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Pays de la Loire cahier n° 1 La structuration du périurbain Synthèse bibliographique septembre 2007 Responsable scientifique Laurent Devisme, sociologue, urbaniste, LAUA, maître-assistant à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture (ENSA) de Nantes Avec les contributions de Anne Bossé, architecte, doctorante, UMR CITERES, Université de Tours et LAUA, ENSA Nantes Lucie Brenon, architecte, master recherche à l’Institut d’Urbanisme de Paris Rodolphe Dodier, géographe, GREGUM, ESO, maître de conférences à l’Université du Maine, Le Mans Marc Dumont, géographe, maître de conférences à l’Université de Rennes 2, LAUA, ENSA Nantes Vincent Hervouet, géographe, chercheur associé au CESTAN, Université de Nantes François Madoré, géographe, CESTAN, professeur à l’Université de Nantes Jean-François Struillou, juriste, chercheur CNRS, CERP3E

La Structuration Du Périurbain - Synthèse Biblio - Laurent Devisme

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La Structuration Du Périurbain - Synthèse Biblio - Laurent Devisme

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    1 La structuration du priurbainSynthse bibliographique

    septembre 2007

    Responsable scientifique

    Laurent Devisme, sociologue, urbaniste, LAUA,

    matre-assistant lEcole Nationale Suprieure dArchitecture (ENSA) de Nantes

    Avec les contributions deAnne Boss,

    architecte, doctorante, UMR CITERES, Universit de Tours et LAUA, ENSA NantesLucie Brenon,

    architecte, master recherche lInstitut dUrbanisme de Paris Rodolphe Dodier,

    gographe, GREGUM, ESO, matre de confrences lUniversit du Maine, Le Mans Marc Dumont,

    gographe, matre de confrences lUniversit de Rennes 2, LAUA, ENSA NantesVincent Hervouet,

    gographe, chercheur associ au CESTAN, Universit de NantesFranois Mador,

    gographe, CESTAN, professeur lUniversit de NantesJean-Franois Struillou,

    juriste, chercheur CNRS, CERP3E

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    LM2Direction rgionale de lEquipement des Pays de la Loire

    P l a n U r b a n i s m e C o n s t r u c t i o n A r c h i t e c t u r e Direction Gnrale de lUrbanisme, de lHabitat et de la Construction

    avec le soutien du CETE de lOuest, de la MSH Ange Gupin

    Contacts : DGUHC/PUCA : [email protected] des Pays de la Loire, service Amnagement : [email protected] de lOuest, Division urbaine : [email protected] Ange Gupin : [email protected] : [email protected]

  • Plan Urbanisme Construction Architecture

    DRE-CETE-MSH Ange Gupin de Nantes

    La structuration du periurbain

    Responsable scientifique

    Laurent Devisme, sociologue, urbaniste, LAUA, matre-assistant lEcole Nationale Suprieure dArchitecture (ENSA) de Nantes

    Avec les contributions deAnne Boss, architecte, doctorante, UMR CITERES, Universit de Tours et LAUA, ENSA NantesLucie Brenon, architecte, master recherche lInstitut dUrbanisme de Paris Rodolphe Dodier, gographe, GREGUM, ESO, matre de confrences lUniversit du Maine, Le Mans Marc Dumont, gographe, matre de confrences lUniversit de Rennes 2, LAUA, ENSA NantesVincent Hervouet, gographe, chercheur associ au CESTAN, Universit de NantesFranois Mador, gographe, CESTAN, professeur lUniversit de NantesJean-Franois Struillou, juriste, chercheur CNRS, CERP3E

  • La structuration du priurbain 3

    SommairePrambule 5

    Un tat des lieux partir dune bibliographie 9

    Liste des textes lus et analyss 11

    Axe 1 : choix de rsidence des nouveaux arrivants priurbains 15

    Synthse F.Mador

    Fiches bibliographiques

    Contributions de F.Mador, V.Hervouet

    Axe 2 : les pratiques spatiales des priurbains 39

    Synthse R.Dodier

    Fiches bibliographiques

    Contributions de R.Dodier, V.Hervouet

    Axe 3 : Acteurs en prsence et rgulation des conflits

    dans les espaces priurbains 61

    Synthse M.Dumont

    Fiches bibliographiques

    Contributions de M.Dumont, J-F. Struillou, A.Boss

    Axe 4 : formes spatiales et formes dhabitat 89

    Synthse L.Devisme

    Fiches bibliographiques

    Contributions de L.Devisme, A.Boss, M.Dumont

    Perspectives de travail 111

    3

  • La structuration du priurbain4

  • Prambule

  • La structuration du priurbain

    En 2005, une dmarche partenariale a t engage entre le Plan Urbanisme Construction Architecture, la Direction rgionale de lquipement des Pays de la Loire et la Maison des sciences de lhomme de Nantes pour:

    - Promouvoir des recherches dinitiatives locales partir dapproches pluridisciplinaires dans les domaines de lamnagement du territoire, de lamnagement urbain, de la politique dans les domaines de lhabitat et de la politique de la ville.

    - Renforcer les changes entre les services dconcentrs du ministre lquipement et les tablissements denseignement suprieur et de recherche en accompagnement de laction prexistante du ple de recherche urbaine en Pays de la Loire.

    Pour initier cette collaboration, deux recherches exploratoires bases sur une bibliographie critique ont t lances sur les thmes suivants:- la capacit de dveloppement des communes

    littorales- la structuration de lespace prriurbain.

    Les rsultats de ces travaux raliss en 2006 font lobjet de deux publications spares.

    Le prsent document est consacr la structuration du priurbain qui constitue un enjeu fort sur le territoire des Pays de la Loire.

    En effet, la priurbanisation, prsente sur lensemble des agglomrations rgionales se dveloppe fortement depuis plusieurs dcennies et constitue de fait un lment de la nouvelle forme des agglomrations. Elle interpelle les acteurs du dveloppement urbain sur le mode de production de lespace et sur leurs effets dans la structuration des espaces priurbains. Dans le mme temps, les processus qui la sous-tendent interrogent sur les modes de gouvernance des collectivits, la rgulation des conflits dusage, les choix de rsidence des nouveaux arrivants ainsi que sur les modes dhabiter au regard dune logique de dveloppement durable.

    Lidentification et lanalyse de ces processus, facilitent la lecture des dynamiques loeuvre, de leurs effets, et la comprhension des modes de structuration de lespace. Ainsi, cette rflexion initie en 2005 sur le priurbain devra contribuer lenrichissement de la culture collective de tous les acteurs du dveloppement urbain et en particulier celle des services de lEtat.Cette dmarche sinscrit dans le cadre de la rorganisation des services dconcentrs de lEquipement et constitue un support de travail pour le dveloppement dune ingnierie dappui territorial aux collectivits en matire damnagement.A cette prsente approche bibliographique sur la structuration du priurbain succde en 200 une recherche approfondie plus prcisment oriente sur les formes priurbaines, le gouvernement territorial et les logiques dacteurs.

    Prambule

  • La structuration du priurbain8

  • La structuration du priurbain 9

    Un tat des lieux partir de la bibliographie

    Premire phase dun travail portant sur les enjeux poss par les dynamiques priurbaines, ce document livre une synthse bibliographique et prpare une dmarche qui se veut exploratoire autour des questions poses par les nouveaux faits urbains sobservant entre sub et pri urbain. Cette phase a permis un certain nombre dchanges entre professionnels de la DRE et du CETE et chercheurs, visant llaboration dune culture commune. Quatre axes de travail ont t retenus au dpart, anims chacun par un chercheur, partir de thmatiques identifies de travaux de recherche et de proccupations amnagistes des pouvoirs publics. Ils ne visent pas lexhaustivit mais recouvrent lessentiel des enjeux aujourdhui identifis : choix de rsidence des nouveaux arrivants priurbains, pratiques spatiales des priurbains, acteurs en prsence et rgulation des conflits dans

    les espaces priurbains, formes spatiales et formes dhabitat.

    Un certain nombre douvrages et articles ont t slectionns pour chaque axe, introduit par un texte synthtique livrant les enjeux quinspire le travail de lecture critique. Ces textes sont plus ou moins prospectifs et reprsentent une base de travail pour llaboration de projets de recherche qui dpasseront lorganisation thmatique initiale. Les fiches bibliographiques qui les suivent comportent systmatiquement trois temps : rsum de louvrage, dmarche et mthodologie employes par les auteurs, intrts et approfondissements possibles.

    Au cours de la ralisation du travail, plusieurs sances ont associ la DRE Pays de la Loire et le CETE Ouest au groupe des chercheurs ; un sminaire a permis dchanger avec un gographe (Laurent Cailly, rflexions sur les territorialits priurbaines ) et un urbaniste (Eric Charmes, la priurbanit existe-t-elle ? ) autour de leurs travaux rcents sur le priurbain. Cette dynamique a permis le partage dun certain nombre danalyses et de rflexions et constitue aussi une base dlaboration de projets de recherche. Plusieurs chercheurs ont assist / particip des colloques et sminaires consacrs la question priurbaine 1.

    1 Mentionnons notamment habitat et architecture priurbains , ENSA Paris Belleville, mars et juin 06 ; colloque voisins-voisines , centre Arc-en-Rve Bordeaux, dcembre 05 ; la priurbanisation, enjeux et perspectives ENSA Marne la Valle, fvrier 06 ; deux sicles dtalement urbain en France , sminaire histoire urbaine du contemporain, Mai 06

    Les ouvrages et articles analyss ne portent pas, une ou deux exceptions prs, sur le territoire spcifique de la Rgion des Pays de la Loire. Nous mentionnons plusieurs reprises quelques spcificits du Grand Ouest mais nous tenions largir lassiette spatiale du questionnement, dans un premier temps du moins, dautant que cela nous permet dengager des discussions dans dautres groupes de travail, sminaires, rseaux (GIS socio-conomie de lhabitat par exemple).

