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1 Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis. Le journal des étudiants Département d’études françaises de l’Université de Waterloo Contact : [email protected] Numéro 4 Février 2010. Célébration de l’admission à la retraite du Pr. Delbert Russel Sommaire ...................................... Pages Éditorial....................................................... 2 Retraite de D. Russell ................................... 3 Entretien avec T. Collington ......................... 4 La nuit en rose ............................................. 8 La tire Sainte Catherine ................................ 9 Paris 1919 & Merci à Valerie et à Julie-Anne 11 Sexe et pouvoir ............................................ 12 Á livre ouvert............................................... 13 Recherche .................................................... 14 Poèmes et cœur grivois................................. 16 Entretien avec Inji ........................................ 17 Jeux............................................................. 19 Directrice de publication : Prof. Tara Collington Rédacteur en chef : Godrick Chékété Rédactrice en chef adjointe : Nadia Chelaru Chargé de la diffusion : Maria Petrescu Membres du comité de rédaction : Caroline Campbell-Seyler, Harjot Kaur Dosanjh, Cara lynn Flett, Vivek Ramakrishnan,Carla Toracchio

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Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

Le journal des étudiants Département d’études françaises de l’Université de Waterloo

Contact : [email protected] Numéro 4 Février 2010.

Célébration de l’admission à la retraite du Pr. Delbert Russel

Sommaire ...................................... Pages Éditorial....................................................... 2 Retraite de D. Russell ................................... 3 Entretien avec T. Collington ......................... 4 La nuit en rose ............................................. 8 La tire Sainte Catherine ................................ 9

Paris 1919 & Merci à Valerie et à Julie-Anne 11 Sexe et pouvoir ............................................ 12 Á livre ouvert ............................................... 13 Recherche .................................................... 14 Poèmes et cœur grivois................................. 16 Entretien avec Inji ........................................ 17 Jeux ............................................................. 19

Directrice de publication : Prof. Tara Collington

Rédacteur en chef :

Godrick Chékété

Rédactrice en chef adjointe :

Nadia Chelaru

Chargé de la diffusion : Maria Petrescu

Membres du comité de rédaction : Caroline Campbell-Seyler, Harjot Kaur

Dosanjh, Cara lynn Flett, Vivek

Ramakrishnan,Carla Toracchio

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Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

ÉDITORIAL

Vive l’année nouvelle !!!!!

Il vient un moment dans la vie où il

sied de marquer une pause et de mesurer

sereinement, mais très objectivement, la

distance parcourue sur le chemin de la

quête du savoir, de l’amour et surtout de la

réussite professionnelle ou universitaire

tout simplement. À ce moment crucial, les

questions affluent : sommes-nous toujours

à la hauteur de nos espérances, de nos

engagements et de nos projets ? Quelle

orientation nouvelle donner à notre vie

pour la faire resplendir autrement ? Un

tableau se présente à notre esprit.

Déroute ? Succès épisodiques ? Angoisse ?

Remise en cause de soi ? Ou joie d’aller de

l’avant… ? En tout cas, tout se dessine très

nettement. Impossible de se bercer

d’illusions. Alors que faire pour tirer un

meilleur parti du temps qui, lentement mais

sûrement, s’écoule et nous achemine vers

la fin dernière? L’esprit cède à la

méditation pour saisir notre place véritable

ici-bas et pour se lancer des défis sans

bornes en vue d’aller de l’avant au rythme

qui nous convient le mieux.

Quel moment autre que l’année

nouvelle se prête à cette introspection

bienfaisante ! L’année 2009 n’est plus

qu’un souvenir. Souvenir troublant pour

les uns, souvenirs fantastiques pour

d’autres. Qu’avons-nous fait de beau et de

grand ? Que nous reste-t-il à faire pour

bâtir seul, ou de concert avec les autres, un

monde uni, un monde rose, un monde

meilleur où la vie devient féerie et

célébration sans fin de la joie d’exister?

Qui d’autre que nous pourrait faire cet

examen de conscience ?

L’année 2009 aura consacré la

naissance de Quintessence. Trois numéros,

ce n’est rien. Mais, c’est suffisant pour

souffler fièrement une bougie, s’en réjouir,

et espérer des lendemains qui chantent et

satisfont les attentes de chacun de nous.

Qu’importent les embûches ! Ce sont

feuilles d’arbres jaunies par le temps, que

le vent emporte sur son passage et délaisse

au gré des opportunités ou de la

persévérance salvatrice. La vie suit son

cours, l’avenir se tisse en adéquation avec

nos aspirations profondes. Mais rien n’est

absolument rose ici-bas ! Que de

changements possibles mais

malheureusement non encore entrevus ? Le

temps qui rend tout meilleur saura nous

aider à continuer sur une lancée favorable

au progrès.

Ce numéro-ci se voudrait, dans une

certaine mesure, un regard rétrospectif

tourné vers les derniers événements

importants de l’année écoulée : le départ à

la retraite du Professeur Delbert Russell,

les activités du cercle français et l’entretien

avec le Professeur Tara Collington pour ne

citer que quelques exemples des articles de

ce numéro. Le reste, à vous de le

découvrir.

Une seule conclusion

encourageante : il n’y a rien de fait tant

qu’il reste à faire. En avant donc, chers

amis, pour de nouveaux défis et que cette

année 2010 comble les attentes de chacun

de nous sur le plan des études. Paix, santé,

joie, bonheur et une vie merveilleusement

bien remplie à chacun de nous. Bonne et

heureuse année 2010. Le soleil luit et luira

encore plus vivement pour le mieux-être de

chacun et de tous.

Godrick Chékété

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Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

Départ à la retraite du Professeur Delbert Russell Par Caroline Campbell-Seyler

Une trentaine de collègues, et

anciens et actuels, de Delbert Russell ainsi

que de nombreux étudiants des 2e et 3

e

cycles du département d’études françaises

se sont réunis le 1er décembre 2009 afin de

fêter à la fois l’illustre carrière de ce

professeur très apprécié et également sa

retraite, qui prend effet à compter du début

du trimestre d’hiver 2010.

La célébration en l’honneur de

Delbert et de sa femme Ruth a eu lieu au

Laurel Room de l’édifice South Campus

Hall, resplendissante de décorations des

fêtes et accompagnée d’un véritable festin

traditionnel de Noël. Les invités ont eu

l’occasion de lever leur verre pour cet

homme très humble tout en apprenant des

nombreux orateurs qui ont pris la parole,

l’importance de son influence dans

l’université au cours de sa carrière.

À travers les accolades faites par

Robert Kerton, Frank Tompa, Guy Poirier,

Christine McWebb et enfin par François

Paré, les participants au déjeuner ont pu

apprécier la mesure de l’humilité de cet

homme qu’on connaissait dans les rôles

qu’il a joués ici dans le département mais

dont on ignorait l’étendue : Directeur du

département, Directeur associé du

département et Doyen associé pour la

faculté des Arts, pour n’en nommer que

quelques-uns. Robert Kerton a témoigné de

l’indispensabilité de Dr. Russell dans la

faculté des Arts ainsi que de sa

disponibilité, de son ouverture d’esprit et

de sa patience infinie, tandis que Dr.

Tompa a présenté Delbert comme un

homme en avance sur son temps en

décrivant son expertise dans les domaines

de l’archivage et de la publication

électronique sans oublier également son

engagement et sa passion pour tout ce qui

touche à ces domaines.

