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$7.00 40065247 THE VOICE OF CANADA’S MUSEUM COMMUNITY • MUSE • LA VOIX DE LA COMMUNAUTÉ MUSÉALE CANADIENNE 9 - 10 / 2010 • vol.XXVIII/5 Donors, volunteers, advocates and fundraisers Donateurs, bénévoles, défenseurs et collecteurs de fonds Friends and Champions of Museums Amis et Champions des Musées

Friends and Champions of Museums

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Muse takes an in-depth look at the friends of museums, without whom our rich collection would cease to exist. This issue examines some of the innovative ways in which new artists and curators are being supported accross the country.

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Page 1: Friends and Champions of Museums

$7.00

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T H E V O I C E O F C A N A D A’ S M U S E U M C O M M U N I T Y • M U S E • L A V O I X D E L A C O M M U N A U T É M U S É A L E C A N A D I E N N E

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Donors, volunteers, advocates and fundraisers

Donateurs, bénévoles, défenseurs et collecteurs de fonds

Friends and Champions of Museums

Amis et Champions des Musées

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septembre/octobre 2010 • muse 2120 muse • september/october 2010

Running a museum isn’t cheap. Ensuring the proper

management of collections and offering quality

educational programs require significant outlays that

cannot be covered solely by revenue from admission

fees. In order to survive, museum professionals have

no choice but to look for other sources of funding.

Of course, the situation varies considerably from one

institution to the next, depending on the location, size,

and collections on display. But whether it’s a major

national museum or a local, small-scale exhibition

hall, the reality is often the same: finding a reliable,

adequate revenue stream is a constant concern.

Diriger un musée coûte cher. Assurer une bonne

gestion des collections tout en offrant des

programmes éducatifs de qualité nécessite des

dépenses importantes qui ne peuvent être comblées

en comptant uniquement sur les droits d’entrée

des visiteurs. Pour survivre, les professionnels des

musées n’ont pas d’autres choix que de se tourner

vers d’autres sources de financement. Évidemment,

la situation varie beaucoup d’une institution à l’autre,

selon le lieu d’établissement du musée, l’envergure

de celui-ci ou la nature des collections présentées.

Qu’il s’agisse cependant d’un grand musée national

ou d’un modeste centre d’exposition situé dans un

village, la réalité demeure bien souvent la même :

trouver des revenus stables et suffisants demeure

une préoccupation constante.

FEATURE ARTICLE DE FOND

Michel Hellman is an indepen­dent art critic who lives and works in Montreal. He holds a master’s degree from McGill University and is particularly interested in comics, the relationship between art and identity and Aboriginal cultures. He can be contacted at : [email protected]

Michel Hellman est un critique d’art indépendant qui vit et travaille à Montréal. Il détient une maîtrise de l’Université McGill et s’intéresse particulièrement à la bande dessinée, aux relations entre l’art et l’identité et aux cultures autochtones. Pour communiquer avec lui : [email protected]

FRIENDS AND CHAMPIONS OF MUSEUMSDonors, volunteers, advocates and fundraisers

AMIS ET CHAMPIONS DES MUSÉESDonateurs, bénévoles, défenseurs et collecteurs de fonds

Michel Hellman

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septembre/octobre 2010 • muse 2120 muse • september/october 2010

Running a museum isn’t cheap. Ensuring the proper

management of collections and offering quality

educational programs require significant outlays that

cannot be covered solely by revenue from admission

fees. In order to survive, museum professionals have

no choice but to look for other sources of funding.

Of course, the situation varies considerably from one

institution to the next, depending on the location, size,

and collections on display. But whether it’s a major

national museum or a local, small-scale exhibition

hall, the reality is often the same: finding a reliable,

adequate revenue stream is a constant concern.

Diriger un musée coûte cher. Assurer une bonne

gestion des collections tout en offrant des

programmes éducatifs de qualité nécessite des

dépenses importantes qui ne peuvent être comblées

en comptant uniquement sur les droits d’entrée

des visiteurs. Pour survivre, les professionnels des

musées n’ont pas d’autres choix que de se tourner

vers d’autres sources de financement. Évidemment,

la situation varie beaucoup d’une institution à l’autre,

selon le lieu d’établissement du musée, l’envergure

de celui-ci ou la nature des collections présentées.

Qu’il s’agisse cependant d’un grand musée national

ou d’un modeste centre d’exposition situé dans un

village, la réalité demeure bien souvent la même :

trouver des revenus stables et suffisants demeure

une préoccupation constante.

FEATURE ARTICLE DE FOND

Michel Hellman is an indepen­dent art critic who lives and works in Montreal. He holds a master’s degree from McGill University and is particularly interested in comics, the relationship between art and identity and Aboriginal cultures. He can be contacted at : [email protected]

Michel Hellman est un critique d’art indépendant qui vit et travaille à Montréal. Il détient une maîtrise de l’Université McGill et s’intéresse particulièrement à la bande dessinée, aux relations entre l’art et l’identité et aux cultures autochtones. Pour communiquer avec lui : [email protected]

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Michel Hellman

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22 muse • september/october 2010 septembre/octobre 2010 • muse 23

Au Canada, la plupart des musées demeurent en activité grâce notamment à différentes formes de subventions gouvernementales. Ainsi, les aides municipales, provinciales, territoriales ou fédérales, comptent en moyenne pour 50 % de leurs revenus. En ce qui concerne en particulier les institutions que l’on pourrait qualifier de « PMM » (petits et moyens musées), mais qui n’en constituent pas moins

la grande majorité des musées du pays, l’aide d’Ottawa demeure souvent une source de financement moins importante que les aides provinciales ou territoriales. En effet, plutôt que les activités locales, ce sont les initiatives d’envergure nationale tel le Musée Virtuel du Canada (à travers le Réseau canadien d’information sur le patrimoine) qui bénéficient des ressources fédérales.

Quoi qu’il en soit, le soutien accordé par les différents paliers du gouvernement est capital. En effet, si, au cours d’une année, le financement est refusé, voire réduit, les activités du musée seront fortement compromises. C’est la raison pour laquelle il est essentiel de s’assurer de l’efficacité de toute demande de subvention. Dans cette optique, la difficulté consiste à définir de la façon la plus pertinente le rôle, le mandat et l’importance culturelle ou historique du musée afin de mieux le « vendre ». Le caractère des expositions représente également un facteur non négligeable. Ainsi, pour s’assurer un financement régulier, il est essentiel de soutenir une programmation variée et originale susceptible d’attirer les visiteurs, que ce soit la population locale ou les touristes de passage, et du même coup, faire « rayonner » la région. Dans certains cas, l’isolement peut aussi jouer en faveur des institutions culturelles : même si leur public est très restreint, certains musées ou centres autochtones du Yukon, du Nunavut, ou des Territoires du Nord-Ouest, peuvent compter sur une aide relativement stable. Ces musées assument en effet un rôle éducatif important dans leurs communautés; sans aide financière extérieure, ils ne pourraient survivre longtemps.

