12
LIBRAIRIE LE SQUARE LE SQUARE LIBRAIRIE DE L’UNIVERSITE 2, PLACE Dr LEON MARTIN GRENOBLE 0476466163. La Gazette Septembre 2011 du Square mail : [email protected] - site : www.librairielesquare.fr G G r r o o s s p p l l a a n n s s Jacques Abeille, Patrick Deville David Vann, David Grossman C C o o u u p p s s d d e e c c o o e e u u r r l l i i t t t t é é r r a a t t u u r r e e romans français, romans étrangers, premiers romans R R e e n n c c o o n n t t r r e e s s Vincent Karle et Antoine Choplin, Anne Maro, David Vann, Lyonel Trouillot, Hélène Lenoir, Jacques Abeille, Eric Laurrent, Patrick Deville, Pierre Péju, Feuilleton, François Beaune S S P P E E C C I I A A L L R R E E N N T T R R É É E E L L I I T T T T É É R R A A I I R R E E Naissance d’une nouvelle revue Feuilleton consacrée au reportage

gazette rentree 2011 - Librairie le square

Embed Size (px)

DESCRIPTION

gazette rentree 2011 - Librairie le square

Citation preview

Page 1: gazette rentree 2011 - Librairie le square

LIB

RA

IRIE

LE

SQ

UA

RE

LE SQUARE LIBRAIRIE DE L’UNIVERSITE 2, PLACE Dr LEON MARTIN GRENOBLE 0476466163.

La Gazette Septembre 2011

du Squaremail : [email protected] - site : www.librairielesquare.fr

GGGGrrrroooossss ppppllllaaaannnnssss

Jacques Abeille, Patrick Deville

David Vann, David Grossman

CCCCoooouuuuppppssss ddddeeee ccccooooeeeeuuuurrrr llll iiii tttt ttttéééérrrraaaattttuuuurrrreeee

romans français, romans étrangers, premiers romans

RRRReeeennnnccccoooonnnntttt rrrreeeessss

Vincent Karle et Antoine Choplin, Anne Maro, David Vann, Lyonel Trouillot, Hélène Lenoir,

Jacques Abeille, Eric Laurrent, Patrick Deville, Pierre Péju, Feuilleton, François Beaune

SSSSPPPPEEEECCCCIIIIAAAALLLL RRRREEEENNNNTTTTRRRRÉÉÉÉEEEE LLLLIIIITTTTTTTTÉÉÉÉRRRRAAAAIIIIRRRREEEE

Naissance d’une nouvelle revue Feuilleton consacrée au reportage

Page 2: gazette rentree 2011 - Librairie le square

JJaaccqquueess AAbbeeiilllleeDans cette même gazette de rentrée mais l’année dernière je vous parlais déjà deJacques Abeille. Venait alors de paraître aux éditions Attila un ovni littéraire detoute beauté à l’histoire chaotique Les jardins statuaires. Ce livre hors normessemblait venir d’ailleurs, porté d’un coup sur le devant de la scène par un éditeurtalentueux passé maître dans l’art de redécouvrir des pépites oubliées. Etonnantehistoire éditoriale que celle des Jardins statuaires. Publié en 1982 après unelongue attente dans la collection “textes” de Bernard Noël chez Flammarion, Lesjardins statuaires disparaissent trop vite en même temps que la collection. Leslecteurs de Jacques Abeille sont alors peu nombreux. Jacques Abeille nourri ausurréalisme a entamé avec Les jardins statuaires l’oeuvre d’une vie. C’est le débutdu cycle des contrées. Redécouvert par les éditions Attila l’étonnant texte va enfintrouver son public. Une rencontre avec le dessinateur Schuiten est aussi le débutd’une fructueuse collaboration, les deux univers se répondant à merveille. Au paysoù nous entraîne un narrateur à la fois poète et philosophe, les hommes peuplentleurs jardins de statues que des jardiniers méticuleux soignent précieusement,insufflant jour après jour la forme en gestation jusqu’à l’ultime étape. Dans cettecontrée étrange les rites et les usages liés à la culture des statues sont multiples

GR

OS

PLAN

Bibliographie

Editions Attila

Les jardins statuaires, 2010, mention spéciale Prix Wepler Les mers perdues, 2010, roman graphique (avec Schuiten)

Les barbares, 2011La barbarie, à paraître octobre 2011

et fort particuliers. C’est tout un univers surréaliste quise déploie, comme une féérie à laquelle il vous seraimpossible d’échapper, comme il advient à cevoyageur pris en charge par un guide plein de civilité.La vision puissante de l’auteur semble avoir des pou-voirs magiques et a trouvé avec les dessins deSchuiten un art à sa mesure. Vous ne pourrez résisterà la poésie sombre et lumineuse de cette contréeextraordinaire. Dans une langue fluide et profonde,Jacques Abeille décrit avec précision et complexitéune société totalement fantastique qui vous résevequelques cruelles surprises. Ce voyage ethnologiqueau coeur d’un territoire imaginaire est d’une beautéfoudroyante. Aucun éclaircissement ne vient à bout dujubilatoire sentiment d’étrangeté qui nous accompa-gne tout au long de notre lecture car plus encore quedans l’histoire c’est dans la langue qu’il puise sa force.Cette langue classique, presque précieuse parfois,elle est au coeur des Barbares, le deuxième volumedu cycle. La décadence de la civilisation des jardinsest à l’oeuvre. Les tribus nomades conduites par “leprince” ont envahi Terrèbre. Mais très vite ces bar-bares peu soucieux de pillages veulent retouver lessteppes. Le prince et avec lui un narrateur histori-ographe, “le professeur”, une femme magicienne et un