Guy Poirier, directeur intérimaire

du département, a prononcé quelques mots

avant de lire une lettre de la part de

Fançois Paré, qui était au Mexique et qui

malheureusement n’a pu être présent lui-

même. Christine McWebb, la collègue qui

travaille le plus étroitement avec Dr.

Russell, a mis en exergue à la fois la

passion de Delbert pour le monde

numérique et son sens de l’humour

particulier avec son résumé de la carrière

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Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

de Delbert, qui était accompagné d’une

présentation audio-visuelle hilarante sous

format PowerPoint. À la fin des

présentations, on a présenté à Delbert et à

son épouse Ruth, au nom du département

d’études françaises, un certificat-cadeau

pour Air Canada afin qu’ils puissent

continuer de voyager en France comme ils

l’ont fait d’ailleurs à plusieurs reprises au

cours des années. Sauf qu’on les laisse

voyager seuls cette fois-ci, au lieu d’être

accompagnés par une foule d’étudiants de

1er cycle en échange à Nice.

C’est avec des sentiments mêlés

que nous disons au revoir à notre collègue,

professeur et ami. Nous lui souhaitons

beaucoup de bonheur et de repos avec sa

famille et ses petits-enfants; il nous

manquera sûrement beaucoup. Nous

espérons continuer de le voir ici et là dans

le département, surtout puisque son ‘bébé’

Margot est un projet toujours très

prometteur qui ne cessera de croître au

cours des années à venir.

Un grand merci à

DELBERT

Entretien avec le Professeur Tara Collington

Quintessence : Cher Professeur, de l’avis

de tous les étudiants, vous êtes, un

professeur passionné et passionnant dont le

maître-mot est la fermeté souriante. La

littérature contemporaine est votre champ

de recherche de prédilection. Lorsque l’on

vous rencontre pour la première fois, il y a

toujours ce sourire chaleureux, expression

de votre caractère jovial, et cet accueil

enthousiaste. Est-ce que notre portrait

lapidaire reçoit votre assentiment ?

T. C. : Oui, ce portrait me convient tout à

fait. Je suis une personne presque toujours

de très bonne humeur et, pour moi, c’est un

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privilège de partager mon intérêt pour la

littérature ainsi que mon enthousiasme

avec les étudiants.

Quintessence : Pourquoi avoir choisi de

vous consacrer à l’étude des textes et

auteurs du XXe siècle plutôt qu’à une autre

période de la littérature ?

T. C. : Cela remonte surtout à mes

expériences avec ma famille. Par exemple,

mon père, maintenant disparu, est né en

1914. Donc, il a connu le début de ce

siècle vraiment turbulent ; il a été

combattant pendant la deuxième guerre

mondiale en Europe. Ma mère a aussi

grandi en Europe et a connu cette guerre.

Et j’étais toujours fascinée par cette

période historique parce que, pour moi, il

ne s’agissait pas de l’histoire lointaine,

mais d’une réalité quotidienne dont on

parlait toujours chez moi. J’ai commencé à

m’intéresser au début du XXe siècle pour

des raisons personnelles parce que je

m’intéressais à l’histoire, mais aussi parce

que le début de ce siècle représente une

période mouvementée en ce qui concerne

les genres littéraires. Je pense au

surréalisme et au renouvellement du genre

romanesque par exemple. Le roman vit une

sorte de rupture avec le roman réaliste qui

culmine avec le nouveau roman. Alors mes

intérêts professionnels portaient toujours

sur la première moitié du XXe et sur des

auteurs tout à fait canoniques ou classiques

comme Gide, Camus et Sartre. C’est

récemment que j’ai commencé à me

consacrer à la littérature vraiment

contemporaine ou actuelle.

Quintessence : Pourriez-vous avoir la

bonté de nous raconter l’expérience de

votre première publication d’article dans

une revue scientifique?

T. C. : Cela remonte à 2000, l’année où j’ai

obtenu mon doctorat. L’année d’avant, en

1999, j’ai participé au colloque

international Mikhaïl Bakhtine à Berlin et

j’ai présenté un extrait de ma thèse, mais

traduit en anglais, qui portait sur une

comparaison des théories de Bakhtine sur

la temporalité à celles de Ricœur. Après

cette communication, on m’a demandé

d’envoyer mon texte remanié à la revue

canadienne Space and Culture. Je trouve

cette question intéressante parce que, à

l’époque où je préparais mon doctorat,

bien sûr, les étudiants participaient à des

colloques, mais je trouve qu’on avait plus

de temps pour être étudiant. Et ce n’était

pas du tout anormal de commencer à

publier vers la fin du doctorat. De nos

jours, il y a de plus en plus de pression sur

les étudiants pour commencer à participer

aux colloques et à publier des articles très

tôt dans leur parcours académique, et ce

dès la maîtrise ou le doctorat. C’est

pourquoi je m’intéresse à la formation et à

la professionnalisation de nos étudiants

pour les aider à franchir cette étape de

publication que j’ai pu franchir assez tard.

Quintessence : À quel moment est née

votre vocation de critique littéraire et

quelle est la première théorie ayant captivé

votre attention ?

T.C. : C’était l’été, après ma première

année à l’université. J’étais en vacances

chez des amis à Paris. En parcourant

l’étagère de leur bibliothèque, je suis

tombée sur SZ de Roland Barthes. Je l’ai lu

et ce fut une sorte de révélation pour moi

parce qu’en première année, on ne fait pas

d’analyse littéraire. J’ai découvert qu’on

pouvait faire une analyse détaillée des

textes littéraires. Après, avec Genette, j’ai

découvert la narratologie. Et donc cet été,

j’ai vraiment découvert ce qu’on peut faire

avec les textes littéraires.

Quintessence : Quelle est la théorie qui

vous captive ou vous fascine le plus ?

T. C. : Depuis toujours, ce sont les écrits

de Bakhtine pour plusieurs raisons. J’ai

découvert Bakhtine lors d’un séminaire de

maîtrise sur le Moyen-âge. Le texte de

Bakhtine a tout de suite retenu mon

attention. J’ai lu ses autres ouvrages. Il y a,

chez lui, une grande richesse d’idées. Mais

en même temps ses idées ne sont pas

toujours très bien développées. Donc cela

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laisse à d’autres critiques littéraires la

possibilité d’approfondir ses idées, de

trouver d’autres applications. Par exemple,

Bakhtine est très utilisé en études

cinématographiques. Or Bakhtine lui-

même n’a jamais parlé du cinéma. Que ce

soit le carnaval, le dialogisme, le

chronotope, j’ai trouvé chez lui une variété

et une richesse d’idées que les critiques

peuvent utiliser à leur gré. Chaque fois que

je relis les textes de Bakhtine, je trouve

une idée ou une phrase qui me frappent.

Pour moi, Bakhtine a encore de longs jours

devant lui.

Quintessence : Comment l’anglophone,

que vous êtes, en est arrivée à prendre goût

à l’étude et à la maîtrise de la langue

française ?

T. C. : Au lycée, en douzième année, j’ai

fait un échange en France et je vivais avec

une famille d’accueil qui avait une maison

en banlieue parisienne et un appartement à

Montparnasse. Alors, j’ai fait la moitié de

l’année scolaire au Canada et l’autre moitié

au Lycée polyvalent de Sèvres en France.