    Structuration du priurbain : nous avons pris garde ne pas considrer demble que les espaces priurbains seraient dstructurs (rclamant de lordre donc) ou linverse ordonns de telle manire quil ny a plus qu les lire pour comprendre lensemble de ce qui sy joue. Le point de dpart est une question et non un postulat et lon saperoit rapidement quil y a plutt coexistence de plusieurs ordres, rationalits, structures et quil y a du bruit dans cette coexistence, largement imputable des effets de contexte. Le terme priurbain a fait lobjet dune dconstruction via une approche lexicale montrant la variation dans plusieurs dfinitions des alentours du terme et des notions qui lui sont gnralement associes. La plupart dentre elles font part dun tat, lemportant largement sur celles mettant laccent sur les processus. Plutt quun tat stable, statique, de lordre du constat, il est plus intressant dtudier les processus mettant en lien le priurbain. Entre la ville et la campagne, il est plutt le lieu de ngociations, de forces inverses en prsence, de controverses (cf. axe 3). Peut-on djouer une vision des priurbains comme des moins que , des mieux que , ou quivalent ? Cest un enjeu que lon retrouve dans les perspectives de travail. A partir dune premire approche simple (urbain priurbain rural) ou synthtique ( gotype urbain situ une certaine distance dune agglomration, caractris par une discontinuit territoriale vis--vis de cette agglomration ainsi que par une densit et une diversit faibles. , notice du Dictionnaire de la gographie et de lespace des socits, 2002), nous voyons sinstaller des nuances, par exemple entre suburbain et priurbain, entre priurbain proche et lointain (dans la vision centre-priphrie) et nous croisons quelques modles durbanisation (axe 4) qui loignent dune conception fige du priurbain. Il est assurment pluriel, en tension et rclame des enqutes de terrain (dont plusieurs sont ici restitues) pour accrotre sa comprhension.

  • La structuration du priurbain10

  • La structuration du priurbain 11

    Liste des textes lus et analyssAXE 1 : Choix de rsidence des nouveaux arrivants - F. Mador

    N Auteur Titre dition Annee Discipline de lauteur

    1 Dezes M.-G., Haumont A. et N., Raymond H.

    Lhabitat pavillonnaire LHarmattan, Paris 1966 (rdition

    2001)

    Sociologie

    2 Haumont N. Les pavillonnaires. Etude psychosociologique dun mode dhabitat

    LHarmattan, Paris 1966 (rdition

    2001)

    Sociologie

    3 Bauer G., Roux J-M

    La rurbanisation ou la ville parpille

    Seuil, Paris 196 Urbanisme, Economie, Agronomie, Architecture

    4 Dezert B, Metton A, Steinberg J

    La priurbanisation en France

    Seuil, Paris 1991 Gographie, Urbanisme

    5 Berger M. Les priurbains de Paris : de la ville dense la mtropole clate ?

    CNRS ditions, Paris 2004 Gographie

    6 Halleux J.-M. Structuration spatiale des marchs fonciers et production de lurbanisation morphologique ; application la Belgique et ses nouveaux espaces rsidentiels

    Thse de doctorat (directrice : Merenne-Schoumaker B.), Lige

    2005 Gographie, Economie

    Hervouet V. La priurbanisation dans la mtropole nantaise. De nouvelles mobilits pour de nouveaux lieux durbanit ?

    Thse de doctorat (directeur : Peyon J.-P.), Nantes

    2005 Gographie urbaine

    8 Jaillet M-C Lespace priurbain : un univers pour les classes moyennes ?

    Article extrait de la revue Esprit, n303 (pp. 40-62)

    2004 Gographie, Sociologie

    9 Semmoud N. Lhabiter priurbain : choix ou modle dominant ?

    Article extrait de la revue Gographie Alpine, T. 91-4 (pp.55-64)

    2003 Gographie

  • La structuration du priurbain12

    AXE 2 : Les pratiques spatiales des priurbains - R.DodierN Auteur Titre dition Annee Discipline de lauteur

    10 Dubois-Taine G, Chalas Y

    La ville mergente La tour dAigues, ditions de lAube

    199 Urbanisme, Sociologie

    11 Pinson D., Thomann S.

    La maison en ses territoires : de la villa la ville diffuse

    LHarmattan, Paris 2001 Gographie

    12 Cailly L. Pratiques spatiales, identits sociales et processus dindividualisation. Etude sur la constitution des identits spatiales individuelles au sein des classes moyennes salaries du secteur public hospitalier dans une ville intermdiaire : lexemple de Tours.

    Thse de doctorat (directeur : Lussault M.), Tours

    2005 Gographie

    13 Imbert C. Les ancrages des habitants des villes nouvelles franciliennes : des bassins de vie en construction

    Thse de doctorat (directrice : Saint-Julien T.), Paris I

    2005 Gographie

    14 Coutard O., Dupuy G., Fol S.

    La pauvret priurbaine : dpendance locale ou dpendance automobile ?

    Article extrait de Espaces et socits, n108-109 (pp.155-15)

    2002 Gographie

    15 Hilal M, Sencebe Y

    Mobilits quotidiennes et urbanit suburbaine

    Article extrait de Espaces et socits, n108-109 (pp.133-153)

    2002 Economie, Sociologie

    16 Authier J.-Y., Bensoussan B., Grafmeyer Y., Levy J.-P.

    Du domicile la ville : vivre en quartier ancien

    Economica, Paris 2001 Sociologie

    1 Mador F. Modes de vie priurbains en France : le cas dune aire urbaine de taille moyenne, La Roche-sur-Yon (Vende)

    Article extrait de Norois, n193 (pp.-90)

    2004 Gographie

  • La structuration du priurbain 13

    AXE 3 : Acteurs en prsence et rgulation des conflits dans les espaces priurbains - M. Dumont

    N Auteur Titre dition Annee Discipline de lauteur

    18 Larcher G. La gestion des espaces priurbains

    Rapport dinformation 415 - Commission des affaires conomiques et du Plan

    1998 Droit, Amnagement

    19 Car J.-C., Tremeau J.

    La protection et la mise en valeur de lespace priurbain aprs la loi du 23 fvrier 2005 relative au dveloppement des territoires ruraux

    Bulletin de jurisprudence de droit de lurbanisme n2, (pp. 82-93)

    2005 Droit

    20 Dorison E. Les nouvelles missions des SAFER dans les primtres de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels priurbains

    Revue de droit rural, dcembre 2005 (p. 4)

    2005 Droit

    21 Struillou J.-F. La protection des espaces priurbains aprs la loi sur le dveloppement des territoires ruraux. De la planification lintervention foncire

    Article extrait de Droit de lamnagement de lurbanisme de lhabitat, ditions Le Moniteur (pp. 43-5)

    2005 Droit

    22 ADEF La ville aux champs Journe dtudes organise par lADEF, Paris

    2000 Droit, Amnagement

    23 Debeaurain J. Lactivit agricole en zone priurbaine dans la rgion PACA (ou le sort de lagriculture de proximit

    Revue de droit rural, dcembre 2005

    2005 Droit

    24 2 projets de directives territoriales damnagement

    Aire mtropolitaine lyonnaise, Estuaire de la Loire

    Amnagement

    25 Colloque organis par la commission des affaires conomiques du Snat

    Villes et campagnes ensemble. Dbat postrieur la proposition de loi du Snateur Larcher G.

    Rapport 415 : http://senat.fr/rap/r9-415/r9-415.html. Rapport 292 : http://senat.fr/rap/r98-292/r98-292_mono.html

    2001 Droit, Amnagement

    26 Bussy, M. et al Le vote comme expression des nouvelles ingalits et des nouvelles frontires urbain / rural en France

    actes du colloque de Poitiers rural-urbain: nouvelles frontires

    2006 gographie

    2 Faure, A., Douillet AC

    Lagriculture priurbaine ou les limites de la campagne la ville. La construction socio-politique de la question agricole dans la rgion urbaine grenobloise

    actes du colloque de Poitiers rural-urbain: nouvelles frontires

    2006 gographie, sciences politiques

  • La structuration du priurbain14

    AXE 4 : Formes spatiales et formes dhabitat - L. DevismeN Auteur Titre dition Annee Discipline de lauteur

    30 Wiel M. Forme et intensit de la pri-urbanisation et aptitude la canaliser

    Article dans Donnes Urbaines n3, Economica (pp.153-160)

    2000 Gographie, Urbanisme

    31 Mangin D. La ville franchise. Formes et structures de la ville contemporaine

    La Villette, Paris 2004 Architecture, Urbanisme

    32 Donadieu P. Campagnes urbaines Actes Sud, ENSP, Arles

    1998 Agronomie, Paysage

    33 Sieverts T. Entre-ville, une lecture de la Zwischenstadt

    Parenthses, 2001, Basel.

    Traduction de lallemand,

    2004

    Urbanisme

    34 Bordreuil J.-S. La ville desserre, in La ville et lurbain. Ltat des savoirs, direc. Paquot T., Lussault M., Body-Gendrot S.

    La Dcouverte, Paris 2000 Sociologie

    35 Bosc, S. La ville par paquets. Le dveloppement des lotissements dans laire urbaine de Montpellier ou la fable du village

    Thse de doctorat 2005 urbanisme, architecture

    36 Garnier A. Lexpansion priurbaine. Le cas de la maison individuelle dans la maison de Vaud de 1960 1980

    Thse de doctorat 1983 Architecture, Amnagement

    28 Kirat, T., Lefranc, CH.

    Les conflits dusage et leur expression territoriale

    communication aux journes dtudes sur la proximit

    2002 sociologie, sciences politiques

    29 Carron, A., Torre, A.

    Quand la proximit devient source de tension : conflits dusage et de voisinage dans lespace rural

    communication une journe dtudes

    2004 sociologie, sciences politiques

  • Axe 1

  • La structuration du priurbain 1

    Choix de rsidence des nouveaux arrivants priurbainsResponsable : Franois Mador

    1. Le rve de laccession la proprit en maison individuelle

    Rappelons, en prambule, que pour les Franais, donc bien au-del des seuls mnages du priurbain, laccession la

    proprit et la maison individuelle sont intimement lies. Ainsi, entre 1998-2001 inclus, parmi les acqureurs rcents de leur rsidence principale, cest--dire les mnages ayant achet leur rsidence au cours des quatre annes civiles prcdant lenqute, la proportion dacqureurs en maison individuelle slve aux trois quarts (3 % exactement), alors que ce type dhabitat ne reprsente que 5 % du total des rsidences principales en 2002 (enqute logement Insee).

    Sans surprise, tous les sondages raliss en France depuis plusieurs dcennies montrent invariablement la prfrence des Franais pour la maison individuelle en accession. Lun des derniers en date, ralis par le Centre de recherche pour ltude et lobservation des conditions de vie (Credoc) pour le compte de lUnion

    nationale des constructeurs de maisons individuelles (Uncmi) en 2004, auprs de 1 000 personnes, souligne cette double prfrence des Franais pour le pavillon et laccession: 82 % des personnes interroges souhaitent rsider dans une maison et les trois quarts considrent que la proprit doccupation dun pavillon est la solution idale en matire de logement.

    Ce sont les espaces urbains priphriques, et tout particulirement ceux du priurbain, qui ont t le support de cette dynamique daccession la proprit dune maison individuelle qui sexprime avec force dans la socit franaise depuis plusieurs dcennies, tel point que priurbanisation et pavillonnarisation vont de pair.