enfant commencent un long périple à la recherche dece qu’un voyageur a raconté autrefois de la provincedes jardins statuaires. Voyage, épopée hallucinéepleine d’images et de rêves, Les barbares semble lesonge d’un poète ou une fable magique. Mais leslieux, les objets sont méticuleusement décrits, commedes traces à conserver précieusement. On trouverad’ailleurs la carte des contrées dressée par PaulineBerberon à la fin de l’ouvrage. Nul doute que vousvous laisserez ensorceler par Les barbares au gré del’imaginaire de Jacques Abeille. Vous traverserez lemonde magique des contrées avec la petite troupecomme portés par leur quête mystèrieuse. On ne saitce qui des aventures formidables, du questionnementphilosophique, de la poésie ou encore du miroir quenous tend Jacques Abeille nous retient le plus, c’est entout cas avec regret qu’on quitte ce monde. C’est une véritable confrérie de lecteurs qui s’estcréée autour du cycle des contrées. Et pour le bon-heur de tous les afficionados arrive bientôt La bar-barie, ultime volume du cycle des contrées qui verras’écrouler un monde (parution octobre 2011).

Et si la barbarie n’était pas où l’on croit...

JJaaccqquueess AAbbeeiillllee sseerraa àà llaa lliibbrraaiirriiee

llee 2200 ooccttoobbrree 22001111 àà 1188hh3300ppoouurr uunnee rreennccoonnttrree--lleeccttuurree

EEssppaaccee --rreennccoonnttrreeeennttrrééee 2200,, rruuee ddee SSaauulltt

F.Folliot

Après le roman, Les barbares, Jacques Abeille nous offre avec La Barbarie un nouvel épisode du cycle des contrées, maisaussi un saisissant renversement de perspective. Enlevé par des guerriers venus des steppes, son narrateur avait fait l’ex-périence d’un monde chargé de culture et de magie. Rendu maintenant à une prétendue “civilisation” il découvre derrièreles discours de la modernité, les abîmes d’une société brutale, cupide, privée de croyances et d’imaginaire...

La barbarie, 4ème de couverture

Page 3: gazette rentree 2011 - Librairie le square

PPaattrriicckk DDeevviillllee

« Celui qui sert une révolution laboure la mer » Simon Bolivardans Pura Vida

Certaines oeuvres sont faites de ruptures. Après avoir écrit plu-sieurs romans minimalistes, belles équations formelles aux allu-res de faux romans d’espionnage, Patrick Deville laisse s’en-gouffrer dans son écriture les voix que l’infatigable voyageur, lelecteur polyglotte a croisées – au cours d’une vie d’errance àtravers le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Amérique centrale, l’Asie etcomme directeur, depuis dix ans, de la Maison des EcrivainsEtrangers et Traducteurs de St Nazaire.

Son dernier récit, Kampuchéa, clôt un projet entamé avec PuraVida (2004) et poursuivi avec Equatoria (2009). Il s’agit d’obser-ver dans un long voyage le long de l’équateur (en Amérique cen-trale, en Afrique puis en Asie), “la ligne de passage” entre unOccident en fin d’hégémonie et un monde équatorial où lesrévolutions ont échoué mais qui reste terriblement vivant. Etpour dire cette confrontation, Deville raconte en parallèle lesvies d’aventuriers, d’explorateurs du XIXe, arpenteurs d’un

GROS PL

AN

Bibliographie sélective

Cordon-bleu, Minuit, 1986

Longue vue, Minuit, 1988

Ces deux-là, Minuit, 2000

Pura Vida, Seuil, 2004, Points,

La Tentation des armes à feu, Seuil, 2006

Equatoria, Seuil, 2006

Kampuchéa, Seuil, 2011

PPaattrriicckk DDeevviillllee sseerraa àà llaa lliibbrraaiirriiee

llee 88 nnoovveemmbbrree 22001111 àà 1188hh3300

EEssppaaccee --rreennccoonnttrree,, eennttrrééee 2200,, rruuee ddee SSaauulltt

N.Trigeassou

monde à coloniser et celles de révolutionnaires du tiers-monde. Dans ces trois récits, construits surce même principe, on rencontre ainsi le fantasque William Walker, aventurier américain du XIXe etles figures de Bolivar, Che Guevara et des révolutionnaires sandinistes dans Pura Vida, Brazza,Livingstone, Stanley et les leaders des guerres d’indépendance africaine dans Equatoria et enfin dansKampuchéa, le botaniste Mouhot, l’explorateur Pavie, et la folie khmère rouge au XXe.Mais ce nouveau Plutarque s’empare de vies qui ont confondu héroïsme et art. Au cours de ces deuxsiècles, imprimé et révolutions s’entremêlent. Tous ces utopistes ont cru avec les lumières que l’écritchangerait le monde, et ont rêvé de gloire politique et littéraire. Dès lors, le voyage que nous fait entre-prendre Deville, n’est pas histoire ou géographie mais littérature. Le paysage se lit à travers les tex-tes, livres, journaux, ces mains-courantes du passé. Et un travail formel permet un jeu d’échos à cettematière. S’il y a un certain romantisme à dire l’inévitable échec de tout geste révolutionnaire, Devillerefuse le lyrisme et dans des constructions incroyablement maîtrisées, condense, subsume cetteénergie. Toutes ces convulsions de l’Histoire se lisent dans de courts chapitres, dans des formes(épistolaire, romanesque, diariste…) toujours renouvelées.

