Introduction a La Phi Lo Sophie de Platon

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    INTRODUCTION

    A LA PHILOSOPHIE

    DE PLATON,

    TRADUITE DU TEXTE GREC D'ALCINOS,

    PHILOSOPHE PLATONICIEN;

    PAR J. J. COMBES-DOUNOUS,

    L'UN DES FONDATEURS DE LA SOCIT DES LETTRES, SCIENCES ET ARTS DE MONTAUBAN,

    ASSOCI CORRESPONDANT DU MUSEE DE TOULOUSE,

    MEMBRE DE LA SOCIT LIBRE DES LETTRES, SCIENCES ET ARTS DE PARIS,

    ET MEMBRE DU CORPS LGISLATIF.

    Florent civitates si philosophi imperant,

    aut imperantes philolophantur.

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    JUL. CAPITOL. IN M. ANTON. PHILOS.

    A PARIS,

    DE LIMPRIMERIE DE P. DIDOT L'AIN,

    AU PALAIS NATIONAL DES SCIENCES ET ARTS.

    AN VIII.

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    DE L'INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE DE PLATON

    PAR LE PHILOSOPHE ALCINOS.

    POUR peu qu'on soit vers dans la philologie on connat Platon et quelques unsde ses ouvrages; mais il est peu mme de philologues qui aient une ide exacte etprcise de l'ensemble du systme de philosophie du prince des philosophes.[1]

    Prsenter aux amateurs de la philosophie l'pitom, le tableau en raccourci duplatonisme, tait un service trop important leur rendre pour que l'ide n'en vnt pas quelqu'un des sectateurs de cette clbre cole, laquelle le disciple de Socrate eutl'honneur de donner son nom. C'est ce qui fut entrepris et excut par Alcinos,philosophe platonicien, dans louvrage que nous offrons au public.

    Cet opuscule, que l'on peut regarder comme une perle perdue dans la poussire dessicles, est assez peu connu, mme de nos plus savants hellnistes. L'un d'eux, quij'ai fait part de l'intention o j'tais de publier la traduction que j'en ai faite, m'avertitde prendre garde que cet crit ne ft pas une des lucubrations pseudonymes qu'on

    vit clore dans les quinzime et seizime sicles, peu de temps aprs, que lesChrysoloras, les Trapezunce et les Gaza eurent ressuscit le got des lettres grecquesen Italie, Cet veil fut suffisant pour exciter ma sollicitude; et sur-le-champ je me livraiaux recherches propres constater l'authenticit de mon origine. Le savant Fabriciusma fourni, dans le quatrime volume de sa Bibliothque grecque, tous les matriauxque je pouvais dsirer pour remplir mon but. En voici l'extrait.

    Il n'existe point de manuscrit certain l'aide duquel on puisse fixer l'poque prcise

    o vcut le philosophe Alcinos ; mais les rudits s.'accordent la placer aucommencement de l're chrtienne. Le trait que nous avons de lui ayant pour titre,IntroductionlaPhilosophiedePlaton, est une preuve qu'il tait platonicien ; moinsqu'on ne suppose qu'attach une autre cole il s'est amus composer plaisirl'abrg de la philosophie de Platon;[2]car Philostrate fait mention, dans la vie deMarcus le sophiste, d'un Alcinos qui tait stocien ; et il s'indigne qu'on attribue cet

    Alcinos un dialogue sur l'Iris (deIride) comme s'il en tait l'auteur. Quoi qu'il en soit,l'auteur de l'Introduction la Philosophie de Platon est plus ancien que celui d'unouvrage ayant pour titre delUnivers, que certains critiques attribuent Flavius

    Josphe;[3]d'autres un Hyppolite, vque ; d'autres enfin un prtre romain nommCaius. Car c'est ainsi que s'exprime sur le compte de ce livre, Photius, patriarche de

    Constantinople, dans le quarante-huitime chapitre de sa Bibliothque: Ildmontre , dit Photius, en parlant de l'auteur du livre en question intitul delUnivers, il dmontre que Platon est en contradiction avec lui-mme; et qu'Alcinos, lorsqu'iltraite de lme, de la matire, et de la rsurrection, ne suit pas fidlement la doctrine deson matre[4]. Le judicieux Fabricius pense que l'Alcinos mentionn dans ceslignes du patriarche de Constantinople est notre auteur.

    Voici quelque chose de plus dcisif. Eusbe de Csare, dans le chapitre 23 du livreXI de sa Prparationvanglique, cite un passage de notre Alcinos,[5]lequel se trouveen propres termes dans le douzime chapitre de son introduction. Ds lors il n'y aplus moyen de douter, moins d'imiter le pyrrhonisme du P. Hardouin, qu'avant

    Photius et Eusbe, c'est--dire avant le neuvime et le quatrime sicle, il a exist unphilosophe Alcinos qui nous a, laiss l'Introduction la philosophie dont il s'agit ici.

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    A prsent que j'ai mis l'authenticit de mon original l'abri de toute querelle,parlerai-je de l'intrt que doit inspirer tous les amateurs de la philosophie et del'antiquit la version d'Alcinos que je leur prsente ?

    Si l'on attache un certain plaisir retrouver dans un marbre ou sur des mtaux latte ou le profil des grands hommes de l'antiquit, combien plus forte raison doit-ontre curieux de voir ramass dans un cadre en miniature un systme de philosophiequi a si longtemps occup le trne de l'opinion, aujourd'hui surtout que ce genre decuriosit est si difficile satisfaire : car il est rare d'avoir sous sa main la collectioncomplte des uvres de Platon. Et d'ailleurs, quand on la possderait, et que, d'unautre ct, on serait assez familier avec la langue grecque pour lire ce philosophe dansles originaux, on ne laisserait pas de trouver commode un travail dont on aurait lapeine pargne ; et ce travail n'est pas une bagatelle. Si l'on rflchit que les ouvragesde Platon sont trs nombreux et trs varis, que les diverses ramifications de l'arbrephilosophique y sont toutes parcourues et plus ou moins dveloppes, mais sansaucun ordre qui lie entre eux les diffrents traits, on doit regarder comme trsprcieuse la carte de rduction du platonisme, si l'on peut s'exprimer ainsi, qui donne l'esprit la facilit d'embrasser comme d'un coup d'il ce vaste ensemble.

    Un autre motif d'intrt se fonde sur ce que l'ouvrage d'Alcinos parat ici pour lapremire fois en franais. J'ai eu beau consulter tous les bibliographes, je n'airencontr que Duverdier-Vauprivas qui parle, sur la foi d'autrui, d'une traductiond'Alcinos, attribue une personne du sexe. Il ajoute qu'on lui a assur que cettetraduction avait t imprime Paris; mais il dclare en mme temps qu'il rien a point

    vu d'exemplaire.

    Lamonnoye, l'annotateur, de Duverdier, dtruit dans ses notes ce que dit ce dernierde cette prtendue traduction, qui, d'ailleurs, n'ayant point t imprime, nte point la mienne le mrite de la nouveaut.

    Le mme annotateur de Duverdier parle d'un commentaire curieux sur l'ouvraged'Alcinos, qu'il attribue Franois Charpentier, un des premiers ornements , dit-il, de lacadmie franaise.

    La plupart des rudits parlent des ouvrages des auteurs qu'ils citent sans les avoirlus, ou mme sans y avoir jet un coup d'il : c'est ce qui est arriv Lamonnoye ; carle commentaire sur l'introduction la philosophie par Alcinos, dont il fait mention,appartient, non Franois Charpentier, membre de l'acadmie franaise, mais

    Jacques Charpentier, mdecin et professeur de grec l'universit de Paris avantl'tablissement de l'acadmie.

    Ce travail de Jacques Charpentier avait sans doute beaucoup de mrite l'poqueo il vit le jour. On sait qu' la fin du seizime sicle la mode de l'rudition dominait ;les doctes de ce temps-l ne touchaient point un des monuments littraires ouscientifiques de l'antiquit sans l'enrichir de notes, de scholies, d'annotations, decommentaires, au milieu desquels l'original ne jouait souvent qu'un rle secondaire.Charpentier paya, comme de raison, son tribut la mode rgnante ; et soncommentaire, compos de deux volumes in-4 de plus de quatre cents pages chacun,s'est accru au-del du dcuple de l'original, qui, dans les versions latines de DanielHeinsius et de Denys Lambin, ne remplit pas soixante pages in-8 .

    D'ailleurs Charpentier tait, comme nous l'avons dj dit, professeur de grec dansun des collges de l'universit de Paris. Il nous apprend, dans la prface latine qu'il a

    mise la tte de son commentaire, qu'il avait pris pour sujet de ses leons de languegrecque avec ses coliers l'ouvrage d'Alcinos, de mme que d'autres professeurs

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    prenaient, ou le manuel d'Epictte, ou le tableau de Cbs, ou quelque oraisond'Isocrate, ou de Dmosthne. Il tait tout simple qu'en donnant ses disciples desleons de grammaire il dsirt de leur faire entendre, par quelques dveloppementspuiss dans les livres de Platon, ce qui tait trop succinct et trop concis dans l'ouvraged'Alcinos ; et de l son commentaire.

    Quant moi, pour qui un semblable motif n'existe pas, je n'ai d suivre nil'exemple ni la marche de Charpentier. Je n'ai d'autre but que d'offrir aux amateurs dela philosophie en gnral, et du platonisme en particulier, l'opuscule d'Alcinos telqu'il est sorti de la plume de ce disciple de Platon. Ceux qui la lecture de cet abrgfera dsirer quelque chose de plus, pourront amplement se satisfaire dans lecommentaire de Charpentier, qu'ils trouveront la bibliothque nationale sous le titrede PlatoniscumAristoteleinuniversaphilosophiaComparatio, quhoccommentatioinAlcinoiinstitutionemadejusdemPlatonisdoctrinamexplicatur; auctoreJac. Carpentario. Parisiis, 1573, R.622.

