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17 Introduction Au cours du xix e  siècle, plusieurs milliers d’étudiants, et plus tardive- ment d’étudiantes, venant de tous les continents, ont pris la malle-poste, la diligence, le bateau, le train, pour se rendre au Quartier latin où ils ont trouvé à se loger, en vue d’entreprendre des études dans une faculté parisienne. Ces « étudiants d’ailleurs », ces « visiteurs à bagage intellectuel », comme les nomme Caroline Barrera 1 , sont des migrants, des résidents temporaires non travailleurs ou des voyageurs d’étude plutôt que des émigrés ou des immigrés, leur dessein n’étant que rarement de s’établir en dehors de leur pays, mais certains réussissent à faire carrière en France. Ils constituent un chapitre important de l’histoire des relations culturelles internationales. Au sein de l’histoire de l’émigration qui a connu un développement considérable depuis deux décennies, l’étude des migrations étudiantes représente un domaine minoritaire et un centre d’intérêt d’apparition récente. Les quelques travaux existant sur l’histoire des facultés ou des universités françaises n’accordent qu’une attention restreinte au petit noyau des étudiants étrangers qui les fréquentent et peu d’études portent sur les originaires de l’une ou l’autre des nations qui les envoient étudier en France, même si des chercheurs étrangers se sont intéressés à ceux de leurs compatriotes qui ont étudié dans notre pays. C’est la raison pour laquelle il faut saluer les travaux pionniers de Victor Karady, de Caroline Barrera et de Nicolas Manitakis, et surtout l’existence d’un réseau de chercheurs de différents pays d’Europe dédié aux migrations universitaires en Europe et vers l’Europe entre 1850 et 1940. Ce réseau, animé par Hartmut R. Peter et Natalia Tikhonov, est né à la suite de rencontres organisées à Halle en 2000 et 2001 sur les étudiants étrangers en Allemagne, suivies de journées d’études élargies à d’autres chercheurs, à Paris en février 2002 dans le cadre du séminaire « Histoire sociale de l’émigration », puis à Coppet en Suisse en juin 2003 et à Budapest en avril 2005 2 . On citera encore l’important 1. Voir [www.univ-tlse1.fr]. 2. Une première publication de ce réseau est l’ouvrage dirigé par Hartmut Rüdiger Peter et Natalia Tikhonov, Universitäten als Brücken en Europa, Les universités : des ponts à travers l’Europe, Frankfurt am Main, Peter Lang, 2003. « Les étudiants étrangers à Paris au XIXe siècle », Pierre Moulinier ISBN 978-2-7535-2077-6 Presses universitaires de Rennes, 2012, www.pur-editions.fr

introduction Les étudiants étrangers à Paris au XIXe ... · Nous avons tiré nombre de renseigne-ments d’ordre académique ou social de l’exploitation de ces dossiers. Dans

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    Introduction

    Au cours du xixe siècle, plusieurs milliers d’étudiants, et plus tardive-ment d’étudiantes, venant de tous les continents, ont pris la malle-poste, la diligence, le bateau, le train, pour se rendre au Quartier latin où ils ont trouvé à se loger, en vue d’entreprendre des études dans une faculté parisienne. Ces « étudiants d’ailleurs », ces « visiteurs à bagage intellectuel », comme les nomme Caroline Barrera 1, sont des migrants, des résidents temporaires non travailleurs ou des voyageurs d’étude plutôt que des émigrés ou des immigrés, leur dessein n’étant que rarement de s’établir en dehors de leur pays, mais certains réussissent à faire carrière en France. ils constituent un chapitre important de l’histoire des relations culturelles internationales.

    Au sein de l’histoire de l’émigration qui a connu un développement considérable depuis deux décennies, l’étude des migrations étudiantes représente un domaine minoritaire et un centre d’intérêt d’apparition récente. Les quelques travaux existant sur l’histoire des facultés ou des universités françaises n’accordent qu’une attention restreinte au petit noyau des étudiants étrangers qui les fréquentent et peu d’études portent sur les originaires de l’une ou l’autre des nations qui les envoient étudier en France, même si des chercheurs étrangers se sont intéressés à ceux de leurs compatriotes qui ont étudié dans notre pays. C’est la raison pour laquelle il faut saluer les travaux pionniers de Victor Karady, de Caroline Barrera et de Nicolas Manitakis, et surtout l’existence d’un réseau de chercheurs de différents pays d’Europe dédié aux migrations universitaires en Europe et vers l’Europe entre 1850 et 1940. Ce réseau, animé par Hartmut R. Peter et Natalia Tikhonov, est né à la suite de rencontres organisées à Halle en 2000 et  2001 sur les étudiants étrangers en Allemagne, suivies de journées d’études élargies à d’autres chercheurs, à Paris en février 2002 dans le cadre du séminaire « Histoire sociale de l’émigration », puis à Coppet en Suisse en juin 2003 et à Budapest en avril 2005 2. On citera encore l’ important 1. Voir [www.univ-tlse1.fr].2. une première publication de ce réseau est l’ouvrage dirigé par Hartmut Rüdiger Peter et Natalia

    Tikhonov, universitäten als Brücken en Europa, Les universités : des ponts à travers l’Europe, Frankfurt am Main, Peter Lang, 2003.

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    colloque organisé en décembre  2002 à Nancy sur les étudiants étran-gers inscrits dans les filières techniques provinciales entre 1870 et 1960 3, ainsi que les travaux d’irina Gouzévitch sur les élèves russes des écoles supérieures techniques et scientifiques françaises 4. une étude portant sur l’italie de 1859 à 1973 est consacrée en partie aux migrations intellectuelles des diplômés et aux échanges d’étudiants 5.

    Les travaux du réseau sur les migrations universitaires en Europe et vers l’Europe sont très redevables aux analyses de Victor Karady, qui a théorisé les motivations des étudiants accomplissant leur formation à l’étranger et les politiques culturelles des États. Le dessein de son travail, rompant avec une tendance qui consiste à n’étudier que la situation d’un seul pays ou d’un seul groupe national estudiantin, est de décrire les interactions entre pays au sein du continent européen, ce qui revient à mettre en valeur à la fois l’existence d’un marché européen de la formation universitaire et la diversité des motifs qui poussent les étudiants à partir à l’étranger.

