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Code Etude ACPM Supplément au Parisien n°23612 du vendredi 31 juillet 2020. Ne peut être vendu séparément. Disponible en France métropolitaine. Commission paritaire n°2001 C 85979. MÉTÉO TOUS ÀLA ACCROS UNÉTÉ20 / 20 > Souvenirs des années 1920 > La vie en 2040 > L’été de leurs 20 ans

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CodeEtudeACPM

SupplémentauParisien

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MÉTÉO

TOUS

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UN ÉTÉ 20/20> Souvenirsdesannées 1920> La vie en2040> L’étéde leurs20ans

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photos©La

ChaîneMétéo

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Dois-je prévoir un anorak? Pourrons-nous nous baigner pendantles vacances? Une averse prochaine viendra-t-elle sauver

mes plantations? Le temps qu’il fait (pré)occupe tout le monde au pointde faire naître chez certains de vraies vocations.

Par Clémence Levasseur.

Village d’Aniane, non loin de Gignac, dansl’Hérault. Dans sa maison située au fond

d’un lotissement tranquille, Nicolas Bourgnoux,39 ans, s’installe à son bureau. Comme troisfois par semaine, ce brun costaud aux yeuxbleu pastel prépare ses prévisions annonçantle temps du lendemain. Sur la page FacebookMétéo Hérault, suivie par près de 45000 per-sonnes, il publie son bulletin pour le 18 juillet :« Les conditions anticycloniques se poursuiventsur notre département. Le soleil brille généreu-sement du littoral jusqu’aux reliefs. Les tempé-ratures retrouvent des valeurs de saison, avec de31 à 33 °C en plaine… » Un texte digne d’unprofessionnel. Pourtant, Nicolas est plombier !« La météorologie est ma passion, confie-t-il.

Depuis que j’ai assisté, en 2002, aux inondationsdans le Gard qui ont fait 22 morts, notammentà Sommières, je cherche à comprendre com-ment de tels phénomènes peuvent survenir. »Piqué par la curiosité, le jeune homme se docu-mente, discute sur des forums spécialisés, etattrape petit à petit le virus de la pluie et du beautemps.Au point d’installer sa propre station dansun champ, en face de son pavillon, en 2006. Entemps réel, cette dernière indique sur son ordi-nateur la vitesse et la direction du vent, la tem-pérature, l’humidité, le rayonnement solaire, lesprécipitations et la pression atmosphérique. Enplus d’alimenter ses bulletins météo suivis parles pompiers et la préfecture de l’Hérault, cesdonnées sont mises en ligne sur différents

Lamétéo,une passion dansl’air du temps

Focus

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Nous avons chacun nos raisons de consulter les applications ou les bulletins météo, par obligation professionnelle, par curiositéou par passion, comme c’est le cas des chasseurs d’orages.

En couverture 9Vendredi 31 juillet 2020

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photos©Tschaen/SIPA

sites spécialisés français tels que Meteociel.fret Infoclimat.fr, mais aussi américains commeWunderground.com. Des plateformes créées etgérées par des bénévoles pour améliorer le travaildes météorologues.

Marqués par des tempêtesou des inondations« Notre réseau national compte 15000 contri-buteurs comme Nicolas, annonce fièrementLaurent Garcelon, le président de l’associa-tion qui a créé Infoclimat.fr, en 2003. En tempsréel, ils diffusent des informations sur la météolocale et leurs observations du ciel, avec des pho-tos géolocalisées. Leurs données sont partagéesgratuitement avec les autres internautes et avecMétéo France, ce qui permet des prévisions plusfines et plus justes. »Si autant de Français jouent les météorologuesamateurs, c’est souvent parce que, à l’ins-tar de Nicolas Bourgnoux, ils ont assisté à des

phénomènes impressionnants. « La plupart ontété marqués par une tornade ou une tempête.Ils ont cherché à en comprendre l’origine etsont tombés dans la passion scientifique, assureLaurent Garcelon. Il y a aussi de nombreux chas-seurs d’orages, qui, pour les prendre en photo,cherchent à savoir où et quand ils vont survenir.D’autres deviennent “météo-addict”, car leuractivité est influencée directement par le tempsqu’il fait : chasseurs, guides de montagne, ran-donneurs… » Sans aller jusqu’à effectuer des

La météo est l’undes programmestélévisuels lesplus suivis

De plus en plusmédiatisés, lesphénomènesextrêmes deviennentdes sujets d’angoissepour la populationqui, de ce fait, sepréoccupe plusde la météo.

