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Directeur de la publication Sawako Takeuchi Rédaction Chisato Sugita Pascale Takahashi Racha Abazied Cécile Collardey Tony Sanchez Conception graphique et maquette La Graphisterie Impression Imprimerie Moutot Dépôt légal : 2 e trimestre 2012 ISSN 1291-2441 Bibliothèque Maison de la culture du Japon à Paris 101 bis, quai Branly 75740 Paris cedex 15 Tél. 01 44 37 95 50 Fax 01 44 37 95 58 www.mcjp.fr Ouverture Du mardi au samedi de 13h à 18h Nocturne le jeudi jusqu’à 20h Fermeture Les dimanches, lundis et jours fériés Fermeture annuelle du 1 er août au 1 er septembre inclus 4 Zoom sur... Un peu plus d’un an a passé depuis la triple catastrophe du 11 mars, un laps de temps suffi- sant pour laisser éclore les premiers écrits sur les événements, tant au Japon qu’en France : L’archipel des séismes, recueil d’articles de divers spécialistes et intellectuels japonais, spéciale- ment publié et traduit bénévolement en français au bénéfice des sinistrés, est sans doute le plus riche kaléido- scope de réflexions et d’interrogations publié jusqu’à maintenant. Face au deuil, et surtout à un désastre en constante évolution, architectes, écrivains, poètes, ethnologues ou sociologues réagissent et se livrent. Au sein de cette volonté col- lective de prise de recul semble se dégager une question : hormis les faits liés aux élé- ments naturels, où se situe la responsabilité de chacun dans ce scénario d’un désastre qui révèle les limites du système économique et politique ? La maison d’édition franco- japonaise Kaze, quant à elle, offre aux sinistrés la recette des ventes d’un beau recueil de mangas, Japon, un an après : huit auteurs ont été invités à partager leur vision du drame, offrant un camaïeu de styles et de sensibilités où chaque histoire sonne comme un mes- sage d’espoir et d’encouragement à un Japon meurtri. Deux auteurs étrangers se sont déplacés sur le terrain pour comprendre : Fukushima, récit d’un désastre est le journal de Michaël Ferrier, Français vivant au Japon. Après avoir éprouvé le séisme dans son appartement à Tôkyô, il part dans le Nord-Est afin d’apporter des vivres dans les refuges, recueillir le témoignage des rescapés et cons- tater l’étendue du désastre. Un récit poignant où les sensations physiques, celles des secousses, de la boue nauséabonde, ou l’ennemi impalpable qu’est la radioactivité sont rendus avec force par une écriture sensorielle à travers laquelle il exprime sa stupeur, ainsi que sa colère vis-à-vis du lobby nucléaire. Wiliam T. Vollmann est chez lui en Californie lorsqu’il apprend que le tsunami a provoqué un grave accident nucléaire. Il prend l’avion immédiatement et décide de se rendre dans la zone interdite muni d’un dosimètre, observe et recueille les témoignages. Fukushima, dans la zone interdite est un reportage riche en informations où l’auteur ne cache pas son étonnement face au fata- lisme apparent d’une population peinant à comprendre de quoi elle est frappée. Vus de France, quelques écrits sont parus au cours de l’année comme des piqûres de rappel : ne sommes-nous pas l’un des pays les plus nucléarisés au monde ? Fukushima, l’apocalypse, et après ? écrit par Christophe Sabouret, peu de temps après l’événement, est une synthèse précise et des plus accessibles sur la catastrophe, centrée sur le contexte politique avant et après l’accident nucléaire. L’équivalence des catastrophes, réflexion sur les liens entre les catastrophes et les civilisations par le philosophe Jean- Luc Nancy, exprime la crainte de la disparition d’une « humanité véritable » où la quantité a remplacé la qualité, quantité incarnée par l’argent. Enfin, Tu n’as rien vu à Fukushima, se présente sous la forme d’une lettre de l’auteur à une amie japonaise. Daniel de Roulet fut lui-même ingénieur dans une centrale, et a déjà posé en tant qu’auteur un regard critique sur l’épopée atomique. C. C. Quelques publications post-11 mars 2011

La lettre de la bibliotheque N°39

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La lettre de la bibliothèque de la MCJP

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Page 1: La lettre de la bibliotheque N°39

Directeur de la publicationSawako Takeuchi

RédactionChisato Sugita

Pascale TakahashiRacha Abazied

Cécile CollardeyTony Sanchez

Conception graphique et maquette

La GraphisterieImpression

Imprimerie MoutotDépôt légal : 2e trimestre 2012

ISSN 1291-2441

BibliothèqueMaison de la culture

du Japon à Paris101 bis, quai Branly

75740 Paris cedex 15Tél. 01 44 37 95 50Fax 01 44 37 95 58

www.mcjp.fr

OuvertureDu mardi au samedi

de 13h à 18hNocturne le jeudi jusqu’à 20h

FermetureLes dimanches,

lundis et jours fériés

Fermeture annuelle du 1er aoûtau 1er septembre inclus

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Zoomsur...

