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OCÉANOGRAPHIE
Notes et documents nQ 22
1984
Notes et Documents
OcÉANOGRAPHlE
üRSTüM
TAHITI
- 1984 -
- 1 -
PRE A MB UL E
Les archipels de Polynésie comportent 120 îles, parmi lesquel
les 74 atolls se répartissent principalement dans l'archipel des Tuamotu
Gambier. Dans ces atolls, la superficie des formations récifales et lago
naires (12.500 km2 environ) représente approximativement 17 fois plus que
celle des terres émergées (inférieure à 700 km2). La surface des lagons
d'atolls représente grossièrement la 1/500è partie de la zone économique
exclusive polynésienne. Par leur étendue et les ressources naturelles
qu'ils renferment, ces lagons constituent une part essentielle du patri
moine de la Polynésie. Enclaves fortement productrices au sein d'un océan
oligotrophe, ils constituent des unités fonctionnelles complexes et émi
nemment fragiles, qui n'ont suscité l'intérêt de la communauté scientifi
que internationale que depuis une trentaine d'années. Aussi, trop d'as
pects.des pr~cessus de leur production biologique restent énigmatiques.
Leurs potentialités ne pourront être préservées que par un amé
nagement d'une exploitation en cours de mutation et de développement. Les
normes à définir se fonderont sur l'acquisition des connaissances appro
fondies, sur les mécanismes de leur fonctionnement et sur l'évaluation
de leur fertilité.
L'Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer
souhaite apporter sa contribution à l'étude des écosystèmes lagonaires
en mettant en oeuvre un programme de recherche appelé programme "ATOLL".
LE·PROGRAMME "ATOLL"
Le programme atoll focalise son intérêt sur le fonctionnement
de l'écosystème lagonaire par l'étude des mécanismes aboutissant à la
production biologique, et notamment à sa fraction d'intérêt économique.
Les actions de recherche sont centrées sur deux atolls cibles·, sélec
tionnés par la morphologie du lagon et par l'exploitation des ressources
naturelles. Ces deux îles sont TIKEHAU d'une part, atoll ouvert par une
passe et de nombreux hoa où une pêche artisanale des poissons de lagon
est bien développée, et TAKAPOTO d'autre part, atoll fermé qui abrite
un stock naturel de nacres exploité pour la perliculture.
- 2 -
Le programme est articulé en plusieurs opérations complémentai
res qui étudient les ressources exploitées, les facteurs incidents sur
la prospérité des populations exploitées et l'évolution de l'exploita
tion à travers les facteurs humains.
Dans l'état actuel des effectifs scientifiques participant au'
programme, six opérations ont été lancées. Ce sont:
1 - Halieutique - Biologie et dynamique des populations des principales
espèces de poissons exploitées.
Etude de la pêcherie et de la capture (enquêtes)
- Biologie des espèces et dynamique des populations (croissance,
mortalité, recrutement, évaluation du stock).
2 - Huîtres perlières - Biologie et dynamique des populations de nacres.
- Evaluation de la biomasse (directe en plongée)
- Biologie de l'espèce (croissance, mortalité, fécondité, recru-
tement).
3 - Environnement - Caractéristiques physiques et chimiques des lagons •.
- Etude des échanges océan-lagon
- Evaluation de la réserve en azote et phosphore.
4 - Matière organique particu1aire - Cycle de la M.O.P.
- Composition chimique, production, consommation, reminéra1isa-. '
tion.
5 - Habitats - Détermination et répartition des principaux habitats.
- Caractères internes (faune et flore)
- Caractères externes (environnement)
- Répartition.
6 - Socio-économique - La pêche artisanale.
- Etude du secteur d'activité et impact en matière de revenus
- Etude des filières de commercialisation.
- 3 -
Il est probable que de nouvelles opérations pourront être mises
en oeuvre dans un avenir proche, comme par exemple l'étude de la matière
organique particulaire benthique.
Ce programme a démarré à la fin de 1982 et s'est développé depuis
grâce à l'acquisition de moyens complémentaires tant au laboratoire que
sur le terrain. Une antenne permanente a pu être créé sur l'atoll et les
équipes scientifiques bénéficient d'une infrastructure dotée des moyens
nécessaires sur les lieux mêmes, qui peut accueillir les chercheurs ex
térieurs à l'office. En effet, une collaboration étroite est menée avec
les autres organismes de recherche et les services territoriaux, concré
tisée par des actions conjointes ou coordonnées. Les résultats acquis
sur ces deux atolls, considérés comme types, constitueront une référence
pour l'élargissement ultérieur de l'étude à d'autres îles du territoire.
La publication suivante traite des premiers résultats acquis sur
l'atoll de TlKEHAU par les scientifiques de l'office et par les chercheurs
d'organismes extérieurs, illustrant ainsi la collaboration développée dans
le cadre de ce programme.
Le responsable du programme atoll.
A. INTES
Centre ORSTOM de TAHITIB.P. 529 - PAPEETE Polynésie Française
- 4 -
POL Y NES l E FRA N CAl S E
O.R.S.T.O.M.
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L'ATOLL
André INTES
Océanographe biologiste de l'O.R.S.T.O.M.
Centre O.R.S.T.O.M. de TAHITI - B.P. 529 - PapeetePolynésie Française
INTES (A.), 1984 - Présentat~on générale de l'atoll - in "L'atollde Tikehau (archipel des Tuamotu, Polynésie Française)premiers résultats". O.R.S.T.O.M. Tahiti~ Notes et Doc.Océanogr.~ 22: 4, 12.
- 5 -
INTRODUCTION
L'atoll de Tikehau se situe au nord-ouest de l'archipel des
Tuamotu, par 15° de latitude sud et 148°10' de longitude ouest, entre les
îles de Mataiva et Rangiroa (figure 1).
Mataiva, atoll le plus occidental de l'archipel est de tail
le modeste (une vingtaine de kilomètres carrés de superficie) et son la
gon présente la caractéristique, unique en Polynésie, de posséder une
structure réticulée. Rangiroa s'étend à 7 milles à l'est de Tikehau :
c'est le plus grand atoll de Polynésie avec une surface lagonaire d'en
viron 2000 kilomètres carrés'. De forme arrondie, Tikehau est de taille
intermédiaire avec.un lagon d'environ 230 km2 et approximativement 20
kilomètres carrés de terres émergées (figure 2).
Situé dans la zone intertropicale du pacifique sud, Tikehau
est soumis au régime des alizés engendrant des vents dominants de secteur
est ou nord-est. Cependant, en hiver austral notamment, on peut observer
des vents de secteur sud-est d'intensité et de durée variables. Au cours
de l'année 1983, l'atoll a été durement touché par les cyclones "ORAMA"
(février) et "VEENA" (avril) qui ont provoqué des destructions importan
tes sur les biens de la population et sur l'environnement.
1 -'pE0G~HIE SOMMAIRE
1.1. Population
Environ 300 personnes vivent en permanence à Tikehau, la
plupart dans le village de TUHERAHERA situé sur l~îlot sud-ouest. Une
fraction de cette population est très mobile : les gens se rendent dans
ces îles avoisinantes par leurs propres moyens (speed boats) ou en em
pruntant les dessertes aérienne ou maritime, le plus souvent pour des
raisons familiales. Les mouvements vers Tahiti sont également importants
et sont justifiés par la scolarité des enfants ou par des exigences pro
fessionnelles ou administratives.
POLYNESIE FRANCAISE
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ARCHIPEL DES MARQUISES
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Figure 1 - Les archipels de la Polynésie Française. La flèche indique la positionde l'atoll de Tikehau dans la partie nord-ouest des îles Tuamotu.(carte extraite de OFAI, Bulletin de liaison de l'antenne de Tahiti duMuseum d'Histoire Naturelle).
15'SlIIl
PISSI
Mol.IO""'.
Figure 2 - L'atoll de Tikehau.
148'10· D...,
TII{EHAU
lS'Sud
IU.Jl0111 ''''lIti
- 8 -
1.2. Activités
Deux activités essentielles assurant l'économie de produc
tion de l'atoll: le coprah et la pêche.
x Le coprah. Tous les "motu" (terres émergées) colonisables par la
végétation ont été plantés de cocotiers. Des ouvriers vivent dans les
campements du "secteur" (plantation éloignée du village) quelques jours
par semaine pour récolter le coprah et entretenir la cocoteraie.
x La pêche. La pêche est essentiellement réalisée au moyen de parcs
à poissons et le produit est expédié vers le marché de Papeete par la
"goélette" hebdomadaire. Des captures d'appoint sont faites soit à la li
gne (fond ou traine), soit au fusil (pupuhi) pour l'autoconsommation et
parfois pour l'expédition. Une vingtaine de personnes travaillent régu
lièrement sur les parcs les plus productifs. La quasi totalité de ces
parcs est implantée au niveau de la passe et ici encore les profession
nels vivent sur leur lieu de travail, dans un village annexe, cinq à six
jours par semaine.
1.3. Dessertes
x Liaisons aériennes. Une piste aménagée sur le motu du village per
met à la compagnie Air Polynésie d'assurer un vol hebdomadaire sur le vol
Papeete - Rangiroa - Tikehau - Mataiva.
~ Liaisons maritimes. Des goélettes appartenant à des armements pri
vés touchent régulièrement Tikehau.
- La goélette "RAIROA NUI" effectue une rotation par semai
ne pour recueillir le poisson capturé qui est transporté jusqu'à Papeete
(20 heures de route) sur glace. C'est un navire d'une vingtaine de mètres
et d'une capacité de 15 tonnes. Il va accoster au village seulement lors
qu'il transporte un frêt suffisant. Le plus souvent, il se contente de
mouiller dans le lagon, près de la passe, et les manutentions de marchan
dises ou de poissons se font alors en baleinière.
- 9 -
- La goélette "MANAVA" assure un approvisionnement en four
nitures générales tous les mois et charge le coprah. C'est un navire
d'une quarantaine de mètres.
A l'intérieur du lagon, un chenal balisé permet de naviguer
en sécurité entre les pâtés de coraux depuis la passe jusqu'au village
(distance 7 milles). Dans la région du village, les bords du lagon descen
dent en pente douce jusqu'à un petit tombant situé à une centaine de mè
tres du rivage. Un quai en béton, utilisable par les voitures et les trac
teurs, a été construit pour faciliter les manutentions. Un hangar munici
pal permet de stocker les marchandises à l'entrée de ce qua1.
2 - ESQUISSE "GEOMORPHOLOGIQUE DE L'ATOLL. (Figure 2)
2. 1. La couronne
La couronne se présente comme un anneau discontinu de terres
émergées ("motu"), séparées par des chenaux d'échange entre le lagon et
l'océan ("hoa") ou des zones de platier recouvertes d'une mince couche
d'eau. Elle est entaillée d'un accident plus prononcé sur la côte ouest
la "passe" dont l'influence sur les caractéristiques hydrologiques du la
gon est prépondérante.
La couronne de Tikehau mesure environ 75 kilomètres de pé
rimètre et sa largeur oscil.1e entre 1300 mètres dans ses zones les plus
développées de la côte sud et moins de 400 mètres dans les parties les
plus étroites de la côte nord (par largeur de la couronne, il est entendu
la distance séparant la crête algale du récif externe et le bord du lagoti).
Cet anneau, d'origine récifale, est exclusivement consti
tué de calcaires organiques encore en place ou sous forme de débris vé
hiculés par l'action hydrodynamique.
Les formations géologiques de la zone émergée ne semblent
pas sensiblement différentes de celles observées à Takapoto (Tuamotu du
nord) par CHEVALIER et al., (1979) (1). On retrouve le même conglomérat
(1) CHEVALIER (J.P.), DE~IZOT (M.), RICARD (M.), SALVAT (A.) et VASSEUR (P.),1979 - Géomorphologie de l'atoll de Takapoto - J. Soc. )c~a~istes, 35(62) =9, 15.
- 10 -
anc1en de manière systématique du côté du large et seulement de place en
place du côté du lagon. Ce conglomérat présente l'ensemble des caracté
ristiques décrites par ces auteurs. Situé normalement au-dessus du niveau
des basses mers, ce socle a subi une érosion chimique et biologique inten
se de sa tranche supérieure et se trouve maintenant presque totalement im
mergé au niveau du platier récifal. Aucune datation n'a encore été avancée
pour cette formation à Tikehau.
Ces dépôts meubles se superposent au conglomérat de façon dis
continue et forment les "motu". Ces dépôts sont constitués soit de débris
arrachés au socle ancien, soit de squelettes d'organismes actuels vivant
sur la pente externe ou dans le lagon charriés par l'action hydro-dynamique.
Le "motu" le plus important, appelé TEMARUQPAPAHIA s'étend au
nord-est de la couronne et mesure 17 kilomètres de long. Peu élevé au-dessus
du niveau de la mer, il a été submergé durant le passage des cyclones. Le
platier externe est très réduit à ce niveau, surtout dans la partie sep
tentrionale oft il ne s'étend que sur une centaine de mètres.
Le village de TUHERAHERA est installé sur le deuxième îlot par
~ang d'importance, situé au sud~ouest de l'atoll et qui mesure 4 kilomètres
de long. Le platier externe est plus développé dans cette région où il peut
atte~ndre 300 mètres de largeur. rI est parsemé de mégablocs. Ces deux
"m.otu" s'allongent en suivant la forme de la couronne et ont une largeur
variante de 200 à 800 mètres.
Au sud-est d'une diagonale sud-ouest - nor~-est, on observe
de nombreux îlots de petite taille, parfois réduits à un banc de sable
dépourvu de végétation, de forme soit circulaire, soit allongée transver
salement à la couronne.
Au nord-ouest de la même diagonale, les îlots sont générale
ment de tailles plus importantes, tous recouverts de végétation, souvent
en forme de croissant dont la concavité est tournée vers le lagon.
Du côté du large et en particulier sur les côtes exposées,
les dépôts meubles sont plus grossiers et plus abondants ; ils prennent
parfois l'aspect de véritables "levées", en remaniement constant sous
- II -
l'effet de la houle du large qui franchit le récif. Ces "levées" peuvent
atteindre jusqu'à 3 mètres de hauteur. On retrouve ce genre de formation
de part et d'autre de la passe, cependant plus développée sur la côte nord.
Les dépôts sédimentaires sont souvent indurés en grès de
plage ou "beach rock" qui se présente sous forme de dalles légèrement in
clinées vers la mer et situées au niveau des hautes eaux. Des fragments
plus ou moins importants de ces dalles sont bouleversés par les tempêtes
et leur arrachement laisse une cicatrice blanche qui tranche sur la cou
leur généralement grisâtre de l'ensemble.
2.2. Le l~gon
Le lagon comporte quelques îlots émergées répartis plutôt
dans le secteur sud-est. La partie sud-ouest, notamment entre la passe
et le vill~ge, présente une forte densité de pâtés coralliens effleurants
("kCl1'ena") ou totalement submergés ("ma1'ahi"). Ces pâtés sont pratique
ment absents du reste du lagon. Les quelques radiales d'échosondage qui
ont pu être effectuées n'ont pas révélé de profondeurs supérieurs à 36
mètres (centre est). La grande majorité du fond du lagon se présente com
me une cuvette de n~ture presque exclusivement sédimentaire, d'une profon
deur moyenne de l'ordre de 30 mètres.
Le lagon de Tikehau est caractérisé par l'intensité de ses
échanges ~vec l'océ~n. Sur toute la côte sud-est, les chenaux ("hoa")
sont extrêmement nombreux: en effet 17 chenaux actifs ont été dénombrés
sur une dis.t~nce de 4 kilomètres. Leur profondeur est généralement très
faible ~u niveau du platier externe (20 à 50 centimètres) et devient plus
importante vers le débouché sur le lagon où elle varie de 50 centimètres
à 2 mètres. Certains de ces chenaux atteignent une largeur de 100 mètres
et le cour~nt observé est généralement rentrant. De tels "hoa" existent
également sur les côtes nord et ouest, mais ils sont beaucoup moins nom
breux.
La passe mesure environ 200 mètres de large dans sa partie
la plus étroite et les plus faibles profondeurs, 4 mètres, se situent du
côté du lagon. Les parcs de pêche sont répartis dans la zone peu profonde
- 12 -
du côté du lagon ou même sur les bords de la passe. Par mauvais temps de
secteur nord, la houle du large rentre jusque dans le lagon et peut pro
voquer des destructions importantes à la pêcherie. Les courants sont vio
lents, atteignent 5 noeuds, et produisent un mascaret prononcé en rencon
trant les eaux océaniques. Le fond de la passe est ainsi raboté en per
manence sans que la sédimentation y soit possible et le conglomérat an
cien apparaît sous forme de dalle pratiquement lisse.
3 - CONCLUSION
L'atoll de Tikehau présente un lagon caractérisé par l'in
tensité des échanges avec l'océan à travers une passe et de nombreux che
naux actifs. La profondeur moyenne est relativement faible, de l'ordre
de 30 mètres et le lit du lagon semble peu accidenté. Les pinacles effleu
rants sont rares excepté dans la zone sud-ouest.
Une exploitation artisanale des poissons lagonaires s'est
développée au voisinage de la passe et constitue à l'heure actuelle la
seule mise en valeur d'une ressource naturelle marine sur cet atoll.
- 13 -
POL Y NES l E FRA N C AIS E
O.R.S.T.O.M.
QuELQUES CARACTtRISTIQUES DE LA
MAT1ÈRE ORGAN 1QUE PART1CULA1RE DU LAGON
Loic CHARPY
Océanographe biologiste de l'O.R.S.T.O.M.
Centre O.R.S.T.O.M. de TAHITI - B.P. 529 - PapeetePolynésie Française
CHARPY (L.), 1984 - Quelques caractéristiques de matière organiqueparticulaire du lagon - in "L'atoll de Tikehau (archipeldes Tuamotu, Polynésie Française) premiers résultats".O.R.S.T.O.M. Tahiti~Notes et Doc. OcéanogT'.~ 22 :13, 34.
- 14 -
RESUME
La matière organique particulaire (MOP) du lagon de l'atoll
de Tikehau (Tuamotu, Polynésie Française) a été étudiée en octobre-novembre
1982 et mars 1983.
La biomasse phytoplanctonique estimée par la chlorophylle
est faible (0,13 mg/m3) et ne représente que 1 à 2 % du carbone particu
laire. Nous avons pu cependant observer une association phytoplancton
détritus probablement dûe à la présence de bactériœreminéralisantœsur
la MOP.
Le phytoplancton est constitué essentiellement par de l'ul
traplancton (~ 5 ~m) ce qui nous laisse présager des rapports Production/
Biomasse très élevés.
ABSTRACT
Particulate Organic Matter were studied in october-november
1982 and march 1983 in the Tikehau lagoon (Tuamotu, French Polynesia).
Phytoplankton biomass (Chlorophyll) was low (0,13 mg/m3)
and represented only 1 - 2 % of particulate carbon. We could observe an
association phytoplankton - detritus, probably in relation with the pre
sence of bacteria on the MOP.
Ultraplankton represented the greatest part of phytoplank
ton assemblage so we can expect a high Production/Biomass ratio.
- 15 -
INTRODUCTION
La matière organique particulaire (MOP) des eaux lagonaires
représente une importante part dans l'alimentation des producteurs secon
daires. Elle reflète par sa qualité et sa quantité les différentes produc
tions qui sont à son origine et dont les estimations s'avèrent très dif
ficiles.
Les objectifs de notre étude qU1 doit s'étendre sur quatre
années de prélèvements sont
- Evolution temporelle et spatiale de la MOP
- Origine de la MOP
- Cycles de l'azote et du phosphore
Utilisation de la MOP par les producteurs secondaires.
Le travail présenté rend compte des premiers résultats ob
tenus en 1982 et 1983.
1 - MATERIEL ET METHODES
Deux missions ont été réalisées en octobre-novembre 1982
et mars 1983. Durant la première, une radiale de 5 stations allant du vil
lage de Tuherahera jusqu'à 1 ~~ au large d~ la passe a été réalisée 10 fois,
et 14 stations du lagon ont été visitées une fois (fig. 1). Les prélève
ments d'eaux et mesures ont été effectués en surface, au fond et à un ni
veau intermédiaire en ce qui concerne le lagon, et en surface, à - 10 m
et à - 30 m, à l'extérieur. Durant la deuxième mission, 23 stations ont
été réalisées dont deux à l'extérieur de la passe aux mêmes niveaux que
précédemment, excepté dans le lagon où la profondeur intermédiaire a été
remplacée par un prélèvement à - 10 m. La température, salinité, pourcen
tage de transmission de la lumière ont été mesurés avec des sondes. La
chlorophylle-~ et la phéophytine-a ont été dosées par fluorimétrie
(YENTSCH et MENZEL, 1963). Des préfiltrations ont été effectuées sur toi
le de polyamide de maille de taille 100 ~, 40 ~ et 5 ~. La composition
en carbone, azote et phosphore de la MOP a été estimée après filtration
de 600 ml à 800 ml d'eau sur filtre GFC. Le phosphore est minéralisé par
- 16 -
l'action du persulfate de potassium à 1100 C (MENZEL et CORWIN, 1965).
Les teneurs en Cp et Np ont été déterminées après combustion dans un ana
lyseur CHN (GORDON et SUTCLIFFE, 1973).
2 - RESULTATS
Les intervalles de confiance des moyennes des différents
paramètres étudi~s sont reportés dans les tableaux 1 et 2.
2.1. Paramètres physiques
La mission d'octobre-novembre s'est déroulée à la fin de la
saison sèche qui correspond à une période de réchauffement des eaux
(ROUGERIE et al., 1982) ; leur température s'établissait entre 28° et
29 q C. Durant la mission de mars, les températures observées sont alors
nettement plus élevées, atteignant 30° - 31 0 C dans le lagon et 28,4°
~Oo C à l'extérieur.
En octobre-novembre les moyennes des salinités étaient i
dentiques pour les eaux de l'intérieur et de l'extérieur du lagon
(36, 35 %0)' Au contraire, en mars, les eaux du lagon étaient très nette
ment dessalées par rapport aux eaux extérieures.
Le pourcentage moyen de transmission de la lumière est du
même o~dre de grandeur en octobre-novembre et en mars. Il est surtout
fonction de l'état de la mer et il est particulièrement élevé dans la cu
vette profonde du lagon.
2.2. Chlorophylle-a
Les résultats d'octobre-novembre montrent que la chlorophyl
le reste relativement constante dans le lagon (fig. 2), les variations
observées à la station 1 étant dûes au sens du courant. Les valeurs obser
vées dans le lagon sont en moyenne trois fois plus élevées que celles des
eaux du large (fig. 3).
- 17 -
Ces teneurs sont trois fois plus faibles que celles rencon
trées par SOURNIA et RICARD (1976) en août dans le lagon de Takapoto,
mais se rapprochent de celles observées par GUEREDRAT et ROUGERIE (1978),
en août 1977 et mars 1978, dans la partie nord-est de ce même lagon.
