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ÉDITO Plus que jamais : la lutte continueP. 3
LE MOT QUI PUEPolitiqueP. 7
PB- PP B-00802BELGIE(N) - BELGIQUE
Mensongeset fantasmes
sur l’immigration
GAZELCOPlan de délestage et risque de black-out… P. 11
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2 TRIBUNE DES SERVICES PUBLICS - CGSP MARS 2015TRIBUNE DES SERVICES PUBLICS - CGSP MARS 2015
ACTUALITÉS
DANS NOS RÉGIONALES
Paiement de la prime syndicale 2014
Comme chaque année, le moment est venu de renvoyer le formulaire de demande de paiement de la prime syndicale, dûment complété. Voici comment procéder.
Tout qui travaille dans un service public, qu’il soit statutaire ou contractuel, reçoit le formulaire de prime syndicale 2014 au cours du premier trimestre 2015. Ce formulaire comporte quatre parties. Vérifi ez que les données mentionnées dans la partie A « rubrique à compléter par l’administration » sont exactes. Les erreurs éventuelles et les données lacu-naires peuvent être modifi ées dans la partie B du formulaire. Vous devez obligatoirement fournir votre numéro de compte IBAN (voir rubrique C, « à compléter par le membre du personnel »). N’oubliez pas de signer le for-mulaire ! Envoyez-le au secrétariat de votre secteur ou de votre régionale intersectorielle ou à votre délégué CGSP avant le 1er juillet 2015 !
La prime syndicale 2014 sera réglée avant le 30 septembre 2015 et s’élève à 90 € maximum. Même si vous avez reçu plusieurs formulaires de demande, un seul peut être intro-duit pour une même année de référence.
La fi n des duplicatas !Depuis 2012, votre service du personnel ne peut plus vous fournir de duplicata, même si votre formulaire a été égaré, si vous ne l’avez jamais reçu ou s’il contient des erreurs structurelles. Si vous vous trouvez dans une telle situation et que vous avez droit à une prime syndicale, deux possibilités s’off rent à vous :- soit vous contactez par mail ou par téléphone votre régio-
nale, votre délégué, votre secteur ou vous vous rendez directement sur place pour informer la CGSP de votre problème ;
- soit vous envoyez un mail à l’asbl Prime syndicale (via l’adresse [email protected]). Vous y mention-nez votre nom, prénom, date de naissance, numéro de membre de la CGSP si vous le connaissez, la référence de votre (vos) employeur(s) en 2014 et les dates éventuelles d’entrée en service et de fi n pour l’année de référence.
Nous vous ferons alors parvenir un formulaire de rempla-cement que vous devez nous renvoyer corrigé, complété et signé. Dès réception de celui-ci, nous entamerons les démarches administratives auprès du Secrétariat de la Commission des primes syndicales afi n que le paiement soit eff ectué.
Attention : le formulaire de remplacement concerne uni-quement 2014 ! Suite aux dispositions légales relatives au paiement des primes syndicales, les formulaires de remplacement 2013 ne sont plus acceptés par la Com-mission des primes syndicales.
Hainaut occidentalAmicale des Pensionnés
L’Amicale des Pensionnés organise le 21 mars, en ses locaux place Verte 15 à Tournai, son Bingo, ouvert à tous les affi liés CGSP. Inscriptions à partir de 14h. Droit d’inscription : 5 €
NamurFestivités 1er mai
10h30 : Accueil, café : Maison syndicale « André Genot », rue de l’Armée Grouchy 41.
• Meeting – Orateurs :J. � onon, Secrétaire intersectoriel régional de la CGSP Namur et Président de la FGTB,M. Meyer, Président de la CGSP,M. Goblet, Secrétaire fédéral FGTB,G. Fays, Secrétaire régional interprofessionnel de la FGTB.
• Barbecue géant, ambiance musicale et animations : 12 €/adulte – 6 €/enfant.
Réservation obligatoire avant le 17 avril : - par versement sur le compte n° BE63 6363 8274 0408
(communication : SACNam 1er mai 2015) ; - par téléphone : 081/72 91 12 – 081/72 91 43 ou par
Fax : 081/72 91 31 ; - par mail :
[email protected] ou [email protected]
8 mars 2015 - Journée internationale des droits des Femmes
Camarades ! Le gouvernement fédéral nous a déclaré la guerre ! Il attaque notre modèle de société pour l’éradiquer. Ils veulent faire de nous des travailleurs et travailleuses : - pauvres (saut d’index et modérations salariales) ; - vieux et vieilles. 6 femmes sur 10 devront travailler jusqu’à
67 ans faute de pouvoir faire valoir 42 ans de carrière ; - en mauvaise santé (réductions des budgets « soins ») ; - corvéables à outrance sans aucun respect de la conciliation
vie privée et professionnelle ; - exclus du chômage, dont une grande majorité de femmes
sous statut « cohabitant » et cela même si elles ont cotisé durant de nombreuses années ;
- exclus d’un système suite à la privatisation des services publics.
Des services publics aff aiblis par les trop nombreuses éco-nomies à réaliser ! Les femmes en seront triplement victimes puisqu’elles y sont majoritairement employées, qu’elles en sont les principales usagères et qu’elles devront en plus assu-mer le rôle jusqu’alors assumé par la collectivité.
FINIR DÉPOUILLÉES ? LES FEMMES DISENT NON !
Bureau des femmesde la
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3TRIBUNE DES SERVICES PUBLICS - CGSP MARS 2015TRIBUNE DES SERVICES PUBLICS - CGSP MARS 2015
ÉDITO
Plus que jamais : la lutte continue
Les dernières élections grecques soulèvent un espoir et cet espoir est fondé.Pour la première fois depuis très longtemps, c’est l’arrivée au pouvoir d’une gauche en rupture avec la logique TINA (there is no alternative, il n’y a pas d’alternative). Cette gauche, que les médias s’obstinent à qualifi er d’extrême, est avant tout le résultat, non d’un hasard, mais d’une mobilisation sociale de cinq années. Cinq années de lutte acharnée contre un gouvernement qui a mené la politique la plus néfaste, depuis la fi n de la Seconde Guerre mondiale, aux travailleurs et travailleuses.