    Je n'ai plus qu'un mot dire. Afin de donner ma traduction toute la fidlit qui

    doit faire son mrite unique, je l'ai collationne avec le plus grand soin aux troisversions latines de Charpentier, de Denys Lambin, et de Daniel Heinsius ; et, par unesingularit assez remarquable, ce trait est un des morceaux de l'antiquit qui ait lemoins donn lieu ce que les rudits appellent variantes, ou diverses leons, varilectiones. J'ai donc quelque lieu de me flatter que je me suis constamment tenu aussiprs de la lettre de l'original que me l'a permis la synonymie des deux langues.

    Au surplus je ne crains pas que l'on me reproche le dfaut d'enluminure et decoloris acadmique; tout le monde sait qu'ils seraient aussi dplacs dans un ouvragecomme celui-ci, qui appartient en entier au genre didactique, qu'il serait ridicule de nepas les trouver dans un pangyrique ou dans une oraison funbre.

    Le plan que je me suis propos me commandait une grande sobrit de notes: lepetit nombre de celles que j'ai hasardes ne permettra pas sans doute qu'on m'accused'avoir affect les prtentions d'un commentateur, ni d'un rudit ; car, je le rpte, jen'ai eu pour but que de donner, si je peux employer cette figure, en monnaie franaisela valeur d'une pice grecque. Puissent les amateurs de la philosophie, qui je prsentecet essai, ne pas le juger tout fait indigne de leurs regards !

    Paris, le 28 floral an 8.

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    INTRODUCTION

    A LA PHILOSOPHIEDE PLATON,

    PAR LE PHILOSOPHE

    ALCINOS[6]OU

    ALBINOS DE SMYRNE (?)

    CHAPITRE I.

    Qu'est-cequelaphilosophie, etquellessontlesqualits

    dontunphilosophedoittredouparlanature?

    LES principaux dogmes[7]de la doctrine de Platon pourraient tre exposs de cettemanire.

    La philosophie est l'apptit[8]de la sagesse, c'est--dire l'tat de lme suprieureaux impressions du corps, affranchie de sa servitude, et livre la recherche deschoses intelligibles et de la vrit.

    La sagesse est la science des choses divines et humaines.[9]

    Le philosophe est celui dont la dnomination est drive de la philosophie, commecelle du musicien de la musique.

    Il faut d'abord qu'il soit n propre l'tude des sciences qui peuvent le prparer etle conduire facilement la connaissance de la substance intellectuelle, infaillible, etimmortelle.

    Il faut ensuite qu'il ait la passion de la vrit, et qu'il ne puisse aucunement souffrirle mensonge.

    Il doit encore tre naturellement temprant et susceptible de matriser lesaffections de lme sujettes au trouble et au dsordre des passions; car celui qui estavide de s'instruire de la nature des choses, et qui tourne ses dsirs de ce ct-l, nerecherche point les plaisirs du corps.

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    Celui qui veut se consacrer l'tude de la philosophie doit surtout avoir une melibrale:[10] rien ne nuit autant que la servilit, la domesticit d'esprit (si l'on peuts'exprimer ainsi) la contemplation des choses divines et humaines.

    Il doit avoir autant de penchant naturel pour la justice que pour la vrit, pour laraison,[11]et pour la temprance.

    La facilit d'apprendre et la mmoire ne lui sont pas moins ncessaires : ce sontdeux qualits caractristiques du philosophe.

    Avec des qualits pareilles, accompagnes d'une instruction saine et d'uneducation convenable, l'homme devient parfaitement vertueux. Ngligez de l'instruire,il est capable des plus grands crimes. Aussi Platon avait-il accoutum de regarderl'instruction et l'ducation comme, les synonymes des vertus du premier ordre, lajustice, la force, et la temprance.

    CHAPITRE II

    Laphilosophieprfrelacontemplation[action.

    IL y a deux genres de vie; la vie contemplative, et la vie active.

    La premire a pour objet principal la connaissance de la vrit ; celui de l'autreconsiste excuter ce que conseille la raison.

    La vie contemplative a le premier rang; et la vie active tient le second .[12]Ce quisuit va prouver que cela est ainsi.

    La contemplation est l'action de lme qui travaille connatre les chosesintellectuelles.

    L'action est le jeu des oprations de lme par l'entremise du corps.Lorsque l'me est applique la contemplation de la divinit et des notions qui la

    constituent, on dit que lme prouve ses plus douces jouissances, et cette situations'appelle sapience ; c'est--dire que les fonctions de lme dans cet tat ressemblent celles de la divinit. C'est donc notre objet principal, notre objet essentiel, le plusdsirable, le plus avantageux, le plus conforme nos facults naturelles, le plus ennotre puissance, et le plus analogue notre destination.

    Tout ce qui tient la vie active, qui dpend de l'entremise du corps, peut prouverdes obstacles.

    Selon l'exigence des cas, il faut mettre en uvre les principes dont lacontemplation a dmontr l'utilit pour l'amlioration de la morale.

    L'homme de bien[13] se dvouera la chose publique lorsqu'il verra que legouvernement est en mauvaises mains ; il regardera comme un devoir d'tre capitaine,juge, ngociateur.

    Ce qu'il y a de plus essentiel, de plus important dans la vie active, c'est lalgislation, l'organisation des corps politiques, et l'ducation des jeunes gens.

    Il suit de ce que nous venons de dire que le philosophe ne doit en aucune manireabandonner la contemplation, mais au contraire la cultiver, s'y perfectionner toujoursdavantage, et se livrer ensuite la vie active comme un devoir secondaire.

    CHAPITRE III.

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    Lephilosophes'appliquetroischoses :lacontemplation, lamorale, etlartduraisonnement.

    SELON Platon, l'tude du philosophe parat consister en trois choses ; dans lacontemplation et la connaissance de ce qui est, dans l'exercice des belles actions, et

    dans la recherche des principes du raisonnement.Sous le premier de ces trois rapports la science du philosophe s'appelle la thorie;

    sous le second, lapratique; sous le troisime, la dialectique.

    Cette dernire se divise en quatre parties; la division, la dfinition, linduction, et lasyllogistique.

    La syllogistique se subdivise son tour: elle est dmonstrative, lorsqu'elle emploie desarguments qui emportent une dmonstration rigoureuse et ncessaire; pichrmatique,lorsqu'elle ne met en uvre que des probabilits ; rhtorique y lorsqu'elle se sertd'enthymmes, autrement dits raisonnements imparfaits, ou lorsqu'elle se sert desophismes.[14]

    Cette tude est ncessaire au philosophe; mais elle ne doit tre ni la premire ni laplus importante.

    Dans son objet pratique la philosophie rgle les murs des individus, soigne lesaffaires domestiques, et concourt l'administration de la rpublique et sa prosprit.Le premier de ces trois rapports constitue la morale; le second, l'conomiedomestique; et letroisime, l'conomiepolitique.

    Lorsque la contemplation s'occupe de la cause premire, de la cause immuable,c'est--dire de la divinit, elle prend le nom de thologie; lorsqu'elle tudi lesmouvements des astres, leurs rvolutions, leurs vicissitudes, et la structure du monde,

    elle s'appellephysique; et lorsqu'elle applique ses oprations la gomtrie et les autressciences analogues, on la distingue par la dnomination de mathmatique.[15]

    Telle est la division et la distinction des diverses parties de la philosophie. Nousallons commencer par traiter de la dialectique selon les ides de Platon ; et d'abordnous parlerons du critrion.

    CHAPITRE IV.

    Delajudiciairetetdesforcesdelmerelativescettefacult.

    PUISQU'IL y a quelque chose qui juge, et quelque chose qui est juge, il doit yavoir un rsultat de cette opration, et c'est ce qu'on doit appelerjugement.

    Dans un sens propre on peut donner au jugement le nom de criterion, et dans unsens plus commun on peut donner cette dnomination la facult qui juge, lajudiciaire.[16]

    Cette facult peut tre considre sous deux diffrents points de vue, selon le sujetpar qui elle est exerce, et selon le moyen par lequel elle s'exerce. Le premier est notreentendement; le second, cet organe naturel qui nous sert connatre, premirement la

    vrit, ensuite le mensonge, et qui n'est autre chose que la raison naturelle.

    Pour parler plus clairement, le philosophe par qui les choses sont juges peut tre

    regard comme le juge de ce qui est : la raison aussi, qui examine la vrit, et que nousvenons d'appeler un organe ou un instrument, doit partager cette prrogative.

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    Il y a aussi deux espces de raison ; l'une absolument incomprhensible etparfaitement vraie, l'autre incapable d'tre induite en erreur sur la nature des choses.

    La premire appartient Dieu, l'homme n'en est point susceptible; la seconde estl'apanage de l'homme.

    Cette dernire peut se diviser en deux branches ; lune approprie aux chosesintelligibles, lautre aux choses sensibles.

    Celle qui a pour objet les choses intelligibles est la science ou la raison scientifique ;celle qui embrasse les choses sensibles ou les sensations, est une; raison doxastique[17]ou d'opinion.

    Il suit de l que tout ce qui est du ressort de la raison scientifique est solide etimmuable, parce quelle est elle-mme fonde sur des bases qui ont ces deux qualits;au lieu que la raison factice, ou d'opinion, n'offre, en gnral que des probabilits, des

    vraisemblances, parce qu'elle ne sappuie que sur des fondements incertains.