    À la suite du colloque de Coppet, les coordinateurs du réseau ont élaboré un programme de travail destiné à favoriser les recherches individuelles en les insérant dans une problématique de comparaison internationale et de coopération scientifique. Le questionnaire détaillé qu’ils ont établi permet de distinguer quatre groupes de sujets :

    – Les causes, les objectifs et les motifs des études à l’étranger.– La politique des États et des établissements d’enseignement supérieur

    envers les étudiants étrangers.– Les carrières universitaires et professionnelles des étudiants étrangers.– La vie sociale et la sociabilité dans le pays d’études.

    Sources principales et statistiques

    Dans la mesure du possible, le présent ouvrage s’efforce de satisfaire aux questions posées en ce qui concerne les facultés parisiennes. Mais des problèmes de sources limitent inévitablement les investigations. S’agissant de relations internationales, on ne peut en effet se contenter des sources indigènes, françaises en l’occurrence, pourtant abondantes sur les étudiants parisiens du xixe  siècle comme un ouvrage antérieur nous a permis de le constater : aux riches archives des facultés parisiennes et du ministère de l’instruction publique s’ajoutent nombre de documents universitaires, 3. Colloque publié dans Y. Bettahar, F. Birck (dir.), Étudiants étrangers en France. L’émergence de

    nouveaux pôles d’attraction au début du xxe siècle, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 2009. Voir aussi A. Kostov, « Les étudiants roumains, serbes et bulgares à l’École des Ponts et Chaussées (Paris) pendant la seconde moitié du xixe siècle et au début du xxe siècle : origine sociale, formation, réali-sations professionnelles », Études balkaniques, 2004, n° 2, p. 72-87.

    4. i. Gouzevitch, « La science sans frontières : élèves et stagiaires de l’Empire russe dans l’enseignement scientifique supérieur français, xixe et xxe siècles », Les Cahiers d’histoire du CNAM, février 1996, n° 5, p. 63-92.

    5. M. Barbagli, Disoccupazione intellettuale e sistema scolastico in italia, Bologna, il Mulino, 1974.

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    d’études contemporaines sur l’enseignement supérieur, de romans, de documents satiriques, de mémoires d’anciens élèves des facultés parisiennes, sans compter l’apport exceptionnel de la presse, dont les journaux « étudiants ». En ce qui concerne les étudiants étrangers, cette manne, relativement abondante dans les archives et les écrits sur l’université, mais plutôt pour les débuts de la iiie République, se raréfie dès lors qu’il s’agit des documents littéraires, de la presse ou des témoignages individuels. Ce type de sources existe probablement, mais à condition d’aller les chercher dans les pays de retour des étudiants étrangers, qui sont en général leur pays d’origine, l’exception étant l’étranger installé en France après ses études. Paris accueillant au xixe siècle plusieurs dizaines de nationalités parlant presque autant de langues différentes, on voit la difficulté de l’exercice. Ajoutons qu’une telle investigation suppose une bonne connaissance du système scolaire et universitaire des pays émetteurs d’étudiants tout autant qu’une appréciation exacte des conditions d’exercice des métiers appris en France et exercés au retour. Sans omettre bien sûr l’indispensable connais-sance de l’histoire politique, sociale et religieuse de ces pays. Cela évidem-ment nécessite un savoir encyclopédique ou un travail en réseau, comme pourrait l’envisager celui qui existe sur les migrations étudiantes en Europe. Saluons à ce propos le grand intérêt des travaux de deux étudiants d’origine grecque : la thèse de l’EHESS de Nicolas Manitakis 6 et la recherche effec-tuée par Pandelis Kyprianos à Paris et à Princeton 7 ; ces deux chercheurs ont pu faire parler en miroir les sources grecques et françaises et donné une image globale des échanges universitaires des deux pays. il faudrait multi-plier ce genre de monographies croisées.

    Parmi les documents que nous avons utilisés, nous voudrions relever l’importance de deux types de sources dont on mesurera ici l’intérêt. il s’agit d’une part des Rapports sur la situation des établissements d’ensei-gnement supérieur imposés annuellement aux conseils généraux des facultés par le décret du 28 décembre 1885 et adressés chaque année au ministre de l’ instruction publique. Cette pratique avait été inaugurée par Octave Gréard, vice-recteur de l’académie de Paris, qui avait présenté au Conseil académique de Paris un mémoire sur la situation de l’enseignement

    6. N. Manitakis, « Étudiants étrangers, universités françaises et marché du travail intellectuel (fin du xixe siècle-années 1930). Certifier sans gratifier, des titres universitaires pour l’exportation », in G. Noiriel, E. Guichard (éd.), Construction des nationalités et immigration dans la France contem-poraine, Paris, Presses de l’École normale supérieure, 1997, p. 123-154 ; N. Manitakis, « Les migra-tions estudiantines en Europe, 1890-1930 », in René Leboutte (éd.), Migrations et migrants dans une perspective historique. Permanences et innovations… international conference proceedings. European Forum 1997-8, Bruxelles, 2000, (série « Multiple Europe », n° 12), p. 243-270 ; N. Manitakis, L’Essor de la mobilité étudiante internationale à l’âge des États-nations. une étude de cas : les étudiants grecs en France (1880-1940), EHESS, thèse pour le doctorat d’histoire et civilisations, 2004.

    7. Recherche effectuée ans le cadre d’une allocation de recherche du Program in Hellenic Studies. P. Kyprianos, « La formation des élites grecques dans les universités occidentales (1837-1940) », Histoire de l’éducation, janvier 2007, n° 113, p. 3-30.

