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MA G Numéro 00 Australie & Pédales // Sport : Cet été, un Australien en vert sur les Champs-Elysées // Culture : Le renouveau passe par l’hémisphère sud // A la mode : Pédaler certes, mais avec élégance // Société : La culture vélo au pays des voitures // Arts & musique : Reviews et des idées vacances ! 10 Euros

JeanMarie Magazine - Issue #0

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Première parution de JeanMarie Magazine, 74 pages, quadri, carré-collé. Nous contacter pour toute commande : [email protected]

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On l’a croisé alors qu’on était loin de la maison. On l’a croisé dans un rade, parce

que c’est bien là, le centre du monde. C’était à Sydney. Ensemble, on a écumé des comptoirs à Bondi après la plage, on a rigolé au Hollywood Hotel à Surry Hills, il a payé sa tournée plus souvent qu’à son tour, ouais, c’est un bon copain. Et puis, il a de grands yeux, de grandes oreilles, de grandes dents. Pour voir quand c’est beau, écouter quand ça sonne, et s’en mettre plein la panse. Il a surtout croisé tout plein de gens assez incroyables, ceux du coin de la rue, ceux de l’autre côté du mur qui ont plein d’histoires à raconter. Ceux qu’on oublie de saluer parfois. Lui il leur cause et il les écoute surtout. Sous la main, un chouette appareil photo et un beau vélo. On vous le présente aujourd’hui : il s’appelle Jean-Marie. On lui dit merci, grâce à lui, on a fait notre numéro et puis, plus fort, on s’est bien amusé.

Et surtout, n’oubliez pas, JeanMarie n’a pas, n’a plus, le monopole de Jean-Marie.

Edito.

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Editors-in-Chief

Yann Audic / Steven Largouet

Contributeurs

Alice M. Cooper

Gael Guengant

Billie Hodgson

Melissa Howe

Naoko Nishizu

Antoine Ronco

Kristy Swan

Maquette

Gosia Gasiorowski - Sydney

www.gosh-ahh.com

Vous voulez nous proposer un reportage, une interview, des photos ou

vous avez une bonne idée ...

... Ecrivez-nous

[email protected]

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JMM #00

p. 10 p. 12 p. 20 p. 36

Page 4: JeanMarie Magazine - Issue #0

p. 56 p. 66 p. 68 p. 76

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“Avant j’allais faire mes courses à vélo quand j’étais écolo, mais maintenant

j’y vais en mobylette. Pourquoi? Parce que les écolos, ils se sont structurés

en parti politique et que comme tout parti politique, c’est de la merde.

Donc pour me venger, avec ma mobylette, j’aime bien polluer. Je la laisse

tourner devant chez moi, histoire que ça pollue un petit peu, quoi. C’est ma

manière de dire, écolo, t’es comme les autres, tu n’es qu’un enculé!” Paulo

Anarkao (anarchiste vivant dans un pays voisin de Groland)

De manière plus diplomatique, et bien qu’on aime les chiens d’apparat, une

petite sortie aux courses, une soirée au cynodrome, appelons-le “Wentworth

Park”, crier sur des cabots plein les fessiers de piqures de vitamines, c’est bon,

brailler comme on n’oserait pas le faire sur les amis verts. Dans le bas du

quartier de Glebe, à deux pas du port de pêche, les projecteurs s’allument

le vendredi soir pour les vieux addicted (200 dollars sur le lévrier en gilet

bleu, c’est beaucoup, non?), les cadres qui sortent des bureaux et veulent un

comptoir et tout perdre avant de lancer la nuit (histoire de ne plus avoir

assez de monnaie pour des filles). Et de la lumière pour quelques enfants

qui aiment les chiens. On se prend vite au jeu, puis on regarde les vieux et

on se dit qu’il vaudrait peut-être mieux aller voir les filles. Ou se limiter au

Rapido.