    Lentendement est le principe de la science, qui a pour objet les choses intelligibles

    ; et les sensations, sont le principe de ce qui rapporte aux sens.La sensation est une impression que l'me reoit par lensemble du corps, et qui

    l'avertit principalement de sa proprit passive.

    Lors donc que lme reoit par le ministre des corps une affection sensible c'est--dire une sensation, et qu'ensuite l'effet de cette sensation, au lieu de se dtruire, et des'vanouir avec le temps, reste dans l'me, et sy conserve, cette continuationd'existence de la part de la sensation produit la mmoire.

    L'opinion est le rsultat commun de la mmoire et de la sensation.

    Lorsque nous rencontrons un objet sensible, lorsque la prsence de cet objet

    produit sur nous une sensation et que cette sensation s'imprime dans la mmoire, siensuite nous rencontrons de nouveau le mme objet sensible, nous comparons lasensation prcdente, qui s'est conserve dans la mmoire, avec la nouvelle sensation; et nous disons en nous-mmes, par exemple, Socrate, cheval,feu; ou toute autre chose.

    Lors donc que nous comparons une sensation prcdente avec une sensationrcemment prouve, l'effet de cette comparaison s'appelle opinion : lorsque les deuxobjets de comparaison conviennent, s'accordent ensemble, l'opinion qui en rsulte estune vrit ; lorsqu'au contraire il y a entre eux de la discordance, l'opinion est fausse,et constitue l'erreur ou le mensonge.

    Si quelqu'un qui a l'ide de Socrate dans la mmoire rencontre Platon, et qu'il

    pense, sur la foi de quelque ressemblance, qu'il rencontre une seconde fois Socrate, etqu'ensuite prenant la sensation actuelle qu'il a de Platon comme si elle tait rellementde Socrate, il la compare avec l'ide de Socrate qu'il a dans la mmoire, il en rsulteune fausse opinion.

    Platon compare une table de cire l'organe du corps humain dans lequel s'opre lammoire et la sensation.

    Lorsque lme a compos dans la pense son opinion du rsultat de la sensation etde la mmoire, et qu'elle contemple les objets de son opration comme les vraiescauses dont elle est l'effet, Platon appelle cela dlination, dessin, et quelquefoisimagination,fantaisie.[18]

    Il appellepensela conversation de lme avec elle-mme.Il appelle discoursce qui mane delle par la bouche et par le moyen de la voix.

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    Lintelligence est laction de l'entendement qui contemple les choses intelligibles depremier ordre. Il parat qu'on peut la considrer sous un double rapport : le premier,dans cet tat de l'me lorsquelle contemplait les choses intelligibles avant d'trerenferme dans le corps,[19] le second, dans cet tat de lme depuis quelle y estrenferme.

    Dans cette primitive situation de l'me avant son union avec le corps ctaitproprement l'intelligence; mais depuis cette union, ce qu'on appelait auparavantintelligencen'est plus qu'une connaissancenaturelle, une espce, d'intelligence de lme djsoumise au corps.

    Lors donc que nous disons que l'intelligence est le principe de la raisonscientifique, nous n'entendons point cette dernire intelligence dont nous venons deparler, mais celle qui existait dans l'me, avant son union avec le corps, qui s'appelaitalors, comme nous l'avons dit, intelligence, et qui maintenant se nomme connaissancenaturelle. Platon la dsigne sous le nom de sciencesimple, dailedelme,[20]et quelquefoissous celui de mmoire.

    De toutes ces connaissances simples rsulte la raison naturelle, qui produit lascience et qui est l'ouvrage de la nature.

    Puisqu'il existe une raison scientifique et une raison doxastique; puisquel'intelligence et la sensibilit existent aussi, il existe donc des choses qui en sont l'objet,et ce sont les choses intelligibles et les choses sensibles. Dans la classe des chosesintelligibles ce sont les ides qui tiennent le premier rang; le second est pour lesformes relatives matire considres, dans un sens abstrait. L'intelligence a doncdeux branches, selon qu'elle a pour objet ou les ides ou les formes.

    D'un autre ct les choses sensibles tant de deux ordres; savoir les qualits,comme la couleur, la blancheur; l'accident, comme la chose blanche, la chose colore ;

    et, outre cela, le concret,[21] comme le feu, le miel : de mme la sensibilit est dupremier ou du second ordre selon qu'elle s'exerce sur ces diffrents objets.

    L'intelligence, en s'occupant juger la premire classe des choses intelligibles, sesert de la raison scientifique, et cela par une opration collective et sans dtails.

    Les choses intelligibles de la seconde classe sont immdiatement juges par laraison scientifique aide de l'intelligence.

    Le premier, le second ordre de choses sensibles sont jugs par la sensibilit avec lesecours de la raison doxastique; et c'est cette mme raison doxastique qui juge leschoses concrtes l'aide de la sensibilit.

    La premire partie du monde intelligible tant compose de choses intelligibles, etla premire partie du monde sensible tant compose, de choses concrtes,l'intelligence juge le monde intellectuel par le secours de la raison, c'est--dire qu'ellene le fait pas sans employer la raison ; et la raison doxastique juge le monde sensible,mais non sans s'aider de la sensibilit.

    Pour ce qui est de la contemplation et de l'action, la droite raison ne juge pas de lamme manire les choses de leur ressort respectif. Dans les premires elle cherche discerner ce qui est vrai de ce qui ne l'est pas ; dans les autres, elle considre lesactions dans un sens intrinsque, dans leurs rapports avec celui qui agit et avec autrui.

    Par l'ide naturelle que nous avons du beau et du bon,[22] par l'usage que nous

    faisons de la raison, en la ramenant aux ides naturelles, comme une mesure, unergle dtermine, nous jugeons si les choses sont ou d'une manire ou d'esse autre.

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    CHAPITRE V.

    Elmentsetfonctionsdeladialectique.

    L'OBJET le plus lmentaire de la dialectique est d'abord d'examiner l'essence de

    toutes les choses quelconques, et ensuite les accidents. Elle recherche la natureintrinsque de chaque chose, ou en descendant par voie de division et de dfinition,ou en remontant par voie d'analyse.

    Elle juge des accidents et de ce qui est accessoire l'essence des choses, ou par uneinduction prise du contenu, ou par un raisonnement dduit du contenant. Les partiesde la dialectique sont donc la division, la dfinition, l'analyse, l'induction, et leraisonnement.

    La division consiste distribuer le genre en espces, et le tout en parties ; commelorsque nous distinguons dans lme la facult raisonnable et la facult pathtique,[23]et que nous distinguons encore cette seconde facult en apptit irascible et en apptit

    concupiscible.La parole se divise selon les choses signifies, lorsque nous donnons un seul et

    mme nom plusieurs choses diffrentes.

    Les accidents se divisent selon les sujets, comme lorsqu'en parlant des biens, nousdisons que les uns se rapportent l'me, les autres au corps, et que les autres sontextrieurs.

    Les sujets se divisent selon les accidents, comme lorsque nous disons des hommesque les uns sont bons, les autres mchants, et les autres entre deux.

    Il faut donc commencer par se servir de la division du genre dans les espces afin

    de bien discerner ce que chaque chose est en soi. Cette division ne peut cependant passe faire sans dfinition.

    Voici de quelle manire la dfinition doit tre conue. Pour dfinir une chose ilfaut d'abord en prendre le genre; l'homme, par exemple: il faut d'abord l'envisagercomme un tre, et ensuite classer ce mot tre selon les diffrences prochaines etimmdiates, en descendant jusques aux espces, comme en tre raisonnableet en tre

    priv de raison, en tremortelet en tre immortel; de sorte qu'en ajoutant les diffrencesprochaines au genre qui en est form, il en rsulte la dfinition de l'homme.

    Il y a trois espces d'analyse; la premire, qui procde en montant des objetssensibles aux choses intelligibles du premier ordre ; la seconde, qui part de ce qui est

    clair et dmontr pour dmontrer des propositions qui ne le sont pas, et quin'admettent point de milieu; la troisime, qui emploie l'hypothse pour arriver desprincipes certains.

    La premire espce d'analyse est celle-ci ; lorsque de ce qui est. beau ; relativementau corps nous passons ce qui est beau relativement lme; de ce qui est beaurelativement lme ce qui est beau relativement nos institutions ; de ce qui estbeau dans nos institutions ce qui l'est dans: nos lois ; et ainsi successivement : tousles genres de beau, et que, nous avanant ainsi par degrs,, nous arrivons au beau, lui-mme.

    La seconde espce danalyse consiste en ceci : il faut dterminer ce qu'on cherche,considrer ce qui est ayant l'objet cherch, aller, par voie de dmonstration de ce quiest en arrire ce qui est en avant, jusqu' ce que l'on soit arriv sans contradiction aupoint o l'on tend ; et, en parlant de ce point, on revient par la mthode synthtique

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    lobjet cherch, par exemple je veux chercher si lme est immortelle : la questionpose, je cherche si lme est dans un mouvement continuel. Aprs avoir dmontr cepoint, j'examine si ce qui est dans un mouvement continuel a en soi le principe de sonmouvement. Aprs la dmonstration de cette seconde ide je cherche si ce qui a ensoi la cause de son mouvement est le principe de ce mouvement, et ensuite si ce

    principe est incr ; car c'est un axiome, que ce qui est incr est incorruptible. Je parsde cette vrit certaine, et je compose ainsi la dmonstration : si ce qui est principeincr est incorruptible, si ce qui se meut de lui-mme est principe de mouvement, etsi lme a effectivement en soi la cause de son mouvement, il s'ensuit que lme estincorruptible, incre, et par consquent immortelle.