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    supérieur à Paris en 1881. Ces documents, extraordinairement intéressants quant à la vie quotidienne des établissements et aux réactions de leurs responsables, comportent deux parties : les rapports des doyens et directeurs d’établissement, et une synthèse rédigée par le conseil général des facultés ; ils donnent à partir de l’année scolaire 1882-1883 une bonne image de la vie des facultés et de précieuses statistiques, notamment sur les étudiants étrangers. Ces rapports enrichissent par ailleurs la collection des Enquêtes et documents relatifs à l’enseignement supérieur publiée par le ministère de l’ instruction publique de 1883 à 1934 (dite ici Enquêtes et documents). Nous désignerons ici ces documents sous l’intitulé Rapports. L’autre source excep-tionnelle, découverte dans les archives de la faculté de médecine versées aux Archives nationales, est la collection, quasi dépourvue de lacunes, des dossiers individuels des étudiants et étudiantes, français et étrangers, reçus docteurs en médecine depuis 1807 8 : ces dossiers nous offrent un aperçu de la scolarité de l’étudiant, du baccalauréat à la thèse, à Paris, en province voire à l’étranger, et comportent nombre de renseignements sur son lieu et sa date de naissance, la profession de son père, son adresse parisienne, le nom de son « correspondant », les notes obtenues lors des examens, le sujet de sa thèse, le stage hospitalier, la réussite à l’externat et à l’internat, etc. Le même type de dossier existe pour les étudiants en pharmacie reçus pharmaciens à Paris dès le xixe siècle. Nous avons tiré nombre de renseigne-ments d’ordre académique ou social de l’exploitation de ces dossiers. Dans notre étude, nous utiliserons deux corpus, celui des étrangers reçus docteurs en médecine entre 1807 et 1907, dit ici corpus docteurs 1807-1907, et celui des étudiantes françaises et étrangères reçues au doctorat à partir de 1870, dit corpus femmes docteurs 1870-1907.

    L’incertitude des statistiques

    Durant une bonne partie du xixe siècle, le dénombrement des étudiants est un exercice difficile et approximatif : les données que l’on peut recueillir ne laissent pas de poser problème, faute de définition stable et sûre de la population prise en compte et de régularité dans les conditions de récolte des données, au point qu’un des rapports annuels sur la situation de l’université de Paris estime qu’on « ne peut trouver dans aucune statistique le chiffre réel des étudiants 9 ». Si c’est vrai en ce qui concerne les étudiants français, ce l’est encore plus à propos des étrangers dont la présence n’est que tardi-vement prise en compte. une grande partie des difficultés éprouvées dans l’établissement, et donc dans l’interprétation des statistiques au xixe siècle,

    8. Arch. nat., AJ/16/6754-6944 et 7191-7213. Ce corpus a été étudié en ce qui concerne les étudiants « orientaux » par Daniel Panzac, « Les docteurs orientaux de la Faculté de médecine de Paris au xixe siècle », Revue du monde musulman et de la Méditerranée, 1995, n° 75-76, p. 295-303.

    9. Enquêtes et documents, n° 82.

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    provient du fait que les secrétariats de faculté ou d’école enregistrent des inscriptions trimestrielles plus que des étudiants individuels. il n’y aurait point de problème si tous les élèves prenaient fidèlement leurs quatre inscriptions annuelles. En fait, on ne sait jamais très bien, du moins avant l’instauration de l’immatriculation en 1896, quand on parle des effectifs étudiants, s’il s’agit d’élèves qui prennent régulièrement leurs inscriptions, qui en prennent quelques-unes ou qui n’en prennent aucune, et les motifs peuvent être légitimes pour ne point les prendre (service militaire, internat, par exemple). il y a par ailleurs plusieurs catégories d’étudiants, et notam-ment des « bénévoles » qui n’ont pas les mêmes obligations que les autres ; d’où la mise en place de l’immatriculation. Certaines facultés ne consi-dèrent pas comme de « vrais » étudiants les élèves des filières courtes (sages-femmes, herboristes, etc.) ou les professionnels en exercice candidats à des titres universitaires (docteurs en médecine, professeurs, etc.), nombreux chez les étrangers. Nous pouvons toutefois établir des séries qui, à défaut de constituer une photographie sûre des effectifs annuels des facultés, nous offrent des tendances intéressantes.

    il faut attendre le Second Empire pour qu’à l’initiative de Victor Duruy soit publié, en 1868, un premier volume de Statistique de l’enseignement supérieur (dite ici SES). Mais ce document, qui n’offre de chiffres que pour 1847, 1855 et 1865, indique les inscriptions prises et non les effectifs étudiants. Ce volume est suivi de trois autres, à parution décennale : celui de 1878 offre des données sur la période 1867-1876, toujours en termes d’inscriptions prises et sans les détailler par ville et faculté. Ce n’est que dans le volume suivant que sont précisés les effectifs étudiants et les grades conférés par faculté et par ville, mais une note précise que le dénombrement des étudiants découle de la division par quatre du nombre des inscriptions. Le dernier volume, paru en 1900, approche au plus près de la réalité en donnant les effectifs étudiants – hommes et femmes, Français et étrangers – des facultés d’État et libres et en détaillant les nationalités des étrangers. Les statistiques de l’enseignement supérieur sont aussi publiées annuelle-ment dans le Bulletin administratif du ministère de l’instruction publique (BAMiP) – qui paraît durant un siècle (1830-1932) – à partir de son n° 63 de 1898, et on en trouve dans les Rapports sur la situation des établissements d’enseignement supérieur cités ci-dessus 10.

    Dans le dernier quart du siècle commencent à paraître des instruments statistiques généraux comportant des données sur l’instruction publique. L’Annuaire statistique de la France, dont le premier numéro date de 1878, ne comporte avant 1889 que sporadiquement des données sur l’enseignement supérieur, et ces données ne sont pas identiques à celles que l’on trouve dans la Statistique de l’enseignement supérieur pour 1878-1888. Cette distorsion 10. Nous utilisons par ailleurs la compilation de statistiques effectuée dans sa thèse de droit de 1931

    par Edmée Charrier. E. Charrier, L’évolution intellectuelle féminine, Paris, A. Mechelinck, 1931.

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    est corrigée dès 1890, date à partir de laquelle l’Annuaire statistique offre régulièrement des résumés rétrospectifs des effectifs pour la France entière et la statistique des grades conférés à partir de 1850. Les données concer-nant les facultés parisiennes paraissent également dans l’Annuaire statistique de la ville de Paris, publié à partir de 1881 par la préfecture de la Seine, mais ces données ne sont régulières que pour la période 1890-1913 (elles reparaissent en 1920).

