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Journal d’un mutant

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ISBN 2-88063-023-1

© Éditions HéliosChristine de RougemontLa PlantadeF - 81440 MontdragonEmail : [email protected]

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Solaris

Journal d’un mutant

1987 - 1991

Tome 1

HÉLIOS

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DE LA MÊME INTENTION :

Ouvrages déjà parus :

- Insurrection solaire (de l'éveil spirituel à la Conscience supramentale)(Éd. Charles Antoni / L'Originel, 1995)

- Flèches incendiaires, ou le mental aux abois (recueil d'aphorismes)(Éd. ALTESS, 1996)

- La Guerre des Maîtres (Éditions sauvages, 1996)

- Soleil au corps, ou La Vision Souveraine du Feu Agissant (recueild’aphorismes) (Éd. ALTESS, 1997)

- Du Néant à l’Être Tout-Possible (Par-delà les dogmes religieux etspirituels)

(Éditions Sauvages, 1997)

- La Vie Hors-la-Loi (roman de spiritualité-friction)(Éditions Sauvages, 1997)

- L'Homme Mis-Amour (poésie) (Éditions Sauvages, 1997)

- Descente de la Lumière (poésie) (Éditions Sauvages, 1997)

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Le manuscrit que vous vous apprêtez à lire revient de loin, si jepuis dire, car je l’ai retrouvé incidemment lors d’un récent déménagementalors que ma vie connaissait des changements en profondeur. Il m’avaitété envoyé il y a deux ans suite à une rencontre avec Solaris qui m’avaitlaissé une impression de malaise. Comme bon nombre de personnes àcette époque, je m’étais ensuite rapidement ralliée aux critiques, voire auxrumeurs malveillantes qui circulaient à son sujet. Je n’accordai doncaucune attention à ce manuscrit jusqu’à ce que, poussée par un élanincompréhensible, j’ouvre à nouveau ce journal et sois contrainte deréviser mes a priori sur son auteur.

Touchée, oui je suis touchée par la force, la précision et la beautépoétique qui s’en dégagent et je m’étonne même qu’un autre éditeur n’aitpas déjà publié un tel joyau. Aujourd’hui, il m’est apparu évident qu’ilfallait lui rendre justice. J’ai alors essayé de savoir ce qu’est devenuSolaris, mais les dernières informations à son sujet sont si contradictoireset embrouillées que je ne suis pas parvenue à retrouver sa trace. Maispuisque l’auteur, dans sa note d’intention des “Éditions Sauvages”,invitait quiconque le souhaite à “reproduire ou diffuser” ses manuscrits“sans un quelconque sens de la propriété privée”, je me suis finalementdécidée à publier celui-ci en deux tomes sans son autorisation !

Par une étrange synchronicité, Satprem vient de faire paraître lepremier tome de ses “Carnets d’une Apocalypse”. Compte tenu de ce quel’on apprend des relations entre Satprem et Solaris dans le “Journal d’unmutant”, peut-être cette publication suscitera-t-elle une réflexion de fondchez les lecteurs ? Sans doute verront-ils comme moi en Solaris un artisanvivant de la mutation “supramentale” du corps déclenchée par SriAurobindo et Douce Mère.

Puisse ce journal vous bouleverser comme il m’a bouleversée !

L’éditeur

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À toi qui es dans l’impasse humaine,

à vous qui cherchez des solutions à la crise de la civilisation,

à tous ceux et celles qui sont dans le processus de réveil.

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Préliminaire auprocessus :

la vie est un roman !

1987

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Oui, ces carnets de notes témoignent d’une mise-à-nu pourl’Amour, l’Unique sans autre. Oui, ce processus de Feu-Eau aura lavémon cerveau, mis le feu à tous les étages de ma nature, brûlé et dissoutcette personnalité apparemment si “nécessaire” au fonctionnementhumain. Oui, nous pouvons très bien fonctionner sans “je”, ou “moi-je”,très bien fonctionner sans aucun support de la “pensée” ou du “mental”.Oui, il est possible que le réel fonctionnement de notre nature soit “non-mental” ! Oui, le Vivant-Vibrant de 1’Univers que Je Suis est cetteRadiance de Feu qui s’offre dans toutes Ses créatures pour, le jour venu,manifester l’Amour et la Joie inconditionnels surgissant à l’improviste aucœur de notre impasse humaine. Oui, cette Évidence, TU L’ES !!

Cependant, disons-le : l’Évidence déstabilise et détruit toutes lescertitudes du “moi-je-mental”, toute construction afférente à ce germed’irréalité... Par la PRÉSENCE même qu’Elle déverse en nous, cetteÉvidence purifie et révèle l’espace immense de la Vacuité émanée duPOINT-SOURCE de l’ÊTRE ! Aussi, quand l’UN-FLUX veut prendrecorps dans un organisme vivant, Se manifester, Il réveille à la fois tout cequi Le nie et tout ce qui est nostalgie de l’Amour en lui. Et quandmanifeste est la Présence, Elle suscite le même jeu d’attraction-répulsion“dans le monde”. Pourtant, quels que soient les jugements sécrétés par la“pensée-désir-peur” de cet Inconnu, Celui-Qui-Est vit au cœur du Simple,au cœur du naturel d’un quotidien sacré innommable...

Maintenant, je suis conscient que le Simple peut devenir “l’objet”de spéculations philosophiques, théologiques, scientifiques, artistiques,interminables..., ou qu’on peut être tenté de l’imaginer sous la forme d’un“extraterrestre” des plus inaccessibles, ou toute autre comparaisonéloignant cette possibilité de surgir en vous-même... Le Simple, en fait,signifie détente, non-conflit en soi, et Il peut irradier l’organisme jusqu’àune détente si totale qu’il ne reste définitivement plus de peur, mêmephysique, donc aucune violence, ceci de l’intérieur d’un corpsphysiologique humain apparemment comme tout le monde... Eh bienvoilà ! Les notes de processus que vous vous apprêtez à lire sontprécisément les traces d’une mise-à-nu, d’une mutation foudroyante qui a

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nettoyé et dévasté le mode de fonctionnement mental caractérisant l’être“humain”. Ce processus dévastateur, ce cataclysme de conversion, ceretournement du portrait au vide-de-la-face a en effet conduit son auteurau dévoilement du Non-Reconnaissable en un saut pulvérisant tous lesrepères de catégorisation humaine !

Les quelques années qui viennent de s’écouler m’ont montrécombien le Simple en habits d’homme pose question, suscitant unevariété de jugements qui n’ont de cesse de tourner autour du Centre. Voilàpourquoi mon comportement, qui échappe aux critères de la moralecomme de l’éthique mentale, a été bien souvent condamné, voire rejeté enbloc par la plupar t de ceux et celles rencontrés. N’ayant pas,apparemment, de propension pour l’enseignement didactique ni pour unequelconque mise en scène “traditionnelle” ou nommée comme telle, etn’étant pas issu d’une filière de maître à disciple repérable selon lescritères “orthodoxes”, je livre donc aujourd’hui ces carnets de notescomme une provocation et une invitation à une plus humble vérificationde soi face à l’étranger, à l’Inconnu. Le “Journal d’un mutant”, ce roman-processus, est une confidence, et comme toute confidence, elle demandeécoute et attention. C’est la saveur de l’Intime qui ne cherche pas àprouver quelque chose à autrui, mais se livre spontanément en laissantrésonner ou non la conscience de chacun(e)... Coupe de fruits en offrande,transmission de traces volcaniques qui, de-ci de-là, vous donneront peut-être ce goût de l’abandon à la PRÉSENCE-FORCE.

Paradoxalement, il ne s’agit pas ici d’une “autobiographie” ou dela narration d’un “vécu”, d’une “expérience”, mais d’une mosaïquevibrante du dépouillement de tout attribut “biographique”, de tout “vécu”et de toute “expérience”. Ainsi, là, immédiatement, je réalise en relisantces notes que je n’en suis pas “l’auteur”, et vois combien tout cela n’estpas Moi, mais un roman que JE n’ai pas vécu. En fait, un processusd’abolition de toute histoire et de toute biographie qui pourrait concernertout le monde et personne. Ce processus : un tour de manège pour rien,pour ÊTRE. Et l’ÊTRE est libre de tout processus !

Pourtant, bien qu’il ne reste “quasiment” plus de traces ou deruines de l’auteur, mais l'ÉVIDENCE-D'ÊTRE-LÀ, sans passé, sans futur,je vais essayer, autant qu’il m’est encore possible, de vous donner

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quelques indices préliminaires, non pour satisfaire la curiosité, mais pourtémoigner de l’Intelligence à l’Œuvre dans la vie de tous les êtreshumains... Voire aussi pour ébranler quelques certitudes dans ce domainesi complexe et codifié qu’est la “spiritualité”. “Spiritualité”, un mot quin’a pour moi aucune réalité, pas plus que “matérialité” d’ailleurs ! Cesnotes, je les vois en effet comme une transgression de l’affirmationtraditionnelle selon laquelle toutes les voies mènent au même Dieu ou àla même Réalité. Je suis en effet certain aujourd’hui que ce n’est pas vrai,qu’il y a une variété de processus qui conduisent à des stations dedévoilement intérieur différentes, et que chacune, ouvertement ou non, serevendique comme “ultime”... Certain aussi que chaque processus deréveil reste en mémoire lorsque le dit “éveillé” ou “instructeur spirituel”enseigne. Or, cet imperceptible arrière-plan processuel intervient commeun filtre de perception qui empêche de voir et d’entendre réellementautrui tel qu’il est dans sa singularité. D’où les divergences notoires quel’on peut constater entre tous les enseignants et témoignages “d’éveil”,car j’ai vérifié que la majorité des véhicules dits “parfaits” ou“impeccables” de l’Un-sans-second n’ont pas, loin s’en faut, les mêmesdonnées de certitudes quant aux critères de reconnaissance qui fontl’authentique “Libéré vivant” ou la maîtrise dans le guidage des âmes. Etsur ce terrain-là, il y a des divergences au sujet desquelles le processusdont je témoigne pourra sans doute apporter quelques éclaircissementsquand j’utilise de façon assez lapidaire l’expression de “guerre desmaîtres”

Bien sûr, c’est précisément là qu’il est facile de me rétorquer : s’ily a “guerre” des maîtres, c’est justement la preuve qu’il ne s’agit pas làde “véritables maîtres”! La réponse semble simple et évidente, je leconcède, mais en y regardant de plus près, il y a ce “quelque chose” quela “descente de la Présence-Force” dont il va être question ici va révélerde façon inattendue, et qui me permet aujourd’hui de continuer à soutenirque bien des réponses de ce type viennent encore de l’ignorance du fait...Voilà pourquoi j’en arrive au constat que la plupart des critères invoquésau sujet de “l’éveil” que j’ai pu entendre ou lire me laissent dansl’étonnement, et sans certitude face à toutes ces certitudes... De là vientcette publication, comme une confidence, non comme un enseignement -car j’en ai vu la supercherie et l’impasse -, ceci après un long silencedurant lequel j’ai volontairement laissé le minimum de prise à ce genred’indices.

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Par ailleurs, si j’ai pu employer le mot “Éveil” me concernant, jel’ai certainement fait pour provoquer cette “machine-à-juger” qu’est lemental, car l’hébétude de mes interlocuteurs, perclus de rhumatismesréféren-ciels, m’invitait à ce type d’électrochocs. Et c’était tellementefficient, pourquoi s’en priver ?! Aussi, je peux à ce jour affirmer que jene suis ni “éveillé”, ni “non-éveillé”, ni “Libéré-vivant”, ni “enchaînévivant”, ni “Dieu”, ni “Diable”, mais le Vivant de l’Inconnu en marche, ettoujours en processus !!...

Du plus loin que je puisse transmettre l’Intelligence processuelledu Feu dans ce personnage de roman afin de vous préparer à la lecture deces notes, je peux indiquer que les toutes premières années de sonenfance furent la révélation de sa solitude. Solitude conférant lucidité vis-à-vis des parents biologiques qu’il voyait déjà comme incapables dedonner la nourriture essentielle dont a besoin notre Noyau-d’Âme. Maisqu’est-ce que le Noyau-d’Âme pour les humains ?... De la petite enfanceà l’adolescence, derrière l’activité joyeuse du petit personnage, avec seshauts et ses bas, ses dons pour la narration d’histoires merveilleusesvenues d’on ne sait où, son Noyau-d’Âme se sentait relié à l’Océan-de-Joie, hors du temps. Puis, un jour, dans la cour de récréation, il y eut cettechute brutale qui lui fit prendre cruellement conscience du défi quereprésente toute incarnation. Le sang ! La douleur ! Quel indicibleétonnement !... À l’adolescence, quand la première montée de sèvepointe obstinément et réveille des facultés biopsychiques nouvelles, lejeune homme vit une nuit que des mots et des images défilaientanarchiquement dans son cerveau sans qu’il y ait réellement un “je”permanent pour en être l’auteur. “Je”, une pensée tout aussi éphémère,donc mortelle, que n’importe quelle autre ?!... Ça pensait tout seul !... Lastupéfaction fut telle qu’elle provoqua en lui la volonté extrême de sepenser à tout prix en tant que “je-pensant-ce-qu’il-veut-penser”. Mais,chose étrange, à peine ce “je-pensant” s’était-il coagulé en un semblant destabilité qu’il voulût absolument penser l’instant de sa propre mort...

Ce tour de force un peu absurde éveilla une si puissante intensitéde questionnement dans son cerveau que celui-ci, comprimé à bloc, lecontraignit à rassembler toute son énergie vitale en un point de densitéquasi insupportable. C’était comme une flèche brûlante se retournantcontre son archer ! Soudain, un Feu s’alluma dans sa boîte crânienne,

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accompagné d’un bourdonnement de Silence effrayant pour le petitd’homme aux étages plus bas de sa nature. À ce moment-là, seule lacomparaison avec une fusée au décollage aurait pu permettre de traduirela Force du Silence qui s’était éveillée en lui cette nuit-là après des heuresde bataille acharnée. Pour cet adolescent à l’aube de ses possibilitésd’homme, cette percée inattendue fut la première et décisive rupture avecl’humain.

C’est à cette même époque que, par une autre nuit de poignantelucidité, il se leva sans savoir pourquoi et alla fouiller dans un placard enhauteur lorsqu’il reçut un gros livre sur la tête : “La Vie divine” de SriAurobindo, dont la photo l’impressionna immédiatement par sa beauté.Jamais jusqu’à ce jour il n’avait vu pareille lumière dans une formehumaine ! Un peu plus tard, il apprit que c’était son frère aîné alors partide la maison familiale qui avait acheté quelques livres “occultes” aumarché aux puces et les avait rangés là-haut. Toutes ces expériencescorrespondirent à un début d’exploration interne qui ne cessa plus. Legoût de sortir des limites de la nature physique se fit sentir qui finit, aprèsde gros efforts, par le projeter en dehors de son enveloppe charnelle, luioffrant cette possibilité d’être témoin au-dessus du corps physiqueallongé...

L’éveil à la parole poétique se fit par la découverte des“Illuminations” d’Arthur Rimbaud, recueil perdu dans une bibliothèquechargée de “romans romanesques” d’Henri Troyat et Guy DesCars... Quelparfum envoûtant que ces poèmes des “Illuminations” qui, sans lescomprendre, réveillait en lui cette nostalgie d’un ailleurs intérieur ! Ainsi,l’écriture ou l’essai poétique jaillirent ensuite comme une irrépressiblenécessité dès qu’il voulut traduire sa flamme à la première jeune femmedont il s’était épris. À travers l’écriture automatique se dévoilaientd’autres niveaux de profondeurs psychiques insoupçonnées jusqu’alors.Anamnèse ! Première jubilation d’explorer ces continents cachés !... Cespremiers poèmes, il allait les lire la nuit à sa jeune sœur toute étonnée del’atmosphère poétique qui émanait de lui. C’est ainsi qu’il écrivit un jourle récit d’une vieille femme narrant sa propre agonie, témoin des objetsqui l’entouraient au seuil de sa mort. Ce fut alors un dégagement d’espacesavoureux, vertigineux : l’ouverture aux espaces lumineux comme auxgouffres du dedans ! Suite à tous ces déclics, une délinquance

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intellectuelle pointa à l’horizon lorsqu’il se mit à pratiquer régulièrementdes “hold-up métaphysiques” en braquant ses camarades dans un coinavec un ami, l’arme de la question : “Qui es-tu ?” dans les yeux... Voyantet voyou, pile et face d’une même pièce !

Insatisfait d’être enfermé dans les limites de l’intellect, del’émotionnel et de l’instinctif, tout lui était bon pour ébranler le champordinaire des perceptions, pour précipiter ces déchirements-de-voile etpénétrer plus en amont hors des contingences du monde relatif.Insatisfaction du “je pense” et nostalgie de ce JE qui est “un autre”,comme le Voyant Rimbaud le confiait alors à ce jeune rebelle de lui-même. La face enjouée de l’enfant cédait progressivement du terrain audésespoir de l’adolescent exacerbant ce sentiment de la solitude. Sonmilieu familial, aux prises, comme partout ailleurs dans le monde, avecles mailles de la pensée de séparation, cause de discorde et de violence,eut bien sûr une incidence de rappel des plus fortes qui intensifiagrandement sa nostalgie de ne pas être “comme tout le monde”, oucomme le “commun des mortels”. Mais comment faire ? Quelle routeprendre ?

Ses efforts et découvertes personnels avaient bien fendillé lacarapace, mais les limites et l’étroitesse de la condition humaine étaienttoujours ressenties. Pourtant rien n’était plus comme avant ! Une luciditécroissante se manifesta au sein de son milieu familial, comme avec sescamarades, qui avaient déjà du mal à le supporter. Mais supporter quoi ?L’écoute, le questionnement, l’expérimentation de la limite ! D’ailleurs,secouée par cet enfant qui la harcelait de questions essentielles, lareprésentante maternelle eut une opportunité cathartique qui déclenchachez elle le réveil de certaines aptitudes artistiques et le goût du dialoguesur le sens de la vie. Ses camarades aussi, préoccupés de façonobsessionnelle par le flirt entre sexes, se voyaient questionnés sur lafinalité de la sexualité d’une façon peu conventionnelle... Seuls l’amourcourtois et l’approche chevaleresque pouvaient selon lui donner un sensau mot “amour”. Ce glissement de l’adolescence au jeune homme fitfleurir un goût pour l’ascèse exploratoire dans toutes les directions. Lesarts martiaux l’attirèrent particulièrement. Il pratiqua diverses écoles desensibilisation à l’énergie du corps qui contribuèrent à l’épanouissement

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de sa sensitivité. C’est ainsi que le contact plus conscient avec la forcevitale lui fit éprouver de nombreux tiraillements, voire même desoppositions entre vie intérieure et dynamique de vie. Convaincu que laréalité n’était pas dans une demande extérieure mais dans une solitudeconsentie derrière les masques, il ne s’enfonça pas pour autant dans cetisolement morbide et forcené que certains cultivent obstinément par peurou par déception, mais sut garder le cap entre son goût prononcé pourl’intériorité et la nécessaire confrontation avec les autres et les situations.Chaque expérience avec l’autre, homme ou femme, était vécue commeune tentative pour toucher la limite, pour s’exhorter au dépassement, àl’excès, voire à l’outrance, à l’immense provocation de soi envers soi,sans certitude...

Il découvrit les poètes et philosophes en autodidacte, car il ne futpas orienté vers des études littéraires mais commerciales, pour cause denon-assiduité intellectuelle et de “mauvaise conduite”...Intellectuellement et émotionnellement, son orientation se précisa par larencontre d’un jeune homme encore plus précoce qui le sensibilisa à lapoésie de René Daumal et à l’esprit du “Grand Jeu”. Cette fréquentationet ces lectures le menèrent vers cette impérieuse nécessité de “Se libérerdu connu”, titre du célèbre livre décapant de Krishnamurti. Dans labibliothèque de Beaubourg il avala une grosse quantité de livres, maisaucun ne le “menaça” plus que le Zohar. Les quelques pages qu’ilfeuilleta le projetèrent très rapidement dans un espace immense etvertigineux mais qui ne tarda pas à susciter une angoissante perte derepères pour le petit bonhomme. Plus tard, il apprit que cette lecture étaitexclusivement réservée aux hommes ayant une vie de famille et âgés d’aumoins 40 ans. Il en avait alors à peine 20 ! Une angoisse poignante ne luilaissait aucun repos, jours et nuits. Puis un ami kabbaliste lui conseilla delire : “Fragments d’un enseignement inconnu” d’Ouspensky. Cettelecture forte éveilla en lui le besoin de s’orienter vers l’ascèse évoquéepar Gurdjieff. Parallèlement, il y eut aussi la rencontre d’un beau vieilhomme, cheveux blancs et barbe blanche, prototype du sage mais aussiancien légionnaire qui, comme par non-hasard, passait toutes ses après-midi à lire la “Vie divine” de Sri Aurobindo... Clin d’œil de la GrandeIntelligence dans cette phase de découvertes multiples où se révélaitl’extrême diversité des voies possibles du Dedans !

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Nomadisme intellectuel, émotionnel et physique, écolebuissonnière, petits boulots, chômage, flirts amoureux, rêves se réalisant,une mosaïque d’expériences qui le ramenaient toujours plus intensémentet dramatiquement à la page blanche, au cri de l’écrit, aux mots, à laphrase, tout près du précipice, du mouvement sans mots... dans l’angoissedu vide ! Écriture du vertige, écriture d’un suicide lent et progressif verscette absence et ce RIEN. Il se sentait proche d’écrivains tels Artaud,Georges Bataille, Maurice Blanchot, Edmond Jabès, Bernard Noël,Claude Louis-Combet, Raymond Abellio, etc. Ces lectures contribuaientà cet apprivoisement de l’intériorité et ce vacillement hors des limites del’identité, du savoir. Drogue et levier pour se goûter jusqu’à l’ivresse,voilà ce que la lecture et l’écriture apportaient au prisonnier. Les coursd’art dramatique qu’il prit aussi dans l’intention d’être metteur en scèneet réalisateur de cinéma l’aidèrent à déployer le sens du jeu qu’est la vie.

Sur la lame bien aiguisée de la vie, ballotté par les remous del’incertitude du mouvement sans cesse contrarié et en contrepoint durappel désarçonnant d’un Krishnamurti, les essais de René Guénonvinrent fortement résonner, notamment l’exhortation de ce dernier à serelier à une filière spirituelle de la “Grande Tradition”. Comme touterencontre dans la vie se fait en résonance avec notre subjectivité, il fit laconnaissance d’un professeur de philosophie, grand lecteur de Platon etde Guénon, qui s’était converti au christianisme orthodoxe. Pendantquelque temps, les échanges avec cet homme d’intelligence et de cœur ausein même d’une vie monastique austère lui offrirent le répit et la sécuritéd’une atmosphère doctrinale bien établie. Devenir moine ? Réaliser sonrêve d’être cinéaste ? Suivre son goût pour une solitude sans béquille ?Quelle bagarre ! Au bout du compte, ni la lecture de Guénon ni lesbienfaits de cette expérience de vie monastique n’eurent raison de songoût pour la vie sauvage. Orgueil ? Stratégie d’évitement ? Mais n’était-ce pas plutôt son Essence ou son Noyau-d’Âme qui, inexplicablement,le poussait à se révéler hors de tout sentier balisé ?...

Retour à l’errance dans Paris-la-Pieuvre, ville qu’il arpentaitdésespérément, intensément réceptif à la souffrance des êtres dans lemétro, les rues, les cafés, partout où se pressait le malaise, le mal-à-dire,et cette nostalgie, toujours la même au fond de l’oubli, ces yeux quicherchent le repère, le libérateur... L’écriture, toujours, et la rencontrepoignante avec une jeune femme qui éveilla sa vitalité et son cœur hors

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des limites raisonnables de la frilosité pour vivre ensemble les affres de lapassion, les expansions d’une sensualité-sexualité déployée à sonparoxysme jusqu’au débordement vers... vers les échappées-belles desvisions lumineuses et des espaces hors du temps ! Conjugaison contrastéequi le plongea deux ans et demi durant dans l’engrammage familial, cettemémoire obsédante des modèles parentaux colorant toute l’existence, etcette haine qui peut s’éveiller dans un couple lorsque les enjeuxpsychiques et énergétiques revêtent un caractère de vie et de mort etvoilent le présent de l’Amour !...

Peu de temps après la rupture, à bout de souffle, et dans un étatcrépusculaire avancé, l’exemple de René Daumal et les “Fragments d’unenseignement inconnu” d’Ouspensky l’encouragèrent finalement àrejoindre un groupe Gurdjieff/Ouspensky pour y mener une vie delaboratoire durant près de deux ans et demi. Rompant aussi avecl’atmosphère romantique du poète maudit et son errance masochiste, ilcessa de lire et d’écrire pour se consacrer à la mise en pratique del’enseignement Gurdjieff au travers des exigences multiples de “rappel àsoi” que lui proposaient la vie communautaire, les activités manuelles, lejardinage et les promenades dans la nature où il aimait tant danser ensolitaire, caresser les arbres, ressentir les effluves mariales d’une naturetoujours disposée à régénérer les fines couches de notre systèmeorganique et psychique. Cette fréquentation de l’enseignement Gurdjiefffavorisa l’observation et l’attention objective de la “machine” humaine.Cette attention soutenue et la rigueur expérimentale de ce petit groupefirent naître en lui un espace et une paix intérieurs plus tangibles.Observation de soi, efforts et surefforts, connaissance du fonctionnementdes différents centres constituant la nature humaine, ce fut une bonnebase... Il s’y donna autant que possible et reçut de bien beaux cadeaux,modestes mais tangibles. Pourtant, après ces deux années et demid’ascèse, il réalisa que cet enseignement et ce groupe de recherche ne luipermettaient plus d’explorer certaines données singulières. Il souhaitarencontrer le “responsable” de cette école, mais en vain. Sentant le venttourner, il partit. Le besoin de quitter l’Occident pour aller à la rencontrede l’Orient était là.

C’est à la fin de cette période que le décès du géniteur paternel -qu’il n’avait pas revu depuis plus de 15 ans - se présenta dans sa vie. Cedépart lui fit bénéficier de quelques économies, mais aussi d’un héritage

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d’images qui l’obligea à réaliser plus intimement la racine de la division,de la hantise de l’abandon qu’avait pu mettre en scène l’absenceprolongée de cette image paternelle, - ce mythe -, puis sa disparitiondéfinitive. Cette incision inattendue de l’événement de vie contribuafortement à l’émergence de la petite voix de l’Âme qui commençait àmurmurer plus distinctement ses injonctions de guidance en cette phasedouloureuse pour la personnalité. Au cœur de cette tempête, cette percéede la voix du Centre, qu’il consigna dans un cahier unique comme untrésor inestimable, lui fit contacter la douceur et la certitude d’avant toutce film psychologique.

D’ailleurs, il se produisit un autre déchirement du voile le jourmême des obsèques lorsqu’il eut la vision panoramique de tout sonhéritage familial, tissé dans la trame dramatique de ses propres enjeuxégotiques. Il vit et éprouva nettement cette scène comme l’instantnévralgique d’une possibilité que cesse tout ressentiment, toute haine, ettoute violence en lui à l’égard de ce terreau si terrible et merveilleuxqu’est la famille humaine. À peine cette intuition s’était-elle formulée enlui qu’une Grâce-de-Silence-et-de-Sérénité l’enveloppa, le nimbant d’uneimpassibilité et d’un cœur apte à l’ouverture vers les “bons” et les“méchants” de cette “tragédie”. Le temps fut suspendu, la Vision-du-Cœur pénétra la foule des millénaires qui l’avaient précédé et quil’enchaînaient à la pesanteur de cette terre gorgée de sang... Cettetraversée du musée familial le poussa ainsi jusqu’au précipice d’avanttoute racine terrestre pour plonger dans l’espace bleu d’une lumière... querien ne peut troubler ! Il contempla alors le visage du “méchant”, inondéd’une sensation chaude dans le cœur qui lui fit voir l’humour etl’Innocence dans les yeux de toute chose... S’avançant dans une éternitéde temps, il embrassa celui qu’il aurait dû haïr en tant que “responsable”de sa souffrance. Immergé au cœur de cette séparation d’avec le pèreterrestre, il fut hissé vers la reconnaissance indicible du Réelmétaphysique en tant que Père transcendant et vit dans sa mère terrestrela porte plus ou moins esquissée de la Mère cosmique. À partir de ce jour,les revendications sourdes à l’égard du terreau familial s’apaisèrentconsidérablement. Un baume émané du ciel s’était installé. Dégagé de latrame, serein, les agapes mortuaires en cette journée d’automne sont pourlui comme des noces... Tout son entourage immédiat en est manifestementgêné, pour ne pas dire choqué.

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Très peu de temps après, il partira aux Indes avec un ami, non pourrencontrer un “Maître” ou un “Gourou”, mais pour plonger et explorer lapeur de l’Inconnu à travers ce dépaysement aussi frappant qu’est l’Orientpour un occidental. L’Inde sera ce choc ! L’atmosphère de ce pays porteurdu parfum métaphysique aura une action pénétrante pour que sorte la peurde ses terriers les plus inaperçus... Voyage de résurgence des souvenirs del’âme dont il re-vécut les éclats de Conscience intemporels. Ainsi, c’estprécisément lorsqu’il franchira la frontière séparant le Cachemire duLadakh, qu’il aura la très nette impression de revenir réellement dans “sonpays”. Quel trouble lorsqu’il apercevra, après des heures d’ascensiondans un car bondé, la sculpture d’un Bouddha creusée dans une pierreimmense ! Ne se sentira-t-il pas familier aussi de cette biographie dePadmasambhava qu’il achètera chez un bouquiniste ? Ceci se confirmerapar des rencontres dans certains monastères où il sera accueilli à brasouverts comme s’il revenait au pays, et par le fait même que desOccidentaux le prendront à plusieurs reprises pour un autochtone. Latentation sera alors très grande de ne plus rentrer en Occident et de revenirau monastère du “Toit du monde”. Puissant dilemme qui durera unebonne semaine où il sera tiraillé entre la reprise des vœux monastiques oula replongée dans un inconnu sans filet, cela même que l’Occident luioffrait. Dans un sursaut et le goût du défi, il s’éloignera de cette tentationpour poursuivre sa route hors de toute voie balisée. Il ne saura encorepourquoi, la nécessité s’imposera fortement en lui de ne pas adhérer auxtypes d’atmosphère qu’offrent les spiritualités traditionnelles, quellesqu’elles soient.

Voyage donc des plus écartelants, flirts avec les paysages cachésde la peur, arborescences de l’Infini dans la trame du Temps... De retouren Occident, il constatera combien il y aura eu “avant” l’Inde et “après”.Son “Gourou” n’aura pas été dans les ashrams mais bien dans toute la viede ce voyage, car chaque situation nouvelle, déstabilisant un peu plus lemonde clos des repères de sa personnalité occidentale, lui aura demandéde passer par les affres d’une introspection incontournable, l’écouteattentive de l’Intime. Une plus ferme stabilité intérieure, une bien plusgrande lucidité et connaissance de ses peurs, une plus nette souplesse dece fait, parce qu’il aura consenti à se laisser prendre au jeu del’Intelligence-de-la-vie, voilà quels seront les fruits de ses aventures enOrient !... Mais par-dessus tout, ce sentiment âcre de la solitude !...

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À son retour, il quitte Paris... Errance dans le Sud de la France.Seul dans une petite chambre au dernier étage d’un immeuble, il passe delongs moments à la fenêtre à contempler les toits rosés de Provence,respirer l’air parfumé et se laisser porter par les intonations des voixchantantes des méridionaux. Il reprend l’écriture. Les journées s’écoulentà écrire son journal, quelques tentatives de romans, de poésies,agrémentées de promenades dans la ville dont il apprécie le symbolismearchitectural. Vivant de très peu, il se nourrit des restes de fruits etlégumes qu’il peut trouver à la fin des marchés... Un jour, il décide departir chez l’un de ses anciens amis d’adolescence retiré en pleinecampagne. Dans cette solitude, il se consacre à la lecture des 4 tomes dela “Vie divine” de Sri Aurobindo qu’il n’avait pu jusqu’alors aborder dansleur totalité. Cette lecture se fait dans une atmosphère de doucereconnaissance. Chaque phrase est ressentie comme un bonbon vibrant desens qui se dissout jusque dans la profondeur de son cœur-en-reconnaissance, palpitant avec la vibrance toute océanique et prophétiquede cette invitation à la Vie divine qui, presque dix ans auparavant, lui avaitété faite par ce livre lui tombant sur la tête.

Puis apparition de “Phil”, jeune homme de plusieurs années soncadet aux grands yeux bleus de force et d’innocence, porteur d’uncharisme et d’une intelligence métaphysique exceptionnelle. Celui-ci, trèsintime avec la fréquence d’un Krishnamurti et d’un Sri Aurobindo, saural’attraper dans une relation des plus complexes et décisives en tant quesignal de l’impasse humaine. Peu de temps après, un autre tilt se produitavec une jeune femme, artiste-peintre, dont le terreau familial est pour lapremière fois, comme par non-hasard, très proche du sien, et dont lajeunesse et l’extrême douceur ravivent en lui ce besoin d’humidité quel’ascèse des dernières années avait mis de côté. Commence alors une vied’artiste avec elle qui durera deux années et demi entre écriture etpeinture, entrecoupée d’une période où il crée une société de tournagesvidéo avec un ami, animé du secret espoir de réaliser, un jour peut-être,des films dans la mouvance de Wim Wenders, d’Andreï Tarkovski etd’Alain Resnais...

Par le renvoi du miroir qu’est la Conscience dans la vie, larencontre de cette jeune femme rééquilibra chez lui le rapport intellect-émotion et favorisa un plus grand assouplissement dans le jeu avec les

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images parentales, tandis que l’amitié tyrannique et initiatique avec Phille condamnait à plus ou moins long terme à la paralysie en le poussantdans des retranchements terrifiants de complexité. En fait, cetteconfrontation consentie avec l’exigence extrême de cet ami hors norme,dont il accepta en quelque sorte “l’autorité”, l’enfonça inexorablementjusqu’à la suffocation et la désolation la plus dramatique. Même latendresse et l’humidité qu’il partageait avec sa compagne ne lui permirentpas d’échapper à cette voie sans issue qu’est la vie mondaine. Bref, ladeuxième année fut une année de dégringolade progressive émaillée designes précis qui pointaient droit vers une catastrophe intérieureincontournable. Incontournable dis-je, car ce quelque chose d’intime quinous guide sans qu’on le sache, et que certains comme lui sentaient depuisl’enfance, se préparait en fait, derrière les coulisses, à passer en avant...

Précisons ici que ces périodes répétés de “deux ans et demi”correspondirent à chaque fois au temps qui lui était imparti pour vivre etdégager les grandes leçons de la vie. Sur ce point, il me faut indiquer quele divorce de ses parents intervint précisément alors qu’il était âgé dedeux ans et demi... Ceci illustre clairement le jeu causal qui se réitèreimplacablement dans la vie de tout être humain. Le roman de la viehumaine n’est-il pas une mathématique de cause-à-effet qui se répèteinexorablement jusqu’à ce que la coquille humaine craque sous lapression de la nostalgie du Noyau-d’Âme ?...

Durant toute cette période, toujours tiraillé entre tradition etanarchisme, il se vivait encore vacillant et hésitant dans tous les domainesde sa vie. L’écriture jouait un grand rôle et il appréciait la compagnie decertains écrivains et poètes lors de nombreux échanges nocturnes dans ceMarseille tout aussi insoutenable que Paris. Cette atmosphère desécrivains et poètes plus ou moins “connus” pour qui l’écriture est sacrée,jusqu’à la folie, - l’un de ceux qu’il fréquentait régulièrement, C. GuezRicord, poète torturé par le combat entre l’ombre et la Lumière, oscillanten permanence entre la sagesse et la folie, finira très probablement par sesuicider -, cette atmosphère fut une dernière plongée plus consciente dansce défi que représente la poésie envisagée et vécue comme ascèselibératrice. C’est ainsi qu’après s’être d’abord inspiré de l’exemple deRené Daumal en s’engageant dans les groupes Gurdjieff, il se sentit alorsen affinité avec Roger Gilbert-Lecomte, l’autre animateur principal du

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“Grand Jeu”, lorsque celui-ci reprocha à son ami Daumal son incapacitéà tout miser jusqu’au bout sur la seule puissance de l’inspiration poétique.Gilbert-Lecomte, qui mettra toute sa vie en péril jusqu’à la transparence“d’avant naître”... N’était-il pas, lui, l’enfant d’une synthèse tâtonnantequ’il vivait dans ses plus extrêmes contradictions ?

Peu avant le “grand crash”, un “écrit-cri” vit le jour, relié de façonsynchrone à l’avortement de sa compagne qui, d’ailleurs, eut lieu le jourmême de son anniversaire !... Ce texte mettait en scène le cadavre du pèreet commençait à la morgue lorsque son narrateur, pris d’un besoin étrangeet irrépressible, se sent appelé à voyager à l’intérieur de ce corps inertepour en sonder la nuit. Lorsque se déclenche cette écriture incantatoire,(le récit s’appelait : “Un-Cantation”), une atmosphère d’urgencefiévreuse l’empoigne qui ne le quitte plus pendant 15 jours. Il ne mangepresque plus, à la grande terreur de son amie qui éprouve un malaisecroissant en cette compagnie macabre, et pourtant si lumineuse aussi...Cet écrit-cri est bien l’ultime tentative de formuler ce qui l’avait toujoursobsédé depuis que cette “impulsion du stylo” s’était emparée de lui àl’adolescence. Et il y a bien un passage à la limite pour “l’auteur” danscette expérience “d’écrit-tue”, une transgression hors norme, uneirruption équilibrée entre ténèbre et lumière, puisque par le moyen d’unrythme incantatoire ternaire des plus secs et syncopés faisant intervenirdes assonances-consonances déroutantes, cette exploration de soi àtravers l’image du cadavre met en scène la double attraction pour laperdition-malédiction et l’Appel à l’Un ou l’Unique, au Pèretranscendant.

Le thème de la mort l’immerge alors de façon lancinante dans lesétages inférieurs de sa nature, ces mêmes parties de lui qui s’étaientrebellées lors de la première percée illuminative dans le haut-intellect àl’orée de sa quête. Après ces dix années d’ascèse, c’est toute sa vie cettefois qui est en jeu, tout l’éprouvé vibrant du “je”, de la tourbe humaine,qui s’allume comme un volcan bouillonnant où rôdent folie et sagessetour à tour près de l’avant-scène. Non vraiment, ce n’est plus de lalittérature, il aborde là les rivages du cri brut et sanguinolent, porté par unélan que certains pourraient qualifier de mystique ou... Durant ces 15jours du dernier combat, il a des vertiges jusqu’à la syncope, le doigtappuyé sur la touche “zéro” de sa machine à écrire, dans un coma qui dure

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plusieurs minutes. Cette cadence intérieure, ce rythme incantatoire quin’en finit pas de se répéter jour et nuit va sonder les arcanes abyssales desa mémoire. Il traverse des strates psychiques opaques mais aussilumineuses, comme lors de ce voyage au Cœur de la terre où il découvreles paysages intérieurs des cristaux, de leur chant, et la sensation féériquede cette géologie psychique. Des espaces subliminaux offrent leurscouleurs et leurs saveurs... Après une suite ininterrompue de bagarresintérieures sans nom, ce rythme finit par avoir raison de sa raison et luirévèle cette connaissance qui est au cœur de la souffrance dans laquelleil était enfermé depuis plus de 25 ans. Il réalise en effet que cette tramecausale implacable qui fait l’apparente fatalité de la finitude humaineporte secrètement en germe l’Intelligence même de l’Amour émané del’Unique, duquel cette éprouvante traversée des orages de la mémoire lerapproche de façon irréversible, quoiqu’invisible. Ce fut la grande percéede la biographie et l’immersion dans le pays du Dedans avec l’ancre desmots pour seule sécurité.

Durant tout ce voyage initiatique à travers l’écriture et l’essaipoétique, il n’eut jamais à proprement parler de “maître” lui donnant desconseils. Seules ses lectures, et surtout l’exigence extrême du miroirqu’est la page blanche, - à laquelle il se soumit de façon harassantependant des années -, l’acheminèrent lentement vers la révélation de sonOrigine méta-physique. Quand bien même son style littéraire n’avaitjamais touché au génie, - loin s’en faut -, l’efficience alchimique de lapratique de l’écriture n’avait pourtant cessé d’opérer secrètement unebrèche dans le temps, la biographie, le passé, la pensée... et démontré quela pratique poétique peut être considérée comme une Voie initiatique àpart entière, capable de conduire son homme jusqu’aux plus grands seuilsde révélation... Une écriture de la dé-biographisation se faisait par latrouée de la mémoire et de la page blanche. Finalement, être délivré dubesoin d’écrire fut ressenti comme l’ultime acte poétique afin que le Cré-Acteur soit dans la vie...

Après cet écrit, tout s’accéléra dans les événements-signes afin dele réduire à cet état de moribond désabusé de toute recherche spirituelle,comme de toute fascination pour l’image du “poète maudit” qui luicollait à la peau. N’arrivait-il pas en fin de course ? N’avait-il pas réalisétous ses rêves ? Si jeune soit-il, n’était-il pas parvenu au bout du monde ?

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Toutes ces années de vie avaient été placées sous le sceau de la nuit duconditionnement humain et il n’avait jamais été un modèle de sainteté, oudu mystique sobre... Non ! Il n’y a pas une facette de la vie humaine trèshumaine dont il n’ait été le jouet... Mais ce récit de vie montre qu’en luila Conscience intérieure était mûre pour tirer très rapidement les leçonsde l’école de la Vie pour mourir aux limites du “moi-je”. Il se sentait aubout du rouleau, tel un vieillard dénudé de tout espoir, sans autre goût quede se laisser mourir. Dans un dernier sursaut, il alla méditer pendant unmois devant le mur blanc d’un dojo zen, et puis... plus rien. Le lit, leslarmes, ça craquait de toutes parts. Les malentendus avec Phil arrivaientà un point d’impasse si paroxystique qu’il éprouva comme jamaisauparavant l’impossibilité de toute écoute et de toute communication. Enfait, la prise de conscience s’imposa au fin fond de son cœur que “l’autre”ne lui donnerait jamais la nourriture qu’il mendiait à travers chaque“relation”, et que personne, donc, ne pourrait lui être d’une quelconqueaide pour sortir de cette difficulté à vivre... à “mourir de ne pas mourir”.Même sa compagne, si tendre et douce, le quittera sans prévenir, laissantjuste une lettre sur la table lui signifiant qu’elle ne voulait pas mourir aveclui...

Le départ de cette jeune femme et la puissante sensation deséparation éprouvée avec elle fut d’une telle cruauté que celle-ci seretourna en une révélation foudroyante qu’il n’avait jamais été séparé, enfait, que de la Source !!! Cette cruciale évidence jaillissant du fin fond desténèbres illusoires de la relation le submergea jusqu’à... Immensémentfatigué, épuisé d’avoir cherché sans avoir “trouvé”, incapable de vivre,impuissant, il s’écroula littéralement sur le carreau de cet appartementsans plus personne à qui se raccrocher pour continuer de rêver... Ils’écoula un temps indéfinissable dans cette sensation de partir, de quittercette peau d’homme, et il aurait bien pu se présenter quelqu’un à cemoment là pour le menacer d’un revolver qu’il n’aurait plus eu la forcede se défendre, plus aucun goût de rester au monde. Entre angoisse etcoma, espace d’oubli et rappel à la sensation du corps, flottant à la dérivetel un morceau de bois sur les eaux limoneuses du temps, dépossédé etpossédant encore, ni ici, ni ailleurs, oscillant entre feu et glace, soudain,une sensation totalement inconnue... Une sensation de Présence commejamais qui l’enveloppe, des picotements au niveau de la fontanelle... Lasensation qu’il n’est pas seul, comme un grand voile de “quelque chose”

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ou “quelqu’un” qui se penche sur le berceau de la mort... Douce sensationd’attention et de sollicitude... Vibration, Vibration, Vibration... Émotiond’un univers mystérieux qui s’infiltre par la faille...

Ces carnets de notes commencent en 1988, un an après ledéclenchement de ce processus alchimique. Pendant une année, il neparvint pas à consigner les tout-débuts de son entrée dans la mort et cesaut dans l’Inconnu. Il fit des enregistrements sur magnétophone qu’il neretranscrivit jamais, les détruisant comme la quasi-totalité des écrits quiavaient précédé ce cataclysme. De toute cette première période, seulssubsistent deux recueils poétiques intitulés “Descente de la Lumière” et“L’homme-mis-amour”. Aujourd’hui je puis indiquer les grandes lignesd’amorçage qui se firent jour durant les toutes premières phases de cetteALCHIMIE-DU-FEU afin de vous familiariser avec ce roman-processus.

Revenons à ces premières sensations si surprenantes par leurimpact dans l’organisme. Tout d’abord, ce qui fut le plus tangible, c’estcette masse compacte de PRÉSENCE-FEU qui lui tomba sur la calottecrânienne et opéra toutes sortes de pressions subtiles dans le cerveau. Lesinquiétudes ne tardèrent pas à se présenter, et une foule de questionsessayèrent en vain de saisir ce que pouvait bien être cette sensation sipuissante sur le crâne. Était-ce bien le ciel qui lui tombait sur la tête ?...Mais, conjointement à ces inquiétudes, le Noyau-du-Dedans reconnut quec’était bien là la Présence tant attendue..., et cette familiarité fut plusforte, plus immédiate que toutes les inquiétudes du mental. Seul dans cetout-début de flirt avec la Présence, terreur et sublimité dansaient dans cetorganisme en bout de course humaine. La sensation si profonde delassitude qui l’habitait jusqu’alors et son besoin impérieux de mourir àl’humain laissèrent rapidement surgir des profondeurs une consécrationinconditionnelle à la PRÉSENCE-FORCE. Elle, la Présence du seulsecours, Elle, Toute-Puissance concrète capable de faire mourir les limiteset de pulvériser le carcan de la mémoire, cette blessure du temps ! Elle,Amour destructeur des édifices de cette structuration transitoire del’énergie qu’est la “personnalité”, éperon du fini pour cette faille, ce cridéchirant, cet appel, l’abandon total à Elle. Elle, Source vive dont il futapparemment séparé en cette incarnation de forçat... Voici qu’il était àprésent au pied de la Déesse-Mère donatrice et ordonnatrice de SonAmour dans les mailles mêmes du karma. Finalement, tout ce qui fait la

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souffrance de l’homme ne participe-t-il pas secrètement de la Présence,même s’il n’y a pas conscience de Présence, conscience de Conscience ?

Cette sensation de la “Force” sur la tête progressa selon unedélicate alchimie vibratoire, comparable à celle d’un acupuncteur plantantses aiguilles vibrantes dans un réseau précis d’alignements subtils. Ellelui conféra une Vision-Audition de la Lumière et du Son, en même tempsqu’Elle opéra progressivement une dilatation-contraction-respiration desa substance mentale. Quel délice de sentir cette Présence nourricière !...Quelles décisives ouvertures de persiennes ! Il quitta le Sud de la France,revint à Paris et toutes les circonstances furent réunies pour orchestrer savie matérielle de telle sorte qu’il puisse se consacrer presqueexclusivement à la Présence-Force. L’ami avec lequel il avait travaillépendant quelques temps comme assistant-cameraman lui sous-loua unappartement très peu onéreux près des Buttes Chaumont pendant un an, etil trouva un poste d’assistant-opérateur 10 jours par mois très bienrémunéré. Il n’avait jusqu’alors jamais connu une telle aisance matérielle !Maintenant qu’il avait la sensation de mourir, tout lui était offertgracieusement pour vivre !...

Cette Présence-Force poursuivait donc patiemment son forage àpartir du crâne, chauffant et élargissant la substance subtile interne que lesyeux physiques ou scientifiques ne peuvent voir. La Présence étaittellement puissante pour le cerveau, et si nouvelle en vérité, qu’ilsombrait fréquemment dans un sommeil paradoxal pour se réaliser témoind’arrière-plans inconnus de l’intellect, et ceci sans aucun effort personnel.Il captait bien qu’il était invité à une Alchimie spontanée où il étaitquestion, là, de réceptivité, de Non-agir, pour l’Action de la Présence-Force descendante. Quel émerveillement, quelle détente ! Il n’y avait plusà forcer, à faire des efforts ou des surefforts yogiques ou poétiques. Justecette disponibilité que le Noyau-d’Âme était capable... D’ÊTRE. Ceci dit,l’Action de la Présence supra-humaine rencontrait à chaque pasl’individualité intellectuelle qui n’appréciait pas d’être reléguée au secondplan, voire d’être promise à la casse... La guerre intérieure entre laLumière et l’ombre s’intensifiait toujours davantage.

Cette sensation dans le cerveau était à la fois de Feu et d’Eau,comme une ondée rafraîchissante qui s’écoulait en gouttes à partir de la

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fontanelle pour descendre vers différents points et opérer de multiplespressions allumant les circuits du corps éthérique. La sensation de laForce n’était donc pas physique, mais physique subtile ou éthérique, ettoutes les modifications de sensation venaient de ce réveil du corpséthérique. Jusqu’à cette phase décisive, il avait eu de nombreusesexpériences subtiles. Toute sa vie précédente l’avait en fait préparé à ceconsentir si rapide et à cette nouveauté sensitive. Oui, cette sensation de“descente de la Force” provenait bien du ciel et lui tombait tangiblementsur la tête. Cette “pression”, comme une morsure quelquefois, tour à tourdouce et cuisante ou perforante comme un marteau-piqueur, cherchait àse frayer un passage dans sa réalité interne. Je souhaite préciser au lecteurqui aurait déjà été en contact avec des témoignages relatant l’éveil du Feude la Kundalini à partir du sacrum, voire du cœur, qu’ici, “l’allumage”s’est opéré tout d’abord à partir du sommet du crâne pour descendreprogressivement vers la gorge, la poitrine, le ventre, et ne réveillerqu’ensuite ce foyer de Feu au niveau du sacrum. Le Feu de la Kundalinid’en bas ne se sera élancé pour lui qu’après un fort ancrage de la Forcedans la tête et dans les autres centres tel que le cœur et le ventre. Quandle Feu du sacrum se réveilla, il sentit sa qualité propulsive montant le longde sa colonne vertébrale comme une toute-puissance bien plus“dangereuse” que le Feu qui descend. Ceux qui connaissent par exemplele témoignage de Gopi-Krishna relatant son réveil de Kundalini, ou letraité de Lilian Silburn, se rendront compte de cette spécificité. Ceci auraune importance décisive si l’on veut bien rester ouvert à l’Intelligence quiva se dévoiler au fil des notes et mettre en lumière l’Intention supérieurequi préside à chaque type d’allumage, car les filières qui en découlent sontdifférentes ! Elles ne visent pas le même but, la même réalisation...

Dans les livres-guides que j’avais avec moi à l’époque, il faut bienreconnaître que les “Lettres sur le Yoga” de Sri Aurobindo s’éclairèrentd’un jour nouveau, confirmant par bien des signes que le début de ceprocessus correspondait effectivement à celui de la “Force descendante”,de même pour “L’Aventure de la Conscience” de Satprem. Pendant cettetoute première phase, le journal intime d’Henri Le Saux eut aussi lasaveur d’une présence amie bien nécessaire.

Longues les journées, terriblement délicieuses, nombreuses lesheures assis ou allongé à se laisser pénétrer par cette Présence inconnue

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et pourtant familière et aimée ! Il n’avait qu’une crainte maintenant, c’estqu’Elle se retire comme Elle était venue. Combien intense cette crainted’être abandonné par la Présence maternelle ! Il se découvrait ets’éprouvait tel un bébé dans le besoin de son lait maternel, appelantintimement cette “Présence-Maman” ou “Grande Mère”. D’immenseschants d’invocations et de gratitude s’élevèrent. Une poésie toutevibrante, humide, enfiévrée de soumission, d’appel et d’adoration vit lejour dont il ne reste aujourd’hui que le recueil intitulé “l’Homme-Mis-Amour”. Ce fut une telle merveille, inattendue et pourtant si familière,qu’il n’avait de cesse de célébrer cet avènement tout au long de cesjournées. Le corps lui-même, porté par le mouvement de l’Action de laPrésence se mouvait de façon toute nouvelle allant de la danse jusqu’auxacrobaties les plus inattendues et aux postures statiques d’intimitécentrale. Si une personne s’était trouvée là, ses jugements auraient pualler de l’image du yogi à celle d’un fou. Pour lui, cela devenait toutnaturellement l’expression corporelle de cette alchimie du Feu, de laForce consciente. C’est ainsi que pendant ses périodes de tournage, il nelui était pas toujours facile de dissimuler certains des mouvements queprovoquait la Force dans ses corps intérieurs. De ce fait, les rares amisqu’il rencontrait de façon espacée avaient beaucoup de mal à resterlongtemps avec lui tant la Présence était ressentie comme“dérangeante”... Dès cette période-là, il constata que son atmosphèredevenait contagieuse pour ses visiteurs, car précisons le, ce Feu est uneentreprise d’affûtage, de raffinage, de décantation et de décoction de lanature humaine ; une entreprise d’installation et de branchement ducircuit électromagnétique du corps éthérique, puis de déploiement descorps intérieurs en gestation dont ces notes vous donneront un aperçu.

À mesure que le Feu descendait pour réveiller le ténébreuxcomme le numineux, une conscience plus élargie, une vision accrue descontenus de pensée laissaient place à un espace intérieur d’une beautéinsoupçonnée et exquise. Passage du savoir analytique à deux dimensionsde l’intellect à la Vision-Connaissance symbolique où les mots et lesimages sont alors connectés avec la Lumière du Noyau-d’Âme s’imageantà la surface du Témoin humain. Une redynamisation dans laquelle ceTémoin découvre le mental et la vie de manière plus “subliminale”, ou“occulte” de l’individu et de l’univers. C’est une psychologie qui s’élargitde la croûte du “moi-je” de surface vers un mouvement universel où

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surgissent de nombreuses personnalités archétypiques ou subtiles quiguerroient sans relâche. Vision de profondeur, nous sommes alors l’Œilavant le paysage au lieu de nous retourner pour tenter de le percevoir.Ouverture sur une psychologie des profondeurs inconnue de lapsychologie classique et de la psychiatrie. Seule l’infusion de la Présencepeut nous ouvrir à ces continents subliminaux sans trop de danger, àcondition d’être fermement consacré à Elle, sans quoi des dérapages sontpossibles car la tempête faisant rage, l’individu envahi par ses remontéessubliminales et subconscientes peut craindre la folie. Il y a bien là unrisque car on ne sait pas toujours si le dénouement sera la réintégrationde tous ces îlots dans le Centre immanent en l’homme ou le Noyau-d’Âme. En effet, si nous n’avons pas un bon ancrage en nous-même dansl’appel et l’abandon inconditionnel à la Force-Guide, ou encore laproximité d’un Maître-Alchimiste incarné à nos côtés, ce type dedérapages peut tout droit nous conduire en asile psychiatrique... Une foisentre les mains des psychiatres, il est fort probable que ceux-ci necomprendront rien à ce qu’endure cet individu dans cette phasealchimique si subtile. L’éveil de la Force est une invitation au risquemaximum, celui de la traversée irréversible des “enfers” et des “paradis”de la projection du mental universel. Mais la psychologie et la psychiatrieclassiques sont encore si loin d’intégrer un tel registre en cette fin de20ème siècle !...

D’étranges bascules dans ces niveaux subliminaux ou universelsle connectèrent avec toute une variété de Guides-Relais issus des filièrestraditionnelles les plus diverses pour l’émergence du Noyau-d’Âme. Il futainsi amené à découvrir ce que la littérature du “Nouvel Age” met tant enavant lorsqu’elle évoque les voyages astraux, ceux du corps mental, ouencore la symbolique de la hiérarchie des maîtres subtils, etc. Tout cela serévéla mais ne l’impressionna pas outre nécessaire dans son voyage. Eneffet, seule la libération de toute souffrance retenait son aspiration. Il estprobable que bon nombre “d’allumés” restent “coincés dans l’ascenseur”,fascinés par ces mondes intermédiaires, aussi merveilleux et terriblessoient-ils, car les tentations sont fortes d’exercer du pouvoir sur les autresen créant une industrie du channeling qui met l’accent sur les “annalesakashiques”, la “vie cachée de Jésus” ou de “Bouddha” ou de tout autre,etc., ces fabuleux intermédiaires qui posséderaient les pouvoirs d’éveillerchakras et contacts subtils avec nos guides de lumière... comme si c’était

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là la grande panacée !... Mais il n’en est rien ! Passer outre, toujoursoutre, traverser toutes les images pour rejoindre le Centre, voilàl’irrépressible besoin qui l’animait. Si l’image d’un Jésus, d’un SriAurobindo ou d’un Krishnamurti, et quelques autres, avaient parmoments quelque prégnance pour illustrer cette guidance, “quelquechose” en lui n’y accordait pas une importance comparable à celle que j’aipu noter dans d’autres témoignages. De même, sa vénération pour laPrésence Mère ne signifiait pas pour lui une volonté d’entretenirjalousement une image précise de la Mère...

Ceci dit, c’est cette première grande phase d’intériorisation et dedévoilement de l’Âme que vous allez commencer à découvrir dans lespremières notes de mise à nu. Elles en relatent la douloureuse et sublimeémergence progressive, mais aussi son élévation et sa redescente vers...Car le voyage n’aura pas de fin, et les bascules successives quis’opéreront de façon ininterrompue par la suite relativiserontconstamment toutes les stations. D’où le sens de ce titre : “Journal d’unmutant”, pour indiquer la dimension inconnue de la Conscience-Soleil quiveut émerger jusque dans la substance humaine la plus physique... Voilàpourquoi il est fort probable que l’originalité de cette publicationsoulèvera nombre de questions, de la fascination ou des doutes, voire desjugements péremptoires quant à la validité d’un tel témoignage...

D’ailleurs tout au long de ses années d’ascèse, son milieu familialse montra très réticent vis-à-vis de l’orientation de ce jeune homme quisemblait tant délaisser les “choses de ce monde”. Bien après ces grandesbascules sans retour et les changements évidents de son comportement, safamille ne s’est toujours pas rendue compte de l’ampleur et de lamerveille de la naissance essentielle qui s’est produite en lui, tant il estvrai que le terreau familial représente l’atavisme animal de l’espèce àtravers son obsession de la sécurité financière et de la perpétuation dunom de famille, bref toutes ces valeurs “humaines trop humaines” quis’acharnent à faire barrage à la venue de l’Homme libre. Tous lesmystiques d’Occident ont dû payer très cher (et parfois très “chair”), leurlibération... Ce processus d’émergence à la Conscience d’Être faisantface au non mondial à travers la famille, la religion, la culture, voiremême la spiritualité traditionnelle, il doit se frayer un passage héroïquedans la jungle du régent mental universel.

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Quatre carnets ultérieurs ayant été détruits, ils laissent des trousdans l’énoncé du processus. Aussi ai-je ajouté de temps à autre quelquesnotes d’appoint afin de faciliter l’approche de ce processus “horshumain”. J’ai également apporté ma résonance avec d’autres témoignagesde notre époque, car je suis attentif à la diversité des manifestations de laConscience-Force comme des interprétations possibles que peut en fairele mental...

Ami(e) lecteur (trice), vous avez entre vos mains ce que j’ai gardéde plus précieux jusqu’à ce jour puisque ces notes du “Journal d’unmutant” vous mettent en direct avec l’intime d’un processus libérateurauquel vous serez, je le souhaite, sensible. Qu’il vous apporte lanourriture dont vous avez besoin dans votre “saison en enfer” ou à l’heurede votre floraison, et contribue à vous ouvrir vous-même au Tout-Possiblequi Veut Se manifester en vous, inimitable !

De tout cœur avec vous

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Descente de laDescente de laLumièreLumière

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Coque qui craqueCuirasse dissoute

Cœur ouvert

LUMIÈRE

Et cette peurtoujours la même

là en corpsau seuil de l’Oubli

quand l’offrande est vertige

Cette peur d’Êtred'être nu

Coque qui craqueCuirasse dissoute

Cœur ouvert

LUMIÈRE

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Page 39: Journal d'Un Mutant PDF

Lorsqu’Elle descend icidans la terre désolée seule

La chair tourmentée trembleLe Germe du cœur se cogne contre la coque

on sent l’obstiné parfum de la ganguequi soulève les maux

Obstacle à l’ÂmeL’âme d’Amour

Coque qui craqueCuirasse dissoute

Cœur ouvert

LUMIÈRE

Ouvert à l’Autre-Vibrationaux courants subtils et terribles de la Conscience

déportant au large vers la fraîcheur du Soufflel’Or des vents en patience dans l’azur-de-la-nuit-des-hommes

De l’autre côtéRire de la co-existence

Larmes de la magnificencedont aucun mot n’en dira la surprenante extase

ce qu’on ne pourra nommer jamaisCar

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Page 40: Journal d'Un Mutant PDF

Seule la Beauté du SON vibre jusqu’au bout des doigtsen son pouvoir de Relation-première dans la MatièreLumière touchant le Point névralgique du corps

Voyage infini du SONvers un but Sans-Nom

Coque qui craqueCuirasse dissoute

Cœur ouvert

LUMIÈRE

CHOC atomiquedu baiser de l’UnionMouvement universelde l’étreinte nouvelle

en l’hommepar la Force foudroyé

la Lumière ébloui

Il est demeure sans portesoù s’engouffre Celle qui du plus loin

au plus proche explore les rumeurs de la terrevers les îlots rebelles à sa caresse de transformation

afin qu’il se fonde en l’UN par derrière sa nuitGerme-du-cœur-en-son-cri-d’amour

Intime-Silence-de-l’Œil

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Page 41: Journal d'Un Mutant PDF

Les météores fusent dans le ciel du regarden pluie d’accélération

saisissant la Matière en effroi de reconnaissanceLa peur-caillou point-obstacle du corps est dissoute

par la puissance la Force-de-Lumièrelaissant circuler le flot-de-l’énergie

Elle détruit ce qui fut crééà l’envers de son image

Détruit l’homme de toute ressemblance de toute image d’un dieu

à son image

Face à l’Inconnul’UN sans visage

Coque qui craque Cuirasse dissoute

Cœur ouvert

LUMIÈRE

De l’intérieur éclaire les formesfantômes du rêve en manteau-de-mirage

délie la chair-en-son-corps-secret-du-cœurretourne le regard vers sa naissance Œil

qui sanglote dans le sang portant le Cri-de-visions

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Page 42: Journal d'Un Mutant PDF

moissons de l’Autre-Vue promesses du Germe-en-devenirSa Force pénètre fouille ramasse densifie le tout

de la Matière du corpspour le porter l’homme le transporter le propulser vers...

dans le Voyage-éternel-du-rayonnement-de-la-danse-des-sphères

Unissant la Terre au Cielen l’Homme la Force vibre

Coque qui craqueCuirasse dissoute

Cœur ouvert

LUMIÈRE

L’HOMMEILLUMINÉ

TRANSFIGURÉ

ICI

43

Page 43: Journal d'Un Mutant PDF

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Page 44: Journal d'Un Mutant PDF

1988

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Page 45: Journal d'Un Mutant PDF

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Page 46: Journal d'Un Mutant PDF

Le 11 février :

Expérience : courants de forces qui tirent, malmènent, trient,décantent de bas en haut. Vision de Lumière qui donne confiance pour latraversée de la turbulence. Je vois deux lumières bleues dans le lointain,j’invoque leur aide. Je me souviens d’un homme dont le crâne s’ouvraitpour laisser pénétrer les forces, là où elles voulaient descendre ; un cordondu crâne au ciel en une implosion-explosion de couleurs : rouge, bleu,violet. Possibilité de déplacement foudroyant. Il n’est pas évident de seretrouver dans le métro. Quoique !...

*

Le 15 février :

Le mot “Dieu” n’a pas de sens pour moi. Je sens cela comme unebénédiction ! Ce mot n’est-il pas bourré de malentendus ?... La structurementale s’empresse aisément de savoir, alors que ce qui est ressenti est del’Inconnu, TOUT-AUTRE que ce savoir ! C’est un TOUT-AUTRE dePuissance qui n’a rien à voir avec le mental, et que celui-ci voudraittoujours nommer. Je vois le mental comme une vitre interprétative, unfiltre lié à un savoir religieux ou culturel qui image l’Inconnu. D’où lessymboles, d’où le mot “Dieu” lui-même... Tous les mots et les imagessont des approches qui, le Jour solaire venu, devraient disparaître. LaToute-Puissance qui me tombe dessus de l’intérieur m’est familièrecomme la Source d’où Je Suis, mais rien ne peut La saisir ou Lanommer... Telle une Eau ou un Feu, une Aurore qui dissout la nuit desconcepts. Cela est éprouvé comme “au-dessus”. Un Inconnu que je suisqui sent de l’Inconnu au-delà comme une rencontre : quelque chose quitend vers le “TOUT AUTRE CHOSE”. Ceci procède par exploration deplans de conscience. Nécessité de se dépouiller des mots référentiels liésà la sphère religieuse, en quelque sorte de nommer le moins possible. Lediscernement, c’est la nécessité de VOIR tout le mécanisme mental, lepaysage des représentations contradictoires.

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Page 47: Journal d'Un Mutant PDF

TU es le Maître dont le visage n’est pas TOI dont la Parole est silence

TOI dont le geste est nulTOI dont la Présence infinie est impensable

A TOI j’offre tous mes masquesA TOI j’offre toute mon activité

A TOI j’offre mon absence

Que Ta Volonté soit fête !