    Voici la troisime espce d'analyse. En cherchant une chose on commence lasupposer telle qu'on la cherche:[24] on examine ensuite ce qui rsulte de lasupposition. Aprs cela, s'il faut rendre raison de la supposition, on pose une autrehypothse, et on regarde si la premire s'accorde avec la seconde. L'on procde ainsijusqu' ce que l'on soit arriv un principe vrai par lui-mme et non hypothtique.

    L'induction consiste dans une srie mthodique de raisonnements par laquelle onpasse d'une chose une autre qui lui est semblable, ou bien des objets particuliers auxgnralits : elle est trs utile dans le dveloppement des sciences naturelles.

    CHAPITRE VI.

    Divisiondespropositionsetdesargumentsenleursespces.

    CETTE partie du discours que nous appelons proposition a deux espces, l'unelaffirmation, et l'autre la ngation.

    Laffirmation a lieu quand nous disons, Socrate sepromne. La ngationa lieu lorsquenous disons, Socratenesepromnepas.

    Laffirmationet la ngationsont ou universellesouparticulires.

    L'affirmationparticulireest celle-ci, Quelquesplaisirssontunbien. La ngationparticulireest celle-ci,Quelquesplaisirsnesontpasunbien.

    L'affirmation universelle est cette-ci, Tout ce qui est honteux est un mal. La ngationuniverselleest celle-ci, Riendecequiesthonteuxnestunbien.

    Entre lespropositions, les unes sont catgoriques, les autres hypothtiques.

    Lespropositionscatgoriquessont simples, comme celle-ci ; Toutcequiestjusteestbien.

    Lespropositionshypothtiquessont celles qui entranent des consquences ou des doutes.Platon emploie les syllogismes pour rfuter et pour dmontrer : il rfute ce qui est

    faux par voie d'interrogation ; il dmontre ce qui est vrai par voie d'instruction.

    Le syllogisme est un discours dans lequel, aprs avoir pos quelque chose, ondduit ncessairement de ce qu'on a pos quelque autre chose : les syllogismes sont,ou catgoriques, ou hypothtiques, ou mixtes.

    Les syllogismes catgoriques sont ceux dont les donnes et les conclusions sontdes propositions simples.

    Les syllogismes hypothtiques sont ceux dont les propositions sont hypothtiques.

    Les syllogismes mixtes sont ceux qui tiennent des deux premiers.

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    Platon emploie les syllogismes dmonstratifs dans ses discours didactiques:[25]il sesert de syllogismes probables avec les sophistes et les jeunes gens; il fait usage desyllogismes polmiques avec les controversistes proprement ainsi nomms, commeEuthydme et Hippias.[26]

    Il y a trois espces de syllogismes catgoriques : la premire, dans laquelle l'extrmecommun est tantt sujet, tantt attribut ; la seconde, dans laquelle l'extrme communest deux fois sujet ; la troisime, dans laquelle l'extrme commun est deux foisattribut.

    On appelle extrmes les deux termes d'une proposition, comme dans celle-ci,L'hommeestunanimal. Les mots hommeet animalsont les extrmes.

    Platon se sert souvent de ces trois sortes de syllogisme par voie d'interrogation'.On trouve un exemple de la premire forme dans l'Alcibiade,[27]quand il dit: Cequiestjusteestbeau; cequiestbeauestbondonccequiestjusteestbon. Voici un exemple de laseconde form tir de son Parmnide:[28]Cequinapointdepartiesnestnilongnirond; cequiauneformeestourondoulong, donccequinapointdepartiesnapointdeforme.

    Le mme trait offre un exemple de la troisime forme de syllogisme : Cequiaunefigureadesqualits; cequiaunefigureestfini: donccequiadesqualitsestfini.

    Il est ais de trouver des exemples de syllogismes hypothtiques par voied'interrogation dans plusieurs de ses ouvrages. Dans le Parmnide surtout on enrencontre plusieurs de semblables celui-ci: Si lunitnaniparties, ni commencement, nimilieu, ellen'apointdefin; siellen'anicommencement, nimilieu, nifin, ellen'apointd'extrmit;siellenapointdextrmit, ellen'apointdefigure; sidoncellen'apointdepartiesellen'apointde

    figure..

    Voici un exemple de la seconde forme de syllogisme hypothtique, qu'on regardecommunment comme la troisime, et dans laquelle l'extrme commun suit les deuxautres extrmes. Elle procde ainsi : Sil'unitn'apointdeparties, ellen'estnilonguenironde;sielleaunefigure, elleestourondeoulongue; sidonclunitn'apointdeparties, ellen'apointde

    figure.

    Voici un exemple de la troisime forme de syllogisme, que d'autres prennent pourla seconde, dans laquelle l'extrme commun prcde les deux autres; il est tir duPhdon.[29]

    Siaprsavoirapprislasciencedudroitnousnel'avonspasoublie, nouslasavons; maissinousl'avonsoublie, nouslaremettonsdanslesouvenir.

    Il faut dire quelque chose des syllogismes mixtes qui dduisent la vrit par voie de

    consquence : si l'unit est universelle et finie, et qu'elle ait un commencement, unmilieu, et une fin, elle a une figure; or l'antcdent est vrai; le consquent l'est doncaussi.

    Cet exemple suffit pour donner une ide de la diffrence des syllogismes mixtesqui nient par voie de consquence.

    Celui donc qui a acquis une exacte connaissance des facults de lme, de la trempediffrente des individus, des espces de discours qui conviennent tels ou telscaractres, celui qui sait avec prcision quelles doivent tre les qualits d'un orateur,quels discours il doit employer, quels esprits il est capable de convaincre, si d'ailleurs ilsait choisir une conjoncture favorable lorsqu'il doit parler, celui-l est un rhteur

    parfait, et sa rhtorique sera appele avec raison l'art de bien dire.

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    Platon n'a pas nglig de traiter la matire des sophismes. On trouve ce qu'il en adit dans son livre intitul, Euthydme : il y dmontre qu'il y a des sophismes quiconsistent dans les mots, et d'autres qui sont dans les choses, et il enseigne la manirede les rsoudre. Dans son Parmnide et dans quelques autres ouvrages il a renfermsa doctrine touchant les dix catgories : tout ce qui se rapporte l'tymologie est

    discut en dtail dans son Cratylus. En un mot Platon tait un gnie suprieur, unhomme admirable dans l'art de dfinir et de diviser, dans lequel consisteprincipalement toute l'efficace de la dialectique.

    Voici quelle est la matire de son Cratylus. Il recherche d'abord si les mots existentnaturellement, ou s'ils sont d'institution humaine : il dcide que la signification desmots, est d'institution humaine; qu'elle na pas t fixe arbitrairement ni au hasard,mais qu'elle a t adapte et approprie la nature des choses. Il pense que le sensdes mots n'est autre chose qu'une dnomination fonde sur l'essence de la chose qu'ilssignifient, et que la premire imposition quelconque du nom n'a pas suffi pour endterminer le sens, non plus que le premier accent, la premire mission de voixrelative l'objet, mais qu'il a fallu le concours de ces deux choses, de sorte que chaquemot a t dtermin par les proprits essentielles l'objet: car donner au hasard unnom ce que le hasard prsente, c'est ne dsigner rien de certain, comme si nousdonnons l'homme le nom de cheval. Parler est une de nos actions ; or le bien parlerne consiste pas dire la premire chose qui se prsente, mais il consiste dire ce quis'accorde avec la nature des choses.[30]

    Puisque l'art des dnominations est une partie de l'art de parler, ainsi que les motssont une partie du discours, la justesse ou la dfectuosit de cette opration dpend,non d'une imposition de nom quelconque, mais du rapport de la proprit du mot lanature de la chose. Celui-l excellerait dans l'art d'imposer les noms qui imprimeraitl'essence mme de la chose dans le nom qu'il lui donnerait. Le mot est l'organe de la

    chose, non pas organe fortuit, mais organe correspondant sa nature ; c'est par lemoyen des mots que nous nous enseignons rciproquement les choses, et que nousles discernons de manire que les mots sont une espce d'organe didactique etdiscrtif l'aide duquel nous connaissons et nous discernons l'essence des choses :telle est la navette du tisserand l'gard de l'toffe.

    Le point capital de la dialectique consiste faire un judicieux emploi des mots : demme que le tisserand emploie la navette aux ouvrages auxquels il sait qu'elle estpropre aprs que l'ouvrier l'a fabrique, de mme le dialecticien emploie les mots quiont t forgs selon l'acception et la proprit qui leur ont t assignes. C'est aucharpentier faire le mt, et au pilote s'en servir avec avantage. Au reste celui quiimpose les noms[31]remplirait cette fonction avec beaucoup de justesse s'il tait aid

    par un dialecticien qui connt bien la nature des objets.Voil qui suffit pour ce qui concerne la dialectique.

    CHAPITRE VII.

    Diffrencedessciencesspculatives.

    PARLONS prsent de la partie contemplative de la philosophie.

    Nous avons dit qu'elle se divisait en trois branches ; la thologie, la physique, et lesmathmatiques.

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    Nous avons dit que l'objet de la thologie tait de connatre les causespremires;[32] que l'objet de la physique tait de connatre quelle est la nature dumonde, quelle espce d'tre est l'homme, quelle place il occupe dans l'univers ; si Dieugouverne tout par sa providence;[33]si les dieux subalternes sont subordonns celui-l, et quels sont les rapports qui existent entre les dieux et les hommes ; que l'objet des

    mathmatiques tait de considrer la nature des trois dimensions de la matire, et leslois de mouvement.