Malheureusement, même si la plupart des institutions culturelles du pays en dépendent, les subventions gouvernementales demeurent aléatoires, car subordonnées soit aux caprices de l’économie, soit aux particularités des nouveaux budgets soit même aux résultats des élections des conseils de bandes – dans le cas des centres culturels autochtones. C’est pourquoi il est important pour les professionnels des musées d’explorer la possibilité d’autres sources de financement.

Ainsi, le financement privé, que ce soit les dons consentis par les particuliers ou ceux offerts par les entreprises, peut se révéler une source importante de revenus. Il reste

AMIS ET CHAMPIONS DES MUSÉESFRIENDS AND CHAMPIONS OF MUSEUMS

Right : Front façade of the Pier 21 building in Halifax, Nova Scotia.

Droite : Façade de Pier 21 à Halifax en Nouvelle Écosse.

Photo : Pier 21 Society Collection. ©

In Canada, most museums’ operations are funded in large part by various types of government grants. Municipal, provincial, territorial, and federal funding accounts, on average, for 50% of their revenue.

Regardless of the type or size of a museum, support from various levels of government is vital. If, during a given year, funding is cut down or cut off, it will have a major impact on the museum’s activities. That’s why writing effective grant proposals is so crucial. The key is to do a good job of “selling” the museum by defining its role, mission, and cultural/historical significance. The nature of the museum’s exhibitions is also an important factor. To ensure regular funding, it’s essential to provide original, diverse programming that will draw visitors – whether local residents or tourists passing through – and enhance the region’s image. In certain cases, geographic isolation can work in a cultural institution’s favour: even though they have a very limited number of visitors, certain museums and Aboriginal centres in the Yukon, Nunavut, or the Northwest Territories can count on receiving relatively stable funding. These museums play an important educational role in their communities but would be unable to survive for long without external financial support.

Unfortunately, even if most cultural institutions in the country depend on them, government grants are unpredictable and subject to the whims of the economy, the details of new budgets, or even, in the case of Aboriginal cultural centres, the election of band councils. It’s therefore important for museum professionals to look elsewhere and investigate other possibilities.

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22 muse • september/october 2010 septembre/octobre 2010 • muse 23

Au Canada, la plupart des musées demeurent en activité grâce notamment à différentes formes de subventions gouvernementales. Ainsi, les aides municipales, provinciales, territoriales ou fédérales, comptent en moyenne pour 50 % de leurs revenus. En ce qui concerne en particulier les institutions que l’on pourrait qualifier de « PMM » (petits et moyens musées), mais qui n’en constituent pas moins

la grande majorité des musées du pays, l’aide d’Ottawa demeure souvent une source de financement moins importante que les aides provinciales ou territoriales. En effet, plutôt que les activités locales, ce sont les initiatives d’envergure nationale tel le Musée Virtuel du Canada (à travers le Réseau canadien d’information sur le patrimoine) qui bénéficient des ressources fédérales.

Quoi qu’il en soit, le soutien accordé par les différents paliers du gouvernement est capital. En effet, si, au cours d’une année, le financement est refusé, voire réduit, les activités du musée seront fortement compromises. C’est la raison pour laquelle il est essentiel de s’assurer de l’efficacité de toute demande de subvention. Dans cette optique, la difficulté consiste à définir de la façon la plus pertinente le rôle, le mandat et l’importance culturelle ou historique du musée afin de mieux le « vendre ». Le caractère des expositions représente également un facteur non négligeable. Ainsi, pour s’assurer un financement régulier, il est essentiel de soutenir une programmation variée et originale susceptible d’attirer les visiteurs, que ce soit la population locale ou les touristes de passage, et du même coup, faire « rayonner » la région. Dans certains cas, l’isolement peut aussi jouer en faveur des institutions culturelles : même si leur public est très restreint, certains musées ou centres autochtones du Yukon, du Nunavut, ou des Territoires du Nord-Ouest, peuvent compter sur une aide relativement stable. Ces musées assument en effet un rôle éducatif important dans leurs communautés; sans aide financière extérieure, ils ne pourraient survivre longtemps.

Malheureusement, même si la plupart des institutions culturelles du pays en dépendent, les subventions gouvernementales demeurent aléatoires, car subordonnées soit aux caprices de l’économie, soit aux particularités des nouveaux budgets soit même aux résultats des élections des conseils de bandes – dans le cas des centres culturels autochtones. C’est pourquoi il est important pour les professionnels des musées d’explorer la possibilité d’autres sources de financement.

Ainsi, le financement privé, que ce soit les dons consentis par les particuliers ou ceux offerts par les entreprises, peut se révéler une source importante de revenus. Il reste

AMIS ET CHAMPIONS DES MUSÉESFRIENDS AND CHAMPIONS OF MUSEUMS

Right : Front façade of the Pier 21 building in Halifax, Nova Scotia.

Droite : Façade de Pier 21 à Halifax en Nouvelle Écosse.

Photo : Pier 21 Society Collection. ©

In Canada, most museums’ operations are funded in large part by various types of government grants. Municipal, provincial, territorial, and federal funding accounts, on average, for 50% of their revenue.

Regardless of the type or size of a museum, support from various levels of government is vital. If, during a given year, funding is cut down or cut off, it will have a major impact on the museum’s activities. That’s why writing effective grant proposals is so crucial. The key is to do a good job of “selling” the museum by defining its role, mission, and cultural/historical significance. The nature of the museum’s exhibitions is also an important factor. To ensure regular funding, it’s essential to provide original, diverse programming that will draw visitors – whether local residents or tourists passing through – and enhance the region’s image. In certain cases, geographic isolation can work in a cultural institution’s favour: even though they have a very limited number of visitors, certain museums and Aboriginal centres in the Yukon, Nunavut, or the Northwest Territories can count on receiving relatively stable funding. These museums play an important educational role in their communities but would be unable to survive for long without external financial support.

Unfortunately, even if most cultural institutions in the country depend on them, government grants are unpredictable and subject to the whims of the economy, the details of new budgets, or even, in the case of Aboriginal cultural centres, the election of band councils. It’s therefore important for museum professionals to look elsewhere and investigate other possibilities.

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24 muse • september/october 2010 septembre/octobre 2010 • muse 25

Private funding, whether donations from individuals or from companies, can be a significant source of revenue. The question is how to organize an effective fundraising campaign and ensure the ongoing support of donors. This kind of initiative requires persistence, energy, and, above all, creativity. Institutions can gain a great deal by paying close attention to the latest trends in this area.