Laissons le présenter l’idée à l’origine de Kampuchéa. « Nous sommes en 150 ap. H.M. [Henri. Mouhot]. Je trace pour luiles grandes lignes de ma petite entreprise braudélienne. J’aimerais mettre en perspective le procès des Khmers rougesdans une durée moyenne, sur un siècle et demi, depuis que Mouhot, courant derrière un papillon s’est cogné la tête, a levéles yeux, découvert les temples d’Angkor ».On remonte une nouvelle fois les fleuves, on lit dans une élégance au sourire désabusé la candeur d’explorateurs et ondécouvre peu à peu l’horreur de l’entreprise de table-rase khmère. L’incroyable montage, où lieux, temps se mélangent, sebrouillent, crée alors chez le lecteur l’émotion esthétique nécessaire pour pouvoir s’ouvrir à l’Histoire. C’est tout le pouvoirde la littérature et Deville en donne une nouvelle preuve, magistrale.

crédit Photo Bertini

Page 4: gazette rentree 2011 - Librairie le square

PLANG

RO

S

DDaavviidd VVaannnn

Bibliographie

Editions Gallmeister

Sukkwan Island, 2010

Désolations, 2011

ce texte. En France nous devons la traduction de Sukkwan Island à Gallmeister, maison d'éditionspécialisée dans le « nature writing ». Très vite le public français s'intéresse à ce roman et DavidVann obtient en 2010 le Prix Médicis Etranger qu'on peut qualifier de véritable consécration.Lire David Vann est une expérience difficile et troublante mais pourtant tellement fantastique tantil sait bien raconter les histoires.

David Vann est né en 1966 sur l'île d'Adak en Alaska. Il partage son tempsentre l'écriture, la voile et l'enseignement de la littérature à l'université deSan Fransisco. Si sa terre natale sert de décor à ses romans sombres et tourmentés cen'est pas un hasard, car l'été de ses 13 ans alors qu'il vit en Calfornie avecsa mère et sa soeur, son père, resté vivre en Alaska se suicide. C'est cedrame tragique qui lui servira de point de départ à l'écriture de SukkwanIsland qui raconte l'histoire d'un père et de son fils âgé de 13 ans partisvivre une année dans une cabane sur une île d'Alaska. Les relationspère-fils compliquées et l'immense faiblesse du père conduisent au pire.Ce récit n'est pas totalement autobiographique mais il contient forcémentune part de vérité. David Vann mettra pas moins de dix ans pour écrire laversion définitive de « Sukkwan Island » et sa publication prendra encoreplus de temps car aucun éditeur n'en veut. Il lui faudra remporter un concours de nouvelles et un article élogieuxdans le New York Times pour qu'enfin les éditions Harper Collins publient

Autour d’Irène et Gary, gravitent trois autres couples, plusjeunes, dont l’avenir est également très incertain. Les hom-mes sont odieux, lâches, ils choisissent une vie confortableet des femmes rassurantes pour ensuite mieux leur repro-cher la banalité de leur existence et les femmes, victimesconsentantes sont prêtes à tout pour éviter l’affront d’uneséparation qui serait pourtant si facile. Seul Mark, le filsd’Irène et Gary en choisissant une vie marginale, en retraitde sa famille semble s’en sortir un peu mieux que les autres.Et la nature, personnage à part entière, froide, dure, hos-tile ajoute à la violence des conflits qui se jouent tout aulong du roman, à l’image de cette tempête hallucinantedurant laquelle Irène et Gary chargent des rondins debois sur leur bateau, qui laisse le lecteur, pourtant bien

blotti dans son intérieur chaleureux, aussi transi de froidque ses personnages.Mais là où l’atmosphère de Sukkwan Island nous laissait tou-jours au bord de la suffocation, dans Désolations, DavidVann nous offre aussi des respirations, sortes de pausestouristiques où il nous emmène en ballade au sommet duSkilak glacier ou encore il nous fait visiter une conserverie depoissons.

Avec Désolations David Vann dresse un tableau désabusé,pas très glorieux du mariage et de la vie à deux. Encore unefois il nous embarque avec talent dans un drame terribledont vous ne pourrez pas vous passer tant que vous n’aurezpas atteint la dernière page.

L.Paillet

DDaavviidd VVaannnn sseerraa àà llaa lliibbrraaiirriiee

llee 44 ooccttoobbrree 22001111 àà 1188hh3300EEssppaaccee --rreennccoonnttrree,,

eennttrrééee 2200,, rruuee ddee SSaauulltt

C’est un tout autre drame que nous raconte Vann dans Désolations. Mariés depuis 30 ans, Irèneet Gary ont élevé leurs deux enfants et mené une existence simple et paisible sur les bords deSkilak Lake. Alors qu’Irène semble se contenter de cette vie ordinaire, Gary lui est rongé par unsentiment d’échec. Il fait alors le projet fou de construire une cabane de ses propres mains, surune île du lac glaciaire, pour y passer l’hiver. Dès le début, Irène sait que la fin de son mariageest inévitable et malgré les violentes migraines qui l’assaillent elle va choisir d’accompagner sonmari dans cette entreprise totalement insensée. Irène et Gary vont alors entrer en confrontationpermanente, et leur fille Rhoda, elle-même engagée dans une relation amoureuse plus que dou-

teuse, va assister impuissante au déchirement de ses parents.MMaarriiééss ddeeppuuiiss 3300

crédit Photo Bertini

Page 5: gazette rentree 2011 - Librairie le square

DDaavviidd GGrroossssmmaann

GROS PL

AN

Si ce roman de Grossman a un tel écho aujourd’hui et qu’il touche autant de lecteurs c’estque sa vie personnelle rejoint celle de son héroïne. Le décès de son fils en 2006 au SudLiban a marqué sa vie d’homme et ce chagrin il en a fait une oeuvre si juste, si poignan-te qu’elle mérite au moins un énorme succès. Comme une postface, à la toute dernièrepage du livre, l’écrivain israëlien nous explique qu’il a commencé à écrire ce livre en 2003.Il avait des conversations avec son fils sur l’avancée du roman et comme le personnagede Ora, il espérait à sa façon que les pages qu’il rédigeait protégeraient son fils mais lavie en a décidé autrement. Quoiqu’il en soit ajoute-t-il encore, après la semaine de deuiltraditionnelle, il se remit à écrire pour faire naître ces 650 pages inoubliables.