Ne nous faisons pas d’illusions ! Tant à l’intérieur de la Grèce, que partout en Europe, ce nouveau pouvoir grec a de nombreux ennemis. Si jamais il arrive à démontrer qu’une autre politique est possible, c’est tout le modèle voulu par le monde patronal et par les technocrates européens qui s’eff ondrera. C’est pour cela, et les travailleurs et travailleuses grecs l’ont bien compris, qu’il faut poursuivre la mobilisation.Nous aussi, dans tous les pays européens, nous devons nous battre aux côtés des travailleurs grecs. Espé-rons que demain, en Espagne, un autre front anti-austérité gagne les élections et que partout en Europe, la démonstration se fasse qu’une autre politique est possible !
Non à l’austérité, oui à la solidarité, oui à une économie durable et solidaire basée sur la satisfaction des besoins sociaux et collectifs !
Cela nous ramène à la situation en Belgique.La FGTB, et donc la CGSP, a rejeté le mauvais accord interprofessionnel et elle a raison. La CSC a quant à elle dit oui à 52 %. Cela veut donc dire aussi que 48 % de nos collègues partageaient notre analyse ! Et si on lit le résultat à l’aune communautaire, une majorité de militants CSC francophones partageaient notre point de vue. Ce résultat doit être plus important pour nous que le résultat global.
En eff et, partout où cela est possible, il faut continuer l’action, la plus dure possible, face à un gouvernement ou une majorité parlementaire fédérale qui ne nous ménage en rien. Particulièrement au niveau des services publics : privatisations, diminutions de dotations, licenciements, atteintes au statut, prolongement de la carrière de plusieurs années, atteintes au droit de grève, stigmatisations encore plus fortes des allocataires sociaux, etc.
Les gouvernements régionaux et communautaires ne peuvent non plus se réfugier derrière cet abominable gouvernement De Wever pour espérer passer en douce des mesures qui n’en seraient pas éloignées.
Le combat doit être dur, nous ne devons nous priver d’aucune arme. La grève sera nécessaire si nous voulons gagner ! Pour la réussir, nous devrons à nouveau convaincre certains de nos camarades et de nos collègues que rien n’a évolué, que le gouvernement fédéral n’a, en rien, fait machine arrière.
Les gouvernements wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles refusent d’entendre les revendications des représentants des travailleurs. Un nombre croissant de communes licencient ou s’apprêtent à le faire.Tout cela doit nous réunir : NON à l’austérité, NON aux inégalités grandissantes, OUI à une politique solidaire. Pour cela, OUI aux actions interprofessionnelles et OUI aux actions des travailleurs et travail-leuses des services publics !
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TRIBUNE DES SERVICES PUBLICS - CGSP MARS 2015TRIBUNE DES SERVICES PUBLICS - CGSP MARS 20154
IMMIGRATION
Une grande conférence syndicale consa-crée aux mensonges et fantasmes qui circulent autour de l’immigration et qui venait à point nommé à l’heure où chez nous la gestion du dossier migratoire devient de plus en plus étriquée mais surtout au moment où, après l’attentat contre Charlie Hebdo, les amalgames les plus pourris fl eurissent sur les réseaux sociaux.
Une histoire qui se répèteAndrea Rea le souligne d’emblée : l’his-toire a tendance à se répéter, les immi-grés sont souvent ressentis comme une menace. Ceci est notamment lié au fait que, contrairement aux Etats-Unis, les Etats européens ne se sont jamais considérés comme des Etats d’immigration. Partant, les stéréotypes qui circulaient dans les années cinquante à propos par exemple des Italiens comme ceux agitant le spectre d’une inva-sion incontrôlée de personnes qui viennent prendre notre travail, qui vont faire baisser le niveau scolaire ou changer notre culture ont toujours cours aujourd’hui pour caractériser d’autres migrants.
Y a-t-il d’ailleurs vraiment lieu de parler d’invasion lorsque nous constatons que la proportion de non-Européens arri-vés au sein de l’Union européenne est très faible ? Ainsi, en Belgique, l’immi-gration de travail s’élève à 6 % mais il subsiste une impression d’invasion qui
découlerait du regroupement fami-lial, de la concentration dans certains quartiers et des demandes d’asile pour raisons humanitaires. Cette impres-sion, d’ailleurs entretenue dans cer-tains milieux, laisse penser que l’État ne maîtriserait plus les fl ux parce que les gens utilisent tout simplement des droits qui sont mis à leur disposition.
Par ailleurs, le marché de l’emploi reste un lieu où la discrimination est prépon-dérante. Elle s’aggrave souvent du fait que de nombreux travailleurs migrants
sont la plupart du temps utilisés à des
fi ns de dérégulation des conditions de travail et de dumping social, principalement dans les secteurs de la construction et de l’horticulture.
Une gestion managériale de l’immigrationFrançois Gemenne analyse plusieurs préjugés afi n de questionner leur légi-timité. Certains reposent davantage sur une perception et moins sur la
réalité et si le fossé entre les deux tend à s’accroître, la plupart des politiques migratoires actuelles se fondent sur cette mauvaise perception. Lorsqu’un gou-vernement met en avant sa volonté de lutter contre la fraude et les abus dans le domaine de l’asile, il crée une cer-taine représentation de l’immigré dans l’espace public. Et il tend à dissimuler cette représentation idéologique derrière la froideur d’une politique managériale. Nous le constatons d’ailleurs indépen-damment de la tendance politique du gouvernement en place (pour autant qu’il soit encore possible de les distin-guer). Cette gestion managériale (il faut faire du chiff re) explique la popu-larité de personnes comme Maggie De Block qui ont su se fondre dans cette
logique.
Trois préjugés qui ont la vie dureL’immigration nous coûte cher
Tout semble indiquer au contraire que l’impact fi scal de l’immigration serait positif. Toutefois, d’un point de vue stratégique, la question suivante surgit : répondre à cette allégation n’équivau-drait-il pas à lui conférer une certaine légitimité ? D’autant plus que cette question n’est jamais mise en avant pour d’autres strates de la population (les enfants coûtent cher, les personnes âgées aussi, par ailleurs). Or, si aucun compte n’est demandé à ceux-ci, les immigrés sont quant à eux sommés de
Mensonges et fantasmes
sur l’immigration
Le 9 décembre 2014, la CGSP wallonne a accueilli Andrea Rea, professeur de sociologie à l’Université libre de Bruxelles et directeur du Groupe d’étude sur l’Ethnicité, le Racisme, les Migrations et l’Exclusion (GERME) et François Gemenne, chercheur au CEDEM (Centre d’étude des migrations) de l’ULG et chercheur associé au CERI, Sciences Po de Paris, et aussi accessoirement également connu comme l’homme qui a cloué le bec à Florian Philippot, un des ténors du Front national (FN) lors d'une émission française de grande écoute…
grés sont souvent ressentis comme une menace. Ceci est notamment lié au fait que, contrairement aux Etats-Unis, les Etats européens ne se sont
dans les années cinquante à propos par exemple des Italiens comme
inva- incontrôlée de personnes qui
viennent prendre notre travail, qui vont faire baisser le niveau scolaire
sont la plupart du temps utilisés à des
qu’il soit encore possible de les distin-guer). Cette gestion managériale (il faut faire du chiff re) explique la popu-larité de personnes comme Maggie De Block qui ont su se fondre dans cette
logique.
