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t intenr L' ABBAYE DE CLAIRVAUX EN 1517 ET EN 17093 PIÈCES CURIEUSES PU1LIIES AVEC DS NOTES Par A1eandre A ;i fl.R. PARIS flUMOtLIN, L1IRARE, HIS .:cclsT1Ns. TROYES REIMS ALEXIS SOCAR» BIflsS.:RT-J;NET libraire. libraire. M 1) CCC LX\I. Document HI II il Ili II 11111 ll 0000005562770

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L' ABBAYE

DE CLAIRVAUXEN 1517 ET EN 17093

PIÈCES CURIEUSES PU1LIIES AVEC DS NOTESPar A1eandre A ;i fl.R.

PARISflUMOtLIN, L1IRARE,HIS .:cclsT1Ns.TROYES REIMS

ALEXIS SOCAR»BIflsS.:RT-J;NET

libraire. libraire.M 1) CCC LX\I.

Document

HI II

il IliII 11111 ll0000005562770

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AUX MBLIOPIIILES DE LA CHAMPAG\E.

Parmi les abbayes dont la Champagne peut àjusi' titre se glorifier, nous derons citer celle deClairvaux, fondée par saint Bernard en 1115 ettransformée de nos jours en maison centrale dedétention. Située dans une agréable vallée, ellevoyait au XJle siècle accourir dans son enceintedes papes, des rois, des prélr., , q et des princes,les uns pour y admirer la vertu des religieux etpour y puiser (le salutaires pensées, les autrespour y mourir non loin de celui dont la douce etpersuasive voix subjuguait l'Occident. Nous lais-serons à (autres plus habiles la gloire de retra-cer cette belle époquect de nous montrer des popu-lations entières s'entassant sur le passage (le saintBernard pour le voir, pour le loucher, pour luiarracher même un fil de sa coule.

Moins heureux que le pape Eugène Il1 et queles nobles comtes de Champagne, nous nous con-tenterons de nous joindre an brillant cortège (lela reine de Sicile, de cette vertueuse Philippe deGueldre, veuve de René II d'Anjou, qui se retiradans un couvent en 1549 et y mourut en laissant

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dans toute la Lorraine le souvenir de ses bienfaits.Nous pourrons à notre aise parcourir le rnonas-tère • visiter ses églises, ses dortoirs, ses biblio-thèques, ses réfectoires et mérne pénétrer dans sontrésor. A ceompagnés par le J?éréreud Prieur, doc-teur en théologie de Paris. nous pourrons à l'aidede précieux yen seignemen ts comprendre l'orga.n'sation d'une puissante abbaye au XVIe siècle etremarquer sur notre passage que la règle de Ci-teaux, quoique douce, ne mirilait pas encore lesfurieuses inrectires (le Messire Calvin, ce sainthomme qui excommuniait et faisait torturer ceuxqui refusaient d'adhérer à ses erreurs.

Puisse relie publication trop tardive, chers tee-'urs, vous prouver qu je n'ai pas oublié la BIBLIO.

TIliQUE DE .'&M riun (IInPENmS et que j'ai ledésir de mener à bonne fin mon entreprise, gr'îceà la bienveillance avec laquelle t'eus avec accueilliinc.! deux premiers volumes!

Alexindrp Assiiu.

Troyes, le 30 Juillet 1St.

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bc (litirvanx' cu 4541.

S'ensuict le voiaige que la Royne de Sécile, Mon-seigneur le conte de Guse et Madame la con-lesse, sa femme, ont faieiZ de Joinville àClcrvaulx.La dite dame et seigneur avec leur estat partirent

de Joinville pour aller audit Clersiulx, le lundy Xfflejour de juillet mil V e XVII, et vindrent arriver aulieu de lJole'ent 3 , à soupper et giste où le peuple etgens leurs suhgectz qui avoient est' au devant d'eiilx}iUS d'une lieue leur feirent bonne chière et grant ac-cueil.

Le mardi Xliii dudict mois, ilistièrent audit Dole-vent pour tyrer audiet Clervaulx, distant de six lieueset environ les cinq heures après-midi, icelle dameRoyne et seigneur vind,cnt arriver audict Clervuulx,au devant d'eulx, les prieur en l'absence de l'abbé i,comme l'on disoit en visitation en Bretaigne, i-eiigieulx,

t. Philippe de Gueldre, femme de René IL d'Anjou, et-roi de Sicile et mort en 1508. Cette princesse prit l'habit dereligieuse à Pont--Mousson en 1519 et mourut en 4557.

2. Résidence de Claude de Lorraine, seigneur de Joinville,dès 15t)8 et créé duc de Guise tu 1527.

3. Doulevant, jadis ihef-lieu du doyenné de la Biaise, au-jourd'hui chef-lieu de c.-won haute- Mai-ne,

4. Edmond de Saulieu qui , de simple moine, parvint en4509, à h dignité d'abbé de Clairvau,

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moynes dudit (,lervaulx vin drent pourcessionnellernentavec la croix et l'eaue hénoicte jusques à la premièreporte de la basse-court, dessouhz laquelle porte, aprèsque la darne et seigneur furent descendus, ledit.prieur qui est docteur en théologie de Paris, fist unebelle et élégante harangue en français, )a recepvanthumblement et ladicte harangue ilnye commença le-dict prieur et religieulx Te Deun taud anius, en me-nant ladicte clame et seigneur jusques à l'église,où elle fist son oraison devant le corps de Monsei-gneur sainct Bernard, et de là alla au logis, nomméde Cisteaulx, estant en ladicte abbaye, chacun en sachambre, et peuh après souppèrent en la salle ap-pelée d's abbcz4.

Le niei'credy en suyvant, X'Ve jour duidict mois,environ lmict heures du matin, ladicte daine floyne,seigneur conte et darne contesse allèrent dans ladictees-lise pour oyr messe, en laquelle fust faicte pources-sion par lesdictz religieulx, ayant ung chacun, en leurmain, ung reliquaire et mesmement ledict prieur, quidebvoit dire la grande messe, portoit ung vaisseaud'argent doré, de forme ronde, de la longueur de,près d'une aulne de Paris, dedans lequel estoit le ro-seau qui fust baillé à Nostre Seigneur Jhu-Ohrist

1. La parle des rnonalères était interdits aui femmes dèsla fondation de Citeaus. L'a abbé, des moines et des couverafurent condamnés, eu lltiO, à jeûcer au pain et à l'eau peu.dent un jour pour avoir laissé entrer des femmes dans l'églised'une abbaye. Cette discipline si sévère ne se rel!Icha qu'auXVI siècle. Etudes sur l'e(at intérieur des abbages cs€er-ciennes, par M. D'AsOis D5 JUSÂISYILIS, P. 9.

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quant Pilate dicf, aux Juifz :Ecee homo, et la dictepourcession fijiete , fust commencée la grande messemoult solennelernent, pour ce que ledict jour estoitla feste sainct Eutrope dont 1v corps est dans ladicteesglise 1.

Item, ladite grande messe achevée, fust mesnéc ladicte dame par ledict prieur assisté de plusieurs FeU-geulx, au revestiaire de ladicte esglise, et là Iurcfltmontrez plusieurs beaulx et dévots riches t liquinres.

Premier sera commancé aux nobles reliquaires desarmes de Notre Sauveur Jhit-Ciist. C'est nssavoir

Une croix du bois de la croix de Nostre Seigneur,de la longueur de detnye aulne de Paris, qui est laplus grande pièce qui se trouve; icelle croix, enehas-sée en une grande croix d'argent doré, tant que uigreligieulx peuit lever ladicte croix garuve de plu-sieurs riches piereries.

Fust après inonstré ung reliquaire d'argent doré,en forme quaré d'ung pied de long et deniy de largecouvert de piereries, leqiul s'ouvt'oit, et dedans icel-luy estoit la portion de la vraye croix que saincte lié-lainne retint, et après l'invention de la saincte croix,faicte par elle du temps de l'Empereur Constantin,ladicte pièce encliassée audirt reliquaire.

Plus est enchassé au dict reliquaire ung demy cloitx,dont estoit cloué le fer de la lance de Longis , qui

t. À droite du tombeau de SOilit Bernard, derrière le grandautel. Ce corps avait été envoyé d'l:alie à Clairvaux enpar Conrad, cardinal, éi éque de Porto et accien abbé de Clair-"au',

2. Saint Loogin, centurion qui se convertit et souffrit lemartyre tI Césarée, en Cappadoce.

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- 40 --perça le l tféCiNlX costé tic Nostie Seigneur, avec plu-sieurs antt'esdigncs reliques, dont les escripteanix sonten lettres grecs.