*

Le 21 février :

Maître,Sois où je suis.

L’Amour n’est pas mien,Il est Toi qui Te donne

Il est de haut en bas.Par la chaleur s’opérera la fusion.

Au centre de moi,Toi.

Au centre de Toi,moi.

Ce qui dit “je”,n’est-ce pas l’ombre de l’humain

encore opaque au Soleil ?

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Page 48: Journal d'Un Mutant PDF

Alors vient la fonte du mauvais alliagequ’opère l’Alchimie pour purifier et transformer afin que soient dissous les plans intermédiaires,

les diluant, qu’il n’y ait plus d'écartNi de Toi, ni de moiMais Cela, simple...

Je porte le germe de CE-QUI-AIME,le Pouvoir chaud de l’Être englobant,

la Puissance irrésistible de l’Attractionqui circule Univers, qui fait œuvre et fonde...

Mon amour, au secret, se tient,dans les fibres des corps subtils et denses.

Il est l’indiscrétion qui interroge le tout-venant par Tes yeux, le reflet...

Mon amour est cette puissance d’appelet de réceptivité se rassemblant, se révélant en sève sphérique,

celle-ci en ses métamorphoses de Toi, l’UniqueLe petit homme, ce papier d’ombre,

devra être mâché jusqu’à disparition.c’est cela Ton Amour : ouvrir le cadavre

et l’infuser de l’Océan de tes innommables béatitudespour en faire le Lieu de Ta délivrance, de Ta VIVANCE !

L’AMOUR, n’est-ce pas la floraison vraie ?!N’est-ce pas cet Instant magnétique

en quoi éclôt la Rondeur du TOUT ?!C’est cela ?!C’est cela ?!

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Page 49: Journal d'Un Mutant PDF

Le 22 février :

Tu n’es plus !N’es-tu plus vraiment ?...

En cette absence, en cet exil comme l’acidité d’un fruit pas encore mûr,

je me goûte tel un fruitqui attend son Soleil

Je vois les nuages cette épaisseur,

cet assourdissement de la Lueur qui est peur

Je suis en exil,séparé par la vitre fumée du Temps,

C’est la mort...

Dès lors, comment ne pas aspirerà la fonte de la vitre ?

Et que ton chalumeau brûle le mot,tel un cadavre,

qui, soudain, laisse le gisant être VIVANT ?!

Par cette mystérieuse Forcede la Résurrection du Dedans,

je suis cet Alchimistequi accepte de voyager dans le noir,

accepte les entraillesoù se vautre le barbare.

Et Toi, là-haut, dans la patience de l’azur,

Connais ce dont a besoin Ton enfant !

Je ne veux plus être semblable à mon frère l’insecte,ni forniquer dans le drame cosmique,

je veux sortir de tous les pièges des attractions fébriles,je veux jaillir dans l’Evidence !

Ô Feu ! Purifie tous mes centres de l’empire infernal dans lequel tournent les mondes !!

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Page 50: Journal d'Un Mutant PDF

La solitude est dans le cœur...

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Page 51: Journal d'Un Mutant PDF

Je suis l’inconsolableCelui qui n’attend plus rien du genre humain

De tous ces jeux cruels, à cloche-piedSur la margelle.

Je suis l’inconsolable à tout jamais.Aucun amour humain

Ne peut plus rien en mon essenceAinsi je me retire de cette farce diabolique

Et de la façade des cinq portesJe rentre au-Dedans

Ferme les ouvertures.Les portes ne s’ouvriront plus sur le dehors

Je m’éteins au monde des cinq troublesJe pénètre dans le Pays du secret

Pour déchiffrer l’Énigme de nos trébuchementsAller au plus profond

À la racine de la Souffrance humaine.

Je suis inconsolable à tout jamaisEt je laisse la Main de la Présence invisible

Régler les boutons de la consoleQu’elle fasse le juste milieu et la balance des sons

Laisser le jeu du pantin tourner à videFace à l’immensité et le Silence

De Celle et de Celui qui court-circuitentLa logique de l’écart !

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Page 52: Journal d'Un Mutant PDF

Le 8 mars :

Silence...

Le 25 mars :

Depuis quelques jours, éprouvé et vision de forces infernales qu’ilne faut pas fuir. La clé est toujours dans le consentir. Pas évident de garderla confiance. Le contact avec autrui est très difficile...

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Page 53: Journal d'Un Mutant PDF

Lucidité

Tu ne combleras jamais le Manquepar un semblant de quelque-chose

Jamais le masque ne se démasquera

Tu ne pourras espérer jamais qu’un jourun mendiant devienne ton sauveur

Ou ton salut ce que tu as fait

Jamais au centre du mensonge un autre mensongeNulle promesse ne tranquillisera ta peur

et la crainte griffue-diffuse sous la peau te lacère

Seule “Autre chose” de Tout-Autre sera le Pouvoir

N’oublie pasDe la lucidité la soif perpétuelle

dans la marche nu-pieds sur le sable blondvers l’intarissable source qui en toi sourd

Seule l’Eau claire de ton regard au Soleil l’incendiant

Tu verrasIl y a des oasis de lumière qui nous poussent

plus loin encor dans le désert...

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Page 54: Journal d'Un Mutant PDF

Le 26 mars :

Je retrouve les mêmes impressions que j’avais il y a une dizained’années, cet éprouvé de la misère colossale de tous les humains perdus,noyés dans le Paris concentrationnaire. Être tous les courants qui passent,bons ou mauvais... L’Intime est non affecté, mais la nature est déliée ducorset et les énergies se déploient pour être réabsorbées dans le Centrepurificateur. Rude passage que de s’ouvrir plus vastement en Conscienceà la souffrance de tous en Soi-Un... L’Intime, le Noyau-du-Dedans, estCelui-là seul que Je Suis, qui offre en sacrifice tout ce délire. C’est parcette prise de conscience de la séparation, de la souffrance que mûritl’Intime. Il y a alors évidence de la Présence du Sacré-Cœur au sein de lasouffrance elle-même. Mystère d’Être là, VIVANT !

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Page 55: Journal d'Un Mutant PDF

L’Absence

Quand l’Absence de la Lumière

était ta seule réelle douleur au monde

ton désespoir immense régnait

Aveugle entre les aveugles

tu sentais un crépitement lointain en toi

une incandescence du chagrin

Ta poitrine sous l’aiguillon du manque

te paralysait souvent contre la douceur du Vent

qui veut réanimer le tison sous les cendres

Absence dévorante au dehors marque du retournement

dans la chair-de-l’Ombre Tu suffoques

Aujourd’hui n’en connais-tu pas le Sacrifice ?

Fouillant ta nuit dans la Nuit des mondes

tes pas résonnaient à tous les croisements du destin

Au plus loin dans l’atome des roches des sphères inconnues

à la limite de l’audible du cri l’Appel Vrai

Ton corps ne souffrait plus d’attendre Quand

le bois enfoui au plus retiré dans le manque eut le craquement

de la flamme saisissant la mort pour en brûler l’angle

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Page 56: Journal d'Un Mutant PDF

PRÉSENCE

Illuminant la Nuit Elle ouvre tes pas vers un palais

où tu chemines maintenant les yeux émerveillés par le Vent qui

attise les crevasses argentées du foyer

Pour t’offrir confiant à des précipices de beauté

où danse le bleu de l’élévation

Tu vois les noces-de-l’Oubli en toi flamboyantes

De Celle qui brûle par Celui consumant

en cette souveraine

Nuit du FEU

Où tu es

Irradié

à la Porte

du Ciel

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Page 57: Journal d'Un Mutant PDF

Le 27 mars :

Toujours voir les contenus de la pensée-désir à chaque instant.Perturbations révélées dans tous les centres. La venue de E... a fortementcontribué à cette intensification du malaise. Les énergies de cette femmesuscitent des réactions violentes dans ma nature et je constate le censeurqui voudrait encore les garder refoulées afin d’entretenir la diaboliqueexpression accusatrice: “c’est l’autre !” “Tu te sens fragile face à sasouffrance. Tu ne peux guère la supporter ! Culpabilité !... Souviens-toides amis qui durent te supporter quand tu étais au plus noir de tes drames.Apprends dans ce qui arrive.”

*

Sentiment très profond pour P. avec qui j’ai vécu cette séparationdécisive... Elle fut l’ultime mise en scène de rappel à Cela dont j’étaisréellement séparé. Son départ concentra en moi tout mon espoir et toutmon désespoir en l’ultime intensité de l’éprouvé de la séparation. C’estpar cet ultime éprouvé de la séparation d’avec un être humain, à traverscette relation amoureuse, affective et sensuelle, que s’éveilla le “MoiIntime” ou “l’Âme” à ce véritable sens de la séparation d’avec laVerticale, la Réalité transcendante. Cet événement, ce choc, cet accidentfut la grande bénédiction dont P. fut la protagoniste : la clé pour moi futlà...

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Page 58: Journal d'Un Mutant PDF

La naissance de l’âme,c’est

la brûlure

de l’écorce...

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Page 59: Journal d'Un Mutant PDF

Oui je ne fus séparé que de Toitous mes pas de l’enfance

depuis cette première naissancevers la mort m’ont éloigné de la Rose de Lumière

Sur le Pic laborieux j’ai saignédans l’impasse angoissante de la nuit sans étoiles

où les féroces rumeurs du mental aux aboisplaident encore pour le vice du dehors.

Quelle séparation !

Mon cœur palpite et Te murmureToi Oreille du Silence mon mot d’Amour,

unique sésame

Pleurer toujours ! Pleurer ! Pleurer !Pleurer inlassablement dans cette nuit fauvecar mon cœur touche le mystère du divorce,

témoin du ministère qu’officie la Vie,en chacun de ses trompe-l’œil

Non ! je ne fus point séparé de Toi par les formesque le monde changeant dévide sans cesse

Oui ! je le vois bien, j’étais tombé au plus baspour rebondir avec Ta Présence hors des bois, vers Toi, le Très-Haut.

Après les détours livresques de l’arrogant savoiret des désirs-soupirs, lignes courbes des phantasmes

sensuelle méprise dans cette nuit affreuseje me rends,

sans plus aucune volonté de partir plus loinje me rends à l’Évidence !!!

C’est Toi, Toi l’Invisible dont je fus séparé.Le plus rude, c’est que tu n’as point de contours !

Tu es le Premier et le Dernierà qui je dois me consacrer, me soumettre

Sans rien espérer en retour

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Page 60: Journal d'Un Mutant PDF

Que la leçon est rude et si simpleQuand on touche Ton Évidence !

Oui, tel l’aveugle qui voit tant d’imagesqu’il ne peut voir que ces images sont sa nuit,

aussi, Toi, je le demande, brûle mes yeuxpour me défaire de la perception dupe

Dévoile l’Œil pour octroi

Je laisse mon cœur quitter les rivesdes amours éphémères pour me coucher à la verticale

vers Cela qui me brûleau plus intime du Cœur

pour, je le pressens, me combler à jamaisde tout mon besoin d’Amour.

*

Le 28 mars :

Seigneur Réel ! Dans ce grand vacarme et dans la vulgarité dupetit monde, comment ne pas oublier, ne pas se laisser happer par lessuggestions folles et négatrices de l’Essence ?... J’aspire à une vie pure etjuste dans la libre circulation de la JOIE. Il y a encore de la révolte en moiqui ne supporte pas toute cette horreur qui s’étale partout. Je T’en prie,que cette révolte soit dissoute ! Car je le vois, elle participe de la petitevie !... J’aspire à la Conscience claire ! Que le Réel se manifeste dans tousles actes de la vie ! Que brûlé soit l’impur ! Que toute chose soit clarifiée !Que soit la Beauté de Ton Regard ! Que je sois l’Instant de Ton uniqueAmour œuvrant en ce monde pour la Gloire du Simple ! Il faut trouver ensoi le guerrier de la Lumière qui fait face aux forces ténébreuses en soi.Car pour traverser l’horrible, il faut être dans cette Lumière qui ose allerau devant des dangers apparents. Que je m’éveille ! Que Ton FEU brûle !Immense est la solitude, je n’ai aucune aide dans cette traversée ! Plusaucun être humain à qui me confier. Plus d’ami ! SEUL ! Seul avec TOI !...

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Page 61: Journal d'Un Mutant PDF

Une onde si juste

Il se dit de très loin

“Ce doit être si doux de mourir Si doux”Un courant le traverse et le transporte au lieu de toute fin

Vers le balancement infini L’ouvert à la mortdans la nuit lumineuse qui suit la Descente de la Lumière

Etre encor dans la chair est le miracle

Il exhale le parfum du primitif courage La volonté du guerriersolaire dont les filets tendus de ses muscles retiennent les étoilesChargé de la radiance et de la connaissance des astres il va la

marche réfléchie au devant du désastre

Il se dit de très loin

“Ce doit être si doux de mourir Si doux”Il voit là dans cette aspiration à la mort

un appel si tendre à la VIENous sommes au fond Fondation ?!Simplement la limite d’un étage !?

Il se voit si bas dans les constellations du corpsUn chien en attente de rien couché devant la PorteIl comprend que LÀ pas un effort n’est demandé

ICI

Attendre sans attente ATTENTIF Juste

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Page 62: Journal d'Un Mutant PDF

Le 31 mars :

Nuit d’agression dans le monde du vital subtil. Terrifiant ! Lemonde grouillant des poissons et des reptiles qui se dévorent. La folie dudésir !

Dialogue avec ces forces et mouvements de désidentification.Alors nous sommes le spectateur de ces forces, le Témoin qui n’est pas lapensée, mais derrière... Être le témoin, voilà le premier pas décisif !L’Invocation à la Force-Maternelle qui EST l’Action, voilà le deuxièmepas ! Invoquer Son Feu et Lui donner tous ces petits monstres à manger.C’est ELLE qui peut libérer tout cela, et Je SUIS ELLE !

Brûle tout !plus aucune mémoire

Brûle tout !plus aucun corps

Brûle tout !tout l’imaginable

Brûle tout !ne laisse rienBrûle tout !jusqu’à Toi

Brûle !Brûle !

Brûle !!!

Vibrer est l’ordre de la vie conquise

Que ton corps naisseà la Vie

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Page 63: Journal d'Un Mutant PDF

Le 13 juin :

Je suis dans la nécessité de la balance statique-dynamique. Vivredans Paris est difficile en ce moment avec cette puissance de l’énergiesexuelle omniprésente et l’ensemble du mécanisme de déviation que mavitalité et mon corps ressentent comme une violence. C’est vraimentintense quand on devient plus conscient du mécanisme, conscient dudélire ! Que de ruses pour éviter le pire, mais l’évitons-nous ?

*

Dans l’intérieur de l’Intérieur j’aspire à perdre mes pasm’enfoncer au plus proche du cœur de la Présence

et laisser Son Ardeur dissoudre les frimas de l’hiver.

Rester sur la paillassesans boussole, sans compas, sans carte

rien,Laisser l’Intérieur se décrasser du dehors des reflets

des étangs miroitant.

Ne plus compter sur “moi”ou sur les aboiements du chien qui appelle son Maître

tel un tapis je dois être

Viennent les pas de Celui dont je suis le véritable esclaveLui, le Tanneur d’ego, le Limeur des formes

et des couleurs sans valeur

Que le Silencede l’Inconnu fasse Sa demeure

de Ce qui n’est point connuEt demeure

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Page 64: Journal d'Un Mutant PDF

L’inertie n’est-elle pas la base qui fait l’opacité du monde ? N’est-ce pas l’écran compact où se dépose et s’assoupit l’énergie dans lapuissance pesante de la mémoire des siècles ? Je vois mieux le pourquoide mon refuge dans la statique car il est toujours mieux, à cet étage, de sepréserver du dynamisme de la vie interprété comme “mauvais”. Mais lemoment n’est-il pas venu à présent de lancer une passerelle entre laStatique et la Dynamique ? C’est là, bien sûr, que tout se complique. Ilfaut pour cela une solide relation avec les plans supérieurs, sans quoi c’estl’abîme assuré. Pendant longtemps, j’ai cherché l’expérience “d’en haut”par le moyen de la volonté ou de l’ascèse mentale, sans toujours avoir lesbeaux flashes ! Je ne connaissais alors rien de la Joie...

Dans cette inertie vitale et son barrage de mentalisation féroce, lamort rôde. Il faut du courage. Cette inertie a une voix criante, elle répètesans arrêt : NON ! NON ! NON !!! Et l’être interne, essentiel, doit sanscesse réitérer son : OUI ! OUI ! OUI !!!

Pour résumer : monter, c’est bien, mais s’y maintenir sans que laLumière éclaire le bas, c’est impossible !...

Au seuil, à la frontière, la bête féroce, et plus vraiment de pièced’identité. C’est à ce moment-là que le jeu du monde prend une autretournure par une conscience aiguë de la trame sur le Vivant, tisseuse dudrame...

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Page 65: Journal d'Un Mutant PDF

Cimes radiantes

Transparence des feuillesmatière d’incendie

Sur le crépitement du hautl’Oiseau chante

*

Subtil balancement de la matièreéveillée à sa source de chaleur

en l’intensité de l’atome du regardLes bourgeons s’ouvrent

à la sollicitude perpétuelledu Soleil

*

Les arbres pourpresoù le vert éclat

porte la semence

*

L’air que tu respiresest plein du suc

de la danse cosmique

*

Cet Œil-en-soi, là.Flamme mouillée

qui inonde et brûle

*

66

Page 66: Journal d'Un Mutant PDF

Voir est le sacrificedes images de la mémoireRegard de l’immémorial

*

Le Feu est -Source

création de l’instant -Révélé dans la matière

*

À la cime du poèmele faitRÉEL

*

Il n’y aura jamaisde mots pour dire

l’indicible du dévoilement

*

On ne peut rien comprendredes autres qu’on n’ait compris

en soi

*

Du Vide, du Silencea jailli une Force-de-Lumière

un SON UniqueL’aventure du RÉEL

commence quand le Vide-Silencerésonne et s’illumine du SON-LUMIÈRE

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Page 67: Journal d'Un Mutant PDF

La poésie l’aura menéau seuil

quand l’ascèse de l’hommecède à la Volonté du Plus-Haut

*

Le Soleil pleuresouverainement

Aurait-il une poussière dans l’Œil ?

*

Je ne sais plusqui parle en moi

Ne pas oublier le sens des ellipses

*

Le Silence porte le tonnerredes mots qui dévoilent et foudroient

l’homme au cœur du sommeil

*

Le dévoilement, d’essence incommunicableEncor plus intensément seul

Solitude de l’exil divin

*

Quand le poèteest conjonctionIl est Homme

AUM

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Page 68: Journal d'Un Mutant PDF

Son aspirationmonter toujours

au plus secret du corps

*

Son aspirationappeler la Force-du-Haut

dans la matière

*

La Transformation estintégration d’une Vibration

plus haute dans la terre

*

Celui qui ne se ressemble plusest tel qu’il est

Autre

*

Ils avaient oubliéque la Religionest sans religion

*

Ils avaient oubliéla relation qui est friction,pouvoir de Transformation

69

Page 69: Journal d'Un Mutant PDF

Il n’attendait plus rienIl devint l’Attention

*

... alors il perdit piedet ne retrouva plus la mémoire

*

Il ne sait encor êtredans le corps

et hors de l’espace-temps

*

La force de chaleurqui épouse la forme

est Beauté

*

L’Inconditionnésaisit le corps

Quelle déflagration !

*

Quand le corps effleurépar le Vent des cimes

Quelle étendue !

*

Il y eut pour toujoursle dévoilement

le ciel était VU de haut

70

Page 70: Journal d'Un Mutant PDF

Il est sidéré par l’ŒuvreTrouver le moyen de jeter

un fil entre les étoiles et la terre

*

L’inertie du corps terrestrerésiste à une goutte sidérale

La peur de la dissolution

*

La matière suit sa ligne naturelleL’homme devra aspirer avec elle

à la Sur-Nature

*Comme faire descendre

le Ciel sur la TerreQui comprend recevra

*

La coulée de lave bleuefut l’éblouissement

La montée

*

Il vécut la vibrationau sommet de l’ascèse poétique

Le SON dépassant la poésieAUM

*

Ne sois pas la fierté de l’ombreÉclairé, va simple coursier

de la Parole

71

Page 71: Journal d'Un Mutant PDF

Parole de l’Unvers l’Unique

est Première en devenir

*

Le poète est mortà la poésie de la mort

Il est homme qui deviendra l’Homme

*

Il reconnut le SON Primordialqui meut les sphèresengendre le Verbe

AUM

*

Elle est la Mère -Qui prend d’Amour la Liberté d’aimer -

LA réceptive vitesse

*

Entre la gravitationet l’aube de son âme

l’errance !

*

La femme féconde l’éternité et le tempsCelle qui porte et le germe et le reflet

n’est pas l’image

72

Page 72: Journal d'Un Mutant PDF

L’Homme dépose la plume de l’Angequ’il reçoit des sphères

pour une Possibilité nouvelle...

*

La terre fécondée par l’Espritest pleine de la Virginité

goûtée

*

La Lumière l’ayant bouleverséil ne parlait que d’Elle

Ses pensées exaltaient son corps ou...

*Il ne parlait plus de vie ou de mort

Mots vides de sensMais de la Lumière qui se passe

de l’ombre des motsAUM

*

Voyant qu’il y a à regarderet VOIR

l’un d’en bas, l’autre d’en haut

*

La poésie l’initiaLa Vie le confirma

La Lumière se réalisera

73

Page 73: Journal d'Un Mutant PDF

Le manque en l’absencede reliance avec le Principe lumineux

est perversion

*

Quand le moment de l’absencesera fécondé

par la PRÉSENCE de l’Instant...

*

Chaque grimace est un rayonde la Lumière

qui trouve une résistance

*

L’absence est ignorancedu baiser de celui qui réalisequ’il Est DÉJÀ PRÉSENCE

*

Le goût de l’Absolului brûle la langue

*

Voilà pourquoi les motssont silex frottés

L’étincelle est entre...

*

Il se saigna les quatre veinesDepuis son sang est un

enseignement qui le régénère

87- début 88

74

Page 74: Journal d'Un Mutant PDF

Le 4 juillet :

Le Cristal intérieur dans l’homme, la Lumière dans la nuit...

Porteur de l’Expérience, les mots bousculeront. Tu ne continueras à écrire qu’à la seule condition-sincèreLes mots seront la vibration juste qui éveilleront...

*

Le 6 juillet :

Désespoir et espoir se consument dans le Feu sans limite duCentre-Amour.

*

Le 11 juillet :

Très forte activité dans le mental de connaissance. Celui-ci voulaitpenser le Vide, ce qui le conduisit à toucher sa limite. Sans cesse témoindu mourir, du mourir... du mourir de la pensée... La folie n’est pas loin.C’est une rupture fracassante comme la fumée d’un bois mort ou deséchafaudages en feu qui se fracassent et puis... plus rien. Le silence...

75

Page 75: Journal d'Un Mutant PDF

Juillet 88 /Novembre 90 :

La Sphère Blanche

Au Centre-Amour du corps subtil de la Conscience,C’est un foyer compact de Feu qui s’éveille pour la danse au contact du baiser délicat de la Reine des mondes, qui,

invisible, s’approche.À Son appel de Vie, Elle descend quand mûr est le cri ;

toute proche, là, éternellement ; une digue pourtant,d’apparence, sépare...

En ce mal-vivre, compost fondamental pour la croissance de Ses Germes,

Elle accorde à chacun et à tous une égale sollicitude,une égale bénédiction de Ses mains de Lumière

qui caressent à son heure les blessures de la mémoire, viennent délier un à un les fils,

gommer l’implacable loi de la Causalité.

Le cœur, lourd encore du fardeau, cherche l’humide passage du don pour sortir de l’indifférence,

de la morne et sèche ascèse, des noyades et suffocations de l’angoisse torturante des émotions...

Ainsi, pas à pas, Elle marche dans la nuit, avec l’Art du Voyant qui déchiffre les hiéroglyphes

de Son Énigme pour délivrer Son Enfant.Par l’Œil intérieur : la vision tangible de l’Alchimie sacrée !

Les énergies progressivement sont transmutées vers leur source de vérité,

purifiés, les corps intérieurs laissent s’avancer le Prince du Dedans.

Dans le nid du Mystère se révélant perpétuellement, c’est l’Oiseau ou l’Enfant qui sont les symboles de notre fécondation,

et parfois, plus rarement, la Sphère Blanche d’irradiation, muette...

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Rondeur pleine du bourdonnement du Silence, Elle est de nulle part, vibrante.

Sphère de douceur et d’amour, par un cœur en extase, transparents nous voguons en un océan d’infini tranquilles, libres...

C’est Elle que nous sommes dans ce dilemme pour l’Éveil, l’Évolution,

Elle dont tous les humains sont assoiffés, Joyau de la Conscience sertie dans l’écrin du Sublime,

indestructible, pure, indivisible, immortelle.

Par l’absence qu’éprouve l’homme dans l’oubli, le désir est sondard que rien ne peut satisfaire,

éperonnant les flancs de sa monture... Qu’il consente au perçage de la coquille caduque de ses tourments !

Cet homme de misère, fébrile, erre à tous les banquets,grappille les miettes de noces jamais célébrées...

Pourtant, il est en tout point présent dans le nu de l’Instant, là, proche,

le Banquet qu’il refuse de voir par son habitude de boirel’absinthe du pauvre qui traîne partout facilement.

Alors, livré à l’ennemi pervers, il est le lieu du viol immondeque la convoitise, l’hypocrisie, l’arrogance et le scepticisme

habillent avec un manque de goût criant en tous les pays du monde.

Cependant, rien de cette ignorance ne peut détruire la Sphère Blanche,vierge au fond, libre de tous les mensonges,

l’Innocence EST !

De là jaillit la confiance, la certitude de la Naissance au Dedans ;

aussi, quand l’angoisse au paroxysme du “ne-pas-être” vous broie,Sa Voix lointaine, douce, laisse couler les mots cristallins

sur le rivage du destin... L’Ouvert vers son chemin de Lumière.Voilà, de derrière les lourdeurs voraces de la difforme nuit,

l’Appel, comme un souffle léger survolant les marécages sulfureux.Tel ce condamné vers l’échafaud conduit qui,

par un jour de Soleil encore jamais vu,

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tomberait soudain à genoux près de la lame étincelante et fataleen contemplation devant le Mystère de la mort avant que de mourir,

foudroyé par un éclair venu tout droit de l’Inconnu-au-Dedansqui l’inonderait ici même, sur les marches de son châtiment,

de l’inexprimable bonheur d’ÊTRE déjà délivré à tout jamais de la torture,

avant que de laisser son corps en toute sérénité aux mains de ses bourreaux, bien plus prisonniers que lui en cet instant...

Le Mystère de la mort n’est-il pas celui de l’Amour ?Ne faut-il pas mourir, trépasser pour renaître au Présent de l’Amour ?

Depuis le début des âges, sur tous les continents,tous les destins marchent vers le Point d’Absorption,

chaque homme est inlassablement déshabillé pour réintégrer le Centre-Amour du corps subtil de la Conscience

où l’humanité se laisse porter pour brûler dans les étoiles.

La Force-Mère de l’Univers, créatrice et sustentatrice des mondes,unificatrice de toutes les forces de la Nature,

œuvre pour délivrer la Sphère Blanchedes griffes des commerçants corrompus au petit marché de la mort.

Elle défait les fils serrés de la malédiction, de la défaite à bon prix,

attrape et décrasse les êtres des petits hommes douloureuxpétrifiés qu’ils sont dans la glu du passé,

ce chaos de l’infernal...

Ils sont les incarcérés du Temps, ce faux monnayeur en habit respectable,

sur une terre qu’ils ne connaissent guère et saccagent d’autant.

C’est la peur qui, dans sa tyrannie, blesse en profondeur, paralyse les énergies de la véritable marche conquérante au Dedans.

Elle écrase, tord et déforme toute intensité libératrice ;ainsi étranglés sur le tapis de la terre ensanglantée,

les hommes végètent dans les cavernes de la Pré-Conscience.

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Ils ne savent pas combien ils sont les figurines d’un Jeu subtiloù se décide vraiment, en de féroces batailles,

ce que seront les événements qui font leurs destinées bouillant dans l’Athanor de l’Alchimie de l’Évolution planétaire...Car c’est bien la Force-Mère dans Sa patience qui sillonne sans relâche

les avenues du monde, Elle qui organise secrètement ses contradictions apparentes pour l’Aventure de l’Unique.

C’est Elle aussi qui sème et récolte d’un cœur nouveau, désendeuillé, Elle qui met le Feu aux maisons du confort délétère où dorment les habitants.

Oui, Elle fait tout pour que l’Enfant au fond pousse son cri, tout pour qu’Il s’avance enfin sur le seuil du Vaste,

sans crainte, ferme dans son regard, le pied décidé à fouler le vierge Infini de l’Incréé,

et à se dé-couvrir ÊTRE CELA !...

Ainsi Est-Elle : Maître et Force, Non-Manifesté et Manifesté,Promeneuse infatigable dans le Jardin de l’Univers et du monde,

Elle nourrit de Sa Main généreuse tous les oisillons dans les nids.

Vient la saison où Elle les éveille délicatement à la maturité, les pousse hors de la peur afin qu’ils accomplissent

le Retour d’un battement courageux d’Elle, amoureux, et s’élèvent vers l’Ether...

Dans Sa Main, toujours, portant toute chose, ils voleront en sécurité vers le Maître Oiseleur, invisible,

par-delà tous les sommets, le RÉEL.

Ils traverseront bien des mondes qui sont de la Création,des aventures innombrables les attendent pour tester

leur détermination, découvrant l’ensemble architecturaldes étages de la Conscience.

Bien des épreuves périlleuses seront nécessairesafin que, décantés de toutes les erreurs, les illusions du Mental,

de stations en stations, ils soient, là, le RÉEL, l’Uniquesans haut ni bas, sans surface ni profondeur, toujours CELA.

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Au Centre-Amour du corps subtil de la Conscience, la Sphère Blanche, sublime, parfois s’avance au devant,

tel un vaisseau spatial, étrange et libre d’un silence bourdonnant, s’élance au départ du cœur vers...

Rondeur, diffusion permanente de la Puissance-d’Amour sans objet,c’est vaste d’un Plein aimant dans le Tout qui chante.

Elle voyage de centre en centre dans la dimension de l’Ange,cet Espace inconnu sans temps ni espace.

Par le Processus merveilleux de l’Alchimie de la Force créatrice,la Triade de l’Un se révèle en une Danse de la Présence

sous tous Ses aspects afin que rien de la nature ne subsiste qui ne soit Ré-incorporé.

Alors, aux marches du Palais le Jour venu nous serons là,nos yeux en l’Œil de Vision et d’Extase, dépassant le petit “moi”,

pour pleurer fiévreusement, et nos lèvres épelleronten un Appel fervent le NOM infiniment long

se répétant sans cesse au Dedans :

AMOUR AMOUR AMOUR...

*

Le 12 juillet :

Vision de la nuit : en plein océan, je vois en transparence, au fond,une ville-labyrinthe d’où remontent des formes. L’impression de cettevision m’est restée toute la journée comme une indication du mystère del’Atlantide au-Dedans de Soi !

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Les portes à jamais ouvertes n’inventent plus les serrures.

Ce que tu verras sera pouvoir

Rien de ce que tu gardes ne pourra te préserver

Ces derniers jours, une expérience s’est répétée, toujours la même,à trois reprises ; comme une indication pour plus tard, me semble-t-il... Cefut ainsi : allongé sur le lit, le corps fut traversé par une puissante forcevibrant en spirale ; un courant de particules brûlantes descendit du crâneet fit une nappe de feu magnétique tout le long du corps. Conscience del’espace physique (?) qui s’élargissait lentement... Un ressenti de toutebeauté, très impressionnant pour le petit homme ! Puis, lentement,lentement... cette conscience physique se mit à monter, monter, monter,comme une sensation de lévitation de l’intérieur. En fait indescriptibleavec les mots ... Dès à présent, je puis dire que c’est une expérience à part,sur le plan de la conscience corporelle (?), comme une indication d’unprocessus à venir pour le corps réel... Quel étonnement de lire un passagede “La Vie sans mort” de Satprem, que je n’avais jamais lu, où il relateune expérience semblable. Comme une indication ! Pourquoi une telleexpérience maintenant ? Car vraiment je la sens très à part, n’ayant rien àvoir avec la phase que je traverse actuellement. La Grande Intelligencesemble me préparer à “quelque chose” en me donnant de tels clins d’œil...

*

Note de l’auteur : deux poèmes issus du recueil “Descente de la

Lumière” en 1987 semblent avoir annoncé cette étrange expérience

d’infusion de la Force dans le corps. Ou bien ces poèmes traduisent-ils une

interprétation du mental qui a toujours cette fâcheuse tendance à se gonfler.

Il se peut donc que ces deux poèmes transposent une phase d’infusion de

la Force dans le physique subtil dans le plan matériel le plus dense... Voici :

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Vers l’autre état de la Matière

Dégagé de l’obstruction des sens la Lumière ravive la MatièreRapt du secret échange À la cime de son aspiration incessante

l’éclat du corps par la densité de ce printemps sourire en spiralese mouvant Quel étonnement de naître à jamais de son

exultation première La matière devenue en sa lente scansionchair irradiée dans le Rythme-Silence Voile imperceptible

Effacement Rencontre confondante de l’Intensité foudroyante du RegardDéchirure de l’air d’où un Autre état de la Matière prend corps

Vibration-du-Silence-de-la-Lumière pénétrant la peau trouant le mot

Le Corps-en-Soi

Ton corps retourné dans la Matière nuRayonne

Mue de l’étreinte solaire

JOIE

Les couches de la peau se délientGestation à rebours

de Celle en sa naissance au matin clair te hisse

JOIE

Au cône de la coquille Lieu du passage infiniment percéun rayon fil du divin se glisse

à l’intérieur de la turbulente mémoire

JOIE

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De l’éveil le geste juste est sourireOffrande du Corps-en-Soi

Vérité de la Matière qui aimeet prend ta forme

JOIE

*

Solitude colossale. Si difficile de se confier à son meilleur amiPhil. Je ne peux même plus lui parler vraiment. Quelle énigme ! Lui-même est très sceptique, les échanges sont de plus en plus tendus.Pourquoi ne pas se confier à Satprem ? Comment le joindre ? Toujoursplus seul !

*

Une Soif !Tout du dedans en érection vers le Ciel

Une Soif !Toute la bougie aspirant la brûlure du Soleil

Une Soif !De cet exil, le goût insupportable d’être mangé

par Ton AmourUne Soif !

Que ma misère se tourmente et se fasse friandisepour Ta Bouche-de-Lumière

Si Soif de Toi !

Et Toi, si soif de Toi ?

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Le 17 juillet :

Une Lumière jaune très claire allant vers le blanc a explosé aumilieu du front. Un éblouissement ! Tout le corps a connu une très grandechaleur et une accélération cardiaque paroxystique. C’est une telle sur-prise ! De l’intérieur, une immense confiance et un élan d’amour toujoursplus fervent. Le Divin et uniquement le Divin ! Tout mon amour auxGrands Êtres ! Toujours plus d’attention et de discernement dans un appelvrai, aimant... C’est la clé !

*

Glisser vers Toi sous le voile de la ronde des mondesLaisser Tes lèvres de Feu mordre les artères de la misère

Donner en offrandele Fils de la Nuit à Ton Jour extatiqueL’enfant de soufre au vertige du Loin

Se confier en la glissante certitude vers Tes Soins,Je ne sais plus, je ne sais plus, je ne sais plus

Qui je Suis,De quelle contrée je viens

Où je vaisPar quel regard me rassurer

Seul s’éveille un sentiment d’étoileUne fulgurance de cataclysmique Lumière

De la Comète du Verbe

Je ne sais, je ne sais, je ne sais...Inconnu Je Suis

M’éloignant des certitudes vers l’unique certitude de l’Inconnu

Je sombre dans le volcan !Seul subsiste ce sentiment d’étoile qui fuse en permanence

Glisser vers Toi, vers Toi seul !Verse Ton Eau-Feu douce et puissante

Détruis le petit “moi” féroce,Celui qui se prend encore pour “quelqu’un”

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Ce “petit”, Je ne le Suis pasÔ ! Mon Aimé,

Tu es ma Délivrance

Glisser vers Toi, glisser vers Toi, être au Dedans de Toi

Être Toi seul !

*

Le 19 juillet :

Éprouver le MANQUE au plexus solaire, voilà l’affreuse chose !De cette sensation de manque, un hurlement au VIBRANT !! Je mesouviens de cette vingtième année où j’ai passé un an complet, secondeaprès seconde, à ressentir une épée d'angoisse terrible dans le plexussolaire. C’était une torture constante et je ne pouvais me reposer qu’avecdes calmants ou de l’alcool ! Qui peut dire la cruelle et misérablecondition d’un homme en manque de l’Essentiel ?!

Il aura fallu assumer l’isolement, le regarder, pas à pas, dans cettefoule folle de Paris hypnotisée par son avidité économique et sexuelle.Quelle violence nous sommes ! Cette violence qui baigne les moindrestissus. Quelle violence que l’humain en manque ! Il est capable dedétruire, de tout détruire !... Toutes les horreurs du monde sont liées à cemanque de l’essentiel !! Qui détruira cette violence ??...

Plonger au fond ! Plonger sans savoir !!... Ne plus pouvoir faireautre chose que plonger avec la Lumière dans l’humaine misère qui estnotre responsabilité, notre MYSTÈRE ! La LUMIÈRE ! Elle SEULE peutnous Libérer ! Vivre dans la respiration simple et dans ses pieds, que c’estdifficile !

QUE TA VOLONTÉ S'ACCOMPLISSE ! QUE TA VOLONTÉ S'ACCOMPLISSE !

QUE TA VOLONTÉ S'ACCOMPLISSE !

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Le 29 juillet :

Depuis la séparation avec P., et un peu avant d’ailleurs (larécurrence du nombre 44 dans maintes situations me l’annonçait déjà !),une expérience de “descente de la Force” est venue et a commencé en moison travail. D’ailleurs, tout ce qui a précédé a fait partie du plan del’Intelligence qui me préparait déjà à cette alchimie merveilleuse etterrible en cours d’accomplissement. Si je regarde bien, depuis monretour sur Paris il y a un an, toutes les conditions me sont données pourque s’opère le passage. Le fait est là, je ne discute plus avec l’injonctionde la Force. N’est-ce pas, la Force divine a des relations particulières avecchacun, et cela est notre mystère. Je peux voir jusqu'à ce jour toutel’Intelligence qui a œuvré pour me conduire à cette descente de Présence-Force et les premières grandes secousses déterminantes de l’an dernier.Avec Phil, nous avons beaucoup déblayé le terrain. Cette relation siconflictuelle, si intense, m’aura conduit à l’impasse et à la merci de laToute-Puissance. Mourir était ma seule disposition. Je rends grâce àtoutes les conjonctions, à toutes les rencontres qui se sont produitesdepuis ma naissance...

*

Je me soumets à Celui-là Seulqui n’est pas Humain

mais Point Vibrant de l’unique Grandeur

Je suis celui pour qui la soumission est le plus grand Bonheur.

*

Aujourd’hui, l’expérience est très très puissante. Après lespremiers flots de foudroyance et d’immobilité que j’ai connus, abattupendant plusieurs mois après ces traversées du monde astral, ces rêvessymboliques et ces signes continuels dans le monde physique, me voicimaintenant à Paris dans une phase de solitude impliquant une plus grandeprofondeur encore. Actuellement, je dors 3 à 4 heures par nuit, dans la

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nécessité de me soumettre lucidement le reste du temps à cette Force.C’est le divin voyage ! L’alchimie par la “Force d’en haut”, sur laquelleSri Aurobindo et Douce Mère ont tant insisté, est un fait. Je suis de touteévidence guidé et n’ai aucun doute. Je me vis comme disponible et m’enremets complètement à Elle. Je suis les injonctions d’un ordre très précis.Témoin, la Lumière-Force œuvre dans le mental intellectuel, puis dans lecentre de la gorge, du plexus solaire, dans celui au-dessus du nombril, etdans actuellement le centre-racine à la base de la colonne vertébrale...Quelle intensité merveilleuse ! Mais que de frayeurs aussi pour le “petitbonhomme” quand la Force jaillissante pulse au sommet du crâne ets’écoule ensuite dans le corps subtil (éthérique) selon des voies précises !Au moment même où j’écris, cela coule le long du cou et, la nuit du 24au 25 juillet, jour de mon anniversaire, j’ai eu un divin cadeau...

Le matin, je reste environ trois heures au lit et deux heures le soirpour laisser agir intensément. J’y suis contraint par la Pression, il n’y apas à discuter. Ma seule tâche n’est-elle pas de discerner, de voir ce qui selève et voudrait ternir la Beauté ? Combat ! Guerre ! Abandon ! Mais lemental est dans un silence et un tel calme ! Ce que je vis à ce jour est leplus beau cadeau qui puisse être fait à l’être humain sur cette planète !L’immensité de la Joie me submerge dans ce dévoilement ! La grâces’accorde, après toutes ces années d’ascèse ! C’est un conte merveilleuxque je vis ! J’entre dans la nouvelle vie !!...

*

Le Divin Est dans le Cœur Feu de Vive JoieLui qui parfume Ses profondeurs de Sa Présence infinie.

Vers Lui le corps de la bougie se consume !Plus grande, plus intense est la Lumière,

l’ombre illuminée s’estompe.Le Saint Soleil bénissant, entre le pur et l’impur,

Il boit la différence.

Le Divin dans le Cœur est la Force du vivifiant Amourreliant les vents du Nord au Sud, d’Est en Ouest

le Souffle pousse l’Âme-Voilier dans son Odyssée...

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Ne suis-je pas ce mendiant parti sur de hautes mers,infidèle maintenant aux rivages connus ?

Il n’est plus temps de périr, mais d’aller mourir lucidement.

Je suis mieux ancré maintenant dans la confiance souveraine !Que vents et marées, tempêtes du décor,

entonnent leur esbroufe attisée par les palefreniersaux humeurs âcres,

je suis de pied ferme, maintenant.le Divin est dans le Cœur

Le Divin est dans le Cœur,L’Amour réunifiant les vivants et les morts en un seul Univers.

Que le Saint bénissant soit reçu

*

Le 19 novembre :

Heureux de lire la dernière lettre de Phil qui témoigne d’uneouverture dans le cœur et d’expériences subtiles. C’est si bon de partageravec lui ses dévoilements de l’Intimité, après toutes ces années de galèreensemble ! Que ne faut-il pas traverser ! “Faut en baver”, comme ilsdisent ! Nous sommes les Fils-de-la-Lumière et Elle vient nous porterpour dénouer les nœuds et nous relier à la Vie, au cœur de la palpitationdilatante, dans la chaleur de la nuance et de la tendresse spontanée ! LaMain de la Présence est là aussi bien dans la statique que dans ladynamique. Elle est cette capacité amoureuse de pénétrer consciemmentle mensonge et d’en vivre la fécondation transmutatrice, tout est là !...

Ce fut si dur il y a quelques temps, lorsque je devais marcher 10 à12 heures par jour dans les conditions de mon travail journalier, le mental-vital avait du mal et la vie était ressentie comme une situation atroce... Le“non” était intensifié à son paroxysme. Dans l’équipe de tournage, j’étaisle lent et vilain petit canard... En amont, le mental était dans une grandepaix, sans aucune pensée, très concentré et, un peu plus bas, le couac, laconfusion. Un tiraillement épouvantable entre ce silence mental et la viedans le bassin !

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De plus en plus conscient que cet activisme professionnel est unécran intelligent du subconscient qui donne le change d’un semblant devie, mais c’est l’activisme d’un zombie et de la mort... Nous faisons, nousfaisons, nous faisons, nous buvons, nous mangeons, nous baisons, et voilàtout le petit manège, toute l’affaire dans le sac et le trac du petitbonhomme humain... D’ailleurs, toute l’équipe de tournage n’a pas étésans remarquer qu’il y a en moi quelque chose de “pas catholique” ; ilsme surnommaient tous “Little Big Man”. Même le réalisateur est venu mevoir un jour en me demandant si je n’étais pas un mystique ; d’ailleurs,j’ai découvert que lui-même était très angoissé et passionné d’alchimie.

Être dans la soumission comme je le suis depuis un an est monseul sauvetage. Il m’aura fallu trois semaines pour trier, intégrer, et medégager des suggestions de ce tournage, mes nuits sont placées sous lesceau de l’attention au chaos du subconscient avec ses désirs dans lesdifférents plans. Phase de grande sueur et de transpiration des toxinesintérieures. Plus nous montons, plus il faut descendre, n’est-ce pas ?! Pourle “petit bonhomme”, l’aventure alchimique qui se déroule au-dedans estun émerveillement de terreur. Depuis trois semaines que je ne travaille passocialement, la Force suit son Plan d’Action. Son Processus ne m’est pasétranger, bien qu’il reste toujours inconnu... Quelle solitude ! Et face à cemur, cette zone, l’appel de l’accouchement. Mourir, naître ! Voyage dansla longue agonie, la longue mise à l’épreuve, l’épuisement vers TOUTAUTRE CHOSE... Les mots n’ont pas le pouvoir de dire...

Je vois mieux en quoi la religion peut être un support confortablepour ceux qui veulent avoir bonne conscience. Mais dans cette alchimie,cette cuisson, tous les dogmes et la théologie religieuse doivent mourir ennotre cerveau. Je suis tel une ruche d’abeilles qui bourdonnent à l’unissonde l’unique Son de l’Abeille Reine. L’air est une grande fleur où moncœur butine et danse. Je nais à l’Evidence et meurs au berceau de lanaissance...

D’autre part, je constate que les quelques individus qui mecôtoient ressentent des choses bizarres lorsque nous nous rencontrons.

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Petite note de précision : quand la Vibration nous porte, il n’y aplus d’obstacle car Elle intègre Elle-même progressivement tous lesétages de mentalisation qui architecturaient l’énergie de notre nature, etnotre Point-Centre est au diapason de la réceptivité. Aussi, quand laVibration est suffisamment consciente au-dedans, il n’y a plus cesdécalages entre les centres, mais une intégration des niveaux entre euxque l’on pourrait qualifier de “réalisation”. Ainsi, lorsque nous sommesdans la dynamique de la vie du monde, ce n’est plus le témoin mental quiobserve ou plus exactement le mental récupérateur de la Vision qui sepose en tant que témoin, car cela est une ruse qui fait que nous restonsfigés dans la vie, protégés, invulnérables, apparemment, aux attaques etaux suggestions extérieures. Faute de mieux, le frigidaire a ses avantages !Mais fort heureusement bien sûr, le pouvoir des suggestions fait son jeuet quand le contrôle se relâche, les remontées subconscientes nousentraînent dans un flot de dépression et de découragement, voire dejustifications féroces. Nous sommes alors déséquilibrés, et l’effort et lecontrôle de soi ne font que renforcer ce déséquilibre. La “Force” ou, avecd’autres mots, la Présence Consciente est ce qui peut supporter ce mondedes suggestions mentales. Mais, pour cela, il faut être de plus en plusidentifié à Elle, coulé en Elle. Nous sommes alors en sécurité dans ledanger et préparés pour le grand chambardement et renversement de laTénèbre dans la Lumière.

Je constate d’autre part que le degré d’intégration en soi de laPrésence est contagion dans les rencontres, les événements. Le monde sedésintègre et s’intègre en Toi, miraculeusement. La Présence devientReine, tu es le lieu vassal, tu es le divin esclave de Son Altesse, et mêmela rébellion et la violence du diviseur - s’il existe - n’en deviennent pasmoins, Ô merveille!, irréalité ; voire même, toutes les oppositionsapparentes sont réalisées dans une parfaite cohérence de notre Visiond'Intelligence, c’est pourquoi il est possible de sourire dans le flotcontradictionnel du mental sur la vie. Ce n’est plus alors le témoin dansle mental, mais la Présence qui assure une base stable de Vision dans latransformation, alors il est possible de marcher partout en touteconfiance ! Tout ceci est bien sûr progressif et nous avons chacun uncontact particulier avec la Présence...

Nous sommes la solitude que rien ni personne ne pourra partager.Ne sommes-nous pas d’ailleurs à des niveaux si différents qu’il est

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quasiment impossible de nous comprendre ? Et nous-même, necomprenons-nous pas autrui seulement à travers notre propreinterprétation de nous-même ?

Comprendre autrui ?... Ceci implique la “Réalisation”, du moinsune intégration dans la Conscience cosmique pour mieux englober ladifférence. Le chemin est rude et la vie offre tellement d’opportunitéspour nous vérifier ensemble en éprouvant les moindres parcelles de “moi-je” qui nous opposent et nous confrontent ! Une ouverture à autrui pourébranler l’enfer-qui-me-ment ou l’enfermement. La victoire est certaine !Aussi, puisque la divine Présence Veut nous réabsorber, il n’y a plus qu’às’abandonner le plus totalement possible, traverser l’horreur qui nousrecouvre et plonger, s’immerger dans la Merveille. Nous sommes ici surla Terre pour le Grand-Œuvre de la Joie !

*

Qu’il est terrible et merveilleux de voir si clairementles mailles, la trame du linceul où ne finit notre agonie...

De Ton regard de Feu qui sonde les abîmesTu me veux veilleur à jamais disponible

Ton Eau-de-Feu dévoile l’Espace bleuau rendez-vous des artisans, passeurs du monde vers le cosmos

ils te chantent le mot de passe

Qu’il est merveilleux et terrible d’entendre Ton Appelde sentir Ta Main exhortant mon courage

à transgresser les rouages des croyances tortionnaires.Au fond, je me sens tout autre !

Au fond du fond, je Te sens être le Maître VivantToi le Délieur des fils, le Fossoyeur à l’envers,

le Parfumeur d’Éternité Moi, petite flamme traversant la paroi

des poupées-gigognesme voilà hors de moi

sans motsconfondu dans Ta Perle bleue...

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Le 22 novembre :

Avec Phil, l’un et l’autre nous contribuons à une éclosion depuisque nous nous sommes rencontrés. Dès le premier instant où je l’ai vu etoù j’ai capté son caractère, j’ai senti qu’il allait se passer “quelque chose”.Depuis 1985 et ce voyage en Suisse, de l'eau a coulé sous les ponts etchacun de nous, par contraste, s’est précisé. Je suis plein de joie et très enfête ce soir d’apprendre la percée “de l’autre côté” qu'il relate dans sadernière lettre. L'ascèse mentale nous aura conduit jusqu'à l’impasse.Merci à lui ! Maintenant, c’est une phase d’abandon et c’est Elle qui Peut ;nous, on n’en peut plus, on est exténué ! Sans Elle, sans Ses Ailes, rienn’est possible... Est-ce qu’il ne va pas trop vite dans l’interprétation deson expérience ?

Important de comprendre avec Sri Aurobindo, la Mère et Satpremque la réalisation au bout de tout le processus peut être physique. Sans leciel de “la Vie Divine” qui m’est tombé sur la tête, je me serais peut-êtrecontenté du Nirvâna ou d’une Blancheur en dehors du corps. Nous avonsquelques percées autres, comme des confirmations pour l’avenir ?! Çabouge beaucoup depuis 85 et bien plus depuis août 87, et 1988 : lebouquet du début de la fin ! 8, le nombre de l’Essence cristalline ! Lecristal purifie, fait vibrer jusque dans les cellules. D’ailleurs, les cellulesn’ont-elles pas un cristal dans leur composition, les “centrioles” ?...

*

Je vais rompre le silence sur une expérience extraordinaire. Voilà :très précisément la semaine du 7 au 13 novembre fut un tournant décisifdans l’Alchimie qui édifie petit à petit mes corps intérieurs... Depuis unebonne année, de manière continue et de plus en plus présente, la Forcedescend et de nombreuses expériences d’éveil des différents plans de lanature se déploient. Entre autres, je garde la délicieuse saveur del’esquisse du mariage intérieur des pôles masculin et féminin en unedanse si belle... Immobilisé pendant des heures sans pouvoir bouger lemoindre doigt, seulement témoin et instrument d’une avancée vers le“mur”. Un mur, aussi étrange que cela soit ; au pied d’un mur magnétiquetrès puissant. Pendant des heures, j’étais enveloppé de la souffrance demourir, mourir, mourir, s’enfoncer dans la mort ainsi, toujours. Etl’inénarrable puissance de la souffrance et du jaillissement exubérant de

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la Joie ! Le Feu de l’Intelligence est une foreuse, un marteau-piqueur, unrayon-laser perçant, trouant le basalte du mental et reliant un à un les filsténus de la soie subtile des corps pour la “correspondance-répondance” decentre en centre. Les mots sont de bien faibles réflecteurs de témoignagepour traduire cette si insaisissable finesse alchimique qui nous conduittout droit vers la mort..., mort du “personnage”, de la “pensée de je”...

Et puis, ce déchirement, ce craquement infini et le bouleversementde toute la vie dans le cri qui ne pourra s’écrire. Le cri sur l’ardoise dumonde pulvérise les tuiles du poids du toit de la limite et une ouverture enplein ciel, la vertigineuse montée et la sortie, l’entrée dans le Silence, leCalme et la Paix. Tous les centres vibraient à l’unisson, bourdonnantcomme une ruche d’abeilles, l’ensemble des centres étaient alors dansl’Axe. Fait étonnant, je me suis retrouvé les deux jambes à la verticale etj’ai été marcher dans le parc où tout vibrait, dans la clarté et latransparence des fleurs parfumées et la puissance délicate du son desoiseaux dans lequel je voguais par l'Unique Son. Au cœur, la quintessencede toute chose, la vision et l’éprouvé de la pénétration directe de tout. Cefait-là est en amont du physique le plus dense et du plus subtil des corps.C’est la Paix et le Silence, la Lumière et le Son en amont de la natureinstrumentale, et qui l’enveloppent “du dessus”. C’est en quelque sorte“méta”-physique. Et il est important de ne pas confondre cette libertéméta-physique avec des interprétations qui concerneraient le corpsphysique lui-même. Voire Phil ?!

À ce sujet, je puis confier qu’en Juillet dernier j’avais connu àquelques reprises une vibration de la Force très différente de Celle quiœuvre “habituellement” en ce qu’Elle avait “pris”, semble-t-il,directement la substance la plus dense*. Une sensation de gonflement ducorps physique ! Ça semblait vouloir craquer dans le plus dense... Cettesensation d’une rare puissance, je l’ai eue quatre fois jusqu’à ce jour. J’aipu trouver par “hasard” quelques similitudes dans “La Vie sans mort” deSatprem, mais je suis très réservé quant à aller plus loin et ne participe pasde cet engouement des satpremiens pour la transformation supra-mentaledu corps. Voilà ce que je peux répondre à Phil pour bien l’encourager àdiscerner et ne pas se hâter de vouloir que les expériences soient commele mental voudrait qu’elles soient...

* Cf. note du 12 juillet 1988.

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Je suis conduit par Toi au Lieu sans avenirsans temps et sans espace

où ne réside plus ni l’inspir ni l’expir !Abîmé dans le Silence,

Pour toujours Ta transparence.

Tu conduis cette puce de Lumière en Ton lieuOù n’existe plus aucun savoir,

Là où meurent toutes les servitudes du chercheur.

Ici, plus rien que Ta Splendeur

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Le 11 décembre :

Dans Paris, ça suffoque physiquement de plus en plus. Avec lesgrèves de la RATP, physiquement, c’est une pression terrible. Qui a ditque “la matière physique est une”* ?! Ici, l’individu prend chaque jour sonbain de collectif, forcé de glisser dans la peau de l’autre, de le respirer, dele traverser... J’ai eu une discussion pendant deux heures avec uncostume-cravate qui faisait le procès de la société et du monde ; sespropos étaient très nuancés.

* Allusion à l’Agenda de Mère.

*

Le 4 décembre au matin, alors que je venais de voyager pendantdeux heures dans l’astral pour retomber dans le corps physique, il y a eusubitement une jonction entre le physique subtil et le physique plus dense.La vision subtile, en dehors des perceptions physiques, avec une hyper-réalité des formes, des sons, des couleurs, du toucher ; là, avec cettejonction, c’était comme si ça passait directement à travers le physique. Cen’est peut-être qu’une projection et une interprétation. Je découvrecombien, tant qu’on n’a pas tout traversé, tout ce que l’on peut dire des“ouvertures”, des “expériences”, est teinté d’un mental interprétatif quidit comme il voudrait que cela soit : soit en hyper-valorisationfantastique, soit en hypo-dévalorisation misérabiliste. À peine étais-jeretombé dans le physique que ce contact ou cette “jonction” permirentl’ouverture des yeux intérieurs dans une grande douceur ; ils se sontouverts sur ma chambre et je ne pouvais dire si c’était les yeux physiquesqui étaient ouverts ou les yeux subtils, mais les murs, les objets, toute lapièce, étaient irradiés de lumière ! Dans le plan de la réalité physique, ilpleuvait ce jour-là. Les livres sur mon bureau vibraient, des fleurs delumière tournaient. Quel étonnement ! Quel choc !

En même temps, chose étrange, je sentais la présence d’un être quitirait un cordon au niveau ombilical ; il y avait une grande douleur et jefaisais mon possible pour couper ce cordon. Alors une grande peur m’asaisi et j’ai hurlé à l’aide ; je voyais les paupières se refermer lentement

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et la jonction s’évanouir. Retour à l’ancienne vision, nouveau choc dupassage d’un côté à l’autre. Je vis des troubles intestinaux persistants et levital est à rude épreuve, avec son subconscient qui sort ses multiplestêtes... Une vision de plus en plus nette de la physiologie intérieure, desorganes.

D’autre part, recherche d’une alimentation moins lourde, ce quientraîne de nombreux réveils subtils ; nous sommes ce que nousmangeons, n'est-ce pas ? Nous sommes le degré d’attention qui nousféconde. Remettre tout notre mode de fonctionnement humain enquestion provoque bien des ruptures et des chocs ! Nos habitudesalimentaires, d’ailleurs, sont le reflet de nos attaches, de nos tampons. Jeporte beaucoup d’attention et de joie au mode de préparation alimentaire ;tout devient passionnant dans les moindres détails ! Ce n’est pas vain,c’est vraiment divin ! Le sens se révèle par une vision globale.

Mes nuits sont un apprentissage, une découverte des différentsplans de structuration du sommeil. Le matin, il faut se bourrer à nouveaude Conscience car tout de nous-même voudrait encore dormir. Cela medemande un effort pour secouer l’ensemble de ma nature. Mais vraiment,toute cette découverte du conditionnement est passionnante !

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Lointaine maintenant la rive !... J’ai quitté les sentiers sentinelles

Je suis marcheur d’un autre monde En contre-monde, en contre-ciel

Invisible au profane le voyage de l’Âme !

Le Visage se délie des rides du tempsEt le cœur perd la force des chagrins

Au fil des pas s’évanouit le pays des naissances et des morts

Car il n’est plus possible, en arrière, de revenirEn de paradoxales visions du Royaume de l’Amont,

me voilà porté de stations en stations

Aller jusqu’au boutLà où l’on ne marche plus

Là où nul n’accède et où tous se perdent...

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Le 25 janvier :

Quand la Grâce sera incarnée, nous serons l’Efficience ! Noussommes dans le creuset du secret de notre incarnation, et quelque chosede tout à fait spécifique, unique, s’élabore pour l’univers, pour la Terre. Ilest, de source sûre, que nous sommes la résonance cosmique du Grand-Œuvre que seule notre aspiration et notre consécration rendent possible...Le Devenir n’est-il pas l’actualisation dans nos corps de la possibilitéd’ÊTRE ? Il nous faut être débarrassés de la croyance en “l’espace-temps”, la relativité. La Présence sait comment détendre cette trame, cettecuirasse de l’espace-temps psychologique. Cela ne peut en aucune façonse produire par un effort du mental sur lui-même. Chaque corps ou étagede notre nature a ses propres représentations de l’espace-temps, mais qui,une fois brûlées, laissent toute la place à la même chose, à savoirl’inconcevable mouvement libéré. L’espace-temps, cette mentalisation,cette croix de souffrance...

La conscience enfantine ne prend-elle pas sa source dans le tout-possible de l’inconscience qui la caractérise ? Je me souviens de la courde récréation où je me vivais omniscient, omnipotent, omnipénétrant, sivaste dans le petit carré de l’école..., et cette joie qui me portait, et cettecourse où mes pieds touchaient à peine le sol, j’avais l’impression dem’envoler !... Jusqu’au jour où je suis tombé et où le corps s’est mis àsaigner. Ce fut alors la prise de conscience de l’arête et de l’arrêt dans lalimite de notre physiologie, de la douleur, du mal, du sang. Ce fut commeun arrêt d’envol, peut-être bien le début de la prise de conscience ! Alorsdébuta le voyage dans la fixité, la codification, la construction d’unepseudo-sécurité. Aujourd’hui, je souris de tous ces modes codifiés duvivre car la Présence fait s’écrouler comme un rien tous ces HLM de lamisère mentale. Débarquant dans cet “autre chose”, hors descatégorisations, un grand rire me prend lorsqu’est vu tout ce magma de ladifficulté et le vieux parler porteur du manque et de l’absurdité mentaled’où le sens s’échappe. Séparation du Vivant et des mots, du Vivant et desmorts, entre les vivants physiquement réunis, le “moi-je” et le “non-moi”s’entrechoquent. Vertige ! Certaines expériences subtiles m’amènent àdire que l’évolution dans le domaine subtil peut amener des changementsdans le physique dense... Ne suis-je pas ce paradoxe à la croisée de tousles chemins ?

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Transcription d’une expérience alchimique : je tombais dans uneétendue d’eau où il y avait des canards. Il y avait refus de tomber... Unemain me fait tout de même tomber dans l’eau pour commencer unedescente à travers différentes couches, avec différentes sortes de poissons,puis un premier étage avec des animaux préhistoriques empaillés dans descompartiments, des alvéoles de terre, puis un autre étage avec des têtes encire, j’y ai reconnu tout particulièrement Louis XIV, parmi bien d’autres...Puis un autre étage, c’était le lieu de la vision de la structure physique,disons de la substance la plus dense, l’ambiance y était très bizarre et lavisite strictement guidée, je ne pouvais en aucune façon regarder selon undésir personnel. Puis la vision d’une structure blanche très complexedégageant une vibration de haute subtilité ; j’y ai mis mes mains pour meréchauffer, pour en capter l’intensité. Je comprenais alors que c’était lacellule, tout au fond, porteuse de tous les décors de l’histoire de l’espaceet du temps, tous les habits de l’aventure alchimique de la Consciencedans Ses stades évolutifs. J’ai voulu regarder plus en aval, plus en basdisons, et là, moment délicat et rapide, j’ai vu du noir profond, trèsprofond, avec quelques filaments de couleur rouge se déplaçant, et puisclic-clac ! Terminé !

*

L’ensemble de l’univers, jusqu’à son mode physico-chimique, eststructuré par une musique de “fond-essentielle” et la note “Ré” en est peutêtre la plus puissante, elle dont la résonance dans le corps peut allerjusqu’à dissoudre un noyau cancéreux... Découvrir de l’intérieurl’enchaînement moléculaire par le Son ce serait se ré-accorder àl’instrument du plasma cosmique. Rien que d’écrire cela me donne levertige !... Dans tout ce grand chantier que je suis, il y a eu aussil’ascension dans le plan du mental subtil, des pans entiers de connaissanceont été dévoilés en parallèle d’une série d’avalanches morbides du vitalinférieur. Beauté de la Lumière d’Or dans sa vastitude trans-personnelle,l’élévation dans un calme et une puissance vibrante où je fus conduit prèsde la voûte des constructions causales, et là c’est une visionmerveilleusement terrible car on flirte avec la connaissance de tout lefardeau que nous portons sur le dos. Mais heureusement, dans cette nuit,il y a un phare !

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Il m’est encore très difficile de formuler tout cela, pourtant plus onmonte, plus il faut descendre. Mais il est fort probable qu’il se révèle, enmême temps que cette descente, des instances toujours plus hautes dumental supérieur compte tenu de tous les effets secondaires qui seproduisent dans les plans inférieurs et les attaques féroces du “mental-vital” subtil. J’apprends à m’aligner très rigoureusement pour être en faceet en phase avec le NON dans ce vital subtil ou occulte. Le nettoyage duvital mentalisé est une sale besogne ! En fait, tout ce qui est mental estune horreur. Je suis un chantier en bombardement constant, je suis enpermanence sous le choc. Enfin, je bascule dans un autre temps, un autreespace...

*

SOLEIL, Toi qui ne connais jamais la nuitToujours à ton Zénith, Tu luis.Créatures d’un mental monstre

nous tournons autour de Toipour que cette nuit s’éveille

et cesse de dispenser les rêves d’un autre jour

Toi de Feu-FixeTu m’aspires toujours

plus près de Ton orbe incendiairetel un phosphène réabsorbé

J’ai si mal de ce manteau d’épines et de crocsinversé, à mon déclin, j’ai si soif de Ton Amour

mourir, mourir infiniment Amant de Toi

SOLEIL d’avant les soleils physiquesImmobile, Haut-Point

Je n’ai de cesse de laisser la robe de l’opprobredisparaître dans Ton Feu-d’Allégresse,

Oui, de nuit en nuit, gravir les mondes parallèleset m’aligner en droite ligne vers le Plus-Haut

oser lever la tête et laisser mon univers de rêvese calciner à souhait,

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Que Ta Hache Solaire fende le crâne de l’obstinéhisse le Noyau-d’Âme noyé

désarme la larveje suis épuisé de nuire à ta Beauté

Oui SOLEIL, Toi qui ne connais jamais la nuitmoi qui l’ai connue pour Te languir,

C’en est assez de tant de peine, de tout ce manège où les messieurs et les dames sont le tissage des drames

dans les pissotières du passé

SOLEIL, sur l’océan des illusionsSois le Capitaine de mon navire

Ne crains pas de redresser la barreDégage le vigileSois le Veilleur

Tire le manteau des équinoxes et le fil des constellations.Ramène-moi vers ta Terre conquise

Je ne veux plus de cette guerre psychique de ces conquistadors en mal de pouvoir

Je ne veux plus des Amériquesdes egos d’or

aux aromates et aux épices de la flore intestinale

Oui, je me rends à la Mère-Prêtresse Foyer-de-Vie où moi, étincelle, je veux revenir éblouide l’Immense Mouvement où les terres sont fertiles...