Ce séjour en France était décisif mais je ne

le savais pas à l’époque. Ensuite, je suis

revenue au Canada, j’ai tranquillement

terminé la treizième année de lycée

d’alors ; et l’année d’après, j’ai commencé

l’université où je me suis inscrite en

sciences. Je me suis très vite rendu compte

que je détestais mes matières obligatoires

notamment le calcul et la biologie. En

revanche, j’adorais mes unités libres, le

français et l’anglais. Sans le dire à mes

parents, à partir de janvier, je me suis

inscrite en faculté de lettres. C’était un

grand changement pour moi. Je ne savais

même pas que ce séjour en France avait eu

une si grande influence sur mon

développement intellectuel. C’est

seulement à l’université que je m’en suis

rendu compte. En fait, je viens d’une

famille de scientifiques.

Quintessence : Est-ce qu’il y a quelque

chose de particulier qui vous a marquée

lors de votre séjour en France ?

T. C. : La mère de ma famille d’accueil

était professeur au collège. Elle

m’emmenait au théâtre, à la Comédie

française. Nous avons vu Huis clos de

Sartre dans un petit théâtre de Saint-

Michel. Elle m’a acheté le théâtre complet

de Sartre pour le lire avec moi en vue

d’améliorer ma prononciation. C’est chez

eux que j’ai appris à aimer la littérature. Je

reste toujours en contact avec cette famille.

Mon livre leur est d’ailleurs dédié. Je leur

rends souvent visite. Mon mari et moi

avons même profité de leur appartement

pour notre lune de miel. Nous leur avons

aussi présenté nos filles. Cette famille

d’accueil est devenue ma famille

d’adoption française.

Quintessence : Quand je dis Jean-Paul

Sartre, La Nausée, quelle réminiscence ces

termes éveillent-ils en vous ?

T. C. : En maîtrise, j’ai suivi un séminaire

sur Sartre et Camus. J’ai fait mon exposé

oral sur La Nausée et le professeur a

vraiment aimé ma présentation orale. Il

m’a proposé donc d’envoyer une

proposition de communication aux sociétés

savantes. La communication a été

acceptée. Ma première communication

portait donc sur Sartre et, je m’en souviens

très bien, c’était à l’Île du Prince Edouard.

Plus tard, pour le doctorat, je suis revenue

à ce texte. La Nausée m’a accompagnée

tout au long de mon parcours académique.

Je l’ai aussi mis au programme du cours

FR 363. De temps à autre, il m’arrive de

recevoir un courriel d’un ancien étudiant.

Et c’est ce texte qui leur revient souvent en

mémoire. J’aime surtout, dans ce texte, la

réflexion sur la temporalité mais aussi, le

côté philosophique. Au niveau de la

classification générique de ce texte, on y

retrouve un côté surréaliste. J’aime cette

idée de mélange des genres.

Quintessence : Est-il un texte littéraire qui

fasse vibrer vos cordes sensibles au point

de vous faire entrer dans une

contemplation mystique et une jubilation

poétique ? En un mot, quel est l’auteur

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Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

dont la lecture fait toujours chavirer votre

esprit ?

T. C. : Il y en a plusieurs. Pour moi, c’est

par exemple Mémoires d’Hadrien de

Marguerite Yourcenar. C’est un livre que

j’ai recommandé ou offert à des membres

de mon entourage. Je trouve très

intéressant la réflexion d’Hadrien sur la

vie, le cheminement de ses amours et j’en

oublie. C’est très difficile de décrire

pourquoi, mais c’est un livre qui me touche

profondément. Je lis aussi beaucoup de

littérature canadienne. Les auteurs qui me

touchent le plus ? C’est Jane Urquhart,

surtout ses livres The Stone Carvers, et A

Map of Glass, sans oublier les livres de

Michael Ondaatje. La littérature

canadienne actuelle est aussi d’un très

grand intérêt. Pour moi, un ouvrage

marquant, c’est le côté philosophique mais

aussi la construction du récit ou encore la

beauté de l’écriture.

Quintessence : Selon vous, quel est le défi

qui attend un enseignant de littérature

aujourd’hui ?

T. C. : Deux choses pour les professeurs de

français. Le niveau linguistique des

étudiants varie tellement qu’il est difficile

de savoir si le texte au programme sera au

niveau des étudiants : il peut leur paraître

trop facile, trop difficile ou rébarbatif à

cause de la difficulté du vocabulaire,...

Deuxièmement, souvent les étudiants

n’ont pas l’habitude de la lecture. Lire des

romans et passer à l’analyse est un peu

difficile pour eux. Ou bien les étudiants ont

de moins en moins de cette connaissance

générale des mythes. Mais cela fait partie

de notre travail de montrer aux étudiants

les références, le sens des personnages

évoqués et d’autres aspects significatifs du

texte littéraire.

Quintessence : Quels sont vos projets pour

le futur ? Avez-vous l’intention d’écrire ou

de publier un livre très bientôt ?

T. C. : Je mène actuellement un projet de

recherche, subventionné par le CRSH, sur

l’adaptation. J’ai accumulé un certain

nombre de cas d’étude, pour ainsi dire, des

analyses textuelles que j’ai faites pour des

colloques et autres. Je dois maintenant

trouver un moyen de les organiser dans la

perspective d’un livre. Mais cela tarde à

venir. Je dois avouer que la rédaction d’un

article ou quelque chose comme un livre

ne vient pas naturellement pour moi. Cela

exige un effort même si j’aime faire de la

recherche.

Quintessence : Votre poète préféré ?

T. C. : Guillaume Apollinaire. L’aspect

ludique de son écriture poétique me

touche.

Quintessence : Vous n’êtes pas seulement

professeur. Vous êtes d’abord une épouse,

une mère de famille et une sœur. Pourriez-

vous nous parler de votre vie de famille et

à quoi vous vous occupez à vos heures de

loisir ? Il y a une tradition dans nos

interviews : un mot de tendresse à

l’adresse de l’époux ou de l’épouse de

notre invité. Quel sera donc le vôtre à

l’allié inconditionnel que la vie vous a

donné, votre époux ?

T. C. : Pour contextualiser, j’ai rencontré

mon mari en première année de lycée. Cela

fait à peu près vingt-cinq ans qu’on partage

tout : la vie quotidienne, la joie d’avoir des

enfants, le parcours académique et nous

partageons même un bureau à la maison. Il

est aussi professeur (d’anglais). Philip est

le premier à lire mes articles. Pour moi, sa

présence dans ma vie intellectuelle et

personnelle est indispensable et je pense

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Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

qu’il le sait… On partage tout. J’ai assisté

à la plupart de ses communications.

Quintessence : Cela fait-il de vous à votre

corps défendant un spécialiste de la

Renaissance aussi ?

T. C. : Je pense que je pourrais facilement

donner un séminaire sur Shakespeare. Et

lui d’ailleurs, il a participé au dernier

colloque sur Bakhtine. À force de tout

partager, on finit par s’intéresser au champ

de recherche de l’autre personne. Il y a un

véritable échange d’idées qui est là.

Quintessence : Je pourrais dire comme une

boutade que la meilleure manière d’avoir

un deuxième champ de recherche, c’est

d’épouser ….

T. C. : (Eclats de rire)

Quintessence : Nous ne saurions terminer

cet entretien sans vous demander, après

avoir brièvement écouté votre

cheminement musical, de nous chanter un

texte de votre répertoire classique.