    2. Lidal pavillonnaire

    Que nous enseigne la littrature sur les raisons de cette prfrence des Franais pour une maison individuelle? Autrement dit, que savons-nous de lidal pavillonnaire? Apporter des lments de rponse cette question ne peut que nous clairer sur les choix de rsidence des nouveaux arrivants priurbains, tant donn quune mobilit rsidentielle destination des franges de la ville est souvent associe un dsir daccder la proprit dun pavillon.Cest incontestablement grce aux travaux conduits au milieu des annes soixante par quatre chercheurs de lInstitut de sociologie urbaine que nous connaissons le mieux cet idal pavillonnaire (Raymond, Haumont et al., 1966, rdition 2001). En privilgiant une approche fonde la fois sur les pratiques et les reprsentations de lhabitat pavillonnaire, et en donnant largement la parole aux habitants par la mobilisation dune vaste enqute reposant sur la mthode de lentretien, les auteurs nous aident mieux comprendre cette prfrence trs grande accorde par les Franais au pavillon. En dconstruisant idologiquement lobjet, exercice toujours salutaire, et en permettant de dpasser le dbat idologique autour du pavillon sans pour autant locculter, ils rvlent bien sur quelles valeurs est adoss le systme de prfrences des Franais en matire dhabitat.

    Comme le rappelle lavant-propos de la rdition en 2001 dun des trois ouvrages, les rsultats de lenqute [] ont permis de comprendre que la question centrale ntait pas celle dune opposition radicale entre le logement en individuel et le logement en collectif mais celle dune conception architecturale qui donne aux habitants la matrise de leur habitat: ntre pas dpendant du monde extrieur, matriser la sphre du chez soi et de lintime (p. 1). Ainsi, les auteurs montrent que si lhabitat pavillonnaire est associ, par les tenants du courant moderniste entre autres, au dsordre spatial des agglomrations, il incarne au contraire lordre pour les individus: ordre social, par la possibilit de refuser le voisinage forc du collectif source de tensions sociales, mais aussi ordre rsultant des possibilits individuelles damnagement de lespace (p. 109), ce qui renvoie la plasticit du pavillon.Autrement dit, lidal pavillonnaire et les avantages prts par les Franais lhabitat pavillonnaire peuvent tre rsums ainsi: La vie en pavillon, par rapport lhabitat collectif,

    permet de mettre distance le voisin, peru comme un voleur dintimit. Cependant, cette mise distance ne signifie pas refuser toutes relations de voisinage. Mais en prservant le chez-soi, donc la sparation entre le priv et le public, lhabitat pavillonnaire

  • La structuration du priurbain18

    assure le respect de lintimit, ce qui autorise alors ltablissement de relations de voisinage dautant mieux acceptes quelles ne sont pas perues comme intrusives.

    La plasticit du pavillon permet lexpression du double processus dappropriation et de socialisation de lespace, contrairement lappartement, peru comme un espace rigide.

    Le pavillon est le mode dhabitat prfrentiel des familles avec enfants, ce qui renvoie la reprsentation de cet habitat comme le cadre moral dpanouissement des familles. Cest laune de cette perception que le pavillon sest impos la fois comme norme et rve, renvoyant limage de la valorisation sociale.

    3. La thse de la rassurance sociale

    En lien avec cette reprsentation dune accession en habitat pavillonnaire vecteur de promotion ou de valorisation sociale, pour certains auteurs comme M.-C. Jaillet (2004), linstallation dans le priurbain exprimerait un processus de rassurance sociale des couches moyennes, corollaire dune fragilisation gnre par la monte des incertitudes sociales. Selon cette thse, la matrise de lespace rsidentiel serait susceptible de rassurer les mnages, en [inscrivant] le groupe familial dans un univers tranquille, choisi, labri de tout risque supplmentaire de dclassement, au regard de celui quil court dj (p. 54-55).

    Cette interprtation est resituer dans une rflexion plus gnrale sur lmergence de la socit du risque (Beck, 2001), dont les principales caractristiques sont les suivantes: mcanismes de

    dsaffiliation, brouillage des identits collectives, individuation des comportements, volution des conomies modernes vers une plus grande flexibilit. Or, dans un monde en perptuel et rapide mouvement, o la mobilit est multiforme, o la flexibilit des positionnements professionnels na dgale que la rflexivit des relations sociales, o enfin la multi-appartenance spatio-temporelle est la rgle, lhabitat se rvle tre un ple de stabilit relative. Limage du havre de paix ou de lasile, au sens de lieu sr et recul, modle assez largement les reprsentations de lhabitat urbain. Ainsi, pour les classes moyennes, lespace priurbain pourrait assurer une sorte de tri social, en mettant distance les classes populaires ou les exclus des quartiers relgus, dont la visibilit renvoie la reprsentation dune socit domine par limage de la dualisation sociale.

    4. Lhabiter priurbain: un choix sous contrainte?

    Habiter le priurbain relve la fois dun choix mais aussi dun ensemble de contraintes ou plus exactement dun systme de reprsentations sociales dominant qui guide pour partie les stratgies rsidentielles. Selon N. Semmoud (2003), ce systme est construit par les acteurs institutionnels et privs, les premiers travers la promotion de limage et de la qualit de leur territoire, dans lespoir dy attirer les couches moyennes, les seconds partir de la promotion de lidologie pavillonnaire. De fait, les choix rsidentiels apparatraient contraints par la force de ces reprsentations, o limage ngative de la ville (bruit, pollution, congestion automobile, prix prohibitif de limmobilier, inscurit) sopposerait limage positive dune campagne bucolique et saine. Ce systme de reprsentations associe donc le mythe de la nature aux valeurs de distinction sociale accroches lhabitat pavillonnaire (p. 5).

    Cest au rang de cet ensemble de contraintes que lon doit aussi ranger le rle sans doute dterminant du cot du foncier dans la dynamique priurbaine, autrement

    dit limpossibilit pour les couches moyennes ayant des enfants charge de trouver en ville un logement compatible la fois avec la taille de leur famille et avec leurs moyens financiers.Cette orientation vers le priurbain a t par ailleurs encourage la fois par la gnralisation de lusage de lautomobile et par une srie de transformations de loffre de financement: Ainsi, grce lessor du crdit immobilier,

    lge auquel la moiti de la gnration devient propritaire a fortement diminu, passant de 56 ans pour celle de 1908 34 ans pour la gnration 1952 (Laferrre, 1999).

    Le dveloppement de laccession la proprit, donc du march de la maison individuelle, a t encourag par la mise en place de politiques publiques de solvabilisation de la demande, dont les deux figures emblmatiques ont t linstauration en 19 du Prt aid laccession la proprit (PAP), puis en 1995 de son successeur le Prt taux zro (PTZ).

  • La structuration du priurbain 19

    5. La diversit des priurbains

    Si les choix de rsidence des nouveaux arrivants priurbains semblent bien structurs par quelques grands dterminants puisant la fois dans la force dun idal pavillonnaire, dun processus de rassurance sociale et dun systme de reprsentations construit par les acteurs institutionnels en particulier, ils sont aussi le fruit dune grande diversit des attentes. En effet, lexploration de la littrature scientifique sur le priurbain laisse transparatre la fois une pluralit des espaces priurbains et des populations qui y vivent ou qui viennent y rsider.

    B. Dezert, A. Metton et J. Steinberg (1991) consacrent ainsi le troisime chapitre de leur ouvrage La priurbanisation en France aux facteurs de diffrenciation du phnomne, en montrant comment un processus identique peut conduire une grande pluralit des formes architecturales et urbaines, donc une diversit des espaces priurbains. Le dveloppement priurbain nest donc pas strotyp, les facteurs de diffrenciation lorigine de cette diversit tant nombreux: les lments du site en font partie, puisque certaines amnits paysagres (eau, environnement bois) peuvent se rvler attractifs pour la priurbanisation. Les types dhabitat sont un second facteur de diffrenciation, ce qui renvoie au rle essentiel de la structure foncire rurale, lopposition entre construction individuelle et groupe, la dimension des oprations durbanisme et la varit des modes de financement des logements. La distance la ville est galement un lment de diversification, opposant aux deux extrmes les franges priurbaines quasiment assimiles la banlieue et la priurbanisation lointaine.

    Quant la pluralit des populations du priurbain, elle sapprcie laune de diffrents critres. Dans un premier temps, nous retiendrons la diversit sociale des territoires et donc des populations qui composent cet espace. Certes, les extrmes sont peu prsents, tellement le priurbain semble tre le territoire rsidentiel par excellence des couples bi-actifs ayant des enfants charge et reprsentatifs des couches moyennes. Nanmoins, au-del de cette figure gnrique, force est de constater que cet espace nest pas homogne socialement, avec une certaine diversit des populations priurbaines: M.-C. Jaillet (2004) esquisse ainsi trois figures types de

    lhabitant priurbain: les lites circulantes, les classes moyennes moyennes et les classes populaires. Leur possibilit de profiter de tous les avantages du mode dhabiter priurbain, en termes de dplacement en particulier, diminue proportionnellement la rduction de leurs moyens financiers. Au total,

    lespace priurbain devient la matrice de trajectoires sociales plus diversifies faisant se ctoyer des lites circulantes qui dconstruisent toute territorialit et socit locale quand elles ralisent lidal de mobilit quelles incarnent, des classes moyennes moyennes qui sy replient sans pouvoir mobiliser les mmes ressources que la gnration conqurante pour construire leur image une socit locale, parce quelles ont dautres proccupations, et des ouvriers et employs qui viennent, ses marges, y chouer dans un enfermement qui na rien envier dautres (p. 61).

    Les travaux de M. Berger (2004) montrent bien galement comment lespace priurbain de lle-de-France laisse percevoir des oppositions socio-spatiales trs nettes, selon un dispositif la fois sectoriel et concentrique. Le premier prolonge, dans lespace priurbain, les lignes de force de la division sociale des banlieues, tandis que le second montre que les communes plus loignes ont le profil le plus populaire. Cette grande diversit sous-tend des diffrences sans doute importantes en termes de motifs dinstallation dans le priurbain, ce qui signifie trs clairement en particulier que le rle de la contrainte financire, exprime par le cot daccs au logement, sexprime selon des intensits trs variables.

    La pluralit des populations du priurbain sapprcie galement la lumire de la diversit des itinraires rsidentiels des mnages qui peuplent ces espaces. Certes, lexistence dun solde migratoire fortement positif depuis les annes soixante-dix montre que la forte croissance de ces auroles a t alimente par des flux migratoires en provenance des ples urbains, mais limportance de la mobilit interne au priurbain nest pas ngliger, du fait de limportance des migrations de proximit: M. Berger (2004) montre bien limportance des

    migrations de proche en proche, dans les dynamiques de peuplement de lespace priurbain francilien, par rapport aux migrations linaires depuis le cur de lagglomration parisienne.