SOLEIL, Toi Seul,Tu es le Point-d’Éternité

Où le Ciel et la Mer par la Terresont Amour

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Le 26 janvier :

Chaque matin au réveil, nécessité de re-dynamiser, de remettre enrythme l’ensemble de la nature, voire même que les différents corps sereconnectent entre eux : se lever, se frictionner, parler à la nature commeune maman viendrait la réveiller et lui donner de la tendresse avantqu’elle aille à l’école de la vie, se sensibiliser à la respiration, ouvrir lafenêtre pour recevoir le subtil de l’électromagnétisme de l’air. Noussommes chargés d’une mémoire qui retient tout dans les moindres détails,qui emmagasine ; tout est pris en compte et tout est compté. De ce fait, ilme faut être attentif à chaque instant dans l’état diurne et bien voir etéprouver toute cette mécanicité. Dès le matin, au petit-déjeuner, c’est déjàle bla-bla du passé qui veut prolonger la mémoire dans le présent. C’estune cacophonie effroyable ! Tu es bourré de slogans et de pubs ! En fait,il nous est demandé d’être toujours plus sensitifs à notre ensemblestructuré de vie. Ce mental a horreur du Silence et de la Vacance.

Dernièrement, j’ai eu cinq jours de tournage épouvantables, àtremper dans le mensonge le plus “cloaque”...

*

Le 1er février :

Chaque jour, c’est un bouleversement au-dedans et les signesextérieurs suivent avec une telle correspondance ! C’est tel un silencesouriant qui survole tout ce remue-ménage, tout est si relié quand noussommes éveillés à la Vibration du Divin Créateur et que le OUI s’affirmepersistant ! IL est alors opératif dans le magma mental qui affirme NON.C’est à la limite du supportable quelquefois, pour le petit bonhomme, çafuse de partout ! Ça demande de bien intégrer toutes les nouvellesdonnées fréquentielles. Il y a quelques jours, d’ailleurs, je suis sorti deslimites physiques, transporté “ailleurs”, dans l’écoute d’une fréquencemusicale très haute. Je me retrouvais à voyager sous la voûte céleste quiéveillait la beauté en mon cœur. Sous cette voûte, ma vision contemplaitet traversait des temples de civilisations très anciennes (grecques,

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égyptiennes, etc.), ces temples avaient leur profondeur argentée dans lapierre, ma conscience passait au travers, toujours dans la contemplationbéatifique des étoiles, du cosmos, et cette musique était si belle, inaudible,inouïe, jamais la mémoire ne pourra reproduire les notes ! Je fus lacontemplation de l’immensité océanique plongeant dans la profondeur dunoir argenté.

Depuis, j’entends de plus en plus des sons au-dedans, liés auxcouleurs, aux symboles visualisés frontalement. Il se révèle de l’intérieurla rythmique musicale de tous les aspects de moi-même ; cettepurification et ce dévoilement demandent le grand OUI de notre Amandeen toute circonstance, ce grand OUI doit s’affirmer jusque dansl’adversité, la ténèbre, le double, le diviseur qui nous parasite, et seulecette puissance réelle du OUI est la possibilité du ré-alignement par ledon, la soumission de notre Essence au divin Feu qui opère de l’intérieur.Flamme, tu dois consentir à recevoir ce “La” de l’Instant, ce Son essentielau diapre-a-Son de la Note universelle. Être la note “la” pour que tout soitaccordé. Tout change à partir de l’instant où la divine Présence Se réveilleen nous. De la perception en deux dimensions à la troisième...

*

Le 9 février :

Le corps physique ou biologique est le dernier corps formé et lepremier que nous percevons, sans vraiment le connaître tant que nousn’avons pas abordé les autres en amont, d’où il découle. Le corpsbiologique est un indicateur très précieux par ses réactions en chaîne. Ilest le lieu du symptôme des résistances tangibles pour notre rappel quequelque chose ne va pas. La peau n’est-elle pas ce lieu de passage, cettevaste étendue vibrante où viennent résonner les demandes de notresubjectivité avec les subjectivités environnantes ? Voici un exemple :après avoir été trempé - et je puis dire trompé - dans le bain aqueux de lavie sociale, j’éprouve le besoin de me nettoyer, de prendre un bain, derepasser par toutes les crasses et les sangsues qui furent agissantes. Jeprocède par une revisualisation et un laisser-aller du film pour en dévoiler

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sa mise-en-scène et réaliser combien le mensonge est répandu. Et j’ai lasensation que cela remonte et ressort par les pores de la peau.

La conscience physique est le dernier port d’attache qui nousmontre nos liens en amont, loin dans l’océan. Par notre matérialisation,nous nous protégeons - comme dans une niche ou une coquille - desagressions constantes de l’environnement universel. Pourtant, c’est parcette forme physique que nous sommes aussi les plus vulnérables et lesplus directement choqués car notre véhicule nous amène à vivre laprécarité, l’éphémère. Lorsque s’éveille la kundalini ou que la ForceOriginelle descend en nous, un éveil au mouvement ondulatoire du corpséthérique nous fait sentir des tas de “présences” ou d’“entités” effleureret agresser de partout nos différents corps. L’éveil de l’électromagnétismeéthérique est très perturbant dès le début. Il suscite une telle vulnérabiliténouvelle qu’il semble bien que notre organisme manifeste des troublesinattendus. Ce réveil du physique subtil déclenche une sensitivité plusgrande et chaque rencontre dégage ses réactionnels symptômes du mentalduel en proie à ses projections. On ne connaît quasiment pas - à part lesinitiés - tous les symptômes concomitants au réveil de la Force universelle ;si cela était nécessaire, toute une typologie expérimentale pourrait êtreexprimée. Pour nous qui commençons quelque peu à être moinscarapaçonnés, l’impulsion sexuelle et le mental physique sont tels un âneobstiné en recherche constante de sa carotte illusoire.

S’éveiller au fait que nous ne sommes pas agressés par les autresmais que nous portons en nous l’agresseur pour éperonner et attiser lalueur dans la nuit. Il est bien d’être sensible au fait que tous lesdérangements organiques qui nous arrivent sont autant de signaux d’uneprofondeur que les médecins généralistes et spécialisés ne pourrontdécouvrir s’ils ne sont pas eux-mêmes ouverts à l’énergétique desprofondeurs et à sa mentalisation... Un exemple : hier, je devais parler àquelques personnes et tout d’un coup : “vieille décharge” dans le cœur quis’est mis à s’activer, déployant une émotivité de surface que je connaisdepuis longtemps. A ce moment-là, le dialogue a permis une maturitéavec cet automatisme ; il est probable qu’il y a eu organiquement unedécharge d’adrénaline liée au sympathique (tout ce qui touche lespoumons, le cœur, etc.) qui s’est répandu dans les organes par l’onde dechoc de l’émotivité. Ici, c’est le vieux débat qui surgit : est-ce que notre

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vie subjective est le fruit du biologique ou le biologique est-il au contrairel’habit d’une conscience interne qui trouve, dans le domaine physique,une implication toute dense pour la prise de conscience de l’Amont à cetteidentification au mental-corps ?

*

Le 12 février :

Ce qui est éprouvant et fécondant, c’est cette progression dusentiment de la solitude de soi irréductible. J’avais déjà goûté le senss’éveillant de la solitude, mais je dirais que c’était encore de l’isolement ;la Solitude, c’est tout autre ! J’éprouve une grande aspiration vers lalibération de l’Essence (ou le Noyau-d’Âme) que je sens enfermée etengluée dans sa prison ; c’est insupportable ! Je n’en veux plus ! Toutesles années de cette vie, je le vois bien, furent un préliminaired’observation de la “machine”, comme le dit Gurdjieff, pour en ressentirl’immense contrainte. Mais voilà, ce qui m’a fait quitter les groupesGurdjieff, c’est cette évidence que je ne pouvais continuer à faire le“travail”, comme ils disent, par le moyen de l’effort personnel. J’aiéprouvé très intensément et très intimement l’abandon à la Forceconsciente. Je vois ma période ascétique depuis l’adolescence comme uneffort humain qui se pousse à la limite de l’humain, un effort mental quiarrive à la limite du mental ; c’est ce que j’avais éprouvé en lisant SriAurobindo et sa nette différence d’orientation d’avec celle de Gurdjieff.La rencontre avec Phil me confirma cette nouvelle nécessité. Sa rigueurdans le discernement m’a soutenu. Alors les événements, les influencessupérieures, l’aspiration au-dedans m’ont fait voir et entendre qu’il nefallait plus hésiter : il s’agissait de plonger comme je n’avais jamaisplongé. Et puis cette rupture avec P., et ce désespoir colossal me mirentau pied du mur de l’abandon et de la mort. C’est tout au fond que le rayonbleu est descendu et m’a miraculeusement relevé. Tout ce qui a précédéfut un pétrissage préparatoire de la pâte, seul le contact direct avec laForce m’a ouvert tous les possibles de transmutation et de réalisation.Mais que ne faut-il pas endurer avant que surgisse cet instant d’abandonréel à la Présence d’Amour qui Peut !!... L’écriture, la poésie, furent un

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moyen d’appel, une forme de prière, et, depuis deux ans maintenant, jesuis la réponse à ces années d’invocation. La Force, la Présence, devientalors le réel moyen par l’abandon, le consentir à Elle. Que ce ciel metombe sur la tête ! Alchimie de descente et de montée.

Phil, par son approche mentale du processus - d’une puissanceexceptionnelle -, peut entendre ce que je vis mais il n’en demeure pasmoins à une grande distance, car il ne vit pas dans ce contact direct etpermanent avec la Présence. C’est le mental supérieur allumé qui joue àtout voir, merveilleusement mais si cruellement. Cette rencontre avec luiprocède alchimiquement de cette merveilleuse combinaison révélatrice.Phil me met en garde et a beaucoup de craintes, et lorsqu’il dit que je nesuis pas à l’abri, c’est exact, je le suis d’ailleurs de moins en moins...Cette initiation est d’une telle complexité, et l’on frôle de tels dangers queje me demande parfois comment je puis naviguer ainsi, si le Divin nel’avait fermement décidé et que je fus, en quelque sorte, déjà préparé etdigne. Phil est l’exemple même de l’ascèse yogique par le moyenmental...

Depuis l’adolescence, j’ai été ouvert plus consciemment à touteune gamme expérimentale des plans subtils. C’est à cette époque que j’aidécouvert le double astral et les sorties soudaines, sans que je le décide.Après les premières séductions passées, je n’en ai plus tentévolontairement, mais cela m’arrivait encore parfois. En fait, peut-êtrebien par réaction ou nécessité - car je flottais à ces époques-là -, jesouhaitais redescendre dans la base physique. Ce fut très éprouvant.J’avais certainement à régler certaines mémoires de vies passées où il yavait une coupure avec l’incarnation. Je peux dire que jusqu’à 24 ans mespieds ne touchaient pas le sol, avec tous les problèmes d’espace que j’aiconnus... Cette redescente fut très éprouvante car je devais medésolidariser de la prégnance du mental imaginal. Il n’y avait que ce typede fréquence qui m’intéressait et l’écriture poétique avait cette faculté deme transporter dans la zone de l’intériorité, plus vraie que la vie ordinaire.Mais quelle inadaptation dans le plan horizontal, social, si dur encomparaison de la douceur de l’intériorité ! Ma poésie, alors, ne traduisaitque trop cette galère, ce décalage, et cette pépite d’or avait bien du mal àvibrer. Le poème laissait les effluves des feuilles du mal et ne pouvaittraduire la beauté de cette douceur et de cette tendresse de l’intériorité quej’éprouvais pourtant.

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Aujourd’hui, ce n’est plus le cas et l’équilibre est évident. Je suisproche de ce Noyau, et le contact avec la vie est sans comparaison avecles difficultés d’il y a quelques années. Le Noyau-d’Âme est le centred’action d’où je parle, c’est pourquoi l’alchimie se fait maintenant assezrapidement, accompagnée d’un déploiement constant à l’horizontal.Toutes les qualités des corps subtils en connexion avec l’Âme me rendentla vie très douce. L’établissement radical au-dedans, depuis un an et demide consécration, donne ses fruits. Enfin ! C’est maintenant permanent, cequi explique un changement si décisif pour l’homme que je suis etincompréhensible pour mes amis. Lorsque le précipité décisif et essentiels’est voulu, il n’y eut plus aucune hésitation essentielle et peu m’importaitque je sois compris ou non par le monde environnant. Cette conscience dela solitude a balayé alors tous les faux problèmes du mental qui fait toutson possible pour freiner la consécration. Aujourd’hui encore, Phil lui-même a beaucoup de peine à me comprendre alors qu’il est lui aussi trèssensible aux mondes subtils. Il fut un excellent miroir pour moi, lui quicherchait tant à ce que je le comprenne... Toute cette force de persuasionavec laquelle il me poussait, m’invitait à le suivre, comme s’il voulait quej’épouse ses moindres aspérités contradictionnelles... Par la puissance decette impossibilité a surgi l’évidence que je ne pourrai jamais vraiment lecomprendre ; pareil pour lui.

Il nous faudra beaucoup de patience. Phil est un bon test-miroir,lui qui me réprimande en me disant que je vais trop vite, que c’est“dangereux” parce que “j’oublie” les interactions avec lui dans lesgaleries de l’infra-conscience... Ce frère représente la pression defreinage, les forces qui demandent à ne pas se libérer trop vite avec leconcept d’interdépendance et de totalité comme justification. Si c’est vraidans le Fait premier, il n’en demeure pas moins que la libération estindividuelle et que, là, elle n’attend pas les autres. Même lui ne pourraaltérer l’enthousiasme et la certitude qui m’habitent. J’irai à la vitesse deCela-Qui-Veut !

*

Présentement, je dois faire face à de nombreux décalages entre lesplans, basculer de l’Être essentiel dans les différents aspects dementalisation sur l’énergie, etc. Là, je vis des quantités d’histoires

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initiatiques comparables aux contes et aux mythes traditionnels ; je n’aipas besoin d’aller au cinéma ! Il faut être en face de la racine des peursdans tous ses aspects et je note combien le plus difficile pour moi, c’est lebas-vital. Bien sûr, nous rencontrons cela dans le centre émotionnel à lafois chargé d’élans sentimentaux artificiels et en même temps incapabled’une chaleur et d’une expansion spontanée de l’amour réel, d’où lesrevendications du cœur et son agressivité. La racine de la souffrance et dela division, c’est le désir dans tous les centres, de lui vient toute lacatastrophe. C’est lui qui nous fait savant, romantique, érotique, avectoutes les mises en scène théâtrales des salades salaces de la vie conjugaleet sociale !... Cela nécessite l’abandon et l’immersion totale dans laPrésence matricielle, Elle qui peut Seule voir et éprouver les paysages lesplus horribles et les traverser pour laisser émerger la lumière de la Beautéet de l’Amour inconditionnés.

*

Du fracas dans la tête ! Le mental rabâcheur qui redoubled’activité ! Dégagement de la Force qui favorise la Vision du mentalphysique, ce parasite insupportable dès qu’on est sensitif. C’est bien la loialchimique d’une descente et purification proportionnelle à l’ascension...à la révélation des plages océaniques de Lumière et de Béatitude ! Il mefaut intégrer la Puissance de ce Feu dans mes corps internes. Ne pascraindre les apparences catastrophiques, car ce sont précisément cesremontées et ces apparitions du sub-mental auxquelles la Conscience-Témoin doit faire face, le réceptacle devant éprouver toutes les phases duré-ordonnancement. Favoriser le dialogue avec les différents centres ; cedialogue, Seule la Conscience réelle peut l’encourager à partir descouches qui sont déjà suffisamment infusées. Ainsi, le “mensonge”devient le terreau pour la haute terre de la Lumière ! Lorsque le NON serévèle, le OUI à ce qui est décervelle !...

Éprouvant les décalages entre les centres ! Pour exemple, ledécalage entre le mental de connaissance et celui de l’intuition, avec lesrevendications du mental-vital ou celles du mental-physique en simultané !Ça s’opère en solitaire avec beaucoup de rigueur, du moins je m’yapplique, ou “ça” s’y applique ici. L’Attention se diffuse vers la moindremauvaise volonté qui s’obstine, les rabâchages négatifs de telle ou tellepartie. Tenter ici, par la volonté essentielle, une percée pour une action

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cré-actrice à travers les couches de résistance. Le mental supérieur estbaigné d’un silence dense qui lui donne une possibilité de visiond’ensemble, ce qui permet de ne plus traîner sur le mécanisme dans lalogique folle du mental sur lui-même, “le problème sur le problème”. Ici,c’est l’aspect lumineux du mental !

En ce qui concerne le vital, la réorientation est plus délicate carj’ai découvert à quel point il est englué. Je réalise avec stupéfaction que“je ne sais pas qui il est”. Disons que c’est le lieu le plus endormi, bienque je n’ai point trop à me plaindre non plus des corps qui m’ont étéconférés depuis la naissance. Je réalise en prenant ces notes que je nementionne pas des expériences de toute beauté et d’extase dans le vitalsupérieur qui permettent le déclic pour l’extériorisation de la vie. Finessede vie, élan de vie, douceur de cœur, voilà ce qui pointe !

Maintenant, la circulation et l’interaction avec la mentalitécollective est une forte épreuve d’ajustement ; en fait, elle est pénible,voire impossible à négocier car le fait d’accepter le pouvoir vital sur leplan individuel entraîne un rapport plus adapté et de compassion avecl’ignorance environnante. Le positif vital positivise directement le négatifsocial, car l’essence interne dispose de la Source consciente pour recevoiret transformer tous les impacts extérieurs. Mais voilà, plus le Oui grandit,plus le Non se présente de toute part ! La grande découverte est là, àl’intérieur, là où la lumière surgit dans le vital. Je joue plus consciemmentavec la vie !

Sans l’intervention opérative de la Force divine dans nos corps,nous ne pouvons que constater et mettre à jour le “contrôleur” en nous-mêmes et toutes ses manigances pour accuser le monde de notresouffrance. Ceci dit, je comprends très bien ce mouvement car j’ai moi-même eu bien souvent la tentation de nier rageusement la vie et de filertout droit dans la sphère céleste. Le social, n’est-il pas le masque collectifd’un mental singeant et grimaçant l’univers universel et mondial ?

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Le corps social et la réalisation individuelle,l’être “réalisé” et le corps de la Terre

Quand nous touchons le fond surgissent les ailes de l’individuel,l’Immanent essentiel, le délégué du Ciel le plus réel situé tout en dedansdu cœur. Puis, percée vers l’Universel et tout son fil d’ascension vers lavoûte constellée des dieux. Fusion dans le Foyer, nouvelle demeurestellaire. Quand un individu de l’Universelle Conscience est réveillé parle Son réel de l’Omniscience, alors l’illusion de la réalité du monde et dela société se cogne à lui rageusement. Un costume étriqué voudrait encorele rééduquer. C’est dans ce costume minable de chez Cacharel que secachent les instructions du divin Charpentier pour les fondationsnouvelles. N’est-il pas vu, ce costume social, costume trois pièces etnœud coulant avec attaché-case ? L’universel individu sans tête, quasiinvisible, se fait bousculer dans les couloirs du mètre-bas mesurant encoreles derniers centimètres de son inadéquation à la tourbe glissante descrachats indicibles de la populace qu’il EST. Mais faut-il encore qu’ilsente ses pieds vouloir écraser les mégots fumeux - en lui -, cetteexhalaison blême du remugle ancestral !...

Jeu de disparition, de farce et attrape, de phraséologiecirconstancielle pour cette phénoménologie de la souffrance, abîmebouleversant, antre dans l’antre, les entrées et sorties de l’individueluniversel dans le corps étriqué du saucisson social. Pif paf boum !L’Étincelle ! Si la masse macère et, douloureusement, promet lafermentation, elle fomente aussi une conspiration contre le Silence solaireà travers le bouillonnement caillouteux de l’inférieur. Eh oui, car letrouvé-en-esprit voudrait bien maintenant se mettre au vert ! Pourtant, lesautres lui nuisent comme autant de vers dans la nuit obscure, constellationdu Minotaure buriné : “Minute, libellule ! Minute, coccinelle et papillon !”Une voix pleine d’humour babille dans le four de mon cerveau : “Bigbang ! Bon sang, mais c’est big sûr ! Connaissance d’Évidence :Connaissance d’Alliance !”

Oui ! Celui qui est aspiré, taxé et axé par la Divine Vie, plus ivreencore par tout ce décor, doit vivre, eurêka, seul dedans le Tout qui bout !Lui seul, tout seul, le Tout, le Nous ! Individuel Divin au-dedans, bascule

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du Divin-Tout, voilà le grand frottement et le gris-gris, les superstitionspour les amants du Nouveau Jour. Sortir des grottes, des monastères, desashrams et de toutes les boutiques pour se faire fouiller par toutes lesmains crochues !... Une dose d’absinthe, une dose de nectar ! Ne pointdouter, ou douter du doute, car justement, lorsque tous les corps sontalignés - enfin, par le ciel aimantés -, la percée du ciel et le Soleil !...

D’après les écrits de Sri Aurobindo, ce qui a caractérisé la“spiritualité” jusqu’à ce jour, n’était-ce pas d’ouvrir le mental del’humanité à la Conscience supérieure ? Bigre, quelle lenteur ! Car noussommes à peine conscients d’avoir un mental ! Mais ne prendrons-nousconscience du mental que lorsque celui-ci sera périmé ? “Quoi qu’on enpense”, la force de la Divine Conscience matraque tous les manifestantsdu monde, et le peuple est sous pression. La Divine Force est dans lapassion d’une urgence d’aimer. Sans cela, ce serait trop long ! Il fautdirectement secouer la base MAINTENANT, et qu’elle BOUGE !! Lessignes coureurs en avant sont, n’est-ce pas, l’intérêt croissant de toute partpour ladite “spiritualité”. N’y a-t-il pas de plus en plus de librairiesésotériques qui ont pignon sur rue pour l’opinion publique ? Ne sommes-nous pas à l’époque où le submental terrestre est gonflé comme une pâte ?Mais oui, nécessairement, comment cela pourrait-il être autrement ?!L’Univers, la Terre et tous les peuples, toute la nature, sont le vêtementvibrant, polymorphe et polychrome de la Force Consciente qui est leMouvement océanique de la diversité, la totalité de l’Unitif conscient !Alors tout ce qui est sur cette Terre et tous les événements sont pressionet dépression de la Grande-Vibrance-Divine qui, par onde de chocd’Amour, secoue la carapace. Et ce n’est pas autre chose qu’une vision denotre arrière-train ! Pourvu, Grand Dieu (!), que quelques uns et quelquesunes crient et déchiquettent les mailles ! La Force d’Amour fera le reste !

C’est par ce constat-là, si je ne suis pas halluciné, que le principed’équilibre nouveau entre l’individu et le corps de civilisation émergeraavec des cris et des grincements, il-va-mieux-en-le-disant. L’Intelligenceet l’Amour seront de plus en plus perceptibles dans l’apparente oppositionpuisque, en même temps, le souhait et l’appel d’air pur se font déjà sentirun peu partout. Bien évidemment, les autorités pernicieuses du contrôledonneront les informations contraires. C’est dans ce creuset de mon

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expérimentation solitaire-solidaire en cours dans les circonstancesparisiennes que je suis amené à me laisser infuser par ce Feu d’Évidence.Il ne s’agit point pour moi de me retirer en quelque maison de retraitepour vieux sage qui ne paye plus ses traites et sa redevance. L’alchimieest difficile, je n’ai, et nous n’aurons guère les soutiens descomportements du passé et des institutions prosélytes. Mais j’accepted’accéder et de me laisser hisser hors des repères spirituels afin de melaisser répondre et résonner à ce Quelque Chose qui me fera vivre horsd’atteinte des lobbies du passé. Il me faut vivre la partie la plusimpossible, cette grande immersion où l’on perd tous les repères et lesremèdes de la vie contemplative ou spirituelle ancrée dans la mentalitéanimale humaine et terrestre.

Si, dans un premier temps, la réalisation individuelle ne peutattendre les autres, dans un second temps, l’œuvre de connexion du Je auNous, du Je-Nous, demande flexibilité, flexion ou Je-Nous-flexioningénue de candeur lustrale pour l’Universel total ! Je me vis très sereinen la circonstance, bien que la Terre ne soit pas tout à fait à l’écoute. Maispuisque Je SUIS l’univers et le monde, s’il en est quelques uns qui sont àl’écoute, alors la radio “un Point c’est Tout” commencera à émettre lesnouveaux signaux... En ce sens, nous sommes des cobayes pour cettetransition. Il faut des volontaires, des “éclairés-éclaireurs” de la hauteurici-bas !...

*

Le 15 février :

Tu vois la résistance à l’écoulement de la vie. La digue qui retientl’Énergie de la vie. C’est bien ce mot et cette image se multipliant et sedurcissant. Cela voudrait détourner l’énergie de sa Source, de son justeécoulement.

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Le 16 février :

Que chaque instant par la souffrance soit le rappel à la Vision dela souffrance. La Joie de VOIR. Que chaque instant de la souffrance soitce rappel à être le Veilleur, le Vigile, dans le Silence. Celui qui voitl’activité remuante, la fabrication des chimères. Que chaque instant leveilleur VOIT ! La Vision des mécanismes mentaux ne peut qu’éveillerdans le cœur et dans tout ton être un élan tout puissant pour la Libérationde la souffrance.

L’énergie de Vie en son principe vital le plus puissant, n’est-ce pasce qu’on appelle l’énergie sexuelle ? Ce qui préoccupe et obsède tant legenre humain !

Que ce désir et cette obsession s’orientent non plus vers une formeou vers un objet de possession et de jouissance, mais vers le Sans-forme,pour l’abandon de toute jouissance d’un objet, et le consentement à selaisser pénétrer et féconder par la Force de l’Amour qui donne à lasexualité tout son sens hors du mental sensoriel. Ainsi tu connaîtrasl’orgasme cosmique simple de l’abandon de toute tension et de touterecherche récurrente du plaisir ! D’où cette aventure énergétique ensolitaire. Je note que cette ré-orientation de l’énergie-de-vie à sa baseressemble aussi bien intérieurement qu’extérieurement à une rencontreamoureuse, ésotérique, “éros-térique”... Les deux pôles de l’Énergie sontpoussés à s’épouser en soi. De là certaines scènes de noces alchimiquesde fortes jouissances et orgasmes internes vers l’extase, ou plutôtl’enstase... Les diverses représentations traditionnelles de l’érotismemystique viennent certainement de cette phase alchimique. Je le vis ainsi.

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Je suis le parfum de Ton Sourirela résonance du Son

Ta Solitude : un baiser sur les blessures qui embrase !Pour Toi j’abandonne tous les désirs et les plaisirs

toute la farandole des idoles,et ces poussives larves dans les dédales de la faim.

Oui Tu Es la seule promesse de l'Amour dans le Cœuret pour Toi j’abandonne toutes les créatures aux lascives postures

Pour Toi je divorcerai de la femelle et du mâlecar je réalise mon adultère avec Toi

Pour Toi j’abandonnerai le ministère des prières infantilestous les costumes des bals masqués.

Tu Es l’Invisible, aimé en des extases si concrètes que les amoureux impudiques sur les bancs publics

ne pourraient comprendre en ma solitudel'Orgasme sans objet

Ô Toi ! L’Amour de l’Amour !Je me soumets,

Que Tu me fécondes au-dedansde Ta semence spirituelle

Pour la naissance de l’Enfantqui grandira pour se fondre en Toi !

J’implore Ta caresseTon murmure

Que Ta pénétration en ma féminine adoration,par-delà les sens, laisse la place à Ton Sens,

à TON ESSENCE...

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Le 17 février :

Le Veilleur en soi voit combien le vital sexuel non régénéré exerceun pouvoir diabolique féroce sur l’ensemble du genre humain... Cettepourriture, cette oppression du mental sur les énergies de vie qui voile laSource consciente. Ce mensonge, cette souffrance, n’est-ce-pasl’opportunité même de Libération ?!

*

Écoute !Le Roi livre la guerre à Son serviteur

qui de trop vile façon Le sertLe Roi livre Amour à Son serviteur

qui de simple leçon est servant en toute façon

La Reine livre la guerre à Son serviteurqui, trop langoureux en sa sensuelle langue,

voudrait éteindre le Feu.La Reine livre Amour à Son serviteur

quand sur sa souche il voudrait encore se coucher

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Le 18 février :

L’énergie sexuelle est perversion lorsqu’elle est coupée de sonorigine consciente basique : la Force de Lumière, d’ascension consciente,de purification et de Libération. Cette Énergie consciente, s’éveillantlorsque nous sommes prêts, nous fait découvrir notre véritable Amant. CetAimant qu’est le Bien-Aimé transcendant que nous pressentons au-dedans ou au-dessus de nous... L’Ascension de ce Feu purificateur etlibérateur est très puissante, et je sais combien Elle peut être dangereuseet fatale si nous ne sommes pas profondément enclins à faire face aucrocodile qui voudra s’approprier aussi farouchement que possible cetteÉnergie de Feu Consciente pour favoriser la croissance des pouvoirsoccultes... Bien voir le monstre à têtes multiples se coulant et se moulanten des formes appropriées d’arnaque. Je vois combien c’est dans laparfaite acceptation du “mal” que réside mon “bien”.

Que la Connaissance du Principe directeur de l’Univers fleurisseau cœur de cet enfer de l'ignorance, certain qu’au centre est la fleur del’Innocence, de la Beauté ! La soumission sans discussion à la Présencematernelle de la Conscience est ma seule possibilité de ne pas adhérer àla folie monstrueuse qui était tapie jusqu’alors, cet héritage des cycles dela terre que nous portons sans en avoir l’air.

La soumission à la Présence maternelle de la Conscience n’est pasquiétisme, passivité, mais une disponibilité inhérente à ce que Je Suisessentiellement, le Féminin qui reçoit la Force active et virile depurification de toute cette activité de la pensée se cristallisant en volontéde choix, la “personnalité”... La Force de la Lumière ou la Présencematernelle que j’éprouve du dedans, d’au-dessus et de partout est CelaSeul pour moi qui peut me libérer du carcan des âges. S’offrir totalementen sacrifice, voilà ce que je découvre de plus joyeux ! Quand brûle unmensonge au-dedans, la Vérité s’élève droite comme un glaive de Feu !

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Pénètre avec la Lumière dans la forêt

Avant, demeure dans le silence, attentifaux turbulences des langues sibyllines.Reste à la lisière des masses sombres,capte par tes yeux le Soleil qui inonde

Laisse vibrer l'Oiseau au tympan des portes du SonQue les effluves marines des constellations

exhalent leurs parfums inconnus.

Reste ainsi en lisièreLà, tu peux recevoir en son dehors

la résonance du Dedanscar, vois-tu, ce que tu perçois,

tu devras le convertir par la Voyance des Lois,de l'Unique Loi.

N'est-ce pas, tu dois, en cette forêt,compter d'abord tes pasà l'approche du Lieu.

Pour cela : que ton respir soit la propulsion par ta peur de la Lueur qui l'affleure.

Sois à l'aise afin d'accueillir les symboles de l'œuvredans la Vision-du-Cœur

Du Qui-Vive l'ivresse des mousses en prières,vivant exil d'où l'Oiseau pousse son Cri

dans le rire des fraises sauvages

Écoute la parole murmuréeles arbres frissonnent

le Rythme des Lettres-Vivesémane le parfum de l'Être-sans-Nom

De la Nature, le paysage de l'Aube d'un Sagehors des deux yeux au-dedans de l’Œil.

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Pénètre avec la Lumière dans la forêtcar cela t'est demandéReconnais le bestiairedes pensées délétères,

masques de rétention contre le Libre-ÉtherL'Esprit de la forêt te contera ton intime Légende

ressuscitant ton mouvoir de vie dansL'Espace sans limites de l'Amande

en miroir de l'Amant...

Dans leur énigmatique fixitéles champignons sécrètent l'odeur des pistes.

Le crottin amarre ton pas aux effluves du Très-Bas !Rester immobile quand vient l'inquiétude

face au sanglier qui fait bombance des peurs que tu penses.

Va où ta peur te guideLà est le Fruit qui mûrit en secret !

Entends-tu sa germination près du chêne ?Entends-tu son murmure près de la cascade ?

Reste là sur la pierre, entends vibrer l'ImmobileLaisse danser et hisse-toi hors de là,

fais-toi tige en la vigile éclosion des cinq pétales.Là est l'Amande de la Fleur d'Amour au pied de la Montagne des Analogies.

Marche et contemple !Que le Soleil et la Lune

soient les luminaires du Guide !

Oui,la Nature est ce vibrant miroir des âges

où la Lumière voyage, le visible des formesde l'invisible Visage.

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Seule la Présence, Souffle de ton âme, peut traverser victorieusement les grimaces

du multiple qui retient...

Pénètre dans la Lumière sans oublier la forêtcar l'âme est aussi sous les fougères millénaires !

Sois attentif : entre deux règnes laisse glisser ton cœur,

près du grand Hêtre

Le Om des abeillesréjouit les centres-fleursAu printemps de la Vie

leur miel pour le palais en pâmoison

Écoute le Cantique d'Amour de la Dame qui s'approche,magicienne aux pieds nus

perçant l'énigme pourpre de ton drameL'Oiseau, Roi-Simorgh du Monde solaire

tient conférence aux âmes atomes...

Oui,Tu es l'Espace où l'Ivresse des cœurs

s'agenouille vers le grand Maître-de-Danse,

l'Immuable...

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Le 19 février :

Le savoir qu’est la pensée cherche obstinément à rationaliserl’Action du Souffle de cette Force purificatrice et libératrice. Noussommes alors témoins de l’esclavage colossal dans lequel nous sommes...

*

Difficile le passage de l’Alchimie de purification d’ouverture et larencontre avec ceux et celles qui ne sont pas encore conscients... Cet écartamène autant d’opportunités de réaliser ce qui voudrait encore succomberaux charmes et aux attraits du relatif. À chaque rencontre dans l’inattendude tout ce qui arrive, être attentif et souffrir sincèrement de cetteinadéquation. Que tout soit une opportunité pour l’Alchimie ou le Yoga !Que le bois mort des contenus de la pensée soit offert à la Présenceenglobante qui veut Se nourrir en les brûlant. Cette authenticité te libèreà chaque instant, car tu es dans le brasier de la Présence. Ne pas L’oublier !

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Le 20 février :

Perdre l’illusion de sa souffrance individuelle pour découvrir quesa souffrance, c’est la souffrance du monde. Je vois à la loupe combienles multiples mensonges du désir, à travers la colère, la jalousie, lacritique, etc., ne sont que les voiles des qualités inhérentes de la Vieconsciente. Ainsi, en voyant clair sur ce point, le “mal” se réalise dans le“bien” pour, je le sens, bondir par-delà le bien et le mal. Que la Grâce del’Amour infuse la pesanteur où la mort grimace ! La chute n’est que lapossible ascension consciente et la manifestation consciente de Celui-qui-Est dans l’Homme. Il est un fait maintenant que TOUT EST UN et que lediviseur lui-même est UN dans l’ignorance où se trouve le monde. L’oublitransitoire de mon Origine consciente n’est qu’apparent car je réalisecombien il ne peut en aucune façon être absolu. En fait, l’oubli n’estjamais ! Surgir là où cessent tous les problèmes, dans ce grand Vide debleuité profonde !... Réaliser par le monde “extérieur” que nous nesommes pas à “l’intérieur”... La Présence et le Souffle de la Consciencematernelle de l’Univers nous dilatent au point où l’inspir et l’expirs’éveillent dans la neutralité vibrante de la Vie.

*

Tant qu’il y a réaction, c’est-à-dire malaise, trouble, perturbation,je ne puis plus accuser ou fabriquer une cause extérieure à ma souffrance.Non, chaque situation est bien le reflet exact et mathématique de ce quidoit être vu et offert consciemment au Feu du Sacrifice. Je dois être prêt àla fonte du fer, du plomb, tout ce qui est pesanteur, tout ce qui estcatacombes de “moi-je”.

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Tu guides mes pas de vieillard hors de la tombeTu me pousses hors de la mort vers la Vie...

Ne faut-il pas quitter cette naissance qui court vers la mortdont la semence est souffrance ?

Tu guides mes pas de bambin endormi hors du berceauet du cerceau de nos stupides ratiocinations burlesques

Tu Es Celui qui me bouscule dans mon orgueil me questionne sévèrement au crépuscule de ma peine

qui est encore, je le vois, de la flemmese réfugiant dans les soucis quotidiens de la fermeoù les enfants de l'Animal vont sucer les mamelles.

Tu Es Celui qui m’envoie le serpent du réveilet me pique les talons pour marcher plus vaillamment

vers l'Amant, vers la Grande Mère qui veilleau-dessus des tourments.

Bambin, Tu me pousses à marcher hors des bandits du petit cheminTrempé jusqu’aux os par la vinasse

Noyé dans les sulfureux bains idolâtres

Tu Es Celui qui attrape le vieillard et le bambinTu les fracasses sur la clé de Voûte

Toi qui redresses, rectifies, brûles et vivifiesTu Es ce Jeune-Homme, le Jeune Ancêtre

Toi l'Omniscient - l'Omniprésent - l'OmnipotentMa Re-Connaissance vers Toi !

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Le 23 février :

Tel un gamin agité, telle une girouette, nous sommes la surface, lerelatif, l’excentré... Laisser jaillir cette volonté puissante de l’Abandon àla Volonté toute Puissante de l’Universel ou du Transcendant, Cela qui nedépend pas de la nature... Le réseau de la pensée est si tenace qu’il me fautendurer et être patient pour mettre à l’épreuve ma sincérité et monabnégation totale à la Présence maternelle du Tout-Autre.

*

Ce que je vois et vis du mécanisme de la souffrance dans cethomme est exactement la réplique de ce qui se produit dans le mondeentier. C’est ainsi que le mental aura voulu coloniser toutes les terres deliberté et installer les marchands, les spéculateurs, les promoteursimmobiliers, les industries du tourisme, toute cette organisation mondialede la mort entretenue. Voir le monde de l’activité du réseau de la pensée,c’est être dans l’Intelligence réelle du Monde, et peut-être bien del’Univers tout entier... Quand chaque homme de par le monde sera dansla Vision de lui-même, alors le monde entier émergera dans la Consciencedu geste quotidien dans le Juste, la Vérité et l'Amour. Si le Monde a uneréalité, c'est par cette Evidence seule que la Conscience-monde peut êtreauthentiquement révélée.

*

Pénétration de la Force consciente dans la masse bouillonnante dela vie cloisonnée par la pensée. Un Noyau-Central se dilatant nous met enphase avec la possibilité de la juste dynamisation de la vie. La Merveilleest là quand on accepte de se laisser éclairer et conduire en tantqu’Essence vers l’Essence de notre nature. Pénétrer consciemment dansl’énergie vitale dans le ventre est une épreuve extrêmement douloureuse ;une boue immonde exhale ses odeurs pestilentielles. Je sais là combien ilme faut garder le cap dans le cœur. Je réalise combien je suis seul à faireface à cette périlleuse traversée de l’apparence infernale. Mais dès quec’est traversé, on réalise combien tout cela est illusion ! Quel rire alorsfuse de tout notre être ! Quel rire ! Quel rire ! Quel rire !! Toujours plus

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de RÉEL est ma seule passion, je me sens vivre dans la vaste Vibrance dela Joie, de la Fraîcheur, ces qualités inhérentes à l’intérieur, à l’universel.

*

Par la Force consciente, j’approche patiemment du creuset d’oùpeut sourdre le jaillissement de la Vie pure, libérée du filet mental ! Desécailles tombent des yeux, le mur du mensonge se fissure, ou la fissure estvue. La faille laisse suinter le jus... Entre soi et le monde environnant,quelque chose de plus vaste arrive... Dans le mouvement, quelque choses’arrête en soi et parvient à se dé-prendre des milliers d’hameçons quinous retiennent prisonniers. Durant un petit instant infime, nous passonspar le chas d’une aiguille et tout devient clair, s’illumine, touchant commejamais - disons plus directement - tous les autres qui sont soi dansl’avenue de notre marche, un bain de totale interdépendance qui dégagele parfum de la substance du Tout dans une concrétude non-asservie.Fugace entrevue avec l’Insaisissable ! Puis tout retombe, comme une pâtepour retourner au fourneau, en bas, à bivouaquer en attente, et à piétiner.Et puis à nouveau on s’arrête, ou plutôt on est arrêté, et plus rien ne nousarrête, cette immobilité est mouvement, je suis touché, touchant, ça vit-vibre !!

À noter : cette fraction de seconde d’émergence ou d’immersiondans la Présence-Mère qui nous fait Mouvement-du-Tout ; etparadoxalement, chaque créature rencontrée devient unique en soi dansl’échange immédiat. C’est la conscience de la singularité, du caractèreunique de chaque monade en habit d’homme. Ce toucher est bouleversant !...

*

Le 28 février :

Une Joie au fond qui s’éveille partout, un dégagement de Tout,une Liberté interne, non-conditionnée. Je suis si bien, c’est si beau !... Aufond nous sommes tous cela, c’est certain !! Je réalise combien nousavons pris l’habitude que tout aille “mal”, une habitude enracinée quinous fait percevoir la vie en sombre, éloignée par ce doute affreux...

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La Présence de la Conscience maternelle, Elle qui chauffe, dilateet dynamise nos corps pétrifiés par le réseau de la pensée, nous révèle entant qu'essence, enfant ou fils disponible à la Verticalité, à notre véritableimmobilité, notre véritable dynamisme aussi. Se laisser couler, se laisserfondre dans l’Action de la Présence. Elle qui est la main tendue, Elle quinous dilate et nous hisse par-delà, qui nous fait passer outre... Gloire àCela ! Cela est inestimable !!...

Tant que tu dois remercier, remercie. Sois avec la Présencematernelle comme l’Enfant avec ta vraie Mère, car la maman et le papaterrestres ne sont pas ta véritable Origine. C’est pourquoi tu devrasabandonner toute représentation du père et de la mère terrestres pourdécouvrir les qualités de la Mère et du Père célestes. Te fondre en Elle, tefondre en Lui. Cela, par-delà Elle et Lui...

Ne plus pouvoir dire “je”. Ne plus pouvoir dire “tu”. Ne pluspouvoir dire...

Quel repos ! Retourner vraiment à son foyer, retrouver sa véritabledemeure, en amont, tout en l’Amont. Quitter l’apprentissage de la dînetteterrestre. Commencer à être grand ! Être dans la juste grandeur ! La justeprofondeur ! Que de cette insatisfaction humaine et de ce poison dont tune trouves pas l’antidote, tu découvres la soif dans le désert de lamultitude, la soif, seule la soif, d’abord et avant tout. Cette soif qu’aucunegourde physique ne pourra étancher, une soif d’avant le temps, une soifinhumaine !

Par mon sacrifice d’ignorance en pleine lucidité, en pleine soif,sois, Ô Merveille, Présence maternelle, remerciée de Ton Amour ! Quemon seul rituel de remerciement soit l’Abandon à Toi de tous mesressentiments de tout ce réseau infernal de la pensée. Ô ! Merveille,Présence Maternelle ! Toi qui éclaires la nuit, Toi qui du fond de la minedévoiles le Diamant ! Mon cœur se dilate, s’ouvre et s’expanse par Toi,pour Toi, rien que Toi Je Suis ! Je n’ai d’appui que Toi, je te découvre entant qu’obstacle et levier, en tant que nuit et jour. Je te découvre Amourau sein même de l’enfer humain. Je te découvre Liberté au sein même dela prison. Je me découvre vibrant TOI !!...

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Toujours défait par Toi des liens et des menottes du destin, de lacause et de l’effet du réseau de la pensée, je me découvre Présenceéternelle dans le temps transpercé, Lumière du Réel qui brûle les décorsde la scène de l’irréalité. Aucun doute, non, plus aucun doute ! Oui, vivretoujours, toujours ! Vivre toujours plus intensément la Vie VIVANTE !!!...

*

Le 2 mars :

Dans les œuvres réside le possible sourire de la Conscience pleineen son action. Toutes les “prises de bec” avec la vie et la matière sontautant de baisers possibles que la Force de friction couve. La matière dela vie dans l’Intelligence de la Conscience est la Voie par laquellel’Amour Se connaît. La prise-de-conscience par les “prises de bec”ébroue le rêve crispé, ébranle l’inertie pour que l’Amour, ce Feu de laConscience Se souvienne que la nature doit être l’Émanation directe dudéploiement de l'Être.

Quelle bénédiction de s’éveiller en plein rêve ! Quelle bénédictionde voir les ombres de nos ancêtres se quereller sur la scène ! Quellebénédiction de voir que tous nos rêves sont des fabrications, sans aucunepossibilité de trouver le but, l’objet de son rêve ! Quelle bénédiction devoir le carton-pâte de la vélocité du monstre d’abstraction en sa violenteet tempétueuse inexistence ! Quelle bénédiction de voir toutes les ombresde ce casse-tête qui brûle comme la fumée de l’encens : cadavred’inexistence ! Quelle bénédiction de Voir que nous ne sommes rien detout ce qui croit vouloir être tel qu’il voudrait apparaître ! Quellebénédiction de reconnaître là que la Vérité n’est rien d’autre que ce quin’est pas ce qui est vu ! Il n’y a de Vérité que la Vérité qui Voit ce qui n’estpas la Vérité !

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La Présence de l’Accomplir de ce que Je Suis réveille à ma vue, àma conscience, le trou de la béance de l’attente, le trou de la blessurequ’inflige la “pensée” sur nos énergies de la Vie tels des boulets de canonsdans une chair molle qui se durcit sans se cicatriser, sécrétant sans cessele fiel de sa maladie. Aussi, voyant la racine de ma blessure dans lesdifférents centres de la nature au service de la Conscience, j’assiste audévoilement de la programmation récurrente de ma souffrance. Cettesouffrance sur laquelle je n’avais encore aucun regard conscient m’étaitinconnue jusqu’à la venue de la Lumière. Voilà la vision qui est, enquelque sorte, émerveillée de la fabrication et de l’alliage du plomb qu’estle réseau de la pensée ! Cette pelote de hérisson qui se nourrit par mille etune façons en sécrétant l’imagerie non-vue et agissante, cette activitérécurrente de la maladie du devenir ! Ce trouble encore inconnu, ladécouverte de ce qu’est réellement la fabrication de cette irréalité devientpour moi le premier saut conscient au sein du “connu-inconnu” ! De cesmises en évidence de la programmation, de la blessure fabriquée par lapensée, témoin de ces messages et de son ressassement torturant, jem’ouvre alors à la Connaissance du Principe de la Sagesse qui reformuleou qui m’informe de ma véritable nature, de la Vérité, qui n’est en aucunefaçon blessure, souffrance, Ce que Je Suis au-dedans, au plus profond :LIBERTÉ. Il est nécessaire d’être à l’écoute constante du Principesupérieur qui s’infuse alors dans mes corps et se fait Volonté conscientede la Joie et de l’Amour.

*

Le 3 mars :

La Présence, la Lumière, par mon consentir, brûle et dissout lablessure, délie le lierre qui étouffait l’arbre de la Connaissance ou l’arbrede la Vie, pour le remettre à l’endroit : les racines au Ciel et le feuillagevers la Terre !...

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L’humain, par sa volonté, son savoir mental, ne peut pas se sauverlui-même, car il EST le problème ! Nécessité est de s’éprouver en tant quenoyau de profondeur non-mental, c’est alors le miracle instantané de laLibération ! Il semble bien que la race humaine ait beaucoup de peine àabdiquer ce qui fut une élaboration provisoire et transitoire du système depersonnalisation, de condensation des énergies universelles. Il semblebien impossible encore pour l’être humain de se laisser révéler à Cela quiest la Personne d’Essence ou l’Individu réel, Lui qui ne peut êtrefragmenté. C’est la Grande Intelligence qui utilisa le cocon préparatoirede la personnalité dans Son “Grand Jeu” d’Auto-dévoilement progressifde haut en bas et de bas en haut...

*

Le 6 mars :

Toute la vie humaine est un laboratoire, l’école maternelle oupréparatoire à l’université de la Conscience. C’est ainsi que tous les jeuxenfantins n’étaient qu’une dînette, une répétition, l’apprentissage pour leGrand Jeu de la purification et de la conversion intérieure. C’est pourquoi,lorsque nous changeons de niveau ou de classe, lorsque nous pénétronsdans l’écoute intérieure du Maître, nous abordons le livre des Légendes etdes grands Mythes, là où l’enjeu est la découverte du Trésor illuminatif,cela que nous pressentons comme seul RÉEL.

Pour exemple, lorsque cette puissante énergie du vital par lapensée-désir sexualisé est éclairée et propulsée vers le haut, nous sommestémoins de notre obstination et de notre manichéisme, notre manipulationpour la jouissance. Celle-ci est tellement forte quand la Présence l’éveillepour la réorienter ! C’est comme de libérer du plomb, un plomb sicompact et apparemment si inerte : la force atomique de la division !!...

Il est certain qu’il nous faut être disposé à affronter la mythologiemonstrueuse, cette sécrétion mentale à sa base, nous encourager sansrelâche à revenir au Centre et à laisser agir la Force de Reliance directe

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au Point-Haut. Il me semble que le danger est grand d’être débordé par ceque Sri Aurobindo appelle le “subliminal”, autrement dit les mondesoccultes associés à la problématique subconsciente de la personnalité desurface, si nous ne sommes pas suffisamment à l’écoute du Maître,quelles que soient les formes qu’il prenne, qu’il soit incarnéphysiquement et que nous puissions nous confier intimement à lui, ou quenous soyons déjà prêts à l’entendre et à l’écouter directement del’intérieur à la verticale.

Voir combien le désir, sous cette forme, est attachement, calcul,contrainte permanente et tension !!... Je réalise que la croyance selonlaquelle le désir est chose naturelle, normale chez l’être humain, avec seshauts et ses bas, ce dont Freud s’est fait l’apôtre, est d’une grandefausseté. La sexualité humaine, telle que je la découvre maintenant, n’estqu’une fabrication mentale sans aucune réalité. La racine de l’hommen’est point sexuelle, ni énergétique, c’est la Conscience qui transcende lanature ! Pour l’illustrer, je dirais que c’est... le Sommet de la montagne !Sans cela, on reste coincé dans le piège de la fascination se justifiantindéfiniment elle-même par des théories religieuses, scientifiques,psychanalytiques ou philosophiques... En cela, je n’accorde aucun crédità Freud et à ses collègues, ni à Lacan, et tous ces mecs... Seul Jung, peut-être bien, avait commencé à faire le lien, à sa façon...

*

La ré-action : le mécanisme de la pensée-de-je qui s’oppose à Ce-Qui-Est. Voir la réaction telle qu’elle est, c’est-à-dire comme un moded’auto-justification et de défense de notre conception de ce que doit oudevrait être une situation, dans les moindres détails de l’Instant... Chaqueinstant est alors la fragmentation de Ce-Qui-Ne-Peut-Jamais-Être-Fragmenté. Le simple fait qu’il nous faille discuter, commenter est, de làoù je parle, un gaspillage d’énergie, de l’excentrisme, donc de lasouffrance. La ré-action est l’indiscutable indice que je ne suis pas Ce-Que-Je-Suis-Totalement.

Je puis affirmer que la Présence d’Être ne Se discute pas, ne Secommente pas, ne Se justifie pas. Elle est Action spontanée, ouverture etnon-rétraction, non-réaction.

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Ne pas être attentif à une réaction, c’est me priver du cadeau devoir une erreur, c’est-à-dire un mensonge qui circule encore dans mesveines comme un poison. Chaque réaction révélée est une invitation àfaire l’aveu en moi-même de ce qui n’est pas l’authenticité, car, je lerépète : toute réaction est un pistolet qui défend une conception...

L’humain est un pantin de la cause-à-effet.

Heureux de cette merveille qu’Est la Présence qui décolle laventouse de la pensée sur nos yeux et dessille la Vision simple, non-interprétative, car la pensée ne VOIT pas, elle n’a pas d’ŒIL !!...

*

Le 7 mars :

Je suis de plus en plus une Présence-Action de l’intérieur. Celachange tout ! C’est, dans une tranquillité, un axe où rien n’est ressenticomme un heurt. Plonger au-dedans ou se laisser immerger, se délocaliserdu mental des perceptions sensorielles, se fermer à elles, c’est s’ouvrir àCela, à une réalité subliminale, subtile, cosmique.

Vivre simultanément la difficulté et son soulagement. Plus jeconsens, plus je suis immergé dans le Noyau-de-la-Clarté-au-Dedans, etmoins le temps de la pensée, le temps dit “psychologique” colle sur mescorps. Il y a un raccourcissement du temps de la réaction et du trouble...Avant, quand je passais par exemple une journée à digérer ce qu'unesituation avait révélé du mécanisme de la pensée dans ma nature, je passemaintenant une heure, ou moins. C’est une immersion et un abandon à laPrésence d’Être, le Noyau-Centre de l’intérieur qui est, de toute évidence,le pilier et le tremplin vers l’universel, voire vers la Transcendance.

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S’ouvrir au Mystère de la souffrance, se passionner pour sonmécanisme, le voir se révéler, cela devient de plus en plus une Joie !...Dans tout ce processus de dégagement intérieur, il y a quelque chose detout à fait précis, exact et rigoureux, voire la VRAIE science...

Pour cela , il me semble impératif de s’être écroulé devant le murde l’impasse humaine. Être prêt, disponible à l’Inconnu... C’est alors ques’ouvre le monde des coulisses de la fabrication de la souffrance, de sonirréalité. Dans cette impasse, je ne vois rien d’autre que le fracassementqui soit salutaire. Non, je ne vois vraiment rien d’autre ! Et toutes lesméthodes et disciplines ne sont que des instruments qui nous épuisent unpeu plus pour nous ramener à quelque chose de beaucoup plus simple etdirect qui est l’Abandon à l’Alchimie ou au Yoga spontané se révélant ànous de l’intérieur.

La Conscience-omnisciente sourit de Se voir si ignorante dans lemonde...

La bataille du mental pour le contrôle de l’Énergie de Vieuniverselle fait un raffut dont les humains sont l’avant-garde... Quelétonnement de découvrir que nous sommes en fait inconnus dans unmonde d’objets inconnus : le Mystère est si intense et total !

Je vois à quel point l’hallucination et le délire de ce “mille-feuilles” qu’est la pensée ne cesse de fabriquer des images d’objets sansréalité. Que la Volonté de l’Amour soit l’Unique Volonté ! Qu’il en soitainsi !!

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Le 8 mars :

Je suis sur une table d’opération ou comme une éprouvette danslaquelle on fait une expérience dont je ne connais pas le résultat ... Je suisconfiant.

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Noir/Blanc en simultané : l’éclair foudroyant !!

C’EST LA LUMIÈRE QUI ÉCLAIRE !!

Cette Alchimie nous élève de la pesanteur des sens vers lasubstantialité de toute chose en l’Esprit. Renversement ! Jusqu’à présent,vivre humainement c’est être coupé en morceaux. Ce renversement estdévoilement pénétrant de l’Unicité du Fait DIRECT de la Vie où rien nes’oppose. Le rêve de l’alchimiste est réel, le processus consiste bien à“extraire” le plomb des sens, ce qui s’ascensionne vers l’Or de l’Esprit quidescend.

*

TOUT EST CELA

Le processus de dynamisation et de purification de la Forceconsciente qui descend, qui monte, qui sourd du Cœur et nous englobetotalement, est une visite de Sa demeure, le temps de Sa possibleIncorporation consciente. C’est Elle qui, par la souffrance, nous aurapréparés à mieux l’accueillir, en épuisant nos résistances. Chaque centrede l’homme est un centre d’expression des différents aspects de laConscience UNE.

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Le Merveilleux, c’est d’être à la fois le réceptacle, le témoin et leprotagoniste du drame pour le dévoilement de l’Être-Amour. L’humain,en aucune façon, ne peut quelque chose pour l’humain. C’est autre chose,au-dedans, qui est réceptivité au Tout-Autre. Quelle joie que cet échangeentre l’Enfant et la Présence-Mère ! Quelle Joie de pénétrer derrièrel’enceinte des tourments, de s’éteindre et de s’allumer dans l’étreinte dubaiser-brasier du Feu divin !!

*

Il me semble que le processus de la Libération dans les conditionsde la vie “ordinaire”, dans la ville, avec la nécessité de travailler, etc. ceprocessus est bien plus difficile que la Voie du moine ou de l’ascète retirédans une montagne. D’autant plus, me concernant, que je n’ai aucunguide humain pour me donner quelques indices ou à qui me confier. Jedois donc m’en remettre constamment à cette soif totale de la Vérité, unabandon sans condition, le plus intense qu’il m’est possible, sans ça jevois le danger... Je suis une voie périlleuse mais qui m’est pourtant sifamilière que je traverse chaque paysage avec beaucoup d’aisance, sansm’attarder dans les mises en scène merveilleuses ou terrifiantes du mentalocculte universel.

Il me semble envisageable de pouvoir rester seul ainsi, - car cela,je ne le choisis pas, l’ayant maintes fois vérifié - , pour être disponible àquelque chose de mystérieux... C’est cette pleine confiance et aussi cettefamiliarité avec l’ascension qui peut me faire dire que j’ai largementexploré tout cela depuis des temps immémoriaux.

*

Presque plus de décalage entre la vie “intérieure” et la vie“extérieure”. Le fil de l’intériorisation et de la verticalisation des énergiesramène tout à l’Espace de l’Aisance.

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L’appel et le remerciement à la Merveille de la Présence de laConscience Sainte de l’Esprit Saint est notre seule possibilité dans cetteimpasse humaine.

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La question de la croyance en Dieu ne se pose pas pour moimaintenant. Il n’y a pas à me réclamer de telle ou telle tradition. Il n’y aque l’Action de la Présence qui me dépouille de toute image et de toutereprésentation. Je n’ai jamais accordé mon adhésion à une forme plutôtqu’à une autre, et pourtant, par mes rencontres et mes lectures, j’ai réaliséque chacune avait son parfum propre, son possible encouragement à laLibération. Mais c’est ainsi, en ce qui me concerne, je ne sais pas si je suisune exception, le dépouillement s’opère en dehors de toutes ces filièrestraditionnelles, bien que je me sente proche de Sri Aurobindo.

*

Je vais à mon Père par la Mère. Je vais à mon Immobilité par leMouvement. Le Père est le Mystère qui réside dans l’Action mystérieusede la Mère. Je suis le Fils qui me réalise en tant que Mère. Je suis la Mèrequi me réalise en tant que Père...

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Le 9 mars :

Ce que nous croyons connaître de l’homme n’est qu’uneconception, une imagination, une représentation de la pensée sur leconcept “homme”. Toute la psychologie est une psychologie de surfacedont la profondeur réside... dans son inexistence ! Ainsi, tout savoir n’estqu’une limitation, une mise en finitude, une objectivation qui tourne surelle-même, vicieusement, sans réalité. C’est une espèce de formalismesans principe réel et juste, car si je ne suis pas ce que je crois savoir, alorsje suis un inconnu, un inconnaissable, l’Insondable !!...

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“Se connaître soi-même”, n’est-ce pas Voir l’IRRÉALITÉ de toutsavoir sur soi, et l’IMPOSSIBILITÉ FONDAMENTALE de connaîtrel’Inconnaissable ? Il me devient de plus en plus évident à ce jour que laquestion : “Qui suis-je ?”, tout comme l’affirmation : “Connais-toi toi-même”, sont des inepties ! Ces deux formulations me semblent un appâtde principe qu’aucun poisson ne viendra jamais mordre !!...

L’abandon à la Présence, le laisser-agir de la Conscience, en êtreTémoin, Voilà tout !...

Être lavé de l’habitude de vivre le monde en le PENSANT.

Le Centre se passe des accidents de la périphérie.

Ne plus être celui qui regarde de la surface vers la profondeur,mais celui qui, de la profondeur, ne voit plus de surface !...

Tous les mondes dits “occultes” et leurs pouvoirs ne sont que desfabrications plus subtiles de la pensée .

Se vivre pleinement conscient dans tous les mondes, hors d’eux,c'est accomplir la Terre en tous lieux de l’Espace universel.

L’homme est l’écho, mais aussi le lieu de résonance direct du Sonde la musique universelle.

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Toute la nature humaine veut son accomplissement dans le Pointextatique du Réel, d’où la mise en évidence que le désir sexuel est unedéconnexion, une séparation d’avec l’Énergie consciente racine, à la basedu sacrum, qui s’éveille pour rétablir le lien conscient entre tous lescentres, afin que l’Énergie de la Conscience ne soit plus enfermée dansdes cases ou des mondes séparés. Ceux-là même qui, avec leurs propresidéologies, s’accaparent l’Énergie, font de notre humanité un affreuxchamp de bataille. L’humain est, de ce fait, un lieu de conflits internes descentres entre eux qui se projettent jusque dans le monde physique, avectoutes les répercutions sous la forme des guerres que nous voyons.

L’Éveil de la Force consciente, soutenu par une sincère aspirationà la Libération, et non l’entretien et le déploiement de plus grandspouvoirs égotiques, nous débarrassera de la saisie, du désir, par ladissolution du mécanisme de la séparation : c’est-à-dire le réseau despensées.

Il vaut mieux être mangé directement par le Maître que par sesvalets ou par sa caricature !...

Le Mystère de l’Amour !

Sensation de la Force consciente dans l’enveloppe subtile descellules qui se mettent à vibrer d’un grand frisson d’Amour pendant desheures. Un océan de Lumière envahit la Conscience du corps jusqu’auxpieds. Une Paix dans un frisson rythmé ! Quand l’Attention est, seulsubsiste le petit vacarme abrutissant du mental physique. Je me sensfébrilement contagieux !

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Le 11 mars :

Il s’avère que l’état “d’idiot” est une grande découverte !

*

Tout ce qui s’opère dans ce processus est direct, et la pensée nepeut l’imaginer ou l’élaborer. Cela la dépasse totalement !...

*

Il est évident que nous avons tout joué, tous les rôles !

*

L’acte même d’écrire est passage ! D’une façon ou d’une autrenous passons. L’aventure est à la dimension de notre soif et les “têtes demules” sont nos freins qui nous indiquent le passage. Perdre le tempspour gagner l’Espace de la profondeur...

Il me vient cette métaphore du train et du conducteur du train, luique nous ne voyons quasiment pas car nous sommes casés dans l’un deses wagons, passagers cavaleurs assiégés sur leurs sièges par l’avide peurbéante. Pour nous rassurer; nous vérifions si nous sommes bien à la bonneplace et si nous avons notre billet. Pourtant, le train ayant du retard audépart, tout le monde rouspète et rares sont ceux qui réalisent qu’on lesattend pour partir. Le conducteur est d’une patience d’ange ! Il ne partiraque lorsque le calme sera fait dans les wagons. Nous ne sommes pasconscients de l’Amour de ce conducteur, nous les freineurs, lescontrôleurs. Il y en a un ou quelques uns qui sont en train de comprendrece qui se passe ; ceux-là sont comme des contrôlés qui en ont assez de cestampons. Alors hop ! Ils sautent du train. Le temps fait pression versl’éternité, vers cette petite machine qu’on appelle une “micheline” quiattend ces quelques rares oiseaux disposés à voler plus haut. Discrètementle train démarre et quitte le quai des râleurs pour rouler vers le fin fond duciel bleu en compagnonnage avec le guide et conducteur qui nous mène àun train de paradis en traversant l’enfer.

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Ces derniers jours j’ai souvent pensé à Phil car j’essayais de meglisser dans sa peau pour le comprendre de l’intérieur, toucher ses écueils.Comprendre l’autre ou du moins y aspirer demande de l’empathie. De làcette tentative similaire à celle des acteurs qui essaient de s’infiltrer dansla peau d’un personnage... Passer par le mime nous met en contact aveccette différence et si, intimement, nous sommes suffisamment amoureux,alors la présence d’autrui sentant notre âme veut bien subtilement sedonner pour être comprise. Seul le désintéressement ! Puisque lesEssences ont pour but d’émerger et de se goûter Elles-mêmes, pourquoine se goûteraient-Elles pas les unes les autres ? Là est le mystère del’autre que je croise.

Quel que soit le degré de réveil à des fréquences de conscienceintérieures ou supérieures, l’écran entre mon regard et celui des autressubsiste. Je vois l’écran mais je ne peux voir, derrière, ce qui est vraimentdivin en l’autre et qui est moi. Je parle bien de vision. Je sens de façonfrémissante le flux divin en tout ce que je vois mais je ne suis pas dansl’évidence immédiate de la joie qui s’échange spontanément avec autrui.Si l’autre “ne veut pas”, si le refus est plus fort que mon élan vers lui, celabouscule les remparts subtils de mon isolement pour me pousser vers uneexpérimentation plus lumineuse de l’Immanence d’Être. C’est alors quesourd dans le cœur un flux de chaleur compassionnelle. C’est étrangemais le refus éveille la compassion !