Pour un Burger King, une piscine. Ce n’est pas une

offre spéciale, happy meal pour le petit, un billet pour

patauger, non on est plutôt dans la mise en perspective

géographique. Il y a beaucoup de Burger King, il y a

beaucoup de bassins olympiques. D’où les champions

de natation. Il y en a eu une, médaillée olympique qui

s’appelait Fanny Durack. C’est un nom qui sonne, qui

coule, un peu comme Kiki Caron. Et qui fait sourire,

et oui, fanny, en anglais pour petits, c’est la chose des

filles, c’est drôle, un peu comme kiki (devant Caron).

A Petersham, la piscine a pris son nom, depuis on

tente « Fanny est ouverte ce matin ?», et on sourit, « il

faisait super bon à Fanny aujourd’hui », blague. Elle

vaut mieux qu’un jeu de mots, mieux qu’un bassin

d’eau de mer (les « rockpools » qui jouxtent toutes les

plages de la côte), elle est tout de briques, 33m de long,

rarement plus de trois dans son couloir et des gamins

qui viennent plonger histoire de laver les doigts plein

de ketchup, restes de sandwich préparé par maman au

barbecue sur le bord. Hypoglycémie ? Oublie le Grany,

le Bueno, le maître-nageur te file un cornet de frites

pour 2 dollars. Prochain anniversaire : ballons de

baudruche, saucisses, packs de 6, lunettes de plongée.

Pas de réservation. Tout le monde est le bienvenu à

Fanny. Sourires entendus.

We

City - Opera

Surry Hills

North Sydney

Glebe

Petersham

Page 6: JeanMarie Magazine - Issue #0

6

Le premier truc qui compte vraiment quand on n’est

pas à la maison, avant même de regarder du côté des

pâtisseries, c’est de savoir si la presse locale vaut le

coup. Et ce n’est pas souvent une partie de plaisir que

de s’attaquer aux Newsagents. Dans cette ville, on a

le choix entre le Sydney Morning Herald et The Daily

Telegraph, le second appartenant à Rupert Murdoch,

on se rabat sans enthousiasme sur le premier. Comme

c’est écrit petit, qu’il n’y a pas un nom de connu dans

les pages obsèques et qu’ils ne daignent pas filer des

notes aux joueurs après les matchs de soccer, on n’en

fait pas un rendez-vous quotidien. Mais quand arrive

le samedi, on craque pour le SMH et les suppléments

du week-end qui font qu’on regrette de ne pas avoir

de porte-bagages pour rentrer jusqu’à la maison tant

il est volumineux. Et bien dans tout ce tas, il y a

le cahier Good Weekend, et parmi tous les conseils

destinés aux filles jeunes et jolies, il y a une rubrique

qui est vraiment drôle, elle s’intitule : You do what?.

Le sous-titre annonce l’enjeu : ordinary people with

extraordinary jobs. Et d’imaginer, des gamins le jour

de la rentrée scolaire, à l’heure de remplir la fiche de

renseignements, métier du père : mécanicien sur les

manèges du Luna Park (taf qui consiste surtout à

s’occuper des boulons sur la grande roue, le nez sur les

rails du petit train, visser toute la journée), métier de

la mère : prof de hula hoop ou vendeuse-conseillère

en soutien-gorges. C’est l’occasion de perfectionner

son anglais, butler, c’est majordome, de rigoler avec

une archéologue culinaire (colonial gastronomer en

VO) et avec la fille qui doit appeler les vainqueurs

du tirage du LOTO pour savoir à quelle heure ils

veulent récupérer le chèque. Mieux qu’un conseiller

d’orientation en somme. Une boussole professionnelle?

Paddington Bondi Beach

Northern Beaches

Baie de SydneyMerde

Tasmanie

Nord

Sydney

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MEET THE LOCALS.Illustrations : Melissa Howe

Cam.

Un jour à Sydney, JeanMarie a croisé Melissa, une amie

d’un ami, une rencontre comme un de ces dessins ...

Toute cette série de portraits, ça a commencé comment ?

J’ai vraiment commencé au début de l’année dernière.