T. C. : La musique joue un très grand rôle

dans ma vie. Toute la famille prend la

musique à cœur. Nous prenons tous des

leçons de musique. A l’école et à

l’université, j’ai toujours fait partie de la

chorale. Lors de mes études de premier

cycle, j’ai chanté trois saisons dans l’opéra

d’Hamilton. Ensuite j’ai dû abandonner

pendant un certain temps à cause des

études, de la venue des enfants, du premier

emploi. Puis en 2005, j’ai assisté avec mon

époux à un concert à Kitchener et j’ai

adoré la chanteuse, une jeune mezzo-

soprano très connue dans la région. C’est

mon époux qui m’a dit qu’il fallait rester

après le concert et lui parler pour savoir si

elle donnait des leçons de chant. Je pense

que c’est très important d’avoir un centre

d’intérêt autre que son domaine de

spécialisation. Et pour moi, c’est le chant.

La musique peut changer complètement

notre esprit. Je peux pleurer en écoutant de

la musique. La musique peut toucher

quelque chose de très sensible au cœur de

chacun. J’aime beaucoup, par exemple,

Fauré, Mozart, Haendel, Purcell. Grâce à

mon professeur de chant, je découvre une

variété de compositeurs classiques.

(Joie ultime et inoubliable de la rédaction :

le Professeur Tara Collington a pris soin de

nous chanter une merveilleuse mélodie.)

Quintessence : Votre mot de la fin à

l’endroit du corps professoral et des

étudiants

T. C. : Je dirai que je suis ravie de voir le

renouvellement du département depuis

quelques années, et surtout avec le début

du programme de doctorat. C’est un

département très actif, très chaleureux. Il y

a un bon contact entre les étudiants et les

professeurs aussi. J’apprécie énormément

le département, mes collègues et les

étudiants aussi. Je trouve qu’on forme une

petite famille à part.

Quintessence : Merci à vous, Professeur

Tara Collington.

Échos du département

La Nuit en rose 2010

Par Godrick Chékété

La troisième édition de La nuit en

rose, le bal annuel du département d’études

françaises, a largement comblé les attentes

de plus d’un invité. Et professeurs et

étudiants avaient revêtu leurs plus beaux

atours le 23 janvier dernier. Jeunes gens et

jeunes filles étaient, pour la circonstance,

majestueusement tirés à quatre épingles.

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Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

La fête fut belle, très belle et même

inoubliable.

Le samedi dernier, nombreux

étaient, en effet, les étudiants venus

prendre part à cette réjouissance qui

marque l’entrée dans la nouvelle année.

Vers six heures, l’Hôtel Delta de Kitchener

avait ouvert les portes de son hall à ses

plus illustres hôtes. Six heures trente,

l’ouverture du bar marquait le lancement

des festivités. A 19h30, le dîner était servi

pour le plus grand bien des invités. Puis

sonna promptement l’heure de passer à des

activités plus divertissantes. Quelques

morceaux des années 80, sans oublier les

mélodies de « La compagnie créole », ont

amené professeurs et étudiants à esquisser

des pas de danse époustouflants. Tout le

monde débordait de joie et

d’effervescence. Le temps de laisser le

rythme ragaillardir les cœurs et les corps,

le chef du département n’a pas manqué de

souhaiter la bienvenue à tous dans une

brève allocution. Valerie Miller a reçu les

vives félicitations du comité organisateur

pour son dévouement inlassable. Puis le

moment était venu de se plier allègrement

à la tradition de la danse de la chenille. Le

moment le plus divertissant de la soirée a

été l’agilité des dames à remuer des

cerceaux autour de leur bassin. Même

François n’a pas hésité à se prêter au jeu.

Quelle ne fut pas la surprise générale de

voir la dextérité avec laquelle le Professeur

Christine McWebb a tenu, sourire aux

lèvres, la dragée haute à ses rivales et

rivaux ! Le dernier mot est quand même

revenu à une étudiante pour son talent

indétrônable en la matière. L’heure

lentement s’est écoulée au son de mélodies

endiablées où les uns et les autres

rivalisaient d’adresse pour mettre en

évidence leur jeu de scène.

Dernier événement propre à

susciter le rire, l’épreuve de la barre

horizontale. Filles et garçons se devaient

de passer en souplesse sous une barre qui

ne cessait de descendre et de descendre.

Très vite, les garçons ont jeté l’éponge.

Comme quoi, la souplesse n’est pas leur

point fort. Une fois de plus, la palme est

revenue à une étudiante. Son nom….. En

un mot, la soirée fut belle, explosive et

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bien longue. Merci à Valerie, Tara,

Cynthia et toutes les autres pour cette

troisième édition de la Nuit en rose

pleinement réussie. Au plaisir de se

retrouver l’année prochaine et de

contempler l’agilité captivante des roses

de la nuit.

Le Tire Sainte Catherine à Waterloo

Par Harjot Kaur Dosanjh

Mercredi 18 Novembre 2009.

WATERLOO- Le Cercle Français de

l’Université de Waterloo est un groupe

d’étudiants qui célèbrent la culture

française. Le jeudi 18 novembre passé, le

Cercle Français a organisé une soirée pour

célébrer la culture québécoise avec la Tire

Sainte Catherine. Il y avait des affiches

partout sur le campus de Waterloo, des

courriels qui étaient envoyés à tous les

étudiants en études françaises, et des

annonces faites en classe pour avertir tout

le monde de la Tire Sainte Catherine.

D’habitude la Tire Sainte Catherine est un

événement célébré le 25 Novembre, mais

les étudiants de Waterloo l’ont célébré

plutôt le 12 Novembre. La Tire est une

tradition québécoise pour les filles âgées

de 25 ans ou plus mais confinées, à

contrecœur, dans le célibat. On les

appelait des Catherinettes, en référence à

la sainte-patronne des filles célibataires,

Sainte Catherine. La Tire était une façon

d’attirer un mari pour ces filles en

montrant aux hommes leur talent de

cuisinière car les hommes voulaient une

femme qui puisse bien cuisiner! La Tire à

Waterloo était ouverte à tout le monde,

même les hommes étaient les bienvenus

pour aider à faire la Tire!

Beaucoup de gens sont venus, notamment

des membres du département d’études

françaises de l’Université de Waterloo, des

étudiants en études françaises, des

anglophones, et même quelques étudiants

d’échanges internationaux! Tout le monde

a collaboré pour montrer ses talents

culinaires; même les hommes ont aidé! Il y

a eu une petite présentation du Cercle

Français pour expliquer la Tire et ensuite

un jeu avec des prix pour les gens qui ont

bien répondu aux questions au sujet de la

Tire. Il y avait ensuite des personnes qui

combinaient tous les ingrédients, tandis

que les autres préparaient les appareils

pour ‘tirer’. Des groupes de deux se sont

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Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

beaucoup amusés en tirant ce bonbon

collant. Ils ont eu besoin de beurrer leurs

mains plusieurs fois pour s’assurer que la

tire ne s’y colle pas! C’était une grande

mission de couper tous les longs filaments

de tire et de les envelopper. Les gens qui

pensaient qu’il n’y aurait pas suffisamment

de bonbons pour tout le monde ont été

agréablement surpris. Tout bien considéré,

ce fut une belle soirée québécoise où tout

le monde s’est amusé à manger ce beau

bonbon collant. À l’année prochaine!