    L’offre de formation supérieure en France

    Le système universitaire français est reconstitué sous la Révolution, le Consulat et l’Empire sur une base nouvelle par rapport à l’Ancien Régime : centralisation administrative, système nationalisé contrôlé par l’État qui possède le monopole de la collation des grades, organisation des établissements par disciplines, contenus codifiés par l’institution en fonction de savoirs produits dans l’ensemble du dispositif de production scientifique, création de diplômes sanctionnés par l’État et « rattachés à des places réservées aux titulaires dans les marchés de l’emploi des profes-sions intellectuelles qui se constituent à l’époque parallèlement au mouve-ment de “professionnalisation” des études. L’accès aux professions dites libérales est désormais réglementé par les pouvoirs publics qui prescrivent les diplômes indispensables 11 ». La réglementation consulaire des études, confortée ultérieurement par Guizot, vise à créer dans les facultés « profes-sionnelles » (médecine, droit et pharmacie) un système liant étroitement et de manière très utilitariste, la formation, le diplôme et l’accès à une carrière. Les facultés des lettres et des sciences pour leur part, qui ne sont créées qu’en 1808 dans le cadre de l’université impériale, n’ont pas d’abord de finalités professionnelles.

    Dans toutes les facultés, on trouve le découpage des études en années, elles-mêmes scandées par quatre inscriptions, et un rapport étroit entre les années, les matières enseignées, les examens, souvent liés à des périodes précises, et la nature et le contenu des épreuves. Ce verrouillage des conte-nus, et parfois même de la pédagogie, permet un affichage clair, dans les Guides de l’étudiant de la fin du siècle par exemple, des objectifs de la forma-tion et des débouchés s’il n’est pas toujours un facteur de développement de l’innovation pédagogique et scientifique.

    Les étrangers qui souhaitent étudier en France doivent s’inscrire dans l’une des six facultés ou écoles supérieures créées sous le Consulat et l’Empire : théologie catholique ou protestante, droit, médecine, pharma-cie, lettres et sciences. Paris est avec Strasbourg la seule ville universitaire à

    11. V. Karady, Relations inter-universitaires et rapports culturels en Europe (1871-1945). Rapport de fin d’études, Programme « intelligence de l’Europe », Paris, Centre de sociologie de l’éducation et de la culture, 1992, multigraphié.

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    comporter au début du siècle l’ensemble de ces établissements. Ces facultés sont généralement classées en deux groupes : les facultés « professionnelles » et les facultés « académiques ». Alors que ces dernières (lettres, sciences et théologie) ne connaissent qu’un cursus studiorum, celui qui va du baccalau-réat au doctorat, les établissements à vocation professionnelle distinguent les filières exigeant le baccalauréat et les filières courtes à bas niveau scolaire.

    Les facultés de droit

    Le décret du 15 septembre 1793 12 de la Convention abolit les facul-tés de théologie, de médecine, des arts et de droit. Malgré la mise en place de deux éphémères écoles particulières de droit sous la Révolution, l’Académie de législation et l’université de jurisprudence, il faut attendre l’aube de l’Empire pour voir renaître les facultés de droit par la loi du 22 ventôse an Xii (13 mars 1804), le décret du 4e jour complémentaire an Xii (21 septembre 1804) et l’instruction du 19 mars 1807 sur les écoles de droit. Celles-ci deviennent des facultés par le décret du 17 mars 1808 et les grades qu’elles confèrent sont exigibles pour l’accès à un certain nombre de professions (avocats, avoués, magistrats).

    Douze écoles de droit sont créées en 1804, dont neuf sur le territoire natio-nal (Aix, Caen, Dijon, Grenoble, Paris, Poitiers, Rennes, Strasbourg, Toulouse) et trois dans les pays annexés (Bruxelles, Coblence et Turin). Aux neuf établis-sements existant en 1815 s’en ajoutent quatre autres entre 1864 et 1875 : Nancy, qui remplace Strasbourg, Douai, Bordeaux et Lyon.

    Quatre grades sont décernés par les écoles de droit, devenues des facultés de droit : le certificat de capacité, qui s’obtient théoriquement en un an sans exigence du baccalauréat, est réclamé pour accéder à la profession d’avoué, laquelle ne peut être exercée qu’à l’âge de 25 ans révolus et après cinq années de cléricature chez un avoué ; les trois autres grades sont cumulatifs : il faut deux ans et huit inscriptions pour accéder au baccalauréat en droit, lequel est nécessaire pour obtenir la licence (un an de plus et quatre inscriptions), laquelle est exigée pour le doctorat (un an et quatre autres inscriptions). La licence est la voie d’accès à la plupart des métiers juridiques (magistrats, greffiers, avocats et, facultativement, notaires). Le doctorat est nécessaire pour enseigner dans les facultés.

    Les facultés de médecine

    Le 2 mars 1791 est instituée la liberté de soigner, le 8 août 1793 voit la suppression de l’Académie des sciences et le décret du 15 septembre

    12. Sauf indications contraires, les références à des documents officiels (lois, décrets, etc.) sont extraites de : A. de Beauchamp, puis A. Générès, Recueil des lois et règlements sur l’enseignement supérieur, 1882-1915, 7 volumes.

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    abolit les facultés de médecine, mettant fin à un système pédagogique rétro-grade vieux de 500 ans. Toutefois, l’année suivante, les nécessités de la défense font que des études médicales nouvelles, un nouvel enseignement, de nouveaux hôpitaux voient le jour : c’est l’aube de la médecine hospi-talière (1794-1848) qui fait de Paris une « Mecque médicale » pendant un demi-siècle 13. Le décret du 14 frimaire an iii (4 décembre 1794) crée pour la première fois un enseignement unifié en instituant trois écoles de santé à Paris, Montpellier et Strasbourg ; elles sont destinées à former les « officiers de santé » pour le service des hôpitaux, et spécialement des hôpitaux militaires et de marine. La loi du 19 ventôse an Xi (10 mars 1803) qui crée deux catégories de praticiens, les docteurs et les officiers de santé, et les dote du monopole d’exercice de la profession, a d’importantes conséquences en matière d’enseignement médical : outre qu’elle confère aux écoles le monopole de la fourniture des praticiens sur le marché médical, elle supprime la distinction entre médecins et chirurgiens, tout en mainte-nant le principe de deux doctorats, en médecine et en chirurgie (le doctorat en chirurgie, peu demandé, ne sera supprimé qu’en 1892) ; elle fait des écoles de santé de 1794 des écoles de médecine qui deviendront en 1808 des facultés, et ces écoles ont le monopole de la collation des grades ; elle institue l’obligation pour exercer d’être reçu docteur ou officier de santé, tout en admettant des dispenses pour les praticiens en exercice, qu’elle incite toutefois à obtenir le diplôme de docteur ; enfin, elle ne dit rien de l’art dentaire, et il faudra attendre la loi du 30 novembre 1892 pour que soient institués un diplôme et une formation de chirurgien-dentiste, qui seront dès lors obligatoires pour exercer. Jusqu’en 1854, année où la compétence des jurys départementaux pour la certification des officiers de santé est transférée aux facultés, la faculté de Paris n’accueille que les candidats au doctorat et non à l’officiat tout en assurant la formation des sages-femmes. Après cette date, elle reçoit en outre les aspirants officiers de santé.