    Commenons par les mathmatiques. Platon les regarde comme trs propres former l'esprit, l'aiguiser, et donner des ouvertures faciles pour pntrer la naturedes choses. La partie des mathmatiques qui traite des nombres n'apporte pas demdiocres facilits pour les connaissances en gnral ; elle nous dlivre de notreignorance, de nos erreurs touchant les choses sensibles ; elle nous aide pntrer lesobjets dans leur essence intime ; elle rend propre la guerre, et surtout habile dans latactique.

    La gomtrie est d'un grand secours pour conduire la connaissance du bon,

    lorsqu'en la cultivant on ne se borne pas en faire une tude pratique, mais lorsqu'ons'en sert comme d'un vhicule pour s'lever la connaissance de ce qui existe de touteternit, au lieu de l'appliquer ce qui nat et qui prit tous les jours.[34]

    La stromtrie, o la mesure des solides, est encore trs utile ; car la secondeprogression succde la thorie qui lui est relative, et qui forme une troisimeprogression.[35]

    L'astronomie, qui est comme la quatrime branche des mathmatiques, est encoretrs importante ; c'est par elle que nous dcouvrons la marche des astres et dufirmament, le cours du pre du jour et de la nuit, les vicissitudes des mois et desannes; ce qui nous sert nous lever la recherche de l'architecte de l'univers:

    connaissance sublime dont les autres sont comme les bases et les lments.Il est galement utile d'tudier la musique et d'y exercer l'oreille : de mme que les

    yeux ont t faits pour l'astronomie, de mme l'oue a t faite pour l'harmonie ; et demme qu'en appliquant notre esprit l'astronomie nous sommes conduits des, choses

    visibles l'essence invisible et intellectuelle, de mme, par la sensation des sons quiappartiennent l'harmonie nous passons de l'ide de ce que nous entendons l'idede ce qui est exclusivement du ressort de l'esprit. Si nous ne suivons pas cette marchedans l'tude de ces sciences, les progrs que nous y ferons seront imparfaits,indigestes, et compltement inutiles. Il faut donc passer avec sagacit des choses quitombent sous les sens des yeux et des oreilles celles que nous ne pouvons saisir quepar les seules oprations de lme ; car la connaissance des mathmatiques est une

    espce d'introduction toutes les autres sciences. Avides; de connatre ce qui est,l'arithmtique, la gomtrie, et les autres parties qui en dpendent, le devinent commepar un songe ; car il est impossible de le voir en ralit lorsqu'on ignore les principeslmentaires et leurs premiers rsultats.

    Cependant elles sont trs utiles, comme nous venons de le voir. De l vient quePlaton n'a point donn aux mathmatiques le nom de science. La mthode de ladialectique, qui, procdant par hypothse, monte aux premiers principes et lacertitude, a t tire de la gomtrie : c'est pourquoi le nom de science a t donn ladialectique. Il n'a pas regard les mathmatiques comme un savoir d'opinion, parcequ'elles sont plus videntes que les choses sensibles ; ni une science, parce qu'ellessont moins claires que les premires ides intellectuelles. Il appelle savoird'opinion(ouopinion) ce qui se rapporte la connaissance des corps ; science, ce qui a pour objet lespremires ides; et discernement, ce qui regarde les mathmatiques.

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    Platon admet ensuite deux autres facults; Furie sous le nom de foi ou de certitude,et l'autre sous le nom d'imagination: il applique la certitude aux choses sensibles, etl'imagination aux images ou aux fantaisies. Mais comme la dialectique est plusimportante que les mathmatiques, puisqu'elle embrasse les choses divines etternelles, c'est pour cela qu'elle est place avant elles comme pour servir de rempart

    et de sauvegarde tout le reste.

    CHAPITRE VIII.

    Delamatirepremire.

    RS ce que nous venons de dire il est dans lordre des choses de parler despremiers principes de la thologie : c'est par l qu'il faut commencer. Nous passeronsensuite, l'examen de l'origine et de la formation du monde, et nous finirons par celuide l'origine et de la nature de l'homme.

    Passons d'abord la matire. Platon la regardait comme un simulacre, commecapable ou susceptible de tout, comme mre, comme nourrice, comme tendue,comme un sujet qui tombe sous le sens du tact (et de la vue) sans tre susceptible desensibilit, et qu'on ne peut comprendre que par un raisonnement btard:[36] ilpensait que sa proprit tait de recevoir le germe de toute gnration, et qu'elle faisaitles fonctions d'une nourrice en les dveloppant; qu'elle tait susceptible de toutes lesformes, (de toutes les qualits, de toutes les figures), quoiqu'elle ft elle-mme, sansforme, sans figure et sans qualit ; que, dans toutes ces sortes d'impressions et defigures qu'elle recevait, elle tait absolument passive comme la toile d'un tableau ; quec'tait ainsi qu'elle prenait toutes les figures, quoiqu'elle n'et aucune figureparticulire: car, pour tre dispos prendre diverses formes et subir diverses

    impressions, il faut tre sans proprit et ne pas possder (davance) ce que l'on doitrecevoir. Nous voyons que ceux qui veulent composer avec de l'huile des onguents debonne odeur, choisissent la partie de cette liqueur la moins odorante, et que ceux qui

    veulent faire des figures de cire ou d'argile, ptrissent et reptrissent Targuie ou la cire,et lui donnent au hasard une multitude de formes.

    Il convient donc que la matire, susceptible en gnral de prendre toutes lesfigures, ne soit naturellement dispose aucune d'elles, mais qu'elle soit sans formepour recevoir celle qu'on voudra lui donner. Sur ces principes elle n'est ni un corps nisans corps; elle est corps virtuellement,[37]de mme que nous concevons que l'airainest virtuellement une statue, parce qu'il n'a qu' en recevoir la forme pour l'tre eneffet.

    CHAPITRE IX.

    Des ides et de la cause efficiente.

    APRS avoir parl de la matire Platon passe aux autres principes : le premier estun principe prototypique, c'est--dire celui des ides et de Dieu, le pre et l'auteur detout.

    L'ide est par rapport Dieu son intelligence, ; par rapport nous, le

    premier objet de lentendement,

    ;par rapport la matire, la mesure,

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    , par rapport au monde sensible, le type ou le modle, ; parrapport elle-mme, lorsqu'elle se considre, lessence, .

    En gnral, tout ce qui se fait avec intention doit avoir une fin, comme lorsquequelqu'un fait quelque chose : par exemple, lorsque je fais mon image, il faut que le

    modle ait t prcdemment conu; et si le modle n'existe point au dehors, chaqueouvrier, ayant en soi son modle, en imprime l'image la matire.

    Platon dfinit l'ide, le modle de ce qui est naturellement ternel. La plupart desplatoniciens ne regardent pas comme ide le modle que se forment les artistes, telque celui d'un bouclier, d'une lyre ; ils ne l'appliquent pas non plus aux choses quisont contre la nature, telles que la fivre, la colre ; ni aux choses qui n'existent quepartiellement, comme Socrate, Platon ; ni aux choses de peu d'importance, commeune ordure, un ftu; ni aux choses qui se rapportent d'autres, comme le plus grand,l'extrme : ils pensent que les ides n'appartiennent qu'aux oprations ternelles etinnes de l'intelligence de Dieu.

    L'existence des ides, Platon l'tablit ainsi: Que Dieu soit esprit, ou qu'il soitintelligence, il a des penses ; et ces penses sont ternelles et immuables.[38]De celasuit l'existence des ides; car si la matire est sans mesure par rapport elle-mme, elledoit tre mesure par quelque chose de plus excellent qu'elle et d'immatriel.L'antcdent est vrai ; le consquent l'est donc aussi : les ides sont donc quelquechose d'immatriel qui a la facult de mesurer.

    De plus, si le monde tel qu'il est n'existe point par lui-mme, non seulement il a tfait de quelque chose, mais encore par quelque chose ; et non seulement cela, maisencore il a t fait pour une certaine fin. Or la fin pour laquelle il a t fait, qu'est-ceautre chose qu'une ide ? Les ides existent donc.

    D'un autre ct, si l'esprit est une chose diffrente d'une pense vraie, sil'intelligence est une chose diffrente de l'objet de ses oprations, si cela est, ce qui estsusceptible d'intelligence est donc diffrent de ce qui en est l'objet. Il y a donc unpremier ordre de choses intelligibles, et un premier ordre de choses sensibles : il existedonc des ides. L'esprit et la vrit sont des choses diffrentes : il existe donc desides.

    CHAPITRE X.

    CommentondfinitlidedeDieu, etparquelcheminonyarrive.

    L'ORDRE veut que nous parlions prsent du troisime principe. Peu s'en fautque Platon ne pense qu'il ne peut point tre soumis au raisonnement humain : on peutnanmoins s'y prendre de cette manire.

    S'il y a des choses intelligibles qui ne tombent point sous les sens, et qui ne soientlies par aucun rapport aux choses sensibles, mais qui appartiennent un premierordre de choses intelligibles, il existe un premier ordre de choses intelligibles dans unsens absolu, comme il existe une premire classe de choses sensibles. L'antcdent est

    vrai; le consquent lest donc aussi.