BibliographieEditions du Seuil

Le vent jaune,1988

Voir ci-dessous : Amour,1991

Le livre de la grammaire intérieure,1994

Les exilés de la Terre promise,1995

Le sourire de l’agneau,1995

L’enfant zigzag ,1998

Tu seras mon couteau, 2000

Quelqu’un avec qui courir, 2003

Duel à Jérusalem, 2003

Chronique d’une paix différée, 2003

J’écoute avec mon corps, 2005

Dans la peau de Gisela, politique et création littéraire2008

Une femme fuyant l’annonce, 2011

L. Blondel

Une femme fuyant l’annonce, dernier livre de DavidGrossman est un des romans dont on parle le plus encette rentrée littéraire. Hebdomadaires, mensuels, radio,Grossman, déjà en lice pour différents prix,est partoutmais on ne répétera jamais assez que ce texte est unemerveille et saluons en priorité la traduction magnifiquede Sylvie Cohen (traductrice d’Amos Oz, Meir Shalev,Avraham Yehoshua entre autres). La femme fuyant l’annonce se nomme Ora. Séparéedepuis peu de son mari Ilan, elle décide de quitter sonfoyer de Jérusalem pour fuir la potentielle annonce dudécès de son second fils Ofer, parti en mission dans uneville palestinienne. Partir mais pour aller où ?

Puisqu’il était décidé d’effectuer une randonnée avec Ofer, ne changeons pas trop l’ordre des choses, cette ran-donnée aura lieu mais avec Avram, son amour de jeunesse. Vallée de Houla, Haïfa, Mont Carmel, les deuxanciens amants se retrouvent pour conjurer une possible mort.

Signalons aussi la réimpression du très beau Livre de la grammaire intérieure, à paraître ces prochains jours etfera l’objet d’une adaptation cinématographique cet automne.

Pour autant ce grand roman ne doit faire oublier les autres livres de David Grossman et en particulier Voir ci-des-sous : amour qui figure parmi les cinquante plus beaux livres jamais lu dans ma petite vie de lecteur. Le per-sonnage de Momik directement inspiré de l’écrivain polonais Bruno Schultz (Les boutiques de cannelle, Le séna-torium au croque-mort) continue de me fasciner et de me parler bien souvent. Si Grossman a pour maîtres Kafka,Cholem Aleichem, Camus, Amoz Oz, Thomas Mann ou encore Heinrich Böll et Joyce, son oeuvre est en passede devenir une oeuvre littéraire marquante de ce siècle si ce n’est déjà fait à 57 ans tout juste. Dans son essaiintitulé Dans la peau de Gisela, une phrase sobre et belle conclut l’ouvrage et pourrait peut-être se poser commesa devise : « Quand nous écrivons, le monde n’a plus de prise sur nous. Il ne se rétrécit pas de jour en jour.Quelle chance ! ».

crédit Photo Zazoo

Page 6: gazette rentree 2011 - Librairie le square

CO

UP

S DE COEUR

RRoommaannss ffrraannççaaiissLimonov, Emmanuel Carrère, POL, 20 €On sait la fascination d’Emmanuel Carrère pour l’ambiguïté. Quoi de plus dérangeant pour un lecteuroccidental que de voir un ex-refuznik, ancien combattant pro-serbe en Yougoslavie et devenu aujour-d’hui leader en Russie d’un parti nazi-bolchevique être considéré par des démocrates de son pays(Anna Politkovskaïa notamment) comme un opposant crédible à Poutine ? Si Carrère s’est décidé àécrire la biographie romancée de Limonov, c’est aussi pour dire en creux l’histoire complexe de laRussie, mais surtout pour retracer la vie d’un homme rêvant sa grandeur. Des existences, Limonov ena connu plusieurs, écrivain dissident, clochard new-yorkais, prince de Saint-Germain, petit chef fas-ciste…mais il n’ambitionne qu’une chose, s’accomplir en héros. Limonov n’a cessé de se raconter,Carrère en fait de façon irrésistible un personnage. Certains pourront reprocher une fascination del’auteur pour ce d’Annunzio moderne, ce serait cependant oublier – et c’est là tout son génie roma-nesque- que c’est Carrère lui-même qui offre tous les éléments permettant de critiquer son objet. Ilnous demande au préalable de suspendre notre jugement, est-ce nécessaire ? , on ne peut qu’êtresubjugué par son art du récit. N.T.

Les découvertes, Eric Laurrent, Minuit, 14 €On se prend à dévorer ce roman plein de charme et de pudeur où Eric Laurrent dévoile les prémicesde ses émois lorsque tout jeune garçon il découvrait et les femmes et à la fois l’amour et son pendantcharnel. D’une représentation à l’autre, de celles qui durent toute une vie, il nous fait cheminer dans latête et le corps d’un jeune garçon timide et peu enclin à la vantardise. La langue est classique, délica-te, un peu à l’image d’un narrateur bien loin des clichés sur la rudesse brutale des jeunes mâles. Sitout peut être dit et se dévoiler dans les détails, néanmoins, chez le jeune héros des “découvertes” lasexualité même naissante s’enveloppe de lumière et de presque poésie. La fluidité de la phrase, aussilongue et à disgressions qu’elle soit, rend compte d’un monde complexe où les émotions sont multi-ples et quelquefois contradictoires, mais où finalement une tonalité presque unique donne la note.Quelques images essentielles telles l’affiche du film “Emmanuelle” ou Maureen O’Sullivan dans“Tarzan et sa compagne” ou encore la couverture d’un Penthouse aperçu dans l’atelier de ferronneried’un ami de son père jalonnent l’itinéraire du jeune homme fasciné par le corps féminin. Le projet d’unlivre érotique le conduit à l’adolescence à tout un travail de compilation de termes érotiques et donneainsi au narrateur un motif noble de se laisser envahir par ses fantasmes -Madame Deligny, la mèred’un de ses camarades tenant un rôle prépondérant au coeur de ceux-ci. La route sera longue jusqu’àla première fois et l’on s’attendrira souvent sur le parcours du héros. L’écriture parfaite et l’évocation sicolorée d’un temps révolu donnent aux Découvertes à la fois profondeur et légèreté. Un régal ! F.F