De là cet effort paradoxal de plonger dans les autres pour éprouverleur obstacle et d’appeler pour eux aussi, en moi, pour nous tous. C’est unpas supplémentaire ; c’est ainsi que je l’éprouve avec Phil qui est auxprises avec de sérieux obstacles psychiques. Le décalage est importantchez Phil entre le mental d’intellection-connaissance et l’Énergie-de-vieenfermée par la résistance. Phil est l’exemple du refus de prendre acte quec’est en lui, subjectivement, que le problème se trouve. Il vit comme unedissociation entre le mental de connaissance ou de sagesse et la viebaignant dans l’amour. Le refus d’être aimé, de recevoir la tendresse de lavie, bloque les vannes de l’abandon à la Présence Universelle. Une peurparalysante bloque son cœur. Pendant ces quelques années d’amitié, il merenvoyait constamment à ma soi-disant immaturité mais il y avait entrenous ce mur d’orgueil saupoudré de Connaissance qui ne nous permettaitpas de toucher ensemble les nœuds du cœur. Il fut, me concernant, un

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support très bénéfique à la fois pour le rappel au mental d’intellection et,par la négative, au cœur d’amour. Du fait de cette difficulté en lui, notreopposition fut très dure, un combat de chaque seconde. Je voulais le fairedescendre dans l’émotionnel et lui voulait me faire monter dans le mentalsupérieur. En quelque sorte, par ce frottement terrible, nous y sommesarrivés ; du moins, a-t-il été ce dernier rempart extériorisé sur lequel je mesuis abîmé, où la cuirasse du “moi-je” s’est vue grandement niée etébranlée.

*

Le 12 mars :

La vision subtile se traduit par des couleurs, des mouvements decouleurs, en fait, des scènes symboliques qui illustrent le jeu de l’Énergieuniverselle telle qu’elle se formule dans sa mentalisation. Le Témoin voitet le discernement est immédiat par l’Essence au-dedans, qui reconnaît cequi n’est pas réel.

*

Le 13 mars :

L’individu dans son rapport au collectif ou au social déclencheinéluctablement la prise de conscience de lui-même en tant que possibilitéd’être le centre de tout. Mais pour cela, perdre d’abord le rapport desocialisation est une phase des plus précieuses, c’est-à-dire réaliser quenous ne sommes pas la pensée sur le monde, que nous ne sommes pas lasociété, la famille ou le couple, mais que nous sommes radicalement et defaçon incontournable faits pour la Solitude, et que cette solitude n’a rienà voir avec la culture, la société, la religion, etc. Ce saut hors des cadresde socialisation est la promesse d’être concrètement Soi, universel ettranscendant. Prendre conscience du sub-conscient ou sub-mental par laprésence de la Lumière ouvre les vannes, nous met en phase avec lamémoire, le mécanisme de la pensée, l’hallucination et la cause de lasouffrance.

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Si le principe de mentalisation, c’est-à-dire de représentation quinous agit n’est pas vu, cela nous laisse dans la soupe de la grandeconfusion. D’autre part, l’éveil de la Vision est très vite récupéré par uneforme d’intellection de connaissance si l’éprouvé et l’abandon dans lecœur n’offrent pas les conditions de réceptivité au Feu qui peut manifesterl’espace intérieur, la vacance. Le décalage entre les centres est une réalitédans cette alchimie. Vouloir faire un yoga uniquement par la voie dumental ne peut pas laisser de place à cette réceptivité de la Forceconsciente qui veut purifier et transformer la nature elle-même. Il nousfaut bien consentir et accepter que la Force de l’Amour vient d’au-dessusdu monde et de l’univers, que le véhicule humain peut réaliser qu’il estl’Enfant de la Force du Soleil originel, que ce Soleil est au-dessus, bienqu’il soit évidemment aussi au-dedans. Cette connaissance révélée, lemental peut recevoir le Soleil et favoriser l’éveil du cœur par le toucherprogressif de cette Connaissance et de cette Force. Ainsi, l’appel vers laMère-Soleil est le plus sûr chemin pour un Enfant.

*

La société est un ensemble d’hommes et de femmes pour qui lanécessité de gagner leur vie à tout prix leur fait oublier leur âme.

Je vais dans les situations du monde avec la paix de l’Êtreintérieur. C’est lui qui est là car, depuis ces deux années de plongéeradicale, je puis dire que l’ensemble des centres est maintenant en contactpermanent avec le Centre des centres, le Divin immanent. C’estcertainement la première base de la vie intérieure qui offre uneauthentique sécurité. Cet espace interne grandit et la personnalités’estompe ; la mémoire s’évanouit progressivement. Alors tout est plusfacile et les événements dits matériels sont moins compliqués. Il est vraiqu’avant cette profonde mutation, j’étais aussi comme béni sur le plan dela vie dans le monde car, malgré cet impérieux besoin de solitude pourm’accoucher par le moyen de l’écriture, je n’ai jamais eu à devoirdemander, tout m’était donné pas à pas. Cette plongée au-dedans etl’immense chantier qui fut alors mis en œuvre tout au long de ces annéesd’ascèse préparatoire furent orchestrés depuis l’enfance d’une manièreprodigieuse dans tout ce chaos psycho-social. Aussi, je puis dire que cetAmour est à l’œuvre dès notre naissance.

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Aujourd’hui encore les nécessités de l’entretien du corps et de sonmouvoir dans la matérialité sociale trouvent une heureusecorrespondance... Dans cette pesanteur ambiante de la ville, je me sens aufond de plus en plus léger. Paris fut mon enfer, Paris mon paradis dansl’enfer, dans les pires conditions apparentes, le réveil et la libération sontpossibles !!

Ce n’est pas “à cause” du monde, de la société que je souffre. Ilfaut voir et éprouver la cause de la souffrance en soi. L’action sans attentedes résultats nous met en face de notre liberté et de notre don, de notregratuité à ce qui est, sans attente de retour, de reconnaissance quellequ’elle soit, d’honneur et d’argent. Cette solitude décape tous lesagrégats.

*

Fait nouveau, huit jours de tournage dans des conditions affreusesoù il m’aurait fallu une dizaine de jours pour le nettoyage des suggestionssubconscientes réveillées ; cette fois-ci, ça s’est fait en automatique ! Laplupart de mes collègues tombaient comme des mouches tandis que jecontinuais à traverser, joyeusement. Les gens sont très étonnés etm’interrogent ; je suscite bien des discussions. Il y en a qui me voientcomme dangereux, tandis que d’autres essaient de comprendre.

*

Développer une finesse et une tendresse de contact dans larencontre avec autrui, celui-là qui est une personne ou un individu deLumière comme moi. De ce lieu-là d’Immanence révélé : lareconnaissance que nous sommes les enfants du Ciel sur la Terre. Tel jeme comporte avec autrui, tel je me comporte avec moi-même. Tout conflitavec autrui est un conflit en moi-même.

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Cesser de vouloir être reconnu par les yeux d’autrui, n’est-ce pass’abandonner à la reconnaissance au Non-né ? Ne suis-je pas poussé àreconnaître l’intégralité de Présence de tous ceux qui furent et qui sont lesouvriers ou l’incarnation du Grand Artisan pour l’Œuvre à accomplirdepuis des temps immémoriaux ? Je sens cela très fort, comme une chaîneininterrompue de transmissions pour l’Accomplissement, la Libération duTout. Et je sens que la transmission qui s’opère ici est la transmission detous les âges, une descente de tous les possibles ! J’ai le sentiment quetous les maîtres viennent un à un reprendre corps là, peut-être n’est-cequ’une affabulation ! Pourtant je me sens si familier et si à l’aise avec toutça ! Krishna, Bouddha, le Christ, Mahomet et bien d’autres jusqu’àRamana Maharshi, Sri Aurobindo et Krishnamurti, et tous ceux dont je neconnais pas les noms... Je sens que tout cela se réabsorbe ici, se condensepour une synthèse dynamique inconnue !...

En cela, Sri Aurobindo est une Présence de Synthèse et d’Actionnouvelles comme je n’en ai jamais encore rencontrée. Je ne sais encore sice qu’il appelle la “Transformation supra-mentale” est réelle ou si c’estune imagination, mais au cours de ces dernières années, j’ai eu quelquessymptômes annonciateurs de cela.

Il m’est arrivé aussi de voir, à travers une illustration symbolique,le Christ en Sri Aurobindo. Pour moi, tout cela est une SEULE et MÊMEINTENTION d’ACCOMPLISSEMENT du Grand Œuvre alchimiqueterrestre et universel. Maintenant, au sein de cette Intentiond’Accomplissement, résident les différentes fréquences ou filières de cetAccomplissement global.

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LA CONSCIENCE TERRESTRE S’ACCOMPLIRA EN TANT QUECONSCIENCE DE L’UNIVERS EN UN POINT-CONSCIENCE-FORCE

S’ENGENDRANT, SE RÉVÉLANT FORCE PLEINEMENTCONSCIENTE JUSQUE DANS LA MATIÈRE DE L’UNIVERS.

LA TERRE EST UN LIEU D’INTERCESSION ETD’ACCOMPLISSEMENT, UNE ÂME DANS L’UNIVERS QUI

APPELLE LA PLEINE DESCENTE DE L’ESPRIT DANS LA MATIÈRE.

L'HUMANITÉ EST L’ÉTOFFE LA PLUS VIBRANTE DU VIVANT, LAPLUS CONSCIENTE POUR APPELER ET RÉPONDRE À L’AMOUR

DE CET ACCOMPLISSEMENT.

DANS CE DESSEIN GLOBAL, L’HOMME EST LE CENTRE DECONSCIENCE DE LA CONSCIENCE, L’IMMANENCE DU

CRÉATEUR EN CETTE SPHÈRE CRÉÉE SELON SA VOLONTÉDIRECTE DE S’INCARNER LUI-MÊME DANS SA TOTALITÉ.

VOILA CE QUI PEUT ÊTRE DIT. SI CELA EST RÉEL, QU’IL EN SOIT AINSI !!...

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Le 15 mars :

Le Silence souffle ! L’Esprit de notre esprit ! Le Silence entonnesa chanson pour la Vie. Les lèvres s'entrouvrent et le baiser dit : “IL SERAPORTÉ LE GRAND COURAGE DONT LES HOMMES ONT BESOIN !!LA MOISSON SERA FÊTE APRÈS LES GRANDES SEMAILLES !! ILFAUT PRÉPARER LE MONDE SUR LE SOL DES PAUVRES À LAVENUE DE CELUI-QUI-EST LA CLÉMENCE INFINIE !!...”

Le Lieu de la Terre promise se révèle là où demeure le Très-Haut,dans Sa Présence, dans le Cœur immanent du Ciel fait Homme. Le Sel detes corps brûle les blessures du passé. Ainsi tous les morts devrontregagner les grandes eaux pour que soient lavés les mirages encore édifiéssur ce sol. Seulement ne pas se départir de la Robe bleue offerte pour lapacification et la transmission du Pouvoir de Celui-Qui-Veut la belle etdouce victoire dans le monde.

Vers la fin du millénaire qui vient, le monde aura une vie bienorientée et tout aura changé ici. Tous les êtres de Lumière dans laConscience éveillés voient Cela. Leur rôle est d’activer, de préparer, et deconsolider le pas gagné, afin que le monde surgisse de toute part dans sonOrigine Solaire. Combien la Présence et l’Œuvre d’un Maître est sacrée !Car sans Lui, aucune vie réelle n’est possible ! Il faut une puissanteadhésion à Ce-Qui-Est, l’Epousé du Monde, car l’adversité est aussiobstinée qu’acharnée pour retarder Ce qui doit être accompli. Seule laForce du Suprême Soleil Créateur accomplissant Ce-Qui-Veut-Êtremanifesté doit être ton Point de Ralliement ! Que le sacrifice du Feu pouréclairer la ténèbre soit l’accomplissement de l’Illumination du manteau denuit par le Consentir du Joyau de l’Âme décidée à se fondre dans l’Espritde la Tunique de l’Univers. Que ruisselle l’Énergie en Sa Blancheur. Queruisselle l’Énergie en Sa Condensation d’Or, Pluie donnée pour accompliren chacun Sa Pulsation de Joie. Le Pouvoir de l’Amour est à jamaisdissolvant de toutes nos peines et de toute notre ignorance.

L’Œil de l’Amour sonde la nuit de Sa créature et, de l’éclat de SaLumière, l’aveugle une nouvelle fois pour S’incorporer éveillé : Lumièrede l’Œil unique, libre de la souffrance en la simplicité de Celui-Qui-Est laForce vibrante de la douceur de l’Amour pleinement rayonnante jusquedans la texture de notre peau.

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Alors l’Œil de la Vision-Connaissance se déverse dans ton cœur,irradie tout ton corps de réalisation, pour se donner à la Volonté de Celui-qui-Veut-Totalement. Si Cela est RÉEL, que Cela S’Accomplisse !!...

*

Ne faut-il pas aujourd’hui reconsidérer toutes les donnéesinitiatiques, toutes les certitudes ? Car tout est plus compliqué mais aussiplus simple. Car, si nous sommes ici, c’est que nous ne tombons pas de ladernière pluie. Je remets en question tous les “c’est possible”, et les “cen’est pas possible” à l’aube de mon mouvement. Je dois être autonome àl’égard de tous les poncifs et les dogmes qui me sont envoyés. Monsentiment actuel est que JE NE VOIS PAS DE LIMITE AU POSSIBLEALCHIMIQUE !! Nous pourrons aller, ou nous laisser aller jusqu’où notreEssence le pourra en fonction de son héritage. Pourquoi ne pas avoirl’enthousiasme que TOUT EST POSSIBLE ? N’y a-t-il pas Une Vie qui neS’arrête jamais ? Et que savons-nous vraiment de là d’où nous venons etde qui nous sommes ? La Présence Se révèle d’une ampleur qui dépassede si loin toutes nos conceptions limitatives !

*

J’expérimente, ou s’expérimente l’efficience du principe actif dumental. Lui-même n’est-il pas le porteur d’idées inductrices etconductrices de la vie ? Quand cette partie-là est plus directementréveillée, elle participe d’une élaboration plus consciente de la vie à partirde son propre plan de connaissance, c’est-à-dire à partir de l’Idée de ceque doit être une vie hors de la cage. Ainsi, l’éveil à ce plan mental, subtilet supérieur, relié à une ouverture dans le cœur permet de vivrepratiquement. Beaucoup de possibilités lumineuses émergent alorsconcrètement pour calciner les couches récalcitrantes et opérer une percéeimmédiate, comme une fleur ensoleillée qui éclôt de la croûte glacière desrelations. Ainsi, de nombreuses aberrations de comportement seréveillent, sont vues et éprouvées. Ce faisant, du terrain est gagné. Cecis’opère à travers l’Alchimie énergétique subtile qui modifie le cours deschoses mécaniques en situation. Mes interlocuteurs ou interlocutricessont quelquefois malmenés sans comprendre pourquoi ; il se dégage alorsune plasticité dans l’échange hors des normes et des repères qu’assigne lecaractère.

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Le 16 mars :

Vision subtile tel un microscope ou une caméra qui me fait voirl’ensemble des circuits d’énergie, les organes, le système nerveux, lecerveau, jusqu’aux hélices de la structure chromosomique. C’estcertainement par cette faculté de vision interne que les guérisseurspeuvent agir : ils ont l’Œil interne et peuvent voir directement la vie del’intérieur. La science devra un jour ou l’autre conduire ces chercheurs àcette bascule dans le “subjectif plus objectif”. Le mental de pointetouchera son incapacité, sa limite.

Hier soir, j’ai été ravi de voir en gros titre sur une revue “Dieu etle Big-bang, dernières découvertes”. Depuis un mois et demi, la Forceredouble d’intensité dans le centre racine à la base de la colonnevertébrale, ça travaille très dur à forer jour et nuit. Les douleurs dans leventre sont tenaces. Très abattu, je ne puis plus me lever à 4 heures dumatin comme d’habitude. N’est-ce pas à nouveau une remise à niveau descentres ?

Il n’est pas facile encore d’avoir une bonne pénétration mental-astral. Les phases alchimiques se succèdent comme autant d’exercicespour l’envol. Un vital-physique ou un vital tout simplement, non purifiéou en voie de purification, nous met en contact avec les zones du mentalastral des plus dangereuses, qui se caractérisent par des attaques sexuellesviolentes. D’où l’immense intérêt de l’orientation de l’énergie vers le pôlesupérieur et le décollement hors du plancher des vaches ! Je puiscomprendre combien le sexe dans le couple est une possibilité de grandebeauté. Pourtant, il nous faut faire face aux projections avilissantes etperverses soutenues par un mental-astral des plus diaboliques. Attention !L’affaire n’est pas si simple, c’est une plantade d’une puissance et d’unchoc comparable à une voiture lancée à 200 km/h contre un arbre !... Tantqu’on n’est pas ouvert - et il vaut mieux tant que nous ne sommes pasmûrs -, il vaudrait mieux mettre un panneau indicateur : “AttentionDanger, Haute Tension”. Car on pénètre dans des couches occultes àl‘intérieur desquelles beaucoup d’alchimisés se sont perdus dans lavolonté de pouvoir et de puissance. L’humanité est dans cette gangue ! Iln’est pas surprenant que toutes ces guerres se déclenchent à la surface duglobe et dans les foyers quand on connaît par expérience l’anatomie

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occulte de la nature humaine. Parler hâtivement de la “transformationterrestre” comme bien des adeptes du “Nouvel Âge” ou bien des disciplesde Sri Aurobindo ou de Douce Mère me semble l’une des choses les plusahurissantes et immatures tant qu’on n’a pas la connaissance de cettecomplexité.

Après ce forage, un grand bonbon de douceur s’est installé et unsilence de haut en bas se traduisait par une qualité de sommeil tout à faitlucide. Les cellules vibraient, gonflées, compactes dans tout le corps. Desondes de lumière les irradiaient ; ce Rythme-Joie avait des résonancesdans la nature la plus basique.

*

Le 17 mars :

Recevoir le Feu de l’Accomplir de l’Unique demande une totalesoumission. Ce qui ne se fait pas sans préparation. On ne peut recevoirplus que ce que l’on est capable de supporter en retour. Cette préparationdont je parle est certainement ce à quoi les disciplines spirituelles nousengagent. Est-ce que nous sommes dans une ère où le processusinitiatique procédera plus rapidement dans la mesure où il y a plus d’âmesqui sont prêtes, ayant elles-mêmes déjà suivi toute cette préparation aucours d’une longue marche antérieure ? Ceci expliquerait la floraisonactuelle de “l’Éveil” hors des voies traditionnelles. Ceci reste unequestion.

*

Cette nuit, je fus conduit au fin fond d’un tunnel et, devant unegrande porte de bois, j’ai attendu. Puis la porte s’est ouverte et unserviteur zélé m’a conduit auprès de la Mère divine. La Lumière étaitd’une telle intensité de Blancheur que je ne pouvais la regarder en face.Je distinguais à peine les traits de l’Ancêtre quand Elle me rappela madernière incarnation d’ermite au Ladakh ou au Tibet (?). J’eus la vision

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d’un corps âgé vivant seul dans une grotte, déconnecté d’avec tout lerituel du bouddhisme tibétain. Quelques rares pèlerins venaient le voir,mais il n’était guère avenant. Incarnation de grande solitude, de sortie detoute la sphère humaine et cosmique...

La sonorité de son nom était “Gyapsto” ou “Gyenpo” - je ne saisplus exactement - et le départ de ce corps eut lieu vers 1920. Je quittai lelieu subitement après cette révélation et fut bouleversé de ce rappel quime confirmait tout ce qui s’était passé lors de mon voyage au Ladakh il ya quelques années. Je vois de mieux en mieux le fil de l’Intelligence quirelie de corps en corps pour parfaire toujours plus clairement SonIntention divine. Quel étonnement de voir s’opérer le passage dubouddhisme tibétain à cette familiarité ou à ce pacte avec le yogaqu’impulse l’image de Sri Aurobindo ! Il y a là un mariage qui seracertainement des plus détonnants !...

*

Le 18 mars :

Ce matin dans la conscience du plan astral, je me souviens : j’aiété traîné par les pieds et ascensionné dans l’espace sous la voûte étoilée.Une voûte étoilée qui ressemble à du papier calque très fin sur lequel desétoiles étaient peintes... Au-dessus, derrière cette croûte, la Lumièreblanche. Cette Lumière blanche au-delà de la voûte céleste ! CetteLumière blanche derrière le cosmos planté comme un décor fut un choc.Je comprenais directement que l’Univers est en quelque sorte clos sur lui-même, ou comme un immense Globe, une immense Terre cosmique. Et laLumière blanche en amont est certainement l’Origine créatrice del’Univers. Très spécial. Il m’était montré la relation Univers/Lumièretranscendante, en amont, et peut-être bien créatrice de l’Univers tout enn’y étant pas impliquée. Le Soleil d’au-dessus du Soleil de l’Univers.L’Univers serait alors une sphère éclairée par une Lumière “d’au-dessus”...

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Il arrive un stade dans cette Alchimie où la personnalité est engrande partie dissoute, du moins suffisamment pour laisser place auNoyau-Conscient de l’Homme intérieur. Chaque centre de la nature estdirectement relié à Lui. Toutes les impulsions viennent du Point centralimmanent. On est vraiment tout au-dedans - mais pas encore au-dessus.Peut-être est-ce là une réalisation de la sainteté interne. C’est ce Noyau-là, cette Présence qui discerne vraiment. Dans la rencontre avec autrui unegrande tranquillité domine et rectifie assez rapidement les troubles, lesfaux mouvements.

*

Le 20 mars :

J’observe dans les moindres détails ce qui fait que cette réalisationintérieure n’est pas encore la pleine Libération. Cette Alchimie semble sigraduelle, si progressive, si scientifique ! Je vois bien que toute laconversion, tout le dévoilement du Réel passe par une minutieuse etincontournable transmutation de l’ensemble des matériaux de la nature.En tout cas, c’est un fait en ce qui me concerne. Voilà tout.

*

Le 23 mars :

Ça bouge dans le mental ! La Lumière réveille des schémas trèsanciens. Ce mécanisme qui sécrète ou capte une idée ou l’Idée et qui latourne et la retourne, la tisse et la détisse telle une araignée qui attrape saproie, la pique, la tue, la fait revivre, la pique, la tue et l’enrobe... à sefracasser la tête ! Le mental est lui-même le problème pour lui-même,sans le reconnaître. Pourtant derrière je suis calme, tranquille et observele jeu. Les corps subtils intérieurs sont paisibles.

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Je suis de plus en plus en collaboration intime en tant qu’Enfantavec l’Action de la grande VOLONTÉ. Je puis schématiser ceci de lafaçon suivante, en quasi-simultanéité :

1 - Action de la lumière sur un centre.

2 - Ré-action, habitude du schéma de comportement.

3 - L’Être essentiel, moyeu de toute la structure, se met à dialogueret à formuler la Vérité du Principe intérieur divin. Le centre en questiony est sensible et adhère de plus en plus à l’actualisation du Principe. Lanature est donc émanation de l’Âme et reconnecte avec la nécessité de laPaix et de l’Amour.

Ce “Processus” est l’Action qui met en avant un centre et le pétrit,en met un autre en avant, fait sur lui une opération, puis les conjugue etréharmonise l’ensemble...

Dans le “Processus”, ce qui m’anime c’est d’être le plus conscientpossible dans les moindres détails, non pas pour contrôler - ce que lemental cherche toujours à faire - mais pour entrer lucidement dans lemécanisme de la souffrance, de la mort et de surgir par-delà.

*

Dès que l’Être essentiel est en avant, le mécanisme dereprésentation, de contrôle réactionnel est vu plus immédiatement etglobalement dans le réseau inter-réactif avec notre entourage. Les mal-aises du mental, la complexité sont vus plus clairement et par le cœuréprouvés avec la présence de l’Essence ou du Guide immanent. Il est ànoter que les contacts avec autrui sont autant de tentatives de sedissimuler à soi-même et donc à autrui nos mobiles égoïstes etinavouables. Le mental s’acharne à vouloir faire “comme si de rienn’était” et à montrer bonne figure ; d’où le manque de spontanéité dontles corollaires sont fatigue et maladie. Serait-il utopique d’envisager quele processus de dévoilement s’opère à une échelle beaucoup plus vaste ?

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Je suis allé à une réunion de l’école des Rose-Croix d’Or. J’ai étésensible à leur enseignement... Ma surprise, pourtant, vient du fait que cetenseignement est principalement centré sur la réalisation mental-cœur,âme-esprit, et qu’ils éludent toute la dimension de la consciencecosmique. Ou bien n’ai-je pas bien compris ? Je n’ai pas pu abordersérieusement ce sujet avec eux car tout était par eux déjà réglé d’avancepour ne pas s’y appesantir. Ai-je bien compris ? Je ne sais car chaqueenseignement a ses subtilités et son langage. Pourtant, si j’ai bienentendu, la Gnose des Rose-Croix d’Or se refuse à envisager la réalisationde la conscience cosmique, et a fortiori je suppose la transformationintégrale jusque dans le corps le plus matériel. Il est fort probable qu’ilsne pourraient entendre ce qui se passe en moi. C’est passionnant de voiret d’écouter ce qui se dit et fait dans d’autres voies.

*

Le 24 mars :

Relater une scène symbolique dans le subtil qui donne les indicesde l’interaction des plans : j’étais conduit nu dans un endroit où il y avaitdes femmes sensuelles, des jeux érotiques... toute ma conscience, monattention était donc dans le centre génital. N’éprouvant aucun désir,aucune attraction, j’ai poursuivi mon chemin. Je me suis retrouvé dansune forêt à marcher tranquillement quand trois voyous ont voulu mebarrer le passage. De ma bouche sont alors spontanément sorties desparoles mantriques qui les firent sourire. Désappointés par mon attitude etce qui émanait de ma présence, ils sont paralysés. Je me suis alors envolévers l’autre versant de la montagne.

*

Le 29 mars :

Nous n’inventons rien, nous ne créons rien. Être seulementréceptif à ce qui EST. Plus la Lumière Agit, et plus nous sommes poreux,sensitifs, plus nous débordons largement de notre peau pour capter etsentir le jeu interactif de tous les corps mentalisés entre eux.

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Difficulté de relier le dedans, la paix, la vision, à l’action dans lavie quotidienne. Un grand barrage est à noter, un refus de la dynamisationde la vie, de la Conscience. Je sens là dans ce point une forte inertie, unechape de plomb qui voudrait contrecarrer tout l’élan d’actualisation de lavie. Plus je m’enfonce dans la possible transparence et plus encore seprésente l’opacité que je dois offrir au Feu de la purification. Il est certainque je voyage en conscience dans tout le paysage de l’héritagesubconscient familial... Avec l’éclairage et le soutien de la Présence-Force, ce qui nous semble aller “contre nous” est une force qui révèle cequi veut “être avec”, unifié, UN.

*

Sortir de la mécanicité humaine afin d’être des hommes libres,spontanés, est certainement l’immense labeur auquel nous sommesinvités. Cela seul est le sens de notre existence sur la terre. Quellebénédiction de se réaliser et se reconnecter avec la Source de la Présence !J’avais cru être séparé d’Elle ! J’aspire à la merveille, au miracle de cettedélivrance possible ! Il n’y a pas de mots pour traduire cettereconnaissance à Elle qui nous sort de l’ignorance... C’est un atterrissage,je réalise que je débarque d’un vaisseau-fantôme pour fouler ce quelquechose de réel que je suis : le Mystère du Réel reste entier !...

J’émerge à l’immortalité de l’Âme ! À la Vie éternelle en Soi, par-delà les accidents orchestrés par le mental. Toutes ces années à tâtonner !C’est dans cette vie-ci que je dois impérativement vivre en plein Soleil.Dans cette vie ! Dans cette vie ! Dans cette vie !!! Il faut le vouloir trèstrès fort et ne pas perdre une seconde, ne pas laisser la vraie Vie entre lesmains du tortionnaire mental en soi. Il faut que ce soit une question de vieou de mort. Je veux la Vie ! Je veux la Vie, Seigneur, Ta Suprême Vie !!

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JE SUIS

JE SUIS la porte à la poignée de mortles yeux injectés du sang de l'Éveil

JE SUIS la fleur des sables au désert de ta marchepoussant par la fièvre de ta tourmente

JE SUIS l'appel au plus fort de la souffrancequand tu es perdu loin dans la forteresse du désir

JE SUIS la chandelle vacillante par ta vuedans la Nuit-du-Temps où JE Me cache

JE SUIS l'Immobilité dans la fureur des galaxies naissantesEther insondable après l'orbe de toute planète

JE SUIS le Temps en éternité secondeoù l'homme peut Me dévoiler

JE SUIS l'aube des métamorphoses de l'Âmecrevant les bulles du rêveur ambulant

JE SUIS le voyage vers les mondes futursLumière de l'Âme reconnaissant au loin le phare de Ma Joie

JE SUIS l'Œil du cyclone qui détruit et ravagele Mensonge dans les filets serrés de l'Ignorance

JE SUIS l'Absolu de la Structure soutenant l'univers,Météore de Vie dans la Nuit-claire-de-Mon-Silence

JE SUIS quand plus rien ne sera, la Lumière dans le Vide,le retournement de l'Âme-du-monde vers Mon baiser

JE SUIS l'Arc-en-ciel sur tes cils mouillésQuand pleure l'Instant-d'Amour

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Le 31 mars :

Ce matin, la Conscience en moi est remontée au-dessus, dans lemental de paix. Il y avait là un Silence bleu profond et vaste...

*

Le 2 avril :

Cette nuit, grande pulsation de la tête aux pieds. Toute laconscience subtile des cellules vibrait : intensité ! intensité ! intensité !

Aussi, une ascension, une vastitude dans la lumière Or et Blanche.Tout cela ne va pas sans révéler et réveiller des inadéquations entre lesplans de la Conscience. D’ailleurs, la vie quotidienne dans les tâchesménagères : la menuiserie, par exemple, a mis en lumière mon manqued’intérêt pour l’action, la dynamique, à travers mes maladresses et lescatastrophes qui s’ensuivirent. Je souhaite vivement passer ce barragepour la juste dynamisation de la vie dans le faire de la vie matérielle. Jerencontre là un grand refus. C’est à pleurer...

Quelle architecture que tout cela ! Il y a tant de combinaisonspossibles ! Il n’est plus question pour moi d’autre chose que de laisser laPrésence dénouer les fils et brûler le programme.

*

Le 4 avril :

Je suis l’Âme qui ne meurt pas ! Il est un fait que rien ne se perd,tout ce transforme. La Lumière non-mentale est ce Grand Alchimiste quitransmute la ténèbre en Lumière et révèle que la ténèbre, essentiellement,est elle-même Lumière. Quel grand art, si laborieux, si lent et en mêmetemps si rapide, si immédiat !...

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Y-a-t-il un mourir pour le corps, alors que je suis immortel ?Qu’est-ce qu’il devient ? Qu’est-ce que son devenir vraiment ? Dire que“mon rêve” de libération se réalise ! Moi qui ai vécu tous mes rêves, jeréalise la fin de tous les rêves. Il est pour moi certain que TOUT estpossible !!...

*

Le passage dans les groupes Gurdjieff fut très instructif... pour mepréparer à cette réceptivité. Je me souviens encore de ce soir de mes 16ans quand le livre “La Vie Divine” de Sri Aurobindo m’est tombé d’unplacard sur la tête. Je me souviens de cet instant où la photo de son corpsm’avait particulièrement frappé en plein quelque chose d’innommable.Une reconnaissance certainement ! Ce fut le début du Processus de Re-Connaissance, de Re-Connexion ! Après ces quelques années, entre 5 anset 16 ans où j’avais un peu oublié. Ce fut le début de la question profondeà cette époque, quand j’éteignais la lumière dans ma chambre et seul dansle lit : “Qu’est-ce que la nuit ?”, “Qu’est-ce que la mort ?”. Cette nuitaussi où je fus témoin de l’agonie de la pensée qui, voulant penser la mort,se sentit affreusement mourir, et cet immense bourdonnement du Silence !...J’étais alors tel une fusée prête à décoller ! Mais voilà, je n’étais pasencore complètement prêt.

Il n’y a PAS de mort ! Il n’y a PAS de mort ! Il n’y a PAS de mort !!!...

*

Le 6 avril :

Note d’un rêve symbolique : décors de guerre où tout va êtredétruit par l’ennemi. Je suis chargé avec quelques amis de préserver unpetit livre contenant les paroles du Mystère-de-la-Vie. C’est imminent,l’ennemi arrive ! Nous nous retrouvons dans un temple en un endroitobscur. Je cherche la manette. Nous sommes poursuivis. Il faut faire vite !Je cherche donc le levier qui ouvrirait la porte vers le lieu où nous serionsen sécurité. Je tâtonne sur les vieilles pierres. Et ce toucher déclenche en

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moi le sentiment de ce grand Mystère. Je ne trouve pas ! L'ennemi se faitplus présent à nos portes quand un homme surgit de “je ne sais où” etappuie sur un bouton d’ascenseur me semble-t-il. C’était tout simple,devant moi, et je ne le voyais pas. Tellement simple ! Je crains quel’ennemi ne le découvre. Surgit alors au plus profond une voix me faisantcomprendre l’impossibilité de ce fait ! Nous prenons alors cet ascenseuret très vite nous sommes plongés dans une Lumière blanche très vivante,vibrante, vivifiante, nous baignons dedans. Nous arrivons dans unappartement très vaste de lumière blanche. Celui qui porte le Livre desparoles du Mystère-de-la-Vie nous invite à faire cercle autour de lui. Surles pages de gauche il y a des textes et sur celles de droite des figuresgéométriques colorées. Il nous sensibilise à quelques passages et figures.Nous en sommes émerveillés. Nous nous sentons tous très unis - chacunen tous les autres. Ensuite, nous sommes dans une grande pièce, nousnous dirigeons vers une fenêtre et découvrons au dehors un décor desculptures géométriques insolites. Le sentiment d’être dans un très trèslointain passé, si familier... Tous en un seul Homme, nous nous retournonset voyons un immense cercueil recouvert d’une étoffe jaune trèslumineuse. Soudain le voile se lève. Un Être à la fois enfant, homme,femme s’éveille souriant. Une intensité toute puissante ! L’Être est habilléde blanc avec des inscriptions rouges sur la poitrine... Il se lève lentementet nous le suivons, et Il nous dit de l’intérieur qu’il est l’Ange, l’Enfant dela Nativité. Il nous annonce la naissance future. Je vois alors la venue duChrist ! J’entame avec l’enfant un échange sur les Mystères-de-la-Vie. Ilsemble troublé par ce que je lui révèle. Mes paroles semblent bienpénétrer plus loin encore que sa connaissance actuelle...

*

Il y a des phases où j’ai la vision d’une sphère de lumière quis’arrache du magma en crépitements d’étincelles vertes, roses, rouges etjaunes. Ça fuse de partout. C’est la vision d’un lieu en constante fusiondes forces lumineuses.

*

Hier soir, avant de m’assoupir, vision d’une rose et d’une croix delumière dessus. D’ailleurs quelques jours avant Pâques, suite à une

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rencontre avec les Rose-Croix d’Or, j’ai eu en rentrant chez moi la visiontrès précise du sens réel de la Crucifixion du Christ dans la Lumière d’Or,dans le sens de la Gloire. Quelle Joie immense que cette crucifixionéveille ! Tous les êtres autour portaient une coupe d’or. Cela a durélongtemps, d’autant que cette vision fut soudaine, impérative. N’est-cepas là tout le sens immédiat de l’illumination intérieure au cœur del’homme, au cœur du monde ?! Le Christ, n’est-ce pas la force d’Amourdu Père se révélant dans la crypte du monde lorsque toute l’apparence denotre personnalité est clouée par et dans la Lumière et que toutes lesénergies enténébrées sont infusées par la radiation de cette Lumièrecréatrice et régénératrice ? C’est bien la naissance de l’Enfant Divinimmanent. Seule la Force de l’Amour est le Pouvoir qui rend le mondedans l’Amour du Seigneur.

*

Le 14 avril :

Je veux relater quelques expériences du mois de juillet dernier(1988) car elles me permettent à nouveau de faire le point. Je fais ici ladistinction entre “expérience décisive annonciatrice” et “réalisation”. Ceque je relate là, ce sont précisément des expériences annonciatrices, nondes réalisations. Ce fut ici quelques expériences dans la consciencephysique, me semble-t-il, où le véhicule a reçu une intensité de Force sigigantesque que le mental et le vital, selon l’acception perceptiveordinaire, avaient disparu. Il ne restait plus qu’un tube, un tunnel vide ; jel’appelle “le vide dans la chair” où la disparition du mental et du vitalordinaires laissait place au vide-plein bourdonnant, noir de lumière, nonplus au-dessus, tel la vacuité universelle, mais dans le corps, un “nirvânainterne d’immanence physique”, donnant à la forme elle-mêmel’expérience de la vacuité bourdonnante.

Je fais bien ici la distinction entre ce vide dans la chair etl’extinction au-dessus du corps physique (où il n’y a plus aucuneagitation, où l’on baigne dans une paix et un mouvement ample de silenceet de lumière bleue-indigo) tandis que les centres subtils bourdonnent telsdes abeilles, alignés.

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J’en reviens au tube et à l’envahissement de la Vibration dans lescellules, le gonflement, la sensation de centrifugeuse et la montée de laconscience du corps au-dessus vers la Radiance du Soleil. Je fais déjà bienla distinction, me semble-t-il, entre les expériences du mental intellect,vital émotionnel et de désir sensuel, ainsi qu’avec le physique subtil etpeut-être encore plus profondément vers le corps. Là, ce qui s’est produitfut selon moi aujourd’hui plus profond que le physique subtil ou peut-êtrebien à l’une de ses frontières.

Il y eut quatre expériences de ce type mais, ce matin, les choses sesont précisées et je vois combien toutes ces annonciations expérimentalessont offertes pour préparer l’infusion et l’incubation. Ces expériencessont comme des balises dans ce processus si spécial.

*

J’ai en ce moment accès à des sphères impersonnelles etinconnues où le discernement est difficile ; il y a un barrage. Je sens queje suis évidemment guidé et en même temps je crains les récupérationségotiques universelles subtiles.

*

Hier, une puissante Vibration m’a poussé au sol, allongé en croix,la face contre terre. Cette vibration fut si puissante dans la consciencephysique qu’une cataracte de joie a envahi ma nature par de grandesvagues océaniques. Puis tout s’est calmé. Une vibration d’une autrequalité a enveloppé le corps, dans le dos, puis la Force est montée par lespieds, faisant vibrer des paquets de cellules. La conscience immanentes’élargissait vers les quatre points cardinaux, ce fut le réveil de la Joiedans la nature, et le corps baigné était très heureux. Ensuite, je fustransporté vers les hauteurs, au-dessus du mental. Haut-bas, Lumière or etblanche!

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L’obstacle est la porte ou le sas qu’il nous faut traverser pourdéboucher sur la Merveille ! La confiance en la Présence divine est la clé !

*

Ces dernières jours, avant cette expérience, j’ai encore eu la“tentation “ de tout plaquer et de “filer en haut”, comme on dit. Ceci dit,je réalise combien nous sommes frileux pour intégrer la Splendeur icimême. C’est un aller et retour entre les cimes et l’abîme qui révèle notrecœur. En montant, si je puis dire, tout de suite, en bas, la difficulté futmoins fortement éprouvée comme telle. Heureusement que le bonhommeest sous haute protection ! Je vis le ni oui ni non, mitigé. Pourtant, il fautbien se décider, alors je dis : oui !

Il me vient cette ironie : le plus court chemin vers laConnaissance, n’est-ce pas l’ignorance ? D’ailleurs, après cetteexpérience face contre sol et cette Lumière puissante dans la consciencephysique, il y a eu comme une remontée laissant émerger à nouveau levital, puis le mental de connaissance, tout cela s’élargissant vers laLumière dorée et blanche, et l’action de la lumière indigo compénétréedans le rouge. L’Esprit dans la matière ?! Toute cette courbe alchimiquerévèle une connaissance et un élan de vie qui me libère considérablementdu poids de l’ignorance ! C’est UNE NOUVELLE SENSATION D’ÊTREVIVANT, ainsi que la sensation plus consciente de la présence de Phil.Plus proche d’autrui... Nous ne sommes ni “dingues” ni dans “notre”monde, non, il est certain, nous naissons à la Vie ! Il y a beaucoup deplomb à déblayer dans le ventre pour réveiller la réceptivité et le consentirà la Lumière !...

Aujourd’hui, après ce passage, la nature exulte et appelle. Lescellules vibrent massivement par endroits. Une Vibration qui fait presquemal. N’y-a-t-il pas contact dans la simultanéité - Ô combienincompréhensible ! - entre la perte apparente de contact et la révélationdu contact par l’absence ? N’est-ce pas lorsque nous nous sentons le plusperdus que nous sommes trouvés ? Car qu’est-ce qui est perdu si ce n’estla mémoire, le connu, la pensée ? N’est-ce pas dans le retrait et l’absenceque Celui-Qui-Est peut percer ? L’absence, n’est-ce pas cet écran que laLumière doit forer ? Voilà toujours plus la conviction que tout est danstout. Paradoxe !

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Il est pourtant si bon dans toute cette galère de la descente derester perdu dans la Lumière or et blanche de la Mère, une paix simerveilleuse dont se moque si bien Satprem. Pourtant, cette Beauté là-haut, il nous faut d’abord la réaliser avant de redescendre ! C’estcertainement ce qui nous est demandé aujourd’hui. Il est un fait meconcernant, que le forage dans le bassin révèle beaucoup de difficultés.Aussi, ces derniers jours, je me suis esquinté la main droite, entaillé lepouce, etc. Je vois que cette difficulté est un caillot causal dont je suischargé. La Lumière doit dilater tout cela et le traverser. N’ai-je pasquelques rappels subtils d’un voyage antérieur où l’essence s’était évadéedu plan de vie à la recherche de l’Esprit ? Je vois qu’à travers nosdifficultés, nous pouvons, si nous y consentons, laisser faire la Force pourqu’Elle prenne possession du nœud et le dissolve. Ainsi, quand nousflirtons avec un nœud psychologique, ou avec la psychologie dusubliminal, et que nous nous laissons épouser, la Présence peut alors ypénétrer et ouvrir la paupière de la Vision et de notre éprouvé à un espaceplus vaste de Lumière et de vie, car un Feu d’Énergie universelle s’yengouffre...

*

...Malgré ce sentiment d’isolement si fort, j’ai été à l’association“Auroville International France” et après une conférence fort ennuyeusesur Sri Aurobindo et Teilhard de Chardin au sénat, avec des individus quiont été à Auroville et que je fréquente de temps en temps, je me suisretrouvé avec l’un d’eux qui a fait en Sorbonne un mémoire sur SriAurobindo et étudie l’astrologie selon l’approche de Dane Rudhyar. De filen aiguille, comme on dit, nous nous sommes retrouvés au restaurant avecdeux autres de l’association. Là, je me suis mis tout à coup à parler plusdirectement. Ils furent très surpris et Christophe, le premier, très touché,m’écouta avec attention. Il semble que ce soit un homme sincère d’unegrande pénétration mentale avec, en quelque sorte, une puissance d’appeldans le cœur. Il fut tout de même très surpris de m’écouter... Bref ilsm’apprennent que le lendemain se tient une réunion à l’association car ilse prépare un changement. Je sentais tout cela depuis un bout de temps,car j’étais en contact avec eux dans le subtil et je ne savais trop pourquoi.Le lendemain, je vais à cette réunion. Mais avant, dans l’après-midi,

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soudain, j’écris un texte d’un seul jet sur la situation du “Travail”alchimique sur le plan terrestre, et parle, sans savoir vraiment, de lasituation d’Auroville et de l’Ashram. Une fois à l’association, le comitédirecteur annonce clairement qu’Auroville, c’est trop la magouille avecl’ashram, que beaucoup en reviennent car le projet de la Mère sembleentre de sales mains, et ils décident donc de ne plus informer sur Aurovilleet de changer leurs orientations. Pendant toute cette réunion la Forcedescendait, très pressante, dans la nature, et toutes les cellules vibraient.J’allais presque basculer en arrière tellement c’était fort. Jamais celan’était arrivé ainsi dans des groupes. C’est alors que j’ai sorti le papier etque j’ai lu le texte. J’ai senti alors la surprise, l’étonnement et leurdésappointement face à une telle audace qui leur semblait vraimentcomme une fausse note. Je crois bien que c’en était trop pour eux et j’aipu constater ma solitude et le caractère incommunicable de ce quis’opère...

Les groupes dans une obédience quelle qu’elle soit semblentrebelles à l’Inattendu et l’Inconnu qu’ils semblent appeler pourtant sisincèrement. En fait, c’est une mascarade, parce qu’ils sont bien pluspréoccupés par l’association que par la percée de l’individu dans l’instantde la situation. Eux-mêmes sont le jouet du diviseur qui oblitère laréceptivité à la Force et son génie d’intrusion comme Elle Veut et où ElleVeut, toujours AUTRE que comme on voudrait La penser. N’est-ce pas cequi arrive dans toutes les communautés lorsque le personnagecharismatique disparaît ? Les images et les livres, le parfum, les clausesjuridiques, tout ça est bien plus important que l’émergence de l’Âme dansl’individu.

Ne se laisser décourager par rien car ce n’est pas ce qui semblearriver qui est obstacle, mais la limite mentale qui obstrue le flux de laVie, de la Conscience-Amour dans son infinie orchestration. Se laisserpénétrer et fouiller par Elle, là est notre dépassement suprême, notreréalisation.

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Le 23 avril :

Sur le chemin du retour chez moi, après 10 heures d’affreusessuggestions au travail, ma vie était enveloppée d’un manteau d’épines etde griffes, de pluies acides et d’acres parfums. La Conscience fit lecontact avec la mémoire des travailleurs du monde, avec les siècles d’unemasse humaine asservie par le pouvoir de l’ignorance, broyée dans lamachine du mensonge. Je voyais ces hommes et ces femmes, mais aussices enfants soumis au labeur 15 heures par jour, sans repos, baignant dansla peur de ne pas manger ni de jouir de l’instinct qui veut son content depitance. À travers leurs gestes mécaniques et leurs paroles “soupapes”,débiles, je les voyais répéter toute l’affreuse condition duconditionnement, où aucun espace intérieur n’est possible si ce n’est larecherche de l’intensité par la perversion, la dépression, la maladie et lamort. Et je voyais ce cycle se répéter sans fin, mais avec faim, comme unimmense dragon assoiffé de chair et de sang. Je ne peux qu’éprouver dela compassion pour tous ces êtres puisque je trempe moi-même dans cebain. Pour 1000 francs par jour, ce qui est bien, c’est aussi pour moil’assommoir tel que Zola a pu le décrire dans ses romans. Voilà masituation actuelle entre l’alchimie yogique, interne, et les conditions devie dans cette société. Je suis stupéfait de la pauvreté et de l’indigencepsychique et matérielle dans lesquelles nous vivons tous au 20ème siècle !Rien ne semble avoir vraiment changé depuis Zola, malgré lesapparences. C’est pourtant ce constat qui me donne toujours plus de soifet d’aspiration au retournement. Mon Dieu que le monde est lourd,quadrillé, numéroté, sous contrôle policier, les gardiens de l’absurde, lamémoire, le temps, la pensée !... Le monde dans sa négation est trèspuissant, et seule la Force divine peut changer les données en profondeur.

*

Par l’intermédiaire de Phil, je constate le fil qui nous relie les unsaux autres ou dans les autres. Comme si j’étais “dedans” l’autre, l’autre“dedans” moi. Ressentir l’absence ou la difficulté de contact avec autrui,c’est toujours une Présence qui veut percer pour éclore consciemment.Après nos traversées en solitaire, ne nous retrouverons-nous pas avecquelques perles communes péchées dans les profondeurs de notresubjectivité pour rejaillir ensemble à la surface de l’eau, la main tenduevers l’unique Soleil ? Nous ne pouvons nous rencontrer les uns les autres

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que dans l’universel et l’impersonnel, dans le courant intégrateur qu’est laLumière. Combien de fois n’ai-je pas vérifié avec Phil que lorsque l’unmontait, l’autre descendait en oubliant un peu l’autre aspect. Cet oublitemporaire est ressenti comme absence, cela est inéluctable et salutaire.C’est pourquoi quand l’un monte, l’autre descend jusqu’à l’intégration dudouble accord en un seul et même mouvement d’amour de haut en bas oude bas en haut. En conclusion, rien ne sert de courir, il faut partir à point,au point, ou bien, mieux encore, rester immobile est le meilleur moyen dese mouvoir et de se déplacer !

*

Le 24 avril :

Au fond de moi, et bien plus depuis les dernières expériences, jevois que Satprem peut aller loin dans le processus de descente. Nouscontribuons à l’aider, car il nous aide. C’est toujours la Mère suprême qui,en chacun de nous, Se poursuit et Se poursuivra si nous nous accrochonsà la Force du Soleil. Il nous faut sentir ce que veut dire pour nousl’Immortalité sur tous les plans. D’ailleurs mes premières angoisses,quand j’étais enfant puis adolescent et après, furent à propos de la mort.Et mon acharnement à écrire, c’était pour sonder cet abîme, jusqu’au récitque j’ai écrit - qui me faisait plonger dans un cadavre - et que j’avaisappelé “Un cantation”, chant pour l’Un carnation. Il n’y a que le Divin,disons la Lumière, la Vie éternelle, et il faut qu’Elle S’infuse dans laprofondeur. Je dois m’en remettre exclusivement à la Force car c’est Ellequi prépare l’instrument pour le mener aussi loin que possible. Qu’il estbon de nous ouvrir pour réaliser, par étapes, Ce-Que-Veut-l’Amour !...

*

Expérimentation du passage entre les allumages dans la nature, enquelque sorte les “illuminations”, et l’activité du travailleur social dansles lieux de tournage. Dernièrement, j’ai été travaillé dans cebouleversement ! J’ai constaté un très grand calme dans l’ensemble. Pasde réaction. Tout venait de l’extérieur, et seule la base de la nature la plusbasse en vivait les répercussions. N’est-ce pas ce que Sri Aurobindo

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appelle le “circum-conscient” ? C’est cela qui est à l’étude depuis lesquelques vastes expériences de ces derniers jours. Une légèreté, comme sij’étais sorti d’une coquille. Mon contact avec la vie ambiante plus net. J’aiobservé seulement que durant ces 7 jours, je voyais s’entasser ou serévéler les ordures jusqu’à faire une enveloppe, un cocon autour ; lecorps, abruti, n’aspirait qu’à dormir. J’arrivais à la maison, jem’allongeais, et j’essayais de ne pas dormir, d’être conscient du barrage.Pourtant je me réveillais après 3 heures de sommeil en allantapparemment mieux. Ce qui est à noter, c’est que le vital n’a pas produitpar lui-même certains fantasmes après coup, cela est un grand progrès.Les chemins les plus courts sont souvent les plus longs !

*

Le 30 mai :

Voici maintenant une semaine que je suis parti de chez Phil, àMarseille, une semaine à voir que quelque chose de particulier s’estproduit entre nous. J’ai ressenti jusqu’à aujourd’hui une distance plusnette que jamais s’instaurer entre l’alchimie de chacun. Ces jours passésensemble furent d’une rare intensité dans l’interaction de nosproblématiques subconscientes respectives. Nous fûmes assaillis deforces “adverses”, bien satisfaites de ces immenses gouffres qui séparentles créatures humaines !...

Dès mon arrivée chez Phil, je n’étais plus uniquement dans leshauteurs délicieuses car la Force m’avait conduit de plus en plus en bas...Nous étions cette fois dans notre boue respective, dans l’incapacité totalede nous aider l’un l’autre. Phil fut très surpris de mon comportement etdes fréquences vibratoires spontanées qui veulent se déployer en moi. Jecomprends qu’il ne soit pas évident pour lui de capter encore le processusd’unification spontanée, directe, que la Force Universelle accomplit ici.Je me reconnais, dans ce processus, dans les témoignages aurobindiens,mais aussi de bien d’autres avant nous. Lire dans les livres est une chosequi participe de notre croissance préparatoire, mais, lorsque l’un de nosproches vit plus intensément ou directement ce dont il s’agit, nousréalisons alors que les livres ne nous ont pas délivrés de nos préjugés dans

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l’instant. Même Phil ne me capte que très peu, voire même il semble très“adverse” à ce qui se manifeste en moi. Ceci me conduit à une solitudeencore plus profonde. Qui aujourd’hui pourrait m’entendre sans me juger ?Satprem ? Mais pour l’instant je ne puis passer par les intermédiaires carou bien ils ne me sont pas présentés, ou bien ils loupent les rendez-vousou visent à côté... Devrais-je me dévoiler dans une incompréhensiongénérale sur le plan horizontal “jusqu’à un certain niveau” ? J’ail’intuition de cela et je l’accepte.

La confrontation - et le mot n’est pas trop fort - avec Phil me meten phase avec les puissances cachées du dedans. Phil est vraiment monmiroir implacable. Passer par lui est terrible, mais d’une terrible etmerveilleuse révélation à laquelle je consens. Durant cette semaine nousavons tous les deux été ramenés aux gouffres du dedans sur lesquels nousparlons et mentalisons beaucoup. Pourtant, la Vibration Veut y changerquelque chose ; je plonge avec lui mais je plonge exclusivement d’aborden moi. De ce fait, autrui ou les autres contribuent à être le miroir duMaître-du-Dedans à travers toutes les formes du monde ! Tant que “moi-je” ne sera pas dissous, rien de nouveau ne pourra être vraiment vivant.Nous sommes dans ce risque aberrant. D’ailleurs, nous avons failli avoirun accident très grave sur l’autoroute dû à une friction terrible. Toutes cessituations limites avec lui depuis que je le connais m’auront poussé au finfond de l’impasse, là où l’on suffoque atrocement à force de contacter lanégation de la Lumière en soi et partout... Cette subconscience de surfaceest atroce !

“Faire passer la Vibration consciente dans la vie, dans ladynamique”, ainsi que le mental de Phil me le demande, m’est pourl’instant impossible car le “processus” me plonge très loin au-dedans, etde plus en plus haut en même temps que de plus en plus bas. Aussi, j’aile sentiment que le développement dans la dynamique ne pourra vraimentéclore tant qu’une complète refonte intérieure n’aura pas eu lieu et quel’éveil de l’Être essentiel ne sera pas chose fermement établie. Je ne mevois pas pour autant “coupé du vital” ainsi qu’il m’en fait le reproche, aucontraire ! Je n’ai jamais été aussi facilement dans la vie que cettedernière année ! J’ai seulement avec la vie un contact différent de cet ami.

Phil a beaucoup de mal à entendre ce que je peux lui révéler,tandis que je fais souvent miennes ses découvertes. Dès que je l’ai

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rencontré, j’ai senti qu’il allait être le protagoniste de ma révélation et j’aiquelque peu souffert qu’il ait trop joué pour lui-même à m’enseigner enrefusant d’entendre ce que je lui proposais de voir. C’était trop souvent àsens unique. Mais n’est-ce pas lui qui le paye aujourd’hui de façon trèsforte par mon éclosion soudaine qu’il n’a pas vu venir ou voulu voir, etqu’il nie peut-être bien encore farouchement ? Pendant toute cetteéquipée, il ne m’a guère laissé l’espace de l’écoute tandis que je devaisconstamment me soumettre à sa parole. L’orgueil est le mot !

Si la Vibration qui œuvre en moi lui fut difficile à supporter,jusqu’à en “perdre les pédales”, notre “relation” m’a pour ma partlargement contraint à l’Abandon à la Présence. Et là je dis de tout monêtre en éveil : “Merci à cette galère, merci à cette terrible souffranceterminale !”. Je souhaite ardemment qu’il en soit de même aussi pour luien retour. Pour l’instant, “jusqu’à nouvel ordre”, il est bien que nous nenous revoyons plus mais que nous ne perdions pas contact pour autant.Seule la Force divine nous réunira tôt ou tard. Il nous faut pardonner lespersonnalités ; elles ne savent pas ce qu’elles font... Revenons à l’éveil del’âme, à ce qui est la vérité noble de soi-même. Soyons les guerriersdrapés des sept couleurs de la manifestation de la Grande Lumièreblanche incréée, revenons au Cœur. Tendresse vers lui.

*

Le 30 juillet :

Depuis deux semaines environ, la Force m’invite dans les bas-fonds. Ceci entraîne une forte pression dans les pieds et une sensationphysique très très lourde ; je marche avec difficulté. C’est le siège desforces fossilisées dans la mare fangeuse qui fut gravée dans la cirehumaine. C’est le limon mentalisé par où les centres de surface sontabreuvés. Tant que le renversement n’est pas efficient, le masque duconnu vient enrayer la réponse innocente. C’est la grande mise en scènepour l’homme endormi qui peut ainsi temporairement faire son jeu sansêtre dissous par l’universel. J’entends Krishnamurti dire : “Voyez lapensée, elle n’est que le fruit du passé, votre conditionnement”. Mais laracine de ce fait est si puissante dans la nature humaine que la prise de

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conscience seule ne peut nous en libérer sans l’intervention de la Forcequi purifie et transforme. Krishnamurti, d’après mes lectures, n’indiquepas l’abandon à la Force ; il nous pousse à la vision et à l’impasse de laprise de conscience que la pensée est notre ennemie. Voir leconditionnement, n’est-ce pas découvrir le connu qui nous conditionne ?Voilà la grande découverte que notre attention, animée par la Force, nouspousse à pénétrer toujours plus à la racine. C’est une bataille terrible,quels qu’en soient les mots, jusqu’au lâcher-prise. La phase de bataille oude guerre est un fait car la personnalité reposant sur la pensée-désir-mémoire est accrochée telle un bigorneau ou une sangsue dans le flux de vie.

*

Le contact “au-dessus” est maintenant permanent et c’est la Forcequi fait comme Elle Veut, je n’ai plus de doute en la matière. Je pourraisdire plus précisément : en l’Esprit. Je comprends bien tout le sens de marésidence à Paris car les conditions y sont réunies pour que quelque chosesoit élaboré qui corresponde à ce que l’instrument devra vivre etaccomplir. La confiance est en moi, même si cela est pénible, car j’en voisle dessein. C’est le Divin qui Veut ! J’ai connu, le 29 juillet, une sortie duréseau, des mailles, dans ma nature. Je ne pourrais dire exactement à quelniveau mais ce fut Silence, Paix, Lumière et Joie. La Beauté sur ce plan.Et il n’est pas ici question de “supramental” ou de “transformationphysique” comme pourraient le penser trop facilement les aurobindiensou satpremiens. Non, c’est l’alignement des corps intérieurs au-dedans. Jepuis bien distinguer cette expérience d’avec la sortie “au-dessus” de cethiver*. Il faut bien distinguer les expériences ou les réalisations dansl’immanence qui témoignent de l’infusion-intégration de la Force dans lanature elle-même, de celles situées “au-dessus” de la nature dans laVacuité universelle qui, paradoxalement, laissent l’instrument comme en-dehors de ce Fait de Silence-Paix immesurable.

Que l’Action du Divin nous guide et S’accomplisse par Sesenfants. Que Sa Volonté soit la Seule qui Agisse. La Vie est Joie et elle estdivine !! Nous sommes le germe de la Vie nouvelle !!

* Cf. la note du 22 novembre 1988.

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à Phil,

UNE NOUVELLE VIBRATION DANS LA TERRE

Nous sommes devenus la falaise de roches jaunes et ocres,de sable serpentant à la lisière des couches plus sombres.

Son reflet, sur les eaux du regard de la mer, ondulaitpar le roulement des vaguelettes en leur bleu de nuit et d'émeraude ;

sur les rivages de nos yeux, elle nous offrait ses éclats dorés.La Pression des mondes invisibles fit descendre des degrés de

l’être un Chant contenant toute chose, rythme de la Conscience dans les éléments.

Nous sommes devenus l'échange de la vastitude du ciel et del'océan, quand toute distinction par une ligne de l'horizon est abolie

Les deux Infinis, par notre regard, tourbillonnèrent autourdu Feu solaire pour ne vibrer qu'en une étendue magnétique,

densité originelle sillonnée d'électrique Lumière dans l'Ether dela Substance. L'Or de la Volonté Divine coulait

par Son don de Grâce sur ses fils réceptifs dans leur âme à travers leur mental, leur cœur et leur corps.

Nous sommes devenus le Mental de Lumière à l'origine de son mouvement dans l'Arc-en-ciel

des couleurs subtiles du Pouvoir de la Blancheur.

La Vie jaillissante aussi, dans la cascade des forces vives,ouvrit la Porte du Sanctuaire du Cœur où l'Enfant-de-Joie

s'éveille et grandit lentement, au plus profond, sous l'épais manteau de la Nature, elle-même dévoilée

en ces temps à son destin divin.

Nous sommes devenus dans la conscience physique le frissonde Lumière parcourant le corps assis sur la roche grise, crevée de

nuit par les attaques inlassables des lames acides du temps ;le corps poussé vers le gouffre de la Mort qu'il aperçoit à chaquebattement du cœur. Mais là, une Impulsion nouvelle lui fit sentir

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jusque dans les cellules la Joie d'être, une vaste sensation mêléedu Feu, de l'Air, de l'Eau et de la Terre participant à l'éveil

progressif de la Conscience Divine dans la matière.

Nous sommes devenus alors ailés dans le vol de la blanche mouette planant entre ciel et mer, l'œil attentif,

vers les essaims de poissons.Nous étions l'Intelligence de leur instinct infaillible, vif.Les ailes déployées face au vent, bercés nous voguions...

La Volonté du Souffle-de-l'Esprit nous guidait en Son Devenirlà où Il Veut Se révéler totalement Lui-même, jusqu'en Ses habits

changeants, le Voyageur éternel du Grand-Tout.

Nous sommes devenus unis à notre frère dans l'intime del'Être ; saisi qu'il fut par la Présence active de la puissante

Vibration. Son regard d'un vert clair était traversé de l'Infini,évident, le cœur n'ayant plus les peurs en cortège, plongea

dans l'immense... et le corps trembla sous le choc soudain d'une délicieuse caresse

Nous émergions vers l'Homme, défaits des humains, dans la Main Divine qui est Don permanent pour Sa Création ;

nous étions dans CE-QUI-EST.

Nous sommes, par la Volonté Divine, dans le Passage évolutifde l'homme : Aurore nouvelle dans les fibres de la Matière

insondable jusqu'alors. Par la venue des Grands êtres les sceauxde l'impossible descellés pour que les hommes au Divin se donnent,

car Lui Seul Peut toute chose.

Entendront-ils ? Verront-ils la nécessaire Aventure pourDemain ?... quand déjà s'élabore en secret le Nouvel être qu'ils

deviendront dans un corps lui aussi transformé par le Pouvoir d'Oren le parfait :

EXISTENCE - CONSCIENCE-FORCE - BÉATITUDE

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Le 1er septembre :

Il faut que le Temps vienne où la Nuit universellesoit incendiée, illuminée de myriade de Vies

pour que finisse la dictature de la croyance en la Mort,cet édifice guindé du maléfice séculier !

Nous irons tout au fond de l'Univers chercher le mal,ce faux frère ennemi qui n'attend que Cela

Cela, l'Amour de Lumière divine qu'il appelle...Temps bien que mal nous lui donnerons le coup de Grâce!

Que la Puissance de la Vie dépasse la vie et la mort !Et surtout, qu’Elle nous amène à Vivre la Mort jusqu'à la faire

mourir dans le cocon du mondeoù elle enferme le monde dans un Tombeau !

*

Le 11 septembre :

Assis face au soleil voilé juste au-dessus de l’immeuble d’en face.Les voisins sont partis au travail ; je peux ainsi, la fenêtre ouverte, nedéranger personne. Mes voisins s’appellent Mr Marseille et Mlle Pinelle.Marseille est donc tout proche, une porte à côté ! Clin d’œil avec Phil.

Le dévoilement conscienciel présent révèle l’élargissement etl’infusion de l’universel impersonnel qui annule “moi-je”. Il n’y a qu’unGrand Mouvement d’ÊTRE sans point d’impact de l’universalité vaste,Ça ne laisse pas de trace ! Il n’y a plus, dans ce mouvement, le “petitbonhomme” ou “les autres”, qu’un unique mouvement d’ÊTRE qui n’estpersonne en particulier. Jusqu’à se demander : “Mais où suis-je, où sont-ils tous ?”. Le monde pourrait bien ne pas exister que cela serait égal.

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Alors c’est très étonnant et j’en prends conscience lorsque Phil me le faitremarquer. Il n’y a plus “moi” ou “l’autre”, je ne puis plus contacter“personne”. En quelque sorte, terminé le subliminal, ça ne donne rien, pasd’ancrage si je puis dire. Je suis impersonnalisation qui annule le rapportindividuel. Dégagement du subliminal, en fait du plan d’immanence.