En fait, réellememt un peu avant, je m’étais inscrite à un

workshop de dessin où je me rendais chaque semaine pour

en quelque sorte améliorer ma technique. Je ne parvenais

pas vraiment à dessiner de façon figurative, enfin pas autant

que je voulais. Mes dessins étaient souvent bancals et un peu

durs. Mais quand j’ai montré mes dessins à mon entourage,

tout le monde les trouvait amusants. Donc voilà j’ai

commencé à en faire de plus en plus et à les compiler jusqu’à

ce qu’ils deviennent aujourd’hui la base d’une exposition. Le

dessin n’a jamais vraiment été ma préoccupation principale,

c’était plus la photographie. Mais je crois que c’est excitant

d’essayer différentes choses, d’utiliser différents supports.

Et qui sont ces personnes, comment tu décides qui tu vas

dessiner ?

C’est un mix de membres de ma famille, d’amis, des

collègues ou juste des gens que j’ai rencontrés par hasard.

En fait, ces dessins sont comme un journal. Un journal des

personnes que je croise !

D’après toi, qu’est-ce que ces portraits racontent sur

Sydney ?

Le plus surprenant lorsque je montre les dessins, c’est de

voir les connections entre les personnes, souvent les gens

se connaissent alors que je les ai rencontrés au hasard. Ça

donne l’impression que Sydney est petit au final, que l’on

rencontre toujours les mêmes personnes lorsque l’on évolue

dans un milieu. Voila c’est ce qui m’intéresse en ce moment.

Le travail de Melissa Howe sera exposé au mois de juin à

la galerie Assemblage de Chippendale, Sydney

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Joey. Rocks.Torunn.

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La Relève.Pas de concert de surf-music à Bondi, pas d’Opera House, pas de dîner galant pour Jean-Marie qui

traîne toujours à Sydney. C’est samedi soir, et c’est direction vélodrome. Au magasin de vélo où il y avait un flyer pour la course cycliste sur piste, le gars avait dit que c’était pas compliqué, « de chez toi, tu vas tout droit et c’est juste au bout de la rue ». Question d’échelle, le bout de la rue en Australie, ça peut être vingt-trois kilomètres. C’était vingt-trois kilomètres.

On a raté les courses de jeunes, championnat régional, mais les cadets, les juniors, les espoirs, on les a topés au centre de la piste entre

deux tours. Où l’on apprend qu’ils ont de l’ambition, de l’ambition de futurs champions, que les Jeux qui comptent pour eux c’est

2016 et que Rocky Balboa fait toujours recette. Cinq questions :

A Un cycliste préféré ? Une idole ? Un modèle ?

B Ton rêve pour les prochaines années ?

C La plus grosse performance sur ton vélo ?

D Une chute à nous raconter ?

E Et si on t’offre l’accès à la sono, tu mets quel morceau pour ta prochaine course ?

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Matt Beasley.A Dans les anciens coureurs, je dirais Sean Eadie et actuellement un des plus gros espoirs, c’est Andrew Taylor, il est vraiment très fort. B Essayer d’aller aux Jeux de Rio. En tant que sprinteur. C La semaine dernière, avec l’équipe, on a gagné une compétition sur piste. c’est mon meilleur souvenir. D Je ne tombe pas de mon vélo. J’ai été très chanceux jusqu’à maintenant. E Du heavy metal. Quelque chose rock.

Lara Batkin.A Anna Meares. Elle est championne du monde de sprint et de keirin. B Représenter l’Australie aux Jeux Olympiques. En 2016 peut-être. C Aujourd’hui! J’ai gagné ma course scratch, c’était le championnat de New South Wales, c’est assez important en fait. D J’ai été vraiment chanceuse jusqu’à maintenant, je suis tombé ici même, j’ai eu une petite brûlure mais vraiment rien. Je touche du bois. E “Woman on a mission”, je ne sais même pas vous dire qui chante ce morceau par contre, désolée. (Gabriella Cilmi, la rédaction a trouvé ce coup-ci sur la toile)

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Jacob Jones.A Cancellara. Parce qu’il est vraiment très costaud. B Je veux devenir cycliste

professionnel. Sur route. C J’ai gagné ici l’année dernière. La Clarence Street

Cup. C’était ici. D J’ai eu seulement deux mauvaises chutes. J’ai touché le

haut de la piste sur ce vélodrome, il y a un an, et j’ai heurté la barrière, c’était

probablement la plus spectaculaire. E Je n’ai pas vraiment de musique en tête

quand je pédale. Une chanson que j’aime bien en ce moment? “the A Team”

(la rédaction a cherché et n’a trouvé ni MonEspace ni concert dans la région,

une énigme).