    Les hommes sont tellement remplis de l'impression des choses sensibles, que,lorsqu'ils veulent concevoir quelque chose de purement intellectuel, ils y mlent

    toujours quelque fantaisie de matrialit; ils ne peuvent point avoir l'ide de lagrandeur sans y joindre celle de la couleur et de la figure, ni par consquent avoir une

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    conception purement intellectuelle.[39] Les dieux, au contraire (les tres spirituels),cartent toutes les impressions des objets sensibles, et conoivent les chosespurement et sans mlange.

    L'intelligence est plus excellente que lme : l'intelligence (virtuelle, ou) enpuissance est infrieure celle qui, toujours en activit, saisit et embrasse tout -la-fois. Celle-ci, son tour, est infrieure son auteur, qui a exist avant tout le reste, quiest le premier dieu, dont l'intelligence, toujours en action dans le monde, existe parelle-mme : il agit sur l'intelligence sans se mouvoir, comme le soleil sur la vue quandnous la dirigeons vers lui, et de mme que l'objet dsir excite et meut le dsir,quoiqu'il soit lui-mme immobile. C'est ainsi que cette intelligence met en mouvementl'intelligence de l'univers.

    Puisque la premire intelligence est excellente au suprme degr, les choses qui luisont soumises doivent aussi tre excellentes, mais d'une excellence infrieure lasienne. Cette intelligence se connat donc toujours elle-mme en mme temps qu'elleconnat ses notions et son nergie. Son activit est l'ide.

    De plus, le premier Dieu est ternel, ineffable, possdant tout par lui-mme, c'est--dire n'ayant besoin de rien, parfait dans tous les temps et dans tous les lieux : il est ladivinit, la saintet, la vrit', la symtrie, le bien. Au reste ceci n'est pas une dfinition,mais une notion gnrale.

    Il est le bien, parce qu'il rpand selon son pouvoir sur toutes choses le bien dont ilest l'unique source.

    Il est le beau, parce que de sa nature il en est le modle et la perfection.

    Il est la vrit, parce qu'il est le principe de toute vrit, comme le soleil est leprincipe de toute lumire.

    Il est le pre, parce qu'il est auteur de tout, parce qu'il a ordonn l'intelligencecleste et lme du monde conformment lui-mme et ses propres notions.

    Il a tout rempli de lui-mme son gr: auteur de lme du monde, il l'a dirige verslui-mme ; il lui a donn l'intelligence ; et celle-ci, compose et ordonne par le pre,compose et ordonne toute la nature dans cet univers.

    Il est ineffable, et ne peut tre conu que par l'entendement, comme nous avonsdit, parce qu'il n'est ni genre, ni espce, ni diffrence.

    Il ne peut rien recevoir par accident ; ni mal, car ce serait un blasphme de le dire;ni bien, parce qu'il participe essentiellement ce qui est bien ; ni diffrence, ce seraitcontredire la notion que nous en avons ; ni qualit, car son essence et sa perfection ne

    sont point l'ouvrage des qualits ; ni abstraction de qualits, car il ne manque d'aucunede celles qui peuvent lui convenir.

    On ne peut pas le considrer comme partie de quelque chose, ni en gnral commeayant lui-mme quelques parties, ni comme tant telle chose, ou telle autre chose ; caril n'entre dans sa notion rien en vertu de quoi il puisse tre spar des autres choses. Ilne donne ni ne reoit de mouvement : sa premire notion existe dans l'abstraction detoutes ces choses. C'est ainsi que nous avons l'ide du point par abstraction de touteide sensible, d'abord par l'ide de la surface, ensuite par celle de la ligne, et enfin parcelle du point.

    La seconde notion qu'on peut se faire de Dieu est une notion analogique en cette

    manire : de mme que le soleil n'est ni la vision ni les choses visibles, mais sert demoyen la vue pour voir, et aux objets visibles pour tre vus ; de mme la suprme

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    intelligence sert de moyen l'intelligence de lme et aux objets intelligibles. Elle n'estpas ce qu'est l'intelligence; elle lui donne la facult de concevoir ; elle donne auxchoses intelligibles la facult d'tre conues ; elle claire l'intelligence sur la vrit deces notions.

    Voici une troisime manire de se faire une ide de Dieu. On contemple la beautdu corps ; de la beaut du corps on passe celle de lme ; de celle de lme celle dessciences et des lois ; et de celle-ci on entre dans le vaste ocan du beau.[40]Aprs celaon se fait des ides de ce qui est bien, de ce qui est aimable, de ce qui est dsirable :cette gradation est comme une lumire brillante qui claire lme lorsqu'elle s'lve ces hautes conceptions. On joint cela l'ide de Dieu cause de son excellence : onfait attention qu'il est exempt de parties, parce que rien n'existe avant lui ; car la partieet ce qui sert constituer une chose existe avant la chose dont elle est partie ; lasurface existe en effet avant le solide, et la ligne avant la surface. N'ayant point departies, il doit tre immuable et incapable de changer de lieu; car s'il changeait de lieu,ce serait de lui-mme, ou par l'impulsion de quelque chose hors de lui. Dans cesecond cas cette chose hors de lui serait plus puissante que lui ; dans le premier cas ilne changerait que pour tre mieux ou pire : or l'un et l'autre est absurde.

    Il parat rsulter de tout ce que nous avons dit que Dieu est quelque chosed'immatriel. En voici la dmonstration.

    Si Dieu tait corps il serait compos de matire et il aurait une figure, parce quetout corps est une amalgame de matire et de forme sans laquelle la matire ne peutexister; assemblage conforme aux ides, qui lui-mme en est une, mais d'une manirepresque inexplicable. Or il est absurde que Dieu soit compos de matire et de forme; car il ne serait pas simple, il ne serait pas principe. Il faut donc que Dieu soitincorporel.

    D'ailleurs, si Dieu tait corps, il serait compos de matire : il serait donc, ou feu,ou eau, ou terre, ou air, ou un compos de ces lments: mais aucun de ces lmentsn'est principe,[41] car alors ce qui est dj matire redeviendrait matire; ce qui estabsurde. Il faut donc penser que Dieu est incorporel.

    Et encore, si Dieu tait corps, il serait corruptible, il serait cr ; il serait muable ;toutes notions inconciliables avec sa nature.[42]

    CHAPITRE XI

    Lesqualitssontincorporelles.

    VoiCI de quelle manire Platon dmontre que les qualits sont incorporelles.Tout corps est un sujet ; au lieu que la qualit n'est pas un sujet, mais un accident.

    Donc la qualit n'est pas un corps.

    Toute qualit est dans le sujet; aucun corps n'est dans le sujet. La qualit n'est doncpas un corps.

    De plus, une qualit est contraire une autre qualit, au lieu qu'un corps n'est pascontraire un autre corps ; car le corps, en tant que corps, ne diffre point d'un autrecorps ; mais il diffre de la qualit, sans diffrer du corps en aucune manire. Donc lesqualits ne sont pas des corps.

    Il est de toute raison que la matire tant sans qualit, la qualit soit immatrielle.Or si la qualit est immatrielle, elle est donc incorporelle.

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    Si les qualits taient des corps, deux et trois corps seraient ensemble dans le mmelieu ; et c'est la chose du monde la plus absurde.

    Si les qualits sont incorporelles, celui qui a fait les qualits doit tre aussiincorporel : les causes efficientes des choses incorporelles doivent tre naturellementincorporelles ; car les corps sont susceptibles d'impression, de dissolution. Ils ne sontpas toujours les mmes par rapport eux; ils ne sont ni durables ni permanents : ceuxqui paraissent produire des impressions y sont rellement bien plutt soumis. Puisdonc qu'il existe quelque chose de purement passif, il est pareillement ncessaire qu'ilexiste un agent vraiment actif; or on ne peut point en trouver d'autre qu'une substanceincorporelle.

    Ce que nous venons de dire touchant les premiers principes peut tre considrcomme appartenant la thologie.[43]A prsent il faut commencer parler de ce quenous appelons la physique.

    CHAPITRE XII.

    Descausesdelagnration, deslments, etdel'ordredumonde.

    PUISQUE toutes les choses sensibles et individuelles doivent avoir des modlesdtermins, c'est--dire des ides, dont la science et les dfinitions ne soient pasimpossibles (car, en faisant abstraction de tous les hommes, nous pouvons concevoirun homme; en faisant abstraction de tous les chevaux, nous pouvons nous faire l'ided'un cheval; et, dans un sens plus tendu, en faisant abstraction de tous les tres, nouspouvons en concevoir un, incr et imprissable ; c'est ainsi que d'un seul cachet onforme plusieurs empreintes et un millier d'images du mme homme, et qu'une seuleide donne l'existence une infinit d'autres ides qui sont de mme nature qu'elle) : il

    est galement ncessaire que le plus bel uvre qui existe, le monde, ait t compospar Dieu, le contemplant dans l'ide qui devait en tre le modle; et que, form sur cemodle, il soit sorti de la main de l'ouvrier ressemblant l'ide qu'il avait conuelorsque, par un effet de sa providence, de sa sagesse et de sa bont, il entreprit de lecomposer. Il le forma de toute espce de matire qui s'agi toit ple-mle et sans ordreavant la naissance du ciel, laquelle il retira de cet tat de chaos pour lui donner unarrangement merveilleux, en ordonnant chacune de ses parties selon les formes et lesproportions convenables; de manire qu'il est actuellement ais de discerner lesrapports de la terre et du feu avec l'air et l'eau qui jadis n'avaient que la facult derecevoir les impressions des lments et d'en conserver les vestiges, et qui agitaientsans ordre comme sans mesure la matire par laquelle ils taient eux-mmes agits.