    Les officiers de santé constituent une catégorie de praticiens sous-formés et constamment contestés ; ils auraient pu être supprimés par la commission des études médicales mise en place en 1847 par le ministre Salvandy mais qui n’aboutit pas ; ce qui les sauve jusqu’à la fin du siècle, c’est à la fois que le faible coût des études qui y mènent permet aux familles modestes d’avoir des ambitions pour leurs rejetons, et que cela permet de placer des prati-ciens dans les zones défavorisées, et notamment à la campagne.

    Peut-on assimiler à des « étudiantes » les élèves sages-femmes desquelles n’est exigé qu’après 1845 le succès à un examen portant sur la lecture, l’écriture et l’orthographe ? Toujours est-il qu’à l’image des médecins, sont instaurées par la même loi du 19 ventôse an Xi deux classes de sages-femmes : celles de première classe, qui suivent des cours à la faculté ou

    13. E.-H. Ackerknecht, La médecine hospitalière à Paris (1794-1848), Paris, 1986.

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    à l’École d’accouchement de la maternité, sont reçues par les facultés et peuvent exercer sur tout le territoire, celles de deuxième classe, qui reçoivent une formation dans un hospice, sont jugées par un jury départemental et n’exercent que dans leur département de réception.

    La médecine à deux vitesses du doctorat et de l’officiat ne tarde pas à être concrétisée par l’existence de deux types d’établissements de rang différent, ce qui différencie les études médicales des études de droit, où le même enseignement est donné dans l’ensemble des facultés. Dès 1806, à côté des trois facultés, dirigées par un doyen nommé sur proposition du corps enseignant pour cinq ans, sont mises en place des écoles secondaires de médecine et de pharmacie dépendant des villes et des départements. Ces écoles passent par l’ordonnance du 18 mai 1820 sous le contrôle de l’université, avant de devenir, par celle du 27 septembre 1840, des écoles préparatoires de médecine et de pharmacie. Ces établissements n’ont pas le droit de conférer les grades, ce qui reste le privilège des facultés. Toutefois, dès 1855, ils sont autorisés à conférer l’officiat.

    Les écoles préparatoires accueillent de nombreux candidats à l’officiat, mais aussi au doctorat, leurs meilleurs élèves ayant la possibilité d’ache-ver leurs études dans une faculté. Ce n’en sont pas moins des établisse-ments de seconde zone, faute de professeurs de valeur et de moyens finan-ciers et pédagogiques. Sous la monarchie de Juillet, elles ne possèdent que huit chaires tenues par six professeurs et deux adjoints. On compte vingt-deux écoles préparatoires en 1870, dont l’école de Reims qui accueille les élèves de la région parisienne et est rattachée à la faculté de Paris. À partir de 1875, certaines d’entre elles sont érigées en « écoles de plein exercice » ayant quelques-unes des prérogatives des facultés. Créées par le décret du 14 juillet 1875, notamment pour soulager des facultés encombrées et favori-ser les études médicales en province, les écoles de plein exercice fournissent un enseignement médical complet de quatre ans et font passer les trois examens de fin d’année. Leurs étudiants subissent les derniers examens et la thèse dans l’une des facultés. Quant aux facultés, on constate non sans surprise qu’elles restent au nombre de trois pendant les trois quarts du siècle, celle de Strasbourg étant remplacée en 1872 par celle de Nancy, malgré de fréquents appels à décongestionner la faculté de Paris par la création de nouveaux établissements. Ce n’est qu’avec le décret du 8 décembre 1874 que se créent des facultés dites « mixtes », c’est-à-dire combinant les ensei-gnements médicaux et pharmaceutiques : à Bordeaux et à Lyon en 1874, à Lille en 1875, à Toulouse en 1890, à Alger en 1909. il convient d’ajou-ter au système de formation médicale les hôpitaux militaires d’instruction rétablis sous la Restauration à Metz, Strasbourg, Lille et Paris. Les hôpitaux militaires sont supprimés par trois décrets de 1850 et leurs étudiants sont obligés de suivre les cours des facultés et d’acquérir le titre de docteur s’ils veulent accéder à une école de santé militaire. Le Val de Grâce parisien

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    devient alors école d’application de la médecine militaire pour tous les docteurs admis à servir dans l’armée. une école du service de santé militaire est installée en 1856 auprès de la faculté de Strasbourg ; elle est remplacée en 1888 par l’École de santé de Lyon 14.

    Les écoles supérieures de pharmacie

    À l’instar de la profession médicale, il existe deux classes de pharmaciens distinguées par des études plus ou moins longues. La loi du 21 germinal an Xi (11 avril 1803) institue en effet deux voies d’accès à la profession, qui ne sont toutefois pas distinguées au départ par l’exigence du baccalauréat. L’accès aux examens, qui sont les mêmes dans les deux filières, s’effectue, soit au bout de huit ans de stage dans une officine, soit en accomplissant trois ans de stage officinal suivis de trois ans de scolarité dans une École de pharmacie. Au-dessous des deux classes de pharmaciens se trouve la catégorie très modeste des herboristes qui ne peuvent vendre que des plantes médicinales et des drogues simples. Le règlement du 25 thermidor an Xi (13 août 1803) distingue parmi eux deux classes  : ceux qui sont reçus devant une École de pharmacie et ceux qui sont agréés par un jury dépar-temental, mais aucun certificat n’est exigé d’eux pour s’inscrire. il leur est délivré un certificat d’aptitude à la profession.

