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Première parution de JeanMarie Magazine, 74 pages, quadri, carré-collé. Nous contacter pour toute commande : [email protected]
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On l’a croisé alors qu’on était loin de la maison. On l’a croisé dans un rade, parce
que c’est bien là, le centre du monde. C’était à Sydney. Ensemble, on a écumé des comptoirs à Bondi après la plage, on a rigolé au Hollywood Hotel à Surry Hills, il a payé sa tournée plus souvent qu’à son tour, ouais, c’est un bon copain. Et puis, il a de grands yeux, de grandes oreilles, de grandes dents. Pour voir quand c’est beau, écouter quand ça sonne, et s’en mettre plein la panse. Il a surtout croisé tout plein de gens assez incroyables, ceux du coin de la rue, ceux de l’autre côté du mur qui ont plein d’histoires à raconter. Ceux qu’on oublie de saluer parfois. Lui il leur cause et il les écoute surtout. Sous la main, un chouette appareil photo et un beau vélo. On vous le présente aujourd’hui : il s’appelle Jean-Marie. On lui dit merci, grâce à lui, on a fait notre numéro et puis, plus fort, on s’est bien amusé.
Et surtout, n’oubliez pas, JeanMarie n’a pas, n’a plus, le monopole de Jean-Marie.
Edito.
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Editors-in-Chief
Yann Audic / Steven Largouet
Contributeurs
Alice M. Cooper
Gael Guengant
Billie Hodgson
Melissa Howe
Naoko Nishizu
Antoine Ronco
Kristy Swan
Maquette
Gosia Gasiorowski - Sydney
www.gosh-ahh.com
Vous voulez nous proposer un reportage, une interview, des photos ou
vous avez une bonne idée ...
... Ecrivez-nous
JMM #00
p. 10 p. 12 p. 20 p. 36
p. 56 p. 66 p. 68 p. 76
5
“Avant j’allais faire mes courses à vélo quand j’étais écolo, mais maintenant
j’y vais en mobylette. Pourquoi? Parce que les écolos, ils se sont structurés
en parti politique et que comme tout parti politique, c’est de la merde.
Donc pour me venger, avec ma mobylette, j’aime bien polluer. Je la laisse
tourner devant chez moi, histoire que ça pollue un petit peu, quoi. C’est ma
manière de dire, écolo, t’es comme les autres, tu n’es qu’un enculé!” Paulo
Anarkao (anarchiste vivant dans un pays voisin de Groland)
De manière plus diplomatique, et bien qu’on aime les chiens d’apparat, une
petite sortie aux courses, une soirée au cynodrome, appelons-le “Wentworth
Park”, crier sur des cabots plein les fessiers de piqures de vitamines, c’est bon,
brailler comme on n’oserait pas le faire sur les amis verts. Dans le bas du
quartier de Glebe, à deux pas du port de pêche, les projecteurs s’allument
le vendredi soir pour les vieux addicted (200 dollars sur le lévrier en gilet
bleu, c’est beaucoup, non?), les cadres qui sortent des bureaux et veulent un
comptoir et tout perdre avant de lancer la nuit (histoire de ne plus avoir
assez de monnaie pour des filles). Et de la lumière pour quelques enfants
qui aiment les chiens. On se prend vite au jeu, puis on regarde les vieux et
on se dit qu’il vaudrait peut-être mieux aller voir les filles. Ou se limiter au
Rapido.
Pour un Burger King, une piscine. Ce n’est pas une
offre spéciale, happy meal pour le petit, un billet pour
patauger, non on est plutôt dans la mise en perspective
géographique. Il y a beaucoup de Burger King, il y a
beaucoup de bassins olympiques. D’où les champions
de natation. Il y en a eu une, médaillée olympique qui
s’appelait Fanny Durack. C’est un nom qui sonne, qui
coule, un peu comme Kiki Caron. Et qui fait sourire,
et oui, fanny, en anglais pour petits, c’est la chose des
filles, c’est drôle, un peu comme kiki (devant Caron).