Dans l'atoll de Mururoa (Tuamotu) les teneurs en chlorophylle rencon
trées par ROUGERIE et al., (1980) sont nettement plus élevées (~ 0,40 mg/
m3) ; GROS et al., (1980) observent des valeurs du même ordre que celles
rencontrées à Tikehau (0,13 mg/m3) dans les zones les plus pauvres de la
partie nord-ouest du lagon de Rangiroa.
Le pourcentage de chlorophylle active est remarquablement
constant (fig. 4).
2.3. Seston
Les teneurs en carbone particu1aire (Cp) et azote particu
1aire (Np) sont très élevées et présentent des variations considérables
dans le temps (fig. 5 et 6) et l'espace (fig. 7 et 8). Elles sont parti
culièrement fortes à la fin du mois d'octobre. Les teneurs en phosphore
particu1aire (Pp) sont relativement beaucoup plus faibles surtout en mars
1983.
3 - INTERPRETATION
Durant les deux missions, nous avons pu observer que le la
gon se remplissait au niveau des "Hoa" (chenaux nord et nord-est qui re
lient :L'océan au lagon), et se vidait par les "Hoa" sud-ouest et, surtout,
par l~ passe située à l'ouest.
Bien que l'on n'observe pas à cette époque de notables dif
férences de- sa1;i.nité entre l' extédeur -et .le-:1agon, le temps de transit
l~gonaire est suffisant pour que les caractéristiques biologiques de l'eau
soient modifiées.
Les rapports (C : N : P) moyen du seston sont différents en
octobre et en mars et sont tous les deux différents de ceux donnés par
REDFlELD (1942) ; cependant, les valeurs de Cp sont surestimées par la
- 18 -
présence de carbonate de calcium sur les filtres ; on peut estimer cet-
te augmentation à l'aide de l'ordonnée à l'origine de la droite de régres
sion de Cp en Np (tableaux 3 et 4), ce qui nous donne en moyenne 22 % en
octobre-novembre et 35 % en mars. La pente de la droite représente alors
le rapport CINo
Malgré l'incertitude portant sur les teneurs en carbone
particu1aire, on peut estimer à partir de la relation de RYTHER et MENZEL
(1965) : Carbone phytop1anctonique = 50 x ch1orophy11e-a et en utilisant
les rapports moyens Cp/Chlorophylle observés que 0,4 % du Cp est d'origi
ne phytop1anctonique en octobre-novembre, soit 0,5 % du COP et 1,3 % du
Cp en mars, soit 2 % du COP (on obtient le COP en enlevant au Cp la part
dûe au carbonate de calcium).
On note donc la très faible participation du phytoplancton
dans la MOP du lagon ; cependant si on observe les corrélations Cp x chlo
rophylle et Np x chlorophylle en mars, on s'aperçoit qu'elles sont très
hautement significatives (R = 0,34 et 0,36), que la pente est très élevée
et que seul 15 % du Cp n'est statistiquement pas associé à la cb1orophy1
le (ordonnée à l'origine de la droite de régression de Cp en chlorophyl
le/moyenne de Cp ; BAN5E, 1977). Ceci signifierait que les organismes
chlorophylliens-sont associés aux détritus, soit parce qu'il existe une
relation phytoplancton-détritus (qui peut-être une ass-ociation a1gues
bactéries présentes sur la MOP), soit parce que leur distribution spatia
le est la même. FUHRMAN et al., (19BO) ont observé des rapports Cp/chlo
rophylle très élevés en présence de bactério-p1ancton. Des mesures d'ATP
devraient nous permettre de compléter nos connaissances sur la biomasse
microbienne.
L'examen de la répartition par classe de taille des orga
nismes chlorophylliens (tableau 5) montre l'importance de l'ultra-planc
ton (taille < 5 ~m), qui représente de 47 % à 100 % de la biomasse avec
une moyenne de 78 %. De tels résultats ont déjà été observés par de nom
breux auteurs dans l'Atlantique équatorial par HERBLAND et LE BOUTEILLER
(19B1) qui ont trouvé que 40 à 60 % de la chlorophylle passaient à tra
vers 1 ~m ; Mc CARTHY et al., (1974) observent que Bl,3.% de la biomasse
phytop1anctonique de "Chesapeake Bay" a une taille inférieure à 10 ~ ;
- 19 -
dans les eaux du lagon de la Grande Barrière de Corail, REVELANTE et
GILMARTIN (1982) observent que le nano-plancton « 20 ~m) représente de
49 à 73 % de la biomasse phytoplanctonique ; WAUTHY et al., (1968), à
partir d'une méthode indirecte, avaient présumé l'importance de l'ultra
plancton dans le Pacifique central. REID (1982) par comptage, démontre
l'importance du nano-plancton et du pico-plancton « 2 ~m) dans des ai
res très différentes; YENTSCH (1983) a observé que de petits organismes
chlorophylliens passent en quantité non négligeable à travers les filtres
GFC.
La petitesse du phytoplancton du lagon nous montre que seu
le une technique globale d'estimation de la biomasse est utilisable; en
effet les sédimentations classiques d'UTERMOHL ne considèrent que le micro
plancton et les adaptations proposés par DESROSIERES (1971), REID (1983),
HEWES et HOLM-HANSEN (1983) demandent trop de temps et de plus l'identi
fication très difficile des organismes diminue l'intérêt de ces techni
ques. Le suivi de la répartition des classes de tailles du phytoplancton
par préfiltration reste cependant très important, car de nomb~eux auteurs
ont constaté qu'il existait une corrélation inverse entre la taille et le
rapport production sur biomasse ; CHRETIENNOT-DtNET (1982) a observé ceci
en baie de Concarneau et elle recommande l'utilisation de filtre à pore
pour les préfiltrations, car les mailles des toiles de polyamide étant
extensibles laissent passer des organismes dont la taille est supérieure
à celle indiquée par le fabricant.
t' CONCLUSION
Ces premiers résultats nous montrent la pauvreté du phyto
plancton lagonaLre et la petite taille des organismes qui le compose,
L'origine des importantes teneurs en carbone et azote particulaires doit
donc être recherchée dans d'autres types de production primaire (benthi
que ou symbiotique). L'estimation de l'activité hétérotrophe dans le la
gon ser~ probablement primordiale pour établir les cycles de l'azote et
du phosphore; les échanges d'eaux au niveau de la passe et des "Hoa"
devront être étudiés pour déterminer le temps de transit lagonaire et
estimer l'enrichissement en MOP des eaux océaniques entourant l'atoll.
- 20 -
Un problème apparaît: l'importance de la MOP dans le lagon
reflète-t-elle une forte production primaire donc un besoin considérable
en azote et phosphore minéral, que les eaux océaniques superficielles oli
gotrophes entourant l'atoll ne peuvent assurer, ou est-elle le résultat
d'une accumulation?
- 21 -
TABLEAU 1 - Intervalles de confiance de la moyenne des différents paramètres (coefficient de sécurité = 95 %) étudiés à TIKEHAU du 9/10/82 au 3/11/82.
Paramètre Observations
Lagon
Intervalle deconfiance
Extérieur (# 1)
-------- ---------------------Observa- Intervalle de
tians confiance
Température (OC)Salinité (%o)% Transmission lumièreChlorophylle-a (mg/m3 )
Pheophytine-a (mg/m3 )
% Chlorophylle-aPp (mg/l)Np (mg/!)Cp (mg/l)Cp/Np (poids)Cp/Pp (poids)Np/P (poids)Cp/Chlorophylle-a
13313310413413413486
1221221228585
119
28,5 + 0,136,3i+ 0,06
79 + 20,13+ 0,010,05+ 0,004
753:! 2 _3
5 , 4 • 10- + 0, 8 • 100,18+ 0,041,18+ 0,187,02+ 0,56305 + 60-49 + 12
9948 + 1734
30302630303517313131181830
28,4 + 0, 136,29+ 0,06
97 + 10,05+ 0,010,03+ 0,01
703:! 6 _3
2,7.10- + 0,4.100,17+ 0,101,12+ 0,508,13+ 2,2616 + 42485 + 74-31883 + 15532
TABLEAU 2 - Intervalles de confiance des moyennes des différentsparamètres (coefficient de sécurité 95 %) étudiésà TIKEHAU du 28/03/83 au 31/03/83.
Paramètre Observa- Intervalle detians confiance
Température (OC) 63 30,1 + 0,2Salinité (%o) 63 35,80 + 0,10% Transmission lumière 54 78,6 + 2Chlorophylle-a (mg/m3 ) 63 0,13 + 0,02Pheophytine-a (mg/m3 ) 63 0,04 + 0,01% Chlorophylle-a 63 78,0 + 0,02Pp Phosphore particulaire (mg/l) 39 0,006 + 0,002Cp Carbone particulaire (mg/l) 62 0,337 + 0,092Np Azote particulaire (mg/!) 62 0,033 + 0,014Cp/Np (poids) 62 15,3 + 4,9Cp/Pp (poids) 39 117,7 + 28Np/Pp (poids) 39 11 ,7 + 3,6Pp/Chlorophylle-a 40 64 + 38Cp/Chlorophylle-a 62 3727 + 1873Np/Chlorophylle-a 62 298 + 98-
TABLEAU 3 - Paramètres des droites de régression entre les différents constituants du seston àTIKEHAU du 9/11/82 au 3/11/82 (*** = très hautement significatif).
Nombre Coefficient Pente de Ordonnée àErreur
REGRESSION d 'obser- de la droite l'originemoyenne de
vat ions corrélation l'estimation
*** 5,104 0,257 0,425Carbone / azote 153 0,92***Carbone / phosphore 103 0,33*** 104,3 0,82 1,°Azote / phosphore 103 0,25 13,8 0,13 0,18
Carbone /(Chlorophylle.103 ) 149 0,11 1,827 0,926 0,999
Azote / (Chlorophylle.103 ) 149 0,07 0,200 0,147 0,170
Phosphore!(Chlorophylle.103 ) 103 0,18*** 0,010 0,0038 0,0033Chlorophylle / Pheophytine. 164 0,40 0,696 0,084 0,053
TABLEAU 4 - Paramètres des droites de régression entre les différents constituants du seston àTIKEHAU.du·28/03/83·au·31/03/83 (*** = très hautement significatif).
Nombre Coefficient Pente de Ordonnée à ErreurREGRESSION d'obser- de moyenne de
vatiôns corrélation la droite l'origine l'estimatior.
Carbone / azote 62 ***0,93*** 6,57 0,117 0,136
Carbone / phosphore. 39 0,83*** 44,97 0,140 0,252Azote / phosphore 39 0,86*** 6,700 0,002 0,033Carbone / (Chlorophylle.103 ) 62 0,34*** 2,261 0,052 0,347Azote! (Chlorophylle.103 ) 62 0,36 0,341 - 0,009 0,049Phosphore/(Chlorophylle.103 ) 40 0,16*** 0,025 0,003 0,008Chlorophylle / Pheophytine 63 0,34 0,573 0,105 0,051
NN
TABLEAU 5 Concentrations en chlorophylle-a et pheophytine-a dues aux différentesclasses de taille des phytoplanctontes des eaux du lagon de l'atollde TIKEHAU, le 28/03/83.
Chlorophylle-a Pheophytine-aStation Profondeur 1---------~-----------------~------- --------~---------~-------~-------
> 100j,J 100-40j,J 40-5j,J < 5j,J > 100j,J 100";'40j,J 40-5j,J < 5J.l
1 ° ° 0,006 0,016 0,022 ° 0,004 ° 0,0241 10 ° 0,012 ° 0,014 ° 0,002 ° 0,0101 30 0,002 0,00 ° 0,014 ° ° ° 0,010
2 ° 0,014 0,004 ° 0,068 0,004 0,002 ° 0,0242 10 0,020 ° 0,002 0,062 ° 0,004 ° 0,0262 22 ° ° ° 0,110 ° ° ° 0,056
3 ° ° 0,018 ° 0,114 0,002 ° 0,008 0,0383 10 ° 0,022 ° 0,120 ° 0,006 ° 0,0383 21 0,018 0,018 ° 0,250 0,054 0,018 0,018 0,054
4 ° ° 0,002 0,040 0,038 ° 0,016 0,020 0,0184 10 ° 0,004 0,014 0,066 ° 0,006 ° 0,0524 22 ° ° 0,018 0,268 ° ° ° 0,056
5 ° ° 0,002 ° 0,076 ° 0,002 0,004 0,018
NW
Taavalia
17-(23)
15'Sud
Il.rimaranla
laiara
32@(10)
1 - Positions des stations.
•
~i.'..........-="""''''''''.....3==''"'_....,j,~ .... ......._....I1Pkm
ORSIOM "'1111
MOlu Puaruao
23•(10)
310(12)
•
Fig.
(34)@8
•
.Tahuaao
34@
(18)
148'10' OUUI
DaDaco
Tohuarei~
30@(10)
18•(15)
Paaia 7o •'22)
.Maluhiraumalna
15-(20)
3So(18)
19•(lB)
1 36@ 0
(800) (20)
2015' !(10)Sud
37 10q(5)
0 16(21) -(22)
21 2•(800) @(24) 11
0(14)
MOlulohonu
@3
\• (24)
1222 0(10) (17)
~ MOlumauu
(18)(;)
0 stations réalisées en octobre et ~....novembre 1982.Tavararo'.... t.
< •
• slalions réalisées en mars 1983. \(34) profondeur en mètres Tuherahera
IY,".,.}
Ll LSTAT 1 :::~ LSIr SIr SIr SIr SIr
LSIr
L L L ~SIr SIr SIr SIr
.,,~
~ U lJ ~ ~ ~ ~ ~ ~STRT 2 .15
SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr
-~
'3.~
~ ~ ~ lJ ~ ~L~ ~ ~STRT 3 .15NV'!
SIr SIF SIr SIr SIr SIr SIr: SIr: SIr SIr: SIr:
STRT 4 :::~ ~SIF SIr SIr SIr SIF SIr SIr: SIr SIr SIr:
S 5 5 5 5 5 S 5 555 5 5
1314 1S 1517 181920?1222]?42S25 2728293031 1 2 3
Fig. : 2 - Chlorophylle a (mg/m3 ) des eaux de Tikehau du 13/10/82au 3/11/82. (S = surface; l = demi-profondeur; F = fond)
::bn J n
sor tn.olJ
15'Sud
de
KiriNI.nie
•
Fig. 3
ll.I.I.1.CUl ,.,nT!
sor
• 4 f
.2 fnnnSor
Motu Pu.ru•e
.4 [
.2~
Chlorophylle a (mg/m3 ) des eaux
Tikehau du 28/3/83 au 31/3/83.(S = surface ; D = dix mètresF = fond).
O. 3 4 5 10km............__...._.._...._.....'---------_......'
.4 f
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sor
•
sor
• 4
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•
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148'10' Ou.st
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sor sor
15'Sud
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1 ~ ~ mM l ~ l , ~ tSTRT 1 .6
511'" SIr SIr 511'" 511'" 511'" SIr 511'" SIr 511'"
'.O~ 1 ~ 1 m 1 1 ~ 1 ,STRT 2 .6
SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr
'.O~
~ 1 ~ ~ ~ III 1 ~STRT 3 .6 1
N-..J
SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIl'" 1
'.O~
~ 1 1 ~ ~ ~ ~ ~ ~STRT 4 .6
511'" 511'" 511'" 511'" 511'" 511'" 511'" SIl'" SIl'" SIl'"
STRT 5 ':1 li mm m l m lli IDl~ m m5 5 5 5 5 5 5 S' S. 5 5 . 5 5
13 14 15 16 1? 18 19 20 2 1 22 23 24 25 2c· 2? 28 29 30 3 1 1 2 3
Fig. : 4 - Pourcentage de chlorophylle a dans les eaux de Tikehaudu 13/10/82 au 3/11/82.
STAT 1 :::~ lSIr SIr
L ~ LSIr SIr SIr SIr
• ""CrI
SIr SIr SIr SI.
1'1 -.coi
UlJon
W L L L ~ ~ w ~ LSTRT 2 1.5
SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr
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3 ••~1'11'1
~ L ~ l ~ ~ ~ ~ ~STRT 3 1.5N00
SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr
STAT 4 :::l kSIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SIr SI.
S S S S S' s S s S Sl
5
13141516171819202122232425232728293031 1 23
Fig. : 5 - Carbone particulaire (mg/l) des eaux de Tikehau du13/10/82 au 3/11/82.
5TRT 1 :::L ~SIl'" SIl'"
L ~ L511'" SIl'" SIl'" 511'"
•
SIl'" 511'" SIl'" SIl'"
N III
.seL~ L Ln L ~ ~ ~ ~ LnSTRT 2 .25
SU 511'" SIF SIF SU SIr SIF SIF SIr SIr
IIllD..
.seL L L ~ L 1 ~ ~ ~ ~STRT 3 .25N1.0
SIF SIr SIF SIF SIF SIr SIl'" SIF SIr SIr
,... CD III
.sel l L ~ ~ ~ ~ ~ ~~ L_STRT 4 .25
~SIr SIr SIr SIF SIF SIr SIr SIl'" SIr SIr
l lS 5 5 S S 5 5 5 5 5 5
131415151718192021222324252= 2728293031 1 ? 3
Fig. : 6 - Azote particulaire (rng/l) des eaux de Tikehau du 13/10/82au 3/11/82.
Carbone particulaire (mg/l) des eaux deTikehau du 28/3/83 au 31/3/83.
wo
lS'Sud
Kirimlrania
5 10km, ,
•
Fig. 7
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(mg/l) des eauxau 31/3/83.
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15'Sud
- 32 -
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- 35 -
POL Y NES l E FRA N CAl S E
O.R.S.T.O.M.
CoNTRIBUTION A L'ÉTUDE D'UNE PÊCHERIE ARTISANALEET DE LA DYNAMIQUE DES POPULATIONS DES PRINCIPALES
ESPÈCES DE POISSONS EXPLOITÉES
Eric MORIZE
Océanographe biologiste de l'O.R.S.T.O.M.
Centre O.R.S.T.O.M. de TAHITI - B.P. 529 - PapeetePolynésie Française
MORIZE (E.), 1984 - Contribution à l'étude d'üne pêcherie artisanaleet de la dynamique des populations des principales espècesde poissons exploitées - in "L'atoll de Tikehau (archipeldes Tuamotu, Polynésie Française) premiers résultats".O.R.S.T.O.M. Tahiti~ Notes et Doc. Océanogp.~ 22 : 35, 80.
- 36 -
RESUME
La production de la pêcherie est étudiée dans 7 parcs de la
passe de Tikehau entre le la octobre 1982 et le 31 août 1983. La biométrie
et les structures de taille sont analysées par échantillonnage de la capture.
Les relations longueur poids ont pu être définies pour les es-
pèces suivantes : Lutjanus fulvus, Lethrinus miniatus, Caranx melampygus, Naso bre
virostris, Lutjanus gibbus, Epinephelus microdon, et Scarus gibbus.
Les variations saisonnières de la production par espèce et par
parc sont importantes qualitativement et quantitativement et une bonne corré
lation entre les rendements totaux et le cycle lunaire a été observée. La
production totale se monte à 141 382 kg pour la période considérée et le
classement des espèces par l'importance pondérale s'établit comme suit:
Lutjanus fulvus, Lethrinus miniatus, Caranx me~ygus, Selar crumenophtaLmus,
Acanthurus xanthopterus.
Ce jour a été défini comme unité d'effort de pêche et la capture
par unité d'effort devient alors le rapport du tonnage vendu à la goélette
au nombre de jours écoulés depuis la dernière vente.
L'efficacité des parcs varie selon leur position et leur forme.
Les parcs ouverts sur le lagon réalisent des captures les plus importantes
ils s'adressent aux poissons sortant en mer qui semblent ainsi plus vulnéra
bles que les poissons entrant dans le lagon. La prise maximale par unité d'ef
fort est de 3 108 kg entre le 23 et le 28 décembre 1982. La prise minimale
est de 133 kg entre le 23 janvier et le 2 février 1983.
L'analyse des structures de taille s'avère difficile par manque
d'informations annexes sur la croissance et le recrutement. Cependant, deux
groupes peuvent être distingués parmi les quatre espèces étudiées. Le premier
(Caranx ~elampygus and Lutjanus gibbus) est caractérisé par une mortalité to
tale élevée alors qu'elle est beaucoup plus faible dans le second (Lethrinus
miniatus and Acanthurus xanthopterus). Le stock de Lethrinus miniatus parait
être le plus important. L'étude se poursuit pour déterminer les paramètres
de croissance et de recrutement.
- 37 -
ABSTRACT
Fishery yield from October 10th 1982 to August 31th 1983 is
analyzed in seven fish traps located in the boat passe of Tikehau atoll.
Biometry and size structures of fish have been studied from catch. Rela
tions for weight versus length have been obtained for the following spe
cies : Lutjanus fulvus~ Lethrinus miniatus~ Caranx melampygus~ Naso bre
virostris~ Lutjanus gibbus~ Epinephelus mierodon~ and Searus gibbus.
Seasonal variations in yield are large for species and traps
a good relation has been found between catches and lunar cycle. Total pro
duction amounted to 141,382 kg : species caught in descending order by
weight : Lutjanus fulvus~ Lethrinus miniatu8~ Caranx meLampygus~ Selar
erumenophtalmus~ Aeanthurus xanthopterus.
The day has been selected as the fishing effort unit. Catch
per effort unit is the quotient of fish weight sold to the trading vessel
by the elapsed time (in days) since the last sale.
Traps catch species according to their location and their
shape. The largest captures have been obtained in traps facing the lagoon,
presumably on out-going f~sh. Maximum catch per effort unit has been
3,108 kg (December 23th to December 28th 1982) ; minimum catch has been
133 kg (January 26th to February 2nd 1983).
The size structures analysis has been very difficult for
lack of data on growth and recruitment. However we may sort out species
in two groups ; the first with Caranx melampygus and Lutjanus gibbus for
which total mortality is high ; the second with Lethrinus miniatus and
Aeanthurus xanthopterus. for which total mortality is lower. The Lethrinus
miniatus stock seems to be the mos important. For these species we are
proceeding with our studies to find growth and recruitment parameters.
- 38 -
INTRODUCTION
En Polynésie Française l'exploitation commerciale des poissons
de lagon dans les atolls des Tuamotu est récente. Seulement quelques atolls
sont concernés par cette exploitation, les principaux étant Apataki, Arutua,
Kaukura, Rangiroa et Tikehau. Cette production vise essentiellement le mar
ché de Papeete.
La part des pêcheries des Tuamotu dans l'approvisionnement du
marché de Papeete a augmenté brusquement au début des années 1970 pour pas
ser d'environ 30 % à 50 % et depuis elle stagne. Cet accroissement est dif
ficile à expliquer vu le peu d'informations dont nous disposons.
L'étude globale que nous nous proposons de réaliser dans le ca
dre du programme atoll devrait permettre de cerner les potentialités pro
ductives des milieux lagonaires. Plus précisément la dynamique des popula
tions des espèces commerciales permettra de situer le niveau d'exploita
tion par rapport aux potentialités et de disposer des éléments de base en
vue d'un aménagement éventuel.