Un peu plus d’un an a passé depuis la triplecatastrophe du 11 mars, un laps de temps suffi-sant pour laisser éclore les premiers écrits sur lesévénements, tant au Japon qu’en France :

L’archipel des séismes, recueil d’articles dedivers spécialistes et intellectuels japonais, spéciale-ment publié et traduit bénévolement en français aubénéfice des sinistrés, est sans doute le plus riche kaléido-scope de réflexions et d’interrogations publié jusqu’à maintenant.Face au deuil, et surtout à un désastre en constante évolution, architectes, écrivains,poètes, ethnologues ou sociologues réagissent et se livrent. Au sein de cette volonté col-lective de prise de recul semble se dégager une question : hormis les faits liés aux élé-ments naturels, où se situe la responsabilité de chacun dans ce scénario d’un désastrequi révèle les limites du système économique et politique ? La maison d’édition franco-japonaise Kaze, quant à elle, offre aux sinistrés la recette des ventes d’un beau recueil demangas, Japon, un an après : huit auteurs ont été invités à partager leur vision du drame,offrant un camaïeu de styles et de sensibilités où chaque histoire sonne comme un mes-sage d’espoir et d’encouragement à un Japon meurtri.

Deux auteurs étrangers se sont déplacés sur le terrain pour comprendre : Fukushima, récit d’un désastre est le journal de Michaël Ferrier, Français vivant au Japon.Après avoir éprouvé le séisme dans son appartement à Tôkyô, il part dans le Nord-Estafin d’apporter des vivres dans les refuges, recueillir le témoignage des rescapés et cons-tater l’étendue du désastre. Un récit poignant où les sensations physiques, celles dessecousses, de la boue nauséabonde, ou l’ennemi impalpable qu’est la radioactivité sontrendus avec force par une écriture sensorielle à travers laquelle il exprime sa stupeur,ainsi que sa colère vis-à-vis du lobby nucléaire. Wiliam T. Vollmann est chez lui enCalifornie lorsqu’il apprend que le tsunami a provoqué un grave accident nucléaire. Ilprend l’avion immédiatement et décide de se rendre dans la zone interdite muni d’undosimètre, observe et recueille les témoignages. Fukushima, dans la zone interdite est unreportage riche en informations où l’auteur ne cache pas son étonnement face au fata-lisme apparent d’une population peinant à comprendre de quoi elle est frappée.

Vus de France, quelques écrits sont parus au cours de l’année comme des piqûresde rappel : ne sommes-nous pas l’un des pays les plus nucléarisés au monde ?Fukushima, l’apocalypse, et après ? écrit par Christophe Sabouret, peu de temps après l’événement, est une synthèse précise et des plus accessibles sur la catastrophe, centréesur le contexte politique avant et après l’accident nucléaire. L’équivalence des catastrophes,réflexion sur les liens entre les catastrophes et les civilisations par le philosophe Jean-Luc Nancy, exprime la crainte de la disparition d’une « humanité véritable » où la quantitéa remplacé la qualité, quantité incarnée par l’argent. Enfin,Tu n’as rien vu à Fukushima, se présente sous laforme d’une lettre de l’auteur à une amie japonaise.Daniel de Roulet fut lui-même ingénieur dans unecentrale, et a déjà posé en tant qu’auteurun regard critique sur l’épopée atomique.

C. C.

Quelques publications post-11 mars 2011

Page 2: La lettre de la bibliotheque N°39

Comment nommer une catastropheSekiguchi Ryôko, écrivain et traductrice

n° 39 - Printemps, mai 2012

La lettre de la bibliothèque

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Après la sortie de l’un demes derniers livres, Cen’est pas un hasard, j’ai étésollicitée pour plusieursentretiens en France ; or

une chose m’a gênée, c’est qu’onm’interroge en commençant par« votre livre sur Fukushima… ».Chaque fois, j’ai répondu que monlivre ne portait pas sur Fukushima, dumoins pas directement, mais sur « l’a-près 11 mars » dans son ensemble.Un an plus tard, avec les commémora-tions de la triple catastrophe, j’ai cons-taté qu’il était trop tard, que les événe-ments du 11 mars étaient désignés enFrance sous le nom de « Fukushima ».Désormais, tout le monde parle d’un« après Fukushima », ou de « quand ily a eu Fukushima ».