Sembiabl.'niet t t lust montré le roseau, mis es mainsde Nostre-Seigu e ir, quant par Pilate fu.st adinené aupeuple et qu'il die[ : Ecce homo. Et l'ust yen par dePetits ti'ous, pour ce qu'il est tendre ii mains. Aprèsfust montré le chie!' de saint Bernard et l'os du

este, lequel cet erichassé d'argent doré ; puis le lirasde sainct Bernard. Et n'y '.rcaisseau, oitses hossements, fors ses de; pieds, et tout le demeu-rant est audict vaisseau ou !'ct'le. comme cy aprèssera dict. Et y n environ Iiuict ou dix ans que l'onvouluet ouvrir le diet vaisseau pour prendre des dictsos, Triais après qu'il fust ouvert, ii't'y osa toucher,tant furent estoituez.

Plus, le eiiicfsiiinctMalachic l , suinct Barnabé, apos-tre, sainct Vincent, martire, portion du citief sainctMarcq et aultres chiefs plusieurs.

Audict revestiaire y n des chiefs XX ou XIIljdes onze mille vierges, dont il y en a dix en l'autel desconvers, dont cy après sera parlé, et les attitres enaultres chapelles de iridicte église plus y n dit laietNostre-Daine ('t autres inuniétablos leliquiniies, etdes tableaux oit il y t en chacun d'eulx LX oitdiverses l'eliqltes

Quant aux tiches niaics, y cria deux ymaigesgent, assavoir : l'une de Nostre-Dame, qui est (Far-gent doté, de la liaulteur de quatre pieds et deiny. et

I. Aruhrut1ue dirlande, mort à Clairvaux, et dont le corpsa v a i t été lrovi data, un lomhrau, derrière le grand autel.

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l'autre de sainct Bernard, de pareille liaitlteui. Les-diets vrnaiges enrichies de pieleries.

[te,,'. Y il seize oit il-'i pièces de relieques quel'on monstre cornniunéinent aux pellerins.

Après disuer, incontinant ladicte dame alla venir etvisiter la di.te église, qui est belle, gronde, large,haulte et clère, construicte et voultée toute de pièr'de taille, contenant, en longueur, sept vingt liitietpassées, et de largeur, de croisée à aultr:vingt passées, et tourte là tout à l'environ du meur,et sont les 'errièies de voir blanc seullinent.

Eu icelle église y n trente-deux chapelle ou autel,dont le principal et le plus beau est le grand autel.

Sur lequel pose une belle et dévote ymaige de Nos-tre-Dame, et au-dessus ung cha1ipiteau bien rie':—ment doré avec les bencillons painets très-richement;lediet ayant sept à huict piedz de liaulteur.

La table liasse dudict aultel est à belles yrnaigesde cuyvre dorées de fin or. A l'environ y n quatre co-lonnes de cuivre et sur icelles qualtre anges de troisà quatre piedz de haulteur lediet aultel bien aornéet encour'tiné de drap d'or et (le soyc.

Derrière icelluy grand aultel y a trois beanix etriches aulteiz d'albatre, dont cellny du millieu estl'autel monseigneur saitiet Bernard sur lequel estson vrnaige, fait sur le vif incontinaut après son tres-pas. et avait le visaige, à veoir laclicte ituaige, magreet contemplatif. l.edict autel est couvert d'un taber-nacle de pierre à quatre pilliers, dont les deux pre-miers sont h costé diidiit autel, servant de colonnes,et les deux :utecs deirière icellity autel faisant ledit

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tabernacle couverturcaudit autel, et semblablement auvaisseau où sont 1s ossements de sainct Beritard quiest deriei' ledict alLitel. lcelluy vaisseau estant depierre, dont la couverture est (le couleur poiirphire,et de costé et d'autre dudict vaisseau ou fierte l'on sepeut mettre L genoulx pour saluer le sainct, en disantson oraison, qui est en des petis tableaux de chacuncosté,

Item. A costé dextre du eœu;, uprès dudict au-tel sainet Bernard est l'autel où est le corps de mon-seigneur sainct Eutrope et de sept autres suintz etsaiictcs en un.- vaisseau et à fierte, tout ainsy et pa-reillement que celluy de sainct Bernard en chappi-teaux et autre chose.

Item, A cote senestre est l'autel et le corps de mon-seigneur sainct Malachie, archevesque d'Hyhernie,qui pour l'amour de sainct Bernard voulust morir etestre inhumé audiet lieu de Clervaulx; les ossernensduquel sont tout ainsy (lue ceulx tic monseigneursainet Bernard et sainet Eutroppe et ledict chappiteaupareillement comme est cv-dessus déclaré.

Item. Y a trente-deux auteiz en ladite église, quiseront chose longue à reciter, dont je me tait. fors deceluy qui est en la chappelle de Sainct-Saulveur, der-rière l'aultel (le monseigneur sainct Bernard 1, pource que en ldiete chappelle est inhumée la mère demonseigneur sainct Bernard, al)pelée AalLx, le corpsde laquelle fust translaté de l'église deSainct-Benignede 1)isjon andiet Clervaulx ; icelle chappelle, bien

1. Chapelle de Notre .S&gneur et de la Sainte Vierge,au fond de l'église.

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surnptueusernetit de marbre noir, et la représentationde pièce bien taillée. Après veoir ce que dessus, la-dicte darne fast menée en la cloison ou circuyt duchoeur, et en descendant de l'autel (Iudict saint Ber-nard pour venir audiet choeur, en la partie où l'on dietl'évengile sur une aigle de cayvre, servant de pulpi-tic, luy fust montré une sépulture riche et sump-tueuse de marbre noir, élevée sur quatre pilliers demarbre soubz laquelle gist une contesse de Champai-gne, royne de Navarre 1.

A la descente du premier degrez pour aller audictchoeur, y kt candélabre de cuyvre, à cinq chun-delliers, très-bien ouvrez, et ung petit pins bas ; làoù on dit l'épistre, y n une imaige de cuyvre, de re-présentation (le Nostre Dame, de la haulteurde linietà neuf piedz, qui sert de pulpitre à dire l'épistre etassez tost après la tombe et sépulture de marbre,bien curieusement ihicte de marbre noir, soubz la.quelle est le cueur de la coirtesse de Champaigne,fille de monseigneur sainet Loys jadis ry de France.Et en circuit dudiet choeur sont les sépultures dequatre cardinaulx religieulx dudiet Clervaulx, dontl'un s'appeloit Conrard qui faisoit miracle en sa vie 2.

Audict choeur, où chantent les religieux et novisses1. Deux reines de Navarre furent enterrées à Ctairvau.

Marguerite de Bourbon, femme de Thibaut le Chansonnier,et Isabelle, fille de Saint-Louis, épouse de Thibaut Ii.

2. Eèque de Porto et ancien abbé de Chir,aus on pré-tend qu'on vit plusieurs fois la nuit briller comme des flam-beaux les dcui doigts dont il se servait pour consacrer l'hostiequand il célébrait La messe. Eludes sur te abbayes cis(er-ciemte.... par D' tRna De JUS.UNVILLI, page 178.

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seuUement, va cent vingt-hiiict cliavses pour les dict.sreiigieulx et novisses.

licoL Au bout diidict cIiiur, pour tirer ci,la nefet choeur des convers, y n sépauacioui entre iceulx deuxchoeurs, en laquelle séparacioii y n trente qualtrechayes pour seoir n oyr le service les viel,, et (léluillesleligicuix; au bout de laquelle séparacion y a umggrant autel de la Trinité, dessus lequel est le crucifixde l'église et à la descente dudict autel est le choeuret siége des convers et sont ksdicts siéges ennombre de trois cens XXVIII, que sont à trois ren-gées, assavoir les haujlts, les irioyens et les bas.Lesquels sièges occupent tout la nef de la dicte église,jusques au bout d'icelle église où est la grandeporte, respondaut à lit court par laquelle l'nnentre en la dicte abbaye.

Il est à noter lue au trespas de sainct Bernard yavait souhz Iuy sept cens religieulx que convers, etpeuvent estre encor cent que iviigicuix que convers.

Après avoir visité la longueur d'icelle église, con-tenant \'ll' passées, cwnrne dict est, l'on vint â lacroisée, contenant 1111" passées, ainsy que dessus estdict; et à la main senestre y n cinq tombes, de cinqévesques, qui là sont inhumez ; et au bout dicellecroisée y a une (les principales poiles d'icelle église,joingnant laquelle ; et hors de voultes de ladicteéglise y n une chapelle de Nostre-Dame, belle etgrande, appelée la chapelle des coiifrèu'es; et au boutopposite de ladict.e croisée, à main dextre est le réves-tiaire ou sont les reliques dont cy-dessus a été parlé,ou y a une belle fontaine pour laver les mains des

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- 15religieulx; et au bout de ladite croisée, et de ce mCnnecosté, en une chappelle, est la fosse ou monseigneursaiiict Bernard est enterré, laquelle est encore ouvertefors que on y mect deux petites planches dessus; etau lieut de ladicte croisée y a trente ou quarantegraus degrez, par ou la dicte daine liL menée au dor-toir (les religicitix. Le tout est de pierres et voulté,et contient, de longueur, sept vingt dix 1isées, noncomprins les chambres du bout, lesquelles chambressont de costé et d'autre diidiet dortoir, en nombrede XL, et sont faictes de menuiserie seullement,contenant de longueur de sept à huict pieclz et delargeur, six piedz, en toutes lesquelles y a ung chaut,le litt dessus, ung petit comptoire et ung poulpitrepour escripre, et sont lesdictes chambres, ornées etaccoutrées de belles ytnaiges en toille et tableau selonla dévotion d'ung chacun religieulx.