Dans cette note nous décrirons les différents modes de pêche
existant à Tikehau. Nous étudierons ensuite plus en détail les variations
spatiales et temporelles des prises par parc et par espèce. Quelques résul
tats biométriques seront exposés. Enfin les premières structures de popu
lation obtenues au cours de deux missions seront décrites succinctement.
- 39 -
1 - LA PECHE A TIKEHAU
1.1. Importance de la pêche
La part de Tikehau dans la production totale des Tuamotu n'a
cessé de diminuer depuis quelques années comme le montrent les données
ci-dessous (Sources = Service de la pêche).
Production de Tikehau---------- -----------Année en en % desTonnes Tuamotu
1975 344,920 32
1976 384,100 28
1977 252,600 20
1978 276,859 19
1979 195,550 18
A ces tonnages commercialisés il faudrait ajouter l'autocon
sommation, estimée par nous sur le terrain, à 150 kilogrammes par habitant
et par an. Pour 300 habitants cela représente donc 45 tonnes.
1.2. Description des modes de pêche
Il existe trois manières de prélever le poisson pour la commer
cialisation : la pêche à la ligne, la pêche au fusil, la pêche au parc.
Cette pêche est pratiquée essentiellement à partir de petits
bateaux près de la passe dans le lagon ou du côté de l'océan. Les pêcheurs
ont avec eux un petit vivier dans lequel le poisson est conservé vivant.
La pêche du lagon vise essentiellement le Hapuu (voir tableau 3) des mois
de février à mai. La pêche du côté océan se pratique par contre toute
l'année surtout le soir et le matin juste dans l'axe de la passe sur des
fonds de 20 à 30 m et elle vise surtout l'oeo uturoa et le taea •
. . " i . • "
- 40 -
Une fois la pêche terminée le poisson est conservé vivant dans
de petits parcs construits près de la plage.
Les rendements varient beaucoup dans le temps et en général ce
n'est qu'une pêche d'appoint pratiquée seulement lorsque la goelette est
présente.
Peu pratiquée tout le long de l'année et également seulement
lorsque la goelette est présente, elle vise des espèces qui se rassemblent
du côté de la passe. Elle peut avoir lieu de jour ou de nuit et intéresse
surtout les hapuu, parai et ume.
Description du parc et de son fonc-
tionnement
Les deux premiers modes de pêche cités sont aléatoires alors
que le parc fonctionne nuit et jour, toute l'année. Cette pêche représen
te l'essentiel de la production et c'est pourquoi elle sera étudiée en dé
tail.
La technique de pêche a déjà été décrite (LEGAND, 1950 ; BROSSE,
1974 JAMES, 1980). Nous ne ferons qu'en rappeler les grands principes.
Les parcs étudiés sont situés dans la passe. Ils ont la forme
générale donnée dans la figure nO 1. Le parc est constitué de deux parties,
l'une sert à piéger le poisson comme une grande masse, l'autre à le stocker.
Toutes les parois sont constituées par du "grillage à poulailler" de maille
hexagonale de plus grande dimension 40 mm. La disposition des parcs peut
changer. Les matériaux vieillissent et peuvent être détruits. Leur recons
truction peut être l'opportunité de modifier leur structure, leur taille
ou même le site de leur implantation. Ainsi après le cyclone "ORAMA" tous
les parcs ont été détruits et ce n'est que le 18 Novembre 1983 soit pres
que neuf mois après qu'ils ont été reconstruits en totalité. Les plans de
la passe avant et après les cyclones montrent bien les changements inter
venus dans la disposition des parcs de la passe (voir figure nO 3) •
.../ ...
15' _Sud
- 41 -
de Tlkehau..• type de la passeFig. 1_ Un piege
148'16'OUISt
et 121 du filetFig.2 Position ni ...1 & ..3.- entre les parcs
- 42 -
OCËAN
" 15'Sud
OCËAN
15'Sad
_ 148'16' Ount
LAGON
LAGON
A
B
Figure 3 - Position des parcs à poissons dans la passe de TlKEHAUA - Avant les cyclones.B - Après les cyclones.
- 43 -
Les p01ssons qui se déplacent, longent les parois jusqu'à ren
trer par un étroit passage (noté (1) sur la figure nO 1) dans la chambre
(notée (2». Ensuite les poissons sont chassés dans la chambre de stockage
la plus éloignée (4). Lorsque cette dernière est pleine, elle est fermée
et on remplit la chambre précédente (3).
Une variante existe, ceci pour les parcs notés (1) et (3) dans
la figure nO 3. En effet un filet peut augmenter la surface de la paroi en
la prolongeant vers le milieu de la passe (voir les positions (1) et (2)
de la figure nO 2. Ce filet d'environ 300 m est posé à des périodes bien
déterminées pour augmenter la capacité de prise de ces deux parcs. Ceci
se fait en général entre la nouvelle lune et le premier quartier et si le
courant le permet. Le filet peut rester en place plusieurs jours. Pour
laisser le passage aux bateaux dans la passe on diminue la flottabilité
de la corde du haut, le filet se couche dans le courant. Pour lui donner
le maximum d'efficacité on augmente sa flottabilité en ajoutant des bouées.
Lorsque ceci est réalisé, le soir par courant rentran~ les pêcheurs
se mettent à l'eau et rabattent le poisson vers le parc à l'aide de lumiè
res. Ceci permet d'augmenter de façon importante les prises. En un soir
nous avons pu constater qu'environ 3 tonnes de lut jan avaient pu être cap
turées.
Enfin lorsque les p01ssons sont entrés dans les parcs, ils y
sont maintenus jusqu'à l'arrivée de la goelette et la pêche proprement di
te peut se dérouler.
Les parcs peuvent être entrant ou sortant. Un parc sortant a
son ouverture tournée vers le lagon, un parc entrant vers l'océan. Un parc
sortant pêche les poissons qui sortent du lagon. Sur la figure nO 3 on voit
que :
- le parc sortant
- le parc 2 entrant
- le parc 3 sortant
- le parc 4 entrant
- le parc 5 sortant
- le parc 6 entrant
- le parc 7 sortant.
... / ...
- 44 -
Dès que la goe1ette est signalée, les pêcheurs se divisent en
deux équipes réparties sur deux bateaux (kau). Une équipe reste dans un
bateau amarré le long du parc où se trouve le poisson. Celui-ci sera pé
ché à l'aide d'un filet que la deuxième équipe guide dans l'eau à la ma
nière d'une senne. La première équipe hisse alors ce filet rempli dans l'un
des kau et le vide. On recommence jusqu'à ce que le bateau soit plein (en
tre 1,5 et 2 tonnes).
La passe étant soumise à des courants de forte intensité cette
opérat~on est parfois compromise pour les parcs les plus médians. Il faut
a1ot:s attendre ou casser le courant en fixant du niau tressé (feuilles de
pandanus ou de cocotier) dans le courant du parc.
Le prélèvement dans le parc dure de 30 à 90 minutes en fonction
de la fo~ce du courant.
Sur place il n'y a aucun moyen de conserver le poisson si ce
n'est v~vant c'est pour cela que la pêche au fusil ne se pratique que lors
que ~a goelette est là avec sa glace. Les poissons péchés à la ligne peu
vent tenir quelques jours vivants et ceux des parcs jusqu'à environ un mois.
Dans la suite nous étudierons plus particulièrement le condi~
tionne~ent du poisson en provenance des parcs. A quelques variantes près
celui-~i est le même quelque soit le mode de pêche.
Lorsque le kau est fini d'être chargé il est ramené à l'abri du
soleil à~e.rre où l'attendent tous les travailleurs pour la mise en paquets.
Le~ poissons sont séparés par espèce puis liés les uns aux autres à l'aide
d'une ficelle qui passe par les ouies et la bouche. Suivant la taille des
poissons on en met plus ou moins par ficelle. On appelle "paquet" la ficel
le avec ses poissons. Un paquet pèse en moyenne 3 kg. Ce poids moyen de
troi~ kg est bien respecté pour les petits poissons. Pour les gros la varia
tion est grande. Le tableau nO 1 donne le poids de deux paquets avec le
nombre de données par espèce, la moyenne et l'écart type.
. . ·1 . ..
- 45 -
Au fur et à mesure que les paquets sont constitués ils sont at
tachés par deux puis transportés par baleinières pour être chargés et gla
cés sur la goelette. Il faut noter que le poisson n'est pas vidé.
La mise en paquets dure de 30 à 60 minutes. Ainsi les poissons
n restent au maximum deux heures hors de l'eau mais en moyenne une heure à
une heure trente. Le chargement de la goelette dépend de la production des
différentes pêches mais aussi du marché, de la quantité de glace disponi
ble dans la goelette et du courant dans la passe qui sont trois facteurs
limitants.
2 - MATERIEL ET METHODE
2.1. Etude de la production détaillée des parcs
L'étude de la production détaillée de certains parcs permet
d'obtenir une ventilation par espèce et par parc. Une enquêtrice qui con
naît bien les noms tahitiens des poissons et qui est toujours sur place, à
terre, note sur une feuille bordereau (voir figure 4) le nom de l'atoll,
la date, le nom de la goelette, le temps (courant fort ou non), le numéro
du parc, les espèces et le nombre de paquets. Vider un parc de son contenu
peut demander plusieurs voyages de bateau s'il est bien rempli.
En général il n'y a aucun problème pour avoir la ventilation en..~.
nombre de paquets de chaque espèce et les numéros de bateau. Mais, puisque
l'enquêtrice reste à terre, le numéro du parc ne peut pas toujours être
obtenu. De plus, en fin de pêche et pour les parcs peu productifs, un voya
ge de kau collecte les poissons de plusieurs parcs dont il est impossible
ensuite de préciser l'origine.
L'implantation des parcs se modifiant il faut de temps en temps
modifier la numérotation et affecter des numéros aux nouveaux parcs. Pour
ne pas disperser les efforts seule la production détaillée du principal
pêcheur fait l'objet de cette enquête. c'est lui qui obtient la production
la plus soutenue. Il produit 70 à 80 % du total commercialisé de l'atoll .
.../ ...
- 46 -
La figure nO 4 représente la fiche d'enquête remplie sur le
terrain.
2.2. Etude de la biométrie et de la biologie
Le bordereau de la figure 5 récapitule les données analysées.
Cette étude porte sur la longueur de référence (Lt), la longueur
pédonculaire (Lp), l'épaisseur (Ep), le poids (P), la hauteur (Ldv), la
longueur de la corne (Lr), le sexe (Sx), le stade sexuel (St), l'âge (Ag)
et le poids des gonades (Pg).
Les longueurs sont prises avec une règle à butée. Un coulis
seau est utilisé pour l'épaisseur et la hauteur.
Les mesures sont faites au cm inférieur pour la longueur de ré
férence et la longueur pédonculaire, au demi cm inférieur pour l'épaisseur
et la hauteur, au mm inférieur pour la longueur de la corne.
Le poids total est noté au 50 gr. inférieur sur place et au gr.
inférieur au laboratoire. Enfin le poids de la gonade est toujours pris au
dg. inférieur.
Par commodité la longueur de référence varie avec les espèces,
elle peut correspondre à la longueur totale, à la longueur à la fourche
ou à la longueur standard comme l'indique tableau nO 2.
La figure nO 6 visualise toutes ces longueurs.
Trois séries de mesures ont été réalisées
- 1/ Un échantillon de la pêche des parcs a permis d'avoir un
nombre important de couples longueur de référence-poids. Les mesures ont
été réalisées lors de la mise en paquets des poissons. Le travail dans ces
conditions n'est pas toujours facile puisqu'il faut faire vite pour ne
pas gêner les pêcheurs.
. .. / ...
- 47 -
- 2/ Un autre échantillon a été prélevé en pêche sous-marine. Seules
les données biométriques ont été récoltées sur place.
- 3/ Enfin des paquets de poissons sont achetés à la goelette à Papeete
et étudiés après congélation. Les données biologiques sont alors prises.
Les arolithres sont prélevés pour la détermination de l'âge. Le problème
est d'obtenir une bonne régularité dans le temps pour les observations
biologiques. Pour certaines espèces les pêches des parcs ne permettent
pas d'avoir des échantillons toute l'année. Il faut alors d'autres moyens
de prélèvement tels que la pêche à la ligne ou le fusil.
2.3. Etude des structures de taille
Les mesures sont faites lors de la mise en paquets. Seules
quelques espèces, choisies par nous à partir des critères commerciaux et
biologiques, appellées "espèces cibles", sont pris:s en considération. Les
poissons étudiés sont prélevés au fur et à mesure à l'arrière du Rau puis
remis vers l'avant de façon à éviter de les mesurer deux fois. La longueur
notée est la longueur de référence. Les données sont recueillies sur le
bordereau de la figure nO 7.
Cette longueur a été choisie car elle nous semble la plus faci
le à mesurer. A chaque arrivée de kau 150 poissons au total peuvent ainsi
être étudiés si les espèces cibles sont bien représentées. Dans le cas
contraire l'échantillon peut être réduit à quelques dizaines.
La plus grande difficulté réside dans le fait qu'il faut aller
sur place, d'être présent quand la goelette passe et d'avoir dans les parcs
les espèces cibles choisies. Les communications sont difficiles malgré une
bonne coopération des pêcheurs.
... / ...
Tableau 1 - Correspondance 2 paquets/poidsen kilogrammes(x = valeur moyenne, 0 écart type)
Espèces Nbre. x 0nesures
Kukina 3 7,6 0,35Toau 2 5,85 0,35Oeo uturoa 22 7,22 0,78Carangue 26 7,09 0,86Taea 4 6,9 1,22Kopa 5 4,78 0,38Hapuu 2 9 °Parai 17 7,51 0,53Vete 2 5,9 0,14Eofu 1 7,1Manea 6 7,38 1,35Homo homo 1 8Rai 1 6,7Ume 1 7,7Tatihi 3 6,77 1,16Orare 3 5,83 1,71Vete 2 5,85 0,21Assorties 3 6,7 0,92Operu vete 1 5,1Varea 4 6,97 0,29
TOTAL 109 7,00 1,05
Tableau 2 - Longeur de référence sélectionnée pour les différentesespèces étudiées
Espèce Correspondance de lalongueur de référence
Paaihere longueur standard
Oeo longueur à la fourche
Hapuu longueur totale
Manea longueur totale
Taea longueur à la fourche
Toau longueur à la fourche
Tatihi longueur à la fourche
Parai longueur à la fourche
- 49 -
AT01.1. ; DAt! ; _........ "b.U" "....1'EKPII.
_n......
Figure 4 - Bordereau d'enquête pêche.
P(il~ 1 UDIll • 1D1' 1 ......lIAT!: Lt Lp Br r L'" L. 1. B' II r.
1---
1---- -
Figure 5 - Bordereau d'enquête biométrie.
- 50 -
1+----_longuEu pédoncuIaire-------+l
!-4------l.or1gt.Mu standard-------~
~----Longueurde ~ fourche--------~
!o+-------longueur totale-----------+-I
Figure 6 - Profil théorique de Poisson, comportantquelques indications sur la manière deprendre les mensurations.
PO''''''' ....OBSl::1WATlCW
Figure 7 - Bordereau d'enquête des structures de taille.
- 51 -
3 - RESULTATS
3.1. Production détaillée des parcs
Le tableau nO 3 donne les noms tahitiens, les noms scientifi
ques et les noms français des espèces commercialisées. Pour plus de commo
dités dans la suite du texte seuls les noms tahitiens seront mentionnés
pour les espèces cibles.
Certaines espèces péchées ne figurent pas dans ce tableau car
soit elles sont trop peu représentées, soit elles ne sont pas commercia
lisables. C'est le cas du Lutjanus bohaP (Forsskal) qui est ciguatérique
et du Decapterus pinnuZatus qui ne conserve pas.
Trente six espèces ont été recensées de Octobre 1982 à Août
1983. La dénomination "Assorti" se rapporte à un paquet où les espèces sont
mélangées.
Le tableau nO 4 donne la production en nombre de paquets et en
kg par espèces. La correspondance paquet/poids est celle du tableau nO 1.
Une moyenne de 3,5 kg par paquet est utilisée pour les espèces où cette
relation n'a pas été établie. Vu le manque total de production de Mars à
Juillet ce tableau ne reflète pas une année normale et certaines espèces
sont sous représentées ; les cyclones ayant détruit tous les parcs à poissons.
La production totale est de 141 tonnes environ. Cinq espèces
représentent 67 % de la production, dix espèces 88 % et 21 99 %. Ainsi
seulement très peu d'espèces sont vraiment bien représentées dans la pê
che des ..parcs. Parmi celles-ci on trouve l' orare qui n'est pas inféodé à
l'atoll mais vient par migration de l'océan.
Les animaux qui ont une activité migratrice au niveau de la
passe constituent la majorité des prises. Ce sont le toau, l'oeo uturoa,
... 1••.
- 52 -
Tableau 3 - Principaux poissons p~ch~s du 10 Octobre 1982 au 31 AoOt 1983. Les noms vernaculaires employ~s à Tikehausont cit~s entre parenthèses.
NOM TAHITIEN
ToauOeo uturoaPaaihereAtureOrareParai (avai)RaoaTatihiTuhara (taea)IihiIoioMaere (kopa)RaiHonaeVeteVeteAva (pati)Uhu raepuu (manea)TiaeneKukinaHapuuTapataiUmeNape (mopiro)RoeroeMaravaMuParaha toreVareaTiamuCorairaiHomo homoUruati (urua)Patia (ahore)AnaeAnaeUhu opara uteute (paparu)
NOH SCIENTIFIQUE
Lutjanus fuZvus (Bloch et Schneider)Lethrinus miniatus (Schneider)caran: me~ygus CuvierSeZar crumenophtaZmus (Bloch)SeZar crumenophtaZmus (Bloch)Acanthurus xanthopterus Valenciennesvpeneus vittatus (Forsskil)Naso brevirostris (Valenciennes)Lutjanus gibbus (Forsskil)MYripristis speciesAZbuZa vuZpes (Linnaeus)P.riacanthus cruentatus (Lacepede)Scomberotdes Zysan (Forsskil)Carangotdes orthogrammus (Jordan et Gilbert)MUZZotdichthys vanicoZensis (Cuvier et Valenciennes)MUZZotdichthys fZavoZineatus (Lacepede)Chanos chanos (Forsskil)Scarus gibbus Rüppelsphyraena forsteri CuvierScarus ghobban ~ ForsskilEpinepheZus microdon (Bleeker)AZectis indicus (Rüppel)Naso unicornis (Forsskil)MUgiZ vaigiensis Quoy et GaimardEZagatis bipinnuZatus Quoy et GaimardSiganus argenteus (Quoy et Gaimard)Monotaxis grandOcuZis (Forsskil)ZancZus speciesCaran: speciesAcanthurus bZeekeri GüntherChaetodtm speciesScœ-us ghobban ()+ ForsskilCaran: ignobiZis (Forsskil)KuhZia marginata (Cuvier et Valenciennes)CrenimugiZ creniZabis (Forsskil)MUgiZ cephaZus (Linnaeus)Scarus chZorodon jenyns
NOM FRANCAIS
Lutjan fauveBec de caneCarangue bleueChinchard jeuneChinchard âg~
Chirurgien à nageoires jaunesBarbet ray~
LicorneLutjan à bosseRougetPoisson osPriacanthe sanglantCarangue leurreCarangue à points jauneSurmulet appâtSurmulet appâtPoisson laitPerroquet bleuBecune fonc~e
Perroquet à bandes bleuesLoche marbr~e
Carangue à filamentsNason vertMuletSaumonPicot tâchet~
Daurade tropicaleCocherCarangueChirurgien ray~
ChaetodonPerroquetCarangue à grosse t@tePoisson pavillonMuletMuletPerroquet à bec vert
- 53
Tableau 4 - Production en nombre paquets et kilogrammedes principales espèces de poissons péchéesdu 10 Octobre au 31 Août 1983
Noms tahitiens Nbre. poids (kg) %de paquets poids total
Toau 9551 27937 19.8Oeo uturoa 6121 22097 15.6Paaihere 5317 18849 13.3Orare 4416 12872 9.1Parai 3584 13458 9.5Raoa 2262 7917 5.6Tatihi 1837 6218 4.4Tuhara 1610 5554 3.9Iihi 1548 5418 3.8loio 1356 4746 3.4Maere 1070 2557 1.8Rai 787 2636 1.9Honae 540 1914 1.6Vete 532 1569 1.1Ava 495 1732 1.2Uhu raepuu 434 1541 1.1Tiaene 318 1113 0.8Kukina 158 553 0.4Hapuu 110 495 0.3Tapatai 86 305 0.2Ume 86 331 0.2Nape 80 280 0.2Roeroe 58 203 0.1Marava 44 154 0.1Mu 42 147 0.1Paraha tore 36 126 0.1Varea 24 84 0.1Tiamu 20 70 0Corairai 18 63 0Homo homo 18 72 0Uruati 10 35 0Patia 8 28 0Anae 8 28 0Uhu opara uteute 2 7 0Assorti 78 273 1.9
TOTAL 42664 141382
Tableau 5 - Prise totale par jour en nombre de paquets et enkilogrammes
1982 1983Période Prise/ jour' Période Prise/jour
l'aquet kg Paquet kg
12/10 -+ 19/10 411 1438 28/12 -+ 12/01 98 343
19/10 -+ 26/10 381 1333 12/01 -+ 19/01 662 2317
26/10 -+ 08/11 139 486 19/01 -+ 26/01 61 213
08/11 -+ 11/11 203 710 26/01 -+ 02/02 38 133
11/11 -+ 16/11 368 1288 02/02 -+ 10/02 41 143
16/11 -+ 23/11 302 1057 10/02 -+ 10/02 285 997
23/11 -+ 30/11 290 1015 16/02 -+ 22/02 137 479
30/11 -+ 09/12 429 1501
09/12 -+ 15/12 243 850
15/12 -+ 21/12 417 1459
21/12 -+ 23/12 620 2170
23/12 -+ 28/12 888 3108
- J4 -
ob. paquets
4500
4000
-~--
2000_
1000
nO'+'-~O-'-t"""-:l:N..Lf-..L.D~I-l-'J~~F:-L-\~M:-T---:-A-'-'M:-:-"'J";-L;r-J:-'-t~A~--
--1982~~------1983--------
Figure 8 - Production totale de poisson en paquetsdu 10/10/82 au 31/08/83.
- 55 -
Figure 9 - Production de Hapuu, Manea, Taea, Tatihien paquets du 10/10/82 au 31/08/83.
- 56 -
nb.poquo1.
500
J J A
J J A
l--1000
M A M J J A-----+------19831-------
Figure 10 - Production de Paaihere, Parai et Oeo uturoaen paquets du 10/10/82 au 31/08/83.
- 57 -
nb paquets
3500
3000
2000
1000
OI+--=O-4=lN:-:--t-L:D~I-Jl;-l-\:--;:--4----;-;M;--T---:-A--'----;M-;I'-J;-Yr-J;-1-----;A---r----+
--1982---=---+-=---- 1983--- ------
Figure Il - Production de Toau en paquets du 10/10/82au 31/08/83.