    V. Hervouet (2005) confirme cette diversit des parcours rsidentiels des priurbains partir de lanalyse du cas nantais, en observant ces itinraires selon une double dimension, la provenance gographique et le statut doccupation de la rsidence principale.

  • La structuration du priurbain20

    6. Le modle dhabiter priurbain: un processus qui semble irrversible

    Si certains ont pronostiqu la fin ou lessoufflement du modle dhabiter priurbain, pour les diffrents observateurs attentifs du phnomne, il nen est rien. M. Berger (2004) montre pourquoi, selon elle, le modle pavillonnaire priurbain nest pas prt de sessouffler, bien au contraire, car il est en phase avec la demande des Franais en matire dhabitat et a t confort par tout un systme de reprsentations. La maison individuelle en accession reste en effet lhorizon rsidentiel dune grande majorit de nos concitoyens, mme si la ralisation de cet objectif a pu, certains moments comme lors de la premire moiti de la dcennie quatre-vingt-dix, souffrir dun durcissement des conditions doffre de financement.

    Au total, cet engouement pour la maison individuelle sexplique par la conjonction de divers lments: recherche despace et de confort, flexibilit de lhabitat, panouissement de la vie familiale, besoin dappropriation, scurit matrielle et affective, russite sociale, rejet de lhabitat collectif, contact avec la nature. Bref, ce mode dhabiter semble bien tre en phase avec une socit fonde sur lindividualisme.

  • La structuration du priurbain

    Rsum

    Ouvrage collectif le plus synthtique dune srie de trois (cf. notamment fiche2) crits par les sociologues de lInstitut de sociologie urbaine, Lhabitat pavillonnaire intgre la fois des rfrences historiques, politiques, culturelles, sociales et idologiques sur la maison individuelle ainsi que des paroles dhabitants qui viennent remettre en perspective la premire approche thorique. Concrtement, les origines et la diffusion de lhabitat pavillonnaire en France depuis le XIXe sicle sont expliques dabord (chapitre 1) ; la symbolique et les pratiques dans le monde pavillonnaire font lobjet dune prsentation ensuite (chapitre 2). Et cest dans un dernier temps (chapitre 3), sans doute le plus riche du point de vue de la rflexion, que reprsentations idologiques du XIXe sicle et pratiques des pavillonnaires dans les annes soixante sont mis en confrontation pour savoir si le pavillon est un archasme. Les auteurs le pensent dans le sens o il y a une similitude trs forte entre thoriciens et occupants ce qui rend cet habitat, aux yeux de certains, ractionnaire, fruit dune idologie petite-bourgeoise et donc in fine archaque.

    Dmarche et mthodes

    Cet ouvrage mlange rfrences historiques (idologues), juridiques (dispositifs pour orienter le march du logement ou le financer), sociales et culturelles (tat de la socit) dans un premier temps puis rsultats dentretiens de terrain ensuite (cf. fiche 2 pour plus de dtails). Les citations de contemporains font donc le pendant de rfrences chronologiques plus anciennes. Cest larticulation des deux qui donne cet ouvrage un caractre assez remarquable de synthse sur la question du pavillonnaire.

    Intrts et approfondissements possibles

    Les chercheurs de lInstitut de sociologie urbaine font preuve, dans louvrage quils ont crit, la fois dune matrise des ralits du terrain avec lexploitation de plusieurs centaines dentretiens auprs doccupants pavillonnaires et, la fois, dune capacit remettre ces lments en perspective (mme si la prsentation de ces deux aspects est inverse dans louvrage) avec lhistorique de la socit franaise en matire de logement (du moins au XIXe sicle). Le dveloppement de lhabitat individuel est trait, non seulement en tant que tel mais, habilement, dans la double perspective de ses avantages et des griefs dont lhabitat collectif fait lobjet. Le tableau du logement en France nen est que plus intelligible.La rflexion qui nat de la croise des pratiques et des politiques pavillonnaires (au sens large du terme) nhsite pas soulever des questions scientifiquement ou politiquement incorrectes dans les annes soixante, alors mme que la pense moderniste dnigre le pavillon et tout ce dont il est cens tre porteur (caractre petit-bourgeois, maintien de la hirarchie sociale, monte

    Lhabitat pavillonnaire

    OuvrageSociologie de DEZES Marie-Genevive, HAUMONT Antoine et Nicole,RAYMOND HenryLHarmattan, Paris, 114 p., 1966, rdition en 2001

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    de lindividualisme, frein la mobilit gographique et sociale ). Louvrage affirme, de ce point de vue, la libert de recherche de ses auteurs.

    Cette approche sociologique, si elle est bien en phase avec la thmatique du choix de rsidence des nouveaux arrivants priurbains, manque dans les analyses qui sont faites dune assise spatiale. Elle ausculte beaucoup plus le fonctionnement mental des acteurs que leurs dplacements dans lespace. Cest en cela que dautres tudes gographiques (fiches 3, 4, 5) viendront complter et ancrer cette analyse dans une territorialit bien palpable. Cest l tout lintrt de lanalyse socio-spatiale.

    La structuration du priurbain

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    Les pavillonnaires. Etude psychosociologique dun mode dhabitat

    OuvrageSociologiede HAUMONT NicoleLHarmattan, Paris, 1966, rdition en 2001189 p.

    Rsum

    Issu des travaux conduits au cours des annes soixante sur lhabitat pavillonnaire en France par une quipe de quatre sociologues de lInstitut de sociologie urbaine, cet ouvrage fait partie dune trilogie (cf. fiche 1) qui vise dcortiquer et comprendre laspiration des franais pour ce type dhabitat. N. Haumont insiste plus particulirement sur lappropriation de lespace (chapitre 2) - avec les diffrents niveaux auxquels elle se fait et les actions des occupants qui y contribuent [ noter un passage trs intressant sur le sens de la clture] et sur la socialisation de lespace (chapitre 3) observes travers les usages et les reprsentations du jardin et des pices dans un pavillon. La comparaison avec lhabitat collectif est souvent utilise comme lment de comparaison, notamment pour bien comprendre le mouvement de translation qui sest produit dans les annes soixante des immeubles la maison individuelle. Lauteur, dans une perspective plus idologique, conclut enfin sur le fait que le pavillon sest impos comme norme et rve, renvoyant limage de la valorisation sociale et apparaissant comme une ncessit pour lpanouissement des familles.

    Dmarche et mthodes

    Cest partir de 265 entretiens non directifs dune dure moyenne dune heure et demie et raliss sur huit sites dissmins en France que N. Haumont dveloppe son tude psychosociologique du pavillonnaire. 195 ont t mens en pavillons et 0 ont t raliss auprs de rsidants en habitat collectif titre de comparaison (cf. rsum). Le profil des huit villes choisies est assez htrogne: trois communes de banlieue (rgion parisienne et lyonnaise), une ville industrielle (Lens), une commune littorale avec un lotissement balnaire (en Charente-Maritime), deux communes avec pavillons de retraits (en Cte dAzur) et une commune dite neutre (Crpy-en-Valois). Louvrage se nourrit de beaucoup de citations.

    Intrts et approfondissements possibles

    Dans le contexte socital de lpoque o lhabitat pavillonnaire est jug contraire aux vertus rpublicaines avec laccusation dune logique petit-bourgeoise et lindividualisme agressif de lhabitant du pavillon et o le logement collectif est montr comme favorisant les relations sociales, cet ouvrage dpasse cette vision politique et idologique pour aller explorer la vie quotidienne des habitants pavillonnaires et comprendre lattachement que beaucoup de franais manifeste leur chez-soi en maison individuelle. Si les analyses peuvent parfois tre limites (chapitre 3) par rapport limportance des citations, elles ont le mrite dessayer dapporter un clairage au plus prs de la ralit du terrain.

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    Bien avant lanalyse gographique et sociale de la rurbanisation par Bauer et Roux en 191 (fiche3) ou de la priurbanisation en France en 1991 (fiche 4), cet ouvrage et les deux autres qui sont tirs de la mme enqute ont le mrite de tenter de comprendre les comportements individuels des pavillonnaires en militant pour que la forme de lhabitat et la forme de vie qui sy dveloppe soient considrs simultanment comme tant un tout indissociable: lespace prend entirement en charge les significations de la vie de lhabitant. (conclusion, p. 149). Pour la comprhension des stratgies rsidentielles dans les espaces priurbains, ces recherches constituent donc une rfrence indniable.

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    OuvrageUrbanisme, Economie, Agronomie, Architecturede BAUER Grard, ROUX Jean-Michel.Editions du Seuil, Paris, 196, 189 p.

    La rurbanisation ou la ville parpille

    Rsum

    Les deux auteurs se livrent une approche de la rurbanisation (dissmination des villes dans les campagnes) assez mthodique et rationnelle en dcrivant dabord le processus (premier chapitre), en en analysant les moteurs conomiques ensuite (deuxime chapitre), en replaant la rurbanisation dans ses moteurs idologiques (troisime chapitre) et son contexte institutionnel (quatrime chapitre) pour enfin se livrer lanalyse de son devenir dans les annes ou dcennies venir (cinquime chapitre). G. Bauer et J.-M. Roux sefforcent de comprendre les tenants et aboutissants de la rurbanisation en sriant ce qui peut lalimenter plutt culturellement, conomiquement et socialement - tout comme ce qui peut la contrarier plutt politiquement et administrativement. Les vingt-deux dernires pages de conclusion sefforcent de faire le bilan des perspectives dvolution du moins moyen terme de la rurbanisation au vu des volutions politiques, conomiques et sociales prvisibles.

    Dmarche et mthodes

    A partir de trois terrains espaces dtude bien distincts (le Roumois prs de Rouen, la priphrie de Nmes et la plaine de Versailles), les deux auteurs basent leur analyse de la rurbanisation sur des entretiens faits auprs de mnages des espaces priphriques (jusqu 30 km du centre) des villes moyennes ou grandes et ayant fait construire dans les zones pavillonnaires les plus rcentes (annes soixante et surtout soixante-dix). Le rinvestissement des donnes se fait sous forme de citations, de cartes communales ou de tableaux rcapitulatifs ( plus grande chelle). Dautres tudes de cas sont cites et apportent ponctuellement un clairage sur tel ou tel aspect de la rurbanisation.