Compte rendu du film Paris 1919

Par Carla Toracchio

Le 4 novembre 2009, les étudiants

de deuxième cycle sont allés visionner le

film Paris 1919 au cinéma Princesse. Ce

film, inspiré du livre de Margaret

Macmillan Paris 1919, Six months that

changed the world, illustre la conférence

de paix qui a eu lieu à Paris juste après

l’armistice, le 11 novembre 1918. Pendant

six mois, des milliers de politiciens et de

diplomates se sont présentés à Paris, au

centre de la conférence sur la ‘paix’ après

la Première Guerre Mondiale, afin de

‘négocier’ un traité—le Traité de

Versailles. La conférence de paix à Paris a

vu la disparition de deux Empires ainsi que

la création de nouvelles frontières en

Europe ainsi qu’en Asie. Le film illustre

directement, avec une note de pessimisme,

que cette conférence n’était pas une

conférence de ‘paix’ ; la volonté de se

venger de l’Allemagne était le sentiment

partagé par diverses nations affectées par

la guerre. Cependant, Woodrow Wilson,

président des Etats-Unis à l’époque, a

souligné que la paix ne devrait jamais être

négociée par les émotions. Un aspect très

frappant, présent dans ce film, est la

question des soldats perdus. Le film

soulignait que c’était la première fois dans

l’histoire que des nations ont essayé de

mettre un prix pour tous les soldats perdus

pendant la guerre ; c’est-à-dire, que les

pays qui ont perdu des soldats lors de la

guerre voulaient que l’Allemagne paie

pour ces pertes. Evidemment, un grand

problème se pose : combien coûte une

vie humaine? En gros, le film a été très

bien réalisé, cependant, on ne s’attendait

pas à ce que ce film soit un documentaire

en anglais. En outre, ce film nous a laissés

un sentiment d’amertume face à l’avarice

de l’homme. En effet, tous les diplomates

présents à la conférence ne voulaient que

de la terre et du territoire à la base et non

pas la paix. Néanmoins, la dernière

réplique du film était très frappante, « It

would take a second world war for the

world to finaly understand how to properly

negotiate peace. »

Merci à nos deux fées

Ce sont nos anges tutélaires. Elles

ont pour nom Valerie Miller et Julie-Anne

Desrochers. Leur plus grande joie est de

nous servir. Que de fois ne nous pressons-

nous pas de les harceler de questions ?

Jamais le sourire ne s’efface de leur visage.

Au contraire, avec une joie réelle, elle se

font un véritable plaisir de nous aider à

débrouiller l’écheveau de nos inquiétudes

du moment. Elles sont à la croisée de deux

mondes : le monde des professeurs et celui

des étudiants. Mais nous ne sentons aucun

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Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

poids accablant peser sur leurs frêles

épaules. Bien au contraire, elles débordent

d’enthousiasme et de vitalité dans une

complémentarité utile à notre bonheur. Qui

plus est, elles veillent sur nous à la manière

des fées. Sur elle, nous nous déchargeons

allègrement de nos embarras académiques

et/ou administratifs puisque le système n’a

aucun secret pour elles. Pas une seule fois,

leur soutien ne nous fait défaut. Plus d’un

étudiant tiendra ce discours élogieux. Alors

qu’il nous soit permis, au nom de tous les

étudiants du département d’études

françaises, de leur rendre un vibrant

hommages en leur exprimant, à travers

notre journal, pour une fois au moins,

notre sincère gratitude et nos

remerciements infinis pour leur

dévouement incomparable et leur

gentillesse apaisante. Un milliard de merci

à Julie-Anne et à Valerie. Vous êtes

spéciales à nos yeux et précieuses dans nos

cœurs.

Et pour finir, un supplément de

sincères remerciements à Valerie Miller

pour avoir eu l’ingénieuse idée de prendre

une photo révélatrice de l’exiguïté du

bureau des étudiants de 2e et 3

e cycles. Au

concours organisé par le bureau du doyen,

cette photo a remporté le deuxième prix :

un bureau supplémentaire. Mille fois merci

à toi, Valerie.

La Rédaction

Entre les lignes

LE SEXE ET LE POUVOIR

Par Maria Petrescu

« Ne pas croire qu’en disant oui au sexe,

on dit non au pouvoir …. » (Michel

Foucault. Histoire de la sexualité, tome 1 :

La Volonté de savoir, Paris : Gallimard,

1978, p. 207-208.)

On croyait qu’après des siècles où

l’interdit, alimenté entre autres par le

christianisme, aurait régné sur la sexualité,

la psychanalyse nous faisait finalement

comprendre l’importance du sexe et

rendait possible la libération sexuelle. Je

vois aujourd’hui sur Internet une

surabondance de poèmes et de textes en

prose dont les auteurs poursuivent avec

fierté cette direction. Michel Foucault

estime, par contre, que Freud n’a fait autre

chose que de mettre le sexe en discours.

Qui plus est, il attire notre attention sur le

contrôle exercé par le pouvoir moderne

moyennant l’idée du sexe.

Il me semble que nous vivons dans

le monde des idées que Foucault a lancées.

On peut les reconnaître dans une variété de

propos appartenant au type de discours

qu’il a initié. Je ne suis pas toujours

d’accord avec ses thèses, mais je trouve

qu’il y a au moins deux raisons qui

justifient la lecture de ses ouvrages :

premièrement, pour comprendre le monde

où nous vivons ; ensuite, parce que, même

si on n’est pas d’accord avec lui ou bien

s’il s’est trompé dans certains cas,

Foucault a été un de ces esprits

visionnaires qui ont eu l’intuition exacte

des vérités essentielles pour les époques où

ils ont vécues.

L’auteur de l’Histoire de la

sexualité considère que, si le christianisme

a introduit la culpabilité et la surveillance

sexuelle pour contrôler la population, il

n’est pas moins vrai qu’aujourd’hui le

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Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

pouvoir essaie de nous manipuler par

l’instauration d’une monarchie du sexe.

Nous sommes provoqués, soutient-il, à

dépenser une quantité énorme d’énergie et

à canaliser tout notre effort imaginatif dans

l’exploration de la sexualité. On nous fait

croire que par là nous exprimons notre

liberté, alors qu’en fait, nous sommes

subjugués par des fantasmes créés

artificiellement. Foucault, fidèle à la

doctrine marxiste, utilise l’expression

« dispositif de sexualité », pour désigner

toutes les stratégies et les armes utilisées

par le pouvoir pour nous manipuler et nous

assujettir par l’intermédiaire de l’idée du

sexe.

Je peux facilement imaginer une

nation formée d’individus auxquels on

prêche, au nom de l’abolition d’anciens

interdits, cette quête de « liberté »

hallucinatoire. Comment pourraient-ils

s’opposer au pouvoir, alors que toutes les

ressources qui leur restent après le labeur

sont habilement dirigées vers la découverte

des pulsions obscures qui feraient d’eux

des êtres inaccomplis ?