D’ailleurs, il est bien difficile de dire “je” actuellement ; de plusen plus c’est “il”. Ou alors il faudrait parler du petit bonhomme commed’une coquille... Donc : Sens de l’Universel. Un face-à-face ou uneimmersion dans l’univers. Conscience-Force dans l’univers. Mais toutesles personnalisations des amis et de soi-disant “moi” ont disparu. Ceci dit,quand je suis avec les quelques amis, je me sens très proche. Maiscomment dire ? Par le “haut”. C’est encore autre chose que l’Immanencedu Divin individuel, la réalisation du Noyau-d’Âme, tout au Dedans.C’est une Liberté qui ne demande aucun effort. Sortir de la boîteénergétique immatriculée révèle l’Aisance universelle ! C’est ainsi quesont brûlés les fils relationnels égotiques aux situations afin que, quoiqu’il arrive, c’est toujours l’Universel sans personne qui domine, le Sensde la Solitude vaste et irréductible. Tout s’effondre de l’ancien monde etil est bien difficile d’y mettre des mots ! Tous ceux qui se “mettent” ouqui “sont mis” ici sont autant de vertiges pour le lecteur. Le mental c’estzéro !

L’âme grandit par la liqueur du Ciel puis fleurit et s’évanouit dansune plus grande Âme universelle, ce qui confère une dynamique de vie deplus en plus souple. Mais ne faudra-t-il pas relier expérimentalementTranscendant universel et individuel ?

*

En simultané, encore une profonde plongée dans les mémoires oùje vois les images de la famille, de gens et d’amis de l’enfance. À ceniveau-là de la nature, émerge à présent un grand refus de la violence, cequi fait que dans la soirée d’hier, je me suis mis en colère avec d’autresgens ! Le retour du refoulé des profondeurs ! Alors, en apparence, onpourrait croire que je régresse ; en fait j’avance dans la traversée de cefilet mental. Voilà toute cette science paradoxale de l’alchimie : évidence

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de l’universel “au dessus” et continuation du nettoyage dans les plans dela nature pour l’universalisation de celle-ci sur son propre plan. Vu del’extérieur, je “perds les pédales”. En fait, “je” perds le contrôle mentalpour la Maîtrise consciente, ce qui est très différent ! D’où toutel’acrobatie dehors-dedans ! Ainsi, le processus qui m’anime est enquelque sorte double : libération intérieure immanente puis dévoilementde l’Universel d’un côté, et de l’autre, la Force de cet Universel quipoursuit l’universalisation des robes de la nature, de la “profondeur” et dela “hauteur” à la “périphérie profonde”...

*

Lucien, cet ami de l’adolescence, m’a téléphoné hier soir, il estplus calme et se rend compte du fort tiraillement qui se révèle entre sonEssence et le “moi-je”. C’est pour lui une course de vitesse. La pressionde la Lumière lui donne sa chance de se déterminer pour l’aventure. Touts’accélère si nettement pour lui, avec ses velléités de mariage, ses coupsde foudre vitaux, qu’il pourrait se retirer de l’Alchimie plus directe. Cecidit, tout est bien. À suivre... Pour Christophe, il faut lui souhaiter qu’il seréveille...

*

D’ailleurs, un couple d’une soixantaine d’années, qui vientéchanger le samedi matin avec moi, est en train de bouger. Ilscommencent à ressentir des choses “spéciales” en ma présence, desmodifications d’états de conscience tels que relaxation très profonde,vastitude et calme, etc.

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Le 29 septembre :

La Vie et la Mort

Ce ne sont pas les hommes qui viventCe ne sont plus les hommes qui meurent

Mais c'est bien l'âme en l'Esprit qui vibre

Il n'y a que la Vibration par-delà les sonsen la Source cachée, il sera fait exaction sacrée

de la confuse douleur de l'attachement aux formescar ce que l'ignorance nomme “Vie” et “Mort”

sont tous deux un masque quand Être est autre chose...

Le valeureux passage vers le lendemain nuptials'est accepté totalement à la Sagesse des lois

et pas une vague ne viendra plus sentir le doute,il n'y a plus rien qui hésite. C'est là le Don certain

Aussi, c'est bien la Vie et la Mort qui agonisentpar l'effacement progressif de l'illusion cosmique.

Tout est fait par-delà le carcan humainet ce que vous sentez n'est qu'un vieux souvenir tenace

*

Le 3 octobre :

De l’Âme à l’Esprit

Du Noyau-d’Être individuel à la Conscience Universelle, quelleaventure pleine d’inattendu ! On ne peut compter sur aucune baserépertoriée dans la bibliothèque des hommes. C’est d’une si radicale tablerase ! Tout ce qui était, tombe d’un coup, ou par petites secoussesimperceptibles, puis on réalise que ce n’est plus. Alors on cherche par un

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automatisme fébrile du mental... Ne plus savoir, se sentir perdu,abandonné, alors même que le Seigneur Dirige et Conduit Lui-même lestravaux. Nous ne savons plus !... Et il y a quelques pièces de la machinequi s’inquiètent, elles sont nombreuses les petites voix fuyardes de ladéroute qui voudraient rebâtir l’ancien monde sur le Vide, le Calme, laPaix, le Plein... Entre deux rives : l’Être intérieur se découvre, exprimantl’intensité, l’intention de l’Âme et puis un espace si..., un gouffre...

Aller plus loin au-dedans, rejoindre “Ce-Que-Je-Suis” au fond del’Être de l’Univers, cette Âme qui grandit à mesure que les énergiesreviennent à la Source, cette parcelle de Lumière du Divin. Ce qui pousse,pousse au-dedans de chacun, au fond du Cœur. Devenir “Ce” que noussommes est si difficile, si lointain, si lointain !...

Surgit alors la question de “l’Évolution”, cette possibilité que lesublime Artisan éveille, dévoile, brise la coquille, les strates creusées descouches à travers les milliers et les milliers d’années, chacune gardant,nourrissant des entités-forces en interaction constante, sans cesse, sanscesser, toujours dans le mouvement. La Force consciente qui fait, défait,range, dérange... C’est toute la hiérarchie minérale, végétale, animale,humaine et divine qui est concentrée dans l’homme, ce petit boutmisérable en apparence souffreteux, agressif, émotif, pensant, rêveur... Ilmarche dans tous les règnes, l’homme, c’est pourquoi il a peine, grandepeine à savoir qui il est, lui qui est tout !... La quête intérieure, c’est uneouverture sur la démesure, l’innombrable infini des mondes, des énergies,des mouvements, des intentions de chaque pays de l’Être. Je comprendspourquoi les hommes se construisent des échafaudages sur la face dutemple qu’est l’Univers de l’Être. Ils s’accrochent frileusement auxpoteaux, aux planches. Dans l’incessant mouvement, ils se congèlent dansla peur, s’immobilisent dans une personnalité fixe, fixant toutes les forcesde la Grande Intelligence changeante qui est Source de la perpétuellemétamorphose de “Ce-Qui-Est”. Ils voudraient s’éterniser dans la façadedangereuse de l’existence...

Il y a une certaine forme de courage à découvrir que le seul refugeest au-dedans. Il y a un courage que seule l’ignorance peut nous donner.C’est un courage qui ne rapporte guère que sa propre ombre projetée dansl’univers. En fait l’aspirant au Réel n’a plus de visage, la personnalité

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s’écroule, et le réseau cristallisé de la peur, qui fait un cœur de pierre,craque, se fissure. De ces failles une étrange coulée serpente alors au-dehors, qui inonde, charrie des alluvions, des allusions aux fossiles destemps obscurs d’où émergent brutalement ce qui était encore empêtrédans le magma, les petits “Oui” au pouvoir d’étincelle entre deuxcailloux, et les petits “Non” à l’odeur de souffre, quand ces mêmes pierresne libèrent qu’une odeur âcre où se mêlent les lèvres, les aspirations à unmonde fantastique. Monde des gnomes, des elfes, des sorciers, desmagiciens, des chevaliers de l’Apocalypse, des Rois endeuillés par leursfils cruels.

Il y a des mondes dans le monde et avant de découvrir l’Âme, ilnous faut traverser bien des mondes de sortilèges, de rêves, de miraclestonitruants qui voudraient nous capturer... L’âme est bien cachée etprotégée derrière toutes ces couches subliminales et seul l’hommesincère, courageux, discernant ce que sont toutes ces forces, arpentanttous ces pays avec la foi et l’abandon inconditionnels à Celui-Qui-Veutêtre trouvé, reconnu, peut parvenir au but. L’homme est dans cettesituation si spéciale qu’il part en quête de “quelque chose” qu’il ignorealors que c’est ce “quelque chose” qui le pousse à se dévoiler lui-même.

Dans ce voyage, ce qui n’est pas essentiellement Ce-Qui-Est, “au-dedans”, “au-dessus”, la “personnalité”, prend les devants de la scène encherchant à assouvir ses désirs, à goûter le plaisir éphémère et passager dece que l’âme seule peut connaître par ses vrais instruments, sa puissancepleine et indépendante, remise entre les mains de son Créateur. C’est cetensemble composite que nous cherchons à maîtriser, à orienter pour neplus subir les caprices de la perte, de la chute, sur notre cheval deconquête. Nous sommes sans aucun doute dans l’aventure des contes, deslégendes, des mythes qui transcrivent cette formidable quête de chaquehomme, de chaque règne. Car le minéral, le végétal et l’animal necourent-ils pas eux aussi au devant de ce qu’ils seront dans l’avenir, toutcomme nous-mêmes ?

C'est le Monde, l’Univers Lui-même qui S’aventure en Lui-mêmepour Lui-même avec la puissance de l’affrontement, de la batailleuniverselle ! Nous baignons dans la charge active de l’avancée des cycles,des étapes qualitatives de la promesse de la Force Consciente qui ramasse,

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porte l’ensemble, Se répand, Se répand dans Son Projet. L’infinimentgrand et l’infiniment petit se répondent (UN) dans une farandole, unespirale, une musique, par le lien, la relation intrinsèque de chaquecomposant du Tout. La Grande Force unificatrice ! C’est Elle qui est ceciou cela partout et ailleurs. C’est une Intention active, purificatrice,révélatrice pour l’Univers, pour Elle-même, de S’avancer vers Son propreRègne, émergeant dans et de tous les règnes avec le pouvoir d’ÊTRE ceque nul autre ne peut être sans Sa Présence, Sa mémoire inconditionnéepour l’Œuvre... C’est si vibrant de toucher, d’être touché consciemmentpar “Ce-Qui-Veut”en toute chose et de devenir le réflecteur attentif,disponible du Grand Architecte, de la Grande Attention-Intention-Consciente qui régit, façonne et développe !... Comprendre, vivre, toucherla Conscience dans Son Devenir éternel en Ses états multiples et UN !!...

C’est alors la si délicate et ferme Intention que nous retrouvonsdans toutes les couches des habits de l’Âme et de l’Esprit. A travers lepassé qui éclôt dans le présent actif vers l’avenir, c’est l’Histoire de CE-QUI-VEUT qui nous est offerte. Nous sommes les spectateurs-acteursd’un merveilleux Projet pour lequel nous sentons ardemment flamber unimmense “Oui” au-dedans. La flamme de l’Âme qui brûle de se retournervers ses Parents transcendants, le lieu où elle veille pour eux, messagèrede son Père, Mère, Fils prodigue qui revient au foyer après une si longue,si éprouvante absence d’ÊTRE. Dans la nature humaine enténébrée, l’âmeest cette conscience-concentration de la Puissance grandissante, ledélégué du Plein Pouvoir au-dessus. Revenue à elle, c’est de sonascension qu’il va s’agir, car elle veut aller embrasser sa Mère qui laconduira au Père immobile au-dessus des cycles de l’Évolution.Ascension, aspiration d’Amour pour un Baiser lui offrant le Plein Pouvoird’embrasser le monde avec Sa ferme Intention d’éveiller toute chose dansSa marche en avant. Tous les mondes conquis soumis à la VolontéSuprême se coulent dans l’Action de l’Âme en tant qu’émanation de laMère et du Père, Action de conquête des instruments d’expression de laVolonté Divine.

C’est le moment où s’éveille l’instant de la pleine Ressemblancevisible, opérative pour le monde, l’univers, quand le Royaume du dessusdescend progressivement et commence doucement à fissurer la croûte,lentement mais sûrement, dans une accélération agile, mesurée, attentive,

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délicate afin que craque la coquille et que s’envole enfin l’Oiseau délivré.L’Âme secoue la masse d’inertie et d’activité inconscientes quil’emprisonne pour voir là où elle reposait, dans un regard d’amour intensepour son Libérateur, déployant ses ailes dans l’espace plein del’envergure de la Force-de-Vastitude, poussant de ses pattes légères laroche où elle attendait...

L’Âme s’élance, s’enrôle et crie vers l’autre Oiseau-Roi quidescend majestueux dans Sa Blancheur-de-Neige... Descente de Paix,montée fervente !!... Les deux oiseaux du Plus-Haut et du Plus-Bas sefrôlent, se contemplent, dansent au-dessus, au-dedans de tout et c’est unimmense Baiser musical que la Terre et l’Univers entendent, touchés parl’Amour des deux en le Baiser de l’Un ! C’est alors le Brasier des Noces,la Danse des Époux et de tous ceux invités pour célébrer la seule et uniqueAction-de-Beauté que la divine Volonté imprime et scelle en chaqueatome de Son univers.

Il est donné de connaître ce que toute chose porte, vibre pourexister : l’Essence, la Rencontre de la Mère de l’Univers qui, dans SonÉveil de la Terre et Son ascension, abrite et porte tous Ses enfants et tousles règnes... vers le Père.

*

Le 21 octobre :

La Force presse, comprime le temps jusqu’à le réduire à sonessence. La Force est une Action qui provoque des expériences dedévoilement puis établit des réalisations de Paix et d’Harmonie qui, enfiligrane... C’est un Inconnu qui s’avance et qui œuvre. Au stade où laForce œuvre actuellement, l’atmosphère collective me préoccupe et je lavis avec intensité. Une plus grande tâche m’attend. Les faux messages, lesinterprétations, les impostures subtiles doivent être rencontrées ettraversées. Ce chemin en solitaire doit fermement ancrer la certitudelumineuse. Le décalage avec Phil comme repère est signifiant de ladifficulté que j’ai avec le monde.

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Depuis septembre, le bonhomme s’est senti comme paralysé,muré dans un champ magnétique protecteur ; c’était incompréhensible.J’étais comme mis au pied du mur, même matériellement. Dans le mêmetemps, il y a Lucien qui avance à reculons et sur lequel il n’est pas encoreévident de compter. De nombreuses peurs et attachements divers font quetout semble aller trop vite pour lui ! Il y a cette amie Michèle aussi quis’interroge avec réticence sur tous les phénomènes extériorisés de laForce. La pression de la Présence amène mes quelques rares amis à avoirdes comportements bizarres pour eux-mêmes. C’est pourquoi j’ai fait trèsattention à ce que rien n’apparaisse de ces phénomènes de transe ce 23septembre dernier de rencontre avec Phil et les quelques amis de Paris.Mais voilà, il arrive ce qui doit arriver, il ne m’est pas toujours possiblede me voiler. Ce n’est d’ailleurs pas juste. Ce qui se manifeste est de plusen plus grand et vaste et l’Émanation doit s’ajuster en fonction de chacun.Ce n’est pas évident...

Gérard aussi reste très perplexe et plein de peurs. Avec lesquelques amis que je rencontre, j’expérimente ce que peut être latransmission. Le simple fait d’être en contact avec moi déclenche leprocessus pour les autres. La Vibration devient massive ; collective peut-être ?... Mercredi soir, ce fut une avalanche d’une pression colossale,vaste, dorée et orangée. Ça se répandait et ça montait. Ceci en réponse àla question que je me posais sur le devenir de notre situation dans unmonde qui nous accepte de moins en moins. Christophe est de plus enplus sous le choc. Les quelques amis que nous sommes deviennentcomme un petit échantillon. En ce qui me concerne, c’est uneexpérimentation nouvelle. Plus la puissance d’expression est vaste dans lebonhomme, plus la complexité de résistance avec l’échantillon que noussommes se met à jour. Les erreurs - si erreurs il y a - seront des petitespierres sur la route, et tout le monde grandira à travers elles. Pouvons-nous rester dans les conditions du monde social sans encourir le risque demenacer ou de ralentir une éclosion individuelle dont le monde a tant soif ?

C’est bien que ça bouge un peu partout. Il y a de nombreusestentatives ici et là et nous devons être vigilants et confiants pour ne pasnous laisser renverser par le flot de boue du mensonge qui se lèveinéluctablement en réaction. Ce qui grouille et gronde est l’opportunitépour chacun et chacune de se vérifier...

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Ma situation financière et matérielle est catastrophique et je netrouve plus de travail. Cela met à jour les peurs archaïques du vital. D’oùl’arrivisme et l’identification à l’argent, “ne manquer de rien”.Nourriture, sommeil, argent, sexe, voila le carré d’enfer, le cube qui devratourner dans le cercle, le temps venu. L’énigme du cube ! L’énigme du 44,du 8...

*

Le 25 octobre :

Lecture des “Entretiens avec un éveillé contestataire”, un livre quivient de m’être donné au travail, en plein tournage, par un jeune homme.Il me dit : “cela pourrait t’intéresser !” Comment donc ! Tout est exact !UN-formé ! Ce fut une lecture forte, décapante ! Re-connaissance ! Uneconfirmation ! “U.G.” a une parole si vitriolique qu’il ne reste rien desconcepts ! Tout est balayé ! Il n’y a pour lui que la sensation physique. LeFait déconnecté ne lui fait parler d’aucun “Soi”, d’aucune “Consciencepure”... mais de la seule réalité biologique ! Je capte bien que c’estsérieux. Une parole sans détours qui jette un pavé dans la mare de ceuxqui disent que le corps est un concept. Pour lui, tout est physique. “L’étatnaturel” le laisse dans une sensation immédiate de la nature. Cette lectureest bouleversante de confirmation, et cette parole me ramène à la solituderadicale, en dehors de tout le business spirituel... U.G. semble être le lieud’une mutation du nouveau type !?...

*

Lors d’une émission sur la radio “Ici et maintenant”, j’aiégalement découvert “Mère Aurore” qui dit “continuer l’œuvre de SriAurobindo”. Que de conjonctions ! Il y a un courant nouveau semble-t-il !Il y aura beaucoup de surprises ! Pour moi il y a une contagion. Ça neconcerne pas que quelques rares liés au hasard comme le dit U.G.

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Le 5 novembre :

Si tout au-dedans la Certitude-de-Lumière brûle dans un calmeprofond et un élargissement toujours plus vaste, la lutte avec les forces dumilieu, avec la “mécanique” que chaque homme porte comme sa partd’ombre à transformer, devient néanmoins plus aiguë. La goutte solaire,en s’incarnant, tombe dans la boue pour trop souvent et trop longtemps,ne pas pouvoir émerger, ou juste ce qu’il faut... Trop de siècles sont passésdans la grande force centripète en ne laissant passer que trop peu d’Âmes.C’est un drame pour l’humanité que de crouler ainsi encore sous le poidsmortifère de la mécanique. Je prône l’étonnement devant cette misère ! Etcet étonnement devant le conditionnement mondial n’est-il pasl’invitation à regarder en soi la part d’ombre qui nous colle à la peaucomme les continents de l’enfer agrippés à nos cellules ? Ne sommes-nous pas pétris et l’Âme n’a-t-elle pas le pouvoir de modifier le cours decette inénarrable servitude ? C’est le carré infernal, la magie noire.L’homme dépend de tout, et le Tout dépend de l’homme pour se modifier,pour que le réel Pouvoir, je veux dire la Lumière, puisse révéler le Tout.Du tout au Tout ! Sans tomber dans l’automatisme de la dramaturgie, nouspouvons dire que cette situation est terrible. En fait terrible de fascinationet la mentalité s’en accommode, s’y habitue, sans concevoir que celapourrait être autrement, c’est-à-dire réellement joyeux. Pour la mentalité,ce serait folie ou illumination mystique, bonne à mettre sur le bûcher del’inquisition.

Mais pour nous, tout ce drame devient plus compréhensible dansson “erreur” même et nous voyons combien le développement de l’âmes’offre à la part d’ombre individuelle puis collective quand on envisage lanature comme lieu possible d’expression de la vie divinisée. Ce carréd’enfer doit baigner dans cet Amour, et c’est cela qui est difficile car lesrésistances sur ce terrain sont coriaces. C’est comme un jeu d’échecs oùl’erreur et le masque, la mécanique du drame, sont précisément lesconditions pour que l’Amour inconditionnel Se manifeste. Quel “GrandJeu” ! L’Intelligence divine Connaît tous les niveaux de jeu et mêmelorsqu’Elle semble perdre, Elle gagne en vérité... D’ailleurs, même sinous sommes apparemment les éternels perdants sur le plan extérieur,social, c’est au profit de cette divinisation invisible en marche qui, jusqu’à

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présent, nous exclue automatiquement de ce monde. Mais les temps nesont-ils pas venus pour que cette apparence craque et que les âmesenclines à la Vie intégrale ne soient plus contraintes, comme avant, dequitter la vie pour trouver le Divin, et que la matière ne soit plus le soclede cette férocité ?! Je l’appelle ardemment de mes vœux.

Ceci touché, senti, c’est là où la dimension de la connaissancen’est plus mentale, ne passe plus par l’intermédiaire mental mais noustouche dans la conscience physique. C’est en cela que j’entends DouceMère nous dire : “On ne comprend vraiment que lorsqu’on comprend avecle corps”. C’est en cela que nous sommes orientés vers un toucher deconnaissance qui ne peut plus se satisfaire du biais mental, celui-ci étantl’obstacle en fait. Connaître, c’est bien “naître avec”, et naître c’est un cri,une sensation de l’Être, un Acte.

Pour le Divin, c’est toujours l’Action qui se manifeste... Le mentalinterprète toujours mal-à-droite-ment en fixant le mouvement-de-vie dansle Devenir d’une incertaine façon, nécessaire jusqu’à l’avènement duPouvoir “supramental”. C’est pourquoi, dans le Processus, nous noussentons de plus en plus perdus. Il nous perd. Nous ne savons plus. N’est-ce pas le Pouvoir de la Présence-Force et Elle seule qui doit régner enmaître en nous et Œuvrer ? Que les êtres humains deviennent lesinstruments consacrés du Pouvoir conscient et TOUT changera !! Il n’yaura plus ce désappointement pour le mental de ne pas avoir accès à laConnaissance. Nous deviendrons collectivement Action de naître dansl’ÊTRE !!

Je suis certain que le premier pas authentique pour les âmeshabillées de la nature, c’est bien de revivre (en ce sens il y a “résurrectionde l’Âme” dans la vie) dans le contact avec la Présence qu’elles sontessentiellement.

Devenir le pur canal de la possibilité divine me conduit depuisprès de trois mois à toucher des gouffres de résistance et de misère,gouffres et résistances qui ne sont plus uniquement personnelles ?!D’après ma compréhension présente, les deux années qui viennent des’écouler jusqu’à ce mois d’août concernaient plus particulièrement le

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petit bonhomme. Ceci s’est fait en solitaire mais pourtant dans Paris, enintégrant pas à pas les révélations et les réalisations dans ces conditions.C’est une victoire que d’avoir progressé dans ces conditions difficiles etque soit menée à bien la délivrance ! Toutes les années précédentes furentune prodigieuse préparation pour cette rapide et fulgurante ascension. Cefut si rapide ! Là, la Force de l’Âme est seule face à ce qui voudrait sedérober. L’Essence est en prise directe avec les configurations causalesdes corps constitutifs de sa nature humaine, d’où la compréhension que,sans ce stage dans cette “densité” terrestre, point de Libération...

Ainsi, les âmes libérées n’ont-elles pas une dette vis-à-vis de laTerre ? Est-ce que la nature humaine peut maintenant participer à cetteGloire divine ? Car, sans cela, les sages laissent de côté quelque chose, unreste. Pouvons-nous accoucher à partir de l’Esprit d’une autre nature ?Nous sommes dans les temps du grand enchantement et, en même temps,d’une grande douleur et des catastrophes pour l’accouchement de la Terredans le ventre des hommes. Il n’y a pas que les femmes qui ont leprivilège de mettre au monde ! Car chacun enfantera !...

*

Quelle étrange situation ! Samedi dernier, avec les petits parentsqui revenaient d’un mois à Marseille. Le petit papa a été à la rééducationpour réapprendre à parler après un an et demi d’hôpital. Ça va bienmaintenant après toute cette trituration dans son corps. Je venais de passer4h30 au téléphone pour gagner 140 F et me retrouve avec eux pour unepromenade sous la pluie le long des magasins parisiens avec l’une de messœurs et son enfant. La foule qui déambule, l’avidité, les achats, ça faisaitdes années que je ne m’étais pas trouvé dans une telle situation un samediaprès-midi à déambuler comme tout le monde avec “papa”, “maman”, la“sœur” et le “neveu”. Un homme “comme tout le monde” ! On passeinaperçu dans ce monde ! C’est une chance, et c’est très inquiétant aussi.On comprend alors que les hommes ne croient qu’à ce qu’ils perçoiventavec leurs sens physiques. Ils n’ont pas l’Œil pour Voir. Quel choc ! Voilàoù me mène l’alchimie : sur le trottoir, marchant le long des vitrines. Phil,jadis, imaginait Sri Aurobindo dans un bar de Barbès !...

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Une pression sur le cœur me faisait un peu suffoquer dans cebourbier, sur le volcan de la violence. C’est pourquoi il nous fautapparaître comme tout le monde ; sans cela ce serait invivable pour toutle monde. Tu te fais lyncher sur place ! Je touche un peu ce qu’ont dûvivre les “Grands Êtres” face à cette meute effroyable de la subconscienceterrestre. Ça sent à chaque pas le soufre, et nous souffrons. Je vois commeun globe mécanique qui enserre la mentalité collective, chacun fait de labuée sur la surface, si bien qu’on ne voit plus rien et que l’on se perd àchaque pas. Je souhaite toucher le Feu tout au fond.

J’avoue qu’il y a quelque chose qui cherche en moi depuislongtemps à plonger dans cette misère pour m’en sortir avec tout lemonde. Je vois des correspondances d’intuitions lorsque j’avais 18, 19 et20 ans, où j’errais dans la foule parisienne à me dire “mais c’est paspossible !!” et à marcher là-dedans, remuer, provoquer la masse. Et bienm’y revoilà ! J’y redescend sereinement, le voile levé, la Vision, l’Amour.

Cette promenade m’aura mis en face de peurs dans le vital,d’irritations et de tensions dans le corps, partout, partout. Et puis une foisrevenu dans le foyer-famille, les vieilles et affreuses rengaines ontcommencé à sortir... Un silence et un calme compacts me permettaient deles recevoir sans broncher. Les quelques mots que j’ai pu adresser furenttrès mal pris. Alors, des vagues du subconscient sont montées des pieds àla tête, j’ai senti la catastrophe, le malaise. Tout le monde était mal. Ils ontmonté le son de la télévision, chacun s’agitait dans son coin, le neveu surmes genoux... J’ai senti soudain que je devais partir. Sans quoi lasubconscience allait me jouer un plus ample vilain tour. J’ai bredouillédeux-trois mots stupides et je suis parti en disant qu’ils ne seraient pasprès de me revoir. Ils n’ont rien compris et le petit papa, avant que jeparte, m’a fait le signe que j’étais fou. La petite maman était comme à sonhabitude si lunatique...

J’ai marché dans la nuit parisienne et la folie du monde en paixuniversellement et en même temps fébrile dans ma nature perturbée partant et tant d’horreur. Le plexus solaire était noué, comme jadis avec lessymptômes de l’asthme. J’ai marché dans une grande invocation. Voilà ceque les grands magasins m’auront offert : c’est de voir l’enfer de lacassette des profondeurs familiales ; en fait, du mental basique, ce même

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endroit de violence que j’ai touché avec Phil au mois d’août. Là, je n’aipas eu la Force et l’Amour de rester sans leur porter un mauvais coupvenu d’en bas, tout autour. Il faut donc se préserver juste là où l’on n’apas le pouvoir d’aller.

*

Ce qui est fort aussi, c’est la synchronicité entre l’état énergétique,le paysage, et la résonance dans le milieu, les signes à travers des titres delivres que d’autres lisent, les prénoms, l’argent que l’on trouve dans larue ; toujours ces petits cailloux que le Divin Petit Poucet met sur notreroute pour nous dire que la Vie nous Aime !!... Il ne s’agit pas“d’interpréter” les signes mais de Voir-Ce-Qui-Est. C’est par cettesynchronicité que notre être peut voir que toute notre vie est fléchée pourle rappel, la guidance et le retour au Centre. C’est une évidence de larencontre, de l’objet, c’est la loi de l’échange, de l’interdépendance, c’estune merveilleuse orchestration. En fait, sans l’intervention de la gracieuseLumière, de sa Force, rien n’est possible. Et lorsqu’elle intervientdirectement dans un individu, c’est l’éveil de la magie, de l’Amour, quine nous permet pas d’éviter les circonstances du réveil.

*

La progression de la Force et des réalisations me place dans ladifficile interaction avec le collectif. De nombreuses résistancesinterviennent sur le plan matériel aussi. Je sais que tout cela réside dansma propre nature et que ce ne sont pas les autres ou le monde qui estresponsable, mais que c’est dans ma nature que doivent être résolus lesopposés. Alors quoi ?! Dois-je continuer dans ces conditions à étouffer ?Me faut-il passer mes journées comme celle d’aujourd’hui à ne voirpersonne, comme un répit avant une nouvelle gorgée de poison ? Ou bienchercher des conditions moins impossibles afin de laisser se déployer unpeu plus l’Oiseau ?... Je ne sais pas ! Voici une nouvelle phase d’errance,de remue-ménage.

Avec les quelques amis, ce n’est pas facile, c’est un nouveauseuil. Précisément avec les amis, ça me demande beaucoup car je dois meréajuster à leur compréhension, leur vibration, et j’avoue que je suis

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fatigué. Je ne sais pas si je puis vraiment aider qui que ce soit et d’autantplus dans cette soupe parisienne où une limite difficile se propose. Est-cele moment de me rapprocher de Phil et de vivre à la campagne avecquelques amis disposés ?

*

Le 6 novembre :

Christophe vient de me téléphoner. Il a passé trois jours chez luisans lire ni voir personne. Je lui avais conseillé d’essayer ce petit trucd’arrêter toute activité, de “jeûner le monde” pendant quelques jours. Autéléphone, sa voix était plus intériorisée, une énergie de profondeur et dedouceur me parvenait. Son enthousiasme vital se déversait à travers lecombiné. Puis il me confia qu’il commençait à ressentir une “pression”sur le dessus du crâne, quelque chose d’à la fois lourd et léger...“Symptôme de la Vibration qui prend contact ”, lui ai-je répondu. Cela esttrès encourageant car la contagion peut être rapide. Peut-être bien que laproximité avec Phil et quelques autres accélérera la “prise-de-ciel”...

*

Le 12 novembre :

Rapprochement en cours évident avec Phil. Après la projection dufilm “L’homme après l’homme” de Satprem au salon Marjolaine,Christophe m’a présenté sa petite chérie. Le choc fut rapide, elle m’a toutde suite sorti son truc affreux. Au travail, dans le métro, c’est tout ce quiest pourri qui m’est proposé. Une grande égalité m’anime et quelle Joie !Dans ces conditions pénibles, je pourrais même faire du métro mon lieud’extase ! Car la Force descend très puissamment dans le métro ! Il s’estinstallé un Silence permanent dans le mental, le mental-vital et laconscience physique. Depuis une bonne quinzaine de jours à ce niveau-là,c’est une merveille, il n’y a plus aucun problème !...

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J’ai été à la conférence de Christophe sur “Sri Aurobindo etl’avenir de la Révolution Française” ; cet ami révèle des capacitésintellectuelles qui lui permettent d’aborder une œuvre écrite aussicomplexe que celle de Sri Aurobindo sans se noyer. Il arrive bien à mettreen évidence la spécificité de son yoga ; et ses dons et son affinité “innée”lui donne l’aisance mentale et la dimension amoureuse... La revue“Harmonie”, souhaiterait un article de fond sur ce travail.

D’autre part, j’ai commencé à lire un livre sur Mère Meera et “SaLumière dans les pas de Sri Aurobindo”. Je peux entendre ce qu’elle dit àpropos de sa venue sur la Terre et goûter les retranscriptions de sesexpériences spirituelles. C’est très touchant et plein de confirmations.Elle vit en Allemagne ; j’irai très prochainement lui rendre visite...

D’autre part, j’ai écrit à “Mère Aurore” qui se dit être aussi dansles pas de Sri Aurobindo et de Douce Mère. Je lui ai fait part de monsouhait de la rencontrer sans toutes les formalités de souscription à sonassociation, l’argent, les livres, les cassettes, les cristaux, etc. Elle m’arépondu très sèchement et sans détour, sans me voir physiquement, quej’étais un brillant intellectuel mais qu’il serait bien que je me mette à sonyoga de façon plus pratique. Ce fut un grand étonnement de recevoir detels propos écrits par une soi-disant Mère “divine”. À suivre...

*

Le 13 décembre :

Il s’est confirmé nettement que la filière tibétaine aura été le lieude tout un voyage et d’une transmission depuis longtemps, car j’ai eu denombreuses visions où je retrouvais des ossements et des vêtements danslesquels j’avais officié. J’en déduis que j’ai dû connaître bien desincarnations où les rituels ne m’étaient pas étrangers avant celle del’ascète qui s’était complètement retiré de tout cela. Images donc quireviennent ponctuellement dans les remontées de la mémoire...

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Le 23 février :

Première rencontre de Mère Meera à Talheim en Allemagne. Lecompte-rendu de cette première rencontre aussi décisive que mystérieusese trouve inséré au début de la chronique intitulée “Le Mystère de laReconnaissance essentielle” (dans le roman “La Vie Hors-la-loi”).

*

Le 6 mars :

Pour le jour-anniversaire de Phil et sa venue physique sur la terre,je souhaite me joindre à lui pour recontacter ce moment si mystérieux oùl’âme fait le vœu de descendre. Cet instant d’éternité qui décide deprendre robe dans le temps, ou la trame de la pensée, est sacré ! Aussi jedis merci aux puissances de la Lumière qui ont contribué à cela pour lavraie incarnation, pour le salut physique. Cette nuit fut magnifique avecle mantra qui est venu spontanément dans le physique subtil. C’était toutl’espace qui vibrait doré. Ce matin, la joie d’être vivant sur la terre estpuissante. Plus le processus alchimique se dévoile, et plus je voisl’homme futur vibrer dans une gloire insoupçonnée. C’est tout qui doitêtre transmuté en nous et tout autour. J’ai foi en cette Vie nouvelle, et jesuis déterminé à ce que cette incarnation soit le fruit de la beauté que lesgrands êtres veulent pour les hommes. Nous avons une grande œuvre àlaisser s’accomplir et je souhaite de tout cœur que nous devenionsl’expression vivante de la Joie d’être, de l’Amour divin dans un corpsd’harmonie. Je m’incline devant tous les grands êtres du visible et del’invisible qui contribuent à cela. Ma reconnaissance va vers SriAurobindo, Douce Mère, Mère Meera, et tous ceux qui ont, de façon siincisive, annoncé cette nouvelle phase alchimique ou initiatique.

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Le 22 mars :

Mise en scène symbolique de cette nuit : c’était à l’époque descow-boys et des indiens qui s’affrontaient sur un grand champ de bataille.J’étais dans la peau d’un soldat quand, tout d’un coup, c’est la charge. Lesdeux armées s’entrechoquent violemment. Devant cette horreur, nousdécidons avec quelques amis de nous enfuir. Nous nous retrouvons dansla forêt, les marais, la caillasse, la nuit. Nous nous sentons traqués etdevons nous cacher. Une voiture de police vient à passer, semble nousavoir repérés. Ce sont des C.R.S. En fait, ils n’ont rien vu. Nous passeronsla nuit dans une grotte, témoins de toute la magouille ferraillante dumental...

*

Mes nuits sont donc peuplées d’une foule constante etd’événements incessants. Je me lève dans la nuit pour déconnecter. Je faisdes exercices physiques ou bien j’écoute la radio. J’y entends plein desottises sur le fonctionnement humain. Ma Conscience-Lumière vaplonger dans le lit obscur de la nature. J’y vais éveillé, témoin de lamémoire des profondeurs subconscientes. Il faut être porté par la Toute-Puissance car, sans cela, nous sommes engloutis. Ici, pas de longsdiscours. Si tu n’es pas dans la bonne vibration, c’est que tu es dans lamauvaise, et tu reçois tout de suite le choc en retour ! En parallèle, c’estune aisance plus évidente dans la dynamique qui s’équilibre avec lastatique. J’ai pendant quelques minutes dans une journée comme desbouffées d’évidence d’une vie consciente où il n’y a plus d’obstacles. Unoui dans la vie perce ! Je me souviens d’un court poème que j’écrivais ily a dix ans, et qui disait en substance : “tu es mort car aucune grande joiene t’anime”. Se laisser creuser, œuvrer... Je rends grâce à la Puissancedivine de nous prendre en mains, car sans Elle, nous ne pourrions pasvoler hors de cette fange.

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Le 16 avril :

Les quelques jours passés dans le Lubéron avec Phil furent pluséquilibrés et je pus voir certains mécanismes mémoriels du p’titbonhomme encore à l’œuvre. Nous entrevoyons avec Phil de trouver unemaison et de faire un trio avec Christophe. Je porte mon attention sur tousles petits faux mouvements dans le quotidien, je dois être encore plusattentif face à l’obstination subconsciente. Quelques résultats se fontsentir quant à l’avidité du vital inférieur par rapport à la nourriture etautres supports compensatoires, les milliers de désirs qui grouillent dansle bassin. En parallèle, paix tangible qui s’infiltre dans les corps de lanature périphérique.

*

Le 27 avril :

Alors que je suis en train de ranger mes affaires en vue dudéménagement de dimanche pour le Sud et la constitution de ce trioexpérimental, je prends un temps pour noter que j’entre dans une phasenouvelle d’ouverture avec quelques autres. Il faut bien prendre plus derisques pour se laisser sonder par l’Intelligence dans la vie car lessituations sont toujours des opportunités d’y voir plus clair. Puissions-nous être assurés par la Volonté du Tout-Puissant du développement detous en un seul mouvement de progression accomplissant la diversité del’Amour. Après ces trois années décisives de renversement, je suis prêt àflirter avec ceux et celles qui ont soif. N’est-ce pas l’évidence du Simpledans le monde intérieur qui veut battre au rythme de l’Unique dans lecœur de chacun en une même Intention créatrice du Vrai ? Plonger à laracine pour que la Force brise la glace et laisse vibrer la vraie viespontanée. Cet essai démarre sur une base difficile, mais ne faut-il pastout de même essayer pour qu’émerge le guerrier de l’abandon ? Jem’offre à l’impossible possible dans les mains de la Volonté du Tout ! Jevois un seul Homme en tous, porteur du Feu d’harmonie dans le cœur del’Amour. Je vois ce qui peut être. À nous de nous laisser guider par laPrésence-Mère qui peut tout dénouer et dissoudre du mécanismetraumatique de la mémoire !...

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Le 4 juillet :

La Conscience dans la nature humaine peut jouir du sens par lefait qu’Elle Se réalise en tant qu’Elle Est Elle-même Ce qui meut et ce quiest mû, émané d’Elle. Cette prise de conscience est un choc par le fait queje vois l’absurde film défiler devant mes yeux, qui pousse ma nature telleun pantin. La dualité, pourtant, n’est-elle pas notre porte vers l’UN ?Reconnaître la dualité comme antinaturelle par essence est le début demon sauvetage. Reconnaître la forêt du “non”, lui dire “oui”, voilà ce queje réalise. Dans les plus petits détails, voir la dualité, c’est ouvrir lepassage à la Ré-Unification consciente.

*

Le 5 juillet :

L’éprouvé d’une blessure ou le sentiment d’avoir été blesséindique un désir, une attente inavouable qui n’a pas été comblée. Cesystème clos ne cesse de vouloir se justifier et de se préserver ainsi de labrèche d’où pourrait jaillir l’aspiration au Tout-Autre, l’Ouvert.

La confrontation des egos est le meilleur moyen de révéler noslimites, tout le monde en souffre. Profiter des peurs, car elles sontindicatrices de nos fantasmes. Par la négative tu touches ce qui est irréelpour reconnecter avec la Source.

“L’ego” c’est le déni de l’Amour !

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Les strates infiniment subtiles du récupérateur, de l’ombre en soi,sont habiles pour se nicher dans le progrès du détachement et de lasérénité en affichant un comportement très “spirituel”. Grotesque !

Tant que l’on attend reconnaissance, nous ne sommes pas libres.Que le moine ou l’ermite redescende de la montagne pour être vérifié, carle monde est le plus grand des instructeurs !

L’authenticité, c’est d’être sans division. Se laisser êtretransparence pour l’ÊTRE.

Y-a-t-il quelqu'un pour comprendre encore quelque chose ? Celuiqui voit le théâtre de l’ombre sourit. Voir le projecteur projetant le filmcomme étant un phénomène faux. Mais il n’y a jamais personne pour voirce qui voit. La pensée est habile aussi pour dire : “je vois”...

Il n’y a pas de fini ni d’infini, seulement ÊTRE.CELA non-manifeste/manifeste.

*

Le 11 juillet :

Cette marche en solitaire dans le Lubéron est une avancée dans lesmilliards de petites peurs de la subconscience vitale-physique. Peur desmille petites agressions où la nature est perçue comme hostile. Lasubstance est à couteaux tirés avec tout ce qui l’entoure. Ça n’aime pas

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marcher dans le monde. La lumière solaire sur les pins, les pierres, lelancinant mantra des cigales qui s’arrête dès que l’on passe, le ciel bleude silence infini englobant cette prodigieuse nature sont une horreur. Jemarche sur une mine et je vois d’où vient la cause qui préside à toutes lesdestructions de la nature. La conscience qui “vit” dans le corps est muréeet agressive. C’est surprenant de vivre ce décalage de la Consciencesilencieuse, infinie, au-dessus, et ce monde belliqueux dans la substancede la vie physique. Alors je marche pendant des jours dans cette mine àscorpions pour user et user encore la pesante oraison funèbre quim’encage et m’enténèbre. La leçon de cette marche dans le Lubéron, c’estcet abîme entre l’Essence et la substance. Simultanément je suis libre etesclave !...

*

Le 25 juillet :

S’enfoncer dans l’incompréhensible, tirer le Soleil dans lescatacombes...

Cette Alchimie est la Beauté totalement insoupçonnée ! Je merévèle toujours plus intensément VIVANT !

Je respire UNIVERS !!

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Le 26 juillet :

Pour “Non-moi”, il n’y a qu’Espace, partout, dans tout ! Lespersonnalités n’existent strictement pas. C’est le Silence de tout ! Je necomprends rien aux “problèmes personnels”. Tout est absurde,complètement irréel ! Les amis qui m’entourent sont déroutés par cetteaffirmation, surtout ceux qui ont cru me “connaître”, une grande haine selève en eux car je suis insaisissable. Je suis telle l’araignée au centre de satoile, impassible. Suis-je même au “centre” de quelque chose ? Je ne saispas !

*

Le 27 juillet :

L’ESPACE DU SILENCE INSONDABLE SEUL !

Pourtant, comme un point d’ombre dans le lointain. Peut-être bienla substance dans son caractère encore récalcitrant ?!

*

Le 1er août :

Situation avec Phil toujours aussi délicate, il lui est pénible desupporter la Présence. Il revendique beaucoup avec force, agressivité...Quelle épreuve pour lui de me découvrir si “autre” que l’ami qu’il avaitcru connaître ! Il est renvoyé au mécanisme de la mémoire qui lui colle àla peau et déforme...

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Que la claire Vérité pour tous et chacun en particulier

me soit révélée à chaque instant afin de contribuer à orienter

les enfants du Feu vers leur Source. Que l’Amour Tout-Puissant Se déverse dans les coupes,

embrasse et embrase Ses enfants ! Car le Mouvement d’ÊTRE

TOUS le Sont !

*

Le 3 août :

Cette nuit a été bien pénible pour le corps. Il fut envahi de finespiqûres brûlantes. De fines aiguilles piquaient chaque pore de la peau.C’était pour lui insupportable. Il s’est débattu toute la nuit.

Se laisser aller, le laisser-être emporté dans l’Inconnu. Je me sensrelié plus vastement... La Conscience-Force agit en tout, Elle estuniverselle !

*

Le 4 août :

La Lumière œuvre à fleur de peau. Elle S’occupe constamment dela substance. Tout ce qui est vu a trait à la dimension instinctive liée à lanourriture, au territoire : c’est très infernal. C’est pourquoi je suis libre etsimultanément dans la misère.

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L’Homme émerge Des cycles qui l’ont préparé

Dans la forge de l’AmourCelui-ci émerge du cloaqueVers la Splendeur éternelle

l’Homme est là !

*

Le 8 août :

Avec Phil, les tensions le concernant sont de plus en pluspoignantes, émergeantes, d’autant plus qu’il ne me reconnaît plus commela mémoire avait fabriqué l’image. Il est mis en face de la sincérité de saquête. La Présence est tellement forte pour lui que ça met à jour saviolence. L’amitié qui nous relie depuis des années est éclairée dans sonenjeu pour la Libération qu’il a tant appelée depuis toutes ces dernièresannées. C’est vraiment le test pour lui. L’Instant pour la Vérité, ce qu’ilest.

Il fut pour moi, plus ou moins à son insu, l’instrument instructeurfort efficace. J’ai pu éprouver avec lui l’immense exigence de l’aspirantde vérité face au Maître. Ces dernières années, il fut comme un envoyépour m’affermir dans la solitude et cette exigence qu’impose le Maître àl’aspirant. L’intelligence que j’avais de cette relation, je le voismaintenant, c’est que : l’Instructeur est dans le monde et dans chaquesituation. Phil fut ressenti comme tel, comme un catalyseur. Mais il serévèle que lui n’a pas su aussi profondément le reconnaître à l’égard deson ami. Le piège, certainement, c’est qu’il se croyait “plus avancé” quemoi et je ne pouvais en aucune façon le forcer à lui montrer son erreur.Quelle leçon sublime qui est donnée là !

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Le 11 août :

Atmosphère tendue avec Phil. C’est vraiment à couteaux tirs.Dans ma nature subtile, je sens combien l’adversité est farouche avec lui.L’intensité de la Présence est insupportable pour lui car son vital porte uneblessure !! Quelques autres amis sont beaucoup mieux disposés.

Bascule du Non-manifesté au manifesté où je puis dire que lemonde n’existe pas, et puis soudain quelque chose réapparaît où je ne puisplus le dire.

Rester dans la Conscience “là-haut” n’est pas compatible avec laForce qui Veut œuvrer plus profondément dans la nature. Décalage entrele haut et le bas. Je ne sais rien. Je ne puis plus savoir, je suis à chaquepas.

*

Le 12 août :

Phil est impitoyable avec ce qu’il appelle “la part résiduelled’arnaque” dans ma nature. Il ne voit que cela et l’attaque violemment. Encela, c’est le Maître impitoyable que je reconnais à travers lui, quelles quesoient ses imperfections. De la réalisation de l’Esprit à la profondeur del’intégration dans le corps ?! De l’Être au devenir de l’Être ?!

Sans la Force de la Conscience qui descend, il n’y a que l’Espritimmuable, seul, unique Réalité. Nous n’avons pas conscience de l’Uniqueen Sa multiplicité. Il est fort possible qu’il y ait ici un carrefour dedifférentes réalisations possibles. Soit la bascule définitive dansl’Immuable où le sens de l’univers et du monde n’a aucune réalité. Soit laréalisation de la jonction “statique/dynamique”, “immobilité/mouvement”, simultanément. La réalité spirituelle, c’est bien la

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dissolution de l’activité de la pensée phénoménale. Si cette activité mêmeest le corps, le monde, toute la nature, l’univers, alors oui, tout estillusion. Seul le Fait immuable EST. Pourtant ce qui se révèle ici, c’estque la nature est pour moi une substance qui a sa réalité possible,consciente. Mais tout cela est très tâtonnant. Je ne sais pas...

Le 29 août :

Je marche sur la terre.Mes pas révèlent

la Totalité de l’Être à chaque pas.Je Suis le Tout

qui accomplit Sa Totalitédans Sa progressive Volonté

UN - Ma Liberté Se joue des contrairesUN - Ma Volonté accomplit la perfection

UN - Mon Amour règneUN - De Moi, Or en Moi, pour Moi Seul

UN - Il n’y a que CelaUN - Tout est Cela.

UN

Le 2 septembre :

L’entourage : ces quelques amis dans cette faroucheincompréhension. Je suis comme un handicapé dans ce monde de lasouffrance. Ces quelques amis sont si fortement bousculés par la Présenceque toute leur dramaturgie se déverse sur l’Homme sans problème.

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De grandes concentrations dans la conscience corporelle par laLumière dorée, ça réveille et met en lumière la mémoire dans la nature laplus basse.

*

Le 7 septembre :

Les problèmes des amis continuent à s’abattre comme des essaimsde guêpes.

Ne plus savoir où l’on marche, ne plus savoir qui l’on est, ne plussavoir qui est le monde, qu’est-ce que le monde ? Tout est réel et tout estirréel, mais la Lumière éclaire sa route et seule la Lumière est la route.Tout est déjà accompli ! Connaître sans connaître, c’est le cœur duMouvement éternel de l’Inconnaissable.

Quelle étrangeté cette liberté, cet inconditionné, cetInconnaissable et cet éclairage dans la subconscience de la nature toujoursplus basse : les préoccupations ne sont que nourriture... objets... Pénétrerdans la mémoire de la nature la plus opaque comme une copie conformedu niveau dit psychologique. Je n’y comprends plus rien.

*

Le 13 septembre :

Cette nuit un très puissant combat, l’inertie dans le corps qui selève. Les matins sont difficiles. Alors que tous ces derniers temps jen’avais besoin que de 2 à 3 heures de repos la nuit ! N’est-ce pas ladescente dans l'ego corporel ?

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Le 14 septembre :

La trame mental-physique est une horreur. Elle n’arrête pas deressasser ses obsessions, toute cette fabrication de faux rapportsconcernant les objets. Toute une trame paranoïaque de peur. Un monde debêtise ! Un enlisement constant dans la vase de : “j’ai dit que... bla bla...”Tout cela prend des proportions hallucinantes dans le corps. Ce mental estun joug tyrannique.

*

Le 19 septembre :

Vigilance dans les petites habitudes de la vie domestique. Voir lemental récalcitrant. En souffrir en toute conscience.

La Conscience de la Lumière dans toute la substance, la nature del'humanité, est cela seul qui donne sens à la vie sur la terre.

*

Le 24 septembre :

Avec les amis, je fais mon possible pour réveiller en euxl’aspiration sincère à la Lumière. C’est très rude pour eux, je le vois.

“L’éveil” semble ne pas avoir de fin car la souffrance d’autrui esttoujours en résonance avec l’Amour, la Sagesse que Je Suis.

Repos en l’immuable Mouvement. Conscience dans la densité dece mouvement... Et l’appel de la nature humaine pour sa juste liberté...

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Simultanéité du Non-Né, du Sans-forme, et du Créé et de laForme. Inadéquation car séparation éprouvée en conscience humaine dela souffrance, de la distance entre Essence et Substance, entre Esprit etMatière, par la mentalisation, la pensée du “créateur second” sur lasubstance. La Substance encore distincte de son Essence qui la créa,soumise au mental, à la pensée torturante dans ses fibres. Il y a donc unsentiment d’incomplétude, d’écart, comme deux termes qui subsistent,l’Esprit, libre silencieux en amont de la substance et la substance énergie-matière dans la contrainte, l’esclavage, la souffrance. La libérationintérieure ou spirituelle aura nettoyé les corps internes pour laisserl’Esprit maîtriser la substance du dessus.

Celui en qui souffle l’Esprit, et qui marche dans le monde,l’éclaire.

*

Le 25 septembre :

Le sentiment de crouler dans la “misère” à nouveau, de revenir aub-a ba. La Force ne cesse pas un instant, Elle fouille, nettoie, purifie. Çasemble ne pas avoir de fin. Nombreuses actions alchimiques de laLumière qui met à l’épreuve la substance humaine pour la tester, commepour constater la possible alchimie plus interne qui est voulue. Quelleexigence solitaire ! Quel écroulement !

Vision que cette misère de la substance ne me concerne pas. Jenote même un mépris tenace à son égard dans le mental spiritualisé. Uneforte résistance à aller encore plus bas, une envie de rester sur le“Sommet”.

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Ce que l’on appelle la substance-monde est une nébuleuse :quelque chose qui est là sans être là, une espèce de brouillard. Cetteétrange vision d’une irréalité saisissante, dense, lourde et grave...

Quelque chose dans ma conscience monte et dit : “Je Suis” mais...Je ne Suis pas au monde, donc ce monde n’est pas réel !!

Quelque chose au loin, très loin, en bas, qui frétille, qui fait signe,comme un inconnu d’où l’on vient, tout comme un cosmonaute qui, dansune fusée, quitte la terre, se retrouve sur la lune et à quelqu’un lui posantla question : “Et la terre, qu’en est-il ?”, il répondrait alors : “elle n’existepas, c’est un concept !”. Pourtant un “fil” toujours là lui fait sentir que lanature terrestre demande sa nourriture, une friction s’éveille toujours plusentre le “Sommet” et sa “base”.

Et puis cet autre qui, stabilisé dans l’évidence de la Conscience“Lune”, reprend la fusée qui redescend et, fort de toute cette évidence dela Lumière là-haut, vient la transmettre à la substance terre qui est prêteet appelle à La recevoir pour se réaliser concrètement.

Cet aller-retour “Involution-Évolution”, Conscience en amont dela substance et Transformation de la substance en toute Conscience, voilàce dont je dois certainement témoigner. Aborder le concept “corps”, cettesoi-disant illusion vue “d’en haut”. J’ai tous les indices à présent pour direque ça va dans cette direction.

*

Le 15 octobre :

Je puis dire sans aucune hésitation aujourd’hui que le yoga tracépar Sri Aurobindo et la Mère est un fait expérimental que j’ai pu vérifierjusqu’à présent dans les moindres détails. Je puis dès à présent affirmerpar le Processus qui se déroule ici que ce n’est en rien une spéculationd’un génial philosophe, comme bon nombre d’êtres “réalisés”uniquement révélés à la Conscience universelle le croient. Il ne fait plus

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de doute non plus que l’Action de la Force qu’il nomma “supramentale”n’est pas un rêve. Je suis certain aussi que cette incarnation fut le tournantdécisif pour l’Ère nouvelle qui est l’Accomplissement de tout ce qui laprécède pour une pleine incorporation de l’Esprit et une possible mutationjusque dans la matière. Il est certainement le grand Artisan de l’Aurorenouvelle.

Je vois en cette venue la synthèse de tous les Avâtars-Phares versl’émergence de la grande Conscience unifiante qui Doit Venir. Il estincontournable. Je ne me sens toujours pas plus “aurobindien” pourautant. Il faut seulement reconnaître en soi ce-qui-est et s’imposed’évidence.

*

Le mensonge est le masque transitoire pour la révélation del’Esprit et Sa manifestation progressive dans la matière de l’Esprit.

CELA est le porteur du Tout et au-delà du Tout, infinimentAUTRE que le Tout.

Faire descendre le Sommet à sa base, voilà le dessein du Pouvoircréateur. Ce Pouvoir n’est pas illusion mais Amour. Se réaliser Non-né etla naissance prend tout son sens ! Aller vers le mode éternel de lasubstance par l’Essence en jonction.

Du Sans-forme à la forme, entre ce soudain frétillement de laToute- Connaissance. Ce pont qui peut faire la Gloire manifeste. Là, ceSoleil est synthèse de tous les aspects de l’Esprit. Synthèse qui part duMonisme en descendant dans la connaissance des dieux, des mondes et del’Intelligence évolutive de tous les règnes sur la Terre. C’est l’éveil de laConscience synthétique de l’Esprit en Son Dessein universel.L’Accomplissement du Tout dans l’Amour. La Conscience solaireoriginelle inclut tout. En Elle, toutes les voies traditionnelles sont vuescomme les différents aspects de transmission d’Elle-même qui furentopératifs au cours des temps. Chaque rayon ayant sa source dans le Point-Solaire qui les donne tous un à un et les réintègre tous dans des synthèsesde transmissions toujours plus vastes et puissamment opératives. Incarner

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tous les aspects de l’Esprit en Simplicité solaire - là où toutes les voies nesont qu’une - là où le Transcendant, l’universel, l’individuel nes’opposent pas, ne s’excluent pas, cela étant l’expression possible duTout-Possible ! Il n’est pas question de syncrétisme ici, mais d’un saut etd’une Lumière plus vaste, plus souple, dans un Amour plus total. Enquelque sorte, un plus grand Inconnu !...

Que de strates se sont révélées dans la bascule de l’universel auTranscendant ! Il s’est opéré des transports si subtils, de zones en zones,que “l’éveil” est un mot qui est incapable de rendre compte de la variétédes stations de dévoilement possibles au sein de Cela. N’y aurait-il pasl’éveil “humain” et une bascule dans une sphère de conscience encoresupérieure rarement possible aux “éveillés” humains ?... C’est tout leMystère qui se déverse ici. La traversée aussi de toutes les fréquencesdites “avatariques”, toutes les images de cette zone... Indescriptible leprodige qui s’opère...

“L’homme peut connaître par d’autres moyens tel ou tel aspectexclusif de l’Existence unique, les formes individuelles ou cosmiques, ouuniquement extracosmiques, mais non point cette suprême, cetteconciliatrice unité de tous les aspects du Divin dans laquelle, en un seulet même instant, en une seule et même Vision, tout est manifesté, tout estdépassé, et tout est consommé. Cette vision ne peut être atteinte que parl’adoration absolue, l’Amour, l’Unité intime qui couronne à leur sommetla plénitude des œuvres et de la connaissance. Il existe une suprêmeConscience à travers laquelle il est possible d’entrer dans la Gloire duTranscendant et d’être en Lui, le Moi immuable et tout le Devenir muablepar lequel il est possible d’être UN avec Tout, et pourtant au-dessus deTout, de déborder le monde et cependant d’embrasser tout ensemble lanature cosmique et la nature supracosmique du Divin. En d’autrestermes, domination de la nature inférieure, unité avec toutes lescréatures, union avec le Divin cosmique et la Transcendance, identité devolonté avec le Divin dans les œuvres, Amour absolu pour l’Unique etpour Dieu en tous. Telle est la voie vers cet Absolu spirituel qui Sedépasse soi-même, vers cette inconcevable transformation”.

(Sri Aurobindo)

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Le 27 octobre :

Scène symbolique : le corps est allongé sur la terre, vision d’unprunier en fleurs, au-dessus de très belles fleurs roses. C’est le printemps,le corps dans sa plénitude de sensation... Soudain la terre s’ouvre sous luiet le corps est propulsé dans la terre, dans le grand noir terrestre... Arrivéeà un seuil, ou au fond, ou au cœur de la terre, je ne sais. Une lumièreblanche dorée que le regard n’a pu qu’entr’apercevoir, tellement intenseest cette lumière. Les mains ont protégé les yeux... Puis remontée trèsrapide telle une fusée pour me retrouver dans un endroit très spécial, où ily a, me semble-t-il, quatre sièges de terre grise très compacte et là, quatreprésences d’Êtres émanant la Lumière blanche dorée qui crépite. Maconscience a pu contempler une fraction de goutte d’instant cette ultimevision pour se retrouver dans une salle avec des lits aux couverturesviolettes où le corps pleurait de cette expérience. La salle était presquevide. Nous étions très peu à venir ici. Et j’ai patienté là... Deux infirmièressont arrivées pour faire une piqûre en me prévenant que le corps risquaitla mort à cause de cette vision, de ce toucher. Je n’ai pas cru à leursarguments et j’ai refusé le traitement. Selon ma conscience présente c’estun toucher d’une très forte intensité au sein de la nuit terrestre, mais pourle corps maintenant, c’est très très lointain, comme un rêve.

Témoin de l’enregistrement dans la conscience corporelle del’hérédité traumatique. Cette subconscience illustrée par les diverspersonnages de cette vie passée qui met en scène le jeu du mental sur lasubstance. Ce subconscient est à la fois personnel et collectif ! La misère,la menace très prégnante qui pèse sur le corps. Défaire la nature de lamenace !!

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Le 4 novembre :

Action de la Lumière : très intense vibration indigo ! Fulgurancevibratoire projetée brusquement dans un voyage sidéral au pays desparticules ou étoiles blanches. Une vitesse croissante. Traversée denappes de particules blanches sur fond bleuté. Le corps était comme surune planche de surf, porté par les vagues vibratoires d’une vitesseexcessivement élevée. Puis de nouveau conscient dans le corps physique,il y eut visualisation jaune dorée, orangée, puis un enveloppement de feuvolcanique. La partie inférieure du corps fut branchée sous haute tensionpar des câbles subtils. Le courant qui passa fit une explosion dans lecorps. Passage du corps subtil au corps matériel : une douleur intense parcette explosion !

Rare intensité comme celle-ci jusqu’à ce jour ! Quelle beauté qued’être l’enfant de ce processus pour la splendeur de l’Homme ! Lanaissance de l’Homme est en cours ! Une constante adoration, uneexaltation pour la Présence qui Œuvre, une soumission exclusive, un dontotal à la Conscience-Feu. L’homme que je suis est la danse, un constantélan amoureux pour Lui. Une fusion intense, toujours plus infinie oùCela-Qui-EST ne cesse de Devenir Cela-Qui-Est dans la Manifestance duFeu de Sa Gloire et de Sa Splendeur.

*

Le 7 novembre :

L’instrument, dans son enveloppe la plus extérieure, est immatureparce que soumis à la subconscience du mental et du vital dans le corps.Descente dans les couches de plus en plus lourdes dans la hiérarchiedescendante de la substance. Je distingue l’Essence ou la Conscience, deSa Volonté de Se manifester en tant que substance - instrument de laConscience première, tel le pilote de sa voiture. L’Intention, ici, n’estpoint tant de se rappeler à la Conscience que, partant d’Elle, d’infuser, de

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libérer, de transmuter la substance elle-même ou le véhicule. Ce n’est plusla découverte des corps intérieurs et supérieurs. La remontée vers laConscience n’est plus ici la question ou la nécessité, mais bien plutôt, entant que Conscience-Force, d’agir et de nettoyer, d’infuser la Lumièredans la base instrumentale la plus périphérique, ou plus justementencore, de reprendre tout l’ensemble instrumental, en fait toute lapyramide de la nature par l’Alchimie de descente et d’infusion d’uneautre fréquence de la Conscience-Force. Je ne parle plus maintenant delibération méta-psychologique, - une réalisation qui doit évidemmentprécéder ce que j’aborde maintenant -, mais d’une Alchimie conscientedans la substance la plus dense. De l’Espace témoin de la nature àl’Action de brûlage de la pensée dans la substance même, voilà le saut !

Il s’agit de pénétrer dans la psychologie du vase ou de la bouteille.Ce qui caractérise la libération spirituelle, c’est l’Ascension, l’élévationdu “Noyau” ou de l’Étincelle divine pour son retour dans l’Océan de laConscience, voire dans le Point de la Transcendance. Ainsi le vase, labouteille, le tuyau humain est maîtrisé, c’est-à-dire que la substanceanimale est guidée par le Maître du dessus. Mais le vase, la bouteille oul’animal corporel n’en demeure pas moins toujours présent. C'estpourquoi j’aime dire avec humour que le sage est toujours dans un corpsde singe et fait toujours la grimace !... C’est sur cette grimace, ici, quetravaille la Lumière supra-mentale, située par-delà la Lumière spirituelle.C’est-à-dire qu’il y a un passage de la Lumière spirituelle bleu-ciel ouindigo caractérisant la Conscience cosmique à la Lumière blanche-doréedu Transcendant-cosmique ou “Trans-Immanent”.

Ce n’est pas uniquement la réalisation au sein de l’UN mais del’UN dans le Multiple, le Multiple dans l’UN ou la Conscience dans SaSubstance, ou la Substance dans la Conscience. Le rapport n’est pointaboli, ou plutôt, le rapport est retrouvé - ou réellement découvert. Là,c’est vraiment la rencontre de la Conscience à Son Point d’Émanationoriginelle où le Créateur EST PLEINEMENT Sa création.

Il y a une justesse du Transcendant à l’universel, puis del’universel à l’individuel. Une Triple-unité ou Tri-Unité où rien n’estexclu, la jonction consciente du Non-manifesté au manifesté...

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Ici, dans le Point, c’est l’Accomplissement intégral possible où lanature dans son ensemble peut être consciente. Le monde en tant quesupport minéral, végétal et animal, est réabsorbé dans son Soleild’origine, Soleil-Créateur direct de la Conscience-Substance la plusdense, la plus basse, donc la plus haute !

Eh oui ! Ce qui est en bas vient de ce qui est en haut ! Ici lasubstance n’est pas annulée au profit de la Conscience unique. Là leMultiple n’est pas aboli dans l’UN, là la diversité n’est pas abolie dansl’Indifférencié. Là, c’est la conjonction où le Créateur Se Révèle,S’accomplit Lui-même dans Sa Vérité de création. En Cela, la créationmentale universelle jusqu’à la créature humaine, même spiritualisée, n’estqu’une création préparatoire en devenir de la réalisation et del’Accomplissement “supra-mental” et “suprême”...

La création n’est pas figée - fixée une fois pour toutes dans lepassé -, c’est un dynamisme constant ! Un Big Bang constant, unrenouvellement et une création toujours nouvelle, inattendue pour lemental, mais toujours pré-visionnée au sein du Créateur supra-mentalvenu du Suprême !