    La loi du 21 germinal an Xi (11 avril 1803) établit une école de pharma-cie dans les trois villes où existe une école de médecine : Paris, Montpellier et Strasbourg. Cette loi est complétée par l’arrêté du 25 thermidor an Xi (13 août 1803) et par le décret du 15 vendémiaire an Xii (8 octobre 1803) qui instituent l’École de Paris. Ces écoles, qui ne sont pas mentionnées dans le décret du 17 mars 1808 qui créent les facultés, restent des institutions indépendantes jusqu’à l’ordonnance royale du 27 septembre 1840 qui les rattache à l’université ; elles deviennent en 1852 des Écoles supérieures de pharmacie et ne sont érigées en facultés qu’en 1920. Sous l’Empire, on l’a vu, la carte des enseignements pharmaceutiques se confond avec celle de la formation médicale, puisque se créent des écoles secondaires de médecine et de pharmacie qui deviennent en 1840 des écoles préparatoires de médecine et de pharmacie. Le décret de 1854 confère à ces établissements le droit d’examiner les aspirants au grade de pharmacien de deuxième classe concurremment avec les écoles supérieures de pharmacie. Ces dernières conservent la prérogative de décerner le diplôme de première classe. Pendant les trois-quarts du siècle, il n’existe que trois écoles supérieures, pour une vingtaine d’écoles préparatoires en 1840. Ce n’est qu’après 1874 que certaines écoles préparatoires sont érigées en écoles de plein exercice et que se créent des facultés mixtes de médecine et de pharmacie.

    14. « Le service de santé militaire et l’enseignement supérieur », RiE, 1899, n° 37, p. 481-502.

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    Les facultés des lettres et des sciences

    Le décret du 17  mars 1808 qui fonde l’université impériale insti-tue une faculté des lettres et une faculté des sciences auprès de chaque lycée du chef-lieu d’académie en sorte que, sous l’Empire, on compte jusqu’à 31 facultés des lettres. Pendant un demi-siècle, l’implantation et le nombre de ces établissements demeurent très fluctuants. Dès 1816, la Restauration supprime d’un trait de plume 17 facultés de lettres et trois facultés de sciences sur les 27 existantes et les remplace par des commis-sions d’examen du baccalauréat. il n’y a alors que six villes qui possèdent les deux  établissements  : Besançon, Caen, Dijon, Paris, Strasbourg et Toulouse. En 1837-1838, après un débat sur la décentralisation intellec-tuelle dans le Royaume, le Grand Maître Salvandy fait adopter la création de quatre nouvelles facultés des lettres (Bordeaux, Lyon, Montpellier, Rennes). Cinq autres s’y ajoutent entre 1845 et 1854 (Aix, Clermont-Ferrand, Douai, Nancy, Poitiers), portant à quinze le nombre des facul-tés au début du xxe siècle. Les facultés des sciences, pour leur part, sont moins bien considérées et leur nombre ne s’accroît que tardivement : il est vrai qu’elles n’offrent que de faibles débouchés, à savoir uniquement le professorat, et que le baccalauréat ès sciences est moins recherché que le baccalauréat littéraire. La faculté de Lyon est rétablie en 1833, celles de Bordeaux, Grenoble, Toulouse, Rennes et Besançon entre 1838 et 1845, et cinq nouveaux établissements voient le jour en 1854 : Clermont-Ferrand, Lille, Marseille, Nancy et Poitiers. Mais ces facultés de province mettent du temps à se développer et à devenir des pôles intellectuels importants, c’est-à-dire indépendants de l’enseignement secondaire.

    Les facultés de théologie 15

    L’enseignement théologique renaît par la loi du 14 mars 1804 qui ressus-cite les séminaires métropolitains, un par diocèse 16. Cette loi est mise en cause par le décret du 17 mars 1808 qui instaure des facultés de théolo-gie catholique, mais seulement à Paris, Lyon, Aix, Rouen, Bordeaux et Toulouse, et des facultés de théologie protestante à Strasbourg et Genève, qui sont remplacées par la suite par celles de Montauban et de Paris. Ces facultés, qui délivrent les trois grades traditionnels, baccalauréat, licence et doctorat, sont de petits établissements.

    La faculté de théologie catholique de Paris, placée sous la double tutelle de l’Église et de l’État, est installée petitement à la Sorbonne et ne comprend 15. R. Jacquin, « Les Facultés de théologie catholique de l’université de France (1808-1885)  »,

    La Documentation catholique, 7 février 1954, n° 1166, p. 159-179.16. informations extraites de J. Doré (dir.), Les Cent ans de la Faculté de théologie, Paris, Beauchesne,

    1992, 391 p. et R. Jacquin, « Les Facultés de théologie catholique de l’université de France (1808-1885) », La Documentation catholique, 7 février 1954, n° 1166, p. 159-179.

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    au départ que trois chaires, à l’image des facultés de province (histoire ecclé-siastique, dogme, morale évangélique) ; trois autres s’y ajoutent en 1810 et une septième est créée en 1838. Mais, faute d’être reconnue canonique-ment par le Saint-Siège, elle a une existence précaire et de faibles effectifs, notamment parce qu’elle ne peut rivaliser avec les grands séminaires, seuls reconnus pour la formation des ecclésiastiques, à l’inverse des facultés de théologie protestante qui forment les pasteurs. En 1871, la faculté protes-tante (luthérienne) de Strasbourg est transférée à Nancy avant de s’installer à Paris en 1877. Dans le contexte des mesures de séparation des Églises et de l’État, la faculté catholique de Paris est supprimée en 1885. La faculté des lettres récupère deux de ses chaires, celles d’histoire du christianisme et celle de philologie hébraïque. En 1906, en conséquence de la loi de séparation de 1905, la faculté de théologie protestante devient un établissement privé.

    Le statut de l’étudiant étranger

    L’étudiant étranger peut être envisagé d’un double point de vue : en tant que non-national relevant du droit commun des étrangers en France, et en tant qu’élève étranger d’une faculté. Pendant une bonne moitié du siècle, l’étudiant étranger ne se différencie guère de l’étudiant français : aucun des textes fondateurs des études dans les facultés ne cite cette catégorie d’élèves. Bien au contraire, les mêmes exigences lui sont imposées, notamment celle du baccalauréat, même si l’on admet rapidement des équivalences à ce titre. Le cursus studiorum est le même, ainsi que le diplôme final. À lui s’appliquent les trois caractères qui définissent l’étudiant français 17 : l’obli-gation de s’inscrire, la possession d’un titre (diplôme ou niveau d’études) et la soumission à un régime scolaire et disciplinaire. L’étudiant étranger n’est dispensé d’aucune de ces obligations.