Pier 21 in Halifax, a museum focusing on the history of immigration to Canada, and the Art Gallery of Calgary (AGC) in Alberta are two very different institutions aimed at different markets. But they have something in common: their dynamic, effective approach to running fundraising campaigns.

The AGC features contemporary art exhibitions and plays an active role in the Calgary community, especially among the city’s young, trendy set. In addition to government grants and direct revenue from admission fees, the museum shop, and hall rentals, the AGC organizes three major fundraising events each year : Masterpiece Contemporary, an auction of art chosen by the museum’s curators; AGCcooks, a culinary competition between various renowned chefs in which the dishes are judged by the guests; and ARTwear, a fashion show showcasing creations by both students and famous designers. The proceeds are invested in the museum’s various programs.

Each of these events requires a certain amount of planning and the commitment of substantial resources, but they are very beneficial to the museum, as their success shows. Not only do they generate revenue, but they also help to build strong partnerships with participating companies, who value the publicity they receive through their association with the museum. As president and CEO Valerie Cooper explains, the Alberta business community and the AGC are developing a “mutually beneficial” relationship, with fundraising events also serving as valuable networking opportunities that benefit everyone involved.

Halifax’s Pier 21 is dedicated to the history of immigration to Canada and operates almost entirely through private donations. Like the AGC, this institution relies on three major fundraising initiatives: a banquet, lecture luncheons featuring notable Canadians, and a highly publicized celebration, the Welcome to Canada Festa, which is held in Toronto rather than Halifax. The profile of Pier 21’s donors is completely different from that of the AGC, however. Pier 21 is quite unique: while it obtains some significant donations from companies, it relies first and foremost on donations from individuals. Pier 21 is a historically important location; the site was the arrival point for numerous immigrants who came to settle Canada. For many Canadians, associating their name with the museum is

à savoir comment organiser une campagne de financement efficace tout en s’assurant d’un soutien régulier de la part des donateurs : en manifestant de l’énergie et de la persévérance, certainement, mais surtout, en faisant preuve de créativité. C’est pourquoi les institutions ont tout à gagner en observant attentivement les nouvelles tendances.

À titre d’exemple, le musée Pier 21, à Halifax, qui se consacre à l’histoire de l’immigration au Canada, et l’Art Gallery of Calgary (AGC), en Alberta, sont des institutions très différentes l’une de l’autre; elles ne s’adressent d’ailleurs pas au même public. Par contre, ces deux musées partagent une manière dynamique et efficace de gérer leurs campagnes de financement.

D’un côté, l’AGC, non seulement présente des expositions d’art contemporain, mais joue un rôle actif dans la communauté de Calgary, en particulier dans le milieu jeune et branché de la ville, ainsi l’AGC organise chaque année trois événements d’envergure : « Masterpiece Contemporary », d’abord, qui est un encan d’œuvres d’art sélectionnées par les commissaires du musée; « AGC cooks » ensuite, une compétition culinaire entre différents grands chefs cuisiniers (les plats sont ensuite jugés par les convives); enfin, « ARTwear », un défilé de mode dévoilant des créations d’étudiants et de grands designers. Les

profits tirés de ces trois événements sont réinvestis dans les différents programmes d’activités du musée, lequel exploite déjà les subventions gouvernementales ainsi que les revenus directs générés par les droits d’entrée, par la boutique du musée et par la location des salles.

Même si ces événements nécessitent de l’organisation et beaucoup de ressources, ils sont très utiles pour l’institution, comme en témoigne leur succès. Non seulement ils génèrent des revenus, mais aussi permettent de créer des partenariats solides avec les entreprises participantes, lesquelles apprécient la publicité qu’elles reçoivent en s’associant avec le musée. Comme l’explique le présidente et PDG du musée Valerie Cooper, le milieu des affaires albertain et l’AGC forgent une relation « mutuellement avantageuse » : les campagnes de financement deviennent d’importants lieux de réseautage qui profitent à chacun.

De l’autre côté, le musée Pier 21, à Halifax (Nouvelle-Écosse), est une institution dédiée à l’histoire de l’immigration au Canada; par ailleurs, ce sont presque exclusivement les contributions privées qui le maintiennent en activité. Comme l’Alberta Gallery of Calgary, le musée Pier 21compte sur trois grandes stratégies de financement : la première concerne un grand banquet, la deuxième des déjeuners-conférences avec

FRIENDS AND CHAMPIONS OF MUSEUMS AMIS ET CHAMPIONS DES MUSÉES

Donateur devant le mur d’honneur Sobey au musée Pier 21. Photo : Pier 21 Society Collection. ©

Mariée de guerre ayant passé par Pier 21, devant sa plaque sur le mur de service. Photo : Pier 21 Society Collection. ©

Model walks the catwalk at the AGC annual ARTwear fashion show. Photo : Tara Whittaker Photography 2009 ©

AGC board member Peggy Urlacher and Valerie Cooper, president and CEO at the VIP reception for ARTwear. Photo : Tara Whittaker Photography 2009 ©

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24 muse • september/october 2010 septembre/octobre 2010 • muse 25

Private funding, whether donations from individuals or from companies, can be a significant source of revenue. The question is how to organize an effective fundraising campaign and ensure the ongoing support of donors. This kind of initiative requires persistence, energy, and, above all, creativity. Institutions can gain a great deal by paying close attention to the latest trends in this area.

Pier 21 in Halifax, a museum focusing on the history of immigration to Canada, and the Art Gallery of Calgary (AGC) in Alberta are two very different institutions aimed at different markets. But they have something in common: their dynamic, effective approach to running fundraising campaigns.

The AGC features contemporary art exhibitions and plays an active role in the Calgary community, especially among the city’s young, trendy set. In addition to government grants and direct revenue from admission fees, the museum shop, and hall rentals, the AGC organizes three major fundraising events each year : Masterpiece Contemporary, an auction of art chosen by the museum’s curators; AGCcooks, a culinary competition between various renowned chefs in which the dishes are judged by the guests; and ARTwear, a fashion show showcasing creations by both students and famous designers. The proceeds are invested in the museum’s various programs.

Each of these events requires a certain amount of planning and the commitment of substantial resources, but they are very beneficial to the museum, as their success shows. Not only do they generate revenue, but they also help to build strong partnerships with participating companies, who value the publicity they receive through their association with the museum. As president and CEO Valerie Cooper explains, the Alberta business community and the AGC are developing a “mutually beneficial” relationship, with fundraising events also serving as valuable networking opportunities that benefit everyone involved.