10 Vendredi 31 juillet 2020En couverture

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photos©DR,C

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relevés dans leur jardin et écrire des prévisionsmétéo, de nombreux Français s’intéressent àce sujet. Les audiences des bulletins présentés àla télévision en témoignent. Ceux des grandeschaînes rassemblent en moyenne chaque soirprès de 9 millions de téléspectateurs (5,2 mil-lions surTF1, et 3,7 sur France 2 selon ces der-nières), ce qui en fait un des programmes lesplus suivis sur le petit écran.

De nombreux domaines

météo-sensibles

« La météo nous touche depuis la nuit des temps,explique Chloé Nabédian, journaliste météo surFrance 2. Les civilisations anciennes pensaientdéjà que les dieux les punissaient par des coupsde tonnerre, des déluges.Aujourd’hui encore, quine se sent pas tout petit face à un puissant orage?Qui n’est pas ému face à un sublime coucher desoleil ? » En plus de nous fasciner, la météo a desincidences dans de nombreux domaines. Selon

une étude américaine, plus de 70 % de l’écono-mie mondiale est sensible au temps qu’il fait :l’alimentation, l’agriculture, la mode, la culture,le tourisme…Aujourd’hui se développe mêmele business de l’intelligence climatique, pouraider les entreprises à prévoir la production deleurs biens ou de leurs services. Le temps qu’ilfait a aussi des conséquences sur la politique, eninfluençant par exemple le taux de participationà une élection. Il touche enfin le secteur de lasanté, qui doit faire face aux personnes souffrantdes grandes chaleurs. Bref, il ne s’agit pas seu-lement de savoir comment s’habiller ou s’il fautprendre un parapluie !« Autre raison expliquant l’engouement pour lamétéo : le climat semble être “déréglé”, assurela journaliste, qui a écrit La météo devient-ellefolle ? (éditions du Rocher, 2019). Les saisons nese ressemblent plus d’une année à l’autre, etles dictons sur le temps ne sont plus fiables. Lesévénements extrêmes, comme les canicules

En 2006, NicolasBourgnoux (1) a installéune station météo en facede son pavillon, à Aniane(Hérault). Il surveille ainsile ciel et scrute lesdépressions (2).Sur la page FacebookMétéo Hérault (3), ilposte ses bulletins,dignes d’un professionnel,qui sont ensuite publiéssur InfoClimat, un site créépar l’association du mêmenom présidée par LaurentGarcelon (4).

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11Vendredi 31 juillet 2020 En couverture

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photos©TF1,O

livierArandel,N

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Guyon/France

Télévision

ou les tempêtes, sont également devenusdes sujets d’angoisse. » Mais ce n’est pas uni-quement parce qu’ils sont plus fréquents, estimeson confrère Louis Bodin, météorologue, pré-sentateur des bulletins sur RTL et sur TF1 leweek-end. « Les phénomènes météorologiquesviolents sont surtout davantage médiatisés. Ilsfont désormais la une des journaux télévisés,sont partagés sur les réseaux sociaux et repris surles chaînes d’information en continu, observe-t-il. Et leurs dégâts sont plus spectaculaires,

à cause de la population qui augmente. Celaentraîne une urbanisation galopante. Résultat, iln’y a plus toujours assez de terre pour absorbernaturellement la pluie tombée. »Depuis qu’ils savent que ces événements sont liésau dérèglement climatique, les Français s’inté-ressent d’avantage à la météo. Ils veulent mieuxcomprendre comment le ciel fonctionne. « Voilàpourquoi nos bulletins abordent également lesquestions environnementales et climatiques »,reprend Chloé Nabédian. Ils n’indiquent pas

« Certains scientifiques cherchentà pouvoir déclencher surdemande la pluie ou le beau temps »Chloé Nabédian, France 2

Les audiences desbulletins météo sonttoujours au beau fixe,c’est l’un des programmesles plus suivis (1). Devantun fond vert sur lequella carte est inscrustée (3),et souvent en direct,comme c’est le cas pourLaurent Romejko (4),les présentateursn’annoncent plusseulement la couleurdu ciel, ils expliquent aussiles phénomènesmétéorologiques (5).Et si les prévisions sontaffinées et de plus en plusfiables (2), il reste toujoursune part d’incertitude.