    Intrts et approfondissements possibles

    Bauer et Roux sont tout fait conscients que leur ouvrage pose plus de questions quil napporte de rponses et nhsitent pas avouer leur manque darguments sur certains points lorsque cest le cas ; mais cest justement en cela que cet ouvrage est un document pionnier de rfrence sur la priurbanisation (le mot rurbanisation sera progressivement dlaiss): il fait tat de la dissmination rcente des villes dans les campagnes, processus jusqualors peu tudi.Si certaines des analyses avances paraissent, en 2006, bien dpasses (faible impact du prix du foncier et de limmobilier, taux dactivit fminin peu dterminant, importance de la taille des parcelles ) en raison des volutions historiques qui sont intervenues depuis (rforme du march du logement de 19, lois de dcentralisation de 1982-1984, motorisation leve de la socit), dautres voies dexploration proposes se sont avres trs pertinentes et ont donn lieu de nombreuses recherches ultrieures (cf. ci-dessous).

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    Etant donne lanciennet de louvrage (30 ans), les prolongements proposs par les auteurs au fil de louvrage et en conclusion quant au suivi des diffrents aspects de la rurbanisation ont largement t tudis ; cest le cas de lvolution sociale des espaces priurbains (par M. Berger), de la structuration des acteurs conomiques de limmobilier et du foncier (par M.-C. Jaillet), de limportance sociale du logement (par N. Haumont, et al.), de la notion durbanit (par V. Hervouet), des risques de dislocation du systme urbain (par L. Roug), pour ne parler que des principaux thmes abords dans notre bibliographie critique.

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    La priurbanisation en FranceOuvrageGographie, Urbanismede DEZERT Bernard, METTON Alain, STEINBERG Jacques Editions du Seuil, Paris, 1991, 189 p.

    Rsum

    Comme son titre lindique, cet ouvrage se veut tre un bilan assez exhaustif et en tous cas complet sur la priurbanisation en France et sur tous les aspects quelle recouvre. Dans cette optique, lexpos qui en est fait est trs structur et didactique: la premire partie sattache bien dfinir les manifestations et la mesure de la priurbanisation (dfinition, limites, positionnement par rapport aux banlieues, formes dhabitat et dimplantation, rapports centre-priphrie) ; la deuxime partie est clairement axe sur les aspects conomiques et financiers de la priurbanisation (parcellaire, mutations foncires, nouvelles formes dactivits conomiques, mergence du commerce priphrique, priphries nouvelles) ; la troisime partie, quant elle, se focalise sur les aspects sociaux et politiques de la priurbanisation (habitants, mutations sociales et agricoles, pratiques priurbaines, planification par les dcideurs et les acteurs usagers).

    Dmarche et mthodes

    Cet ouvrage a adopt le parti pris de lillustration: pour appuyer toute ide ou argument avanc, un exemple de terrain est prsent. Si les cas en rgion parisienne sont les plus frquents (notamment en Val-de-Marne, terrains dtude des auteurs obligent), de nombreux cas en province (Angers, Laval, Bayonne, Landes, Toulon, Grenoble, Limoges, Poitiers, Orlans, Toulouse, Tours ) maillent les propos des auteurs. Les chelles dobservation sont trs variables (du village la rgion administrative). La restitution des rsultats de terrain se fait principalement sous forme de plans ou de cartes.

    Intrts et approfondissements possibles

    Louvrage a les dfauts de ses qualits: de porte trs gnrale et voulant embrasser lensemble des aspects de la priurbanisation, il donne de nombreuses clefs de lecture des espaces priurbains en multipliant les approches (gographique, historique, politique, sociale, culturelle, urbanistique, conomique) ; mais cette profusion de pistes ne permet pas dapprofondir chacun de ces aspects ; les analyses restent trs gnrales et parfois mme succinctes.A linstar de La rurbanisation ou la ville parpille (fiche 3) pour les annes 190, louvrage offre une photographie des espaces priurbains une poque bien prcise (en loccurrence la fin des annes 1980) mme si une paisseur historique depuis les annes 1960 est bien prsente dans lanalyse de la priurbanisation. On peut ainsi mesurer les rapides volutions qui ont eu lieu depuis, notamment sur les mutations foncires ou les outils de planification.A noter quand mme, en conclusion, le diagnostic des auteurs sur la poursuite de la priurbanisation comme phnomne irrversible et leurs doutes profonds sur le retour au centre.Cet ouvrage ne peut tre envisag que comme le point de dpart (certes trs intressant et pertinent) dune tude complte de la priurbanisation. Des travaux plus pointus et approfondis sur chaque thme sont consulter aprs sa lecture, que ce soit, par exemple, sur lidentit des populations priurbaines (fiches 1, 2,

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    5), sur leurs pratiques de mobilit (fiche ), sur leurs appartenances sociales (fiches 8, 9, 1) ou sur les mutations conomiques qui traversent les espaces priurbains (fiche 6).Toutefois, il permet de rendre compte de la complexit des processus en priphrie des villes. Cest un ouvrage de cadrage essentiel pour une premire approche globale de ltalement urbain.

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    Ouvrage en trois parties, il aborde successivement la priurbanisation sous un jour descriptif (premire partie) en croisant le regard des ruralistes et des urbanistes sur ce processus, au filtre de la division sociale (deuxime partie) en analysant les diffrents catgories socioprofessionnelles et leur accs au march foncier et immobilier, et enfin la lumire des phnomnes de mobilit (troisime partie) qui font voluer de faon permanente la structuration des espaces priurbains. En substance, M. Berger montre comment lIle-de-France a t un des espaces pionniers de la priurbanisation la fin des annes 1960 et surtout dans les annes 190 ; elle sattache aussi mettre en vidence la division sociale croissante des espaces priurbains parisiens selon un dispositif la fois sectoriel (reproduction de la division sociale des banlieues) et concentrique (loignement du centre des classes les plus populaires) ; elle insiste sur la diversit des itinraires rsidentiels des populations priurbaines, introduisant un talement urbain de proche en proche important qui se mle au schma centre-priphrie habituellement mis en avant ; elle tient galement compte de la localisation de la population, des actifs et de lemploi pour souligner lallongement en distance (mais moins souvent en temps) des trajets domicile-travail et leur impact sur la rpartition des populations priurbaines en Ile-de-France.

    Dmarche et mthodes

    Louvrage se nourrit de deux sources principales de donnes: les nombreux travaux de lauteur sur les dpartements de lEssonne et des Yvelines dune part, et les donnes des recensements de la population entre 195 et 1999 dautre part. La restitution de ces donnes dans louvrage se fait surtout sous forme de tableaux statistiques avec lusage de nombreux indices (coefficients de corrlation, indices de diversit, taux demploi ), de combinaisons socioprofessionnelles et de dcoupages gographiques rcurrents (Paris, Petite Couronne, Grande Couronne). Quelques photos et publicits maillent le dbut de louvrage. Un cdrom apporte une plus-value importante quant la qualit des illustrations.

    Intrts et approfondissements possibles

    Cet ouvrage est un incontournable dans toute rflexion sur les territoires priurbains. Lanalyse de ces derniers est riche tant donne la longue expertise de M. Berger sur le sujet. Le fait que le cas de lIle-de-France soit prcurseur dans le temps (ds les annes 1960) par rapport aux cas des villes de province (plutt dans les annes 190 voire aprs) et dune ampleur sans quivalence en France, donne dautant plus de poids cet ouvrage dautant plus que les analyses se basent sur un traitement quantitatif chelle rgionale trs rigoureux. On peut, ce propos, mettre quand mme quelques rserves sur la longueur excessive et les nombreuses redondances de ce type dapproche.Notons enfin que lauteur appelle en conclusion louverture de chantiers que ce soit la rflexion sur la mesure, lanalyse des systmes urbains rgionaux, la relecture des relations villes-campagnes ou la ncessit dune dmarche comparative entre couronnes priurbaines.

    Les priurbains de ParisOuvrage (daprs HDR)Gographiede BERGER MartineCNRS, Paris, 2004, 31 p.

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    Le prolongement de cet ouvrage savre tre logiquement la poursuite de ltude de la priurbanisation dans le restant de la France. Si lauteur en fait mention (chapitre ), elle ne consacre au sujet quune vingtaine de pages et ouvre plutt la porte une exploration ou une mise en perspective future. La bibliographie assez riche de cet ouvrage est aussi une incitation lapprofondissement du sujet.

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    Structuration spatiale des marchs fonciers et production de lurbanisation morphologique; application la Belgique et ses nouveaux espaces rsidentiels

    Thse de doctoratGographie conomique de HALLEUX Jean-Marie, Universit de Lige Directrice de thse: MERENNE-SCHOUMAKER Bernardette308 p., 2005

    Rsum

    Cette thse analyse le rle fondamental mais assez mconnu des marchs fonciers et immobiliers sur la production et lorganisation des espaces rsidentiels. Les marchs fonciers priphriques belges sont peu rguls avec une offre de terrain assez importante, une priurbanisation particulirement soutenue comparativement dautres pays et une prdominance de lauto-promotion en lien avec une forte prsence des lotisseurs. Louvrage est organis en deux parties. La premire analyse les trois composantes des marchs fonciers et immobiliers savoir loffre foncire urbanisable (potentielle ou effective, physiquement, juridiquement ou techniquement urbanisable) en lien avec la question de laccessibilit et les acteurs prsents sur ce march, la composante de la demande (des mnages) dans sa dimension culturelle (maison unifamiliale, auto-promotion), dmographique (rle du cycle de vie) et conomique (croissance des revenus, baisse des taux dintrt), et enfin la variabilit des prix fonciers (comparaison sur le temps long, tude des superficies, variabilits spatiales). La deuxime partie sintresse la structuration spatiale mme des marchs fonciers. Aprs un bilan approfondi de la construction de nouveaux logements (chapitre 1) et avoir fait la distinction entre desserrement (occupation plus lche) et talement (position plus excentre), il met en avant limportance de la disponibilit de linformation dans la formation des prix et les diffrences de capacit la mobilit des demandeurs (les mnages).

    Dmarche et mthodes

    Les sources mobilises sont nombreuses et de qualit: recensements et statistiques dmographiques (INS), statistiques financires (INS), base de donnes des transactions foncires et immobilires (INS, ABEX, STADIM) avec des donnes trs compltes sur chaque transaction (prix, superficie, nature ), permis de construire, cadastres (INS) sur la nature de loccupation de chaque parcelle. Ces donnes ont fait lobjet de traitements simples dans les quatre premiers chapitres et dun traitement plus complexe (et moins convaincant) dans le cinquime. Aucune enqute auprs des mnages na t ralise.