Jordan Payne.A J’aime Fabian Cancellera, il est au-dessus. B J’aimerais beaucoup

pouvoir faire carrière dans le cyclisme en tant que professionnel mais

je veux surtout pouvoir courir le plus longtemps que je peux et donner

le meilleur. C C’est ma première année sur piste, et je crois bien que

ma meilleure course, c’était cet après-midi en fait. D Quand j’étais en

catégorie de moins de 17 ans, je suis sorti de la piste en compétition

à Goulburn, c’était assez impressionnant. Je n’ai pas eu très mal, juste

quelques brûlures et quelques cicatrices. E Peut-être Coldplay. Ou David

Guetta, son morceau “Titanium”, ça pourrait très bien le faire.

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Benjamin Green.A Shane Perkins. Sprinter sur piste, je crois que son palmarès pour lui, c’est ça

qui compte. B Rio de Janeiro, les Jeux Olympiques en 2016. Keirin, vitesse, des

courses rapides et courtes. Il me reste cinq ans pour progresser, mais je compte

bien tout donner. C Les championnats du monde sur piste en Italie l’année

dernière. Je suis revenu à la maison avec une médaille d’argent. C’était une super

expérience d’aller à l’étranger, de découvrir une autre culture. D J’ai eu deux,

trois grosses chutes. Je suis un regular crasher. La plus grosse, c’était sûrement

l’année dernière, j’y ai laissé un peu de peau et j’ai cassé mon vélo, c’était une

belle chute celle-là. E “Eye of the Tiger”. J’adore Rocky. A bit of a fight. Ouais,

j’aime la bagarre pendant la course, ça ma plairait je crois.

Megan Bagworth.A Cadel Evans. Il vient de gagner le Tour de France, la plus belle course au

monde. Anna Meares est mon modèle sur piste. Elle est revenue au haut

niveau après s’être fracturée le cou, et elle a couru si bien aux derniers Jeux. B

Juste d’aller sur la piste, de prendre part à la compétition et d’être une honnête

cycliste. Faire de mon mieux quand je suis sur mon vélo. Le rêve, ça reste de

représenter mon pays un jour. Je ne serai pas prête pour 2012, mais les suivants

peut-être. C Je viens de commencer en compétition. De courir avec des gens

qu’on admire, ce sont des moments assez incroyables déjà. D Je ne m’en sors

pas si mal. J’ai chuté rarement, rien d’assez grave pour m’empêcher de reprendre

mon vélo. E “Eye of the Tiger”. Je crois que ça me motiverait vraiment.

Page 14: JeanMarie Magazine - Issue #0

Encore plus!

MAG

www.jeanmariemagazine.tumblr.com

Page 15: JeanMarie Magazine - Issue #0

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In THE MuSETTE. YOu CAn TROuvER. Clockwise de left à right.

1. One livre, there is toujours time to tuer. En english, indeed, on try to améliorer the

grammaire and the lexique.

2. One porte-monnaie, with plein de dollars inside.

3. Barre de céréales. Always bon for ton body.

4. One banane parce que “cool bananas”.

5. Some dried abricots. Cultivés in Australie.

6. Le sandwich. Home-made la veille at night. Raisin-bread, danish salami, australian

fromage et avocado instead of breton beurre.

7. Keys de the maison, key du locker.

8. One stylo. Très nice. It’s un Rotring Tikky Graphic 0.7. If you voulez le same.

9. One carnet of notes. Precious.

10. The pompe. Precious (malheureusement too souvent used).

11. Inner-tube de rechange.

12. Passeport. Some gens want to voir ma face et mon name sur le paper.

13. Sydney directory. All the rues, all the routes.

14. Intermec. The lien between moi et le manager. Un computer, un phone.

15. Un phone portable.

16. To change l’inner-tube. No idée of the nom.

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Jamal : J’ai toujours adoré les vélos.