A Petersham, la piscine a pris son nom, depuis on
tente « Fanny est ouverte ce matin ?», et on sourit, « il
faisait super bon à Fanny aujourd’hui », blague. Elle
vaut mieux qu’un jeu de mots, mieux qu’un bassin
d’eau de mer (les « rockpools » qui jouxtent toutes les
plages de la côte), elle est tout de briques, 33m de long,
rarement plus de trois dans son couloir et des gamins
qui viennent plonger histoire de laver les doigts plein
de ketchup, restes de sandwich préparé par maman au
barbecue sur le bord. Hypoglycémie ? Oublie le Grany,
le Bueno, le maître-nageur te file un cornet de frites
pour 2 dollars. Prochain anniversaire : ballons de
baudruche, saucisses, packs de 6, lunettes de plongée.
Pas de réservation. Tout le monde est le bienvenu à
Fanny. Sourires entendus.
We
City - Opera
Surry Hills
North Sydney
Glebe
Petersham
6
Le premier truc qui compte vraiment quand on n’est
pas à la maison, avant même de regarder du côté des
pâtisseries, c’est de savoir si la presse locale vaut le
coup. Et ce n’est pas souvent une partie de plaisir que
de s’attaquer aux Newsagents. Dans cette ville, on a
le choix entre le Sydney Morning Herald et The Daily
Telegraph, le second appartenant à Rupert Murdoch,
on se rabat sans enthousiasme sur le premier. Comme
c’est écrit petit, qu’il n’y a pas un nom de connu dans
les pages obsèques et qu’ils ne daignent pas filer des
notes aux joueurs après les matchs de soccer, on n’en
fait pas un rendez-vous quotidien. Mais quand arrive
le samedi, on craque pour le SMH et les suppléments
du week-end qui font qu’on regrette de ne pas avoir
de porte-bagages pour rentrer jusqu’à la maison tant
il est volumineux. Et bien dans tout ce tas, il y a
le cahier Good Weekend, et parmi tous les conseils
destinés aux filles jeunes et jolies, il y a une rubrique
qui est vraiment drôle, elle s’intitule : You do what?.
Le sous-titre annonce l’enjeu : ordinary people with
extraordinary jobs. Et d’imaginer, des gamins le jour
de la rentrée scolaire, à l’heure de remplir la fiche de
renseignements, métier du père : mécanicien sur les
manèges du Luna Park (taf qui consiste surtout à
s’occuper des boulons sur la grande roue, le nez sur les
rails du petit train, visser toute la journée), métier de
la mère : prof de hula hoop ou vendeuse-conseillère
en soutien-gorges. C’est l’occasion de perfectionner
son anglais, butler, c’est majordome, de rigoler avec
une archéologue culinaire (colonial gastronomer en
VO) et avec la fille qui doit appeler les vainqueurs
du tirage du LOTO pour savoir à quelle heure ils
veulent récupérer le chèque. Mieux qu’un conseiller
d’orientation en somme. Une boussole professionnelle?
Paddington Bondi Beach
Northern Beaches
Baie de SydneyMerde
Tasmanie
Nord
Sydney
MEET THE LOCALS.Illustrations : Melissa Howe
Cam.
Un jour à Sydney, JeanMarie a croisé Melissa, une amie
d’un ami, une rencontre comme un de ces dessins ...
Toute cette série de portraits, ça a commencé comment ?
J’ai vraiment commencé au début de l’année dernière.
En fait, réellememt un peu avant, je m’étais inscrite à un
workshop de dessin où je me rendais chaque semaine pour
en quelque sorte améliorer ma technique. Je ne parvenais
pas vraiment à dessiner de façon figurative, enfin pas autant
que je voulais. Mes dessins étaient souvent bancals et un peu
durs. Mais quand j’ai montré mes dessins à mon entourage,
tout le monde les trouvait amusants. Donc voilà j’ai
commencé à en faire de plus en plus et à les compiler jusqu’à
ce qu’ils deviennent aujourd’hui la base d’une exposition. Le
dessin n’a jamais vraiment été ma préoccupation principale,
c’était plus la photographie. Mais je crois que c’est excitant
d’essayer différentes choses, d’utiliser différents supports.