    Intrts et approfondissements possibles

    Ouvrage trs dense et trs complet, il fait le tour de la question sur les marchs fonciers et immobiliers. Il propose une base objective sur leur rle qui permet de ne plus avoir y revenir. Les conditions sociales et politiques belges sont voisines de celles en France avec une priurbanisation comparable, un miettement communal empchant toute vision politique globale de la ressource foncire. Son point faible est sans doute de sintresser uniquement aux conditions conomiques et trop peu la force du modle culturel ou aux reprsentations des mnages (diversit des stratgies rsidentielles, capital spatial, concept de mobilit). Ainsi, la vision est parfois un peu manichenne (capacit financire = capacit de mobilit) quand il sagit de prendre en compte la demande des mnages.Comme le souligne le paragraphe prcdent, ce travail trs port sur des considrations conomiques est complter par des tudes plus sociales et culturelles sur les populations priurbaines et leurs motivations. Les fiches 1, 2, 5 et sont assez clairantes de ce point de vue.

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    La priurbanisation dans la mtropole nantaise. De nouvelles mobilits pour de nouveaux lieux durbanit?

    Rsum

    Cette thse de gographie urbaine sinscrit dans la ligne de recherches portant sur la priurbanisation en France, en privilgiant une double entre, par ltude des mobilits et de lurbanit. La premire partie dresse un tat des lieux du contexte de la recherche. Aprs une prsentation trs gnrale de la mtropole Nantes Saint-Nazaire et ses fonctions urbaines, son rseau de transport, ses structures intercommunales (chapitre 1), lauteur poursuit par une prsentation de la dynamique de priurbanisation, dabord de manire gnrale puis travers le cas de la mtropole nantaise (chapitre 2) avant dexpliquer sa mthodologie (chapitre 3). Entrant dans le cur de la thse, la deuxime partie analyse les mobilits rsidentielles (chapitre 4) et la mobilit du quotidien (chapitre 5). Enfin, la troisime partie sefforce de rpondre linterrogation portant sur la notion durbanit laune du dveloppement de la priurbanisation.

    Dmarche et mthodes

    Le corpus de thse comprend 39 questionnaires et 30 entretiens raliss auprs des habitants de lotissements pavillonnaires de douze communes priurbaines autour de Nantes et de Saint-Nazaire. Ces enqutes de terrain visent principalement observer, dissquer, comprendre les modalits de dplacements et les lieux de frquentation des populations priurbaines. A ceux-ci sajoutent les 12 entretiens de chacun des maires des communes-chantillon ou de leurs reprsentants, entretiens portant principalement sur les politiques locales durbanisme, la vie politique locale et lvolution des quipements communaux. Des donnes plus gnrales (INSEE, DRE ) viennent complter le tout.

    Intrts et approfondissements possibles

    Cette thse montre bien labsence dunit ou la complexit des espaces priurbains nantais, limage de ce que M. Berger (fiche 5) a pu observer pour lIle-de-France. Cette htrognit ressort diffrents niveaux: diversit des pratiques de lespace lie au positionnement gographique de la commune, diversit des parcours rsidentiels des priurbains, parcours ayant eux-mmes une influence sur les pratiques spatiales. Cette thse fait galement bien ressortir le rle de la proximit dans la pratique de lespace: ce rle est manifeste dans la recherche dun logement (dans un quadrant dtermin) comme dans les pratiques spatiales (travail, achat, localisation du centre commercial) ce qui rvle une pratique trs sectorielle de lagglomration ou de laire urbaine. Lapproche trs sensible de la relation tisse entre les usagers et leur voiture ( laide des entretiens) montre entre autre labsence peu ou prou dune prise de conscience des nuisances collectives gnres par lusage de lautomobile.

    Lanalyse des entretiens avec les maires en lien avec les rythmes durbanisation des communes est une voie de recherche intressante mais qui na pas t suffisamment exploite, notamment en terme de vision stratgique. Ainsi, que signifie le fait que la plupart des maires aient la volont de matriser leur

    Thse de doctoratGographie urbainede HERVOUET Vincent Universit: NantesDirecteur de thse: PEYON Jean-Pierre2005, 549 p. Fi

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    urbanisation? Quel sens donn la volont de prserver la culture locale? Que signifie la prfrence accorde aux demandes locales? Ny a-t-il pas ici une volont de slection sociale des futurs candidats laccession? Lanalyse des reprsentations mriterait dtre galement approfondie en creusant lidologie pavillonnaire (fiches 1 et 2) et les lieux susceptibles, selon les priurbains, de gnrer de lurbanit.

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    Lespace priurbain: un univers pour les classes moyennes

    ArticleGographie, Sociologiede JAILLET Marie-ChristineRevue: Esprit, n 303, 2004, pp. 40-62

    Rsum

    Le priurbain a pour fonction essentielle daccueillir les couples bi-actifs ayant des enfants charge et reprsentatifs des couches moyennes. Toutefois, cet espace nest pas homogne socialement: on y retrouve les lignes de force qui structurent socialement lespace du ple urbain voisin ; une logique dauroles repousse les mnages les plus modestes distance du ple l o le foncier est le moins onreux (processus de tri social) ; les logiques daxe et de site interviennent aussi.

    Habiter le priurbain relve la fois dun choix mais aussi dun ensemble de contraintes avec notamment limpossibilit pour les couches moyennes avec enfants charge de trouver en ville un logement adquat en terme de taille et de cot financier. Encourags, ds les annes 190, par les politiques publiques, laccession et le march de la maison individuelle se sont dabord nourris du fort prestige symbolique et social du pavillon. Mais dsormais, laccession sest banalise et la maison individuelle est devenue un produit de consommation courante.

    Au total, lespace priurbain devient la matrice de trajectoires sociales plus diversifies faisant se ctoyer des lites circulantes qui dconstruisent toute territorialit et socit locale quand elles ralisent lidal de mobilit quelles incarnent, des classes moyennes moyennes qui sy replient (processus de rassurance) sans pouvoir mobiliser les mmes ressources que la gnration conqurante pour construire leur image une socit locale, parce quelles ont dautres proccupations (sphre prive), et des ouvriers et employs qui viennent, ses marges, y chouer dans un enfermement qui na rien envier dautres. (p. 61)

    Dmarche et mthodes

    Comme de nombreux articles ou ouvrages de lcole toulousaine, les sources sont principalement constitues dentretiens avec des habitants, des lus, des acteurs de la vie locale.

    Intrts et approfondissements possibles:

    Cette excellente contribution offre un panorama complet et trs synthtique de lespace priurbain franais, montrant comment celui-ci est le territoire rsidentiel par excellence des classes moyennes. Lauteur rappelle dabord les ressorts du dveloppement de cet espace et, ce qui constitue la principale originalit de cet article, insiste sur les motivations psychologiques qui poussent les classes moyennes investir le priurbain, en dveloppant la thse de la rassurance dans un monde professionnel et familial de plus en plus domin par la prcarit. La dimension temporelle de larticle est trs pertinente dans le sens o elle institue une diffrence entre les gnrations conqurantes des annes 190, avides dinvestir politiquement lespace local, et les gnrations suivantes plus dsenchantes et o la contrainte financire est au moins gale au choix. Lun des mrites galement de larticle

  • La structuration du priurbain36

    est de bien rappeler la diversit des priurbains, esquissant trois figures: les lites circulantes, les classes moyennes moyennes et enfin les classes populaires dont la capacit de mobilit se rduit la mesure des revenus.Article de gographie sociale voire de sociologie, il constitue un excellent complment la dmarche de M. Berger (fiche 5) en Ile-de-France. Ce rapprochement est intressant au moins deux titres: il permet de relever les similitudes entres les deux espaces priurbains (division sociale, loignement du centre des classes populaires ) tout en sinterrogeant sur dventuelles spcificits locales (enfermement rsidentiel choisi ou subi, structuration du march foncier et immobilier ).

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    ArticleGographiede SEMMOUD Nora Revue de Gographie Alpine, T. 91-4, pp. 55-64, 2003.

    Lhabiter priurbain: choix ou modle dominant?

    Rsum

    Comme lauteur lindique lui-mme, cet article se propose de dmler lcheveau des reprsentations qui animent les dynamiques territoriales actuelles, notamment celles qui conduisent une part importante de la population faire le choix rsidentiel du priurbain (p. 55). Si, un moment donn, certains citadins ont fait le choix du priurbain, les institutionnels et privs se sont alors empars de ce dsir (de paysage et de nature, le plus souvent) pour lassocier limagerie porte par lhabitat pavillonnaire et en faire un modle dominant. Lauteur montre ainsi comment, selon elle, le choix rsidentiel sest rtrci pour de larges couches de la population dont la demande est canalise vers le pavillon en campagne. Elle met en vidence le rle des acteurs institutionnels et privs dans la translation territoriale, vers la campagne, de modles urbains devenus antagoniques avec le principe du modle dsir par les habitants. Ainsi, la cration dans des zones priurbaines de ZAC, de lotissements denses ou referms sur eux-mmes (comme autour de Lyon ou de Saint-Etienne) a pu aboutir moyen terme la reconstitution dont seuls les ples urbains taient dpositaires jusque-l.

    Dmarche et mthodes

    La dmonstration de lauteur sappuie essentiellement sur deux territoires priurbains lyonnais et stphanois savoir la commune de Mions au sud-est de Lyon et le quartier de Saint-Victor-sur-Loire qui, bien que rattach administrativement la commune de Saint-Etienne, en est spar par une autre commune (Roche-la-Molire). Au sein des ces deux entits, ce sont plus particulirement la ZAC Condamines Saint-Victor et certains lotissements de Mions qui ont retenu lattention de lauteur. Celle-ci en fait une description la fois sociale (dclassement, valorisation, volution du chmage) et urbanistique (fermeture des lotissements, modification de la voirie, configuration des lieux).

    Intrts et approfondissements possibles

    Cest une rflexion intressante sur les modes dhabiter priurbains et les reprsentations qui leurs sont lies. Si le premier chapitre est surtout un rappel succinct des dynamiques priurbaines mieux dcrites dans dautres ouvrages (cf. fiche 5), le deuxime chapitre, plus intressant, insiste sur les reprsentations et les signes dessoufflement que donne le modle dhabiter priurbain. Le troisime chapitre, trs pertinent galement, poursuit cette logique rflexive en montrant les dcalages entre le modle et la ralit. Cest l que les observations de terrain prennent tout leur sens avec la mise en vidence des processus de densification des zones pavillonnaires, la dgradation progressive du cadre de vie, les problmes de voisinage et la double prise de conscience des habitants et des lus par rapport ces volutions. A noter aussi que limage rpulsive de la ville (bruit, pollution, congestion automobile, prix prohibitif de limmobilier, inscurit) qui a motiv linstallation dans les espaces priurbains est justement rappele pour montrer comment tous les dsagrments fuis sont en train dinvestir les priphries des villes.