    Inscription et immatriculation

    Qu’est-ce qu’un étudiant à Paris au xixe siècle ? Pour s’inscrire en faculté, l’étudiant doit avoir au moins 16 ans, et cette exigence ne souffre aucune dérogation. il ne peut être inscrit en rhétorique ou en philosophie, le bacca-lauréat étant, comme aujourd’hui, le passeport de l’enseignement supérieur. Ce titre n’est toutefois pas exigé pour l’accès à l’ensemble des filières. Dès la recréation des facultés, et jusqu’en 1956, la qualité d’étudiant est attestée par la prise d’inscriptions, et cet exercice est trimestriel, en sorte qu’une année scolaire est en théorie rythmée par quatre inscriptions. La compta-bilité des inscriptions est notamment effectuée à l’occasion des examens, qui ne peuvent être passés qu’en possession d’un nombre déterminé de ces 17. Voir notre définition de l’étudiant dans P. Moulinier, La naissance de l’étudiant moderne (xixe siècle),

    Paris, Belin, 2002, p. 33-41.

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    actes. Sous la Restauration, en vue d’interdire l’accès aux cours d’éléments indésirables, une inscription spéciale est exigée des auditeurs libres. Pour pouvoir suivre ses études, l’étudiant doit payer tous les trois mois au secré-taire-caissier de la faculté des droits dont le taux et le nombre varient selon le diplôme convoité. Outre l’inscription proprement dite, on peut avoir à régler des frais d’examen et des frais de diplôme. L’inscription se fait sur un registre ouvert au secrétariat, registre qui doit être « coté et paraphé » par les autorités de l’établissement. Les extraits de ce registre, joints aux certificats d’assiduité délivrés par les professeurs, sont en principe exigés pour passer un examen.

    Les inscriptions et les examens « font »-ils l’étudiant ? Si la notion d’étu-diant est relativement claire dans les facultés « professionnelles » (droit, médecine et pharmacie), elle est plus problématique en sciences et en lettres où coexistent, notamment du fait de la préparation des concours d’agrégation, des enseignants en poste avec des normaliens et de « vrais » étudiants, boursiers ou non, sans compter de nombreux auditeurs libres et des étrangers. Vers la fin du siècle, la nécessité d’une clarification se fait jour et provoque la mise en place de l’immatriculation par le décret du 21 juillet 1897. L’exposé des motifs rédigé par Louis Liard remarque qu’on ne peut plus définir l’étudiant uniquement par l’inscription, comme le fait encore le décret de 1883. « L’inscription n’est imposée qu’aux aspirants aux grades. Or, il y avait déjà dans les facultés beaucoup d’autres étudiants. il fallait les comprendre tous dans une définition nouvelle. » L’immatriculation, qui s’impose à tous les étudiants, français ou étrangers, qu’ils recherchent ou non un grade ou un diplôme professionnel, « exception faite toutefois des savants, professeurs, docteurs français ou étrangers », devient le sésame pour entrer dans les facultés et prétendre à la qualité d’étudiant. Elle est obligatoire, et bien entendu gratuite, pour les étudiants qui sont toujours tenus de prendre leurs inscriptions. Mais, du fait que, dans certains cas, un étudiant peut n’avoir pas à prendre d’inscriptions, il peut être à la fois immatriculé et non inscrit, ce qui est une situation fréquente en lettres dans les premières années du xxe siècle.

    Pendant tout le siècle et jusqu’à nos jours, les usagers des facultés se divisent en deux groupes : les « vrais » étudiants qui aspirent à un grade et les « bénévoles » ou auditeurs libres, catégorie qui, jusqu’en 1877, constitue le principal public des facultés de lettres et de sciences. Pour ceux qui ne visent pas un grade, mais par exemple un titre purement scientifique sans conséquence professionnelle, ou pour les auditeurs libres, elle se distingue des inscriptions en ce qu’elle est payante, annuelle et peut être prise pendant toute l’année scolaire. L’immatriculation est imposée à des professionnels en exercice désireux de fréquenter quelques cours et la bibliothèque, ce qui suscite les protestations de médecins obligés de payer des droits pour quelques minutes de travail en bibliothèque. Tous doivent s’inscrire sur

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    un registre spécial ouvert chaque année et la renouveler annuellement. Elle donne lieu à la délivrance d’une carte d’étudiant.

    Dès 1896, les personnes, notamment étrangères, qui ne visent pas une certification ou un grade, sont assujetties au système de l’immatriculation : les étudiants qui payent des inscriptions sont immatriculés gratuitement. L’immatriculation est imposée à des professionnels en exercice désireux de fréquenter quelques cours et la bibliothèque, ce qui suscite les protestations de médecins obligés de payer des droits pour quelques minutes de travail en bibliothèque.

    Le régime disciplinaire

    Le second point commun à l’ensemble des étudiants est de relever d’un même cadre disciplinaire. Être étudiant, c’est en effet appartenir à une insti-tution qui a un droit de sanction en cas de faute, et les étudiants étrangers n’échappent pas à cette juridiction. un important décret du 30 juillet 1883 donne une définition « disciplinaire » de l’étudiant (article 31) :

    « Est considéré comme étudiant, au point de vue de la compétence des juridictions disciplinaires, celui qui, régulièrement inscrit sur les registres d’une faculté ou d’une école, n’a pas, soit terminé ses études, soit demandé sa radiation. »

    Dès la mise en place des nouvelles facultés et de l’université au début du siècle, la juridiction universitaire qui régit les étudiants est partagée entre les chefs d’établissement et les instances académiques. Relèvent des premiers (doyens et directeurs) et de commissions disciplinaires les fautes commises à l’intérieur, du Conseil académique les fautes commises hors des locaux universitaires. L’instance d’appel des décisions des conseils académiques au plan national est le Conseil de l’université ou ses avatars : c’est lui par exemple qui décide si des étudiants exclus d’une faculté peuvent être admis dans un autre établissement.