    Il le composa de la totalit de chacun des quatre lments, de tout le feu, de toutela terre, de toute l'eau, et de tout l'air, sans en excepter aucune partie ni proprit. Ilsentit premirement qu'il fallait que le monde ft corporel et engendr, et en gnralsensible, tangible (ou palpable), et que sang feu et sans terre il ne pouvait tre ni l'unni l'autre : il eut donc raison de le former de terre et de feu.

    Il fallut ensuite un lieu entre ces deux lments, un lien digne de Dieu, qui, par dejustes proportions, ne ft de lui-mme et de ce qu'il devait lier qu'un tout unique.D'ailleurs, comme le monde ne devait pas tre plat (il n'aurait alors eu besoin que d'unmilieu), mais qu'il devait tre sphrode, il lui fallut deux milieux pour sa structure :c'est pour cela qu'entre le feu et la terre il arrangea l'air et l'eau selon les proportions

    convenables ; de manire que le rapport tabli entre le feu et l'air se trouvt entre l'airet l'eau, entre l'eau et la terre, et ainsi rciproquement.

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    Comme il n'existe rien hors le monde, Dieu le fit seul et unique, et semblable ennombre l'ide d'aprs laquelle il le formait et qui tait une : outre cela il le fitincapable d'tre malade et de vieillir, comme ne devant jamais rien prouver qui puisseoprer sa ruine ; il le composa de manire qu'il pt se suffire lui-mme et qu'il n'etbesoin de rien, il lui donna une figure sphrique, la plus belle, la plus volumineuse et

    la plus mobile de toutes les figures ; et comme il navait besoin ni de voir, nid'entendre, ni d'exercer aucune autre facult, il ne lui appropria point d'organe pourcet usage. Aprs avoir loign de lui tous les autres mouvements, il ne lui rserva quele mouvement circulaire, naturellement propre l'esprit et la prudence,

    CHAPITRE XIII.

    Dumondeetdelaconvenancedesformesavecleslmentsdumonde.

    UISQU le monde a t compos de deux choses, d'un corps et d'une me, dontl'un est visible et palpable, et l'autre invisible et impalpable, l'essence et les proprits

    de chacun sont diffrentes.L'un a t compos de feu, de terre, d'eau, et d'air : l'architecte du monde prit ces

    quatre choses qui n'avoient aucun ordre, aucune disposition relative, et il leur donnaune figure, ou de pyramide (ttradre), ou de cube, ou d'octadre, ou d'icosadre, ou surtoutde dodcadre.[44]

    Les parties de matire qui reurent une figure de pyramide devinrent feu : cettefigure est la plus propre diviser et couper, parce qu'elle consiste en petits triangles,et qu'elle est par consquent la plus rare. Ce qui reut la forme octadre eut lesproprits de l'air. Ce qui eut la forme icosadre eut les proprits de l'eau. La terreeut pour son partage la forme du cube, comme la plus solide et la plus ferme ; et ce

    qui eut la forme dodcadre fut commun tout le reste.Le premier mode de toutes ces choses est la surface ; car la surface vient avant les

    solides. Les deux espces de triangles, le scalne, et l'isocle, entre lesquels lesrectangles sont les plus beaux, peuvent tre considres comme gnratrices de 4asurface. Le scalne avait un angle droit, un second de deux tiers, et un troisime d untiers.[45]

    Le premier triangle, je veux dire le scalne, fut l'lment de la pyramide, del'octadre, et de l'icosadre. La pyramide (le ttradre) fut compose de quatretriangles quilatraux, et chacun d'eux divis en six triangles scalnes, tels que nous

    venons de les marquer. L'octadre fut galement compos de huit triangles pareils, et

    chacun d'eux divis en six triangles scalnes.[46]L'icosadre fut compos de vingt.L'autre, c'est--dire le triangle isocle, fut l'lment du cube; car de la runion de

    quatre triangles isocles se forme un ttragone, et c'est de six ttragones semblablesque le cube est form,

    Nous avons dj dit que Dieu avait ml le dodcadre avec chacune des parties dutout: c'est pour cela qu'on voit douze signes dans le zodiaque, et que chacun d'eux estdivis en trente parties. De mme le dodcadre est compos de douze pentagonesdiviss en cinq triangles; de sorte que chacun de ces triangles tant divis en six autrestriangles, on trouve dans le dodcadre trois cents soixante triangles ; ce qui est eneffet le nombre des parties dans lesquelles le zodiaque est divis.

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    La matire ayant donc reu ces formes de la part de Dieu, se mouvait d'abord sansordre et sans suite : Dieu l'ayant ensuite ordonne, toutes ses parties eurent entre ellesune correspondance, une harmonie rciproque.

    Les lments ne sont pas diffrencis seulement quant au lieu, ils ont unmouvement perptuel qu'ils communiquent la matire ; de sorte que, comprims parles circonvolutions du monde, ils en sont entrans, et ils roulent en mme temps lesuns autour des autres, les parties les plus lgres tant attires par les plus graves. Del vient que rien n'est priv de corps, qu'il n'y a point de vide.[47]Les asprits quirestent entre les molcules aident au mouvement; car elles meuvent la matire, et la.matire les meut son tour.

    CHAPITRE XIV.

    Delmedumonde, dessphres, etdestoiles.

    LES corps ont t forms pour que leurs proprits servissent faire connatrecelles de lme : puisque c'est avec lme que nous jugeons tout ce qui est, Dieu a euraison de lui imprimer les premiers principes de toutes choses, afin que, contemplantet comparant les objets selon leurs rapports et leurs ressemblances, nous puissions par

    voie de consquence dduire son essence de ses oprations.

    En disant qu'il y a une essence indivisible et intelligible on suppose qu'il y en a uneautre corporelle et divisible, et on montre qu'il est possible l'intelligence de lesconcevoir toutes les deux. Joignons cela l'ide de diffrence et d'identit, que l'onremarque dans les choses intellectuelles comme dans les choses sensibles. C'est detoutes ces ides que l'ide de lme s'est compose ; car c'est par le rapport rciproquedes choses semblables que nous apprenons connatre, selon les principes des

    pythagoriciens ; ou bien c'est par le rapport des contraires, comme l'a prtenduHraclite le naturaliste.

    Lorsque Platon dit que le monde a t cr, il ne faut pas entendre par l qu'il aitt un temps o le monde n'existait pas, mais qu'il a t fait de toute ternit, quoiqu'ilreconnaisse une cause antrieure de son existence.[48] Dieu lui-mme n'a pas crl'me du monde qui est ternelle, il n'a fait que l'arranger ; et la raison pourquoi l'onpeut dire qu'il lui donne l'tre, c'est qu'il l'excite, qu'il la fait venir lui-mme, commes'il la retirait de l'inertie ou d'un profond sommeil, afin que, contemplant les chosesintelligibles dans son sein, et se pntrant de ses ides, elle en reoive l'image et lesimpressions.

    Il est donc clair que le monde est un tre et un tre intelligent. Dieu voulant lerendre parfait devait consquemment lui donner une me et une intelligence : uneuvre anime est en gnral plus excellente que celle qui n'a point dme; et celle qui ade l'intelligence plus excellente que celle qui n'en a pas. Peut-tre est-il impossible quel'intelligence pt exister sans me.

    Comme l'me (de sa nature) s'tendait du milieu jusqu'aux extrmits, il lui arrivad'entourer le monde de tous cts, en guise de cercle, et de le couvrir, de manirequelle s'tend sur tout le monde, et qu'ainsi elle l'enveloppe, le maintient, et leconserve, d'autant que ses parties extrieures commandent ses parties intrieures.

    Les parties extrieures restrent entires et sans division: les autres, qui ds le

    commencement avaient t divises en intervalles doubles et triples, furent partagesen sept cercles.

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    A celles-ci sont semblables celles qui sont enveloppes par une sphre qui a restindivise : celles qui ont t divises ressemblent aux autres.

    Le mouvement qui entrane tout le ciel est un mouvement dtermin, unir que, etrgulier ; le mouvement de ce qui est au-dedans est un mouvement variable, et dnude rgle dans ses levers et dans ses couchers. De l vient le mot de plante.

    La partie extrieure du monde va de gauche droite, de l'orient au couchant; lapartie intrieure au contraire, va de droite gauche, du couchant l'orient.

    Dieu fit aussi les astres et les toiles: il fit les unes fixes pour orner le ciel et la nuit,et le nombre en est immense; il fit les autres au nombre de sept pour produire lesnombres, le temps, et la connaissance de ce qui est.

    Les intervalles du mouvement du monde produisirent le temps, comme une imagede l'ternit qui est la mesure de la dure du monde ternel.

    Les toiles fixes n'eurent pas les mmes proprits ; carie soleil domine sur toutesles autres pour clairer et illuminer tout; la lune est au second rang cause de son

    usage ; et ainsi des autres plantes, chacune selon leur destination.La lune est la mesure du mois par sa rvolution circulaire autour d'elle-mme, dans

    laquelle elle embrasse le soleil.

    Le soleil est la mesure de l'anne ; car en parcourant le zodiaque il remplit lessaisons de l'anne. Les autres ont, chacun en particulier, leurs priodes, qu'iln'appartient pas tout le monde de connatre, mais seulement aux gens instruits.

    De toutes ces priodes se forment le nombre et le temps parfait lorsque toutes lesplantes, arrives au mme point, sont dans un tel ordre, qu'en concevant une lignedroite tire perpendiculairement de la rgion des toiles fixes sur la terre, cette ligne,passt par le centre de chacune d'elles.