- 58 -
le paaihere, le parai et le orare. Les lutjans (toau et taea) représen
tent à eux seuls 23,7 % de la production. L'oeo uturoa qui est une des
espèces cibles de la pose du filet fait 15,6 % et le toau qui est une au
tre espèce cible visée par le filet fait 19,8 %. Ce sont les deux espèces
les mieux représentées. Le paaihere avec 13,3 % de la production est la
troisième espèce la plus péchée.
Les carangues (paaihere et honae) sont le troisième groupe en
importance avec 14,9 % devant les chirurgiens (parai, tatihi, ume) avec
14,1 %.
(voir fig. 8)
La production totale est maximale de la 4ème semaine de novembre
jusqu'à la fin décembre soit avec 15.291 paquets ou 53.518 kg plus du tiers
de la production de la période envisagée.
La troisième semaine de janvier, avec 4631 paquets ou 16.208 kg,
la goelette a réalisé son chargement maximum. Ensuite la production chute
puis s'arrête le 22 février date de passage du premier cyclone "ORAMA". La
pêche ne reprendra qu'au mois d'août (1800 paquets pour 6300 kg).
3.1.3.2. Les rendements-------------
si on ne prélève le poisson du parc que lorsque la goelette est
sur place, le parc quant à lui est efficace 24 heures sur 24. Entre les
passages de goelette le parc a pu fonctionner un nombre de jours différents.
On peut donc prendre comme unité d'effort le jour et comme prise par unité
d'effort le rapport de la pêche totale enregistrée le jour du passage de
la goelette au nombre ·de jours écoulés depuis le dernier passage. si la
goelette reste plusieurs jours on somme les prises. La prise par jour re
flète alors bien les variations d'abondance. Le tableau nO 5 donne la pro
duction totale par jour en kg. Les périodes correspondent à deux passa-
ges consécutifs de goelette. Ces périodes sont plus ou moins longues c'est
... / ...
- 59 -
pourquoi l'unité d'effort préconisé par BROSSE (1974) du parc par semaine
ne peut guère être calculé dans le cas présent. Notre prise par unité
d'effort reste entachée d'une erreur parce que les parcs ne sont pas for
cément vidés lorsque la goelette quitte l'atoll. Sur de longues périodes
les variations s'atténuent puisque les trois facteurs limitants vus avant
ne durent jamais.
Sur le tableau nO 5 il apparaît nettement que les rendements
sont plus élevés en général en fin 1982 qu'en début 1983. La prise par
unité d'effort (prise par jour) est plus régulière en 1982 sauf vers la
fin de l'année où elle atteint le chiffre record de 3108 kg. En 1983 la
prise maximum par jour est de 2317 kg pour la période du 12/01 au 19/01.
Si on regarde le calendrier lunaire on note que les nouvelles
lunes (17/10, 15/11, 15/12/1982, 14/01 et 13/02/1983) correspondent à la
pr1se par unité d'effort maximale à savoir 1438, 1288, 1459, 2317 et 997
kilogramme/jour. Une seule exception est à noter pour les fêtes de fin
d'année (pleine lune) avec 3108 kg/jour.
Les tableaux 6 et 7 donnent la production en paquets telle
qu'elle est enregistrée à Tikehau. En général quand il y a beaucoup de
poissons, la goelette passe hebdomadairement. Par contre quand les prises
sont faibles le rythme est plus lent mais la goelette peut rester plus
longtemps sur place pour permettre les autres types de pêche. La vitesse
de rotation et le temps de séjour donnent donc aussi une idée de l'abon
dance.
Du 12/10/82 au 28/12/82 il y a eu 13 rotations pour 80 jours
soit 1,6 rotations / la jours. En 1983 jusqu'au 22/02 on trouve 7 rota
tions pour 53 jours soit 1,3 rotations / la jours. De plus en 1982 sur
13 rotations la goelette est restée 3 fois 2 jours. En 1983 sur 7 rota
tions elle est aussi restée 3 fois 2 jours. Tout ceci montre bien que les
mois d'octobre, novembre, décembre 1982 ont été plus productifs que ceux
de janvier et février 1983 parce que le poisson était plus abondant au ni
veau de la passe.
Le tableau nO 8 compare la production du même pêcheur pour les
m01S d'octobre 1982 et d'octobre 1983. La différence de production est
... / ...
•
ableau 6 - Production des parcs en nombre de paquets en 1982.
- 60 -
~ 12110 19/10 26/10 08/11 II/II 15/11 16/11 23/11 30/11 08/12 09/12 15/12 21/12 23/12 27/12 28/12 TOTALESllêce
Paaihere 140 980 873 220 50 170 100 200 130 18 60 108 35 200 3284
Oeo uturoa 12 947 681 50 40 230 10 119 280 2369
loio 478 130 470 50 50 1178
Parai 6 34 286 126 20 260 1180 18 84 76 102 20 450 2662
Tatihi 60 38 28 300 400 290 30 30 120 74 106 48 1524
Orare 22 118 98 172 90 290 856 490 90 170 270 106 30 18 110 2930Taea 4 116 104 90 220 70 10 40 50 252 106 1062Kopa 14 80 88 78 100 130 30 40 36 202 798Rai 16 128 16 20 60 40 10 8 52 350
1
Tiaene 6 26 4 36Tapatai 10 22 4 6 20 20
1
4 86Pati 3 13 126 4 1 147
1Hanea 22 24 110 18 1 6 180 i1IVete 22 66 58 32 10 20
1
33 40 24 59 24 10 398llarava 4 18 22 44Kukina 86 38 24
1
10 158
1Iihi 32 50 20 860 244 90 10 13061
1
Rapuu 6 24 2 16 16 10 74Hopiro 80 80Hu 36 4 1 40Yarea 24
1
24Corairai 18 18
1Roeroe 8 8
1Toau 62 20 1310 454 18 2260 1180 800 2390 8494Paparu 2 2 iHomo homo 18
118
1Honae 8 2 10 !Ume 16 10 20 20Tiamu 20 46Apai
Oid pao
Paraha tore 8 10 10 8 36EDfu
Assorti 5 25 10 40
TOTAL 345 2875 2670 1672 610 1066 774 2119 2030 2386 1476 1214 2503 1240 842 3600 27422
- 61 -
Tableau 7 - Production des parcs en nombre de paquets en 1983.
DateIi/Ol 12/01 18/01 19/01 2h/0 1 02/02 10/02 15/02 16/02 22/02 '13/06 TOTALEspèce
Paaihere 30 190 190 45 90 90 260 280 350 1525
Oeo uturoa 78 2598 380 70 40 300 270 16 3752
loio 130 48 178
Parai 20 70 80 50 120 180 140 250 910
Tatihi 20 90 46 156
Orare 50 140 20 70 32 16 328
Taea 220 40 160 40 30 50 540
Kopa 70 40 30 32 100 272
Rai 2 2
Tiaene 20 20 90 4 134
Tapatai
Pati 210 138 348
Manea 80 6 86
Vete 10 42 8 34 94
Marava
Kukina
Iihi 10 10 20 20 60
Hapuu 2 34 36Mopiro
Mu 2 2
Varea
Corairai
Roeroe 40 10 50
Toau 860 70 109 18 1057
Paparu
Homo homo
Honae 60 130 50 240
Ume 20 20 40
Tiamu
Apai
Oiri pao
Paraha tore
Eofu
Assorti 12 26 38
TOTAL 642 830 D56 1575 430 268 332 894 818 825 178 9848
- 62 -
Tableau 8 - Comparaison des prises d'un pêcheur pour les mois d'octobre en1982 et 1983 : nombre de paquetset % de la capture totale.
Octobre 1982 Octobre 1983Espèces
Total % Total %
Paaihere 1993 34 292 15Oeo 1640 28 176 9Parai 326 6 22 1Tatihi 126 2 66 3Orare 238 4 434 23Taea 224 4 0 0Kopa 182 3 156 8Rai 160 3 0 0Tiaene 36 1 0 0Tapatai 36 1 0 0Pati 142 2 0 0Raoa 0 0 250 13Vete 146 2 268 14Marava 4 0 0 0Kukina 124 2 0 0Iihi 32 1 0 0Hapuu 30 1 0 0Mopiro 80 1 0 0Mu 36 1 0 0Varea 24 0 0 0Corairai 18 0 0 0Roeroe 8 0 0 0Toau 62 1 104 6Paparu 2 0 0 0Homo homo 18 0 0 0Honae 8 0 0 0Ume 16 0 0 0Parahatore 18 0 0 0Manea 156 3 0 0Anae 0 0 0 0Assorti 5 0 122 6
TOTAL 5890 1890
- 63 -
énorme (4000 paquets) et peut être justifiée en partie par le fait que
les parcs ne sont pas encore terminés en octobre 1983 après les cyclones.
La composition des prises en pourcentage varie puisqu'en 1983 apparaissent
des espèces telles que le raoa, le vete et le orare. Par contre le groupe
paaihere et oeo représente 62 % en octobre 1982 contre seulement 23 % en
octobre 1983.
Seules les espèces cibles sont étudiées.
3.1.4.1. ~~_~~~~ - figure nO 9
La production est presque nulle pour la période considérée. Aux
dires des pêcheurs le hapuu est péché à la ligne et dans les parcs de mars
à juin, période où en 1983 toute activité de pêche commerciale a cessé.
3.1.4.2. ~~_~~~~~ - figure nO 9
c'est un p01sson peu péché dans les parcs. Il est toujours pré
sent dans les prises en très faible quantité.
3.1.4.3. ~~_!~~~ - figure nO 9
La prise maximale est de 302 paquets pour la semaine du 6 au
10 nécembre, soit 1057 kg. Cette espèce est pratiquement absente après
janvier.
Il est toujours plus ou moins présent avec un maximum bien mar
qué en novembre 1982-: 700 paquets soit 2450 kg pour la 2ème semaine.
Après un maximum de production en octobre avec successivement
3430 kg et 2383 kg deux semaines de rang, le paaihere reste bien représen
tée dans les prises durant la période considérée.
... / ...
- 64 -
3.1.4.6. ~~_E~E~! - figure n° la
Toujours présents dans les pêches il est l'objet d'un maximum
de production fin novembre 1982 avec 4130 kg.
En tonnage l'oeo est la deuxième espèce produite avec 22.097 kg
derrière le toau avec 27.937 kg. Ces deux espèces font l'objet de la pêche
au parc avec filet. Elles semblent se rassembler dans le lagon près de la
passe pour migrer vers l'extérieur en banc quand le courant rentre. Cette
migration aurait lieu entre la nouvelle lune et le premier quartier. Le
rendement des parcs est alors beaucoup augmenté. Cela peut ne se produire
qu'une ou deux fois dans l'année. L'histogramme de production montre bien
le phénomène avec des maximums très accentués entrecoupés de périodes très
peu productives.
Les tableaux 9 et la donnent la production par espèce et par
parc pour les périodes du 10/10/82 au 31/12/82 et du 01/01/1983 au 31/08/83.
Les différences d'un parc à l'autre sont considérables. Quatre
parcs sont particulièrement efficaces. La production des autres est diffi
cile à suivre. En effet.ils sont peu productifs et souvent le "kau" ne
fait qu'un voyage pour les vider tous et mélange ainsi les prises.
Le parc nO 7 correspond ici à la non identification àu parc.
Après février 1983 l'enquêtrice n'a plus relevé les numéros des parcs
puisqu'ils ne correspondaient plus aux implantations précédent les cyclones.
Les parcs sont plus ou moins spécialisés dans les différentes
espèces. Par exemple les paaihere plus les oeo représentent 46 % de la
production du premier parc, 22 % de celle du 2ème, 2 % des 3ème et 4ème
et a % des Sème et 6ème parcs pour la période 1982. Le toau représente
1 % du premier parc, 30 % du 2ème, 80 % du 3ème, 29 % du 4ème et a % de
Sème et 6ème pour 1982 également.
. .. / ...
- 65 -
Tableau 9 - Production des parcs à poissons en nombrede paquets pendant l'année 1982 à Tikehaudu (10 Octobre au 31 Décembre).
Parc1 2 3 4 5 6
Poisson
ASSORTI 0 22 37 0 0 0Paaihere 2421 610 155 98 0 0Oeo uturoa 1958 376 0 35 0 0Ioio 338 60 0 170 140 470Parai 742 410 762 748 0 0Tatihi 1256 196 0 72 0 0Orare 605 610 397 1236 82 0Taea 486 206 44 316 0 0Kopa 540 232 0 36 0 0Rai 176 118 28 28 0 0Tiaene 12 2 22 0 0 0Tapatai 44 32 0 10 0 0Pati 142 5 0 0 0 0Manea 154 8 0 0 0 0Vete 161 88 54 85 10 0Marava 18 26 0 0 0 0Kukina 126 2 26 0 4 0Iihi 52 204 40 1010 0 0Hapuu 58 0 0 16 0 0Mopiro 0 0 80 0 0 0Mu 0 0 36 0 4 0Varea 24 0 0 0 0 0Corairai 18 0 0 0 0 0Roeroe 8 0 0 0 0 0Toau 82 1344 5500 1568 0 0Paparu 2 0 0 0 0 0Homo homo 18 0 0 0 0 0Honae 8 2 0 0 0 0Ume 26 0 8 12 0 0Tiamu 0 0 0 20 0 0Apai 0 0 0 0 0 0Oiri pao 0 0 0 0 0 0Paraha tore 24 12 0 0 0 0Eofu 18 0 0 0 0 0Anae 0 0 0 0 0 0Tarei uhu 0 0 0 0 0 0Maito 0 0 0 0 0 0Ahore 0 0 0 0 0 0Raoa 0 0 0 0 0 0Urua 0 0 0 0 0 0Tamure 0 3 0 0 0 0
- 66 -
Tableau 10 - Production des parcs à poissons en nombre depaquets pendant l'année 1983 du (1er Janvierau 31 Août).
Parc1 2 3 4 5 6 7
Poisson
ASSORTI 0 20 0 0 0 0 4Paaihere 980 30 515 0 0 0 508Oeo uturoa 616 0 3126 10 0 0 0Ioio 130 0 0 48 0 0 0Parai 690 20 200 0 0 0 12Tatihi 136 20 0 0 0 0 173Orare 151 100 50 11 0 0 1158Taea 90 220 200 30 0 0 11Kopa 202 70 0 0 0 0 0Rai 0 2 0 90 0 0 435Tiaene 20 4 20 0 0 0 148Tapatai 0 0 0 0 0 0 0Pati 0 348 0 0 0 0 0Manea 10 0 70 0 0 0 6Vete 42 46 0 0 0 0 46Marava 0 0 0 0 0 0 0Kukina 0 0 0 20 0 0 0Iihi 10 6 10 0 0 0 196Hapuu 34 2 0 0 0 0 0Mopiro 0 0 0 0 0 0 0Mu 0 0 0 0 0 0 2Varea 0 0 0 0 0 0 0Corairai 0 0 0 0 0 0 0Roeroe 0 0 50 0 0 0 0Toau 109 24 910 0 0 0 14Paparu 0 0 0 0 0 0 0Homo homo 0 0 0 130 0 0 0Honae 60 12 0 0 0 0 290Ume 0 0 40 0 0 0 0Tiamu 0 0 0 0 0 0 0Apai 0 0 0 0 0 0 0Oiri pao 0 0 0 0 0 0 0Paraha tore 0 0 0 0 0 0 0Eofu 0 38 0 0 0 0 168Anae 0 2 0 0 0 0 8Tarei uhu 0 0 0 0 0 0 0Maito 0 0 0 0 0 0 3Abore 0 0 0 0 0 0 8Raoa 0 0 0 0 0 0 2272Urua 0 0 0 0 0 0 10Tamure 0 0 0 0 0 0 9
- 67 -
De façon générale les parcs 1 et 3 sont les plus productifs
puisqu'ils fournissent 68 % de la pêche sur la période considérée. Ce sont
des parcs qui pêchent le poisson sortant du lagon et ils sont les seules
pour lesquels les pêcheurs utilisent "filet barrage" pour améliorer la cap
ture. (voir figure l et 3).
Le parc nO 1 se trouve dans la zone la plus médiane de la passe
qui est aussi la plus profonde et pêche surtout des oeo, paaihere, parai
et tatihi : tous ces poissons ont un comportément plus ou m01ns pélagique.
Le parc nO 3 s'appuie sur le corail et capture surtout des toau qui sont
nettement plus démersaux.
3.2. La biométrie
Seules les espèces cibles vues plus haut dans la variation an
nuelle des prises sont étudiées. Ce sont donc : les paaihere, oeo uturoa,
parai, tatihi, taea, toau, hapuu et manea. Deux espèces pour lesquelles
nous avions des données ont été ajoutées les varea et honae, toutes deux
du groupe des carangues.
Le tableau Il donne les coefficients calculés pour la corréla
tion logarithmique taille-poids. Les mesures ont été faites sur place sur
du poisson frais. (voir figure 12, 13, 14, 15).
P = A ebLt
Log P ;:: Log A + bLt
Log P = a + bLt
avec p ;:: Poids en kg
Lt ;:: Longueur de référence en mm.
... / ...
- 68 -
Les mesures faites au laboratoire sur des poissons congelés
donnent des résultats quelque peu différents consignés dans le tableau nO lZ.
En faisant l'hypothèse d'égalité des variances, nous pouvons
comparer pour chaque espèce les coefficients de régression b obtenus à par
tir d'animaux congelés ou frais. Nous avons alors:
b ..:. b1 ZSdb qui suivra une loi T de student avec
b l = coefficient de régression obtenu sans congélation.
hZ = coefficient de régression obtenu après congélation.
Sdb =
avec Dp
DLt
DPLt
Les indices 1 et Z sont là pour différencier les données obte
nues avec ou sans congélation.
Il vient que :
b 1 - btO,OSsi Z > alors hl ':f bZ au seuilSdb n l +nZ-4
S%
b l - btO,OSSi Z < alors b l bZ au seuil=Sdb n 1+nZ-4
S%
Nous avons calculé les différentes valeurs pour les oeo, taea,
tatihi, hapuu et paaihere et trouvé les résultats ci-dessous .
. ../ ...
- 69 -
Tableau 11 - Valeur du coefficient de régression b etde l'ordonnée à l'origine a pour les espèces particulièrement étudiées avantcongélation. Poids en kilogramme. L enmillimètre.
Espèce Nbre. de a bCoefa~c1ent
données corrélation
Paaihere 124 - 9,7 2,77 0,95
Oeo uturoa 212 - 10,3 2,85 0,96
Parai 89 - 9,3 2,77 0,75
Tatihi 48 - 10,8 2,97 0,98
Taea 114 - 10,8 3,00 0,93
Rai 49 - 9,6 2,65 0,97
Manea 31 - 6,4 2,27 0,88
Hapuu 22 - 12,3 3,20 0,99
Varea 102 - 10,4 2,90 0,98
Honae 10 - 13,6 3,48 0,93
Tableau 12 - Valeur du coefficient de régression b etde l'ordonnée à l'origine a pour les espèces étudiées après congélation. Poidsen kilogramme. L en millimètre.
Nbre. de Coet:l;1c1entEspèce données a b de
corrélation
Oeo 24 - Il ,9 3,12 0,99
Taea 40 - Il,5 3,15 0,99
Toau 53 - 9,0 2,67 0,90
Tatihi 72 - 10,7 2,94 0,96
Hapuu 45 - 9,3 2,69 0,87
Paaihere 22 - Il,0 3,01 1,00
CORRI:LRT 1ON TRILLE" POUlS DE PARIHDlE llJ LRCON DE TlKDlRU
~
mN
UlID
0 .. tifH0a. m
,.... ,.
:J0 "- ......W ..:E Jt::J: m #l- UIH~ CD
a: ..CJ ,. HHff0 ,......-l ,....... ,.
m ,...ID· ,...,.1ft ,.
5.49 5.89 6.29 6.69 ?ea
LOGARITHME DE LA LONGUEUR
DROITE DE REGRESSION LOGCP)=A+B*LOGCL)
ORDONN~~ R L'ORIGIN~--9.66
P~NT~ D~ LR DROIT~ - 2.77CO~FFICIENT D~ CORR~LRTION- .95
NOMBRE DE DONNE~S- 124.00~RR~UR MOY~NN~ SUR Y- .01
.CORREUI'TION mILLE '" POIœ lIE OEO UT\RlA !lU LAQOH lIE TIKDRJm111
ID
mIII $$
U1 "- a.·0 ,.,.,.;H ,.••10a. m
CI) ,. .. ;1',.:J ·0 "-
" ".alll : "w ,.:E :11::J: m1- "- ..H .. :n:Cl:: CD ,.,.a: .. ,.CJ ..0 ,. ,.-l m
,.- ,.·CD ,.
5.19 5.99 6.19 6.39 6.59
LOGARITHME DE LA LONGUEUR
DROITE DE REGRESSION LOGCP)=A+B*LOGCL)
ORDONN~E R L'ORIGIN~--10.28
PENT~ D~ LR DROIT~ - 2.85CO~FFrCI~NT D~ CORR~LRTrON- .96
NOMBR~ D~ DONN~ES- 212.00~RR~UR MOY~NN~ SUR Y- .01
Fig. 12 -
- 7J -
------------------.----------lIf"
"If ,. -,.,.,. ,. 1
,..::,.,.,.. 1
,.,""'. ,..,. i,.,. ~ 1,. ,. .#
,..,.. #"'''',. ",.. ,.
TAtLU: " POIDS lE PARflt DU LRC:OH lE TIKDRJl5ll5l
CD
15I"';
'"(J)QH0ll. 15I
CD::l CDQ
W1::r 15Il- NHœ CD
a:l'0--l
15I
~II)
COAREUlTIOH
5.70 5.90 6.10 6.30 6.50
LOGARITHME DE LA LONGUEUR
DROITE DE REGRESSION LOGCP)aA+B*LOGCL)
ORDONNEE R L'ORIGINE--9.28PENTE DE LR DROITE - 2.77
COEFFICIENT DE CORRELRTION- .75NOMBRE DE DONNEES- 89.BB
ERREUR MOYENNE SUR Y- .B3
CORRELRTION TAILU:" POIDS DE TATIHI DU LAC;OH lE TIIŒHFlUg:
'"
(J)QHoll.
::lQ
W1::r1Hœa:l'o--l
15ICD
II)
l5lN.•
,."',..#,. ,..,.,..,..,..,..,..,..,. ,..,..,.,..,..,..,..
,.. ,..,..,..
,..,..
4.80 5.10 5.70 6.00
LOGARITHME DE LA LONGUEUR
DROITE DE REGRESSION LOGCP)aA+B*LOGCL)
ORDONNEE R L'ORIGINE--ZB.76PENTE DE LR DROITE - 2.97
COEFFICIENT DE CORRELRTION- .98NOMBRE DE DONNEES- of 8. B0
ERREUR MOYENNE SUR Y- .B2
Fig. 13 -
- ]2 -
CORRELAT1 OH TR ILLE '" POl DS DE: HflN[fl DU UlC:OH DE: TIKEHAU
~
al ..~ #.."'"(f)
.. A0H0
..a.. al Sal::J r-: ..0 ..