Halifax’s Pier 21 is dedicated to the history of immigration to Canada and operates almost entirely through private donations. Like the AGC, this institution relies on three major fundraising initiatives: a banquet, lecture luncheons featuring notable Canadians, and a highly publicized celebration, the Welcome to Canada Festa, which is held in Toronto rather than Halifax. The profile of Pier 21’s donors is completely different from that of the AGC, however. Pier 21 is quite unique: while it obtains some significant donations from companies, it relies first and foremost on donations from individuals. Pier 21 is a historically important location; the site was the arrival point for numerous immigrants who came to settle Canada. For many Canadians, associating their name with the museum is

à savoir comment organiser une campagne de financement efficace tout en s’assurant d’un soutien régulier de la part des donateurs : en manifestant de l’énergie et de la persévérance, certainement, mais surtout, en faisant preuve de créativité. C’est pourquoi les institutions ont tout à gagner en observant attentivement les nouvelles tendances.

À titre d’exemple, le musée Pier 21, à Halifax, qui se consacre à l’histoire de l’immigration au Canada, et l’Art Gallery of Calgary (AGC), en Alberta, sont des institutions très différentes l’une de l’autre; elles ne s’adressent d’ailleurs pas au même public. Par contre, ces deux musées partagent une manière dynamique et efficace de gérer leurs campagnes de financement.

D’un côté, l’AGC, non seulement présente des expositions d’art contemporain, mais joue un rôle actif dans la communauté de Calgary, en particulier dans le milieu jeune et branché de la ville, ainsi l’AGC organise chaque année trois événements d’envergure : « Masterpiece Contemporary », d’abord, qui est un encan d’œuvres d’art sélectionnées par les commissaires du musée; « AGC cooks » ensuite, une compétition culinaire entre différents grands chefs cuisiniers (les plats sont ensuite jugés par les convives); enfin, « ARTwear », un défilé de mode dévoilant des créations d’étudiants et de grands designers. Les

profits tirés de ces trois événements sont réinvestis dans les différents programmes d’activités du musée, lequel exploite déjà les subventions gouvernementales ainsi que les revenus directs générés par les droits d’entrée, par la boutique du musée et par la location des salles.

Même si ces événements nécessitent de l’organisation et beaucoup de ressources, ils sont très utiles pour l’institution, comme en témoigne leur succès. Non seulement ils génèrent des revenus, mais aussi permettent de créer des partenariats solides avec les entreprises participantes, lesquelles apprécient la publicité qu’elles reçoivent en s’associant avec le musée. Comme l’explique le présidente et PDG du musée Valerie Cooper, le milieu des affaires albertain et l’AGC forgent une relation « mutuellement avantageuse » : les campagnes de financement deviennent d’importants lieux de réseautage qui profitent à chacun.

De l’autre côté, le musée Pier 21, à Halifax (Nouvelle-Écosse), est une institution dédiée à l’histoire de l’immigration au Canada; par ailleurs, ce sont presque exclusivement les contributions privées qui le maintiennent en activité. Comme l’Alberta Gallery of Calgary, le musée Pier 21compte sur trois grandes stratégies de financement : la première concerne un grand banquet, la deuxième des déjeuners-conférences avec

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Donateur devant le mur d’honneur Sobey au musée Pier 21. Photo : Pier 21 Society Collection. ©

Mariée de guerre ayant passé par Pier 21, devant sa plaque sur le mur de service. Photo : Pier 21 Society Collection. ©

Model walks the catwalk at the AGC annual ARTwear fashion show. Photo : Tara Whittaker Photography 2009 ©

AGC board member Peggy Urlacher and Valerie Cooper, president and CEO at the VIP reception for ARTwear. Photo : Tara Whittaker Photography 2009 ©

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septembre/octobre 2010 • muse 2726 muse • september/october 2010

une personnalité canadienne importante et la troisième, une fête très médiatisée, le « Welcome to Canada Festa », qui n’a d’ailleurs pas eu lieu à Halifax, mais à Toronto... Par contre, dans le cas du Pier 21, le profil des donateurs est différent. En effet, la position de Pier 21 est assez unique : d’une part, même si le musée recueille des contributions non négligeables de la part des entreprises, il compte surtout sur les contributions des particuliers; d’autre part, historiquement, Pier 21 occupe une place importante – pour un grand nombre d’immigrants venus peupler le pays, cet endroit fut leur point d’arrivée. Par conséquent, pour beaucoup de Canadiens, associer le nom de Pier 21 à ce musée est une manière de rendre hommage aux immigrants tout en assurant une certaine pérennité à leur histoire familiale. Dans cet exemple donc, une relation affective se créé entre l’institution et le donateur. Aussi, conscient de sa position privilégiée, le musée Pier 21 s’assure de « garder les lignes de communication ouvertes » avec ses donateurs, ceux-ci devenant alors « des amis », comme l’explique Marie Chapman, directeur général. Bref, l’institution joue ici un rôle symbolique important non seulement en tant que lieu de nostalgie et de mémoire, mais en assumant pleinement la responsabilité qui en découle.

Quel que soit en tout cas le profil du donateur, il est essentiel de forger des liens solides et d’établir des relations de confiance. Le donateur typique, que ce soit un individu ou une entreprise, veut s’assurer que sa contribution est utilisée de manière efficace, et qu’elle est surtout appréciée. Il veut être actif auprès du musée, et non considéré seulement comme un « portefeuille ouvert ». Par exemple, le Red Lake Regional Heritage Centre, situé dans une petite municipalité de 5000 habitants dans le nord-ouest de l’Ontario, a récemment dévoilé au public son mur des donateurs. Ainsi, depuis six ans, des membres de la communauté, familles,

FRIENDS AND CHAMPIONS OF MUSEUMS

a way of paying homage to – and preserving – their family history. In such cases, there is an emotional connection between the institution and the donor. The museum is well aware of the position it occupies. It has to “keep open the lines of communication” with its donors, who are “like friends,” explains chief operating officer Marie Chapman. The institution plays an important symbolic role as a site of memory and nostalgia and fully embraces its responsibilities in this respect.

Regardless of the donor’s profile, it is vital to build a strong relationship and earn their trust. Typically, donors – whether individuals or companies – want to feel that their donation is being used effectively and, above all, that it is appreciated. They want to make an active contribution to the museum, rather than feeling that they are just an open wallet. The Red Lake Regional Heritage Centre, located in a small town of 5,000 people in northwestern Ontario, recently unveiled its “donor wall.” For the past six years, members of the community – families, businesses, and individuals – have donated amounts ranging from $100 to $1,000 to purchase personalized ceramic tiles. These tiles were then placed on a large wall, each one becoming part of a larger mosaic (created by a local artist) representing the northern lights. Donors could also submit contributions – such as a comment, anecdote, or memory explaining their connection to the municipality – for inclusion in a “visitor book” that was subsequently printed and distributed for free.