    Relativement aux sept sphres qui taient dans la sphre plantaire, Dieu formasept corps visibles, qu'il composa en grande partie de substance igne, et qu'il adaptaaux sphres existantes dans l'autre cercle plantaire : il plaa la lune dans le premiercercle, le soleil dans le second, et Lucifer, ainsi que lastre qu'on a consacr Mercureet qui porte son nom, dans un cercle qui va avec la mme vitesse que le soleil, maisqui en est loign. Les astres suprieurs, il les disposa selon la sphre qui leur taitpropre. Le plus lent de tous, qu'on appelle l'astre de Saturne, fut plac au-dessous,mais fort prs de la sphre des toiles fixes. Le second en lenteur aprs Saturne, qu'onappelle Jupiter, vint aprs lui ; et aprs celui-ci Mars. La suprme puissance qui lesentoure eut le huitime rang.

    Tous ces corps sont des tres dous d'intelligence ; ils ont une figure sphrique ; cesont des dieux.

    CHAPITRE XV.

    Desdmons, etdeslments.[49]

    IL y a aussi d'autres dmons, qu'on peut appeler dieux engendrs selon chacun deslments.

    Les uns sont visibles, les autres sont invisibles : il y en a dans l'ther et dans le feu,

    dans l'air et dans l'eau, afin qu'il n'y et aucune partie du monde prive d'me, ou de lasubstance qui anime l'homme, substance la plus excellente. Ils ont reu l'empire de

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    toutes les choses terrestres et sublunaires; car Dieu est lui-mme auteur de toutl'univers, des dieux comme des dmons, et c'est par le bienfait de sa volont divineque l'univers ne tombe point en dissolution. Les autres sont appels ses enfants,faisant tout ce qu'ils font son imitation ou par son ordre. De l les prsages, les

    visions nocturnes, les songes, les oracles, et tous les genres de divination qui se

    pratiquent parmi les hommes.La terre est, au centre de l'univers, arrange autour du ple qui tient tout en ordre ;

    elle est la gardienne du jour et de la nuit, et le plus ancien des dieux que le cielembrasse : aprs lme du monde c'est elle qui nous fournit nos aliments avecabondance : le monde roule autour d'elle: elle est elle mme un astre, mais immobile,parce qu'elle est place au centre comme en quilibre.

    L'ther, rpandu au dehors et au loin, s'tend la sphre des fixes comme celledes errantes : l'air est aprs, et la terre au milieu avec son humide.

    CHAPITRE XVI.

    Lesdieuxlesplusjeunessontceuxquiontfaitlhomme.

    APRS que Dieu et tout ordonn, il laissa les trois autres espces d'tres quidvoient tre mortels, les volatiles, les aquatiques, et les terrestres. Dieu en abandonnala faon aux autres dieux qu'il avait faits, afin qu'ils ne devinssent pas immortels tantl'ouvrage de ses mains. Ces dieux ayant emprunt quelques parties de la matirepremire pour un temps dtermin et comme devant les rendre dans la suite, ilsformrent les tres mortels.

    Pour ce qui est de l'espce humaine, qui devait se rapprocher beaucoup de lanature des dieux, le pre de toutes choses[50]et les dieux qu'il avait forms en prirentle soin, et l'architecte de l'univers fit descendre sur la terre les mes de cette gnrationdans un nombre aussi grand que celui des toiles ; et les ayant toutes places dans cetastre analogue, comme dans un char, il leur annona en lgislateur les lois qui leurtaient destines, afin de n'tre pas responsable de leur conduite : savoir que despassions mortelles seraient produites par le corps ; premirement les sensations, etensuite le plaisir, la douleur, le dsir, la crainte. Celles des mes qui prendraientl'empire sur ces affections, et qui n'en souffriraient aucune violence, celles-l vivraientjustement et retourneraient dans leur premier lieu : celles, au contraire, qui selaisseraient subjuguer par l'injustice, auraient un sort de femme dans une seconde vie ;et, si elles ne s'amendaient pas, elles finiraient par devenir brutes : leurs peines neprendraient fin que lorsqu'elles auraient corrig leurs penchants naturels, et qu'ellesseraient revenues au caractre et la complexion qui leur sont propres.

    CHAPITRE XVII.

    Ducorps, desmembresdel'homme, etdesforcesdelme.

    LES dieux commencrent par former l'homme de terre, de feu, d'air, et d'eau,ayant emprunt de la matire quelques unes de ses parties pour les rendre un jour: ilscomposrent un corps; ils en lirent les parties d'une manire invisible, et ilsattachrent la tte la partie la plus essentielle de lme qui leur avait t envoye, et

    ils lui soumirent le cerveau comme un champ en labeur. Us placrent les organes de lasensibilit sur la figure pour servir l'emploi qui leur tait appropri : ils composrent

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    la moelle de triangles dlis et inflexibles, dont les lments taient eux-mmescomposs, laquelle moelle devait tre la source de la semence. Les os, ils les ptrirentde terre et de moelle, et de temps en temps ils en arrosrent la pte d'eau et de feu :les nerfs, ils les firent d'os et de chair; la chair fut compose d'alkali et d'acide, commed'un ferment. Ile entourrent la moelle d'os, et les os de nerfs, afin de les lier entre

    eux. Les nerfs servirent aussi la mobilit et aux nuds des articulations : la chairservit couvrir les nerfs, et on lui donna une couleur, tantt blanche, tantt noire,pour le plus grand avantage du corps. C'est de la mme matire que furent formes lesparties intrieures, comme les entrailles, le ventre, et les intestins, qui sont roulsautour, de mme que vers le haut, dans le gosier, la trache artre et le pharynx, dontlune descend dans l'estomac, et l'autre vers le poumon. Les aliments, amollis ettriturs par la chaleur des esprits vitaux, se digrent dans le ventre et se distribuentdans tout le corps selon les transformations qu'ils ont reues.[51] Deux veines quidescendent le long de l'pine entourent la tte dans un sens contraire, mais avec unerciproque correspondance, et se divisent en plusieurs branches.

    Les dieux ayant donc fait l'homme, et ayant enferm dans son corps une me pourle gouverner, placrent, comme de raison, dans la tte la partie de lme destine leconduire : c'est l aussi que fut place l'origine des nerfs et de la moelle, ainsi que ledlire des affections. Les sens furent mis autour de la tte, comme pour servir desentinelles la raison. La facult du raisonnement, celle de la contemplation, celle dujugement eurent le mme sige. La partie sensitive ou pathtique de lme fut miseplus bas ; la partie irascible dans le cur ; la facult concupiscible dans l'hypogastre oule bas ventre, partie voisine de l'ombilic. Nous parlerons ultrieurement de ces choses-l.

    CHAPITRE XVIII.

    Delavue, delalumire, etdesimagesrflchies.

    APRS avoir plac les yeux sur la figure pour servir d'organe la lumire, ils yrenfermrent la partie lumineuse du feu: ils pensrent qu'elle tait pareille la lumiredu jour parce qu'elle tait dlie la fois et paisse; ses parties les plus pures et les plussubtiles passent trs aisment au travers des yeux, et principalement au milieu de leurorbite; et de la ressemblance de l'impression avec l'objet extrieur rsulte le sens de la

    vue. D'o il suit que la lumire dis; paraissant ou s'obscurcissant pendant la nuit, cequi mane de nous ne se mle plus l'air voisin, mais, renferm au dedans de nous, ilgalise et confond tous les mouvements internes, et nous provoque au sommeil: c'est

    pourquoi les paupires se ferment ; aprs un assez long repos un lger sommeil arrive: si nous prouvons encore quelques mouvements, nous avons des visions frquentes,et alors les fantmes, vrais ou faux, naissent directement.

    C'est ainsi que les images qui se forment dans les miroirs et dans toutes les autressurfaces transparentes ou diaphanes ne se forment que par rflexion, selon que lemiroir est convexe, concave, ou plane; car les images seront diffrentes selon que lalumire sera rflchie sur chaque partie, les rayons tant disperss par la surfaceconvexe, et runis par la surface concave. C'est ainsi qu'on voit, tantt la droite, tanttla gauche des objets dans un sens contraire, quelquefois dans un sens direct; etquelquefois on voit en haut ce qui est en bas, et rciproquement.

    CHAPITRE XIX.

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    Desautressens, etdeleursobjets.

    L'OUE a t faite pour entendre la voix : elle commence par un mouvement dansla tte, et elle se termine au foie. La voix est ce qui entre dans les oreilles, et passe parle cerveau et par le sang pour aller faire impression sur l'me : la voix aigu est celle

    qui se meut vite ; la grave relie qui se meut lentement ; la haute est celle qui abeaucoup d'intensit ; la basse celle qui en a peu.

    Il en est de mme de la proprit des narines par rapport la sensation des odeurs.L'odeur est l'impression opre sur les fibres nasales, qui descend jusques la rgionde l'ombilic. On n'a pas donn des noms divers ses diffrentes espces; on a toutcompris dans deux classes, bonnes odeurs, et mauvaises odeurs, qui embrassent toutce qu'il y a d'agrable ou de dplaisant en ce genre.

    La matire de toutes les odeurs est plus dense que l'air, mais plus tenue que l'eau ;car on regarde proprement comme une espce d'odeur ce qui n'a pas reu unchangement considrable, mais qui est un compos d'air et d'eau sous la forme d'une

    vapeur ou d'une fume. C'est de la correspondance de tout cela que se compose lesentiment de l'odeur.

    Le got a t fait par les dieux pour juger de la varit des sucs : ils ont tendu desfibres depuis le palais jusqu'au cur afin qu'elles reussent l'impression des saveurs etqu'elles pussent les discerner; ces fibres comparent et distinguent les diversessensations des saveurs, et dterminent leurs diffren