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12 Vendredi 31 juillet 2020En couverture

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photos©OlivierArandel,Philippe

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Les applications qui marchentMétéo France

En plus de relayer les prévisions de MétéoFrance de façon géolocalisée, pour le mondeentier et les dix jours à venir, cette appli gratuitedonne aussi les bulletins Montagne et Marine.D’après les spécialistes, c’est la plus fiable.

Weather Channel

Proposée par la chaîne météo américaine dumême nom, celle qui se revendique « appli météola plus téléchargée au monde » affiche un designsobre. Elle précise les prévisions à quinze joursmais aussi la qualité de l’air et les alertes allergies.

Météo Live

Particulièrement esthétique, Météo Liveindique le temps avec de superbes photosen fond d’écran. Simple d’utilisation, ellelivre aussi des informations sur la lune, lavisibilité sur la route et l’indice UV.

… et celles qui se trompentCertaines donnent leurs prévisions de façonautomatique, sans relecture par un expert.Or, pour être correctes, les prévisionsdoivent prendre en compte les particularitésd’un territoire : relief, proximité avec la mer,phénomènes récurrents, microclimats...

uniquement le temps qu’il fera dans les jours quisuivent,mais cherchent désormais à expliquer, àdécrypter et à informer sur des sujets comme lafonte des glaciers, l’apparition des cyclones… »Selon la journaliste, la chaîne publique France 2réfléchit même à ajouter, après la carte du cielet des températures, celle de la qualité de l’air.

Une science devenueplus fiableSi la météo connaît un tel succès, c’est aussique ses prévisions sont devenues plus fiables.Elles sont considérablement affinées, notam-ment grâce aux nouvelles découvertes scienti-fiques sur l’atmosphère et sur les phénomènesmétéorologiques. Les ordinateurs sont aussi pluspuissants et procèdent à d’importants calculs, enintégrant des milliards de données, pour modé-liser les prévisions. « Aujourd’hui, elles sontquasiment infaillibles à vingt-quatre heures, seréjouit Louis Bodin.A trois ou quatre jours, nouspouvons donner des tendances. Mais au-delà, ily a une grande part d’inconnu. Nous ne sommespas devins ! »Même son de cloche chez Nicolas, le météoro-logue amateur: « Régulièrement, des internautesme demandent s’ils peuvent célébrer leurmariage en extérieur, des agriculteurs m’inter-rogent sur un risque de gel, raconte-t-il. Je leurrappelle que je peux uniquement fournir des pré-visions, et qu’il existe toujours une part d’incer-titude. » A l’heure où les hommes contrôlent engrande partie la nature, la météo semble être l’undes derniers domaines non maîtrisés. « Mais celava peut-être changer, explique Chloé Nabédian.Certains scientifiques cherchent à déclencher surdemande la pluie ou le beau temps. Ce serait for-midable contre les sécheresses, mais ça pourraitaussi servir comme arme de guerre. »

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13Vendredi 31 juillet 2020 En couverture

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Au commencementétait lamerEn Bretagne, des météorologues scrutent, grâce

à des bouées et à des satellites, la température des eaux au large...

pour prévoir le temps qu’il fera sur terre.

ParMartin Zuber, photos Antoine Vincens de Tapol.

Le vaste hangar du Centre demétéorologie marine (CMM) de

Brest (Finistère) est rempli de maté-riel qui attend de rejoindre l’océan.Sous le toit en tôle trônent deuxgrandes malles en bois contenantd’imposantes chaînes de mouillagerongées par la rouille. Stockées surdes étagères, des dizaines de bouéesemballées dans des cartons sont enpartance pour l’Arctique. « C’étaitprévu pour le printemps mais avecla pandémie du coronavirus, nous

avons dû retarder leur mise à l’eau »,explique, ce jeudi 16 juillet, GilbertEmzivat, directeur du CMM.