....W1:I ....... al ..
lnH uie:::cr:l:J0..J ..
alal ..ui
S.B0 6.10 6.40 6.'70 '7.00
LOGARITHME DE LA LONGUEUR
DROITE DE REGRESSION LOGCP)=A+B*LOGCL)
ORDONNEE R L~ORIGINE--6.44
PENTE DE LR DROITE - 2.27COEFFICIENT DE CORRELRTION- .BB
NOMBRE DE DONNEES- 31.00ERREUR MOYENNE SUR Y- .04
CORREI..RTIOH TRILLE '" POIDS DE TFlDI DU LAGON DE: TIKEHRUalln
"'"
alal
(f) "'"0H0a.. al
If)
::J .0 CD
W1:I al..... alHe::: CD
CI:l:J0..J
al
~ln
---7.. #: .. 1....
.................. .. * .... .. .. .. .... .. .. .. .... .. * .... .. .... .. ..
.. .. .. ..5.20 5.40 5.60 S.B0 6.00
LOGARITHME DE LA LONGUEUR
DROITE DE REGRESSION LOGCP)=A+B*LOGCL)
ORDONNEE R L~ORIGINE--10.77
PENTE DE LR DROITE - 3.00COEFFICIENT DE CORRELRTION- .93
NOMBRE DE DONNEES- 1 14. 00ERREUR MOYENNE SUR Y- .01
Fig. 14 -
- 73 -
;:oRRELRTJON TRJLLE" POUlS lE HRPUU DU L.AC:ON lE TJICDlRUIII
UlCH0c.. CIl
lIlI::l . ..C CIl ..W .. ..LJ: ..r- <r ..
NH0:: CIl ......cr: ....t:10...J
NCIl.III
..#
.. ....
5.30 S.6B S.9B 6.2B 6.SB
LOGARITHME DE LA LONGUEUR
DROITE DE REGRESSION LOGCP)-A+B*LOGCL)
ORDONN~~ R L'ORIGIN~--12.2S
P~NT~ D~ LR DROIT~ - 3.20CO~F"F"ICI~NT D~ CORR~LRTION- .99
NOMBR~ D~ DONN~~S- 22.00~RR~UR MOY~NN~ SUR Y- .B2
Fig. 15 -
- 74 -
Espèceb
1- b 2 t
Sda
Oeo 1,93 1,96Taea 0,86 1,96Tatihi 0,21 1,96Hapuu 1,6 1,96Paaihere 0,47 1,96
Nous n'avons donc aucune différence entre les coefficients b
(pentes des droites de régression logarithmique taille - poids) des poissons
congelés ou non.
3.3. Les structures de taille
3.3.1. Paaihere figure 15
Deux séries de mesure ont été réalisées, l'une au mois d'octobre
1982, l'autre au mois de février 1983. Les histogrammes montrent qu'il y a
peu de différences entre les deux à savoir que :
1/ - On trouve un mode entre 3D et 40 cm. Au-delà de cette
taille les poissons sont rares.
2/ - Aucune longueur inférieure à 24 cm n'est représentée. Soit
les poissons plus petits passent à travers maille, soit ils ne sont pas re
présentés dans la pêcherie.
Sans données sur la croissance on ne peut guère interpréter
ces histogrammes. Le manque d'animaux plus grands que 35 cm suppose une
migration définitive des jeunes vers l'extérieur ou une mortalité totale
(naturelle + pêche très forte).
Ces histogrammes sont encore plus difficiles à interpréter sans
autres données. Il semble que cette espèce subisse une pression de pêche
moins forte que le paaihere puisque nous avons une décroissance du nombre
avec la taille qui est moins rapide. Le manque de pics nets suppose un
recouvrement important dans les différentes classes de taille. Ceci est
sans doute une combinaison de deux facteurs.
... / ...
Nombril
20
- 75 -
Date: 15/10/82 - PAAIHEREPECHE PARC COM - TIKEHAU
NB : 117
10
1... 1CD .
~;-i
• 1
CD·NI 0-+----l..J...l...i..J....L...j...LU-l...LL.L.L.1+ULLLl...L....LL.f-U..LL._---,,--__--,....L.-l-__--,
~I 20 30 40 50 60 70 S0 TaIlleen cm: 'LI _
Nombril
40Date: 15/2/83 - PAAIHERE
PECHE PARC COM - TIKEHAUNB : 239
10
30
20
1
1
~I:;1~ l' 0-+20-J.1...LLU3+0lULl..l..LLIu4+eLU...LLL-..lS+-0----6'0---ï70r------,S0 Ta 11 III
en cm: LI _
Figure 16 - Structure de taille de deux échantillonsde Paaihere.
- 76 -
Nombre
20Date: 15/10/82 - TAEA
PECHE PARC COM - TIKEHAUNB : 115
50 Tailleen cm
4030
ri1 1mi
! 1 l '
1 i 1n! !r 1 1 ~
l' !20
lB
CDN
CI-1
•• L.....------- '"'-- ....J
1
"'1~IN
Nombre
20Date: 15/2/83 - TAEA
PECHE PARC COM - TIKEHAUNB : 81
lB
B4-__ -L-....L.-.l..-J...................+-..............................l...._--L--'--,......- --,
20 3B 40 5B TaIlleen CID
IDN
~
•• ~ __:_---J
Figure 17 - Structure·detaille~de deUx.~chantillons
de Oeo uturoa.
Nombril
20
15-
10
-77
Date: 19/10/82 - OEO UTUROAPECHE PARC COM - TIKEHAU
NB : 178
5
rl'I
~N
1
~I 0ri i r ri n
..J 20 30 4B SB SB 70 Tall le
• lin cm•
Nombre
20
lB
Date: 15/2/83 - OEO UTUROAPECHE PARC COM TIKEHAU
NB : 355
l'Ial
N.al
~ 1
BI2B
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 J 1 1 1 1 1 1 1 Il! III 1 1
3B 40 501
7B Taillelin cm
Figure 18 - Structure de taille de deux échantillonsde Taea.
- 78 -
6B TaIlleen cm
SB
Date: 15/2/83 - PARAIPECHE PARC COM - TIKEHAU
NB . 152
4030
r- .....
l-
I
1
! T..
1
1,-
1!
-,-
nrTT 1m ,o20
10
1 Nombre
IDN',D'
--1
**'-----------------------------------
Figure 19 - Structure de taille d'un échantillon de Parai.
- 79 -
1/ - Nous avons affaire à des a~imaux plus âgés.
2/ - La reproduction est peut-être plus étalée dans le temps.
3.3.3. !~~~ : figure 17
Ces histogrammes sont à rapprocher de ceux du paaihere. Un mode
apparaît vers 30 cm, les poissons plus grands sont rares. En février 1983
ce phénomène est encore plus prononcé.
On peut 1nvoquer une mortalité totale apparente importante.
3.3.4. ~~E~! : figure 18
Trois modes sont visibles, le 1er vers 38 cm, le 2ème vers
43-44 cm et le 3ème vers 48-49 cm. Sans données sur la croissance on ne
peut guère interpréter ces valeurs. Comme pour le oeo, cette espèce semble
subir une mortalité totale et donc par pêche,moins importan~que pour les
deux autres espèces citées.
CONCLUSION
l'étude que nous nous proposions de poursuivre a permis d'éta
blir, pour la plage des longueurs commerciales, des relations taille -
poids utilisables. Les mesures continueront à être prises de façon à affi
ner les différentes régressions surtout pour les valeurs extrêmes. Les
données biologiques permettront d'autre part d'apporter d'autres informations
intéressant directement la stratégie de développement de la pêche.
Le suivi de la production ventilée en espèces et en parcs a
donné quelques résultats intéressants malgré les perturbations dues aux
cyclones. On a pu choisir une unité d'effort qui semble un bon indice d'abon
dance: c'est le jour de pêche pour les parcs considérés. La production est
maximale entre octobre et décembre. La prise par unité d'effort est aussi
maximale à cette période. Les parcs sont plus ou moins spécialisés suivant
leur forme et leur position par rapport aux différents poissons. Dans le
cas de Tikehau les poissons sont surtout pêchés au moment où ils sortent
du lagon.
. .. / ...
- 80 -
Les structures de taille obtenues ne permettent guère, sans don
nées complémentaires, une interprétation aisée. On peut quand même diffé
rencier deux groupes chez les espèces étudiées. L'un (taea et paaihere) est
constitué d'animaux qui disparaissent vite de la pêcherie et donc subissent
une mortalité totale apparente forte. L'autre groupe (oeo uturoa et parai)
subit une mortalité totale apparente plus faible. Ceci suppose que l'effort
actuel et le recrutement n'a guère varié ces dernières années. Quant à
l'abondance relative des espèces l'oeo uturoa qui, en importance des prises,
est en seconde position et qui subit une mortalité totale relativement peu
élevée, constitue, semble-t-il, le stock commercialisable le plus fort.
BIBLIOGRAPHIE
BROSSE (Y.), 1974 - Production des p1eges à poisson de Rangiroa (Archipeldes Tuamotu) - Thèse de 3ème cycte ppésentée à t'univepsité dePaPis VI.
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- 81 -
POL Y NES l E FRA N CAl S E
O.R.S.T.O.M.
DISTRIBUTION QUANTITATIVE DES POISSONS HERBIVORESDANS LES FORMATIONS CORALLIENNES
Mireille HARMELIN-VIVIEN
Station mar1ne d'Endoume - CNRS LA 41 - 13007 Marseille - France
Centre de l'environnement de Moorea - B.P. 12 - Moorea Polynésie Française
HARMELIN-VIVIEN (M.), 1984 - Distribution quantitative des poissonsherbivores dans les formations coralliennes - in "L'atollde Tikehau (archipel des Tuamotu, Polynésie Française)premiers résultats". G.R.S.T.G.M. Tahiti, Notes et Doc.Gcéanogr., 22 : 81, 107.
- 82 -
RESUME
La distribution quantitative des principaux poissons herbi
vores est étudiée à l'aide d'une méthode visuelle prenant en compte le
nombre, la taille des individus et leur groupement. Les stations prospec
tées s'échelonnent le long d'une radiale recoupant les formations coral
liennes de l'atoll. Les poissons herbivores étudiés appartiennent tous
aux familles des Saaridae et des Aaanthuridae.
Ce travail montre que
La richesse spécifique est plus élevée sur la pente externe
- La densité moyenne des individus est semblable dans le
lagon et à l'extérieur
- Les Aaanthuridae dominent sur la pente externe
Les individus juvéniles se rassemblent sur les formations
de platier du lagon
- Les individus adult~de grande taille sont plus nombreux
sur la pente externe
- La proportion d'individus solitaires est plus importante
à l'extérieur du récif
La biomasse de poissons herbivores par unité de surface
est plus élevée sur la pente externe que dans le lagon.
- 83 -
ABSTRACT
The quantitative distribution of herbivorous fishes is
studied using a visual method in which the number, the size of the indi
viduals as weIl as their gathering is assessed. ~ prospected stations
~spaced out along a transect across the coral formations of the atoll.
AlI the herbivorous fishes observed belong to the families
Saaridae and Aaanthuridae.
This work shows that
- The specifie diversity is greater on the outer slope
- The mean density of individuals is the same in the
lagoon and outside
- The Aaanthuridae predominant on. the outer slope
- The juveniles gather on the shallow coral reef
of the lagoon
- The adults of great size an more numerous on the outer
slope
The ratio of lonesome fishes in greater outside the
reef
The biomass of herbivorous fishes per surface unit is
greater on the outer slope than in the lagoon.
- 84 -
INTRODUCTION
Les poissons herbivores sont des éléments importants de
l'ichtyofaune des récifs coralliens aussi bien en nombre qu'en biomasse.
La plupart des auteurs estiment qu'ils forment entre 10 % et 15 % de la
population de poissons des récifs (RANDALL, 1963, 1967 ; TALBOT, 1965 ;
BAKUS, 1967 ; GOLDMAN et TALBOT, 1976 ; HARMELIN-VIVIEN, 1979). Les pois
sons herbivores jouent de plus un rôle important dans la structure et
l'évolution des communautés coralliennes en réduisant le développement
du gazon algal, permettant ainsi la colonisation des substrats par les
invertébrés sessiles dont les Scléractiniaires (STEPHENSON et SEARLES,
1960 ; VINE, 1974 ; OGDEN, 1976, POTTS, 1977 ; WANDERS, 1977 ; OGDEN et
LOBEL, 1978 ; et de nombreux autres).
Les études sur la distribution des poissons herbivores en
milieu corallien sont rares. Une étude a été récemment réalisée en Mer
Rouge dans les récifs des côtes jordaniennes du Golfe d'Aqaba (BOUCHON
NAVARO et HARMELIN-VIVIEN, 1981), mais aucune n'a été effectuée en Poly
nésie Française. Les seuls travaux quantifiant l'importance des poissons
des récifs coralliens en Polynésie sont ceux de GALZIN (1977) sur l'i
chtyofaune totale d'un récif de Moorea et de BOUCHON-NAVARO (1981) sur
les Chaetodontidae, également à Moorea. Le présent travail aborde la
distribution quantitative des principaux poissons herbivores (Scaridae
et Acanthuridae) sur une radiale recoupant les formations coralliennes
de l'Atoll de Tikehau (Tuamotu). Ce travail sera complété par des études
similaires effectuées dans d'autres atolls et sur des récifs d'îles hautes.
METHODE
Les relevés de la faune ichtyologique ont été effectués en
plongée suivant la méthode mise au point par HARMELIN-VrVIEN et HARMELIN
(1975). Cette méthode prend en compte à la fois le nombre, la taille des
individus et leur groupement. A chaque station, les poissons sont comptés
le long de 4 transects de 50 m de long sur 5 m de large, soit sur une sur
face totale de 1000 m2. Les transects sont effectués à profondeur cons
tante parallèlement à la ligne de rivage ou au front récifal afin de
maintenir des conditions écologiques homogènes sur les 1000 m2 étudiés.
- 85 -
Pour chaque espèce, les individus sont placés dans l'une des trois clas
ses de taille suivantes juvéniles, individus de taille moyenne, gros
adultes, et dans l'un des groupes suivants en fonction du groupement des
individus: groupe 1 = individus solitaires, groupe 2 = 2 à 4 individus,
groupe 3 = 5 à 10 individus, groupe 4 = 10 à 30 individus, groupe 5 =30 à 50 individus. La médiane de chaque groupe est prise en compte en
suite pour calculer le nombre d'individus pour 1000 m2 à chaque station.
La difficulté majeure des méthodes de comptage visuel est
la reconnaissance des espèces. A Tikehau, les Acanthuridae peuvent être
assez facilement distingués les uns des autres, un problème se posant
uniquement pour les individus juvéniles de Ctenoahaetus striatus et d'A
aanthupus nigroris. Pour les Scaridae, l'identification des formes ju
véniles est impossible à réaliser directement sous l'eau et seuls les
principaux types de coloration ont été pris en compte. Ainsi Saarus sp 1
correspond à des jeunes en livrée gris clair uniforme, Saarus sp 2 sur
tout à des jeunes de couleur marron uniforme et Saarus sp 3 à des jeunes
présentant une alternance de bandes longitudinales claires et sombres.
Quand il a été possible, les sexes ont été comptabilisés séparément chez
les Scaridae.
LOCALISATION DES STATIONS
Les comptages ont été réalisés sur une radiale partant des
'. pinacles du lagon jusqu'à 30 m sur la pente externe en passant par la
$ couronne corallienne. La radiale étudiée est située dans la partie ouest
de l'atoll (W.S.W.), au sud de la passe Te Ava, légèrement au nord du
motu Marnaa. La description de la morphologie et des communautés de Sclé
ractiniaires le long de cette radiale a été réalisée par FAURE. Sur cette
radiale, 10 stations ont été choisies pour les comptages (fig. 1) :
- stations 1 et 3 : platiers correspondant aux sommets de
deux pinacles situés dans la partie sud-ouest du lagon
stations 2 et 4
- stations 5 et 6
lagon, en arrière du motu ;
- 6 m sur les flancs des pinacles ;
- 7 m et - 3 m sur la pente interne du
- 86 -
- station 7
motu (côté lagon) ;
- station 8
large)
- station 9
ne de déferlement (algues
platier interne situé juste en arrière du
platier externe situé en avant du motu (côté
: - 3 m sur la pente externe, juste sous la zo
calcaires dominantes, très peu de coraux) ;
- station la : - la m sur la pente externe (algues calcai
res importantes, mais nombreuses colonies coralliennes de petite taille)
- stations Il et 12 : - 20 m et - 30 m sur la pente exter
ne (coraux dominants, très développés).
En dehors de ces stations, des relevés qualitatifs ont été
effectués dans différentes zones du quart sud-ouest de l'atoll afin de
préciser la distribution des espèces.
1 - RESULTATS
1.1. Distribution qualitative des espèces
Les poissons herbivores pris en compte appartiennent aux
Scaridae et aux Acanthuridae. Une espèce de Siganidae (Siganus argenteus)
a également été observée à Tikehau, mais en dehors de la radiale. Au to
tal, 12 espèces de Scaridae ont été identifiées, plus trois formes juvé
niles, et 24 espèces d'Acanthuridae (tableau 1). Parmi les Acanthuridae,
une espèce Nasa hexaaanthus n'apparaît pas dans la liste car elle est
planctonophage (JONES, 1968) et non herbivore comme les autres espèces.
On observe une richesse spécifique supérieure sur la pente
externe, prise dans son ensemble, que dans le lagon, ceci aussi bien si
l'on considère l'ensemble des poissons herbivores (31 espèces sur la pen
te externe, 24 dans le lagon) que chacune des deux familles étudiées
(tableau 2A). Les Acanthuridae présentent non seulement une richesse
spécifique supérieure à celle des Scaridae, mais aussi une dis
tribution beaucoup plus marquée et restreinte de la plupart des espèces.
Ainsi la espèces d'Acanthuridae, soit 43,5 % des espèces de cette famille,
- 87 -
n'ont été trouvées que dans 2 stations sur les 12 étudiées, alors que
cette proportion tombe à 25 % (3 spp.) chez les Scaridae.
Les espèces rencontrées le plus fréquemment dans le lagon
sont Scarus harid~ S. sopdidus~ S. venosus~ Acanthupus gahhm~ A. nigpo
pis~ A. tpiostegus~ Ctenochaetus stPiatus~ Zebpasoma scopas et Z. veZi
fePUm. D'autres espèces n'ont été trouvées que dans les milieux lagonai
res comme Scapus oviceps~ Naso heppei~ N. unicoPnis et Acanthupus Zinea
tus. Sur le platier externe, n'ont été rencontrées que quelques indivi
dus de petite taille d'Acanthupus tPiostegus. Dans la zone de déferle
ment, il existe quelques espèces d'Acanthuridae caractéristiques de ce
milieu très agité: A. achiZZes~ A. guttatus. Dans d'autres récifs, une
troisième espèce A. Zineatus vit également dans la zone de déferlement.
A Tikehau, elle n'a été observée que dans le lagon, en raison peut-être
de l'agitation trop forte régnant dans cette zone. Trois espèces de Sca
ridae, SCaPUs gibbus~ S. jonesi et Cetoscarus bicoZop~ et une espèce
d'Acanthuridae, Zebpasoma postpatum~ n'ont été observées que sur la pen
te externe. Mais c'est à partir de 18-20 m que le peuplement d'herbivo
res s'individualise nettement. On observe en effet, à partir de ces pro
fondeurs, 7 nouvelles espèces d'Acanthuridae Acanthupus bZeekepi~ A.
xanthocephaZus~ Acanthupus sp 1, AcanthUPUs sp 2, Cte~pcjaetis h.aiùaii
ensis~ Naso bpevipostpis et N. vZamingi.
Le peuplement de poissons herbivores du lagon est donc plus
pauvre en espèces et moins individualisé que celui de la pente externe.
Sur la pente externe, à partir de 20 m, on assiste à un renouvellement
d'espèces appartenant essentiellement aux Acanthuridae.
1.2. Distribution quantitative des poissons herbivores
La distribution générale des Acanthuridae et des Scaridae,
en nombre d'espèces et d'individus, est donnée dans les tableaux 1 et 3
pour les différentes stations étudiées. Les poissons herbivores attei
gnent leur densité maximale dans le lagon, sur le platier interne, avec
un total de 617 individus pour 1000 m2 (fig. A et B). Ils sont également
très nombreux sur le sommet des pinacles (542 et 420 individus. 1000 m-2),
mais leur densité décroît assez rapidement avec la profondeur dans le
- 88 -
lagon. Par contre, sur la pente externe, le maximum de poissons herbivores
s'observe entre 10 m et 20 m avec respectivement 470 et 498 individus.
1000 m- 2. A 3 m, leur diminution est dûe à l'agitation régnant dans ce mi
lieu. Au-delà de 20 m, se produit une diminution de l'effectif total des
poissons herbivores qui a également été mise en évidence sur la pente ex
terne des récifs d'Aqaba (BOUCHON-NAVARO et HARMELIN-VIVIEN, 1981). La
densité minimale d'herbivores (48 indiv. 1000 m-2) a été enregistrée sur
le platier externe qui représente un milieu pauvre très particulier où
l'agitation et les courants sont particulièrement violents et la profon
deur d'eau très faible.
Si l'on compare globalement l'abondance de ces poissons dans
le lagon et sur la pente externe (tableau 2 B), on remarque que leurs den
sités moyennes sont équivalentes de part et d'autre de la couronne coral
lienne : 403 individus. 1000 m- 2 dans le lagon et 429 sur la pente exter
ne. (Les différences ne sont pas significatives des deux familles diffè
rent nettement d'une zone à l'autre.
Dans le lagon, Acanthuridae et Scaridae représentent chacun
environ 50 % de l'effectif (différences non significatives à p = 0,01),
tandis que sur la pente externe les Acanthuridae forment 82 % de la popu
lation d'herbivores et les Scaridae seulement 18 %. Cependant, il convient
de séparer les principaux biotopes les uns des autres : platiers et pentes
des forma,tions de lagon, pente externe supérieure (3-10 m) et moyenne (20
30 m). Sur les platiers des lagons, les Acanthuridae dominent légèrement
(57 %). Ce sont essentiellement Aeanthurus tFiostegus~ A. nigporis et Cte
noehaetus striatus, alors que la plupart des Scaridae appartiennent à l'es
pèce Se~s sopdidus ou bien sont des individus juvéniles (tableau 1). Sur
les pentes du lagon, entre 3 et 7 m, les Scaridae, surtout Searus sopdidus~
Hipposearus harid et des jeunes, dominent à leur tour légèrement (56 %).
Les Acanthuridae les plus nombreux sont toujours Ctenoehaetus stpiatus
et Aeanthurus nigporis auxque1: viennent s'ajouter A. gahhm et Naso heppei.
Sur la pente externe supérieure, les Acanthuridae dominent largement (81 %).