Bien sûr, je suis consciente que ladimension tragiquement irréversiblede cette catastrophe est due à l’acci-dent de la centrale nucléaire.Pourtant, à mon sens, cette nomina-tion n’est pas sans poser problème.D’abord, réduire l’évocation des évé-nements du 11 mars à ceux deFukushima, c’est occulter les sinistrésdes autres événements, ceux du tsu-nami en particulier, et l’ampleur desdégâts, trop vite oubliés, qu’il a pucauser. J’ai entendu un journaliste sereprendre et dire : « Ah oui, j’avais oublié les dégâts du tsuna-mi… ». Indiscutablement, pour unpays, 20 000 morts en une seulejournée et des milliers de disparus nesauraient être désignés autrementque comme une tragédie.Appliquer le nom de Fukushima àcette catastrophe dans son ensemble

a donc pour conséquence de rendrel’accident de la centrale un tant soitpeu abstrait, du fait que l’on n’encompte pas (encore) les victimesdirectes par milliers. Après l’accidentde Tchernobyl, tout le monde aentendu parler du nombre incalcula-ble de liquidateurs décédés dans d’a-troces souffrances. Cette pensée,même dépourvue de représentationnette, nous oblige à prononcer« Tchernobyl » avec respect. Le nomde Fukushima n’étant pas (encore)associé à ce type d’images, il sembleplus facile à prononcer, à mettre à ladisposition de tous ; on le manipuleen quelque sorte sans trop de gravi-té. Les morts du tsunami sont déjàoubliés parce qu’on ne se sent pasconcerné ; on garde seulement cequi « nous » concerne : la questionde l’énergie nucléaire.

Le second point touche à la questionde la temporalité. En admettant quel’on désigne cette catastrophe du nomde Fukushima, on ne saurait parlerd’un « après Fukushima », pour lasimple raison que l’on est encore enplein dedans. On n’est pas « après »,on est « pendant » Fukushima.Comme l’écrit Jean-Luc Nancy dansson dernier ouvrage, L’équivalencedes catastrophes (Après Fukushima) :« Il s’agit d’abord de ce que veut dire« après ». (…) Mais l’« après » dontnous parlons relève au contrairemoins de la succession que de la rup-ture et moins de l’anticipation quedu suspens, voire de la stupeur. C’estun « après » qui veut dire : Y a-t-il unaprès ? Y a-t-il une succession ?Allons-nous encore quelque part ? »

C’est, je crois,le manque deréflexion sur lanomination del’événement enFrance qui m’agênée. Le nomde Fukushima a été donné si facile-ment. Il n’y a pas eu de discussionsimilaire à celles qu’a pu susciter lenom de « Shoah », par exemple.Pour être d’une autre nature, ou demoindre importance, la catastrophedu 11 mars ne méritait-elle pas unminimum de réflexion ? À mon sens,l’acte de donner un nom à une tragé-die, à un événement quel qu’il soit,doit faire l’objet de discussions. Ellesseules permettent d’appréhender lanature de l’événement. Il importesurtout de respecter l’appréhensiondes personnes concernées à nommerla « chose ». Aujourd’hui encore,chaque fois que j’évoque cette cata-strophe, j’ai une seconde d’hésitation.Nommer la catastrophe ne va pas desoi. Les nominations vacillent. C’esttantôt « le 11 mars », tantôt « lacatastrophe » ; parfois, je ne peux merésoudre à la désigner autrementque par « ça », cette « chose ». Pourles personnes directement touchées,la nomination doit être encore pluspénible. Imaginer l’hésitation aubout des lèvres qui prononcent la« chose », voilà ce qui permet de sereprésenter plus concrètement lacatastrophe. Peut-être est-ce là aussila seule façon, quel que soit l’événe-ment, de s’approcher un peu de ceuxqui l’ont vécu. ■

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Société

Érick LAURENTLes Chrysanthèmes roses : homosexualitésmasculines dans le Japon contemporainParis : Les Belles Lettres, coll. Japon, 2011. 240p.