Item. En chacun des Iiuisse d'icelles chambres y aune dnestre à deux bareaux, par laquelle ung dia-cnn religieulx allant par les dortoirs, peuit voir soncompagnon en sa chambre; les dictes chambres ontregard sur le cloître.

Item. Au milieu dudiet dortoir y a de grandes ar-moires, esquelles sont les chappes, chasubles et au-tres oinenients de l'église, qui sont en grand nombreet très-riches.

hem. A main senestre, audict dortoir, sont les sel-les privées en une grande salie, en nombre de trentedeux, et chacune est séparée sans ce que l'on puisseveoir l'ung l'autre, par dessoulz lesquelles la rivièrepasse, par quoy na sentent aucunement mal. Le diet

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dortoir visité, l'on descendit au second cloistre d'icel-le esglise qui contient de longueur LX passées, et delargeur VI passées, et est chainbriflé ou lambrissé.

En l'ung des costés du diet cloistLe est la chapellesainete Anne. Prez de l'une des portes collatéralesd'icelle église, y a un spulchre bien riche avec "bis-toire comme Nostre Seigneur apparust i sainte Ma-deleine. Et de ce mesnie costé sont Xliii estudes oùles religieulx escripvent et estudient, lesquelles sonttrès-belles, et audessus d'icelles estudes est la neufvelibrairie 1 , à laquelle l'on va par une vis large ethaulte estant audiet cloistre, laquelle librairie con-tient de longueur Llll passées et de largeur XVIIpassées. En icelle y a quarante-huit bancz, et enchacun banc quatre poulpitres Iurnys de livres detoutes les sciences et principaileinent en théologie,dont la piuspart desdicts livres sont en parchemin etescriptz à la main, richement historiez et enluminez.

L'édifice de ladicte librairie est magnifique et mas-sonné et bien esclaiié de deux côtés de belles gran -des fenestres, bien vitrées, ayant regard sur leditcloistre et cimetière des abbei. La couverture est deplomb et semblablement de ladicte esglise et cloistre,et tous les piiliers houttaus diceulx ediffices couvertsde plomb.

Le devant d'icelle librairie est moult richement or-

1. Bibliothèque commencée en 1405 et terminée en 1502.2. Le catalogue de la bibliothèque de Clairvaux, dressé en

4172 par l'ordre de Pierre de Virée, ne comprenait pas moinsde 1714 volumes parmi lesquels on cite la tible de Saint-Bernard.

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né et entaillé parle bas de collunnes d'esti'ang ces fa.&ms,et par le hanit de riches feuillages, pinacles et taber-nacles, garnis de grandes vrnaiges, qui décorent etembellissent lediet édiffice. La vis par laquelle on ymonte est à six pans, larges polir y monter troishommes de front et couronné à l'entour de clercsvoyes de massonnerie. Ladicte librairie est toute pa-vée de petits carreaulx à diverses figures.

A l'autre partie dudit cloistre est le reffectoire, ap-pelé le reffectoire gras, parce que les diets relig-ieuly mengent chair les dimanches , mardy et jeudy; ledict réfectoire est très cler et bien garny de verrières.contenant de longueur LVII passées, les tables toutà l'environ, et au boiilt de liatiit est paint la cène deNostre Seigneur bien réelseinent et au milieu la fon-taine pour laver les pintes, clioppines et hanas debois desditz religieulx; et auprès est ung ratellieroù sont pendues les dites choppines et pintes; et àcosté dudit réfectoire gras est la fenestre par où l'onsort de la euysine, appelée la euysine grasse, biengarnye de vasselles d'estain, et en icelle y n une fon-taine pour servir à ladicte cuysine.

An dict cloistre, à l'un des coings, y a une chapelleappelée la chapelle de Flandres, que ung conte deFlandres nommé Philippe fonda lequel y est inhuméet la contesse sa femme où sont leurs sépultures demarbre noir, haultes et éminantes; et mourut ledietconte, à Acre, sur les infidelles, en une bataille, du-quel lieu ladicte coiitesso le fist admener audit Cler-s'aul, où est son épitaphe en ung petit tableau,main senestre, contenant que le hic jour de sa nOti-

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vité, Iedict Philippe parla et (list ces rnote eeacuofr,nichi (»flUlfl. Et fut le premier qui porta le lion desable en ses armes 1 En icelle chappelle sont troisaultelz, l'ung là où l'on y inect des reliques. à six ouà huit degiez, et cieux rollatéraitix, et à main dextrey n une chappelle soubz ladicte grande chappelle, où ily a ung autel, et en icelle liasse chappelle sont tousles ossemert des reiigieulx qui furent au temps sainctBernard .

Ladicte grande chappelle correspond à la grandeinfernmerie dont cy-après sera parlé.

Aiidict second cloistre n'y n autre chose fors unebelle fontaine gectant eaue en plusieurs endroitz.Après le second eloistie vi sité, fust ladicte (hune me-née nu grant cloistre, ouiqulel y n deux portes colla-térales pour aller à ladicte église, contenant ledictcloistre de longueur LXXV passées et huit passées delargeur.

Audiet cloistre. tirant à ladicte église à main dex-tre est le parloir ou escolle où les religienlx estiidient,qui est voulté de pierre, contenant de longueur deXXIX à XXX passées. Et en siiyvnnt ledict parloirest le chappitre, contenant de longueur XXIX passéeset y n siéges de tous costez.

En icelluv chappiti'u' luit montrée une tumbe d'ung

1. Cette chapelle était célèbre dans l'ordre de Citeaux.Philippe dÂlsace mourut en 1191, au siège dAcre.

2. « Ces religieux étaient vénérés comme saluts, car le bien-heureux abbé avait eu rii y IaIion que tous les religeux qui-vivaient alors à Clairsaux seraient sauvés.Voyage litti'-rare, D. NIARTi. riE, page 400.

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prieur , qui souventeffois est chargée de liqueurcomme huilie 1 . Et du costé tluditt chppitre et parloyr y n plusieurs poulpitres chargez de livres,comme en théologie, histoire, liciéterie et nultressciences oit les religieulx, après avoir disué, étudientet se recréent et aussi sont les pellerins clercz sur-venans.

Item. Audiet cloistir est la vieille librairerie bienfoutmye de livres. Oit dkt grant cloistre y aune bellefontaine, gectant cauc par plusieurs rond,nctz, etassez prochaine est itt barliciie oit les dits religieulxfont leurs barbes et couronnes.

De ce mesme costé est le reffectoite maigre, appellémaigre pour ce que jamais les dits religicuix n'y men-gent chair, qui sert pour les jours de lundy, merere-dy, vendretly et saniedy lequel reffectoir contient delongueur LXXV passées. soutenu de huict collonnesde pierre, et y n quatre rengées de tables du long etune rongée au bout de hault 2 . Ait duquel y nune fontaine et rattelier pour mectre les pintes etchoppines ainsy que dict est du reffectoir gras.

Est à noter que aiidict relTectoir, ait dextre, yn une fenestre à servir venant de la cuisine maigre,en laquelle y a une fontaine pour servir à ladictecuysine qui n sa vasselle h part. En icelle cuysine,derrière la cheminée, y n deux potz de cuyvre en-murez, dont l'ung tient plus d'une queue et l'autreln'€ d'une queue.

I. Peut être Eti des, sous-prieur qui mourut quelque tempsavant saint Bernard.

2. Au XIV" siècle. les Ca!Creiens coinmencreut à mangerde la viande régulièrement plusieurs jours par sem3ine.

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Au sortir de ladicte cuvsine y u une petite courselleoù sont deux chambres, propres l'ung à dessaller lepoisson et l'autre à le sécher. Est à noter que ladictedame désirant voir lesdicts religieulx -.'a table fust me-ne le mereredy par M. Nicol Bacquelet, docteur enthéologie, audiet reffertoir pour veoir l'ordre et etatdesdic.ts religieulx.

L'ordre est que tous les religietiix sont assis d'ungcosté, et au bout de hanit est le prieur, en une tableseul, et tous les aultres en aultres tables, selon leurqualité.

Le silence y est grand, et est chacun attentif à ungreligieulx qui chante de la Bible en une chaire depierre ait desdictes tables.