Et qui sont ces personnes, comment tu décides qui tu vas
dessiner ?
C’est un mix de membres de ma famille, d’amis, des
collègues ou juste des gens que j’ai rencontrés par hasard.
En fait, ces dessins sont comme un journal. Un journal des
personnes que je croise !
D’après toi, qu’est-ce que ces portraits racontent sur
Sydney ?
Le plus surprenant lorsque je montre les dessins, c’est de
voir les connections entre les personnes, souvent les gens
se connaissent alors que je les ai rencontrés au hasard. Ça
donne l’impression que Sydney est petit au final, que l’on
rencontre toujours les mêmes personnes lorsque l’on évolue
dans un milieu. Voila c’est ce qui m’intéresse en ce moment.
Le travail de Melissa Howe sera exposé au mois de juin à
la galerie Assemblage de Chippendale, Sydney
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Joey. Rocks.Torunn.
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La Relève.Pas de concert de surf-music à Bondi, pas d’Opera House, pas de dîner galant pour Jean-Marie qui
traîne toujours à Sydney. C’est samedi soir, et c’est direction vélodrome. Au magasin de vélo où il y avait un flyer pour la course cycliste sur piste, le gars avait dit que c’était pas compliqué, « de chez toi, tu vas tout droit et c’est juste au bout de la rue ». Question d’échelle, le bout de la rue en Australie, ça peut être vingt-trois kilomètres. C’était vingt-trois kilomètres.
On a raté les courses de jeunes, championnat régional, mais les cadets, les juniors, les espoirs, on les a topés au centre de la piste entre
deux tours. Où l’on apprend qu’ils ont de l’ambition, de l’ambition de futurs champions, que les Jeux qui comptent pour eux c’est
2016 et que Rocky Balboa fait toujours recette. Cinq questions :
A Un cycliste préféré ? Une idole ? Un modèle ?
B Ton rêve pour les prochaines années ?
C La plus grosse performance sur ton vélo ?
D Une chute à nous raconter ?
E Et si on t’offre l’accès à la sono, tu mets quel morceau pour ta prochaine course ?
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Matt Beasley.A Dans les anciens coureurs, je dirais Sean Eadie et actuellement un des plus gros espoirs, c’est Andrew Taylor, il est vraiment très fort. B Essayer d’aller aux Jeux de Rio. En tant que sprinteur. C La semaine dernière, avec l’équipe, on a gagné une compétition sur piste. c’est mon meilleur souvenir. D Je ne tombe pas de mon vélo. J’ai été très chanceux jusqu’à maintenant. E Du heavy metal. Quelque chose rock.
Lara Batkin.A Anna Meares. Elle est championne du monde de sprint et de keirin. B Représenter l’Australie aux Jeux Olympiques. En 2016 peut-être. C Aujourd’hui! J’ai gagné ma course scratch, c’était le championnat de New South Wales, c’est assez important en fait. D J’ai été vraiment chanceuse jusqu’à maintenant, je suis tombé ici même, j’ai eu une petite brûlure mais vraiment rien. Je touche du bois. E “Woman on a mission”, je ne sais même pas vous dire qui chante ce morceau par contre, désolée. (Gabriella Cilmi, la rédaction a trouvé ce coup-ci sur la toile)
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Jacob Jones.A Cancellara. Parce qu’il est vraiment très costaud. B Je veux devenir cycliste
professionnel. Sur route. C J’ai gagné ici l’année dernière. La Clarence Street
Cup. C’était ici. D J’ai eu seulement deux mauvaises chutes. J’ai touché le
haut de la piste sur ce vélodrome, il y a un an, et j’ai heurté la barrière, c’était
probablement la plus spectaculaire. E Je n’ai pas vraiment de musique en tête
quand je pédale. Une chanson que j’aime bien en ce moment? “the A Team”
(la rédaction a cherché et n’a trouvé ni MonEspace ni concert dans la région,
une énigme).