Au Japon, société très normative où lemariage hétérosexuel demeure uneinstitution incontournable, l’homosexualitén’a quasiment pas de visibilité sociale, nid’existence juridique. L’aspect caricaturalvéhiculé par les médias est révélateur dela relégation des gays à un domaine quitient de la fiction, déconnecté de la réalité

quotidienne. Par ailleurs, à l’image de la « Marche desfiertés » qui se trouve fragmentée en différents groupesdistincts, les diverses communautés ne sont guère fédérées.Le Japon propose-t-il des voies d’émancipation qui lui sontpropres ? Cette étude de terrain, menée tant en zone urbainequ’en milieu rural, du nord au sud, est la première analyseanthropologique de l’homosexualité masculine dans lasociété japonaise contemporaine.

Nicolas BAUMERTLe saké : une exception japonaiseRennes, Tours : Presses universitaires de Rennes / Pressesuniversitaires François-Rabelais de Tours, coll. Tables des hommes,2011. 295p.

Boisson identitaire s’il en est, le sakéjaponais fut d’abord le breuvage desdivinités shintô, des empereurs etseigneurs, avant de devenir populaire etde faire la richesse de villes et de régionsentières. Souvent assimilé à tort à unalcool fort, ou désignant de manièreimpropre toute boisson asiatique à basede riz, le saké, issu de la fermentationd’un mélange de riz et d’eau, est mal

connu en dehors de l’Archipel. Adapté d’une thèse récompensée par le prix Shibusawa-Claudel, ce livre d’une très grande clarté et particulièrementagréable à déguster, explore le sujet sous toutes ses facettes,dans une approche à la fois historique, géographique etculturelle ; tout en pointant les défis qui attendent cetteinstitution nationale.

Manga

HIGA SusumuSoldats de sablePoitiers : Éditions Le Lézard Noir, 2010. 262p.

1945 : la dernière phase de la guerre duPacifique se déroule à Okinawa. C’est làque se joue la bataille décisive entrel’Amérique et le Japon qui aboutira à ladéfaite de ce dernier, et à l’occupation duterritoire par l’armée américaine. HigaSusumu a grandi à Okinawa, entre lestémoignages de ses parents et ceux d’une

population longtemps marquée par des souvenirs pénibles :prise en étau entre la folie destructrice de l’armée impériale àbout de force, et les bombardements de l’armée américaine,dont on ne savait plus si elle était alliée ou ennemie. Fruit d’unedocumentation rigoureuse, ce somptueux manga présente septrécits à travers lesquels il raconte cette page de l’histoire surun ton juste et sobre, permettant une approche intime dupeuple d’Okinawa à qui il rend un hommage bouleversant.

Littérature

KITANO TakeshiBoyTrad. par Silvain Chupin

Paris : Wombat, coll. Tanuki, 2012. 120p.

D’une plume lucide, parfois cocasse,Kitano Takeshi (1948-…), artisteprotéiforme, se met en quête de cette partd’enfance et d’innocence perdue quihante ses plus beaux films. Ce recueil detrois nouvelles, écrites au début de sacarrière de cinéaste, s’inscrit dans la veinesensible du réalisateur de Kids return etde L’été de Kikujirô. En une grande

économie de mots, l’auteur tente de cerner avec délicatesseles tourments ordinaires de jeunes garçons, écoliers oucollégiens, et l’incompréhension qui règne entre petits etgrands. Les illustrations de couverture et en tête desnouvelles sont de la main d’Emmanuel Guibert.

SHIMAO ToshioL’aiguillon de la mort Trad. par Elisabeth Suetsugu

Arles : Éditions Philippe Picquier, 2012. 640p.

La littérature touche parfois la vérité del’âme humaine : il naît alors ce qu’onappelle un « chef-d’œuvre ». C’est le casde ce roman autobiographique quel’auteur a mis plus de dix-sept ans àécrire, et qui ne raconte rien d’autreque… l’amour, la vie, la folie et la mort !L’intrigue est assez simple : une femmedécouvre que son mari la trompe,

commence alors entre eux un long dialogue fait derèglements de comptes et d’aveux. Cette crise bouleverse leur

Regards sur le fonds

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Page 4: La lettre de la bibliotheque N°39

vie et les conduit progressivement vers une situation extrême.L’auteur décortique et analyse leur quotidien, dans sesmoindres détails, avec une acuité vertigineuse. À mesure quele couple tâtonne à la recherche d’une vérité, la femmesombre doucement dans la folie, tandis que les enfants sontles victimes d’un déchirement inéluctable dont la famille nese relèvera pas. La descente dans les abîmes, la quête de larédemption et l’envie féroce de s’accrocher à la vie sont lesthèmes majeurs de cette œuvre magistrale qui dépeint sansfards l’ambivalence et la fragilité des êtres.