Plus bas sont les novices.Et encore tu-dessoubz les convers, chacun en son

reng.Les dictz religicuix sont set'vys par des religieulx,

et les dictz convers, et ceulx qui les servent sait àaporter mectz ou à ester, font révérence à ceukqui sont assis.

Et ceuix qui sont assis réciproquement à ceulx quiles servent, et s'il fault aucune chose à ceux qui sontà table, ils les demandent par signe et non de parolle.

Au dit grant cloistre est le chauffoir des religieulx,long et spacieux, où les religieulx se chauffent enyver.

Item. Une grande fontaine, dont le bassin est d'unepière d'une pièce, ayant de longueur plus de quaitretoises, et tout à l'entour gecte yaue par divers con-duitz.

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Ce fait, ladicte dame fiist menée en logis des no-visses.

La novisserie est une grande salle (le pière de tail-le voulsée, et au bout y u cheminée 1 ou les novissesstudient leur Psaultier et autres choses.A costé dextre sont les selles privées sur l'eaue.Conséqucinent est le dortoir des dicta novisses,

voulsé comme la dicte novisserie, où y u plusieurslicts; et au bout la chambre de leur maistre, faictede menuiserie, ou il y n une fenestre, par laquel ilvoit tout ce que font les dicis ao'iases.

Après est l'infermerie des dicts novisses, à laquellel'on vat par une petite gallerie où il y a une bellefontaine, tirant icelle gallerie d'ung costé ez chambresoù l'on mect les novisses malades, qui sont du nom-bre de trois : deux busses et une haulte et ont lesretraictz les dictes chambres bien acoustrées, et àl'autre bout de ladicte gallerie est ung beau jardinpour eux esbattre, et passe la rivière entre ledietlogis et le jardin polir vyder les diets retraictz.

De là fust menée ladicte daine en la grande infer-merle des dictz religieulx qui contient de longueurLXVIII passées, au bout de laquelle correspond lachappelle de Flandres, dont cy-dessus est faicte men-tion. Ladicte infermerie contient de largeur XLVIIIpassées; à l'ung (les costez y n une chambre lam-brissée au-dessus, en manière de chappdile, conte-nant de longueur XXV passées qui est le lieu ou l'on

4. L'établissement des cheminées ne fut imaginé qu'auXV O siècle. Les religieux qui avaient fioid devaient se rendredans une salle spéciale appelée chauffeur-.

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- '22 -lave les religicuix après leurs decez, en une pierre.contenant de longueur VIII piedz. Ladicte pière, en-cavée en manière d'ung sarceuil, large en hault etestroicte en bas. En laquelle pierre monseigneursainct Bernard fut lavé, et y est demeuré son ombreau fond d'icelle, laquelle apparoist en ung cliascunévidemiïunt mieulx de bing que de prez; car quantl'on vient à regarder de près la dicte pierre, elle estpolye et luysante aussi bien au font que es costez, etde bing, coitirne de la distance de deux, trois ouqualtre picdz. l'on voit le diet umbie, ussavoir : lateste, le col, les bras, dont le bras dextre passe plusque le senestre, et généralement se voit l'ombre detout le corps.

Au eosté dudict lien est la chambre appelée lachambre griefve, pour ce que les malades de pesti-lance ou maladie contagieuse y sont portez et bientraictez. En ladicte grande itifermerie y u plusieursbelles chambres, deux basses et deux hatiltes, la clin-pelle au bout où les malades piullent oyr messe deleurs lictz; les dictes chambres ont regard sur ongbeau jardin ois il y n une belle fontaine.

La cuysine est prochaine, des dictes chambres, foui-nye de toute vasselle de ciiyvre et d'eatain.

Audiet jardin y a une gallerie bien garnye ou ledicts malades venans ii convalescente mengent.

1. Dont £RTNe, dans son Voyage littéraire s'exprime,ainsi sur ce fait Je rie sçai pourta.i si cela est aussi mira-culeux qu'on se le persuade car celte ombre ne se voit pasde tous râlez. Il faut ètre dans une certaine situation pourl'apercevoir; ce qui se peut faire naturellement par la ré.flexon de la lumière. t' partie, page 401.

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Eu ladictq infermerie y .i couvent et deux cui-sines, l'une grasse et l'autre maigre, et audessus desdictes cuisines y n cinq chambres pour reccpvoir lesgens des religienix quant ils les viennent, visiter.

Après les dictes infermeries veurs, la dicte dainefust menée en la cittietetie tics Ah1ez, en l'entrée delaquelle du cousté de l'église est une haulte sépul-ture, h qualtre pilliers, et voulsée de pierre, où lespère, frères et parens de saiiict Bernard sont inhu-mez

rçi t.a i t UL bout (le hault, vers le grand cimetière,est lu chambre suinet Beruard 2, qui est (le liois à lamode anticque, lanibrissée dessus en manière d'égli-se, en laquelle chambre il composa Cctntica canti-coeum 3. et joignant ladicte chambre y n ung petitoratoire, en maniète d'une chapelle appellée la chu-pelle ((ii(Ct-Bei'ï(oPd ; sur le pas et marche de la-quelle est escript ce mot : Hie, qui est le lieu oumonseigneur sainet Bernard rendit l'esprit sur (lescendres et plusieurs ont en grande révérence etdévocion le dict lieu.

De là on entre au grzmt cimetière des religieulx. aumilieu (le laquelle y u une sépulture d'iing itrcheves-

1. Cc cimetière était celui des abbés ltrangers qui élaientmorts 4 Clairvaux.

2. Conslrui!e par ordre de Guillaume de Champeaux, M .quedeChlllons-sur- 3lariie, poursoulager le saint de ses infir-mités.

3. Le Cantique des Canliques tic se compose que de deuxfeuillets dans la Bible de Saint-Bernard. En les prrourant,il semble, dit un célèbre bibliophile, que les yeux aperçoiventencore attachée la main vénérable qui les a presque usés en ypuisant quatre- viugtsix sermons. Bibliothèque de Troyes.

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que de Langres, seigneur de Joinville, nommé Geof-froy, qui a fait de belles fondations en ladite ablaye

Est à noter qu'il y n tousjours aucliet cimetière unefosse faicte pour le premier religieulx qui mourra etune autre à demy faicte, qui se parfera après quel'autre sera couverte et s'en recommencera une ademy. Audiet cimetière, du costé de l'église, à l'en-droit du grant autel, y u ung lieu couvert qui s'ap-pelle le cimetière des Nobles.

NOTA que au delà du dit cimetière des Abbez, yling grand jardin où est la chappelle des religieulxladres, quand il y en a qui ont leur maison et liabi-tacion au dit jardin.

Delà la dicte dame vint visiter Je logis de l'abbé.Premier, la salle des Abbez, qui est belle, grande

et haiilte, lambrissée audessus, en manière d'église.contenant de longueur trente passées, à l'entour delaquelle salle sont painctz les abbez que parcy devantOnt esté ainsi qu'il s'en suyt.

Le premier abbé de Clervanix, fust monseigneursainct Bernard et gouverna abbé XXXIX ans.

Est à noter que pape Eugène avoit esté religieulxde Clervanix que depuis fut pape ; à ceste cause ilest painct incontinent al)rez sainct Bernard, quoi qu'iln'aye esté abbé.

Le second, etc.....A l'entour de la dicte salle y a plusieurs beaux1. Guillaume de Joinville, 6éque de Langres, puis arebe-

vaque de Reims.2. Robert de Bruges mort en 1157. L'abbaye de Cbirvau,

eu 1517, comptait 41 abbés depuis son illustre fondateur.

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dictons et rimes comme les douze dictons du corpshumain

Plus est servy, et plus se plainet.Plus est norry, et plus se fumet.Plus est payé, plus se dénsaine.Plus est aymé, plus fhictde peine.Plus est et-eu, plus souvent ment.Plus est repou, moins est content.Plus u des biens, moins lui suflist.Plus u savoir, moins de biens diet.Plus a mesprins, et 1)1115 murmure.Plus a hault pris, moins de Dieu cure.Plus est reprins, moins a cremeur.Plus prez de Dieu, moins u saveur.

AUTRE DICTON.

Destruction du corps.Le trop disner et trop dormir après,Sans appétit boire u grans traictzCoucher en bas, esti'e sel et engrez,Tiennent plusieurs la mort suyt de prez.

AUTRE Dic'rou.Santé du corps huuuin.

Lever matin et prendre esbatement.Entendre au sien et vivre sobrement,Couroux fuyr, souper ligièrement,Gésir en hault, dormir eseharcement,Loing de menger soy tenir nectement,L'homme enrichist et si vist longuement.

De 1a dicte salle la dicte dame fut menée en ungpetit cloistre joignant la grande infermerie, au costé

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duquclie et en trant en icelluy, est une belle et spa-cieuse chambre bien lambroussiéc où se tient le con-seil des affaires de ladicte abbaye; et audessus dudictcloistre sont des galleries par lesquelles Fun va exchambres d'un corps de maison, appelé le. logis deCisteaux.