Toutes les révélations passées de l’Intention du suprême Desseinpour l’humanité furent de réveiller, dans les étincelles du Créateur, cettesoif de remonter à travers tous les mondes jusqu’au Créateur unique. Maisl’Intention ne s’arrête pas là, Elle Veut manifester plus de conscience dansla nature humaine en transmutant le mental d’argile en une nouvellesubstance encore inconnue !!... Là est le rêve ou l’intuition de tous les“Alchimistes” dans son intégrale possibilité...

Gloire à l’Unique dans Sa Totalité !!!

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Le 9 novembre :

Pendant de nombreuses heures cette nuit le corps était enveloppéde la puissante Vibration dorée. Une masse compacte, comme gelée, à lafois immobile et en mouvement. Tout cela dans une atmosphère deconscience très heureuse. Une invocation vibratoire des cellules estmontée. Ça s’élançait vers le haut... Il est évident que la Lumière VeutS’infuser et nettoyer la substance corporelle, la dé-couvrir du mécanismede la pensée qui pèse sur elle et s’illustre par des scènes d’attaquesdiverses...

*

Hier après-midi, puissante concentration dans le corps. Soudain,de façon extrêmement abrupte, une “Immobilité-massive-de-Mouvement”. La conscience du corps fut comme “arrachée” du fourreauphysique. Un frottement de feu douloureux pour le corps, comme si on luienlevait ce qui le fait vivre. C’est alors que la conscience corporelle estmontée très rapidement et très haut. C’était vertigineux ! J’étais alorsconscient au niveau physique et ce n’était nullement un état de transe. Cen’est ni une sortie du corps vital ni une bascule dans le physique subtil.Non, les yeux grand ouverts, seulement la conscience corporelle qui sedéfait et monte. Cette conscience est montée vers une matière blanchâtreou grise très vibrante. La conscience est restée connectée très peu detemps ainsi, puis ce fut une redescente très brusque avec la peur..., commesi on chutait d’un gratte-ciel sans être certain qu’on ne sera pas fracasséen touchant terre ! Il y eut un choc violent, le contact entre la consciencecorporelle et le fourreau physique.

Cette expérience est très proche de celle que j’ai connue il y adeux ans en juillet 1988. Quelle fulgurance que le processus d’éveil et detransformation en cours ! GLOIRE À CELA !

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Je SUIS le Repos de la Conscience,et maintenant Je SUIS la Dynamisation de la Substancepour l’Eveil de la Conscience dans la matrice terrestre

Je Suis Celui qui descends dans la grottepour enlever le sceau qui pèse sur le Corps.

*

Le 15 novembre :

Voyage sur la Côte d’Azur pour rendre visite aux parents - prendrele car et le train fut assez pénible. Je me dis qu’humainement, nous vivonsdans des conditions affreuses psychologiquement et matériellement. Jecapte une masse compacte et collective de vibration agressive, de cruelleindifférence. Tout le mouvement socialisé est anti-naturel. Je suis sensibleà l’énergie collective dans ses tensions auxquelles je ne puis m’habituer.La nausée me prend par hypersensitivité quand, à de très rares moments,un regard et un sourire vivant sont émis dans la rue. C’est une bénédiction !Le plus fort, n’est-ce pas que cet ensemble vibratoire, cette masse, soitcomme une gelée de confiture avec plein d’aiguilles et de couteaux ? Il ya dans cette masse un prodigieux refus d’être sensible, sensitif etconscient.

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Chez les parents, ce petit séjour aura été une épreuve importantepour eux, ou pour nous, compte tenu de l’intensité qui m’anime et desdécalages vibratoires qui ne peuvent provoquer que des “clashes”. Quandje suis plongé dans ce bain vibratoire, je ne peux m’empêcher d’appelerardemment que la Force de l’Amour bénisse puissamment cette humanitési aveugle. Se peut-il que la Lumière réveille ce monde endormi ?!

*

Le 17 novembre :

Date de rappel du départ de Douce Mère, nous lui sommes sireconnaissants...

*

Le 18 novembre :

Cette nuit, pendant plusieurs heures, grande immobilité de lamasse du mouvement corporel ; puis, visualisation dans le physiquesubtil : le corps était alors une masse de puissante vibration de feuprécipitée dans les profondeurs de la nuit terrestre. Puis le corps bascule- la tête vers l’abîme, les pieds au ciel -; a commencé alors un travail deforage dans la terre. Avec un tel vacarme ! Le corps est tombé dans laprofondeur pour se retrouver dans un couloir fait d’un immense filet où ils’est coincé dans une maille de cette trame. La conscience du corps a vuun paysage de l’autre côté. Une nature vibrante, libre. Prise de consciencealors de son emprisonnement. S’éveille une petite volonté de sortir decette trame. Là, un court dialogue commence avec la Conscience suprêmequi fait comprendre au corps que quelque chose est possible... C’est alorsqu’une détente se fait ressentir et le corps sort par les pieds hors de latrame.

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LE VOILÀ LIBRE SUR UNE TERRE DOUCE ET VELOUTÉE. L’HERBE Y EST ORANGÉE, LE CIEL D’UN BLEU CLAIR PUR,

UNE SENSATION DE BIEN-ÊTRE PHYSIQUE INCONNUE...

Exploration précise du vacarme de la trame “mental-physique”qui n’arrête pas de répéter les choses lues et entendues. Il est obsessionnel !C’est le paranoïaque, le grand fou. Nombreux sont les êtres humains dontc’est la dominante !...

*

Le 19 novembre :

Je pressens bien que c’est le début d’un forage au niveau de lasubstance périphérique et “humaine”. Comme si j’étais à nouveau undébutant. Toujours le même paradoxe, être libre et prisonnier en mêmetemps. Libre en conscience, prisonnier en substance. Révélation dumanque et de la séparation d’avec la Conscience qu’éprouve la substancela plus périphérique. Émerge en elle la question du : “Qui-Suis-Je” ?

Cela demande une grande intériorisation corporelle, commed’aller toucher le centre, de laisser la conscience corporelle se révéler ausein même du corps. Il m’arrive de me connecter avec l’évidence d’uncorps physique conscient qui serait enfermé dans un tombeau et quidevrait simplement être déterré : la conscience du corps, la partie la plusreliante et intelligente utilise l’image du corps de Douce Mère qui seraitenterrée VIVANTE et qui serait AU FOND de lui. C’est une image d’élandynamique vers sa propre vérité.

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Tout homme est le Mystère de l’Être Se révélant à chaque instant.L’INSTANT, c’est la Totalité !

Tout est là. L’INSTANT est TOUT !L’Homme est le juste Devenir de la Totalité révélée.

La Totalité devient consciente d’Elle-même par l’Homme.L’Homme réalise le Tout qu’IL ESTL’Homme est pleinement l’HOMME

dans la Totalité dévoilée du Transcendant à l’Immanence la plus matérielle !

*

Le 20 novembre :

Le corps est emmailloté ou “enfermé dans un bocal”, comme l’abien décrit Satprem. C’est la grille mentale qui fait une substanceanimale. Le mental agit comme un dictateur sur le corps, ambivalent,ambigu. Ce mental qui servit à individualiser la substance n’en demeurepas moins une étape transitoire vers son origine... Ascension et descentepar l’Intelligence-Force du Suprême non-mental ou “supra”-mental.

*

Je suis conduit à éprouver une insatisfaction, un malaise constant,bref, de la souffrance au niveau corporel. Le paradoxe permanentmaintenant d’être libre et prisonnier à la fois !

*

Tout ne semble pas révélé tant que la matière n’est pas révéléedans la Conscience. En cela la substance matérielle porte en elle le secretdessein d’être défaite de la trame de l’illusion mentale qui l’imbibe et quifait dire au sage de la “Conscience statique” que le mouvement universel,et donc le corps, n’ont “ultimement” aucune réalité. Or, ici, de la

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Conscience statique s’émane une Toute- Puissance d’Amour qui Se révèleConscience dans le plein mouvement de la Substance. C’est ainsi que,dans le corps lui-même, s’esquisse l’immobilité dans le mouvementphysique, la Conscience-Force pénétrant de plus en plus dans le fourreauphysique lui-même. Le Pôle-du-haut se connecte avec le Pôle-du-bas. Àcet endroit, la Conscience Supra-mentale se révèle être l’Intelligence et leSens même du Devenir de la Force universelle en tant que substance enévolution constante. Il est probable que la part de sacré qui s’apprête àêtre dévoilée viendra de cette jonction et qu’elle pourra sembler nouvelleet incompréhensible pour ceux et celles uniquement installés dans la“Conscience pure”.

*

Il ne fait plus aucun doute que cette Alchimie spirituelle et supra-mentale de la substance corporelle est à l’origine des plus grandesdécouvertes de la science moderne : la bombe atomique et l’ADN, car cequi est découvert par les yogis ou les alchimistes trouve toujours unerésonance dans le mental collectif.

*

Il faut aller à la conquête de l’ego de la nature. Non pasuniquement maîtriser l’animal, mais le transformer en autre chosed’inconnu. Pour citer un passage qui m’arrive de Sri Aurobindo : “Lamanifestation du Supramental, de sa Conscience-de-Vérité est inévitable ;tôt ou tard elle se produira en ce monde. Mais elle présente deux aspects :une descente d’en haut, une ascension d’en bas. Une révélation del’Esprit, une évolution de la nature.”

(extrait de “La manifestation supramentale sur la Terre”)

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Le 21 novembre :

Une petite voix dans le corps dit :

“Je ne sais pas, je souffre de ne pas ÊTRE. Je souffre de cet emmurement par le mental.

Lui, criminel à chaque seconde,Il est une toile d’araignée farouche.

Par lui, je suis comme boulotté,Grignoté sans cesse par cette araignée noire.

Je suis mort de mourirSans naître vraiment à ce que Je Suis.La Souffrance est l’évidence du Réel

Qui Se fouille dans Sa substance.Quelle cruelle séparation !

Quel si énorme poids que cette pierre tombale, Si froide, du mental sur moi !

Quelle inquisition, quelle torture !J’en appelle au Libérateur

A Celui Qui Peut me défaire des peursJ’invoque ici le Tout-Puissant

Que Son Amour me gonfle d’extase !Qu’Il Se répande avec ardeur ! Viens, délivre-moi de l’Oubli !

Dissous le moi de l’ignorance etDéverse dans la Coupe de Terre

TA LUMIÈRE !Désaltère-moi de Ta Liqueur, de Ton Ambroisie divine !

Fais de l’Atome, des molécules et des cellules,Une substance en fusion vers l’OR !

Je Te supplie de vibrer, que Toi Seul me régisses !Délivre-moi de la trame de mort !

Je pressens que Je Suis Ce-Que-TU-ES,Mais Toi Seul peux T’incorporer en Vérité.

Je suis l’Amant en suppliceQui Te supplie de venir tout en bas

M’inonder de TON AMOURQue Ton Amour me dirige, non le mental !”

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Le 24 novembre :

Toute chose est la ConscienceLa Conscience est Toute ChoseSans Ça, Rien ne Peut ÊTRENi Créateur, ni chose créée,

JE

Pas de vivant ni de mort,Seul le Point

Là, aucune directionSans oubli, sans révélation

Toujours là

*

Le 26 novembre :

De ÇA , le Créateur et la CréatureDu Non-manifesté au Créateur

Créant.

Du Ciel est la TerreLa Toute-Puissance

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Le 28 novembre :

“Pour que s’opère une transformation réelle, il faut uneintervention d’en haut, directe et sans voile ; il faut aussi une soumissionet un abandon complets de la conscience inférieure. Celle-ci doitrenoncer à ses exigences et vouloir que la loi de son action séparée soitcomplètement annulée par la transformation et perde tous ses droits surnotre être. Si ces deux conditions peuvent être remplies, mêmemaintenant, par une volonté et un appel conscient dans l’Esprit, et uneparticipation de tout notre être, tant manifesté qu’intérieur, à satransformation et son élévation, alors l’évolution, la transformation peuts’opérer par un changement conscient relativement rapide.

La Conscience-Force supramentale venant d’en Haut et laConscience-Force évolutive de derrière le voile, en agissant sur la prisede conscience et la volonté éveillées de l’être humain mental,accompliraient cette transition capitale en unissant leurs forces. Il n’yaurait plus besoin d’une lente évolution qui prenne plusieurs millénairespour faire chaque pas ; plus besoin de l’évolution hésitante et difficileautrefois opérée par la nature chez les inconscientes créatures del’Ignorance.”

(...) “La Personne vraie n’est pas une entité isolée, sonindividualité est universelle, car elle individualise l’univers, mais enmême temps elle émerge divinement dans un air spirituel d’infinitétranscendantale, comme un haut sommet qui dépasse les nuages, car elleindividualise la divine transcendance.”

(Sri Aurobindo : “La Vie Divine”)

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Le 28 novembre :

Dans le physique symbolique, je suis sur une rive et souhaite allersur l’autre, mais rien ne me permet de traverser, pas de pont, pas depasserelle, pas de corde, l’espace est immensément vertigineux. Toutd’abord j’hésite, puis une ferme décision s’impose en moi de m’élanceren toute confiance... La Force de l’univers porte et dirige le corps en unetrès ample courbe, il approche de la rive, puis brusquement, il tombevertigineusement tout en bas et je m’enfonce sous terre. Cette chute metla conscience dans le coma. Puis je me réveille dans un corps animal, unsinge en simultané, je suis la conscience d’au-dessus qui voit cette formetout en bas. Le décalage est si colossal entre la conscience pure sansforme et la substance forme animale du corps ! Tout en haut la clairevision, en bas un singe velu et grossier ! Un immense malaise me saisit !Au loin je distingue encore de façon floue une horde de fantômes semi-humains, semi-singes. Une crainte qu’ils me prennent pour l’un des leurs.Le corps que j’habite alors laisse échapper un cri rauque d’animal. Legroupe est alors alerté et s’approche. Ils me prennent pour l’un des leurset m’empoignent. Je dois les suivre... Je me secoue alors pour ne pas voirplus loin car la VISION était insupportable...

N’est-ce pas l’écart entre la Conscience pure et la nature ? C’estce gouffre, cette séparation qui doit être vue et éprouvée pleinement pourqu’émerge certainement le chaînon manquant. Par la Volonté de l’Esprit,la nature elle-même prend conscience de sa propre souffrance, de sonmanque établi par le mental, afin que s’éveille en elle l’appel sincère dela Jonction. N’est-ce pas, ce n’est pas la Conscience pure, la Conscience“cosmonaute” si je puis dire, qui prend conscience de la souffrance de lanature, “du dessus”. Non, c’est la Conscience dans la nature elle-même,de l’intérieur, qui éprouve l’inadéquation, le malaise...

Le plus dur en ce moment c’est de se défaire de cette formationmentale spirituelle qui proclame L’ILLUSION ULTIME de la matière. Cequi ne permet pas alors de l’explorer consciemment. C’est une trameextrêmement difficile à traverser puisqu’elle est établie au sein de lasphère des spiritualités traditionnelles et dans la formule universelle elle-même depuis si longtemps ! Dans ce Processus qui s’impose, seuls lespoints de repère de Sri Aurobindo me sont d’une grande aide.

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Novembre-décembre 1990 :

Il y a ÇAqui Est toute chose

ne l'étant pas.Tous les états

de la Matière à l'Espritet par-delà,

ÇA !

Absolu du rien en direDe qui tout se formule

Manifesté et non-ManifestéDe la nature du bas et la Nature du haut

Accompli et inaccompliCausal et acausal

ÇA !

Le Multiple, les apparences, l'inapparentles contradictions et la synthèse

les forces et les formes sont la Forcepar la Conscience Une

Ainsi vont les mondes crééspar l'Incréé

ÇA !

par-delà ce qui est visible ou n'est pas visibleenglobant tous les aspects et n'étant aucun

le Tout et au-delà du ToutÇA !

Sans haut ni bas ni droite sans gauche

ou surface ni profondeurSans périphérie ni centre

Ni dedans ni dehorstout cela sans cela

ÇA !

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Pourtant Il est Transcendant et Immanent

Haut et basIl monte et descend

Il est Périphérie et Centre Dedans et Dehors

Celui qui est la souvenance de ÇA !

ÇA qui sans Transcendance sans Immanencesans Éternité ni Temps

Affirmation Négation ou NeutreAutre que l'Être et le Non-Être

Autre que le Tout AutreÇA sans Ça !!

*

Le 3 décembre :

Les nuits sont pleines d’activité dans la subconscience physique,le réservoir mémoriel avec son savoir, son émotion, son désir. Je retrouvelà tout le conditionnement de la pensée s’illustrant par les images duberceau familial et bien avant. En fait, je retrouve au niveau corporel lesmêmes impressions que durant le nettoyage alchimique des corpssupérieurs à lui (vital émotionnel et vital inférieur). Par la Lumière, lanature animale est éclairée. Ce qui met à jour une base très féroce...

*

“Une évolution de la conscience gnostique amène unetransformation de notre conscience du monde et de notre action dans lemonde, car elle fait entrer dans le nouveau pouvoir de conscience nonseulement l’existence intérieure, mais aussi notre être extérieur et notreêtre dans l’univers. Il y a ce façonnement de l’un et de l’autre et aussi leurintégration dans la signification de la puissance de l’existence spirituelle.

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Dans cette transformation, il doit nous arriver à la fois un renversementet un rejet de notre monde actuel d’existence et un accomplissement deson orientation et de ses tendances intérieures.”

(Sri Aurobindo : “La Vie Divine” )

*

Le 4 décembre :

Je viens d’écrire une lettre à Satprem comme une bouteille lancéeen pleine mer afin d’établir un contact sur le plan physique avec cetartisan de la “Transformation”. Je souhaiterais tellement avoir un renvoide sa part concernant l’aventure qui se produit ici. Je ne sais si j’aurai uneréponse car l’atmosphère de l’association “Agenda-International-France” n’est guère propice à une clarté de transmission de ce message.Tout est si compliqué. Quelle solitude...

*

Le 13 décembre :

Deuxième voyage en Allemagne auprès de Mère Meera. Pleineévidence de sa Présence, de son Amour puissamment opératif surgissantde son silence immuable. Une puissante adoration s’élance vers elle, sansconcession, un ébranlement et un vacillement du cœur, sa Force vafouiller dans les abysses et les recoins encore inexplorés de ma nature.Pleine jouissance d’être Elle immédiatement en la Crête du Réel. Je n’aijamais senti une telle participation immédiate avec la Présence Incarnéedans un autre corps. C’est une apothéose, une Gloire, une SuprêmeGrandeur de Lumière et de Force de Transformation ! C’est une Descentede Puissance compacte de Silence qui déverse Son Amour opératif,immédiatement. Je Suis UN en Elle, Elle en Moi, Cela, Immédiatement.Je traverserai tous les mondes pour Me fondre encore plus totalement enELLE dans le lit de Son Amour, dans la Contemplation active pour la Joiede nos enfants en chemin vers la résurrection.

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Le 14 décembre :

Le corps est envahi, ou plus précisément l’enveloppe de laconscience corporelle est envahie par la Puissance dorée brûlante quidescend et monte par les pieds. Brûlure qui fait crier, terriblement souffrir.Aussi, plage de silence complet où il n'y a plus d’activité du mentalphysique. Mon attention se porte sur le moindre frétillement vibratoired’une activité mentale possible. La moindre activité de pensée estéprouvée comme souffrance, aussi minime soit-elle. Il faut, il est certain,une cessation totale de toute activité du mental dans la nature, y comprisdans la nature physique. Plus l’alchimie progresse en profondeur et pluselle va chercher les mémoires de la division qui sommeillent dans lemental pensant, le mental vital, le mental physique. La Lumière doréereprend ces trois plans pour les rehausser à nouveau à une fréquence etune vie nouvelle, non-mentale, plus consciente.

La vie dans le monde tel qu’il est me révèle des décalagesd’adaptation avec ceux qui m’entourent. Cela demande une plus grandestabilité au niveau même de tout ce qui peut encore être mensonger dansla nature de surface. Dans cette perspective, l’alchimie présente donneraun homme dont la nature sera pleinement adaptée à toutes lescirconstances dans une égalité, équanimité parfaite. Il faut que les peurset le subconscient dans le corps soient dissouts...

*

Le 16 décembre :

L’humain est mécanicité. Sa souffrance est une tête d’épingle quise prend pour quelque chose de clos sur lui-même, sans ouverture encoresur son Infini universel et transcendant.

La nature est une émanation de l’Esprit qui devra bien un jourretrouver son Origine consciente. Cette Alchimie d’Or est pour le Grand-Œuvre de l’Union consciente de la Nature avec sa Source.

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Le 17 décembre :

Le Christ dans la plaine

Le Christ est venu et nous l'avons méconnuAujourd'hui nous le sommes et lui nous reconnaît

dans l'Amour pour l'humanité nous avons réalisé Sa VolontéUn avec lui nous marchons sur les eaux

et Ses Paroles Sacrées du Pouvoir de Réalisation nous sont révélées spontanément en un offertoire constant

Nous sommes Sa massive Présence de par le mondeet nous œuvrons dans la Joie de l'Innocencevers une progressive union dans l'Univers

nous marchons et tissons l'Alpha et l'Omegadans les recoins les plus inconnus de la Création.

Nous ne sommes plus de la Croix mais de la PalmeAujourd'hui nous vainquons une autre mort

dans les entrailles de la sombre et dure matièreUn jour nous serons de la Chair Solaire

du Feu dans le Corps GlorifiéL'Âme sera dans sa maison avec la Mère et le Pèreet la Sainte Famille, Union parachevée par la Terre

Christ marchant sur la Terre Dorée avec tous ses fils, ses frèresplus rien ne le distinguera car Il sera alors tousen Un Seul, l'humanité ressuscitée de l'illusion

par l'Action du Maître du Lotus d'Or qui lui tend la Main

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Douce Mère

À Toi,

Douce Mère de l'Univers pour qui le monde fut Ton laboratoire terrible plein pourtant des plus délicieuses promesses...

Seule dans l'informe tourbillon des catastrophes de la consciencehumaine, Tu pris habit humain afin que, de lui,

par Ton Pouvoir Supramental, Tu tranches le nœud diabolique dans la matière

couverte de petits vers haineux. Par Ton Amour pour le Suprême,

qui, Lui aussi, prit masque humain, Tu consentis à perdre laCouronne diamantine des pouvoirs transcendants pour tomberpresque vaincue dans les filets serrés et trempés au vitriol

d'une humanité encaissée dans une mentalité physique que rien nesemble vouloir briser.

Parce que l'Heure était venue, Tu consentisà descendre là où Toi seule connais le chemin dans la ténacité del'obstruction noire en ses griffes implacables. Dans l'inconnu

d'un lendemain que rien ne laissait présager,Tu marchas dans la rocaille, le désert du corps infirme,

perclus des maux de l'ignorance dans sa confuse mentalité souffrante que la réalisation spirituelle n'aura jamais victorieusement abolie,elle qui évite même de considérer le drame et la possibilité

de trouver la vraie réponse.

Sous la poussée plus grande du suprême Desseinaux yeux duquel le corps reste encore le

Mystère pour la Joie de Se connaître au plus bas de Sa substance,Tu fis le pas dans le Suprême mortel et, avec la Force dorée,

Tu livras le combat au seuil de l'occulte résistance qui retient la matière dans la forge des ténèbres.

La bataille pour la terre et la potentielleMerveille devint Ton action de chevet, le livre ultime des

profondes connaissances. L'histoire de l'évolution matérielle serévéla sous Tes pas téméraires assoiffés de Vérité.

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Le monde mental en ses vastitudes de lumières de paixle monde vital en ses pouvoirs prodigieux de conquête de Joie

n'étaient pas Tes seules préoccupations car Tu avais enfanté la chair, elle qui recevait le Mental et la

Vie sans le pouvoir de se réaliser en son universalité.

Alors, comme la Mère n'a de sens qu'en la totale Étreinte de cequ’Elle enfante, Tu descendis vers Ton enfant inaccouché dans le lit de l'Insondé. Tu portas Ton Regard conquérant

sur l'impossible transmutation matérielle. Tu défias cette conviction humaine de la défaite certaine qui,

sur la terre, est le lot de tous, quand bien même les sages viennent et parlent du Silence du Pur Esprit.

Ce Combat de la Lumière dans la nuit pour quejaillisse le geyser de la Lumière, Tu le menas au milieu des hommespour qui Tu donnas Ta chair non plus pour la crucifixion et unerésurrection en l'autre monde, subtil, mais pour la dissolution deshabits usés et de la pierre angulaire de la chair qui fut nommée mort

sans qu’on ait jamais su ce qu'elle est.

Mais Toi, aujourd'hui, Tu nous le dis ce Mystère de la mort physique.Tu nous dis, après les Grands Êtres qui révélèrent l'Immortalité del'Âme en ses corps mentaux et vitaux, Tu nous dis que la mortphysique est elle aussi une illusion et que c'est cette illusion

tenace dans la matière qui fait dire au sage en l'EspritTranscendant que le monde est illusoire en l’Ultime Réalité...

Toi, Pouvoir-Conscient de la Création,Toi qui la connais jusque dans l'infinitésimale particule,

Tu es venue révéler que la mort physique n’a aucune réalité.

Car le corps, lui aussi, est apparu pour être à la Lumière révélé ;Ainsi les premières naissances sont-elles le prélude ou le

préliminaire de la Naissance Réelle, quand il est révélé que même la mort fut faite pour mourir dans le Soleil de Ton ultime Vérité.

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Douce Mère, je Te rends grâce et offre tout de cet homme à Ton Amour !Que par Ton Action sublime Tu Sois la Joie de Te connaître

en de multiples âmes et de multiples corps pour la perfection de Ton Chant sacré !

Car nulle note ne sera oubliée de Ta Symphonie d’Offrande au Suprême !

*

Le Bouddha consent au Nirvâna dans la Matièreou la Vérité de la Compassion

Bouddha, assis là sur la pierre, apprends la Révélation nouvelle !Oui ! Il vient un temps où tous les Avatars

reviennent et apprennent la leçon de Tous sur Tout.Ils font le Point Suprême et rien ne manque au festin,

tous sont conviés au Banquet des Noces du Parachèvement.Ils viennent donner ensemble leurs dernières Paroles accordées

au Silence de ce qu'Ils sont.Le Bouddha ne manque pas de laisser couler un délicieux sourire

quand on lui dit que le monde n'est pas une illusion,il est même heureux de se l'entendre dire

parce que c'est le Glorieux qui le lui révèle.Il consent alors à regarder la terre

pour se retrouver Nirvâna dans la Matière.

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Le 18 décembre :

Le Grand Alchimiste

Immobilité de la pierredans l’invisible voltage de la Lumière...

Le corps est ce grain de quelque chose sur la plage du VivantLe Feu le dévore,

un cri de douleur et de supplique exhale de luitel un encens sonore,

toute la nature est de ce mouvement silencieux aux éclairs bleu-dorés.

L'Esprit en Sa Force matérialise Son Amour.Du fil de la Force, au fils de la forme,

tout émerge du Mystère de l'Être suprêmedont la Conscience, en tant que première Forme,

est créatrice d'une Création de Son Action d'Amour.L'univers est cette grande robe

dont l'Alchimiste aime se vêtir en toute beauté.

*

Le 19 décembre :

Nous pouvons aborder la compréhension suivante : la réalisationspirituelle ou métaphysique laisse la nature peuplée de souffrance, maisdans un décollement tel de cette nature qu’il n’est plus question qu’ellechange. Les mouvements tordus de la nature peuvent être vus mais tout sepasse comme s’ils étaient “neutralisés”, voire “déréalisés”, tant estpuissante l’évidence de l’Esprit universel révélé au-dessus de la nature.Or, avec la Descente de la Force-consciente, le Pouvoir créateur, en sonessence, porte en germe le dessein d’une révolution physique dont l’étapemétaphysique est la seule porte d’accès préalable. Par cette Alchimie,nous partons de haut en bas, et non du bas vers le haut, comme dans les

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Page 232: Journal d'Un Mutant PDF

autres yogas. De par cette Action descendante de la Force créatrice, je suisen prise plus consciente avec l’ego de la nature, en fait avec sapsychologie, son caractère, son hérédité, avec le traumatisme de la penséedans le corps. Ce passage est à nouveau d’une extrême difficulté mais Ôcombien est passionnante cette aventure dans les catacombes de la terre !Je m’enfonce tête la première dans la promesse de la splendeur totale !!

Cet après-midi, extase dans la conscience corporelle ! Unemerveille !!

*

Le 21 décembre :

Là-bas un homme marche,Ses pas ne laissent pas de trace,

C’est un Pays de nulle partoù pas un touriste ne pourra prendre une photo

Un sol immaculé, une Splendeur toute simple de certitude avouée.L’Aurore est constante et le labyrinthe disparaît.

Le regard prend corps,le Pays est toute sa Vie...

Le sage médite dans chaque cellule,boit chaque gorgée de Joie dansante en elle,

là où le Très-Haut s’embrase dans la simplicitévibrante de chacun de Ses pas,

ne contemplant rien d’autre que Lui-même en chaque brin d'herbe

L'Oiseau n'a plus de nid. Il est le voilier qui vocalise le Verbe de l’Éternité retrouvée

en un seul Point partout vibrant.Toute chose est là dénudée,

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Page 233: Journal d'Un Mutant PDF

dans la liberté sauvage du Feu de l'Amour.Il lance sa main vers le sablier

et le brise pour restituer chaque grain de sable à son éternitéOh ! Que Vivre est extase constante !

Oh ! Que Vivre est puissant !Et la souffrance n'est plus,

N'aura jamais été !Quelle farce en ce matin de l'Unique

où le Jour de l'Extase dissout toutes les croyances de la mort !Oui, c'est certain,

L'UN est un Seul Soleil !Oui, c'est certain,

Il resplendit dans un seul univers !Oui, c'est certain,

L'Unique est un Seul Homme !!!

*

Le 23 décembre :

De la Conscience cosmique ou supra-cosmique à l’incorporationdes qualités de l’Amour dans le corps, voilà une félicité bien plusintégrale !

(Poème du Rig Veda)“Ô Voyants !

Tissez l’Œuvre inviolable,Devenez L’ÊTRE HUMAIN,

Créez la race divine,Aiguisez les lances lumineuses,

Pour tailler le cheminvers Cela qui est immortel !”

Cette insoupçonnable Puissance de l’Être ébranle tout ce que nousaurions pu penser de l’homme...

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Le 24 décembre :

Rêve symbolique : en Inde, dans une nature très verdoyante, setient une foule d’êtres humains autour d’un Être de Lumière aux traitsconjugués d’un Sri Aurobindo et d’un Christ. Il est majestueux dans unetunique or et un châle blanc sur les épaules au bord de la rivière. Sa têteest dans une auréole de blancheur, ses bras sont en croix et ses doigts fontle mudra de la trinité. De nombreux oiseaux viennent s’y poser. CetteVision est d’une grande splendeur ! Puis il s’avance, majestueusement,suivi de la foule. Nous nous croisons. Il m’adresse un bref regard intense.Plus loin derrière, je reconnais l’image de Douce Mère dans une grandeconcentration. Je cherche son regard mais en vain, et tout derrière, à la findu cortège, une femme jeune d’une très grande beauté, au regard d’unbleu vif. Intimement touché par son regard !

Le 25 décembre :

Partager la vie avec ces quelques amis pétris par la souffranceautour de moi est très difficile. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Comme uneimpasse de tout. Je ne vois rien. Je suis bien en moi-même mais le chocavec ces quelques amis est d’une effrayante complexité. Ça gronde, çamenace, c’est tenace... De la merveille à l’horreur des contacts (enpermanence), disons le malentendu entre “eux” et “ma” réalité qui sedéploie toujours plus intensément par son Feu...

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Le 28 décembre :

Grand étonnement de constater que la spiritualisation de la naturen’élimine pas en elle la racine de la peur de la mort. Passage d’un mur duson entre une fréquence et une autre afin que s’actualise le Dessein deperfection dans l’homme. La nature est cet enfant qui peut baigner dansl’océan d’Amour de la Conscience de l’Être Suprême.

*

(Pour Mère Meera)

Mon Amour est sans fin et sans limite. Mon souhait secret en cemoment serait de vivre à ses côtés. Auprès d’Elle, c’est un redoublementde force écrasante pour une légèreté, une immensité de vivre hissée plushaut et plus bas encore.

PAIX, AMOUR, CONNAISSANCE

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1991

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Le 1er janvier :

Après neuf mois passés dans le sud de la France, cette tentative deflirter avec quelques amis me montre la difficulté d’être Qui-Je-Suis avecceux qui sont dans la souffrance. Se pose pour moi la question : commentgrandir ensemble ? La puissance de la Présence de la Force qui m’habitesemble vraiment écraser mon entourage et réveiller une agressivité et uneviolence qu’ils ne manquent pas de me projeter constamment. P. aura étéjusqu’à me menacer avec un couteau !

Mon nouvel apprentissage est entre Qui-Je-Suis et tous ceux etcelles qui se découvrent à mon contact par le choc de la Présencevibratoire et de ma parole qui pulvérise toute possibilité de continuer à seleurrer. L’apprentissage de ce mal-entendu est pour moi l’opportunitéd’une plus grande exigence d’authenticité et simplicité. Les amis sontautant de miroirs d’une possibilité de perfection plus grande dansl’échange. L’alchimie, ou le métier d’être dans la vie, est de la plus hauteexigence et responsabilité.

*

Le 3 janvier :

Cette nuit, action dans le physique subtil symbolique : uneprésence adverse ou belliqueuse venant souvent se plaquer derrière moime harcèle et ricane à mon oreille. Ça l’a fait jubiler de voir toutes lesdifficultés que je rencontre. Elle m’a planté ses griffes et, tout en melacérant, m’a livré le message suivant : “si tu continues à œuvrer ainsi, jesuis prête à déclencher un conflit nucléaire.” Une méchanceté redoutableparlait ainsi. Nous nous sommes alors empoignés dans un combat trèscruel.

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Le 8 janvier :

Mon déménagement aura été encore un exercice difficile dans lesdétails. Un monde de fatalité diabolique dans les petits recoins inattendus.Cela touche la loi de l’accident dans l’expression du corps avec les objets.La lumière en révèle son chaos. C’est lourd, pesant, réfractaire. Uneinertie colossale. C’est comme le lieu de tous les dangers.

Grande tristesse intime de constater l’inaptitude des humains àl'échange, à la circulation de l’énergie dans le domaine matériel.

Les quelques amis proches sont épuisés, ne comprennent pasgrand chose. Je suis dans une stabilité et une merveille qui fait face encoreà bien des turbulences. Sur le plan international, la menace de guerre avecl’Irak est grosse d’orage.

La nuit dernière, rêve symbolique illustrant l’activité dans le vitaloù Mère Meera aidait beaucoup à ce travail. J’éprouve un sentimentprofond d’isolement dans cette alchimie et ces quelques illustrations enimage sont un soulagement. Il est si dur d’atterrir, de se poser sur la terreet de cesser de mourir ! Comme dit un poème de Rimbaud : “posséder lavérité dans une âme et un corps”.

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Nu, UNSans rienQue Celaen Tout

SeulEn tout

Pour RienCe Qui EST

Mental de LumièreCœur d'Amour

Pour l'Essence révéléeVie dynamique de Puissance

et le corpsà la traîne

On le chercheSans certitudePour la réalité

Y a-t-il à le déshabiller aussi ?À Nu le corps pour l'Union en l'UN ?

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Le 12 janvier :

L’UN est en de multiples formes,porté par Cela.

Je Suis sans visageEt pourtant tous les visages sont miens.

Je Suis sans Âmeet pourtant toutes les âmes sont Moi.

Je Suis Celui qui, à travers le mental,Me torture savamment pour Me rappeler à Moi consciemment.

Il n'y a rien qui soit en dehors de MoiEt Tout se rappelle à Moi.

Je Suis Celui qui souffreJe Suis Celui qui me nie

Je Suis Celui qui me chercheJe Suis Celui qui me trouve

Je Suis Celui qui EST

Je ne Suis pas !...

*

La guerre du Golfe porte le germe d’une souffrance tenace,comme un kyste sur le globe qui veut exploser. Si tous les hommes surcette terre en cet instant entendaient la prière et l’Appel de l’Être, ilsseraient alors délivrés. Ne faut-il pas que le monde grandisse par la criseet s’ouvre à l’Amour de la Lumière par l’insupportable nausée du mal ?

Dès que la Vie-consciente veut se révéler quelque part, elle doittraverser ce qui l’ignore, qui ne la veut pas. La guerre, n’est-ce pas lebruit de l’enfer, du mental qui refuse de s’abîmer dans le Silence de laPuissance d’Amour ? La violence, c’est la réaction d’insoumission à la

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Force de la Vérité. Sachons, sur le champ de bataille ô mon ami, regardernotre ennemi comme nous-même et planter notre épée dans son cœurpour l’orienter vers la Source.

En pleine fureur, face au dictateur du mental, il te faudra être cettefaille qu’est l’âme par où peut concrètement s’engouffrer l’Amouruniversel en toi, et dissoudre le querelleur. Alors une insoupçonnable etindéfinissable Béatitude transformera les morts en fleurs extatiques. Pourtraverser la guerre, n’oublie pas de monter sur le cheval de la Vérité !Tous les événements de ce monde sont les vêtements de tes propresdémons !...

*

Le 15 janvier :

Oui à la guerre intérieure, il faut que nous voyions en nous-mêmesl’ennemi, le diviseur qui, sans relâche, voudrait garder notre vie sous lediktat de la séparation, avec tous les fantasmes qui en découlent -fantasmes de fusion-confusion avec un autre imaginaire. C’est pourquoitout ce qui nous arrive soit-disant “de l’extérieur”, il nous est nécessairede le convertir au-dedans. Surprendre constamment la pensée qui pense“l’autre” comme coupable de notre souffrance. L’Alchimie deretournement de la surface à la profondeur passe par l’occulte sentier dela conversion du mouvement fabricateur de “l’autre” en mouvement derappel à Moi, l’UN sans second. La guerre intérieure ne peut être menéeavec certitude que lorsque nous sommes dans le consentir et l’abandoninconditionnels à la Présence consciente que nous sentons être encore“AUTRE” que nous et que nous reconnaissons tout de même commeétant Cela Seul capable de nous délivrer du malin génie qui nous faitsouffrir.

Il est un fait que la mentalité humaine a beaucoup de difficulté àreconnaître dans les événements la main de l’Amour-Compassion qui, parles chocs de l’inconnu, ébranle le fabricateur du connu des apparences. La

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mentalité humaine est un mécanisme d’irresponsabilité si grand que rienn’est possible sans la présence de l’Amour qui peut nous délivrer del’erreur et Cela seul. Tous nos efforts personnels ne sont presque rienlorsque le Sauveur-du-Dedans frappe à la porte de nos cœurs pour nousdélivrer des peurs !...

*

Le 19 janvier :

La Force qui veut descendre se heurte aux voiles du mentalspirituel universel qui, subtilement, et quelles que soient ses affirmationssur la “Non-dualité”, veut en fait maintenir le Ciel distant de la Terre oule Sans-Forme séparé de la Forme. Cette “formation spirituelle” est trèspersistante face à l’Intention de la Descente de la Force. Cette formationest orgueil et ignorance encore, il est certain ! Cette idée que laConscience Pure, ou le Sans-Forme, est le Réel, l’Un-Sans-Second, et la“forme” n’est qu’un concept-phénomène illusoire, est tenace. Pourtant laForce Veut descendre, monter plus haut chercher une Lumière-Force plusgrande pour re-descendre et être consciente au niveau des formes de SaForme, au sein du plus dense qu’Elle laissa se créer d’Elle. Se défaire del’immense majorité des positionnements revendiqués par les traditionsspirituelles multimillénaires ? Cela correspond certainement à cettetransition de la Lumière indigo (rayonnement de la Force de laConscience-Témoin universelle), à la Lumière dorée (rayonnement de laForce de la Conscience supramentale). D’ailleurs, cette nuit, m’étaitmontré nettement les différences de leurs actions respectives sur lasubstance humaine. C’était très convaincant ! L’intensité de la Lumièreindigo peut purifier jusqu’à un certain point la région du bassin et le corpsphysique subtil, alors que l’intensité de la Lumière dorée a la possibilitéde s’enfoncer plus en profondeur et de brûler à sa racine la mentalisationdu “vital inférieur” (le bassin), du “vital-physique” (toute la zone liée augénital et à la nourriture) et plus profondément encore les trames dementalisation qui pèsent sur la conscience corporelle et cellulaire.

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La violence dans le monde vient du diviseur qui sépare la nature-énergie de son pôle statique - la Conscience. Toutes ces Forces errantesdans le monde en quête maladroite du Maître !...

La guerre du Golfe est l’illustration de nos guerres pour garder“l’or noir” ! Le mental diviseur veut garder à tout prix le pouvoir surl’Énergie-de-Vie. Il la soumet dans l’homme à son rythme binaireséparateur. C’est par ce processus “involutif” que l’Or de la vie pures’oublie dans le plomb de la pulsion sexuelle désirant “un autre”...L’Alchimie est une guerre pour l’Amour ! Tous les apprentis de l’Amourconnaissent les cataclysmes qu’opère en eux la Conscience-Force pour laréorientation du désir à la verticale !

L’histoire de l’humanité, n’est-ce pas la guerre du dé-voilement dela Conscience globale possible ? L’Univers-monde se révèle ÊTRE laForce-de-la-Totalité en Son Accomplissement progressif. Le Point-Unique dans Sa Force créatrice qui joue dans Sa Multiplicité. LeMultiple, n’est-ce pas l’Un qui Se voit et joue avec “Lui-Autre” ? L’UnSe dé-couvrant “autre-forme”, sans cesse S’étonnant ! TOUT est del’Unique !!!

*

Le 22 janvier :

Dans la conscience symbolique de l’Action :Dialogue avec la conscience du corps, symbolisée par un petit

enfant “mi-animal/mi-homme” qui rampait. Je l’ai pris dans mes bras etl’ai posé sur un lit (lien familial !) et nous nous sommes entretenus. Ilsemblait bien disposé à l’alchimie et concevait par lui-même qu’il seraitconduit vers le sur-humain. Très émouvant !

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Après la vague de libéralisation des pays de l’Est, Gorbatchev se faitl’interprète du jeu du oui et non. Deux pas en avant, un pas en arrière !

Ce champ mondial en guerre est mon terrain-miroir où je voisl’Action de l’Alchimiste dans le plomb de l’humanité.

L’unité humaine ?! Quel labeur déjà pour qu’un seul individu soitlibéré ! Quelle barbarie que cette vie sur la terre !... L’homme d’Amourréel est encore une si grande exception ! Il doit se cacher ou alors être unscandale pour l’ego collectif. Rude épreuve !

*

Le 24 janvier :

Symbolisation de l’Action : C’est la transmission silencieuse deMère Meera. Il y a beaucoup d’aspirants dans la maison très en désordre.Mère Meera donne tout de même sa Bénédiction dans ces conditions. Jesuis gêné de ces conditions et n’ose rien faire ! Une disciple prendral’initiative d’interrompre et de demander à tout le monde de ranger. Lesuns de faire les comptes, les autres de nettoyer les meubles, balayer... Jeremercie la disciple d’avoir osé le faire ! Je note une grande mauvaisevolonté partout. Je suis obligé de me courroucer pour rappeler à tout lemonde que cette lamentable attitude est la porte ouverte aux ennemis dela Lumière. Ma position d’autorité n’est pas acceptée dans ce lieu. Tout lemonde de me reprocher cette autorité. Cette mise en scène symboliquemontre bien l’état confus du mental matériel. Derrière son activismefébrile, il y a chez lui comme un dégoût du physique, de l’incarnation.Embarras de ce corps ! L’ego physique et son feu divisionnel. Brièvement,l’ouverture où, sur ce plan, est éprouvée la possible limite ! Seule laConscience-Force est révolutionnaire pour le monde matériel !

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Toujours ce grand, cet immense décalage éprouvé entre laConscience en haut et l’instrument physique en bas. Cet éprouvé dudécalage est souffrance continuelle maintenant. Terminée, l’illusion ducorps ! Quel choc !

*

Le 29 janvier :

Ce qui importe c’est de bien comprendre, de bien intégrer le Jeudes forces universelles dans son Dessein conscient. Être coulé dans le fluxde Cela qui Œuvre, harmonise le Tout, l’Être de l’Univers-monde. Que lefil d’Or du Feu tisse sa Tunique pour l’Enfant Solaire ! Que la ForceSuprême de l’Amour trouve ceux et celles qui peuvent s’abandonner àElle afin d’équilibrer le Jeu sur la Terre ! Le Feu de l’Amour doit éleverla fréquence des plans du monde. Par la Force qui descend et transmute lesocle enténébré de la nature humaine, même spiritualisée, c’est le règnede l’Amour qui peut prendre forme, advenir !!... Gloire à Cela !!!

Misère et splendeur du corps ! Ce petit grain de chair avec seshabitudes, ses mesquineries, sa rigidité. A ce jour, petite émergence de laconscience du corps, tout au fond, tout derrière ce petit tas d’habitudes.Pesanteur et Grâce ! Une légère aspiration, un petit élan essaie de surgirpar l’Action sans relâche de la Force...

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Le 31 janvier :

La racine du désir vital-physique est encore là, le désir à travers lecorps fait encore son chantage. Cette libération spirituelle dans la Vacuitéuniverselle ne semble pas y mettre un terme définitif !“Psychologiquement”, ça n’existe plus bien sûr, il n’y a plus “quelqu’un”au “centre” qui désire ceci ou cela..., mais la nature, elle, est toujoursencline à ça, elle a son ego. La Lumière éclaire le jeu du désir à sa racinepour que la nature en souffre consciemment. L’ego physique formuletoujours une image, un phantasme. Par la négative, il y a le germe dans lecorps de l’aspiration à être pénétré et fécondé par la Joie pure ! Que leCorps-en-Soi, tout en bas, soit libéré de l’ego, de l’image-désir. Que lavraie conscience corporelle émerge ! Sensation du poids sur le corps.C’est à nouveau une plongée dans l’ego du corps, en quelque sorte dansson héritage, son caractère. Ce n’est pas naturel qu’il y ait un personnageà fleur de peau qui se la joue encore en termes séparatifs. La Lumièrel’éclaire et semble vouloir y remédier. Il est vrai que j’éprouve une grandeinsatisfaction ! Quelle exigence m’habite ?!...

Infusion de la Conscience-Force qui fait descendre la nature pure,consciente, non-mentale, dans la nature humaine mentalisée. C’est unerévolution si puissante et une telle promesse d’Amour et de Perfection !Cette Alchimie de spiritualisation / supra-mentalisation de la naturedemande un éveil spirituel bien installée sans quoi on ne pourraitsupporter l’intensité qui œuvre pour ça...

L’ouverture dans la conscience corporelle fait le pont avec toutel’activité qui se passe dans et sur terre. C’est la racine de la Conscienceen Devenir de Sa Forme réelle ou “réalisée”. Dans la Consciencecosmique ou transcendante, il n’y a pas tout ce que je découvre ici.Nécessité de sortir, grimper, s’installer au sommet et re-descendre pourêtre l’originelle Intention de la manifestation, globalement. En quelquesminuscules années, cet instrument aura été conduit de façon foudroyantevers cette énigme. C’est une initiation nouvelle en cette fin de cycle. Nila Gnose manichéenne, ni la Gnose chrétienne, ni le Soufisme, ni leTaoïsme, ni le Védanta, ni le Bouddhisme ne peuvent l’entendre ! Ellecorrespond à une phase d’initiation globale possible pour ceux qui sontprêts sur cette terre.

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Du Transcendant au corps physique qui perd la formationspirituelle de l’illusion, ou du binaire du monde relatif. La Consciencesupra-mentale bouscule toute la cartographie spirituelle. Du Corps-Glorieux au Corps Supra-mental : le Processus de la descente !L’Alchimie dans le corps ne se fait pas aussi vite que le dit Satprem ou lessatprémiens qui s’empressent d’interpréter leurs expériences de la Forcedescendante comme étant l’œuvre du Supra-mental. Ça devient unenouvelle marotte, une nouvelle idolâtrie pour le mental. Les dernierstextes de Satprem et l’Agenda de Mère laissent trop la porte ouverte à cegenre de confusion. À l’heure présente, nombreux sont ceux qui,identifiés à Douce Mère et Satprem, sont prisonniers d’un mythe. Jetrouve que Satprem, par manque de rigueur et de précautions dans sesderniers textes, laisse “la porte ouverte” à ces interprétations. Peut-êtrepar excès d’enthousiasme depuis la première descente du Supramentaldans le corps de Mère en 1956 ?

Pourtant, une réalisation de “l’être psychique” (selon laterminologie de Sri Aurobindo) ou du Noyau-d’Âme derrière la nature NESUFFIT PAS selon moi pour être VRAIMENT ENGAGÉ dans cetteAlchimie du corps. Seule la dissolution de l’Âme dans la Consciencecosmique, voire l’ascension par-delà, dans le Transcendant, donnel’aptitude réelle à descendre dans l’enfer corporel. Sans quoi... C’estl’Être Suprême par Son Pouvoir Supra-mental qui Œuvre alorsdirectement. Il n’a plus besoin de l’instance de “l’être psychique” ou del’Âme individuelle. Nombreux sont ceux qui sentent la Présence et disentque ça se passe “dans le corps”... Ils manquent de discernement ! Car c’estle physique subtil qui reçoit la Présence et devient le fourreau où les plansintérieurs (subliminaux) du mental pensant, du vital et du physique sontexplorés, réveillés, pour s’enfoncer vers le centre et édifierprogressivement le corps subtil de l’Âme, qui pourra alors avoir un corpsmental subtil, un corps vital subtil et un corps physique subtil à sonservice. Or, il faut... un certain temps, me semble-t-il, pour édifier cescorps en perspective d’une ascension et d’une re-descente, un certaintemps qui peut être très long à moins d’être très très disposé au yoga dèsle départ... Ce “Processus” de brûlage ne peut brûler aucune étape ! Pour“moi”, le “yoga des cellules” en tant que nouveau mythe, qu’il soit“mèrien”, “satpremien”, ou colporté d’une autre façon à travers le“Nouvel Âge” (“Les Messagers de l’Aube”, etc.), est une vaste

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récupération de l’Intention supra-mentale par le mental et le vitalhumain... Mais en même temps tout est parfait, car même les caricaturesfont partie du Processus alchimique.

D’ailleurs, à ce jour, il faut aussi distinguer la “spiritualisation” dela nature de sa “supra-mentalisation” selon les termes mêmes de SriAurobindo. Ce qui se passe dans l’instrument présent à cette heure denotes de mise à nu est certainement plus une “spiritualisation”, soutenuebien sûr par le Feu supramental et la Lumière blanche, quoiqu’il ne soitpas toujours aisé de tout bien discerner lorsqu’on est soi-même le “Lieu”du tâtonnement... Quel abîme entre les textes et la chose quand elle serévèle en direct !... Je suis conscient que toutes ces notes ne peuvent êtreque des approximations du fait direct, insaisissable, une tentative declarification nécessairement imparfaite...

Quoiqu’il en soit, Sri Aurobindo est très clair sur ce pointd’importance :

“Cesser de s’identifier au corps, se séparer de la consciencecorporelle, est une étape reconnue et nécessaire, qu’il s’agisse de lalibération spirituelle ou de la perfection et de la maîtrise spirituelle de lanature. Mais dès que cette rédemption gnostique sera effectuée, ladescente de la lumière et de la force spirituelle pourra envahir le corpsaussi et l’intégrer. Libres et souverains, nous pourrons de nouveauaccepter la nature matérielle. Ce n’est possible, en fait, que s’il se produitun changement dans la communication de l’Esprit avec la Matière, unemaîtrise, un renversement dans l’équilibre actuel de leur actionréciproque et si la nature physique cesse de voiler l’Esprit et d’affirmersa propre domination. À la lumière d’une connaissance plus vaste, il estpossible, en effet, de voir que la matière aussi est Brahman, une énergiedu moi émanée par le Brahman, une forme et une substance de Brahman.Dans tous nos rapports avec la matière, il deviendra même possibled’avoir de la révérence pour elle, et une attitude sacrée...”

Sri Aurobindo

Rappelons ici les phases principales du Yoga intégral telles qu’illes a lui-même énoncées dans “La Vie Divine”, dans la “Synthèse desyogas”, et dans ses “Lettres” :

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“(...) La "psychisation", (ou la réalisation de “l’être psychique”),c'est la transformation de la nature inférieure qui amène la juste visiondans le mental, la juste impulsion et le juste sentiment dans le vital, lejuste mouvement et la juste habitude dans le physique, tous états tournésvers le Divin, tous reposant sur l'amour, l'adoration, la bhakti, etfinalement la vision et la sensation de la Mère partout en tout, aussi bienque dans le cœur, sa Force œuvrant dans l'être, foi, consécration, don desoi.

La transformation spirituelle est la descente, stabilisée, d'en haut,de la paix, la lumière, la connaissance, la puissance, la béatitude, la prisede conscience du Soi, du Divin, d'une conscience cosmique supérieure etla transformation en cela de toute la conscience.

(...) Troisièmement, nous avons la transformation supramentaleoù tout se "supramentalise" dans la conscience gnostique divine. C'estseulement avec cette dernière que peut commencer la transformationcomplète du mental, de la vie et du corps - au sens où j'entends le terme"complet". (...) "Transformation" est un mot que j'ai inauguré moi-même,comme "Supramental", pour exprimer certains concepts et faits spirituelsdu yoga intégral. Maintenant les gens s'en emparent et les utilisent dansdes sens qui n'ont rien à voir avec les significations que j'avais mises eneux.(...)

Par "Transformation", je n'entends pas un changement de nature- je n'entends pas par exemple la sainteté ni la perfection éthique, ni lessiddhis (ou pouvoirs) yogiques (comme ceux des tantristes), ni un corpstranscendantal (chinmaya). J'emploie le mot "transformation" dans unsens particulier, comme changement de conscience radical et completd'un certain genre particulier, conçu de telle sorte qu'il provoque un pasen avant, fort et assuré, dans l'évolution spirituelle de l'être - d'une espèceplus grande et plus haute, d'une plus ample envolée, d'une plus vasteplénitude que ce qui se produisit lorsqu'un être mentalisé apparut pour lapremière fois dans un monde animal, vital et matériel. S'il se produitmoins que cela, ou si tout au moins on ne peut faire un véritable début surcette base, un progrès fondamental vers cet accomplissement, alors monbut n'est pas atteint. Une réalisation partielle, quelque chose de mélangéet de non concluant, ne répond pas à ce que je demande à la vie et auyoga."

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"La Lumière de réalisation n'est pas la même chose que laDescente. Par elle-même, la réalisation ne transforme pasnécessairement l'être dans son ensemble ; elle peut n'apporter qu'uneouverture ou une élévation ou un élargissement de la conscience à sonsommet afin de réaliser quelque chose dans la partie Purusha (Témoin)sans apporter aucun changement radical dans les parties Prakriti (de laNature). On peut avoir quelque lumière de réalisation au sommet spirituelde la conscience tandis que les parties au-dessous restent ce qu'ellesétaient. J'en ai vu un grand nombre d'exemples. Avant que ne puisse avoirlieu une réelle transformation, il faut qu'il y ait Descente de la lumièrenon seulement dans le mental ou dans une partie du mental, mais danstout l'être, jusqu'au physique, et plus bas encore. Une lumière dans lemental peut spiritualiser ou autrement transformer le mental, en tout ouen partie, d'une manière ou d'une autre, mais ne change pasnécessairement la nature vitale ; une lumière dans le vital peut purifier etagrandir les mouvements vitaux, ou bien faire taire l'être vital etl'immobiliser, mais laisser tels quels le corps et la conscience physique,ou même les laisser inertes ou rompre leur équilibre. Et la descente de laLumière ne suffit pas, il faut qu'il y ait descente de toute la consciencesupérieure, avec sa Paix, son Pouvoir, son Amour, son Ananda. En outre,la descente peut suffire à libérer mais non à rendre parfait, ou elle peutsuffire à apporter une grande transformation dans l'être intérieur, tandisque l'être extérieur reste un instrument imparfait, maladroit, malade ouincapable d'expression.

Enfin, la transformation effectuée par la sadhana ne saurait êtrecomplète à moins qu'elle ne soit une supramentalisation de l'être. "La"psychicisation" (ou le pouvoir de l'âme) ne suffit pas, elle n'est qu'uncommencement ; la spiritualisation et la descente de la consciencesupérieure ne suffisent pas. Elles ne sont qu'un moyen terme. Laréalisation ultime nécessite l'action de la Conscience et de la ForceSupramentales. L'individu peut fort bien considérer suffisant quelquechose d'inférieur à cela, mais ce serait insuffisant pour que la conscienceterrestre fasse le pas en avant définitif qu'elle devra faire un jour oul'autre.”

Et aussi de façon encore plus explicite : “...chez beaucoup de gens,la descente spirituelle commence d'abord de façon imparfaite avant que

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l'être psychique (ou le noyau d'âme essentiel) ne soit poussé en avant etn'ait pris la direction, mais le développement (ou la réalisation) dupsychique doit être atteint avant que puisse avoir lieu une descentespirituelle parfaite et sans entraves, et la dernière transformation, latransformation supramentale, est impossible tant que les premières nesont pas pleines et complètes...”

*

Ce corps sent la Pression de la Force l’ouvrir au grand Corpsmatériel universel, aux activités occultes... Je suis amené à toucher l’egophysique à travers les pensées d’ordre matériel, le “sens” de la possessiondes choses, “moi” et les autres “moi-choses” dont j’ai besoin, surlesquelles je dois avoir une emprise... Toute cette formulation de l’egophysique qui est en guerre avec les autres corps qui le dérangent...Exactement pareil que dans le domaine dit “psychologique”. La peur demanquer, de mourir, voilà toujours le feu de l’ego pour que l’Essenceapprenne la leçon de la reddition sans condition à la Force-Consciente.Souffrir à ce niveau-là est une bénédiction afin que la Force descende etœuvre pour la libération de la nature elle-même.

*

Expériences de l’Océan infini dans la Mère-Nature. Mouvementocéanique de l’Énergie. Le contre-point à cette avancée, c’est la remontéede la “mauvaise volonté”, la négligence violente, lourde de mobilescriminels vis-à-vis de la nature environnante. Une négation violente - laperverse satisfaction du désordre. Tout le drame écologique vient de cettetrame qui veut détruire, détruire...

*

Une muraille épaisse entre le corps vital et le corps physique. Pasvraiment d’intelligence-amour entre eux. La guerre est entre les corpsintérieurs eux-mêmes. C’est une architecture si complexe !... La Force-Lumière cherche à percer le tunnel pour fondre ces deux corps. Établir lapasserelle, le pont. Il faut que ça circule ! Il faut que la Joie vitaledescende dans le physique inerte ! Il a besoin d’être réveillé, dynamisé. Il

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faut ici dissoudre le nœud du désir dans la base animale pour lareproduction. La transformation du vital, et non uniquement laspiritualisation, est la clé pour la Transformation du physique lui-mêmeou “l’Éveil” de la conscience corporelle. Quel labeur pour que s’élève lecorps mental vers le corps “supra”-mental, avant que la Force doréedescende plus bas et commence à “supra-mentaliser” le vital mentalisé.Avant de parler de Transformation du corps directement, il y toute lanature intérieure à toucher !... Transformation décisive car c’est de la“Transformation” du vital que dépend la pénétration réelle de la Forcedorée dans la base physique, et non plus seulement comme jusqu’alors,dans le physique subtil.

C’est pourquoi la guerre est rude. Les forces mentalisées du vitalviolent littéralement le physique. C’est un viol constant ! Le désir est viol,violence en fait pour nous-mêmes. Comme si le vital voulait tout et donctuer le physique, le torturer pour jouir perversement de lui, assouvir satension extrême en éprouvant une extase meurtrière. Cette vision expliqueles guerres, la barbarie mondiale et cosmique. Une lutte féroce de pouvoirse joue entre les corps. Seule la Lumière de l’Être-Amour peut utilisercette guerre pour réveiller l’Essence au fond de la substance qui a soif del’union consciente avec sa Source de Joie.

*

Le 5 février :

La nature n’est pas une illusion ! C’est le positionnement mental-spirituel qui est le voile ! La réalisation cosmique ou transcendante n’estpas la Vision-Amour dans Sa Force d’Accomplissement global. Je puissentir que le corps n’est pas un concept, mais bien plutôt que c’est laréalisation spirituelle qui est aveugle sur ce point, car elle continue depenser le corps à son insu. La “réalisation” spirituelle n’est que la moitiéde la Vérité ! L’exploration n’est pas finie ! Ce qu’elle déclare être“l’ultime” n’est pas “l’ultime” pour moi, mais une station à laquellemanque l’intégralité de l’Être-Tout-Possible !!!

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Grande re-connaissance aux Alchimistes Sri Aurobindo et DouceMère. Grande re-connaissance à Cela qui, en de multiples incarnations, aœuvré et œuvre pour la libération de la souffrance et la Transformation dela terre !...

*

Le 7 février :

Que le Corps puisse dire “Je Suis”...

L’Être-Amour est l’Action réelle.

Réaliser le Transcendant-Universel-Immanent surgissant duNéant. Tout conspire à la Perfection du Tout, qui retourne au Néant. Toutconspire à la Transformation pour concrètement Être-Amour !!

*

Le 9 février :

Pour l’humain, la Vérité-Amour totale est en devenir - Pour Cela-en-Soi, Tout Est déjà, mais Il ne Se Connaît pas !! La Création est Sa Cré-Action !!!

L’Être “Supr’Aime” incarné porte la souffrance du monde et yinsuffle Sa Toute-Puissance de Sagesse et d’Amour afin que Sa VolontéS’Accomplisse chez Ses enfants. Lui en De-Venir, le Deux-Re-Venir àl’Un !

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Le 10 février :

La nature humaine dans ses trois corps principaux (mental, vital,physique) peut être spiritualisée, mais elle est certainement en voie deTrans-formation (supra-mentalisation). La matière en tant que telle n’estpas facile à repérer pour le moment !

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Le 12 février :

Grande misère ! L’envie de rebrousser chemin. Je semble perdrela Hauteur. En fait, dans l’Évidence universelle et même dans l’Évidencetranscendante, on ne réalise pas réellement l’adage : “Ce qui est en hautest comme ce qui est en bas”. Perte de toute l’aisance. S’enfoncer dans untuyau étroit et plonger la tête la première dans la terre. C’est la nuit. Il estpossible d’y aller parce que nous sommes identifiés à la Force-Amour quipeut plonger dans la nuit. Car cette Force est Connaissance et Action danscette nuit. Elle est la Connaissance de “l’ignorance” et Connaît le déclicpour tout réorienter. Il faut que la station humaine soit prête à la granderéceptivité pour laisser la Force-Agir. Être pleinement identifié à la Forceconsciente qui Peut VOIR dans la nuit et le chaos...

*

Le 19 février :

Le Feu allume les cellules ! Fraternité cellulaire dans un mêmeembrasement !

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Le 23 février :

De grands soubresauts du corps. Le Feu chauffe le systèmenerveux...

*

Le 1er mars :

L’Inconnaissable...

Il n’y a pas de question, pas de réponse. Seule la Vie inconnuesurgissante, dans son mystère. Le Non-Connaissant. Il ne reste que leSimple Inconnu qui peut re-basculer dans le Néant, le Nulle-Choseabsolu. Du “Nulle-Chose” absolu au “Quelque Chose”, inconnaissable,voilà Tout ! TOUT est possible !!

*

Le 5 mars :

La Force de la Conscience détermine les “découvertes”scientifiques. Ces découvertes mettent à jour le “mental” à travers ce qu”ilcroit observer “d’autre” ou “l’Objet”. Comme le dit Satprem, ils ne fontqu’énoncer la loi du bocal. La floraison de l’horreur sur la terre estproportionnelle à la promesse de beauté qui fleurit en quelques créatures.

*

La Force de l’Amour est une catastrophe pour le système de ladivision, du mental dans l’homme. Tout doit s’écrouler pour que le ToutRÉEL émerge, soit Tel-qu’Il-Est en Vérité-Amour.

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Le 7 mars :

Les différentes incarnations de Cela apportent un parfuminimitable dont la mise en bouquet dans un même vase semble biendifficile...

*

L’isolement dans ce processus est rude. Il semble même que lesplus avancés sur le chem’Un ne comprennent rien à ce que je peux laisserfiltrer. Sans parler des fans aurobindiens et satprémiens qui sont avec leurmythe et rejettent toute possibilité ailleurs, et en fait en eux. Ils font dubusiness avec le mental qui récupère très très vite. Pareil avec leskrishnamurtiens. Chacun pense être l’unique possibilité et les suiveurssont des pantins qui font du commerce d’adoration, des sectes, pour nepas s’engager réellement dans l’écoute de la Parole. Mais Cela Se révèlecomme Il Veut, là où l’on s’y attend le moins et Il ne refera jamais deuxfois le même prototype d’expression. Je Suis le Même en tous, inimitablepourtant dans Mon Action de Manifestation !!

Les maîtres et les disciples sont complices d’une même formationsectaire. Même les éveillés sauvages ! Je dois être très vigilant meconcernant. Quelle solitude ! Toujours tout détruire du connu pour êtreneuf et ne ressembler à aucune image, hors de toute comparaison ! C’estuniquement sur cette base-là qu’il est possible de vivre fraternellement.