Jordan Payne.A J’aime Fabian Cancellera, il est au-dessus. B J’aimerais beaucoup
pouvoir faire carrière dans le cyclisme en tant que professionnel mais
je veux surtout pouvoir courir le plus longtemps que je peux et donner
le meilleur. C C’est ma première année sur piste, et je crois bien que
ma meilleure course, c’était cet après-midi en fait. D Quand j’étais en
catégorie de moins de 17 ans, je suis sorti de la piste en compétition
à Goulburn, c’était assez impressionnant. Je n’ai pas eu très mal, juste
quelques brûlures et quelques cicatrices. E Peut-être Coldplay. Ou David
Guetta, son morceau “Titanium”, ça pourrait très bien le faire.
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Benjamin Green.A Shane Perkins. Sprinter sur piste, je crois que son palmarès pour lui, c’est ça
qui compte. B Rio de Janeiro, les Jeux Olympiques en 2016. Keirin, vitesse, des
courses rapides et courtes. Il me reste cinq ans pour progresser, mais je compte
bien tout donner. C Les championnats du monde sur piste en Italie l’année
dernière. Je suis revenu à la maison avec une médaille d’argent. C’était une super
expérience d’aller à l’étranger, de découvrir une autre culture. D J’ai eu deux,
trois grosses chutes. Je suis un regular crasher. La plus grosse, c’était sûrement
l’année dernière, j’y ai laissé un peu de peau et j’ai cassé mon vélo, c’était une
belle chute celle-là. E “Eye of the Tiger”. J’adore Rocky. A bit of a fight. Ouais,
j’aime la bagarre pendant la course, ça ma plairait je crois.
Megan Bagworth.A Cadel Evans. Il vient de gagner le Tour de France, la plus belle course au
monde. Anna Meares est mon modèle sur piste. Elle est revenue au haut
niveau après s’être fracturée le cou, et elle a couru si bien aux derniers Jeux. B
Juste d’aller sur la piste, de prendre part à la compétition et d’être une honnête
cycliste. Faire de mon mieux quand je suis sur mon vélo. Le rêve, ça reste de
représenter mon pays un jour. Je ne serai pas prête pour 2012, mais les suivants
peut-être. C Je viens de commencer en compétition. De courir avec des gens
qu’on admire, ce sont des moments assez incroyables déjà. D Je ne m’en sors
pas si mal. J’ai chuté rarement, rien d’assez grave pour m’empêcher de reprendre
mon vélo. E “Eye of the Tiger”. Je crois que ça me motiverait vraiment.
Encore plus!
MAG
www.jeanmariemagazine.tumblr.com
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In THE MuSETTE. YOu CAn TROuvER. Clockwise de left à right.
1. One livre, there is toujours time to tuer. En english, indeed, on try to améliorer the
grammaire and the lexique.
2. One porte-monnaie, with plein de dollars inside.
3. Barre de céréales. Always bon for ton body.
4. One banane parce que “cool bananas”.
5. Some dried abricots. Cultivés in Australie.
6. Le sandwich. Home-made la veille at night. Raisin-bread, danish salami, australian
fromage et avocado instead of breton beurre.
7. Keys de the maison, key du locker.
8. One stylo. Très nice. It’s un Rotring Tikky Graphic 0.7. If you voulez le same.
9. One carnet of notes. Precious.
10. The pompe. Precious (malheureusement too souvent used).
11. Inner-tube de rechange.
12. Passeport. Some gens want to voir ma face et mon name sur le paper.
13. Sydney directory. All the rues, all the routes.
14. Intermec. The lien between moi et le manager. Un computer, un phone.
15. Un phone portable.
16. To change l’inner-tube. No idée of the nom.
Jamal : J’ai toujours adoré les vélos.