Le héron de Guernica, Antoine Choplin, Editions du Rouergue, 16€

Le grand artiste Picasso a peint l’extraordinaire tableau Guernica sans jamais avoir vécu cette terri-ble journée. Le jeune homme un peu naïf qui dessine des hérons dans les marais qui jouxtent le villa-ge alors que les bombes tombent sur les maisons et les gens a été touché au plus profond par la tra-gédie. L’un rencontrera-t-il l’autre ? Dans une langue claire, épurée et touchée par une certaine grâceAntoine Choplin donne vie à la passion d’un jeune artiste autodidacte qui regarde la vie avec desyeux frais et presque enfantins. Il nous montre la patience infinie du peintre pour laisser approcherd’abord le héron cendré puis pour capter l’attitude du grand oiseau, sa dignité et tout simplement lavie qui vibre en lui. Entre ces marais où le temps s’est arrêté et Guernica qui souffre Basilio regardedeux volets d’un même monde. Le jeune peintre contemplatif sera rattrapé par le second et lorsqu’ilse perd dans le tableau de Picasso exposé dans le pavillon espagnol de l’Exposition universelle àParis, sans doute contemple-t-il les deux réunis à travers l’art qui dit aussi bien la vie que la mort.Un très beau texte qui porte à la réflexion et nous conduit avec délicatesse et fermeté. F.F

AAnnttooiinnee CChhoopplliinn sseerraa àà llaa lliibbrraaiirriiee llee jjeeuuddii 2222 sseepptteemmbbrree 22001111 àà 1188hh3300

EErriicc LLaauurrrreenntt sseerraa àà llaa lliibbrraaiirriiee llee vveennddrreeddii 55 nnoovveemmbbvvrree 22001111 àà 1188hh3300

Page 7: gazette rentree 2011 - Librairie le square

COUPS DE

CO

EU

R

RRoommaannss ffrraannççaaiiss

Pièce rapportée, Hélène Lenoir, Minuit, 14,50 €

L’accident survenu à leur fille aurait dû les rapprocher, du moins dans l’angoisse ou dans lavolonté de la protéger. Il ne fait qu’élargir la faille. Ce qui devait resserrer les liens de la familleest au contraire le choc qui fait revivre à la mère, Elvire, toute sa vie et la pousser à fuir ce car-can familial – elle est et reste une étrangère, une pièce rapportée. Hélène Lenoir nous faitentendre Elvire se heurter aux non-dits de la famille. Avec cet art incroyable du monologue inté-rieur, traquant les soubresauts d’un questionnement, elle nous égare avec elle. Si Elvire estcelle par qui le trouble est arrivé, une relation fusionnelle avec un cousin, elle semble toujoursà la recherche d’un sens qui lui échappe. Et pour restituer la cruauté de la parole, ses assautscontre la pudeur, Hélène Lenoir bouscule son écriture, se rapprochant encore plus du théâtre.C’est une vraie pièce qui dénouera les éléments d’un drame médiocrement bourgeois. Et c’estavec une violence encore plus froide, qu’elle écrit, en un combat de mots et de chair, une nou-velle variation sur la prison visqueuse qu’est la famille. N.T.

O Solitude, Catherine Millot, Gallimard, collection L’Infini, 16,50€

C’est au cours d’une croisière en Méditerranée, en compagnie de la lecture de Proust, que CatherineMillot, disciple de Lacan et grande amoureuse de la littérature, a écrit ce roman. Ce livre, plein d’élé-gance, est une invitation à aborder la solitude, ses abîmes et son vertige, son isolement et sa vasti-tude. Ce lieu où la langue n’est pas réduite, puisque c’est avant tout un monde sans langue, et oùl’innocence et la sauvagerie règnent. O Solitude est un roman plein de petits romans, où s’entrecroi-sent les références littéraires et les expériences propres de l’auteur. Amour et perte de soi, art et écri-ture y sont conviés. De la solitude naturelle de l’enfance à l’ouverture de gouffres, s’établit un dialo-gue, un rapport comme entre lire et écrire. Se déploie ainsi une exploration aux confins de soi et desautres d’une grande exigence. Cet ouvrage est une flânerie où « le temps est rendu à sa liberté » .F.C.

LLyyoonneell TTrroouuiilllloott sseerraa àà llaa lliibbrraaiirriiee llee vveennddrreeddii 77 ooccttoobbrree 22001111 àà 1188hh3300

HHééllèènnee LLeennooiirr sseerraa àà llaa lliibbrraaiirriiee llee vveennddrreeddii 1144 ooccttoobbrree 22001111 àà 1188hh3300

La belle amour, Lyonel Trouillot, Actes Sud, 17 €

Anaïse, une jeune femme née en Occident, revient en Haïti sur les traces de sa famille, sur cellesd’un père qu’elle n’a pas connu et celles d’un grand-père, homme de puissance, mystérieusementmort dans un incendie. Son guide lui parle dans la voiture qui les amène vers Anse-à-Fôleur, lieu dudrame et de l’origine. Dans une langue tantôt furieuse pour lui crier l’injustice, tantôt douce pour luidire combien ce village une fois débarassé de sa domination réinvente bonheur et liberté, Thomasaccueille, prévient, éveille cette conscience étrangère et la nôtre. De sa voix et de celles d’autres villa-geois, Anaïse entendra des réponses à la question, la seule, mais « quel usage faut-il faire de sa pré-sence au monde », elle pourra alors prendre à son tour la parole pour s’approprier et dire avec sesmots cette expérience. Lyonel Trouillot a mis toute la violence de son art poétique pour essayer desusciter une interrogation nécessaire à toute reconstruction du lien, sur les bases d’une vraie frater-nité sensible, une « belle amour humaine ». Un de ses plus beaux textes. N.T.

