La Lecture Selon Barthes

8/18/2019 La Lecture Selon Barthes

1/11

La lecture selon Barthes

par Nicolas Carpentiers

1998

Bref aperçu

RésuméAvant-propos

L'auteur s'étonne qu'on n'ait pas dé! e"aminé le t#$me de la lecturec#e% Bart#es& l se propose de faire ( l'arc#éolo)ie de nos savoir sur lalecture *&

ntroduction

Carpentiers présente le contenu de son étude+ e"plique sa démarc#e eten trace les limites&

Citation tirée de Bart#es+ Variations sur l'écriture+ o, il définit la lecturecomme un p#énom$ne ( qui participe ! la fois de la perception+ del'intel-lection+ de l'association - mais aussi de la mémoire et de la

ouissance *&

C#apitre 1 L'ou.li de la lecture

L'auteur rappelle qu'apr$s avoir mis l'accent sur l'auteur /avec descritiques comme 0aine+ Renan+ Lanson et ainte-Beuve2+ l'anal3secritique s'est tournée vers le texte /approc#e du formaliste+ dustructuralisme #érité des Russes d'une part 4reimas+ Brémond etBart#es pour les r$)les d'enc#a5nement narratif+ d'autre part 4enette et0odorov&

La sémiolo)ie a accordé la priorité ! l'oeuvre et l'a considérée commeun tout en soi&


2/11

1&1 6n lecteur ou.lié

7ar une série de citations+ l'auteur montre que Bart#es+ le premier+ areproc#é au" critiques de son époque de ne pas asse% s'intéresser aulecteur& l reconna5t cependant que Bart#es s'est lui-mme consacré aute"te avant tout&

1& L'activité du lecteur

La critique traditionnelle conçoit l'oeuvre comme un o.et pourvu d'unesi)nification prééta.lie qui+ #a.itant le te"te+ serait dévoilée par l'acte delecture& Bart#es soutient au contraire que le te"te ne poss$de pas desi)nification+ celle-ci est apportée par le lecteur /producteur de sens2&

7our Bart#es+ le lecteur n'e"iste pas+ en tant que lecteur+ sans le te"te : lesémiolo)ue tente de penser ensem.le le te"te et la lecture&

1&; Les compétences du lecteur

L'auteur rappelle qu'un lecteur n'a.orde amais vier)e la lecture d'uneoeuvre il apporte une somme de connaissance codées& Bart#es parle decodes culturels activés par le suet lisant+ ou de compétences culturellesdu lecteur&

ufa3s vont pousser plus loin ces réfle"ions& >ufa3s en199? distin)ue trois niveau" de codes les codes d'elocutio /permettantde comprendre le sens d'une p#rase2+ les codes de dispositio /permettantd'identifier le )enre auquel le te"te appartient2+ les codes d'inventio /permettant de dé)a)er les valeurs vé#iculées par le te"te2&

La question de l'o.ectivité /ou de la su.ectivité2 doit tre rée"aminée+ parce qu'elle implique que l'on conf$re au te"te une e"istence autonome&L'o.ectivité et la su.ectivité rel$vent de la fiction+ de l'utopie&

Bart#es remet en question l'e"istence d'un sens littéral &

C#apitre Lire au pluriel

L'auteur annonce qu'il fera un survol #istorique de l'approc#eoccidentale du pro.l$me de l'6n et du @ultiple& l commence avec7laton et Aristote qui renient la multiplicité des c#oses au nom d'un


3/11


4/11


5/11

d'un mod$le universel du te"te /proet des structuralistes2&


6/11

>eu" limites importantes ! la lecture plurielle 12 ce n'est pas unelecture totale+ amais le lecteur n'épuisera le te"te : 2 ce n'est pas unelecture qui permet de dire n'importe quoi elle ne peut forcer le te"te+sous peine d'i)norer la nature de l'écriture+ non plus au nom de l'auteur+mais au nom d'un suet lisant tout-puissant /un privil$)e en remplaceraitalors un autre+ et le te"te resterait déprécié2&

7our Bart#es+ comme pour >errida+ il s'a)it de lire en déplo3ant les potentialités sémantiques de l'oeuvre sans dire n'importe quoi+ de parap#raser tout en inventant&

>ans les proc#ains c#apitres+ Carpentiers annonce que la réfle"ion deBart#es a.ordera ce que la sémiolo)ie s$c#e et scientiste avait écarté le

plaisir+ l'émotion et l'inconscient& Car lire+ #eureusement+ ne se limite pas ! décoder des si)nes : le développement des sens ne constituequ'une dimension de la lecture&

C#apitre ; La lecture et le temps

Kol)an) ser pendant la lecture+ il 3 a simultanément rétention du sens/)arder en mémoire les unités sémantiques2 et protention du sens/anticiper sur les sens ! produire2&

4érard 4enette le temps de la fiction comporte deu" niveau"+ le tempsde la narration /d'o, les événements sont racontés2 et le temps del'intri)ue&

;&1 La lecture

7our Novalis+ c#aque lecture a)it comme un filtre qui dé)a)e pro)ressivement la quintessence du te"te&

l faut lire+ puis relire immédiatement+ alors que l'attention n'est plus

détournée par le suspense : le lecteur a encore l'#istoire en mémoire+ il peut o.server les autres dimensions du te"te& 7our Bart#es+ la relecturetrouve sa raison d'tre non dans une meilleure compré#ension del'oeuvre mais dans le plaisir purement ludique du pluriel du te"te relirevise ! diversifier+ non ! asseoir une compré#ension : relire vise !multiplier les si)nifiants - i&e& le sens en tant que multiple et touours !faire - et non saisir un si)nifié unique&