Toutes les diets cloistres et galeries de long dquarante passées.

Item. A la main dextre y a une belle chappelleservant à la dicte maison dudict Cisleaux, en laquellesont plusieurs belles chambi es où il n'y fault rien,esquelles chambres on vat par lacliete gallerie, et parune vis, qui est environ lebout d'iceUe gallerie, parlaquelle l'on descent en la cuysine qui est fournye devasselles, pou de cuyvre, autres ustensiles nécessairesavec la fontaine; et tout prochain de la dicte cuisiney a ung garde menger en une despence, joignanteà mectre le pain, conti guë à une salle où monseigneurl'abbé, les survenants mengent, et pour donner doc-trine à ceulx qui jurent, y a ung beau dicton.

Item. En sortant d'icelhe salle, l'on vient en unecourt, à l'entour de laquelle d'ung costé y n des gal-leries, par dessoubz lesquelles passe ung bras de larivière d'Aube, laquelle rivière les religicuix fonttenir, par plusieurs lieux, parmy ladicte abbaye, eten prennent tant et si peu qu'ils veullent.

D'icelle gallerie l'on va à plusieurs chambres, quesont du logis dudict abbé, et d'autre part y a unecourt où sont les estables de chevaulx dudict abbé,et n le pallefrenie" sa chambre et la grange, là où onmect le foing pour la provision desdiets chevaulx.

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- -Jte. Le sellier de ladicte abbaye a son logis,

chambres et autres habitations nécessaires avec unechappelle.

Item. Y u ung lieu appelé la seerétencvc, là où onfait le pain à chanter, qui est très-beau et de grantédiffice.

.fleïe. Ung lieu, appelé la poncie, où sont fruitsinnumérables et de diverses sortes.

Item. Ung lieu, appelé la f.'o uutycte, où il yavoit de deux n trois mil frommaiges.

De là et hors ditdict grand cloistre, ladicte dainefust menée es greniers qui sont voulsés de pière detaille, lesquels sont bien garnis de lieds que n'est ànombrer.

Des dicts grenrers l'on alla en la boullengcrie, età l'enLne d'icelle y a une grande habitation, touttede pièce de taille et voulsée là où est le grant four,là où on peult ordinairement cuyre XVIII miches,

Plus avant y n une grande chambre pareillementvoulsée de piere, où il y a plusieurs grandes huches,où est lit et la farine joignant une petite cuisineà cheminée où il y n une grande chaudière pourchauffer l'eau à bollengier le pain, et la fontaine toutauprez.

Conséquemment sont les moulus, assavoir, le mou-lin à bled qui est singulier car ledict moulin faictla fleur, la farine et le -rus tout à une Ibis et les sé-pare chacun à part.

Après est le moulin à faire l'huile, un moulin àsoyer les planches, et un moulin à esguiser les ha-ches, costeaulx et autres fereinens.

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De là ftist vcu la wenuiscrie, qui est ulIg grantlieu séparé en deux parts, assavoir en deux grandessalles vousées. En la première sont ceuix qui besoin-gîtent ez olnraiges de menuiserie, en la seconde, quipareillement est voulsée, est le bois de saison polirmectre en oeuvre, et joignant icelle est la chambred'un- convers maistre menuisier et a son beau jar-din auprez.

Plus oultre est la taverne et hostellerie où les pci-lerins survenans logent, en laquelle y a la cuisinebien ustancillé de tous mesuaiges, sans qu'il y failleaulcune chose, et la fontaine, et auprès une viz, parlaquelle l'on monte en une gullerie, qui sert à alleren plusieurs chambres où le.sdicts pellerins sontlogiez.

Plus avant est la Porterie, où il y a fors portiers,deux convers et ling séculier qui ont leurs logis con-tigu et joignant de la grande porte où est la répré-sentation de Nostre-Dame, de monseigneur sainetBernard et de ses père et mère, frères et soeur, soulzlaquelle porte y n une belle chappelie où il y es messefondée chascun jour 1.

Au saillir d'icc!Ie porte est une grange, là 011 lespauvres venant demander l'aurnosne en ladicte abbayese retirent quand il thiet mauvais temps de pliiye oufroidure et où ils font du feu pour enix chauffer. Et

1. Le portier était un moine qui devait loger dans une cel-lule placée près de la forte. Quand un étranger frappait à laporte, le portier devait lui répondre Deo grattas, lui ouvrir, leprier de lui donner sa bénédiction et lui demander ce qu'ilvoulait. A ce religieux appartenait la distribuion des aumônesde l'abbaye.

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- -est à noter que pour ung jour, ceste année, ont été àladicte porte IX pouvres et chacun eust sa miche etjournellement y viennent plusieurs pouvres 1m!' C,JJc 111 e 1111 e et \'c, plus ou moins, que jamais ne sontrefusez.

De ce lieu ladicte dame prist son chemin pour tirerau petit Sainet-Bernard, qui est le lieu où ancienne-ment étoit ladicte abbaye 1, et enc.ores de présent yoa les édifflces, ninsy que ci après sera diet.A main senestre, en allant au diet petit Sainct-

Bernard fustmonstré iingbospital ou il y a une salleen laquelle sont plusieurs lictz, pour recepvoir etcoucher les pouvres, et sont bien traictez par unebonne vefve dame.

Prez duquel hospital est demei'ant ung convers,inaistre des oeuvres, lequel a regard sur les édifficesde la dicte abbaye et n sa maison et chambre bienhonneste, le jardin auprez.

Assez prez dudict liospita) sont les royers, converset séculiers, qui besoingnent soulz une grande salleet y ont leurs incisons et habitacions.

Prochain desdicts royers sont les maresrhaulx etsarruriers, convers et séculiers, qui besongnent soulaune grande halle ou il V a plusieurs forges.

Aprez s'ensuict une grande et spacieuse grange, là1. L'abbaye de Clairvaux fut déplacée en 1135, par saint

Bernard et installée dans ou terrain plus propre à la culture.Ce second monastère subsista jusqu'au XVIII' siècle, maisalors il était depuis longtemps cemplèteiticul abandonné parles moines qui s 'étaient construit un troisième nionas:ère oùse trouvent actuellement les htirncnts de la liaison centrale deMention. Études sur les abbayes cisterciennes, p. 3I.

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- 30 -oit sont mis les moutons pour la despence de ladicteabbaye et y on peuit l'en mectre de V à VI mil.D'autre part est la maison du maistre berger, qui estconvers, lequel n su maison, court, cuisine, chambreet jardin, et a ledict muistre bergier cinquante valletzsubjetz n luv, qui Iuy rendent compte des moutonsque sont à nombre à douze ou ii quatorze mil brebise t aigneaulx qui sont a nombre de XV à XVIHmil.Et assez prez de la maison dudict maistre berger y aune grande halle, là ou l'on tond les brebis et mou-tons; servant ladicte halle à mectre les fihletz dechasse grosse et menue, et est ladicte maison dumaistre hergier l,icrt l)1oc1mite de la cloison du petitSainct-Bernard.

En la cloison tiudiet petit Sainct-Bernard, à l'en-trée de la porte, est la chambre ou le pape Eugènefust reçu quand il vint venir saint Bernard, laquellechambre est en img petit jardin et est icelle chambrede bois bien petite et basse en la mode antique.

Après est le relîectoire où sainet Bernard et sesreligieulx prenoient leur reffection lequel est delongueur de XViII à XX passées, assez bas et cham-brillé, lequel édiffice est bien viel.

Au dessus est le dormitoire de pareille grandeuret édifTicc, où il y u encore plusieurs chalicts desreligieulx de ce temps; et au bout est la chambre demonseigneur sainct Bernard. qui est parroy bienpetit, et est son chalict, qui est do bois et le chevetde pière assez prez du toiet , où il y a une lènestre,

I. Les moines au temps de salut Bernard se contentaientpour le coucher dune paillasse, de deua couvertures et d'unoreiller. L'usage des matelas n'était permis qu'aux malades.

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par laquelle sainet Bernard oyst les anges cltanterulre reqtta. Et prez et joingnant de ladicte cham-

bre est la vielle église, qui est une chappelle de bois àlaquelle sainct Bernard 'veoit par une fenestre, estanten sa chambre et y n ung petit jardinet devant et ungd'autre costé, et si est tout le pOurpriS cloz de ini-railles.

Au retour du petit sainct Bernard ladicte dame re-touna en la dicte abbaye, et, à l'entrée de la porte,i la main senestre lu)' fust mon gtré de belles es-tables touetes neufves, chacune à deux rengées, oùl'on poulroit loger cent ehevaulx, et sont lesdictes es-tables pour les chevaulx des princes et autres gransseigneurs survenanS.