Page 8: gazette rentree 2011 - Librairie le square

CO

UP

SDE COEUR

PPrreemmiieerrss rroommaannss Mingus mood, William Memlouk, Julliard, 18 €Sujet éminemment « casse-gueule » de la littérature : écrire sur la musique, beaucoup de livres, trèspeu de réussites. Il existe des exceptions et le livre de William Memlouk en est une. En 1957 le com-positeur contrebassiste de jazz Charlie Mingus décide de quitter New-York pour Tijuana. Etrange idéemais l’homme est obstiné, il a ses raisons. Résultat, neuf musiciens sous la houlette de Mingus enre-gistreront un chef-d’oeuvre du nom de Tijuana Moods qui déclara en 1962 « This is the best record Iever made ». Cette incroyable aventure nous est narrée au début des années 1980 par une journa-liste et un ancien compagnon de route de Mingus dressant un portrait du personnage très proche dela réalité. En parallèle on pourra lire l’autobiographie de Mingus Moins qu’un chien aux éditionsParenthèses digne d’un roman noir et puis évidemment acheter quoi qu’il arrive et en priorité l’album« Tijuana Moods » disponible partout à prix modique ou presque. L.B.

Du temps qu’on existait, Marien Defalvard, Grasset, 20,50 €Flaubert a émis un jour le souhait d’écrire un livre sur rien, le Rien en thème principal mais a renon-cé. En lisant le premier roman de Marien Defalvard, on peut dire que l’esprit de Flaubert a rencontrécelui du jeune écrivain de dix neuf ans tant le Rien n’a jamais été aussi passionnant. Ce sont d’aborddes lieux : Paris, Strasbourg, Lyon, Orléans…Mais tout commence à Coucy « Coucy-le-Château-Aufrique. Dans l’Aisne, aux derniers renseignements, en Picardie ». Un homme erre, se promène,raconte sa vie et il a déjà bien vécu et tout cela sur 370 pages sans que l’on s’ennuie une minute parceque l’écriture qui emprunte à Morand ou Larbaud nous laisse pantois. C’est un livre d’un autre tempsmais non dans l’ère du temps qui fait un bien fou, de la littérature tout simplement. L.B.

Solution terminale, Anne Maro, Editions Champ Vallon, 17 €Etrange et percutant roman que ce premier livre d’Anne Maro. Conte cruel ou reflet à peine déformé denotre société ou tout au moins de ce qu’elle peut devenir, Solution terminale prend à la gorge et nousfait froid dans le dos. Dans une écriture abrupte, incisive et précise comme le tranchant d’une lame,Anne Maro nous entraîne dans un monde où les vieux ont tout pouvoir et ne vivent que pour le plaisir.Des êtres “fonctionnels” éduqués pour servir leurs vieux maîtres, les “utilitaires”, dans un sursaut seréunissent en cachette. Mais au pays de la Pyramide, mise en place pour réguler la démographie et labonne marche de la société, aucune place pour la révolte. Monde glaçant où les “recyclés” sont au plusprofond du gouffre, où les serviteurs marchent à pas pressés dans les rues pour rejoindre en temps eten heure leur poste, transis de peur, absence totale de liberté, pour les uns comme pour les autres, ilne fait pas bon vivre au pays des Observateurs et du Maître Vénérable. Fable sur le pouvoir, la domi-nation et la perte d’humanité, Solution terminale nous permet un très faible espoir grâce à Fidelio etSerena, amoureux malgré tout et malgré tous. F.F

AAnnnnee MMaarroo sseerraa àà llaa lliibbrraaiirriiee llee mmaarrddii 2277 sseepptteemmbbrree 22001111 àà 1188hh3300

Un ange noir, François Beaune, Verticales, 17,90 € Tout comme il y a un art brut, il y a une parole brute. François Beaune ne cesse de la questionner.Après avoir collecté et publié en revue des écrits « simples », il explore dans ses romans les détoursde la déraison. L’homme louche se donnait comme le journal d’un voyeur obsessionnel. F.Beaunesubvertit aujourd’hui le genre du polar avec un autre homme trouble. Alexandre Petit, 37 ans, céli-bataire, enquêteur Sofres, bénévole aux Restos du coeur et champion cruciverbiste présenterait unenormalité fade. Si ce n’est qu’il est le dernier à avoir été en présence d’une jeune fille retrou-véemorte. Persuadé d’être recherché par la police, il prend la fuite. Un ange noir est la confession d’unhomme à la raison chancelante, enquêtant sur lui-même. C’est aussi une tentative pour l’écrivain etune expérience pour le lecteur, de pousser jusqu’aux limites de l’abjection une parole folle. Beaunen’est pas seulement un observateur ironique des petits écarts, il sait dessiner le gouffre d’un dés-espoir haineux. Et il donne là un livre remarquablement dérangeant. N.T.