Trois préjugés qui ont la vie dureL’immigration nous coûte cher
Tout semble indiquer au contraire que l’impact fi scal de l’immigration serait
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se justifier et de faire valoir leur légiti-mité dans le corps social.
Notre société serait confrontée à un problème d’intégrationL’immigration a changé et est devenue plus visible mais la véritable question est celle de savoir quelle intégration est souhaitée. Les immigrés doivent-ils nier leur culture pour maximiser leurs chances d’intégration ? Que fait réelle-ment notre société pour les intégrer ? Et s’intégrer certes, mais à quoi ? La Belgique, pour prendre cet exemple, est un pays divisé. Quelle intégration promouvoir quand on peine déjà à défi-nir le Belge type ? En quoi d’ailleurs un pays qui n’existe pas vraiment serait-il menacé ?
On ne peut pas accueillir toute la misère du mondeTout d’abord, rappelons que Michel Rocard, auteur de cette phrase, avait dit : « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre sa part ».Cliché absolu, cette assertion tronquée tendrait à indiquer l’existence d’un
plafond infranchissable dans chaque société. Ensuite, de tels propos sont tout bonnement insultants : de quelle misère du monde parle-t-on ?Outre les immenses dangers, la migra-tion est un processus qui coûte très cher au migrant. La traversée de la Médi-terranée s’élève à 3 000/5 000 euros ; les familles, voire des villages entiers, se cotisent pendant des années. Ceux qui arrivent dans nos contrées sont donc loin d’être les plus pauvres qui, quant à eux, restent au pays ou, s’ils arrivent à migrer, rejoignent les pays avoisinants.En outre, la déci-sion de migrer est tout sauf une déci-sion prise à la légère : il s’agit géné-ralement d’une décision mûrement réfléchie, prise à contrecœur, qui est le fruit d’un projet. Qui abandonnerait ses proches le cœur léger ?
Ces trois préjugés témoignent d’une profonde méconnaissance de l’immi-gration et pointent aussi la faillite et l’impuissance de la classe politique qui croit et/ou qui fait croire que les flux pourraient être maîtrisés rien qu’en jouant avec les allocations. En réalité, les flux migratoires sont non seulement un droit fondamental, ce sont surtout un fait structurel, une réalité intrinsèque de notre monde qui échappe de ce fait aux volontés régulatrices des politiques.
La mise en concurrence comme modèle de société Basé sur une perception faussée de l’immigration, le vent fétide du racisme souffle et n’épargne personne. Ainsi, malheureusement, avoir fait partie de l’immigration n’est pas un antidote au racisme. La société capitaliste est une société de rivaux et, entre les travail-leurs mis en concurrence généralisée, le racisme peut poindre quand le dernier arrivé menace l’emploi de celui déjà là.Cette concurrence rend complexe la mobilisation sur la question du travail. Par contre, c’est moins le cas sur celle du droit de séjour comme en témoignent les mouvements d’empathie lorsqu’il est question d’exclure des enfants scolarisés.
Ainsi, selon nos invités, il y a eu une démission de la gauche, au milieu des années 1980, face à la montée de l’extrême droite. Démission qui peut être résumée par l’acception de l’idée selon laquelle le FN poserait les bonnes questions (et ce faisant dic-terait les termes du débat) mais n’ap-porterait pas les bonnes réponses.
Face à cette erreur, il conviendrait de ne pas entrer dans une surenchère émotionnelle et narrative et d’éviter autant les généralisations abusives que les cas particuliers, même pour mettre
Mensonges et fantasmes
sur l’immigration
Les flux migratoires sont un fait structurel, une réalité intrinsèque
de notre monde qui échappe de ce fait aux
volontés régulatrices des politiques.
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IMMIGRATION
en exergue les mérites individuels de l’un ou l’autre.Par contre, il est nécessaire de rajouter de la rationalité dans le débat et de la cohérence dans les positions offi cielles. En eff et, le dumping social par exemple montre clairement qu’il s’agit d’un phénomène politiquement organisé. Depuis longtemps, la Confédération européenne des syndicats a demandé en vain que les textes légaux englobent la responsabilité du donneur d’ordre. À ce sujet, il règne une grande hypocri-sie dans les rapports entre le marché et l’immigration et il est toujours bon de rappeler que les premières victimes sont les travailleurs détachés eux-mêmes.
« Puisque vous ne me reconnais-sez pas dans l’amour, vous me reconnaitrez dans la haine »Si la perception dominante est celle d’une immigration plus visible, c’est aussi parce que l’Islam est devenu la deuxième religion européenne. La tâche compliquée qui se présente à nous est celle de trouver des manières de vivre ensemble. Il faut à tout prix pouvoir les mettre en œuvre, car le risque induit par le fait de nier les gens dans leur essence revient à semer les graines de la radicalisation des valeurs. L’attentat
meurtrier contre Charlie Hebdo en ce début d’année ne confi rme que trop cette urgence : « puisque vous ne me reconnaissez pas dans l’amour, vous me reconnaitrez dans la haine. »
Nos deux intervenants ont conclu de concert qu’il faut accepter l’idée que la société bouge, qu’elle n’est pas un musée et que l’ingéniosité mise en œuvre en Belgique sur le plan institution-nel, notamment dans la construction alambiquée de notre système fédéral, devrait être tout aussi possible dans le cadre de la cohabitation harmonieuse de personnes diff érentes et égales, par un déplacement de la perspective, sans éluder la question de la place de la reli-gion dans l’espace public.