    Le décret du 30 juillet 1883 fixe la procédure à suivre en cas de faute. Le  doyen reçoit l’étudiant coupable et écoute ses explications, puis il informe le recteur. L’assemblée de la faculté, sur le rapport du doyen, décide s’il y a lieu à suivre. Si la réponse est positive, l’assemblée délibère et décide à la majorité simple. S’il le souhaite, le prévenu est entendu. La décision est portée à la connaissance du recteur, qui informe le ministre. une procé-dure analogue est fixée pour les affaires relevant du Conseil académique. Le décret précise en outre que les délibérations du Conseil académique peuvent être attaquées par voie d’appel a minima. La faculté d’appeler appartient au recteur. Les peines encourues vont de la réprimande à l’exclu-sion « à toujours » de toutes les facultés et écoles de la République.

    Quelles sont les fautes ainsi sanctionnées, ou plutôt, les effets atten-dus de ces sanctions ? il s’agit de contrôler l’étudiant en responsabilisant

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    sa famille, de s’assurer de son assiduité, de lutter contre les fraudes, de réprimer les troubles à l’ordre public et enfin d’éviter la création d’asso-ciations d’étudiants.

    Le contrôle de l’étudiant s’effectue grâce aux procédures d’inscription et, pour les provinciaux et les étrangers, à la désignation d’un correspon-dant : si en effet les parents ou le tuteur n’habitent pas la ville universitaire, l’étudiant doit se faire accompagner d’une personne domiciliée dans cette ville chez laquelle il sera censé élire domicile : c’est son « répondant ». Lors de la première inscription en effet, l’élève doit se présenter en personne avec son répondant au secrétariat de la faculté dans la première quinzaine de novembre muni d’un extrait d’acte de naissance (vers 1880, légalisé), d’un certificat de bonne conduite délivré par le maire et de son diplôme de bachelier si celui-ci est exigé. S’il est mineur, le consentement écrit des parents ou du tuteur, avec l’indication du domicile de ceux-ci, est obliga-toire. À chaque changement de domicile, il doit faire une déclaration. En cas de changement ou de décès du répondant, il doit en présenter un autre. L’étudiant écrit lui-même sur le registre ses nom, prénom, âge, lieu de naissance, l’indication des cours qu’il se propose de suivre et enfin son lieu de résidence. Toute absence de déclaration ou fausse déclaration de son domicile ou du nom du répondant entraîne la perte des inscriptions prises depuis le début du délit. Le décret de 1883 punit de la perte d’une à deux inscriptions toute fausse déclaration de domicile, mais celui de 1897 ignore ce délit. À partir de 1820, le répondant inscrit lui aussi ses nom et adresse sur le registre. il est alors délivré à l’élève gratuitement une ou plusieurs cartes qu’il doit aussitôt signer ; elles seront contresignées par le doyen et éventuellement par le professeur dont il suit le cours, et l’étudiant doit en permanence les porter sur lui. La ou les cartes sont renouvelées chaque année contre remise des anciennes.

    La réglementation a également pour but de lutter contre diverses fraudes. Selon l’ordonnance de 1820, quiconque prend une inscription pour un autre sera puni de la perte de toutes ses inscriptions, ainsi que le bénéficiaire de la fraude, et ils peuvent être condamnés civilement comme faussaires. Le décret de 1883 punit les complices de la perte d’une à quatre inscriptions ; si le fautif a toutes ses inscriptions, il est ajourné pour les épreuves qui lui restent à subir pendant un temps qui ne peut excéder une année. Le prêt de carte à un camarade, selon le statut de 1825, entraîne la perte d’une ou plusieurs inscriptions, et même l’exclu-sion si la carte a permis d’introduire un fauteur de troubles. Le décret de 1883 assimile ce délit au cas précédent. La fraude à l’examen est un autre délit classique, et l’arrêté du 16 mars 1832 oblige le candidat à apposer sa signature sur une feuille de présence le jour de l’examen ; les examinateurs doivent vérifier la conformité de la signature avec celle qui a été apposée sur la feuille d’inscription.

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  • LES ÉTuDiANTS ÉTRANGERS à PARiS Au xixe SièCLE

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    Dans la même ligne répressive, l’ordonnance de 1820 prend une mesure dont les conséquences seront importantes en termes d’expression publique des étudiants. Son article 20 interdit en effet aux étudiants d’une ou de plusieurs facultés

    « de former entre eux aucune association, sans en avoir obtenu la permission des autorités locales et en avoir donné connaissance au Recteur de l’acadé-mie ou des académies dans lesquelles ils étudient. il leur est pareillement défendu d’agir ou d’écrire en nom collectif, comme s’ils formaient une corporation ou une association légalement reconnue ».

    Cette interdiction restera en vigueur plus de 60 ans et ce n’est qu’en 1882 que l’on voit les doyens, consultés sur le projet de décret qui deviendra le décret du 30 juillet 1883, pencher presque tous pour la suppression de l’article qui la mentionne. À leurs yeux, les étudiants doivent être soumis au droit commun et jouir comme tous les citoyens français du droit d’asso-ciation et de pétition. Le doyen de la faculté de droit de Paris estime même que le maintien de cette interdiction ne manquerait pas de provoquer chez les étudiants une « émotion considérable » et constituerait pour les autori-tés universitaires une arme plus dangereuse qu’utile. Cette clause est donc exclue du décret de 1883.

    ΏL’offre d’enseignement supérieur de la France ne se borne pas à celle

    des facultés, regroupées en 1896 en universités, et l’on sait l’importance du réseau parallèle et concurrent des grandes écoles, dont il n’est pas traité ici. Pourquoi de jeunes étrangers sont-ils conduits à solliciter l’inscription dans l’une des facultés françaises, et quelles études ont-elles leur préfé-rence ? De quel poids pèsent-ils dans la population étudiante ? Comment la France accueille-t-elle ces expatriés ? Quel intérêt y trouve-t-elle et quelles réticences éprouvent certains nationaux à accepter leur présence sur les bancs des facultés ? Qui sont-ils, du point de vue de la nationalité, du sexe, de la religion ? Dans quelle mesure leurs études sont-elles couronnées de succès ? Que font-ils de leurs diplômes, s’ils en obtiennent un ? Telles sont les questions auxquelles nous allons tenter de répondre.

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