  • La structuration du priurbain38

    Une tude plus fine du positionnement des deux territoires priurbains tudis par N. Semmoud serait intressante tant la description quelle en fait peut faire douter sur le caractre vritablement priurbain de cette commune et de ce quartier. Leur grande proximit de la ville-centre et les formes dhabitat qui sy sont dveloppes paraissent plus correspondre des communes de banlieue que vritablement des communes priurbaines. Lorigine rsidentielle des habitants serait peut-tre clairante.

  • Axe 2

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    les pratiques spatiales des priurbainsResponsable: Rodolphe Dodier

    Lanalyse de la bibliographie montre trs bien que la prise en compte des pratiques spatiales des mnages dans lanalyse des espaces priurbains est finalement trs rcente. Pourtant, dans les ouvrages fondateurs (Dezes et al, 1966 et Haumont, 1966), les habitants des espaces priurbains sont demble perus comme des acteurs part entire, la fois marqus et vhiculant un mode vie spcifique, do leur dnomination de pavillonnaires. Toutefois, lattention est porte essentiellement sur leurs parcours rsidentiels et lidologie que sous-tend la diffusion du modle pavillonnaire dans le contexte moderniste des annes 60 (monte de lindividualisme, reproduction de la hirarchie sociale, etc.). La dmarche sintresse peu aux pratiques spatiales, lexception de celles lies au pavillon proprement parler: le chez-soi, avec les diffrents formes dappropriation des pices de la maison et du terrain. La frquentation des espaces pri-domestiques, de la commune de rsidence ou de lensemble du systme urbain, nest pas ou peu analyse. Dans les ouvrages des annes 190 et 80, la priurbanisation fait lobjet dune analyse en termes de processus dcrire ou contrler, posant des problmes damnagement lis aux transports ou lquipement des zones nouvellement urbanises. En dehors de la mobilit quotidienne, essentiellement perue travers les migrations alternantes domicile-travail, les pratiques spatiales sont des proccupations

    secondaires, et les habitants apparaissent peu comme acteurs, mme pour les questions de mobilit. Il faut en fait attendre la fin des annes 1990 et surtout les annes 2000 pour que les pratiques spatiales deviennent une proccupation de recherche majeure. Pour le coup, le saut qualitatif est spectaculaire. Dans le mouvement de recomposition de la recherche en sciences sociales et la monte du concept dacteur, les individus et les mnages sont progressivement remis au centre des analyses.

    Trois approches principales mergent, qui ne sont dailleurs pas exclusives les unes des autres. Premirement, dans la continuit des recherches sur la mobilit, laccent est mis sur la question de lautomobile, avec la cration du nologisme automobilit qui dcrit bien la fois une forme didologie lie au tout automobile, ainsi que la dpendance tant des mnages que des espaces priurbains ce mode de transport. Une seconde approche insiste plus sur les pratiques spatiales du quotidien, intgrant certes les mobilits lies au travail, mais prenant galement en compte les mobilits de loisirs, de chalandise, scolaires ou autres, dans des schmas de mobilit plus englobants. Enfin, une troisime approche se focalise sur les rapports, en particuliers affectifs, aux territoires et sur la question de lidentit des populations priurbaines.

    2. Approches par la mobilit et lautomobilit

    Sappuyant sur une longue exprience de lanalyse des mobilits qui nest pas propre au priurbain, les travaux rcents (fiches , 11 et 14) insistent sur les relations des mnages lautomobile dans la ligne du travail de G. Dupuy. Dans un contexte de dissociation croissante entre lieu de rsidence et lieu de travail quon peut considrer comme constitutif de la transition urbaine (Petsimris 1991), lutilisation de lautomobile est devenue largement dominante dans tous les types despaces et est considre comme une obligation dans les espaces priurbains en labsence dalternative vraiment crdible du type transports collectifs. Les travaux rcents montrent comment limpossibilit de se dplacer avec une voiture devient gnrateur de diffrenciation sociale (fiche 14), comment les difficults de dplacement au quotidien conduisent lexclusion sociale ou, ensuite, participent de la difficult sinsrer dans la socit (Le Breton 2005). Cette

    analyse nest sans doute pas spcifique au priurbain, mais dans cet espace labsence dalternative rend cette forme dexclusion plus marque. De plus, labsence danticipation des cots lis la mobilit (Baudelle et al. 2004) peut galement rendre des mnages fragiles, notamment les mnages modestes qui sont les plus contraints par les cots fonciers et immobiliers et les plus marqus par la prcarit de lemploi. Par ailleurs, le rapport au dplacement, et en particulier lobjet automobile (fiche ) fait lobjet dinvestigations prcises, avec une analyse fine du rapport affectif entre certains priurbains et leur vhicule, ou comment, par des petits arrangements avec leur conscience, les individus finissent par transformer une contrainte en une forme dagrment. En mme temps, cela montre labsence de prise en compte des pollutions gnres par lusage de lautomobile. Dans ce domaine, les avances ont donc t importantes, les spcificits rgionales sont faibles

    1. Une proccupation rcente

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    et les tudes existantes se fondent dailleurs sur des exemples locaux. Il semble donc, en premire lecture, difficile de proposer des pistes vraiment novatrices. Une perspective intressante est cependant lie la hausse importante des cots de transports (en raison de la forte hausse des prix du ptrole) et la diffusion

    dune norme sociale remettant de plus en plus en cause le transport individuel et peut-tre plus encore les rejets, notamment de CO, induits. Est-ce que ces contraintes accrues sont susceptibles dinflchir la fois le rapport et le recours lautomobile dans les espaces priurbains?

    3. Pratiques spatiales du quotidien

    La seconde approche concerne donc les pratiques spatiales du quotidien, particulirement prsentes dans les fiches 11, 12, 13, 15 et 1. Dans ces pratiques spatiales sont englobes lensemble des activits sociales, notamment les mobilits lies au travail, la scolarisation, aux pratiques de chalandise, aux loisirs, aux sociabilits, ainsi que le recours aux services, etc., mais aussi la faon, dtache ou implique, dont les mnages frquentent ces lieux. Cela permet de mettre en vidence la monte de pratiques que les auteurs nomment prgrinations (Pinson et Thomman, 2001) ou mobilits circulatoires, qui consistent organiser les dplacements en boucle, souvent de faon trs programme (Cailly, 2004). De mme, il semble y avoir une frquentation diffrencie de lespace urbain, avec des formes en quadrant (Hervouet, 2005) ou une propension frquenter les ples secondaires de la priphrie plus que le centre des villes (Mador). Cette double manire (circulation et priphrisation) de concevoir les dplacements et la frquentation de la ville semble tre le ferment

    dune spcificit priurbaine, car les mobilits en zone dense prennent plus la forme de multiples allers-retours depuis le domicile. Il y a dailleurs l une contradiction avec ce qui est mesur dans lagglomration francilienne, ce qui ncessite sans doute des investigations supplmentaires, avec peut-tre des mthodologies moins qualitatives. Lanalyse se fait galement en tenant compte des registres de normes, de valeurs et de gots qui sous-tendent lensemble de ces activits sociales. Cela permet de distinguer dailleurs les auteurs ayant tendance plaquer sur lobjet de recherche des reprsentations typiquement urbaines (avec une tendance assez nette la stigmatisation du ou des priurbains) en mobilisant une grille de lecture de type urbain-urbanit / priurbain-dliaison sociale, alors que dautres auteurs montrent bien que les oppositions sont plus lies des hirarchies de valeurs qui restent structures par une opposition cultiv/populaire (Cailly) ou par des configurations diffrentes de mnages (personnes seules / familles).

    4. Territorialit et identits

    Enfin, ltude des pratiques du quotidien dbouche trs souvent sur une rflexion sur la question de lidentit. Cette question est aborde de faon trs diverse, soit de faon large en termes didentits spatiales avec la recherche dune spcificit priurbaine (fiches 12 et 13), soit de faon plus troite en adoptant une grille de lecture sur le degr durbanit (fiches 11 et 15) des mnages priurbains. Dans ce domaine, les postures scientifiques trs diverses permettent difficilement de trouver des points vraiment convergents, et laisse justement de beaux champs dinvestigations. La distinction entre les liens qui font lieux (la campagne valorise uniquement par sa proximit la ville) et les lieux qui font liens (connaissance des lieux et proximit) (fiche 15) apparat trs sduisante mais narticule que deux des principaux espaces de rfrence. Larticulation entre la villa et la ville diffuse (fiche 11), en passant par lanalyse des espaces pri-domestiques, permet de bien emboter les identits multiformes des mnages priurbains. Labandon du couple enracins/dracins (fiche 13) pour des raisonnements en termes dancrage (composites, par implantation, nouvelle autochtonie)

    offre des perspectives intressantes pour montrer la rversibilit des identits sociales. Enfin, la comparaison dautres gotypes de rsidence (fiche 12) permet de relativiser leffet de lieu (le fait de rsider dans le priurbain) par des effets dappartenance sociale (distinction habitus cultiv / habitus populaire) et met surtout en vidence lindividualisation croissante des identits, de plus en plus loignes dun modle unique. Dans ce domaine, il reste encore beaucoup faire, notamment en raison des mthodologies utilises, uniquement bases sur du qualitatif. Si ces mthodes permettent remarquablement de dissquer les matrices identitaires, les normes et les valeurs mobilises, elles ne permettent pas des gnralisations convaincantes, et notamment la recherche de distinctions selon les diffrentes couronnes priurbaines ou les types de mnage. La confrontation des analyses sur dautres types de quartiers (fiche 16) est une piste suivre, dautant quon peut faire lhypothse que sil sinvente une nouvelle manire dtre la ville dans les espaces priurbains, ce mode durbanit nest sans doute pas spcifique de ce type despace.

  • La structuration du priurbain 43

    5. Mthodologies

    Lvolution des mthodes est galement trs nette depuis les ouvrages des annes 1960 et 0 jusquaux thses les plus rcentes en particulier. Si un certain flou dominait parfois (fiche 3), ou si la transcription des entretiens formait le corps principal de louvrage (Fiche 2), la rigueur actuelle dans lanalyse des entretiens (notamment fiches 11 et 12) et la profondeur de la rflexion associe est une avance mthodologique importante. Les grilles dentretiens qui sont proposes, larticulation entre entretiens, emplois du temps hebdomadaires, dplacements raliss sur un an, reconstitution ditinraires biographiques, ou description des relations sociales forment dsormais un corpus mthodologique solide, qui ne demande souvent qu tre systmatis de faon plus large pour comparer les types de mnages ou les gotypes de rsidence. De faon plus spcifique, le traitement cartographique des espaces de vie met remarquablement en perspective lieux frquents, temporalits et modes de transports. Sur les mthodes

    quantitatives, le savoir-faire existe, mais linquitude est plus importante concernant le devenir des sources. Les grandes enqutes de lINED ou de lINRETS ne concernent que lIle-de-France alors quil sagit toujours dune situation spcifique par lanciennet et la vigueur du mouvement de priurbanisation (fiche 5). Lutilisation du recensement permanent risque de devenir plus dlicate pour des tudes locales exhaustives en raison du dcalage temporel entre communes dun mme espace. Seules des grandes tendances seront donc mises en vidence. Une voie intermdiaire consiste mettre en place des enqutes quantitatives, qui permettent dailleurs de poser des questions plus en adquation avec les problmatiques, mais cela a un cot non ngligeable. Deux exemples, lun local mais sur plusieurs pratiques spatiales (fiche 1), lautre avec une remarquable dmarche comparative entre sites mais pas sur les espaces priurbains, permettent dimaginer des enqutes qualitatives pertinentes.