Une autre exclusion sociale ?Lors du débat, un des intervenants soulignait que nos sociétés occiden-tales vivaient actuellement une forme à rebours de migration et d’exclusion sociale. Celles, volontaires et absurdes, de cette part la plus fortunée de nos sociétés qui entend ne plus participer par ses impôts à la construction et à l’amélioration de notre vivre ensemble. Cette sécession fi scale, cette violence des riches, démontre parfaitement cette
dialectique de la perception dont nous parlions dès l’abord.Elle met en exergue cette lutte perma-nente nécessaire contre les inégalités et le rôle fondamental en matière d’inté-gration que les syndicats en général et chacun de nous en particulier ont à y jouer.
Ce débat, qui par son ampleur et ses multiples facettes en a ouvert d’autres, a aussi permis de rappeler que l’immigra-tion était et reste un combat de classe, que le partage de points de vue décalés et hors des sentiers archi-battus par des médias dominants, ouvrait la possibilité d’avoir un regard neuf sur des enjeux essentiels. C’est peu et c’est déjà beau-coup. ¡
François Gemenne
Andréa Réa
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7TRIBUNE DES SERVICES PUBLICS - CGSP MARS 2015 TRIBUNE DES SERVICES PUBLICS - CGSP MARS 2015
LE MOT QUI PUE
Politique
En condamnant des grèves politiques, le gouvernement des droites vise à faire régner
l’illusion de la cité unie, autrement dit à éliminer la
politique.
Au fur et à mesure que le plan d’action du front commun se déroulait et rencontrait par ailleurs un certain succès, les partis politiques de la coalition gouvernementale et tout particulièrement son Premier ministre de l’ombre n’ont eu de cesse de dénoncer des actions qu’ils jugeaient « politiques ». Ainsi, le 2 décembre, Bart De Wever déclarait : « Pour moi, la grève, c’est une solution ultime dans un confl it social. Pas une action politique. ». Et il remettait le couvert le 11 décembre sur les ondes de Bel RTL : « Normalement, la grève est l’arme ultime mais, maintenant, on commence avec des grèves qui sont purement politiques ». Retour et arrêt sur un usage pas si anecdotique de ce qualifi catif.
Certes, lorsqu’il s’agit de disqualifi er les mouvements sociaux, tous les moyens sont bons, c’est bien connu mais le doute est permis : le bourgmestre d’Anvers vit-il dans un cocon ? Pour lui, il serait impensable, inconcevable même, de faire grève contre des mesures du gouver-nement. Le mécontentement ne pour-rait émaner que de la visite périodique du bureau de vote.
Disqualifi erCeci dit, a-t-il déjà rencontré, vécu une grève qui n’était pas politique ? En eff et, au sens noble du terme, la politique concerne le fonctionnement d’une com-munauté, elle porte sur les actions et le développement de cette société. Ce n’est que dans la bouche ou sous la plume des acteurs et commentateurs de la chose politique que cette dernière se réduit souvent à des luttes entre hommes et femmes politiques. Alors, pourquoi à tout prix vouloir recourir à cet adjectif pour disqualifi er un adversaire ?
Un relent de thatchérismeTout d’abord, les déclarations toni-truantes et la manière de procé-der de ce gouver-nement des droites ne sont pas sans rappeler les agis-sements de Mar-garet Thatcher. En eff et, en 1984, cette dernière a été la première à qualifi er la grève des mineurs de « grève politique » pour ensuite s’en prendre à la totalité des droits sociaux et démocratiques. Et il est en eff et pertinent et judicieux de garder en mémoire ou de revenir sur les conséquences de cette guerre civile qui a touché la Grande-Bretagne à l’époque :
une fois le NUM (le syndicat des mineurs) anéanti (après une grève de 50 semaines accompa-gnée d’une répression policière sans précédent et de campagnes médiatiques calomnieuses contre les grévistes), le thatchérisme a eu un boulevard devant lui. Les pri-vatisations se sont alors enchaî-nées : British Telecom, British Gas, British Airways et, dans la foulée, le gouvernement a également érodé le droit de grève, limité les possibilités de manifester. En somme, au nom de la lutte contre les grèves politiques, il a induit une défaite du monde du travail face à l’émergence du système néolibéral, un aff aiblissement du monde syndical dans son ensemble, aggravant l’atomisation sociale et les inégalités. L’agenda non caché de ces déclarations était de casser les syndicats pour imposer un nouvel ordre social et économique.
Restreindre la démocratie ?Cette idée selon laquelle les grèves politiques contre des mesures gouver-
nementales serait proscrite et où la démocratie serait réduite aux élec-tions contraste fortement avec l’émergence de voix visant préci-sément à élargir
le spectre de la démocratie. Et ce ver-dict singulier ne laisse pas d’étonner puisqu’il émane « de la bouche de femmes et d’hommes politiques eux aussi… Or, par les temps qui courent, le politique ferait mieux de se valoriser que de se dépré-cier. … (Partant) ne serait-il pas judicieux de rendre à l’adjectif "politique" sinon
son aura, au moins sa neutralité ?1 »En condamnant des grèves politiques, le gouvernement des droites vise à faire régner l’illusion de la cité unie, autre-ment dit à éliminer la politique. La politique, c’est l’aff aire du peupleLes grèves apolitiques n’existent pas, la « grève est politique au même titre que toutes les activités humaines. Tout est poli-tique, c’est implacable » 2 sauf à vouloir nier « le principe même de la politique : il y a de la politique lorsqu’il y a un peuple, lorsque le peuple ne se confond pas avec sa représentation étatique, mais se déclare et se manifeste lui-même en choisissant ses lieux et ses temps. » 3
1. François-Xavier Druet « Quand "politique" vire au péjoratif », Le Soir ,3 janvier 2015.
2. François-Xavier Druet « Quand "politique" vire au péjoratif », Le Soir ,3 janvier 2015.
3. Jacques Rancière, « Le moment esthétique de l’émancipation sociale, entretien » (pro-pos recueillis par Aliocha Wald Lasowski) in La Revue des livres n° 7 septembre-octobre 2012, p. 48.
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www.cgsp-acod-bru.be
IRB - INTERRÉGIONALE DE BRUXELLES
Face au chômage problématique à Bruxelles, les projets et déclarations concernant les politiques d’emploi fl eurissent. Encore faudrait-il, pour être pertinents, qu’ils visent l’emploi de qualité et respectent les travailleurs qui sont censés en être les bénéfi ciaires.