De reste mesme part, à costé d' l'église, est unegrande halle où est le pressoir et cuverie, où il y nplusieurs grandes cuves, dont l'une est quarrée, con-tenant de IIII &I à C. queues et est à notter que l'ondescend de la vigne, qui est derière ladicte cuverie,en icelle euverie pour apporter la vendange ès cuves.Le vin s'en vat par canaulx (le plomb dedans lestonneaulx, que sont en ung cellier joingnant, duquelcellier est la grande tonne contenant quatre censqueues de Yin qui n trente piedz de long et XVIII dehault.

En ludicte cuverie y n ung pressoir, et si est unedes pièces qui estoit du temps de monseigneur sainctBernard qui par miracle emplist d'ung seul raisintous les tonneauh de ladicte abbaye.

Plus oultre y n ung grant cellier, tout voulté de

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- 3 -piere, où il y a inuum1ral)les tonneaux devin pour laprovision des ieligieulx, et se paye chacun un pour lafasson des vignes de ladicte abbaye de XVII à XVIIIfrancs, aussy iii ont en communes années XVIIIc ou11m queues de vin, et y n encore d'autres celliers etcaves bien fournies.

De là ladicte dame fust menée en ung grant corps(le maison, ayant enc.ores devant et derrière plusieurschambres, là où se tient ung convers (lue faict lesbotei1ls et barry de cuy r, et a souiz Iuy des ser-viteurs, convers et séculiers, faisant les dictes bot-teilles.

Plus avant est la tannerie c'est un.- grand édificeoù il y a plusieurs grandes cuves et cuveaulx depiere, moult grant et d'une piere que contient septou hukt auges de piere à mectre les cuyrs, les ungsde sept à huict piedz de profond et quatre de largeur,dont lung est de dix-huict piedz de long et plusieursaultres de seize, et est quasi incrédihie qui ne les auroitveuz et comment il y est possible de les y avoir me-né; et est ladicte tannerie toucte voulté de piere etfaicte d'ung bas celier et passe par là ong bras de larivière d'Aube, laquelle vat en plusieurs lieux parmyladicte abbaye.

En après fust veue la plomheiie, là où l'on faietles pinaic]es de plomb nécessaires à faire couvertu-res ; aussy l'on y plomb les carreaulx, dont sont pavezles cloistres, lesqueiz sont de diverses figures.

Dictiei pour les jureurs.Il est escript CII un commandementQue homme vivant ne doibt jurer en vain.

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Jhù-Crist vint au Nouveau-Testa nientQui le jurer deflèndit tout à plain.Note ces motz, toy qui es trop mondain.Car sy tu fault et il 'vient à volice,Saiche de vray que tantost et soudain,Un.- voire d'eauc en fera la justice.Nous osterons de jurer la façon.Puisque chacun y est hahandonné.Car le jurer avoit pour sa boissonL'ng voire d'eaue, ainsi est ordonné.De juremens ne soit plus mot sonné,Ou autrement qui commectera ce vice,Soit homme grant, ou fol ou estonné,Ung voire d'eaiie en fera la justice.Chac'in de nous doibt bien considérerQue céans lieux de religion,Ouquel convient sa langue modérer,En évitant toucte derision,Dieu ne les saincts pour quelque occasion,Ne faut jurer selon ceste police,Et s'il y a faulte ou transgression,Ung voire d'eauc en sera la justice.

Cela faict, ladicte dame 'vint visiter la demeure desconvers, qui ont leurs cas à part.

Et là fast veue une grande infermei'ie, qui est unegrande et spacieuse salle.

11cm. Le lieu ou l'on lave les convers aprez leurdecez, ne plus ne moings que lesdicts ruligicuix.

Item. Leur chauffoir ou il y u belle cheminée depiere.

Puis fust veu leur chappitre, qui est beau et spa-

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cieux; fust après en leur dortoir, qui est une grandesalle chambriHée on lambrissée, qui u XLV passéesde long, et de costé et d'autre sont les chambres desconvers plus grandes et spacieuses que celles desdictsreligieulx, et accoustrées comme celles desdiets reli-gieulx mesmement d'ymages I.

1. Cette description nous s é té conservée probablement parun des clercs qui accompagnaient la reine de Sicile. M. Miche-lant en s publié la plus grande partie dans les Annales ar-chéologiques, L. iii, année 184, sous ce titre trop vagueUn grand rnonasUre au XYP sicle.

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ffl 9 k-7-n rE - W-'l', 0 - & IAIloyag e titttittt

De deux religieux bénédictins de la congrégationde Saint Matir'.

Paris, 1700. - Première partie.

L.'tbbaye de C5sèrvauN.

Comme nous n'étions qu'à sept lieues de Clairvaux,flous crûmes que nous devions commencer nosrecherches dans le diocèse de Langres par cette ab-baye s . Elle est dans une vallée environnée presquede tous cbtri de montagnes et de forêts, et pour yarriver, il nous fallut faire près de deux lieues danslos bois. On ne peut pas en approcher qu'on ne senteson coeur touché, et un certain je ne sçai quoy, quifait connoitre la sainteté de son origine. En effet,tout ce qu'on y voit d'anciens monumens ressent lapiété de ses fondateurs. L'église est grande, spa-cieuse et belle, mais simple et sans beaucoup d'orne-mens. La nef étoit autrefois remplie de trois rangsde chaires de chaque côté, pour placer les frèresconvers durant l'office, et par le nombre des chaires,on juge qu'il y avoit autrefois près de trois censfrères convers à Clairvaux. Depuis peu d'années onles a toutes ôtées, et on s'est contenté d'en conserver

L DOM MsrE et DOM DuRsrD.i. Aujourd'hui diocèse de Troyes parce qu'elle est située

dans le département de lAuhe.

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Un petit nombre sous l'orgue à l'entrée de l'église,OÙ est aujourd'hui le choeur des fières convers.L'église en est assurément plus dégagée, mais beau-coup de personnes croyent quo cette antiquité retran-hée la renduit plus vénérable. La nef est suivie du

choeur des infirmes, et celui-cy du choeur des reli-gieux qui n'a rien que de simple, mais c'est unesimplicité qui n quelque chose de grand. Le tombeaude saint Bernard, celui de saint Maluchie et celui dequelques saints martyrs qui recnt à Clairvaux,sont derrière le grand autel. On n érigé des autelssur ces tombeaux, et nous eûmes l'honneur d'y direla sainte Messe avec le calice de saint Bernard etavec celui de saint Malachie. ils sont tous deux sipetits qu'ils n'ont pas un demi-pied de hauteur, maisla coupe est fort large et peu profonde.

Proche du grand autel est le tombeau de Margue-rite, reine de Navarre, et assez près (le là celui deJean de Blanchemain, archevêque deLyon, qui quittason archevêché pour se retirer à Clairvaux.

Le coeur d'isabelle de Franco, fille de saint Louis,est dans le choeur des religieux. On voit dans lacroisée du cété du septentrion, les tombeaux de cinqévêques, autant illustres par la sainteté de leur vieque par le caractère de leur dignité. Derrière le rondpoint de l'église est le cimetière des abhez étrangers,qui sont morts à Clairvaux, dans lequel on voit contrel'église les sépulcres des fières de saint Bernard.

C'est dans ce cimetière qu'on voit la cellule du saint,que Guillaume de Champeaux, évêque de Ghdons,iuy fit bâtir pour le soulager dans ses infirmitez. Il

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n'y n point de cheminée, car saint Bernard étoit simortifié et dégagé des sens qu'il ne vouloit pas qu'onluy fit du feu; mais sous son lit, il y avoit une gran-de pierre percée en plusieurs endroits, sous laquelleon allumoit un brasier pour échauffer sa chambresans qu'il s'en apperçût. On ne peut rien voir de plussimple que cette chambre et que le lit de saint Ber-nard qu'on y conserve enc ore; et si un abbé maladeétait si niai logé, on peut juger quels étaient les ap-partemens tics sains et des simples religieux. Cettechambre touche à une petite chapelle, qui apparem-ment fut btitie pour luy dire la messe. On tient qu'ily mourut, et on y lit une inscription qui le dit assezclairement.

Du ciiiietire dis aljbez on entre dans le cimetièredes nobles, qui joint le collatéral de l'église, et quiest couvert. Celui des religieux tire plus dans lechamp; il y n au milieu un tombeau élevé et couvertavec cet épitaphe : hic jacet do,ninias Guillelmus deJoinvilla episcopu.s Lingoneesis , posteà Ïeniensisarchiepiscopus. Ce qu'on remarque de singulier dansce cimetière , c'est qu'il y a toujours une fossecommencée, et une à moitié faite, proche du dur-nier religieux qui a été enterré, afin que ce BjDectaeleconserve dans l'esprit la mémoire de la mort, et parce souvenir contienne les religieux en leur devoir.