J’ai fait de la compétition quand
j’avais 12, 13 ans. J’ai toujours voulu
devenir messenger mais je n’y croyais
pas trop. J’ai fini l’université l’année
dernière, et un de mes meilleurs
copains a été diagnostiqué avec un
cancer. Ce n’est pas compliqué, j’ai
réalisé que la vie était courte, que je
devais faire ce que je voulais vraiment
faire, je suis venu ici et je suis devenu
bike messenger.
Robin : Bike messenger, ça m’a
toujours semblé un job incroyable
mais j’étais un peu effrayé, je pensais
que c’était bien trop dur pour moi.
Un de mes copains s’est retrouvé à
faire ce boulot alors qu’il ne roulait
pas mieux que moi, voilà je me suis
dit que s’il pouvait le faire, je pouvais
tenter ma chance. Ca fait maintenant
un an de cela.
Et alors, quand est-ce que tu as peur ?
Parce que quand on tape « bike couri-
er » en recherche sur Youtube, on tombe
sur une marche funèbre, hommage pour
un gars mort au combat. Pas drôle.
Anton : J’imagine que c’est de voir
apparaître un piéton entre deux
véhicules quand le trafic est au ralenti.
Je me vois parfois en percuter un
alors que je suis à pleine vitesse entre
les voitures. C’est bien ça qui me fait
le plus peur. Hier remarque, j’ai dû
freiner, pieds au sol, mon pneu arrière
était rendu au niveau de ma tête, le
vélo vertical derrière moi pour éviter
d’entrer en collision avec une voiture.
Je touche donc du bois, je n’ai pas
encore eu mal ni fait mal à qui que
ce soit.
Andrew : Sûrement de me manger
une porte, ouais, j’ai peur de voir
une portière de camions s’ouvrir
à mon passage et de me couper la
main. Pour être honnête, je n’ai pas
peur de grand-chose. Parfois, je me
méfie de certaines voitures qui ne
respectent pas les règles, ça arrive que
tu ne puisses pas réagir assez vite et
tu te retrouves par terre, ça m’arrive
mais je n’ai pas trop peur de ça, c’est
juste pas très agréable. Il y a quelques
frustrations, les piétons qui traversent
n’importe où ou qui ne regardent que
leur iPhone, mais je n’ai pas peur sur
la route. Et puis, je compte aussi sur
mes prémonitions, tu sais c’est drôle,
mais souvent, je double et je sens que
la porte va s’ouvrir. Ça m’a sauvé plus
d’une fois.
Jamal : Ma seule peur c’est qu’on me
vole mon vélo et que je ne puisse pas
travailler. Parfois, c’est vrai, j’ai peur
de faire mal à quelqu’un, notam-
ment quand un piéton se retrouve
à traverser au mauvais endroit, je ne
voudrais pas le percuter à ce moment-
là. Mais c’est tout.
Et qu’est-ce qui n’est pas drôle ?
Anton : Perdre du temps. Etre ralenti.
Que ce soit par le trafic, les piétons,
les ascenseurs qui n’arrivent pas. Ce
que je veux c’est y aller, go go go,
toute la journée. Push push push.
Andrew : Je déteste la pluie. C’est
le seul truc qui me dérange dans ce
boulot, quand la route est humide.
Ma copine est chanteuse d’opéra et
elle aimerait bien bouger sur Berlin,
il paraît qu’il y a une bonne scène
opéra, en Europe c’est là-bas qu’elle
pourrait trouver du travail. Forcé-
ment, la météo n’a rien à voir avec ce
qu’on peut vivre ici. Alors, j’essaie de
m’y préparer. Mais vraiment, Sydney,
c’est parfait pour être bike messenger,
c’est la meilleure ville au monde.
C’est mieux que New York, mieux
que San Francisco.
Jamal : Je hais quand je débarque
dans un bureau et que mon courrier
n’est pas prêt, qu’il faut que j’attende
10 ou 15 minutes. Il y a des gens qui
ne comprennent pas notre travail, on
a des jobs urgents à livrer dans notre
sac, et souvent tu les vois prendre leur
temps. Pour nous, time is money.