Pris entre les approches restrictives imposées par les gouvernements fédé-raux successifs, celles développées par la Région, les logiques d’activation, les réductions de cotisations accordées aux employeurs et les aides qui se muent parfois en pièges, les principaux inté-ressés - les travailleurs sans emploi - ne trouvent pas leur compte. Quant aux mesures déployées, elles s’avèrent le plus souvent inadaptées puisqu’elles peinent à atteindre leurs objectifs de réduction du chômage dans un contexte où il n’y a pas de travail pour tout le monde (1 demande pour 13 off res à 1 pour 37 selon l’étendue de la zone géographique considérée). Au mieux, il en résulte une régulation à la marge du chômage structurel qui permet au « marché du travail » de maintenir la pression sur les salaires les plus bas.
Toujours plus de pressionDans les faits, ce sont les chômeurs qui ont le plus de capacités et de com-pétences personnelles qui accèdent au petit nombre d’emplois off erts à des conditions minimales de stabilité et de salaire. Les autres restent sur le carreau et subissent une pression croissante qui mène à l’exclusion. C’est dans cette logique que s’inscrivent les mesures de limitation des allocations dans le temps et de limitation à trois ans des allocations d’insertion des jeunes qui basculent par milliers du régime des allocations de chômage vers celui de l’aide sociale des CPAS.
C’est le résultat de l’adoption du concept « d’État social actif » qui prétend « acti-ver » les chômeurs en leur octroyant un droit à l’accompagnement et à la forma-tion en contrepartie de preuves de leurs eff orts pour trouver un emploi. Une condition méritoire individuelle qui n’existait pas avec l’État-providence qui prévalait jusqu’alors et où l’allocation de chômage se basait sur un principe de responsabilité collective.
Des politiques mieux adaptéesLa Région de Bruxelles-Capitale requiert des politiques plus spécifi ques pour répondre à la problématique par-ticulière d’emploi marquée à la fois par une forte croissance démographique et par un niveau moyen de formation trop faible des demandeurs d’emploi au regard des exigences de qualifi cation des emplois accessibles.
Sans céder au mythe de « l’employabilité » qui prétend faire coller au mieux offres et demandes d’emplois en adaptant la formation aux attentes supposées des employeurs et en responsabilisant le tra-vailleur par rapport à ses choix, il convient d’utiliser au mieux les ressources et possi-bilités existantes dans le contexte actuel en replaçant l’humain et les intérêts des tra-vailleurs au centre des logiques d’emploi.
Parmi les moyens budgétaires destinés à favoriser l’emploi (275 millions d’euros),
une part considérable est absorbée par des réductions de cotisations sociales des employeurs. Cette approche coûte à l’État en même temps qu’elle l’appau-vrit en le privant de recettes. Il serait préférable de consacrer plus de moyens à l’activation (actuellement seulement 35 millions d’euros).On répète à l’envi que la formation est la question fondamentale et que c’est là qu’il faut porter les eff orts. C’est
une bonne raison pour déplacer la logique d’ac-tivation en mettant de nouveaux moyens dans l’enseignement qu’il s’agisse des fi lières clas-siques ou de rattrapage plutôt que sur les gages exigés des demandeurs d’emploi.
Il est aussi question de moyens supplémen-taires pour la « garantie jeunes » censée lutter contre le chômage des
jeunes en proposant à tous les jeunes de moins de 25 ans, qu’ils soient ins-crits au chômage ou non, une off re de qualité, dans les 4 mois suivant la fi n de leur scolarité ou la perte de leur emploi. Elle est présentée comme un système win-win, mais il importe qu’elle ne soit pas réduite à un eff et d’aubaine pour les employeurs.
Osons ces paris, mais pour des emplois stables, avec des salaires décents - n’en déplaise aux gouverneur de la Banque nationale et autres « experts » de l’OCDE - et dans le respect des tra-vailleurs !
Jean-Pierre KnaepenberghSecrétaire général de l’IRB-CGSP
Booster l’emploi à Bruxelles, pas n’importe comment !
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9TRIBUNE DES SERVICES PUBLICS - CGSP MARS 2015TRIBUNE DES SERVICES PUBLICS - CGSP MARS 2015
ACS
Un document de réfl exion – divulgué par l’Associated Whistle-Blowing Press – dénonce les négociations sur l’Accord sur le commerce des services (ACS), qui se déroulent actuellement dans le plus grand secret et visent de vastes réformes des systèmes de santé publique promouvant l’externalisation à l’étranger des services de soins de santé et la privatisation.Cette proposition, intitulée « Document de réfl exion sur les services de soins de santé dans le cadre des négociations sur l’ACS », stipule qu’il existe « un incroyable potentiel inexploité en matière de mondialisation des services de soins de santé », résultant en grande partie du fait que les « services de soins de santé sont fi nancés et fournis par l’État ou par des associations d’aide sociale, et qu’ils ne présentent, pour ainsi dire, aucun intérêt pour les concurrents étrangers, étant donné le manque d’opportunités pour développer des activités axées sur le marché ».
« Cette proposition conduirait à une hausse des coûts des soins de santé dans les pays en développe-ment et entraînerait une baisse de la qualité dans les pays développés, en Europe, comme ailleurs », explique le Dr Odile Frank qui s’est penchée sur ce document pour l’Interna-tionale des services publics (ISP). Mme Frank précise qu’une telle proposition viendrait non seule-ment accroître les coûts pour les gouvernements, mais également les primes des assurances-santé.
La santé n’est pas une marchandise
Selon l’ISP, la CGSP wallonne et Médecine pour le Tiers-Monde, la proposition de l’ACS considère les services de santé comme une marchandise. La mise en place d’un commerce des services de santé viendra occulter les aspects de santé publique et exacerber les inégalités.« La santé est un droit humain. Elle n’est pas à vendre et ne peut être commercialisée. La raison d’être des systèmes de santé, c’est de veiller à ce que nos familles soient en bonne santé et en sécurité – pas de permettre aux grandes entreprises de dégager des bénéfi ces », souligne la secrétaire générale de l’ISP Rosa Pavanelli.
Les bénéfi ces pouvant potentiellement être retirés par les entreprises via la privatisation des soins de santé publics sont
titanesques. Dans les 50 pays participant aux négociations sur l’ACS, la moyenne pondérée du PIB consacrée aux soins de santé s’élève à 12,5 %.Pour l’ensemble de ces pays, la somme totale des dépenses du PIB dans le secteur de la santé dépasse les 6 milliards de dollars par an, soit plus de 90 % des dépenses annuelles mondiales de santé.