Des relevés d’unegrande précisionSituée sur la base militaire du Servicehydrographique et océanographiquede la Marine (SHOM), à 5 kilo-mètres de la côte, cette entité deMétéo France est spécialisée dans lamesure de la température de l’eaude mer. Pour cela, le CMM place, au

large, des bouées géantes. Ancrés àl’aide d’un poids de 2,5 tonnes repo-sant à 5 000 mètres de fond et d’uncâble lui aussi lesté, ces mastodontesde 6 mètres de haut et de 4,5 tonnessont bardés de thermomètres, cap-teurs de pression atmosphérique,etc.qui permettent d’effectuer des rele-vés de températures d’une très grandeprécision une fois par heure.Des stations de haute technolo-gie que Gilbert Emzivat surveille endirect grâce à un logiciel maison.

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En couverture14 Vendredi 31 juillet 2020

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« Normalement, elles ne doivent pasbouger, indique-t-il. Le plus grosdanger, outre l’usure par le vent etle sel, reste l’abordage. Les énormesporte-conteneurs qui enclenchent lepilote automatique ne les repèrent pasforcément et arrachent tout sur leurpassage », éclaire l’ancien membre dela marine nationale.Les bouées dérivantes sont les petitessœurs de ces colosses des mers. Misesà l’eau par bateau, elles ne pèsent que45 kilos et se déplacent au gré descourants avec à leur bord, elles aussi,des thermomètres et un capteur depression atmosphérique. Elles passentla moitié de leur vie, soit 500 jours,sous la surface de la mer, offrant desrelevés complémentaires à celles desbouées ancrées. Contrairement auxidées reçues, ces différents disposi-tifs ne renseignent pas sur la tempé-rature de l’eau de baignade. Flottantau large des côtes, elles permettentde prévoir la météo qu’il va faire surla terre ferme. Par exemple, les pré-visionnistes scrutent le Pacifique carils savent qu’ils y liront le climat euro-péen des prochains mois.Une fois cap-tées, les informations sont envoyéesau centre de Brest (Finistère), qui les

transfère ensuite au Système mondialde télécommunications (SMT). GilbertEmzivat détaille : « Cette grande basede données est accessible gratuitementet à tous. Elle est consultée aussi bienpar les pêcheurs à la recherche deszones froides – donc poissonneuses –que par les scientifiques qui travaillentsur le réchauffement climatique. »

Des satellites

et des hommes

Pour avoir des données encore plusfines, Météo France peut comptersur la vingtaine d’antennes du Centrede météorologie spatiale (CMS) deLannion, dans les Côtes-d’Armor.Postées sur le gazon de cet autre sitebreton, elles réceptionnent les émis-sions des satellites météorologiques enorbite autour de laTerre et qui serventeux aussi à mesurer la températurede l’eau. Deux types d’équipements

sont utilisés par le CMS. Les premierssont les géostationnaires. Perchés à36000 kilomètres d’altitude, ils sontfixes et quadrillent toujours la mêmesurface.Tandis que les satellites défi-lants, en orbite à 850 kilomètres de laTerre, font le tour du monde sur unaxe nord-sud en une heure quaranteminutes. « Ils livrent un relevé tous lesquarts d’heure et permettent de pal-lier l’absence de bouées dans certaineszones », détaille Sylvain Le Moel, chefde la division de valorisation des don-nées satellitaires. Comme c’est le casdans le golfe Persique où la piraterierend leur largage trop dangereux.D’ici à 2024, une nouvelle série desatellites sera lancée. Les centresmétéorologiques bénéficieront d’undébit plus élevé et d’encore plus dedonnées. Et pourront ainsi encoremieux utiliser la mer pour se faire uneidée du temps qu’il fera sur terre.

Des bouées géantes sontancrées au large pour surveillerla température de l’eauet la pression atmosphérique

1. Imposantes, les bouéesde 6 mètres de hautet de 4,5 tonnes captentla température et la pressionatmosphérique au large.

2. Les équipements apparaissenten direct sur le logiciel queGilbert Emzivat, directeurdu CMM, scrute inlassablementpour s’assurer de leurbon fonctionnement.

3. Les antennes du Centrede météorologie spatialede Lannion réceptionnentles émissions des satellitesmétéorologiques.3

En couverture 15Vendredi 31 juillet 2020