J’ai fait de la compétition quand

j’avais 12, 13 ans. J’ai toujours voulu

devenir messenger mais je n’y croyais

pas trop. J’ai fini l’université l’année

dernière, et un de mes meilleurs

copains a été diagnostiqué avec un

cancer. Ce n’est pas compliqué, j’ai

réalisé que la vie était courte, que je

devais faire ce que je voulais vraiment

faire, je suis venu ici et je suis devenu

bike messenger.

Robin : Bike messenger, ça m’a

toujours semblé un job incroyable

mais j’étais un peu effrayé, je pensais

que c’était bien trop dur pour moi.

Un de mes copains s’est retrouvé à

faire ce boulot alors qu’il ne roulait

pas mieux que moi, voilà je me suis

dit que s’il pouvait le faire, je pouvais

tenter ma chance. Ca fait maintenant

un an de cela.

Et alors, quand est-ce que tu as peur ?

Parce que quand on tape « bike couri-

er » en recherche sur Youtube, on tombe

sur une marche funèbre, hommage pour

un gars mort au combat. Pas drôle.

Anton : J’imagine que c’est de voir

apparaître un piéton entre deux

véhicules quand le trafic est au ralenti.

Je me vois parfois en percuter un

alors que je suis à pleine vitesse entre

les voitures. C’est bien ça qui me fait

le plus peur. Hier remarque, j’ai dû

freiner, pieds au sol, mon pneu arrière

était rendu au niveau de ma tête, le

vélo vertical derrière moi pour éviter

d’entrer en collision avec une voiture.

Je touche donc du bois, je n’ai pas

encore eu mal ni fait mal à qui que

ce soit.

Andrew : Sûrement de me manger

une porte, ouais, j’ai peur de voir

une portière de camions s’ouvrir

à mon passage et de me couper la

main. Pour être honnête, je n’ai pas

peur de grand-chose. Parfois, je me

méfie de certaines voitures qui ne

respectent pas les règles, ça arrive que

tu ne puisses pas réagir assez vite et

tu te retrouves par terre, ça m’arrive

mais je n’ai pas trop peur de ça, c’est

juste pas très agréable. Il y a quelques

frustrations, les piétons qui traversent

n’importe où ou qui ne regardent que

leur iPhone, mais je n’ai pas peur sur

la route. Et puis, je compte aussi sur

mes prémonitions, tu sais c’est drôle,

mais souvent, je double et je sens que

la porte va s’ouvrir. Ça m’a sauvé plus

d’une fois.

Jamal : Ma seule peur c’est qu’on me

vole mon vélo et que je ne puisse pas

travailler. Parfois, c’est vrai, j’ai peur

de faire mal à quelqu’un, notam-

ment quand un piéton se retrouve

à traverser au mauvais endroit, je ne

voudrais pas le percuter à ce moment-

là. Mais c’est tout.

Et qu’est-ce qui n’est pas drôle ?

Anton : Perdre du temps. Etre ralenti.

Que ce soit par le trafic, les piétons,

les ascenseurs qui n’arrivent pas. Ce

que je veux c’est y aller, go go go,

toute la journée. Push push push.

Andrew : Je déteste la pluie. C’est

le seul truc qui me dérange dans ce

boulot, quand la route est humide.

Ma copine est chanteuse d’opéra et

elle aimerait bien bouger sur Berlin,

il paraît qu’il y a une bonne scène

opéra, en Europe c’est là-bas qu’elle

pourrait trouver du travail. Forcé-

ment, la météo n’a rien à voir avec ce

qu’on peut vivre ici. Alors, j’essaie de

m’y préparer. Mais vraiment, Sydney,

c’est parfait pour être bike messenger,

c’est la meilleure ville au monde.

C’est mieux que New York, mieux

que San Francisco.

Jamal : Je hais quand je débarque

dans un bureau et que mon courrier

n’est pas prêt, qu’il faut que j’attende

10 ou 15 minutes. Il y a des gens qui

ne comprennent pas notre travail, on

a des jobs urgents à livrer dans notre

sac, et souvent tu les vois prendre leur

temps. Pour nous, time is money.

Et le courrier le plus sympa à livrer ?

Parce que le plaisir, c’est l’essence quand

même.