By creating an artistic donor wall, and by adding a personal touch in the form of the visitor book, the Red Lake Regional Heritage Centre has found a tangible method of thanking community members for their donations. This initiative is a good example of a fundraising campaign that is effective, simple, and elegant.

Alberta College of Art and Design wearable art program student models her creation during the VIP reception at the AGC.

Une étudiante du programme « wearable art » au Alberta College of Art and Design présente sa création lors de la réception des VIP à l’AGC.

Photo : Tara Whittaker Photography 2009 ©

AMIS ET CHAMPIONS DES MUSÉES

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septembre/octobre 2010 • muse 2726 muse • september/october 2010

une personnalité canadienne importante et la troisième, une fête très médiatisée, le « Welcome to Canada Festa », qui n’a d’ailleurs pas eu lieu à Halifax, mais à Toronto... Par contre, dans le cas du Pier 21, le profil des donateurs est différent. En effet, la position de Pier 21 est assez unique : d’une part, même si le musée recueille des contributions non négligeables de la part des entreprises, il compte surtout sur les contributions des particuliers; d’autre part, historiquement, Pier 21 occupe une place importante – pour un grand nombre d’immigrants venus peupler le pays, cet endroit fut leur point d’arrivée. Par conséquent, pour beaucoup de Canadiens, associer le nom de Pier 21 à ce musée est une manière de rendre hommage aux immigrants tout en assurant une certaine pérennité à leur histoire familiale. Dans cet exemple donc, une relation affective se créé entre l’institution et le donateur. Aussi, conscient de sa position privilégiée, le musée Pier 21 s’assure de « garder les lignes de communication ouvertes » avec ses donateurs, ceux-ci devenant alors « des amis », comme l’explique Marie Chapman, directeur général. Bref, l’institution joue ici un rôle symbolique important non seulement en tant que lieu de nostalgie et de mémoire, mais en assumant pleinement la responsabilité qui en découle.

Quel que soit en tout cas le profil du donateur, il est essentiel de forger des liens solides et d’établir des relations de confiance. Le donateur typique, que ce soit un individu ou une entreprise, veut s’assurer que sa contribution est utilisée de manière efficace, et qu’elle est surtout appréciée. Il veut être actif auprès du musée, et non considéré seulement comme un « portefeuille ouvert ». Par exemple, le Red Lake Regional Heritage Centre, situé dans une petite municipalité de 5000 habitants dans le nord-ouest de l’Ontario, a récemment dévoilé au public son mur des donateurs. Ainsi, depuis six ans, des membres de la communauté, familles,

FRIENDS AND CHAMPIONS OF MUSEUMS

a way of paying homage to – and preserving – their family history. In such cases, there is an emotional connection between the institution and the donor. The museum is well aware of the position it occupies. It has to “keep open the lines of communication” with its donors, who are “like friends,” explains chief operating officer Marie Chapman. The institution plays an important symbolic role as a site of memory and nostalgia and fully embraces its responsibilities in this respect.

Regardless of the donor’s profile, it is vital to build a strong relationship and earn their trust. Typically, donors – whether individuals or companies – want to feel that their donation is being used effectively and, above all, that it is appreciated. They want to make an active contribution to the museum, rather than feeling that they are just an open wallet. The Red Lake Regional Heritage Centre, located in a small town of 5,000 people in northwestern Ontario, recently unveiled its “donor wall.” For the past six years, members of the community – families, businesses, and individuals – have donated amounts ranging from $100 to $1,000 to purchase personalized ceramic tiles. These tiles were then placed on a large wall, each one becoming part of a larger mosaic (created by a local artist) representing the northern lights. Donors could also submit contributions – such as a comment, anecdote, or memory explaining their connection to the municipality – for inclusion in a “visitor book” that was subsequently printed and distributed for free.

By creating an artistic donor wall, and by adding a personal touch in the form of the visitor book, the Red Lake Regional Heritage Centre has found a tangible method of thanking community members for their donations. This initiative is a good example of a fundraising campaign that is effective, simple, and elegant.

Alberta College of Art and Design wearable art program student models her creation during the VIP reception at the AGC.

Une étudiante du programme « wearable art » au Alberta College of Art and Design présente sa création lors de la réception des VIP à l’AGC.

Photo : Tara Whittaker Photography 2009 ©

AMIS ET CHAMPIONS DES MUSÉES

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28 muse • september/october 2010 septembre/octobre 2010 • muse 29

Red Lake could be considered a “remote community,” and its museum could be described as a “local museum,” to borrow a phrase from Philippe Dubé, professor of museum studies at Université Laval. Local museums of this kind play a crucial role in their community. Their modest scale favours a closer relationship between the visitor and the exhibits on display, as well as between the visitor and the staff working there.

As discussed earlier, this type of museum, especially if located in the north, has to rely mainly on financial support from government. But that doesn’t mean they can’t run effective fundraising campaigns. These don’t necessarily have to be complicated or involve a huge amount of resources. A dinner-dance, ball, or other type of show is not always the ideal fundraising solution, and may involve significant expenses. In remote communities, it’s important to “think small,” advises Michele Alderton, director of Red Lake’s museum. A number of small-scale events may prove more profitable than a large, complicated campaign. The key is learning how to make the most of the available resources without being afraid to ask for help.

Laurie Young, director of the Northern Life Museum and Cultural Centre in Fort Smith, Northwest Territories, notes that it’s important to focus on “what you do well.” The museum

can bring together the community by organizing breakfasts, barbecues, music recitals, and so forth. “Fundraising campaigns” thus become important social events uniting everyone in the region. Dawson City Museum in the Yukon is well aware of the important role it can play in its community. The institution recently changed its mission by designating itself as a “gathering place” in its grant proposals. The museum’s nature changes considerably according to the season. In summer, Dawson is full of tourists fascinated by the gold-rush era that drove the region’s development. At this time, the museum’s role is “traditional,” according to director Laura Mann, since it offers educational programs and exhibitions about the region. In winter, on the other hand, the situation changes. The community is more cut-off, and the museum is transformed into a movie theatre. Having obtained the required license, the institution uses its facilities to host screenings, which represent a significant source of revenue.