Nouvelles fuites de documents
Il s’agit de la troisième grande fuite de documents controver-sés relatifs aux négociations sur l’ACS, au cours des derniers mois. En mai dernier, Wikileaks avait divulgué l’annexe sur les services fi nanciers. Cet épisode avait été suivi, en décembre dernier, par la fuite d’une proposition émanant du
Représentant américain au com-merce portant sur le commerce en ligne, le transfert de techno-logie, les fl ux transfrontaliers de données et la neutralité du Web. Cette nouvelle divulgation avait suscité de nombreuses craintes quant à la possibilité que l’ACS ne vienne porter atteinte aux lois sur la confi dentialité des données, dans le sillage des révélations de Snowden.
L’ACS est actuellement négocié entre 23 parties (l’UE ne comptant que pour une seule) qui souhaitent étendre la portée et les règles de l’Accord général sur le commerce des services (AGCS) à l’échelle de l’Orga-nisation mondiale du commerce (OMC).Avant que l’Internationale des services publics (ISP) ne publie la toute première critique de cet accord, intitulée L’ACS contre les services publics, en avril 2014, c’est un secret total qui entourait ces négociations.
Le rapport publié par l’ISP révèle comment l’ACS empêchera que les privatisations manquées ne reviennent entre les mains du secteur public, et limitera la capacité des gouvernements à réglementer les services publics privatisés, à l’instar d’autres domaines d’intérêt public, tels que les lois visant à protéger les travailleurs/euses, les consommateurs, les petites entreprises et l’environnement. ¡
Non au tourisme médicalLa divulgation d’un nouveau document lève le voile sur des négociations secrètes visant à promouvoir le « tou-risme » médical, la privatisation et à accroître les frais médicaux.
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CONCERTATION SOCIALE
La FGTB n’a pas approuvé le projet de texte élaboré par les interlocuteurs sociaux réunis au sein du Groupe des 10. Non que nous fassions la fi ne bouche, mais parce que nos membres sont loin d’y retrouver leur compte. Avec ce gouvernement, le dialogue social est vide de sens. Il ne prête pas attention à nos alternatives… ce qui conforte encore la position patronale.
La FGTB a refusé un jeu de dupes. Un saut d’index imposé par le gouverne-ment privera tous les travailleurs de 2 % de leur revenu. En compensation, et uniquement à partir de 2016, une enve-loppe fermée de maximum 0,375 % sur les salaires bruts des travailleurs et une enveloppe de 0,3 % net sont proposées. Le compte n’y est pas. L’augmentation – encore faut-il l’obtenir – du salaire est largement insuffi sante pour compenser la perte causée par le saut d’index.Pas mieux pour les pensionnés, les malades et les chômeurs qui perdront également 2 %. Sur une allocation de 1 000 euros par mois, la perte est de 20 euros par mois, soit 240 euros par an.Tous les travailleurs y sont donc per-dant s.
Pourquoi sommes-nous oppo-sés à un saut d’index ? - Parce qu’un saut d’index coû-
tera cher à chaque travail-leur du privé et du public, chaque pensionné, chaque allocataire. Un salarié en début de carrière perdra jusqu’à 27 000 euros sur toute sa carrière ! L’équi-valent d’une année de travail !
- Parce qu’un saut d’index, ce sont 2,6 milliards qui passent de la poche des tra-vailleurs du privé à celle des actionnaires.
- Parce qu’il n’y a aucune garantie que cet argent servira à créer des emplois. Les employeurs en dispo-
seront comme ils l’entendent, sans conditions, sans contrôle.
- Parce que les augmentations salariales minimes sont loin de compenser le saut d’index, pas plus que l’augmen-tation des frais professionnels forfai-taires. Ces derniers étant fi nancés par l’argent public, c’est-à-dire essentiel-lement par les travailleurs.
- Parce que les augmentations très limitées des allocations sociales dans le cadre de la liaison au bien-être ne compensent nullement la perte de pouvoir d’achat de ce saut d’index.
Quel est le problème de la marge salariale ? - On nous prend d’abord 2 % par le
saut d’index pour nous rendre une toute petite augmentation de salaire net. Une petite augmentation que tout le monde n’aura pas nécessai-rement puisque la moitié dépend des négociations sectorielles et que seuls les secteurs forts l’obtiendront. Sans oublier que tous les travailleurs ne bénéfi cient pas de chèques repas ou d’avantages liés aux résultats (CCT 90). Enfi n, rien n’est prévu en
matière de lutte contre l’écart salarial hommes-femmes.
- Cette marge salariale est insuffi sante et la partie d’augmentation en salaire net exonérée d’ONSS n’apportera rien à la sécurité sociale.
- Le calcul même de la marge salariale est faussé puisque les patrons n’ont pas tenu compte des subsides sala-riaux dont ils bénéfi cient.
Enfi n, ce compromis ne rencontre pas les quatre objectifs que nous avons défi -nis en front commun : - la sauvegarde et le renforcement du
pouvoir d’achat ; - la sauvegarde d’une sécurité sociale
fédérale forte ; - la mise en œuvre d’une politique de
relance et d’investissements créatrice d’emplois de qualité ainsi que la garantie de services publics de qua-lité et l’arrêt des attaques contre les statuts dans la fonction publique ;
- la mise en œuvre d’une fi scalité juste via la contribution plus équitable des revenus du capital.
Par ailleurs, la disponibilité active des prépensionnés (RCC) et des chômeurs âgés demeure inacceptable.
Nos militants se sont mobilisés pour défendre ces revendica-
tions. La FGTB ne veut pas les laisser tomber en accep-
tant un compromis aussi injuste.
Le Bureau fédéral de la FGTB a évalué la situa-tion suite à la rencontre avec le gouvernement du 30 janvier 2015. Le Comité fédéral du
10 février 2015 a déterminé les moyens de réactions, de
préférence en front commun, à mettre en œuvre pour s’oppo-
ser à ces mesures injustes à l’égard des travailleurs du privé et du public
ainsi que des allocataires sociaux. ¡
Pourquoi la FGTB n’a-t-elle pas donné son accord ?
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11TRIBUNE DES SERVICES PUBLICS CGSP MARS 2015
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Plans de délestage et risque de black-out… la lumière sur la situation actuelle !
Le redémarrage de Doel 4 fi n décembre a permis d’éloigner un peu le risque de pénurie d’électricité mais l’arrêt programmé de Doel 1 nous rappelle les risques encourus si l’hiver avait été beaucoup plus rude. Les plus gros doutes sont maintenant concentrés sur l’hiver prochain. À ce moment-là le sort de Doel 1 et Doel 2 devrait être connu, prolongation ou pas ? Pour rappel, le cabinet de la ministre de l’Énergie négocie avec Electrabel le cadre juridique lié à la prolongation de ces deux réacteurs pour une durée de dix ans. La loi de sortie du nucléaire prévoyait initia-lement que Doel 1 s’arrête le 15 février (c’est fait) et Doel 2 le 1er décembre 2015.
