projet de loi dont quarante articles visaient specialement les mines de charbon. La discussion commenca le jour mnme; son ampleur en fait un des debats economiques les plus importants de la Revolution. On salt la part qu'y prit MIRABEAU, et comment sa parole fit triom- pher le principe des (( mines a la nation)) dans la seance du 27 mars. Mais on sait aussi que cette loi, abondante en incoherences, ouvrit une periode de troubles, de chaos, qui devait durer jusqu'a la loi nouvelle de 1810.

L'etude de ROUFF se termine suir cette loi de 1791. J'ai cherche a donner une idee de l'importance que presente son travail au point de vue de l'histoire sociale d'un peuple - aucun autre sujet ne pou- vait, pour le XViIe siecle, fournir une telle matiere. - Mais ce que je n'ai pu montrer, c'est la vie qui remplit ce livre, et le rend captivant; IIOUFF n'a pa,s seulement 6crit une histoire des mines de charbon au xviwi" siecle, il en a vraiment ecrit l.a vie.

L. GUINET.

Bouvier, Robert. - La pensee d'ERNST MACH. Essai de biographie intellectuelle et de critique. xiv + 372 p., in-8?, un portrait. Librairie Au Velin d'Or, Paris 1923.

Physicien et historien de la physique, psychologue experimental, th6oricien de la methode scientifique -et de la connaissance en ge- neral, MACH (voir Isis, III, 122; IV, 167, 560-562), dont l'oeuvre se place dans la p6riode qui va de 1860 a 1915, incarne dans la penske allemande la preoccupation des hommes de science qui est l'une des marques de cette 6poque, et que l'on retrouve chez BOUTROUX, POIN- CARE, BERGSON, W. JAMES, etc. Mais MACH, dont la doctrine derive

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