La chapelle des comtes de Flandre est assez prochedu cimetière des abbez ; on y voit les tombeauxPhilippe, comte de Flandre etdeiacomtesse Mathildeson épouse. Sous l'autel de cette chapelle, il y a unelieue crypte voutée, dans laquelle sont arrangez les

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ossemens des religieux qui vivoient du temps deSaint-Bernard. On les révère comme des Saints, carle bienheureux abbé avait eu révélation, que toua lesreligieux qui vivoient alors à Clairvaux seroient sau-vez. Devant cette crypte on lit ces vers

Hic jacet in caveâ Berna rdi prima propago,C u) us mens supeias possidet «Ita dom os.

flic locus est sanctus, vcnerans insignia tantaSupplec intrato, cerne, nec ossa rape.

Et ceux-cy.Quœ vallcm hanc cotait Bertardipriniapropago,

Hic jacet. Huc intrans, si rapis ossa, pel'is.Pour ce qui est des nbbez de Clairvaux, ils sont tous

enterrez de suite dans le cloitre du côté du chapitre,et n'ont que des tombes et des épitaphes assez simples.On en voit néanmoins quelques-uns des premiers quiont tics tombeaux aussi fort simples comme enchâs-sez dans la muraille du cloitre, avec quelques autresabbez et religieux de distinction dont voicy les épita-phes.

A Ventrée du cloitre en sortant de l'église.If ic requiescunt renerabiles viri bonoe nier,ioniœ

digni, domnus Girardus vi & do-tnnus Petrus 310-noculus VIII, Clarerallenses abba tes, quorunt prierpost laudabilein citant, pro justitia & zelo ordinisinnocens occisus est. Aller vero sanctœ pauper-tatis & hutnilitatis fertentissimus wr,tuhitor, nndtis

1. Gérard, 6• abbé, vénéré comme martyr.2. Pierre le Borgne, 8 . abbé, décédé à Foigay, au diocèse

de Lion.

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- 39 -in vilâ suâ virtutibus claruit. Ilos apud Deunz pa-tronos habere ni creainur. Amen.

Et un peu plus loin.hic jacent venerabiies abbates quorum nomina....

litteris in lapide scuiptis designantur.Robe)-tais de Brugis, priïnus abbas de Dunis, &

secundus Clarevullis 1

Serto quondam Savigniaci abbas, qui Savignia-cum cum ti'iginta crbbatiis Clarevallis cœnobio con-tulU s ubmisit 2

Hambertus prior Clarevallis sub beato Berna)-do,deinde priantes abbas Ignaci 3.

Odo subprior Clarevallis sub beato Bernardo 4.Gerardus Farfensis 5 monachus, postca C lare-

valUs.Philippus abbas Fuiccirdimontis, & postea Clore-

vailcasis, qui fuerat officia lis & canonicus Cenorna-nensis. Ific electus in episcopunv Cenonianensemnoluit consentire O

1. Roberl de Bruges, abbé de Dunes, lorsqu'il fut appelépour succéder à Saiut-Beruard.

2. Serlo, qui à la mort de saint Bernard, abdiqua sa chargeabbatiale de Savigny pour devenir simple moine de Clairvaux.

3. L'un des premiers moines de saint Bernard et dont l'o-raison funèbre fut pronoucée par le célèbre fondateur de Clair-'au'.

4. Eudes, premier tous -prieur, d'une douceur si admirablequ'on eu parlait encore avec éloge à Clairvauz, quarante ansaprès sa mort.

5. Gérard de Furfa qui avait le don des larmes et rempor-tait de fréquentes victoires sur les démons.

6. D'abord abbé de Foucarmond, puis 21 abbé de Clair-vaux, Philippe refusa l'évêché que le pape lui offrait.

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Ces épitaphes sont dans le grand cloître, qui estvouté et vitré. Les religieux y doivent garder un per-pétuel silence. Dans le côté du chapitre il y n deslivres enchaînez sur des pupitres de bois, dans les-quels les religieux peuvent venir faire des lectureslorsqu'ils veulent. Du côté du cloître suivant onentre dans le réfectoire qui est grand et large,voûté. 11 .y a deux rangs e piliers et quatre rangsde tables. Le cliaufoir ,joirit le réfectoire. On lit sur laporte les vers suivans

En ce chau fuir le bon religieuxSe doit chaufe' sans bruit ou en silenceSoit deniontrccnt de maintien gracieux,

EtncèuejU tenant paix et silence,Car comme on dit icy en patience

Fut chaufournier Eugène le saint homme.,Mais sa vertu et sa grande patience

Tant l'exalta qu'il fut pape de Borne.Du grand cloître on entre dans le cloître du col-

loque ainsi appelé, parce qu'il est permis aux reli-gieux d'y parler. Il y n dans ce cloître douze ouquinze petites cellules tout d'un rang, où les reli-gieux écrivoient autrefois des livres c'est pourqnoyon les appelle encore aujourd'hui les écritoires. Au-dessus de ces cellules est la bibliothèque, dont 'evaisseau est grand, vouté, bien percé, et rempli d'ungrand nombre de manuscrits, attachez avec deschaînes sur des pulpitres, niais il y n peu de livresimprimez L

1. L'abbaye de ClairSbux ne posséda la plus belle bibliothè-que du duché de bourgogne qu'eu 171, lorsque 1I.d'Avaui,cet indigue descendant des illustres Boubier, ne rougit point de

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Je n'entrepreis point icy de parler de tous lesmanuscrits de Clairvaux. La plûpart contiennent desouvrages des Pères de l'Église; ils sont presque tousécrits depuis le commencement de l'ordre, exceptéun ou deux. Je me contenterai d'en rapporter seule-nient quelques-uns dont les noms sont peu connus.

Liber qui dicitur verbi gratia editus â domnolien rico quondara nbbate Mon tis S. Maric,, posteùepiseOpo l'rnjcznO.

_loralia abbreviala Gu d lehn i de CampeUis.Petrus Cantor super psalteriuin.Joachinii abbatis Fions opus Coucordiœ novi et

veteris testament anno M. CC.EJ7)osdio in prorerbia. lino opusculum prsens

non iliehardi, sed domini Gaufridi abba!is Foutis-ensiun, quod Ifr'ymac pro cerfo constat esse, et

sepuitus est ibi juxtà ctbba tes.Stephanus de Lan gtona Cantva,'ieusis episcopi in

fsaiani.Robe rI us J3erlinctunensis ccciesioe canmicus in

XII prophela.s royatu Gcrvasii abbatis vionacho-s'urn in Parco apud Ludcnn servientiuni,

ErnaWi abbatis co,, ment, in ha in en.Velus ylostoi , quod compilant Ganerius

qaondcnn Lin gouensis episcopus.Libellus Bachanii ad .Jcnluaniunt de iapsu cu)us-

dam fratris.Flores ex operibus sancti Bernardi amtciore Cuit-

leimo de Mouiecvto Glarevctllensi nionac/to.rendre aux Bernardins le préeit-Ux dépôt si religieusementconserve par les de Bourionne

2.

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.l'ratris Bonœ-for(unoe brct'iloq?e iu?n in sacranCriJUrCfl

Thom ce Brandarduini de causis Dei contra Pe'a-ginnt & de virlute causarum.

Speculifin virfJinum enclore Conrado Hirsaugien-si raonacho.

Centiloquinni Jeun Christi eut ton t faIre Pctrode Ceffons, rctirjioso Clarcvallcnsi.

.Ejnsdemn cnnnnentario in 4. Libros se te Immun.Snnnna con fcssormun Mita f' frcdre Jolmanne ordi-

nis Prcrdicatomu,n, in qua citat 2 ans. 2 ce. S. 77w-fl (r.

Sisnonis Te nace sis sermones de dirersis.Fetri Cellcnsis in lInIb.Frelelins e chidiaeo usAntiochice de locis sanctis.Nous y trouvâmes aussi un fort beau décret de

Gratien, ( 1 111 o. été donné autrefois par Alain, disciplede saint Bernard, et ensuite évêque d'Auxerre., surlequel sont ériits ces mots : Eqo Alunie quondamnAutissiodorcusis episcopus luce dccrcta Crut ioni de-di nmona,stcrio Clarerullis pro re,nc,tio aiuc ,necr,€0 (encre et pacto, ni ii 0la )iecessifate à nonasfcrioCiarcoallis irons fcuao ji •, tel exporlentur, annneii-te cjuisdeun loci ohtotc cf congrû(jatione et plia in-vwlabilLier debent condicta servari, rojo et obt esterin Domino, mit mc tu nu futuris temporibus liabea fur,& 1c1i tencatur. Amen. Sur quoy on peut fairecette réflexion, que les religieux de Clairvaux n'é-toient pas ennemis de la lecture du droit canon, puis-qu'Alain, disciple de saint Bernard, veut qu'on con-serve si précieusement ce décret dans Clairvaux, et

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qu'il défend sous quelque prétexte de nécessité quece puisse être, de le prêter au dehors. 11 en faut direde même des ouvrages dogmatiques des Pères, dontnous en flVOflS vû plusieurs ilaits Clairvaux, écrits dutemps de S. Bernard même, et cntr'autres les sixlivres de saint Augustin contre Julien. Car ç'auroitété fort inutilement que les religieux se seroient donnéla peine de copier ces livres s'ils ne les avoientpoint lûs.