Et le courrier le plus sympa à livrer ?
Parce que le plaisir, c’est l’essence quand
même.
Anton : N’importe quel job qui va
vers 201 Sussex Street, je suis content.
J’aime cette tour, ça veut dire que je
vais pouvoir m’amuser dans la descen-
te. Pour ce qui est de l’architecture,
je crois que c’est le 1 Shelley Street
que je préfère. 60 Margaret Street,
c’est bien aussi, ils ont un bol plein de
bonbons (des Sherby’s) sur le bureau,
ça suffit à mon bonheur. Parfois, je
prends le temps de lire les plaques, en
bas des tours, l’histoire du building.
C’est dur de regarder plus haut que
les deux premiers étages, et un jour tu
lèves les yeux et tu découvres tous ces
niveaux jusqu’au ciel.
Andrew : Les meilleures livraisons
sont les plus courtes. Quand tu peux
récupérer un dossier à un étage d’un
building et le livrer trente niveaux en-
dessous, juste prendre l’ascenseur. Ou
aller sur North Sydney, pour passer le
pont. Et puis Garden Island, la base
militaire, il y a toujours des trucs un
peu fou, sécurité et compagnie, et tu
te promènes à bicyclette au milieu de
tout ça.
Jamal : N’importe quel taf vers
Pyrmont ou Ultimo, il y a tellement
d’options pour y aller. Si une route ne
marche pas, tu peux choisir dix autres
parcours différents. Tu fais marcher
un peu ta tête.
Robin : Juste avoir le droit de descen-
dre Foveaux Street. Ça me fait pleurer
tellement c’est bon.
47
Visite Guidée
Number 01 Sable & Argentle shop next door.Texte & Photographie : Yann Audic
Première visite guidée avec JeanMarie. Il y a quelques
jours, on est allé faire un tour chez Sable&Argent,
magasin de vélos situé dans les quartiers est de Sydney, à
Wooloomooloo même, avec 8 “o” ! On est sans peur et
sans reproche chez JeanMarie, mais bon on n’irait pas faire
du camping là-bas même s’il y a du goût dans le quartier.
Bref, on va chez Sable & Argent pour admirer les vélos,
on s’imagine descendre Oxford Street pleine balle sur un
fixie Bianchi, on peut lire Rouleur Magazine et rêver au
Tour de Californie et surtout on peut boire un café à l’oeil
en discutant avec les locaux.
85 Bourke Street
Wooloomooloo NSW
47
Retrouvez notre reportage vidéo et interview sur www.jeanmariemagazine.tumblr.com
49
Bic Replica Casquette
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50
Photographie. Yann AudicModel. Francesco Stockist. Sable &Argent, Wooloomooloo-Sydney
Caquette RAPHA G’mans
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Caquette et Gants RAPHACuissard Cross ProTeam 3/4 RAPHAMaillot SANTINI Rétro
Caquette et Gants RAPHAMaillot SANTINI Rétro
Caquette RAPHA G’mansChemise denim POTENTIEL of HYDROGEN
Tee-Shirt et Short Denim POTENTIEL of HYDROGEN Sac à Dos Mission Workshop, Sanction
Casquette RAPHA
53
Tee-Shirt Sydney Hardcourt Bike-Polo ClubGants de Hockey sur Glace, models own
Maillet de bike-polo, models own
sableandargent.com.au
rapha.com
potentielofhydrogen.com.au
catlike.com
54
Cuissard RAPHA Cross Proteam 3/4Casque CATLIKE, modele Whisper Plus
55
The Paper Run.Ecrit par Alice M. Cooper
Illustration Antoine Ronco Billy knew the paper run like the back of his hand.
He knew every letterbox, from High Street to
May Road and every crescent, parade, no through road,
cul-de-sac and terrace in between. He’d done the job for
exactly one and a half years, taking over from his sister,
Sarah who had retired at fifteen and nine months to
take up a position on the drive through at Red Rooster.