Anton : N’importe quel job qui va

vers 201 Sussex Street, je suis content.

J’aime cette tour, ça veut dire que je

vais pouvoir m’amuser dans la descen-

te. Pour ce qui est de l’architecture,

je crois que c’est le 1 Shelley Street

que je préfère. 60 Margaret Street,

c’est bien aussi, ils ont un bol plein de

bonbons (des Sherby’s) sur le bureau,

ça suffit à mon bonheur. Parfois, je

prends le temps de lire les plaques, en

bas des tours, l’histoire du building.

C’est dur de regarder plus haut que

les deux premiers étages, et un jour tu

lèves les yeux et tu découvres tous ces

niveaux jusqu’au ciel.

Andrew : Les meilleures livraisons

sont les plus courtes. Quand tu peux

récupérer un dossier à un étage d’un

building et le livrer trente niveaux en-

dessous, juste prendre l’ascenseur. Ou

aller sur North Sydney, pour passer le

pont. Et puis Garden Island, la base

militaire, il y a toujours des trucs un

peu fou, sécurité et compagnie, et tu

te promènes à bicyclette au milieu de

tout ça.

Jamal : N’importe quel taf vers

Pyrmont ou Ultimo, il y a tellement

d’options pour y aller. Si une route ne

marche pas, tu peux choisir dix autres

parcours différents. Tu fais marcher

un peu ta tête.

Robin : Juste avoir le droit de descen-

dre Foveaux Street. Ça me fait pleurer

tellement c’est bon.

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Visite Guidée

Number 01 Sable & Argentle shop next door.Texte & Photographie : Yann Audic

Première visite guidée avec JeanMarie. Il y a quelques

jours, on est allé faire un tour chez Sable&Argent,

magasin de vélos situé dans les quartiers est de Sydney, à

Wooloomooloo même, avec 8 “o” ! On est sans peur et

sans reproche chez JeanMarie, mais bon on n’irait pas faire

du camping là-bas même s’il y a du goût dans le quartier.

Bref, on va chez Sable & Argent pour admirer les vélos,

on s’imagine descendre Oxford Street pleine balle sur un

fixie Bianchi, on peut lire Rouleur Magazine et rêver au

Tour de Californie et surtout on peut boire un café à l’oeil

en discutant avec les locaux.

85 Bourke Street

Wooloomooloo NSW

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Page 18: JeanMarie Magazine - Issue #0

Retrouvez notre reportage vidéo et interview sur www.jeanmariemagazine.tumblr.com

Page 19: JeanMarie Magazine - Issue #0

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Bic Replica Casquette

L’A I R D’ U N COU R EU RJe anMari e St y l e

Page 20: JeanMarie Magazine - Issue #0

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Photographie. Yann AudicModel. Francesco Stockist. Sable &Argent, Wooloomooloo-Sydney

Caquette RAPHA G’mans

Page 21: JeanMarie Magazine - Issue #0

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Caquette et Gants RAPHACuissard Cross ProTeam 3/4 RAPHAMaillot SANTINI Rétro

Caquette et Gants RAPHAMaillot SANTINI Rétro

Page 22: JeanMarie Magazine - Issue #0

Caquette RAPHA G’mansChemise denim POTENTIEL of HYDROGEN

Tee-Shirt et Short Denim POTENTIEL of HYDROGEN Sac à Dos Mission Workshop, Sanction

Casquette RAPHA

Page 23: JeanMarie Magazine - Issue #0

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Tee-Shirt Sydney Hardcourt Bike-Polo ClubGants de Hockey sur Glace, models own

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Page 24: JeanMarie Magazine - Issue #0

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Cuissard RAPHA Cross Proteam 3/4Casque CATLIKE, modele Whisper Plus

Page 25: JeanMarie Magazine - Issue #0

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The Paper Run.Ecrit par Alice M. Cooper

Illustration Antoine Ronco Billy knew the paper run like the back of his hand.

He knew every letterbox, from High Street to

May Road and every crescent, parade, no through road,

cul-de-sac and terrace in between. He’d done the job for

exactly one and a half years, taking over from his sister,

Sarah who had retired at fifteen and nine months to

take up a position on the drive through at Red Rooster.