This example of a multi-purpose museum reflects the realities of life in regions with a low population density. The local museum is also a community centre. It’s thus not surprising that volunteers are an important resource in remote areas. For example, local construction companies will often lend their equipment, or individuals will offer to help with museum activities in their spare time.

commerces ou individus, ont contribué des sommes allant de 100 $ à 1000 $ pour acheter des tuiles de céramique personnalisées. Ces tuiles ont ensuite été assemblées sur un grand mur, chacune d’entre elles devenant l’élément d’une mosaïque plus large représentant une aurore boréale (une œuvre conçue par une artiste de la région). Un livre d’or, à imprimer et à distribuer gratuitement par la suite, fut alors mis à la disposition des donateurs qui pouvaient y témoigner de leurs liens avec la municipalité au moyen d’un texte, d’une anecdote ou d’un souvenir.

En créant un mur des donateurs sous cet aspect artistique, et en ajoutant la touche personnalisée du livre d’or, le Red Lake Regional Heritage Centre a trouvé une façon concrète de remercier les membres de la communauté pour leurs contributions. Cette initiative fournit un bon exemple d’une campagne de financement efficace dirigée avec simplicité et élégance.

Si on peut qualifier de « communauté isolée » la communauté de Red Lake d’une part, et décrire son musée « musée de proximité » d’autre part, en reprenant la formule utilisée par Philippe Dubé, professeur de muséologie à l’Université Laval, au Québec, il n’en demeure pas moins que de tels « musées de proximité » jouent un rôle crucial dans leurs communautés. Leur taille modeste favorise des rapports plus intimes autant entre le spectateur et les objets qui y sont présentés qu’entre ce même spectateur.

Comme nous avons vu, ce genre de musées, particulièrement ceux situés dans le nord du pays, doivent compter principalement sur les aides financières du gouvernement, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas organiser des campagnes de financement efficaces. D’ailleurs, celles-ci ne doivent pas nécessairement être complexes ni impliquer énormément de ressources. Les dîners-dansants, bals ou autres spectacles ne constituent pas toujours les meilleures solutions, car ils peuvent rapidement occasionner des dépenses importantes. Dans les communautés de ce type, il faut « penser petit », Think small, comme le conseille la directrice du musée de Red Lake, Michèle Alderton. Plusieurs événements modestes peuvent rapporter bien plus qu’une grande campagne compliquée : il faut apprendre à utiliser au maximum les ressources disponibles et oser demander de l’aide autour de soi.

Laurie Young, qui dirige le Northern Life Museum and Cultural Centre à Fort Smith, dans les Territoires du Nord-Ouest, affirme qu’il est important de se concentrer sur ce que « l’on fait bien ». En organisant des petits-déjeuners, des dîners-barbecues ou des concerts intimes, le musée rassemble la communauté. Ces campagnes de financement deviennent en

fait des événements sociaux importants auxquels s’associent tous les habitants de la région. Le Dawson Museum, dans le Yukon, est bien conscient de la place importante qu’il occupe dans la communauté. Cette institution a récemment modifié sa mission en se désignant comme lieu de rassemblement dans ses demandes de subvention. Il faut dire que la réalité de ce musée change énormément selon la saison. En effet, pendant l’été, le Dawson se remplit de touristes, fascinés par l’épopée de la ruée vers l’or qui a caractérisé le développement de la région; le musée devient alors « traditionnel », selon les mots de la directrice Laura Mann, en proposant des programmes éducatifs et en présentant des expositions sur la région. En hiver, par contre, la situation change. Alors que la communauté se retrouve beaucoup plus isolée, le musée se transforme ... en salle de cinéma ! En effet, ayant pu se procurer le permis nécessaire, il organise des séances de visionnement dans ses espaces qui lui rapportent des revenus importants.

Cet exemple d’un musée « multifonction » représente bien la réalité telle qu’on la vit dans les régions à faible densité de population. Le musée est aussi le centre communautaire. Pas étonnant donc, de constater que dans ces endroits, le bénévolat soit une ressource si importante. Dans les régions éloignées, de petites entreprises de construction locales acceptent souvent de prêter des équipements de machinerie tandis que des particuliers donnent de leur temps pour aider le musée dans ses activités.

Au Québec, et même plus largement dans le Canada francophone, la situation est un peu différente : les particuliers contribuent très peu aux musées et autres institutions culturelles, contrairement à ce qui se fait au Canada anglais, dont la tradition « n’est pas dans la mentalité » des francophones, selon Philippe Dubé. Cette distinction culturelle s’explique mal, d’autant plus que les Canadiens francophones se montrent généreux quand il est question de donner aux organisations charitables. Les institutions muséales francophones doivent donc composer avec cette réalité et la prendre en compte lors de campagnes de financement. Pour les petits musées des régions, la situation est d’autant plus difficile qu’il faut souvent rivaliser avec la « concurrence » chaque fois qu’il est question de recueillir des dons du privé. Pour se rapprocher en effet de leurs employés et de leurs familles, les petites entreprises locales préfèrent soutenir une équipe de sport junior, par exemple, plutôt qu’un musée, ce dernier étant souvent perçu comme étant plus « élitiste ». Pour cette raison, lorsque des activités de financement sont organisées, telles que des spectacles ou des concerts, il est important de fixer un prix plafond qui rapporte un certain profit à l’institution, tout en restant abordable pour le public qui choisirait d’y prendre part... Il reste encore du chemin à faire, même si les mentalités changent doucement.

AMIS ET CHAMPIONS DES MUSÉESFRIENDS AND CHAMPIONS OF MUSEUMS

Detail of plaque on the Red Lake Regional Heritage Centre donor wall. Photo courtesy of the Red Lake Regional Heritage Centre.

Guests arrive at the VIP reception for ARTwear at the AGC. Photo : Tara Whittaker Photography 2009 ©

Page 11: Friends and Champions of Museums

28 muse • september/october 2010 septembre/octobre 2010 • muse 29

Red Lake could be considered a “remote community,” and its museum could be described as a “local museum,” to borrow a phrase from Philippe Dubé, professor of museum studies at Université Laval. Local museums of this kind play a crucial role in their community. Their modest scale favours a closer relationship between the visitor and the exhibits on display, as well as between the visitor and the staff working there.

As discussed earlier, this type of museum, especially if located in the north, has to rely mainly on financial support from government. But that doesn’t mean they can’t run effective fundraising campaigns. These don’t necessarily have to be complicated or involve a huge amount of resources. A dinner-dance, ball, or other type of show is not always the ideal fundraising solution, and may involve significant expenses. In remote communities, it’s important to “think small,” advises Michele Alderton, director of Red Lake’s museum. A number of small-scale events may prove more profitable than a large, complicated campaign. The key is learning how to make the most of the available resources without being afraid to ask for help.