Écoutons Foucault qui, dans un

style tout aussi séduisant que celui de son

prédécesseur, Nietzsche, nous fait

découvrir à bout de souffle cette

perspective particulière :

«On évoque souvent les

innombrables procédés par lesquels le

christianisme ancien nous aurait fait

détester le corps ; mais songeons un peu à

toutes ces ruses par lesquelles, depuis

plusieurs siècles, on nous a fait aimer le

sexe, par lesquelles on nous a rendu

désirable de le connaître … ; par

lesquelles on nous a culpabilisés de

l’avoir si longtemps méconnu. Ce sont

elles qui mériteraient, aujourd’hui,

d’étonner. Et nous devons songer qu’un

jour, peut-être, dans une autre économie

des corps et des plaisirs, on ne comprendra

plus bien comment les ruses de la

sexualité, et du pouvoir qui en soutient

le dispositif, sont parvenues à nous

soumettre à cette austère monarchie du

sexe, au point de nous vouer à la tâche

indéfinie de forcer son secret …. Ironie

de ce dispositif : il nous fait croire qu’il

y va de notre « libération ».

(Foucault, La Volonté de savoir, p. 210-

211. Souligné par moi – M. P.).

Á livre ouvert

Une étude des rapports médiévaux

dans le mariage

Par CARA LYNN FLETT

Le rapport entre l’homme et la

femme dans Le Lai du laustic et La Farce

du cuvier est déterminé par le public pour

lequel ces œuvres sont destinées. Le Lai

est très raffiné et présente un monde

courtois dans lequel « le rêve tient une

place plus importante que la réalité » (« Le

Lai du laustic (LL) », Moments littéraires,

p. 19). La Farce, par contre, dépeint la

réalité grossière d’un ménage bourgeois

dont le mari souhaite drôlement que sa

réalité fût un rêve. Tandis que le rapport

entre les sexes est idolâtré dans Le Lai,

dans La Farce, il est aussi sale que la

lessive.

Dans Le Lai, le chevalier est le chef

de la famille. Il commande les

domestiques et s'attend à ce que chacun

suive ses ordres. Quand le rossignol

menace son domaine, en interrompant le

sommeil de son épouse, il rassemble tous

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Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

ses domestiques pour la protéger contre le

chant du rossignol. Son épouse l’appelle

«Seigneur » (LL, p. 21, l. 40) parce qu’il

est littéralement son maître. La jeune

femme est un membre de la société

courtoise médiévale et doit obéir à son

mari et respecter sa réputation élevée.

Le rapport entre Jaquinot et

Jeannette est diamétralement opposé au

rapport entre le chevalier et son épouse.

Le chevalier se trouve en haut de la

pyramide aristocratique, dominant son

épouse et son amoureux courtois, le

bachelier, qui lui se trouve en bas. Dans la

famille de Jaquinot, la pyramide

domestique est tournée à l'envers dans une

lutte comique pour la puissance entre

Jaquinot et son épouse alliée à sa belle-

mère. Le chevalier est lié par le devoir de

rétablir le silence de la nuit pour son

épouse tandis que Jeannette souhaite que

son mari soit silencieux et effectue plus de

devoirs : « Quoi ! Vous restez à ne rien

faire !/ Vous feriez bien mieux de vous

taire ! » (La Farce du cuvier (LF),

Moments littéraires, p. 25, l. 23-24).

Le bachelier et la belle-mère jouent

également des rôles importants dans les

mariages des deux couples. Ils intensifient

le conflit dans le rapport entre les maris et

les épouses de manière radicalement

différente. Le bachelier, qui est renommé

pour « sa courtoisie et sa grande valeur »

(LL, p. 20, l. 11), se comporte toujours

correctement et est physiquement séparé de

la jeune femme par un mur bien haut.

Jaquette, par contre, intervient

quotidiennement dans le mariage de

Jaquinot et déclare même qu'il est du droit

de sa fille de le battre avec « une trique »

(LF, p. 26, l. 37) quand il n'obéit pas !

En conclusion, la classe sociale

dicte les rapports entre l’homme et la

femme dans ces œuvres. L’amour de la

jeune femme pour le bachelier est un rêve

chevaleresque, expression d’un idéal, qui

ne peut plus exister face à la réalité jalouse

de son mari. Il y a plus d'égalité dans le

rapport bourgeois de Jaquinot et de

Jeannette. À la fin, quand Jeannette

déclare : « Je veux être votre servante »

(LF, p. 33, l. 271) elle décrit le rôle que

Jaquinot a toujours joué.

Source:

Bette G. Hirsch et Chantal P. Thompson.

Moments littéraires: An Anthology for

Intermediate French. New York:

Houghton Mifflin Company, 2006.

Recherche

Souvenir d’un colloque à Mc Gill

Par Nadia Chelaru

Le 5 novembre 2009, j’ai découvert

pour la première fois la ville de Montréal.

Mon but principal était de participer au

colloque « Lire, traduire et écrire l’image »

à l’Université McGill.

Après avoir voyagé une heure en

avion, je suis arrivée finalement dans le

quartier Viau où Audrey Wilhelmy, mon

hôtesse m’attendait.

Le colloque a été ouvert par la

conférence de M. Olivier Dyens « La 3e

oralité : art, technologies et disparition de

l’humanité ». Je savais que ma présentation

aura lieu le lendemain. La première

journée, j’ai donc essayé d’assister aux

communications les plus intéressantes dans

les deux salles des conférences. Après

avoir découvert de nouveaux écrivains

comme Sophie Calle, ou Aki Shimazaki

mon attention a été captée par l’image

comme outil génétique chez Anny Dupery,

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Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

Antonin Artaud ou dans les carnets des

écrivains.

Le plus touchant m’a paru l’exposé

d’Elise Krundenier, étudiante à l’université

de Wisconsin Madison, qui a parlé de « La

sensibilité et la Vertu : Les illustrations de

Paul et Virginie ». Dans les deux images :

La traversée de la rivière et Le Naufrage,

le bonheur fusionnel et la douleur de la

séparation montraient la subjectivité du

spectateur face à la photographie.

Ma présentation sur L’image

poétique et idolâtre chez Cioran a réveillé

le public par son unicité : Cioran nous fait

voir l’autre facette de l’image, la faille

dans l’image. Le colloque s’est achevé

avec la présentation de Dr. Angela Cozea,

sur l’image des animaux : « Un art pour les

bêtes : Gherasim Luca et Paul Klee,

phonographes ».

La petite réception au restaurant

« Les 3 brasseurs » n’a pas eu lieu, car

toute l’équipe est restée au rez-de chaussée

de la maison des étudiants gradués pour

faire la fête, sur les lieux du colloque.

Comme j’avais déjà trop fait la fête, car la

nourriture et les boissons (non-alcoolisées,

je précise) étaient en abondance, je me suis

dit que c’était l’image de la ville qui me

manquait pour que ce colloque soit réussi.

J’ai quitté ainsi l’Université McGill.

Rendue au centre ville, les sapins de

Noël fraîchement décorés m’ont incitée

une fois de plus à l’aventure : la

découverte des livres. De la librairie

Indigo, je suis sortie chargée de quelques

livres philosophiques, utiles à mon

doctorat : Pascal, Nietzsche, La Bible,

Cioran, Bergson. Ensuite, je me suis acheté

un petit ordinateur portable, à Future Shop.

La soirée n’était pas finie car, avec mon

amie Ziyan, doctorante à l’université de

Dalhousie, Halifax, on a fait les magasins,

et j’ai gaspillé encore de l’argent, pour

quelques vêtements, cette fois-ci.