*

Mère Aurore m’a envoyé une lettre pleine de “pré-supposés” selonlesquels je ne peux être a priori que son disciple..., sans m’avoir mêmerencontré physiquement, sur simple lettre. Elle fait preuve de beaucoup dehâte. Ne serait-elle pas elle aussi en train de défendre sa boutique ? Je suisconsterné par l’atmosphère de la sphère spirituelle que je découvre. Il y aune telle volonté de créer sa boutique, de se prendre pour le seul et grandAvâtar ou Maître du siècle, que tous les autres ne peuvent être que despauvres types qu’il faut soit ignorer soit secourir avec tout un jargon decompassion bidon !

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Avec Mère Meera ce n’est guère commode non plus, en fait. Sa“servante” en chef, “Adilakshmi”, est comme un chien de garde jaloux,ses disciples, des adorateurs qui oublient de regarder autour d’eux etd’apprendre à être simples et honnêtes dans l’échange avec autrui. Euxaussi se la jouent trop dans l’interprétation du yoga dans le corps dèsqu’ils ont des petites expériences, me semble-t-il. Depuis que jecommence à remettre un peu plus le nez dehors, partout où je vais jeconstate l’orgueil des “Avatars”, des “maîtres”, des “disciples” ; je faismon apprentissage pour voir tous les pièges qui, en moi, doivent êtredémasqués pour m’affiner toujours davantage, être une incarnationsimple et foudroyante de la Vie sauvage !

Je porte la nostalgie d’une “Communauté de Parfaits”. À la fin dela “Vie divine”, Sri Aurobindo a précisément évoqué ce que pourrait êtrecette “communauté d’Êtres gnostiques” (c’est-à-dire des êtres non passeulement spirituels mais “supramentaux”...), et les conditions possiblesde son émergence future dans la société mondiale... Certainement que cen’est pas demain la veille ! Mais il faut le préparer en soi. Voir tout ce quien soi peut y faire barrage. Tout ce qui reste d’ignorance et d’ego subtil.Se débarrasser de tout le préfabriqué sur la spiritualité, la sagesse, lesAvatars, les messies... Donner au Feu tout ce qui enferme, limite, tout cequi fait obstacle au Tout-Possible de la Vérité-Amour. Il faut dépasser lareligion, il faut dépasser la spiritualité ! Mettre en morceaux les imagesdes maîtres et des Avatars passés ainsi que tous les dogmes, et se re-trouver seul à l’Écoute de tout, du Tout. Enclin à l’humilité concrète avectous et toutes à chaque instant. Ces sorties au pays spirituel me montrentce que je dois épurer en moi pour être le simple Amour fraternel. Sansaucune étiquette. Sans savoir absolu de ce “qu’est” ou ce que “n’est pas”l’Éveil, la Sagesse, l’Amour. Être prêt à ne pas être conforme à tous lesconditionnements de la sphère supérieure du mental spirituel lui-même.Ouf ! Quelle dé-programmation !... Je Suis l’Amour-Homme-en-transit-d’Amour !!

Quelle insatisfaction m’anime ! Serais-je insupportable pour lacommunauté humaine ?! Tout est là ! C’est pourquoi l’Être Supr’AimeS’autolimite et Se Dévoile progressivement. Il en faut pour tous et toutes,selon... Mais voilà ! Notre époque stellaire façonne un prototype comme...On verra en le vivant ! Faut bien faire des essais !

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Ce-qui-Est sans pouvoir, sans énergie, sans l’Énergie - UN Pointsans Émanation. Suprême Silence absorbé, sans Conscience, à la limitedu Grand Sommeil : NÉANT ! L’Être suprême éveillé bascule ! Réalisantla Pure Existence, le Pouvoir est ré-absorbé, d’où la possibilité de dire quele Pouvoir créateur est seulement mental, une illusion. C’est un versantpossible ! Mais Il Est aussi Pure Existence Se donnant Conscience-Forcesimultanée. La clé est certainement dans la simultanéité !

Il est possible que chez certains instruments de Cela, de par lemonde et les époques, il y ait des formules de Cela dans Ses diversespossibilités de révélation selon le matériau disponible. A mon sens, lesréalisations spirituelles sont en correspondance avec le Devenir de laForme dans les formes. Car il faut dire qu’une réalisation dépendintimement de la disposition de la nature ou du véhicule à intégrer l’Éclairde Cela hors espace-temps. Tout dépend de la capacité du matériauhumain à intégrer l’Éclair. Il y a de nombreux exemples de “yogis” ou de“mystiques” qui n’ont jamais pu témoigner car leur corps n’a pu supporterl’intensité. Il y des décrochages possibles. Je vois l’exemple de H. LeSaux, dont le témoignage m’aura bouleversé à une époque, qui s’estécroulé physiquement peu après l’Éclair illuminatif en Inde.

J’ai aussi vécu certaines tentations de ne pas revenir. Il y a cettegrande tentation du suicide spirituel. Ce sont autant d’essais à travers leshumains pour révéler Cela dans Son Tout-Possible.

Les Incarnations directes de Cela sont les véhicules à traverslesquels il est possible de manifester avant ce que d’autres pourront plustard expérimenter dans la voie de l’évolution spirituelle à travers lesformes. La Conscience en amont est toujours pionnière et procède par desvoies secrètes au regard des perceptions humaines. C’est un cache-cacheconstant. Ce qui m’enchante, c’est l’Un dans tous Ses aspects, Sonmultiple infini d’Expression pour le Jeu de Son Amour-Joie !!

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Le 8 mars :

Je suis la Force conquérant ce que je suis, ombré.Tout est là et Ce qui demeure ne meurt mais se dévoile.

Il y a le monde, l'étoile et toutes les galaxiesdans le sourire d'une Ivresse au faîte

de la plus simple chose.

Insignifiant pour les yeux, s'opposant aux chosesqui de la séparation font objet

Seul l'Œil, sans Voir, Vit Être-de-n'Étant-pas.Je me danse si multiple que le mental,

si lent, vacille et joue la peur, fuit le vertige.De là ce qu’il craint et sécrète le nom rebelle : Mort

Ô que de drames qui ne sont que les morsurespour que le sang soit là coulant, libre,sur les habits dissouts instantanément !

Du "Qui suis-je ?" à "je suis Toi"et du "Je Suis" au Silence de l'Inconnaissable !...

Je Veux Me connaître ChairCela Je le suis

mais, ici, le Toucherdans Mes conditions les plus anti-matérielles.

Ô ! Je suis absent si de matière Je ne Suis !Et si le corps fut cousu d'une robe de nuit,

Je le déferai aussi de ce mortel ennui !

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Le 9 mars :

Éveiller, susciter le dialogue avecla petite voix de la conscience de la nature.

De notre échange viendra l'intime convictionen lui que Je Suis lui

Il me dira Tu et lui dira je,jusqu'à notre accord.

Alors viendra l'Instant des Noces PourpresCe sera la pleine collaboration de la Transformation

L'UNIQUE DANS SA FORCE POUR SON ŒUVRE !!

*

Le 12 mars :

Depuis samedi-dimanche, combat avec des entités mentales-vitales qui s’opposent à la descente de la Force. Il y a un géantd’opposition qui écrase le corps sous ses pieds. Esclavage du corps à cetteformation géante de l’illusion symbolisée. Le corps est ceinturé par des“entités” qui le gardent dans leurs griffes et s’en repaissent. Il est pris enotage. Durant cette nuit, un combat s’est terminé par la décapitation del’une d’elles.

*

Le dimanche matin, quand le corps courait, une masse d’Intensiténouvelle pour lui lui prit la tête. Une masse enveloppante et compacteamenant le silence du mental dans le physique. Durant tout la journéel’Action s’est déployée. Le corps fut soumis au Pouvoir de la Joie, del’Amour. La conscience corporelle se tourne de plus en plus vers le Hautet demande l’identification avec la Source. Un dialogue amoureuxcommence.

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Dans la dynamique, cela amène une légèreté, une joyeusevivacité. On est alerte avec le corps, c’est plus fluide. Le corps commenceà se sentir lui pour lui. La Toute-Puissance !!...

La Présence est contagieuse, très vite, chez la plupart de ceux queje croise. C’est constamment une prolongation de soi par contagion. Ilfaut aussi en recevoir le bouleversement qui s’opère chez ces amis -comme responsable avec eux.

*

Le 14 mars :

Le système nerveux réagit de plus en plus à la Force par destremblements, des bonds de tout le corps. Cette nuit, ce fut uneexploration méticuleuse. Le corps était comme épileptique. Une grandedétente est venue dans la nuit. Une aise ! Le mental-physique était ensourdine. Ça a laissé place à un grand silence dans la nature. Dé-couvertede la sensation corporelle. Il se sent. C’est si beau ! Ô que je soisdémaillotté de la nuit suffocante où je meurs, délivré des titans de l'enfermental ! Que vienne le jour où Je Sois en chair !!

*

Le 18 mars :

Cette nuit, puissante invasion de la Lumière blanche. D’un silencesi dense, si compact ! Une action qui dissout toute chose. C’est cettePuissance qui m’avait tellement touché et révélé avec la rencontre deMère Meera. C’est le transfert qui s’est opéré. Je sens combien la Lumièreblanche du Suprême, quand Elle descend, est une Puissance encore

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supérieure à la Lumière dorée du Soleil supramental. Elle est une massede Silence si doux et si fort tandis que la Lumière dorée est un volcan. LaLumière blanche descendante donnerait à voir que cette Lumière n’est pasuniquement transcendante alors ?! C’est ce que dit Mère Meera : Elle quiest venue révéler ce fait de la descente de la Lumière Blanche... Car c’estpour moi un fait. La Transmission EST. Gloire à Cela qui orchestre toutela danse de la transmission ! La Lumière blanche confère la révélationImmobilité-Mouvement en simultané !

*

Le 19 mars :

Grande relaxation dans le corps ! Tous les gestes sont plus lents etdoux, plus conscients.

Dans la nuit, expérience d’accoucher d’un enfant du corps,comme une nouvelle naissance dans la nature. Le vieux corps laissantsortir le nouveau. Par cette expérience, c’est bien la première fois que j’aipris conscience de ce que peut être l’accouchement pour une femme. LaConscience corporelle est androgyne ! Mais à quel niveau se situenttoutes ces expériences, il est bien difficile de le dire aujourd’hui...

*

Le 20 mars :

Cette nuit, avec la pression de la Force sur le système nerveux, lescordes vocales se sont essayées à d’étranges vocalisations des voyelles.Une nouvelle voix !

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Le 24 mars :

Dans le physique symbolique : le corps est une planète dansl’univers. La conscience corporelle est toute la matière. La Conscienceplanétaire se connaît dans l’ensemble universel.

Pour avoir une conscience planétaire réelle il faut déjà unelibération spirituelle, et la Descente ! Tout le “New Age” est pour l’instantune interpénétration, une récupération-confusion du processus alchimiquequi s’opère en quelques instruments-pionniers. Tout le courant New Ageet écologiste peut être vu dans la perspective de la Descente de la Forcesupramentale dans la conscience corporelle mondiale. Maintenant lemental a sa façon d’en faire du “business” !...

*

Le 27 mars :

Le 25, une descente très puissante de la Force a eu lieu dans lecorps. Un écrasement tel que les amis furent pilonnés de façon soutenue.Il me faut vivre maintenant cette extension de contagion avec quelquesautres...

*

Le 4 avril :

Il y a deux jours, descente particulièrement forte dans le corpsavec la sensation subtile d’être le lieu d’incorporation de différentesIntelligences-Forces personnifiées : Kali, la Mère divine guerrière,courroucée, le Seigneur Sri Krishna, Jésus-Christ... Les différents aspectsde l’Être par Sa Conscience opérative dans l’univers pour notre planète.Quand nous avons tiré à l’arc avec Christophe, je lui ai tendu plusieurs

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flèches en lui montrant plusieurs de ces visages. Son corps fut alors utilisécomme s’il était un archer de grand pouvoir et précision ! Serais-je le lieud’une intervention des aspects cosmiques traditionnels, des ancienstoujours actifs ?!...

La veille, ce fut un embrasement des cellules vers le Soleil d’or.Une connexion !

Il y a l’interdépendance de ce processus avec les amis, qui me faitvoir que c’est ensemble ! Ici c’est le lieu d’une réalisation pour le Sens detous !

*

Le 5 avril :

Dans le physique symbolique : je me trouve dans un vieilappartement sombre que je visite... Soudain, un homme sortant d’uneautre pièce très sombre braque un revolver sur mon corps et tire dans lapoitrine une première fois, puis une seconde fois... Le corps respiranttoujours, il s’approche le pistolet braqué sur le crâne - légère panique dansle corps - puis le souhait que ça finisse. Attente du dernier coup et “peurde la mort”, puis consentement. La balle est tirée de la mâchoireinférieure vers le crâne, ça explose ! “Je suis” alors dans ce corps “mort”et pourtant... comme si rien n’était mort ! Fait paradoxal ! La Consciencedans le corps peut faire le constat. Puis, par la fenêtre, trois personnes trèssouriantes, festoyantes, regardent le corps. Celui-ci se relève et va verselles...

Les expériences symboliques sont toujours l’occasion d’épreuvespour faire le point sur l’alchimie en cours. Dans ce cas, il est à noter quela conscience corporelle émerge et que les peurs sont moins fortes àl’égard de la mort.

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Le 10 avril :

Dans le physique symbolique : descente dans un tube noir trèslong dont les parois sont en feu. La nature fut lancée sur ces flammes. Uneirradiation fulgurante dans le corps. Une force colossale lui fut conférée,qui lui donna le pouvoir de briser le couvercle de pierre. Puis la nature asurgi dans les airs avec une sensation de légèreté extraordinaire.

Dans le train pour aller à Paris, la Force très compacte. Les amisla ressentent. Contagion indiscutable !

*

Le 17 avril :

Paris, ville concentrationnaire. Enfer des vibrations mentalisées àoutrance. Une féroce négociation anime les humains. Toute l’organisationsociale est sous le joug de la négation. Cette masse humaine agonise sousle poids du dictateur mental. C’est un génocide que le mental inflige !Cela ne peut qu’aller vers un suicide planétaire si la Présence n’est pasreçue, ou trop refusée ! La Présence ou la mort !...

*

Le 19 avril :

La race humaine est menacée de périr. Jamais une telle horreurmondiale ! Que resplendisse la Vérité d’Or !!!

Rencontre d’un grand bienfait avec Y., un Frère de toujours...

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Le 27 avril :

Il n’y a pas de fin au voyage ! Quand tout est fini, tout commence !Pour l’épanouissement sans fin de la Totalité !

La nature, c’est Moi !...

La pression de la Lumière nous pousse dans tous les plans àl’épuisement pour le Oui, la reddition, l’abandon à Elle.

*

Le 29 avril :

Fait bouleversant à dire : j’ai pu observer dans l’échange bref avecY., ce frère de toujours, des contenus de séparation de nature à nature quifont leur jeu entre nous. Alors qu’au-dessus c’est non-duel pour nousdeux, en bas, dans l’échange par le corps, il y a activité séparatrice. Lerésidu dans la nature animale opère en contre... Cet ego physique est unobstacle à une collaboration d’hommes libres en Conscience pure. Cecipourrait expliquer les difficultés rencontrées avec Mère Meera et MèreAurore. Sans aucun doute. Quelle découverte ! Même ceux qui sont dansla maîtrise ne peuvent être fraternels ! Il y a des rivalités de pouvoir ausein des réalisations spirituelles. Quel immense constat ! C’est très rude.Ce résidu à la fois grossier et subtil peut être justifié de bien des façonspar le mental spirituel.

Pour moi la découverte majeure à ce jour est de constaterl’impossibilité de la fraternité en acte, dans la vie, même dans laréalisation du non-duel au-dessus. Ce qui m’est renvoyé, c’est bien ça. Jecontinue d’étudier le jeu de la mentalisation résiduelle dans ma proprenature, son ego qui fait subtilement obstacle. Quel immense travail il vafalloir pour retourner tout ça !... Il n’est pas étonnant qu’il y ait autant de

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courants, d’écoles, de maîtres et d’avatars qui disent des bêtises les unssur les autres ! Le problème doit être là ! Il y a l’exemple de la guerre quise jouait entre Krishnamurti et Rajneesh. Et la liste serait longue... Mêmeles “réalisés” ne s’entendent pas ! Cela me peine !

*

D’autre part, la rencontre avec F. révèle une attraction, une partenfouie de la nature qui s’est révélée. Plus ça va, plus je tombe sur unemine très inattendue... Je voudrais tant revenir exclusivement au sommetde la montagne ! Ce versant est une nouvelle catastrophe. Faut-il allervers le compagnonnage avec une femme ?! Quelle aberration ! QuelleIntelligence ?! De la réalisation individuelle à la réalisation collective ?!...Et les quelques amis qui cherchent un guide ! Bon sang que c’estcomplexe ! C’est assez ! Il va falloir faire du ménage !

*

Le 10 mai :

Dans le physique subtil : travail douloureux dans le systèmeauditif. Immersion dans un torrent de lumière bleue claire.

Aussi, dans une ville nouvelle, bâtie dans une perspective de vieévoluée conscienciellement, je me promenais et admirais la beauté de lanature. Je me trouvais dans un jardin inondé d’une lumière orangée...Soudain la perception des yeux s’est changée : perception de la lumièredans la forme. Les arbres, les statues du parc révélaient leur vie, leurintensité matérielle. Je rends Grâce !

Les perceptions physiques sont éprouvées comme fausses, nonvivantes. Il faut une infusion de la Conscience jusque dans les sensphysiques !

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Cellules des sens, explosez !Soyez exposées au Feu de la Conscience,

Que cela soit Elle en vous !Cellules, ayez soif !

Criez et priez !Que le corps soit

Le Lieu du Vivant !

Je bascule dans un nouveau continent. Je “croyais” que la findéfinitive du voyage, c’était en montant ! Mais non ! La Conscience del’Un-Multiple, du Sans-Forme à la Forme, du Non-Manifesté auManifesté, par Sa Force, Veut descendre à la racine du mécanisme de ladivision sur la terre. C’est un nouveau continent à explorer...

*

Le 12 mai :

Faire face à l’inertie de la base physique demande une grandepatience. Prise de conscience de l’ego vital-physique et de la violenceengrammée... Il n’est pas possible d’être conscient de l’ego vital-physiquesi nous n’avons pas déjà mis fin à la racine psychologique de lasouffrance. Cette nouvelle vague de gens qui parlent de “travail denettoyage sur la mémoire cellulaire du corps” sont dans l’erreur et uneimpasse qui les empêche de VOIR la cause de leur souffrancepsychologique. Cet accent mis sur le corps peut venir de ce simple besoinde revenir à la sensation, ce qui a tout à fait son importance. Mais de là àparler d’un “travail” sur la mémoire corporelle, ils en sont loin... Seule laForce descendante, supra-humaine, peut descendre dans la mémoireorganique et brûler les programmations subconscientes du corps. C’estconstamment la même confusion entre le physique subtil et le corpsphysique dense. D’ailleurs, lorsque la Présence s'éveille en nous, nous laressentons par le physique subtil avec ses résonances dans les corpsintérieurs que l’on nomme “psychologie”, et de façon lointaine seulement

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dans le corps physique à proprement parler, par répercussion, mais pas defaçon directe. En fait, le corps, lui, réagit... C’est l’identification aumental-corps qui parle “d’expériences dans le physique”. Grande erreur !D’autant plus forte pour les inconditionnels de l’identification à Satpremet “l’Agenda” de la Mère. Pour ma part, je suis très attentif auxinterprétations sur le processus qui sont d’ailleurs inéluctables. Carl’expérience fait émerger le mental interprétatif sur ce qui est. Il faut voirqui parle. Qu’est-ce qu’une “expérience” ?

Dans le fait de parler d’une expérience, n’y a-t-il pas un sujetobservant un paysage nouveau qui surgit ? L’important n’est-il pas dansle constat que l’expérience, c’est de la mémoire, du temps, du connu quenous voyons ? Une expérience, ce n’est que l’expulsion, la mise au jourd’une représentation de notre sens immédiat d’Être sans qu’il soitpossible de nous le représenter. Selon moi, le Processus alchimique de laPrésence consiste à révéler toute l’épaisseur du film. Aussi horribles oubelles que soient les expériences, ce jeu d’images et de mots, c’est de lamentalisation sur l’Énergie du Vivant, un tic de fixation du Mouvant. Lastation humaine nous donne la Conscience de Voir le jeu... Tant qu’il y ades mots, des images ou des symboles, il y a “expérience”. L’expériencen’est-elle pas déjà la mise en lumière de la dé-formation au sens où ils’agit d’une mise en forme, d’une mise en scène du Réel Sans-Forme ?

Après ladite “expérience” peut se formuler une interprétation surl’expérience. Cette interprétation, “qui” la produit si ce n’est celui qui adéjà une grille, un idéal prédéterminé de ce qui doit arriver ? L’ego est trèshabile pour mettre tout comme il voudrait que ce soit et non tel que c’est.Voilà pourquoi il est si difficile d’y voir clair dans cette arnaque. LaVision doit nous alerter sur les ruses du mental. Sur ce point, la parole deKrishnamurti peut nous sensibiliser à tous ces pièges desquels nousdevons sortir vivants, désillusionnés, conscients. Le Processus de laPrésence est une vidange, étage par étage. Vidange de toute la mémoire,par le brûlage des mots et des images. Pour arriver à la vidange de lanature, si la Conscience le Veut ainsi, il est nécessaire d’être sorti duregistre d’identification au tuyau de chair et de gravir le Mont invisiblevers l’Universel, voire le Transcendant, et pourquoi pas d’être au fait quel’Être Suprême surgit du Néant...

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Découverte de la couche du mental interprétatif sur le corps. Toutce qui concerne les préoccupations concernant les objets, ce qu’il fautfaire et ne pas faire...

Cette nuit, la Puissance faisait comme une cloche sur le corps. Unsouhait de se fondre...

Ô Corps, laisse-toi aimer ! Abandonne la nuit à La Lumière !

Laisse-toi sonder, transpercerPour Un-carner l’Amour-Joie !

*

Le 13 mai :

Dans le physique symbolique : je reçois un couple dans une vastedemeure, avec qui je pars en exploration. C’est d’abord une ascensionvertigineuse avec l’immédiate compréhension qu’il nous faudradescendre aussi très bas... Descente vertigineuse dans un tombeau. Unefaible lumière blanche éclaire de longs tunnels obscurs. Des mouvementsde panique soutenus par la confiance. J’arrive dans une pièce centrale oùje trouve sur une étagère une boîte dans laquelle se trouve une petitepoupée aux cheveux dorés et une robe blanche éclatante. Elle tient danssa main un serpent, ou une lance...

Ce corps doit être expurgé de toute animalité ! Ce Processus est siambitieux que le positionnement cosmique ou transcendant ne peutl’envisager. Il ne peut même devenir possible que lorsque la ConscienceOriginelle peut Se permettre de l’envisager au regard de l’évolutioncollective, de l’interdépendance planétaire... Notre plus grand handicapest précisément la possibilité de la plus grande reddition. L’humain nepeut rien pour lui, pour la souffrance, il ne peut que la constater et envivre crucialement l’impasse afin que le Feu de la Présence non-mentaleŒuvre. L’abandon !!

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Le 14 mai :

Moi, Sans-visage et Sans-nom,Je descends dans la Forme et le Nom,

Me réalise possible Formation multiple de MoiPour Me contempler par l'Amour agissant.

Par la Force de Mon Amour, la cuirasse du mentalsur la nature est chauffée, ébranlée dans ses arcanes.

Je creuse dans la nuit des vipères et des monstres,ce filet gluant qui enserre la Nature,

substance de l'Amour en enfer...

Il faut briser la chape qui sépare le Ciel de la Terreet inviter le Sage à monter plus haut que la Vacuité bleutée

de l'Espace sans centre ni circonférence,émerger dans le Soleil

et le Volcan de l'Originel Créateur !

Je veux descendre dans la Nuit basique d'où le Germedu monde est un Feu Créateur-destructeur constant.Réveiller la Toute-Puissance créatrice de l'Amourau fond de la Nuit qui doit l'illuminer à nouveau

et engendrer progressivement une Nature non-mentale,directement reliée à l'Amour donnant une Chair de Vive-Vie !!

Voilà Mon intimation !

Que chaque seconde révèle l'immortelle Beauté du Geste de Noble-Amour !

La Conscience-Amour faite Chair !!!

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Le 17 mai :

Observation du mental sensoriel avec son constant besoin de seplaindre. Vouloir qu’il fasse chaud quand il fait soi-disant froid, etc.

*

Le 25 mai :

Je suis parti avec Christophe faire la transhumance des moutonsdans un lieu sauvage d’une grande beauté. Un ami berger nous avaitconfié son troupeau pour quelques jours. Nous avons attentivementobservé le comportement des moutons toujours en groupe, bêlant, suivantet toujours suivant, mais aussi leur douceur si apaisante. Ce voyage avecles moutons faisait ressurgir toute l’animalité de notre corps, sa façon àlui d'être animal. Ce fut un choc de toucher en son intime d’incarnation ceconditionnement et toute la merveille de la structuration de la nature. Leminéral et le végétal avec l’animal donne un ternaire des plus réussis !Quelle merveille que cette création !

N’est-il pas inéluctable cependant que l’humain en vienne àdétruire la nature, car le mental pensant est destructeur par essence, et ilne peut rien faire pour endiguer ce penchant à sa racine tant quel’Essence consciente ou le Noyau d’âme n’est pas mûr pour passer enavant. Je puis dire que ce type de création universelle mentale ne peutqu’aboutir à la bombe atomique en simultané avec l’Action de la Force detransformation Supra-mentale...

Destruction-Transformation, voilà l’inéluctable de cette terre.C’EST AINSI ET TOUT EST PARFAIT !!!

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La Vacuité habite la formemais cette Vacuité est hors du corps.

Nous n’avons plus vraiment conscience de la Vacuitédans le corps, de l’Amour dans le corps.

Par la Conscience de l’Un-Multiple,la Force dorée de l’Amour descend

pour vider le mental corporel et le féconder de Son Amour immortel.Après être sorti, il faut se ré-incorporer

pour déterrer le Corps conscient...

Émerveillement d’être le Témoin de la création dans l’instant duregard. Découvrir les formes et ce mouvement perpétuel qui les anime. Lechangement éternel ! Que les perceptions soient réceptives, sans filtres !

J’aime lire les carnets de Krishnamurti lorsqu’il est ce témoin dela nature. Bien qu’elles soient traduites de l’anglais, les phrases gardentce pouvoir de contagion du silence et de l’attention devant la simplicitéd’un paysage. C’est l’Attention de l’Amour qui fait le délicat paysage desmots. Les mots sont ce qu’ils sont : les sonorités du Son du Silence del’Amour. Au lecteur ou à l’auditeur peut se révéler le Sens-Son du Motqui est l’Attention du Silence-Amour ! Comme le répétait souventKrishnamurti, “le mot n’est pas la chose”, certes ; aussi la chose se faitMot, c’est tout Un lorsque le Silence est Parole...

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Le 29 mai :

Dans le physique symbolique : descente de la Lumière Blanchesymbolisée par une rose de couleur rose en descendant plus bas, puisrouge pour le corps qui eut un moment d’hésitation avant de s’en saisirpour la chérir... Puis, devant un cercle noir, en s’approchant, un trou deserrure par lequel on pouvait voir une activité microscopique, tout cecibalayé par un spectre de couleurs... De nombreuses personnesdiscutaient... Le corps mis au feu dans l’Eau-Vive pour le cuire... Il passaensuite d’une chambre minable et misérable à un “deux-pièces” plusacceptable.

*

Début Juin :

LÀ, JE VIS !

J'habite là où vivent les Hommes libres ;il n'y a réellement qu'Eux !

Ils sont Moi, en Cela vivent dans une participation totale,font selon la symphonie de la Conscience dans Sa Force créatrice.

Un Fil d'Or harmonise chaque instant en chacun, pour tous,avec la maîtrise parfaite de l'éclosion de toutes les fleurs

pour que les formes, les couleurs, les parfums soient l'Accordde l'Action juste, voulue pour le flamboiement de la Joie !

Ils marchent sur une terre veloutée, baignant dans l'Eau de l'Aurore ;

toute chose donne sa note et rien ne reste ignoré.Ainsi leurs pas accordent le diapason aux cailloux voltigeurs,

aux fleurs s'amusant avec les insectes qui bourdonnentaux animaux regorgeant d'une vitalité de douceur inouïe...

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C'est un Lieu partout concret par la Présence au mondede Sa Puissance de Création qui explose

dans toute chose en mouvement ;nous éprouvons l'incessante danse des atomes

autour du Point Solaire.Voilà un bombardement permanent de la Lumière en toutes directions !

La Bataille cosmique de l'Attraction, de l'Amour !Ici, rien qui ne s'intègre, rien qui ne soit pas.

Nos yeux crépitent et pétillent du délicieux contact avec ce-qui-est-vu ;

Voir, c'est toucher dans l'Être à son centre-cible irradianttout ce que nous vivons dans le Regard.

Ainsi la Jouissance de la Beauté !Ce Lieu est tel la sphère qui respire et se gonfle avec tous,

une géode aux multiples cristaux, unique est leur éclat, leur vibration...

Un sens de l'Univers en évolution dans la Main de l'Unique.Là, Je vis, voyez-vous ?!

La Nature est un vase merveilleux d'inventions naturellesoù nous possédons toute chose parce que toute chose nous possède.

Elle est faite des sept couleurs de l'Arc-en-ciel que le Blanc précède,

l'Homme, ici, toutes les exprime par l'intime nécessité de l'Origine.

Ainsi sommes-nous la Réponse nuptiale constantepar et pour le Rythme de la Joie.

J'aime que de l'Amour CE Lieu existe, vivant, simple.Réel, naturel, sans cesse créé, partout, IL EST.

LÀ, VOUS VIVEZ !

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Le 10 juin :

Difficile de se trouver présent dans le physique, pas dans une autredimension mais toutes les dimensions en lui. Lorsque ça s’ouvre, il serévèle une aise massive plus concrètement réelle que tout jusqu’alors.

*

Le 15 juin :

Faire face au mécanisme de la soi-disant faim. Tout estterriblement faux. Au niveau processuel, rien ne peut plus être humainmais les racines sont difficiles à brûler. Tout le délire de la culpabilitéd’avoir mangé...

"Qui veut ici amener les cieuxdoit lui-même descendre en l'argile

et porter le fardeau de la nature terrestreet suivre la douloureuse voie."

Sri Aurobindo

*

Le 25 juin :

Le physique symbolique : expérience de lancer le corps en hautemer, celui-ci a peur d’être mangé par un requin.

Dans une capsule spatiale, j’atterris sur une planète où le sol est dela blancheur. Ô Splendeur ! Attraction puissante pour cette blancheur !Tout autour de cette étendue c’est le noir. Une femme m’arrête et meprévient de ne pas trop me précipiter, qu’il faut se préparer à cetteblancheur...

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La conscience corporelle se sent de plus en plus légère... Lafrontière entre les brutes du vital et le corps physique est le lieu deterribles combats.

*

Le 27/28 juin :

Physique symbolique : descente labyrinthique avec un guide quime soulignait le caractère irréversible de cette descente. C’est unProcessus de descente constant ! Passage par une baignoire d’eau bleue,puis nous nous engagions dans des canalisations très étroites... Noustombions pour échouer dans un sas. Là, il me fit comprendre qu’il n’yavait plus aucune sortie... Nous ne pouvions respirer et voir que par uneespèce de télescope. Il me rappelait que je m’engageais à dégager lenégatif qui pèse sur le corps... J’eus quelques secondes de panique puis :acceptation du fait de la mission dangereuse.

Ce que je vis est comparable aux aventures “extérieures” ! Il mesemble que toutes les explorations dans le monde “extérieur” sont unavant-goût de l’exploration intérieure. À chacun son heure pour l’Orvéritable !...

*

De l’ignorance qui souffre à la Nature divine, voilà le Grand-Œuvre ! Merci !

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Le 29 juin :

Creuser dans l’abîme !Aller au fond chercher l’Or.

Réveiller le Feu au centre de la Terrepour détruire les enfants du faux monde.

Que le démon tortureur de la torpeursoit affronté afin qu’il laisse la Vraie Viefaire irruption dans tout l’organisme !

Que le Feu de l’Amour nous délivre de la race animaleet élabore le Corps de chair consciente !

Que le Feu embrase le bois mort du mental,brûle le film de la mémoire mortelle,

nous arrache des maléficesde la bombe atomique rebelle !

*

Le 1er juillet :

Chaque avancée dans la nuit fait surgir la trame mentale avec samême stratégie. Abrutissement du mental physique, radoteur etréémergence du désir vital avec son imagination imbécile. Est-ce cela quenous appelons le relatif ou le monde de la dualité dans la réalisationspirituelle ? Est-ce cela dont nous sommes désidentifiés, alors que lesstructures dualistes de la nature demeurent ? Sur ce point, le témoignagedes “sages” ou “éveillés” diffère grandement me semble-t-il. Est-ce àpartir de là que la gnose manichéenne se positionne si fermement endisant que la matière est le fait du “démon” dont il faut se sortir par la voieascensionnelle ? Il me semble que c'est bien de cela dont il est question.D’ailleurs, n’ai-je pas moi-même tenu ce discours à Christophe un tempslorsque j’étais installé dans l’Évidence en haut ?! Pourtant, cette“Descente” Veut s’attaquer aux structures mentales de la nature, à ladualité du monde, à l’animal. Après toutes les réalisations de purificationet de dévoilement du Noyau-Âme, puis la percée “au-dessus”, dans laVacuité universelle, ensuite la percée vers l’Œil-Immuable, leTranscendant, et “pour finir” dans le Non-Existant, voilà la Descente de

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la Conscience-Force de l’ÊTRE jusque dans le corps !! Et cette“Descente” n’est ni une rechute ni une défaillance du véhicule, c’estL’ÊTRE SUPRÊME LUI-MÊME en tant que Conscience-Force blanche-dorée qui VEUT REDESCENDRE dans Sa manifestation voilée pour SeRévéler au cœur même du monde : TRANS-IMMANENT !!

L’exploration de l’ego vital-physique et physique apportera laréponse à la division qui subsiste lorsque je rencontre d’autres “éveillés”,“instructeurs” ou “avatars” comme Mère Meera. Je touche là l’énigmedes chapelles entre les “avatars”, les “éveillés”, les “instructeurs”. Je peuxl’observer très précisément en scientifique de l’Alchimie intérieure àpartir de ma propre nature. Cette nuit, un rêve de la conscience corporelleillustrait bien ce fait avec Mère Meera. La clé est dans la Descente !Aujourd’hui je ne me repose sur aucune certitude spirituelle. Je suis seulà tout vérifier et à témoigner.

*

Le 2 juillet :

Face aux suggestions de la nourriture !...

Distinction décisive entre maîtrise, désidentification hors ducorps, installation dans la Vacuité ou l’Œil immuable, et laTransformation qui fait que nous descendons dans la nature à nouveau,comme avant l’ascension dans le Corps-de-Gloire. Là, il faut reprendreles plans de la nature dite “inférieure”, revisiter à nouveau la substancevitale et physique et opérer une nouvelle cuisson. Passer de la Lumièrebleue indigo à la Lumière dorée voire blanche. Revisiter les plans del’humanité trop humaine, aller avec la Force Originelle faire exploser labombe de la Nouvelle-Création ! Il faut monter en amont de cette Vacuitépour émerger dans le Soleil créateur et Son Intention évolutive globale, lejuste Devenir de Celui-Qui-N’évolue-Pas !!

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Le 3 juillet :

L’Occident va-t-il s’ouvrir à l’Évidence spirituelle ? Il ne nousreste plus que cette voie ou bien... ?

Chez les amis, je constate combien il n’est pas évident de se lancerdans le Feu. Ils posent trop de conditions ! Alors que la Présence n’ajamais été aussi contagieuse. Ne sommes-nous pas dans la venue duRègne de la Présence ?

Les “catastrophes mondiales” sont les conséquences des fauxpositionnements du mental. Le mental est une impasse, il crée leproblème et veut fabriquer une solution qui viendra du problème de lamémoire et non de l'Abandon à l'Inconnu, la Présence, le Feu...

LE RÉEL EST PRÉSENCE SANS TRACES !...

*

Le 8 juillet :

L’activité de la pensée pense le mot “corps” et à partir de là toutle décor. La pensée comme image du corps. Savoir, mémoire, est-ce là lecorps ? Ne plus savoir le mot lui-même ! Ainsi, le savoir n’est pas.Qu’est-ce que le corps ?

La pensée du regard de l’autre qui a une image de moi, voilà letruc. Que la nature elle-même soit libre de la mémoire et la puissance duSilence prend forme. L’aventure de la Forme du Silence. Quand la naturen’est plus droguée, un autre rythme s’éveille, le Rythme !

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Le 9 juillet :

Cette nuit, une forte pression dans les jambes. Sensationd’écrasement. Une sonde qui pénètre progressivement en aval. Pendantcette action, dehors, beaucoup de voitures, avec des jeunes qui passaienten criant, la radio à fond. Le parallèle était “frappant”, c’est le moins quel’on puisse dire car l’impression, c’était de recevoir des coups dans lesmollets ! Cette activité nouvelle fait émerger la violence et l’abjection...

*

Le 11 juillet :

Dans le physique symbolique, illustration d’une bataille avec desentités adverses jamais rencontrées pour l’instant, affreuses, tueuses, quiassaillent le corps, le torturent. Innommable calvaire !

*

Le 12 juillet :

Illustrations symboliques de cette nuit :

a) Le regard assistait avec émerveillement au lever de la Terre. Laplanète était baignée d’une lumière blanche. Les continents étaientdélicatement dessinés dans des teintes grises et bleues. Mon regard devaitvenir... du soleil peut-être ? N’y-avait-il pas une éclipse de soleilexceptionnelle cette nuit au Mexique ?

b) Le bonhomme était auprès de Mère Meera et devait recevoirbeaucoup de disciples pour des célébrations et répondre à des questions.C’était très sérieux et solennel ! On lui demande de parler de sonenseignement, de l’Amour. Sa réponse fut : “Il n’y a pas d’enseignementet l’Amour est là”. Alors tous les disciples, consternés, sont partis,

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offensés. Le bonhomme a bien rigolé. Il s’est retrouvé seul dans la maisonavec une amie pour le servir.

Auprès de Mère Meera, nous étions très très loin l’un de l’autre,de par les yeux physiques. Symboliquement, le fossé était illustré.

*

Le 13 juillet :

La Terre porteuse de dons infinisBaignée dans le Mouvement qu’elle est...

Silence et diversité innombrableL’enchantement simple !

Par elle, l’aurore de la Conscience, de la LumièreRegard aux milliards d’yeux pour un seul Dieu

Sublime mysticité de la multiplicitéLes yeux, milliards,

Plongent dans le bouillonnement de la naturePour se réajuster au regard de la Supra-nature

Nature vide, vide natureNature du vide, l’Amour

Le Sans-Forme se donne formeAinsi l’Amour du Vide informe les formes

Les yeux, dans l’Œil, l’émerveillementToutes les formes, ce bourdonnement de soi-même

Voilà la Beauté sans distance !

Par la Descente, le ciel ensoleillé commence à s’infuser dans leséléments constitutifs de la nature. La forme n’est plus alors un phénomèneou un concept d’illusion mais le lieu de l’Un-Amour-Vacuité-Forme.Passage de l’Œil Transcendant universel et vacant à l’infusion dans laforme. Le regard se découvre dedans la chose alors que l’universalisationou l’Unique Transcendant donnerait l’image de ne plus avoir du tout deforme. Or il y a ici renversement d’une découverte de la Forme. Ainsis’éveille l’aspiration à recevoir la Force qui peut détruire l’écran.

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Le 14 juillet :

Actions très douloureuses dans le vital inférieur avec la nostalgie-mémoire de la pulsion sexuelle. Quel étonnement ! N’avais-je pas déjàtraversé bien des écueils sur ce plan durant la purification du vital ? Il estprobable qu’il faille un décapage insoupçonné pour que la pulsionsexuelle disparaisse complètement. Le corps est sous le couvert de cettepulsion, cette tyrannie cyclique que connaît l’animal. L’état animalsemble si naturel qu’il semble fou de vouloir qu’il en soit autrement !

*

Le 17 juillet :

Cette nuit, la conscience vitale, dans une strate plus dense peut-être, et la conscience corporelle se sont comme jointes. Cela a donné unensemble très massif s’élargissant et débordant sensiblement la formephysique. Cette masse prenait une variété de possibilités d’expression. Lesentiment par là naquit que le corps pourrait être autrement. Il y eut desgrandes variétés de cette Puissance dorée... Quand le corps s’est levé, ilétait tout léger.

*

Le 22 juillet :

Talheim, auprès de Mère Meera.

Perception de cristal dans cette atmosphère transparente, deblanche légèreté, de blanche immobilité. On passe au travers de tout etrien n’est en dehors. Tout est en Elle. Émerveillement de voir le corps decette femme pendant presque trois heures chaque soir et tous cesindividus se laisser écraser par l’Impérieuse Présence de Beauté. MèreMeera, petit corps-fleur délicat à la peau de pêche dorée, les gestessimples, des mains qui prennent la tête pour la Transmission, les yeuxnoirs et la lumière blanche qui ouvre l’Œil du cœur.

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C’est une Joie que d’être auprès d’Elle et de tous ceux et celles quiviennent. C’est une démultiplication d’intensité que je goutte. Quelquechose de décisif agit, là !

Je découvre tout ce qu’implique le jeu de la considération vis-à-vis d’une forme codifiée de transmission pour les chercheurs ou aspirants.Étrange est cette situation de focalisation. Sans cette considération, “qui”est Mère Meera ? Je puis dire ceci : une évidence écrasante d’Intensité-Force. Et tout le reste, qu’est-ce ? Quel étonnement de voir combien leschercheurs et aspirants ont besoin de mises en scènes pour être certains dene pas être dans le panneau. Tandis que, lorsque le bonhomme se promènesans pancarte et qu’il parle spontanément, tous et toutes de lui collerl’étiquette de fou !...

En moi est l’évidence pratique qu’il n’y a pas “l’autre”, “éveillé”,et “moi” “absent”, ou “moi” et “l’autre”. Dans l’Évidence, je suis enclinà m’incliner devant tous les hommes, les animaux, les végétaux, lesminéraux, le moindre objet, dans un flux imprévisible d’amour constant.Du même au même tout de suite dans toutes les formes ! Je vis MèreMeera comme moi, inséparable ; le fait est là et je puis être comme jedois être.

Pourtant, avec cette mise en scène, les dés sont pipés. La mise enscène de Mère Meera ne laisse déjà pas d’espace à ce possible. Combiende fois le bonhomme ne doit-il pas faire comme s’il était endormi, endemande, comme tous les autres soi-disant ? Et Mère Meera me faittoucher ça. Dès que je prononce ma parole immédiate ou que je pose monregard, on se demande pour qui je me prends. Ceci pose la question de lamaturité et de la reconnaissance essentielle, vraiment non-duelle. Cecin’exclut pas la diversité, bien au contraire : ça l’intègre. Vivre sansconsidération, sans conformité, voilà la maturité. Cette découverte dansce monde spirituel et ses mises en scènes est rude. Je fais mes premierspas, comme dans la jungle.

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Le 24 juillet :

Ce séjour auprès de Mère Meera s’est terminé avec la naturecomme broyée, les symptômes du rhume. Ce rhume qui circulait cheztous ceux et celles qui sont autour d’elle. Très éprouvant fut ce séjour unenouvelle fois. Quelles complexités auxquelles je dois faire face ! Jetouche en moi-même quelque chose qui divise. Ce barrage pour lacirculation du courant unitaire entre les formes. Puissantes formations decontraintes et de divisions que véhicule automatiquement le chercheur oul’aspirant et tout semble vouloir se préserver de reconnaître ce qui estdans d’autres formes.

Qu’est-ce qui fait l’obstacle, vraiment, dans un même lieuphysique, au Mouvement de simplicité ? Quel est ce paradoxe entreConscience universelle ou Transcendance et le fait que dans la dimensionphysique, terrestre, nous somme isolés, avides d’être les seuls sauveurs,éveillés, maîtres, instructeurs, etc. ? Le fait de la contagion spontanée, cen’est pas encore aujourd’hui la veille ! Le Diviseur entretient bien sonmonde, même avec les tenants de la fraternité. Mère Meera elle-mêmen’a-t-elle pas été vidée de Pondichéry, et les disciples d’Aurobindo, de LaMère, n’ont-ils pas catégoriquement refusé de la reconnaître commetransmettrice et continuatrice de l’Intention supramentale ?

Découvrir pas à pas l’énigme qui se propose, en donner les notesd’observation... L’énigme de la Transformation du monde ne passe-t-ellepas par cette contradiction, cette séparation transitoire de Lui et Elle ?L’enjeu doit être là et l’humanité ne pourra grandir que si les noces deplus grande amplitude et d’ampleur peuvent s’accomplir. N’est-ce pas lalégende de Savitri et Satyavan ?

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Le 25 juillet :

La nature basique de l’homme est sujette au je-corps d’alternance,réseau de peaux psychologiques, tatouages basiques d’attraction-répulsion et défense du territoire que connaissent les animaux. À ce stade,la mémoire et ses illustrations de la famille, des amis, se retrouvent tellesquelles. C’est probablement à ce niveau-là qu’il est dit : “on ne peutperdre totalement l’ego sans quoi nous ne pourrions pas vivre sur ce planterrestre.” La Sonde d’Infusion descendante éclaire ce diviseur commundans une perspective de renversement possible.

*

Le 31 juillet :

Les vieilleries du mental dans la nature sont soudain absorbéesdans le Silence d’Or. Une masse légère de Lumière est là, immobilitémouvante..., et rien ne transpire. Plus d’embarcation errante dans la nuitdu songe. Un continuum de Soleil présent. Sans aucun bourdonnement depensées. Plus de césure ! L’Être-là dans sa densité de terre universellebaigne dans le Silence du brasier crépitant.

Les quelques amis qui me côtoient connaissent de grandschangements soudains. Ils sont précipités dans le bain révélateur. Alors,des ruptures interviennent. Des changements de cap saisissants.

Accepter les conditions de la vie humaine telles qu’elles sont dansmon entourage, voilà qui n’est pas facile pour le reste non-irradié de manature. Il y a émergence de mépris, jugement et donc violence à l’égardde la nature humaine. Un puissant rejet ! Pourtant, au-dedans, j’éprouvela Perle radiante qui veut percer le magma. Le nid de la perversion est làface à l’Amour guerrier. C’est un endroit de faille, de lâcheté. Cessemblables qui vivent avec lui cherchent à le déstabiliser, le pointer, lui

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montrer son angle mort. Ce lieu misérable où il est humain avec tous lessymptômes de l’homme ordinaire, du fulminant petit garçon récalcitrantet capricieux dans la cour de récréation. Achoppement sur ce caillou noir.Petit diriez-vous ? Aussi petit soit-il, tout le monde semble le voir. Et tousces amis-ennemis de se focaliser automatiquement sur lui. D’autant quela Lumière Est, est vu le petit caillou noir et rien que lui. La Force del’Amour guerrier veut marteler impitoyablement ce caillou humain.Christophe aura contribué ardemment ces derniers temps à souligner cetteimperfection. Comme si à mesure que les amis sont touchés dans leurnœud-non, ils avaient le pouvoir de révéler et de mettre à jourl’imperfection du bonhomme qui les éclaire. Alors, il me faut là encoreme rendre à l’invitation de l’Alchimiste et me laisser toucher pour ne paslouper la possibilité de perfection. Perle l’Amour total derrière cettemasse de haine pour le genre humain. Est-il possible que soit annulé le“petit-je” caractériel de la nature périphérique et que la Volonté-de-l’Amour et Elle seule puisse guider un véhicule jusque dans sa base laplus matérielle ?

Toujours témoin de ce “moi-je” barbare du personnage quisubsiste dans la nature et intervient dans les relations avec autrui, teintantl’évidence de l’Esprit de jugements humains très humains sur son propreterrain d’achoppement qu’est la vie quotidienne avec les hommes ou lesfemmes, mais peut-être bien avec tous les règnes... Clivage observé demon intérieur.

Je vais aller à l’ashram d’Arnaud Desjardins rencontrer AmritaAnanda Mayi dont on m’a parlé, pour voir ce qui est sur le terrain. Je sensen effet l’importance de ces échanges aujourd’hui afin de se “laisser faire”le point avec la diversité des filières de la grande Tradition spirituelle.Vivement intéressé par l’atmosphère védantique ou christique...

L’illusion de l’illusion du monde, n’est-ce pas l’une des plusgrandes illusions qui soit ?

“Le corps sent que la fixité de la matière est une illusion, etqu’elle peut... céder.”

Douce Mère

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Il y a “mon” corps et le corps des “autres”. Et la nature du civiliséde se glorifier de la Lumière spirituelle dont il est porteur... Je voisl’importance que se donne mon véhicule en tant qu’image avec les autres.Derrière le jeu caricatural de l’ego que je peux faire, il y a encore dans manature comme une infatuation subtile, c’est une épine gênante...

*

Ce matin, comme si la conscience même du corps se levait, puistombait loin au fond, et conduite dans un labyrinthe pour se retrouver aupied d’une paroi rocheuse. Le corps est traîné sur cette paroi et sent ladouleur. Une masse humaine lourde s’agrippait à la conscience du corps.Je reconnus alors la personnalité d’un ami d’il y a fort longtemps. N’est-ce pas là l’illustration de la mémoire qui pèse ? “De qui sommes-nous lalarve ?” questionne Satprem.

*

Le 6 août :

Ces trois derniers jours passés dans l’ashram d’Arnaud Desjardinspour la venue d’Amrita Ananda Mayi furent une belle leçon. D’abord lelieu : une vaste demeure provençale située près du pont du Gard. Degrandes étendues de pelouse, d’endroits boisés. Nous y respirions laquiétude et les tensions que portent un tel lieu spirituel. J’y ai éprouvéune grande légèreté, une douceur indiscutable portée par un sourire ailé,en fait cette atmosphère où l’on plane tel un aigle au-dessus du corps,comme sans arrêt poussé vers le haut, toujours plus vers le haut, dans laBéatitude sans fin de la vaste Lumière sans forme. Puissance de Paixlégère partout. On est bien. Ça ne grince pas. Pour le bonhomme, cetteatmosphère, non étrangère, ne lui était en même temps pas ou plus un faitfamilier car lui se sentait comme une masse compacte de Silence et deLumière ou de Feu descendant, toujours descendant plus en bas. Il avaitconnu cet envol, cette Évidence métacorporelle. Mais c’était comme sicette Évidence même voulait Se densifier toujours plus dans la nature, ne

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plus rester rien qu’au-dessus. A cet égard, le contact avec cetteatmosphère spirituelle lui montra pour la première fois la différenced’atmosphère et de rayonnement. Il y avait ici des centaines d’hommes,de femmes et d’enfants qui étaient là pour recevoir le darshan de l’Avatarvenue de l’Inde. Cette petite femme ronde, souriante et chaleureuse. Cellequi passe des heures incalculables à étreindre physiquement ses dévots.C’était la première fois que je me trouvais heureux d’être dans cette foulefervente, car une atmosphère de cœur transpirait partout. L’organisationétait réglée dans les moindre détails pour favoriser la transmission de cetAmour.

Pourtant, je fus grandement témoin des différences d’atmosphèreque j’incarne avec celle de ce lieu. J’en ai vécu la friction, la guerresubtile. Cet endroit d’incompréhension et d’impossibilité entre cettelégèreté au-dessus de la nature et cette densité au-dedans de la nature,entre la Force ascendante et la Force descendante fut alors mis en scèneen mon intime. Ces trois jours m’auront révélé la césure et lesimplications d’importance dans lesquelles je suis plongé. D’ailleurs, dèsle premier jour, le bonhomme a de nouveau eu comme cette “expérience”auprès d’Amrita de l’unique échappée-belle, là-haut. Et c’étaitfranchement délicieux. Inénarrable légèreté de l’Être ! Puis le goût de ladescente se fit à nouveau sentir au bout de quelques heures et Cela voulaità nouveau presser vers le bas pour transformer la nature. Je fus alorstémoin d’une lutte sans précédent pour réaffirmer la Lumière-Force quiVeut descendre dans ce contexte de la spiritualité traditionnelle.

Le troisième jour fut d’ailleurs décisif en cela que la Force-Lumière est descendue en masse dans la nature, et dans cette foule peut-être bien... C’est même certain. En pleine cérémonie du darshan, unprofond et vertigineux cri est sorti de ma bouche... Écrasé, répanducomme en bouillie, j’étais apparemment sorti de mes gonds de normalité.Alors on s’empressa de relever cet homme indécent apparemment tenduet froid, donnant tous les signes d’un disjonctage peut-être dangereuxpour lui et pour les autres. L’inquiétude emporta les disciples quiemmenèrent son corps dans un lieu plus sûr. Une incompréhension fitrage. On voulut l’emmener à l’hôpital, on le contraignit à “revenir à laréalité”. On le menaça, etc. Je fis mon possible malgré tout pour lesinformer que j’étais effectivement dans un processus peu ordinaire, et queles qualités de Lumière et de Béatitude étaient la motivation qui donnait

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à cette forme ces apparences que les perceptions jugent. Je tentais de lessensibiliser au fait que la Fleur-du-ciel essayait d’éclore en cet instant, etqu’elle prenait cette mise en scène... Mais le mental de tous ces individusn’y voyait que du pathologique, et ils continuaient leur intimidation pourque tout revienne à la “normale”.

La situation dans cet ashram et l’impossibilité de communiquerfurent pour moi exemplaires, d’autant plus que les amis quim’accompagnaient avaient étrangement disparu à ce moment-là. J’étaisdonc un suspect, un malade pour ces disciples. Le corps était saturé de laForce qui s’ouvrait dans la nature, il en vivait l’intensité de Joie etd’Amour. Cette incompréhension et cette condamnation sont pour moi ledébut d’une phase de toute importance concernant le choc et la frictiondes différents rayonnements spirituels. Je vois que l’Intention de la“descente” qui m’anime est un choc violent non seulement pourl’ignorance générale mais pour l’ignorance dans les milieux spirituelstraditionnels...

*

Un passage me fit sourire sur ce point ces derniers jours :

“Toutes les splendeurs dont on a l’expérience en s’élevant, ensortant, en quittant, ce n’est rien ! Ce n’est rien, ça n’a pas cette réalitéconcrète, ça paraît vague à côté de ici. C’est vraiment pour cela que lemonde a été créé. C’est dans la matière terrestre, sur la terre, que leSuprême devient parfait. ”

“Le pas que l’humanité doit faire IMMÉDIATEMENT, c’est uneguérison définitive de l’exclusivisme. Ils disent tous : ça et pas ça. Non :ça et ça... Et encore ça, et encore ça, et encore ça, et tout à la fois. Êtreassez plastique et assez large pour que tout soit réuni. Et c’est cela, c’està cela que je me cogne tout le temps en ce moment, dans tous lesdomaines, dans le corps aussi.”

La Mère.

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Le 9 août :

La pleine clarté veut s’établir pour la résorption progressive detoutes les contradictions apparentes. Être l’Œil qui aime tout et agit danstout. Tout voir, tout embrasser dans le Regard-Cœur. Il n’y a pas de fin àl’élargissement, la souplesse.

*

Le 16 août :

Contrainte et hypocrisie de tous les groupes constitués. J’étais hierà Paris, au “Centre Sri Aurobindo” avenue Carnot chez Jeanine Panier, lapetite fille de Mère. C’était la commémoration de l’anniversaire de SriAurobindo, le 15 août. La Présence-Force était massive et vaste, blancheet bleutée, juste après le temps d’écoute de la musique et la voix de Mère.Les commentaires qui suivirent furent sur la qualité de la bandemagnétique et sur les problèmes rencontrés par les étudiants de l’ashramde Pondichéry pour venir en France. Quelle misère... À plusieurs reprisesj’ai tenté d’ouvrir le dialogue, mais il n’y eut aucune place pour unéchange en profondeur.

Il y a cette habitude grégaire qui nie automatiquement l’intensitéde l’individu. J’ai bien senti là que ma présence menaçait le groupe,comme elle menace le confort d’un ensemble institué où ils pensent etéprouvent tous quasiment la même chose au même moment. Quellevilaine chose ! Dès qu’il y a un individu, le groupe se lève contre lui. Etl’atmosphère des assemblées spirituelles n’échappe pas à cette horreur.Que tous les hommes soient l’Homme, et il n’y aura plus de groupes oude communautés, plus cette propension mimétique à se rassembler autourd’une poupée, d’une photo ou d’un totem. En fait, je vois que l’individuest un déstabilisant pour toutes les communautés.

Assumer la diversité, être capable de danser en soi avec chacun etchacune dans l’instant, voilà qui pulvérise toutes les boutiquescommunautaires ! Un sage n’est valable que pour lui-même et personnene peut l’imiter. Tout ce qui viendra autour de lui me semble le produit du

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mimétisme des singes et des perroquets. La vie est toujours neuve,vivante ; elle ne se reproduit pas deux fois de la même façon. Les parolesécrites ou enregistrées des sages ne servent à rien, ou du moins ellesservent à nous montrer qu’elles ne servent pas. Rien ne peut être exclu !Ne se mouler dans aucune tradition, c’est le tour de force de l’Amour-Feuqui brûle tous les carcans. La Transmission est alors originellement non-conventionnelle, sans support apparent, ou avec tous les supportspossibles de l’instant.

*

Dimanche 15, en début d’après-midi, le corps allongé connut pourla première fois une indiscutable expansion de conscience, une expansionhorizontale. Il me semble bien que c’était la conscience corporelle quis’ouvrait dans sa rondeur de vaste puissance ; grande différence avecl’expansion verticale. Serait-ce trop rapide de dire que le dévoilement dela conscience du corps est une connaissance nouvelle où le Transcendantet l’Immanent se veulent un seul et même Fait ? La Puissance du Feusemble bien établir une jonction dont l’Unique Transcendant estdésolidarisé. L’Être Suprême dans Son Pouvoir actif permet, par Sonindividualisation universelle, une Conscience de la Totalité.

*

Le 18 août :

Tous mes frères et sœurs sont Cela seul. Il n’y a pas de savoir sureux, ils sont exactement Ce-Que-Je-Suis. Dans la nuit comme dans lalumière, nous ne connaissons de nos frères et sœurs que ce que noussommes nous-mêmes ou pensons être. Dans la pleine lumière, toutes lesimages meurent et là ne réside aucune mémoire des autres. Quand il n’ya plus d’expérience, même pas celle de l’éveil, rien ne perçoit, rien n’estperçu.

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Il y a deux jours, je suis allé au Musée du Louvre voir lesantiquités égyptiennes. Mes yeux ne voyaient que des pierres et il n’yavait aucun sens là-dedans. Le sens des choses, n’est-ce pas de lamémoire, du conditionnement ? Pour moi, rien n’a de sens, aucuneréalité. Il n’y a rien que des formes de rien...

*

La misère humaine me touche par le cœur de mon étonnement àvoir que la souffrance et la misère du monde sont une irréalité flagrante.Cette misère est la forme visible et humoristique de l’irréalité. Le glorieuxRire au cœur du drame fait tout s’effondrer. Le grand souffle du Rire et iln’y a plus que cette Ivresse ! Il n’y a pas de misère, pas de mal, il n’y aque ÇA ou rien. Ce que l’on appelle “le monde” n’est tout simplementque le jeu de l’oubli, ni plus ni moins. Le Souffle Divin le calcine dansl’instant !

*

Se laisser immerger dans le Point Radiant de Connaissance totaleoù tout est compris, où l’ignorance et la Connaissance sont Un, résorbéesdans la Connaissance Pure. Voir les divisions apparentes commel’Unique-sans-second. Être au cœur du regard de l’Amour qui embrassetoujours plus, jusqu’à l’infime grain de poussière de la ténèbre-lumière.Disjoncter dans le Point où les distinctions “réel-irréel”, “connaissance-ignorance”, “lumière-ténèbre” disparaissent. Être au Point où le passé, leprésent et l’avenir n’ont plus aucune réalité.

*

Au matin, la Force dans la Conscience corporelle s’illustra par unrenversement où je voyais un merveilleux océan, d’immenses falaises,des oiseaux, une eau limpide dans une dominante de bleu, la consciencegonflée autour du corps. Un mur orangé puis un feu de bois épais, unevive chaleur vers laquelle le visage s’approchait avec précaution. Là, prèsdu foyer, il y avait l’image de la petite maman biologique qui enfanta cecorps. Là, une invocation à la Mère Suprême s’élança. C’était comme cetimmense besoin que les traces du conditionnement de la mémoire basiquefamiliale dans le corps soient brûlées. Brûlée la mémoire de la petite vie.

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Le 19 août :

Cette nuit, la conscience corporelle a été baignée par la ForceDorée de façon massive. Émergence d’un dialogue d’amour avec la ForceSuprême. La conscience corporelle sent son intimité avec sa Source laplus haute et veut l’Amour. L’ensemble des cellules imploraittranquillement l’Amour pour qu’elle se sente aimée. Il y eut alors la Forcede Joie compacte. Alors, pour la première fois s’est chanté spontanémentle mantra de Douce Mère : “OM NAMO BHAGAVATÉ”. Alors l’ensemblefut incendié d’Amour ; ce fut une masse vibrante d’Amour solide.

Que la Force d’Amourdescende au cœur des cellules,

au centre de la terre !Que le voyage dans l’intime du corpsrévèle ses plus sublimes paysages !

Que l’Inconnuémerge du fond des âges !Que l’enstase matérielle

pulvérise les murs !Que nous soyons des étoiles

vibrantes dans le granit !Vivre comme jamais la vie

n’aura flambé au cœur de l’Amour !Que la vie soit cette révolution solaire de chaque instant !

Que vivre physiquement soit la Beauté de l’Amour !Nous sommes le monde heureux !

AMOURAMOURAMOUR

OM NAMO BHAGAVATÉ NARAYANA

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Le 20 août :

Ce matin, grande activité dans les jambes ; elle pénétraitjusqu’aux os. Jamais une pénétration aussi douloureuse. La Force étaittellement massive qu’il était même difficile de respirer. L’atmosphèreétait saturée de Force dorée. Ne vivre que par ça, exclusivement !...

Coup d’état en URSS, Gorbatchev détrôné pour l’instant. Lesévénements planétaires ne portent-ils pas témoignage de “quelque chose”qui active toutes les circonstances ?

Cet après-midi, une intensité de la Force dans sa sublimité a faitbasculer la conscience corporelle dans l’éternité d’un mouvementd’Énergie dorée. Vastitude de Puissance dorée ! L’intensité fut si forte quele corps s’est évanoui mais il y eut une représentation symbolique danscet évanouissement : j’étais au darshan de Mère Meera, tout au fond de lasalle, une communion de forces intenses nous unissait tandis que sacollaboratrice-organisatrice donnait des ordres... Le corps est tombé parterre dans un fracas... Des voix disaient que du sang coulait... C’était unejoie dorée si essentielle qui coulait et se répandait, il n’y avait que cela.On s’affairait, inquiet, tout autour du corps.

Que le Fait Suprême soit dans le corps !!

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Le 23 août :

Le coup d’état en URSS n’a pas tenu et Gorbatchev est revenu aupouvoir. Est-il possible que la race humaine n’attende plus rien dupolitique, de l’État, de la religion, du nationalisme ? Pourront-ilsconsentir à voir et éprouver la racine du conditionnement ? Que la vraievie surgisse sur la Terre !

*

Le 28 août :

Cet après-midi, avec Lucien, nous avons été voir le film “Atlantis”de Luc Besson. Le thème en est la vie sous-marine dans les océans. Latrès belle qualité des images, la chorégraphie des scènes et la musiquetouchent droit au cœur. Le corps en éprouva une joie puissante, pleined’émerveillement quant à cette diversité du mouvement de la vie et de labeauté. Lorsque nous sommes sortis de la salle, la Puissance du Silencegardait l’ensemble de ma nature dans une immobilité rare que rien nepouvait corrompre. Nous nous promenions, imbibés de ce Silencesouverain dans les rues piétonnes de la ville. L’Œil du Simple au centrede soi, panoramique, Voit ce qui est. Tout est neuf et tranquille, sur tousles objets que les yeux physiques reçoivent. Cette intensité de la Présencese déversait jusque dans les yeux. Je pourrais comparer cela à une caméravidéo qui avance et voit tout ce qui est sans qu’il y ait un sujet percevantet une chose perçue. C’est l’intensité d’être ici et maintenant et nulle partailleurs. Lucien commença à être très mal. Il éprouva une forte remontéede difficultés psychiques. Ce fut une première aussi pour lui en résonanceavec la beauté du Simple qui animait son ami. Il faut que sa nature soitbaignée par la Force solaire pour qu’il éprouve aussi la Joie comme ledauphin ! La Force dorée, c’est l’océan où la nature de l’homme sereconnecte avec le pulsif de sa naissance, de son essence, de sa libertéinconditionnée!

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Le 30 août :

Quel hypnotisme pèse sur la nature ! Aborder les rives del’automatisme dans la nature, descendre dans la nuit et la misère de sacondition. Toucher cette difficulté d’être au monde. Être vraiment incarnén’est pas si simple pour le moment. La nature doit recevoir une intensitéde Lumière et d’Amour qu’il lui faut progressivement intégrer.

*

Le 4 septembre :

Ce qui caractérise l’ouverture du 28 Août dans les rues de la villeavec Lucien, c’est cette puissante immobilité de Silence en mouvement.Il y avait la réalité alors du Pouvoir d’être dans la vie. Immobilité dans lemouvement de vie ! L’ Œil voyant et l’immense sensation dans les délicesdu Silence en mouvement.