FURUKAWA HideoAlors Belka, tu n’aboies plus ?Trad. par Patrick Honnoré

Arles : Éditions Philippe Picquier, 2012. 381p.

En 1943, l’armée impériale japonaise endéroute laisse derrière elle quatre chienssur une île du Pacifique. Ils la quitteront,et leurs nombreux descendants serépandront sur la terre, passant d’uncontinent à l’autre, à la rechercheinlassable de leur « terre promise ».Chiens-soldats ou chiens domestiques, dela conquête de l’espace aux camps

afghans, ces intrépides créatures vivront les grandsévénements de la guerre froide à travers plusieurs histoiresparallèles au rythme trépidant. Cette histoire de l’humanitévue du côté des chiens s’ouvre comme une fenêtre sur uneautre réalité, questionnant le rapport de l’homme à des êtresvivants différents et son besoin de domination. Avec uneécriture nerveuse et âpre qui se prête particulièrement aulangage de ses héros, Furukawa Hideo réussit le pari de cettesuperbe épopée canine.

Philippe FOREST (dir.)Du Japon : la nouvelle revue française : n° 599-600Paris : Gallimard, mars 2012. 361p.

Ce numéro de la prestigieuse revueGallimard, publié à l’occasion du Salon duLivre, est dédié au Japon. Comme l’expliquePhilippe Forest dans sa préface, le titre« Du Japon » doit être compris à la foiscomme « à propos du Japon » et « depuisle Japon », du fait que le volume contientdes romans, poèmes et essais d’auteursjaponais et français, et traite des

littératures de ces deux pays. C’est aussi un ouvrage de soutienau Japon, suite à la terrible catastrophe du 11 mars 2011, trèsprésente dans la plupart des contributions et visiblement aucentre des préoccupations de la majorité des auteurs. Dans cen° 600, de prestigieux noms de la littérature contemporainecôtoient les grands noms de la littérature japonaise.

Histoire

KATSUMATA ShizuoIkki : coalitions, ligues et révoltes dans le Japon d’autrefoisIntro., trad. et notes par Pierre-François Souyri

Paris : CNRS éditions, coll. Réseau Asie, 2011. 268p.

Les recherches historiques japonaisessont malheureusement très peu traduitesen langue française. Cet ouvrage ne secontente pas de pallier cette lacune, ilapporte également l’éclairage d’unspécialiste occidental de l’histoiremédiévale japonaise. Que de poncifs n’entendons-nous pasgénéralement à propos des Japonais

« peuple passif, obéissant, enclin à la soumission, etc.» ; ce livre fait voler toutes ces idées préconçues en éclats. On l’ignore peut-être, mais les paysans japonaisconnaissaient, eux aussi, les révoltes et les contestations :dans tout le pays existaient des « ikki », autrement dit, descoalitions qui regroupaient des gens animés par un sentimentd’injustice, et qui revendiquaient leurs droits. Ce livre détaillecomment ces ikki s’organisaient et ce que ces mouvementscherchaient à défendre. Un ouvrage clef pour comprendre unpan méconnu de l’histoire japonaise.

Économie

Sébastien LECHEVALIERLa grande transformation du capitalisme japonaisParis : Presses de Sciences Po, 2011. 422p.

Cet ouvrage est une réflexion sur leschangements qu’a connu le capitalismejaponais durant la période 1980-2010. Ilnous explique comment le capitalismejaponais, singulier dans son approcheéconomique, a fini par rejoindre le modèleanglo-saxon sous la poussée des milieuxfinanciers, même s’il conserve quelquesspécificités pouvant laisser augurer des

évolutions futures différentes. Cette analyse propose uneperspective chronologique sur la mise en œuvre despolitiques néolibérales au Japon, l’impact de ces dernières surle marché du travail et la réforme du système éducatif, avantde terminer sur l’innovation et l’insertion au niveauinternational de l’économie japonaise. Le livre est agrémentéd’une préface et d’une postface qui éclairent et complètentles différents chapitres de cette étude fouillée du capitalismejaponais contemporain.

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