Je ne parle pas icv du dortoir de Clairvau:, quiest grand et bien voûté, mais dont les charnlnes sontsi petites, qu'il n'y a précisément de place que pourmettre le lit, la table et le siége du religieux. C'est aubout de ce dortoir qu'on conserve le trésor de Clair-vaux, où il y a un grand nombre de reliques fortbien cnchêssées, la plupart envoyées par les empe-reurs de Constantinople. On y montre enlr'autres unmorceau du bois de la vraye croix, qui est d'une gran-deur non commune, quatre beaux chefs, deux des-quels sont ceux (le S. Barnabé et de saint Marc,sans parler (les chefs de saint Bernard et de saintMalachie, qui sont dans deux beaux bustes de ver-meil doré avec des émaux tris-riches. On les porteaux processions qui se font pour les nécessitez puibli-ques. On montre encore dans ce trésor un calice d'unefaçon toute extraordinaire, et on prétend qu'il aété à l'usage de saint Malachie. Il est à peu près de lagrandeur etde la forme des calices dont nous nous ser-vons aujourd'hui ; mais il y a quatre clochettes d'ar-gent attachées à la. coupe. C'est l'unique que j'aye vûde cette muniire ; et il est tout différent du calice de

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- -saint Malachie qu'on montre à la sacristie, et aveclequel on permet de dire la messe aux étrangers quien ont la dévotion. On nous y montra aussi plusieurschoses qu'on prétend avoir été à l'usage de saintBernard, et entr'autres une chasuble. Elle est assuré-ment ancienne mais si elle est de luy, il faut direque les religieux de Clairvaux n'étoient point si en-nemis de la soye et de l'argenterie dans leurs orne-mens, puisque la croix est d'un galon d'or j . Onconserve encore dans le trésor une grande châssed'argent, qu'un évêque de Xaintes2 avoit fhit fairepour y mettre les reliques de saint Bernard. Maisles religieux) craignant que sien tiroit ses ossemensde son tombeau, plusieurs princes, à qni on ne pourroitle refuser, n'en demandassent, aimèrent mieux les ylaisser. On prétend à Clairvaux voir l'ombre duSaint sur la I n erte où son corps fut lavé après samort, et on nous la fit voir. Je ne sçai pourtant si celaest aussi miraculeux qu'on se le persuade ; car cetteombre ne se voit pas de tous côtez. Il faut être dansune certaine situation pour l'appercevoir, ce qui sepeut faire naturellement par la réflexion de la lumière.

Nous demeurinies sept ou huit jours à Clairvaux,

1. Dans les premiers temps, l'usage des ornements de soieétait interdit aux moues et eut abbés. mwe dans les plusgrandes cérémonies. Cette rigueur s'adoucit peu à peu. Dès

152 il rut perlais eux abbés de porter des chapes de soie àk cérémonie de leur bénédiction et de se servir des chasublesde toute soie données par des bienfaiteurs. Éludes sur lesabbayes cisterciennes, p. 30.

. Tristan Bizet, décédé à Clairvaux en 1579.

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- 45 -pendant lesquels monsieur l'abbé nous donna beau-coup de marques de sa bonté t . C'est un vénérablevieillard qui, Agé alors de quatre-vingts ans, avait en-core toute sa vigueur, ne faisoit qu'un repas par jour,ne beuvoit point de vin, se couchoit à dix heures et selevoit à deux, assistoit à matines et à presque tous lesoffices du jour, il tenoit ses religieux dans une exactediscipline, et regloit très-bien tous les monastères dela filiation. Nous primes congé de liiy la veille desaint Pierre, et nous allâmes coucher à l'abbaye deMores, oit oui prétend jUC saint Bernard, étant enoraison, le crucifix se détacha pour l'entbrasser

Les deux religieux de la congrégationde Saint -lb' u ur visitèrent de nouveau l'abbaye

de Clairvaux tannée suivante.

Nous fûmes tic 1h à Clervaux oit nous avions déjàété l'année passée; mais il y n tant de choses remar-quables dans cette abbaye, qu'on y trouve toujoursquelque nouveauté qui fait plaisir. Nous y vîmes lesanciennes manufactures des frères convers qui vontaujourd'hui presque tout en ruine, parce que Mon-sieur l'abbé n'ayant point reçu de ces frères depuisplus de trente ans, elles nesont plus habitées, ce quidiminuil considérablement le revenu de Clervaux. Lestanneries surtout sont adnnirablus. On y voit encore

1. Pierre 1V Bouchu, abbé de Clairvaui, depuis 1676.2. Voyage UUeratre de deux religieux bénédictins.

1 1. partie, Pag. 98-10.

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- 46 -des auges d'une seule pierre, qui ont au moins quinzepieds de longueur, quatre ou cinq de largeur et au-tant de profondeur. Nous étions à Clervaux dans letemps (lue les religieux ont coétume d'aller aprèspâque à la fontaine (le Saint-Bernard qui est à unedemi lieuii du monastère: là étant arrivez, ils chan-tent un répons de Saint-Bernard, le Regùia ca1i, etmettent chacun au pied lie la grande-croix, qui estprès de la fontaine, de petites croix de bois qu'ilsfont, et boivent avec ht main de ]'eau de la fontaine.Ils ont coutume d'v aller le mardi après le dimanchede Qiqasiyooclo : car à Clervaux les religieux ne sor-tent point du monastère durant l'octave de Paspie,ny durant cello de la Pentecôte, non plus (lue pendantle Carême. Ils avoient différé d'y aller jusqu'alors,parce qu'ils avoient administré les derniers sacrementsà un de leur confrère qui fut enterré le jour que flousy arrivâmes, et que c'est un usage parmi eux de nesortir jamais du monastère lorsqu'on n donné lesderniers sacremens à un religieux, jusqu'à ce qu'ilsoit enterré on hors de danger. Nous voulûmes êtrede la pal-tic et nous eûmes la curiosité de voir cettefontaine, qui fournissoit autre fois des eaux aux pre-miers religieux de Clervaux; nous vîmes en passant,un peu au-dessus de l'enclos du monastère une cha-pelle érigée dans l'endroit même (-il écrite la lettrede S. Bernard à son neveu Robert, au milieu d'unetrès grande piuye, sans que le secrétaire en fut in-conunodé, ni le papier moûillé. Nous apprîmes unechose assez singulière du religieux qui nous condui-soit. li nous dit que lorsque l'abbé de Clervaux vientà mourir, l'office divin cesse dans 1'Eglise, et que l'on

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fait venir des religieux de Citeaux pour le faire, jus-qu'à l'élection du futur abbé. Nous reuiarquàmes en-core dans Clerviux une pratique singulière ; tous lesreligieux prêtres ont leur autel assigné peur dire InSainte Messe, et aucun ne lu célèbre sur l'autel d'unautre; c'est un reste de l'ancienne discipline qui neperniettoit pas de dire en un même jour deux messesSur un même autel

M. Miehelant, dans les Annales archéologiques,cite les différents métiers qui étaient exercés à Clair-vaux ait du V1 rne siècle

P!oni biers, que continuellement besoigiient, tantpour l'4glise, dormitoire, chapelle de Flandres, quesont couvers de plomb, (lue pour les fontaines.

Item. Y n des co((sturers, convers et séculiers,Tcn.eeu,, convers cl séculiers, Selliers, Bourreliers,Quo quel:, qui vat quérir les œiifz, Faiseurs de bo-teilles, Jarduuers, Couvreurs, Couroycurs de ecu',May( iras, Bûu lien giers, P&icicrs, Tonneliers, Me-nuisiers, Massons ; le maitre masson est convers,maistre des œuvres, Tare,')iiers, Charpentiers, con-vers et séculiers, Cordiers, Vignerons, Vachiers,et y a bien mil bestes à cornes, Beryiers, et y a bienXVIII ou XXrn blanches bestes, Chai'lous. Macu-V('CS, convers et séculiers, Lavcmndicrs, à faire lhuée, Marécho u lx, Savruriers, convers et séculiers,Marchands de porcs.

FIN.

1, Voyage littéraire, page 185.

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TÀBLF. DES MATIÈRES

PRÉFACE .5

LaRÀYE DE CLAIRvAtJx EN 1517. S'ensuict le voiaigcque la lIa yne de Seilc, Monseigneur le conte deCuyse et Madame la confesse sa femme ontfaiciz de Joinville à ClcrvauLr......7

LÂBBÀYE DE Ct.unvÂux EN 1709. Voyage littéraire de deuxreligieux bénédictins de la congrégation de Saint-

Maur...............3

'S',A.t2!JI

i:

Arcis-sur-Aube. - Imprimerte Frtmont.

L4j.

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