*

Le 6 septembre :

Le désir vital est obstiné et barre la route à la sensation de laplénitude dans la nature. Le désir sexuel harcèle le physique au point quela “petite conscience mentale” ne peut discerner le vital du physique.Malgré la réalisation universelle ou transcendante, ce désir vital estencore à réclamer sa pitance... Quelle surprise que cette redescente ! Lescorps vitaux des amis se jettent actuellement sur cette partie et cherchentà l’ébranler, trouver la faille. La guerre de nature à nature semblenaturelle. Il me faut consentir à me laisser sonder et découvrir ce nouveauchantier. Être témoin des jugements et épouser l’erreur-vérité de laconfusion. La découverte du connu pour s’en libérer. “Se libérer du

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connu”, comme le dit Krishnamurti, n’est-ce pas découvrir les voiles quenous n’avions jamais vu ? En cela, le connu nous est inconnu. Cettedécouverte du connu, n’est-ce pas la porte de l’inconnu ? Les humainssont agis !

*

La Conscience-Feu solaire, n’est-ce pas la Connaissance-Actionoù il n’y a pas d’opposition entre l’Unique et les multiples aspects de SaManifestation ? La manifestation baigne dans l’Amour, et lorsque celle-ci devient réceptive à ce Feu, la peau de la nature mondiale vibre del’Amour d’Être.

*

Le 7 septembre :

Cet après-midi, il y eut pour la première fois un déplacement de laconscience corporelle sur le côté, dans une sensation de cercle enmouvement. Ce fait révéla un dégoût de voir la misère de la viequotidienne dans le comportement de la nature. Ce dégoût ne venait-il pasdu constat de non-rapport, et donc de désordre entraînant la psychologiecorporelle ? La nature est comme un démenti, une masse d’ombrerécalcitrante à la réalisation intérieure. Le hiatus semble bien se situer là !La réalité intérieure ou spirituelle n’a pas son fondement dans la nature.Le Ciel est bien séparé de la nature. Ainsi, les rares ouvertures ou“bonbons” jusque dans la conscience de la nature sont des promesses quiencouragent dans ce sens. Je me sens cloué de plus en plus à cette réalitéde la nature, et je suis contraint à découvrir : je suis cette nature ! Quelbouleversement à nouveau puisque la réalisation spirituelle nous faitdéclarer : je ne suis pas le corps, je ne suis pas la vie, je ne suis pas lemental, mais pure Conscience, avant toute nature...

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Le 13 septembre :

La Lumière-Force éclaire une nappe de la subconscience plusprofonde de la nature où il n’est plus possible de dire que cela est “mon”problème, mais bien plus que cela est “le” problème. Chez les amis, ça sebagarre beaucoup au niveau vital, car les attachements que produit le désirsont pointés sans relâche.

Les événements mondiaux sont le symptôme de la fissure dans leciment armé du “moi-je” collectif. Certains commentateurs à la radion’hésitent pas à parler d’une “accélération de l’histoire” ou d’une “forcecentripète” qui nous conduit à l’éclatement et à la dispersion ; d’autres,plus rares, vers l’unité. Malgré les bouleversements quotidiens, c’esttoujours l’analyse politico-économique qui domine.

Quelle Puissance de Silence compact qui descend toujours dans lanature !

La descente de la Force met en contact avec la base terrestre danstous ses règnes. C’est une reprise de contact avec l’Intelligence-Amourdans le terreau de la planète. C’est aussi l’éveil de l’Intelligence dans lemouvement de la vie sur la terre. Voilà que le Sens du monde prend formeet que le concept “d’Histoire” ne tient plus selon l’acception qu’en a lemental. La Puissance de l’Amour ne semble pas être séparée de ce qui seproduit au niveau de la nature la plus dense. L’histoire du monde, del’intérieur de la conscience du monde, reste secrète pour le mental. Celui-ci n’en capte que les pelures. En fait, l’univers et la planète, ou la planètedans l’univers, sont baignés par l’Amour. Que la Vérité de la Lumières’infuse !

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Le 14 septembre :

Le corps ressent comme un épuisement et en même temps, il estplein de la Présence constante, et heureux de baigner dans cette Puissancedorée. Simultanément, observation du mental imbécile avec sonrabâchage de mots. N’est-ce pas la mémoire basique dans la nature ?

Cette nuit, dans le physique subtil ou symbolique : le corps glissaitsur un mur où la presque totalité du papier peint était enlevée. (Cettescène ne symbolise-t-elle pas la mémoire dans la nature ?) Révélationd’une virginité du mur, et j’étais frappé par le lisse de ce mur, car il n’yavait que de très rares anfractuosités ou bosses... Des pieds coulaientcomme une purée d’or et un émerveillement, une joie de voir sortir cettepurée des pieds ! Cette scène fut précédée d’une lutte avec le récalcitrantmental que d’autres nommeraient “forces hostiles”.

*

Le 15 septembre :

J’ai passé quelques heures à marcher dans la ville en ce dimanchede plein soleil. Journée du patrimoine national pour que la foule se jettedans le passé. En entrant dans une église, j’ai éprouvé une forte sensationd’être dans un mouroir. Tout y est plein d’hypocrisie et de pisseusecomponction. Cette représentation d’un homme en croix est si malsaine !Seule la Lumière à travers les vitraux colorés allumait le cœur par lesyeux. Le corps était comme assommé par cette crasse, pompé... Denombreux baillements montaient, un peu comme un noyé qui appellel’oxygène ; même impression que lorsqu’on est dans le métro parisien.Nombreuses sont ces églises ou ces lieux soi-disant “saints” qui vouspompent tels des vampires. Vite ressortir au soleil !

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Témoin des corps d’hommes, de femmes et d’enfants dans ledécor du monde. Une journée somme toute banale où chacun et chacuneétait dans sa bulle. Un corps masculin bien proportionné vêtu d’unechemise grise, les cheveux blancs et la barbe blanche, les yeux absorbésdans un livre, assis sur les marches de l’église. Je le contemplai pendantun moment. Atmosphère paisible. Puis, plus loin, une petite salle de jeuximbibée de tabac, quelques corps masculins et féminins s’acharnent surdes flippers et autres. Après quelques minutes dans ce lieu, une chansondégoulina : “il n’est plus temps de dormir, réveille-toi, il faut sortir de là”.C’était le refrain braillard. Quel humour ! Toutes les villes baignent dansces stéréotypes.

Je suis de nouveau allé voir “Atlantis”, comme pour baigner ànouveau dans l’état naturel de la vie sous-marine. “L’état naturel” pourl’homme est une conquête de chaque instant de l’Amour qui doit sedébarrasser du cocon mental qui fait mûrir l’homme par l’éperon de sasouffrance. Mais pour cela, il faut passer par le désespoir paroxystique dela séparation d’avec notre état naturel ou divin...

*

Le 18 septembre :

Mes nuits illustrent ce dialogue constant entre la Force deTransformation et les parties qui doivent être transformées. Cela estsymbolisé par l’image des amis du passé à l’époque de l’adolescence.Dialogue avec ces images. Souvenir aussi de scènes très détaillées de lacrucifixion du “Christ”, film à grand spectacle. Autant d’images-symboles qui mettent en scène l’alchimie en cours.

*

Il y a des plages de Silence intense et complet, c’est un bonheur !Mais le simple fait de le constater, et c’est le ronron à nouveau !

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Hier, journée avec V. et sa fille. V. face aux forces vitales et lesconséquences de sa grossesse après une nuit de désœuvrement.Maintenant elle veut avorter. Très difficile de creuser avec elle pour voirla racine de sa situation. Même avec ce choc, il n’y a pas vraiment l’appelà une compréhension plus intime des accidents dans sa vie. Sa fillette étaittrès agréable durant l’après-midi près du cours d’eau où nous noussommes entretenus. Tout en parlant, j’étais aimanté par la puissance duvert de la végétation. Quelle que soit la misère d’autrui, je suis cettebeauté. La beauté du lieu était telle que la mentalité marchande s’estappropriée cette beauté avec restauration, bibelots, etc. Que de crispationhumaine dans cette beauté ! Quelle misère !

Le Vide, ce plein de forme. La Forme, ce plein de Vide. L’Énergie-du-Vide, la Joie-dans-la-Forme. Vacuité-Énergie-Joie, voilà ce qui nousremet en forme !

La matière n’est-elle pas possibilité d’actualisation de lacirculation sphérique de l’Énergie par le Rythme-du-Nombre qui estOrdre manifesté ?

L’UN-ÉNERGIE-FORME

L’UN-PUISSANCE-FORME

L’UN-PUISSANCE-UNIVERS

Corps immobile, océan massif de l’Énergie d’Or, sans aucuneréaction, les nerfs sont une toile, sont aussi comme les cordes d’une harpedivine. Sa musique vient du Silence, sa puissance de vie, de la Présence.Il est tel un arbre immobile en mouvement, le souffle raréfié, affûtéjusqu’au faîte de lui-même. Extinction des feux follets. “In”-stinction duFeu Fol-Être. Puissance de la Vie ! Émergence ; et le basalte, et le granit,et le béton liquéfiés par la lave d’Amour. La vierge inconnue vibre là.Voici celle-ci habillée et diaprée du Non-temps et du Non-Espace,l’Internité de l’Espace quintessencié.

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Le 19 septembre :

L'homme-de-Lumière est encore infirme, voyez-vous,si la Lumière se fait nuit au bout de ses doigts tâtonnants,

s'il trébuche sur la pierre séparatrice qui pose le dedans et le dehors...Ailleurs la Joie, ici la misère et la souffrance de la petitesse physique.Vraiment, cet homme n'est pas au monde, s'il en est un, à le voir

dans ce costume humain élimé bafouillant avec les objetssur le collier des journées

où meurent les cuillères, les tasses et les fleurs...

Pourtant on peut sentir combien sa présence est Paixrégénératrice par sa Force universelle imprégnant toute chose,

éprouver la certitude du Fait intérieur.Il en est ainsi, cet homme ne touche pas pleinement la Saveur, la Vie.

La Vie une avec la serviette sur le visage, le verre, les souliers,la nourriture à profusion que le soleil fait si généreusement mûrir...

Il y a un mépris qui pèse sur la conscience corporelle, un héritage infernal où la matière est perçue comme cette base haïssable

ou obsédante, telle l’unique réalité née du filtre du désir.Un ego, le vilain, cadenasse l'Universelle Conscience Matérielle

et “l’éveillé” lui-même ne soupçonne guère le Réel dans le physique.Descendre là est une dégringolade incompréhensible car

nous devons tout reprendre à la base...à cet endroit où la “sagesse” laisse le fardeau aller son "vague à l'âme".

Là, tout est entassé à la Porte du Monde, comme lorsque nous rangeonsnotre maison en mettant tout à la cave,

en oubliant que la cave fait partie de là où nous vivons.Les temps viennent où la cave aussi est inspectée et l'on retrouve

tout ce que la purification ascensionnelle avait fait descendre,n’ayant révélé qu’une bien imparfaite maîtrise d’en haut,

dans la Conscience claire de l’Espace universel.

Alors, quand la transformation se fait inéluctable, nous plongeonsla tête dans le puits pour réaliser que seul le Feu transformateur

peut nous délivrer du poids des morts... cette malédiction entassée dans la terre

considérée comme une décharge.

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Et si la Beauté était du Ciel seulement ?...Mais ce serait là croire en la petitesse de l'Unique

en le reléguant exclusivement ailleurs qu'iciOui, ICI devient notre préoccupation majeure !

Ou alors, c'est la damnation à jamais dans ces lieux.La Transformation ouvre les digues,

les barrages à la conscience corporelle pour goûter la Puissance de l'Immobilité concrète

ICI

Être la matière, faire un avec son mouvement, son élan ,son énigme pour toute la folie de l'humanité égarée.

Nous sommes comme rivés, là, sur la terre, comme le Mystère à vivre.

Nulle part où aller qu'ICI, qu'ICI, qu'ICIQui veut rester ici éternellement en enfer ?!

Non, le sens est ici,et notre vie quotidienne ne doit plus être placée

sous le sceau de l’habitude, mais de l’aventure de la délivrance de l'Inconnu physique, terrestre,

afin que chaque seconde soit le baiser dans les choses,la Matière animée directement par la Joie !

Oui, la vie physique doit être TOUT AUTRE, ICI !!

Les grains innombrables de la mer de sable,les couleurs de la nuance dans la danse

des blancs qui, plus loin, s'épousent jaunes,puis plus loin encore dans l’ascension vers l'orange tendre

escaladent les roses de caresse et le rouge conviction, les touffes d'herbes au vert cuivré de soleil

dans lesquelles voyagent les fourmis en une seule courseles araignées rigolotes, hésitantes et hardies,

oui, tout est dans le Soleil de Silence !

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Il y a la Nature aux multiples visages de l'UN-Silence,Puissance de Lumière formelle, signature d'émerveillement

pour le Vide dans les sens

*

Descendre dans la conscience de la nature,toucher l'Aube nouvelle de la Puissance du Vide

là où toute chose dans le corps-un du mondevit la secousse rythmique de la rencontre

émerveillée de l'Homme Videempli de la constante Liqueur du FAIT PHYSIQUE !!

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JE-SUIS-CELUI qui descend, sans descendreJE-SUIS-CELUI qui monte, sans monter

L'Action de JE descendL'Action de JE monte

L'Être est un chewing-gumL'Être dans ses différents modes d'expressionDescend et monte, crée Ses mondes qu'IL EST

Ses mondes sont l'ÊTRE, créés par l'ÊTRE.Intensité de l'inspir et l'expir de la Création.

Nécessité et dessein du Devenir de l'ÊtreDans l'essaim de l'Être où bourdonne

Le Chant de CELUI-QUI-EST multiforme de la Forme.L'ÊTRE est une éponge !

JE SUIS CELUI qui descend. CELUI qui monteSimultanément dans une même évidence d’ÊTRE

Qui descend et monteJE SUIS Feu d'Intensité, Créateur dévorant,

Feu qui manifeste et Se consume au même instantDans une permanence du changement

ÊTRE, le Verbe de la Puissance. Souffle.That is what I am !

Feu, Feu, Feu... Feu du JE flambe, J'enjambe !Et le Feu ne manquant pas d'air

Pète aux entournuresDe l'impalpable, de l'immatériel

De la subtile-matière du JE-SUISÀ la densité-matière du JE-SUIS

Toujours, ce que JE-SUIS, JE-LE-SUISLa Liberté infinie de tous les positionnements de l'ÊTRE

CELUI qui ne cesse pas de Se révéler à Lui-mêmeDans toute ses possibilités encore inconnues

L'ÊTRE est une anémone !Sans cesse Toute-Puissance brûlant

Et ne manquant pas d'air,le Feu se fait Eau.

Pas un petit bateau ne flotte,

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Pas un poisson Pas un chameau ne vient s'abreuver

Tous les possibles de l'impossibleJE SUIS cela !

La Liberté de la LibertéLe Libéré de la Libération :

L'HOMME

JE SUIS celui-ci,JE SUIS toute chose

Dévoilement incessant de tous Mes possiblesDans Mon impossibilité à Me connaître

JE connais toute choseEt toute chose Me renvoie Moi M'aime

L'ÊTRE est un YOYOC'est haut ! c'est bas ! Sans haut ni bas !

JE SUIS CELUI qui descend et CELUI qui monteL'échelle de celle qui se manifeste, de JE, le Jeu du JE, JE Jeu,

JE JoueJE Feu, Jeu Feu, JE joue à TOUT

Tout tout, du Tout à Rien, de Rien à ToutLes différents modes d'ÊTRE

Passant par les sept mondes de l'Arc-en cielLe JE est maître

Par Son Action de la grâce d'ÊTRECELUI-QUI-EST

Toute chose se dispersantS'ex-prismant et se re-compose

Indéfiniment

JE SUIS CELUI qui descend tous les barreaux de l'ÉchelleSemble Me perdre à jamaisDans un oubli irréversible,Remonte tous les barreaux

Et Me rappelle à Moi-Même !Au sommet de l'échelle, en bas de l'échelle

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Je plie tout cela en un seul Point.L'ÊTRE est un confetti plié en sept

Just a joke of a joker jokeRemember yourself :

“Self service” of the remembering !Une entrée, un plat de résistance, un dessert avec une liqueur

Alors, de l'oubli Je Me relèveDe l'horizontal Me fais vertical

Et Je Me tire du piètre-deuxDu bourbier-pétrin.

YOGA-yoyoYOYO-yoga

JE SUIS l'accordéoniste des sept mondesAccord Éon,L'ÊTRETÉ

L'été de l'ÊTREPour la tété de l'ÊTRE

L'enfant reviendra toujours au seinD'où il est venu, saint lui même.

JE Remonte tous les échelonsOù JE me suis largué, embarqué

Libre de me promener dans les multiples expériences de la penséeInfatigable bourlingueur de l'ombre

Promeneur dans la multitudeMenteur, voyeur et voyouJ'ai pris tous les masques

Que je démasque un à un, dé-voilant l'UNL'humain c'est MOI à visage humain !

Et pourtant ça joue à se prendre pour “quelqu'un”Qui “s'éloigne” de CELUI-QUI-EST. L'HOMME.

L'ÊTRE est une soucoupe volanteNuage de sauterelles, JE m'abats

Moustique JE pique !Algébriste du zèbre endimanché

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Équilibriste des bas-fonds en haute voléeJE puis dire, sans le dire

Que JE me permets toute les fantaisies JE théâtre et cinoche

JE-SUIS-CELUI qui mentJE-SUIS-CELUI qui me rêveJE-SUIS-CELUI qui m'endort

JE ne crains rien :JE SUIS EVEILLÉ à tout jamais !

Dans le TOUT sans jamaisCréant la fenêtreJE casse les vitres

Par l'Action de grâce de l'ÊTREJ'envoie paître tous les moutons

Sur l'autre rive

Vivant ! Vivant ! Vivant !JE joue à crever

De rireJE joue à souffrir

De rire JE joue à naître

De rireAinsi béni soit le farceur

Car son heure est venue de jouerÀ quitte ou double

Plus rien à perdre, plus rien à gagnerPlus rien à gagner, plus rien à perdre

JE SUIS l'intrépide, l'imprévisibleL'incorrigible et l'implacable

Me masquant et me démasquant à tour de rôleJ'enrôle

Me servant et me desservantJe mange un mille-feuille... Entre-Temps.

L'ÊTRE est une mûre !JE monte et je descends

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Mais avant toutJE SUIS, voyez-vous ?

JE SUIS CELUI-CI, JE SUIS CELUI-LÀDe-ci, de-là, ma scie

Scie toutes les branches, De-ci de-làVoyez-vous ?

JE SUIS l'IncompréhensibleLe fantaisiste des dimanches fleuvesAu paradis des artichauts bleutés.

Un grain de riz est restéDans la gorge de celui-là

Les foins font un rhume assénéSonnez les cloches de l'effroi

Le beffroi n'en dira rien !JE SUIS d'une liberté telle

Que Je ne porte ni dessus ni dessousHabillé sans habits

JE me dévêts à loisir, dans un strip-tease.Êtes-vous au rendez-vous ?

Voyez-vous cela, qui ne peut être vu ?Ô ! Que l'oignon soit épluché

Et qu’il n’y ait personne pour pleurer !Seul l'oignon avec quelques larmesAlors oui ! Inlassablement JE DIS :

JE descendsDe l'immatérielle matière

à la matière de l'immatérielInvoluteur Evoluteur

Sans involution et sans évolutionTout m'est permis !

Et JE ne compte pas les points !Clown et funambule

Tragédien shakespearienTo be or to be not

No question in my mindEt toutes les questions-papillons

Autour de Ma Lumière

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JE SUIS !Extase immatérielle

Enstase, Instase matérielleL'échelle JE la déplie

Et Je la replie à volontéJE n'involue pas, JE n'évolue pas

Pourtant Mon Devenir tient dans un confettiSe dépliant, programmant les mondes

Les vrillant dans une mise en scène incompressibleSublime torture qui me corrompt !

JE SUIS CELUI qui rompt avec la corruptionL'Innocence est Mon Royaume

Joyau diamantin aux facettes étrangement multiplesJE SUIS UN !

FEU à VOLONTÉ !Volonté du Feu !

Blanc que le prisme décompose Vous verriez ma tête !

JE deviens étrangement noirRoi de l'ombre dans l'onde du monde

Rêveur étrangement rêveJE SUIS sans illusion

Sans représentation, sans rôle ni cheminEt j'aime m'auto-illusionner, m'auto-hypnotiser

perdre pour un instant la ConnaissanceDans le coma de la nescience

éternel adolescent, JE me percluse de ces naissances Et puis j'ouvre les écluses !

See the sea of my jokeJoke Joke...

Are you clear ? Are you peaceful ?My bliss blesses, God bless you

You see the sea of my bliss ?

L'ÊTRE est un chiffon mouillé.L'ÊTRE EST !

JE-SUIS-CELUI qui descend de moi-même

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En restant Moi sans moiBouche béate du Néant

Qui débouche en descendantSur l'inerte caillasse du temps

Temps mort. Point mort.De là, infatigable alpiniste, JE SUIS

Sans Moi qui aime, Me voilà escaladantLes parois escarpées de Mon sommeil d'antan

Descendentemps !Descend par tant de temps

Par Toutatis ! Par Toutatos !Le ciel est descendu sur la terre !

Les Gaulois avaient bien raison d'avoir peurPar Toutatis !

Le TOUT nous ratatineLes Gaulois se sont transformés en gauloises blondes ou brunes

JE SUIS le parisien libéré de la libérationEt je fume des gauloises blondes et brunes

JE vous assure, JE les consumeLes Gaulois avaient bien raisonLe ciel peut tomber sur la terre

Et pour cause, la terre c'est du ciel densifié !

Allons, allons, plus d'histoire ! Transhistoriquement parlant

La terre est de l'éternité temporaliséeEt je puis vous dire à l'instant même

Que ces propos sont oiseuxEt pourront être un oasis d'éberluement

Par Toutatis !Les Gaulois n'ont pas inventé la poudre.

Ils prenaient plutôt la poudre d'escampette.Il faudra attendre les chinois,

Ces casseurs de têtePour, d'un dé à coudre, sortir la poudre et le revolver

Il est vrai que ToutankhamonS'est retourné dans sa tombe

Malgré ses bandelettesYou understand what I mean ?

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En ce qui me concerne pas du tout !Par Toutatis

D'ailleurs JE ne suis pas cernéEt vous restez concernés ! Pensés !

Le penseur est la pensée...con...complètementEt ce qui est chouette

C'est qu'ils ne font qu'UN... les idiots !

Le pois chiche est brûléLe penseur-pensées-penseur

Perd la tête !À écouter ce farceur

De l'heure du quitte ou doubleIl quitte le double

Revient à lui-même, qu'Il AimeEt voilà que tout le monde, Les corbeaux de la penséeLes concepts de l'insensé

Prennent la poudre chinoise pour une roulette russe !

JE-SUIS-CELUI qui descendJE-SUIS-CELUI qui monte

JE vous assure, sans vous faire de contrat,Que vous n'aurez rien à faire ici-bas

Involuteur-évoluteur, une alchimie m'incombe :sortir les pommes du comaEt, d'un commun accord,

Reprendre toutes les cordes de la harpe universelleet les faire sonner une à une,

Juste. En résonance. Toutes ensemble.Joueur de flûte du Souffle créateur

J'esquisse la mélodie pour une symphonie du OUIQui défenestre le nid de la négation de l'ÊTRE.

Il est bien difficile, pénible pour la Lumière,d'éclairer la vie journalière de l'Homme dans le Corps

défaire l'habitude de la petite activité dans la conscience physique

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élargir la conscience à l'inépuisable Puissancede la Beauté dans la main qui prend une tasse,

Découvrir la magie du fini à sa clairière insondée...Que du levé au couché tous les pas soient la souplesse du Vent !

Que les gestes, le regard soient l'UN-Action portant le monde objectif dans Son baiser d'Amour

Que chaque seconde fasse fondre le grain de poussièreau Soleil ruisselant de Tout dans le monde physique.

Il nous faut la cascade,le ruissellement intarissable de l'extase gestuelle

La Vérité agissante avec la vaste envolée du Corps !!Ce Feu Immortel dans les plis inquiétants du Temps

brûle sans fin ce qui veut se donner à Lui Ma solitude immatérielle prend Son astre dans les nuits

Et, naviguant sans cesse vers ce-qui-est l'Unique Beauté,Ma lutte est douce dans la féroce guerre des monstresPour allier la Vertu aux Grandes Folies de l'Univers

L'Homme est encore infirme car sa lumière peine dans ses gestesIl trébuche sur la césure du Dedans et du Dehors

Son corps est couvert d'humaine misère du levé au couché,et les objets ne sont pas épousés dans le parfait Accord joyeux

Où la Vie de chaque seconde est une magie,une Extase de la poussière !

Que vaut donc le Silence de la Vaste Lumière dans sa Puissancesi un désintérêt se lit dans ses doigts qui écorchent une tasselaissent tomber le fruit qu'ils voulaient porter à la bouche ?Qu'en est-il de tous ces gestes qui font une journée de deuil

délaissant ce “plan” à sa sotte répétition absurde ?Est-ce ainsi que le monde meurt par incapacité à l'éclairer ?

Si douloureuse est cette césure, comme un poème inatteint dans son germe. Il y a là tant d'obstinations, de couvercles laissés sur la matièrede séparation justifiée par les plus pénétrantes métaphysiques,

d'obsessions criminelles laissant la nature à son mouvement blessé,donnant ainsi pour modèle du Vrai la béquille qui entrave !...

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Alors patiemment, par la Force de l'Amour Total, aller enlever larouille qui recouvre la palpitation de la Vie dans le Corps.

Nettoyer, balayer, œuvrer CE-QUI-FAIT l'Oubli dans les catacombes de la mémoire matérielle

et ses conséquences innommables dans la marche du monde

Dégager les chemins des meurtres fratricides, soulever l'énergiede la crasse, la conspiration de l'Inertie

pour donner et recevoir cette Puissance irriguant la tasse et la fleur

à l’aube du mouvement le Corps un goût, une joie... De l'infiniment grand à l'infiniment petit, être l'INSÉPARABLE !

Ainsi les journées de la Terre compteront pour Sa Vérité Physique !!...

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Le 20 septembre :

Le monde est largement dominé par l’égoïsme vital inférieur queles idéaux masquent maladroitement. Les politiciens ne sont que lesgestionnaires du désir ou les metteurs en scène de la guerre du désirsoutenus par le peuple... De ce fait, avec l’intensification de la Lumièredans le monde, les bouleversements sont... Les intellectuels ne laissentquasiment pas se formuler en eux l’Intelligence-Cœur au creuset desévénements du monde.

*

Observation de l’activité du corps, disons des différentes portes deperception, le comportement de la nature est d’un flou chaotique constant.La main fait ce que le pied ne veut pas. L’œil perçoit ce que la bouche nie.Cette observation est vision de ce mécanisme négateur de l’instant... C’estla force de l’habitude de la machine humaine de ne pas traduire dans lanature l’instant dans toute son ampleur. Il me faut ici reprendre tout à labase. C’est éprouvant !

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Il pleut goutte à goutteJe ne les compte pas

Infiniment nombreusesElles tambourinent le gravier

Venu de Versant Ouest, le VinIls ont bu

Tous étaient sans costumeUn Fait Immobile Transcendant

L'IvresseUn Corps multiple dansait toujours à l'Aurore

Vénus !

Vers où les peuples vont-ils migrer ?Verrons-nous la Beauté des Catastrophes ?

Serons-nous toutes les espèces de l'Espace-TempsDans un seul élan ascensionnel d'Amour ?

Il n'y comprend rien et continue à répéter sa ritournelleQue le singe est sage dans sa vindicte de souffrance

Lui le laissé comme reste, résidu indéchiffrableIllusion mortelle ou vue comme telle par le Sage incomplet.

Alors une Sagesse plus haute voit, se voitCe corps animal oublié, ce “non-problème” du Sage.

Il est pris, enveloppé d'Amour et le voilà souriantdans une perspective, un progrès, une Transformation.

Quand du Regard d'OrL'Univers explose en s'explorant

Alors nous voilà !Oui nous voilà ces poussières de la Lumière

Voyageurs vers on ne sait oùpar des mondes dans lesquels nous tombons...Quelle dégringolade éclatante dans la Nuit !

Un Chant de babillement, d'Innocenceau seuil du sommeil !

Nous voilà couverts et recouvertshabillés, vêtus et recroquevillés de bien d’étranges

et multiples formes qui s'épousent

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par le Mouvement des besoins de la Nature.Nous l’avions oublié !

La Nature nous le rappelle forcémentCar, heureuse, Elle ne peut l’être vraimentque par Nous du Un-Lumière descendus,

Nous rappeler à l'UniqueVoilà notre tendance innée.

De l'Unique, aller frapper à la porte de la Nature :le Sens Conscient de Sa Naissance

Car sa tendance à la Vie Consciente dans la MatièreFait toute la Beauté de la Transformation de la Forme

Un jour viendra où le corps animal sera dépasséUn autre Fait corporel, conscient,

Sera par la Conscience et pour ElleUne plus Authentique Naissance

Le Sage du singe parleSon Silence brûle

Pas un souffle, tout est Paix !Pourtant, son corps est une grimace

Une cacahuète encore l'obsèdeet la souffrance, quoiqu'il dise, y demeure !

Le singe en surface continue à se moquer de la Sagesse

Je suis hors du JeuLE STABLE LE PERMANENT

Je suis l’évolutionLE MOUVEMENT LE DEVENIR

Par le Devenir CE-QUE-JE-SUIS EST dévoilé

Aussi, par mon Pouvoir ConscientToute chose du Devenir est Volonté de Perfection de la Forme par

la ConscienceSe révélant là

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Ainsi le Non-Né,Par Sa Naissance, Connaît

Son Immortelle Vérité du Tout-Possible

Je suis l'Origine de Haut en Basdans un constant Amour

qui défait l'abîmelaisse être l'Heureuse Venue

Je Viens de la Pulsation unicellulaireQuelque part et partout

Ovoïde si frêle dans Son Rythme universel...Je porte CE-QUI-DOIT Devenir, sans le savoir

Ne suis-je pas l'Univers apparemment circonscrit ?

Mon changement vers le plus complexe matérielN'est-il pas mon besoin de M'élargir, de Me connaître

Par cette nécessité de multiplication par division ?N'y a-t-il pas l'Impérieux qui Se répand,

Veut vivre unitaire ?par-delà la forme Cela Est

Par la Forme Cela Devient !Plus simple ! Autre ! Inconnu !

Je vais vers un autre que Je SuisVoilà Ma Vérité !

Ce voyage vers le Tout-AutreL'Insondable Lumière qui sourd de la Nature

Elle est Ma chaleur, Mon InconnuMa Bénédiction au cœur de CE-QUI-FAIT LA VIE-MATIÈRE

Ô que le carcan éclate !Ô que je me fonde dans la Mère-Lumière

Que l'UN-Mouvement devienne CE-QUI-ESTAutre Autre

Le Corps béni, le Corps de l'OrigineLe Corps DÉFAIT de l'animalité

Pour une Beauté Visible par le CORPS-BLANC !!

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Je me souviens !Je suis de l'Origine

Le Soleil dispersé de l'IntelligenceDe l'infiniment petit et grand, pulsation de l'Aurore

Dans la Beauté de l'oubli du mouvement des formes !Je suis le Voyageur des éléments

De la nuit Je prends forme élémentaireet me nourris de la Soif de Grandir, d'évoluer

La particule est mon royaume qui dansedans une transmission constante de la Nouveauté

De la Complexe éclosion du Mouvement Conscient dans la Forme.Je me souviens !

De rien Je suis jaillissement,Atome vibrant à la cellule aimante.

Quelque chose me donne l'indomptable VieCette irruption constante,

Cette absorption conscienteVers Ce-Que-Je Suis Mouvement !

Mouvement indéfinissable de l'évolutionPour la Beauté plus simple !

Le Silence, Sa Puissance d'Amour porteuse d'extase !Sur le lac aux ondes solaires les canards glissentUn homme avec un chien joue un numéro connu

Sur le sable blond où courent les fourmis sombres...Les cellules du corps frétillent à la surface de la chair

Se rassemblent chaudement les unes avec les unesTandis que la Voix chante du Cœur en Joie.

Partout Toute la Vie, toutes les formesne cessent de se rassembler toujours

Au creuset de l'Or du TempsDans Ma Vision, Une, heureuse dans le Cœur

De goûter pas à pas en tout lieu à chaque instant la Totalité

Du Mouvement de l'Unique !

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Le 23 septembre :

À la radio, j’ai entendu un orthodoxe chrétien formulant sacompréhension spirituelle de l’histoire. Il se demandait si l’Esprit nesoufflait pas ailleurs que dans l’Église, citant tel homme en Russie quiredonnait le droit au culte dans son pays. Il y a aussi ces témoignages deconversion dans les groupes charismatiques qui me semblent dignesd’attention. Bien qu’ils soient encore très imprégnés de l’image “Christ”et de l’institution religieuse, le conditionnement mental-religieux étanttellement fort que le Saint-Esprit ne peut souffler que sous la forme d’uneimage à la Jésus-Christ, c’est bien navrant !...

Ma vision aujourd’hui révèle la multiplicité de Sa formulation àtravers toutes les mentalisations contradictoires de la Présence consciente.Cette vision me donne accès à cette souplesse des possibles de lareprésentation, mais aussi à la destruction de toutes les représentations,que ce soient celles des saints, des sages ou des messies. Cette diversitéaussi des formes de la manifestation m’emplit d’émerveillement. Tout cequi est le monde est moi et sans moi. Vastitude du rien exclu, vastitude dutout inclus... Poussé à incarner la possibilité totale dans une forme...Élargir la nature, la vider, être aussi vaste que l’Être peut être dans SonÉmanation plénière...

*

Expérience de la nuit. Rencontre avec l’image d’un “parent”bouleversé par l’expérience d’un secret exhalé par une musiqueinsaisissable, il me montre une splendide ceinture qu’il est en train de mefabriquer. Puis nous voilà dans une pièce où je le vois ému par les lettreslumineuses de ce secret qui luisent au plafond. Ma conscience est soudainattirée par le sol qui s’ouvre. Me voilà propulsé en bas, en bas, toujoursplus bas, dans une nuit, nuit, épaisse nuit, épaisse nuit... Me voilà dans uncouloir très exigu, sale, quasiment pas éclairé, et puis un chien qui mesaute sur le corps, et un voyou cherchant la bagarre... Surgit alors en monintérieur la question : mais pourquoi ? Pourquoi ces conditionslamentables ? Ceci dans un éprouvé de rejet de la descente et d’unerévolte. Une révolte très forte, un refus consistant contre la Force qui veutcreuser, creuser toujours plus... Et cette immense nostalgie de n’être que

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Conscience en dehors, libre de cette nature. Révolte contre cette Forcequi Veut descendre et être toute chose du dedans. Le pas nouveau est là,et la bataille en l’homme que je suis est rude. Pénétrer dans la nature alorsque nous l’avions quittée afin d’être libre au-dessus est inacceptable pource qu’il faut bien appeler conventionnellement la “Consciencespirituelle”. La nature mentalisée se rebelle contre cette trituration de laForce qui, sans cesse, minute après minute, ne laisse pas de repos et metl’observateur en face de cette mécanique behavioriste ou pavlovienne,mais plus dramatique encore : humaine. Tout cela, je le vois dans la saisied’une casserole, la fermeture d’une porte, ou lorsque je suis en train depasser l’aspirateur, de manger... Une Splendeur d’Œil témoin de la misèreet du nocturne de la nature. Cette séparation est une révélation qui passepar l’éprouvé d’une cruauté constante.

*

Le 26 octobre :

Quel goût d’incomplétude entre la Conscience universelle et lanature terrestre ! Cette dernière manque de jus ou de saveur, comme si ellen’était pas vraiment irriguée. Prise de contact avec ce hiatus où la naturede l’homme, non pas intérieure, mais la plus externe, apparemment, denous-mêmes, est voilée, et donc éloignée de son point de Vie originel.Ainsi, sans l’infusion de la Toute-Puissance de l’Amour, cette nature resteune écorce que la Conscience universelle maîtrise d’au-dessus et utilise àson minimum de possibilité correspondant à la phase évolutive del’espèce humaine. Pourtant, aujourd’hui, je suis le lieu de la Redescentecré-actrice pour un nouveau mode d’accomplir ou d’irrigation de cettenature. Sans cette Redescente, je réalise la coupure entre Conscience pureou nommée comme telle, et la nature dans ses trois fourreaux qui fondentla coque de l’humanité. Cette descente de la Force me met en face et enphase avec la possibilité d’une conversion de la base animale ou mentale-instinctive. Si le Point originel n’évolue pas, Sa Radiance d’Amour, entant que Forme génératrice des formes, est un Devenir conscient dumouvement... De ce fait, par l’Infusion de l’Esprit, la forme de l’individupeut devenir une forme d’expression de la Conscience-Amour. La

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descente de la Conscience met en contact avec l’Intelligence dynamiquedu Créateur des formes, avec Sa Volonté incessante de manifester denouvelles formes de l’Amour et de la Joie.

Se peut-il que cette mutation de la nature jusque dans sa basebiologique soit en cours d’accomplissement quand les formationsmentales et spirituelles universelles doutent et récusent de toute part cettepossibilité ? Je ne peux que sentir encore le doute négateur qui surgit detoutes parts pour rejeter une telle possibilité et me condamner à un délire.Pourtant, une confiance simultanée m’habite et la consécration à ceProcessus qui précise Son Intention et dont je ne puis douter. La seulechose qu’on puisse discuter, n’est-ce pas l’interprétation qui pourrait êtrefaite de ce processus ? Avec le recul; il sera possible de vérifier !

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Récapitulatif et indices pour la nouvelle phase

Avant de débuter une nouvelle courbe dans cette alchimie (Tome 2),je souhaite faire un récapitulatif des phases précédentes pour mieuxpréparer le lecteur à cette nouvelle infusion de Lumière dans la nature. Enrelisant ce manuscrit, je réalise que cet itinéraire de vie se résume en cinqgrandes phases :

Première phase : celle de l’apprentissage de la vie humaine danssa complexité psychologique avec cette forte poussée nostalgique dequelque chose d’autre. La préface en témoigne grandement.

Deuxième phase : cette nostalgie débouche sur un désespoir sansrecours où aucune aide humaine ne peut nous sauver. Alors ce fut ici uneforme de laisser-mourir ou de suicide... Cependant, dans cette impasses’est produite la catastrophe, le cataclysme interne, et la révélation-infusion de la Force, de la Présence, de la Conscience Autre, l’Inconnu.Tel que le relate ce manuscrit, cette Force est en Elle-même la GrandeGuérisseuse, la Grande Purificatrice, la Grande Transmutatrice.Patiemment, c’est Elle qui opère un allumage des plus déconcertants pourla personnalité dans les couches de la nature humaine. C’est unécroulement, une indescriptible calamité. Ce chantier ouvert permet à laPrésence-Force de pénétrer dans la profondeur de nous-même, en notreCœur, vers l’Immanence du Noyau-de-Conscience-Lumière en amont destrois corps de la nature humaine (le mental, le vital et le physique). Cettesonde vers le Centre de Soi-même en tant que Noyau individuel demandeune absorption qui nous retourne de façon si impérieuse vers l’intérioritéque nos soi-disant “intérêts” humains deviennent secondaires. C’est unephase puissamment contrastée car la mise-en-Lumière progressive du

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paysage interne de nos trois corps révèle une complexité que nous nepouvions soupçonner jusqu’alors. Nous sommes ainsi amenés à réaliserque la personnalité n’est vraiment que la tête d’épingle d’un immenseiceberg. Il y a là une plongée dans les différents plans de la personnalitéocculte, disons le mental subtil ou “subliminal” selon le terme de SriAurobindo, le mental-vital subliminal, et le mental-physique subliminal,qui nous apparaissent comme des continents d’une vastitude et d’undrame labyrinthique que seule la Présence-Guide peut réveiller, révéler etnous permettre de traverser sans danger.

Cependant, bon nombre des individus que j’ai rencontrés cesdernières années ayant commencé à recevoir l’infusion de la Présence sesont retrouvés confrontés à ces couches occultes sans trop vouloir selaisser vérifier par un grand artisan incarné de cette alchimie. Ils ontencouru et encourent de multiples risques de dérapages et de pathologiesdiverses dont les psychiatres ne peuvent soupçonner la cause. Une guerreintérieure s’est alors déclenchée entre la personnalité, le “moi-je” humain,et la Présence qui est la Volonté de purification et de révélation du corpsde l’Âme, le Guide immanent de soi. Cette deuxième grande phase,Bernadette Roberts l’a très clairement exprimée dans son livre “Au centrede soi-même”. Je renvoie les lecteurs à ce témoignage car je ne peux qu’ysouscrire dans la mesure où je reconnais pleinement ce qui est dit.

Dans le roman processuel que vous venez de lire au fil de cesnotes, je puis dire que cette phase de dévoilement décisif de l’Âme s’estgrosso modo déroulée entre l’été 87, (période où a commencé leprocessus de descente de la Présence-Force), et le mois de septembre 89.

Troisième phase : comme le note aussi Bernadette Roberts dansun autre de ses livres, “La vie unitive”, il y a ensuite une bascule possibledu Noyau-d’Âme dans le Soi universel (selon la terminologievédantique), ou dans le “Non-moi” ou le “Non-Soi” (dans la terminologiebouddhiste), bascule où le corps d’Âme individuel, auto-concentré etimmanent, veut s’élever hors de la bouteille humaine dans laquelle il estenfermé tout au-dedans. C’est alors un élargissement de la natureintérieure et une ascension hors de la nature qui va déboucher sur l’Océancosmique ou universel. Cette universalisation dissout cette localisation duMoi divin immanent et favorise plus nettement le dévoilement de la

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Conscience cosmique sans âme, ou Moi divin individualisé. Ce troisièmesaut décisif bouleverse à nouveau toutes les données et un nouveau modede vie commence. Désolidarisés de l’humain, nous sommes commedéfaits de tout ce qui concerne les problèmes égotiques. Ils n’ont alorsquasiment plus d’importance car plus de réalité. On ne sait plus si c’est“moi” ou qui que ce soit qui est là. Il n’y a plus d’attachement à unequelconque mémoire, et ceux et celles qui avaient des rancœurs à notreégard reçoivent un étonnement et une incompréhension face à leursreproches car, universalisés, sans “moi”, sans “autre”, commentpourrions-nous faire du mal à qui que ce soit ?

Alors que le dévoilement du corps d’Âme ou Moi divin immanentest ce Centre même, lumineux, témoin d’un lieu humain plus obscur oud’une personnalité vue et éprouvée depuis l’intime de l’Intime de nous-mêmes comme un pantin ou une marionnette mécaniquement agie à lasurface, la bascule dans la Conscience pure ou la Vacuité universellerévèle le Témoin universel, impersonnel situé “au-dessus” du véhiculehumain comme de toute la manifestation. Il est probable que c’est à partirde la réalisation du Noyau d’Âme ou du Divin immanent à l’humain quevient l’affirmation péremptoire selon laquelle “l'état de sainteté est biencette révélation du centre mais cela n'abolit pas pour autant lapersonnalité”. J’ai entendu à bien des reprises des représentants religieux,voire même des maîtres de filières spirituelles occidentales, affirmer quela personnalité ne pouvait et ne devait en aucun cas être dissoute. C’estd’ailleurs précisément ce qu’ils reprochent à la spiritualité orientale,notamment au Vedanta ou au bouddhisme. Cependant, quoi qu’en disentces docteurs de la sainteté, il est possible que le “processus” aille encoreplus en amont et que l’universalisation nous délocalise en tant que Moidivin immanent dans un jeu humain, et que cette universalisation soit enquelque sorte “hors” de l’humain comme le ciel bleu est au-dessus de laterre (ce ciel n’ayant aucune possibilité de “moi” ou de centrelocalisable). C’est un mouvement océanique comme une disparitioneffective et irréversible de tout centre. Cette troisième phase estvertigineuse et, comme je le disais déjà, elle implique un nouveau modede connexion avec la nature humaine. Dans le roman processuel, ici, elles’est produite à peu près entre septembre 89 et l’été 90, avec denombreuses ouvertures annonciatrices, notamment la première percéedécisive qui s’est produite durant la semaine du 7 au 13 novembre 88.

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Quatrième phase : mais cette troisième phase n’est pas la fin. Il yen a encore une autre : la bascule hors du cosmique. Car la Conscienceuniverselle est encore un corps (dans la tradition chrétienne, on appelle cecorps d’immortalité le “corps-de-Gloire” ; dans la tradition initiatique, onparle du corps “atmique”); c’est encore un attribut, avec une peau, unelimite. Une vaste limite mais une limite tout de même. Aussi, unenouvelle bascule peut s’opérer hors de l’universel vers cette Lumièreblanche de mouvement de plus en plus immobile vers la résorption ducosmos dans cette Lumière première, incréée, Elle-même surgie du PointTranscendant originel. Cette réabsorption du cosmique dans la Lumièreblanche originelle et de la Lumière blanche dans le Point ImmuableTranscendant, révèle l’Unique en Lui-même, sans Lumière, sansmouvement, hors de toute atteinte, sans accès, sans description, sansconnaissance, ne pouvant être vu, Lui, l’Unique hors de tout, hors del’Un, l’Unique d’où l’Un-Tout s’épanche Univers... Quelque scandaleuseque cette nouvelle bascule décisive apparaisse aux yeux des spiritualistesdes “religions du Livre” (judaïsme, christianisme et islam), elle n’en estpas moins un fait de réalisation reconnu, surtout en Orient, et considérécomme “l’ultime” réalisation, l’éveil “parfait”, celui du “Libéré-Vivant”.Les autres phases n’ayant été que des étapes préparatoires dans ceprocessus de bascule et de retour à l'évidente Inconnaissance de Soi.

Aussi choquant et scandaleux que puisse être le processus donttémoignent ces notes, il transcrit son opération naturelle. De l’universelau Transcendant, il y eut bien une autre bascule durant l’été 90 qui necessa de se confirmer et de s’installer dans les mois et les années quisuivirent. Mais déjà au sein même de cet universel au seuil duTranscendant, se révélèrent de nombreux “plateaux” de Lumière. Là oùl’on peut être plus directement connecté avec le Foyer des Envoyés divinspour l’Alchimie de ce monde, sentir leur Présence, leur qualité deRayonnement et tout ce qu’ils ont pu et peuvent encore accomplir dansl’invisible pour la terre. Là encore existe une “hiérarchie” ou des seuilssur lesquelles il n’est pas nécessaire de m’étendre ici. Disons que c’estl’Océan de Sagesse et de Compassion du Divin créateur dans Ses plusgrandes possibilités de Don et d’Action pour ce monde.

Et puis cette bascule en amont de ce foyer dans la Lumière del’Incréé jusqu’au Point de réabsorption dans “l’Unique ténébreux”, L’Œil

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d’avant toute Lumière, toute Énergie d’Émanation, le Point autoconcentréd’Être-là, Subjectivité pure, ni immobile ni en mouvement, hors de toutequalité ou attribut de Lumière, de Connaissance et d’Amour. S’il est unecertitude définitive, c’est que certains sages ont pu dire que là est“l’Ultime”. Je n’en disconviendrais pas... s’il ne s’était encore révélé(début 91) une autre bascule dans l’ABSOLU NÉANT, hors de touteévidence d’Être, hors de Cela !!!... Car ce Point Transcendant, auto-concentré “d’In-Séité” innommable, que d’aucuns pourraient qualifier“d’absolu”, “d’éternel”, N’EST PAS “absolu” ou “éternel”, car Il Est“Quelque chose”. Or l’Absolu, si nous gardons ce mot, indique l’absencede tout et de quelque chose. Et ici, le mot “Néant” n’induit pas lacompréhension du Vide ou de la Vacuité universelle que nous sommessusceptibles de découvrir dans la troisième phase du “processus” et quiest encore “quelque chose” (la Vacuité Est Plénitude d’Être). Ici le motNéant” indique au contraire la négation totale de toute qualité et de toutesubstantialité, même celle d'Être, d'Éternel, de Suprême oud’Inconnaissable !! Le mot “Néant” ou “Absolu” nous laisse sans le mot“Néant” ni même le mot “Absolu”. Néant que le “Néant” et “l’Absolu” !!!

Cinquième phase : pourtant, cette quatrième phase, qui comprendelle aussi, nous l’avons vu, plusieurs bascules possibles dans le Mystèretrans-cosmique, n’est pas la dernière dont témoigne ce journal. En effet,durant toute cette quatrième phase, s’est simultanément révélée unesphère de Lumière blanche-dorée qui descend, Lieu de l’originelleIntelligence et Gestation de notre univers et de notre monde, capable, en“ces temps”, d’intervenir et de les transformer...

Comment se fait-il qu’un processus témoignant jusqu’en son“ultime” aboutissement ascensionnel de l’extinction dans le Non-Existant, puisse continuer à témoigner d’un “processus” qui se poursuitet qui ressemble fort à une rechute ou à une illusion d’avoir grimpé ausommet de l'échelle ? C’est sur ce point que ce journal poseraprobablement le plus question, qu’il intriguera, irritera et soulèverainéluctablement un débat comme cela m’est déjà arrivé en bien desoccasions avec certains de mes interlocuteurs ne comprenant pas ce queje veux dire par “Transformation”. C’est pourquoi j’ai eu naturellementrecours par résonance directe à la terminologie énoncée par Sri Aurobindo

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lorsqu’il parle de la “Transformation supramentale” de la nature humainejusqu’au corps le plus dense, qu’il distingue nettement de la“spiritualisation”. Je renvoie donc les lecteurs aux écrits de celui-ci(notamment à “la Vie divine”, à “la Synthèse des yogas” et aux “Lettressur le Yoga”) et à mon livre d’entretiens intitulé “Du Néant à l'Être Tout-Possible” qui fut un essai pour clarifier ce passage, du moins pour donnerquelques éléments conceptuels afin d’apprivoiser le haut-intellect qui serebelle à cette évocation de la “Transformation” dont il est question ici. Jesuis aussi plastique à d’autres modes de formulation qui peuventcontribuer au rappel de la transmission quand cela est nécessaire...

Du Transcendant, il y eut bien à nouveau descente de la Lumièreblanche originelle dans sa fréquence activée et opérante qu’est la Lumièredorée supra-mentale, Force-forme cré-actrice de Lumière ordonnatricedes mondes, de la structuration progressive des différents plans oumondes de l’univers. De ce Point initial, ce fut alors le tout début d’unenouvelle phase processuelle de redescente consciente, non pas pourproduire à nouveau les plans d’ignorance que nous connaissons et uneâme en errance de retour vers le Point-Source de l’Être, mais, partant dece Point “suprême”, de cette ultime évidence de Soi, Être-Lumière-Amour, pour ré-étalonner l'univers, la nature et le corps sur une nouvellefréquence organisatrice et structurante de l’énergie, afin de donner unenouvelle équation dans le mode vibratoire révélant ainsi, au sein mêmed’un univers mentalisé que la spiritualisation avait laissé dansl’ignorance, une “nouvelle donne” capable de tout changer... Car cetteLumière blanche dorée est la Puissance créatrice/destructrice qui peutstructurer l’univers ou la nature non plus de façon mentale, avec despensées, des mots, des images mais d’une façon radicalement non-mentale ou “supra-mentale”.

Aussi spirituel soit-il, ce mental est donc remplacé par un nouveaumode de structuration de la nature, donc une nouvelle Intelligence de laVie offrant des plans de connaissance encore insoupçonnés, et desréserves de l’Amour encore non-déversées dans le vase de la naturehumaine... Cette redescente est une re-Création consciente, un véritablebig bang de l’univers mais conscient cette fois-ci, et non plus mental,c’est-à-dire dualisé... Là “l’ultime” réalisation ne consiste plus ou plusseulement à être réabsorbé dans l’unique Transcendant, mais que

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l’Unique Transcendant, Lui dans Son Corps d’universalité, Lui dans SonTout-Possible de Connaissance et de Puissance révèle Sa Totalité “trans-immanente” à travers un corps matériel d’Amour-Beauté qu’aucuneréalisation spirituelle n’a jusqu’à présent pu permettre !!... Ce qui signifiel’émergence d’une nouvelle espèce psycho-physiologique !!...

De ce fait, la doctrine manichéenne qui enseigne que la matière estrégie par le binaire ténébreux de façon éternelle et irrémédiable, n’est pasune réalité complète lorsque se prononce cette phase de redescente. C’estpourquoi cette dernière ne correspond guère à des témoignages dont nousavons “l’habitude”, si ce n’est que j’ai pu la retrouver nettement annoncéeet expérimentée dans les œuvres de Sri Aurobindo, de la Mère, deSatprem, voire dans certaines œuvres de J. Krishnamurti et de U.G. qu’ilfaudrait approfondir...

C’est ainsi que la première rencontre avec Mère Meera en février90 fut une opportunité de vérification très puissante et minutieuse del’alchimie alors en cours dans mon véhicule. Elle me permit aussi deconstater combien la Présence qu’incarne Mère Meera m’était familière,intime... Merveilleuse cette sensation de transmission directe qui s’estalors opérée dans l’atmosphère totalement silencieuse qu’Elle instaure.J’ai tout de suite reconnu qu’Elle était une Émettrice de la même Intentiondescendante, à ceci près que la qualité de puissante Douceur de laLumière Blanche me fut plus tangible et prit plus nettement effet dansmon véhicule par son entremise.

D’autre part, cette rencontre avec Mère Meera mit en lumière unezone “étrange” où il ne fut pas possible de la rencontrer en dehors de cetype de transmission et de protocole, voire même je fus éconduit aprèsdeux ans où j’allais la voir de temps à autre ! Éconduit pour l’apparenteraison que je n’avais pas “respecté” un soir les conditions de satransmission lorsqu’une prodigieuse intensité d’Amour et de Joie metraversant provoqua une manifestation un peu trop extériorisée dans monvéhicule. Ceci ne fut pas toléré bien que j’aie tenté de faire entendre à sesaides de camp qu’il m’avait été impossible de faire autrement. Après cetincident, Mère Meera Elle-même ne voulut plus que je remette jamais lespieds à son darshan !!...

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Bien que je reconnaisse intimement que sa Présence est opérative,je reste donc circonspect à l’heure présente quant à Mère Meera vu lesdifficultés de l’approcher et d’avoir un échange circonstancié quant à unesituation. Ce fut la première fois que je pris conscience que les autrestransmetteurs spirituels pouvaient se méprendre à ce point sur ce qui sepassait concrètement chez un autre et qu’il y avait là comme une cécité etune immaturité quant au possible que la Force consciente Peut Vouloirchez un autre instrument ou véhicule d’Elle-même... C’est à partir de cetteexpérience que mon enquête naturelle mit en question toutes les formesde transmission, à commencer par la façon dont je pouvais moi-mêmeinduire ce type de mal-entendu dans mes propres “relations”. C’est aussià partir de cette période que j’ai pu noter que la nature humaine encorenon transformée par la Lumière produisait systématiquement ce type deméprise, d’incompréhension, de non-compassion et de condamnationd’autrui sous des prétextes de “non-respect” du protocole, etc.

À l’heure où j’écris cette note, je suis certain que c’est cela quis’est joué subtilement lors de mes rencontres avec les instructeursspirituels, et que c’est ce qui se joue plus ou moins ouvertement danstoutes les rencontres entre les enseignants ou transmetteurs, à quelqueniveau hiérarchique qu’ils se trouvent. Dès l’été 90, la “descente” de laLumière a mis l’accent sur l’exploration de cet “angle mort” lié à cet écartabyssal entre la Conscience pure, voire transcendante et la naturehumaine-animale conditionnée. Cette exploration par infusion constanteet brûlage des couches de mentalisation subconsciente pesant sur la naturen’a cessé de s’approfondir depuis lors au fil des années et se poursuitaujourd’hui même de façon décisive en révélant cette frontière entre lecorps vital-physique mentalisé et le corps cellulaire. C’est ici que jesollicite l’Attention de nombreux individus en voie d’Alchimisation duFeu descendant afin qu’ils révisent ce qu’ils disent du stade où se trouveleur “processus”. Je ne cesse de rencontrer ici et là des exemples où lepiège de l’interprétation les garde dans l’orgueil de se croire plus avancésqu’ils ne le sont en fait... Ce piège les maintient dans l’aveuglement et uneforme plus ou moins subtile de récupération des parties purifiées de leurnature par le vital de pouvoir. La simplicité de l’échange dans la vie estalors tronquée, puisqu’ils se positionnent d’emblée comme desinstructeurs vis-à-vis de l’inconnu qui vient à leur rencontre...

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Maintenant, si j’ai pu insister d’une façon didactique oupédagogique sur le caractère processuel de cette “descente”, sur le fait quenous ne pouvions pas brûler les étapes, je dois tout aussi bien préciser quele processus ne suit pas une linéarité mentale et qu’à chaque station, c'estla Totalité de l'Intention qui se met en forme. C’est-à-dire que le germe dela Totalité du Processus s’est manifesté à chaque phase aussi totalementque possible, entier, mais en même temps phase par phase, chaque phasepréfigurant les suivantes au moment même où elle se révélait. Ainsi la“descente” prépare la “montée”, la “montée” favorise, conjointement à la“descente”, l’élargissement, l’horizontalité et le sommet se renversantvers sa base...

Ainsi ce journal témoigne-t-il à plusieurs reprises de ces percéesou expériences annonciatrices de réalisations futures (notammentl’expérience du 12 juillet 88 préfigurant l’Intention de la Transformationceci avant même la première percée décisive dans l’universel denovembre 88). C’est à partir de ce constat qu’une Vision vaste confèreune attitude souple vis-à-vis des possibles alchimiques pour soi et pour lesautres. D’ailleurs, si je reprends certains poèmes contenus dans “Descentede la Lumière” (87), il y avait déjà, préfiguré, ce fil conducteur etobsessionnel de l’irradiation de la nature par le Feu de l’Amour alors quela phase du Processus en cours à ce moment-là était le dévoilement duNoyau-d’Âme.Ce qui montre que, dès le départ, cette sensation de la“descente” de la Force me mettait en contact avec l’Intention qui l’animeen Son Origine : la Transformation. L’essentiel étant de bien distinguer ensoi les ouvertures annonciatrices de phases ultérieures du Processus et lesréalisations permanentes dans une station donnée sans rejeter lesparadoxes dans lesquels nous mettent les percées annonciatrices de cetteIntelligence-Force sphérique...

Le processus a mis conjointement en évidence le dévoilement dela Conscience “statique” par la redynamisation et la purification del’énergie mentalisée et a fait de cette base statique une assise pour untoujours plus intense et ample déploiement conscient de l’énergie de vie.Il y eut donc un mouvement dialectique ininterrompu entre la statique etla dynamique. Et s’il m’est arrivé de vouloir me réfugier dans certainesstations pour éviter les affres des apparentes contradictions entre statiqueet dynamique, c’est parce que le processus ne permettait pas encore uneconjugaison qui se cherchait trop maladroitement alors.

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D’autre part, bien que j’évoque l’Absolu comme Néant de l’Êtreet de tout l’univers, je n’en suis pas pour autant “nihiliste”, “védantin”, ou“bouddhiste” ; je traduis tout simplement par ce mot un fait naturel,comme par exemple : “du sommeil : le réveil ; de l'Absolu Néant : lePoint-d'Être”. C’est pourquoi je précise que du Néant surgitnaturellement l’Être dans Son Tout-Possible où la Transformationsupramentale prend place. Ainsi, je ne fais pas de cette Transformation unabsolu, une revendication, ou une école, mais un fait que je mentionnedans le Rythme respiratoire constant entre la double nostalgie de l’Êtresuprême à s’abolir dans le Néant (l’ultime pointe de l’Intentionascensionnelle) et à S’affirmer totalement et glorieusement jusque dans lecorps le plus dense (l’extrême pointe de l’Intention de la Descente)puisque cela se produit ainsi et qu’il est juste aujourd’hui que j’entémoigne, quelle que soit l’approbation ou la désapprobation que cejournal suscitera chez ceux qui s’y pencheront attentivement. Je nevalorise pas plus l’Inspir que l’Expir, je tente d’être au plus près duRythme intégral du Souffle.

Et sur ce point, une clé m’apparaît aujourd’hui comme décisive,c’est celle de l’insatisfaction permanente d’une quelconque station deréalisation intérieure, aussi merveilleuse soit-elle, tout au long duProcessus. Alors que bon nombre de témoignages et d’écrits imposentleur point de vue comme étant “l’ultime réalité”, je fus moi-même enquelques années poussé à être le lieu d’une expérimentation del’ensemble de la géographie humaine et supra-humaine dans sa phased’ascension comme de descente. Après coup, et ayant écouté et lu de cestémoignages d’Orient et d’Occident, je me sens intime avec l’ensemblede ces témoignages mais, très souvent, je remarque les limites et lesformations dogmatiques dont les différents auteurs se font les défenseurs,voire les doctrinaires. Chaque témoignage, aussi véridique soit-il,voudrait poser telle ou telle station comme le fin fond de ce qui peut êtreactualisé ou réalisé du Mystère d’Être Homme...

Il est clair qu’en miroir de ce type de fonctionnement réducteur, cejournal pourra apparaître à plus d’un comme le témoignage d’unégarement. Or, cette insatisfaction m’apparaît être justement une clédécisive parce qu’elle nous pousse à la frontière, nous met en phase avecces formations, ce type de dogmes qui nous habitent tout au long du

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voyage et viennent censurer à chaque palier toute possibilité d’aller plusloin. Aussi, ce journal met en évidence que celui qui en fut le lieuexpérimental fut constamment poussé à ne pas s’arrêter et à ne pascréditer trop longtemps ce qui voulait m’empêcher d’aller plus loin aucœur du Tout-Possible.

Ainsi, de l’insatisfaction humaine à la réalisation de l’Âme ou duMoi immanent, et de celle-ci à la Conscience universelle trans-humaine,voire par-delà dans le Transcendant s’abolissant Lui-même dans l’AbsoluNéant jusqu’à la redescente pour la Transformation de la nature, le mentalest intervenu à chaque pas en exerçant sa pression, son chantage, en criantau délire ou à l’impossibilité d’aller plus loin. Aujourd’hui, la leçonm’apparaît clairement : il ne faut pas craindre de remettre en questiontoutes les autorités spirituelles du passé ou du présent si cela s’impose,comme cela s’est imposé ici.

Lorsque je contemple l’ensemble de ce roman de vie, de ce romanprocessuel, je le vois d’un seul coup d’œil comme une merveilleuse etparfaite mise en scène jusque dans les moindres détails où rien ne fut lefruit du hasard, où tout se déroula selon une architecture impeccable afinque l’Intelligence-Amour produise un prototype apte à la recevoir et àl’incarner selon Sa Nécessité de dévoilement d’Elle-même pour notretemps. Ainsi, ce roman processuel, de la naissance puis duquestionnement de l’adolescent dans les conditions occidentales les plusréfractaires jusqu’à la floraison d’aujourd’hui, a donné sa note par soncaractère solitaire, sauvage, de “pionnier”. Il fallait une âme apte à ne selaisser enfermer dans aucune “boîte-à-réponses” pour la fécondation ensecret par un Inconnu plus vaste que toutes les données spirituellespassées. D’où le scénario du “rejeté” ou du “poète maudit” qui concourutà mener ce fruit à l’épuisement et à l’Abandon inconditionnel à cettePrésence-Force transcendante, mystérieuse, qui voulut prendrepossession le plus entièrement possible de ce petit bonhomme commetout le monde...

N’est-il pas aussi un fait que je suis en quelque sorte passé du“poète maudit” à “l’éveilleur maudit” ?... J’ai la certitude aujourd’hui quetoute la vie est le Processus, et que la “ténèbre” ou “l’ego” sont déjà lesexpressions ou les caricatures inversées mais exactes jusqu’au détail près

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d’un Original lumineux qui Veut se révéler à travers le jeu même de sondouble ténébreux. Ce “processus” universel passe par cette phase destructuration égotique comme une larve nécessaire à l’éclosion d’unenouvelle forme plus appropriée au dévoilement et à la révélation de laConscience dans Ses attributs encore insoupçonnés. Cette Vision en uncl’Un d’Œil est la sereine Connaissance que la souffrance dont l’humanitéfait l’expérience est DÉJÀ Amour-Compassion et qu’il ne nous reste plusqu’à réaliser et vivre cette évidence dans ses ultimes conséquences, c’est-à-dire vivre cette irrépressible nostalgie de sortir du cocon protecteur etdouloureux de l’ego inférieur pour aspirer plus naturellement à êtreconsciemment le Mystère que nous sommes de toute éternité.

C’est pourquoi aucune théorie ou thérapie rationnelle ne sera lapleine réponse à la question de la souffrance de l’homme car celle-ci estinéluctable et incontournable jusqu’à ce jour pour permettre à une âmed’éprouver consciemment les limitations de ce que l’on appelle “l’ego”,cet agent mental de transition structurant l’énergie-de-vie de façonantagoniste et apparemment hétérogène.

Le Mystère de la souffrance et de la mort, en partant de lanaissance, voilà le ternaire dont nous avons besoin pour le dévoilement denotre réalité métaphysique avant que ne s’ouvre la possibilité d’unemutation de la nature physique.

À suivre...

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Sommaire

Note de l’éditrice..........................................................Préliminaire au processus / 1987.................................1988..............................................................................1989..............................................................................1990..............................................................................1991..............................................................................Récapitulatif.................................................................

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