Les espèces les plus nombreuses sont C. striatus~ A. nigpoFis~ C. stpigosus~
A. gZaueopaPeius~ A. aehiZZes~ A. guttatus et Z. postpatum. La population
de Scaridae, bien que moins importante dans le lagon, est formée d'un plus
grand nombre d'espèces parmi lesquelles les plus remarquables sont Sea-
PUS sordidus~ S. gibbus~ S. ehZopodon~
- 89 -
s. ghobban et S. frenatus (tableau 1). Entre 20 m et 30 m sur la pente
externe, les pourcentages respectifs des Acanthuridae (83 %) et des Sca
ridae (17 %) ne varient guère par rapport à ceux enregistrés dans la zo
ne 3-10 m. Par contre, les espèces dominantes changent. Ce sont surtout
C. stigosus, A. glaucopareius, A. xanthopterus, A. sp 1, A. pyroferus,
N. lituratus, N. brevirostris et C. hawaiiensis. Les Scaridae les plus
nombreux à ces profondeurs sont S. gibbus, S. sordidus, S. chlorodon,
S. frenatus et S. niger.
1.3. Distribution quantitative des juvéniles
La distribution des individus juvéniles d'Acanthuridae et
de Scaridae est donnée dans le tableau 4. On constate que 91 % des juvé
niles ont été trouvés dans le lagon, la plus grande partie étant rassem
blée sur les p1atiers situés en arrière des motu et au sommet des pina
cles. Les Scaridae forment l'élément dominant (72 %) de la population
de juvéniles, mais les jeunes Scaridae n'ont été rencontrés que dans le
lagon (fig. 2B). Des Acanthuridae juvéniles sont présents par contre dans
le lagon. Dans le lagon, ils appartiennent surtout à Acanthurus trios
tegus, A. nigroris, C. striatus et N. lituratus, tandis que sur la pen
te externe ce sont essentiellement des jeunes de C. strigosus, N. litu
ratus et Acanthurus sp 2 qui ont été observés.
Lors des comptages, trois classes de taille ont été distin
.. guées pour chaque espèce. Ceci nous permet d'obtenir une représentation
schématique de la structure générale des populations de poissons herbi-:il.
vares dans l'ensemble du lagon et sur la pente externe (tableau 5). On
s'aperçoit ainsi que, dans le lagon, la moitié de la population seulement
est formée d'individus adultes de grande taille, tandis que ceux de tail
le moyenne représentent 29 % des individus et les jeunes 19 %. Au con
traire, sur la pente externe, jeunes et moyens forment seulement 4 % de
la population et les gros adultes 96 %. Nous avons constaté précédemment,
que la densité moyenne des poissons herbivores était la même dans le la
gon et sur la pente externe (tableau 2B). Grâce aux proportions relatives
des différentes classes de taille, en l'absence de données pondérales et
dans la mesure où les espèces existant de part et d'autre de la couronne
corallienne ne présentent pas des variations de taille trop importantes,
- 90 -
on peut estimer que la biomasse des poissons herbivores par unité de sur
face est plus importante sur la pente externe que dans le lagon.
1.4. Répartition des sexes chez les Scaridae
Les Scaridae mâles et les Scaridae femelles auxquelles se
joignent les mâles non matures, présentent le plus souvent des livrées
fort différentes, contrairement aux Acanthuridae chez lesquels la déter
mination du sexe peut rarement se faire sur des caractères externes. Pour
les Scaridae, les gros mâles ont donc été comptabilisés séparément. On
remarque qu'ils sont assez peu nombreux dans le lagon (7 %), puis que
leur proportion augmente sur le haut de la pente externe (35 %) (tableau
6). Ils deviennent ensuite dominants à partir de 20 m de profondeur (72 %
à 20 m, 62 % à 30 m). Ceci suit également l'augmentation de la taille des
Scaridae depuis les fonds de lagon jusque sur la pente externe.
1.5. Groupement des individus
La méthode de comptage utilisée permet de connaître le type
de groupement préférentiel des espèces et de suivre son évolution dans
les différentes zones du récif. D'une façon très générale, la majorité
des Acanthuridae rencontrés étaient solitaires (69 %) tandis que la plu
part des Scaridae (57 %) étaient réunis en petits bancs de 3 à la indi
vidus (tableau 7). Cependant, on constate que c'est essentiellement sur
la pente externe que le pourcentage d'individus solitaires est le plus
élevé, et ce, pour les deux familles. Chez les Acanthuridae, bien que les
individus solitaires soient aussi les plus nombreux dans le lagon, on
observe des groupements assez importants (10 à 50 individus) sur les
p1~tiers ou dans les très petits fonds (3 m). Tous correspondent à des
bancs d'Acanthurus triostegus. Pour cette famille, les proportions d'in
dividus solitaires augmentent sur les pentes du lagon. Sur la pente ex
terne, la plupart des Acanthuridae rencontrés sont solitaires, mais, à
des niveaux bathymétriques donnés, il y a apparition d'espèces qui vivent
en bancs. A 3 m, les espèces caractéristiques, A. guttatus~ A. achiZZes~
A. gZaucopareiU8~ vivent en groupes. A partir de 20 m, et surtout 30 m,
apparaissent certaines espèces qui vivent également en bancs rA. xantho
ptepus~ A. sp 1). Plus près de la passe, sur des fonds de 25 m, on a
- 91 -
ainsi observé des bancs de 100 à 200 individus d'Acanthurus xanthoptepus.
Chez les Scaridae, la plupart des individus rencontrés à l'inté
rieur du lagon forment des bancs de 2 à 10 individus. On observe cepen
dant un nombre non négligeable de bancs de 10 à 30 individus sur les
platiers et jusqu'à 6 m sur les pentes, qui sont constitués essentielle
ment de juvéniles. Sur la pente externe, les bancs, formés d'adultes,
diminuent rapidement en nombre et en taille avec la profondeur. Inverse
ment, le pourcentage de Scaridae solitaires augmente (tableau 8). Ceci
est à relier à l'augmentation du nombre des mâles adultes qui sont soli
taires.
Le regroupement en bancs chez les poissons herbivores est
interprété, soit comme un mécanisme de défense contre les prédateurs
dans des biotopes exposés (BARLOW, 1974), soit comme une tactique d'uti
lisation des ressources dirigées contre les herbivores territoriaux
(VINE, 1974), un groupe ayant plus de chance de pouvoir brouter sur le
territoire d'un Pomacentridae par exemple, qu'un individu solitaire qui
se fera chasser. Il faut noter également que le mode solitaire semble
prévaloir lorsque les ressources sont plus uniformément réparties.
DISCUSSION ET CONCLUSION
Dans leur revue sur le rôle des herbivores dans les récifs,
OGDEN et LOBEL (1978) suggéraient que les herbivores tendent à se concen-<:~
trer dans les zones peu profondes où le développement et la productivité
des végétaux benthiques sont les plus forts. Les résultats obtenus à
Aqaba (BOUCHON-NAVARO et HARMELIN-VIVIEN, 1981) et à Tikehau tendent à
confirmer cette hypothèse. Cependant, la densité des poissons herbivores
peut varier considérablement d'un biotope où les coraux sont vigoureux
et dominants supportera une population d'herbivores plus faible qu'un mi
lieu dégradé où la plupart des coraux sont morts. Des variations impor
tantes peuvent également s'observer d'une zone géographique à l'autre.
Ainsi, à Aqaba, l'ichtyofaune herbivore présentait une richesse spécifi
que moindre (20 spp. maximum) et surtout une densité moyenne trois fois
plus faible qu'à Tikehau (tableau 9). Par contre, les proportions relati
ves globales d'Acanthuridae et de Scaridae sont voisines dans les deux
zones (tableau 9). Cependant, à Aqaba. les Acanthuridae dominaient nette-
- 92 -
ment sur les platiers et les Scaridae sur la pente externe. A Tikehau,
Acanthuridae et Scaridae existent en densité équivalente dans les mi
lieux peu profonds du lagon, tandis que sur la pente externe les Acanthu
ridae dominent nettement.
La densité moyenne de poissons herbivores trouvée à Tikehau
(382 individus. 1000 m-2) est de l'ordre de celle indiquée par GALZIN
(1977) pour Moorea: 488 individus. 1000 m- 2 (entre 312 et 663) et celle
donnée par HOBSON (1974) à Hawaii 530 individus. 1000 m-2 (entre 172
et 848). D'une façon générale, il semble que les densités de poissons
herbivores soient supérieures dans l'Indo-Pacifique (cf. également
BRADBURY et GOEDEN, 1974 ; JONES et CHASE, 1975 ; GROVHOUG et HENDERSON,
1978 ; BROCK, 1979 ; ROBERTSON et al., 1979) que dans les récifs de la
Mer Rouge (CLARK et al., 1968 ; BOUCHON-NAVARO et HARMELIN-VIVIEN, 1981)
ou ceux des Caraibes (BARDACH, 1959 ; RANDALL, 1963 ; BARLOW, 1975).
Les principales conclusions de ce travail sur les poissons
herbivores de l'atoll de Tikehau sont les suivantes:
- richesse spécifique plus élevée pour les Acanthuridae et
les Scaridae sur la pente externe ;
densité moyenne des individus semblables dans le lagon
et sur la pente externe
densité des Acanthuridae et des Scaridae identiques dans
le lagon, mais les Acanthuridae deviennent largement dominant sur la
pente externe
- individus juvéniles rassemblés essentiellement sur les
formations de platier du lagon ;
- augmentation de la proportion d'individus de grande tail
le, ainsi que des mâles de Scaridae, sur la pente externe
- augmentation du pourcentage numérique d'individus soli
taires sur l'extérieur du récif
- biomasse de poissons herbivores par unité de surface plus
élevée sur la pente externe que dans le lagon.
- 93 -
Il ne faut pas oublier que ces résultats reflètent seulement
la situation existant sur la radiale étudiée. Il convient donc de ne pas
les généraliser à l'ensemble de l'atoll de Tikehau. Néanmoins, ces résul
tats pourront permettre une comparaison intéressante avec des études si
milaires, mais plus étendues, qui seront réalisées sur d'autres atolls
et sur des récifs d'île haute.
REMERCIEMENTS
Je tiens à exprimer mes remerciements à M. B. SALVAT qui
m'a procuré l'occasion de travailler en Polynésie Française et à
M. A. INTES qui m'a permis de participer à la mission de l'O.R.S.T.O.M.
sur Tikehau. Mes remerciements vont également à MM. L. CHARPY et E. MORIZE
pour l'organisation de la mission et à M. P. LABOUTE qui a assuré la bon
ne marche et la sécurité des plongées.
- 94 -
BIBLIOGRAPHIE
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- 96 -
Tableau 1. Distribution quantitative des Acanthuridae et des Scaridae sur l'atoll
de Tikehau ,Tuamotu (nombre d'individus par biotope).
LAGON PENTE EXTERNE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 ID Il 12
ACANTHURIDAE
AcanthuY'us achiZZes 2 · · 1 · · · 24 8 · ·A. bZeekeY'i · · · 1 · · · · 3A. gahhm · 14 · 1 14 18 · · · · 1A. gZaucopaY'eius 6 2 2 · · · · 21 26 III 5A. guttatus · · · · · · · 13 · · ·A. Zineatus 14 · 2 · · 2 · · · ·A. nigY'oY'is 58 · III 1 · 34 · 108 85 · ·A. PYY'ofeY'us · · · 2 · · · · 2 24A. tY'iostegus 114 79 · 30 124 128 45 2 · · ·A. xanthopteY'us · · · · · · · · · 14 60AcanthuY'us spl · · · · · · · · · 34 27AcanthuY'us sp2 · · · · · · · · · 9Ctenochaetus haI.Jaiiensis · · · · · · · · · · II 12C. stY'iatus 74 42 83 87 38 100 III · 90 149 3 4C. s tY'igosus · · · 3 · 2 · · 60 63 164 104Naso bY'eviY'ostY'is · · · · · · · · · · ID 7N. heY'Y'ei · 14 · 7 · · · · · · · ·N. ZituY'atus 2 2 22
~.
7 13 52 15 -· · · ·
N. unicornis 2 · · · · · · · · · ·N. vl,amingi · · · · · · · · · · · 1ZebY'asoma scopas ID 6 16 15 · · · · · 17 6 21Z. veZifeY'um 6 6 10 · 4 10 31 · · 2 2 ·Z. Y'ostY'atum · · · · · · · · 8 4 1 6
SCARIDAE; ' ..
Cetoscarus bicoZoY' · · · · · · · · 7 3,1
4 ~
Hipposcarus haY'id 4 · 9 2 8 8 · · 1 4 ·ScaY'us chl,oY'odon 2 2 6 4 1 5 12 6'.'
· · · 7S. fY'enatus · · · · 2 2 3 · 5 9 Il ·S. ghobban · 4 · 5 · · · 3 5 10 4 ·S. gibbus · · · · · · · · 8 13 30 16S. jonesi · · · · · · · · · 8 2 ·S. nigeY' · · 2 2 · 2 · · · · 1 8S. oviceps · · · · · · 3 · · · · ·S. Y'UbY'ovioZaceus · · · · · 2 · · · 1 · ·S. sOY'didus 100 94 169 134 50 46 235 · 27 15 21 17S. venosus 8 22 1 4 · 4 · · · ,) · ·Scarus spl 22 67 10
..
· · · · · · · · .;1. ·Soarus sp2 · 112 · 56 18 50 60 · 15 26 6 :c ·SoaY'us sp3 14 2 '!· · · · · · · · · ·
"
Tableau 2. Comparaison globale en nombre d'espèces et en nombre d'individus pour 1000 m2 des
populations de Scaridae et d'Acanthuridae dans le lagon et sur la pente externe de
l'atool de Tikehau (Tuamotu).
Lagon Pente externe
(stations 1 à 7) (stations 9 à 12)
A - Nombre d'espèces
Acanthuridae 15 20
Scaridae 9 Il
Total 24 31
B - Nombre d'individuspour 1000 m2
209 + 99 352 + 41Acanthuridae - -Scaridae 194 + 74 77+ 20
Total 403 + 135 429 + 58
Tableau 3. Importarlce relative des Acanthuridae et des Scaridae dans les différents biotopes de
l'atoll de Tikehau (nombres d'espèces, nombres d'individus et pourcentages numériques
par rapport à la population totale d'herbivores dans chaque biotope)
LAGON PENTE EXTERNE,
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Il 12
ACANTHURIDAE
Nombre espèces 10 6 7 9'.
4 6 6 1 9 9 12 15
Nombre individus 288 84 303 119 86 276 307 45 333 367 410 299
70 numériques 68,6 25,8 55,9 34,6 49,4 69,0 49,8 93,8 83,7 78,1 82,3 85,2
SCARIDAE
Nombre espèces 3 5 3 6 3 7 5 1 6 Il JO 5
Nombre individus 132 242 239 226 88 124 310 3 65 J03 88 52
% numériques 31,4 74,2 44,1 65,4 50,6 31,0 50,2 6,2 16,3 21,9 17,7 14,8
TOTAL
Nombre espèces 13 Il 10 15 7 13 Il 2 15 20 22 20
Nombre individus 420 326 542 345 174 400 617 48 398 470 498 351
Tableau 4. Distribution des individus juvéniles d'Acanthuridae et de Scaridae sur la radiale de Mamaa
dans l'atoll de Tikehau (nombres d'individus et % numériques par rapport à la population de
chaque famille, % totaux par rapport à l'ensemble de la population de poissons herbivores).
'LAGON PENTE EXTERNE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 la Il 12
ACANTHURIDAE
Nombre juvéniles 14 4 44 14 6 31 26 · 13 5 9
% numériques 4,9 4,8 14,5 11,8 . 2,2 la, 1 57,8 · 3,5 1,2 3,0
SCARIDAE
Nombre juvéniles 46 6 110 42 52 42 123 . · .% numériques 34,8 2,5 46,0 18,7 59,1 33,9 39,7 . .
TOTAL
Nombre juvéniles 60 la 154 56 52 48 154 26 13 5 9
% numériques 14,3 3, 1 28,4 16,3 29,9 12,0 24,9 54,2 2,8 1, a 2,6
Tableau 5. Structure générale des populations de poissons herbivores dans le lagon et
sur la pente externe de l'atoll de Tikehau en fonction des trois classes de taille
distinguées. (pourcentages numériques).
Lagon Pente externe
Juvéniles 18,9 1,6
moyens 28,7 2,4
gros adultes 52,4 96,0
aa
Tableau 6. Dominance des juvéniles, des femelles (+ mâles immatures) et des mâles adultes dans la
population totale de Scaridae en fonction des biotopes sur l'atoll de Tikehau.
SCARIDAElagon Pente externe
1 2 3 4 5 6 7 8 9 la Il 12
Juvéniles 34,8 2,5 46,0 18,6 59, ! 33,9 39,7 .
femelles 62,2 90,1 53,1 75,7 37,5 57,3 58,4 66,7 63,1 65,0 28,4 38,5
mâles 3,0 7,4 0,9 5,7 3,4 8,9 1,9 33,3 36,9 35,0 71 ,6 61,5
o
Tableau 7. Importances globales des principaux types de groupements chez les Scaridae et les Acanthuridaei
dans le lagon et sur la pente externe de l'atoll de Tikehau. (pourcentages num~riques)
LAGON PENTE EXTERNE TOTAL
ACANTHURIDAE
solitaires 50,0 % 76, 1 % 68,8 %2-10 individus 26,4 " 13,2 20,2
la-50 individus 14,6 10,7 11, a
SCARIDAE
solitaires 8,0 % 61,9 % 20,3 %2-10 individus 61,9 38,1 56,5
10-50 individus 30,1 0,0 23,2
oN
Tableau 8. Evolution du groupement chez les Acanthuridae et les Scaridae sur l'atoll de Tikehau en
fonction des biotopes, exprimée en pourcentages numériques des poissons dans chaque classe
de groupement (groupe 1= individus solitaires, groupe 2 = bancs de 2 à 5 individus, groupe 3=
bancs de 5 à 10 individus, groupe 4 = bancs de 10 à 30 individus, groupe 5 = bancs de 30 à 50
individus).
ACANTHURIDAE SCARIDAE
STATIONS groupe 1 groupe 2 groupe 3 groupe 4 groupe 5 groupe 1 groupe 2 groupe 3 groupe 4 groupe 5
1 47,2 JO,4 14,6 27,8 · 4,5 31,8 63,7 · ·2 69,0 14,3 16,7 · 9,9 22,3 34,7 33, 1 ·3 70,0 9,9 6,9 13,2 2, 1 28,9 43,9 25, 1
4 94,1 . 5,9 · 10,6 17,3 27,9 44,2
5 58,1 41,9 . 6,8 61,4 31,8 ·6 44,2 21 ,7 5, 1 29,0 29,0 48,4 22,6
7 45,6 18,6 22,8 13,0 · 6,5 8,5 45,8 39,2
8 8,9 60,0 31, 1 · 100,0 . ·9 81 , 1 12,6 6,3 · · 38,5 50,8 10,7 ·
10 94,3 5,7 . · · 54,4 32,0 13,6 ·Il 72,3 5,9 12,0 9,7 · 73,9 26,1 . ·12 63,5 5,0 4,7 13?4 13,4 82,7 17,3 ·
ow
Tableau 9. Densités moyennes de poissons herbivores et proportions numériques relatives des Acanthuridae
et des Scaridae sur l'atoll de Tikehau (Polynésie Française) et à Aqaba, Mer Rouge (Bouchon
Navaro Y. et Harmelin-Vivien M.L., 1981).
TlKEHAU A~ABA
Densité moyenne 382 + 148 119 + 59pour 1000 m-2 - -
% totaux
Acanthuridae 64 65Scaridae 36 35
% lagon et platiers
Acanthuridae 52 84Scaridae 48 16
% pente externe
Acanthuridae 82 16Scaridae 18 84
TI K E H AU _ radiale de Mamaa
- -- -- -- -- -- -- lagon - - - - ----.._motuplatier crête---. ... ...
externe algale_ pente externe _ - _..- _
pinacle platierinterne
85
·~J,~fiiiii;;.~-------~---~~i'7mrrffi_~. .. ::.:~:..~~~:~:. ~:_~.. ::;::::r;,rtififlfijiijm;r~""""; .......~------- ...._""-----------------"-------------
hoa
Figure 1. Coupe schématique de la radiale de Mamaa sur l'atoll de
Tikehau, Tuamotu, montrant l'emplacement des stations où ont
été effectués les comptages des poissons herbivores.
A _ ACANTHURIDAE
EZ:]juvénlles~==
E3adultes ==... :::::::::::
TI [] .... . ....
ili=1== =1== =~ ==~ =1== t=1== =~ =~~ ==~ =~1== =1== =1== =1== =1== ==~ =1== " .1==1==
-_....
......:::::. -
Nb
400
300
200
100
2 3 4 5 6 7 8lagon
9 10 11 12pente externe
Biotopes
Nb
300
2
100
B. SCARIDAE
1·:.;.:1Juvéniles
a femelles
~ mâles
9 10 11 12 Biotopes
pente externe
Figure 2. Densité des poissons herbivores sur la radiale de Tikehau:
nombres d'individus pour 1000 m2 et importances relatives
des juvéniles et des mâles adultes pdur les Scaridae, dans
chaque biotope: A= Acanthuridae, B= Scaridae.
- 109 -
RESUME
Une première reconnaissance des unités récifales et des peu
plements de scléractinaires est abordée dans cet article. Les principa
les unités récifales sont définies sur des bases physiographiques (com
partiments récifaux), morphologiques (zones), bionomiques et écologiques
(biotopes). Une étude qualitative des peuplements de scléractiniaires
propres à chaque étage est également réalisée.
A l'intérieur des subdivisions établies, la distribution
des espèces est étudiée à l'aide d'une méthode semiquantitative basée
sur l'appréciation du taux de recouvrement du substrat. Cette étude mon
tre l'existence de deux grands biocenoses à dominance de scléractiniai
res.
La bioœnose photophile de l'étage infralittoral qui possè
de une extension bathymétrique remarquable et qui est caractérisée par
une pauvreté spécifique extrême sur les structures de platier. Par con
tre, les formations lagonaires sont relativement riches en espèces.
La biocenose subrécifale circalittorale qui succède gra
duellement à la précédente à partir de 60-70 mètres.
- 110 -
ABSTRACT
This paper deals with a first exploration of the coral reef
units and of the scleractinians populations. The definition of the main
units is based on physiography (reef compartments), morphology (zones),
bionomy and ecology (biotopes). A qualitative study of scleractiniansw
populations is given for each level.
Inside the proposed subdivisions, the species distribution
is studied using a semiquantitative method based on the assessment of the
substract covering ratio. Two large biocenoses where scleractinians pre
dominate are described :
- The biocenoses of the "infralittoral" level, which needs
a good illumination, shows a remarkable bathymetric extension and is
characterised by a very low diversity on the reef fiat while the lagoon
structures are rich in comparison.
- The biocenoses of the "circalittoral" level gradually
replaces the previous one with increasing depth from 60-70 m downwards.