Her role was more lucrative than delivering papers and

so, made it possible to save for the school Outdoor

Education trip to Tasmania. Her parents had agreed to

a deal in which they paid for accommodation and travel

and she took care of the rest. By her calculation she

needed a good three hundred and fifty dollars, and that

would take roughly forever on paper run pay. Of course

there was an undeniable irony in the job move, in that

in order to save money to go on a wilderness trip she

had to work inside a most unnatural concrete slab of a

building, stand over a deep fryer and consume far more

chips than is suggestible for a girl with a family history

of heart disease.

But for Billy, at the ripe old age of thirteen, the delivery

job was perfect. It allowed him to spend big at the Tuck

shop and shout his mate’s soft drinks at the swimming

pool on the weekend. Basically the run made Billy,

the kid, feel like Billy the King. And he liked that. He

enjoyed the little bit of independance the paper run

money gave him. But it was good for one another

reason too. Billy was not a small boy, indeed he was

bigger than most of the boys his age and not just in

height but around the belly and the thighs too. He had

good friends and was not unpopular, so the weight

Page 26: JeanMarie Magazine - Issue #0

wasn’t a great issue, but Billy realized around the age of

twelve and a half that he didn’t look much like his idol

Ryan Giggs, and being a smart kid, he thought perhaps

if he got out a bit more he would be one step closer to

emulating the Man U great. So the job was a win win;

the money rolled in as the flab rolled off. His best mate,

Rich, also mentioned that Jessica, one of the prettier girls

in their grade and Billy’s long term but totally-top-secret

crush, had certainly passed more than a sideways glance

at him in recent months.

The run began at the newsagent at five thirty am. There,

he was greeted by one of two people, Judith or Gary

Gower, the owners of Gower News. Judith was usually in

her apricot dressing gown clutching a cup of coffee when

Billy arrived, already slightly sweaty from the power up

the hill to the Greenville Shopping Village.

Morning Mrs Gower.

Morning Bill.

How’s Fred doing?

Dad’s going to pick him up tonight. Bit weird to think he’ll

only have three legs. Judith gives a consoling smile.

Oh well, better than being put down eh?

Yeah, for sure-

Gary, a pot bellied pale man with a Santa white beard,

brings out a pile of rolled up newspapers.

There’ you go. And remember the Hunters are away so-

Sure. Thanks Gaz, Billy replies as he shuvs the papers into

his enormous backpack.

Ok, later.

Bye Bill, Judith called out as she pours out the dregs of

her coffee onto the pot planted Cumquot tree at the

entrance to the shop.

Billy began the descent down the hill. He loved this time

of the morning. His dad reckoned he was born to be a

tradie or an Olympic swimmer, liking the early mornings

so much. Bill began the overhand chuck he had perfected

so well. He played cricket and felt that helped with

delivering the papers with good line and length, getting

most of them within two to three metres of the front

door, provided there was a good line of sight. He gave

himself a small celebratory ‘yesss’ when it landed on the

doormat. As he rode down the hill, he noticed a small

Border Collie weeing on the median strip up ahead. This

was a new pooch. He knew most of the neighbourhood

dogs because they either chased after him or yapped at

him. It was also a predominantly Labridoodle/Golden

retriever kind of suburb, so a black and white mutt stood

out.

Billy flicked another paper into an anomalously

disheveled yard, skillfully applying a slight break with

his left hand and reaching behind into his sack with his

right. As his head turned to face forward, he saw a whiff

of black and white dog dart behind a reversing car. He

let out an impulsive ‘No!’ right before he met a flash of

his own face in a windscreen, before black. Then white.

Newspaper batons fell to the ground like a Giant’s game

of Pick up Sticks.

In the white, Jessica appeared, all big brown eyes and

long auburn hair. You’re nice she said as she handed

him two tickets to Old Trafford. And you’ll be needing

this placing a boarding pass in his hand: Heathrow

International. I’m coming too, hope that’s all right.

Sure.