Laurie Young, director of the Northern Life Museum and Cultural Centre in Fort Smith, Northwest Territories, notes that it’s important to focus on “what you do well.” The museum

can bring together the community by organizing breakfasts, barbecues, music recitals, and so forth. “Fundraising campaigns” thus become important social events uniting everyone in the region. Dawson City Museum in the Yukon is well aware of the important role it can play in its community. The institution recently changed its mission by designating itself as a “gathering place” in its grant proposals. The museum’s nature changes considerably according to the season. In summer, Dawson is full of tourists fascinated by the gold-rush era that drove the region’s development. At this time, the museum’s role is “traditional,” according to director Laura Mann, since it offers educational programs and exhibitions about the region. In winter, on the other hand, the situation changes. The community is more cut-off, and the museum is transformed into a movie theatre. Having obtained the required license, the institution uses its facilities to host screenings, which represent a significant source of revenue.

This example of a multi-purpose museum reflects the realities of life in regions with a low population density. The local museum is also a community centre. It’s thus not surprising that volunteers are an important resource in remote areas. For example, local construction companies will often lend their equipment, or individuals will offer to help with museum activities in their spare time.

commerces ou individus, ont contribué des sommes allant de 100 $ à 1000 $ pour acheter des tuiles de céramique personnalisées. Ces tuiles ont ensuite été assemblées sur un grand mur, chacune d’entre elles devenant l’élément d’une mosaïque plus large représentant une aurore boréale (une œuvre conçue par une artiste de la région). Un livre d’or, à imprimer et à distribuer gratuitement par la suite, fut alors mis à la disposition des donateurs qui pouvaient y témoigner de leurs liens avec la municipalité au moyen d’un texte, d’une anecdote ou d’un souvenir.

En créant un mur des donateurs sous cet aspect artistique, et en ajoutant la touche personnalisée du livre d’or, le Red Lake Regional Heritage Centre a trouvé une façon concrète de remercier les membres de la communauté pour leurs contributions. Cette initiative fournit un bon exemple d’une campagne de financement efficace dirigée avec simplicité et élégance.

Si on peut qualifier de « communauté isolée » la communauté de Red Lake d’une part, et décrire son musée « musée de proximité » d’autre part, en reprenant la formule utilisée par Philippe Dubé, professeur de muséologie à l’Université Laval, au Québec, il n’en demeure pas moins que de tels « musées de proximité » jouent un rôle crucial dans leurs communautés. Leur taille modeste favorise des rapports plus intimes autant entre le spectateur et les objets qui y sont présentés qu’entre ce même spectateur.

Comme nous avons vu, ce genre de musées, particulièrement ceux situés dans le nord du pays, doivent compter principalement sur les aides financières du gouvernement, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas organiser des campagnes de financement efficaces. D’ailleurs, celles-ci ne doivent pas nécessairement être complexes ni impliquer énormément de ressources. Les dîners-dansants, bals ou autres spectacles ne constituent pas toujours les meilleures solutions, car ils peuvent rapidement occasionner des dépenses importantes. Dans les communautés de ce type, il faut « penser petit », Think small, comme le conseille la directrice du musée de Red Lake, Michèle Alderton. Plusieurs événements modestes peuvent rapporter bien plus qu’une grande campagne compliquée : il faut apprendre à utiliser au maximum les ressources disponibles et oser demander de l’aide autour de soi.

Laurie Young, qui dirige le Northern Life Museum and Cultural Centre à Fort Smith, dans les Territoires du Nord-Ouest, affirme qu’il est important de se concentrer sur ce que « l’on fait bien ». En organisant des petits-déjeuners, des dîners-barbecues ou des concerts intimes, le musée rassemble la communauté. Ces campagnes de financement deviennent en

fait des événements sociaux importants auxquels s’associent tous les habitants de la région. Le Dawson Museum, dans le Yukon, est bien conscient de la place importante qu’il occupe dans la communauté. Cette institution a récemment modifié sa mission en se désignant comme lieu de rassemblement dans ses demandes de subvention. Il faut dire que la réalité de ce musée change énormément selon la saison. En effet, pendant l’été, le Dawson se remplit de touristes, fascinés par l’épopée de la ruée vers l’or qui a caractérisé le développement de la région; le musée devient alors « traditionnel », selon les mots de la directrice Laura Mann, en proposant des programmes éducatifs et en présentant des expositions sur la région. En hiver, par contre, la situation change. Alors que la communauté se retrouve beaucoup plus isolée, le musée se transforme ... en salle de cinéma ! En effet, ayant pu se procurer le permis nécessaire, il organise des séances de visionnement dans ses espaces qui lui rapportent des revenus importants.

Cet exemple d’un musée « multifonction » représente bien la réalité telle qu’on la vit dans les régions à faible densité de population. Le musée est aussi le centre communautaire. Pas étonnant donc, de constater que dans ces endroits, le bénévolat soit une ressource si importante. Dans les régions éloignées, de petites entreprises de construction locales acceptent souvent de prêter des équipements de machinerie tandis que des particuliers donnent de leur temps pour aider le musée dans ses activités.

Au Québec, et même plus largement dans le Canada francophone, la situation est un peu différente : les particuliers contribuent très peu aux musées et autres institutions culturelles, contrairement à ce qui se fait au Canada anglais, dont la tradition « n’est pas dans la mentalité » des francophones, selon Philippe Dubé. Cette distinction culturelle s’explique mal, d’autant plus que les Canadiens francophones se montrent généreux quand il est question de donner aux organisations charitables. Les institutions muséales francophones doivent donc composer avec cette réalité et la prendre en compte lors de campagnes de financement. Pour les petits musées des régions, la situation est d’autant plus difficile qu’il faut souvent rivaliser avec la « concurrence » chaque fois qu’il est question de recueillir des dons du privé. Pour se rapprocher en effet de leurs employés et de leurs familles, les petites entreprises locales préfèrent soutenir une équipe de sport junior, par exemple, plutôt qu’un musée, ce dernier étant souvent perçu comme étant plus « élitiste ». Pour cette raison, lorsque des activités de financement sont organisées, telles que des spectacles ou des concerts, il est important de fixer un prix plafond qui rapporte un certain profit à l’institution, tout en restant abordable pour le public qui choisirait d’y prendre part... Il reste encore du chemin à faire, même si les mentalités changent doucement.

AMIS ET CHAMPIONS DES MUSÉESFRIENDS AND CHAMPIONS OF MUSEUMS

Detail of plaque on the Red Lake Regional Heritage Centre donor wall. Photo courtesy of the Red Lake Regional Heritage Centre.