La troisième journée était réservée à

l’aventure dans la ville. Nous avons pris le

métro de la station Berry -UQAM et on

s’est arrêtés à la première station : Champ

de Mars. Notre objectif, c’était le port.

Accompagnée de ma nouvelle amie Ziyan,

on a réussi à voir un peu la ville : le vieux

Montréal : la Basilique Notre Dame (la

plus belle du monde, d’après moi), le port,

les petites rues des artistes. J’aurais voulu

faire une promenade en calèche, mais le

froid avait eu raison de ma volonté.

Comme les peintures étaient assez chères

pour mes poches, j’ai réussi à

photographier quelques-unes, même si je

n’en avais pas le droit.

Sur le chemin du retour, j’ai regardé le

centre-ville par la fenêtre de mon bus.

« Un jour je reviendrai… », me suis-je dit.

Cette ville ressemble beaucoup aux pays

européens, et c’était la seule ville du

Canada à laquelle j’ai pu m’identifier. La

nostalgie de mon pays m’avait envahie, car

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Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

j’avais visité, d’après moi, l’Europe.

Pourquoi est-ce que je cherche une ville

pour m’y attacher ? Suis-je déracinée ?

Même si mes amis m’ont averti de

certaines difficultés à comprendre le

français québécois, je n’ai eu aucun

problème : je me suis senti comme chez

moi. Ai-je changé de langue maternelle ?

Si non, je sens que cela va arriver bientôt !

Peut-être avec mon prochain voyage.

Coin du poète

L’oiseau

L’oiseau descend

Sur le lac

Il rit fortement

Il est blanc, élégant et gracieux

Je lui souris de façon admirative

Il s’envole

Le lac ne peut pas s’envoler

Du moins pour l’instant

Vivek Ramakrishnan

L’âme en abîme

La vérité surgira à la surface

et cela arrive tant de fois…

Les trésors resteront enterrés

jusqu’à ce que l’amour rêvé apparaisse.

Le levée du soleil brillera toujours pareil

jusqu'à ce que le monde disparaisse.

Ta vie sera un immense abîme

jusqu'à ce que tu trouves ton amour

Et quand la vie disparaîtra de la Terre

Mon l’amour, lui aussi disparaîtra.

La mort est l’Inconnu qui nous sépare et

qui nous lie dans ce monde.

Nadia Chelaru et Bogdan

Désespoir

Toute la vie on court après une chimère

Et on tourne autour du Soleil.

Dès notre naissance on est condamné à la

mort.

Le décès est la fin apothéotique de chaque

vie,

Les hommes ne vivent pas pour vivre, mais

ils vivent pour mourir.

Comme tout être aura un épilogue

ténébreux et très triste,

À quoi bon naître si on doit mourir ?

Nadia Chelaru et Bogdan

Cœur grivois

Hiver satiné.

C’est l’hiver, ma sublime

Valentine. En moi neige à satiété ton

plaisir. Enchanteresse, ta nature verse des

flocons d’allégresse. Et d’amour frissonne

mon cœur. Tout blanchit. Ma joie grandit.

Clair est l’horizon comme l’hiver de tes

yeux verts. Il neige dans mon corps. Et

d’euphorie s’enflamme ma raison sous les

augures de l’hiver satiné. La froidure

m’engourdit. Mon corps t’appelle mon

soleil et mon ardeur proclame la saison de

notre bonheur. A l’ombre de tes bras, je

givre de ta douceur. Ton amour me

dégourdit. Clair est le ciel comme les

rayons de tes yeux. Tes muscles me

grisent. A ton feu, je suis prise. Le vent

glacial hurle la grandiloquence de ce jour

avide d’intimité. Tu es l’avalanche de

neige qui me couvre et me recouvre de

frissons à la lisière des embuscades de tes

bravades. Mon esprit se découvre en

contemplation culminante sur le siège de

tes embrassades. En moi neige ton plaisir.

Et d’amour chante mon cœur. Éprise de

cette fièvre mienne, dans cette guerre

hivernale, ta foudre me réchauffe et fait

resplendir le siège de mon éternité.

Par Godrick Chékété

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Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

Entretien avec Inji Saleh

Lorsque j’ai rencontré pour la

première fois Inji, j’ai été

fascinée par ses grands yeux

verts. J’avais l’impression d’y voir toutes

les eaux qui séparent l’Amérique de

l’Egypte, mais aussi un calme

indescriptible qui me renvoyait vers

d’autres mondes, pleins de sérénité.

Inji Saleh est étudiante à

l’Université du Caire, en Egypte. Pendant

le trimestre d’automne 2009, elle s’est

trouvée à Waterloo. Inji a travaillé avec

Madame Christine McWebb pour le site

Margot sur un nouveau projet qui est la

numérisation d’une chanson de geste

française anonyme (qui date de 1310),

intitulée Lion de Bourges. Cette chanson

de geste a été traduite et adaptée par

l’écrivaine allemande Elisabeth von

Nassau-Saarbrücken au quinzième siècle

et porte le titre Herpin en allemand. Le

travail d’Inji consistait à baliser à peu près

60 folios de ce texte Lion de Bourges qui

est très long (180 folios au total). Le

balisage avait été commencé par Dahlia El

Seguiny, notre première étudiante du Caire

et avait été poursuivi par Tara Hargrave et

Julia Nash pendant l’été 2009. Voici le lien

précis :

http://margot.uwaterloo.ca/margotFren/pro

jet_f.html . Selon les informations reçues

de Madame Christine McWebb, pour ce

nouveau site, le prototype a déjà été

développé et le travail d’Inji ainsi qu’une

description du projet, du texte, sans

oublier les résumés de chapitres seront

publiés sur MARGOT d’ici à la fin du

trimestre.

Maria Petrescu : Inji, merci beaucoup

d’avoir accepté mon invitation. Cela me

fait plaisir de te connaître et de te faire

connaître à nos collègues.

Inji Saleh : Merci également.

M. P. : Je voudrais te demander quel est le

but de ta présence ici et quel est le travail

auquel tu te dédies dans le Département

d’études françaises de Waterloo.

I. S. : Je participe au projet Margot dirigé

par Professeure Christine McWebb. Je suis

ici pour un seul trimestre, de septembre

jusqu’à décembre. Le projet Margot est

connu ici. J’ai beaucoup aimé en faire

partie, c’est nouveau pour moi, c’est une

expérience qui m’a beaucoup instruite.

M. P. : Est-ce qu’il y a de tels projets, à

l’Université de Caire, d’où tu viens ?

I. S. : Non, pas vraiment. Dans le

Département de langue française, on n’est

pas spécialisé dans le domaine du Moyen

Âge. On enseigne des cours sur la

littérature de cette époque, mais je pense

qu’il n’y a pas de professeur spécialiste du

Moyen Âge, ce qui n’est pas le cas ici, car

vous avez beaucoup de spécialistes du

Moyen Âge, donc c’est différent.

M. P. : Quel est le travail que tu fais pour

le projet Margot ?

I. S. : C’est un travail d’encodage,

essentiellement l’encodage électronique,

donc ce sont des textes publiés au Moyen

Âge. Moi, je travaille sur un nouveau

projet, qui est la numérisation d’une

chanson de geste française, Lion de

Bourges. Ce sont deux tomes à faire

paraître en ligne. Je dois lire le texte et je

dois l’encoder.