    6. Les relations avec les autres axes

    La piste la plus intressante est peut-tre dans larticulation entre plusieurs des axes prdfinis. En particulier, plusieurs auteurs supposent que les pratiques spatiales actuelles sont largement induites par litinraire rsidentiel et les modalits de choix de la rsidence des mnages priurbains (fiches 11 et 1 notamment). Or, les deux aspects sont souvent spars ou mme lorsque les deux aspects sont abords, ils le sont dans des chapitres distincts pour des raisons pratiques de prsentation. Cela empche peut-tre daller plus avant dans la perception de larticulation entre trajectoire rsidentielle et modes dhabiter. De mme, limpact de la forme urbaine, les contraintes de sites (fiche 11, sur Aix-Marseille), etc. semblent jouer un rle important. Il existe une grande diversit des situations locales, et manifestement des diffrences sensibles entre la priurbanisation contrainte par la vigueur des massifs calcaires de lagglomration dAix-Marseille, lurbanisation spare des noyaux villageois de la priphrie toulousaine et lextension par contigut des villages des espaces priurbains des villes de lOuest de la France. Une rflexion croise sur les formes urbaines dominantes et les pratiques spatiales pourrait tre envisage. De plus, mme si peu dauteurs (fiche ) insistent sur la question politique en dehors du rle direct des politiques de logement et dhabitat, la question du hiatus entre les pratiques spatiales et les mailles politiques (qui tournent souvent le dos

    la ville) se pose avec force, gnrant des tensions non ngligeables. En particulier, on peut faire lhypothse dun renforcement progressif de lantagonisme entre la faible lgitimit des intercommunalits (absence de suffrage universel, absence dun vritable gouvernement lchelle du systme urbain mme sil existe au niveau de lagglomration, unicit de lappartenance communale ces mailles alors que lidentit territoriale peut tre double, etc.) et les constructions citoyennes qui mergent par le bas (pratiques spatiales ordinaires, rle des associations,etc.).

    Enfin, il faut noter la relative faiblesse gnrale des conclusions en termes de vivre ensemble ou de faire socit. De mme, le phnomne associatif est peu abord. Pourtant, le dynamisme associatif est particulirement fort dans les premires couronnes autour dactivits de loisirs ou culturelles, mais aussi dans les domaines de lenvironnement (pas forcment de faon dfensive) et du patrimoine, car le besoin dancrage des populations priurbaines trouve l se manifester. Bref, il y a l un vrai champ de recherche investir, en saffranchissant des reprsentations par trop angliques ou au contraire stigmatisantes, en essayant de voir comment se construit peut-tre un nouveau modle de socit.

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  • La structuration du priurbain

    La ville mergente

    Rsum

    La ville mergente se dessine peu peu sous nos yeux, mais nous ne savons pas la reconnatre dclare G. Dubois-Taine en introduction de cet ouvrage. Et cest bien dans le but de connatre lvolution de la forme urbaine en une ville de plus en plus tale, et qui merge depuis les annes 190, que les deux auteurs ont runi les regards croiss de diffrents observateurs ou (et) acteurs: urbaniste, lotisseur, banquier, directeur commercial, militant associatif, sociologue, ethnologue, architecte, responsable dtudes, directeur la RATP, anthropologue, maire, responsable de lurbanisme, gographe, paysagiste, artiste, conomiste, directeur dagence durbanisme, directeur en sciences sociales, historien de lart. Aussi, est-il difficile de rsumer lensemble de louvrage. Pour cadrer un tant soit peu les propos, ce document se compose quand mme de six grandes parties: des donnes de base et des tats de faits (premire partie), les modes de vie dans la mtropole contemporaine (deuxime partie), la nature et la ville (troisime partie), lesthtique et larchitecture des territoires contemporains (quatrime partie), la gestion de lagglomration (quatrime partie) et lorientation vers de nouvelles organisations territoriales (cinquime partie). Assez brefs (onze pages maximum), ces points de vue mlangent discours rflexifs et expriences de terrain, stratgies conomiques et projets dartistes, visions de maires et dmarches associatives Mais tous mettent en vidence le fait que la ville dense et agglomre nest plus la ville europenne daujourdhui et que les processus qui sont se sont dvelopps en priphrie ont profondment boulevers lurbain.

    Dmarche et mthodes

    Comme le montre le rsum, cet ouvrage ne possde pas de mthodologie particulire si ce nest celle dun melting-pot de points de vue. Les uns avancent des observations de terrain ( Jou-les-Tours, Rez, Saint-Herblain, en priphrie brestoise, Saint-Mdard-en-Jalles, au Grand Quevilly, Los Angeles, Lomme, La Dfense), dautres expliquent des expriences de dirigeants politiques ou conomiques (groupe Kinpolis, France Terre, Espace Expansion Dveloppement, Caisse dEpargne ), dautres se livrent des analyses plus globales sur ltalement de la ville, sur la demande en maisons individuelles, sur limplantation de centres commerciaux, sur le statut de la nature Difficile donc de trouver une cohrence tout cela mais ce nest pas le but, non plus, de cet ouvrage.

    Intrts et approfondissements possibles

    Cet ouvrage ne prsente pas une image claire de ce que peut tre la ville mergente et ses auteurs ne prtendent dailleurs pas le faire. Au-del de son caractre clairement iconoclaste (la ville dense nest plus !), ce livre propose des figures de la ville mergente, images dune ville nouvelle, sorte de portrait-robot tabli encore partir de tmoignages, de monographies (G. Dupuy dans le rsum). Si la profusion des points de vue et la diversit de leurs auteurs apportent indniablement une grande richesse la rflexion sur

    OuvrageSociologie, Urbanismede DUBOIS-TAINE Genevive, CHALAS YvesEditions de lAube, La Tour dAigues, 199, 285 p.

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    la ville mergente, on peut quand mme dplorer la qualit trs ingale des exposs: quoi de comparable entre la prsentation trs succincte et maladroite dune politique locale durbanisation et un historique sur les processus de formation des espaces priurbains aux Etats-Unis? Finalement, cet ouvrage est plus un appel se pencher plus longuement sur la ville mergente quune description de celle-ci. Des pistes de rflexion sont ouvertes. Aux chercheurs de les explorer.

  • La structuration du priurbain

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    Rsum

    Cet ouvrage propose une rflexion trs intressante sur les modalits de mise distance des populations priurbaines par rapport la ville dense et agglomre et le rle de la maison (ou de la villa) dans cette rimplantation gographique. Aprs quelques propos liminaires sur lurbanisme et la ville, la place de la maison dans la vie quotidienne (systme de lieux), la mthodologie adopte et les attendus dune telle recherche (notamment la description de la mobi-stabilit), les auteurs articulent leur dmonstration en deux parties: la premire partie dcrit linstallation en villa dans les campagnes urbaines en plantant le dcor des trois terrains retenus (chapitre 1), en mettant en vidence les dysfonctionnements possibles dune telle dmarche (chapitre 2) et en rappelant toutes les valeurs qui se nouent autour de la maison (chapitre 3) ; la deuxime partie, se nourrissant quasi exclusivement des enqutes de terrain, montre comment sarticulent les territoires pridomestiques et lhyperterritoire mtropolitain travers les nouvelles territorialits de lhabiter priurbain (chapitre 1), le rle de lautomobile dans les dplacements du quotidien (chapitre 2) et la multiplicit des appartenances et des territoires chez les priurbains (chapitre 3).

    Dmarche et mthodes

    Point fort de cet ouvrage, la mthodologie chafaude par les auteurs consiste en la conduite dentretiens semi-directifs domicile auprs de tous les membres (adultes et adolescents) de familles habitant trois communes (Puyloubier, Fuveau, Cabris) situes dans laire mtropolitaine dAix-Marseille. Ces familles-maisons vivaient, au jour de lenqute, autant dans des maisons isoles que dans des lotissements ou des maisons de village. Les entretiens ont abord la description et la qualit des lieux frquents par les personnes interroges, se gardant de trop se limiter aux pratiques et aux reprsentations de lunit domestique. Une place importante a donc t accorde la relation des habitants au temps (temps du quotidien, temps long des cycles de vie) comme lespace (pens comme distance mais aussi comme paysage). Mais cest la mise en cartes de ces investigations de terrain qui est surtout remarquable. Grce des cartes de synthse, les auteurs ont russi mettre plat diffrentes couches dinformations (nature des dplacements, valeur des prgrinations, entit sociale considre ) ce qui permet des comparaisons faciles entre membres dun mme famille ou entre plusieurs mnages interrogs.

    Intrts et approfondissements possibles

    Grce cette mthodologie trs bien labore, les auteurs parviennent en permanence illustrer leur propos (notamment sur la valeur accorde la maison et son rle de refuge) sans tre pour autant tributaire des rsultats de terrain. Cartes, citations et exemples individuels viennent en appui dune analyse textuelle qui souligne la complexit des espaces priurbains et la

    La maison en ses territoires: de la villa la ville diffuse

    OuvrageGographiede PINSON Daniel, THOMANN Sandra LHarmattan, Paris, 2001, 191 p.

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    multiplicit des cas familiaux que lon peut y rencontrer (cf. fiche aussi sur ces aspects). Au final, ce travail est plus quun travail monographique dans le sens o les rsultats sont mis en perspective en permanence dans un cadre de rflexion beaucoup plus global sur le pavillonnaire, la mobilit et la priurbanisation. La relecture douvrages de rfrence sur la priurbanisation (fiches 3, 4, 5), sur le pavillonnaire (fiches 1 et 2) et le recoupement avec dautres tudes rcentes (fiches 6, , 1) complteront cette analyse.

  • La structuration du priurbain

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    Pratiques spatiales, identits sociales et processus dindividualisation. Etude sur la constitution des identits spatiales individuelles au sein des classes moyennes sala-ries du secteur public hospitalier dans une ville intermdiaire: lexemp