Guests arrive at the VIP reception for ARTwear at the AGC. Photo : Tara Whittaker Photography 2009 ©

Page 12: Friends and Champions of Museums

30 muse • september/october 2010 septembre/octobre 2010 • muse 31

Pour André Marion, directeur général du Musée d’art contemporain des Laurentides, il est important de voir ce qui se fait ailleurs, notamment aux États-Unis, en matière d’idées et de solutions. André Marion, qui est aussi directeur de la fondation du musée, s’intéresse notamment aux « dons planifiés », une manière de léguer à une institution charitable une partie de ses rentes, actions ou assurances vie, en échange de certains avantages fiscaux. Des initiatives gouvernementales – tel le programme Placement culture – , qui visent à inciter les particuliers à faire des dons aux entreprises culturelles ont aussi été mises en place. Dans le cadre de ce programme, le gouvernement s’engage à doubler, voire à tripler, le montant du don du particulier. Celui-ci reçoit alors un reçu de bienfaisance plus élevé.

Les musées offrent beaucoup à la communauté, sans demander grand chose en retour. Leur survie dépend toutefois du double engagement gouvernemental et privé. La difficulté réside dans le développement de liens de confiance, que ce soit avec les entreprises, les individus ou même les organismes d’État. Comme rien n’est tout à fait gratuit, il convient aux institutions de trouver le juste milieu, c’est-à-dire s’assurer des revenus sans se faire dicter les programmes. Cette indépendance est si précieuse qu’il nous importe, à nous tous, de trouver les moyens de la soutenir du mieux que l’on peut.

FRIENDS AND CHAMPIONS OF MUSEUMS AMIS ET CHAMPIONS DES MUSÉES

In Quebec, and in francophone Canada as a whole, the situation is somewhat different. Unlike in English Canada, individuals do not donate as much to museums and other cultural institutions; according to Philippe Dubé, this tradition is “not part of the [francophone] mentality.” It’s difficult to explain this cultural difference, especially since francophone Canadians give generously to charity. For small regional museums, the situation is even more difficult, as it is often necessary to “compete” for private donations. Rather than donating to the local museum, small companies will often prefer to contribute to a youth sports team, for example, in order to support employees’ family members. When organizing a fundraising event, such as a show or concert, it’s important for local museums to set ticket prices that will be profitable for the institution but are still affordable for members of the public who wish to attend. Attitudes toward supporting museums are changing, but there is still a long way to go…

André Marion, director of the Musée d’Art Contemporain des Laurentides, observes that it’s important to look at what is being done elsewhere, especially in the United States, in order to find new ideas and solutions. Marion, who is also director of the museum’s foundation, is particularly interested in “planned donations,” a method of bequeathing a portion of one’s income, stocks, or life insurance to a charitable institution in exchange for certain tax benefits. There are also government initiatives designed to encourage individuals to make donations to cultural organizations, such as the Placements Culture program in Quebec. Under this program, the government doubles or even triples a donation made by an individual, who then receives a charitable tax receipt for a larger amount.

Museums offer a great deal to the community, and it’s no mere platitude to say that they ask for relatively little in return. But their survival depends on receiving support from various sectors, both public and private. The key is to develop dependable relationships, whether it’s with companies, individuals, or even public institutions. Nothing comes without some strings attached, so museums need to strike a balance between ensuring they have enough revenue and retaining control over their programs. Museums’ independence is invaluable, and it’s up to all of us to find the means to maintain it as best we can.

Mur des donateurs au Red Lake Regional Heritage Centre. Photo gracieuseté du Red Lake Regional Heritage Centre.

Page 13: Friends and Champions of Museums

30 muse • september/october 2010 septembre/octobre 2010 • muse 31

Pour André Marion, directeur général du Musée d’art contemporain des Laurentides, il est important de voir ce qui se fait ailleurs, notamment aux États-Unis, en matière d’idées et de solutions. André Marion, qui est aussi directeur de la fondation du musée, s’intéresse notamment aux « dons planifiés », une manière de léguer à une institution charitable une partie de ses rentes, actions ou assurances vie, en échange de certains avantages fiscaux. Des initiatives gouvernementales – tel le programme Placement culture – , qui visent à inciter les particuliers à faire des dons aux entreprises culturelles ont aussi été mises en place. Dans le cadre de ce programme, le gouvernement s’engage à doubler, voire à tripler, le montant du don du particulier. Celui-ci reçoit alors un reçu de bienfaisance plus élevé.

Les musées offrent beaucoup à la communauté, sans demander grand chose en retour. Leur survie dépend toutefois du double engagement gouvernemental et privé. La difficulté réside dans le développement de liens de confiance, que ce soit avec les entreprises, les individus ou même les organismes d’État. Comme rien n’est tout à fait gratuit, il convient aux institutions de trouver le juste milieu, c’est-à-dire s’assurer des revenus sans se faire dicter les programmes. Cette indépendance est si précieuse qu’il nous importe, à nous tous, de trouver les moyens de la soutenir du mieux que l’on peut.

FRIENDS AND CHAMPIONS OF MUSEUMS AMIS ET CHAMPIONS DES MUSÉES

In Quebec, and in francophone Canada as a whole, the situation is somewhat different. Unlike in English Canada, individuals do not donate as much to museums and other cultural institutions; according to Philippe Dubé, this tradition is “not part of the [francophone] mentality.” It’s difficult to explain this cultural difference, especially since francophone Canadians give generously to charity. For small regional museums, the situation is even more difficult, as it is often necessary to “compete” for private donations. Rather than donating to the local museum, small companies will often prefer to contribute to a youth sports team, for example, in order to support employees’ family members. When organizing a fundraising event, such as a show or concert, it’s important for local museums to set ticket prices that will be profitable for the institution but are still affordable for members of the public who wish to attend. Attitudes toward supporting museums are changing, but there is still a long way to go…

André Marion, director of the Musée d’Art Contemporain des Laurentides, observes that it’s important to look at what is being done elsewhere, especially in the United States, in order to find new ideas and solutions. Marion, who is also director of the museum’s foundation, is particularly interested in “planned donations,” a method of bequeathing a portion of one’s income, stocks, or life insurance to a charitable institution in exchange for certain tax benefits. There are also government initiatives designed to encourage individuals to make donations to cultural organizations, such as the Placements Culture program in Quebec. Under this program, the government doubles or even triples a donation made by an individual, who then receives a charitable tax receipt for a larger amount.

Museums offer a great deal to the community, and it’s no mere platitude to say that they ask for relatively little in return. But their survival depends on receiving support from various sectors, both public and private. The key is to develop dependable relationships, whether it’s with companies, individuals, or even public institutions. Nothing comes without some strings attached, so museums need to strike a balance between ensuring they have enough revenue and retaining control over their programs. Museums’ independence is invaluable, and it’s up to all of us to find the means to maintain it as best we can.

Mur des donateurs au Red Lake Regional Heritage Centre. Photo gracieuseté du Red Lake Regional Heritage Centre.