- III -
INTRODUCTION
Les études portant sur la morphologie, la définition des
grandes unités récifales et la distribution des peuplements à dominance
de Scléractiniaires, sont relativement nombreuses, et pour l'essentiel
récentes: NEWELL (1956), GUILCHER et al., (1966, 1969), GUILCHER (1968),
CHEVALIER et al., (1969), STODDART (1969), CHEVALIER (1973), BROUSSE et
al., (1974, 1980), BATTISTINI et al., (1975), CHEVALIER et SALVAT (1976),
CHEVALIER et RICHARD (1976), JAUBERT et al., (1976), POLI et SALVAT
(1976), SALVAT et al., (1977, 1979), CHEVALIER (1979 a), CHEVALIER et
DENIZOT (1979), CHEVALIER et al., (1979), SALVAT (1979), SALVAT (1981).
Elles font suite aux investigations anciennes de l'expédition du "Chal
lenger" (1885) et de l' "Albatros" (AGASSIZ, 1903). S'y ajoutent dans un
passé moins éloigné, les études de DAVIS (1918-1928), CROSSLAND (1928,
1939). A l'inverse, comme le mentionne CHEVALIER (1979) : "Bien que de
nombreuses exp~ditions scientifiques aient s~journ~ à Tahiti et dans les
eaux polynésiennes, peu de publiaations sur les aoraux de aette r~gion
ont vu le jour". Aux références citées par l'auteur: CROSSLAND (1926,
1927, 1931, 1935), BOSCHMA (1929) s'adjoignent les listes extraites de
travaux classiques géographiquement plus étendus et également mentionnés
par CHEVALIER (1979) : DANA (1846), MILNE EDWARDS et HAIME (1857), VERRILL
(1866), QUELCH (1886), VAUGHAN (1906), WELLS (1956 in NEWELL).
Cependant, depuis 1960, grâce à de nombreuses missions ef
fectuées dans le cadre de la Fondation Singer-Polignac, du Museum National
d'Histoire Naturelle, de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, et du servi
ce mixte de contrôle biologique (S.M.C.B.), d'importantes études ont été
publiées par CHEVALIER (1974, 1976, 1978, 1981, 1979b, 1980, 1981),
CHEVALIER et al., (1969).
Nous nous proposons dans ce travail préliminaire de définir
les principales unités récifales et les peuplements de Scléractiniaires
qui s'y rapportent. L'étude détaillée de la faune de Scléractiniaires
fera l'objet d'une publication ultérieure.
- 112 -
METHODES
Dans une première approche en plongée autonome~ nous avons
défini les principales unités récifales sur des bases physiographiques
(compartiments récifaux)~ morphologiques (zones)~ bionomiques et écologi
ques (biotopes). Cette reconnaissance préliminaire est à accompagner d'une
étude qualitative (le plus souvent au niveau générique) sommaire des peu
plements unitaires (propre à chaque biotope) de Scléractiniaires.
Dans un deuxième temps~ à l'intérieur des subdivisions pré
cédemment établies~ nous avons procédé à l'étude de la distribution des
espèces par l'intermédiaire de méthodes phytosociologiques~ méthodes uti
lisées en milieu récifal (S.W. Océan Indien) par PICHON (1978)~ VASSEUR
(1981), FAURE (1982), chaque espèce étant affectée d'un coefficient
(Indice semi-quantitatif) s'appréciant au moyen d'une échelle allant de
+ (espèce rare à recouvrement négligeable) à 5 (très abondante recou
vrant> 75 Ïo du substrat). L'utilisation de cette méthode plutôt que cel
les des transects et quadrats qui sont scientifiquement plus rigoureuses,
résulte de la faiblesse de la durée d'investigation (8 jours). Par ail
leurs, pour la même raison, plutôt que de définir une aire minima par
biotope, nous avons choisi de multiplier les relevés et récoltes prenant
ainsi en considération les variations latérales qui existent à la marge
des b~otopes.
RESULTATS
Il est d'usage courant depuis les nombreux travaux portant
sur la morphologie récifale (bibliographie in BATTISTINI et al., 1975)
de reconnaître dans les atolls trois grands compartiments récifaux : la
pente externe, les formations de platiers, les structures de lagon,
auxquels nous ajoutons les discontinuités morphologiques : passe et "hoa".
Chacun des compartiments se subdivise en zones et biotopes. Ainsi 18 bio
topes renfermant chacun un peuplement unitaire de Scléractiniaires ont
été mis en évidence à Tikehau (tableau 1).
6) Plate-forme rainurée 0-4 m
7) Plate-forme non rainurée 4-10 m
Tab leau 1 - Liste des biotopes
Biotopes
I) Horizon inférieur > 60-70 m
2) Horizon moyen 35-60 m
3) Horizon supérieur 25-35 m
4) Horizon inférieur
5) Horizon supérieur
8) Crête algale
9) Dalle du platier
15-25 m
10-15 m
- 113 -
Zones
1
Tombant
(pente externe profonde
25-75 m)
\
Rupture de
pente 10-25 m
1
Plate-forme
0-10 m
iPlatier externe
Compartiments
Pente externe
Structures duPlatier
10) Platier de raccordement
Il) Tombant interne
12) pâtés de bas de pentes
13) Champs de constructionscoralliennes
14) Horizon supérieur 0-2 m
15) Horizon moyen 2-6 m
16) Horizon inférieur 6-15 m
17) Passe
18) Hoa
Platier interne
i Pente interne
Buissons et pâtéspeu profonds
Pinacles
}passe et Hoa
Structures dulagon
lDiscontinui tésmorphologiques
Pinacle
LAGON
Pente interne Plalint
PlATIERS
Motu Platier mrterne Plateforme
PENTE EXTERNE ..
UJités récifales
• LAGON. . c..orr.o.-.. Plateblli8 ~z-®-" BiDttIpe (Wlir /6bINu.tl
_____~inuité.L _passe; hoa.
rlg.l: TIKEHAU_ Distribution des unités récifales:radiale de "Mamaa7
~----,-5Qn.
- 115 -
1 - LA PENTE EXTERNE
Elle correspond à la 'partie antérieure toujours immergée
du récif~ de déclivité variable vers le large" (BATTISTINI et al.,
(1975)). A Tikehau, trois zones morphologiquement distinctes se succèdent
en fonction de la bathymétrie : la plate-forme, la rupture de pente, le
tombant.
1.1. La plate-forme
Constitue la partie supérieure de la pente externe dont les
traits morphologiques majeurs sont la résultante des actions bioconstruc
tives (de la part essentiellement des Scléractiniaires et des Algues cal
caires) et des processus d'érosion s'exerçant sur l'ensemble de celles-ci.
La plate-forme se situe entre les basses mers de vives eaux et la pro
fondeur de la m environ. Cette zone présente deux "aspects" fondamentaux
se succédant bathymétriquement.
a - 4 m
Elle est accidentée de sillons et d'éperons courts qui s'in
dividualisent à partir de la crête algale (crête algale - chenaux de hou
le). La partie constamment immergée de cette structure ne se poursuit pas
au-delà de 20 à 25 m en direction du large. Les paramètres géométriques
et dimensionnels de ces figures varient peu. Les éperons ont une largeur
de 8 à 12 m, de faible déclivité (2 à 4°). Ils alternent avec des sillons
peu profonds (1-3 m), de largeur modeste (2 à 3 m), à parois sub-vertica
les. La partie antérieure des sillons s'évase parfois et s'approfondit
quelque peu pour constituer une cuvette.
Les Scléractiniaires sont très largement concurrencés par
les Algues calcaires. Leur taux de recouvrement moyen varie de 5 à 25 %
(en fonction de la profondeur et de l'orientation du substratum par rap
port à la houle). Sur le plan qualitatif, le présent biotope renferme un
peuplement à dominance de Pocillopora (P. verrucosa, P. meandrina, P.
damicornis écomorphe brevicornis) , de formes massives de petite taille
(appartenant principalement à la famille des Favidae) : Favia rotumana~
- 116 -
F. stelligera, Montastrea curta, Pavona clavus ; encroûtantes : Montipora
caliculata, Acropora robusta, ~llepora platyphylla, Acropora abrotanoi
des.
Suite à l'horizon précédent, la pente externe se poursuit
entre 4 - 10 m par une plate-forme non rainurée, faiblement déclive, en
continuité directe avec la plate-forme rainurée.
Les Madréporaires deviennent quantitativement plus abondants
(taux de recouvrement 40-60 %), et la diversité spécifique augmente. Aux
espèces déjà présentes dans le précédent horizon, s'ajoutent des Acropo
res en bouquets courts localement dominants : A. humilis, A. digitifera,
A. variabilis, Astreopora sp., et les premiers Fungidae : Fungia fungi
tes, F. scutaria.
1.2. La rupture de pente 10 - 25 m
A partir de 10 m environ et jusqu'à 25 m, s'amorce une rup
ture de pente correspondant à une terrasse inclinée vers le large. Sa
surface est irrégulière, accidentée par des dépressions périodiques orien
tées dans le sens de la pente, mais sans continuité avec les sillons de
la plate-forme supérieure. Elles alternent avec des intumescences coral
liennes peu marquées. L'ensemble peut-être assimilable à un système épe
rons sillons ancien (NEWELL 1956, CHEVALIER et al., 1969). La dominance
relative des principales espèces de Sc1éractiniaires permet de distinguer
2 horizons ;
1.2.1. 10-15 m un horizon
A Favia steUigera, PociUopora eydouxi, Astreopora sp '!:.,Acropora abrotanoides, Platygyra daedalea, Porites lobata, Favia rotuma
na, MiUepora platyphyUa.
La couverture madréporique est de 60 % environ, à l'excep
e. tion des dépressions où l'activité constructive des coraux est freinée
- III -
par des épandages de débris bioclastiques au débouché d'un "hoa" fonc
tionnel.
1.2.2. L'horizon situé entre 15 et 25 m
Est marqué par la dominance progressive de Porites Zobata ;
s'y ajoutent par ordre de dominance: PociZZopora eydouxi~ F. steZZigera~
F. rotumana~ Astrepora sp t.~ Acanthastrea echinata~ Pavona varians~ Her
poZitha Zimax~ Acropora ssp.
1.3. La pente profonde 25 - 75 m
Au-delà de 25 m, à la terrasse fait suite un tombant forte
ment déclive (pente > 45°) peu accidenté, mais rehaussé de nombreuses co
lonies madréporiques. Cette zone peut-être globalement définie comme une
"zone à Pachyseris speciosa". La dominance de cette espèce témoigne d'une
baisse sensible de l'irradiance lumineuse reçue au niveau des Madrépores
tout au long du tombant, en relation étroite avec la pente et son orien
tation par rapport aux rayons lumineux (BRAKEL 1979, SHEPPARD 1982). Par
ailleurs, la vitalité du peuplement et l'importance de son extension ba
thymétrique s'explique également. par une très grande transparence des
eaux baignant le tombant ; les seules variations significatives dans la
composition du peuplement se situent au-delà de 60-70 m et au-dessus de
35 m. Ces dernières nous conduisent à distinguer trois horizons.
25 à 35 m
Il constitue un relais entre les peuplements photophiles
de la pente moyenne et les peuplements hémisciaphiles du tombant. Il dé
bute par un peuplement mixte dans lequel les espèces dominantes du bioto
pe précédent, Porites Zobata~ PociUopora eydouxi~ Favia steUigera••.
sont progressivement remplacées par Pachyseris speciosa. S'y ajoutent
également ~ GaI'dineroseris pZanuZata~ .LobophyUia sp. ~ Coscinarea sp. ~
Acropora sp. Le taux de recouvrement demeure supérieur à 50 %.
- 118 -
35 - 60 - 70 m
Le taux de recouvrement demeure supérieur à 50 % avec une
très nette dominance de Pachyseris speciosa ~~ Porites Zobata (écomorphe
profond)~ Pavona varians~ Leptoseris incrustans~ Gardineroseris pZanuZa
,,~ ta~ EchinophyUia aspera.
1.3.3. Horizon inférieur
Au-delà de 60-70 m~ le peuplement à dominance de Pachyserio
speciosa voit augmenter très sensiblement les Leptoseris (L. hawaiensis~
L. scabra~ Leptoseris sp.) et les EchinophyZZia (E. aspera~ E. echina
ta)~ alors qu'apparaît le Stylasteridae StyZaster sanguineus. Le taux de
recouvrement demeure élevé : 60-75 %.
~ Latéralement à la faveur d'accidents topographiques (falai-
se verticale parfois en encorbellement) diminuant l'éclairement de façon
notable~ se développe un véritable faciès sciaphile à S. sanguineus
(5-25 colonies m2)~ se substituant au peuplement semi-sciaphile à Pachy
seris. Bien que les investigations effectuées à 1 ',air comprimé n'aient
pas été poursuivies au-delà de 75 m~ on peut compte tenu de la transpa
rence de l'eau~ affirmer que le peuplement "Pachyseris-Leptoseris" se
développe au-delà de 90 m (profondeur à laquelle il demeure optiquement
visible) avec la même vitalité.
2 - LES STRUCTURES DE PLATIER
Il comprend fondamentalement en accord avec BATTI5TINI et
al., (1975) 2 zones: le platier externe~ situé en avant du motu, et le
platier interne qui assure, en arrière du motu, le raccordement avec les
structures de lagon.
2.1. La zone du platier externe
Dont l'extension varie en fonction des secteurs de l'atoll
et des conditions océaniques~ se subdivise elle-même en deux biotopes:
la crête algale, le platier sensu stricto.
- 119 -
L'importance. la morphologie de la crête sont directement
liées aux conditions de mode qui règnent sur la bordure frontale du pla
tier (EMERY et al., 1954, CHEVALIER et al., 1969, FAURE 1982 ..• ).
Au niveau de la radiale étudiée, dans une zone relative
ment abritée, la crête algale est peu élevée, émergeant à 20 cm au-dessus
du niveau des B.M. (Type IV-V de CHEVALIER, 1969) et se développant sur
une dizaine de mètres de large. Elle se raccorde directement avec le pla
tier, mais présente parfois dans sa partie postérieure une fissure per
pendiculaire à l'axe des éperons se prolongeant parfois sur une centaine
de mètres de longueur, et qui atteste d'un certain basculement de la crê
te vers la pente externe, ou d'un tassement de récif (CHEVALIER et al.,
1969).
Plus au Sud (village actuel de Tikehau et piste d'avia
tion). La crête algale battue par la houle émerge de 40 cm à marée basse.
Elle se développe sur une largeur de 30 à 40 m, entaillée dans sa plus
grande partie par des sillons large de l à 3 m, souvent en continuité
avec les rainures et cuvettes du platier. La partie postérieure se raccor
de au platier par une succession de paliers se terminant par une micro
falaise en surplomb de 20 à 30 cm sur le platier. Le bord interne présen
te localement jes échines mortes dans le prolongement de la crête actuel
le ; échines mortes très fortement lapiazées et assimilables à une crête
fossile.
Dans les deux secteurs le peuplement de Scléractiniaires
au niveau de la crête est extrêmement pauvre (recouvrement < 10 % pour la
radiale W. ; < 2 % pour la crête sud). Les madréporaires sont le plus sou
vent localisés aux flancs des sillons n'émergeant qu'aux très B.M•• Ce
sont des espèces à large distribution présentant des écomorphes adaptés à
l'hydrodynamisme ou des préférentielles de mode battu: Poaillopora dami
aomis, Pori tes lobata, Poaillopora verrucosa, Montipora aaliaulata, Aaro
pora humilis, A. digitifera, Millepora platyphylla.
- 120 -
De largeur très variable (150-180 m secteur W.S.W. ; 50-60 m
secteur Sud 40 m à l'Est) il est entièrement constitué par le conglomé
rat récifal ancien prenant le plus souvent l'aspect d'une dalle arasée,
accidentée par place de rainures et cuvettes d'érosions (parfois en rela
tion avec la crête a1ga1e). Sur la radiale W.S.W., la surface est hérissée
d'aspérités en relief suite à une érosion différentielle des composants
du conglomérat. Plus au Sud (motu du village actuel et de la piste), il
s'agit de véritables "feos", pitons de taille p1urimétrique culminant à
2,5 - 3 m au-dessus du niveau moyen des B.M •• En bordure littorale, le
conglomérat disparaît sous les formations détritiques actuelles. Néanmoins,
subsistent également de très nombreux témoins (certains se situent sous
la cocoteraie au centre du motu) , dont l'altitude actuelle peut atteindre
3 m. Le conglomérat de Tikehau n'a pas été daté, mais il est sans doute
contemporain de celui de l'atoll voisin de Rangiroa et remonte au P1eis
tocène.
Le peuplement du p1atier est d'une extrême pauvreté (taux
de recouvrement = 1 %) avec deux espèces seulement inventoriées : Pocil~o
pora damicornis, Porites lobata.
2.2. Le p1atier interne
Le raccordement des formations de lagon avec le motu s'ef
fectue localement au moyen d'un p1atier interne qui dans le secteu~ étu
dié ne dépasse pas 10 à 30 m de large. La partie sommitale est très forte
ment nécrosée (abaissement du niveau marin: CHEVALIER, 1969, 1979 ; ap
ports sédimentaires). Seule la périphérie porte un peuplement de Madrépo
raires dont les colonies vivantes participent pour 25 % environ à la cou
verture actuelle : Pocillopora dQmicornis, Acropora digitifera, A. abro
tanoi'des, A. corymbosa, A. hwnilis, Favi'a steliigera, Montastrea curta,
P~tygyra daeda~ea.
- 121 -
3 - LES STRUCTURES DE LAGON
3.1. La pente interne
Le talus de la pente interne (3-5 m) est très fortement en
combré de sédiments variés préjudiciables à l'établissement d'une couver
ture madréporique importante (taux de recouvrement < 10 %) les PociZZopora
sont toujours présents dans la partie la moins profonde, relayés progres
sivement par des formes massives et encroûtantes : Porites Zobata, Leptas
trea purpurea, Pavona varians, PZatygyra daedaZea, Montipora veriZZi,
Fungia ssp.
3.2. Massifs coralliens de lagons
Au pied du tombant au-delà de 6 m et jusqu'à - 12 m, la bor
dure du lagon est recouverte d'importants dépôts sédimentaires d'où émer
ge une multitude de massifs coralliens. Ces formations sont essentielle
ment de deux types.
- buissons paucispécifiques à dominance d'Acropora formosa
± A. cf '/JaUIJhani.
- pâtés po1ygéniques à PseudocoZumastrea poZZicata, P. dae
daZea, Leptastrea purpurea, Pavona varians, P. minuta, StyZocoenieZZa sp.,
Astrepora sp., Fungia ssp., Porites Zutea, StyZophora pistiZZata, Montipo
ra verrucosa, M. ve~iZZi.
3.3. Champs de constructions coralliennes
Ce sont des formations demeurant isolées entre elles qui co
lonisent des parties importantes et peu profondes (0-20 m) du lagon, se
substituant souvent à l'ensemble p1atier interne-pente interne sur la bor
dure des motu. La composition spécifique de telles formations varie de
peuplements paucispécifiques à Acropora ssp à des peuplements po1ygéniques
à Porites Zobata, Psanunocora sp, Montipora sp, Astreoporo sp .••
- 122 -
3.4. Les pinacles
Les pinacles constituent l'un des aspects le plus constant
et le plus caractéristique des formations d'atoll. Selon qu'ils émergent
ou non, selon leur situation dans le lagon (abris des motu, proximité
d'une passe ou d'un hoa fonctionnel •.. ) les peuplements de Sc1éractiniai
res qu'ils hébergent, varient sensiblement dans leur constitution d'un
pinacle à l'autre. On peut cependant en donner un schéma général.
0-2 m
Le peuplement de la plate-forme et de la bordure sommitale
est sous l'influence directe des vents dominants et des conditions hydro
dynamiques qui y règnent.
lt. La partie au vent voit s'installer des communautés à domi-
nance de Porites Zutea~ MiZZepora pZatyphyZZa sous la forme de super co
lonies de taille p1urimétrique ; s'y ajoutent PociZZopora meandrina et
Acropora abrotanoides.
La zone sous le vent est marquée par des peuplements à
dominance de formes branchues à Acropora variabiZis~ A. hyacinthus~
A. herrrprichi et Montipora ssp.
2-6 m
Est souvent envahi par des épandages détritiques qui favo
risent l'installation d'Algues (HaZimeda CauZerpa) qui entrent en compé
tition avec les Madrépores. Parmi ces derniers signalons: Montipora ver
rucosa~ Astreopora sp. ~ Psammocora sp. ~ Porites Zobata~ PZatygyra daeda
Zea~ Pavona varians.
3.4.3. L'horizon inférieur 6-15 m
Il est constitué de pâtés de Montipora verrucosa~ StyZocoe
nieZla sp.~ PZatygyra daedaZea et de buissons d'Acropora formosa~ StyZo
phora pistiZZata~ ~ Favia favus. Au-delà de 15 m les dernières colonies
de Sc1éractiniaires disparaissent sous le sédiment.
- 123 -
IV - LES DISCONTINUITES MORPHOLOGIQUES
4.1. Passes
La passe de Te Aru constitue dans le secteur W.S.W. une in
terruption majeure, de la guirlande insulaire constituant l'atoll de Ti
kehau. Sa largeur est de 400 m environ pour une profondeur allant de 6
12 m. La partie centrale supporte des échines bioconstruites orientées
parallèlement au grand axe de la passe, se développant sur 1,5 m à 3 m
de hauteur. Le peuplement des échines est marqué par un extraordinaire
développement des Poaillopora~ P. meandrina~ P. verruaosa~ P. eydouxi~
P. damiaornis dont le taux de recouvrement atteint 80 %. Sur la dalle
plus ou moins ensablée au pied des échines, les Poaillopora sont relayés
par de petites colonies de Leptastrea purpurea~ Montipora sp.~ Fungia
fungites~ F. sautaria~ ~llepora platyphylla.
4.2. Hoa
Les hoa fonctionnels du secteur W.S.W. ne renferment qu'une
f~une madréporique qualitativement et quantitativement réduite, et le plus
souvent limitée à la partie la plus profonde située du côté lagon. Nous y
avons inventorié : Pontes lobataJ Leptastrea purpurea~ Porites af andrew
si~ Platygyra daedalea.
CQNCLU::iION
A - Les observations effectuées à Tikehau vont dans le sens de
l'existence de deux grandes biocoenoses à dominance de Scléractiniaires,
confirmant ainsi les résultats obtenus dans d'autres régions: Madagascar
(PICHON 1978, VASSEUR 1981, HARMELIN et al., 1982), Mascareignes (FAURE
1982), Nouvelle-Calédonie (FAURE et al., 1981).
a) La biocoenose photophile localisée à l'étage infralittoral
Elle regroupe la presque totalité des peuplements unitaires
définis dans chacun des biotopes (FAURE 1982), à l'exception de ceux pro
pres à la pente externe profonde.
- 124 -
A Tikehau la première caractéristique de la biocoenose
récifale réside dans la remarquable extension bathymétrique (jusqu'à 70 m
environ) des peuplements qui la composent en relation avec la très gran
de transparence des eaux baignant la bordure récifale. La distribution
qualitative et quantitative des Scléractiniaires varie de façon progres-
.. sive en relation avec les conditions écologiques (gradients de mode et
d'éclairement).