Her role was more lucrative than delivering papers and
so, made it possible to save for the school Outdoor
Education trip to Tasmania. Her parents had agreed to
a deal in which they paid for accommodation and travel
and she took care of the rest. By her calculation she
needed a good three hundred and fifty dollars, and that
would take roughly forever on paper run pay. Of course
there was an undeniable irony in the job move, in that
in order to save money to go on a wilderness trip she
had to work inside a most unnatural concrete slab of a
building, stand over a deep fryer and consume far more
chips than is suggestible for a girl with a family history
of heart disease.
But for Billy, at the ripe old age of thirteen, the delivery
job was perfect. It allowed him to spend big at the Tuck
shop and shout his mate’s soft drinks at the swimming
pool on the weekend. Basically the run made Billy,
the kid, feel like Billy the King. And he liked that. He
enjoyed the little bit of independance the paper run
money gave him. But it was good for one another
reason too. Billy was not a small boy, indeed he was
bigger than most of the boys his age and not just in
height but around the belly and the thighs too. He had
good friends and was not unpopular, so the weight
wasn’t a great issue, but Billy realized around the age of
twelve and a half that he didn’t look much like his idol
Ryan Giggs, and being a smart kid, he thought perhaps
if he got out a bit more he would be one step closer to
emulating the Man U great. So the job was a win win;
the money rolled in as the flab rolled off. His best mate,
Rich, also mentioned that Jessica, one of the prettier girls
in their grade and Billy’s long term but totally-top-secret
crush, had certainly passed more than a sideways glance
at him in recent months.
The run began at the newsagent at five thirty am. There,
he was greeted by one of two people, Judith or Gary
Gower, the owners of Gower News. Judith was usually in
her apricot dressing gown clutching a cup of coffee when
Billy arrived, already slightly sweaty from the power up
the hill to the Greenville Shopping Village.
Morning Mrs Gower.
Morning Bill.
How’s Fred doing?
Dad’s going to pick him up tonight. Bit weird to think he’ll
only have three legs. Judith gives a consoling smile.
Oh well, better than being put down eh?
Yeah, for sure-
Gary, a pot bellied pale man with a Santa white beard,
brings out a pile of rolled up newspapers.
There’ you go. And remember the Hunters are away so-
Sure. Thanks Gaz, Billy replies as he shuvs the papers into
his enormous backpack.
Ok, later.
Bye Bill, Judith called out as she pours out the dregs of
her coffee onto the pot planted Cumquot tree at the
entrance to the shop.
Billy began the descent down the hill. He loved this time
of the morning. His dad reckoned he was born to be a
tradie or an Olympic swimmer, liking the early mornings
so much. Bill began the overhand chuck he had perfected
so well. He played cricket and felt that helped with
delivering the papers with good line and length, getting
most of them within two to three metres of the front
door, provided there was a good line of sight. He gave
himself a small celebratory ‘yesss’ when it landed on the
doormat. As he rode down the hill, he noticed a small
Border Collie weeing on the median strip up ahead. This
was a new pooch. He knew most of the neighbourhood
dogs because they either chased after him or yapped at
him. It was also a predominantly Labridoodle/Golden
retriever kind of suburb, so a black and white mutt stood
out.
Billy flicked another paper into an anomalously
disheveled yard, skillfully applying a slight break with
his left hand and reaching behind into his sack with his
right. As his head turned to face forward, he saw a whiff
of black and white dog dart behind a reversing car. He
let out an impulsive ‘No!’ right before he met a flash of
his own face in a windscreen, before black. Then white.
Newspaper batons fell to the ground like a Giant’s game
of Pick up Sticks.
In the white, Jessica appeared, all big brown eyes and
long auburn hair. You’re nice she said as she handed
him two tickets to Old Trafford. And you’ll be needing
this placing a boarding pass in his hand: Heathrow
International. I’m coming too, hope that’s all right.
Sure.