FFrraannççooiiss BBeeaauunnee sseerraa àà llaa lliibbrraaiirriiee llee mmeerrccrreeddii 2233 nnoovveemmbbrree 22001111 àà 1188hh3300

Page 9: gazette rentree 2011 - Librairie le square

COUPS DE

CO

EU

R

Stoner, John Williams, Le Dilettante, 25 €Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Anna Gavalda

Publié pour la première fois en 1965, Stoner est maintenant traduit en France grâce à Anna Gavalda.Grand roman américain, il nous conte l’histoire banale d’un garçon du Missouri né dans une famille ruralepauvre qui par la force de sa passion pour les livres et avec la bénédiction d’une famille simple maisaimante accède à l’Université. Après avoir découvert la littérature et abandonné l’agronomie, il deviendraprofesseur, réduisant à néant l’espérance de ses parents. Difficile de comprendre ce qui nous tient totale-ment à la lecture de cette vie consacrée aux livres et aux étudiants, cette vie d’un homme silencieux, à lafois soumis et incorruptible, jusqu’à cet incroyable amour qui un instant changera le cours des chosesavant que tout reprenne sa place. Un sens aigu du détail, des personnages aux émotions dévoilées intime-ment et surtout sans doute l’intégrité sans faille d’un homme droit à qui l’on vole sa vie de manièreinéluctable et dont les tentatives de révolte par deux fois échouent. La description du monde universitaire,mesquin et cruel apporte une touche d’humour grinçant dans un univers sombre éclairé pourtant parStoner de moments de troublante beauté. L’obstination du héros dans sa lutte pour que l’éthique universi-taire soit sauvegardée donne la mesure du caractère entier d’un homme dont l’apparente faiblesse cacheune force morale fascinante. Un très beau roman. F.F.

RRoommaannss ééttrraannggeerrss

L’accordeur de silence, Mia Couto, Métailié, 19 €Traduit du portugais (Mozambique) par Elisabeth Monteiro Rodriguez

Mwanito possède un don. Le silence est son unique vocation. À la mort de sa mère, son père le conduit loin de la ville avec son frèreaîné. Ils arrivent dans une maison hantée par les souvenirs et sans espoir. Pour leur père, « aussi têtu qu’uneaiguille de boussole », le monde est mort et ce dernier s’attèle à effacer les routes jusqu’à leur nouveau pays. Lefrère aîné, Ntunzi, initie alors Mwanito à voir l’autre côté du monde. « Il apprend à voyager par de petites lettrescomme si chacune était une route infinie », mais il lui manque encore de rêver et de se souvenir. Dans ce paysplein de solitude et sans raison où ils échouent, il devient alors vite impossible d’échapper à eux-mêmes. C’est àce moment là, qu’une femme, Marta, trop occupée à se faire belle et qui « a laissé fuir la véritable beauté quiréside uniquement dans le regard qui dénude », fait son apparition. Pour Mwanito, Marta devient de plus en plussa mère et Ntunzi la rêve de plus en plus comme une femme. Dès lors, la confrontation entre le père et Marta estinévitable. On comprendra, par conséquent, les lourds secrets de chacun, mais aussi, que la différence entre lesanges et les démons n’est pas en eux mais en nous. Dans ce monde qui n’est pas mort puisqu’il n’est même pasné, le silence est une traversée pleine de « saudade ». Magnifique langue où la folie est aussi un acte de coura-ge, où la vérité est triste lorsqu’elle est unique. Mia Couto est un magicien des mots qui ne nous dit pas autrechose que ceci : « le monde prend fin quand on n’est plus capable de l’aimer ». F.C.

La tristesse des anges, Jon Kalman Stefansson, Gallimard, 21,50 €Traduit de l’islandais par Eric BouryEn 2010 J.K. Stefansson nous avait gratifié d’un magnifique livre, Entre terre et ciel. A la fin du romanon avait laissé le gamin entre les mains de Helga et Geirbodur, propriétaires d’un hôtel. On le retrouvetrouvant sa place peu à peu dans la communauté villageoise en compagnie du vieux capitaine aveu-gle Kolbeinn, qui l’initie à la poésie, la lecture, Shakespeare. Le livre s’ouvre sur l’arrivée de Jens lepostier, gelé sur sa monture, qui doit repartir affronter les fjords du nord pour sa prochaine tournée. Legamin, un habitué des mers, est chargé de l’accompagner.On les suit tout au long de leur périple,engloutis à plusieurs reprises par des tempêtes de neige. Malgré la rudesse du climat et de celle dupostier on découvre la douceur de la poésie, la chaleur des fermes qui les recueillent pendant lesgrands froids, et l’on est émerveillé de rencontrer autant de livres et de chant dans des contrées siinhospitalières.Il y est donc beaucoup question de poésie et de mort, d’amour et de persévérance,avec l’écriture toujours magnifique de Stefansson.Et pour reprendre les propos de l’auteur : « certainslivres sont essentiels, d’autres simplement distrayants ». C.M.

Scintillation, John Burnside, Métailié, 20 €Traduit de l’anglais (Ecosse) par Catherine RichardDe l’horreur naît parfois la grâce, Burnside est coutumier du fait, ses livres sont d’une grande noirceurmais parce qu’il est un très grand écrivain sa douleur guérit la nôtre. Après Un mensonge sur monpère, Les empreintes du diable, Une vie nulle part et le dérangeant et époustouflant roman La maisonmuette, l’écrivain écossais nous offre Scintillation. Nous sommes dans un lieu nommé l’Intraville, pay-sages en ruine, délabrés dans lequel le tout jeune jeune Leonard Wilson raconte sa vie et sa ville.Surtout il évoque ces disparitions d’enfants fréquentes que les autorités considèrent comme fugueurspour ne pas voir et admettre la tragédie. Encore une fois sublime et déroutant, Burnside nous épateet construit une oeuvre forte. L.B.