Suddenly they were both on his bike, tearing up the

plane tickets, and cycling through the clouds. A Border

Collie cloaked in a velvet dressing gown waved to them

as they passed. Old Trafford’s gates appeared in the

distance. Soon, the crowd could be heard. They took

their seats, A Reserve no less. Giggs was selling ice cream

down the aisles so Billy bought a couple of Cornettos

and had them signed by the great. Then as he took a lick

of the vanilla ice cream, the white started to dissolve and

brown eyes and lips appeared before him.

Billy.

Billy.

Billy.

Can you hear me?

The blurred vision of a familiar face started to take shape.

Billy.

Billy.

It’s Jessica. I’m in your class.

For a brief moment when Billy came to, he could hear

Jessica’s soft voice but momentarily decided not to speak.

This was a moment to savour; his crush leaning over

him, her eyes filled with care and concern.

Eventually, he muttered a slightly woozy Hi Jessica.

Oh thank God, she exhaled, you’re ok !

You flew into the side of our car. Dad was reversing and

Badger ran out so he stopped the car and bang ! You crashed

into my window.

The Border Collie from earlier, approached Billy

horizontal frame and panted excitedly before moving in

for the big lick.

Badger ! Badger ! Get off him ! get off him, Badger ! Badger

! Jessica squealed as the dog affectionately slobbered all

over Billy’s sweaty face.

Sorry Billy. Jessica said as she tried to control the dog. We

just moved in on Sunday and mum and dad haven’t had

time to fix the gate, so Badger keeps escaping.

It’s alright, I like dogs. Even one’s that nearly kill me, he

laughed.

Anyway, my Dad’s impressed, look where the paper landed.

Billy peeled his body off the ground and saw the

newspaper dead centre of the front door mat.

Perfect delivery.

Here, she said, taking his arm to assist him to stand,

come in, I’ll get you some Band Aids.

Arm in arm, they headed slowly down the pebbled

driveway to the front door, Badger weaving in and out in

front of them as they walked.

Inside the house, Billy sat patiently on the edge of a

newly cleaned bath, his grazed palms resting on his knees.

Jessica sat down beside him and expertly lifted his right

hand and dabbed the wounds with a warm face washer.

It stung like hell but Billy didn’t flinch, his eyes fixed on

Jessica’s reflection in the enormous mirror opposite where

they perched. As she gently placed down his right hand

and picked up his left, Billy thought “I could make a

habit of this crashing”. And in that moment Badger burst

into the bathroom, rested his head on Billy’s lap and

smiled knowingly at the boy.

Page 27: JeanMarie Magazine - Issue #0

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COLLECTION.Collectée par Steven Largouet & Dessinée par Naoko Nishizu

CECI EST UNE CAPSULE

DE BIERE.

Page 28: JeanMarie Magazine - Issue #0

Biére

s pop

ulai

res á

Syd

ney.

Page 29: JeanMarie Magazine - Issue #0

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Travel.

australie / les congésLà-bas les grandes vacances, c’est à Noël, en plein été. Le

25 décembre on va manger chez mémé mais dès le 26

décembre, c’est le départ ! On s’y retrouve au final : le

voyage en voiture, le camping, les baignades, les copains,

les barbecues. On ferait tout pareil même en vacances, et

Claude Levis-Strauss et Cie de soupirer ... invariaaaance.

Wait a minute Claude, y’a Roland qui me soufle un

mot a l’oreille : Cricket. Cette passion estivale qui

n’appartient qu’aux pays membres du Commonwealth,

avec des histoires de battes, de wicket, d’innings, le tout

en pantalon blanc so british. Des matchs sans fin qui

s’étirent sur 3 jours, que l’on regarde tous les après-midis

en digérant dans le canapé. Vous y êtes, c’est l’Australie.

Ces après-midis d’été, écrasés par la chaleur, ils ferment

les volets et allument la télévision. Cricket, Tour de

France, invariance on vous dit.

Words & Photographie : Yann Audic.

Bell’s Amusement.

Page 30: JeanMarie Magazine - Issue #0

Batemans Bay. Malua Bay.

Jervis Bay. Galah Parrot.

Page 31: JeanMarie Magazine - Issue #0

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Lake Burrinjuck.Binalong.

Page 32: JeanMarie Magazine - Issue #0

Mystery Bay. Camping.