Suddenly they were both on his bike, tearing up the
plane tickets, and cycling through the clouds. A Border
Collie cloaked in a velvet dressing gown waved to them
as they passed. Old Trafford’s gates appeared in the
distance. Soon, the crowd could be heard. They took
their seats, A Reserve no less. Giggs was selling ice cream
down the aisles so Billy bought a couple of Cornettos
and had them signed by the great. Then as he took a lick
of the vanilla ice cream, the white started to dissolve and
brown eyes and lips appeared before him.
Billy.
Billy.
Billy.
Can you hear me?
The blurred vision of a familiar face started to take shape.
Billy.
Billy.
It’s Jessica. I’m in your class.
For a brief moment when Billy came to, he could hear
Jessica’s soft voice but momentarily decided not to speak.
This was a moment to savour; his crush leaning over
him, her eyes filled with care and concern.
Eventually, he muttered a slightly woozy Hi Jessica.
Oh thank God, she exhaled, you’re ok !
You flew into the side of our car. Dad was reversing and
Badger ran out so he stopped the car and bang ! You crashed
into my window.
The Border Collie from earlier, approached Billy
horizontal frame and panted excitedly before moving in
for the big lick.
Badger ! Badger ! Get off him ! get off him, Badger ! Badger
! Jessica squealed as the dog affectionately slobbered all
over Billy’s sweaty face.
Sorry Billy. Jessica said as she tried to control the dog. We
just moved in on Sunday and mum and dad haven’t had
time to fix the gate, so Badger keeps escaping.
It’s alright, I like dogs. Even one’s that nearly kill me, he
laughed.
Anyway, my Dad’s impressed, look where the paper landed.
Billy peeled his body off the ground and saw the
newspaper dead centre of the front door mat.
Perfect delivery.
Here, she said, taking his arm to assist him to stand,
come in, I’ll get you some Band Aids.
Arm in arm, they headed slowly down the pebbled
driveway to the front door, Badger weaving in and out in
front of them as they walked.
Inside the house, Billy sat patiently on the edge of a
newly cleaned bath, his grazed palms resting on his knees.
Jessica sat down beside him and expertly lifted his right
hand and dabbed the wounds with a warm face washer.
It stung like hell but Billy didn’t flinch, his eyes fixed on
Jessica’s reflection in the enormous mirror opposite where
they perched. As she gently placed down his right hand
and picked up his left, Billy thought “I could make a
habit of this crashing”. And in that moment Badger burst
into the bathroom, rested his head on Billy’s lap and
smiled knowingly at the boy.
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COLLECTION.Collectée par Steven Largouet & Dessinée par Naoko Nishizu
CECI EST UNE CAPSULE
DE BIERE.
Biére
s pop
ulai
res á
Syd
ney.
61
Travel.
australie / les congésLà-bas les grandes vacances, c’est à Noël, en plein été. Le
25 décembre on va manger chez mémé mais dès le 26
décembre, c’est le départ ! On s’y retrouve au final : le
voyage en voiture, le camping, les baignades, les copains,
les barbecues. On ferait tout pareil même en vacances, et
Claude Levis-Strauss et Cie de soupirer ... invariaaaance.
Wait a minute Claude, y’a Roland qui me soufle un
mot a l’oreille : Cricket. Cette passion estivale qui
n’appartient qu’aux pays membres du Commonwealth,
avec des histoires de battes, de wicket, d’innings, le tout
en pantalon blanc so british. Des matchs sans fin qui
s’étirent sur 3 jours, que l’on regarde tous les après-midis
en digérant dans le canapé. Vous y êtes, c’est l’Australie.
Ces après-midis d’été, écrasés par la chaleur, ils ferment
les volets et allument la télévision. Cricket, Tour de
France, invariance on vous dit.
Words & Photographie : Yann Audic.
Bell’s Amusement.
Batemans Bay. Malua Bay.
Jervis Bay. Galah Parrot.
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Lake Burrinjuck.Binalong.
Mystery Bay. Camping.