Page 10: gazette rentree 2011 - Librairie le square

Ho

rs le

s murs

HHoorrss lleess mmuurrss

Le Square inaugure cette année une collaboration avec le CRDP de Grenoble, en organisant uncycle de conférences autour de l’image et des représentations.La programmation est en cours mais nous pouvons déjà vous annoncer:

Mardi 29 novembre à 18h30

dans la salle de conférences du CRDP (11 av. Gnrl Champon)

une conférence de

Georges Vigarello et Johann Chapoutotà l’occasion de la sortie des trois volumes de l’Histoire de la Virilité au Seuil

Après leur travail pionnier sur l’histoire du corps, A.Corbin, G.Vigarello et J.J. Courtine ont réuniune équipe de spécialistes de l’histoire des mentalités et des représentations ( dont J.Chapoutot) pour interroger la notion de virilité. Ils livrent une somme aux conclusions parfoisinattendues, organisée autour de figures symboliques fortes, le militaire, le politique, le reli-gieux, le jeune garçon, l’homosexuel, la femme...et convoquant tous les imaginaires, artsécrits... et explorant tous les territoires.Devraient suivre des conférences avec notamment, Jean Guilaine, Marielle Macé...

Deuxièmes Rencontres philosophiques d’Uriage : La JusticeVendredi 14- Dimanche 16 octobre à Uriage et Saint-Martin d’Uriage

Après s’être interrogées l’année dernière sur les promesses du futur, les Rencontres philosophiquesd’Uriage consacrent pour leur deuxième édition trois jours de réflexion au thème de la Justice. Avecdes questions, autour du sens de la justice aujourdhui, sa crise, ses milieux ( doit-elle concerner tousles secteurs de l’activité humaine), son futur dans un monde globalisé...Trois jours de conférences, de débats avec des philosophes et notamment P.Manent, G.Fraisse,D.Innerarity...des juristes, D.Salas, O.Beauvallet...et des acteurs politiques, J.L. Bianco, A.Vallini...Le Square sera présent avec une librairie de philosophie.

Forum République des Idées : Refaire SociétéVendredi 11- Dimanche 13 novembre à la MC2 de Grenoble

Le collectif d’intellectuels animé par Pierre Rosanvallon organise après “Réinventer la démocratie”en 2009, un nouveau forum, “Refaire société”.

“La crise financière qui s’est prolongée en vaste crise économique et sociale, les réformes menéesau pas de charge par les gouvernements de droite en Europe, l’accroissement des écarts de riches-se entre Nord et Sud, tout concourt à remettre la question sociale au coeur des préoccupations.Au même moment la démocratie est affaiblie par l’accroissement des inégalités, la désaffiliationsociale, la haine de l’autre, la défiance vis-à-vis de gouvernements qui échouent à répondre auxattentes des citoyens. Il ne peut y avoir de démocratie sans cohésion sociale.

Le constat d’une situation de crise ne suffit pas, il faut comprendre comment on peut faire ou refai-re société.Trois jours de débats lors de ces ateliers du présent, avec des dizaines d’intellectuels, d’artistes,d’écrivains,de citoyens engagés pour essayer de cerner les nouveaux états du travail et du capi-talisme, les nouvelles situations de précarité installées, mais aussi les moyens de dire la société,de l’incarner et de lui donner voix et forme, de l’utopie à l’intervention artistique”.A l’occasion de Forum, la République des Idées fera paraître un livre, reprenant les analyses et lespropositions de cet “intellectuel collectif” pour sortir de la crise multiforme que nous traversons.Et pour prolonger par la lecture ces débats, vous pourrez retrouver conçue et tenue par Le Squareune véritable librairie de sciences humaines dans le hall de la MC2.

Page 11: gazette rentree 2011 - Librairie le square

TIO

NS

ANIMARReennccoonnttrreess

Vendredi 7 octobre à 18h30

Lyonel Trouillot

La belle amourEditions Actes Sud

(notice page 7)

Jeudi 22 septembre à 18h30 Soirée anniversaire Radio Gresivaudan 30 ans

lecture d’un texte de Vincent Karle autour de l’exclusion par Antoine Choplin

Présentation du roman d’Antoine Choplin Le héron de Guernica Editions Le Rouergue

(notice page 6)

Mardi 27 septembre à 18h30

Anne MaroSolution terminaleEditions Champ Vallon

Un premier roman étrange et cruel tout à fait remarquable (notice page 8)

Vendredi 14 octobre à 18h30

Hélène LenoirPièce rapportéeEditions de Minuit

(notice page 7)

Sauf indication contraire, toutes les animations ont lieu dans l’espace rencontre du Square, (entrée libre dans la limite des places disponibles) 20, rue de Sault.

Mardi 4 octobre à 18h30

David Vann

DésolationsEditions Gallmeister

Un évènement ! La venue du grand auteur américain révélé avec Sukkwan Island

voir portrait page 3

Page 12: gazette rentree 2011 - Librairie le square

AN

IMA

TIONSRReennccoonnttrreess ((ssuuiittee))

Le Squarelibrairie de l’Université

2, place Dr Léon Martin. Grenoble. Tel 0476466163

LLaa GGaazzeettttee dduu SSqquuaarree,, directrice de publication et rédactrice en chef : F.FolliotRédacteurs : F.Folliot, L.Blondel, C.Meaudre, N.Trigeassou, F.Calmettes, L.Paillet

Jeudi 20 octobre à 18h30

Jacques AbeilleLa barbarieEditions Attila

(portrait page 2)

Mardi 8 novembre à 18h30

Patrick Deville Kampuchéa

Editions du Seuil( portrait page 3 )

Vendredi 4 novembre à 18h30

Eric Laurrent

Les découvertesEditions de Minuit

(notice page 2)

Mardi 15 novembre à 18h30

Pierre Péju

Enfance obscure

Editions Gallimard

Vendredi 25 novembre à 18h30

rencontre avec la rédaction de

Feuilleton

Mercredi 23 novembre à 18h30

François Beaune

Un ange noir

(notice p 8) Editions Verticales