7/11

;& Le r3t#me de lecture

Bart#es émet l'#3pot#$se que lire plus vite ou plus lentementen)endrerait des .ouleversements dans notre mani$re de comprendre leste"tes&


8/11

C#apitre ? La lecture ima)inaire

7ar lecture ima)inaire+ Carpentiers entend une lecture naMve ou émotive+une lecture qui ne distin)ue pas les si)nifiés des référents+ une lecture

participative+ émotionnelle+ proective+ ! mille lieues du déc#iffrementcritique&

?&1 L'illusion

'il est conscient du caract$re fictif des événements narrés+ le lecteurcroit touours+ dans une certaine mesure+ ! l'#istoire qui lui est racontée&

?& 6n désinvestissement du réel

L'écriture et la lecture sont des pratiques clandestines+ disait Bart#es+ parce qu'il faut se séparer des autres pour lire& Cette remarque renvoie !une comparaison avec l'amoureu" ou le m3stique&

?&; L'ima)inaire

Bart#es adapte l'ma)inaire de Lacan+ tel que le ps3c#anal3ste le définit par l'e"périence du miroir l'enfant croit d'a.ord voir un tre réel+ puis ilcomprend qu'il s'a)it d'une ima)e+ et enfin il s'identifie ! cette ima)e& Lelecteur se construit une représentation visuelle+ réa)it comme si l'ima)e

était réelle+ puis confond soi et l'autre& Le lecteur produit une ima)e quile capture&


9/11

C#arles 4rivel+ @ic#el 7icard et Hincent Oouve t#éoricienscontemporains pour qui la part d'enfance su.sistant c#e% l'adulteconstitue le support de sa crédulité de lecteur&

Bart#es+ contrairement ! tierle /19P92 et Riffaterre /1982 quireetaient la lecture naMve+ prend ses distances vis-!-vis d'une conceptionstrictement rationnelle du )este de lecture+ annonçant ainsi les travau"de teiner+ de Lafar)ue+ de Oouve et de 7icard&

C#apitre Lire le désir

La ps3c#anal3se de la réception sou#aite rendre compte desmécanismes ps3c#iques inconscients qui op$rent lors de la lecture&@ic#el 7icard /198Q2 identifie trois instances le liseur /qui maintient lecontact avec le monde e"térieur2+ le lectant /qui )arde une distancecritique2 et le lu /qui réa)it inconsciemment au" structuresfantasmatiques du te"te2&

&1 6ne satisfaction du désir

ans méconna5tre le pouvoir d'e"citation de l'interprétation+ Bart#es+ pour qui lire c'est désirer l'oeuvre+ s'attac#era ! en étudier les propriétésde satisfaction&

& 7les du désir et li.ération de fantasmesLa dialectique du désir en littérature l'écrivain et le te"te désirent lelecteur+ le lecteur désire le te"te&

L'oeuvre désire et c#oisit son lecteur d'au moins trois façons 12 le c#oi"le"ical+ qui fait que Her#e))en dans ( le de)ré %orro de l'écriture *c#erc#e un lecteur sensi.le ! l'#umour : 2 l'e"ploitation de référencescommunes /patrimoine culturel2 : ;2 la lisi.ilité /Bart#es disait =n nedira amais asse% quel amour pour le lecteur il 3 a dans le travail de la

p#rase2&

Bart#es dé)a)e trois fi)ures nécessaires ! la ouissance de lecture+ troislieu" du te"te o, le lecteur en)a)e son désir l'auteur+ le personna)e et lete"te lui-mme& 12 L'auteur+ non comme fi)ure d'autorité et p$re del'oeuvre+ mais comme tre de papier+ comme éventail de si)nesdispersés& 2 Le lecteur peut désirer un personna)e pour sa .eauté+ son


10/11

#umour+ son coura)e+ etc& i le lecteur se met ! la place du personna)e+il 3 a projection+ s'il l'imite dans la vie réelle+ il 3 a identification& ;2 Lete"te e"cite l'inconscient du lecteur qui+ réa)issant activement ! l'appeldes si)nes du te"te+ met en .ranle un scénario+ une productionfantasmatique& Le lecteur se trouve conforté dans son moi par la mise ensc$ne du désir satisfait+ et son inconscient+ li.éré de ses tensions+ est

proté)é&

Bart#es est convaincu que le lecteur+ réa)issant au" structuresnarratives+ ouit de la mise en sc$ne mentale de ses propres désirs : ilécarte l'idée simpliste d'un transfert de fantasmes /de l'auteur vers lelecteur2 et préf$re parler d'un espace de ouissance& Le te"te est unespace de ouissance parce qu'il laisse au lecteur la li.erté de ouir deses propres désirs&


11/11

de faire l'amour&

D la sc$ne primitive+ écrivait Bart#es+ o, 'écoute sans voir+ succ$de unsc$ne perverse+ o, 'ima)ine voir ce que 'écoute&

@ais le désir de voir peut s'e"ercer aussi .ien sur des te"tes érotiquesque sur des te"tes non érotiques+ .io)rap#iques+ romanesques+#istoriques&

Adaptant les concepts de la ps3c#anal3se ! l'acte de lecture+ RolandBart#es a posé les premiers alons dans l'anal3se de la dimensioninconsciente et fantasmatique du )este interprétatif& l trace un sillonque @ic#el 7icard et Hincent Oouve approfondiront+ en ad#érantdavanta)e ! l'ort#odo"ie ps3c#anal3tique+ par l'étude de la partinconsciente du lecteur /le concept de sublimation de 7icard2&

Conclusion

La dimension co)nitive de la lecture /le processus de compré#ension2+anal3sée+ entre autres+ par Jrans Rutten+ 6m.erto

Documents

La Lecture Selon Barthes