M. P. : Est-ce que tu étais déjà habituée à

ce travail d’encodage ?

I. S. : Non, c’est la première fois que je le

fais, ici, c’est une nouvelle expérience. Je

n’en avais aucune idée à vrai dire, mais

Christine m’a bien éclairée, elle m’a

montré le tout et j’ai compris ce que j’ai à

faire.

M. P. : Alors, tu te spécialises sur le

Moyen Âge ?

I. S. : Non. Au Caire, ma spécialisation est

la linguistique. J’aime ce domaine. Le sujet

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Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

de ma thèse porte sur la lexicographie et la

sociolinguistique en même temps. J’ai

participé avec mes professeurs au

département à l’élaboration d’un

dictionnaire électronique français-arabe,

arabe-français. J’ai décidé par la suite de

continuer mes recherches dans la

lexicographie. J’ai beaucoup discuté avec

la directrice de ma thèse, Professeure

Madiha Doss, et nous avons choisi de faire

la comparaison entre deux dictionnaires

monolingues, l’un de langue arabe et

l’autre de langue française. Je n’ai pas

voulu faire un travail trop théorique, donc

j’ai choisi le point de vue de la

sociolinguistique, parce qu’elle rend les

choses plus concrètes.

M. P. : Quelles différences as-tu remarqué

entre l’Université du Caire et celle du

Canada ?

I. S. : En ce qui concerne le département,

c’est l’activité même qui est différente. Au

Caire, nous avons la littérature française, la

littérature comparée, la littérature

maghrébine, la linguistique – ce sont les

domaines de spécialisation dans le

Département de langue française. Ici, c’est

plus spécialisé : la littérature du Moyen

Âge, de la Renaissance, du XVIIe, du XIX

e

siècles, etc. Ici, j’ai beaucoup aimé l’idée

des cafés-rencontres. En Egypte, nous

aussi, nous organisons des colloques dans

la Faculté de Lettres et tout le monde y

participe, les jeunes chercheurs et les

professeurs. Parfois, nous organisons des

colloques entre les départements de langue

arabe et de langue française.

M. P. : Est-ce que tu as pu observer

d’autres différences, concernant la vie

estudiantine par exemple ?

I. S. : Oui, j’ai aimé le « frosh week », la

semaine qui précède le début de l’année

scolaire. Les décorations, les compétitions,

tout le monde était enthousiaste – c’est

quelque chose qu’on n’a pas au Caire. J’ai

beaucoup aimé cette atmosphère de joie.

M. P. : Je voudrais te demander si

l’université du Caire est aussi bien

informatisée que celle du Canada. Ici, on

trouve toutes ou presque toutes les

informations sur l’internet. On peut

s’inscrire dans un cours sur l’Internet, on

peut renoncer à un cours, payer les frais

de scolarité, etc. Est-ce que c’est la même

chose au Caire ?

I. S. : Je pense qu’on commence un peu à

le faire, mais ce n’est pas comme ici.

M. P. : - Là-bas, donc, si tu veux payer les

frais ou t’inscrire dans les cours, tu dois

aller dans un bureau.

I. S. : Oui. Je pense que ça va changer, car

déjà on utilise beaucoup plus les moyens

technologiques maintenant. Les étudiants

peuvent voir leurs notes affichées sur

l’internet, par exemple.

M. P. : Eh bien, tu viens d’un pays chaud

(Inji rit, car elle anticipe ma question).

Quelques mots sur le climat.

I. S. : C’était le choc au début ! le gros

choc !! Lorsque je suis arrivée, au mois de

septembre, j’ai trouvé qu’il faisait froid…

M. P. : … déjà ?

I. S. : Oui ! On me disait : mais non, tu ne

peux pas continuer comme ça, tu n’as pas

encore vu le mois de novembre, ni celui de

décembre, qu’est-ce que tu vas faire ?

Alors, je me suis dit... peut-être pourrais- je

résister un peu au froid. J’essaie

maintenant de m’adapter, de sortir, de ne

pas laisser le climat me manipuler. Je sors

beaucoup, même s’il pleut. En Egypte,

normalement il fait chaud et nous avons du

soleil toute l’année. Il y aussi trois mois

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Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

d’hiver. Mais l’hiver n’est pas comme ici.

Je n’ai jamais vu la neige.

M. P. : Jamais ?

I. S. : Non, je n’ai jamais vu la neige !

M. P. : Est-ce qu’il y a eu d’autres choses

qui t’ont impressionnée ici ?

I. S. : A, oui, j’aime beaucoup la verdure, il

y en a beaucoup. Il n’y a pas beaucoup de

monde, ce n’est pas une ville encombrée.

Au Caire, où je vis, c’est surpeuplé. C’est

la capitale ; on essaie d’y échapper un peu.

M. P. : Il y a une autre chose ici : on ne

voit pas trop de gens dans la rue, car la

plupart circulent en voiture.

I. S. : Oui, au Caire, on peut sortir à 10h du

soir, marcher dans la rue, car il y a

beaucoup de monde dans les magasins, la

ville est vivante.

M. P. : Inji, je te remercie beaucoup de cet

entretien et te souhaite beaucoup de succès

dans tes études, à Waterloo et au Caire.

I. S. : Moi aussi, je te remercie.

Jeux

JEU –CONCOURS

Les plus célèbres auteurs français et

québécois

Je vous propose un rebus sur les

auteurs français et québécois. Vous devez

compléter avec le nom de famille des

auteurs et non par leurs prénoms. J’attends

vos réponses à mon adresse électronique

[email protected]. Le gagnant

aura un prix.

Horizontalement :

1. Poète français, auteur des Fleurs

du mal.

3. Auteure québécoise,

Gabrielle…………..

5. Moraliste français, pour lequel

«L’homme vit en conformité avec la

nature ».

7. Auteur du roman Germinal.

9. Marguerite………….., auteure du

roman Moderato cantabile.

11. Dramaturge français, auteur de

la pièce Phèdre.

13. Gargantua et Pantagruel sont les

œuvres de…………………………

15. La prisonnière et À l’ombre des

jeunes filles en fleurs sont écrits par

…….

17. Philosophe et écrivain français

célèbre pour sa théorie sur

l’existentialisme.

19. Les Misérables est un de ses

remarquables romans.

21. Philosophe et écrivain français

préromantique, connu pour ses

œuvres : Emile et Confessions.

23. Auteur français connu pour son

roman Madame Bovary.

Verticalement :

1. Eugénie Grandet est un de ses

romans réalistes.

2. Son héros est Meursault qui

n’éprouve aucun sentiment lors de la

mort de sa mère.

4. Michel……………a écrit

Vendredi ou les limbes du Pacifique.

6. Un de ses héros s’appelle Julien

Sorel.

8. Moraliste français qui affirme que

« Le cœur a ses raisons que la raison

ne connaît pas ».

9. Jacques le fataliste est son héros.

10. Dramaturge québécois qui a

écrit Les Muses Orphelines.

12. Poète français, auteur des poèmes

À la musique et Le dormeur du val

14. Candide est l’un de ses héros

éponymes les plus connus…………..

16. Mme de ………….. a écrit le

roman Corinne ou l’Italie

18. Alexandre……………. a écrit

Les trois mousquetaires.

20. L’avare et Le Misanthrope sont

ses pièces les plus connues pièces.

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Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

22. Le tour du monde en 80 jours a

été écrit par……….