Toujours est-il que sans ces deux réacteurs, le parc d’électricité belge perdra une capacité de 866 MW. Sans compter les centrales électriques qui s’arrêteront encore en 2015 pour « faute de rentabilité »… Pour éviter le risque de pénu-rie d’électricité l’hiver prochain, Marie-Christine Marghem a donc décidé d’augmenter les capacités de la réserve stratégique. Cette réserve est activée uniquement en cas de risque de pénurie d’électricité. D’une capacité actuelle de 850 MW, elle est composée d’unités qui, sans soutien public, seraient non rentables et donc indisponibles.
Dans un arrêté ministériel, la ministre de l’Énergie a demandé à Elia de constituer une réserve additionnelle de 2 750 MW. Si l’appel d’off res est concluant, on arriverait à une capacité totale de 3,600 MW, c’est une puissance supérieure à trois réacteurs nucléaires. Précisons que cette capacité pourrait être revue à la baisse si Doel 3 et Tihange 2 étaient remis en service avant la fi n juin. Ces deux réacteurs ont été arrêtés après la découverte de défauts laminaires (entendez défauts internes dus au laminage du métal à la construction) dans leur cuve, défauts que la cupidité de la presse les pousse à appeler « microfi ssures » pour continuer à vendre du papier !
Ceci dit, sera-t-il réellement possible de mettre sur pied cette réserve de 3 600 MW ? Tout dépendra si les pro-ducteurs répondent favorablement à l’appel d’off res. Ceux qui possèdent des unités de production à l’arrêt ont l’obligation de rendre une off re. La grande question est de savoir si le prix proposé sera accepté. C’est la CREG, le régulateur fédéral de l’énergie, qui doit trancher la question du prix. Et selon ELIA, qui gère l’appel d’off res, on devrait savoir fi n juin si l’objectif de 3 600 MW sera atteint.
Il faut ajouter également que la réserve stratégique peut être composée de centrales à l’arrêt mais aussi de clients interruptibles. Sur les 850 MW de la réserve actuelle, 100 MW viennent de clients industriels qui acceptent de diminuer leur consommation en cas de risque de pénurie.
Nous nous posons cependant une question : cette réserve sera-t-elle suffi sante pour l’hiver prochain ? Si elle ne l’est pas, que fera-t-on pour l’hiver suivant ? Augmenter encore la capacité de réserve ? Et continuer de subventionner les producteurs avec de l’argent public ?
La vraie question est là !
Cette réserve stratégique, ne représente-t-elle pas à elle seule la preuve que la libéralisation du marché de l’énergie est un échec ? Le client fi nal devra à l’avenir ajouter au bas de sa facture d’électricité un certain pourcentage sup-plémentaire lié à sa participation à cette subvention, une partie de ses impôts servant dorénavant à maintenir la sécurité d’approvisionnement du pays, charge que l’État assumait autrefois à travers un vrai plan d’équipement et qu’il n’assume plus aujourd’hui.
Le Secrétariat fédéral Gazelco
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2014 (AR du 30/12/2014). En voici une explication.La nouvelle réglementation entre en vigueur à partir du 1/01/2015 et s’applique à toutes les premières demandes d’allocations à partir de cette date. Par « premières demandes », il faut entendre de nouvelles demandes ou des prolongations sous une autre forme ou un autre régime (pas la poursuite d’une interruption identique).
Quelles sont les nouvelles règles ?
1. Les allocations sont désormais limitées au crédit-temps avec motif
À partir du 1/01/2015, des allocations d’interruption ne peuvent plus être obtenues au niveau de l’ONEM que pour :
a. Le soin aux enfants de moins de 8 ans, enfants handica-pés de moins de 21 ans, membres de la famille gravement malades jusqu’au 2e degré et patients palliatifs, ceci pen-dant 48 mois maximum.
b. Pour le suivi d’une formation agréée, ceci durant maxi-mum 36 mois.
La durée constitue un maximum et il n’y a pas de scission possible. Vous ne pouvez jamais obtenir des allocations de l’ONEM durant plus de 36 ou 48 mois, que vous preniez un crédit-temps à temps plein, à mi-temps ou sous forme d’1/5e.
c. Pour les soins aux enfants de moins de 8 ans, les membres de la famille gravement malades et les patients palliatifs, il faut une CCT sectorielle ou d’entreprise pour la forme temps plein ou mi-temps. La conclusion d’une CCT n’est pas requise pour le crédit-temps à mi-temps ou à temps partiel s’il s’agit de vos propres enfants malades ou atteints d’un handicap.
2. Le crédit-temps sans motif est encore possible, mais sans allocation
Tout ce qui précède (concernant les allocations), est repris dans l’arrêté royal.Le droit de s’absenter de son travail dans le cadre du crédit-temps est réglé dans la CCT 103. Cette CCT n’a pas été modifi ée, cela signifi e que vous avez encore droit à prendre un crédit-temps de 12 mois sans motifs, mais que vous n’obtiendrez plus d’allocations dans ce cadre. Cette période
ne sera donc pas non plus prise en compte pour le calcul de votre pension.
3. Emplois de fi n de carrière : 60 ans comme règle générale
À partir du 1/01/2015, vous devez avoir 60 ans à la date de début de votre emploi de fi n de carrière, à condition de jus-tifi er d’une carrière de 25 ans comme salarié au moment de la communication écrite à l’employeur. Enfi n, vous devez avoir été employé 2 ans auprès de ce dernier. Il est possible de convenir avec votre employeur de raccourcir cette condi-tion d’ancienneté.
Pour les 25 années de carrière comme salarié, les périodes de chômage ou les précédentes périodes de crédit-temps ou d’interruption de carrière à temps plein ne sont pas prises en compte. La maladie et l’invalidité, le repos com-pensatoire, les congés familiaux sont par contre bien pris en compte.