- Le deuxième trait essentiel est l'extrême pauvreté en Ma
dréporaires des structures de platiers. En mode battu, sur la bordure
frontale, elle est le fait d'une sévère compétition s'exerçant entre les
Algues calcaires à des conditions hydrodynamiques accusées et à l'exon
dation, que d'une inaptitude des Scléractiniaires à coloniser le subs
tratum (FAURE 1982). En arrière de la crête algale, le statut actuel
(couverture madréporique < 1 %) du platier externe trouve vraisemblable
ment ses origines dans l'histoire géologique des derniers 6000 ans envi
ron, et des variations au niveau de la mer au cours de l'Holocène. Mal
gré l'absence de datation et d'informations géologiques précises pour
l'atoll de Tikehau, on peut compte tenu de la présence des nombreux té
moins fossiles (Feos) admettre à 1 m/60o-2000 ans, ainsi qu'en attestent
de nombreux travaux parmi lesquels nous citerons ceux de TRACEY (1968,
1972,), TRACEY et LADD (1979), LADD et al., (1970), LABEYRIE et al.,
(1969), CHEVALIER et al., (1969 ••• ). Il se traduit par la création d'une
plate-forme d'érosion formant l'essentiel du platier actuel et dont l'é
tat de surface en perpétuel remaniement est incompatible avec un recrute
ment massif et le maintien de colonies madréporiques. Par ailleurs le ni
veau moyen de l'eau est relativement trop bas par rapport à la plate-for
me pour permettre une immersion suffisante des coraux (à l'exception des
cuvettes d'érosion). Enfin, la présence de la crête algale (actuelle et
fossile) en avant du platier forme un écran dont le rôle protecteur du
déferlement et des embruns constitue davantage une gène qu'une aide à
l'installation des Madrépores.
- A l'inverse des formations de platiers, le lagon de Tikehau
renferme une faune corallienne (> 20 genres) qui compte tenu des observa
tions de CHEVALIER (1979) doit être considérée comme relativement riche.
Cependant, toutes les colonies madréporiques sont inféodées aux seuls 15
premiers mètres et sont référables dans leur totalité à la biocoenose
récifale photophile.
- 125 -
b) La biocoenose subrécifale circalittorale succède à par
tir de 60-70 m à la biocoenose récifale
A Tikehau cependant, il n'existe pas sur le plan qualita
tif de discontinuité significative dans la distribution des Scléracti
niaires au travers des différents biotopes de l'une ou de l'autre des
deux biocoenoses. Le passage s'effectue graduellement par un relais de
dominance d'une espèce ou d'un petit groupe d'espèces avec chevauchement
d'une entité sur une autre. Ainsi se constituent des peuplements mixtes
d'extension parfois importante, renfermant à la fois des espèces à lar-
ge distribution et des préférentielles à l'une ou l'autre des deux bio
coenoses, comme en témoigne l'extraordinaire développement de Paahyseris
speciosa qui a Tikehau se poursuit de 25 à 90 m de profondeur. Par ail
leurs, en liaison avec l'importance prise par Pachyseris speciosa la sub
divi.sion en "communauté" à EchinophyLUa aspera et "communauté" à Lepto
seris établie par WELLS (1954) pour la pente profonde des atolls des
Marshall, n'apparaît pas clairement ici. On peut à la rigueur (abstrac
tion f~ite de Pachyseris) noter une abondance un peu plus marquée d'Echi
nophytLia aspera et E. echinata entre 50 et 70 m, relayée à partir de 70 m
par une abondance plus élevée de Leptoseris.
Un autre trait important de la pente profonde à Tikehau ré
side dans le peu d'importance qu'occupent les peuplements d'accompagne
ment (Gorgonaires, Antipathaires, Spongiaires) qui caractérisent généra
lement les peuplements de bas de pente de beaucoup de formations récifa
les indo-pacifiques (FAURE 1982) et dont le développement est lié à une
nette diminution de l'éclairement. Sauf accident topographique (tombant
à StyLaster sanguineus). La profondeur à partir de laquelle la diminu
tion de l'éclairement a un effet critique (baisse du taux de recouvrement,
puis de la richesse spécifique, compétition des peuplements associés) sur
le peuplement de Scléractiniaires se situe au-delà de 80-90 m à Tikehau.
Elle se place, pour la plupart des formations de l'Indo-pacifique pour
lesquelles on possède quelques informations entre 25 et 60 m (FAURE 1982,
SHEPPARD 1982). Les observations effectuées à Tikehau vont dans le sens
d'une possible extension des peuplements de Scléractiniaires pour certai
nes régions de l'Indo-pacifique, semblable à celle mentionnée par diffé
rents auteurs pour les formations atlantiques : (GOREAU et GOREAU, 1973 ;
- 126 -
GOREAU et al., 1979 ; LANG, 1974 ; PORTER, 1973 ; GLYNN, 1973 ; FAURE,
1982 ; SHEPPARD, 1982). Elles mettent en évidence le faible niveau de
connaissances des peuplements coralliens profonds, et la nécessaire
poursuite des investigations détaillées au-delà des limites normales de
la plongée à l'air comprimé.
B - DIVERSITE GENERIQUE DES SCLERACTINIAIRES A TIKEHAU
31 genres (tableau 2) ont été inventoriés à Tikehau, dont
3 sont "nouveaux" pour les formations d'atolls en Polynésie Française.
En effet, les genres Sty Zocoenie ZLa (pâtés et pinacles profonds), Echi
nophyZZia (pente externe profonde) et Gardineroseris (m~me habitat) font
défaut dans les listes proposées par CHEVALIER (1979, 1981). Les genres
Echinopora (pente externe moyenne), Napopora (passe) figurent également
(avec quelques doutes cependant) pour la première fois pour les formations
d'atolls.
A côté de l'hypothèse formulée par CHEVALIER (1979, 1981),
à l'origine d'une plus grande richesse spécifique dans les îles hautes
que sur les atolls ("de tettes diff47'ences••• s'e:x:pZiquent sans doute par
Ze Zessivage des roches voZcaniques par Zes eaux courantes ; ce ph4namène
entrame au voisinage des tZes hautes des modifications physicochimiques
de Z'eau de mer••• favorisant Ze d4veZoppement de certaines espèces en
assurant ta proZif6ration du pZancton"), on peut également émettre celle
d'une moins bonne connaissance actuelle des îles basses (atolls) que des
îles hautes, suite à des investigations moins nombreuses sur les atolls
que sur les formations d'îles hautes comme Tahiti et Moorea).
Par ailleurs, au-delà de la qualité même des eaux, d'autres
hypothèses peuvent être avancées pour expliquer les différences de riches
se entre les deux types de formations récifales insulaires, telles que
la diversité des biotopes, ou l'histoire géologique récente.
En outre, s'il existe des différences dans l'importance et
la répartition de certains genres entre les îles hautes et les atolls
(CHEVALIER 1979, 1981), les observations effectuées à Tikehau vont égale
ment dans le sens de leur réduction.
- 127 -
Par exemple, il existe une très grande analogie de dominan
ce entre la pente moyenne et profonde de Tikehau (peuplement à dominance
de Pachyseris ~ Echinophyllia ~ Leptoseris) et de Moorea (Pachyseris ~
Synarea ~ Leptoseris).
Il Y a également lieu de tenir compte dans l'établissement
des différences d'une île à une autre de l'environnement écologique pro
pre à chaque île. Par exemple l'impact de la prédation spécifique de
l'Asteride Acanthaster pûznai peut modifier considérablement la dominance
relative de certaines espèces dans des secteurs insulaires entiers, voire
de la totalité des formations récifales d'une île. Les dominances relati
ves observées entre îles soumises à la prédation (comme l'île haute de
Moorea) et celles qui en sont exemptes (comme l'atoll de Tikehau) peuvent
alors être perturbées sans qu'il soit nécessaire d'évoquer de différences
de conditions écologiques générales (éloignement géographique - qualité
des eaux).
REMERCIEMENTS
Nous tenons à exprimer nos remerciements à M. B. SALVAT,
Directeur de l'antenne Museum/EPHE de Polynésie Française, M. A. INTES,
Chef de la Mission ORSTOM à Tikehau, qui nous ont procuré la possibilité
de travailler en Polynésie Française. Nos remerciements vont également à
M. A. ASINE, technicien plongeur ORSTOM, pour son aide efficace durant
la récolte des Scléractiniaires.
Pente externe. Pente externe profonde (25-75 ml, horizon inférieur (biotope 1, > 60 ml : Peuplement à dominance de Pachyseris speciosa.
Pente externe. Rupture de pente (10-25 ml. horizon inférieur (biotope 4,20-25 ml à dominance de Pocillopora eydouxi et Porites lobata.
Pente externe. Pente externe profonde (25-75 ml, horizon moyen (biotope2,35-60 ml : Peuplement mixte à dominance de Porites lobata (ecomorpheprofond) et Pachyseris speciosa.
Pente externe. Rupture de pente (10-25 ml. horizon supérieur (biotope 5,10-20 ml : Peuplement mixte à Favia stelligera, Porites lobata, Milleporaplatyphylla, Pocillopora ssp.
Pente externe. Plateforme (0-10 ml. plateforme non rainurée (biotope 6,4-10 m) : Peuplement à Acropora ssp, Pocillopora ssp.
Pente externe. Plateforme (0-10 ml Plateforme rainurée, départ d'un sillon(3 m, biotope 7).
Pente externe. Plateforme (0-10 ml. Raccord entre la plateforme rainuréeet la plateforme non rainurée. Peuplement mixte à Pocillopora, Faviidae etAcropora.
Structures de Platier. Platier externe, Crete algale (biotope 8). En mode calme a semi-battu la crete algale est peu développée (Type IV-V de Chevalier1969).
Structures de Platier. Platier externe dalle de platier (biotope 9). Platier arrasé et fissuré de basculement ou detassement.
Structures de Platier. Raccordement des platiers enternesavec le conglomerat insulaire sur la bordure d'un hoa.
Structures de Platier. Platier externe, dalle de platier(Biotope 9). Platier conglomératique et figures d'érosionen relief.
Structures de lagon. Massifs coralliens de lagon, Paté polygénique (biotope 12, 17 m) à Aeropora, Montipora,Porites.
Structure de lagon. Massifs coralliens de lagon, champs paucispécifiques àAcropora formosa, A. cfvaughani (Biotope 12, 7 ml.
Structure de lagon. Pinacle à dominance de Porites lobata (13 m, Biotopes13.14.15).
Structures de lagon. Raccord avec les fonds sédimentaires, avec prairie àCaulerpa au premier plan Bohadschia sp. (-25 ml.
Passe (B iotope 16). Peuplement à Dominance de Pocillopora meandrina, P.eydouxi: taux de recouvrement 90 % (-6 -8 ml.
- 132 -
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POL Y NES l E FRA N CAl S E
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- 138 -
RESUME
Une étude préliminaire de la faune cavitaire mobile des
substrats morts et de la faune des foreurs (spongiaires exceptés)
a été réalisée le long d'une radiale s'étendant de la pente externe au
lagon en passant par un chenal.
Deux minima de biomasse ont été obtenus. D'une part au ni
veau du platier arrière du récif extérieur et d'autre part au fond du
chenal.
Par ailleurs, les formations du lagon renferment une bio
masse généralement plus élevée que les formations récifales externes.
L'importance pondérale des différents groupes zoologiques
varie le long de la radiale et on observe une dominance des Polych~tes
sur le récif extérieur alors que les mollusques dominent dans le lagon.
ABSTRACT
A preliminary study of the mobile fauna inhabiting the dead
substratum holes and of the boring fauna (except sponges) has been car
ried out along a transect running from the outer slope to the lagoon across
a Hoa (channel between the ocean and the lagoon).
The lowest biomasses were observed on the back of the outer
reef flat and on the channel bottom.
The lagoon formations enclose a generally higher biomass
than the outer reef formations.
The relative biomass of the different zoological groups
fluctuates along the transect. 1he polychaetus annelids predominate on
the outer reef while the molluscs predominate in the lagoon.
- 139 -
INTRODUCTION
L'étude de la faune cavitaire mobile des formations récifa
les est très récente puisque les premiers travaux sont ceux de MC.CLOSlŒ}'
(1970) et de CLAUSADE (1970). En Polynésie les premières observations ont
- été faites en 1973 à Moorea (PEYROT-CLAUSADE 1976-1977). Cette étude pré
liminaire a permis de connaître la distribution des Polychètes, des Bra
chyoures et des Anomoures sur le platier et la pente externe du récif
de Tiahura. De cette cryptofaune proviennent aussi un certain nombre de
Mollusques étudiés par SALVAT et RICHARD et les données fournies par ces
auteurs couvrent de très nombreuses îles des Archipels de la Société,
des Tuamotus et des Gambiers (Bibliographie dans RICHARD 1982). Au cours
d'une brève mission dans l'atoll de Tikehau des prélèvements ont été ef
fectués pour une étude préliminaire de la faune cavitaire mobile des subs-
~ trats morts et de la faune des foreurs (à l'exception des Spongiaires).
MATERIEL ET METHODE
Onze stations ont été prospectées le long d'une radiale re
coupant Les formations récifales au Nord du motu Mamaa (Ouest de Tikehau)
(fig. 1).
En se déplaçant de l'arrière vers l'extérieur du récif ex
te.rne le p1atier présente une dalle indurée très riche en Mollusques fo
re4rs, puis une zone plus ou moins couverte de formations fossiles très
ll:I. dures parfois très hautes "feo" (BATTISTINI et al., 1975), un enselle
ment externe et la crête a1gale. Sur l'ensemble de ce platier les forma
tions cavitaires sont très rares et on ne trouve que quelques Madréporai
res morts au début des sillons. La pente externe présente une rupture de
pente vers 17 m. Les éperons sillons sont très courts et se terminent
ve~s 3 m de profondeur. Jusqu'à 5-6 m, zone ou l'hydrodynamisme est très
fort, les madréporaires sont petits et espaces. Le peuplement devient un
peu plus dense ensuite mais les formes sont toujours très compactes
jusqu'au début du tombant; au-delà les espèces sont plus grandes et plus
abondantes et vers 35 ID apparaissent les formes en consoles.
- 140 -
Trois stations ont été prospectées sur cette pente à-25 m
(7 1· de madréporaires morts ont été prélevés) à-lO m (5 1) et à-5 m
(5 1). Sur le platier 4 1 de madréporaires ont été récoltés au début des
sillons et 3 1 sur l'arrière platier. Dans un "hoa" j'ai effectué trois
stations des blocs ont été prélevés sur le bord du "hoa" (blocs immer
gés 2 1 blocs émergés dans le mediolittoral 1 1) et sur le fond du
"hoa" (3 1). Cette zone n'est pas riche en milieu cavitaire, on se trou
ve en présence soit de dalle très dure dans le fond du "hoa" soit de
formations fossilisées.
Le récif intérieur de lagon se compose d'un platier qui tom
be en pente douce jusque vers 5-6 m et s'ennoie alors dans le sédiment.
Huit litres de madréporaires morts y ont été prélevés.
Enfin sur les pinacles de lagon ou "Karena", 2 stations ont
été réalisées : une sur le platier (7 1) et une à-6 m (lI 1). Ces "Karena"
sont, cowme le récif intérieur, très riches en madréporaires morts et vi
vants et donc en milieu cavitaire. La méthodologie employée est celle dé
finie en 1971. Chaque bloc cavitaire détaché est placé dans un sac plas
tique, son volume est ensuite mesuré dans un seau gradué par différence
de niveau d'eau, puis un concassage fin permet d'en extraire les faunes
cavitaires et foreuses. Le tri par groupe faunistique, puis les calculs
de biomasse (poids humide), permettent de connaître la répartition quan
titative de cette cryptofaune par litre de substrat cavitaire. Afin de
ne pas trop biaiser les résultats j'ai ramené les biomasses des Mollusques
aux biomasses des parties molles en considérant que celles-ci représen
tent, en moyenne, 15 % du poids total du Mollusque avec coquille (ce pour
centage est extrapolé à partir des valeurs du poids frais des parties mol
les au poids total, donné par G. RICHARD (1982) pour les principales es
pèces de Mollusques de Polynésie Française.
- 141 -
RESULTATS
Cf. tableaux n° 1 et 2.
INTERPRETATION ET CONCLUSION
Il ressort des tableaux précédents et de la courbe fig. 1
que la biomasse de la cryptofaune totale varie beaucoup le long de cette
radiale avec deux minima l'un au niveau de l'arrière platier du récif
extérieur et l'autre dans le fond du "hoa", c'est-à-dire dans les zones
où le substrat prélevé est très compact. Les formations de lagon ont un~
biomasse générale plus élevée que les formations récifales externes. On
note cependant deux pics d'abondance l'un au niveau de la plate-forme
supérieure des éperons, l'autre sur les rebords du '~o~'. Dans ces deux
cas le substrat prélevé était très cavitaire mais peu fréquent : on peut
~ donc penser que les cavités étaient occupées au maximum.
L'importance relative de la biomasse constituée par les di
vers groupes zoologiques varie le long du transect. Ainsi les Polychètes
prédominent sur le récif extérieur, alors que les Mollusques sont pondé
ralement les plus abondants dans les formations de lagons. Les Crustacés
sont plus abondants, en général, sur le récif externe (fig. 2).
La biomasse générale citée ci-dessus comprend celle des
macro-foreurs, essentiellement Sipuncles et Mollusques, et celle de la
~ cryptofaune mobile qui occupe les cavités naturelles ou celle résultant
de l'activité des foreurs (dans ce travail préliminaire j'ai rattaché
toutes les polychètes à la cryptofaune mobile, un tri spécifique plus
précis étant nécessaire pour séparer celles qui sont considérées comme
foreuses).
La figure 3 montre que la biomasse relative aux organismes
foreurs est plus importante dans les formations récifales de lagon et
dans les "hoa", Les Mollusques dominent dans les "Karena" .alors que dans
l'ensemble des autres stations, à l'exception de la st. -5 m, ce sont les
Sipuncles qui dominent pondéralement.
- 142 -
_----- Récif externe -<._.------Hoa------..._.o----Formations de lagon_Karena
-tOm
P1atierexterne
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..... "
Arri6replatier(API
Bordémergé
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Rahordimmergé
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4
3
2
-25m -lOm -Sm PE RI BE FH PI -6m PI
Fig. 1 - Radiale prospectée à Tikehau et biomasse dela cryptofaune.
....- Récif Ixternl_
- 143 -
R.I.n
50_ «.:-:-:.:.:-:-:-:
Fig.
l!! j1~ ~!....... .::::::::
-IDm -Sm AP RI BE FH PI -6m PI
tiiW3 crustacés 0 mollusques
h<:l pOlytMltS ~ edIinodermes
C3 sipundes 0 poissons'" .
2 - Dominance pondérale relative des divers groupes zoologiques.
+_--- Récif llternt _ _Hoa_ R. lagon
-2Sm -lOm -Sm PE AP RI BE FH PI -6m PI
[;>:;:>j tryplollunt mob"t
[--~ macro IOtt.Is
Fig. 3 - Dominance pondérale des foreurs le long du transect.
- 144 -
Il faut rappeler que cette biomasse, aussi bien en ce qui
concerne la faune mobile que la faune des foreurs, est donnée pour 1 dm3
de substrat cavitaire et qu'il faut, pour avoir une idée de la richesse
du milieu, rapprocher ces résultats de ce que l'on sait de la structure
de la zone considérée. Ainsi pour les récifs de lagons on se trouve en
présence de formations à la fois riches en cavités et en faune cavitaire
mobile et foreuse. On peut donc dire que ce milieu met à la disposition
des prédateurs une quantité importante de proies. Par contre la biomas
se élevée par dm3 rencontrée dans certaines stations du "hoa" ou dans
celle du bord des sillons ne traduit pas une abondance de la cryptofau
ne ~i des foreurs dans cette zone car le milieu cavitaire est rare. Ces
résultats quantitatifs préliminaires vont être ultérieurement intégrés
à 1 "étude qualitative de cette cryptofaune mobile et foreuse ce qui per
mettra d'obtenir une meilleure définition de ce compartiment faunisti
què important puisque en relation directe avec l'alimentation des pois
sons et la dégradation des formations récifales.
- 145 -
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1
Tableau 1 - Biomasse (en g/dm3 de substrat bavitaire) des divers groupes zoologiques dans les différentes stations explorées.1
______~~c~:~~=~:ie~:------- Hoa R. lagon Karéna-------- ------- --------- --------- --------- --------- --------- ----------. 25m -IOm . -Sm P.E. A.P. R.I. B.E. F.H. Pl. -6m Pl.
CRUSTACES 0,682 0,682 0,7841
1,412 0,031 1,087 0,697 0,363 0,812 0,529 1,329
POLYCHETES 1,123 0,799 1,412 ! 2,022 0,232 0,735 - 0,507 0,977 0,539 0,556
SIPUNCLES 0,144 0,237 0,178 0,744 - 0,968 - 0,395 0,733 0,379 0,158
MOLLUSQUES 0,211 0,337 0,146 0,144 0,176 1,569 1,926 0,103 1,565 1,264 1,632
ECHINODERMES 0,011 0,258 0,079 , 0,041 - - - - 0,036 0,163 0,009
POISSONS - 0,004 0,045 - - - - 0,002 0,010 0,100 0,014
DIVERS - 0,006 - - - - - - 0,001 - -
Total g/dm3 2,171 2,323 2,644 4,333 0,439 4,359 2,623 1,370 4,134 2,974 3,6981
Tableau 2 - Importance pondérale relative des divers groupes zoologiques exprimée en pourcentage
Récif extérieur Hoa R. lagon Karéna-------- ~-------- -------- ~-------- ~-------- --------- --------- --------- -------- --------- ---------
-25m -IOm -Sm P.E. A.P. R. I. B.E. F.H. Pl -6m Pl.,
CRUSTACES 31,4 29,4 29,6 32,6 7,0 24,9 26,6 26,5 19,6 17,7 35,9
POLYCHETES 51,7 34,4 53,4 46,7 52,9 16,9 - 37,0 23,6 18,1 15,0
SIPUNCLES 6,6 10,2 6;7 17,2 - 22,2 - 28,8 17,7 12,8 4,3:
MOLLUSQUES 9,7 14,5 5,5 2,6 40,1 36,0 73 ,4 7,5 37,9 42,S 44,1
ECHINODERMES 0,4 Il,5 3,0 0,9 - - - - 0,9 5,5 0,2
POISSONS - 0,2 1,7 - - - - 0,1 0,2 3,4 0,4
DIVERS - 0,2 - - - - - - - - -1
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PUBLICATICNS DANS rA SERIE
"Notes et DocuIœnts d'OCéanographie"du centre 0RS'1œ de Tahiti
Numéro
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22 - OUvrage collectif,. 1984 •- L'atoll de Tikeha.u : Premiers résultats.ORSTOM Tahiti, Notes et Doa. Oaéanogzo., 22 : 146 p.