4. Emplois de fi n de carrière exception en 2015 : 55 ans pour les entreprises en diffi cultés ou restructuration, car-rières longues ou métiers lourds
Pour les travailleurs suivants, un emploi de fi n de carrière est quand même possible à 55 ans :
a) Ils sont occupés dans une entreprise reconnue comme en diffi cultés ou restructuration au moment de la demande de l’emploi de fi n de carrière.
b) Ils justifi ent de 35 années de carrière en tant que salarié (selon la condition de carrière pour le RCC) au moment de la communication à l’employeur.
c) Au moment de la communication à l’employeur, ils ont : - soit travaillé au moins 20 ans dans un régime de travail de nuit CCT 46,
- soit une attestation d’incapacité médicale dans le secteur de la construction, attestation délivrée par le médecin du travail,
- soit exercé un métier lourd durant au moins 5 ans les 10 dernières années,
- soit exercé un métier lourd pendant au moins 7 ans les 15 dernières années.
Pour la défi nition de métier lourd, on utilise ici la défi nition qui vaut pour le RCC Équipes alter-nantes, travail de nuit ou services interrompus. .
Le sur certains changements du gouvernement Michel 1er
Les mesures d’économies sur les allocations de crédit-temps ont été publiées au Moniteur belge du 31 décembre
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5. À partir de 2016, l’âge minimum sera progressivement relevé, pour être absorbée, en 2019, par le système général
2016 2017 2018 201956 ans 57 ans 58 ans 60 ans
Le relèvement de l’âge peut encore être évité si, au CNT, une CCT est conclue pour la période 2015-2016 à 55 ans au moins et si un certain nombre de conditions sont rem-plies. De plus, la CP ou l’entreprise en cas de reconnais-sance comme entreprise en diffi cultés ou en restructuration peut aussi signer une CCT en exécution de la CCT-CNT. La CCT-CNT peut être prolongée et adaptée après 2016, l’âge minimum étant alors progressivement relevé selon un phasage dans le temps.
6. Les emplois de fi n de carrière « ancien régime », sans allocations sont toujours possibles
Ici aussi, la CCT 103, qui règle le droit de s’absenter de son travail, est toujours d’application. Ainsi, à partir de l’âge de 55 ans, vous pouvez toujours travailler à mi-temps ou avec une réduction de 1/5e, mais vous n’obtenez plus d’alloca-tions pour ce faire. Votre pension aussi sera calculée sur la base d’un mi-temps ou d’un 4/5e.
Les exceptions à 50 ans pour les carrières longues, entre-prises en diffi cultés ou en restructuration ou métiers lourds sont aussi maintenues pour ce qui est de l’absence, mais vous ne pouvez plus non plus obtenir d’allocations dans ce cadre.
Mesures transitoires
Des mesures transitoires ont été prévues pour ceux qui étaient proches des conditions ou qui avaient déjà plani-fi é leur carrière d’une certaine façon.
Peuvent faire valoir leurs droits aux anciennes conditions :
• soit les nouvelles demandes de travailleurs qui ont informé leur employeur avant le 1/01/2015 et qui rentrent leur demande à l’ONEM avant le 1/04/2015 et qui font valoir leur droit avant le 1er juillet 2015 ;
• soit les prolongations de travailleurs qui se trouvent déjà dans un système de crédit-temps sans motif ou de fi n de carrière pour une durée déterminée. Une prolongation est possible à condition que ce soit dans le même système (même horaire) ;
• soit les nouvelles demandes après le 31/12/2014 de tra-vailleurs de 50 ans au moins qui travaillent dans une entreprise reconnue en diffi cultés ou restructuration dont la date de début de la reconnaissance est antérieure au 9 octobre 2014, pour autant que l’entreprise prouve que ce faisant, des licenciements ou RCC ont pu être évités ;
• soit de travailleurs qui étaient déjà dans un emploi de fi n de carrière avant 2015, mais qui l’avaient temporairement interrompu à la suite d’une reprise du travail à temps plein, d’une maladie ou de la prise d’un congé thématique, pour autant que la nouvelle demande intervienne en 2015.
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TRIBUNE DES SERVICES PUBLICS CGSP MARS 201516
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Mensuel de la Centrale générale des services publics (CGSP) de la FGTB Éditeur responsable : Gilbert Lieben - Place Fontainas, 9/11 - 1000 Bruxelles - tél. 02 508 58 11
Membre de l'Union des Éditeurs de la Presse Périodique
SOMMAIRETRIBUNE
Infos GAZELCO
11 / Édito • Plan de délestage et risque de black-out… la lumière sur la situation actuelle !
12 / Le point sur certains changements du gouvernement Michel 1er
14 / Tableaux • Barèmes16 / À lire
www.cgspwallonne.be
www.gazelco.be
Infos GÉNÉRALES
2 / Actualités – Dans nos régionales3 / Édito • Plus que jamais : la lutte continue4 / Immigration • Mensonges et fantasmes
sur l’immigration7 / Le mot qui pue • Politique8 / IRB • Booster l’emploi à Bruxelles, pas n’importe
comment !9 / ACS • Non au tourisme médical
10 / Concertation sociale • Pourquoi la FGTB n’a-t-elle pas donné son accord ?
À LIRELe Minotaure planétaireL’équilibre économique du monde, et sa prospérité, sont des choses bien trop sérieuses pour qu’on les laisse aux mains des marchés. C’est ce qu’ont bien compris les États-Unis, qui s’ar-rogèrent, au sortir de la Deuxième Guerre mondiale le rôle de maître d’œuvre de la recons-truction du monde occidental, notamment par l’abandon de l’étalon-or en 1971. C’est à cette période que Yanis Varoufakis donne le nom de Minotaure planétaire. Grâce à lui Wall Street vit sa richesse s’accroître sans limite, et sans retenue. Mais le Minotaure succomba à la courte vue et à l’irrépressible cupidité de ceux-là mêmes qui étaient censés le protéger. De notre côté de l’Atlantique, la création de l’euro fut pour Bonn (puis Berlin) l’occasion rêvée de s’approprier un « Minotaure » européen. La mort du Minotaure planétaire en 2008 mar-quera une des crises les plus dévastatrices qui se soit jamais abattue sur l’humanité.
Ministre des fi nances de la Nouvelle Grèce, Yanis Varoufakis est un économiste iconoclaste qui se défi nit lui-même à la fois comme keynésien et « marxiste imprévisible ». Européen convaincu mais vif critique de la manière dont l’euro fut construit, il dénonce les plans de sauvetage de la Grèce imposés par la Troïka.
Yanis Varoufakis, Le Minotaure planétaire. L’ogre américain, la désunion européenne et le chaos mondial, Éd. Enquêtes & Perspectives, Paris, décembre 2014, 384 p., 22,89 €.
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